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Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.

Publié le par gibirando

 

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.ETAPE 6Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms. 

Le fou est celui qui parle aux arbres et aux cailloux. Le poète est celui qui leur répond. (Patrick Sébastien-Chanteur-1953)

Samedi 5 août 2006

Egliseneuve-d'Entraigues (955m) - St-Genès-Champespe (1.014m) 21 Kms.

(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)

Ce matin, je n'ai pas besoin de me lever du lit pour connaître la météo car du bout de pied j'écarte le voilage et le ciel d'Egliseneuve apparaît. Le jour n'est pas complètement levé et le soleil, qui pointe le bout de ses rayons, colorie les nuages d'une couleur orange pastel.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.

Egliseneuve d'Entraigues s'éloigne. Les rayons du soleil font miroiter les ardoises éblouissantes des toits du village.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.

Les branches des noisetiers esquissent des fenêtres sur les Monts embrumés du Cézallier.

Après une nuit de sommeil, agitée par nos douleurs respectives, musculaires pour moi et articulaires en sus pour Dany, la douche et le petit déjeuner finissent de nous remettre sur pieds pour cette nouvelle longue étape qui s'annonce. Vingt et un kilométres sont au programme pour atteindre Saint-Genès-Champespe.

Nous récupérons notre poulet et nos chips chez le boucher puis avons un mal fou à sortir du village et à récupérer le balisage du G.R.30.

Les traces rouges et blanches une fois retrouvées sont maintenant communes avec le G.R.4. D'emblée, le G.R.30 monte dans un bois de feuillus au milieu des pacages, et c'est en compagnie de deux jeunes filles d'origine asiatique que nous escaladons les premières rampes. Après une sérieuse grimpette en sous-bois, nous arrivons sur une plate-forme d'où l'on distingue Egliseneuve d'Entraigues dans le creux du vallon. Les faibles rayons du soleil font miroiter les ardoises éblouissantes des toits du village. La pente se stabilise, devient faux plat et nous arrivons enfin sur un plateau agraire. Le sentier file vers la Ferme d'Auger à travers de petits chênes-lièges et des noisetiers dont les branches de temps en autre esquissent comme des fenêtres sur les Monts du Cézallier. Le G.R.4 quitte le G.R.30, puis à l'approche du hameau Les Aveix, le chemin devient plus tortueux, presque impraticable car fortement raviné. Un vrai " tort-chevilles " crotté de bouses de vaches et boueux à l'extrême. Sur plusieurs centaines de mètres, c'est presque un parcours du combattant. Puis le sentier, bordé de hêtres noueux, redevient plus plaisant. Sur la droite, il surplombe Les Aveix et sa carrière de basalte, sur la gauche d'interminables marécages. Puis aux abords de l'Esclauze dont on aperçoit au loin le lac et le village, au lieu-dit les Chirouzes, le G.R.30 descend dans une cuvette occupée par des marais. Une fois de plus, j'hésite à aller voir le lac de l'Esclauze qui se trouve à dix minutes de marche selon le topo-guide. Dany n'a pas trop envie et à choisir, elle préfère s'arrêter pour grignoter un peu. Entre deux zones humides, sur un monticule rocheux, nous stoppons pour manger un peu. Il est 11 heures et les deux jeunes filles, qui marchent au même rythme que nous, font de même.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.

Nous traversons le ruisseau de Gabacut puis Dany observe avec tristesse un petit veau qui boite bas et qui est embourbé dans la tourbière.

Après cette collation, le chemin descend en pente douce jusqu'au ruisseau de Gabacut que nous franchissons sur des poteaux de béton en guise de passerelle.

Il est si difficile de retrouver les marques du G.R. dans ce labyrinthe d'eau et d'herbe que je décide de partir à droite de la prairie pour suivre des clôtures. Au bout de moment, force est de constater qu'il n'y a plus aucune trace et je consulte le topo-guide. Nous n'avons pas de chance car le topo indique de suivre la rive du Gabacut qui, elle, se trouve à gauche de la prairie. Nous coupons ce pâturage marécageux dans sa largeur en faisant très attention aux nombreuses fondrières remplies d'eau et de boue. Tant bien que mal, et surtout sans trop nous enliser, nous finissons par traverser mais un petit veau a un moins de chance que nous. Il est là, bloqué, boitant bas, au milieu de la tourbière. Il a toutes les peines de monde à sortir de ce bourbier sur les trois pattes valides qu'il lui reste. Dany est dans tous ses états et se morfond quant au devenir du petit animal. Mais que faire, nous ne pouvons pas l'aider et encore moins le sortir de ce piège gluant. Pour lui, un seul espoir : trouver enfin un terrain sec pour pouvoir rejoindre sa mère et ses congénères que l'on aperçoit sur une butte pas très éloignée. Mais malheureusement, s'il a une patte cassée, comme je le crains, il y a de forte chance qu'il finisse très rapidement en escalopes ou en paupiettes. Quand on regarde ses grands yeux pleins d'angoisse et de tristesse, nous sommes accablés à l'idée de cette triste perspective.

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Beaucoup de gros et beaux champignons dans le Bois de Tenezeyre.

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Dans le Bois de Tenezeyre puis sur un pont enjambant le ruisseau de Taurons.

Contraints, nous le laissons à son sinistre destin avec l'idée de prévenir un paysan si nous en rencontrons un dans les parages. Puis nous sortons du marécage en longeant un gros muret de pierres sèches, coupons une première route puis une deuxième, la D.88, juste après les fermes de Lamadeuf. Malheureusement, pour " notre petit veau ", nous ne croisons personne susceptible de lui venir en aide, même les fermes semblent désertées. Nous laissons sur la gauche le hameau de Chabrol avec son petit lac qui est une retenue artificielle et nous poursuivons tout droit en direction du Bois de Tenezeyre. Nous longeons longuement le ruisseau de Taurons puis rapidement on s'enfonce dans un bois touffu où le sentier se glisse au milieu de belles fougères et d'épaisses mousses transpercées de temps à autres par d'énormes champignons. Les myrtilles, par endroit, nombreuses dans ce secteur arrivent à ralentir notre rythme.

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Sur le rivage du lac de Taurons

Après la pause déjeuner, nous repartons plus légers, le poulet et le gros de nos vivres ayant disparu de nos sacs, nous coupons le ruisseau sur un petit pont de bois en direction du Bois de Monge. Nous longeons un pré, puis suivons à nouveau le ruisseau sur sa rive droite jusqu'au lac du Taurons (1) que nous ne tardons pas à atteindre. Nous dérangeons quelques canards qui sommeillent la tête blottie dans leurs ailes au milieu des nénuphars et quelques grenouilles effrayées qui se jettent à l'eau à notre approche. Le temps de figer sur la pellicule ce lac sombre bordés de feuillus puis nous partons vers le nord en trottinant sur les berges.

(1) Le lac du Taurons est une retenue semi-artificielle de 20 ha qui fait partie des quatre lacs de l'Artense (Lastioulles, Crégut, Tact). Cette retenue est réalisée par un barrage hydroélectrique. A l'origine ces lacs étaient moins profonds et moins étendus avant qu'EDF ne les équipe pour produire de l'électricité.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.

Nous longeons solitaires les rives du lac de Taurons vers le lac de Crégut

Après avoir contourner l'extrémité du lac, nous coupons le bois par un chemin empierré pour atteindre le lac de la Crégut (2). Nous continuons par les berges à la lisière du Bois des Gardes, avec des hêtres parfois insolites, aux branches étranges, dignes de la Forêt de Brocéliande ou sortis tout droit d'un dessin animé de Walt Disney. Nous traversons la D.30 puis toujours en direction du nord, nous poursuivons au bord du plan d'eau sur plus d'un kilomètre. Malgré la fatigue, cette marche à l'orée des bois sur le pourtour des lacs est particulièrement plaisante, aussi nous lambinons comme jamais et oublions le temps qui passe. Une fois de plus, nous ne rencontrons personne et c'est dans un silence quasi religieux que nous progressons. Les seuls bruits sont ceux du froissement de nos godillots sur les tapis de feuilles, les bruissements et les bourdonnements de quelques insectes d'eau, les chants mélodieux de petits passereaux qu'on a du mal à apercevoir dans cette flore exubérante et plus rarement les " coins-coins " de quelques canetons que notre présence semble contrarier. Avec ses bosquets sombres, ses près verdoyants qui descendent en pente douce jusqu'aux berges, le grand lac de la Crégut est très beau en cette après-midi ouatée. Sur l'eau, les nénuphars parés de leurs fleurs blanches au milieu des reflets du ciel ressemblent à des tableaux de Claude Monet.

(2) Le Lac de la Crégut est un lac de surcreusement glaciaire d'une superficie de 36 ha et profond de 26 m. Il est alimenté par d'importantes sources sous lacustres. Seul lac d'origine glaciaire d'Auvergne a ne pas être envahi par une tourbière. Il a été transformé par l'homme en un barrage artificiel. En effet, sa profondeur et ses berges escarpées à beine étroite permettent à la végétation de s'implanter seulement sur une bande étroite du pourtour. On y trouve cependant des plantes flottantes tels les nénuphars. Ce lac permet le transfert des ruisseaux de l'Eau Verte et de La Tarentaine qui alimentent la retenue de Lastioulles.

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Nous quittons le lac de Taurons par le bois de Garde aux arbres parfois étranges.

Nous quittons les rives du lac de la Crégut et entrons plus profondément dans la forêt par un chemin qui grimpe en côtoyant la rive droite d'un petit ruisseau. Nous atteignons un chemin d'exploitation forestier qui descend dans un sous-bois et débouche au bord du lac du Tact (3). Nous longeons le rivage, croisons quelques pêcheurs et nous arrêtons pour une belle photo au passage du déversoir. Plus loin, sur le versant Est du lac, nous stoppons quelques minutes pour un répit devenu indispensable.

(3) Le lac du Tact est une cuvette glaciaire würmienne qui a été aménagée en une retenue artificielle par un barrage EDF. Le lac a une superficie de 15 hectares pour une profondeur maximale de 8 mètres. En plus de son cours d'eau affluent, le lac est alimenté artificiellement par une prise d'eau du ruisseau de l'Eau Verte.

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Le lac de la Crégut

Avant d'arriver à l'extrémité Nord du plan d'eau, le G.R.30 par en épingle à cheveux et coupe vers l'Est dans toute sa largeur le touffu Bois des Gardes. Après un bon dénivelé, nous traversons le hameau de Laspialade où j'ai juste le temps de prendre en photo, quelques hirondelles dans un ciel bleu soudain purgé de tout nuage. Il y a bien un autre petit lac à une heure aller et retour, le lac de Laspialade, mais Dany est si exténuée par les kilomètres que je n'envisage pas une seconde d'aller voir ce " petit caillou bleu " supplémentaire. Le topo-guide dit qu'il est un petit lac de surcreusement glaciaire de 5 ha et de 12 mètres de profondeur ceinturé par des tourbières aux tremblants très développés. Ses eaux très froides nourrissent des truites que l'on dit immangeables à cause du goût résineux de leur chair.

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Nous prenons le temps d'observer la nature et les nénuphars du lac de la Crégut

Mais aujourd'hui, nous avons eu notre compte de lacs et il nous tarde d'arriver à la fin de l'étape. Malheureusement, nous ne sommes pas au dénouement de notre parcours car de Laspialade à Saint-Genès-Champespe, il y a environ deux kilomètres et demi à parcourir. En plus sur cette portion, le G.R. se hisse doucement mais sans cesse, d'abord dans un chemin creux, puis à travers une hêtraie bordée de murettes élevées qui arrivent à la ferme des Vergniauds. De cet endroit, on peut enfin soupirer, car on aperçoit les premières maisons et la flèche du clocher de l'église de Saint-Genès-Champespe. Il est exactement 19 heures tapantes quand nous entrons dans le joli hameau. Au centre du village, aucune indication quant à l'hôtel du Midi et quand nous partons à gauche en direction de la belle église, c'est tout à fait par chance que nous tombons sur l'établissement qui doit nous accueillir.

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Devant le déversoir du lac de Tact.

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Nous quittons le lac de Tact en direction du hameau de Laspialade

Nous retrouvons les deux jeunes filles qui sont entrain de siroter un apéritif sur la terrasse ensoleillée. Sur la fin du parcours, comme nous flânions tout le temps, nos compagnes de voyage nous ont distancées sans aucune peine. L'auberge est surprenante car elle fait hôtel, bar, restaurant, boulangerie, pâtisserie et épicerie. Quant on est à l'extérieur devant les façades, on a l'impression d'être devant des boutiques différentes mais une fois à l'intérieur on comprend très vite qu'il s'agit d'un seul et unique commerce. La charmante et agréable patronne passe de la salle du restaurant au bar, du bar à la boulangerie et de la boulangerie à l'épicerie et vous reçoit toujours avec le même sourire. Seul inconvénient, à la fin, on a une seule note qui paraît un peu plus salée.

Mais il n'y a rien à redire à l'Hôtel du Midi, notre chambre sous les toits est simple mais confortable, le repas avec du veau et des haricots verts puis un grand plateau de fromages d'Auvergne n'est pas sophistiqué mais bon et très copieux.

Ce soir, nous n'avons pas vraiment visité le village. Faut dire qu'il n'y a pas grand-chose à voir. L'église jouxte l'hôtel et c'est très bien ainsi car nous n'avions pas vraiment envie de marcher. Le bar et la terrasse de l'hôtel semblent concentrer et capter l'essentiel des attentions et intérêts des villageois. Tout le monde se retrouve là et c'est un va et vient incessant. Non, les clients de l'hôtel ne nous dérangent pas.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.

A Laspialade, quelques hirondelles dans un ciel bleu soudain purgé de tout nuage

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.

Fatiguée, Dany apprécie notre arrivée à Saint-Genès-Champespe

D'ailleurs et contrairement aux " Diablaires ", le lieu est plutôt calme, mais la randonnée tire à sa fin et après six jours de marche, les organismes demandent à souffler. Aussi, dès le souper terminé, nous gagnons la chambre et nous terminons cette longue journée par un peu de lecture et l'étude de l'étape de demain. Demain sera encore un autre jour de randonnée….Qui sait peut-être le dernier ou bien l'avant dernier ? Tout dépendra de nos organismes. On verra ! En tout cas, sur le G.R.30 il ne reste à découvrir que deux " petits cailloux bleus ". Et ça c'est bien demain ! Le lac Landie et le lac Chauvet, ils se nomment !

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.

L'église de Saint-Genès-Champespe est dédiée à Saint-Sébastien.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 6 Egliseneuve-d'Entraigues - St-Genès-Champespe - 21 Kms.

Dany devant l'hôtel-restaurant-épicerie-boulangerie de St-Genès-Champespe

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Cliquez sur la carte ci-dessus pour passer à la dernière étape

 

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Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.

Publié le par gibirando

 

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.ETAPE 5Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.

 

L'Auvergne... C'est un secret plus qu'une province. Elle vous tourmente toujours d'un tendre songe. C'est quand on l'a trouvée qu'on la cherche le plus. (Alexandre Vialatte- romancier et chroniqueur français-1901-1971)

Vendredi 4 août 2006

Compains (995m) - Egliseneuve-d'Entraigues (955m) 20 Kms.

(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)

Est-ce les premiers signes de la fatigue qui se font sentir ou ai-je eu besoin de récupérer de ma nuit pluvieuse et agitée d'hier ? Toujours est-il que j'ai super bien dormi et qu'il est plus de huit heures lorsque j'ouvre les yeux. Dany, enfouie sous la couette, dort toujours car j'entends distinctement ses " mélodieux " ronflements saccadés. Comme toujours depuis notre départ, je me lève et me dirige directement vers la fenêtre. La fenêtre de l'hôtel, c'est ma télé avec ma météo en temps réel ! Il est vrai qu'avec les problèmes articulaires de Dany, j'appréhende qu'il fasse trop froid et par dessus tout qu'il pleuve abondamment.

Il y a toujours cette brume mais bien moins grise qu'hier et surtout plus haute, ce qui est prometteur pour cette longue randonnée sur des plateaux dont l'altitude va osciller entre 1.000 et 1.250 mètres.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.

Quelques moutons pâturent dans la verdure alors que Compains s'éloigne.

Je me penche à la fenêtre et regarde dans la rue. Suis-je entrain de rêver ou mon imagination me joue-t-elle encore des tours ? Deux hommes et une femme se baladent en kimonos de judo au pied de l'hôtel ! J'écarquille les yeux mais je ne rêve pas, il y a bien trois gaillards avec une ceinture noire et la panoplie complète de David Douillet qui traversent le hameau.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.

Ici, le G.R.30 déroule son ruban jusqu'à l'horizon au milieu de clôtures qui paraissent interminables.

Dany s'extirpe de dessous sa couette. Pourtant, je n'ai fait aucun bruit car la moquette amortit mes pas. Je me dis qu'elle a certainement assez dormi mais je me recouche rassuré par cette météo bien plus clémente qu'hier. Je reprends mon bouquin " les grands chemins " là où je l'avais laissé hier soir, quand soudain, Dany sort de sa léthargie :

- Tu te mets à lire maintenant ? T'as vu l'heure ?

- Oui et alors !

- J'ai faim, on va déjeuner ?

- Si tu veux, mais il n'y a pas le feu aux lacs de Godivelle !

- Si l'étape est longue, je préfère partir au plus vite pour ne pas speeder ce soir !

- OK, je vais me doucher.

Neuf heures, nous sommes seuls au petit déjeuner, la patronne est d'excellente humeur. Elle part nous préparer des sandwichs pour midi puis quand elle revient, une conversation très courtoise s'installe. Nous apprenons qu'elle est la maman de la chef de cuisine qui nous a accueilli hier soir et que les " Diablaires " sont membres de l'Association des Restauratrices d'Auvergne. Cette association regroupe de jeunes restauratrices dont la charte est de confectionner une cuisine régionale de qualité avec d'authentiques produits du terroir dans le respect dans la plus pure tradition auvergnate.

- Vous avez bien dormi ?

- Oui, très bien !

- Vous n'avez pas été ennuyé par l'ambiance d'hier soir ?

- Non, pas du tout, on n'a rien entendu ? Par contre, ce matin, il me semble avoir vu des judokas dans la rue ?

- Oui, c'était bien des judokas et c'était bien les jeunes qui étaient au bar hier soir ! Chaque année, ils viennent faire des stages au village. Mais je crois que c'est un judo un peu spécial ! Le Ju-No-Michi, ça s'appelle je crois ! Mais ils sont tous très gentils et ça se passe toujours très bien !

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.

Après Brion et avant Godivelle dans le Bois de la Garde.

Décidemment, je me suis trompé sur toute la ligne quant à la qualité de l'accueil des " Diablaires ". Dans l'ensemble, hors mis ce petit souci de réservation, " après ce raté à l'allumage ", le reste a plutôt été très bien.

Finalement, ce matin, j'ai retrouvé toute ma bonne humeur et suis en pleine forme. Un bon gros dodo, un copieux petit déjeuner, un temps plus clément, je sens que tout est en place pour une journée de marche qui va être excellente.

Une fois encore, je vis le départ de cette nouvelle étape avec beaucoup de plaisir et d'entrain. Malgré les kilomètres déjà effectués, je ne suis pas rassasié et je n'ai pas pleinement assouvi mon envie de marcher. Je languis ce démarrage de Compains comme la promesse d'une gourmandise, comme une tarte insaisissable derrière la vitrine d'une pâtisserie. Je trépigne, j'aspire d'en franchir la porte pour partir avec ma boîte à gâteaux dans les bras. Malgré ses douleurs, Dany semble partir avec la même envie.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.

Arrivée au village de Godivelle puis au bord du lac d'En-Bas.

Mais je me rends vite à l'évidence quand j'harnache mon sac à dos, au lieu d'un gros gâteau, c'est bien une besace de 12 kilos que j'ai sur les épaules et le départ tout en montée dans le Bois Saint-Georges est très difficile. Il l'est pour moi et encore plus pour Dany qui traîne à l'arrière comme jamais jusqu'à présent. Heureusement, il y a toujours ces paysages d'une grande douceur qui atténuent les difficultés. Quelques moutons qui pâturent dans la verdure alors que Compains s'éloigne. Puis après quelques pénibles lacets bourbeux, nous quittons le bois, pour d'immenses plaines herbeuses aux formes arrondies. Dans ces paysages oblongues et désertiques, il y a heureusement quelques burons et quelques collines boisés pour couper cette monotonie. Malsagne, Barbe Sèche, Blatte, La Taillade, voilà dans ce coin des noms qui claquent et qui reflètent bien la rudesse de la vie rurale auvergnate.

Dans ces vastes étendues, le G.R.30 déroule son long ruban jusqu'à l'horizon au milieu de clôtures interminables. Tout en marchant, nous constatons que ces clôtures sont le terrain de jeu favori de nombreux passereaux. Très souvent, chaque petit pieu est occupé par un oiseau et au fur et à mesure que l'on avance, il progresse avec nous en sautant de piquets en piquets. Certains plus craintifs que d'autres s'envolent plus loin. Les plus audacieux sautillent à peine sur les barbelés. D'autres encore plus téméraires ne bougent quasiment pas et attendent que plusieurs de leurs congénères s'enfuient pour prendre à leur tour leur envol.

Ces barbelés et ces poteaux sont les planches et les tréteaux d'un véritable théâtre animal. Et comme des acteurs qui s'éclipsent derrière le rideau d'un théâtre, aussi soudainement qu'ils sont venus, les oiseaux s'évaporent dans la nature.

Une fois encore, on se sent très seuls au beau milieu de ces gigantesques prairies et le moindre mouvement ou battement d'ailes est prétexte à une attention de notre part. Lorsque nous arrivons sur la D.36 à Brion, célèbre par son foirail selon le topo-guide, après quatre kilomètres et demi de marche, nous avons croisé en tout et pour tout deux vététistes.

Notre arrivée à Brion est un bien grand mot, nous ne croisons personne, il n'y a pas de foirail aujourd'hui et pas âme qui vive. D'ailleurs, le G.R. bifurque vers la droite à angle droit et évite le centre du petit hameau. Le G.R.30 commun avec le G.R.41 depuis le Pavin devient commun avec le Tour du Cézallier. Après Brion, nous grimpons sur un chemin bourbeux qui zigzague au milieu de très hauts stockages de bois coupés. Nous avons pris de la hauteur et la vue est tellement belle que nous stoppons quelques minutes pour une pause " barres de céréales ". Allongés dans l'herbe, de cet endroit, nous percevons nettement toute la distance accomplie depuis ce matin et le chemin qui se faufile à travers les montagnes de Barbe Sèche et de Blatte, les plaines boisés et quelques tourbières inondées. Sur notre gauche, apparaît un mamelon plus haut que les autres : Le Teston de Joran (1.322m).

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.

Le lac de Godivelle d'En-Bas, un autre beau " petit caillou bleu ".

Quand nous repartons, un peu de distraction survient dans notre nonchalante promenade sous les traits de quelques cavaliers qui randonnent pendant que dans le creux d'un vallon plusieurs paysans courent en direction d'un groupe de chevaux. Un cheval gît à terre. Est-il blessé ? Est-ce une jument qui est entrain de mettre bas ? Nous stoppons mais sommes trop loin pour voir ce qu'il se passe mais suffisamment près pour ne pas oser sortir les jumelles et passer pour des gens trop curieux.

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A Godivelle, devant le plus grand fontaine du département du Puy de Dôme. Elle abreuve les animaux mais aussi tous les visiteurs car l'eau sortant des 4 robinets est potable.

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Nous quittons Godivelle et sa belle petite église du XIIeme siècle

Sans avoir compris, nous continuons notre route, longeons une plantation d'épicéas, puis traversons le Bois de la Garde pour en ressortir quelques minutes plus tard au milieu de tourbières de la Coualle Basse. Dans ce dédale de ruisseaux, de joncs et de sphaignes, nous empruntons des pontons et quand il n'y en a pas, c'est avec prudence que nous progressons en tentant de poser chacun de nos pas sur des bourrelets de tourbes ou de laîches pour éviter de nous embourber.

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Le lac de Godivelle d'En-Haut

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Vue sur le lac de Godivelle d'En-Haut et d'En-Bas depuis la Croix Janson 1.292m

Il est presque midi, Dany a très faim, mais dans ce milieu hostile, il est impossible de s'arrêter, d'autant qu'une forte brise s'est mise soudain à souffler.

Je regarde mon topo et constate que Godivelle n'est plus très loin. Dany ronchonne un peu mais nous n'avons pas trop le choix car il n'y a pas vraiment de " super coin " pour se poser. Encore un kilomètre et nous entrons dans le hameau. Pour avoir bien étudié le parcours, je sais qu'il y a deux lacs à visiter, un en bas et l'autre en haut et la Maison des Tourbières.

A l'entrée du village, la première route à gauche indique le lac de tourbières de Godivelle-d'En-Bas (1) qui s'inscrit dans une réserve naturelle nationale (2). Je n'ai pas envie de manquer ce beau petit " caillou bleu " et je m'y dirige alors que Dany a plutôt envie d'entrer dans le village pour trouver un banc ou un endroit pour pique-niquer. Elle marmonne encore un peu mais je la persuade de me suivre quand je lui dis qu'on trouvera bien un coin propice pour manger en bordure du lac.

Le temps de quelques photos et nous voilà enfin installer au bord du lac ou plutôt de l'étang à voir la flore qui y règne. Des prêles, des épilobes et quelques arbres, saules et bouleaux, qui ont commencés à coloniser les berges. Dans l'eau, il y a essentiellement des joncs. Pendant le repas, nous sommes surpris de ne pas être ennuyer par des insectes qu'on aurait pu croire très nombreux dans cet écosystème hydrophile. Avant de quitter les lieux, j'insiste pour prendre une belle photo de Dany assise sur les vestiges d'une barque à fond plat. Elle s'exécute pour me faire plaisir mais avec la trouille de passer à travers.

(1) Le lac de Godivelle d'En-Bas est un lac d'origine glaciaire de 15 hectares, de faible profondeur car n'excédant pas trois mètres. Il est situé à une altitude de 1.200 mètres sur la commune la plus haute du département (1.205m) et dans la Réserve Naturelle des Sagnes de la Godivelle. Il forme avec le lac de Saint-Alyre, une immense tourbière.

(2) La Réserve Naturelle Nationale de La Godivelle est gérée par le Parc naturel régional des Volcans d'Auvergne. D'une superficie de 24 ha, elle est composée de deux parties : la plus grande autour du lac-d'en-Bas, et la plus petite sur la tourbière de le Coualle Basse, à un kilomètre au nord du Lac. Les recensements naturalistes dénombrent actuellement plus de 1500 espèces faunistiques et floristiques, dont plus de 80 sont protégées du niveau régional à international. Certaines sont inscrites sur les Livres Rouges des espèces menacées au niveau régional à européen. La flore de la tourbière accueille par exemple telle le droséra à feuilles rondes, une plante carnivore, et la Ligulaire de Sibérie. Plusieurs espèces de papillons remarquables sont également présentes sur le site, tout comme des coléoptères, orthoptères, etc. De nombreux oiseaux migrateurs viennent y faire escale.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.

Paysages après Godivelle : Dieu qu'il est encore loin le Sancy ! semble dire Dany.

Nous repartons rapidement vers le village à la recherche d'une épicerie ou d'un bar car Dany a envie d'un bon café et moi d'un autre casse-croûte car un seul sandwich, c'est bien trop peu pour moi. Cette quête nous fait atterrir au gîte des Sagnes et nous fait oublier la Maison des Tourbières. Installés à la terrasse, le patron du gîte est intarissable quant il s'agit de décrire les beautés du Cézallier, de vanter les plaisirs de faire du ski ou des raquettes sur ces hauts plateaux volcaniques.

En bon commercial qu'il est, il argumente sur la qualité de ses prestations et finit par nous laisser sa carte. Quand nous le quittons, il a réussi à nous donner cette envie de revenir à une autre saison et quant on y pense :

Dieu que ces immenses étendues doivent être belles sous la neige ! Il parait qu'en hiver, on appelle cette région la Sibérie d'Auvergne !

Nous quittons notre compagnon hôtelier mais le village mérite qu'on s'y attarde car il y a une très belle église construite au XIIeme siècle et surtout la plus grande fontaine du département (3). Quelques photos et il est temps d'aller voir le lac de Godivelle-d'en-Haut (4). Le lac d'en-Haut n'est pas bien loin, une ou deux ruelles en lacets pour sortir du village puis un large sentier qui grimpe droit vers le nord sur deux cent mètres environ.

(3) La fontaine située sur la place de l'église est la plus large du département du Puy-de-Dôme. Sa création est attribuée à l'un des anciens maires de la commune. Celui-ci, au vu des difficultés d'abreuvage des bêtes durant l'hiver (qui devaient monter jusqu'au Lac-d'en-Haut), et des problèmes d'approvisionnement en eau pour la consommation publique et pour la lutte contre d'éventuels incendies, décida de faire bâtir cette fontaine, où près d'une trentaine de bêtes peuvent s'abreuver en même temps.

(4) Le lac d'En-Haut est un lac de cratère d'origine volcanique situé à 1 239 mètres d'altitude. Il n'est alimenté par aucun affluent et n'a pas d'émissaire permanent. Il a une forme circulaire et un diamètre de 300 mètres pour une superficie de 15 hectares. Il fait partie des lacs les plus oligotrophes d'Europe, c'est-à-dire que ses eaux sont très pauvres en éléments nutritifs et en matière organique. Il a une profondeur de 44 mètres et alimente le village en eau potable.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 5 Compains - Egliseneuve-d'Entraigues 20 Kms.

Alorrr….s la Marrr…ie, il est pas beau mon trrr..acteurrr…. ?

Quelques voitures et quelques camping-cars de touristes sont déjà là sur le parking. D'autres promeneurs comme nous sont surpris d'être bloqués devant une barrière qui interdit l'accès aux rives du lac. Je décide de poursuivre le sentier mais très rapidement, je m'aperçois que ce dernier s'écarte du lac et que je ne pourrai donc pas le photographier. Je compulse mon topo-guide et constate qu'il est possible depuis le sentier de monter à la croix de la Montagne Janson qui culmine au dessus du lac à 1.292 mètres et de découvrir ainsi un panorama sur les lacs, le village, les Monts du Cézallier et du Cantal. Encore faut-il pour cela enjamber les barbelés et passer outre les nombreuses pancartes qui interdisent l'accès au site à cause des terrains réservés aux estives.

Une fois encore, je gravis seul cette montagne pendant que Dany m'attend sur le G.R.30.

Quand cinq minutes plus tard, j'arrive à la croix, le décor à 360 degrés est fantastique. Juste en dessous, et comme une dégringolade de perspectives, il y a le cercle bleu-gris du lac d'en-Haut, puis un peu plus bas le village et sous le village le lac d'en-Bas où nous avons déjeuné. Tout autour, ce qui frappe c'est qu'il n' y a que du vert : quelques tourbières verdâtres, des chapelets de forêts émeraudes et surtout des pelouses, des plaines et des plateaux d'un vert intense. Seul le ciel tranche avec une voûte azurée vers le nord et des nuages laiteux qui filent vers le sud en laissant leurs colossales silhouettes sur les verdoyantes prairies.

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A Espinchal, Dany lors d'un bain de pied rafraîchissant et sur le place du village

Lorsque je redescends Dany est assise sur l'herbe occupée à téléphoner pour donner des nouvelles à nos proches. Je profite de cette pause inopinée pour regarder dans le détail la carte et le topo-guide. Le constat est simple : il est 14 heures et nous avons accompli la moitié de l'étape. Quand nous redémarrons, je ne dis rien à Dany car je sais qu'elle est déjà un peu fatiguée mais j'insiste plus souvent pour qu'on marque des temps de repos. Les photos sont souvent un prétexte à des pauses imprévues. Outre, la distance qui reste à parcourir aujourd'hui, ce qui nous frappe, c'est l'éloignement que nous avons désormais avec le Sancy. A Chambon, nous avions la sensation de pouvoir le toucher et maintenant il nous apparaît quasiment inaccessible. Combien restent-ils de jours pour l'atteindre ou l'avoir à nos pieds ? Deux ou trois jours, pas plus !

Nous passons la Ferme de Gaine et avant d'arriver à Sandalouze, je provoque un arrêt dans un champ près d'un tracteur. Pendant quelques minutes, je mime un paysan et roule les " r " et par ces quelques photos amusantes, je contrains Dany à un repos indispensable à ses articulations :

- Alorrr….s la Marrr…ie, il est pas beau mon trrr..acteurrr…. ?

Nous éclatons de rire et nous roulons dans l'herbe comme deux gamins qui s'amusent de leurs propres bêtises. Et bien évidemment, si nous ne rencontrons jamais personne sur le chemin, c'est à ce moment-là, bien évidemment, que passe un groupe de randonneurs. Ils doivent nous prendre pour deux fous ! Mais sans doute, le sommes-nous un peu ! D'ailleurs deux fous en Auvergne, ça ne vous dit rien ? DES PUYS POUR DEUX FOUS bien sur !

Puis, toujours avec le fou rire, nous repartons vers un lot de hameaux qui se côtoient : Sandalouze, La Prunayre et Espinchal.

Avant La Prunayre, le sentier tourne à droite et nous entrons dans Espinchal. Là, nouvel arrêt au bord du ruisseau d'Espinchal où nos pieds ressuscitent dans l'eau fraîche et revigorante de ce torrent de montagnes.

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Dany entre Espinchal et Egliseneuve, fatiguée mais toujours courageuse !

Après les pieds, nous rafraîchissons notre gosier par un " Gros Magnum " acheté au bistrot du coin et nous repartons à travers un village endormi. Il y a bien des camions de forains sur la grande place, mais la vie semble soudain s'être arrêtée. Tout est resté en plan, comme si un événement les avait surpris pendant leur travail. Il est 15h30 et l'événement, c'est inévitablement la sieste ! Ici rien ne semble impérieux. Tout comme notre allure qui est une longue flânerie et qui semble déteindre sur cette apathie ambiante.

