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La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la sublime musique du film de Claude Sautet "Les Choses de la vie" (avec Romy SchneiderLea Massari et Michel Piccoli) composée par Philippe Sarde. Le diaporama inclus successivement la "Bande originale du film", puis "La Chanson d'Hélène" interprétée par Patrick Fiori et Micheline Presle (paroles de Jean-Loup Dabadie et Michel Legrand) et une version instrumentale plus moderne de Bakinec Music.

La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

 La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

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Cette courte balade que j’ai intitulé « La Boucle autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya » mérite quelques explications que je mets en renvoi (*) au bas de ce récit afin de ne pas le surcharger plus qu’il ne faut. Quand je suis en villégiature à Urbanya, c’est-à-dire quasiment du mois d’avril ou mai jusqu’en septembre ou octobre, j’essaie constamment de trouver de nouvelles balades, de nouveaux terrains de jeux, de nouvelles raisons d’assouvir ma passion pour la marche et la Nature. Autant l’avouer, ce n’est pas toujours facile, sauf à s’éloigner toujours plus loin du village et de ma maison. Alors bien sûr, s’il m’arrive très souvent de m’éloigner de ma petite maison et de gambader hors des sentiers battus, il y a des jours où je recommence des boucles pédestres déjà faites des dizaines de fois. Avec ces 2km et des brouettes, ce petit circuit pédestre que je vous propose ici fait partie de ces boucles-là.  Ayant déjeuné tôt, il est 12h quand nous démarrons de notre maison, direction le bas du village et le chemin de l’église. En effet, plutôt que de monter vers le « Sarrat », ce qui aurait été plus logique au regard ce que j’écris en exergue de ce récit (*) , j’ai décidé de le réaliser à l’envers parce que tout simplement il est plus facile à expliquer et donc à réaliser dans ce sens.  Alors que Dany démarre sur les chapeaux de roue, je traîne déjà derrière elle bien captivé par le patrimoine d’Urbanya, quelques oiseaux, des papillons et des fleurs que je m’évertue à vouloir photographier. Elle rouspète un peu me rappelant constamment « mais tu l’as déjà photographié des centaines de fois ! ». Voilà déjà pas mal de temps que je ne lui réponds plus car elle sait parfaitement que chaque balade est pour moi totalement nouvelle. Nouvelle balade, nouvelle histoire à raconter, nouvelles photos et nouveau reportage sur mon blog. Oui, elle sait très bien que chaque nouvelle randonnée est pour moi une nouvelle péripétie suivant ainsi la Nature qui elle aussi est constamment dans un perpétuel changement. Oui, quand je marche, j’ai cette envie permanente de découvrir, d’observer, d’apprendre et d’essayer ensuite de colporter de mon mieux tout ce que j’ai découvert au travers de mes récits.  Elle sait tout ça parfaitement, alors pourquoi râler ? Après un bref détour jusqu’au calvaire qui a été récemment rénové et embelli, c’est au pied de l’église que nous empruntons la piste DFCI C060 qui sera notre principal fil conducteur. Nous l’emprunterons jusqu’à la quitter un peu plus haut et un peu plus loin et dès la première intersection rencontrée sur la droite. De toute manière, cette balade est plutôt courte et parler d’emblée de distances n’a que peu d’intérêt. Dans l’immédiat, après quelques virages, la piste terreuse se fait plus rectiligne, ce qui me permet de garder Dany en ligne de mire et de revenir sur elle dès lors que je me suis attardé pour mes multiples photos. Il va en être ainsi jusqu’à l’intersection citée ci-avant et une partie de cette boucle que je qualifierais « hors de la piste battue » (en bleu sur la carte IGN). C’est là en dessous que se situe sans doute « le Sarrat », colline allongée aux limites assez indéfinissables car désormais envahie par l’épaisse forêt presque essentiellement de feuillus. Le Sarrat et ses feuillus à droite et La Matte ; que j’ai déjà décrite dans ce blog ; avec ses résineux à gauche, voilà une description simpliste du terrain que la piste DFCI coupe en deux. Simpliste mais elle est quand même en grande partie la réalité.  