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Une "nouvelle" saison à Urbanya.

Publié le par gibirando

Une "nouvelle" saison à Urbanya.

Ma petite maison d'Urbanya, achetée en 2010 et longuement restaurée avec sueur et passion.

Toutes les photos de cet article peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois pour un plein écran. 


 

En juillet 2020, j’avais déjà écrit à propos d’Urbanya et j’avais intitulé cette petite nouvelle « Par une belle aube d’été ». Il y était question d’oiseaux, d'un chevreuil et du chant d’un ruisseau. En un mot, il y était question d’une Nature avec un grand « N ». Que s’est-il passé depuis ? Je ne sais pas ! J’ai beau chercher, je ne trouve pas de véritables explications aux constats que je dresse ci-dessous. Sans doute les réponses sont-elles trop nombreuses pour les résumer en une seule conclusion ? 

Une "nouvelle" saison à Urbanya. 

Un Torcol fourmilier, un habitué d'Urbanya mais qui n'est pas revenu en 2023

 

Quand le 2 juin 2023 nous sommes arrivés à Urbanya, la première chose qui m’a étonné, c’est de ne plus entendre le chant des oiseaux. Voilà déjà 13 ans que nous avions acheté cette vieille maison de montagne et si je savais évident et même certain le déclin des oiseaux, ce dernier avait été plutôt régulier, uniforme et mesuré. Habitué aux chants des oiseaux, toujours très présents autour de la maison, là, c’était le silence le plus total. Seul dans le lointain, un coucou gris rabâchait sa lancinante complainte. « Coucou ! »,  « coucou ! » , « coucou ! » répétait-il, changeant souvent de secteur car probablement à la vaine recherche d’un nid à parasiter. Autour de la maison, disparues les mélopées des pinsons et des merles, les chansons saccadées des rougequeues noirs, des sitelles-torchepot et des moineaux et les cris rauques des geais et des pies. Finis les passages migratoires des linottes, des tariers, des fauvettes, des chardonnerets, des serins, des traquets, des pies-grièches, des bouvreuils, des pipits et autres bruants. Oui, même ces espèces-là pourtant toujours si présentes et coutumières autour de la maison ou dans la proche forêt étaient désormais totalement absentes. Certes bien d’ autres espèces s’étaient raréfiées depuis quelques années,  certaines avaient disparu mais là ça dépassait l’entendement. « Que se passait-il ? » Quand j’apercevais un oiseau, je me mettais à courir me précipitant sur mon appareil-photo pour tenter de le figer tant en voir un autour de la maison était rarissime. Dans les 5 ou 6 nichoirs que j’avais depuis longtemps installés, un seul semblait occupé par un joli mais étrange couple de mésanges charbonnières. Etrange car ils n’avaient pas cette fréquence habituelle dans leurs va-et-vient. Construisaient-ils seulement le nid ? En tous cas, trop espacées, ça ne pouvait pas être des becquées à des oisillons ! Notre arrivée les a-t-elle perturbé ? Malgré la hauteur inaccessible du nichoir, la présence de nos trois chats les a-t-elle inquiété ? Toujours est-il qu’on ne les vit que quelques jours puis ils disparurent eux aussi ?  (*)  

Une "nouvelle" saison à Urbanya.

Une mésange charbonnière devant un nid que j'ai fabriqué.

 

Le lendemain matin et les surlendemains, seuls les puissants crachotements très désagréables car trop récurrents de deux ou trois débroussailleuses ou autres tronçonneuses nous réveillèrent bien trop tôt. Mais nous étions en juin, il avait pas mal plu et ces débroussaillages s'expliquaient. Côté oiseaux, c’était toujours ce silence si anormal et d’autant plus anormal que c’était la saison des cerises. Oui, en ce printemps, tout paraissait anormal car le grand cerisier de notre gentille voisine Alix était totalement dépourvu de jolis fruits. En y regardant de plus près, je ne vis que des noyaux entourés d’une fine peau complétement desséchée. Les fruits étaient ratatinés et donc immangeables et sans doute même pour les rares oiseaux qui ne venaient plus sur cet arbre.  Enfin, rien de bien appétissant, ni pour nous habitués à confectionner des clafoutis et des confitures, ni pour les quantités d’espèces de passereaux que nous avions pris pour habitude de voir dans ce bel arbre à cette époque de l’année. Dieu sait pourtant si nous avions pris du plaisir à regarder ce cerisier lors de toutes les années précédentes. Un vrai spectacle ! Un spectacle que j’avais souvent pris soin de photographier. Des photos d’oiseaux ou d’écureuils becquetant ou croquant des écarlates cerises, j’en détenais des dizaines et des dizaines ! « Oui, que se passait-il cette année ? » pensais-je une fois encore. « Qu’avait-elle de si particulier pour que se produisent de tels changements ? » Je ne trouvais pas de réponse et ce d’autant que le soir venu, quelques orages apportaient un peu d’eau et de fraîcheur. L’après-midi du premier jour, lors d’une courte promenade à la lisière de la forêt, un chevreuil se laissa complaisamment photographier, ce qui sur l’instant me mit du baume au cœur. « La Nature n’a pas totalement disparu » me dis-je.  Ce constat se vérifiât dans les semaines suivantes.  En effet, le jardin potager que je venais de parfaire après des jours et des jours de durs labeurs ; car il avait fallu refaire un mur en pierres sèches, désherber, biner, ameublir et aérer la terre ; et où j’avais pris soin de planter pommes de terre, salades, courgettes et haricots fut visiter dans la nuit par une harde de sangliers. Si grâce à un filet, les haricots et les courgettes échappèrent à leur fringale, les semences de pommes de terre et les petits plants de salades furent grandement dévorés et de ce fait, complétement anéantis. Malgré une sourde contrariété, je me suis dit « la Nature est toujours là ! ». Effectivement, la Nature était bien là car dans les jours suivants les pousses des haricots qui commençaient à germer étaient systématiquement croqués eux aussi. Par qui ? Par quoi ? Si je notais la présence incroyable et inhabituelle du nombre de sauterelles ; ce qui était nouveau ; en tous cas dans mon potager ; il y avait aussi de minuscules coléoptères dorés dont je n’avais jamais noté la présence. Peu ou pas d’oiseaux ? Des insectes comme jamais ! Bien qu’assez inhabituelle, cette logique-là semblait respectée. Avec patience, j’ai replanté plusieurs fois des haricots et j’ai fini par avoir gain de cause même si les récoltes n’ont jamais été aussi conséquentes que les années précédentes. A l’orée de la forêt, où les oiseaux étaient également bien absents, les sauterelles semblaient avoir pris possession des lieux. Dans les hautes ou basses graminées, dans les genêts, les ronciers et les buissons de la garrigue, il y en avait de partout et de toutes les tailles.

Une "nouvelle" saison à Urbanya.

De rares oiseaux en 2023 mais des sauterelles et criquets en très grand nombre.

Ça s’était nouveau ! En tous cas, cette quantité-là était très nouvelle ? Si nouvelle qu’en l’absence totale d’oiseaux, je me mis à faire des « macros » des divers orthoptères que je voyais. Pas facile ! J’y passais un temps infini mais cette Nature-là m’occupait à ma passion pour la photo naturaliste. « Faute de grives…et de merles…je « croquais » en photo des sauterelles ! » Quelques semaines plus tard, les criquets et les libellules vinrent s’ajouter aux sauteurs en tous genres. Les papillons et les diptères toujours très nombreux à Urbanya n’étaient pas en reste. Les mouches, les tiques, les aoûtats, les punaises, les taons, les perce-oreilles, les araignées, les moustiques, les guêpes et autres bestioles désagréables ou carrément piquantes se succédaient sur nos épidermes et s’en donner à cœur joie, la plupart lors de randonnées, mais ça nous étions habitués et le plus souvent nous étions prévoyants.  Quand la situation devenait intenable, les tapettes, sprays insecticides et autres tue-mouches ne semblaient jamais diminuer leur nombre. Jamais je n’avais vu autant de toutes ces espèces d’insectes-là à Urbanya. Ceux qui piquaient semblaient se passer le mot pour jouer les acupuncteurs à toutes heures du jour et de la nuit. En remontant la rivière d’Urbanya, les calopteryx, qu’on appelle communément « demoiselles », n’avaient jamais été si présents. Il est vrai que là aussi, je pouvais constater avec consternation que les bergeronnettes et autres cincles plongeurs étaient eux aussi totalement absents du ruisseau. Les lézards et autres tarentes étaient rares et les serpents restaient invisibles. Oui, en l'absence d'oreilles, les insectes pouvaient dormir sur leurs deux tympans !

