Ma sœur Nicole étant venue nous voir à Urbanya où nous étions toujours en villégiature, en ce 9 août 2023, nous avions décidé d’aller déjeuner à pied au restaurant Cal Guillem de Nohèdes. Une balade que j’ai voulu intituler « La Boucle "Il était une fois" d’Urbanya à Nohèdes ». Lisez la suite et la fin et vous comprendrez pourquoi. Après la courte randonnée de la veille à Escaro(Le Circuit découverte Escaro-Aytua), nous étions de nouveau partant pour accomplir environ 8 à 9 km, peut-être plus selon les formes physiques. Avec Dany, cette agréable balade, nous commencions à bien la connaître et nous avions envie d’en faire profiter Nicole. Nous la connaissions d’autant mieux que j’avais déjà eu l’occasion de vous la présenter sur mon blog sous diverses versions et intitulées « Le Circuit des Maisons » ou encore « La Boucle Minutes-Papillons ». Par précaution, ce matin-là, j’avais téléphoné au restaurant pour m’assurer qu’il était bien ouvert et pour réserver nos 3 places. Il est 9h45 quand nous quittons la maison, direction la piste DFCI C60 démarrant sous l’église d’Urbanya. La flânerie est de mise car j’ai calculé que même en musardant beaucoup, nous devrions être à Nohèdes à l’heure indiquée à notre hôte, c’est-à-dire vers 12h. Comme à mon habitude, je peux donc me livrer à ma passion pour la photo naturaliste sans la crainte d’ennuyer mes acolytes de marche. Fleurs en grand nombre, papillons, criquets et passereaux viendront compléter le reportage de cette boucle champêtre et montagnarde. Si je connais parfaitement le tracé passant par La Devesa, le vallon de la Coma, et le col de Marsac, je ne m’attendais pas à trouver, au lieu-dit Les Llebreres, une forêt totalement dévastée. Que s’est-il passé ? Je ne verrais l’étendue du désastre que le lendemain en retournant dans la montagne. Cette forêt de La Matte si belle, si diversifiée en essences et si épaisse et que j’aimais tant pour l’avoir arpenter un nombre incalculable de fois, a été totalement saccagée sous la forme de grandes cicatrices. En terme forestier, on appelle ça des layons. Des plus grands arbres au plus vieux et des moyens jusqu’aux plus jeunes, aucun n’a réchappé à cette machine de bucheronnage dévastatrice que l’on appelle « une abatteuse/ébrancheuse de déforestation ». Elle coupe tout, puis avec de grandes pinces, elle amène le tronc dans une mâchoire à ébrancher. Après ce travail, le grume ressort taillé tel un simple crayon d’écolier. Il ne reste plus qu’à aligner les troncs ainsi écimés et ébranchés sous forme d’empilements dans l’attente de leur transport vers des scieries. J’ai ouï dire que c’était l’ONF qui avait orchestré ce massacre forestier. Pourquoi ? N’y entendant rien en exploitation forestière, je ne sais pas répondre à cette question sauf que je sais que la Nature ; faune et flore sans exception ; a forcément souffert de ce cataclysme écologique. Toujours est-il qu’aujourd’hui, le sentier balisé en jaune que je connaissais si bien a complétement disparu et a été remplacé par un large layon où plus aucun végétal n’a survécu. Ce layon est d’ailleurs amplement encombré de branchages de toutes sortes mais aussi de gros morceaux d’écorces ainsi que d’un fatras de buissons secs de toutes sortes car rien n’a échappé à cet engin de mise à mort de la forêt. Dans ce malheur, je garde un espoir : que ce layon qui s’élève dans la colline puisse nous amener au col de Marsac, puis de là jusqu’à Nohèdes. Par bonheur, il va en être ainsi et il est 12h quand nous nous présentons au restaurant Cal Guillem. Comme à chaque fois, nous sommes accueillis sans chichi mais avec une prévenance bien sympathique. Et cette année, pour nous faire plaisir, nous avons eu droit à un remarquable tournedos de magret puis comme dessert soit à des profiteroles « maison » soit à un café gourmand. De quoi reprendre le chemin vers Urbanya le ventre pas vraiment tendu mais pas vide non plus. Un juste milieu que nous apprécierons d’autant mieux qu’un bon dénivelé nous attend sous un cagnard de plomb. Ce dénivelé, par les hauts de Nohèdes, nous amène vers le col et le pic de la Serra à 1.221m d’altitude soit presque 300m plus haut que le village. Là, au col de la Serra, nous prendrons ensuite l’ancien tracé du Tour du Coronat ; si cher à mes souvenirs; avec néanmoins une variante consistant à raccourcir le parcours prévu initialement. Eh oui que voulez-vous ? Après 2 jours de marche et un bon resto, n’était-il pas normal « d’en avoir un peu plein les pattes » au point de vouloir raccourcir ce parcours ? Ainsi se termina cette boucle que j’ai intitulée « Il était une fois d’Urbanya à Nohèdes ». Et vous savez pourquoi ? Parce quelques mois plus tard, en décembre 2023 exactement, nous avons vendu notre maison d’Urbanya que nous avions tant aimée. Pendant 10 années, nous l’avions restaurée avec amour et nous en avions amplement profité mais tout devenait trop compliqué. L’ambiance au village avait quelque peu changé, nous nous sentions quelque peu esseulés. Depuis le décès de son amie, notre gentille voisine Alix venait moins souvent. Idem pour nos amis anglais Julie et Jamal depuis le Brexit et quelques problèmes familiaux. Idem pour les West, nos autres amis anglais. Avec la sécheresse, les débroussaillages et les élagages étaient devenus plus récurrents. La grande tranquillité et le silence que nous étions venus chercher ici et que nous avions tant apprécié les premières années avaient quelque peu disparus sous le bruit des moteurs des tronçonneuses et autres débroussailleuses. Plus possible de tenir un jardin potager car il ne pleuvait pas suffisamment et l’eau dans la commune était devenue une denrée rare à n’utiliser qu’avec parcimonie. Sans compter les sangliers, les chevreuils et quelques minuscules coléoptères qui très souvent attendaient de se régaler des premières pousses de nos salades, pommes de terre ou haricots verts. Tout cela devenait décourageant. Les oiseaux que j’aimais tant photographier passaient de moins en moins, et en tous cas ils se raréfiaient grandement années après années. Même nos nichoirs restaient sans plus aucun volatile alors qu'ils avaient toujours été bien occupés par les mésanges, moineaux et autres rougequeues noirs. En 2021, nous avions eu droit à un loir dans un nichoir et à plusieurs renards affamés mais dociles venant manger les croquettes de nos chats. Un jour, un d'entre eux s'était endormi à même mon potager. Toute cette merveilleuse Nature qui avait constamment tenu tous nos sens en éveil semblait avoir disparu en cette année 2023. La forêt de La Matte où j’allais me promener presque quotidiennement avait été amplement décimée au cours de l'été. Relation de cause à effet ? Je l'ai pensé ! Et puis surtout, nous prenions de la bouteille pour entretenir 2 maisons. Oui, nous avons mûrement réfléchi cette décision. Cela veut-il dire que n’irons plus jamais randonner à Urbanya ? Difficile à dire. Alors imitons Napoléon III et disons « qu’il ne faut jamais dire jamais ! ». Parce que je la connaissais parfaitement, je n’ai pris ni GPS ni mesures lors de ce parcours. Toutefois, étant sensiblement identique à « La Boucle Minutes papillons ou le Circuit des Maisons saison 2 », on peut l’estimer à environ 8,6km. Seules différences, le layon rectiligne arraché à la forêt gravi avant le col de Marsac (au lieu de l’ancien sentier balisé en jaune non retrouvé) et aussi un peu moins d’errements dans Nohèdes. Pour le reste, tout est à peu près identique. Le dénivelé est de 352 m entre le point le plus haut à 1.221 m au-dessus du col de la Serra et le plus bas à 869 m près de l’église d’Urbanya. Carte IGN 2348ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.