Bien qu’il y ait diverses essences dans le Sarrat, les frênes sont les plus nombreux. Il est vrai qu’avec leurs « samares » qui s’envolent à tous les vents, ils ont un pouvoir très important de reboisement spontané. L'intersection de cette deuxième partie qui a consisté à quitter la piste DFCI C060 au profit du premier chemin se présentant sur la droite constitue le point culminant. On est à 1.060m d’altitude. Il faut emprunter ce chemin herbeux jusqu’à rencontrer une barrière métallique. Là, il faut partir à droite en longeant la clôture qui est la continuité de la barrière. Tout droit , il s’agit d’une impasse où il y a seulement des sources captées. Cette partie terminale étant un peu moins praticable, elle nécessite un peu plus d’attentions. Si ces précautions sont souvent incompatibles avec ma passion pour la photo naturaliste, la bonne connaissance des lieux me permet de savoir ce que je peux faire et où le faire. Cette clôture à droite est quasiment rectiligne. Il faut toujours la longer du côté droit en évitant surtout de ne pas trop s’en éloigner pour ne pas la perdre de vue. Ne pas la quitter permet de ne pas s’égarer dans les bois et surtout d’apercevoir sur la gauche et en contrebas le Correc de Saint-Estève, qui est un étroit ruisseau, affluent de la rivière Urbanya. Avant d’y parvenir, et si vous êtes curieux, vous ne manquerez pas d’observer les nombreuses terrasses qui occupent cette forêt, laquelle comme déjà indiquée, a été plantée dans le milieu des années 60. Les terrasses sont plus nombreuses à droite qu’à gauche de la clôture, ce qui tendrait à prouver que la « caminole » que nous empruntons était déjà peut-être un ancien sentier séparant des parcelles de différents propriétaires. L’ancien Chemin de Sarrat ? On peut le penser en observant une vue aérienne de 1953 sur Géoportail où on voit clairement un chemin monter en zigzags vers de longues terres apparemment cultivées. Avec quelques rares casots ruinés,  ces terrasses sont les seuls vestiges visibles de ce temps passé où les cultures vivrières permettaient au village de vivre en autarcie. Alors bien sûr, sur ce sentier pentu peu évident et parfois herbeux, soyez prudents. Quelques clôtures transversales seront à enjamber mais je vous rassure, elles ne sont pas (plus) électrifiées. Une fois parvenu au ruisseau qui arrive de la droite, débrouillez-vous pour l’atteindre et le traverser. Plusieurs caminoles y mènent. Un bon sentier est là qui démarre. Il est la suite logique du « Chemin de Sarrat » où se trouve ma maison. De toute manière, au bas de la descente, et malgré la dense forêt, vous apercevrez les premières maisons. Les plus visibles sont celles d’Alan West et de Pierre Goze, mes voisins que j’ai déjà cités. Au-dessus de leurs maisons, vous verrez apparaître deux hautes antennes mais aussi une citerne qui n’est ni plus ni moins que la château d’eau de la commune. Le drapeau catalan, la fameuse « senyera » y flotte au-dessus en permanence. Cet ensemble de constructions vous donnent une belle idée de la direction à suivre. Si vous avez bien suivi ces instructions, vous allez inévitablement atterrir sur « le Chemin de Sarrat ». Si je suis sur ma terrasse n’hésitait pas à venir me voir, sauf si c’est pour m’engueuler bien sûr parce que vous aurez galéré. Nous galérons aussi mais à la différence près est que nous connaissons parfaitement les lieux désormais. Dans le cas contraire, j’aurais toujours une bière, un jus de fruit, un  muscat ou un pastis à vous offrir. Le tout bien frais bien sûr ! Telle qu’expliquée ici, cette modeste balade est longue de 2,6km pour des montées cumulées de 203m et un faible dénivelé de 146m. Le point le plus haut se trouve à 1.016m à la fameuse intersection de la piste DFCI C060 avec le chemin cité plus avant dans le texte et le plus bas à l’église du village à 870m. C’est donc une balade plutôt facile, la seule difficulté résidant dans le suivi de la clôture et le retour en descente jusqu’au village. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