 

 

Une "nouvelle" saison à Urbanya.

Lors de leur passage migratoire, des Hirondelles des rochers viennent se poser sur mes fenêtres.

Les jours passèrent. Les orages nocturnes de juin étaient désormais lointains. Juillet passa sans qu’un changement notable ne soit perceptible au niveau de la faune. Beaucoup moins de mouches mais encore beaucoup d’insectes et des passereaux toujours aussi absents. Parmi les insectes, un paradoxe me laissait néanmoins perplexe : l’absence totale des cigales qui pourtant n’avaient jamais été si nombreuses l’été précédent. Là encore, ce paradoxe était surprenant, et ce d’autant que ce dernier se vérifiait également à une altitude beaucoup plus basse, à Ria par exemple. Août arriva. Les fourmis criaient famine mais leurs voisines cigales semblaient parties sous d’autre cieux. Toujours les mêmes constats.

Une "nouvelle" saison à Urbanya. 

En 2023, mon petit pommier avait produit beaucoup de fruits. Malheureusement la longue période de sécheresse est venu tout anéantir.

Pas une goutte de pluie depuis 2 mois. La végétation se desséchait. Les arbres prenaient leurs couleurs d’automne bien avant l’heure et nombreux étaient ceux dont la seule défense était de laisser tomber leurs feuilles. Mon petit pommier dont les jolies fleurs printanières avaient donné une grande quantité de pommes s’orientait vers une phase dont je crains encore qu’elle ne soit à jamais terminale. Presque plus de feuilles depuis longtemps, les survivantes raccornies car desséchées et seulement des pommes rachitiques et ratatinées qui n’avaient jamais plus grossies depuis le mois de juin. Lors de mes différentes balades, si la rivière d’Urbanya coulait encore un peu, c’était la toute première fois que je constatais que tous les ruisseaux secondaires étaient complétés asséchés.  

Une "nouvelle" saison à Urbanya.

 Les Rhinolophes avaient pour habitude de venir se reproduire dans certains orris d'Urbanya. Il y en a eu très peu en 2023.

La Nature que j’avais cru très présente avec les sangliers dans mon potager et en apercevant le chevreuil le premier jour fut une totale méprise. Je m’étais fourvoyé car or mis 2 biches dont une qui détala lors d’une randonnée vers Nohèdes, il n’y eut pas d’autres mammifères. Pas d’écureuils, pas d’autres rongeurs, pas d’autres cervidés, peu de rhinolophes comme j’en avais toujours vu dans certains orris et à la nuit tombante autour de la maison. Un seul renard dans les derniers jours de notre séjour, sans doute très affamé car cherchant pitance sur la terrasse d’un voisin. Pas de rapaces dans le ciel alors que les bondrées, buses, aigles bottés et autres vautours fauves avaient toujours été visibles. Parfois, on avait même eu droit à la visite d’un aigle royal ou d’un gypaète venant sans doute du Massif du Coronat tout proche. Cette année, rien de tout ça. Pas de pies bavardes. Peu de pigeons ramiers. Un seul couple de corbeaux. Des passereaux toujours quasiment invisibles et dans le ciel des hirondelles au nombre variable et si changeant.

Une "nouvelle" saison à Urbanya.

Une "nouvelle" saison à Urbanya.

La forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya a été amplement coupée en 2023 avec probablement de graves conséquences sur la faune des bois.

Cette randonnée vers Nohèdes qui aurait dû être totalement agréable fut en partie gâchée quand j’ai constaté que la magnifique forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya était grandement saccagée. Par l’ONF, propriétaire des lieux, ai-je appris un peu plus tard. A la vue de ce que je considérais comme un saccage, je fus si perturbé que dès le lendemain, je partis marcher dans toute la forêt de la Mata qui se trouve au-dessus de ma maison. C’est de ce côté-là que depuis plusieurs semaines nous entendions le bruit sourd mais fracassant d’une machine broyant des arbres.  La forêt si belle et si sombre car si épaisse et si verdoyante était quasiment dévastée un peu partout. Il y avait des coupes sous forme de layons plus ou moins larges dans tout le secteur. J’avais l’impression de nombreuses coupes sans réelles logiques et parfois même en dépit d’un bon sens.  Les amoncellements de grumes plus ou moins imposants étaient très nombreux eux aussi, avec bizarrement des troncs de tous les diamètres, du très petit jusqu’aux plus imposants. Un vrai désastre écologique selon moi, même si je dois avouer que je n’y entends rien en exploitation forestière. Quoi qu’il en soit, je me disais que ces coupes si sévères devaient inévitablement avoir des conséquences dramatiques sur les oiseaux des bois, les passereaux mais aussi les oiseaux nocturnes et probablement un tas de rongeurs forestiers.

Une "nouvelle" saison à Urbanya.

Le lendemain de ce constat alarmant, j’ai pensé utile d’envoyer un message à la Ligue de Protection des Oiseaux (L.P.O) des P.O pour leur faire part de mon désarroi quant à cette absence quasi-totale de volatiles à Urbanya et dans tous les alentours. Je me demandais si ce constat se vérifiait dans tout le département. Voici la réponse que j’ai reçue :

« Bonjour Gilbert,

Le constat est alarmant sur l'ensemble du département et ça vaut pour beaucoup d'espèces.

Les causes sont nombreuses : sécheresse, incendies, destruction des habitats par l'artificialisation des sols (extension urbaine, routes, débroussaillage en période de nidification...) ...

Merci pour votre témoignage.

Rejoignez-nous, nous avons besoin de soutien.

Cordialement.

Rossano ».

 

Cette réponse m’incita à dresser un inventaire statistique (**) des oiseaux que j’avais vus ou photographiés à Urbanya et dans les proches alentours depuis que j’avais acheté ma maison en 2010 (ci-dessous à la fin de cet article).

 

Le mois de septembre arriva mais rien ne changeait. Toujours peu de pluies. Oui, une autre chose ne changeait pas aussi : les chasseurs étaient de retour, pour la plupart pour passer leur week-end, jours de chasse. « Une grande partie de la Nature était en train de disparaître pour de multiples raisons mais les bonnes vieilles « traditions » ne changeaient pas » me suis-je dit. O.N.F ou chasseurs, j'avoue ne pas toujours comprendre ces personnes qui se prétendent "gestionnaires de la Nature" ! De notre côté, la date du retour vers notre domicile était déjà fixée. Ce serait le 18, mais nous prévoyions déjà de remonter régulièrement jusqu’à la fin des beaux jours.

 

Oui, à Urbanya, cette saison-là avait été très « nouvelle » mais si j’en crois la L.P.O, ce n’était pas qu’à Urbanya et ce n’est pas tout le monde qui s’en alarmait. La Nature semblait avoir totalement perdu la boussole suivant ainsi l’humanité qui n’a jamais cessé de la perdre à un rythme de plus en plus effréné. Il y a quelques jours, je lisais un article où une météorologue disait : que « Les trois mois (été 2023) que nous venons de vivre sont les plus chauds depuis environ 120 000 ans, c'est-à-dire depuis le début de l'histoire de l'humanité. » Voir le lien ci-dessous. 

 

https://www.laselectiondujour.com/ete-2023-sera-chaud-histoire-humanite-n1984?fbclid=IwAR0lV1pIIsCicf0Zme6h9FxHJahNPfNNQ7TKmGJASxI2msldaQNpzkH9F1M

 

(*) En fin de saison quand j’ai ouvert le nichoir, si j’ai effectivement constaté que les mésanges charbonnières avaient commencé à construire un nid, des guêpes avaient également construit le leur, ce qui explique sans doute cette fréquence singulière et l’abandon définitif avant même la ponte.

Une "nouvelle" saison à Urbanya.

 Avec les moineaux, le Rougequeue noir était au cours d'une année l'oiseau le plus longtemps visible sur la commune d'Urbanya. Gros déclin en 2023. Que s'est-il passé ?

(**) La liste ci-après recense les oiseaux diurnes vus au moins une fois sur le territoire d’Urbanya (commune, vallée et montagnes alentours) ou mieux photographiés lors des 13 années où j’ai passé quelques mois là-bas. Parfois 6 mois, parfois 5 ou 4 au minimum. Ce recensement est totalement personnel et n’est fait que pour donner une idée de l’avifaune aperçue au fil des années (2010-2023) et de son déclin évident.

