La Boucle des Murs tordus au départ de Peyrestortes.
Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons de The Beatles et 1 de John Lennon. Pour des motifs de droits d'auteurs, elles sont interprétées par l'excellent groupe néerlandais The Analogues et ont pour titre : "Got To Get You Into My Life", "Let It Be", "Here Comes The Sun", "Imagine", "She'Leaving Home", "A Day In The Life" et "Because".
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Quand vous entamerez la lecture de ce reportage sans doute vous poserez-vous des questions à propos du titre que j’ai donné à cette randonnée : « La Boucle des Murs tordus au départ de Peyrestortes ». Vous vous les poserez d’autant mieux si « la toponymie » est pour vous une belle inconnue. Il est fort probable que ces questions s’amplifieront si l’envie d’accomplir cette boucle vous a pris avant même de lire ce récit. Alors je pense qu’il est préférable de couper court à toutes les supputations et d’expliquer pourquoi ce titre. Finalement, je pourrais presque dire qu’il s’agit de vieilles péripéties liées à l’Histoire de Peyrestortes et à l’origine de son nom. Péripéties car liées à l’évolution des langues et très vieilles car datant des Romains et donc anciennes de plus de 2000 ans. A Peyrestortes, cet aspect « romain » a d’ailleurs été confirmé puisque des fragments de poteries ont été trouvés au lieu-dit « Les Sedes » dont de nombreux ornés de graffitis antiques, ce qui leur confèrent un intérêt encore plus grand. Ces poteries dateraient du 1er siècle, c’est-à-dire d’une période où la Gaule est occupée par les Romains et où les empereurs se nomment Tibère, Caligula, Claude ou Néron. Et pour étayer ce préambule, voici ce que nous dit le site Internet de France Bleu à propos de cette toponymie : « Au Xe siècle, en 925 exactement, le nom de « Paredstortes » apparaît pour la première fois dans un texte. Il vient du latin « paries », « le mur », et « tortu » qui veut dire « tordu, boiteux ». « Paretstortes » en catalan. Les voilà les murs tordus. Ensuite, ce toponyme a été déformé d’abord sous l’influence d’un mot proche : « pera » qui signifie « pierre », en vieux catalan (remarquez qu’on reste dans le même ordre d’idée puisqu’il faut bien des pierres pour construire un mur) puis de l’occitan « peyra » qui veut dire la même chose et qu’on retrouve sous la forme francisée « peyre » dans Peyrehorade ou Peyrelevade ou encore Peyrefitte-du-Razès … Je pourrais citer ainsi 3 à 4 dizaines de communes ou hameaux commençant par « peyr.. ». A présent vous savez d’où vient le « Y »…. de Peyrestortes, et vous avez l’explication totale de mon titre. Une deuxième question peut survenir en suivant, c’est celle de se demander où sont passés ces « fameux » murs tordus ? Pour l’essentiel, ils ont disparu pour diverses raisons liées à leur ancienneté : obsolescence, dépréciation, destructions, intérêts pour des matériaux plus modernes, conflits divers et variés, etc….. D’ailleurs, si l’histoire régionale a pour vous un minimum d’intérêts, vous savez certainement qu’une illustre bataille a eu lieu ici même le 17 septembre 1793 entre les troupes françaises et espagnoles engendrant 800 morts (Source Wikipédia). Alors certes, vous trouverez des « murs tordus » de-ci delà au cours de ce parcours, et notamment d’assez nombreux liés à l’épierrement de nombreuses parcelles mais rien ne dit que ces derniers aient contribué à la toponymie et à son évolution au fil du temps. Finalement, c’est parce que j’aime l’Histoire et la toponymie que j’ai bien aimé ce titre même s’il n’est pas vraiment en corrélation avec la réalité constante du terrain. Mais autant l’avouer, là n’était pas l’objectif majeur de cette randonnée, car comme toujours désormais c’était surtout la Nature que je voulais