Après quelques courtes hésitations, nous retrouvons les traces rouges et blanches dans une venelle qui file vers le nord-ouest puis se transforme en un large chemin bordé d'arbres qui grimpe au milieu des près. Le chemin rétrécit et la trace du G.R.30 sur l'herbe des près n'est plus très visible. Heureusement, elle suit des clôtures sur notre gauche et des gros blocs de pierres en terrasses sur notre droite. Malgré le bon dénivelé, ce chemin élastique reste agréable à parcourir sauf pour Dany, qui au bout d'un kilomètre éprouve le besoin de souffler. Couchée sur l'herbe, elle fait un peu de gym et lève les jambes pour une meilleure circulation sanguine. Elle m'incite à faire de même, mais j'avoue que regarder le paysage avec la tête à l'envers, ce n'est pas l'idéal. La tête en bas, elle se met à tourner et j'ai l'impression que les arbres, les près et les voitures qui filent sur la départementale vont tomber dans un immense lac bleuté. Quand je me relève, j'ai l'étrange sensation que moi aussi j'allais tomber dans le ciel.

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Après Espinchal, Dany fait des mouvements de relaxation.

J'ai bien fait de me redresser car deux vététistes descendent vers nous à " fond la caisse ". Quant ils passent tout près des nous, ils ralentissent et j'ai juste le temps de les reconnaître. On se salue. C'est bien les deux cyclistes que nous avons croiser à la Montagne de Barbe Sèche ce matin.

Nous arrivons au carrefour de la Croix-du-Marquis, continuons à gauche puis nous enjambons le ruisseau de Riochaux et remontons en face le bon dénivelé. Le G.R.30 tourne à angle droit au milieu de grosses pierres puis il file vers Redondel dont il coupe le hameau constituait d'authentiques fermes auvergnates. Après quelques mètres sur un portion carrossable, le sentier devient boueux, côtoie quelques tourbières puis monte en direction de le " La Cime des Près ", une grande ferme que l'on aperçoit de loin mais qu'on n'atteint jamais. Puis sur des plateaux ondulés, le chemin paraît vouloir s'égarer dans des pelouses rases.

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A notre arrivée au lac d'Entraigues

Il finit par rejoindre le tarmac au lieu-dit La Clide, qu'il délaisse aussitôt pour un chemin plus boisé au lieu-dit Les Angles. Là encore, le chemin part en angle droit et longe vers le nord une épaisse forêt de feuillus. Sur ce secteur, nous sommes tout un groupe de randonneurs et c'est un enfant qui fait office de guide en marchant devant nous.

On s'aide mutuellement à franchir les nombreuses clôtures qui barrent le chemin puis on arrive enfin sur une passerelle au dessus de la cascade d'Entraigues. La passerelle prend pied au bord d'un étang et c'est ici réellement qu'on se retrouve nez à nez avec une grouillante population. Il règne à ce carrefour une activité intense, alimentée il est vrai pour un immense camping tout proche. Des pêcheurs, des campeurs, des promeneurs, des enfants et leurs mères, des randonneurs. Tout ce petit monde grouille autour de l'étang et de la cascade.

Le temps de demander notre chemin et nous ne tardons pas à partir de ce coin fourmillant. Nous franchissons la Clamouze puis empruntons la D.978 sur plus d'un kilomètre. Il est 18h30 quand nous entrons dans le village aux toits ardoisés d'Egliseneuve d'Entraigues.

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Dany devant l'église Saint-Austremoine d'Egliseneuve d'Entraigues

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L'hôtel-restaurant d'Entraigues.

Nous trouvons aisément l'hôtel d'Entraigues où nous prenons nos quartiers. Ensuite comme nous le faisons toujours, malgré les kilomètres parcourus, nous partons visiter le bourg. Comme souvent, la vie s'est organisée autour de l'église. Elle s'appelle Saint-Austremoine. Il y a bien en ce moment une exposition de peintures mais il est tard et l'église est fermée. Nous en faisons le tour et partons voir les quelques commerces. Pour changer l'ordinaire, nous commandons un poulet rôti et des chips au traiteur du coin pour le pique-nique du lendemain.

L'heure de réintégrer l'hôtel pour le souper est arrivée. La cuisine de l'hôtel d'Entraigues est à la hauteur. Un excellent tripoux aux lentilles blondes de Saint-Flour pour Dany et un aligot parfaitement au point et des saucisses de pays pour moi, le tout accompagné d'un excellent Corent gris. Et comme cerise sur le gâteau, un air d'accordéon et le chant harmonieux du patron. Malgré cette agréable fin de journée, nos organismes réclament du repos. D'ailleurs, nos paupières sentent bien ce besoin, elles qui n'hésitent pas à vouloir se fermer pendant le dessert.

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Cliquez sur la carte ci-dessus pour passer à l'étape suivante

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Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

Publié le par gibirando

 

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 KmETAPE 4Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

 

Marcher, c'est retrouver son instinct primitif, sa place et sa vraie position, son équilibre mental et physique. C'est aller avec soi, sans autre recours que ses jambes et sa tête. Sans autre moteur que celui du cœur, celui du moral. (Jacques Lanzmann - Ecrivain et parolier 1927-2006)

Jeudi 3 août 2006 Besse-en-Chandesse (1020 m)-Compains (995m) 20 Kms

(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)

Je me réveille et je regarde ma montre. Nous sommes le 3 août et il est sept heures. Je n'entends plus le crépitement de la pluie. Je me lève et me glisse entre la tenture et la fenêtre. Avec soulagement, je constate que la pluie a cessé mais surtout l'orage semble être définitivement passé. Si une longue voûte brumeuse et grisâtre subsiste sur les montagnes environnantes, heureusement il y aussi à l'aplomb de Besse-en-Chandesse de grands pans de ciel bleu.

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Au hameau d'Olpilière, Dany donne du pain à deux gentils équidés

La vue donne sur des prés entrecoupés de haies qui s'étirent jusqu'aux pieds des collines. Ces collines sont constituées de puys qui ondulent et forment un horizon peu éloigné. Excepté ces près et ces puys, j'aperçois aussi, sur la gauche du chambranle, deux ou trois villas du hameau d'Olpilière dans le panorama.

Je reste là pendant de longues minutes à observer un chat qui chasse dans le pré situé sous la fenêtre. Il s'immobilise et avec la plus grande patience reste à l'affût devant ce qui doit être un terrier. De temps à autre, il lève la tête vers la fenêtre, me regarde avec étonnement et curiosité puis il reprend sa position de prédateur et pas un poil de ses moustaches ne bouge. Il attend avec persévérance son petit déjeuner : Un mulot ou peut-être une musaraigne.

Dany se réveille et me sort de la torpeur dans laquelle je suis plongé.

-On va déjeuner ?

-Pourquoi, toi aussi tu as faim ?

-Pourquoi, tu n'as pas faim toi ?

-Oui, il semble que tout le monde ait faim ce matin !

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Sur le G.R.30, d'étranges pierres creusées et gravées de signes mystérieux et cabalistiques

Effectivement, tout le monde a l'air d'avoir faim ce matin car la véranda de l'hôtel est déjà bien remplie. Les touristes, les cyclistes du Paris-Corrèze, leurs entraîneurs, des journalistes, tout le monde s'affère autour du buffet du petit déjeuner. Seuls, les techniciens ne mangent pas, trop occupés qu'ils sont à régler les vélos de leurs champions sur le parvis de l'hôtel.

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Nous quittons Besse-en-Chandesse et nous voyons le village médiéval s'éloigner.

Neuf heures, avant d'aller faire des achats, nous libérons la chambre mais laissons nos sacs à dos dans la grande salle de détente car le G.R.30 passe devant l'hôtel. Nous descendons ensuite en direction de la ville vers un supermarché tout proche pour faire quelques emplettes pour le pique-nique du midi. En effet, aujourd'hui, il faut se charger de nourriture dès le départ car sur ce parcours jusqu'à Compains, à part un restaurant au bord du Lac Pavin, il n'y a aucune autre possibilité de ravitaillement. Par contre, plusieurs lacs sont au programme du G.R.30 et l'on entre dans des zones dites humides constituées de marais, d'étangs, lacs et autres tourbières, si nombreuses dans les montagnes d'Auvergne. Sur ce tronçon, nous devrions découvrir plusieurs des " petits cailloux déposés par notre Petit Poucet ". Dans l'ordre d'apparition dans le paysage : les lacs Estivadoux, Pavin et Montcineyre. Et si nous avons le temps, le beau temps et des jambes vaillantes nous pourrions voir le lac de Bourdouze, étang tourbeux à environ deux kilomètres du G.R. soit quatre bornes supplémentaires à parcourir et sur la fin le lac de Chaumiane également hors G.R, mais beaucoup moins éloigné.

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Du G.R.30, panorama sur Besse-en-Chandesse et le Puy de Pertuysat (1.304m).

Neuf heures trente, nous sommes enfin en route. Nous sortons de l'hôtel, empruntons la route asphaltée qui part en direction du hameau d'Olpilière. Nous évitons les bas-côtés de crainte d'écraser les gros escargots que la pluie a réveillé et qui parsèment le sol. Nous n'avons pas encore fait deux cent mètres qu'il faut déjà s'arrêter. Dany vient d'apercevoir dans un enclos un cheval et un âne et il faut à tout prix leur donner à manger. Heureusement, j'ai tout prévu et j'ai emporté avec moi un gros morceau de pain que j'ai chapardé au petit déjeuner. Au moment où j'ouvre mon sac, je constate que Dany a eu la même idée que moi et elle, aussi, sort de son sac à dos un gros morceau de pain. Dociles, les équidés viennent vers nous sans crainte, pour le pain bien sûr, mais aussi pour les caresses.

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Des vaches se promènent dans l'épaisse forêt de la Montagne de Fraux

Par la droite, nous quittons l'asphalte pour un large chemin pierreux qui grimpe à travers les prés. Ce sont les mêmes près que j'apercevais ce matin de la fenêtre de l'hôtel et j'ai une vision complètement inversée puisque j'aperçois nettement la façade de l'hôtel devant Besse-en-Chandesse qui s'éloigne dans le paysage. Sur plusieurs dizaines de mètres le G.R.30 est maintenant bordé d'étranges pierres sculptées et creusées de signes mystérieux et cabalistiques. Au pied du Puy du Pertuysat (1.304 m), le sentier tourne en angle droit et entre dans la forêt de la Montagne des Fraux (1.302 m). En plein centre de cette forêt, nous sommes surpris de rencontrer un grand troupeau de vaches qui circule. Nous leur laissons la priorité car elles semblent, elles aussi, parcourir le G.R. mais dans le sens inverse au nôtre. Puis nous sortons du bois au Lac Estivadoux. De là où l'on se trouve, il s'agit d'une petite nappe d'eau, sans grand intérêt photographique, car envahi en grande partie par des tourbières. Quelques vaches sont là au bord du lac à tremper leurs sabots au milieu des joncs.

Nous passons plusieurs barrières d'estives et arrivons en surplomb du majestueux Lac Pavin (1). Malheureusement, il n' y pas vraiment de belvédère et la vue sur ce splendide lac bleu se fait à travers les nombreux feuillus et conifères qui l'enveloppent.

(1) Le Lac Pavin est un lac d'origine volcanique situé sur la commune de Besse-et-Saint-Anastaise communément appelée Besse-en-Chandesse. Situé à une altitude de 1.197 m, il s'est formé dans le cratère d'un ancien volcan, c'est ce que l'on appelle un maar. De forme presque parfaitement circulaire, il a un diamètre de 750 mètres, une profondeur de plus de 92 mètres, ce qui en fait le plus profond d'Auvergne. Sa superficie est de 44 ha environ. Il est d'origine très récente contrairement au massif des Monts Dore. Il semble qu'il se soit formé à la fin de la période d'activité volcanique qui a créé la Chaîne des Puys, soit il y a environ 6.000 ans. Par temps clair, le ciel bleu se reflétant dans l'eau, il est presque bleu-nuit, avec les pâturages et les forêts qui l'entourent, cela donne un paysage splendide. C'est le seul lac méromictique de France, c'est-à-dire qu'une partie de ses eaux n'est jamais brassée. On peut néanmoins y canoter à loisir et y pêcher des truites et des ombles chevaliers. Par contre, par temps d'orage, ses eaux profondes apparaissent très sombres et inquiétantes, ce qui lui a sans doute valu son nom de Pavin qui viendrait de pavens = épouvantable. Il a toujours fasciné les hommes, c'est pourquoi de nombreuses légendes l'entourent et notamment celle de Lucifer : Il y a bien longtemps, bien avant les hommes, Dieu fut irrité par l'insolence de Lucifer. Il créa alors l'Enfer et l'y précipita avec tous les anges révoltés. Le temps passa. Dieu calma sa colère et créa l'Homme. Tout était bien. Sa grande satisfaction ne lui fit pas oublier pourquoi il avait enfermé Lucifer, mais les lamentations de ce dernier le poussèrent à faire une trêve. Il lui permit de faire quelques trous dans l'écorce terrestre afin de pouvoir observer le ciel. Mais Lucifer n'avait pas perdu son arrogance et perça la Terre de part en part en formant des volcans aux laves rougeoyantes. Dieu n'apprécia pas cet affront et recouvrit la Terre de glace pour calmer ce brasier et reboucher les trous creusés par Lucifer et son armée. Vaincu, Lucifer retourna sous Terre et pleura de colère. Comme il craignait que ses larmes n'éteignent le brasier de l'Enfer, il fit en sorte qu'elles s'échappent par les fissures d'un volcan. C'est ainsi que le lac Pavin fut rempli des larmes de Lucifer. On raconte que les arbres y gardent un peu de la nuit éternelle et empêchent le ciel de s'y refléter. Il y a même des rochers amoncelés que l'on appelle la " Chaise du Diable ".

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 KmoComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

Nous passons des barrières d'estives et arrivons en vue du majestueux Lac Pavin.

Pour prendre des photos et découvrir le lac, cette vision trop restreinte ne me convient pas et je décide de descendre vers la rive, là où se trouve le restaurant. Dany n'est pas trop d'accord car il y a huit cent mètres de descente et évidemment de remontée pour poursuivre notre itinéraire. Mais j'insiste tellement qu'elle finit par accepter et vraiment elle ne le regrette pas. Au fur et à mesure que l'on descend, le lac devient plus beau, plus éblouissant et d'une limpidité étonnante quand on arrive en surplomb des berges.

Midi, après de nombreux arrêts dans une descente peu évidente, nous sommes au bord du lac où les badauds sont très nombreux. Il est vrai, que le décor est exceptionnel. Le lac Pavin entouré de sapins et d'épicéas est étincelant et sombre à la fois. Le ciel parfois bleu et parfois gris qui se reflète dans ce puits noir crée un fantastique kaléidoscope de couleurs.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 KmoComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

Malgré un aller-retour peu facile, nous avons pris la décision de descendre vers l'admirable lac Pavin.

Midi et demi, nous sommes remontés et déjeunons tranquillement sur l'herbe en bordure du G.R.30. Mais rapidement, le temps semble vouloir se gâter aussi nous ne traînons pas trop car Dany est frigorifiée. Nous côtoyons le Puy de Montchal (1.407m) longeons des bois, entrons dans la Forêt des Fraux puis arrivons enfin sur un immense plateau herbeux où la vue porte très loin en direction du Cézallier.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

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Images du lac Pavin

Sur notre gauche, j'aperçois à distance le Lac de Bourdouze mais je n'envisage pas une seconde d'y aller car Dany a très froid et semble déjà bien fatiguée. En compagnie de plusieurs randonneurs, nous descendons, au milieu des pâturages et des zones humides, dans la plaine de Montcineyre en direction du puy boisé du même nom. Nous passons en bordure d'un petit étang de barrage, longeons une forêt de sapins puis quand nous arrivons au pied du puy, une partie du lac apparaît à notre regard. Sous un ciel très gris, le lac de Montcineyre (2) se révèle moins lumineux que son voisin le Pavin. Malgré cela, nous stoppons quelques minutes pour finir notre casse-croûte. Puis nous repartons en continuant le chemin d'où nous venions. Le sentier contourne le puy par la gauche et traverse une dense forêt. En fait, à la fin de la journée, en compulsant ma carte IGN, je constate que si le topo-guide dessine cette version du chemin, il propose dans le texte et comme ma carte IGN, le bord du lac par la droite du puy.

(2) Le Lac de Montcineyre est un lac de barrage volcanique fermé par le cône boisé de Montcineyre. Comme son voisin le lac Pavin, il est relativement jeune et avec ses 6.000 ans, il fait partie des derniers-nés des volcans d'Auvergne. Il doit son nom du latin " Mont Cineris ", le mont des cendres. Ses eaux qui s'infiltrent dans les laves alimentent la Couze de Valbeleix. Situé à 1.182m d'altitude, il a une superficie de 38 ha. et une profondeur de 18m. La pêche, la baignade et le nautisme y sont interdits.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

Parfois le G.R.30 traverse des propriétés privées qu'il faut respecter.

Mais peu importe car les deux pistes se rejoignent et l'agréable chemin longe le bois de Montcineyre, continue dans les pacages de Cache-Broche et laisse sur la gauche le hameau de Paro Blanche. Enfin le G.R.30 parvient au dessus du très beau village de Chaumiane que l'on découvre blotti dans une anfractuosité de la vallée. Dany est de plus et plus gelée au point qu'elle a mis deux pantalons et des chaussettes en guise de gants. Aussi quand me vient l'idée de grimper sur un monticule pour prendre une verdoyante photo du hameau avec son lac en arrière-plan, elle préfère m'attendre au bord du chemin car ses articulations commencent sérieusement à la faire souffrir.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 KmoComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

Au milieu des zones humides, le puy de Montcineyre apparaît dans le paysage.

Avant Chaumiane, le large sentier tourne à gauche à travers des murets de pierres sèches. A l'approche de Compains que l'on distingue au fond de la vallée de la Couze de Compains, le chemin longe la lisière d'une hêtraie puis dévale au milieu des fougères dans un sombre sous-bois. Quand il arrive à Compains, il n'est plus qu'un simple couloir très étroit au cœur de hautes murettes moussues.

Il est 16 heures quand nous aboutissons sur la D.26 à l'entrée du village. Nous partons vers le centre et très facilement nous trouvons l'hôtel restaurant " Les Diablaires ". L'hôtel, belle bâtisse de caractère traditionnel est là au carrefour où les D.26 et 36 se croisent.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 KmoComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

Dans la plaine de Montcineyre en direction du lac et du puy éponyme.

Par la première porte qui s'offre à nous, nous entrons dans l'hôtel. En fait, il s'agit d'un café qui fait aussi office de hall d'accueil pour l'hôtel, d'épicerie, de marchand de journaux, de tabacs, de boulangerie, de restaurant, de salle de réunion. Il y a un monde fou et avec nos gros sacs à dos, tant bien que mal, nous tentons de nous faufiler pour manifester notre présence auprès des propriétaires.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

A lac de Montcineyre, il ne fait pas beau mais nous sommes heureux de marcher.

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Au Lac de Montcineyre puis peu après, Dany est frigorifiée. La marche reste le meilleur moyen de se réchauffer. 

De loin, une jeune femme nous hèle :

-Que voulez-vous ?

-Bonjour, Monsieur et Madame JULLIEN, nous avons réservé une chambre pour ce soir !

Et là, grosse angoisse.

-Non c'est impossible, nous n'avons plus rien !

-Vous devriez tout de même vérifier car la réservation est ancienne.

-Je vais voir !

Au bout d'un moment, elle revient, semble contrariée et dit d'un ton sec et qui paraît désagréable :

-C'est exact, nous avons bien une réservation en demi-pension ! Mais il va falloir attendre un peu que l'on vous prépare une chambre !

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

Juché sur un monticule, je photographie Chaumiane avec son lac en arrière-plan. Il est bien trop éloigné du parcours pour envisager d'y aller et ce, d'autant que Dany est fatiguée et gelée.

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Nous arrivons à Compains et trouvons rapidement l'hôtel " Les Diablaires "

J'avoue que cette réception plutôt froide et inattendue nous laisse perplexes et nous devons " tirer la gueule " car un long silence s'installe. De mon côté, je ne sais pas pourquoi mais le cadre sombre et austère de ce bar me rappelle étrangement " l'Auberge des Thénardier ". Aussi, comme je ne suis pas à mon aise au milieu de ce tohu-bohu, je dis à Dany : "Viens à va attendre dehors !"

Je demande de quel côté sera la chambre et l'on nous indique de l'autre côté de la maison sans vraiment prendre la peine de nous y accompagner.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

Dany, sur les escaliers de la belle église Saint-Georges de Compains. Elle a la particularité d'avoir une nef romane et un choeur gothique.

Là, nous entrons dans une pièce tellement encombrée que nous hésitons à nous y installer. Un chien est là, prenant toutes les places assises, couché de tout son long sur le canapé. Au moment où je me prépare à le cajoler, la femme de chambre me dit : Non, je ne vous conseille pas de le caresser !

Décidément, j'appréhende de voir la chambre et les autres prestations à venir. Où sommes-nous tombés chez les Diablaires ou les Diablesses ? Cet hôtel c'est pas l'Auberge Rouge au moins ? Et ce chien, j'espère que ce n'est pas celui des Baskerville ?

Nous ressortons de la pièce et sommes si harassés que l'on s'assied par terre au milieu de la rue, sous quelques gouttes de pluie, à attendre que l'on veuille bien nous délivrer la chambre.

Au bout d'une demi-heure, c'est chose faite. Est-ce la fatigue de la journée ou bien le temps maussade qui me tape sur les nerfs? Suis-je si irascible cet après-midi ? Mon imagination me joue-t-elle des tours ? Car oh surprise tout est irréprochable ! La spacieuse chambre mansardée est parfaite. Très coquette, les murs sont tapissés de très beaux tissus, il y a de la moquette et un grand et un petit lit. Il y aussi, une immense salle de bains avec une grande baignoire où nous pouvons enfin nous relaxer.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 KmoComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 4 Besse-en-Chandesse - Compains - 20 Km

Promenade et détente dans Compains après une journée bien remplie.

Vers 18 heures, nous partons visiter le minuscule village. Il y a, à Compains, une belle église romane, une très belle fontaine fleurie, une charmante mairie, une adorable et vieille école communale et quelques charmantes maisons rustiques dans la plus pure tradition architecturale auvergnate, pourtant en réalité, nous avons vite fait le tour. Mais une gentille chatte qui ressemble comme " deux gouttes d'eau " à notre petite Noxy occupe le reste de notre temps. Elle cherche constamment à se faire câliner, elle nous suit et se frotte contre nos jambes, se roule au milieu de la route pour se rendre intéressante. Elle est grosse et attends pour bientôt des petits chatons. Heureusement que nous sommes à pied car je crois que Dany l'aurait adopté sans hésiter.

20 heures, nous retournons au café pour le souper. Il n'a pas désempli et une bande de jeunes filles et de jeunes gens est là devant le zinc à picoler bières et pastis. La patronne nous installe au fond de la salle, nous propose une potée comme menu du jour mais d'un commun accord, nous choisissons une truffade que nous avions eu le plaisir de découvrir il y a quatre ans. Mais à cette table, on ne s'éternise pas, car la fatigue conjuguée à ce brouhaha incessant nous incite à écourter ce généreux repas et à rejoindre nos pénates le plus rapidement possible.

Par bonheur, notre chambre sous les toits est suffisamment éloignée de ce vacarme pour être complètement silencieuse. Dany étalée dans son grand lit bouquine un magazine pendant qu'allongé sur le petit, je marche au rythme des " Grands Chemins " de Giono.

Mais il faut penser à dormir car pour nous aussi, les " grands chemins " seront là dès demain : au bas mot, 20 kilomètres à parcourir de Compains à Egliseneuve d'Entraigues !

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Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 3 Lac Chambon - Besse-en-Chandesse 17 Kms

Publié le par gibirando

 

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 3 Lac Chambon (880 m) - Besse-en-Chandesse (1.020 m) 17 KmsETAPE 3Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 3 Lac Chambon (880 m) - Besse-en-Chandesse (1.020 m) 17 Kms

 

Ce n'est pas dans les montagnes qu'on trébuche, mais sur de petits cailloux. (Proverbe anonyme)

Mercredi 2 août 2006

Lac Chambon (880 m) - Besse-en-Chandesse (1.020 m)

17 Kms

(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)

Hier soir, au " Grillon ", le souper s'est déroulé dans un cadre délicat et distingué. Le menu était composé d'une immense tranche de terrine maison, d'un gros feuilleté de lotte, d'un plateau de fromages et d'un divin croustillant aux myrtilles, le tout arrosé d'un excellent Côtes d'Auvergne. Ce repas festif a parachevé de fabuleuse façon cette deuxième journée de marche.

Auparavant, tout en longeant ses berges, nous avions eu tout le temps de découvrir le Lac Chambon, sa plage, ses restaurants et ses commerces. Aucune affluence, tout était désert. Il ne pleuvait pas mais le temps exécrable ne se prêtait pas à la flânerie et encore moins à la baignade et aux jeux d'eau. Seuls quelques courageux pêcheurs étaient là, recroquevillés à attendre que les poissons veuillent bien de leurs appâts.

Cette ballade avait permis de repérer tout près de l'hôtel les traces rouges et blanches qui bordaient les rives aval du lac, coupaient la Couze sur un large pont de bois, longeaient la plage puis bifurquaient à gauche pour contourner le volcan du Tartaret.

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 Nous quittons le lac Chambon, non sans avoir donné à manger aux canards.

Ce matin, en quittant le " Grillon ", tout naturellement, nous reprenons le même chemin. Il ne pleut toujours pas, mais le temps maussade d'hier soir ne s'est pas amélioré. Toujours cet air frais, idéal pour marcher, mais un ciel bas et grisâtre, qui lui n'est pas propice à la découverte de paysages sur les 17 kilomètres qui nous attendent pour rejoindre Besse-en-Chandesse.

Nous passons devant les campings et quittons les rives du Lac Chambon. Aujourd'hui, sur ce tronçon, je sais que le Petit Poucet n'a déposé aucun autre " petit caillou bleu " pour nous guider. Pas d'autre lac ! Mais la carte annonce quelques tourbières, souvenirs lointains de quelques lacs ou étangs disparus !

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 Le GR.30 passe devant la stèle dédiée à Victor Charreton, peintre, chef de file de l'école de Murol

En haut de la première côte, au pied du Tartaret, nous apercevons sur la gauche une stèle dédiée à Victor Charreton, peintre, chef de file de l'école de Murol (1).

Le temps d'une photo au pied de la stèle, nous continuons sur le tarmac en direction des Fougeoles et contournons la puy du Suc du Coq. Là, en direction de Jassat, nous coupons la D.618 à hauteur d'un vaste camping et retrouvons un agréable sentier qui se faufile dans une magnifique combe verdoyante. En entrant dans la forêt de Roche Longue, le dénivelé devient plus escarpé, et en moins de deux kilomètres, on passe de 855 à 1.100 mètres d'altitude. Longtemps, nous côtoyons le ruisseau de Courbanges puis nous coupons celui de Cheix avant d'amorcer un raidillon taillé à même le roc.

(1) Par Ecole de Murol(s), on désigne une cinquantaine de peintres qui, dans la première moitié du XXeme siècle, se sont côtoyés ou succédés dans ce bourg d'Auvergne. Accueillis par l'abbé Boudal, curé de Murol et peintre lui-même, les nouveaux venus eurent pour maîtres les créateurs du mouvement : Victor Charreton, Adolphe Rey, Armand Point, Jules Zingg, Terlikowski, etc.… Chez ces artistes qui se situent dans la suite de l'Impressionnisme et du Fauvisme, on trouve des individualités aussi fortes que diverses, mais ce que tous possèdent en commun, c'est l'amour du paysage, et plus spécialement du paysage sous la neige. Mais pourquoi à Murol ? Le village et ses alentours regroupent énormément de paysages divers : hameaux, points de vue, torrents, bois, chaumières, lacs, etc. Mais c'est surtout, le climat qui attira les artistes. Murol connaît en effet un enneigement fréquent mais non constant tout au long de l'hiver. Cela permettait aux peintres de trouver des sujets variables d'un jour sur l'autre, ce qui n'aurait pas été le cas en plus haute montagne.

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 Le G.R.30 se faufile dans une combe verdoyante en direction de Jassat.

Le chemin finit en terrasses au lieu-dit appelé la " Roche des Jardins " sur la carte. Nous sortons enfin de la forêt et le panorama se dévoile dans toute sa splendeur. Au loin, le puy boisé de Bessolles (1.057m), plus près le pic Chauvet (1.004m) et en dessous le vert vallon de Jassat où nous étions, il y a moins d'une heure. Il est 11h15 et l'endroit, fleuri à souhait comme un immense jardin, porte tellement bien son nom, que nous déposons nos sacs à dos pour prendre un brin de repos. Nous ouvrons avec convoitise, comme nous le ferions pour des pochettes-surprises, les paniers repas préparés par le chef cuisinier de l'hôtel du Grillon.

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Dans la forêt de Roche Longue et au bord du ruisseau de Cheix.

Il n'est pas encore midi, mais ce bon dénivelé nous a ouvert l'appétit et c'est à pleines dents que nous mordons dans les énormes sandwichs à la terrine de lapin. Couchés dans l'herbe sous un pin, les pieds dans les œillets nains, les achillées et les pensées sauvages, nous prenons le temps d'observer la nature environnante. C'est d'autant plus plaisant que le temps semble vouloir nettement s'améliorer et la vue porte plus loin. D'ailleurs, dès que nous redémarrons, les toits de lauzes de Courbanges apparaissent déjà dans le lointain. Puis ils disparaissent à nouveau au gré de l'ondulation du Chemin des Quayres. C'est le nom du G.R.30 sur cette portion commune avec un P.R. qui surplombe sur notre droite la vallée et la réserve naturelle de Chaudefour, sur notre gauche, un petit défilé où se blottit Saint-Victor la Rivière. Au loin, devant nous, les Monts Dore et le Sancy sont à peine perceptibles dans un brume laiteuse.

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 Terrible montée en direction du lieu-dit " La Roche des Jardins "

Derrière nous, le puy de Dôme, toujours présent, réapparaît au dessus de la crête des collines.

Nos estomacs enfin calés, nous poursuivons sur ce chemin cendreux, pentu et rectiligne, bordé de petits genêts, qui laisse sur la gauche le hameau de Courbanges et sur la droite la cascade du Cheix.

Dans un pré, à la lisière de la forêt de Courbanges, près du ruisseau du même nom, nous stoppons cette fois pour une pause déjeuner plus consistante.

Il est midi et demi. Les montées incessantes depuis le départ ont mis à rude épreuve nos mollets déjà endoloris par les étapes précédentes et une nouvelle halte s'impose logiquement.

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 Le chemin finit en terrasses au lieu-dit appelé la " Roche des Jardins "

Nous restons une heure à nous restaurer et à écouter nos baladeurs MP3, allongés au milieu des gentianes dans des hautes pelouses qui ne demandent qu'à être couchées. A la fin, pendant que je rince, dans l'étroit torrent, fourchettes et couteaux, Dany prépare notre départ et range les sacs à dos. Pour quitter le pré, nous enjambons les barbelés et entrons immédiatement dans l'épaisse forêt de conifères, nous bifurquons sur le premier chemin à notre gauche et quelques minutes plus tard, nous coupons la route forestière de Vanzoux.

Au bout d'une demi-heure, nous ressortons de cette splendide forêt et franchissons le ruisseau de Malvoissière qui coule au milieu de bocages en direction d'un immense plateau.

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Au lieu-dit appelé la " Roche des Jardins " sur la carte.

Le temps s'est à nouveau couvert et nous sommes noyés dans un brouillard vaporeux. Par précaution, nous enfilons nos ponchos imperméables. Dans cette atmosphère sinistre, le chemin se glisse au travers de clôtures électrifiées et de quelques minuscules tourbières. Dans ce décor automnal, angoissant et désertique, nous avons le sentiment d'une immense solitude. Seuls, le puy des Prêtres (1.213m) et celui de Serveix (1.328 m) fissurent l'horizon. Mais en fait, si l'on y réfléchit, n'est-ce pas cette solitude que nous sommes venus chercher ? Dans nos diverses randonnées et cette quête continuelle de vouloir découvrir ces paysages variés qui nous fascinent tant, n'avons-nous pas aussi aspiré à cet isolement et à cette quiétude ?

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 Sur le chemin des Quayres en direction de Courbanges.

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Juste avant Courbanges, on aperçoit encore le Puy de Dôme à l'horizon

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A Courbanges, une certaine lassitude pour Dany qui étire ses jambes

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Après Courbanges, nous enjambons la clotûre pour pique-niquer dans un pré.

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Le GR.30 traverse l'épaisse forêt de Courbanges.

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Après Courbanges, sur ce plateau herbeux, sous un ciel très bas et gris, un sentiment de grande solitude.

Des vols de passereaux, un grand troupeau de Salers, et quelques buses qui volètent au dessus de nos têtes nous apportent l'assurance que nous ne sommes pas seuls sur cette étendue herbeuse. D'ailleurs, moins d'une heure plus tard, le sentier débouche sur une route goudronnée au hameau de Leylavaux. Mais une fois de plus, il n'y a personne ! Seuls de petits chatons à la fenêtre d'une grange attirent l'attention de Dany qui se précipite pour les approcher. Apeurés, ils disparaissent dans les poutres et les bottes de foin. Nous suivons la route, dépassons les quelques maisons de La Bouay puis par la droite, nous quittons le bitume en direction de Besse-en-Chandesse (2) dont les premiers toits de lauzes se dévoilent à travers les futaies.

(2) Besse-en-Chandesse est une petite ville d'Auvergne intéressante à visiter. Cet ancien bourg médiéval, construit à 1.050 m d'altitude, conserve de vieilles demeures et des fortifications destinées à protéger autrefois les richesses de la cité. On a construit la plupart des maisons avec des roches volcaniques (lave noire, basalte). Pour découvrir la ville et son histoire avec plus de détail, je vous conseille de consulter le très joli site suivant :

http://ecoles.ac-rouen.fr/aubin-epinay/Auvergne/Besse_en_Chandesse.htm

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Au hameau de Leylavaux, Dany observe des chatons dans une grange

Malgré une fine bruine qui ne mouille pas, nous stoppons sur un terre-plein qui domine la ville. Au milieu des fougères, des genêts et des épilobes, nous prenons le temps d'admirer la belle cité historique et profitons de cette aubaine pour terminer les derniers fruits de notre panier-repas.

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 En arrivant à Besse-en-Chandesse, le G.R.30 surplombe la cité.

Le chemin descend vers La Villetour, traverse le D.36 puis grimpe vers le vieille ville de Besse jusqu'à la porte du beffroi. Après une journée de marche solitaire et silencieuse, nous regagnons avec appréhension la civilisation. Une foule animée et bruyante, une circulation insensée de voitures avec leurs klaxons, nous avons le sentiment de tomber dans une caisse de résonance insupportable. On s'empresse de trouver l'hôtel La Gazelle, pas très loin des remparts de la cité ancienne mais suffisamment distant et isolé pour être complètement au calme.