Accenteur mouchet : Bien qu’assez rare, ce passereau était visible à Urbanya il y a une dizaine d’années. Plus vu depuis longtemps.

Aigle botté : était parfois visible dans le ciel d’Urbanya. Plus vu depuis au moins 5 à 6 ans.

Aigle royal : de passage seulement dans le ciel d’Urbanya car venant probablement du Mont Coronat. Pas vu depuis quelques années.

Alouette des champs : était bien visible sur les crêtes dominant Urbanya (pic de la Serra, Lloset, Moscatosa). Plus vu depuis de longues années.

Alouette lulu : était bien présente dans les ronciers situés derrière ma maison il y a une dizaine d’années. Plus vu depuis.

Bec croisé des sapins : parfois visible sur les hauteurs où poussent les pins à crochets. Plus vu depuis 2020.

Bergeronnette des ruisseaux : était très présente depuis toujours dans la rivière d’Urbanya. En net déclin surtout en 2023. 3 ou 4 spécimens vus seulement.

Bergeronnette printanière : de passage mais assez visible pendant de longues années. Plus vu depuis au moins 3 à 4 ans.

Bergeronnette grise : même commentaire que pour la Bergeronnette des ruisseaux. 2 spécimens vus seulement.

Bondrée apivore : a été très visible les 5 dernières années. 1 seul spécimen en 2023.

Bouvreuil pivoine : des couples étaient très régulièrement de passages à Urbanya. En net déclin depuis plusieurs années. Pas vu du tout en 2023.

Bruant fou : était très présent il y a quelques années. Moins visible depuis quelques années. 1 seul spécimen en 2023.

Bruant proyer : idem au Bruant fou. Était très présent dans les genêts situés derrière ma maison.  Plus vu du tout depuis 4 à 5 ans.

Bruant zizi : Etaient bien visibles car nombreux lors de leur passage. Seulement 3 spécimens épars aperçu en cette année 2023.

Buse variable : de nombreuses buses ont toujours été visibles dans le ciel d’Urbanya. Elles ont peu à peu disparu. 1 seul oiseau vu cette année.

Cincle plongeur : avait toujours été visible dans la rivière d’Urbanya. Pas vu en 2023.

Chardonneret élégant : très présents lors des passages migratoires. Pas vu en 2023.

Circaète Jean Leblanc : un seul spécimen photographié en 13 ans de présence à Urbanya.

Corneille noire : était visible à Urbanya dans les années 2010 à 2015. Plus vue depuis.

Coucou gris : c’est un oiseau habitué de la commune. On le reconnaît aisément grâce à son chant. Toutefois, il semble que ces périodes de présence soient désormais plus réduites.

Crave à bec rouge : Cet oiseau était visible en petits rassemblements dans les premières années où j’ai acheté la maison à Urbanya, c’est-à-dire 2010/2012. Il n’a plus réapparu.

Fauvette à tête noire : C’était de très loin la fauvette la plus visible à Urbanya. A fortement déclinée ces dernières années. 2 spécimens seulement vus en 2023. Je me demande si le débroussaillage plus récurrent que dans le passé n’est pas la cause de sa disparition ?

Fauvette des jardins : Etaient bien présentes dans les buissons à l’orée de la forêt derrière ma maison . En net déclin également. 1 seul spécimen en 2023.

Fauvette grisette : idem à la fauvette des jardins car habitat sensiblement identique. Pas vu en 2023.

Fauvette mélanocéphale : était excessivement présentes dans les ronciers situés derrière ma maison. Plus vu depuis plusieurs années.

Fauvette pitchou : bien que plus rare car moins citadine que la mélanocéphale, la fauvette pitchou était souvent visible dans les collines entourant Urbanya. Plus vu depuis 5 à 6 ans.

Geai des chênes : Tout comme le Merle noir, le Geai des chênes était un oiseau emblématique car en grand nombre tout autour d’Urbanya. En très net déclin surtout en 2023.

Grimpereau des bois ou des jardins : Les 2 espèces étant difficiles à discerner, je mets le même commentaire. Régulièrement visible dans la forêt de l’ubac et dans celles proches ou autour de Cobazet, l’année 2023 a été une année « blanche » pour les grimpereaux. Je n’en ai vu aucun !

Gobemouche gris : cet oiseau a toujours été très visible dans les maisons situées à proximité de l’église d’Urbanya. En net déclin depuis de longues années. 2 spécimens aperçus en 2023.

Gobemouche nain : bien que plus rare que le Gobemouche gris, le « nain » était visible dans les feuillus à proximité du village. A quasiment disparu depuis plusieurs années.

Gobemouche noir : Bien que plus forestier, on  pourrait presque dire la même chose que pour le « nain ». Le Gobemouche noir a lui aussi disparu des radars. Plus aperçu depuis plusieurs années.

Grand corbeau : Pendant longtemps, il y a eu deux couples et puis un seul depuis les années 2020 à 2023.

Grive musicienne et autres grives : Il n’était pas rare de voir des grives tout autour d’Urbanya. Des musiciennes dans différents biotopes et les autres plus en montant en altitude. Toutes restent invisibles depuis plusieurs années.

Gros becs casse-noyaux : 1 seul spécimen aperçu en 13 années de présence.

Gypaète barbu : bien que rarement visible dans le ciel d’Urbanya, il m’est arrivé d’en voir il y a quelques années. Plus depuis 5 ou 6 ans.

Hirondelle rustique : Toujours présente dans le préau de la mairie et certaines maisons du village. Semble assez constante dans leur nombre.

Hirondelle des fenêtres : Très visible dans le ciel d’Urbanya lors des passages migratoires. Pas vue en cette année 2023.

Hirondelle des rochers : essentiellement lors de passages migratoires mais ces derniers sont plutôt réguliers dans le village d’Urbanya. Presque chaque année, quelques spécimens viennent se reposer sur mes fenêtres.

Hypolaïs ictérine et polyglotte : assez rarement visible car seulement de passage. Vu la dernière fois en 2022.

Linotte mélodieuse : passe en de petits rassemblements réguliers sur la commune mais en 2023 un net déclin semble s’être produit. 3 spécimens vus seulement.

Loriot d’Europe : 2 spécimens vus en 13 années de présence. Plus vus depuis longtemps.

Martinet à ventre blanc : rarement  présent sur la commune mais bien visibles dans le ciel des collines et notamment côté adret. Pas vu en 2023.

Merle noir : tout comme le Geai des chênes, le Merle noir faisait partie des oiseaux les plus présents autour et dans la commune. De ce fait, en 2023, le déclin paraît encore plus important.

Mésange bleue : tout comme les  mésanges charbonnières et nonnettes, mais en nombre plus réduits, la mésange bleue a toujours été une habituée des mangeoires. En net déclin en 2023.

Mésange charbonnière : la mésange la plus familière car venant nicher dans les nichoirs et manger dans les mangeoires. Nombre en très nette régression en 2023.

Mésange huppée : bien que plus rares dans la commune  car vivant dans les conifères, il n’était pas rare de les voir venir manger les noix dont elles arrivaient à percer les coquilles. Pas vu en 2023.

Mésange noire : Très présentes dans la forêt derrière ma maison, l’année 2023 semble les avoir vues fortement décliner. 2 spécimens vus seulement.

Mésange nonnette : cette mésange était de très loin, la plus nombreuse à venir déguster les graines des mangeoires et notamment celles du tournesol dont elles sont très gourmandes. Cette année, elles sont arrivées plus tardivement, en nombre plus restreint. Un déclin certes mais plus modéré que certaines autres espèces.

Mésange ou Orite à longue queue : ont  toujours été visibles dans les arbres autour de la maison et à la lisière de la forêt mais 2023 semble avoir donné un coup de frein. 2 spécimens vus seulement.

Milans : rarement aperçus sur la commune car 2 ou 3 fois seulement. Jamais photographié autant que je me souvienne.

Moineaux : les moineaux surtout les domestiques ont toujours été très présents à Urbanya. Cette année 2023 a vu se produire un incroyable déclin.

Panure à moustaches : très rare, 1 seul oiseau photographié en 13 années de présence.

Perdrix grise ou rouge : Couples et rejetons étaient souvent visibles lors de mes nombreuses randonnées. Rien vu en 2023.

Pic épeiche : A un degré moindre que le Merle et le Geai, le Pic épeiche faisait partie des oiseaux bien visibles dans le village et notamment tout autour de la maison, ne craignant pas de venir dans les mangeoires. C’est dramatique car aucun spécimen vu en cette année 2023.