Peintures de l'église d'Urbanya figurant dans ma vidéo :
A propos des peintures intérieures de l'église d'Urbanya, voici quelques explications que mon ami Olivier Escuder m'a soumises.
Selon lui, elles concernant les différentes étapes de la Passion :
1 : les dés que les soldats romains ont utilisés pour savoir qui aurait les vêtements du Christ
2 : la lance utilisée pour perforer le flanc du Christ, afin de savoir s'il était mort ou encore vivant
3 : l'éponge imbibée de vinaigre tendue au Christ qui réclamait à boire
4 : probablement la bourse (avec les trente pièces d'argent) donnée à Judas pour le récompenser d'avoir désigné le Christ aux grands prêtres.
5 : l'échelle ayant servi à descendre le corps du Christ
6 : le marteau ayant servi à enfoncer les clous dans le corps du Christ
7 : une tenaille, ayant probablement servi à retirer les clous du corps du Christ.
Autrefois, lorsque les gens ne savaient ni lire ni écrire, ces peintures servaient d'illustration aux prêtres pour faire leur catéchisme.
Ces choses peintes sont aussi très souvent représentées sur les calvaires, surtout en Espagne (donc chez nous, en Pays catalan), et sont appelés les "Instruments de la Passion". On les retrouve sur le site Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Croix_de_la_Passion
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12 mai 2021 Urbanya. Avec ce « Circuit des Genêts », voilà ma vraie première randonnée d’après Covid et sortie du confinement. Nous sommes ici depuis une semaine et si j’ai choisi cette boucle, c’est pour plusieurs raisons. La première est que j’espère être capable de réaliser les très modestes 3,8 km de distance, les 210 m de dénivelé et les 220 m de montées cumulées malgré une convalescence qui s’éternise un peu trop à mon goût. Oui, autant l’avouer, avec des essoufflements récurrents au moindre effort et des sifflements dans la gorge et la poitrine, je ne peux pas vraiment parler de guérison totale de l’embolie pulmonaire causée par la Covid, même si je n’ai plus aucune douleur thoracique depuis ma sortie de clinique, c'est-à-dire le 6 avril. La deuxième raison est que ce petit parcours est celui que j’accompli le plus souvent quand je suis ici à Urbanya, même si fréquemment j’y intègre quelques variantes en forêt. A la rencontre constante de la Nature, les années précédentes, il m’arrivait de réaliser cette boucle plusieurs fois par semaine. Cette année pas encore ! Aujourd’hui pas de variante et une boucle tout ce qu’il y a de plus classique mais avec un atout supplémentaire, la réaliser avec les genêts(*) merveilleusement fleuris, d’où le nom que je lui donne et qu’il mérite amplement en la circonstance. C’est bien à cet instant de l’année que ce circuit pédestre est le plus beau et le plus intéressant. C’est le printemps et ici les genêts sont les plantes fleuries affirmant le plus ce cycle annuel car de très loin les plus visibles. Depuis quelques années, ils ont même pris un aspect « invasif » non négligeable, faisant la pige aux cistes à feuilles de laurier, autres envahisseurs du secteur, lesquels fleurissent un peu plus tard. Les genêts sont très beaux mais ils prennent le dessus sur le reste de la végétation et de plus en plus de place, même dans les sentiers et les chemins. Enfin, dernière raison non négligeable quant au choix de cette petite balade, c’est le printemps et la promesse d’une Nature qui s’éveille de plus en plus. J’en ai déjà fait le constat autour de ma maison. Nous venons de déjeuner tôt et il est 11h45 quand nous démarrons. L’aspect pratique et intéressant est que le sentier s’élève directement derrière notre maison, direction les antennes relais et le château d’eau. Nous n’avons pas encore fait 10 mètres que le spectacle s’offre déjà à nous sous les traits d’un couple de couleuvres à échelons qui s’accouplent au pied d’une ruine. Le temps de quelques photos, et les deux « amoureux timides » partent se réfugier dans le trou d’un muret. Quelques oiseaux et papillons, des fleurs nouvelles à profusion qu’il faut parfois savoir observer de très près pour apprécier leur beauté voire leur originalité et voilà qu’un autre spectacle merveilleux mais très inattendu se présente à nous. Cette fois, il s’agit de trois cervidés qui paissent tranquilles dans un pré juste en dessous du chemin. Sans doute une biche et ses deux faons car si le plus grand reste visible, les deux autres semblent plus petits et disparaissent plus facilement dans l’épaisse végétation. De temps à autre, on aperçoit leur dos ou leur arrière-train mais c’est tout. Et savez-vous ce qu’ils savourent ? Des genêts bien sûr ! Caché moi-même derrière d’autres genêts, j’ai tout loisir de photographier le plus grand avant que peu à peu il ne s’éclipse dans un bois trop touffu. Les genêts parlons-en ! En une année, ceux qui occupaient le chemin ont bien grandi, des nouveaux ont vu le jour, ont bien poussé et il nous faut carrément les pénétrer et zigzaguer au milieu d’une « futaie » flamboyante pour parvenir à poursuivre. Moi qui suis allergique au pollen, bonjour ma guérison ! Par bonheur ça ne dure pas trop longtemps et quand la ferme à Philippe se présente, la piste redevient quasiment normale. Voilà 8 mois que je ne