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A cause d'un peu de fatigue et d'une météo exécrable, Dany est heureuse d'arriver à notre hôtel à Besse-en-Chandesse, terme de notre 3eme étape.

L'hôtel La Gazelle est un grand et beau chalet avec une vaste véranda panoramique. Nous y sommes accueillis avec beaucoup de chaleur par la charmante propriétaire et le service est d'une grande qualité. Rien de manque : piscine intérieure, sauna, jacuzzi, salle de jeux, tables de billard et de ping-pong, parc, terrasses, aires de jeux, etc... Nous ne profiterons pas de toutes ces possibilités, mais en réalité, après une harassante journée de randonnée, il manquait pour nous détendre une chose primordiale ; de l'eau tiède dans la piscine et le jacuzzi pour que notre fin d'après-midi soit parfaite !

Impossible de rester longtemps dans cette eau fraîche, aussi, et malgré des jambes encore " lourdes ", nous préférons partir visiter la cité médiévale.

Après deux heures de visites, nous regagnons l'hôtel sous une pluie fine qui à la nuit tombante se transforme en déluge. Après un peu de lecture et l'analyse de l'étape de demain, il est à peine 19h30 quand nous gagnons la grande salle à manger. La patronne nous a prévenu : si vous voulez être tranquille pour le souper, descendez tôt ! Plus tard l'ambiance risque d'être bruyante car j'attends des équipes cyclistes qui participent à la course Paris-Corrèze !

Décidément on mange bien en Auvergne, car une fois de plus, le menu proposé titillera à souhait notre palais. Composé d'une salade auvergnate, d'une entrecôte de Salers au bleu, d'un plateau de fromages et d'une pompe aux pommes, ce souper met magnifiquement fin à cette troisième journée pédestre en Auvergne.

Chahutée par une pluie battante qui frappe avec violence le carreau de notre fenêtre, notre nuit sera moins douce et moins réparatrice que les précédentes. Il est vrai que je ne cesse de penser à l'étape de demain si ces trombes d'eau venaient à perdurer. Pendant longtemps cette obsession m'empêche de dormir puis la fatigue m'envahit….

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Après notre installation à l'hôtel "La Gazelle", nous voilà repartis pour une visite de bourg médiéval de Besse-en-Chandesse.

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Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 3 Lac Chambon - Besse-en-Chandesse  17 Kms

Après 17 kms, nous pouvons enfin nous relaxer dans la piscine de " La Gazelle ", mais dommage que l'eau soit un peu fraîche.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 3 Lac Chambon - Besse-en-Chandesse  17 Kms

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Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 2 Olloix - Lac Chambon - 18 Kms

Publié le par gibirando

 

 

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 2 Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 KmsETAPE 2Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 2 Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 Kms

 

 Le lac, oeil du paysage (Victor Hugo). 

Mardi 1er août 2006

Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 Kms

(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)

Ce matin, le temps s'est mis au beau. De grands morceaux de ciel bleu ont fait leur apparition, même si quelques nuages inoffensifs sont toujours là poussés vers l'ouest par un vent plutôt vigoureux et frais.

Hier soir, j'ai bien étudié l'étape et je n'ai pas d'inquiétude sur le parcours. Il n'y a pas de longs ni de gros dénivelés et deux cités intéressantes, Saint-Nectaire et Murol, sont au menu. Je suis d'autant plus rassuré qu'hier le balisage était très bon. Seule interrogation, où se trouvent l'arrivée et l'hôtel Le Grillon ? A la cité de Chambon sur Lac ou au bord du Lac Chambon, plus près de Murol ? Les deux sites sont espacés de quelques kilomètres, mais ce n'est jamais agréable en fin parcours d'être dans l'incertitude quant à la distance qui reste à parcourir. Je suis prêt à parier pour le Lac Chambon comme semble l'indiquer la lettre de confirmation et le dépliant que l'hôtel m'a transmis.

Il n'est pas tout à fait 9 h quand nous quittons la Maison de La Monne. Finalement "les Monettes" ont été bien digérées. Nous traversons la route départementale où s'étirent la plupart des habitations d'Olloix et le bourg disparaît rapidement du paysage car la bonne piste forestière contourne l'imposant puy du même nom.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 2 Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 Kms

 Nous quittons le bourg d'Olloix. Aujourd'hui, direction le lac Chambon où une chambre d'hôtel nous attend.

De grands rapaces planent au sommet du puy et d'autres plus petits rasent les pelouses sèches à la recherche d'une hypothétique nourriture. Aujourd'hui, la vue porte plus loin en direction du Cézallier et du Cantal.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 2 Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 Kms

 En quittant Olloix, la vue porte au loin en direction du Cézallier et du Cantal.

Il fait déjà très chaud, car le démarrage s'effectue bien à l'abri du vent, le puy étant situé à notre nord. Mais au fur et à mesure que l'on avance, on contourne le puy et un air frais se manifeste. Cet air finit par se transformer en légère brise puis en un vent soutenu qui devient presque bourrasque à l'endroit où le chemin fait un " épingle à cheveux ". A ce virage, le balisage est inexistant. Faut-il bien prendre ce chemin qui descend dans un cet étroit vallon ? Le topo-guide, mes cartes IGN et Cartonav sont à l'unisson. Pourtant, il y a un doute ! Pendant que je fais le point sur mon GPS, Dany est partie devant pour tenter de retrouver quelques traces. La boussole de mon GPS est formelle et ne se trompe pas non plus. Nous prenons " l'épingle à cheveux " et à l'intersection suivante, nous finissons par apercevoir quelques vieilles empreintes rouges et blanches pratiquement effacées. Nous montons dans un petit bois de feuillus et atterrissons au milieu des prairies vertes et blondes. Nous zigzaguons un peu au milieu des champs puis arrivons sur un plateau bien battu par les vents au dessus du village de Lenteuge. La descente s'effectue sur un chemin tortueux et très pierreux qui débouche sur la D.639 que nous empruntons sur une centaine de mètres en évitant le hameau. Nous traversons la route et nous hissons sur un " méchant " chemin fait de caillasses, copie conforme de la descente que nous venons d'endurer. Heureusement, dans cette ascension, les paysages deviennent plus beaux, alors que la crête du puy d'Olloix, toujours visible, s'éloigne. Au sommet, le panorama à 360° est encore plus saisissant. Vers le Sud, les monts du Cantal coiffés d'un linceul de stratus dessinent un horizon nébuleux. Vers l'ouest, à l'extrémité des champs céréaliers, l'imposant Massif du Sancy et ses Monts Dores se dévoile derrière une longue écharpe de cumulus. D'ici, le Pic du Sancy, notre objectif final, parait bien proche mais je sais pertinemment que le Tour des Lacs d'Auvergne n'est pas une longue ligne droite. Pour bien avoir étudier la carte, souvent le G.R.30 se rapproche du Sancy pour mieux s'en éloigner et cela à plusieurs reprises.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 2 Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 KmsoComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 2 Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 Kms

 Au départ, nous contournons le puy d'Olloix. 

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 On aperçoit encore la crête du Puy d'Olloix qui s'éloigne à l'horizon.

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Des prairies vertes et blondes avant le village de Lenteuge.

Par contre sur cette petite portion, notre randonnée s'effectue sur un chemin plat et rectiligne très agréable qui encourage à la flânerie. Nous coupons la D.150 et laissons à droite le hameau de Sauvagnat puis la D.640 au plateau de Sailles puis à nouveau la D.150 où le sentier se transforme en un mirador naturel qui surplombe Saint-Nectaire. Flâner c'est bien, mais il est déjà 11h30 et nous devons impérativement acheter à manger. C'est donc à toute vitesse que nous descendons vers la cité fromagère bien décidés à trouver une épicerie ouverte avant midi.

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 Dany dans le chemin tortueux et pierreux qui descend vers Lenteuge

Malheureusement dans la descente, Dany se fait piquer par une guêpe et l'on est obligés de s'arrêter plusieurs minutes pour récupérer l'Aspivenin tout au fond de son sac. Cet instant de tracas passé, nous arrivons par la vieille cité de Saint-Nectaire le Haut où trône la superbe église du XIIeme siècle (1). Mais renseignements pris, tous les commerces sont à Saint-Nectaire le Bas et c'est encore avec précipitation et à regrets que nous quittons le bourg sans visiter ce joyau de l'art roman, par ailleurs en cours de rénovation.

(1) Eglise de Saint-Nectaire : Perchée sur le mont Cornadore, la belle église, érigée en 1160 en l'honneur de Saint Nectaire, prédicateur du 3ème siècle, est un joyau de l'architecture romane auvergnate. Un clocher, śuvre du 19ème siècle, surmonte l'édifice, plusieurs fois réhabilité. Classé monument historique, il cache, derrière ses austères murs en lave de Volvic, un solide narthex à deux étages, et une nef, voûtée en berceau et revêtue de bas-côtés à voûtes d'arêtes. La centaine de chapiteaux historiés, représentant des scènes bibliques et un bestiaire, témoigne du talent des sculpteurs auvergnats. Enfermé dans un retable du 15ème siècle, le trésor, dévalisé pendant la Révolution, compte un remarquable buste de Saint Baudime, le compagnon de Saint Nectaire, une Vierge en bois polychrome du mont Cornadore datant du 12ème siècle, et un reliquaire de Saint Nectaire en argent (15ème siècle.)

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 Dany dans un coriace dénivelé caillouteux après Lenteuge.

Une fois nos achats effectués, on s'installe à la terrasse d'un bistrot pour déjeuner. Devant nous, somptueusement plantée dans le décor, la belle église romane se découpe sur le Mont-Cornadore et nous avons tout loisir de l'observer. Là, je m'aperçois que j'ai perdu le topo-guide et même si le parcours est bien balisé, je vais être rapidement dans l'obligation de le remplacer si je ne veux pas me tromper dans tous ces chemins G.R. et P.R. qui se croisent et s'entrecroisent.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 2 Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 KmsoComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 2 Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 Kms

 En direction de Saint-Nectaire, le puy d'Olloix disparaît et le Sancy apparaît.

Après le repas, nous laissons la belle localité thermale pour un sentier qui monte dans une forêt de conifères. Le G.R.30 traverse sur deux kilomètres les bois de Somme et de Bouche sur un chemin sableux et moelleux parsemés d'aiguilles de pins, puis il parvient à la D.996 à la hauteur d'un élevage de myocastors. Mais il est hors de question d'apporter notre caution en partant visiter cet étrange élevage. Entreprise qui consiste à engraisser, à dépecer ou à mettre en conserves ces petits animaux qu'on appelle plus communément ragondins. Nous traversons la route et continuons au milieu de pacages en direction du monumental château de Murol (2) que l'on aperçoit dans le paysage. Il est 14 h 30 et d'un même élan, nous décidons de faire une pause dans un pré avant d'attaquer un court mais " coriace " dénivelé.

Le repos, une fois pris, nous repartons vers le hameau de Chautignat puis vers Murol dont le colossal château se rapproche à grands pas. Au nombre de voitures que l'on aperçoit au pied de l'édifice, les touristes doivent être nombreux.

Et effectivement, ils le sont ! Ils le sont tellement que Dany est accablée à l'idée d'avoir à participer à cette queue qui piétine pour visiter la célèbre forteresse. Il est vrai que déambuler sur les remparts ou dans les escaliers en colimaçon d'un château médiéval avec un sac à dos de 12 kilos n'a rien de réjouissant !

(2) Le château de Murol : Du haut de son éminence basaltique, la forteresse, dressée au 13ème siècle, par les Chambe, surveillait une voie romaine. A partir de 1380, Guillaume de Murol entreprit sa restauration, qu'il mena durant la première moitié du XVeme siècle. À la fin de ce siècle, le mariage de l'héritière Jeanne avec Gaspard d'Estaing fut l'occasion de nouveaux travaux de modernisation. Pendant les guerres de Religion, les fortifications furent augmentées sous François 1er et c'est à son successeur Jean III que l'on doit l'édification d'une demeure de plaisance au début du XVIIeme siècle. À partir du milieu du siècle suivant, le château fut abandonné. Joyau de l'architecture médiévale, elle est flanquée de tours et de courtines. Transformée en résidence, au 16ème siècle, la bastide est vendue à l'évêché de Clermont au 18ème siècle, avant de devenir un repaire de bandits et d'être dévastée. Loués par George Sand, dans son roman Jean de la Roche, les vestiges du château polygonal, dont les cuisines, les appartements et le cloître sont restés intacts, est rénové par les Monuments historiques, en 1998. Le panorama, sur Murol, les monts Dore, le lac Chambon et la Couze, est exceptionnel.

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 Saint-Nectaire apparaît dans le panorama

Nous restons quelques instants dans un parc, au pied du monument, à observer chèvres, faons, biches et cerfs auprès desquels nous sacrifions les restes de nos sandwichs puis nous quittons le château et partons visiter la cité.

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Le G.R.30, un belvédère au dessus de Saint-Nectaire

A la recherche d'un marchand de journaux pour acheter le topo-guide, nous errons dans les petites ruelles aux maisons aux toits de lauzes et aux fenêtres fleuries. Murol possède de très belles fontaines, des parterres fleuris et colorés et une très belle église gothique.

Nous trouvons enfin le topo-guide et avec son aide, nous tentons de renouer le fil du G.R. que nous avons perdu. De l'endroit où l'on se trouve, deux variantes du GR.30 s'offrent à nous : soit remonter au château et prendre le sentier qui contourne le Saut de la Pucelle et la Dent du Marais (3), soit emprunter la D.996 qui part en direction du Lac Chambon (4). Ignorant où se trouve l'hôtel Le Grillon, nous optons pour cette deuxième solution, plus simple et surtout plus directe. Au bas mot, cinq à six kilomètres par la Dent du Marais pour rejoindre le lac Chambon avec peut-être le risque de louper l'hôtel et seulement un et demi à deux par la D.996.

Une fois cette dernière option choisie, nous suivons le bitume en prenant garde aux voitures et aux camions sur cette route sinueuse et très empruntée. Un bon moment, nous hésitons car nous retrouvons des marques blanches et rouges d'un G.R. qui monte au cratère du Tartaret. Mais en fait, il s'agit seulement d'une variante du G.R.30 qui redescend de la Dent du Marais et monte vers le volcan.

(3) La Dent du Marais : C'est un éperon rocheux du à l'éruption du volcan du Tartaret, elle surplombe le lac Chambon et se distingue par une imposante muraille rocheuse de 100 mètres de haut environ que l'on appelle le Saut de la Pucelle. Ce nom a pour origine une étrange légende : une bergère affolée par les avances d'un seigneur des environs s'enfuit à toutes jambes et adressa une prière à la Sainte Vierge avant de sauter d'en haut du rocher. Le vent s'engouffrât dans sa jupe et elle fut freinée dans sa chute. Elle en ressortit indemne et raconta son aventure aux gens du village. Bien entendu, personne ne la crut, c'est ainsi qu'elle voulu leur prouver sa bonne foi en tentant à nouveau l'expérience. Malheureusement, cette fois le saut lui fut fatal et elle mourut pucelle.

(4) Le lac Chambon : Situé à 875 mètres d'altitude, le lac Chambon est un barrage naturel qui s'est formé suite à l'éruption du volcan du Tartaret et à l'effondrement de la Dent du Marais. Il est d'une profondeur moyenne de 5 à 6 mètres, pour une superficie de 60ha. Il est alimenté par la Couze (5) de Chambon qui descend du Sancy et prend sa source dans la vallée de Chaudefour. Il se trouve entre les localités de Murol et Chambon-sur-Lac, toutes deux distantes de 4 kms. Le lac est délimité par: A l'Ouest, la Vallée de Chaudefour, site protégé classé Réserve Naturelle depuis 1991, et le bourg de Chambon-sur-Lac. A l'Est, le volcan du Tartaret le sépare du bourg de Murol. Au Nord, "La Dent du Marais", falaise qui surplombe le Lac Chambon et offre un magnifique panorama sur la vallée et les Monts Dores. Le village s'étale en bordure du lac et dispose de commerces liés principalement au tourisme. C'est un lieu de séjour agréable, où l'on peut s'adonner à de nombreuses activités. C'est aussi le rendez-vous des randonneurs, des pêcheurs, des skieurs et de tous les amoureux de la nature. Ce lac qui mesura jusqu'à 5 kms de long a vu sa surface diminuer de 8 ha de 1825 à 1974 à la fois par les alluvions de la vallée de Chaudefour qui sédimentent le lac mais aussi par un envasement consécutif à l'eutrophisation. Ces deux phénomènes naturels auront pour effet, dans une lente agonie, de faire disparaître le lac d'ici quelques siècles.

(5) Couze : Torrent en Auvergne.

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Joli papillon Ecaille chinée et images entre Saint-Nectaire et le château de Murol.

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 Les biches et les cerfs du parc au château de Murol.

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 Nous sacrifions nos derniers sandwichs aux chèvres du parc du château de Murol

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Fontaines fleuries à Murol et amusantes statuettes sur la D.996

En effet, le G.R.30 s'arrête au bord du Lac Chambon et il existe ensuite plusieurs variantes pour le continuer. Nous poursuivons sur la D.996 et deux virages plus loin, on aperçoit avec étonnement l'hôtel du Grillon. Il est là devant nous ! Il s'agit d'un grand hôtel deux étoiles, bien à l'image de l'enseigne " Logis de France " tout blanc avec des volets rouges, bien propret. A l'intérieur, plusieurs vastes salles à manger décorées de bois et de tissus un peu rococo se succèdent. Nous sommes reçus par un aimable cuisinier coiffé d'une toque. Sans chichi, il nous remet une clé et nous indique le chemin à prendre pour rejoindre notre chambre.

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 Dany sur la terrasse de l'hôtel-restaurant Le Grillon au Lac Chambon.

Ouf ! C'est avec soulagement que nous déposons enfin nos sacs et nous installons dans une chambre très coquette avec deux lits, la télé et une salle de bain avec baignoire. Nous allons largement apprécier ce confort avant de partir visiter le lac Chambon, ce " troisième caillou du Petit Poucet " blotti comme un diamant dans l'écrin du Sancy.

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 Promenade au bord du Lac Chambon sous un ciel très maussade.

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Quelques photos de notre balade au bord du Lac Chambon

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 2 Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 Kms

 Cliquez sur la carte ci-dessus pour passer à l'étape suivante

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Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière - Olloix - 17 Kms.

Publié le par gibirando

 

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.ETAPE 1Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Il faudrait que les mots soient les cailloux blancs du Petit Poucet. Ils sont trop souvent ses miettes de pain.

(Louis Scutenaire-Ecrivain et poète surréaliste belge 1905-1987)

Lundi 31 juillet 2006

La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)

A la fin de son roman " Les Grands Chemins ", Jean Giono écrit : " Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route ". C'est certainement vrai, mais ce matin-là à La Cassière, le soleil joue à cache-cache derrière un long chapelet de nuages gris. Mais qu'importe, il ne pleut pas, et tout en rangeant dans le coffre de la voiture, les dernières affaires que nous n'emporterons pas dans notre périple, j'ai en moi, comme à chaque départ de longues randonnées, ce sentiment absolu de liberté. J'ai comme l'impression que je vais m'évader, cette sensation de ne plus avoir aucune entrave, aucune obligation. Pour ceux qui n'aiment pas la randonnée, la pire contrainte serait celle d'avoir à marcher et d'atteindre un objectif. A l'inverse, il faut que je démarre car j'ai au fond de moi ce désir de cheminer, de découvrir qui déborde de mes poumons comme de l'air pur.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Petit déjeuner à l'ABC du Gourmet avant le grand départ.

Il est neuf heures, en quittant La Cassière, j'abandonne " un autre monde ", je suis comme un bagnard qui sort d'une prison. Atteindre notre but, c'est-à-dire le village d'Olloix distant de 17 kilomètres, c'est partir vers une terre inconnue, une espèce de croisade de la découverte ou de pèlerinage comme en faisaient les chevaliers au Moyen Age. Je vous l'ai déjà dit : " je deviens le Lancelot du Lac de la randonnée pédestre" !

Je ne pense plus à rien et surtout pas à l'idée qu'un incident, qu'un accident puisse freiner ou arrêter mon envie de marcher. Compte tenu de sa bonne humeur, j'ai, ce matin là, l'impression que Dany est dans le même état d'esprit.

Mais dès le démarrage, cet air pur qui débordait de mes poumons me manque déjà. Est-ce le sac à dos de 12 kilos ou bien cette montée sur un sentier bourbeux qui est pénible pendant les premières minutes ? Les deux certainement ! Heureusement, peu à peu le souffle revient, les muscles s'échauffent et très rapidement, nous ne pensons plus à ce fardeau et la joie de marcher et de découvrir se substitue au tourment.

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Après La Cassière, le GR.30, un sentier rouge de pouzzolanes.

Le sentier rouge de pouzzolanes grimpe régulièrement dans une forêt de feuillus puis arrive sur un plateau qui domine le Lac de la Cassière. De minuscules grenouilles ; les mêmes que celles aperçues au bord du Lac de Servières, il y a quatre ans ; sautillent et traversent le chemin. Nous scrutons en permanence le sentier pour éviter de les piétiner de nos gros godillots.

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Sur le plateau au lieu-dit Moulebas.

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De minuscules grenouilles que nous évitons de piétiner de nos gros godillots.

En ce début de matinée, des kyrielles de mouches et de moustiques ont décidé de marcher avec nous, ou sur nous plus exactement. Nos têtes, nos bras et nos cuisses sont sérieusement convoités par des escadrilles d'insectes volants. Il n'est pas facile de regarder le paysage et en même temps, de marcher tête basse avec des nuées de bestioles au dessus de nous ! Pour les chasser, je prends ma casquette et l'a fait tournoyer au dessus de nos têtes comme les pales d'un hélicoptère. Les diptères disparaissent quelques secondes et reviennent à l'attaque encore plus nombreux. Cette agitation et ces tournoiements finissent par me fatiguer les bras. Pour un randonneur, ce serait vraiment un comble d'avoir mal aux bras avant d'avoir mal aux jambes ! Heureusement, quand nous arrivons sur le plateau au lieu-dit Moulebas, le soleil fait son apparition et les horribles " volatiles " disparaissent comme par magie. Giono avait raison : " c'est mieux sous le soleil ! "

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Les chevaux et les vaches, seules créatures vivantes sur ce plateau herbeux.

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Quelques jolis panoramas sur la chaîne des Puys et sur le lac de La Cassière restent visibles malgré une météo maussade.

Le chemin est agréable mais dommage, la vue est bouchée par cette brume grisâtre et la visibilité sur la chaîne des Puys est restreinte. En supplément, des lignes à haute tension barrent le panorama.

Enfermés dans leur enclos, des chevaux viennent vers nous chercher pitance, pendant qu'avec leurs mines hébétées, nos " premières vaches " nous regardent passer. Il faut dire qu'avec ces animaux, nous sommes les seules créatures vivantes à arpenter ce plateau boisé et herbeux.

Nous amorçons la descente, le chemin devient bitume et transperce quelques résidences très fleuries. Nous coupons la D.213 et longeons le Bois du Lot à Rouillat-Bas. Pendant quelques instants, nous hésitons à nous ravitailler à Rouillat car il y a encore le bourg d'Aydat dont nous savons qu'il est plus important, même s'il est situé hors du Gr.30. L'heure tourne mais celle du pique-nique est encore suffisamment éloignée et peut attendre. Il n'est pas utile de se charger d'un poids supplémentaire trop rapidement ! Nous continuons sur une large piste, entrons dans la forêt, coupons le Pont de l'Arche, puis par une sérieuse dénivellation, grimpons sur un plateau qui domine le splendide Lac d'Aydat (1).

Le " deuxième caillou " s'étend déjà devant nous, luisant de beauté. Un lac lisse comme un miroir gris bleu où les puys glauques environnants viennent se refléter. Le sillage de quelques dériveurs aux voiles blanches vient par endroit rayer le vernis de ce tableau parfait.

(1) Le lac d'Aydat : Avec ses 65 hectares, le lac d'Aydat situé à 837 mètres d'altitude est le plus grand lac naturel d'Auvergne. Il s'agit d'un lac de barrage volcanique d'une profondeur maximum de 15 mètres. L'émergence de la coulée de lave (la cheyre) des puys de la Vache et de Lassolas a verrouillé la rivière de la Veyre, bloquant le cheminement des eaux et créant ainsi une retenue naturelle. L'île située près de la rive nord s'appelle Saint Sidoine, en souvenir de l'Évêque Sidoine Apollinaire qui possédait une villa romaine au bord du lac. Situé dans un remarquable cadre boisé, l'environnement du lac est propice à d'agréables promenades et à la pratique du footing, le tour du lac faisant 5,5 km. Les activités nautiques y sont largement pratiqués : baignade, dériveurs, planche à voile, pédalos, canoë - kayak et bien sur la pêche qui est réglementée. Les pêches de nuit en barque y sont même possibles. Les poissons les plus fréquemment pêchés sont la truite, la perche arc-en-ciel, la sandre, l'omble, le brochet, la carpe, la tanche, le gardon et le vairon.

Malheureusement, le lac subit depuis quelques années, ce que l'on appelle le phénomène d'eutrophisation. Il s'agit d'une asphyxie des eaux d'un lac ou d'une rivière par un apport excessif de substances nutritives - notamment de phosphore et d'azote- qui augmente la production d'algues et de plantes aquatiques. La décomposition des algues qui meurent, consomme beaucoup de l'oxygène dissous dans l'eau : plus il y a d'algues, moins il y a d'oxygène, ceci est particulièrement important pour les eaux profondes. En dessous d'un certain seuil d'oxygène la vie devient difficile, voire impossible, pour la faune et la flore et il y a un dégagement de mauvaises odeurs. Une dégradation de la qualité des eaux de la Veyre serait en partie à l'origine de cette eutrophisation.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Le lac d'Aydat, un miroir où les puys glauques environnants viennent se refléter.

Nous quittons le plateau par un étroit chemin qui descend, puis débouche sur une minuscule plage où quelques canards batifolent et se jettent à l'eau à notre vue. De cet endroit, le lac paraît encore plus beau, plus moiré. Seuls les canards et quelques poissons qui mouchent en surface parviennent à le rider.

Dans notre dos, à flanc de coteau, des vaches dodues, noires et blanches paissent une herbe bien verte et bien épaisse. En moi-même, je me dis : " Voilà, l'Auvergne que nous voulions découvrir ! " Une Auvergne apaisante composée de faune, de flore et de paysages.

Le Gr.30 remonte dans un bois cerné par de larges pâturages d'un vert intense. Ici, les promeneurs, les randonneurs et les coureurs qui effectuent le tour du lac sont plus nombreux. Nous retrouvons la route goudronnée à Poudure et là au lieu de prendre à gauche pour continuer le GR, nous continuons tout droit en direction d'Aydat que nous gagnons très rapidement. Les commerces sont tous là, au bout de la route : boulangerie, épicerie, pharmacie, presse. Il y a même une très jolie église et un bureau de Poste où nous pouvons acheter des timbres pour affranchir des cartes postales.

Une demi-heure a été suffisante pour nous approvisionner et après une brève visite de l'église, c'est avec un bon kilo supplémentaire que nous reprenons la courte montée vers Poudure. Nous retrouvons le GR.30 qui traverse le village où se dissimulent de superbes villas arborées.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Au lac d'Aydat, des images de l'Auvergne paisible que nous voulions découvrir !

Nous regardons une dernière fois le lac qui finit par disparaître et après une rude montée, nous dénichons à la sortie du hameau, près d'une belle croix en fer forgé, un champ idéal pour déjeuner.

Salades, charcuterie du pays, Cantal, Bleu d'Auvergne et fruits sont au menu de ce premier pique-nique champêtre sous un ciel bas et gris. Mais par bonheur, aucune goutte de pluie ne vient contrarier cet instant de répit. Après le repas, pendant que Dany fait une petite sieste, j'observe avec ravissement plusieurs jeunes pinsons écervelés qui jouent à se poursuivre. Sans craindre ma présence, ils sautent de branches en branches, ils descendent des noisetiers et viennent se vautrer dans l'herbe, à quelques pas de moi comme pour me narguer. Puis ils repartent dans un tourbillon de folie, s'enfoncent au milieu des genêts d'où ils ressurgissent quelques dizaines de mètres plus loin pour monter comme des flèches dans le ciel. Cette chorégraphie se renouvelle plusieurs fois et assis près de la croix de fer, je suis aux premières loges d'un spectacle naturel étonnant ; une espèce de " Patrouille de France " en miniature.

Mais il est déjà l'heure de repartir, car la route est encore longue. D'ailleurs, en quittant le champ, nous la voyons se dessiner devant nous, comme un serpent qui descend le talus, puis remonte à travers les champs, se faufile jusqu'aux collines toutes proches. A la fin, elle disparaît au faîte d'un vallonnement, horizon souvent fugitif car caché quelquefois par la brume.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Dany lors de notre arrivée à Aydat

Le Gr.30 évite le petit village de Phialex et ondule entre de petits puys dont certains ont des noms curieux : Mont Amant, Suc Brûlé, Fourchat. Quand les nuages se dissipent, ils laissent entrevoir dans le lointain des puys plus importants où prédomine le Puy de Dôme. Pendant plusieurs jours, et tout en s'éloignant, nous l'apercevrons souvent dans le paysage, mais notre point de mire restera le Sancy que nous devons gagner.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Après Aydat, un pré idéal pour pique-niquer.

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 Pique-nique puis repos mérité dans un pré après le village d'Aydat.

Nous coupons la D.145 et dans un décor plus chaotique où le chemin se glisse entre des murets de pierres sèches, nous finissons par atteindre avec satisfaction le hameau " Le Mas ". Nos gorges et nos gourdes sont aussi sèches que les pierres du sentier mais la seule fontaine du lieu n'a pas d'eau potable. Le village composé de quelques maisons semble désert, seul un chat dort sur le rebord d'une fenêtre. Nous arpentons chaque ruelle à la recherche d'un breuvage, mais il n'y a ni bistrot ni épicerie. Heureusement, devant une très belle demeure, un jeune homme apparaît et il accepte avec beaucoup de gentillesse de remplir nos gourdes. A son accent, je comprends immédiatement qu'il est espagnol, même s'il parle un excellent français. Il dit être un pilote de montgolfière travaillant pour une organisation qui propose des vols libres au dessus de la chaîne des Puys mais aussi près de Barcelone. Nous n'avons aucune raison de ne pas le croire, puisque cette affirmation est inscrite sous la forme d'un bandeau publicitaire sur la carrosserie de son 4x4 garé devant la bâtisse.

Par son récit, nous tentons d'imaginer la beauté des paysages d'Auvergne depuis un ballon. Ce doit être un sacré spectacle ! Nous le remercions encore une fois pour l'eau et c'est avec des rêves plein la tête et le prix du vol à 220 € par personne dans la " cabeza " que nous retournons voir ce spectacle. Spectacle que nous apprécions même au ras des pâquerettes !

Le G.R. longe de grands champs cultivés de céréales puis coupe la D.788. Mais, nous ne traversons pas immédiatement car un long et sinistre défilé de voitures suit un corbillard pendant qu'au loin l'église de Cournols sonne le glas sans interruption. Pour qui sonne le glas ? Tout en marchant, nous dissertons de l'importance du défunt. Elu du village ou homme politique plus important ont notre faveur. Compte tenu du nombre colossal de voitures que l'on aperçoit dans le village en contrebas, il ne fait aucun de doute, il s'agit d'un notable. Nous zigzaguons dans les près qui dominent Cournols mais sans jamais l'atteindre. Seul un immense dolmen appelé " Dolmen de la Grotta " retient notre attention. Plus surprenant encore, ce dolmen siège au milieu d'un terrain de football improvisé avec des cages de part et d'autre. Il est vrai qu'il n'y a pas de risque qu'un ballon de foot fasse tomber une de ces dalles ancestrales !

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Paysages verdoyants et vue sur la chaîne des puys après Aydat.

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Arrivée au hameau Le Mas et dolmen de la Grotta à Cournols

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   A Cournols, l'étrange dolmen de la Grotta siège au milieu d'un terrain de foot !

Derrière nous, Cournols s'éloigne et maintenant des puys boisés plus importants et plus hauts nous font face. On se dirige droit sur eux et sur la carte IGN, je constate qu'il s'agit au premier plan du puy d'Ozenne (914 m) et derrière, il y a surtout celui d'Olloix (1.002 m). Il est 4h15 et j'ai le sentiment de ne plus être très loin de l'arrivée. Mais la suite me prouve le contraire et il nous faut encore plus d'une heure de marche pour rejoindre le terme de notre étape.

Il est vrai que le chemin devient difficile. Il est très caillouteux et très raviné dans la descente vers les Gorges de la Monne, puis après une brève détente et un bain de pieds revigorant au Pont de Riberolles, il se hisse sans discontinuer sur le flanc opposé pratiquement jusqu'à Olloix.

Heureusement, la grimpette la plus difficile s'effectue dans un sombre sous-bois très frais où gisent les ruines du vieux hameau de Riberolles (2). Dans cette " jungle " inextricable de lierres, de lianes, de mousse et de branches, nous avons du mal à imaginer, qu'il y a encore un siècle, une activité rurale ait pu exister. Au bout de la rude montée, le sentier longe encore les ruines de quelques moulins puis débouche sur un vaste plateau à vocation agricole parsemé de gros blocs granitiques fissurés. Il s'agit de diaclases (3) d'origine volcanique sur laquelle l'érosion a fait son œuvre. Le rebord de ce plateau fait office de belvédère au dessus du site classé des Gorges de la Monne dont on imagine seulement les contours dissimulés dans une épaisse végétation.

(2) Riberolles : Ce hameau ruiné que l'on peut voir au dessus du pont de Riberolles fut abandonné au 19ème siècle. Au recensement de 1841 il comptait 33 habitants répartis dans 6 maisons, en 1886 il ne restait qu'une famille de 5 membres et 1891 il n'y avait plus personne. Le site de ce hameau autrefois très ensoleillé est maintenant envahi par la forêt.

(3) Diaclase : du grec dia signifiant en deux et klasis désignant une fracture, une rupture. On parle de diaclase lorsqu'une roche se fend sans que les parties disjointes s'éloignent l'une de l'autre. Une diaclase peut apparaître du fait des pressions auxquelles est soumise la roche.