(*) Explications concernant le nom propre « Le Sarrat », en catalan « El Sarat » : Ce nom de « Sarrat » , vous ne le trouverez qu’assez rarement tout seul sur une carte IGN et ici à Urbanya c’est le nom qui a été donné à une simple petite ruelle. Cette simple petite ruelle, c’est celle où j’ai ma maison. En effet, à Urbanya, voilà déjà 12 ans que je possède une vieille maison de montagne (2eme moitié du 19eme siècle) au sommet d’une ruelle pentue qui s’intitule « Le Chemin de Sarrat ». Alors bien sûr, le mot « chemin » faisant souvent « tilt » dans la tête du randonneur très curieux que je suis, j’ai tenté à diverses reprises de comprendre pourquoi ce nom-là ? Pas simple ? Oui pas simple, car les informations écrites à propos de ce chemin sont inexistantes,  sauf peut-être à aller les chercher dans les vieilles archives du village. J’ignore d’ailleurs où se trouvent ces archives, le village ayant été pendant 10 ans ; de 1973 à 1983 ; rattaché à la commune de Ria-Sirach. D’ailleurs, le jeu en vaut-il la chandelle ? Je ne le pense pas car j’ai l’intime conviction que ce nom a pour origine une ancestrale tradition orale. De ce fait, il me paraît plus logique de chercher directement dans la linguistique. En effet, et comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire à propos d’autres randonnées, on sait très bien ce que signifie le mot catalan « sarrat ». Sur Internet, il y a pléthore d’informations toponymiques à son propos. En français et sur les cartes cadastrales, il est traduit le plus souvent en « serrat » et ce n'est pas moi qui le dis mais l’éminent géographe toponymiste Jean Becat. Voyez ce qu’il a écrit à propos des différents « sarrats » d’Urbanya (je devrais plutôt écrire d’Orbanyà) en cliquant sur ce lien. Alors étonnamment absent des dictionnaires français que signifie le mot « serrat » ? On le trouve dans le Larousse sans le « t » final et la définition qui nous est donnée est « montagne dans les pays de langue portugaise ».  Or mis l’aspect portugais, on n’est pas très loin de la définition « catalane » mais on chauffe.  En réalité et dans la linguistique géographique française ou pyrénéenne, il peut effectivement se traduire en « montagne » mais plus généralement de diverses façons comme une  ligne de crête, une sierra, une serre, un col, une colline, un  dôme, une éminence, un sommet, un coteau, un relief et donc une hauteur et que sais-je encore. Assez souvent c’est la région qui détermine elle-même sa propre définition. Ici une petite colline, là une longue crête et ailleurs un coteau. En occitan, il a parfois la même signification mais il peut-être aussi un enclos, un champ entouré d’un fossé voire un défilé étroit entre deux éminences.  Avec ce mot rien n’est simple. Toutefois,  ici à Urbanya et plus généralement en Catalogne et dans les Pyrénées, il avait jadis dans la bouche de ceux qui l’employaient une connotation plus simpliste. En effet, ce mot a pour origine une vieille racine occitane, « sar », signifiant « une terre allongée en altitude » quand à l’autre racine « ar », elle signifie « pierreux » (source La Dépêche.fr du 26/07/2011). « Le chemin de Sarrat » était donc le chemin permettant d’aller vers « des terres situées sur des hauteurs » et « pierreuses » le plus souvent. Plus tard, et pour être cultivées, ces terres ont été épierrées et très logiquement elles ont été soutenues par des terrasses dressées avec ces même pierres. De ce fait, leur forme allongée fut le plus souvent la règle et le nom alloué devint logique.  Ainsi le nom commun « sarrat » devînt le plus souvent un nom propre. Ce fut sans doute le cas ici à Urbanya comme ailleurs quand il est employé tout seul. Le berger montait son troupeau « Al Sarat » » et les habitants s’y rendaient également pour cultiver leur parcelle. Sur Géoportail, j’ai donc cherché sur de vieilles cartes aériennes si cette hypothèse tenait la route et là « bingo ! ». En effet, quand on regarde de vieilles cartes aériennes d’Urbanya, et notamment celles de 1950-1965, on s’aperçoit aisément que tout autour du village et dans ce secteur-là en particulier tout a beaucoup changé par rapport au présent. D’abord, « le chemin de Sarrat » était beaucoup long qu’il ne l’est de nos jours. Une carte proposée par « Esri World Topografic Map » le montre même montant dans la colline puis faisant une boucle se terminant en bas près du vieux cimetière. Cette boucle n’existe plus vraiment, même si l’accomplir reste encore possible en évitant les arbres et les arbustes. Mais plus clairement encore, une vue aérienne montre le chemin de Sarrat montant comme de nos jours puis continuant en zigzaguant vers des parcelles allongées et probablement cultivées justifiant pleinement sa toponymie (voir les 2 photos ci-dessous). On m’a également offert la copie d’une très vieille carte postale intitulée « Urbanya – Al Sarat » où l’on voit clairement cette colline pratiquement dépourvue de toutes hautes végétations. Il y a seulement quelques arbres au bord du Correc de Saint-Estève et clairement des zones plus claires bien délimitées qui sont sans doute des parcelles défrichées et donc cultivées. De quand date cette carte postale ? Je l’ignore car je n’ai qu’une photo. Ma maison qui date de la deuxième moitié du 19eme siècle est déjà là mais pas celles de mes voisins Alan West et Pierre Goze qui ont été construites dans une fourchette que j’estime allant des années 1955 à 1980 environ. Elle serait donc au mieux du début des années 50 voire bien antérieure. Une autre carte postale ; apparemment postérieure à la première ; laisse entrevoir le « Sarrat », derrière l’église Saint-Etienne, nettement plus envahi par la végétation. On y voit encore sur la droite quelques parcelles dépourvues de toute haute végétation, ce qui tend à prouver que des cultures étaient encore présentes. Quelques anciens du village, dont mon voisin Pierre Goze, me l’ont dit, la forêt actuelle a été plantée au milieu des années 60 et après un remembrement de différentes parcelles qui a débuté en 1964. Ceci est confirmé dans certains textes sur Internet dont Wikipédia. Il est donc fort probable qu’avant ces plantations d’arbres, certaines de ces parcelles aient été des champs de céréales ou des jardins potagers le plus souvent cultivées sur des côteaux en terrasses. Ces terrasses, ce sont les fameuses « feixes » catalanes constituées en pierres sèches et élevées de telle façon qu’elles permettent d’aplanir les sols et d’augmenter ainsi leur profondeur indispensable à la mise en culture et au stockage de l’eau. Ces terrasses sont encore bien visibles de nos jours. « Le Chemin de Sarrat » était donc utilisé pour se rendre sur ces lieux. Quelques autres hypothèses comme la présence de « serres vitrées ou plastifiées dans cette colline » ou bien « un chemin montant au pic de la Serra » se trouvant dans la même direction sont possibles mais aucune d’entre-elles ne m’a été précisée par les « anciens » du village. Alors bien sûr quand je vais me promener dans ce lieu désormais très boisé, je n’ai pas la prétention de cheminer dans les pas des anciens mais au moins cela me permet de marcher « moins idiot ». « Les Chemins de Sarrat » sont désormais légions. Ils sont le plus souvent tracés par des animaux qui circulent dans la forêt et qui y ont leurs habitudes. Qu’ils soient sauvages comme les cervidés, les renards ou les sangliers, ou pas comme les chevaux ou les bovins, ce sont eux qui tracent désormais les sentiers. Les animaux sauvages ont leurs couloirs mais la peur des hommes les oblige à en changer, engendrant ce que l’on appelle des « caminoles » ; nom en jargon pyrénéen donné à des sentes très étroites tracées par des animaux qu’ils soient sauvages ou pas. Cette crainte démultiplie le nombre de sentes au sein de la forêt. Les chemins d’antan, eux, ont disparu sous une végétation qui a repris ses droits car on sait tous que la Nature a horreur du vide. Le « Chemin de Sarrat » se résume désormais à une ruelle.