suis plus revenu ici, depuis cette fameuse semaine où j’avais ramassé des mûres sous les cris des veaux et de leur mère et la présence « mystique » d’une présumée Dame Blanche. Le premier jour, les veaux étaient partis à l’abattoir. Leurs mères et pères sous d’autres cieux dès le lendemain car Philippe avait cédé tout son troupeau à un autre éleveur. Quant à la Dame Blanche, elle était restée quelques jours dans ma tête mais depuis elle s’était volatilisée elle aussi. Oui, aujourd’hui tout n’est que silence et donc tristesse. Il n’y a plus aucun meuglement de bovins. Les chiens ne sont plus là à vociférer quand on passe. Le chat noir et blanc de la ferme qui était là pour manger les souris, Dany vient de le découvrir quelques minutes auparavant tout desséché sur le bas-côté du chemin. Ça nous a attristés même si nous ne le connaissions pas plus que ça. Nous aimons les chats et les animaux en général. Dans cette désolation, seul un Bruant proyer picorant sans gêne les fleurs d’un genêt a retenu mon attention et celle de mon appareil-photo. En quittant les lieux, je veux positiver et je me dis qu’il y a quand même une bonne nouvelle à retenir dans cette profusion de mauvaises. Cette bonne nouvelle s’appelle Flip. Flip, c’était le second chat de la ferme au temps où Philippe y travaillait encore d’où son nom car au départ nous l’appelions « le chat à Philippe ». Puis la contraction en Flip est venue tout naturellement. Depuis que nous avions perdu nos deux chats Noxi et Zouzou, il avait pris pour habitude de nous rendre visite. Livré à lui-même et à cause d’un ulcère à un œil, nous l’avions recueilli quelques jours avant mon Covid. Sans soin, il aurait perdu l’œil et sans doute la vie nous avait dit la véto ! L’ulcère se serait sans doute propagé vers le cerveau avait-elle rajouté. Aujourd’hui, Flip a retrouvé un œil normal, il est sauvé, vit avec nous et n’a pas l’air de s’en plaindre. Voilà ce qu’il nous reste de concret de cette ferme sans vie à l’instant où nous la quittons. Après les couleuvres, les biches, les souvenirs contrastés liés à cette ferme, on pourrait penser que par la force des choses la suite est moins attractive. Mais non ! Les fleurs et les papillons me freinent constamment. Les oiseaux, eux, m’arrêtent carrément et quand c’est le cas Dany se montre pleine de compréhension. Je ne fais pas trois mètres sans qu’il n’y ait pas quelque chose à photographier. Et encore, je fais en sorte de ne photographier qu’un spécimen de papillon ou de fleur dès lors qu’une photo antérieure est réussie. Pour Dany et moi, cette petite marche nous rend excessivement heureux. Je revis et Dany avec moi, elle qui s’est tant inquiétée à cause de ma santé chancelante. Oui, je peux aisément comprendre que ces mois de février et de mars si terribles pour moi ont été bien longs et bien difficiles pour elle. Psychologiquement. Aujourd’hui, marcher c’est se rétablir, mais c’est aussi tenter d’effacer ce passé. Cette balade, nous la voulons positive. Elle prend plaisir à randonner et moi, je rajoute à cette passion de la marche celle pour la photo naturaliste. Fleurs et papillons à profusion et oiseaux en nette progression depuis que nous sommes là, même si pour l’instant quelques espèces manquent encore à l’appel. Par bonheur, les hirondelles, les rougequeues, les mésanges, les moineaux et les merles viennent un peu réparer cette raréfaction dont malheureusement je sais qu’elle est chronique. Mésanges charbonnières et rougequeues noirs occupent les quelques nichoirs que nous avons mis autour de la maison et c’est toujours un réel plaisir de voir les parents nourrir leur progéniture. Ce sont journellement des centaines voire des milliers de va-et-vient incessants auxquels on assiste. Cette balade du bonheur pour nous se termine sur une autre note positive, celle de la vision rapprochée du clocher de l’église Saint-Etienne d’Urbanya qui a été magnifiquement restauré. En 2020, nous l’avions quitté en pleins travaux. Si pour moi, le démarrage de cette courte balade a été laborieux à cause de quelques dyspnées, par bonheur, elles ont assez vite disparu et c’est très encourageant pour la suite. Bien sûr, je reste conscient que 3,8km ce n’est qu’une très courte distance pour n’importe quel randonneur aguerri ou pas mais pour moi, il était important que je la finisse correctement. Je suis ravi d’y être parvenu et je sais déjà qu’il y en aura d’autres. Aussi courtes ? Plus longues ? Dans l’immédiat, ce n’est pas important et l’essentiel est d’être debout sur mes deux pieds et d’être capable de marcher. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.
(*) Les genêts d’Urbanya : Ici à Urbanya, on peut découvrir plusieurs espèces de genêts mais encore faut-il être aguerri à cette reconnaissance, ce qui n’est pas mon cas, loin s’en faut. Il est vrai que certaines espèces sont relativement proches sur le plan visuel et ce d’autant, que leurs différences se résument parfois à quelques détails que seul un botaniste saura analyser avec pertinence (fleurs, branches, feuilles, gousses, etc…). Les genêts appartiennent à la famille des Fabacées (Fabaceae) tout comme les cytises et les spartiers et leurs fleurs sont le plus souvent de couleur jaune.