Pic noir : Bien qu’essentiellement locataire de la forêt, il n’était pas rare d’apercevoir des pics noirs sur le versant ubac de la vallée. A peu à peu diminué en nombre jusqu’à devenir invisible en 2023.

Pic vert : même constat que pour le pic noir. Le dernier spécimen aperçu, je l’ai trouvé mort il y a 3 ans dans la forêt derrière ma maison. A carrément disparu depuis.

Pie grièche à tête rousse : Au même titre que sa collègue « écorcheur », au printemps, des couples étaient habitués à occuper un énorme roncier situé derrière ma maison. Mais c’était il y a 7 à 8 ans et depuis elle s’est faite rarissime. 1 dernier spécimen  vu en 2022 et rien 2023 !

Pie grièche écorcheur : le même commentaire que pour la Pie grièche à tête rousse mais avec une énorme différence car plus vue depuis 5 à 6 ans au moins autour de la maison. Rares spécimens dans les collines.

Pie bavarde : n’a pas été présente pendant de longues années puis est apparue en 2022 avec 2 couples mais qui ne sont pas revenus en 2023.

Pigeon biset : très rare sur la commune mais parfois de passage. 3 ou 4 spécimens photographiés en 13 années de présence.

Pigeon ramier : 3 ou 4 couples ont toujours été  présents à l’orée de la commune. 2 couples seulement en 2023.

Pinson des arbres : J’étais habitué à le voir et à l’entendre chanter presque en toutes saisons  mais cette année 2023 semble avoir marqué un immense déclin. 5 ou 6 spécimens aperçus ce qui est infime pour cet oiseau-là !

Pinson du nord : vus 2 à 3 fois en 13 années de présence car de passages seulement et encore faut-il se trouver en altitude au-dessus d’Urbanya.

Pipit des arbres : Il y a une dizaine d’années, il n’était pas rare de voir cet oiseau-là dans la forêt de feuillus situées derrière ma maison. A disparu depuis.

Pouillot véloce et autres : Les pouillots étaient à la fois citadins et forestiers et il n’était donc pas rares d’en voir quelques spécimens sur le territoire de la commune. Aucun en 2023.

Roitelets : Il y a une dizaine d’années, c’était un oiseau que je voyais régulièrement lors de mes randonnées tout autour de la commune. Plus vu depuis de très longues années !

Rossignol philomèle : C’est un oiseau que j’arrivais à remarquer grâce à son chant mais comme bon nombre d’autres oiseaux son déclin a été régulier mais certain. Plus entendu ni vu depuis longtemps.

Rouge-gorge familier : C’est un oiseau dont le nombre est assez difficile à situer car surtout bien visible en fin d’été, en automne et en hiver. Était bien présent jusqu’à présent. 3 spécimens vus en quelques jours de septembre.

Rougequeue noir : avec les moineaux, les mésanges charbonnières et les merles, les rougequeues noirs étaient les « voisins » les plus nombreux de la maison. Bien que ne mangeant pas dans les mangeoires, ils n’étaient pas rares de les voir occuper un nichoir de ma composition ou le plus souvent encore le trou d’une des nombreuses ruines adjacentes. 2023 s’est avérée une année dramatique tant leur nombre a diminué.

Serin cini : Bien que seulement de passage, mais souvent en grand nombre,  le Serin cini a toujours été un volatile très visible à Urbanya.  Aussi cette année 2023 semble-t-elle avoir été catastrophique pour ce bel oiseau jaune.  

Sittelle torchepot : gourmandes elles aussi des graines de tournesol de mes mangeoires, plusieurs couples nichaient au sommet de poteaux électriques qu’elles avaient copieusement creusé. Ne plus les voir en si grand nombre en 2023 grimper aux poteaux a été vraiment triste. Un net déclin pour elles aussi !

Tarier pâtre : Comme pour les pies grièches, plusieurs couples venaient nicher dans les ronciers situés derrière ma maison mais je ne les ai plus vus depuis très longtemps. Pourtant quelques spécimens restaient visibles et même photographiables sur le territoire de la commune. Ne pas en voir en 2023 semblait impossible tant leur nombre paraissait  « généreux »,  et pourtant ? Ce fut le cas !

Tarin des aulnes : Je les voyais régulièrement et en petites bandes au bord de la rivière Urbanya où poussaient deux ou trois aulnes. Ils venaient y manger les graines à la bonne époque. Mais ces arbres, comme tant d’autres, ont été coupés et les Tarins ont disparu de la commune. Plus vus depuis longtemps. Aucun en 2023 !

Torcol fourmilier : Depuis 2020, j’étais habitué à voir un couple autour de ma maison et à la lisière de la forêt, toujours en quête d’un petit insecte à se mettre sous le bec mais ils ne sont pas revenus en 2023, année pourtant très riche en insectes petits et grands !

Traquet motteux : Au même titre que quelques autres oiseaux, le Traquet motteux était bien visible à certaines périodes de l’année. Il a petit à petit disparu même si quelques spécimens isolés restent visibles de temps à autre. 1 seul en 2023.

Troglodyte mignon : Plusieurs couples venaient nicher à la lisière de la forêt située derrière ma maison. De ce fait, attirés par le chant d'autres oiseaux, il n’était pas rare de les voir venir à la mangeoire mais sans doute plus par curiosité car insectivores seulement. Pas vu en 2023.

Vautour fauve : Pendant très longtemps, les Vautours fauves aperçus à Urbanya n’étaient que de passage. Ils venaient sans doute attirés par un animal venant de mourir puis repartaient sous d’autres cieux.  Puis les chasseurs du village ont décidé de créer un charnier avec les restes des venaisons. De ce fait, les vautours ont trouvé un restaurant à ciel ouvert et sont venus plus nombreux. Pas vu en 2023 mais il est vrai que la chasse n’a été ouverte qu’en septembre.

Venturon montagnard : rarement vus sur la commune car 2 ou 3 fois seulement. Photographié une seule fois en 13 années.

Verdier d’Europe : Bien que passant en nombre plus réduit que le Serin, le commentaire est quasiment le même. Derniers spécimens aperçus en 2022 et aucun en 2023.

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Le Sentier Botanique du lac du Rioutard depuis Bagnols-en-Forêt (Var)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques interprétées par le duo Tino Michael (harmonica) et Sergej Graf (guitare) qui ont pour titre "Lullaby Of Birdland" (George Shearing)"Moon River" (Henry Mancini) et "Corcovado" (Antônio Carlos Jobim) en version partielle.

Le Sentier Botanique du lac du Rioutard depuis Bagnols-en-Forêt (Var)

Le Sentier Botanique du lac du Rioutard depuis Bagnols-en-Forêt (Var)