approcher. Oui, partir marcher pour découvrir et pour mon bien-être, là étaient mes desseins. En ce 23 septembre 2024, il est 9h quand je range ma voiture au centre de Peyrestortes et plus précisément sur le parking de la résidence Les Avens. Auparavant, j’ai pris soin de ne pas occuper un emplacement réservé à un occupant des immeubles. Je démarre en me dirigeant vers un parc arboré parallèle et à droite de la route principale D.614. Peu après, direction le chemin de Cornet. J’enjambe le ruisseau des Avencs et me voilà aussitôt dans la campagne. Ici pas de murs tordus mais de hautes clôtures grillagées comme remparts autour de vastes vergers. Je me dirige vers le lieu-dit « Les Sedes » avec l’espoir d’y découvrir un quelconque hommage aux graffitis romains qui ont été découverts dans ce secteur mais je ne trouve rien qui les évoque et je fais vite demi-tour. GPS allumé avec tracé enregistré, je continue ma marche solitaire avec ce désir constant d’être aux aguets de tout ce que la Nature peut offrir à mon appareil-photo. Dans l’immédiat, ça se résume à pas mal de fleurs, à de rares papillons et criquets et à quelques oiseaux dont la sédentarité auprès des hommes est une belle évidence. Ces volatiles ont pour nom « moineaux », « pies », « étourneaux », « tourterelles », « hirondelles » et « pigeons ». Il me faudra attendre un peu plus longtemps pour immortaliser mon premier vrai volatile vraiment sauvage. Dans l’immédiat, je ne me sens pas seul sur ce chemin asphalté. Des vendangeurs sont à pied d’œuvre dans certains vignobles. Je croise aussi quelques randonneurs qui eux reviennent déjà de leur balade matinale mais plus j’avance et plus la solitude va s’installer puis devenir totale. Si les premières foulées sur le bitume sont assez astreignantes, les grands espaces qui se présentent devant moi me font vite oublier ce macadam pas toujours idéal quant on randonne. Finalement au lieu-dit « El Cornet » sur la carte IGN, le goudron disparaît totalement. Dans ces décors plutôt planes, Espira-de-l’Agly devient visible sur ma droite grâce au clocher crénelé de son église romane Sainte-Marie et à celui carrément pointu de Notre-Dame des Anges. Droit devant moi, les modestes collines dominant Baixas avec son point culminant le Roc Redoun forment l’horizon. C’est vers là-bas que je vais mais je ferais demi-tour bien avant. Dans l’immédiat, je continue mon recensement floral et mes prélèvements photographiques d’une petite faune bien présente. Après avoir traversé la route D.18, je m’élève sur une butte dont le nom « Els Forns », « Les Fours », ne manquent pas de m’interroger. Ont-ils un rapport avec les poteries romaines trouvées au lieu-dit « Les Sedes » ? Rien de tout ce que j’ai lu à leur sujet ne l’ indique. Outre les petites mines à ciel ouvert, transformées de nos jours en pistes de gymkhana, j’y découvre d’étranges billots d’un arbre qui devait sans doute être multi-centenaire. Etranges billots au regard de leur taille et de leur circonférence et qui donnent une belle idée de cet arbre qui devait être remarquable car énorme et donc très vieux. C’était quoi cet arbre ? Que faisait-il là ? Pourquoi a-t-il été tronçonné ? Pour être brûlé dans des fours aujourd’hui disparus ? Autant de questions dont je n’aurais jamais la réponse sans doute. De nos jours, les billots les plus creux servent de tanières à une quantité impressionnante de Tarentes de Maurétanie. Autre surprise dans ce décor de garrigues, j’y découvre sur la crête, un SDF qui vit là dans une voiture avec comme seuls équipements, quelques panneaux photovoltaïques posés à terre alimentant ce qui ressemblent à un frigo et à une guirlande électrique. A quelques mètres du chemin seulement, il ne semble pas surpris de me voir passer alors qu’il semble afférer à