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 En direction des Gorges de la Monne, on aperçoit les Puys d'Ozenne et d'Olloix

17h15, nous entrons dans Olloix et au bout du dernier tronçon du G.R., nous sommes face à notre gîte " La Maison de la Monne ". Dès notre arrivée, nous sommes " aux anges ", car cette grande bâtisse, aux volets couleur pastel avec son vaste jardin gazonné et fleuri et ses terrasses accueillantes, distille le bien-être, le calme et la douceur de vivre. Notre chambre n'est pas très grande mais moderne, bien aménagée et silencieuse. L'accueil y est simple, calfeutré mais agréable bien à l'image de l'endroit.

Après une douche réparatrice, nous partons visiter le village. Comme souvent, seule l'église semble présenter un intérêt culturel. Dans cette église Saint-Jean Baptiste trône une imposante statue couché dont j'apprends l'essentiel à la lecture d'un petit livret. Il s'agit du gisant d'Odon de Montaigu, dit St Gouérand, commandeur des Hospitaliers, grand Prieur d'Auvergne jusqu'en 1323, mort vers 1345. A côté de l'église, il y a bien les vestiges d'une ancienne commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem mais le site est en travaux et interdit au public. Dany, elle, compulse le livre d'or de l'église et est choquée par les messages parfois abjects et grossiers qu'elle y trouve.

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Dany dans la descente caillouteuse vers les Gorges de la Monne

De retour au gîte, pendant que Dany part se reposer dans la chambre, je l'abandonne et muni de mon appareil photo, je m'en vais escalader le Puy de Marquerole (Mercurol sur les cartes) qui domine le village. Sur un pan de ce puy, il y a encore la présence d'orgues basaltiques qui ont résistées à l'érosion du temps. Du sommet, la vue à 360 degrés est, compte tenu du temps maussade, toujours aussi limitée. Mais grâce à un table d'orientation, j'aperçois quelques lieux indiqués et j'arrive à deviner au loin la plaine de Limagne, les Monts du Forez, les Monts du Cézallier et toujours le Puy de Dôme qui excelle à l'horizon. Très étonnamment, un nuage en panache s'échappe de son sommet comme s'il s'agissait d'un volcan encore en activité.

Il 20h20. Le souper est servi à 20h30 et content de mes quelques photos, je redescends en courant les flancs de ce petit monticule et me dépêche sur le Pré de la Barre en direction de la Maison de la Monne. Seul, un petit chat qui ressemble étrangement à notre petite Milie me freine dans ma précipitation pour aller dîner. Mais, je ne peux l'approcher car il est aussi craintif que notre chatte et disparaît derrière une haie de feuillus.

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  Au Pont de Riberolles, dans la rafraîchissante rivière de la Monne

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Avant Olloix, une pause bienfaitrice sur le plateau au dessus du site classé des Gorges de la Monne.

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 Arrivée à Olloix sur le G.R.30

Dany m'attend impatiemment car le pique-nique de midi est déjà très loin et son estomac crie famine. Nous trouvons tout de même le temps de prendre un apéritif sur la terrasse et de converser avec une dame très sympathique qui voyage seule et que nous avons aperçue sur le G.R.30 au Pont de Riberolles.

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 Dany dans l'agréable jardin du gîte " La Maison de la Monne "

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 Nous visitons Olloix et ses proches alentours. Le gisant d'Odon de Montaigu à l'église Saint-Jean Baptiste d'Olloix.

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 Eglise Saint-Jean Baptiste d'Olloix

21 heures, il est temps de rejoindre la salle du restaurant où nous attends une belle surprise : La " Monnette " qui est la grande spécialité de la maison. Un Saint-Nectaire étêté et fumant dont la pâte continue à fondre dans sa croûte sur un chauffe-plat. Le fromage est accompagné d'une grande assiette remplie de salade et de larges tranches de jambons crus. Le tout se mange comme une fondue. Le meilleur reste la fin quand la croûte devient gratinée. Accompagné d'un excellent Saint-Pourçain rosé, c'est un vrai régal !

Mais manger ainsi, est-ce bien raisonnable ? Cette " Monnette " ne risque-t-elle pas de peser dans nos ventres lors de l'étape qui s'annonce demain ? Une étape, Olloix- Saint-Nectaire - Murol - Lac Chambon longue de 18 kilomètres ! Enfin, on verra ! Michel Déon n'écrivait-il pas : Pour bien aimer un pays, il faut le manger, le boire et l'entendre chanter !

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

  Panoramas sur Olloix et ses alentours depuis le puy de Marquerole

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Cliquez sur la carte ci-dessus pour passer à l'étape suivante

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Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

Publié le par gibirando

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

Nos 7 jours sur le G.R.30 Tour des Lacs d'Auvergne

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule La p

(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)

Etape 1 : La Cassière - Olloix 17 kms

Etape 2 : Olloix -Lac Chambon 18 kms

Etape 3 : Lac Chambon - Besse-en-Chandesse 17 kms

Etape 4 : Besse-en-Chandesse - Compains 20 kms

Etape 5 : Compains - Egliseneuve d'Entraigues 20 kms

Etape 6 : Egliseneuve d'Entraigues - St Genès-Champespe 21 kms

Etape 7 : St Genès-Champespe - Picherande 22 Kms

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

Ma Bohême (Fantaisie)

 

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;

Mon paletot soudain devenait idéal;

J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;

Oh! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées!

Mon unique culotte avait un large trou.

Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.

Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

 

Arthur Rimbaud (1854-1891)

 

 Préambule

Il faut que l'idée naisse de la vision comme l'étincelle du caillou.

(Charles-Ferdinand Ramuz-Ecrivain suisse-1878-1947)

Dimanche 30 juillet 2006 : Vulcania et La Cassière

 

CONCEPTION DU PROJET :

Une fois de plus, et comme en 2004, nous avions délaissé les Pyrénées Ariégeoises et cette randonnée sur le Gr.10, entre Aulus-les-Bains et Mérens-les-Vals, pourtant programmée et organisée de longue date.

En ce printemps 2006, les poussées répétitives et plus vives que jamais de la polyarthrite rhumatoïde de Dany avaient fini par me convaincre de laisser tomber ce projet sur le Gr.10. Même, s'il est reconnu que l'activité sportive en général et la randonnée en particulier ne sont pas des facteurs d'aggravation de cette maladie, pour Dany, il n'était pas raisonnable de vouloir se confronter pendant huit jours, aux forts dénivelés du GR.10 ariégeois, aux conditions précaires d'hébergement en refuges de montagne, aux ravitaillements parfois difficiles, aux impératifs horaires dans l'accomplissement de certaines étapes ; le tout avec des sacs à dos de plus de 15 kilos.

En ce début d'année 2006, les ours, pyrénéens et slovènes, qui dans ce secteur-là, n'en finissaient plus de faire parler d'eux (attaques d'ovins, dommages sur des ruches, visites des villages traversés) avaient irrémédiablement fait pencher la balance en faveur d'un parcours moins difficile sous d'autres cieux moins aventureux. A un moment, j'avais même émis l'idée d'abandonner tout projet de randonnée, mais Dany insistait pour se prouver à elle-même qu'elle était capable de surmonter ses douleurs. Mais, je sais, que c'était avant tout pour me faire plaisir.

J'ai donc cherché un trajet plus facile. C'est alors que m'est venu l'idée de terminer le GR.30 Tour des puys et lacs d'Auvergne que nous avions commencé en 2002 et dont j'avais fait le récit dans " DES PUYS POUR DEUX FOUS ". Le tronçon de La Bourboule jusqu'à La Cassière ayant déjà été accompli, nous avions eu l'occasion de découvrir les magnifiques lacs de Guéry (1) et de Servières (2). Même, si nous avions gardé en nous, les images splendides de ces lacs de montagnes, nos souvenirs nous rappelaient aussi que cette randonnée n'avait pas été qu'une simple partie de plaisir. En effet, à l'époque, nous avions du transporter tente et bardas (20 kg) pendant 5 jours sur de bons dénivelés et de longues étapes. Cette fois, j'envisageai la suite plus commodément. Mais est-ce possible ?

(1) Le Lac de Guéry : C'est un lac de montagne d'origine volcanique situé à une altitude de 1.244 m, il est le plus haut des lacs d'Auvergne. Ce lac de 25 ha est dû à une coulée de lave qui a barré le cours d'un torrent venu du Puy Gros. Il est de forme presque parfaitement ovale et peu profond puisque sa profondeur maximum est 16 mètres. Complètement gelé en hiver, il permet de commencer à pêcher début mars, en creusant un trou dans la glace. La pratique de cette technique est quasiment unique en France. Pour se faire la glace doit atteindre au minimum 15 cm d'épaisseur pour pouvoir s'y aventurer en sécurité. La pêche y est ouverte du début mars au 15 novembre. On peut pêcher des truites arc-en-ciel, des truites fario, des saumons de fontaine, des ombles chevalier, des perches, des brochets et des carpes.

(2) Le Lac de Servières : c'est un lac d'origine volcanique situé dans la chaîne des Monts Dore sur la commune d'Orcival. Situé à une altitude de 1.202 m, il s'est formé dans le cratère d'un ancien volcan c'est ce que l'on appelle un maar. Il est d'une profondeur de 26 mètres et d'une superficie de 15 ha. On peut y pêcher la truite, et l'omble chevalier. Il est en grande partie entouré de forêts où l'on trouve en été des myrtilles, et des framboises sauvages. Sur les estives qui le bordent, de mystérieux trous sont alignés. Ce sont des vestiges d'habitations, datant peut-être des invasions barbares.

PREPARATION DU PROJET :

J'ai donc commencé à organiser ce voyage en démarrant le GR.30 où nous l'avions réellement abandonné en 2002, à savoir, au bord du lac de la Cassière et plus exactement à l'hôtel restaurant l'Abc du Gourmet. Ensuite, il suffisait de réserver des gîtes et des hôtels en prenant, autant que possible, la précaution d'éviter des étapes trop longues. Des distances de 15 et 20 kilomètres me paraissaient convenables, quelques-unes dépassaient les 20 bornes mais c'était " jouable " et cela permettait de boucler la distance restante jusqu'au Puy de Sancy en sept jours voire huit si nous décidions de grimper le Sancy et de pousser jusqu'à Mont-Dore.

Pour le reste, les préparatifs étaient simples, car ne trouvant aucun tour-opérateur susceptible d'organiser le portage des bagages, il suffisait de prévoir le nécessaire (vêtements, matériels de rando habituels, trousse à pharmacie, appareil photo, jumelles, Gps, etc.…) pour une randonnée de huit jours en s'allégeant autant que possible. La lecture du topo-guide de la FFRP et l'analyse des cartes IGN étaient indispensables pour parfaire cette préparation.

En regardant les cartes, le parcours m'apparut d'une grande simplicité. Il suffisait de suivre des lacs ! Ces derniers semblaient disséminés tout au long du GR.30 comme les cailloux qu'un Petit Poucet aurait abandonnés pour éviter que l'on s'égare. Sur la carte, ces petits cailloux bleus, s'appelaient lac de la Cassière, lac d'Aydat, lac Chambon, lac Pavin, lac du Montcineyre, lacs de La Godivelle, lac du Taurons, lac de La Crégut, lac du Tact, lac de la Landie et lac Chauvet, pour ne citer que ceux vraiment côtoyés. Mais, il y en avait quelques autres pour le randonneur disposé à prendre quelques variantes et à sortir des sentiers battus : Lac de Bourdouze, lac de Chaumiane, lac des Bordes, lac de l'Esclauze, lac de Laspialade et lac de Lastioulles.

Grâce à Internet, quinze jours après la prise de décision, la randonnée était organisée, les gîtes et les hôtels réservés, les arrhes versés, le topo-guide étudié et les cartes analysées.

REALISATION DU PROJET :

Le dimanche 30 juillet 2006 au matin, nos sacs respectifs sont bouclés : le sac de 60 litres de Dany pèse huit kilos et le mien dix kilos pour 70 litres. A ce lest, il sera nécessaire de rajouter le pique-nique du midi et environ 2 litres d'eau pour une journée normale de marche sans canicule. En conclusion, nous devrons nous " trimbaler " entre 10 et 13 kilos pendant 7 à 8 jours de marche sur environ 135 à 160 kilomètres selon l'option finale choisie ! Comment Dany relèverait-elle ce challenge ? Les vacances se rapprochant, elle allait beaucoup mieux depuis quelques semaines. Mais est-ce l'envie de partir au grand air ou le désir de vacances qui prenaient le pas sur la souffrance ? Cette question me turlupinait !

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

Au parc scientifique Vulcania

Mais avant d'admirer les lacs d'Auvergne, nous avions décidé de consacrer ce premier dimanche après-midi de vacances à découvrir Vulcania, le parc scientifique cher à Valéry Giscard d'Estaing. Avouons-le, à la sortie, nous serons quelque peu déçus du rapport qualité/prix et des animations et projections quelquefois décevantes. Il est vrai, que la présentation du parc sur Internet, où des slogans comme " Vibrez, Tremblez, Frissonnez " sont mis en avant, peuvent laisser croire que les sensations " corporelles " sont d'une tout autre dimension.

Il n'en est rien et nous avons eu le tort de penser que nous trouverions des émotions magiques comme on peut en avoir dans les attractions d'Eurodisney, sur les montagnes russes de Port Aventura ou dans les cinémas dynamiques du Futuroscope.

Le parc reste néanmoins un lieu ludique pour la jeunesse et instructif pour tous ceux qui s'intéresse à la Terre en général et à la volcanologie en particulier.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

Nous passons notre première journée de vacances à Vulcania.

Passé cette petite déception, heureusement comme souvent lors du prologue à notre randonnée, cette première journée se termina par un succulent repas. Ce dernier avait été préparé par le très sympathique Georges Roth, le chef de cuisine de l'Abc du Gourmet et servit par son agréable et éloquente épouse.

Nous étions heureux d'être là et quoi qu'on en dise, revenir quatre années en arrière, ça nous rajeunissait ! Enfin et à l'inverse à notre première venue, nous prenions le temps, sous le soleil cette fois, de découvrir le village et le lac de La Cassière (3). Le premier petit caillou avait été trouvé, maintenant il suffisait de marcher pour découvrir les autres !

(3) Le lac de la Cassière : Il s'agit d'un lac de barrage volcanique de 14 ha situé à 815 mètres d'altitude. Des coulées de lave en provenance des puys de la Vache et de Lassolas ont fermée la vallée de la Veyre et ont formé ce lac de faible profondeur (5 mètres à son maximum). Mais il reste sujet à de fortes variations de son niveau, passant certaines années de la sécheresse totale à l'inondation de ses berges. La pêche y est très pratiquée.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

Dany au bord du lac de La Cassière

J'étais décidé à me métamorphoser en Lancelot du Lac et Dany, en fée Viviane (4) ! Nous étions fins prêts à conquérir l'Auvergne et à " pénétrer " ses lacs.

(4) Lancelot du Lac : Selon la légende, la fée Viviane que l'on nomme " La Dame du Lac " avait enlevé, alors qu'il n'était qu'un enfant, Lancelot à sa mère et avait plongé avec lui au fond du lac où elle vivait. Elle l'avait ensuite élevé pour faire de lui un parfait chevalier qu'elle présenta au roi Arthur. A la cour d'Angleterre, Lancelot devint le plus brave, le plus vaillant, le plus fidèle des chevaliers de la Table Ronde.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

Cette fois, nous prenons le temps de découvrir le lac de La Cassière

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

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Quelques photos de notre découverte de Vulcania

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

Vue sur le lac de La Cassière de notre chambre à l'ABC du Gourmet

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Préambule

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Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

Publié le par gibirando

 

ARTICLE DE PRESSE PARU DANS L’INDEPENDANT DE PERPIGNAN LE MARDI 4 MAI 2004 A LA RUBRIQUE "FAITS DIVERS"

Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

CARTES QUE NOUS AVIONS LORS DE NOTRE PARCOURS

Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

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Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

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Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Publié le par gibirando

 

 

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - EscaroChapitre 3 : Ravin de l'Orry - Escaro

Nous avons trop aimé les étoiles, pour avoir peur de la nuit. (Epitaphe citée dans Cosmos par Carl Sagan, astronome américain 1934-1996)

 

- Une nuit à la belle étoile dans les étoiles !

A minuit, je me réveille en sursaut. Un mauvais cauchemar où je me vois glisser sur la glace, glisser encore, puis tomber dans une crevasse sans fond ! Je mets quelques secondes avant de réaliser où je suis. La pluie a redoublé d'intensité. Il tombe un crachin dru, lequel, malgré mon poncho, réussit à s'infiltrer sournoisement à l'intérieur de mes vêtements. Dany est couchée et dors sur le côté dans la position du fœtus. Ses pieds sont trempés et je tente en vain de descendre son poncho pour les recouvrir. Je finis par me résigner à lui poser ma veste en gore-tex sur ses jambes et ses pieds qui traînent maintenant dans la boue. A force de piétiner toujours la même surface, la mousse a fini par se transformer en une glaise collante.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Peu après le col de Mantet

Il ne fait pas froid. Je me lève car je n'arrive plus à trouver le sommeil et je crains par-dessous tout de répéter ce mauvais cauchemar. Mais éveillé, ce n'est pas mieux car dans ma tête, je ressasse toujours les mêmes choses et je m'en veux de ne pas avoir su faire demi-tour dès les premières plaques de neige. Je pense à Jérôme et à Carole et à tous mes proches. Je pense à l'inquiétude que notre disparition va engendrer. Nous avons bien tenté de les appeler mais coincés que nous étions au fond de ces maudites gorges, les communications ne passaient pas.

Je me dis que nos enfants doivent maintenant être informés de notre appel au secours car en général, ils appellent souvent le dimanche soir pour avoir des nouvelles de nos sorties pédestres. Ce n'est pas la première fois que l'on se perd mais jusqu'à présent, nous avions toujours retrouvé notre chemin. Deux fois, nous avions été pris dans le brouillard : la première fois, dans les Albères, nous étions redescendus sur le versant espagnol à vingt cinq kilomètres de notre voiture et une deuxième fois, aux Madres, nous avions marché trois heures de plus dans le froid et sous la pluie avant de rejoindre notre véhicule.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

En montant aux Très Estelles, vue sur la village de Py et la vallée de Rotja

Aujourd'hui, je m'en veux aussi, de ne pas avoir acheter un GPS comme je me promettais de le faire depuis ces deux tristes expériences.

Je me recouche, mais l'inconfort, toutes ces réflexions et ces mauvaises pensées me tiennent en éveil. Oh non, je ne m'inquiète pas pour moi, car je me sais capable de remonter ce défilé et de trouver une issue. Mais, je stresse à cause de Dany qui ne veut plus bouger et à l'idée de l'anxiété que va susciter notre disparition auprès de notre famille et de nos amis.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Quelquefois, j'essaie de m'assoupir car je me dis aussi que pour déguerpir de ce trou, il faudra que je sois en forme. De temps en temps, Dany se réveille et cherche en tous sens, un brin d'aisance qu'elle ne trouve pas. Il est vrai que la pluie qui continue de tomber sans arrêt rend notre rudimentaire terrasse bien inconfortable. Des branches d'un petit pin qui se trouve juste au dessus de nous, l'eau tombe à grosses gouttes sur nos têtes. Nous glissons en permanence sur la roche mouillée et la glaise à cause d'une légère inclinaison du sol. Nous avons beaucoup de mal à garder nos sacs sous la tête et en glissant, nos pieds finissent par s'accrocher dans les branches piquantes d'un genévrier très touffu.

Les seuls vrais moments de répit, je les passe debout à grignoter, car heureusement, nos provisions sont abondantes.

Tout compte fait, la nuit est passée très vite. Il est déjà six heures et malgré le temps maussade, une légère clarté apparaît dans le vallon. Les cimes sont encore dans les nuages, mais le brouillard a disparu et j'arrive partiellement à distinguer la forêt et les éboulis que nous avons descendus hier après-midi. Peu à peu la nature s'éveille. J'observe une mésange jaune et noire qui volette de buisson en buisson. Elle vient se poser près de nous sur le genévrier et ne semble pas effarouchée par notre présence. Excepté le bruit du torrent et les chants de quelques passereaux, la forêt est parfaitement calme. Malgré le mauvais temps et tout ce qui nous arrive, je me dois de reconnaître que dans cette parfaite quiétude et dans ce matin vaporeux, la nature reste belle en toute circonstance. J'éprouve un certain bien-être à me trouver ici à cet instant.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Au sommet, avant le cauchemar, Dany est encore confiante

7 h30, Dany se réveille. Comme toujours, elle a dormi plus longtemps que moi et je lui propose un café accompagné de quelques biscuits. L'eau du thermos est encore légèrement tiède.

Tout en mangeant, je lui fais part de mes intentions de partir d'ici. En effet, le ciel est tellement plombé que je sais pertinemment que l'hélicoptère ne viendra pas.

Je lui dis qu'il faut que nous comptions que sur nous-mêmes et je lui propose que nous remontions une partie du défilé jusqu'au panneau " chasse gardée " aperçu hier. Là, je suis persuadé, qu'en insistant un peu plus longtemps, nous trouverons un échappatoire. Mais elle ne cesse pas de répéter : " les secours m'ont dit de ne pas bouger d'ici et je ne bougerai pas ". Et elle rajoute aussitôt : " si l'on entre dans la forêt, nous ne serons plus visibles ! ".

Nos deux théories s'affrontent : elle n'a pas tort et son point de vue est respectable, mais je ne pense plus qu'à une chose : bouger et sortir de ce trou et de ce cauchemar.

Alors que notre discussion s'enlise, je lui dis : essaie de rappeler les secours, peut-être que dans la nuit, la batterie s'est un peu rechargée !

Elle sort le téléphone portable du sac et me dit : il semble effectivement s'être un peu rechargé, je vais essayer ! Il fonctionne s'exclame-t-elle !

-Allo, nous sommes les randonneurs égarés, l'hélicoptère est passé deux fois au dessus nous hier soir après 20 heures. Mais pourquoi, reste-t-il au dessus d'Escaro alors que nous sommes dans le ravin ?

Pendant qu'elle parle, je lui dis :

-Ne lui parle plus d'Escaro, j'ai réfléchi cette nuit, je ne suis plus aussi confiant qu'hier et je ne sais pas où nous sommes !

Elle continue à parler :

-Venez vite nous chercher, car mon mari est fatigué ! Moi ça va !

Je l'engueule :

-Arrête de raconter des conneries, ce n'est pas ça qui les fera venir plus vite !

Elle continue de parler :

-Quand allez-vous venir ? Il pleut et il commence à faire froid, j'en ai assez ! Faites vite !

La communication se coupe et elle me dit immédiatement :

-Il ne faut pas qu'on bouge d'ici, car il cherche à nous repérer à l'aide du téléphone portable et il nous envoie des secours. Il faut mettre du linge de couleur en évidence !

-Tu es complètement folle de leur avoir dit que j'étais fatigué. Si les enfants sont près d'eux, ils vont " baliser " encore plus !

-Comme ça, ils viendront plus vite !

-Ne sois pas stupide, ce n'est pas en leur faisant peur qu'ils pourront nous trouver plus rapidement ! D'ailleurs, quels secours veux-tu qu'ils envoient ? Avec ce temps, je suis certain que l'hélico ne décollera pas et de toute manière, s'il vient, il ne prendra pas le risque de descendre au dessous des nuages! Le plafond est bien trop bas !

-Nous n'avons pas d'autres choix que d'attendre !

-Avec ce temps, nous devrions décamper d'ici, tu sens comme la température a fraîchi !

-Non, tu ne me feras broncher d'ici ! J'attends les secours, j'ai cru comprendre qu'il était en liaison avec d'autres services d'intervention.

J'abandonne cette discussion stérile car en la circonstance, je n'ai vraiment pas envie de me disputer.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Pitons rocheux et éboulis surplombent le ravin

 

- Et si nous quittions les étoiles ?

Pourtant, au fur et à mesure que la lumière du jour s'installe dans le ravin, je ne pense qu'à bouger, qu'à " foutre le camp " d'ici. De rester de la sorte, assis, inerte, sous la pluie que ne cesse de tomber, je me sens inutile. J'éprouve un sentiment d'impuissance que j'ai du mal à supporter.

Je regarde les éboulis et dit à Dany :

-Je les monterai bien ces éboulis ! Et toi ?

-Non.

-Bon écoute, il continue à pleuvoir sans arrêt, la température est déjà descendue de quelques degrés, je vais partir voir dans les parages si je trouve un abri, une grotte, enfin quelque chose où s'abriter.

-Non, reste là !

-Ecoute, je ne vais pas m'éloigner, mais c'est inutile d'attendre sous cette pluie qui nous trempe jusqu'au os, si je peux trouver un endroit où nous protéger !

-Où va tu ?

-Je vais commencer par monter au dessus. Ca m'a l'air accessible !

-Fais attention de ne pas tomber ! C'est mouillé !

-Ne te fais pas de souci, je vais faire très attention !

Je commence à monter rapidement car au départ l'ascension est facile à travers une végétation plutôt rase. Je me faufile à travers les buis, les genévriers et quelques pins chétifs qui s'accrochent péniblement à un peu de terre. Les pitons rocheux se succèdent. De temps en temps, je m'arrête sur l'un d'eux et regrette de ne pas avoir été là quand l'hélicoptère est passé hier soir. Je m'assoie, regarde vers Escaro que je n'aperçois pas, tant la brume est redevenue épaisse et je me dis : C'est maintenant que l'hélico devrait venir ! Mais je ne me fais pas d'illusion, avec ce temps, nous ne sommes pas prêts de le voir apparaître.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Malgré le drame que nous vivons au fond du ravin, la montagne reste belle

J'aperçois Dany en contrebas, je me suis hissé d'une soixantaine de mètres, mais sans trouver le moindre abri. Au dessus moi, je n'ai pas une bonne perspective du site car les arbres sont plus nombreux et barrent la vue, mais la paroi rocheuse semble se prolonger. Je tente de continuer mais cela devient plus dangereux, les rochers constitués de lauzes sont lisses et mouillés et deviennent plus difficiles à franchir. Je regarde encore au dessus mais je ne vois aucune grotte et quand bien même, Dany ne viendra jamais jusqu'ici ! Prudemment, je me résigne à redescendre, tout en regardant autour ou en face de moi sur l'autre versant du ravin, si j'aperçois un abri. Il y a bien une toute petite grotte en face dans le bois d'épicéas, mais trop exigu et surtout trop basse pour contenir nos deux carcasses.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

La descente reste périlleuse !

De plus, claustrés dans ce sous-bois, nous deviendrions complètement invisibles aux éventuels regards de secouristes. La pluie a enfin cessé. J'ai rejoint Dany qui reste prostrée sur son minuscule belvédère. Comme je ne tiens pas en place, je la laisse tranquille. Je redescends au niveau du torrent que je commence à remonter sur la droite. Mais là aussi, je ne trouve aucun refuge. De ce côté, les contreforts du ruisseau sont boueux et à nouveau, je patauge et m'empêtre dans une terre argileuse. Je prends le temps d'observer une grosse salamandre tachetée puis je continue ma quête en slalomant à travers les branches basses de quelques feuillus, tantôt à droite, tantôt à gauche du torrent. Quand je reviens à notre plate-forme, pour avoir cogné les branches dont les feuilles sont chargées d'eau, j'ai la tête aussi trempée que si j'avais pris un bain.

Je m'éponge un peu et reprends ma place à côté de Dany. Je ne dis plus rien mais je ne suis pas résigné. La pluie a cessé mais les nappes d'une brume vaporeuse ont fait leur réapparition. Toujours de l'aval vers l'amont, elles filent en direction du pic, laissant de temps à autre, se dévoiler, lors d'une brève éclaircie, ce paysage à la fois boisé, chaotique et pierreux.

Les secondes, les minutes et les heures s'égrènent. Aucun bruit d'hélicoptère ne vient troubler cette attente angoissante. Uniquement le bruit du torrent et de quelques corbeaux qui croassent très haut, près des cimes. Dans le lointain, de temps à autre, les aboiements d'un chien arrivent jusqu'à nous. Ils viennent, avec bonheur, nous rappeler que nous ne sommes pas très éloignés de la liberté et de la civilisation.

Vers midi, la pluie a complètement cessé de tomber. La voûte nuageuse est moins basse et nous entrevoyons, de temps en temps, les cimes des hautes murailles rocheuses qui nous entourent. Si le temps continue à se découvrir ainsi, j'ai bon espoir que l'hélicoptère puisse venir dans l'après-midi. Par contre, la température a chuté d'au moins sept à huit degrés et pour la première fois, nous avons froid dans nos vêtements mouillés.

Je ne cache pas mon inquiétude à Dany, si nous devons passer une nuit supplémentaire. Je lui pose même l'ultimatum suivant : Si les secours n'arrivent pas à nous trouver avant demain matin, je décampe d'ici quelque soit le temps et son choix personnel. Elle ne répond pas, mais en raison du froid qui s'installe, je comprends bien qu'elle pense comme moi et qu'elle appréhende, elle aussi, une nuit supplémentaire à la belle étoile. De plus, je m'aperçois qu'ayant changé de sac à dos, je n'ai pas les deux ou trois petits briquets qui traînent habituellement au fond des poches. La poisse nous poursuit car nous n'avons aucun moyen d'allumer un feu pour nous réchauffer si le besoin s'en fait sentir.

Les éboulis qui se trouvent en face de nous, légèrement sur notre gauche continuent de m'obséder. Pour passer le temps, je les observe en détail, pierre par pierre, rocher par rocher, de bas en haut puis de haut en bas. Plus je les regarde et plus je me convaincs que nous pouvons les monter et qu'il s'agit de la meilleure échappatoire pour fuir d'ici. Ce n'est pas très loin, ils ne paraissent pas très hauts, peut-être trois ou quatre cent mètres et si le regard que je porte sur mon plan est juste, il y a une maison forestière (Founguéré) et une piste au bout de ce " chemin de croix".

Mais plus j'en parle à Dany et plus elle semble être décourager pour procéder à la moindre tentative. Sur le coup, ça me démoralise mais je me dis que si je dois la laisser seule ici, c'est peut-être la solution la plus rapide pour aller chercher du secours. Dans ma tête, je prends la résolution suivante : " Si demain matin, nous sommes encore coincés ici, c'est par là que je partirai ! ".

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L'hélicoptère passe juste au dessus de nous sans nous voir (**)

 

- Enfin, une bonne étoile !

Recroquevillé sur moi-même, la tête dans les genoux, ces pensées d'évasion lancinantes me hantent continuellement. Je ne pense plus qu'à ça, partir ! Mais, si je suis bloqué dans ce ravin, je suis également prisonnier de mes états d'âme. Partir et aller chercher des secours et laisser Dany seule ici ! Ou bien, rester là, ici avec elle, avec ce sentiment d'inutilité, de faiblesse et d'impuissance.

Rêvons-nous ? Soudain, nous entendons des cris : Ohé !!! Ohé !!!. D'un seul bond, on se lève.

-Tu as entendu, toi aussi ?

-Ouais. Ce sont des hommes qui ont crié !

-D'où viennent ces cris ?

-D'en face, je crois, du côté des éboulis !

-Je ne vois rien !

-Oui, ça y est, je les vois, regarde là haut, il y a deux hommes qui descendent !

-Tu crois que c'est les secours ?

-Oui je crois bien !

Et elle se met à pleurer de joie en disant : Ils nous ont trouvé ! On est sauvé !

Les deux hommes descendent les éboulis relativement vite, ils sautent de blocs en blocs ce qui me conforte dans l'idée que nous aurions pu tenter l'ascension.

Ils déboulent tout droit vers le ravin et je tente de leur faire signe qu'ils auront du mal à nous rejoindre s'ils continuent dans cette direction. Ils ne semblent pas m'entendre et finissent par arriver à l'aplomb de la chute d'eau que nous n'avons pas pu franchir. Ils bifurquent sur leur gauche en direction du bois d'épicéas. Au passage que je jugeais le plus difficile pour rejoindre les éboulis, ils s'agrippent aux rochers et aux branches, tels des araignées, ils longent le bord du torrent et finissent par passer, avec une dérisoire facilité, les obstacles qui les sépare de nous. Ils traversent le torrent et nous rejoignent sur le piton rocheux. Immédiatement, ils se présentent et s'inquiètent de notre sort :

-Je m'appelle Daniel et mon collègue se prénomme Nicolas. Nous sommes du peloton de Gendarmerie de Haute-Montagne d'Osséjà. Vous allez bien ?

-Ca va bien ! Mais nous languissions votre arrivée ! Je m'appelle Gilbert et mon épouse, c'est Dany.

-Monsieur, vous êtes sûr que ça va? On nous a dit que vous étiez fatigué ?

-Non, je vais très bien, c'était simplement un coup de fatigue, car je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Mais c'est passé maintenant.

-Nous vous cherchons depuis quatre heures ce matin. Nous avons envoyé quatre équipes de deux sauveteurs tout autour du massif. Nous étions sur les crêtes, mais de là-haut, on ne voyait pas le fond du ravin à cause de la brume. C'est là que mon collègue Nicolas m'a dit : " Si nous allions voir en bas ?" Nous sommes descendus tout droit dans les éboulis et c'est comme ça que l'on vous a aperçu.

-Nicolas, vous avez eu une idée lumineuse ! Vous en avez souvent des intuitions comme ça ?lui dis-je.

Les deux jeunes gendarmes se mettent à rire puis Daniel avec un gros talkie-walkie informe son PC qu'ils nous ont retrouvés.

-Vous devez être gelés ? En tous cas, nous le sommes avec cette pluie qui n'a pratiquement pas cessé de toute la matinée. Nous allons prendre un café ?

-Oui, ce n'est pas de refus ?

-Comment vous êtes arrivés là ?

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Sur la piste aux étoiles

Il sorte un thermos et tout en buvant un café, nous nous mettons à raconter notre histoire : notre départ de Nyer, notre arrêt à Mantet, notre belle randonnée jusqu'aux plaques de neige rencontrées au sommet des Très Estelles, la glissade sur le névé, la descente dans le torrent, l'impossibilité de rejoindre le chemin, le stress, le ravin et l'impossibilité d'aller plus loin, nos jambes tétanisées et le coup de fatigue de Dany.

Grâce à Jérôme qui a retrouvé des plans sur mon bureau et l'itinéraire sur mon ordinateur, ils semblent être vaguement au courant de notre parcours. Les autres sauveteurs ont aperçu notre voiture. Ils savent que nous avons dormi au Bouf'tic. Ils ont vu nos traces dans la neige au sommet du pic, puis les ont perdues.