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Après le Chemin des Douaniers de Saint-Aygulf le 29 septembre puis dès le lendemain le Sémaphore du Cap Dramont, en ce 1er octobre 2022, nous voilà partis pour une nouvelle vadrouille varoise, mais cette fois-ci en famille.  L’objectif ? Le Sentier botanique du Lac du Rioutard au départ de Bagnols-en-Forêt. Botanique, lac, forêt, autant vous dire que je ne me vois pas refuser cette balade dont les attraits paraissent d’emblée tournés vers la Nature avec un grand « N ». Il est 14h45 quand nous rangeons nos voitures au début du chemin de Maupas, direction celui de La Rouquaire, routes bitumées situées à la périphérie de Bagnols-en-Forêt. Le sentier à emprunter est là, sur la droite, non loin de l’intersection de ces 2 chemins.  Il descend dans la forêt. La forêt parlons-en un peu ! Dès le départ, elle est omniprésente. Pour avoir jeté un coup d’œil à la carte IGN et pris pas mal d’infos, comment pourrait-il en être autrement alors que les 2 communes qui entourent notre objectif le Lac du Rioutard ont dans leur nom le mot « forêt » ? Saint-Paul-en-Forêt au nord et Bagnols-en-Forêt au sud.  Ancienne forêt royale, il fut un temps, sous le Roi Soleil, où les immenses résineux étaient prélevés pour en faire des mâts pour la marine royale. D’où son nom. Si au départ, le sentier descend au sein de nombreux pins, les feuillus se mêlent rapidement à la lutte pour l’espace et gagnent peu à peu en hégémonie. Si les arbres ne me laissent pas indifférent, depuis le départ je suis plutôt en quête de fleurs et d’une faune visible qui pourraient être immortalisées dans mon appareil-photo.  Autant le reconnaître, je m’attendais à beaucoup mieux. Les fleurs sont en nombre limité quant à la faune, elle paraît se cantonner à quelques oiseaux que l’on entend chanter mais ce n’est ni une symphonie et encore moins un concert assourdissant. Juste quelques chants. Il faudra que j’attende le lac pour enfin en surprendre . Quand le lac arrive, deuxième déception car je ne vois aucun volatile sur l’eau. Certes, les quelquefois où mes balades ont consisté à faire le tour de certains lacs (Génos, Puyvalador, Villeneuve-de-la-Raho), j’ai la plupart du temps était gâté par la Nature mais là c’est le vide le plus complet. Rien ! Enfin quand je dis rien, je ne vois sur le miroir bleuté qu’un pêcheur dans son bateau de pêche. Enfin, bateau est un bien grand mot car c’est plutôt une bouée ! En anglais, que je déteste pratiquer ici, on appelle ça un « float tube », en français « un tube flottant » ou « flotteur ». Alors bien sûr, il y a bien le Sentier botanique avec de très nombreux pupitres donnant des informations détaillées sur des arbres, des arbustes et des plantes presque essentiellement méditerranéennes ou méridionales en tous cas, mais encore faudrait-il avoir le temps de les lire. Or, mon fils Jérôme, seul à connaître l’itinéraire, mène la danse et par la force des choses nous tentons de le suivre sans trop nous laisser distancer. De ce fait ; et même si le sentier est parfaitement balisé ; on survole les informations, lisant le plus souvent les gros titres seulement.  Certes, ce n’est pas un train très rapide et plutôt un rythme de promenade mais quand on veut être aux aguets pour photographier la Nature ça l’est encore beaucoup trop pour moi. Finalement, je réussis quelques photos  fauniques et floristiques de-ci de-là et j’en suis plutôt satisfait. Après le passage sur le petit barrage , c’est au bord d’ une petite grève que la Nature commence son véritable « show » prenant les traits de quelques petites Grenouilles rieuses  et d’un Martin-pêcheur aux superbes couleurs perché dans les roselières. Si la suite et la fin de cette balade ; et ce jusqu’à retrouver nos voitures ; continue de s’effectuer à la même cadence, la Nature, elle, continue de se dévoiler avec la même parcimonie. Encore quelques fleurs, quelques papillons, un rouge-gorge, une libellule toute rouge et deux criquets viendront s’ajouter au sein de la mémoire de mon appareil-photo. Peut-être faudra-t-il revenir au printemps  ?  Au-delà de cette réflexion purement personnelle, cette balade très facile et charmante mérite d’être faite car un lac reste un lac, un joli miroir bleuté, toujours agréable à arpenter, à regarder, à découvrir car « œil du paysage » disait à juste titre Victor Hugo. Le tracé réalisé a été long de 3,9km. Carte IGN 3543 ET Haute-Siagne Top 25.

(*) Le lac du Rioutard en quelques infos et quelques chiffres : Situé sur la commune de Saint-Paul-en-Forêt et alimenté par plusieurs petits ruisseaux,  le Lac du Rioutard est une retenue collinaire qui a été créée en 1974. Le petit barrage de remblais a été érigé en amont du vallon du Rioutard, affluent de la rivière l’Endre dont il peut être amener à  réduire les crues.  La surface du barrage est de 5,8 ha et à son maximum  la capacité est de 280.000 m3 d'eau. La hauteur du barrage est de 14 m. Le lac constitue un réservoir d’eau pour la lutte contre les incendies mais il permet aussi d’assurer et de promouvoir toutes les actions nécessaires à la conservation quantitative et qualitative à l'amélioration et à la meilleure utilisation du patrimoine hydraulique. Il est désormais un merveilleux biotope faunistique et floristique pour de nombreuses espèces méditerranéennes ou de passage. Les amateurs de pêche peuvent y trouver une très belle variété de poissons et notamment des brochets. Un sentier botanique parfaitement balisé a été créé en 2007 par l’association Respire. Il est jalonné par presque une quarantaine de pupitres explicatifs concernant les espèces végétales (arbres, arbustes, plantes, fleurs)  que l’on peut  découvrir au bord du lac. Ce sentier botanique est accessible à pied soit à partir de Saint-Paul-la-Forêt soit à partir de Bagnols-en-Forêt.

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Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de musiques d'Ernesto Cortázar Jr., extraites de son album  "You Are My Destiny"

avec successivement "Mother", "Heart to Heart", "You Are My Destiny", "Mariana" et "Love Spell".