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Les Cabanes de Goutets (*), vous connaissez ? Si vous n’habitez pas l’Ariège voire mieux ce canton qu’on appelle plus précisément le Massatois (commune de Massat), situé dans le Couserans, il est fort probable que non ! Je vous rassure, avant d’y aller moi-même, je ne connaissais pas l’endroit. D’ailleurs, et pour être franc, la toute première fois où j’ai vu cet intitulé dans un guide touristique ariégeois et sans même avoir lu l’article, j’ai immédiatement pensé à un lieu propice à accueillir des enfants et dans lequel des cabanes auraient été construites afin qu’ils viennent y goûter. Prendre leur « quatre-heures » comme nous le disions jadis, mais également goûter aux joies diverses de récréations campagnardes. Alors bien sûr, j’avais tout faux, et d’ailleurs, j’aurais dû m’en apercevoir car « Goutets » s’écrit avec « ts » à la fin et non pas avec un « r » ou « rs » ! Non, le site de Goutets (*) est une zone pastorale dont certains historiens s’avancent à dire qu’elle était déjà là au 14eme siècle. Minuscule hameau presque essentiellement constitué de ce que l’on appelle très communément des « orris », ici des « courtals », c’est-à-dire des petites cabanes en pierres sèches, la zone en question a été réhabilitée et vit désormais une nouvelle vie depuis 1974. Dorénavant protégé, cet espace agropastoral, qu’ici on appelle « bourdaou (**) » est situé à une altitude moyenne de 1.400 mètres dans un cirque magnifique au pied du Pic des Trois Seigneurs. Si le site continue d’être une zone d’estives ; après une très longue période de déprise agricole ; il présente l’avantage d’être ouvert à la randonnée pédestre. C’est donc pour ce dernier motif que nous sommes en ce jeudi matin du 13 juin 2019 au hameau de La Foulie. En vacances pour 8 jours dans le petit village de Le Port, cette balade donnée pour 3h30 présente tous les avantages que nous nous sommes fixés. Une distance et un dénivelé de 560 mètres raisonnables, un cadre magnifiquement montagnard correspondant à ce que nous sommes venus chercher en choisissant l’Ariège pour nous dépayser et en plus, un départ depuis La Foulie, hameau peu éloigné de notre lieu de villégiature. Il est 8h30 quand nous garons notre voiture sur le petit parking de La Foulie. Comme le temps est plutôt agréable ; même si de gros nuages blancs très mobiles dominent parfois le cirque ; on pourrait presque dire que l’on va sans doute aimer tout ce qui nous attend, un peu, beaucoup, passionnément, à la Foulie ! D’ailleurs, si nous n’étions pas des êtres respectueux de la Nature, nous pourrions presque dire ça en effeuillant une des grandes marguerites poussant au bord même du parking. Mais non, même pour cause d’Amour avec un grand « A », écarteler une fleur pour ne garder que son cœur n’est pas dans nos principes ! Dès le départ, les indications sont précises et le balisage très bon. D’ailleurs, les gens du cru ont fait des efforts ; efforts humoristiques de surcroît ; pour rendre cette balade encore plus agréable, en accrochant une plaque « Chemin des randonneurs », puis un peu plus loin, avec un panonceau « par ici la rando ». Le parcours vers les Cabanes de Goutets porte le numéro 16 et on se dit déjà qu’on va faire en sorte d’y faire confiance au maximum, même si beaucoup plus tard et lors du retour, à un endroit bien précis; mais un seul ; il sera la cause d’une bonne galère ! Dans l’immédiat, un étroit sentier très herbeux nous entraîne vers le hameau Le Carol que l’on aperçoit juste au-dessus. A cause d’un petit ruisseau qu’il faut enjamber, de nombreux ruissellements et donc d’une herbe très grasse et glissante, la montée vers Le Carol nécessite dès le départ un peu d’attention, ce qui ne m’empêche nullement de me vautrer dans la gadoue après une jolie « gamelle » dans la partie la plus boueuse. Mon appareil-photo est intact et c’est déjà un bon point, même si l’objectif est mouillé de gouttelettes et que je ne m’en aperçois pas immédiatement. Une végétation luxuriante, pas mal de fleurs des prés, des granges typiquement ariégeoises avec leur toiture typique à redents, un vieux lavoir, une minuscule source coulant au sein d’une dense fougeraie, des ânes en quantité qui s’y prélassent et y trouvent pitance, voilà les découvertes de nos premières foulées. Le Carol arrive. Il s’agit d’un tout petit hameau suspendu à flanc de montagne avec une très belle vue sur le vallon, vallon se terminant au loin par le cirque glaciaire des Trois Seigneurs. Le village semble recroquevillé sur lui-même, avec des maisons très près les unes des autres. Est-ce pour se réchauffer lors des hivers très rigoureux ? Rien ne le dit mais cette chaleur est déjà bien présente dans le cœur des gens qui habitent le hameau. Alors que la conversation vient à peine de s’engager avec un couple très gentil, à propos de la beauté de leur village, ces derniers nous invitent à visiter leur jolie maison. Ils vont jusqu’à nous proposer un café. Nous les remercions de leur accueil mais refusons le café car leurs bagages sur le perron de la porte et des fleurs en godets dans des cartons nous laissent supposer une arrivée imminente. C’est bien le cas. La maison étant pour eux une résidence secondaire, ils nous confirment être en vacances et viennent effectivement d’arriver. Nous les saluons une dernière fois et les laissons à leurs affaires courantes et à leur installation, dont on connaît parfaitement l’importance pour être souvent dans le même cas. Le sentier continue à s’élever en longeant quelques jolies maisons, parfois très fleuries, puis on sort très vite du hameau à hauteur d’un vieux et grand lavoir. Une chèvre curieuse puis un chat très câlin stoppent notre élan et nous divertissent de longues minutes. Un bois est là, le plus souvent constituée de divers feuillus mais presque jamais vide