Ils demandent si nous sommes des randonneurs aguerris et si nous marchons souvent. Nous répondons par l'affirmative mais compte tenu des déboires qui nous arrivent, je ne sais pas si nous arrivons à les convaincre.

De notre côté, nous cherchons à comprendre pourquoi ils ont mis aussi longtemps à arriver alors que nos explications étaient claires et précises ? Pourquoi l'hélicoptère nous cherchait vers la droite puis vers la gauche d'Escaro puis au sommet du Pic des Très Estelles ?

Nous n'obtenons pas réellement de réponses précises de la part des deux gendarmes. La seule explication, c'est qu'une géolocalisation par le système de " triangulation " a été demandée à l'opérateur de téléphonie Orange pour localiser nos appels téléphoniques et que le résultat nous a situé sur l'autre versant du pic au dessus de Py. Par contre, ils ne font pas de commentaires sur le fait que nous avions parfaitement donné notre position et qu'ils n'ont pas été capables de nous repérer plus vite. Ils supposent simplement que les intervenants ont été si nombreux (pompiers, Crs, Sécurité Civile, gendarmes) qu'il y a eu déperdition d'informations au moment de la passation des messages d'un service à un autre. C'est regrettable pour nous mais l'important pour eux c'est qu'ils nous aient enfin trouvé.

Ils nous donnent des nouvelles des enfants qui depuis la nuit dernière ont été prévenus de notre disparition et qui sont avec le Pc de recherche depuis ce matin. Ils sont au village d'Escaro avec le commandement et ont été rassurés de notre parfait état de santé.

Cette information nous apporte un profond soulagement mais pendant ces dernières heures nous avons tellement pensé à eux qu'inévitablement la question essentielle fuse de la bouche de Dany avant même que je n'ai pu la prononcer moi-même : " Il vient dans combien de temps, l'hélico ? ".

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Type de cataracte descendue (*)

 

- Toboggan dans les étoiles !

Et là, je revois la tête de Dany et le silence qui s'en suit quand à la réponse obtenue :

-Mais il ne viendra pas Madame ! , réponds Daniel.

-Ah bon ! Et pourquoi ne vient-il pas ? dit Dany, complètement abasourdie.

-Le ravin est trop encaissé et il y a trop d'obstacles, c'est trop risqué. En plus avec ce temps, il ne peut pas décoller car il lui faut au moins un plafond de 1.500 mètres de haut. Ce n'est pas le cas, il ne viendra pas !

(Silence).

-Et comment va-t-on faire pour sortir de là ?

-Par la rivière !

-Comment par la rivière ? Mais on ne peut pas, c'est justement là que nous sommes restés coincés !

-Ne vous inquiétez pas Madame, on va vous aider et on a le matériel pour descendre.

-Mais je ne pourrai jamais !

-Mais si, mais si, vous y arriverez, vous verrez !

-Mais on va se mouiller ?

-Ah ça oui, on va se mouiller, mais au point où en est, vous depuis hier et nous depuis ce matin, ce n'est pas le plus grave !

-Mais je crains le vide et je vais avoir le vertige !

-De tout manière, nous n'avons pas le choix, si nous voulons être sortis de là avant ce soir. C'est le chemin le plus court ! Allez, il faut y aller maintenant ! Rassemblez vos affaires ! Nous allons faire un échange de sacs à dos, car les vôtres ont l'air beaucoup plus lourds que les nôtres ? Combien pèsent-ils ?

-Un peu plus de dix kilos ?

Ils sortent le matériel de leur sac qui est composé de cordes, de baudriers et de mousquetons et nous échangeons nos sacs respectifs. Effectivement leurs sacs à dos sont tout petits et vidés de leur matériel d'une étonnante légèreté.

Le dialogue qui s'est installé avec les deux gendarmes, nous a permis de découvrir deux très gentils garçons, très affables, très chaleureux et non dénués d'un sens de l'humour. En quelques minutes, grâce à leur simplicité, ils ont su nous redonner confiance.

-Bon, avant de démarrer, nous allons mettre les baudriers ! dit Daniel.

Nous enfilons nos vestes en gore-tex, puis ils nous aident à harnacher les baudriers et les sacs à dos et nous redescendons en file indienne vers le torrent.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Voilà, comme nous descendions!(*)

Sans aucune hésitation, ils marchent au milieu de la rivière et se dirigent vers le bord de la cascade. Nous les suivons mais restons en retrait pour écouter très attentivement leurs recommandations. Je m'inquiète pour Dany car elle n'a pas l'air très rassurée à l'idée de descendre. De mon côté, depuis que je sais que je vais enfin bouger pour sortir de là, je me sens pousser des ailes et je suis plein d'énergie.

-Nicolas va descendre en premier, je descendrai en deuxième, Dany en troisième dit Daniel. Je fermerai la marche !

Nicolas s'arque boute au bord de la cataracte qui doit être de six à sept mètres de haut, pendant que Daniel l'assure à l'autre bout de la corde, Dany est moi, on se penche pour regarder comment il s'y prend et comment il arrive en bas dans le bassin.

A priori ça a l'air facile ! Daniel remonte la corde et me l'attache aux mousquetons du baudrier. A mon tour, je me laisse glisser le long de la corde, puis les jambes posées contre la paroi, je continue la descente très lentement. Je n'ai pas encore fait deux mètres que je sens l'eau glacée de la cascade me tomber sur la tête et les épaules comme si l on me jetait des seaux. Mes pieds dérapent sur la paroi moussue et gluante et je tourne maintenant le dos à la cascade suspendue à la corde. Je me débat et arrive à me retourner tout en cognant violemment les rochers avec les jambes. Je continue à descendre et deux mètres avant la surface, Daniel me laisse tomber dans un immense éclaboussement. Je suis entraîné vers le fond, mais aussitôt, je sens la main de Nicolas qui m'agrippe et qui me tire vers la berge.

Pour une première descente, ce n'est pas vraiment une réussite mais je pense avoir assimilé les principales erreurs qu'il ne faut pas faire. Dany descend beaucoup plus facilement que moi, mais atterrit avec le même fracas. Elle a bu la tasse mais à priori tout va bien.

Pendant que nous attendons Daniel, qui lui descend sans aucune aide et récupère les drisses, Nicolas est déjà parti en avant pour mieux appréhender la cascade suivante. Je demande à Dany si elle n'a pas trop froid car personnellement j'ai une véritable sensation de chaleur dans tout le corps. Est-ce la différence de température entre l'eau et l'air ? Est-ce le fait de bouger ? Est-ce à cause de la " bonne " couche de vêtements que j'ai sur le dos ? Pourtant, il s'agit d'une eau qui provient directement de la fonte des neiges. Dany me répond que ça va mais je ne suis pas convaincu tant elle parait blafarde au fil du temps qui passe.

Nous continuons à descendre dans une bonne humeur communicative qui s'est installée entre nous. Les nombreuses glissades sur les galets qui succèdent aux chutes dans les petites poches d'eau ont pour effet de transformer cette descente en une espèce de toboggan grandeur nature. Heureusement, quand nous tombons c'est toujours sans gravité, même si parfois nous avons conscience que le danger est bien présent. Nicolas et Daniel sont de vrais professionnels, et nous restons en permanence très attentifs à toutes les consignes qu'ils promulguent. Il n'est pas question de ne pas les écouter car si certains passages paraissent faciles, d'autres sont très périlleux. Certaines cascades atteignent plus de dix mètres de hauteur. D'autres se terminent par des vasques très profondes où le courant tourbillonne.

En raison de toutes ces difficultés qui entravent notre descente, nous avons seulement parcouru, deux à trois cent mètres en un peu de moins de deux heures.

Dany est maintenant livide et se plaint du froid. Les gendarmes qui grelottent eux aussi, ne sont pas mieux lotis. Je semble être celui qui supporte le mieux le froid. Cette résistance est-elle due à l'habitude que j'ai prise de passer d'interminables heures dans l'eau glacée des calanques à traquer le poisson en chasse sous-marine ? Toujours est-il que l'eau glaciale du ravin de l'Orry n'arrive pas à perturber ma vitalité ! Je ne pense toujours qu'à une seule chose : sortir au plus vite de ce maudit torrent qui n'en finit plus de mettre des obstacles sur notre route !

Dany est maintenant blême et je m'aperçois qui si nous ne stoppons pas, elle va " tomber dans les pommes ". Comme à son habitude, Nicolas est parti devant et je profite d'une petite grève de sable pour faire asseoir Dany en attendant Daniel. Elle n'est vraiment pas bien et je suis maintenant convaincu qu'elle aura beaucoup de mal à franchir les prochaines difficultés qui nous attendent. Je prends son sac à dos, puis je cours prévenir Daniel de son état de grande lassitude due certainement à un début d'hypothermie. Il fait aussitôt le même constat que moi et sort de son sac, un tube de vitamines dont il tend un comprimé à Dany.

De son côté, Nicolas que nous avions perdu de vue dans un boucle du ravin, reviens la mine déconfite et dit : " Nous ne sommes pas au bout de nos peines car après le virage, les cascades sont encore bien plus hautes, bien plus étroites et bien plus difficiles ! Et Escaro est encore très loin ! ".

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

 

 

- Envol vers les étoiles !

Daniel n'attends pas la fin et se met à grimper à travers un bois en direction d'un étroit éboulis cerné de grands conifères! Je l'aperçois qu'il sort son talkie-walkie, se met à parler puis il demande à Nicolas de le rejoindre. Je les vois s'entretenir puis Nicolas prend l'écouteur et continue de grimper vers un petit piton rocheux. Daniel me fait signe de monter. Je soutiens Dany pour gravir les éboulis et Daniel revient m'aider et me dit :

- J'ai appelé mon chef, il semble qu'il y ait une éclaircie et je lui ai demandé qu'il envoie l'hélicoptère. J'attends la réponse, mais dans l'immédiat, il faut un peu escalader les éboulis pour qu'il puisse le cas échéant nous remarquer. Cette trouée me semble suffisamment large pour que l'hélico puisse nous hélitreuiller.

- Dans combien temps, va-t-il venir car ma femme est très fatiguée ?

- Je ne sais pas, mais nous devrions être rapidement fixés. L'hélico met environ vingt à trente minutes pour venir de Perpignan. Continuez à monter et faites très attention que les pierres ne roulent pas sur vos pieds !

Pour progresser, j'assiste Dany, mais elle semble déjà avoir repris des forces. Est-ce la vitamine ou bien la perspective de voir enfin apparaître cet hélicoptère tant espéré ? Toujours est-il qu'elle parvient à grimper en solo ce magma rocheux dont chaque enjambée est presque un numéro d'équilibriste. Tous les rochers ou presque présentent un équilibre très instable et il est nécessaire à chaque pas de vérifier si une pierre ne va pas dégringoler sur nos jambes ou celles du voisin.

Après avoir parcouru une cinquantaine de mètres, Daniel nous fait signe de stopper et dit :

-Asseyez-vous ici en attendant. Je pense que nous sommes suffisamment loin des arbres !

Nicolas qui nous a rejoint, nous annonce la bonne nouvelle :

-Le plafond est supérieur à 1500 mètres. L'hélico a pu décoller de Perpignan ! Il arrive, il reste plus qu'à attendre et à espérer que le ciel reste aussi dégagé ici.

-En attendant, si nous prenions un grog, ça nous réchauffera un peu! dit Daniel.

Il sort un thermos et chacun boit à son tour. Nicolas est déjà reparti rejoindre le promontoire qui fait, certainement, office de relais pour capter les signaux du talkie-walkie.

Tout à coup, le ravin passe du silence le plus absolu au vacarme le plus tonitruant. L'hélico est là, juste sur notre droite au dessus d'une aiguille rocheuse.

C'est drôle, mais je m'aperçois que cette demi-heure est passée très vite ! C'est fou, comme le temps peut-être une unité très capricieuse. Il passe vite quant on attend quelque chose avec certitude et lentement quand on attend cette même chose dans l'incertitude et l'anxiété.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Dans l'espoir de voir l'hélicoptère arriver, Dany est décidée à aller jusqu'au sommet

Daniel nous fait lever et prescrit les derniers conseils :

-Qui veut y aller le premier ?

-Dany, lui dis-je sans attendre sa réponse.

-Oui, je pense que c'est mieux ! Surtout, Dany n'ayez pas peur, tout va bien se passer ! Ils vont faire descendre un filin au bout duquel il y a un baudrier. Vous resterez debout à côté de moi et vous me laisserez faire. Je passerai le baudrier sous vos aisselles et quand vous sentirez l'hélico vous hisser, gardez bien les bras le long de votre corps. C'est bien compris ?

-Oui, j'ai bien compris, mais j'ai peur !

-Vous n'avez aucune raison, c'est impressionnant mais sans risque !

Et en plaisantant il rajoute : " Et en plus, vous n'êtes jamais contente, après le canyoning, vous avez droit à un tour d'hélico gratis ! ".

-Je m'en serai bien passer ! dit Dany, qui a repris quelques couleurs.

-Ensuite, pendant la remontée, surtout vous ne bougez plus jusqu'à l'hélico. Là haut, quelqu'un va vous récupérer !

Pendant ce temps, l'hélico s'est rapproché de nous et commence à descendre dans un bruit assourdissant. Les immenses épicéas et les quelques feuillus se mettent osciller dans un immense tourbillon d'aiguilles et de feuilles qui s'envolent en tous sens.

Je m'écarte un peu de Daniel et Dany et vais m'asseoir un peu plus haut dans les éboulis car le câble commence à descendre en tourbillonnant dangereusement au dessus de leurs têtes.

Je reste admiratif devant la précision du pilote. L'hélicoptère est pratiquement immobile et les pales tournent à quelques mètres voire quelques centimètres de la cime des grands épicéas. Malgré le violent souffle qu'engendre les pales, Daniel finit pas se saisir du filin et le passe très rapidement sous les bras de Dany. Un petit signe en direction de l'hélico et voilà Dany qui s'élève rapidement dans le ciel. A l'arrivée, j'aperçois quelqu'un qui l'agrippe et qu'il l'assoie au bord de l'habitacle.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

L'hélicoptère est là, nous sommes sauvés ! (**)

Soudain l'hélico remet les gaz, remonte et amorce un large virage. Je vois Dany, toujours assise au bord de l'hélico, qui s'envole au dessus des arbres puis elle disparaît dans le goulet du ravin.

Est-ce un trop plein d'émotions, mais de voir Dany tirée d'affaire, je me mets à pleurer.

Daniel qui est resté près de moi me dit :

- Après ce que vous avez enduré, ce n'est pas le moment de craquer !

-Oui, je sais, mais je pleure de joie !

-Oui, je m'en doute, mais le plus difficile est passé !

-C'est vrai, vous avez raison.

-Laissez les sacs à dos et préparez-vous car, bientôt ça va être votre tour !

Je me ressaisis aussitôt et retourne me placer près de Daniel.

Effectivement, moins de dix minutes plus tard, l'hélico revient se positionner au dessus de nous.

Daniel répète les consignes pour l'hélitreuillage déjà formulées à Dany.

L'élingue commence à descendre et Daniel la saisit, cette fois, sans aucune difficulté.

J'enfile le baudrier, passe les sangles sous les aisselles et serre bien les bras contre mon corps. Je suis soulevé du sol et reste un bref instant suspendu au dessus de Daniel. Soudain je m'élève en même temps que l'hélico, je tourne, je tourne, dix, vingt, trente mètres au dessus du ravin. Je suis près de la carlingue et malgré un courant d'air violent qui souffle en sens inverse, je me sens tiré automatiquement vers la porte. Deux mains m'accrochent fermement et m'entraîne dans le cockpit. Tout comme dans un " grand huit ", je suis tiré en arrière par la soudaine accélération de l'hélicoptère, puis je repars en avant comme aspiré par l'espace. Je suis assis au bord du vide mais heureusement une main sans visage continue de tenir avec poigne les sangles du baudrier. Mes yeux emplis de curiosité essaient en vain de regarder de tous côtés : l'intérieur de l'hélico, le pilote, le visage de cette main salvatrice qui est dans mon dos, les arbres, le ravin, les crêtes rocheuses…Je regarde tout mais je ne vois rien. Ca va beaucoup trop vite, quelques secondes suffisent et j'aperçois déjà les près puis les toitures et les jardins des maisons d'Escaro.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

En montant au Très Estelles, ce cheval affamé vient chercher pitance

 

  - Fin du cauchemar pour trois étoiles.

L'hélicoptère descend déjà, j'aperçois de nombreuses voitures, et une foule de personnes qui regardent vers moi. Les enfants sont là, à l'écart, à côté de Dany, à l'extrémité d'un champ près d'une route.

On se pose et je ne vois plus rien. Mes yeux sont à nouveau remplis de larmes de joie. J'essaie de m'extraire de l'hélicoptère mais une voix dans mon dos me dit :

-Attendez, que l'hélicoptère s'immobilise et que je vous enlève le harnais !

Puis la voix rajoute :

-C'est bon, allez-y mais baissez bien la tête et restez courbé sur une dizaine de mètres !

Je cours en sanglotant vers les enfants qui se précipitent sur moi. Je ne vois plus rien mais je sens des bras qui m'entourent et une énorme étreinte qui m'enlace. Pendant ces longues heures d'attente et d'angoisse, j'ai tant rêvé de cet instant, je me sens bien dans ces bras qui m'étreignent, mais j'ai honte et je me mets à pleurer tout en criant :

-Je vous demande pardon ! Je vous demande pardon ! Pardon ! Pardon !

-Pardon de quoi ! Réponds Jérôme.

-De vous avoir inquiétés, j'ai honte de vous avoir inquiétés ! J'ai honte de ce que j'ai fait !

Moi, qui ait pour principe de vie, de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider mes enfants, voilà que maintenant les rôles sont inversés et je ne l'admets pas. Je me sens puéril et nigaud.

Je reprends mes esprits dans les bras de Jérôme et j'entends dans leur dos, une petite voix qui implore en pleurant :

-Et moi, tu ne me serres pas dans tes bras !

-Mais si, mais si, bien sur, ma chérie !

Et je me remets à pleurer de " plus belle " dans les bras de Carole et de Dany.

Quand j'y repense aujourd'hui, malgré ce cauchemar que j'ai vécu, ces retrouvailles et ces longues étreintes dans les bras de mes proches resteront à jamais gravés dans mon coeur parmi les moments inoubliables de ma vie.

Oui cette randonnée dans le massif des Très Estelles s'était terminé en cauchemar…mais pour moi, à l'arrivée, il y avait trois autres étoiles qui brillaient et qui se prénommaient : Jérôme, Carole et Dany !!!

C'était la fin d'une randonnée et d'un cauchemar pour trois étoiles ! Mais ce n'était pas celles que j'avais augurées au départ !

- Que les bonnes étoiles veillent sur eux !

A Escaro, Dany et moi avons remercié le commandant qui a mis en place et coordonné le dispositif de recherche. Mais nous aurions aimé remercier tous les sauveteurs sans exception, le pilote de l'hélico, son assistant qui tenait le " fil " auquel notre vie était suspendue, les autres équipes qui étaient partis à notre recherche, les CRS, les pompiers enfin tous ceux qui avaient participés activement à nous venir en aide.

Bien sur, nous n'oublierons jamais Daniel et Nicolas qui eurent cette lumineuse idée de descendre dans le ravin de l'Orry.

L'hélicoptère était déjà reparti les chercher. De notre côté, nous étions si heureux de retrouver les nôtres que sur le moment, nous les avons négligés.

Qu'ils nous pardonnent et qu'ils sachent que nous nous sentirons toujours redevables des risques qu'ils ont pris pour nous venir en aide.

Je profite de ce récit pour leur adresser nos remerciements pour leur dévouement, leur gentillesse, leur générosité, leur patience, leur professionnalisme et leur sens de l'humour. Avec leurs formidables qualités, ils ont su nous redonner l'énergie et la confiance que nous avions perdues.

Que les bonnes étoiles veillent sur eux !

-Quelques explications

-Les photos avec le signe astérisque (*) ne sont pas de moi. Je remercie leurs créateurs de les avoir mises sur Internet et de me permettre de les utiliser gracieusement.

-Les photos suivies de deux étoiles (**) sont des montages réalisés à partir de photos personnelles.

-Les photos suivies d'un (S) ont été prises en septembre 2004 lors d'une autre randonnée (Pla Segala, Roc Colom et Porteille) autour de Mantet.

-La plupart des photos qui enjolivent ce récit ont été prises, pratiquement jour pour jour, une année après les faits sur les endroits mêmes de cette histoire.

Il y avait beaucoup moins de neige, mais les lieux sont les mêmes que ceux cités dans cette rocambolesque odyssée.

-Alors que notre appareil avait pris l'eau dans le Ravin de l'Orry, Dany avait détruit la pellicule. Nous sommes donc retournés aux Très Estelles le 7 mai 2005 pour prendre de nouveaux clichés. 

-Le mardi 4 mai 2004, nous faisions le gros titre des faits divers de l'Indépendant de Perpignan. Le résumé est fidèle hors mis nos ages respectifs. Mais avec les têtes que nous avions à la descente de l'hélicoptère, le journaliste était parfaitement excusable, nous avions pris dix ans !

-Fin mai 2006, nous avons enfin définitivement " tué les vieux démons" en réalisant sur deux jours la boucle complète avec notre fils Jérôme. Cette magnifique randonnée, réalisée par grand beau temps, restera pour nous trois, inoubliable.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Mantet, au retour de notre randonnée un an plus tard

Choisissez une étoile, ne la quittez pas des yeux. Elle vous fera avancer loin, sans fatigue et sans peine. (Alexandra David-Neel, exploratrice et écrivain français 1868-1969).

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Cliquez dans la photo pour visionner le parcours et le compte rendu de notre égarement par l'Indépendant.

Sinon cliquez sur la photo ci-dessous pour retourner à la page d'acceuil du blog.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Photo à 180° prise du sommet des Très Estelles, on aperçoit parfaitement les deux autres mamelons composant le massif

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Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Publié le par gibirando

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'OrryChapitre 2 : Mantet-Ravin de l'Orry

On ne peut pas marcher en regardant les étoiles quand on a une pierre dans son soulier. (Proverbe chinois).

-Sur la piste aux étoiles

Dimanche 2 mai 2004, 7 heures. J'ouvre le vasistas qui fait office de fenêtre et aperçoit un ciel vierge de tout nuage. Pour cette longue journée de marche qui nous attend, c'est très encourageant, mais un air glacé qui s'engouffre dans la chambre, m'oblige à refermer aussitôt la petite lucarne. Nous flânons encore un peu au lit et vers 8 heures, nous montons prendre le petit déjeuner. Comme de vieux habitués, nous avons notre table attitrée, juste à côté d'un magnifique fuchsia dont on ne s'étonne plus de voir ses fleurs rouges et mauves en toutes saisons.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Panorama à 180° à l'approche de Mantet.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

 Au petit déjeuner au matin du 2eme jour (S)

Alors que la vallée est encore dans la pénombre, le jour se lève et fait scintiller les cimes enneigées. Juste au dessous du Porteille, de larges taches flamboyantes d'un rouge sang du à la pigmentation des feuilles d'arbrisseaux font un contraste étonnant avec le vert de la vallée et le blanc des sommets. De la véranda de l'auberge, le spectacle est splendide, mais on finit par se lever car on se dit qu'avec un peu de chance, il devrait être encore plus beau du sommet des Très Estelles.

9 heures, nous quittons le gîte et prenons le Gr.10 qui monte au Col de Mantet.Les mauvais souvenirs reviennent car c'est sur ce tronçon au fort dénivelé que Dany avait été contrainte à l'abandon, il y a presque trois ans. Heureusement, les mauvais souvenirs se mélangent aux bons. C'est en effet, sur cette route que nous avions eu la chance de rencontrer notre bienfaiteur en la personne d'un vieux chercheur de champignons qui nous avait ramené jusqu'à notre domicile. Aujourd'hui, tout ça parait loin, et par cette magnifique journée ensoleillée qui s'annonce, nous sommes bien décidés à en profiter au maximum.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Départ de Mantet sur le Gr.10 vers le col

Au col de Mantet, trouver le chemin pour le Pic des Très Estelles est facile. En effet, à cette intersection de multiples sentiers de randonnée, les indications sont nombreuses et explicites.

Selon ma carte que je consulte, pour atteindre le Pic, nous devons accomplir cinq à six kilomètres pour un faible dénivelé de 300 mètres environ.

Le départ s'avère difficile car le sentier est totalement occupé par quelques chevaux en liberté et un important troupeau de vaches qui entrave le passage. Couchées avec près d'elles de nombreux veaux de quelques semaines, elles paraissent agacées de notre présence et jettent vers nous des regards pleins de suspicion. C'est au prix de quelques zigzags que nous parvenons à rejoindre la piste qui se dirige vers le sommet.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Jument avec son poulain au Col de Mantet

La sente se faufile, d'abord à travers quelques sapins et de miséreux genêts puis dans un décor pierreux fait de maigres herbages. Quelquefois, notre marche est rythmée par le chant mélodieux de quelques pinsons ou bien, par celui plus lancinant d'un coucou. En ce début de printemps, on sent bien que la nature toute entière est en train de renaître. De nombreuses variétés de fleurs (lys, iris, crocus, renoncules, etc.…) très colorées germent à peine. Des passereaux très excités volètent d'arbres en arbres. Les bouleaux blancs encore en bourgeons ne présentent que de frêles chatons. Les lézards qui s'accouplent déjà sur les pierres chaudes du chemin, décampent sous nos lourds godillots. Au pied d'énormes éboulis, nous avons la chance d'apercevoir deux marmottes dont les sifflements stridents attirent notre attention. Elles viennent certainement de finir leur longue hibernation qui peut durer jusqu'à six mois selon la température. A cette époque, elles sortent en quête d'une tendre végétation qui va permettre de reconstituer leurs réserves de graisse. Elles n'ont plus de temps à gaspiller car pendant leur long sommeil, elles peuvent perdre jusqu'à la moitié de leur poids..

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Sur la piste aux étoiles, en dessous le Col de Mantet

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Des pitons rocheux, terrains de jeux pour isards et marmottes

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Vue sur le Massif du Canigou et la vallée de Campeilles

Pour Dany et moi, c'est plutôt le contraire. Dans cette montée, les quelques kilos superflus pris cet hiver sont pénibles à trimbaler. Mais les paysages sont tellement beaux que les éventuelles douleurs musculaires sont vite oubliées. A droite, le monumental Massif du Canigou dont le sommet est pour la saison, encore bien chargé de neige. Derrière nous, toute la chaîne montagneuse avec ses multiples pics qui forment la crête frontière avec l'Espagne : Les Esquerdes de Roja, le Pic de Costabonne, le Roc Colom, etc.…En dessous, la verte vallée de Campeilles où l'on distingue la route sinueuse qui part en direction du village de Py.

Notre présence en ces lieux désertiques ne semble gêner que quelques vaches et veaux qui, à notre vue, détalent les contreforts de la montagne comme si elles avaient vu le diable. C'est avec inquiétude, que nous les regardons dévaler la pente car l'inclinaison est sévère et on se demande si elles vont pouvoir s'arrêter. Heureusement, elles arrivent à stopper dans un mouvement qui parait même synchronisé.

Il n'est pas encore onze heures quand nous arrivons au Col de la Mente situé à 1949 mètres. Nous stoppons en surplomb d'un ravin pour un en-cas fait de quelques fruits secs et de barres de céréales. De l'autre côté, trois isards nous observent et continuent de brouter sans aucune anxiété, rassurés par l'espace qui nous sépare d'eux. Au dessus de nous, nous apercevons les premières plaques de neige qui à priori, ne semblent pas trop " méchantes " car plutôt clairsemées.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Depuis le sentier, magnifique vue sur le Massif du Canigou

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Dans la montée, éboulis à marmottes et panorama remarquable

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'OrryOUn cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry 

Dany dans la montée vers les Très Estelles puis au Col de la Mente (1949m), vue sur les Très Estelles

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

 Dans la montée, premières plaques de neige très clairsemées.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'OrryOUn cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Au sommet du Pic des Très Estelles à 2099 m.

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Aperçu du massif des Très Estelles

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'OrryOUn cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Le massif du Canigou et de nombreux autres sommets, vus des Très Estelles

 

-A la conquête des étoiles enneigées.

Le sommet n'est plus très loin, mais soudain une vaste plaque de neige barre le sentier. Nous commençons à nous y engager mais l'épaisseur est telle que nous y renonçons rapidement. Deux solutions s'offrent à nous : faire demi-tour et retourner à Mantet ou bien éviter cette plaque de neige en coupant tout droit dans les pâturages encore ras à cette époque.

Cette deuxième solution semble tellement plus facile, que nous grimpons à travers les prés, arrivons à une clôture que nous enjambons sans difficulté. Quelques chevaux sont là en train de paître. Un d'entre eux vient vers nous pour réclamer pitance. Nous lui tendons quelques bouts de pain, mais il semble si affamé qu'il nous poursuit sans relâche. Pour lui fausser compagnie, nous sommes dans l'obligation de détaler.

Nous sommes sur le vaste et ondulé sommet des Très Estelles, malheureusement beaucoup plus enneigé que je l'avais espéré. Nous avons perdu le sentier et il nous faut absolument le retrouver pour entamer la descente. Un large chemin où la neige semble damée m'incite à partir sur la droite. Il y a même quelques vieilles traces de raquettes. Mais en regardant mon plan et la configuration du site, je m'aperçois que le sentier est plutôt à l'opposé. Pour nous y rendre, nous n'avons pas le choix, il faut traverser une vaste étendue neigeuse.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Ouf, nous avons retrouvé le chemin.

Nous éprouvons beaucoup de difficultés à avancer, on s'enfonce profondément, parfois jusqu'aux genoux. Très rapidement, nos chaussures et nos pantalons de randonnée sont trempés. Au bout d'un quart d'heure, nous sommes exténués mais nous finissons, comme je l'espérais, par tomber sur des panneaux à la croisée des chemins. Ouf ! J'angoissai et commençai à envisager une redescente vers Mantet. La signalisation est claire, d'un côté, la descente vers Escaro, par la Font de Prat d'Avet et la Maison Forestière de Fourguéré, de l'autre, le chemin prévu vers Nyer appelé Tour du Pic des Très Estelles qui doit nous ramener au Pas de Grau et à notre voiture.

Nous prenons cette dernière direction à travers quelques pins chétifs et sommes maintenant rassurés car dans la descente que nous entamons, il n'y a pratiquement plus du tout de neige. Quelques petites plaques par ci par là, mais rien sur le sentier.

Il est midi passé, nous n'avons pas encore mangé, mais je propose à Dany de déjeuner un peu plus bas car un petit vent frais balaye la crête.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'OrryOUn cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

 Des crêtes, vue sur les gorges et les sommets enneigés

 

- Prisonniers des étoiles !

Nous avons parcouru environ cinq cent mètres quand au détour du chemin, une énorme plaque de neige d'une hauteur inhabituelle barre de nouveau notre progression. Sur ce versant ombragé du Pic, orienté au nord, la neige a très peu fondu mais le vent du nord a, en plus, composé de très hautes congères. En attendant Dany, car j'ai pris un peu d'avance, je regarde s'il y a un autre accès. Rien !

 La plaque de neige parait attaché à un surplomb et quelques mètres en dessous, il me semble apercevoir le chemin qui continue. Je propose à Dany d'aller voir, je descends une quinzaine de mètres non sans peine car je m'enfonce jusqu'à la taille. Je finis par atteindre l'endroit escompté. Il y a trop de neige et arrivé sur place, il m'est impossible de dire si le chemin passe ici. Dany m'attend en bordure du surplomb.

 Je cherche en vain une issue que je ne trouve pas. Je décide de remonter pour la rejoindre, car la neige, que je redoutais tant, est bien là. Dans ma tête, la décision de rebrousser chemin est définitivement prise. Mais, je m'enfonce jusqu'à la taille, je ne peux plus remonter, et malgré mes efforts, je finis par casser un de mes deux bâtons de marche pourtant en aluminium. Je suis pris dans cette gangue dont je ne peux m'extraire qu'en reculant. Je commence à stresser et essaie de ne pas le montrer à Dany qui m'observe quelques mètres au dessus. Mais je sens bien que je suis en train de paniquer et mes jambes sont tétanisées par cette épouvantable appréhension de me voir prisonnier. Au fond de moi, je me dis : " Il faut que je me calme pour rester lucide ".

 Je recule et tente vainement d'aller sur ma gauche. Là aussi, j'ai de la neige jusqu'à la ceinture, à droite pareil. Seule solution, descendre ! Je regarde en dessous, un immense névé de deux à trois cent mètres de long descend entre quelques sapins puis dans un large couloir d'éboulis. Ce n'est pas sans risque, car la pente est abrupte, mais descendre sur les fesses ne me parait pas chose impossible. La seule véritable difficulté est de ne pas prendre trop de vitesse car la plaque de neige se termine brutalement par d'énormes blocs de pierre qui nous attendent plus bas. A côté des éboulis, sur la droite, une épaisse forêt de conifères qu'il me parait aisé d'aborder et où nous pourrons peut-être avec un peu de chance, retrouver notre itinéraire.

De toute façon, je ne vois pas d'autres solutions, sauf à m'épuiser pour tenter de remonter. Par contre, Dany qui craint le vide, acceptera-t-elle de descendre ?

Je l'appelle et elle finit par me rejoindre non sans mal. Je lui expose rapidement la situation. A contrecoeur, je le vois bien, elle se résigne à cette solution.

En analysant tous les paramètres, elle comprend, elle aussi, qu'il faut tenter la glissade. Au bout, il y a quand même l'espoir de sortir de ce piège de glace et de retrouver un chemin. Tout au loin, on aperçoit de nombreuses maisons. Je ne prends pas le temps de regarder la carte, mais compte tenu du parcours déjà accompli, j'imagine qu'il s'agit des alentours d'Escaro.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'OrryOUn cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

 Des plaques de neiges entravent le chemin

 

- Glissade des étoiles… aux ténèbres

Avant d'entamer la descente, je donne les derniers conseils à Dany. Je lui demande de rester espacés, d'observer comment je m'y prends et si possible, de rester dans la trace que mon postérieur ne manquera pas de creuser.