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier


En pays Fenouillèdes, le « Fajàs d’En Baillette » est un arbre remarquable (*) bien connu des randonneurs roussillonnais.  Jugez plutôt : 500 ans, 30 m de hauteur et 5,75 m de circonférence, voilà ce qu’indique une pancarte se trouvant à son pied et rédigée en 2007 à son propos. En latin, les botanistes lui ont donné le nom de « Fagus Sylvatica », en occitan c’est « Fajàs » et en français, il s’agit d’un Hêtre commun, même si le mot commun n’est pas ici le mieux adapté. Pour le définir et en raisons de ses mensurations exceptionnelles, « hors du commun » est plus approprié. En France, ce n'est pas le seul hêtre remarquable (**) mais il fait partie des tout premiers.  Je suppose ; mais ce n’est qu’une supposition personnelle ; que « d’En Baillette » est le nom du cortal se trouvant juste à côté dont tout le monde ou presque se désintéresse, primo parce qu’il s’agit d’une ruine dont il ne reste que peu de choses, et secundo car l’arbre attire vers lui toutes les attentions. Il y a très longtemps, et pour avoir été dans ce cas de figure, je pense que nombreux sont ceux, qui comme moi, n’ont jamais remarqué qu’il y avait un cortal juste à côté de l’arbre. En général, la dénomination attribuée à une habitation est le nom de famille de celui qui l’habitait ou qui la possédait, et on peut imaginer que c’est le cas ici, sauf que ce nom « Baillette » n’a rien de bien occitan, ni de catalan d’ailleurs et que de ce fait on comprend mal pourquoi un nom aussi francisé aurait été accolé au mot occitan « Fajàs » ? Enfin, c’est ainsi et à la limite pourquoi pas ?  Pourtant, « Baillette » est un nom de famille plutôt présent dans les Pyrénées-Orientales et dans ce secteur en particulier, puisque c’est Sournia qui en détient le plus grand nombre (Sources Filae).  Enfin, et pour en terminer avec cette toponymie, il est fort possible que le nom « Baillette » soit ici un terme plus général définissant une contrée ou un lieu puisqu’on sait que jadis ce mot signifiait soit un acte de donation soit une terre donnée par un seigneur à son serf pour le libérer de son joug. Il existe une dernière possibilité mais qui est peu probable ici, c’est que « baillette » soit un étymon désignant une « petite vallée » (source Robert Aymard). Certes, l’arbre est situé tout près d’une source, ce qui d’ailleurs peut expliquer sa vigueur et sa longévité, mais en aucun cas on ne peut parler de vallée comme définissant ce lieu. A pied, il existe plusieurs façons d’aller le découvrir et cela sera fonction des kilomètres et de la difficulté que l’on sera prêt à lui destiner. Des départs sont possibles de Sournia, de Prats-de-Sournia, de Rabouillet, de Vira et enfin depuis Le Vivier. Tous ces villages sont situés dans un périmètre raisonnable autour de l’arbre, et ce dernier est accessible grâce à des sentiers pédestres et à des pistes forestières.  Ayant déjà vagabondé sur tous ces chemins, en ce 22 avril, j’ai décidé de faire un retour aux sources en démarrant depuis Le Vivier. Retour aux sources car l’arbre est situé dans la forêt communale du Vivier et surtout, c’est ainsi que je l’avais découvert la toute première fois. C’était il y a plus de 20 ans ; 23 ans exactement ; et si je m’en souviens, c’est parce que chose rarissime, ma fille était venue marcher avec nous. Ainsi accompagné de ma femme et ma fille, j’en gardais le souvenir d’une belle promenade en sous-bois, assez facile car sur des chemins plutôt rectilignes et avec un dénivelé modéré. Un rapide examen de la carte I.G.N me confirme ce sentiment et effectivement, aussi bien l’aller par le Ravin du Bois, que le retour par celui de la Couloubrière atteste de cette rectitude observée jadis. Rajoutons que ce circuit est désormais très présent dans les topo-guides et est devenu au fil du temps une randonnée quasi incontournable pour tous les clubs du département. 8h30, me voilà devant la mairie où je viens de garer ma voiture. Météo France m’avait annoncé un grand ciel bleu et un soleil resplendissant mais aujourd’hui, force est de reconnaître qu’ils se sont bien foutus dedans car il n’y a rien de tout cela. J’harnache mon sac à dos et démarre cette balade sous un plafond céleste plus que laiteux. Le ciel est carrément blafard ne laissant rien passer ni transparaître, ni le moindre coin de ciel bleu, ni le moindre rayon de soleil, ni le plus minuscule des nuages. Non, dès que je lève les yeux, il n’y a rien d’autre que du terne ou du lactescent et autant dire que la luminosité étant totalement absente ça ne me réjouis pas pour les photos que j’escompte prendre de ce parcours. Il va en être ainsi toute la journée ou presque. Ressemblant à un château fantôme, la vieille tour des seigneurs du Vivier domine tristement le village, un village complètement désert de surcroît, ce qui ne fait qu’ajouter à cette mélancolie ambiante. Enfin peu importe et il m’en faut plus pour me démoraliser. Je connais bien la ligne de départ pour l’avoir remarquée lors d’une balade que j’avais intitulée « Le Cami d’El Viver ». Elle est située « rue de l’église ». Je m’y dirige en ne m’arrêtant que pour photographier l’église Sainte Eulalie, quelques moineaux et un magnifique cerisier du Japon. Avec sa floraison si dense et ses fleurs roses superbement serrées, l’arbre a des petits airs de barbe à papa. Un panonceau est là et s’il n’indique pas clairement le « Fajàs d’En Baillette », la mention « Coll de Benta Fride - GR.36 – 1h55 » m’assure de la bonne direction à prendre, au moins pour le départ. Voilà un col que je connais par cœur pour y être passé des dizaines de fois et notamment avec mon fils lors d’un mémorable Tour du Fenouillèdes effectué en 2011. Ce col est situé sur une ligne de crêtes séparant les jolies vallées de la Désix et de la Matassa. Amplement occupées par des forêts, qu’elles soient domaniales ou communales, comme celle du Vivier, ces crêtes, on les appelle les « Terres Noires », à cause des strates de schistes noirs qui en composent sa principale minéralogie. Plus loin, dans la continuité, avec ses 1.310m d’altitude, le « Sarrat Naout » dresse son débonnaire et très boisé mamelon. Il constitue le plus haut sommet de la forêt domaniale de Boucheville, forêt dont l’épaisse et très diversifiée couverture végétale recouvre l’ensemble du secteur grâce à sa position géographique où tous les climats ; méditerranéen, montagnard et atlantique ; s’immiscent et y circulent avantageusement.  J’ai toujours adoré ce secteur, d’abord pour les panoramas qu’il peut offrir mais surtout car j’y ai presque toujours découvert une faune assez présente : cervidés, écureuils, renards, oiseaux et papillons. Quand à sa flore, elle est assez exceptionnelle avec de très nombreuses espèces, mais avec notamment des sous-bois truffés de narcisses jaunes et de jacinthes bleues et des prés où fleurissent plusieurs espèces d’orchidées. Pour toutes ces raisons, et outre le « Fajas d’En Baillette » , j’ai décidé que ces crêtes seraient l’autre objectif à cheminer. Ces crêtes doivent me permettre de remplir convenablement ma journée et j’ai bon espoir d’y faire quelques découvertes fauniques et floristiques. Me voilà donc sur le bon chemin mais déjà arrêté à discourir avec un aimable monsieur. Il vient d’ouvrir son garage et sort des pommes et du pain pour les donner à son cheval qui se trouve dans un pré en contrebas. Un cheval avec une belle robe noire, sans doute âgé, mais super câlin de surcroît. Je me laisse amadouer et lui donne une des deux poires que j’ai emportées en guise de dessert. Nous discutons un bon quart d’heures puis l’homme achève la discussion en m’indiquant qu’il y a peu de temps, le col de l’Espinas était encore enneigé. Je lui dis que je n’irais probablement pas jusque là mais le remercie néanmoins de cette information. Je laisse le brave homme, son cheval qui est bien à son image, et poursuis l’itinéraire. J’évite d’emprunter le G.R.36 qui me servira au retour et prend soin de suivre le balisage jaune bien présent en quittant la voie principale au profit d’une autre piste qui file à main gauche. C'est la voie la plus directe pour aller vers l'arbre. Je m’attendais à trouver un étroit sentier mais la piste cendreuse que j’emprunte est large et un peu monotone. Comme souvent, je tente de compenser cette monotonie en observant, selon moi,  tout ce qui mérite de l’être. Paysages alentours et flore printanière sont ainsi photographiés. Malgré ma quête permanente à tenter de les surprendre, les oiseaux nécessitent beaucoup plus de patience et de tentatives pour obtenir quelques bons clichés.  