d’un très riche patrimoine bâti. Granges à la pelle qui jalonnent le chemin, parfois en ruines, parfois mal en point et quelquefois magnifiquement restaurées en lieu d’habitation ou de villégiature. Toutes ces granges ont ces pignons à gradins ou à échelons qu’on appelle « redents » ou « à pas d’oiseau » et dont les dalles qui les constituent sont ici appelées « peyrous ». Des étables, des bergeries et des terrasses sont bien présentent elles aussi et prouvent, si nécessaire qu’il y a eu ici une occupation agricole montagnarde très conséquente. Devant une très belle grange rénovée, un jeune couple ; d’origine étrangère à cause de leur accent ; travaille durement à défricher leur terrain envahi par de grands genêts en fleurs. Estivants eux aussi, ils nous confirment que le débroussaillage est indispensable chaque année. Surtout les genêts, les fougères et les ronciers qui ont un pouvoir incroyable à se développer car ici ils trouvent un terreau et une humidité à leur parfaite convenance. Ayant une maison à Urbanya, dans le Haut-Conflent, on leur confirme savoir tout ça et être logés à la même enseigne de ce défrichage annuel inéluctable ! On laisse les jeunes défricheurs à leur dur labeur mais dès lors, les bois de divers feuillus et les broussailles laissent la place à une très belle et sombre forêt. Des arbres immenses et sans doute séculaires dressent leur tronc vigoureux et leurs amples ramures très haut dans le ciel. Des hêtres presque essentiellement. De nombreux vestiges d’habitats sont encore là. Parfois une clairière s’entrouvre laissant apparaître à l’horizon la pyramide tronquée et trapézoïdale du Mont-Valier ou bien encore bien plus près la longue crête du Massif des Trois Seigneurs. Légèrement saupoudrées de plaques de neige éparses, nous avions initialement prévus de monter à son pic situé à 2.199m d’altitude, à partir du Port de Lers. Ça, c’était au début de nos vacances, mais avec l’arrivée d’une couche de neige inattendue dès le premier jour, la météo a contrarié nos plans. Nous n’étions pas vraiment équipés pour marcher dans la neige et sur des névés, alors on a changé notre fusil d’épaule essayant de chercher d’autres randonnées beaucoup plus dans nos cordes que celles de gravir de hauts sommets très nombreux ici en Ariège. Mais qu’à cela ne tienne car ce département est un tel réservoir de belles randonnées qu’il faut vraiment le vouloir pour ne pas en trouver quelques-unes à son goût ! Cette randonnée aux « Cabanes de Goutets » est venue remplacer celle prévue au pic des Trois Seigneurs. On ne saura jamais si on a gagné ou perdu au change ? Après le franchissement d’un petit ruisseau, le sentier sort de la forêt et aboutit sur une piste forestière. Pour quelques minutes et une centaine de mètres seulement, car juste après le balisage jaune indique qu’il faut reprendre un autre sentier forestier montant de nouveau à gauche. Ici aussi pour quelques minutes seulement, car peu après, la forêt se termine laissant la place à un ample amphithéâtre presque essentiellement herbeux. C’est le début du cirque. Les premières cabanes en pierres sèches sont là, certaines en ruines et d’autres à encorbellements encore bien debout. Cette architecture-là serait-elle plus solide que l'élévation traditionnelle ? On peut raisonnablement se poser la question. Le sentier toujours bien balisé en jaune circule au sein de ces ruines et orris. Dany qui a la fringale décide d’arrêter là au milieu des cabanes pour déjeuner et se reposer un peu. Je mets à profit cet arrêt avec une double occupation : déjeuner tout en tentant de photographier la Nature : oiseaux, fleurs et papillons essentiellement. Ici, nous sommes au lieu-dit Les Pradals et le regard porte à la fois vers le cirque des Trois Seigneurs et le vallon que nous venons de longer en balcon. Tout le reste n’est que « verdure » sous toutes ces formes ou bien alors « minéralité » à partir d’une certaine altitude. Dany qui a l’œil bien plus perçant que moi a aperçu un chevreuil. Elle m’appelle et me le montre du doigt. Il est assez loin dans la prairie se trouvant en contrebas, mais suffisamment visible pour un rapproché photographique. Nous allons l’observer de très longues minutes avant qu’il ne disparaisse derrière un dôme herbeux. Nous repartons en essayant de ne pas perdre de vue le balisage jaune. Pourtant, c’est très vite peine perdue dès lors que les premières mouillères se présentent. Ici, prêter attention à ne pas mettre les pieds dans l’eau ou la gadoue, tenter de les poser correctement sur des mottes de laîches sans se tordre les chevilles et regarder en même temps si le balisage jaune est présent sont des besognes quasiment incompatibles dès lors que les trois sont à faire en même temps. Parfois, le sentier ressemble à un ru mais quoi qu’il advienne le balisage jaune est définitivement perdu. Ici, de nombreuses grives sautillent sur l’herbe fraîche de la prairie. Je réussis à les photographier avant qu’elles ne s’envolent en éventail. Pendant que Dany traverse les tourbières un peu plus bas, je grimpe jusqu’à l’orée d’un bois où finalement je retrouve un semblant de sentier et le balisage jaune à l’instant d’enjamber un tout petit torrent. Il s’agit du ruisseau de Pistoulet, affluent de la rivière l’Arac, principale grande rivière du secteur. Dany me rejoint et désormais un bon sentier herbeux file vers les Cabanes de Goutets, enfin vers celles qui sont quasiment toutes en bon état et regroupées en un petit lotissement. On imagine aisément qu’il s’agit des cabanes restaurées dont il est fait mention dans le dépliant que nous avons trouvé à notre location. Les cabanes sont là avec des styles architecturaux bien différents mais toutes en pierres sèches et avec d’énormes ardoises de lauzes dès lors que les toits sont pointus. Certaines cabanes, style maison ou grange, ont seul un