Je m'assoie et commence à filer comme sur une luge. En me couchant un peu en arrière, mon sac à dos amortit les chocs. Je glisse parfaitement et me retourne pour regarder Dany. Elle n'a pas encore démarré. J'arrive à freiner et m'arrête au milieu du névé. Le fait que j'ai pu si facilement m'arrêter, semble la rassurer complètement. Elle s'aperçoit que ce n'est pas si compliqué ou si dangereux qu'elle l'imaginait. Elle démarre. Je repars et continue de regarder derrière moi pour vérifier si tout se passe bien pour elle. Je prends de la vitesse mais en plantant les bâtons, j'arrive à ralentir sans problèmes. Le magma de grosses pierres qui forment un immense éboulis se rapproche très rapidement. Je ralentis un peu plus et à l'aide des bâtons, j'arrive même à tourner pour me diriger directement vers la lisière de la forêt. Je parviens à rejoindre l'orée du bois, évite les arbres et me relève d'un bond en atteignant la terre. Je regarde derrière moi et vois Dany qui continue tout droit vers le pierrier, elle a pris de la vitesse, elle tente de freiner au maximum, mais il est déjà trop tard et son postérieur heurte violemment les roches. Je crains le pire et me dirige vers elle, mais par bonheur, elle se relève et viens vers moi en se tenant la fesse.Ouf ! Heureusement, plus de peur que de mal.

Nous descendons en restant en lisière de la forêt, toujours en bordure des éboulis. J'hésite entre pénétrer dans le bois au risque de perdre toute visibilité ou rester en bordure et garder une vision du panorama. Pourtant, je sais que le sentier que nous avons perdu est bien sur notre droite et que pour le rejoindre, il faudrait traverser la forêt. J'opte tout de même pour la deuxième solution, car je sais aussi que le sentier poursuit une ligne de crête et qu'il sera peut-être très difficile d'y accéder à cet endroit très escarpé. Je fais donc le choix de continuer à descendre !

Nous dévalons sans aucune difficulté, car sous les grands sapins, le sol est plat et tapissé de brindilles. Il nous faut seulement de temps à autre éviter quelques vieux troncs décimés et enjamber quelques branches cassées.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

  La glissade vers le ravin de l'Orry a commencé ici

Nous quittons enfin les éboulis et atteignons un ru qui semble prendre sa source à proximité. Je regarde mon plan et si je suis bien à l'endroit que je crois, je m'aperçois que ce cours d'eau descend directement vers le village d'Escaro. Je prends la décision de le longer, mais garde espoir de croiser une sente qui nous ramènerait sur le chemin du Tour des Très Estelles.

Cet espoir semble se concrétiser lorsque j'aperçois clouer sur un arbre, un écriteau " Chasse gardée ". Je me dis que si quelqu'un c'est donné tant de mal pour venir dans ce canyon mettre cette inscription, c'est qu'il doit y avoir un chemin à proximité.

Dany et moi, nous mettons en quête d'un éventuel sentier.

Il y a bien l'impression de quelques traces et par endroits, les lieux semblent avoir été piétinés, mais je pense qu'il s'agit plutôt d'animaux car la terre est retournée et les empreintes disparaissent dans des magmas rocheux très abrupts. Nous ne trouvons aucun chemin.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

 D'immenses éboulis descendent dans le ravin

 - Dans la branche sans issue d'une étoile.

Nous continuons à descendre, mais au fur et à mesure, le simple filet d'eau se transforme en un ruisseau plus large et plus profond. Rectiligne au départ, le cours d'eau suit maintenant les lacets du vallon et se faufile dans des méandres rocheux très difficiles d'accès. Très souvent, les berges sont impraticables et nous marchons à même la rivière. Nous pataugeons, glissons sur les galets, tombons dans l'eau glacée. Progressivement, la petite rivière se transforme en un torrent aux contours de plus en plus escarpés. Notre progression s'est terriblement ralentie car nous sommes maintenant obligés de franchir des rochers, des branchages et des troncs d'arbres qui parsèment le défilé. De temps à autre, je grimpe sur un promontoire et scrute vers l'ouest, un hypothétique chemin. A un moment, je crois apercevoir au loin une piste au pied de ce qui me semble être soit une clairière soit un monticule rocheux isolé au milieu de la forêt. Je descends de mon perchoir et demande à Dany de me suivre. Nous partons dans la forêt, marchons en direction de l'endroit imaginé. Rien ! Seulement un bois de résineux qui semble être sans fin. Dans cette effroyable quête, les buissons ajoutés aux branches qui jonchent le sol nous obligent à zigzaguer pour avancer efficacement. Nous ne trouvons aucune issue et décidons de retourner vers le torrent.

Le défilé s'est fortement creusé et rétréci. Il est maintenant encadré par de très hautes barres rocheuses, des à-pics colossaux qui grimpent jusqu'aux sommets. Le plus souvent, les berges ne sont plus de tout accessibles et nous divaguons au milieu de la rivière dont le lit s'est fortement élargi et la profondeur accentuée. Le courant est plus soutenu et nous avons du mal à marcher car nos godillots sont gorgés d'eau. Entraînés par nos sacs à dos trop lourds, on trébuche, on se relève, on retombe à nouveau, on se fait mal, on est trempés jusqu'aux os. Faire quelques mètres devient un véritable " chemin de croix ". Il faut se rendre à l'évidence : on est bels et bien perdus. L'angoisse ajoutée au froid tétanise nos jambes.

Mais au détour d'un virage, l'espoir revient quand nous apercevons, plus très loin maintenant, les toitures de quelques maisons. J'estime la distance à environ deux kilomètres maximum. J'avais raison, il s'agit bien d'Escaro ! Cette vision nous stimule et nous encourage à avancer encore plus vite.

Malheureusement, cet espoir retombe très vite quant j'arrive en surplomb d'une cataracte d'eau de sept à huit mètres de hauteur. Impossible d'aller plus loin, je regarde autour de moi s'il y a un éventuel autre accès. Rien ! Pas d'autres passages ! Dany m'a rejoint et je lui avoue immédiatement la vérité :

- Il y a une cascade ! Il est impossible de continuer par là ! Il faut remonter d'où on vient et prendre l'option de traverser la forêt !

- Je suis trop fatiguée ! Je ne pourrai pas remonter ! (et elle éclate en sanglots).

- On y arrivera, il est à peine quatre heures ! Il est encore tôt, il fait jour longtemps et nous pouvons encore marcher quatre à cinq heures !

- Je n'en peux plus, tu ne te rends pas compte de la quantité de fois où je suis tombé dans ce torrent ! J'ai mal partout ! Nous sommes perdus ! J'en ai assez ! Je n'arriverai pas à remonter !

- Attends, gardons notre calme et laisse moi tranquillement regarder mon plan !

- Non, j'en ai assez, je vais appeler les secours ! Tu ne sais même pas où nous sommes !

- Mais si, je sais où l'on est ! C'est encore tôt et il n'est pas utile de s'affoler au point d'appeler les secours.

- Je suis fatigué, j'appelle les secours !

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Dans la descente, nous apercevons Escaro

 

- S.o.s depuis les étoiles.

Je n'arrive pas à la convaincre. Elle sort son portable et compose le 14 :

- As-tu réfléchi à ce que tu vas dire ? lui dis-je.

- Allo ! bonjour monsieur, avec mon mari, nous sommes perdus en montagne !

- Dis lui que nous sommes coincés dans un ravin au dessus d'Escaro, au pied du Pic des Très Estelles et que de là où nous sommes, nous apercevons le village à environ deux kilomètres !

- Nous sommes bloqués dans un ravin! Nous descendions du Pic des Très Estelles ! On aperçoit des maisons à environ deux kilomètres ! Mon mari pense que c'est Escaro !

Dany écoute son interlocuteur un moment, puis coupe la communication :

- Qu'est-ce qu'il a dit ?

- Il veut mon numéro de portable !

- Est-tu ne le connais pas par cœur ?

- Non !

Elle cherche et recompose le 14 :

-Allo, nous sommes les randonneurs perdus en montagne ! Je vous donne mon numéro de portable. C'est le 06………… . Mais, je vous préviens, je n'ai presque plus de batterie ! Rappelez-moi vite.

La communication se coupe de nouveau :

- Il dise quoi les secours ?

- Qu'il ne faut pas bouger ! Ils font le nécessaire et vont rappeler.

- C'est quoi le nécessaire ?

- Je ne sais pas ! Il va rappeler.

Stressés et trempés que nous étions, nous n'avons pas fait attention, mais le temps a subitement changé. Le ciel bleu, du début de journée, a laissé place à un plafond très bas. Désormais, de gros nuages gris recouvrent une grande partie du massif.

Le téléphone sonne, Dany réponds par de courtes phrases : d'accord, on va faire comme ça, on attends, on ne bouge pas, dans combien de temps viendrez vous ? Puis elle coupe la communication.

- Ils disent quoi ?

- Qu'ils nous envoient des secours. Qu'il faut mettre des vêtements avec des couleurs voyantes et se rendre visibles au maximum. Et surtout qu'il ne faut plus bouger d'ici car ils vont tenter de nous repérer.

Je tente de la rassurer et dis :

- Ne t'inquiète pas, ils vont envoyer un hélicoptère, maintenant, il suffit de prendre patience. Mais, on peux pas rester là au fond du ravin, il faut trouver un endroit plus dégagé afin qu'ils nous voient.

- Mais il ne faut pas s'éloigner, car il a dit de ne pas bouger.

- Oui, je sais, mais ce n'est pas à quelques mètres près et de toute manière, on va tenter de trouver quelque chose dans le coin.

- Viens suis-moi !

Nous remontons le cours du ruisseau, que nous traversons en sautant par-dessus quelques troncs d'arbres. Nous continuons à patauger, tantôt dans le cours du torrent, tantôt dans le sable mouillé de la grève, parfois dans la boue ou au milieu de quelques hautes herbes qui poussent sur ces berges chaotiques. Sur notre gauche, une dense et noire forêt d'épicéas ou bien ces à-pics constituaient d'une accumulation d'énormes rochers qui paraissent infranchissables. Sur la droite, une paroi rocheuse avec quelques buissons et quelques arbustes plus clairsemés et par endroits des espaces gazonnés.

Je comprends vite que c'est par là qu'il faut chercher un promontoire qui sera visible d'un hélicoptère.

Je commence à grimper pendant que Dany m'attend en bordure du torrent. Je trouve rapidement un piton rocheux relativement plat qui surplombe d'une dizaine de mètres de hauteur la cascade que nous n'avons pas pu franchir. Il n'y a pas beaucoup d'espace, environ deux mètres carrés, mais ce promontoire présente l'avantage d'être à découvert et surtout d'être sûr car entourés de gros genévriers. Nous ne pourrons pas tomber dans le ravin. J'appelle Dany, l'aide à monter car elle semble vraiment très fatiguée et n'est pas très rassurée à l'idée d'avoir à escalader ce piton rocheux.

Arrivée en haut, elle parait tranquillisée par cette plate-forme rocheuse recouverte partiellement de mousse. Nous pourrons nous reposer en attendant les secours.

Nos pérégrinations dans la neige puis les chutes répétitives dans le ruisseau ont rendus nos vêtements pesants. Ils sont complètement imbibés d'une eau que notre immobilité à tendance à refroidir rapidement. Je propose à Dany que nous changions de vêtements car nous avons du linge de rechange dans nos sacs et ce n'est pas la peine de rester mouillés de la tête aux pieds. Nous enfilons d'autres tee-shirts, une polaire et des chaussettes sèches. Pour être plus visibles, Dany enfile sa veste en gore-tex jaune et je mets une polaire rouge. Il ne reste plus qu'à attendre et j'en profite pour manger un peu car il est 17 heures et voilà six heures que je n'ai rien ingurgité. Dany, elle, est tellement angoissée qu'elle ne peut plus rien avaler.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

La descente n'est pas facile

 

- Angoisse : garantie trois étoiles.

Moi, aussi je commence sérieusement à m'inquiéter car le temps a subitement changé. Un brouillard très épais recouvre tout le massif et des nappes de brume remontent très rapidement le défilé depuis le bas de la vallée.

Tout en mangeant, je me dit que si cette brume s'installe durablement l'hélicoptère ne pourra pas nous voir et peut-être, ne pourra-t-il pas venir du tout !

Les minutes défilent et Dany s'impatiente et n'arrête pas de dire : qu'est ce qu'ils font ? Je tente de la rassurer mais un brouillard chargé d'humidité est maintenant ancré dans la ravine. De temps à autres, des nappes plus épaisses recouvrent tout le paysage et empêchent toute visibilité.

Nous sommes perdus dans cette enveloppe grisâtre et parfois, nous ne voyons même plus de l'autre côté des gorges à moins de dix mètres seulement.

Quand de temps à autre, la brume se dissipe, j'observe un immense couloir d'éboulis que se trouve légèrement sur notre gauche. Je n'arrête pas de dire à Dany que nous pourrions tenter l'ascension car seul le départ semble vraiment compliqué à franchir car en surplomb du torrent. Mais, il ne semble pas infranchissable si nous pouvons l'atteindre en traversant l'épaisse forêt d'épicéas qui nous fait face. Mais, Dany ne veut rien entendre et je comprends très vite que je ne pourrai plus la faire bouger d'ici.

Vers 18 heures 30, le ciel s'est à nouveau dégagé et l'espoir d'être plus rapidement secourus renaît en nous.

Vers 19 heures, nous retenons notre souffle et faisons silence. Très loin, il nous a semblé entendre un bruit de moteur. Nous tendons l'oreille, mais seul le clapotis du torrent et le sifflement des quelques passereaux rompent le silence.

Soudain, on se lève comme un " seul homme ". Cette fois c'est sûr, c'est bien le bruit d'un hélicoptère que nous entendons en direction d'Escaro. Au début, nous ne le voyons pas, puis brusquement, il apparaît au dessus du village, il part direction Nyer puis revient et repart sur la droite.

 Je dis à Dany : Appelle les secours, et dis leur que nous voyons l'hélico au dessous d'Escaro et qu'il faut qu'il remonte le ravin en direction du Pic des Très Estelles !

Malheureusement, déception supplémentaire, la batterie est vide et le portable ne fonctionne plus. Pendant quelques minutes, nous continuons à entendre l'hélicoptère puis le brouillard et le silence s'installent à nouveau.

 Nous sommes forcément déçus et surtout, nous ne comprenons pas pourquoi à aucun moment l'hélicoptère n'est venu sur nous après les indications que nous avons donné au téléphone.

Je tourne et retourne mes deux feuilles au format A4 que constitue mon plan. Je refais l'itinéraire et j'arrive toujours à la même conviction : nous sommes bien à quelques kilomètres au dessus d'Escaro.

Où alors, je me trompe complètement ? Peut-être que les panneaux indicateurs cloués sur un sapin en haut du Pic des Très Estelles ont été tournés et que les traces que nous avons suivies n'étaient pas les bonnes ? A ce moment-là, nous serions descendus sur un autre versant ?

Je me pose un tas de questions et je finis par me convaincre que si l'hélicoptère nous a cherché ailleurs c'est que nous ne sommes pas à l'endroit que je supposai jusqu'à présent. C'est certainement çà !

 20 h15, l'hélicoptère est revenu, il tourne au dessus du village que je pense être Escaro. Nous ne l'apercevons que par intermittence car le brouillard ne se dissipe que lors d'intermèdes furtifs. Soudain le bruit se rapproche. Nous ne voyons pas l'hélicoptère, mais l'entendons venir sur nous distinctement. Il n'est plus qu'à quelques dizaines de mètres, en aval du torrent, derrière une barre rocheuse. Il semble faire du surplace et l'on s'attend à chaque instant à le voir déboucher. Enfin, nouvelle désillusion, le bourdonnement s'amenuise, s'éloigne puis disparaît à nouveau. De temps en temps, nous percevons dans le lointain ou très haut dans le ciel, au dessus de la brume, le bruit caractéristique des pales.

 De nouveau, ce claquement de pales tant espéré arrive de la direction d'Escaro. Du bas du défilé, nous voyons l'hélicoptère qui arrive droit sur nous, je me précipite sur mon sac à dos, sort la torche, grimpe un peu plus haut et pendant que Dany fait de grands signes avec ses bras, de mon côté, je fais clignoter ma petite lampe. Il arrive et il va passer au dessus de nous à moins de quarante mètres. Ce n'est pas possible ! Personne ne nous voit ! On se met à crier. On s'égosille. Il passe au dessus de nous, continue son chemin, grimpe, grimpe, puis se volatilise dans les brumes en direction du Pic.

 Dany a les larmes aux yeux : Pourquoi, ils ne nous ont pas vu ? Je suis complètement dégoûtée !

Je me précipite pour tenter la consoler : Ne t'inquiètes pas, il va revenir !

 L'hélicoptère continue à voler dans les parages. Très haut dans le ciel, du côté du sommet, nous l'entendons tourner mais le brouillard entrave toute visibilité.

Puis, il revient, semble redescendre dans les gorges. Le voilà, qui transperce le brouillard ! Il arrive encore droit sur nous ! On aperçoit distinctement le pilote. On se met à gesticuler, à crier. Je dirige le faible faisceau de ma torche dans sa direction. A toute vitesse, cette fois, il passe au dessus de nous et disparaît.

 Le soir tombe et je dis à Dany : Cette fois, c'est râpé, il est trop tard, il ne reviendra pas avant demain ! Il faut s'installer pour passer la nuit ici !

 21 heures, la brume s'est maintenant transformée en une bruine très compacte. Nous enfilons nos ponchos, fermons bien nos sacs à dos et les recouvrons du rabat hermétique.

Un contre l'autre, serrés sur notre plate forme étriquée, on se recroqueville sous nos ponchos, adossés à nos sacs.

Une profonde lassitude m'envahit et je m'endors très vite.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

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Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Publié le par gibirando

Le récit suivant est une histoire vraie. Elle relate les journées des 1, 2 et 3 mai 2004. C'est l'histoire d'un égarement survenu lors d'une randonnée de 2 jours autour du Massif des Tres Estelles dans les Pyrénées-Orientales. Grâce à l'ensemble des secouristes et plus particulièrement aux gendarmes Daniel et Nicolas qui nous ont retrouvé, tout c'est bien terminé pour nous. Au delà du besoin d'avoir à écrire ce témoignage afin qu'il soit éventuellement utile à d'autres randonneurs, ce récit a pour but de remercier tous ces secouristes pour leur professionnalisme, leur implication et leur dévouement. A jamais, ils auront toute notre gratitude. 

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

UN CAUCHEMAR POUR TROIS ETOILES.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet- Chapitre 1 : Nyer-Mantet

 

Tu ne suis que ton étoile et voilà que tu aboutis au gouffre (Konstantin Balmont, poète russe 1867-1942) 

-Pardon, monsieur, le départ pour les étoiles ?

Samedi 1er mai 2004, il est 9 heures. Depuis quelques minutes, Dany et moi déambulons dans le pittoresque village de Nyer. Nous sommes à la recherche d'un panneau indicateur ou d'une vaine signalisation annonçant le point de départ d'une randonnée que nous envisageons de faire sur deux jours. Cette ballade que nous projetons depuis plusieurs semaines doit nous conduire à Mantet aujourd'hui, puis retour demain, si le temps est propice par le Pic des Très Estelles. Le massif des Très Estelles ou des Trois Etoiles est surnommé ainsi à cause des trois dômes caractéristiques qui le couronnent et dont les crêtes et les ravines forment les multiples branches d'une étoile.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Les Très Estelles, vue de Sahorre

A l'entrée de Nyer, nous venons de laisser la voiture au parking, puis avons traversé un petit pont sous lequel le furieux torrent Mantet dégringole vers la Têt dans un vacarme rugissant. En ce calme et lumineux matin de printemps, ce tumulte, provenant du ravin, est dans ce morne village, le seul signe d'une nature éveillée.

On se sépare, Dany part vers le centre du village, pendant que je monte une ruelle escarpée qui longe la rivière. Un coup de peinture jaune sur un muret semble manifester la présence d'un sentier de randonnée. Je continue de grimper, mais sans rencontrer d'indications supplémentaires. Tout en haut de la ruelle, je finis par apercevoir une faible lumière jaunâtre qui filtre à travers un carreau. Je m'approche, un rideau s'écarte et le visage d'un vieux monsieur apparaît. Par un petit signe de la main, je lui fais part de mes sociables intentions. Il ouvre aussitôt la fenêtre et je lui dis :

- Pour se rendre à Mantet, s'il vous plaît ?

- C'est bien par là, mais en cette saison, je vous déconseille les gorges car avec la fonte des neiges, le ravin déborde par endroits et le sentier doit être impraticable. C'est même très dangereux ! Je vous conseille de prendre le chemin au dessus du village. C'est plus long mais plus sûr à cette époque!

- C'est de quel côté ?

- Vous redescendez la ruelle, vous prenez à droite, vous devriez trouver !

Je redescends la ruelle tout en me disant que Dany a dû trouver le bon chemin, car elle a pris la direction indiquée par le prévenant vieux monsieur.

Je la retrouve et m'aperçois très vite qu'il n'en est rien. Elle n'a aperçu aucune indication pour se rendre au village de Mantet.

Ce laborieux démarrage me contrarie, car voilà presque deux mois que j'ai programmé cette ballade sur deux jours qui doit nous mener à Mantet par le sentier d'interprétation de la nature fortement recommandé sur le site Internet du Conseil Général des Pyrénées Orientales : http://www.cg66.fr/environnement/reserve_nyer/rando/index.html (cette page a depuis disparu !)

J'ai été charmé par la description de cet itinéraire vers Mantet, par l'histoire de ces villages du Haut-Conflent et je suis impatient de découvrir la Réserve Naturelle Volontaire. Cet espace protégé a été crée grâce à la détermination des propriétaires terriens. Je reste admiratif par l'histoire de ces hommes qui pour survivre étaient contraints soit de travailler la terre et de faire un peu d'élevage soit d'exploiter des mines de fer dans ces lieux hostiles au climat très rude. Ces hommes puis leurs descendants, dans un sursaut de bon sens ont préféré protéger leur terre plutôt que de la léguer à des investisseurs immobiliers peu scrupuleux.

Grâce à eux, dans ce sanctuaire naturel, les scientifiques peuvent à loisir étudier les nombreuses richesses régionales qu'elles soient faunistiques, florales ou culturelles. Grâce à eux, nous venons ici pour notre plaisir et pour observer toutes ces richesses et nous n'avons pas d'autre tracas que de trouver le chemin qui doit nous les faire découvrir.

Effectivement, nous n'avons pas d'autre choix que de trouver le bon sentier qui doit nous mener à Mantet car nous avons réservé pour ce soir, une chambre à l'auberge Le Bouf'Tic.

Il s'agit d'un gîte d'étape très connu sur le célèbre Gr.10. Nous le connaissons bien pour y avoir séjourné en août 2001 lors de nos huit jours sur la Gr.10. De temps à autre, nous retournons y déjeuner à l'occasion d'une randonnée ou simplement pour sa tranquillité et son panorama magnifique sur la Vallée de l'Alemany, le Porteille et les pics environnants.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - MantetOUn cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Au Pas de Grau, presque prêts pour le départ puis panorama de la crête de la Sola de la Mare de Déu

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Arrivée à Mantet

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Devant l'Auberge La Bouf'tic

Voilà déjà une vingtaine de minutes, que nous lambinons dans le village endormi. Pour couronner le tout, la Maison de la Réserve indiquée sur le Web est fermée. Pourtant, je comptais sur elle, pour obtenir les renseignements utiles à la découverte de sentier d'interprétation. Cette Maison constituait aussi mon dernier espoir de trouver rapidement notre point de départ et par la même occasion, notre chemin.

En l'absence d'indications plus précises, je suis contraint de me référer aux conseils du vieux monsieur et je me mets à consulter mon rudimentaire morceau de carte que j'ai imprimé à partir de mon ordinateur.

Je repère facilement sur la carte, le sinueux sentier qui se hisse au dessus du village de Nyer et qui se dirige vers le Pas de Grau, point de jonction du sentier vers Mantet et du Tour des Très Estelles.

Très rapidement, je décide de nous y rendre car ainsi, nous rattraperons le temps perdu et serons immédiatement sur le bon chemin.

Nous reprenons la voiture, traversons le village par les étroites venelles et rejoignons aisément le chemin forestier qui serpente dans les collines qui dominent Nyer. Trouver le point de départ n'est pas aussi aisé que je l'imaginai, car dans la montée, plusieurs sentiers partent en tous sens. Je m'arrête, à plusieurs reprises pour contrôler ma route sur la carte, puis je repars sans certitude.

9h45, ouf ! Nous voilà enfin au Pas de Grau, devant un explicite panneau indicateur : à droite direction Mantet, à gauche le Pic des Très Estelles.

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Panoramas sur les pics enneigés

- Le compte à rebours pour les étoiles a commencé !

Nous harnachons nos gros sacs à dos de douze kilos chacun, laissons la voiture sur un " pla " et partons sur la droite à travers la forêt. Le bon dénivelé et le poids des sacs ont vite fait de ralentir notre ardeur. Mais, nous ne sommes pas pressés et savons que nous aurons environ six à sept heures de marche pour rejoindre le village de Mantet.

Mais quel spectacle, nous marchons d'abord en lisière de la forêt et dominons Nyer. Tout au loin, nous contemplons la Vallée de la Têt et le massif des Madres encore partiellement enneigé. Ensuite, nous grimpons dans la forêt et finissons par atteindre les crêtes qui surplombent le ravin de " La Sola de la Mare de Déu ". En face, les " rocs " les plus hauts qui dominent les Gorges de Nyer sont peu enneigés. Dans un contraste étonnant de divers tons de vert, les émeraudes forêts de sapins et les feuillus bourgeonnants dégoulinent vers cet étroit ravin.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - MantetOUn cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Sommets enneigés au dessus du ravin

Par une sente rocailleuse peu évidente, nous descendons vers un canal d'irrigation et un mas effondré. En bordure du canal, deux chevaux semblent sortir d'un autre monde et divaguent en quête d'un peu de nourriture dans cette caillasse parsemée d'une maigre garrigue. Nous sommes étonnés de les trouver en train d'errer dans ce paysage oublié de tous. Comment sont-ils arrivés là ? Que font-ils dans cette solitude? Difficile de le savoir ?

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - MantetOUn cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet 

Chevaux en liberté au Col de Mantet

Il est midi, nous stoppons à proximité de ruines, de ce qui devait être une ancienne bergerie. Nous dévorons nos sandwichs d'un bel appétit sous un ciel cristallin et un soleil bien agréable pour la saison.

En début d'après-midi, nous cheminons pendant quelques kilomètres en ligne droite au pied du versant ouest du Pic des Très Estelles. Les flans de ce versant sont composés de larges rampes faites de gros pierriers ou de parois rocheuses vertigineuses, puis le sentier bifurque à droite en direction du collet de la Pargonneille. A partir de cet instant le sentier devient plus sinueux, le panorama plus boisé et le défilé formé par le torrent Mantet commence à s'élargir.

Malgré une bonne déclivité, notre randonnée se poursuit sans aucune difficulté.

Vers 16 heures, nous arrivons sur un large promontoire herbeux où le panorama est superbe. Le regard plonge à la fois dans l'étranglement du ravin, mais porte aussi sur l'amont de la vallée. Nous n'apercevons pas encore Mantet mais discernons mieux les contreforts du Pic des Très Estelles que nous devrons gravir demain. Sur notre droite, les quelques cimes qui dominent le défilé sont encore bien enneigées et ce constat m'inquiète un peu.

Nous profitons de ce superbe belvédère pour prendre une réconfortante collation. Nous sortons de nos sacs, tout le nécessaire à un " super quatre heures ", thermos d'eau chaude, quarts, sachets de café, sucre, gâteaux, fruits secs et nous installons sur l'herbe pour un véritable pique-nique.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

La rivière Mantet dans les gorges de Nyer

Soudain, j'entends un bruit qui ressemble à un grognement. Dany l'a entendu aussi et nous faisons silence. Pendant un court instant, j'ai même cru que c'était elle qui plaisantait. Le grommellement semble se rapprocher et je comprends aussitôt qu'il s'agit d'un sanglier. Au moment où je me retourne, j'aperçois un marcassin d'une trentaine de centimètres qui fonce droit sur moi. De son groin, il vient heurter mon dos, fait demi-tour et part sur ma gauche. Handicapé par le gobelet de café que je tiens dans la main droite, je tente d'attraper l'animal de la main gauche. Son poil soyeux glisse entre mes doigts, il s'échappe en poussant un petit cri aigu et je n'ai que le temps d'apercevoir son dos avec ces claires rayures disparaîtrent dans les buissons. Je me lève, tente de le poursuivre par les sons qu'il continue d'émettre, j'essaie, mais en vain, de le repérer dans les broussailles. Il a disparu !

Que faisait-il ainsi tout seul ! A t'il été abandonné par sa mère? S'est-il perdu pour s'être éloigné du chaudron maternel ? Il est, parait-il, coutumier que sur une nombreuse portée, plusieurs marcassins ne puissent survivre !

Déconcertés après cette étrange rencontre, nous reprenons notre marche vers Mantet. A l'approche du village, le vallon s'élargit encore et maintenant, la sente serpente dans des paysages plus rocailleux et plus arides.

17 heures 15, nous sommes en vue du village. Nous croisons quelques chèvres, quelques moutons encadrés par deux ou trois chiens qui tentent de ramener au troupeau les plus récalcitrants. Assis sur un promontoire, le berger indolent surveille son cheptel. Après plus de sept de marche, il est le seul être humain que nous aurons croisé de toute la journée.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Les chèvres de Mantet sont heureuses en liberté

17 heures 30, nous entrons dans Mantet et nous dirigeons vers l'auberge 'La Bouftic'.

Mantet, est un minuscule village de montagne, à proximité de la frontière espagnole. Depuis 1964 seulement, ce village indompté est rattaché à la civilisation par une petite route goudronnée. Mais avant la construction de cette liaison, la légende et l'histoire le présentait ainsi : dernier village de France aux confins des terres d'Espagne, enclavé entre des monts de plus de deux mille mètres, où ne pouvaient parvenir que chèvres et mulets pratiquant un affreux sentier bordé de précipices, où les maisons, bâties sur un fumier millénaire, abritaient une race de contrebandiers sales et sauvages menant leur fragile existence parmi les aigles, les isards et les sangliers.

Cette citation est tirée du site consacré à Mantet par Jean Rigoli : http://www.mediterranees.net/vagabondages/divers/mantet.html

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

La vallée de l'Alemany avec le Porteille de Mantet au loin

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Mantet au matin du 2eme jour avec son église du XIIeme siècle

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - MantetOUn cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Nous passons du bon temps à l'Auberge La Bouf'tic

-Mantet, la porte des étoiles !

La charmante aubergiste nous guide vers notre chambre. Les souvenirs resurgissent car c'est la même chambre qu'en 2001. A l'époque, Mantet avait fait office de terminus dans notre périple sur le Gr.10 depuis Mérens, alors que nous tentions de rallier Vernet-les-Bains. Mais les pieds meurtris de Dany en avaient décidé autrement et notre " Conquête de l'Agréable " s'était arrêtée là.

Il est encore tôt, nous décidons de prendre une bonne douche puis remontons dans la salle à manger où par la spacieuse baie vitrée on ne se lasse pas d'admirer le paysage qui s'offre à nous. Chaque saison apporte son lot d'émerveillements. Devant nous, la vaste et verte vallée de l'Alémany avec autour ses multiples pics : Pic de l'Orry, Pic de Rives Blanques, Pic de la Dona, Pic de Serre Gallinière, Porteille de Mantet.. Les plus hauts sommets qui culminent à plus de 2.600 mètres sont encore abondamment couverts de neige. Je ne dis rien mais au fond de moi, j'espère que le Pic des Très Estelles qui est à seulement 2.099 mètres sera moins enneigé car nous ne sommes pas équipés pour marcher dans la poudreuse ou la glace.

Avant le repas, nous passons le temps à de longues et délassantes parties de Scrabble.

Mais la quiétude de la journée s'arrête là quant un groupe de visiteurs envahit la salle à manger. Ils entament, eux aussi, dans une ambiance très chahutée, des parties de rami qui, au fil du temps, deviennent de plus en plus acharnées. Heureusement, ils quittent l'auberge juste avant le repas et comme nous sommes les seuls hôtes, nous finissons la soirée dans la paisible tranquillité à laquelle nous aspirions en venant ici.

Après un excellent repas, la bonne fatigue de la journée nous persuade d'aller au lit. Fourbus mais heureux, nous regagnons notre mansarde et c'est avec la tête remplie d'images de beaux paysages que nous fermons les yeux.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet.

Le Pic du Canigou, vue dans la montée vers les Très Estelles

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - MantetOUn cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Au Col de Mantet (1760 m)

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

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Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

Publié le par gibirando

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)Samedi 6 août 2005 : 6eme étape de 21 kms.

Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson, toujours tourmenté par l'épopée camisarde quitte Saint-Germain-de-Calberte : "L'imagination se figure à grand-peine que Saint-Germain-de-Calberte ait pu être autrefois la scène de ces agitations incessantes. Tout y est maintenant si paisible. Les pulsations de la vie humaine battent maintenant d'un rythme si discret et si lent dans ce hameau de montagne !"

A l'examen, du topo-guide et de ma carte IGN, ce samedi 6 août, je suis forcé de constater que nous sommes bientôt arrivés au terme de notre périple. Vingt et un kilomètres à parcourir seulement, si je puis dire, mais pas très facile car sur les sentiers les plus rocailleux qui soient depuis notre départ du Puy en Velay. Et pour couronner le tout, sous un soleil qui s'annonce de plomb ! Nous sommes tristes d'avoir à quitter le Stevenson et ces splendides Cévennes mais à la fois soulagés d'en terminer, car l'accumulation des kilomètres et ces inextricables " montagnes russes " commencent à avoir raison de nos " vieilles " jambes.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

 Dany devant la statue en bronze en hommage aux Cévenols.

J'ai mal dormi, comme à chaque fois que nous terminons un voyage. Malheureux comme les pierres à l'idée de ne plus voir ces paysages, de ne plus étudier l'étape du lendemain en consultant mon topo-guide, je vis la fin de ce parcours comme s'il s'agissait d'une rupture, triste de finir la partie la plus espérée de mes congés. J'y ai tant pensé à cette randonnée ! Pendant une année au moins après notre premier tronçon ! Ce parcours a été si long à se dessiner ! A organiser comme je le souhaitai ! Puis ces six jours sont passés comme des météorites dans le ciel de nos vacances d'été !