allumer un réchaud. Je le salue et il me salue comme si nous étions place de la Loge à Perpignan. Je me dis qu’il est courageux de vivre là, d’abord dans ce coin dénué de tout, car beaucoup perdu il faut bien le dire, mais aussi car quelques mètres plus loin, un incendie a récemment dévasté une petite partie de la végétation. Incendie vite maîtrisé apparemment d’où émerge un petit menhir. Ancienne borne des temps jadis ? Une « pedra dreta » en catalan, ou « pierre droite », multiséculaire de surcroît, qui selon Gérard Bile, ancien maire d’Espira-de-l’Agly et historien local à ses heures était censée délimiter des pâturages au Moyen-Âge. Il y aurait plusieurs monolithes de ce type dans ce secteur. Ici, les premiers amoncellements de pierres sèches apparaissent. Ils forment le plus souvent des murets formant eux-mêmes ce qui ressemblent à des parcelles. Les fameuses « peyres » « stortes » ? Pierres ou murs tordus ? Je m’y arrête au plus haut de la crête pour entamer mon sandwich avec vue sur le vallon en contrebas et les carrières situées en face. Ici, dans tout ce secteur entre Baixas et Cases-de-Pène, les carrières en activité ou pas sont nombreuses. Par bonheur, des vignobles y trouvent aussi leur place. En redémarrant, je descends immédiatement vers l’une d’entre-elles, abandonnée mais dont les cicatrices dans le calcaire ne laissent planer aucun doute. Puis je traverse la route D.18a et là une méchante grimpette au-dessus du lieu-dit « Oratori de Perdigós » m’amène vers une autre carrière plus vaste. Si le vallon est bien occupé par les vignobles, ici tout est maquis de chênes kermès sauf les parties éventrées par les mines à ciel ouvert. Une fois, la partie la plus haute atteinte, le chemin n’est plus que descente. Ici, le balisage jaune apparaît et nous amène vers Baixas par le « Cami de Peña » où les grands espaces bien plats refont surface dès les retrouvailles avec la D.18a. Chaque biotope ayant sa flore et sa petite faune qui lui sont propres, je ne m’ennuie jamais « photographiquement » parlant. Pourquoi des libellules à cet endroit et pas ailleurs ? Pourquoi les hirondelles se reposent-elles sur ce câble-là et pas sur tels autres ? De telles interrogations, je pourrais m’en poser des dizaines mais les photos restent et les questions s’évaporent. A Baixas, je quitte le quartier « La Part des Anges » d’abord par la route D.18 puis par un chemin rural mal bitumé traversant le vignoble direction les lieux-dits « El Ginestar » et « Les Arenes », parcours déjà emprunté lors d'un autre circuit que j'avais intitulé « le Chemin des Amandiers sauvages ». Chemin le plus court pour refermer cette boucle, j’atteins la Voie Verte et de nouveau la D.18a. Si Peyrestortes n’est plus très loin, je fais en sorte d’éviter l’asphalte au maximum. Pour cela, et juste après la pile d’un pont, j’emprunte à droite un sentier montant dans le maquis dans le but de rejoindre le lieu-dit « Costa Rossa ». Le bon sentier est là, se faufilant et longeant le lotissement éponyme. Plus proche de la Nature, c’est ainsi que je finis cette randonnée de ma composition. Ceux qui ne marchent que pour le plaisir de la marche voire pour l’aspect sportif y trouveront une « bonne » distance et deux déclivités peu difficiles mais différemment escarpés. Bonnes chaussures de marche sont toutefois conseillées car la rocaille est bien présente. Comme expliquée ici, cette balade a été longue de 11,4km incluant quelques « sorties de route » inévitables pour moi dans ma quête photographique. Les montées cumulées s’élèvent à 201m. Le dénivelé modeste est de 129m entre le point le plus bas à 37m sur la ligne de départ à Peyrestortes et le plus haut à 166m au-dessus du lieu-dit « Oratori de Perdigós ». Carte IGN 2548OT Perpignan – Plages du Roussillon top 25.