Si les petits passereaux sont de toute évidence les plus nombreux à proximité du village ; les mésanges et les fauvettes notamment ; l’éloignement de ce dernier et le temps passé à faire des photos permet bien d’autres observations. C’est ainsi que les merles noirs puis les geais prennent à tour de rôle le relais, leurs chants bien différents rompent le silence et emplissent la forêt au fur et à mesure que j’avance. Dans cette flânerie volontaire, je progresse bien malgré tout, car entre deux observations, la piste est suffisamment bonne pour que la marche s’effectue d’un pas très alerte. Parmi toutes ces considérations, la vision furtive d’un chevreuil à la lisière d’un bois sera le clou de la journée. Photos uniques au nombre de trois mais ô combien réjouissantes quand on a l’ambition de vouloir faire de la photo animalière en amateur. La piste finit par présenter un virage mais ma connaissance du tracé rectiligne plus un panneau gisant à terre m’incite à faire le choix de poursuivre un sentier qui entre dans l’épaisse forêt. Rien n’est écrit sur le panneau, ou tout du moins l’inscription qu’il y avait a été effacée par le temps. Il reste une balise jaune et cela suffit à me convaincre. De plus, dans cette haute et dense forêt, mon G.P.S ne capte pas les satellites et je ne peux que me fier à ma carte I.G.N et à mon impression. C’est la bonne ! Un chemin rouge, car amplement enseveli sous les feuilles mortes, vient remplacer la piste noirâtre. D’une forêt variée de divers feuillus, je passe très rapidement à une hêtraie ancestrale. Seuls de hauts buis et quelques buissons de fragons semblent être admis par ces hêtres de toutes sortes. Mes lectures m’ont appris qu’il y avait de nombreuses sous-espèces d’hêtres et donc de diverses formes mais toutes ou presque sont un seul et même arbre : le « Fagus sylvatica ».  Il y en a des petits, des gros, des carrément énormes car très vieux, de très droits au tronc unique, des tordus et d’autres carrément tortueux aux ramures sinueuses. Je marche enfin sans m’ennuyer car les chants puissants d’oiseaux se font entendre puis ces derniers se laissent voir et photographier. Il s’agit de pinsons peu craintifs ou alors très affamés. Ils descendent de la canopée renaissante et viennent se poser à même le sol, sans doute à la recherche d’une pitance faite de graines, d’insectes, de chenilles ou de larves que le printemps ressuscite. Quelques rouges-gorges et des troglodytes mignons les accompagnent mais sont plus craintifs et donc plus difficiles à photographier. A force d’être aux aguets, je finis par avoir le sentiment d’être observé moi-même. Mais non, ce n’est qu’une sensation, mais une sensation bien réelle car je m’aperçois que les hêtres ont parfois des yeux, des cils, des sourcils, une bouche, des oreilles ou un nez. Orchestrés par les nœuds et les fissures de l’écorce de certains arbres, je finis par y discerner des faciès, des visages, des regards. Dans certains troncs, sans doute séculaires eux aussi, les premières gravures, elles, sont bien réelles. Les scientifiques leur donnent le nom barbare de "dendroglyphes", du préfixe "dendro" signifiant "bois" et du mot grec "glyphe" signifiant "signe gravé". C’est ainsi que j’y découvre « Delph Arno 1999 » et un joli cœur gravé. Plus loin  « JF 98 » et dessous un hameau magnifique sculpté où l’on aperçoit clairement une petite chapelle. Quel talent !  Je lui décerne le titre de Champion du monde 98 de la gravure sur écorce ! Peu après, c’est un « JP » qui tente de nous faire comprendre qu’il est passé ici le « 15 XI 99 ». Finalement, le « Fajàs d’En Baillette » est là. Majestueux, somptueux, on le voit de loin, trônant un peu à droite de la clairière au sein de laquelle il a réussi à se développer jusqu’à atteindre des mensurations colossales. Quand on l’observe de très près comme j’ai enfin pu le faire et le photographier, on comprend qu’il est vraiment plus qu’un arbre. C’est devenu un ouvrage collectif ! Un manuscrit, un abécédaire, un grimoire, un livre d’amour, une amicale correspondance, un rébus, un répertoire, un agenda, un cryptogramme, un tableau d’algorithmes indéchiffrables, une cacographie, un cahier de dessins, un logogriphe,  une attestation de gravures et d'escalade. Oui cet arbre, c’est tout ça à la fois et bien plus encore !. Amplement gravé par des hommes au fil de son élévation ; on trouve désormais des gravures à plus de 4, 5, 6 mètres de hauteur ; il mérite amplement son épithète et son label de « remarquable ». Avec son système racinaire puissamment ancré au sol, on se sent bien petit à côté de lui. On comprend immédiatement qu’il survivra encore à bien des générations futures si aucun cataclysme ou bouleversement ne vient perturber ou rompre son existence si séculaire. Voilà plusieurs fois que je viens le voir mais c’est la toute première fois que je viens seul et l’envie d’y laisser une petite gravure me démange. Pas facile ? Sur son tronc, il y a de moins en moins de place ! Tout en prenant un en-cas, je m’essaye à y graver de petites initiales avec un minuscule Laguiole. « JG » me semble amplement suffisant et ce d’autant que dès que je gratte son écorce grise et blanche, une sève rougeâtre apparaît me donnant le sentiment d’une blessure. J’arrête là tout en repensant aux autres arbres que j’ai pu graver dans ma vie. Rares, ils sont au nombre de trois, celui-ci inclus. En 1968, quand j’ai connu Dany, nous avions gravé notre amour naissant sur un platane du boulevard Michelet à Marseille. Quelques années plus tard, nous n’avions pas retrouvé notre cœur et les initiales que ce dernier contenait. L’arbre ayant été tronçonné, tout avait disparu, sauf notre amour heureusement, qui lui a perduré. Le 18 août 2009, lors du Tour du Vallespir et au lieu-dit « la Cabane de la Devèse de Vallbonne », j’avais gravé (fort mal) mes initiales et la date, dans un hêtre (déjà !) lors d’une étape entre Batère et Saint-Guillem de Combret. En 2014, j’y suis retourné et la gravure, bien qu’encore parfaitement visible » s’était nettement cicatrisée. J’avais été ravi de ce constat car la blessure avait guérie. Voilà quelles sont mes pensées à l’instant même où il me faut quitter ce monumental « Fajàs d’En Baillette ». Je le quitte non sans un détour par les ruines du vieux cortal. Envahies par les lierres, je n’y décèle rien de bien intéressant sauf deux Tircis, papillons des bois que pour le coup je photographie puis déloge et qui partent se réfugier dans les hauteurs du « fajàs ». Après quelques photos de l’arbre séculaire et une photo souvenir, il est temps d’aller rejoindre la crête. Je fais le choix du petit sentier qui part vers l’est et passe au pied du Roc Courbe. A l’altitude de 916 m, et après le passage d’un portail, je tombe sur le panonceau du « Tour des Cabanes », balade que j’avais réalisée en mars 2013 depuis Prats-de-Sournia. De ce fait, je sais parfaitement où je me trouve, sauf que j’ai bien envie d’improviser en évitant les pistes que je connais trop bien. Le chemin partant à gauche rejoint le GRP Tour du Fenouillèdes et même s’il me remémore de bien agréables souvenirs, j’en connais tous les aspects. A droite, c’est le GR.36 descendant vers Sournia et là aussi, je connais tout ça par cœur. Ici, les deux chemins de grande randonnée sont communs. Un coup d’œil sur ma carte I.G.N et je fais le choix de traverser un pré, direction le Sarrat de la Carrette. Sur sa droite, un peu plus bas, il y a des pistes que je ne connais pas et j’ai bien envie d’aller les découvrir. En parcourant le pré, je ne doute plus avoir fait le bon choix, car outre deux corneilles qui semblent y trouver sinon leur bonheur au moins leur nourriture, ce dernier est jonché de magnifiques orchidées et les quelques arbres sont littéralement envahis par une colonie de Traquets. Traquets motteux ou oreillards ? En les photographiant, il est très difficile de les identifier car les deux espèces ont de nombreuses caractéristiques communes et notamment leurs couleurs où le blanc et le noir prédominent. Le Traquet motteux vit plutôt en montagne alors le Traquet oreillard a un habitat plus près de la mer et a une nette préférence pour le fond des vallées et les plaines. Mais ici à 900 ou 1.000 m d’altitude, suis-je en montagne ou est-ce encore la plaine ? Avec leurs queues assez courtes, j’aurais tendance à dire qu’il s’agit de Traquets motteux. Le pré descend en déroulant son tapis verdoyant vers des panoramas amples et grandioses et habituellement très beaux, sauf qu’aujourd’hui ce ciel si blême écrase tout. Je peste contre Météo France et leurs prévisions si « merdiques » parfois. Vers l’est et en contrebas, j’aperçois néanmoins Prats-de-Sournia mais derrière le village je ne vois qu’une succession de collines arrondies englouties sous une draperie de brume. Vers le sud, la Serre de Sournia est chapeautée par le Massif du Canigou encore très enneigé mais force de reconnaître qu’aujourd’hui, la montagne sacrée des Catalans n’a pas sa fascination habituelle. Je finis par atteindre la piste escomptée que je ne connais pas. Elle m’entraîne dans un bois où feuillus et pins à crochets se partagent l’espace. J’y découvre de bien jolis narcisses jaunes et des tapis de potentilles. Il est midi et je m’installe sur l’herbe pour déjeuner. Tout près de moi, un monceau de bois morts, résultat d’un important élagage, capte quelques oiseaux. Tout en mangeant, je m’essaye à souffler dans mes appeaux et presque aussitôt les sifflements attirent des pinsons et des mésanges. Plus surprenants, et après maintes hésitations en des vols circulaires, quelques becs croisés viennent se poster au faite de sapins. Plus ahurissant encore ; mais je pense que mes appeaux n’y sont pour rien ; un coucou gris vient chanter juste au dessus de ma tête. Je l’entends égosiller son chant lancinant fait de « cucouuuu» répétitifs mais je ne le vois pas. Lui non plus ne me voit pas d’ailleurs, car dès lors que je me déplace et qu’il me voit, il s’envole 50 mètres plus loin. Je plie bagages, adosse mon sac et me lance à sa poursuite. Poursuite essentiellement photographique bien évidemment. Je l’aperçois au sommet d’un grand arbre aux branches dénudées. Je m’approche et il s’envole un peu plus loin, et ainsi de suite sans que je puisse le photographier correctement, car une fois encore l’absence de luminosité