Heureusement, je ne suis pas du genre à gamberger longtemps et mon spleen est vite oublié en ce matin radieux car la bonne humeur est de mise. Amed, un des plus agréables hôteliers qu'il nous a été donné de rencontrer, n'a pas son pareil, pour égayer ce début de journée. Joyeux, prévenant, toujours au " petit soin " pour ses clients, par sa gentillesse et ses plaisanteries Amed rend notre petit déjeuner puis notre départ du " Petit Calbertois " encore plus cocasse. C'est toujours avec le sourire qu'il délivre ses conseils:

 - Quand vous arriverez au Gardon, je vous conseille de marcher dans le lit de la rivière !

- Pourquoi, il est à sec ?

- Oui, presque entièrement, des randonneurs me l'on dit !

- Et vous, vous l'avez déjà emprunté ?

- Oh non, dit-il en riant, je suis trop fainéant pour faire ça, mais il me semble le connaître tant les marcheurs m'en parlent de ce Gardon !

- Vous êtes sûr de vous ?

- Oh, il est méfiant le monsieur ! dit-il, toujours avec le sourire.

- Oh non, ce n'est pas de vous que je me méfie, mais plutôt de moi, car j'ai tendance à être trop téméraire et je m'égare souvent !

- Non, vous verrez, il n'y aura pas de problème et vous serez beaucoup mieux que sur la route goudronnée !

- Merci, ok on va le faire !

J'ai d'autant plus envie de le faire, que Stevenson avait lui-même emprunté le lit asséché du Gardon en guise d'itinéraire.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

Ravitaillement et visite à Saint-Germain de Calberte.

Nous saluons et remercions Amed une dernière fois, puis avec le " groupe des profs ", nous quittons le " Petit Calbertois ". Dans ce groupe, Dany s'est fait une bonne copine en la personne de Josée, pendant que je découvre en la personne de Michel, un homme beaucoup plus sympathique que je l'avais imaginé lors de notre première rencontre !

Après quatre kilomètres tout en descente à travers un bois constitué essentiellement de châtaigniers, nous arrivons au hameau de Saint-Germain-de-Calberte. A l'hôtel, nous n'avons pas pris de paniers-repas pour midi. Aussi afin d'éviter de revivre la pénible journée d'hier, nous entrons dans la première superette et dans la première boulangerie venue. Pain de campagne, gâteaux, charcuterie régionale, fromages et fruits seront au menu de cette dernière journée.

Dany et moi, nous posons pour une photo devant la splendide statue de bronze glorifiant " Les Cévenols ". Elle symbolise " l'effort " des Cévenols dans la construction, avec un grand " C ", de leur région et représente un homme entrain de soulever une lourde lauze de schiste.

Encore quelques photos dans le village très animé, puis toujours associés à nos amis " les profs ", nous quittons cette bruyante civilisation.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

Nous quittons Saint-Germain de Calberte à l'ombre d'ancestraux châtaigniers.

Il est à peine 9h15, mais avec cette chaleur qui pointe déjà le bout de son nez, le chemin qui se faufile à l'ombre d'ancestraux et gigantesques châtaigniers est vraiment agréable.

Le GR.70 est bordé de terrasses où poussent les grands châtaigniers. Ces terrasses construites par assemblage et superposition de plaques de schiste sont appelées " bancels " ou " faïsses ". Ces murettes retiennent la terre et servent à cultiver, le châtaignier bien sûr, mais aussi de multiples et diverses cultures (vignes, arbres fruitiers, potagers, céréales et mûriers).

Ces étagements de terrasses sont bien mieux visibles l'hiver quand les grands châtaigniers (*) sont dépourvus de leur feuillage.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

 Le Gr.70 continue au milieu du Gardon de Saint-Germain asséché.

Les Faysses, les Moles, la Liquière, La Liquièrolle ce sont les noms de quelques lieux-dits que nous côtoyons sur le GR.70. Parfois, ces minuscules hameaux sont constitués de quelques bâtisses ou de quelques beaux mas occupés par d'heureux retraités comme résidences secondaires.

(*)Le châtaignier est l'arbre-roi des Cévennes. Appelé " arbre à pain ", il a tenu, une place prépondérante dans la vie cévenole. Grâce à lui, les Cévenols n'ont jamais connu la famine même en temps de guerre. Avec ses fruits, il fournissait la nourriture, avec son bois on fabriquait des meubles et des outils mais aussi, des ruches, des charpentes et des piquets pour les vignes. Riche en tanin, il contribua à l'éclosion de nombreuses fabriques. Les fruits, qu'on appelle " blanchettes ", ont longtemps servi de monnaie d'échange. Pour obtenir les blanchettes, les châtaignes étaient débarrassées de leur double peau par l'opération de pisage (on battait les sacs remplis de châtaignes sur un billot de bois), puis séchées dans les clèdes. La maladie de l'encre vers 1870 puis le chancre de l'écorce à partir de 1960 ont eu raison de son développement. Aujourd'hui, avec l'introduction d'espèces plus résistantes, le châtaignier retrouve peu à peu sa place d'antan.

Après moins de deux heures de marche, nous retrouvons l'asphalte sur la D.984 puis un pont à l'intersection de deux rivières, le Gardon de Saint-Germain et le Gardon de Saint-Martin. Après un rapide coup d'œil sur mon topo-guide, je constate que le GR.70 continue ainsi sur le goudron jusqu'à Saint-Etienne Vallée Française. Pas de doute, si nous voulons suivre les conseils d'Amed, c'est bien ici que nous devons gagner le lit de la rivière.

A cet endroit, l'accès au cours de la rivière est impossible et tout le monde tente, mais en vain, de trouver un sentier praticable pour rejoindre les berges. De mon côté, je rebrousse chemin car plus haut, j'ai remarqué une large piste qui parait longer la ruisseau sur sa rive gauche. Au bout de dix minutes, j'ai trouvé un accès mais j'ai perdu Dany et mes compagnons de voyage. Malgré mes appels, personne ne m'entend. Je rebrousse chemin et je finis par percevoir les appels de Dany qui s'égosille angoissée par ma disparition.

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 Nous traversons le paisible village de Saint-Etienne Vallée Française.

On se retrouve, mais nous avons perdu les " profs " qui, en désespoir de trouver un accès, ont poursuivi sur le tarmac. Nous voilà au milieu de la rivière complètement asséchée. Quelques flaques, par ci, par là, alimentées par un mince filet d'eau, dans lesquelles grouillent des bancs de poissons complètement apeurés par leur triste sort et voués à une mort certaine s'il ne pleut pas rapidement. Parfois, quelques nappes d'eau plus larges sont occupées par des baigneurs ou des couples de nudistes à la recherche d'un coin frais où isolé. Sur les gros galets, où nos chevilles ont la fâcheuse tendance à se tordre, notre avancée est peu évidente. Vers midi, nous stoppons près d'une petite poche d'eau claire pour déjeuner. Effarouchés par notre présence, les quelques poissons prisonniers disparaissent en se réfugiant sous les pierres.

Pendant que Dany déballe le casse-croûte des sacs, je me déshabille, non pas pour une baignade, impossible dans ce trou d'eau mais pour une simple immersion. Je ne m'explique pas cette attirance pour l'eau. Besoin de cette source de vie ? Besoin de purification ? Régénérescence ? On pourrait philosopher longtemps sur le sujet, mais franchement je ne sais pas ! Mais en y réfléchissant, je m'aperçois que depuis notre départ du Puy, j'ai eu envie de me baigner dans toutes les rivières de notre parcours. Impossible sur le Stevenson, j'aurai bien aimé me baigner dans les " sept veines " ; l'Allier, le Tarn, le Lot, l'Ardèche, l'Hérault, la Cèze et le Gardon ; ces sept cours d'eau cévenols, qui dans la bouche de Jules César, auraient donné naissance au nom Cévennes. Mais, j'ai été tout de même attiré par la Loire à Goudet, par le Lot au Bleymard, par le Tarn à Florac, et je me suis baigné dans l'Allier à la Bastide, dans la Mimente à Saint-Julien d'Arpaon et maintenant dans le Gardon.

A l'intersection du ruisseau de la Combe, nous quittons le lit de la rivière et nous retrouvons le GR.70. Il laisse le hameau de Meyran sur la droite et la D.984 sur la gauche, puis monte vers la partie la plus ancienne de Saint-Etienne Vallée Française. Aucune âme qui vive. Le village semble endormi ou déserté de toute population malgré des tréteaux et des lampions sur la place principale qui laissent présager de festivités passées ou à venir. Pour se souvenir, nous immortalisons notre passage sur quelques photos et nous quittons rapidement le bourg, d'abord sur la D.984 puis à travers un bois de mûriers (*) et de châtaigniers et enfin dans la garrigue en direction du pont du Martinet.

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 Vue de Saint-Etienne Vallée Française et dernier bain au pont du Martinet.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m) 

A Martinet, le chemin est parfaitement indiqué. 

(*) Pendant longtemps, les Cévennes ont été le berceau français de la soie. Cultivés dans les mûriers, les vers à soie en tissant leur cocon fournissaient la matière première, source de richesse pour la région. On appelait d'ailleurs le mûrier, " l'arbre d'or ". Cette ressource fut largement créatrice d'emplois dans les " magnaneries " et les filatures. Vers 1853, la pébrine, une maladie décima les élevages et la période de déclin de cette culture commença, malgré les recherches puis les découvertes de Pasteur en la matière. Finalement cette activité finit par disparaître avec l'arrivée massive des textiles synthétiques.

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 Après Martinet, le sentier s'élève au dessus du gardon de Sainte-Croix.

Quand nous arrivons au pied du pont, cette irrésistible envie de " piquer une tête " me reprend. Il faut préciser qu'il fait très chaud et qu'à cet endroit, une longue, profonde et translucide poche d'eau n'attend que moi. Après une bonne heure à nager et à plonger dans ce Gardon de Sainte-Croix, pendant que Dany prend un bain de soleil, nous sommes forcément frais et d'attaque pour gravir la dernière côte du Stevenson. Mais quelle côte ! De Martinet, altitude 240 mètres, jusqu'au Col Saint-Pierre altitude 600 mètres, soit 360 mètres de dénivelé sur une distance d'un peu plus d'un kilomètre !

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 Nous marchons sur un sentier très escarpé, dallé de schistes aux reflets d'or et d'argent.

Le sentier démarre en lacets, puis devient rectiligne. A cet endroit, le chemin arpente de vastes plaques de schistes dorées ou argentées. C'est vraiment fantastique car avec le soleil au zénith nous avons l'impression de marcher sur un chemin dallé d'or et d'argent. C'et aspect luisant et mordoré est donné au schiste par les divers minerais et les oxydes qui sont amenés à le composer tels le pyrite, le mica, l'aluminium, le silicium, le quartz, etc.….

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 Au col Saint-Pierre, puis dans la longue descente vers Saint-Jean du Gard

Après une exténuante montée d'une heure et demi, à cause de la forte chaleur, nous arrivons sur une large piste forestière, qui par de longs lacets, finit enfin par déboucher sur la D.9 appelée Corniches des Cévennes. A cet endroit, nous reconnaissons les lieux pour y être passés avec le taxi de Transbagages le premier jour.

Quelques décamètres sur le bitume et nous arrivons au Col Saint-Pierre où nous retrouvons le GR.70 qui descend dans un épaisse garrigue parfumée.

Dans cette végétation dense, nous commençons à retrouver les principales plantes méditerranéennes auxquelles nous sommes habitués : chèvrefeuille, thym, romarin, fragon, ciste, arbousier, chêne kermès, myrte enfin toutes les espèces calcifuges grâce auxquelles la garrigue peut reverdir après un incendie.

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 Dans la garrigue méditerranéenne, puis au lieu-dit l'Affenadou.

Vers 15h30 après le lieu-dit l'Affenadou, nous retrouvons une route goudronnée qui surplombe la vaste vallée du Gardon de Saint-Jean. Nous stoppons pour notre dernière " pause-café ". Cappuccino, fruits, biscuits, c'est pratiquement sans un mot échangé que nous prenons ce dernier en-cas.

Tristesse d'en finir, accumulation de fatigue, nous n'avons pas besoin de parler pour goûter une dernière fois à cet instant magique. Puis nous reprenons notre marche et avec elle, le plaisir de découvrir réapparaît et les échanges verbaux ressurgissent. Nous croisons quelques jeunes en quête d'un raccourci pouvant les amener au Col Saint-Pierre, puis nous traversons le hameau abandonné du Pied de Côte où nous retrouvons la D.907 et une bruyante civilisation trop longuement délaissée.

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 Nous longeons le Gardon et approchons de Saint-Jean du Gard

Nous partons en direction de Saint-Jean du Gard que nous devinons au loin.

Le GR.70 suit parallèlement la D.907 et le Gardon puis au bout de deux kilomètres, par un passage à gué bétonné, nous basculons sur l'autre rive beaucoup plus paisible. Sur cette berge, pas de voiture et nous prenons le temps de regarder les canards, les ibis et les cormorans qui s'ébattent dans la rivière.

Le Pont Vieux apparaît et nous savons que l'arrivée est maintenant toute proche. Un deuxième pont que nous empruntons et sur l'autre berge, nous entrons de pleins pieds dans un Saint-Jean du Gard très agité. Fête foraine, parties de pétanques acharnées, terrasses bondées, rues animées. Quel contraste avec notre paisible GR et les 6 jours passés dans cette quasi sérénité !

Nous retrouvons l'hôtel Oronge, son prévenant patron, nos bagages et notre voiture en parfait état de marche.

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  Devant l'hôtel Oronge à Saint-Jean du Gard où Stevenson a séjourné

Visite de la ville, achat de quelques souvenirs, un dernier apéro avec nos amis " les profs ", un excellent repas, l'aventure se termine bien mais avec tout de même et comme à chaque fois, cette impression d'inachevé.

Mais comme le dit de manière si poétique et si bien Anne le Maître dans son excellent ouvrage aux merveilleuses aquarelles " Sur les pas de Robert Louis Stevenson " :

"-Le but une fois atteint se révèle souvent un peu pauvre, dépouillé qu'il se trouve des parures de l'espoir et des ors de l'attente. Il ne faut pas lui en vouloir. C'est à lui que l'on doit le voyage : sans lui, nous serions restés chez nous, étrangers et sédentaires aux yeux des autres vagabonds. Saint-Jean du Gard ou Samarkand, Compostelle ou Tombouctou… Tant il est vrai que toute ville est un port, et le monde un océan qui reste à parcourir.

Et tout voyageur un Ulysse.

-Peut-être faut-il précisément cela ; ce flou, cette béance, pour que " se fasse " le voyage dans le mystère de la mémoire. Pour que, dans le vide creusé par les désordres du changement, il prenne lentement les couleurs dont il restera paré à jamais."

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  Notre chambre à l'hôtel Oronge à Saint-Jean du Gard

Pour Dany et moi, pas de doute, ce Stevenson restera à jamais gravé dans nos souvenirs…… Des souvenirs chargés de plaisir et d'émotion avec dans nos yeux, de paysages en couleurs…, et d'inextricables montagnes bleues…..!

Bibliographie :

Les livres à lire absolument avant, pendant ou après ce magnifique voyage:

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-Le Chemin de Stevenson- Topo-Guide GR.70.Parc National des Cévennes. Le Puy/Le Monastier/St-Jean-du Gard/Alès. Edité par la FFRP - Fédération Française de la Randonnée Pédestre et Chamina - Association pour le Développement du Tourisme et des Loisirs de Randonnée.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

-Voyage avec un âne dans les Cévennes de Robert-Louis Stevenson- Editions GF Flammarion.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

-Journal de route en Cévennes de Robert-Louis Stevenson-Editions Privat-Club Cévenol.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

-Sur les pas de Robert-Louis Stevenson-Un voyage de Velay en Cévennes de Anne Le Maître- Editions du Rouergue.

 

Les principaux sites Internet :

Il existe de nombreux sites Internet sur le GR.70 Chemin de Stevenson. Je ne peux pas les citer tous. En voici, quelques uns que je considère comme les plus documentés ou les plus beaux. Le mien n'ayant qu'un seul but : "Vous donnez l'envie de marcher du Puy en Velay jusqu'à Saint-Jean du Gard".

- http://www.chemin-stevenson.org/ : Site Internet de l'Association sur le Chemin de Robert Louis Stevenson.

- http://www.gr70-stevenson.com/ : Site Internet regroupant une foule d'informations sur le GR.70 ainsi que de multiples témoignages et des liens utiles vers d'autres sites.

- http://voyagesautourdumonde.fr/randonnee-sur-le-chemin-de-stevenson-2002/ : Magnifique site sur le Stevenson de Chasseradès à Saint-Jean du Gard avec des photos superbes qui nous ont donné envie parcourir ce deuxième tronçon.

- http://www.lapelerine.com/ : site Internet de l'organisateur de notre voyage. L'organisation a été dans l'ensemble parfaite, les prestataires choisis sont de vrais professionnels. Seul bémol, quelques "couacs" avec la société TransBagages dont la note pourrait être : "Peut mieux faire!".

- http://www.camisards.net/ : Magnifique site consacré aux Camisards. A compulser sans modération pour mieux comprendre l'histoire de cette magnifique région

- http://www.lozere-gite.com/ : Excellent site du Refuge de Moure au Cheylard l'Evêque avec de nombreux liens sur le GR.70 et vers pleins de sites très intéressants (Bête du Gévaudan, tourisme en Lozère, Cévennes, etc.…)

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

Carte postale achetée en souvenir.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 6 : Saint-Germain-de-Calberte (489 m)- Saint-Jean du Gard (189 m)

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Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 : Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Publié le par gibirando

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

 

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)Vendredi 5 août 2005 : 5eme étape de 13 kms.

Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive à Cassagnas : "Je me rapprochais maintenant de Cassagnas, un brelan de toits noirs au versant de la montagne dans cette sauvage vallée, parmi les plantations de châtaigniers , les yeux levés dans l'air clair vers d'innombrables pics rocheux".

Quand je m'éveillai, Dany me regardait. Bonjour la mongolienne ! Tu as bien dormi ? Lui dis-je. Dans la tente, tout le monde éclata de rire. Le " groupe des profs " semblait réveillé et cette courte plaisanterie détendit immédiatement l'atmosphère. Les ronflements avaient été modérés, la nuit douce et tranquille et chacun semblait de bonne humeur.

A tour de rôle, nous partîmes sous la douche puis nous rangeâmes nos affaires avant d'aller prendre le petit déjeuner. Ces préparatifs nous accaparèrent plus d'une heure et après avoir quitté nos bagages à l'entrée de l'hôtel-restaurant, l'horloge du bar indique 8h15 quand nous quittons l'Espace Stevenson. En définitive, la seule note négative, mais elle est de taille, est l'obligation de partir sans provisions pour le pique-nique de midi à cause du prix prohibitif pratiqué pour un panier-repas. Pour ne pas partir les mains vides, car sur la route, il n'y aura aucun hameau où se ravitailler, nous sommes contraints de chiper les quelques bouts de pain qui subsistent sur les tables des petits déjeuners.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

A Plan de Fontmort, devant la stèle érigée en hommage aux Camisards.

Les groupes " Les Amis de la Nature ", " les Profs " plus quelques marcheurs isolés, nous sommes plus d'une vingtaine de randonneurs a démarré simultanément.

Nous traversons un pont où la Mimente s'élargit et forme comme un étang. A ce carrefour, les groupes se disloquent, certains partent sur d'autres sentiers vers d'autres horizons. Nos compagnons de voyage continuent le GR.70 qui s'enfonce immédiatement dans un sombre bois de feuillus parsemés de quelques résineux. Comme à notre habitude, nous fermons la marche, à la recherche perpétuelle d'un peu de solitude et de quiétude. Ici, commence la splendide forêt domaniale de Fontmort en plein centre du Parc National des Cévennes.

Malheureusement situé hors du GR.70, nous ne verrons jamais le village de Cassagnas, haut lieu du protestantisme et dont les cavernes toutes proches servirent d'arsenaux aux Camisards. Fait rarissime en France pour être signalé, cette commune possède un temple protestant mais aucune église catholique.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Le " chemin royal " suit la ligne de crête et domine les Cévennes.

Après les falaises de schiste rouge des gorges de la Mimente, ici le sentier est constitué de pierres plates luisantes d'un aspect feuilleté et souvent fissuré. Tantôt argentées, tantôt dorées ou bien noires, les couleurs de ces lauzes varient au gré de leur composition chimique. Le soleil qui brille en cette splendide journée projette ses rayons ardents sur ces pierres étincelantes. Dans la légère montée, les bois de châtaigniers, de chênes, de hêtres et de bouleaux laissent peu à peu la place aux coniféres. De cette canicule torride s'exhale un mélange de parfums de résine, de cistes et de lichens.

Juste avant d'atteindre l'intersection des GR.7 et 67, nous rattrapons le " groupe des profs ". Comme les " moutons de Panurge " et sans y prendre garde, nous les suivons dans leur erreur de parcours. Quelques minutes plus tard, nous voilà au beau milieu du carrefour du Plan de Fontmort devant l'imposant obélisque dédié en 1887 aux martyrs de la guerre des camisards.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Plaque commémorative sur la stèle de Plan de Fontmort.

Ici même, plusieurs combats opposèrent les troupes du roi à la bande de Pierre Séguier. Esprit Séguier, comme chacun l'appelait en raison de ses dons de prophétie, fut capturé ici même le 28 juillet 1702. Il fut le premier camisard jugé et condamné pour l'assassinat de l'abbé du Chayla, archiprêtre des Cévennes. Sa vie de chef d'une bande fut éphémère car il fut brûlé à Pont-de-Montvert le 12 août 1702.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

 Sur cette portion du chemin, la présence de l'homme est séculaire !

 Même si je ne regrette pas cette découverte du Plan de Fontmort, haut lieu de la guerre camisarde, je comprends vite notre erreur en regardant le topo-guide. Sur mes conseils, tout le monde fait demi-tour et nous repartons sur le GR.70.

 Ce sentier suit " un chemin royal " construit après la révocation de l'Edit de Nantes par Basville, intendant du roi. Ce chemin de crête qui évitait tout hameau avait été creusé dans le schiste pour mieux surveiller et combattre les exaltés et remuants Camisards. L'aménagement de cette route permettait de faire circuler plus aisément les troupes du roi avec leur matériel.

 Ce sentier que Stevenson emprunta de nuit est resté identique depuis la fin du XVIIeme siècle. Convenablement entretenus, les soubassements du chemin constitués d'amoncellements de lauzes plates sont restés intacts. Des vététistes aux cavaliers en passant par les randonneurs, tous les amateurs de nature prennent plaisir à l'emprunter. Il faut dire que le spectacle sur les splendides et vallonnées Cévennes est saisissant. De cet endroit plus qu'ailleurs, et sous un ciel bleu immaculé, l'impression de cet enchevêtrement de montagnes à perte de vue est remarquable. Les serrats et les valats, comme on dit ici, forment d'immenses et immobiles vagues vertes et bleues dans un océan de nature.

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 De ce chemin royal, le panorama sur les Cévennes est un vrai spectacle.

10h30, nous retrouvons les " profs ", qui avaient pris un peu d'avance, occupés à une collation. De cet endroit, à plus de 1000 mètres d'altitude, le panorama est superbe. La présence d'un gros menhir de quartz blanc et d'une ancestrale sépulture formée par quatre plaques de schistes retient l'attention et atteste de la présence de l'homme dans ces montagnes depuis des temps immémoriaux. Nous stoppons devant ce paysage pour quelques photos et grignotons fruits secs, biscuits et barres de céréales accompagnés d'un thé brûlant.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

 A pied, à cheval, à dos d'âne, les randonneurs sont nombreux sur le GR.70.

Sous un agréable soleil, nous continuons cette sente qui évite le Mont Mars (1.162m), puis redescend à travers quelques sous-bois en direction des vestiges gallo-romains de Saint-Clément puis jusqu'au Col de la Pierre Plantée.

Vestiges antiques, menhirs et sépultures mégalithiques, les histoires vraies et les fables s'entremêlent dans ces Cévennes, à la fois terres d'invasions et terres d'asiles. Ces histoires s'entrelacent comme les montagnes, les vallons et les ruisseaux dont elles sont issues et laissent derrière elles, des lieux aux noms étranges.

Comme dans ce conte extraordinaire, entre mythe de Sisyphe et Chemin de Croix, de la légende de la " Vieille Morte ":

C'est l'histoire d'une vieille fille qui avait pêché et qu'une méchante fée avait condamné à errer dans le pays toute sa vie. Accompagnée de son enfant, d'un chien et d'un âne (déjà !), elle devait porter une grande pierre sur son dos. Ereinté par ce voyage, rapidement l'enfant mourut et sa mère l'enterra au Plan de Fontmort (efont mort, enfant mort), puis se fut au tour du chien dont elle laissa le cadavre dans la Fosse du Chien (Lo Cros del Chin). Puis lors d'un terrible orage, la femme s'abrita à " Escota se Plou " (Ecoute s'il pleut) mais l'âne fut emporté par le Gardon en crue au lieu-dit Négase (Noie-âne). Lasse de tant de souffrances, la pauvre femme s'endormit au lieu-dit " Mordeson " (Morte de sommeil) puis elle entama une ultime ascension et planta sa pierre devenue trop lourde. Elle finit par mourir d'épuisement sur la cime d'une montagne que l'on appelle désormais " la Vieille Morte ".

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

 Sur l'agréable chemin de schistes en direction de la Pierre Plantée.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Toujours ces inextricables montagnes bleues évoquées par Stevenson !

 Il est 12h30, Dany et moi, nous ne voulons pas mourir d'épuisement. Partis sans panier-repas de l'Espace Stevenson où les prix d'un sandwich, d'une pomme et d'un śuf dur avaient soudainement flambés, nous languissons d'arriver " Au Petit Calbertois ".

A cause de nos estomacs qui crient famine, nous ne flânons plus et amorçons une rapide descente vers " Lou Serre de la Can " où se trouve le terme de cette étape " Au Petit Calbertois ". De la Pierre Plantée jusqu'à l'hôtel, le GR.70 emprunte une large piste forestière qui domine la Vallée Longue.

Puis le GR.70 quitte cette piste et continue tout en descente sur un étroit sentier en direction de Saint-Germain de Calberte.

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 Au col de la Pierre Plantée, puis au bord de la piscine du Petit Calbertois.

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 Au " Petit Calbertois ", le manège équestre et l'hôtel

Rapidement, nous longeons un village de vacances et un complexe hôtelier sans nous rendre vraiment compte que nous sommes arrivés !

Cours de tennis, aires de jeux, manège équestre, chevaux et poneys, piscine, petits bungalows surplombant la vallée des Basses Cévennes, le " Petit Calbertois " est un lieu privilégié pour les amoureux des loisirs de plein air ou du farniente.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

Dans le tronc d'un châtaignier, arbre emblématique des Cévennes.

Nous retrouvons nos bagages et intégrons une jolie chambre avec vue sur les montagnes et la vallée. Une douche rapide et à toute vitesse, nous descendons au bar pour un énorme jambon-beurre agrémenté de lamelles de gruyère et de cornichons. 14h30, ouf, il était temps de déjeuner ! Pour manger nos sandwichs, nous rejoignons le " groupe des profs " sur la vaste terrasse ensoleillée où des bières très fraîches nous attendent déjà.

Dans ce cadre idyllique et reposant, l'après-midi passe vite. Piscine, bain de soleil, visite du domaine et photos, lecture et apéro, l'heure du souper est déjà là et nous retrouvons les " profs " dans la vaste et belle salle du restaurant où trône une immense cheminée. Salade de chèvre chaud, truite aux amandes et tourtières aux pommes viennent clore cette vagabonde journée en Cévennes d'agréable façon.

La marche a du bon, beaucoup de bon et pas uniquement sur les chemins !

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 5 :Cassagnas (693 m)- Saint-Germain de Calberte (489 m)

 L'étape de Cassagnas à Saint-Germain de Calberte, Stevenson et Modestine l'avaient parcourue la nuit, leurs ombres planent encore sur ces collines !

(Montage personnel à partir d'une photo réalisée de nuit depuis la fenêtre de notre chambre au Petit Calbertois)

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Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Publié le par gibirando

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)Jeudi 4 août 2005 : 4eme étape de 16 kms.

Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson découvre Florac : "Sur un affluent du Tarn est situé Florac, siège d'une sous-préfecture, qui possède un vieux château-fort et des boulevards de platanes, maints quartiers anciens et une source vive qui jaillit de la falaise. Cette ville est renommée, en outre, par ses jolies femmes et comme l'une des deux capitales, l'autre étant Alais (Alès), du pays des Camisards."

Une route neuve conduit de Florac à Cassagnas. C'est la Route Nationale 106 que j'observe sur ma carte IGN pendant que Dany finit de se préparer dans la salle de bains. Cette route suit sensiblement et de manière parallèle le GR.70 que nous allons emprunter et le cours de la rivière Mimente. L'étape d'aujourd'hui me parait donc d'une grande simplicité et sans réelles difficultés. Il n'y a pas de gros dénivelés, ni de complications dans le tracé.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Sous les fameux platanes de Florac évoqués par Stevenson dans son livre.

La route qui va de Pont-de-Montvert à Florac puis à Cassagnas n'est pas quant on regarde la carte, le chemin le plus simple ni le plus court pour rejoindre Saint-Jean du Gard. Stevenson avait négligé la Corniche des Cévennes (de Saint-Laurent de Trèves à Saint-Roman de Tousque) ainsi que la Draille en direction de Saint-Jean du Gard, car il souhaitait découvrir les villages significatifs de la Guerre des Camisards. Pont-de-Monvert de " sinistre mémoire ", comme il disait, Florac, " une des capitales du pays des Camisards " et Cassagnas qui avait abrité l'un des arsenaux des célèbres combattants.

Comme le précise le topo-guide, Stevenson avait donc décidé de suivre l'itinéraire de son livre de chevet " Les Pasteurs du Désert " de Napoléon Peyrat. En effet, ce récit évoquait la Guerre des Camisards de façon romantique et Stevenson, qui l'appréciait énormément, voulait s'en imprégner pour mieux appréhender ce qui s'était passé en 1702. Bien entendu, il tentait de rapprocher cette guerre de celle similaire des Covenanters (*) d'Ecosse qui avait hanté ses nuits d'enfant lorsque à cette époque, sa nourrice Cummy lui racontait ces macabres et sanguinaires histoires.

C'est donc cette illustre et pittoresque chemin que nous allons suivre aujourd'hui sur 16 kilomètres. Nous ne sommes pas vraiment pressés, pas d'obstacles à franchir et une distance plutôt courte qui va nous permettre de flâner et de récupérer de la fatigue d'hier.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Dany devant l'hôtel Archibald à Florac.

Dès le petit déjeuner terminé, il est 8 heures quand nous quittons l'hôtel Archibald et partons faire quelques emplettes pour le repas de midi.

La cité de Florac est déjà animée et le marché bat son plein. Les marchants ambulants ont installés leurs étals et nous en profitons pour acheter des tomates et quelques fruits de saison.

(*)Presbytériens écossais qui se soulevèrent au XVIIeme siècle pour s'opposer à l'introduction de l'anglicanisme en Ecosse.

Puis pour changer l'ordinaire, Dany se met en quête d'acheter un poulet rôti. Dans les boucheries et les charcuteries, les rôtissoires tournent déjà, mais depuis trop peu de temps et les poulets ne sont pas encore cuits. Pendant que Dany cherche d'autres mets chez les commerçants, je m'assoie sur un banc à l'ombre des grands platanes et je regarde les passants. Surtout les passantes car Stevenson avait raison ; les femmes de Florac sont outrageusement belles !

Dany revient, je sors de mes songes ! Elle me dit avoir remplacé le poulet par des tranches de rôti de porc et de pâté en croûte. Nous sommes fin prêts pour une nouvelle journée de marche qui s'annonce chaude et ensoleillée.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Le pont de Barre, le Rocher de Rochefort et le château de Montvaillant.

Nous démarrons par la visite de plusieurs vieilles ruelles puis parcourons la D.907 jusqu'à rejoindre à nouveau le Tarnon en direction de Meyrueis. Nous sortons de la ville avec sur notre droite les hautes falaises dentellées du Rocher de Rochefort, contrefort dolomitique du Causse Méjean. Nous franchissons le Tarnon par le Pont de la Barre, joli pont de pierre à moitié envahi par du lierre.

La sente grimpe dans des sous-bois puis aboutie sur une route goudronnée. Peu de temps après, nous quittons le bitume et le GR.70 continue en dominant la vallée de la Mimente. La marche est agréable car nous avons à la fois une perception plongeante sur le vallon et, vers le haut, une vision inversée des crêtes parcourues hier vers le Col du Sapet. Dans la vallée, nous apercevons la rivière avec quelques sites intéressants comme le Château de Montvaillant et le village de La Salle Prunet. Tantôt en sous bois, tantôt à découvert, le chemin continue de gravir, avec quelques sinuosités, un faible dénivelé qui permet de découvrir en douceur ce beau panorama sous des angles différents.

Vers 10h30, et après avoir contourner un court ravin, nous retrouvons le bitume et tombons sur un étrange véhicule rouillé par le temps, entre le tout terrain agricole et le 4x4 militaire. A cet endroit, il y un promontoire rocheux avec une vue superbe sur la vallée et les paysages alentours. Nous profitons de cet arrêt inopiné pour manger une barre de céréales et des brugnons, et prendre des photos. Puis le GR.70 continue sur le goudron en direction du lieu-dit Ventajols. Après une courte montée, nous retrouvons là un agréable sentier d'abord en sous-bois puis bien à découvert avec toujours ces merveilleux panoramas sur les monts environnants. La sente domine quelques ravins étroits et quelques collines aux pitons acérés en surplomb de la Mimente. Au loin, la vue porte sur la ligne de crêtes de la Montagne du Bougès empruntée hier. Un couple de randonneurs, marchant à une allure soutenue, nous dépasse et nous laisse sur place avec une facilité déconcertante. Nous ne comprenons pas cette façon de " speeder ", d'autant que nous les retrouverons ce soir à notre arrivée à l'Espace Stevenson de Cassagnas.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Sur le GR.70, un surprenant tout terrain rouillé par le temps.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

D'un promontoire rocheux, nous apercevons la ligne de crêtes empruntée hier.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Le GR.70 suit les méandres de la Mimente.

11h30, nous arrivons au village de Balazuègnes. Tout en bas, dans un méandre de la Mimente, nous apercevons Saint-Julien d'Arpaon dans son cadre de verdure avec son château en ruines. Pour la pause déjeuner, nous hésitons entre les deux villages. Personnellement, je préfère descendre vers Saint-Julien d'Arpaon, en raison de l'heure précoce et de la possibilité de pique-niquer au bord de la rivière. Malgré un peu de fatigue, Dany se rallie à mes arguments et nous entamons sans attendre une longue descente en direction du fonds de la vallée.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 Du hameau de Balazuégnes, on aperçoit Saint-Julien d'Arpaon.