toit pointu, d’autres en ont deux, d’autres ont la couverture volontairement herbeuse et moussue grâce à une bonne épaisseur de terre engazonnée. Elles sont recouvertes de « gispet » ; cette herbe que l’on trouve très souvent dans les pelouses d’altitude est là pour assurer l’étanchéité. Ces dernières ont le plus souvent leurs toitures arrondies et ressemblent aux orris traditionnels tels qu’on les rencontre sur l’ensemble du massif pyrénéen. Certains orris sont petits et carrés, d’autres plus grands et rectangulaires, certains ont des enclos et d’autres pas. Ici, on trouve un peu de tout, techniques de constructions à encorbellements ou plus traditionnelles « à joints vifs », quoi qu’il en soit la pierre sèche reste le principal élément de construction même si désormais les portes en bois sont sans doute plus nombreuses qu’au temps jadis. De ce fait et à chaque instant, on s’attend à voir apparaître un « hobbit » ou un « schtroumpf ». Après une photo-souvenir devant une cabane, je propose à Dany de partir tous les visiter. En définitive, il n’y en a pas tant que ça ouvertes et la visite est plutôt rapide. Si les façades servent de repaires à une quantité incroyable de lézards, qu’elle n’est pas ma surprise de trouver quelques brebis à l’intérieur d’une cabane dont la porte est fermée. La première brebis a envie de sortir mais par crainte que cette envie ne se transforme en « mouton de Panurge » et que les autres ne suivent, je fais en sorte de la repousser vers l’intérieur. A regrets, mais par respect à l’égard du berger, je referme la porte derrière moi. Ici, dans ce bel amphithéâtre naturel qu’est le cirque des Trois Seigneurs, tous les animaux, ovins, caprins et bovins, vivant en cheptel sont les bienvenus. Ils trouvent à rassasier leur insatiable appétit. Il ne manque que des chevaux mais nous en verrons un peu plus bas au lieu-dit La Plagne ! A l’aide du balisage jaune, toujours bien présent, le parcours se poursuit en direction de l’habitation du berger. Cette dernière et quelques enclos sont posés là, sur un mamelon à la fois rocheux et herbeux dominant le vallon. Très vite, une piste forestière prend le relais du sentier et descend à gauche de l’habitation du berger. Si ce n’est un bref égarement un peu plus bas, et à cause d’un curieux panonceau « numéro 16 » mal placé, cette large piste se termine très facilement à la Foulie. Pour l’instant, la belle et ample vallée descendant jusqu’au hameau est à nos pieds et elle s’entrouvre magnifiquement. Cet amplement panorama nous laisse entrevoir le chemin déjà réalisé et celui restant à faire. Alors que nous sommes en contemplation depuis de longues minutes, deux vautours fauves viennent tournoyer au-dessus de nous. Je les regarde planer autour de nous, parfois dessus, parfois devant nous, à gauche ou droite, tout en me demandant ce que nous représentons pour eux ? Sommes-nous une simple curiosité ou ont-ils un regard purement alimentaire qui les fait s’approcher de nous de plus en plus près ? Je me dis que si c’est ce dernier cas qui prédomine, c’est plutôt vexant d’être considéré comme de la viande alors qu’il y a ici de jeunes veaux, des cabris et des agneaux une grande partie de l’année ! Finalement et à bien y réfléchir, ce ne sont que des oiseaux, avec des cervelles d’oiseaux……oiseaux qui ont probablement faim et cherchent pitance ! Ils repartent et vont rejoindre leurs congénères qui eux s’éclatent beaucoup plus haut près des cimes d’altitude. Si la piste forestière est plus astreignante que n’importe quel sentier, elle est plus roulante et en même temps elle est pour moi, plus adaptée aux photos de la Nature que j’ai constamment envie de prendre. Oiseaux, papillons et fleurs sont plus pratiques à photographier dès lors qu’il n’est pas nécessaire de regarder en permanence où l’on met les pieds ! Ici, les oiseaux sont compliqués à prendre en photo car la végétation est presque constamment exubérante des deux côtés de la piste. Il faut donc de la patience et surtout de la chance. Le meilleur moyen de les repérer reste leurs chants. Enfin, quand ils daignent chanter ! Les fleurs sont nombreuses et bien évidemment par les mêmes que celles d’altitude. Quand aux papillons, une petite brise les empêche de tenir en place mais néanmoins quelques jolis spécimens s’enregistrent dans mon numérique. Quand la Foulie se présente, Dany et moi sommes surpris que cette balade se termine déjà. Oui, on a bien aimé cette randonnée qui est allé crescendo. Sauf à être un peu balourd dans mes propos, je pourrais presque dire qu’on l’a bien aimé au début, puis ensuite beaucoup, puis passionnément en arrivant aux Cabanes de Goutets et enfin à La Foulie ! J’ai rencontré pas mal de problèmes avec mon appareil-photo dont le paramétrage par défaut s’est déréglé en permanence, mais malgré ça et dans l’ensemble, quand je visionne mes photos, je suis plutôt satisfait du résultat. Quand à mon GPS, il n’a pas fonctionné correctement non plus, à cause des piles très vite vides, et de ce fait, je n’ai pas pu enregistrer le parcours effectué. Sur les différents dépliants que j’ai pu lire seuls le temps et le dénivelé cumulé positif sont donnés pour respectivement 3h30 aller et retour et 560 mètres. Ici, à la Foulie, la distance est donnée pour 9 km. J’ai donc virtuellement tracé le parcours effectué sur mon logiciel CartoExplorer et je trouve une distance réalisée d’environ 10,5 km pour des montées cumulées de 811 m et un dénivelé de 516m. Le point le plus bas est La Foulie à 947 m d’altitude et le plus haut à 1.463 m au premier hameau de Goutets. Malgré quelques différences dans les chiffres, vous disposez de tous les éléments pour y aller. Alors n’oubliez pas, ce sont les Cabanes du Goutets, Goutets avec « ts » à la fin ! Carte IGN 2047 ET Massat – Pic des Trois Seigneurs – PNR des Pyrénées Ariégeoises Top 25.