est une mauvaise alliée. Par bonheur, son vol suit à peu de chose près le tracé de la piste forestière que j’avais envie de découvrir et quand il se pose, il a toujours une nette préférence pour les arbres effeuillés. Ainsi, aussi loin soit-il, je le vois. Le suivre ainsi devient un jeu, un jeu de piste qui parfois m’éloigne de la crête que j’avais envie de cheminer et qui désormais se trouve au moins 100 à 200 mètres au dessus de moi. Quand je sors de la piste, je me retrouve au milieu d’une végétation pas toujours affable pour ma peau. Hauts genêts, ronciers, cistes à feuilles de lauriers et rosiers sauvages sont des arbustes auxquels il vaut mieux éviter de se frotter. Le coucou s’habitue-t-il à me voir ? Est-ce les hauts genêts dans lesquels j’ai réussi à me planquer pour mieux l’approcher ? Toujours est-il que le voilà désormais à une bonne distance de mon objectif et de son zoom qui me permet de le fixer correctement. Il ne bouge pas et le voilà enfin immortaliser dans mon numérique. Je suis ravi mais je m’aperçois aussi que j’ai pas mal marché et que j’ignore où je me trouve. Au loin, le pic du Canigou donne le sentiment de vouloir disparaître sous un ciel bleu opalin. Un coup d’œil sur mon G.P.S pour connaître mes coordonnées puis sur la carte I.G.N et me voilà fixé sur ma position géographique. Je suis au lieu-dit « La Pépinière », presque en dessous du col de l’Espinas. Je rejoins la crête et trouve la clôture que je réussis à longer tant bien que mal. Elle m’amène à une piste se terminant devant un passage canadien et une barrière métallique. Je connais bien cet endroit et je pourrais même redescendre vers Le Vivier, mais il est tôt et je choisis de prendre le chemin qui file et monte vers le col de Benta Fride. Les chenilles processionnaires, en grand nombre, semblent vouloir m’accompagner. J’ai d’autant plus envie de marcher que les journées s’allongent, qu’il y a de jolies fleurs à photographier, que quelques papillons sont présents, que des mésanges charbonnières jouent dans les pins à crochets, que deux vautours fauves sillonnent le ciel presque à me faire peur. Un petit monde bien vivant pour lequel je suis venu. Le col de Benta Fride est atteint. Ici, à 992 m d’altitude, un panonceau m’annonce le Vivier à 1h50. Me connaissant, rajoutons-y une heure. Je ne crois pas si bien dire. Ici, je n’ai plus guère d’autres choix que de redescendre. Là, je fais le choix de longer la clôture, histoire de profiter encore un peu des derniers panoramas, fussent-ils affligeants aujourd’hui. En tous cas, me voilà sur le chemin du retour. Un peu plus bas, je retrouve la large piste forestière commune au G.R.36 et G.R.P Tour du Fenouillèdes. Agrémenté des fameuses traces blanches et rouges, un panneau de bois  mentionne « Le Vivier ». C’est le bon chemin, sauf qu’ici et d’emblée, de profondes cicatrices ont mutilé la forêt et fait disparaître le G.R.36 sous un fatras de bois et sous de profondes ornières où les marques de gros pneus ne laissent planer aucun doute quand à l’utilisation de puissants bulldozers et débusqueurs. Apparemment, une nouvelle piste est en cours de création sinon pourquoi cet affreux layon défigurant cette si belle forêt ? Cette nouvelle piste épargnera-t-elle les hêtres séculaires ? Je l’espère mais rien n’est moins sûr. Non, sans mal, je finis par retrouver le bon itinéraire dans tout ce désordre forestier. Balisage jaune, blanc et rouge, blanc et bleu, une borne peinte me rassurent très vite quand au bon itinéraire. Les ruines de vieilles cabanes confortent cette idée. Alors que je descends d’un bon pas dans cette forêt qui semble vide de toute vie, mon chemin croise avec surprise celui d’un jeune couple qui le remonte. Surpris je le suis, car si l’homme est à peu près convenablement habillé d’un jeans, d’une chaude chemise canadienne et chaussé plutôt correctement avec des souliers hauts et en cuir, la jeune femme, elle, est plutôt vêtue pour une sortie en boite de nuit que pour une balade en forêt. Un minuscule short moulant et très sexy, un tee-shirt qui ne l’est pas moins sur une poitrine généreuse et agréablement décolletée, des tennis légères et d’un jaune flashy, elle n’a rien de la randonneuse qui part à la découverte du « Fajàs d’En Baillette », car c’est bien là leur objectif. J’ai beau leur dire qu’ils se sont trompés de chemin mais l’homme n’a pas l’air de me croire. Je suis contraint de sortir ma carte I.G.N pour leur montrer où l’on se trouve, mais là encore il semble douter de mes paroles. Au fond de moi, je me dis qu’ils sont mal barrés. Il est déjà 16h et je doute fort qu’ils trouvent l’arbre remarquable et ce d’autant qu’aucun panonceau ne l’indique plus haut dans ce secteur, qu’ils n’ont aucune carte et encore moins de G.P.S. Etant décidés à poursuivre, je tente de les dissuader une dernière fois en leur indiquant qu’ils vont inévitablement tombés sur la large plaie tailladée par les bulldozers. Rien n’y fait. Ils semblent sûrs d’eux et je ne peux m’empêcher d’imaginer la jeune femme avec son short si ajusté entrain d’enjamber les chablis et autres arbres coupés. Je continue. Le silence revient car la forêt continue d’être vide et ce, malgré la présence du ruisseau de la Couloubrière qui commence à creuser son ravin. Or mis quelques violettes des bois, il n’y a rien de concret à mettre dans mon appareil-photo. Aux lieux-dits « Les Moles » et « Palmade », des vestiges en pierres sèches attirent mon regard et l’objectif de mon numérique. Dans ce dernier lieu, près d’un long mur en pierres sèches, des vestiges moins réjouissants car plus modernes sont les preuves évidentes de la sottise humaine. Tables et chaises en plastique renversées, panneaux stratifiés, cagettes, tous ces objets ont été laissés là, à l’abandon, dans ce bois où ils n’ont rien à y faire. C’est assez lamentable. En tous cas, si déjeuner dans les bois il y a eu, l’intelligence des pique-niqueurs, elle, était absente. Un peu plus bas, une affiche clouée à un arbre me rappelle à des souvenirs à la fois bons et mauvais, ceux de la tempête Klaus de 2009, de mon Tour du Vallespir et d’une étape mémorable qui devait m’amener au bien nommé Col du Miracle puis à Prats-de-Mollo. A cause des arbres couchés, cette affiche réclame la prudence et je ne peux m’empêcher de penser au couple que je viens de croiser. Un peu plus bas encore, le chant du ruisseau se fait désormais entendre. Il est parallèle au chemin mais traverse quelques prés où poussent d’énormes merisiers en fleurs. L’eau qui s’écoule, des fleurs dans les prés, quelques papillons voltigeurs et des oiseaux chanteurs semblent vouloir remettre en branle une apparence de vie. Peu après, cette vie se concrétise par la photo d’un magnifique Loriot. Du côté d’Urbanya, j’ai déjà aperçu cet oiseau rare par deux fois mais sans jamais pouvoir le figer. Sous un ciel un peu moins blafard que ce matin, l’approche puis l’arrivée au Vivier se résument à des photographies florales et à de nombreuses et laborieuses tentatives pour photographier des mésanges et des fauvettes qui s’ébattent dans les cerisiers fleuris. Un peu plus loin, un rapace noir se lance dans un vol statique avant de se raviser en me voyant. Au bout du chemin, le village est là avec son château ruinée et son église dédiée à ma petite-fille, Eulalie la bien nommée. Je retrouve le cheval noir du brave homme. Me reconnaît-il ? Toujours est-il qu’il vient quémander un peu de nourriture. Je fouille sans conviction et en vain dans mon sac à dos car à l’évidence aujourd’hui j’ai tout mangé. Il se plante devant moi ne comprenant pas pourquoi je ne lui donne rien. Je lui tend un peu d’herbe dont il n’a apparemment que faire. Il a raison car faut-il être bête pour donner de l’herbe à un animal qui n’a que ça sous ses sabots ? Donne-t-on du pain à manger à un boulanger qui a envie de manger autre chose ? Ma balade au « Fajàs d’En Baillette » se termine-t-elle sur cet échec ? Non pas vraiment car dans le canal du village ; continuité des deux ruisseaux que j’ai suivis ; une bergeronnette grise et un rouge-queue noir en ont décidé autrement. Ils m'offrent leurs couleurs et se laissent très gentiment photographier, le rouge-queue noir, peu craintif, venant même me braver sur la balustrade du pont où je me trouve. Cette randonnée, telle qu’expliquée ici, a été longue de 19 kms avec des montés cumulées de 1.500 m, égarements volontaires sur les crêtes inclus. Rien bien évidemment ne vous obligera à accomplir ce circuit tel que je l’ai réalisé moi-même et après la découverte de l’arbre, vous pourrez vous cantonner au G.R.P Tour du Fenouillèdes et à son col de Benta Fride, raison pour laquelle vous trouverez sur ma carte explicative les deux tracés : celui réalisé et celui conseillé qui est long d’environ 13 km, pour des montées cumulées de 980 m et un dénivelé de 566 m entre le point le plus bas au Vivier (426 m) et le plus haut au col de Benta Fride (992 m). Carte I.G.N 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

 

(*) Label attribué en mars 2014 par l’association A.R.B.R.E.S.

(**) Comme la plupart des arbres, l'hêtre a sa propre étymologie, ses propres histoires ou légendes. Voici celles qui nous ont été laissées par Jacques Brosse, naturaliste, philosophe et historien (1922-2008) dans son livre " Les Arbres de France - Histoire et légendes" paru chez Plon en 1987.

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

 

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