Nous descendons rapidement sur l'asphalte de la route qui, par endroit, commence à fondre sous nos pieds. Le soleil est haut, il faut très chaud et nous languissons de tremper nos pieds échauffés dans la fraîche Mimente. Arrivés en bas, les accès à la rivière sont difficiles et nous obligent à faire quelques centaines de mètres supplémentaires. Nous enjambons le pont reliant la N.106 à la D.20 (décidemment !) et entrons dans Saint-Julien d'Arpaon. Là, à proximité d'un camping ombragé, les rives de la rivière sont plus accessibles. Sans attendre, nous dévalons un court talus gazonné et arrivons sur la berge. Il y a peu d'eau mais suffisamment pour faire quelques brasses au milieu de petits poissons et de cousins qui, à ma vue, s'enfuient rapidement vers des lieux moins agités. Dany, comme à son habitude, se contente d'un simple bain de pieds rafraîchissant puis d'un bain de soleil réconfortant, tout en engloutissant son déjeuner. Je la rejoins car il est midi passé et le bain m'a ouvert l'appétit. En plus, je ne suis pas très rassuré, car Dany dit avoir aperçu un serpent au milieu des algues vertes.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 A Saint-Julien d'Arpaon, un bain rafraîchissant dans la rivière Mimente.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Notre bain dans la Mimente dérange les serpents. Sans doute une couleuvre vipérine (Natrix maura).

Voilà le genre de moment que nous recherchons et que nous apprécions en randonnée ! Un petit coin ensoleillé ou ombragé, au choix selon notre humeur et notre envie, propice à un pique-nique fait de produits simples du terroir, près d'un minuscule village tranquille et silencieux, au milieu duquel coule une paisible rivière. Un petit coin où le temps semble s'arrêter et qui incite à la paresse. On a beaucoup de mal à quitter un lieu si reposant et pourtant, quand on connaît un peu l'histoire, si imprégné de " cette guerre des Camisards pleine de bruit et de fureur (1) " et les berges de cette rivière Mimente qui les jours d'orage " roules des eaux couleur de sang (2) "

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 Le GR.70 emprunte l'ancienne voie ferrée construite au début du siècle.

(1)Extrait du topo-guide " GR.70 Le Chemin de Stevenson ". Le village de Saint-Julien d'Arpaon et sa proche région furent des lieux propices à l'inspiration et à l'évocation culturelle des Camisards : plusieurs romans y déroulent leur histoire comme l'Epervier de Maheux (prix Goncourt 1972) de Jean Carrière, le Cheval d'Orgueil d'Augustine Rouvière où Les Feux de la Colère de Mas Olivier Lacamp. René Allio viendra y tourner son très beau film " Les Camisards ".

(2)Extrait du roman " Les pasteurs du Désert " de Napoléon Peyrat. Le pasteur Peyrat était venu à Florac en 1837 et avait remonté la Mimente et l'un de ses affluents jusqu'au sommet du Bougès pour mieux appréhender la région qui devait servir de décor pour l'écriture de son roman.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Le GR.70 longe la rive droite de la Mimente dans un décor splendide.

Une heure et demi plus tard et malgré l'envie de poursuivre cette cure de paresse, nous retrouvons le GR.70 qui longe la rive droite de la Mimente dans un décor splendide, plein de verdure, entre les falaises schisteuses et les gorges étroites. Etrangement, le bon sentier est parsemé de plusieurs ouvrages d'art et de quelques tunnels qui rappellent une ligne ferroviaire. Je m'arrête pour lire le topo-guide que je n'ai pas pris le temps de parcourir hier soir à cause de la fatigue et constate qu'effectivement une voie ferrée a fonctionné jusqu'en 1968. La construction destinée à relier Florac à la ligne Nîmes-Paris dura de 1906 à 1909 et occupa des centaines d'hommes. Le projet fût interrompu par la guerre de 14-18 et la ligne connue ensuite ses heures de gloire en transportant les premiers vacanciers des congés payés, des paysans et des mineurs, ainsi que les principales matières premières régionales (minerais et bois). Aujourd'hui, dans la sérénité qui nous entoure, comment imaginer les éclats de voix de ces hommes qui taillèrent cette ligne dans les rochers de la falaise, les détonations des explosifs pour se frayer un difficile chemin, les claquements des pierres que l'on concassait pour constituer le ballast, le bruit métallique assourdissant des locomotives et des wagons qui roulaient sur des rails désormais disparus ? Que reste-t-il de ce travail extraordinaire et colossal? Un simple sentier pour randonneurs ? En méditant sur l'éphémère de cette œuvre titanesque, j'avoue avoir un peu honte de profiter ainsi de la sueur et du sang versé dans un but aussi puéril qu'une randonnée pédestre. Des hommes ont-ils tant soufferts pour le plaisir d'autres hommes ? Est-ce vraiment cela le dessein du progrès ?

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 Sur le chemin, ouvrages d'art, modernes et anciens se côtoient.

Les ouvrages d'art, les tunnels, les ponts de pierre sont intacts comme au premier jour, les gares merveilleusement entretenues et restaurées ! Voilà, ce que ce doit faire le randonneur en pareille circonstance pour rendre justice à tous ces hommes : Etre respectueux et admiratif pour le formidable et impeccable travail de ses créateurs dont les ouvrages défieront le temps si nous restons attentifs!

Vers 15 heures, la chaleur aidant, nous improvisons un nouvel arrêt au bord de la Mimente. Cette fois, c'est dans l'eau vive et limpide mais très fraîche des gorges que je me jette pendant que Dany fait trempette. Un bain à la fois apaisant pour nos jambes et tonique pour notre organisme. Un café et quelques biscuits et nous voilà revigorés pour terminer cette étape !

Il est 16 heures quand nous entrons dans le camping de l'Espace Stevenson. L'endroit est calme et ne semble pas très fréquenté. Seuls quelques estivants sont occupés à une partie de pétanque. Nous croisons deux yourtes et savons déjà que l'une d'entre-elles nous servira de gîte, ce soir. Nous partons vers l'hôtel-restaurant, en fait, il s'agit de l'ancienne gare de Cassagnas qui a été transformée.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

A Cassagnas, la yourte de l'Espace Stevenson où nous dormirons.

Renseignements pris auprès de l'hôtelier, dans la yourte, nous pouvons choisir notre couchage et nous installer où nous voulons. En effet, nous serons huit car c'est le nombre de lits de camp dont disposent chacune d'entre-elles. A la terrasse, de nombreux vacanciers sont attablés à déguster quelques boissons fraîches et toute la population du camping semble réunie ici. Nous récupérons nos sacs qui jonchent parmi tant d'autres devant l'entrée du bar et partons rejoindre notre tente mongole. La première est déjà entièrement occupée mais la seconde semble vide. A l'intérieur, il règne une chaleur suffocante et nous réfléchissons pour savoir quel couchage sera le plus confortable et le plus commode. Dany préfère près de l'entrée à cause de la chaleur et moi plutôt vers le fond de la yourte car j'appréhende les va-et-vient qui risquent de se produire à proximité de la porte. Je tente en vain de la convaincre en lui disant qu'il fera certainement moins chaud cette nuit et qu'il est inutile de chercher d'ores et déjà un peu de fraîcheur. Rien n'y fait ! En désespoir de cause, les huit lits étant disposés de manière circulaire, j'opte pour le deuxième lit à gauche de l'entrée. Dany prend le premier. Au moment où je m'assois sur le lit de camp, j'entends un terrible craquement et je me retrouve le cul dans le trou formé par les lattes du sommier qui se sont brisées comme des allumettes. Je me relève et constate que six à sept lattes sont brisées en deux et ont cédées sous mes 95 kilos ! Je pars m'installer sur le deuxième lit de droite et malgré la prudence avec laquelle je me couche, là aussi, deux lattes cèdent à nouveau sous mon poids.

Je n'ose plus m'asseoir de peur de casser tous les lits, mais le troisième sera le bon.

Il y a quelques couvertures et oreillers mais pas de draps. Nous repartons en chercher, mais honteux d'avoir casser deux sommiers, nous nous gardons bien de mentionner ce " carnage ". Au bout d'une heure, nous voilà bien installés dans notre jolie yourte au plafond entièrement décorée. Les douches et les toilettes jouxtent notre tente, ce qui s'avérera bien pratique.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

Sur la terrasse ombragée de l'hôtel-restaurant de l'Espace Stevenson à Cassagnas.

Le village de Cassagnas se trouve encore à plusieurs kilomètres et avec notre mal aux jambes, il n'est pas question de partir le visiter. Nous optons pour une boisson fraîche sur la terrasse ombragée de l'hôtel-restaurant. Les nombreux randonneurs, estivants et vacanciers qui l'occupaient à notre arrivée se sont volatilisés on ne sait trop où, et nous apprécions ce moment de détente et de tranquillité.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 Réunis sur cette photo prise dans la yourte de l'Espace Stevenson.

Le " groupe des profs " arrive et comme nous, chacun s'inquiète de l'abri qu'il va occuper ce soir. Josée, habituellement la femme la plus sympathique du groupe se met dans une colère noire quant elle apprend qu'elle va être dans l'obligation de partager la yourte avec sept autres personnes. Véritablement furieuse après l'organisatrice de son voyage, elle s'en prend à la " pauvre " serveuse du bar qui ne comprend pas très bien l'objet de ce courroux contre elle.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 Dans la yourte, avec le " groupe des profs ", une promiscuité bien sympathique.

Peu à peu, encouragée pas ses collègues de voyage, Josée se calme et retrouve peu à peu sa sérénité. Les profs ne semblent pas trop contrariés d'apprendre qu'ils vont partager avec nous ce modeste chapiteau de toile. Nous les accompagnons dans leur installation, tout en leur conseillant de réclamer quelques lattes de sommier pour remplacer celles cassées.

Après une réconfortante douche, nous partons en groupe vers le restaurant de l'Espace Stevenson. C''est dans un climat amical et de franche bonne humeur que se termine cette journée de marche, d'abord au restaurant autour d'une succulente daube puis dans la yourte où chacun jure aux autres qu'il ne ronfle jamais ! Les sprays, les sirops " nuit tranquille ", rien n'y fera, tout le monde entendra " cette monocorde musique de chambre " qu'on appelle le ronflement. Mais je suppose que les Mongols ronflent aussi dans leur yourte !

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 4 : Florac (546 m)- Cassagnas (693 m)

 

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Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

Publié le par gibirando

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

 

Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)Mercredi 3 août 2005 : 3eme étape de 28 kms.

Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive à Pont-de-Montvert : Il me serait difficile d'exprimer par quelles particularités Pont-de-Montvert se distingue du Monastier ou de Langogne, voire du Bleymard. Mais la différence existait et parlait éloquemment aux yeux. La localité, avec ses maisons, ses sentiers, son lit de rivière éblouissant porte un cachet méridional indéfinissable.

Une des premières choses rencontrées à Pont-de-Monvert, si je me souviens bien, fut un attelage tiré par un petit âne gris que menait un groupe d'adolescents. Un petit baudet au doux regard, lequel sous le poids de son harnachement, semblait peiner dans cette ruelle escarpée.

Etonnamment, en quittant le village ce mercredi 3 août, la dernière créature vivante que nous rencontrons, c'est aussi un petit âne, tranquille dans son enclos, indifférent aux brouhahas lointains de la cité et qui semble dormir debout. Il ouvre les yeux uniquement pour prendre les morceaux de sucre et de pain que nous lui tendons. En guise de remerciements, il vient vers nous, semble accepter nos caresses et fait mine de poser pour une photographie. Avec son enclos situé à même le GR.70, il doit être blasé et peut-être même fatigué de voir tous ces badauds lui tourner autour en permanence. Lorsque nous le quittons, il reprend instantanément sa position à l'ombre des frênes!

Pont-de-Montvert se trouve à la confluence de trois cours d'eau qui prennent leurs sources dans les montagnes environnantes. Le Tarn et le Rieumalet sur les contreforts méridionaux du Mont-Lozère et le Martinet sur le versant nord de la forêt domaniale de Bougès. En réalité, et comme son nom l'indique, la localité est surtout coupée en deux par le Tarn et reliée par un pont entre deux monts verts.

Ce mercredi 3 août, en quittant l'hôtel " Aux Sources du Tarn ", je remarque un étonnant contraste entre les rives Nord et Sud de la ville. Il n'est pas encore huit heures et pourtant, comme hier soir déjà, le côté Nord est vivant, bruyant, presque désagréable. Il y règne une activité remuante. Les rues sont embouteillées, les forains installent leurs tréteaux, les terrasses sont déjà bien garnies d'estivants prenant leurs petits déjeuners ou leurs cafés. Puis en traversant le célèbre pont Rouméjon avec sa tour carré de l'horloge (*), les bruits s'amenuisent et le silence, que nous aimons tant en randonnée, reprend peu à peu sa place. La berge sud, où redémarre le GR.70 est plus discrète.

(*) C'est à cet endroit que l'abbé du Chayla, un prêtre catholique cruel, périt sous les coups de sabre du prophète Esprit Séguier le 24 juillet 1702. Ainsi, commença la célèbre guerre dite des " Camisards ".

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En quittant Pont-de-Monvert, à l'ombre des frênes, un petit âne docile.

Les pique-niques pour midi sont déjà dans nos sacs à dos, mais avant de quitter définitivement le village, nous voulons absolument goûter aux gâteaux cévenols de la Boulangerie du Pont. Pas de détour à faire, les fameux gâteaux maison à base de châtaignes nous attendent car la pâtisserie est sur le chemin !

Nous quittons l'enclos de notre " Modestine " et grimpons le sinueux mais agréable sentier qui s'élève vers la Cham de l'Hermet. Chaque coude du chemin, chaque point de vue est prétexte à une belle photo.

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En montant vers la Cham de l'Hermet, belles vues aériennes sur Pont-de-Montvert

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Splendide panorama sur Pont-de-Montvert.

La pente s'accentue, mais la vision que nous avons du panorama est si agréable que sans vraiment faire d'efforts et sans s'en rendre compte, le village s'éloigne. De ce balcon naturel, nous avons de Pont-de-Montvert une paisible vision aérienne. En regardant ces merveilleux paysages, ces superbes montagnes, j'ai du mal à imaginer que ce petit bourg recroquevillé au fond du vallon fut le détonateur et le théâtre d'atrocités devenues célèbres sous le nom de " Guerre des Camisards (*) ". De cette " Guerre des Cévennes ", Stevenson écrivit : "C'est dans ce labyrinthe indéchiffrable de collines qu'une guerre de bandits, une guerre de bêtes féroces fit rage pendant deux ans entre le Roi Soleil avec toutes ses troupes et ses maréchaux d'un côté, et quelques protestants montagnards de l'autre ".

(*) Louis XIV, par absolutisme royal et volonté d'unité politique et religieuse va supprimer la liberté de culte aux Protestants en révoquant en 1685 l'Edit de Nantes qu'avait signé Henri IV en 1598 et qui avait apporté la paix religieuse en France après les Guerres de Religion. Peu à peu, la loi prive les protestants de toute liberté religieuse mais aussi civile et professionnelle. Par la violence, la répression et la ruine, le roi obtient des abjurations de masse.

En Octobre 1685, l'Edit de Fontainebleau interdit le culte protestant et détaille les totalitaires sanctions d'un éventuel retour à l'ancienne doctrine.

Les persécutions se font plus tyranniques et plus violentes, les temples sont rasés, les pasteurs envoyés aux galères, les frontières sont fermées pour éviter l'hémorragie démographique que les châtiments suscitent, les enfants doivent obligatoirement être éduqués dans la religion catholique.

Mais la résistance s'organise parmi les protestants qui n'ont pas choisi l'exil dans les pays du "Refuge" (Angleterre, Suisse, Allemagne, Hollande, ...). Les Cévennes deviennent le théâtre de la Guerre des Camisards. De 1702 à 1704, elle oppose quelques 3.000 protestants, les Camisards, à environ 30.000 soldats du roi. Les principaux chefs (Esprit Séguier, Gédéon Laporte, Salomon Couderc, Jean Cavalier, Abraham Mazel ) sont tués ou arrêtés sans que fléchissent l'intolérance et la répression du roi.

Les survivants se réunissent "Au Désert", et continuent de célébrer le culte interdit dans des grottes et ou bien cachés dans des forêts. Ainsi, ces hommes, devenus des clandestins, au sein même de leur pays, par la force de leur croyance, feront fonctionner pendant plus d'un siècle, une " église de l'ombre ". Il faudra attendre 1787 et l'Edit de Tolérance pour que cesse les persécutions et la Révolution Française (1789) pour que soient proclamés la liberté de conscience et le libre exercice du culte.

Faut-il que ces quelques protestants aient été opprimés, persécutés puis " prophétisés " pour en arriver à cette riposte d'une sauvagerie extrême.

Il m'est très difficile de comprendre qu'on puisse s'entretuer pour une idéologie religieuse qui dicte le plus souvent d'aimer son prochain. Pourtant, j'admets avec raison que ces hommes défendaient avant tout une liberté : celle de croire dans la différence.

En la circonstance, ces " camisards " avaient appliqué avant l'heure l'idée du non-violent Gandhi qui disait : " entre la violence et la non-violence, je choisis la non-violence mais s'il ne reste le choix qu'entre la violence et la lâcheté, je préfère la violence ! "

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 Dernière vue de Pont-de-Montvert et arrivée au Cham de l'Hermet.

Est-ce un dieu ou le fruit hasardeux d'un immense big-bang cosmique qui a mis toute cette belle nature devant nos yeux ? En toute simplicité, Dany et moi prenons un immense plaisir à en profiter loin de ces questions théologiques ou philosophiques.

Il est 8h30, mais il fait déjà très chaud, sur le vaste plateau de landes. Dany s'arrête pour ôter ses jambières. En préférant le short au pantalon, il est évident que dans sa tête, le physique a pris le pas sur le métaphysique!

Lorsque nous arrivons à la Cham de l'Hermet, large plateau granitique et broussailleux, Pont-de-Montvert finit par disparaître de notre regard, mais nous dominons complètement les vallées du Tarn et du Martinet. Au nord, un ciel gris anthracite recouvre, aujourd'hui encore, le Mont-Lozère. Ce sommet semble servir de frontière aux nuages car vers le sud, il y a certes quelques nuages blancs, mais dans un ciel d'azur prometteur. Ces cumulus courent sur la sombre et verte forêt domaniale de Bougès.

Aujourd'hui, il y a un fait rarissime dans cette journée sur le GR.70, nous sommes poursuivis par une véritable horde de randonneurs. C'est la première fois que nous en voyons autant sur une si faible superficie. Un homme et une femme suivis de près par un premier groupe suivi lui-même par un deuxième groupe puis quelques marcheurs isolés.

Il n'y a pas grand-chose sur le plateau, un maquis de genêts, divers chaos rocheux originaux, des parcs à bestiaux et de ci de là, quelques mas isolés.

Nous quittons le plateau, au lieu-dit Fiarouse, le sentier se rétrécie, longe de hautes fougères et entre dans un bois. Là, Dany s'arrête encore, ôte ses godillots au profit des sandales.

Tous nos poursuivants arrivent. Monsieur " Tête de cochon " passe devant nous le premier, sans sac à dos, affublé d'une chemise blanche, les mains dans les poches et sans formuler le " bonjour traditionnel " que tout randonneur digne de ce nom présente à des collègues de voyage. Madame suit avec le sac à dos ! Super sympa le gars ! Vient ensuite un premier groupe entraperçut hier peu après le Col Santel, Dany l'appellera le groupe " des Amis de la Nature ". Moi, je ne leur donne pas de noms, car qu'il s'agisse des femmes ou bien des hommes, je vais rapidement me lasser de les saluer courtoisement sans obtenir une franche réciprocité. Enfin, arrive le " groupe des profs " avec leurs individualités mais de loin les plus affables de tous.

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Dany sur l'agréable pré du domaine de Champ Long de Bougès.

Nous retrouvons le bitume sur quelques centaines de mètres, toujours la D.20 puis attaquons un long dénivelé au sein même de la forêt domaniale. Au bout d'un kilomètre d'une sévère montée, nous arrivons dans l'enceinte d'un vaste domaine lumineux. Est-ce la beauté et la douceur du lieu, mais tous les groupes s'arrêtent dans une parfaite harmonie, sauf Monsieur et Madame " Tête de cochon ". Nous ne les reverrons plus ! Il n'est que 10 h mais Dany prétexte une crampe d'estomac et sort déjà son panier repas. Sur l'agréable pré du Champ Long de Bougès, c'est ainsi que s'appelle ce domaine, on se prélasse sans vraiment regarder l'heure. De nombreux randonneurs continuent de passer sur le chemin. Un sandwich, une orange, un peu de farniente, la pause s'éternise. Dany joue à saute-mouton sur les balles de foin. Quand nous repartons, il n'y a plus personne et une fois de plus, nous fermons la marche.

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 A Champ Long, Dany joue sur les bottes de pailles.

La pente s'accentue sur une large piste forestière parfois très caillouteuse. Avec une branche bien droite, je me confectionne un deuxième bâton de marche. Dany, qui peine également, en veut un aussi. Je trouve une branche juste un peu trop longue qui devrait faire l'affaire. D'un coup de talon bien asséné, je casse le morceau superflu, qui en rebondissant, vient m'entailler le genou. Je saigne abondamment et Dany se dépêche de sortir la trousse à pharmacie. La plaie n'est pas très profonde, un petit pansement et je repars clopin-clopant plus gêné que souffrant.

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 Stèle en hommage à Raymond Senn (montage personnel).

 Nous arrivons à une intersection où les GR.68, 70 et 72 se rejoignent. Je regarde le topo-guide : nous sommes à 1.292 m d'altitude au Col de la Planette, sur les chemins du " Tour du Mont-Lozère et du causse Méjean ".

Une stèle est érigée en hommage à Raymond Senn dont j'apprends sur le topo-guide qu'il fut président du Comité Départemental de Randonnée Pédestre. Il créa le GR.68 et entretint pendant plus de vingt ans tous les GR de la région.

C'est beaucoup grâce à des hommes comme lui que nous prenons plaisir à marcher sur ces chemins de grande randonnée et il me parait naturel de lui rendre hommage à figeant cet instant sur une photo souvenir.

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 Au Col des Trois Fayards, d'immenses cairns ont été érigés.

11h15, nous atteignons le Col des Trois Fayard où d'immenses cairns ont été érigés. Le temps est devenu maussade et il souffle un vent du Nord violent et froid. Dany semble déjà exténuée et je lui propose d'arrêter car depuis le départ, nous avons parcouru une dizaine de kilomètres, essentiellement en montées. Mais si j'en crois la documentation de La Pèlerine, il en reste au moins encore une quinzaine à parcourir pour atteindre Florac !

Nous partons nous réfugier dans le bois, en contrebas du col, parfaitement à l'abri des rafales du vent pour déjeuner. Bien requinqués, une demi-heure plus tard, nous repartons, quittons la forêt et arrivons rapidement sur une spacieuse crête herbeuse où prédominent les bruyères roses. Tout en marchant, nous prenons plaisir à contempler l'immense panorama qui se déploie devant nos yeux. Le versant méridional de la forêt domaniale est splendide. A nos pieds, les serres (crêtes) et les vallats (vallons) qui se succèdent, creusent de larges plaies verdoyantes jusqu'aux montagnes bleues dont les sommets s'évanouissent dans la brume laiteuse de l'horizon. Sur cette ligne de crête au doux dénivelé, nous grimpons jusqu'au Signal de Bougès, agréablement protégés du vent du nord par le bois d'Altefage.

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 Du Signal du Bougès, panorama à 180 ° sur les Cévennes.

Stevenson, qui en son temps, n'avait pas suivi ce chemin mais avait opté pour la route qui longe la vallée du Tarn jusqu'à Florac, avait décrit les Cévennes comme un " labyrinthe fait d'un enchevêtrement de montagnes bleues ". Il est étonnant qu'il n'ait pas gravi Le Bougès, lui qui voulait suivre le parcours de Napoléon Peyrat, l'auteur de son livre de chevet et qui écrivit ceci :

Quelle est cette montagne ? demandai-je à mon guide - Le Bougès, répondit-il, les Trois Hêtres (les Trois Fayards). A ce nom, je m'arrêtai, et je contemplai avec une religieuse émotion le sauvage berceau de l'insurrection camisarde. Ce mont célèbre que je venais interroger sur les combats et sur les douleurs de nos aïeux, semblait avoir voulu se présenter à mes regards dans toute la majesté de son passé, et revêtu des symboles de son histoire, d'un manteau d'orages, d'un voile funèbre et d'une couronne de gloire. " (Extrait des Pasteurs du Désert de Napoléon Peyrat)

A 1.421 m d'altitude, le Signal de Bougès est un mamelon rocheux qui offre un point de vue spectaculaire. De ce vaste mirador, la vision que nous avons du massif des Cévennes correspond parfaitement au tableau que Stevenson a dépeint dans son livre : un véritable dédale de montagnes bleues à perte de vue !

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 Au Signal de Bougès à 1.421 m d'altitude

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Le GR.70 entre le Col des Trois Fayards et le Signal du Bougès.

Depuis hier soir, pour avoir étudier le parcours et la carte IGN, je sais que le Signal de Bougès est le point culminant et la dernière ascension de notre journée. Cette borne suprême est d'ailleurs symbolisée par un monumental cairn derrière lequel un couple de randonneurs roucoule bien à l'abri du vent.

Une fois ce dôme passé, nous amorçons une longue pente abrupte avec sur la droite, toujours le bois d'Altefage, constitué à cet endroit essentiellement de petits chênes verts aux troncs tordus et rabattus par les vents.

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 Dans la descente du Signal de Bougès, au loin les Causses Méjean.

Collés les uns aux autres, ces chênes forment un immense sous-bois où viennent s'abriter les nombreux troupeaux de moutons qui fréquentent ces crêtes. Le sol est largement piétiné et recouvert d'une épaisse couche de déjections qui roulent sous nos chaussures. Sur la gauche, les contreforts du Signal sont, soient pelés, soient recouverts uniquement d'une courte garrigue. Par endroit, à la faveur d'une mer de bruyères fleuries, le maquis se teinte de pourpre sur d'immenses étendues. Cette belle pigmentation qui s'ajoute à tous les verts, bruns et ocres habituels de la montagne, transforme le paysage en un véritable récital de couleurs.

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Sentiers fleuris et paysages avant puis après le Col de Sapet.

Au loin devant nous, apparaissent les caractéristiques Causses Méjean avec leurs plateaux et leurs falaises abruptes telles d'invincibles murailles. Pour ne pas la décourager, je ne dis rien à Dany, déjà bien fatiguée, mais je sais que Florac est au pied de ces célèbres montagnes.

Vers 13 h 45, nous arrivons au Col de Sapet et rallions un fois de plus la D.20. Sur ce belvédère entre les vallées du Tarn et de la Mimente, les touristes sont nombreux. Ils sont attirés par le point de vue et deux menhirs mégalithiques (*) plantés dans le décor. Le premier est sur le GR.70 et le deuxième, de l'autre côté de la route, plus haut dans un champ de céréales.

Le premier étant sans cesse occupé et pris en photo par les nombreux estivants, j'envisage d'aller photographier le deuxième, d'autant que le GR.70 traverse la D.20 et semble s'y diriger. Un peu trop tard, je m'aperçois que le champ est clôturé et je suis contraint de faire l'impasse sur les photos.

Au Col de Sapet, la signalisation indique Florac à 8 Kms par le GR.70 et 6 Kms par le GR.68.

Le chemin forestier est plat et progresse au flanc de la montagne. Les paysages sont superbes en surplomb sur la Vallée du Tarn et plus loin sur le Mont-Lozère. Mais l'étape est longue, les jambes deviennent lourdes et la fatigue aidant, cette piste d'exploitation devient rapidement monotone. Heureusement, nous l'entrecoupons par des arrêts fréquents à regarder les panoramas puis vers 16 heures par une longue pause pour le cappuccino quotidien. Le " groupe des profs " que nous pensions devant nous, arrive. La conservation s'installe et porte, bien entendu, sur la splendeur de cette perspective plongeante sur la Vallée du Tarn.

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Avant Florac, je m'essaie à des macros sur des " Tabacs d'Espagne " de la forêt de Ramponenche.

Au lieu-dit " La Chaumette ", les GR.68 et 70 se séparent. Les deux sentiers vont à Florac mais avec 2 Kms de moins pour le GR.68. Malgré ce supplément, nous n'hésitons pas une seconde et nous prenons l'option GR.70 Chemin de Stevenson.

(*) La Lozère compte environ 350 menhirs dont 154 se trouve sur le site mégalithique de la Cham de Bondons, au pied du Mont-Lozère près de Florac. En Europe, c'est la deuxième plus forte concentration de menhirs après celle de Carnac en Bretagne. A ces menhirs, il faut ajouter environ 400 dolmens disséminés sur tout le département. La Lozère possède un patrimoine archéologique exceptionnel !

Dans la longue descente vers Cocurès, pour passer le temps, je m'essaie sans trop de résultat à prendre des " macros " de splendides papillons qui volètent de fleurs en fleurs. Il est très difficile de les cadrer car le plus souvent, ils ne tiennent pas en place. Seuls, les " Tabacs d'Espagne ", magnifiques papillons aux ailes oranges tachetées et striés de noir se laissent approcher par mon appareil photo. Il me faudrait un peu plus de temps pour bien choisir mes plans, mais la route est encore longue jusqu'à Florac et il n'est pas possible de lambiner plus que nous le faisons déjà !

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 Nous retrouvons le Tarn à Cocurés puis près de Bédoues.

Au fur et à mesure que l'on se rapproche de la vallée, les paysages se transforment. Les hauts résineux disparaissent et les gros châtaigniers, rois des forêts cévenoles remplissent peu à peu le décor. Puis dans le descente, les bois touffus laissent peu à peu la place à quelques clairières puis à des vergers où subsistent quelques cabanons, certains sont en ruines, d'autres simplement abandonnés. Nous rattrapons le " groupe des profs " et poursuivons un bout de chemin ensemble. Enfin, le sentier finit par déboucher en bordure du Tarn dont le lit s'écoule paisiblement au milieu d'étroites gorges. Allongés sur le sable des grèves ou sur les roches, les estivants sont nombreux à se faire bronzer. Quelques téméraires se laissent aller à une baignade dans l'eau claire et assurément fraîche. En sueur comme nous les sommes, ce n'est pas l'envie qui nous manque d'en faire de même, mais les accès à la rivière sont difficiles sur cette berge. L'autre rive, du côté de Cocurès, a l'air plus accessible. Tant pis, aujourd'hui, nous garderons notre moiteur jusqu'à l'hôtel !

Avant Bédouès, par un vieux pont en pierres, nous franchissons le Tarn. Puis après quelques hésitations, nous traversons un camping puis le G.R. se faufile à travers des près et des vergers. Nous longeons maintenant l'autre rive du Tarn. Sur la berge opposée, on aperçoit la remarquable église collégiale en schiste brun de Bédouès fondée en 1363 par Urbain V, pape en Avignon. Puis au détour d'un méandre, c'est le splendide château d'Arigès qui apparaît dans son cadre de verdure.

Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)0Au pays des inextricables montagnes bleues - Chemin de Stevenson - Etape 3 : Le Pont de Montvert (875 m)- Florac (546 m)

 A l'approche de Florac, la collégiale de Bédoues puis le château d'Arigès.

Les habitations se font plus nombreuses et la densité de promeneurs et de randonneurs ne laisse planer aucun doute : nous ne sommes plus très loin de Florac !

Nous retrouvons le bitume et un vieux pont sur le Tarn qu'il nous faut traverser. Nous coupons avec peine un grand carrefour où règne une intense circulation. Nous sommes sur la N.106 et un panneau indicateur donne Florac à un kilomètre. Au carrefour, nous avons quitté le Tarn et désormais c'est son petit frère, le Tarnon, que nous longeons. En réalité, j'estime à plus du double le chemin que nous aurons parcouru pour rejoindre l'Archibald Hôtel plus communément appelé l'hôtel Central de la Poste.

Nous sommes sympatiquement reçus par l'hôtelier qui d'emblée nous montre où se trouve nos bagages. Mais, après une trentaine de kilomètres parcourus, la disparition d'un sac de voyage finit de nous scier les jambes. Est-ce la dernière bévue de Transbagages que le réceptionniste tente de joindre en vain ?

Au bout d'une demi-heure, la société Transbagages reste injoignable et notre inquiétude a progressé. Puis en désespoir de cause, le patron de l'hôtel nous dit : " Je vais appeler le Grand Hôtel de Parc, tant pis, je ne suis pas en bons termes avec eux, mais il est possible que le chauffeur de Transbagages ai commis une erreur et ai laissé le sac là-bas. Avant tout, il est indispensable de vérifier cela !

Avec quelques minutes qui nous paraissent interminables, nous retrouvons le sourire : le sac a bien été déposé chez eux par erreur !

Très prévenant, le réceptionniste de " l'Archibald " nous dit : Montez vous reposer dans votre chambre, je vais le chercher, j'en ai pour quelques minutes seulement ! Tranquillisée, Dany rejoint la chambre pendant que j'attends le sac à la réception.

Cette perte de temps, la contrariété engendrée par la disparition du sac, la longueur de l'étape parcourue et notre mal aux jambes, un souper, par ailleurs délicieux, mais qui s'éternise au-delà du raisonnable à cause d'un problème d'intendance, une qualité dans le service qui laisse à désirer. Tout semble se liguer contre nous et transforme une lassitude habituelle en un profond épuisement. Ce soir, tout nous incite à aller nous coucher plutôt que de partir visiter Florac. Nous ne sommes pas coutumiers de ce désir de répit, et en général, la curiosité l'emporte sur la fatigue. Ce soir, nous n'avons pas cette volonté quasi rituelle. Pourtant selon le " groupe des profs ", qui eux sont sortis, la cité de Florac by Night, animée, étincelante et colorée, méritait, parait-il, cet effort supplémentaire.

Qui sait, peut-être reviendrons-nous !

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Les deux menhirs du Col du Sapet situés sur le GR.70 (*)

(Montage d'après des photos trouvées sur le Net)

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En cliquant sur la carte, vous passez à l'étape suivante.

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