(*) Les Cabanes de Goutets: Avant même de lire le livre de Jean-Louis LOUBET (**) et après avoir tenté de lire tout ce qu’il était possible de lire à propos du lieu-dit de Goutets et de ses cabanes, il m’a semblé bon d’en faire une récapitulation la plus complète possible. La voici ci-après. Attention, je tiens à préciser que la plupart du temps je n’affirme rien et que je ne fais que reprendre des informations que j’ai trouvées (en italique) soit sur des guides ou dépliants touristiques soit sur Internet. Concernant l’origine de « Goutet » tout d’abord, il semble que la plupart des toponymistes soient d’accord pour dire que ce nom a incontestablement un rapport avec l’eau, ce qui n’est pas illogique quand on connaît le lieu et surtout quand on sait qu’il y a un ruisseau éponyme. C’est ainsi que le latin « gutta », mot signifiant « goutte » se retrouve en « gota » dans de très nombreuses langues et dialectes romans comme l’espagnol, le portugais, le catalan et l’occitan bien sûr. Ce « Goutet » ariégeois (on en trouve ailleurs aussi !) aurait donc pour origine le latin « gutta » puis l’occitan « gota ». Soyons néanmoins conscients qu’ici nous sommes désormais très loin de la « goutte originelle » et qu’il s’agit plutôt « d’une source ou d’une rigole d’écoulement des eaux dans un champ » (Source extraite du site ariégeois de M. Philippe Cabau de Fauronne). L’historien Jean Tosti, dans son site consacré aux noms de famille, confirme le diminutif de « goutte » et le toponyme désignant une source dans le Massif Central. Dans le Vercors, un rocher où jaillit une source est également appelé « Goutet » et on pourrait ainsi multiplier plusieurs autres exemples un peu partout en France. Le « Goutet » serait donc la source et son ruisseau, et si ici le nom a été mis au pluriel avec un « S » à la fin, on peut sans crainte imaginer qu’il y avait plusieurs sources et plusieurs ruisseaux ou mieux peut-être se référer au nombre de hameaux distincts qui étaient de 4. Ici, on les appelle des « bourdaous » (**). A ces explications qui paraissant les plus plausibles, on peut y ajouter celles extraites du livre « Souvenirs wisigothiques dans la toponymie méridionale » de Pierre-Henri Billy, livre intégralement consultable sur Internet.
Pour le reste, et tiré d’un dépliant intitulé « le Hameau d’estives de Goutets en pays de Massat », on apprend que « le site protégé (depuis 1998) est inclus dans une Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager (ZPPAUP) (1994) et qu’il est caractérisé par une architecture originale, associant granges et cabanes en pierres sèches, découlant du système des « bourdaous » (des groupes de granges relevaient d’un mode d’exploitation particulier qui associait prés de fauche individuels et pâturages communautaires). Un programme de restauration du Bâti a été confié à l’A.A.P.R.E (Association Ariégeoise pour Personnes en Recherche d’Emploi) sous la conduite d’un architecte. Ici, le Massif des Trois Seigneurs offre des paysages d’estives portant l’empreinte caractéristique des glaciers : abrupt d’un verrou, fond de cirque sont autant de lieux naturels de pacage pour les troupeaux. Le secteur de Goulurs-Goutets est marqué par une tradition agropastorale très ancienne, qui forge l’identité des montagnes du pays de Massat. Après une déprise importante, les estives ont fait l’objet dès 1974, d’aménagements pastoraux sous l’égide d’une Association Foncière Pastorale. Cette démarche se poursuit aujourd’hui avec succès grâce au soutien de la Fédération Pastorale de l’Ariège : un vacher et un berger gardent désormais près de deux cent bovins et trois cent ovins, renouant ainsi avec une activité qui est la vocation première du site. Labellisé par la F.M.P.S (Fédération Méridionale de la Pierre Sèche), le sentier de découverte et d’interprétation de l’Estive de Goutets, étape du Tour du Massif des Trois Seigneurs, est le fruit de la collaboration entre Syndicat des Montagnes de Massat – Le Port, Association Montagne et Patrimoine, Communauté des Communes du Massatois, O.N.F, Association de Développement du Couserans, Fédération Pastorale et Conseil Général de l’Ariège, DIREN Midi-Pyrénées, Association I.S.C.RA. Vous trouverez en vente à l’Office de Tourisme du Couserans, à l’Office de Tourisme de Massat et dans les mairies du Port et de Massat, un carnet qui vous aidera dans votre démarche d’interprétation. Les bornes disposées (?) tout au long de l’itinéraire, depuis le hameau du Carol, renvoient à un chapitre donné (architecture, paysage, pastoralisme). Au cœur d’une zone protégée, le sentier traverse un espace pastoral dont il importe de respecter la quiétude et la sécurité ! Vous devez donc, au cours de la visite, refermer les portes, tenir vos chiens en laisse (à cause des troupeaux et des chiens de protection) et penser à ramener vos déchets ». Voici ce que l’on peut lire sur ce dépliant que j’ai pu me procurer. De quand date-t-il et est-il toujours d’actualités pour l’ensemble des informations qui y sont données ? Je ne saurais pas vous le dire, mais je n’ai pas vu les « fameuses » bornes dont il est fait référence !
Dans d’autres textes, on apprend que le site de Goutets est là depuis la fin du 18 siècle ou le début du 19eme, certains pensent même à une petite présence dès le 14eme siècle. A l’origine, le motif de cet intérêt soudain aurait été la forte croissance démographique du 18eme siècle. Peu de personnes le savent mais jusqu’à 1795, la France ; avec 28,5 millions d’habitants cette année-là ; est le 3eme pays derrière la Chine et l’Inde pour sa population totale. Il y a nécessité à nourrir toutes ces bouches et les ressources alimentaires jamais suffisantes entraînent les populations des vallées vers des zones plus hautes non encore exploitées et plus particulièrement dans des lieux où l’eau est abondante une grande partie de l’année. Ici aux Goutets, il y avait quatre villages distincts avec une vie communautaire, lesquels de juin à septembre accueillaient les bergers et leurs bêtes. Le plus haut des quatre était à l’altitude de 1.463m non loin de l’endroit où le ruisseau éponyme prend sa source. Les sources et plus généralement les eaux de ruissellements y sont nombreuses. On dénombrerait sur l’ensemble du site plus de 200 constructions en pierres sèches. Outre le travail pastoral consistant à garder les troupeaux, à traire les vaches et les brebis, à fabriquait du beurre et des fromages, on défrichait et on déforestait pour agrandir les surfaces de fauches et les pâtures, pour y planter des cultures vivrières, on y élevait des lapins, des poules et des cochons pour nourrir les familles présentes. La vie s’organisait autour des « bourdaous », système de « remues » saisonnières impliquant la nécessité de changer de place et d’habitat selon les ressources disponibles pour les gens et les bêtes et selon les saisons.
Comme dans tous les milieux ruraux, le site de Goutets a connu des phénomènes de déprises agricoles et donc de déclins, déclin amplifié par la révolution industrielle et l’exode rural ou plus simplement car l’agriculture et l’élevage de montagne étaient des plus contraignants. Il faut savoir que pendant très longtemps, ici en Ariège, mais ailleurs aussi, ceux qui exploitaient les terres le faisaient sous l’autorité d’un seigneur, d’un richissime bourgeois ou d’ecclésiastiques qui en étaient les seuls vrais propriétaires. Si le servage avait été aboli, le fermage avait pris sa place, mais en réalité peu de choses avaient changé pour ceux qui travaillaient à la campagne ou à la montagne. Pour tous ces gens-là, la vie ne s’était guère améliorée. Aussi, quand la révolution industrielle engendra ses premiers effets et emplois, les paysans, surtout les hommes, s’empressèrent, pour améliorer l’ordinaire, d’aller chercher un travail ailleurs. Forgeron, charbonnier, colporteur, mineur, porteur de glaces, montreur d’ours, etc., les métiers étaient très nombreux et d’une extrême variété. Au début, il s’agissait de le faire aux périodes agricoles creuses, puis de plus en plus ils laissèrent leurs femmes s’occuper de tout le reste. La vie de cette paysanne déjà très rude se transforma souvent et très vite en de véritables enfers, car elle était doublée de celle de mère au foyer, la plupart du temps, au sein d’une famille très nombreuse où les multiples enfants qu’il fallait nourrir et éduquer venaient s’ajouter aux grands-parents qu’elle devait soutenir jusqu’à leur dernier souffle. Le temps eut vite raison de ces difficultés insoutenables et il est fort probable que le site de Goutets n’échappa pas à cette règle.
Enfin, si toutes les cabanes sont en pierres sèches, il est important de signaler qu’elles sont parfois bien différentes et pour cause, puisqu’elles avaient des destinations qui l’étaient aussi. Ainsi, si au début, les premières constructions furent de simples abris ou murs sous roches, très vite, l’Homme acquit les techniques permettant des élévations plus abouties. C’est pourquoi, on trouve des « orris », dont le mot correspondait plutôt au site d’exploitation, c'est-à-dire à « la jasse », surface bâtie d’une ou plusieurs cabanes et clôturée parfois de murets également en pierres sèches que le berger occupait quotidiennement. Si pour l’œil non averti, ces cabanes pouvaient être ressemblantes, le connaisseur y décelait des « mazucs », minuscules cabanes semi-enterrés où l’on entreposait le beurre et les fromages pour les affiner et les amener jusqu’à maturation. Le « courtal » était une cabane plus ample et un peu plus confortable, à laquelle un enclos était adjoint qu’on appelait « parec », parec dans lequel le bétail passait les nuits à l’abri des éventuels prédateurs. Le « parec » était parfois relié à l’habitation par une « marga », couloir pratique permettant d’amener les brebis plus facilement pour la traite. Le « cabanat » était un orri de quarantaine destiné essentiellement aux animaux malades ou bien prêts à mettre bas. Le « besau » ou « canaleta » était un petit canal d’arrosage permettant d’amener de l’eau, depuis une source ou un ruisseau, jusqu’à l’orri désiré. Certaines cabanes servaient de granges ou de fenils, d’autres de greniers, d’étables ou de bergeries. Il y en avait bien sûr qui servaient d’habitations, plus ou moins grandes et diverses dans leur conception et leur nombre de pièces. Le plus souvent, elles étaient agrémentées d’une porte en bois, et à l’intérieur, on pouvait y trouvait une grande dalle servant de table, d’autres plus petites servant de sièges, quelques niches permettant de menus rangements et quelquefois un rudimentaire foyer ou un simple orifice servant de cheminée. A l’extérieur, on y trouvait souvent des bancs et une table, voire des escaliers le tout en pierres sèches ou fait de rondins. Le « parsou », « penh » ou « porcatiéra » servaient de porcherie. D’autres petites cabanes faisaient office de poulailler ou de niche pour les chiens. Toutes ces architectures, formées d’un bâti sans aucun mortier et dressées avec essentiellement des pierres extraites à proximité, étaient le fruit d’un savoir-faire ancestral mais également d’une main d’œuvre souvent importante. Ces techniques se transmettaient de génération en génération. Certaines cabanes étaient des constructions dites « en tas de charge » ou « à encorbellements » constituées d’une voûte élevée de manière successive et concentrique, avec des pierres sèches et une ou plusieurs dalles finales. Certaines cabanes étaient construites de façon plus traditionnelle, Les minerais utilisés étaient du cru et pour l’essentiel soit du schiste soit du granit. Ainsi, si on avait la certitude qu’il y avait des spécialistes, maçons, bâtisseurs professionnels et parfois même, maîtres émérites de la pierre sèche, il arrivait souvent que d’autres métiers soient capables par contrainte d’élever des cabanes quasi similaires sinon quelquefois aussi parfaites. C’était le cas de certains bergers, paysans, agriculteurs, éleveurs, vignerons, essartiers et défricheurs, chasseurs, braconniers, cantonniers, carriers, puisatiers dont la nécessité de leurs travaux était de savoir travailler et élever la pierre sèche. Ici, aux Cabanes de Goutets, il est fort probable que de nombreux métiers aient participé à ces élévations ou à leur restauration au fil des décennies.
(**) Le livre de Jean-Louis LOUBET: Jean-Louis Loubet, dont le métier était professeur de géographie, est un ancien maire de la commune ariégeoise de Le Port (1978-2005). Après des études et des recherches sur le site de Goutets, il a participé activement à sa rénovation puis à sa conservation. En 2010, il a écrit un livre paru aux Editions Lacour qui est une véritable référence quant à ce site montagnard agropastoral. Ce livre qu’il faut lire pour tout connaître de Goutets a pour titre : « Un site remarquable dans le Haut-Couserans, Goutets - Contribution à une connaissance du milieu montagnard et de son organisation pastorale ».
- de prouver que la marche reste le meilleur moyen et en tous cas le plus paisible, pour découvrir la nature, paysages, faune et flore ainsi que notre beau patrimoine si diversifié,
- de démontrer, mais est-ce nécessaire ?, que notre France est "merveilleuse" un peu partout.
Alors bien sûr, en randonnée pédestre, si le premier objectif demeure l'observation ou/et la contemplation pour la découverte, le deuxième est de respecter et de protéger cette nature très souvent si fragile. Le premier objectif ne restera réalisable que si le second est constamment poursuivi et satisfait.
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