La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya                           Le Chemin de Sarrat en 1953La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

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Le Circuit des Genêts à Urbanya

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons qui m'ont été inspirées en regardant l'agréable film "Bridget Jones : L'âge de raison" avec la truculente, très jolie et remarquable actrice Renée Zellweger. Elles ont pour titres : "Bridget's Theme" d'Harry Gregson-Williams"Your Love Is King" de Will Young, "Sorry Seems To Be The Hardest Word" d'Elton John interprétée par Mary.J.Blige"I'm Not In Love" du groupe 10cc 

Le Circuit des Genêts à Urbanya

Le Circuit des genêts à Urbanya

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12 mai 2021 Urbanya. Avec ce « Circuit des Genêts », voilà ma vraie première randonnée d’après Covid et sortie du confinement. Nous sommes ici depuis une semaine et si j’ai choisi cette boucle, c’est pour plusieurs raisons. La première est que j’espère être capable de réaliser les très modestes 3,8 km de distance, les 210 m de dénivelé et les 220 m de montées cumulées malgré une convalescence qui s’éternise un peu trop à mon goût. Oui, autant l’avouer, avec des essoufflements récurrents au moindre effort et des sifflements dans la gorge et la poitrine, je ne peux pas vraiment parler de guérison totale de l’embolie pulmonaire causée par la Covid, même si je n’ai plus aucune douleur thoracique depuis ma sortie de clinique, c'est-à-dire le 6 avril. La deuxième raison est que ce petit parcours est celui que j’accompli le plus souvent quand je suis ici à Urbanya, même si fréquemment j’y intègre quelques variantes en forêt. A la rencontre constante de la Nature, les années précédentes, il m’arrivait de réaliser cette boucle plusieurs fois par semaine. Cette année pas encore ! Aujourd’hui pas de variante et une boucle tout ce qu’il y a de plus classique mais avec un atout supplémentaire, la réaliser avec les genêts (*) merveilleusement fleuris, d’où le nom que je lui donne et qu’il mérite amplement en la circonstance. C’est bien à cet instant de l’année que ce circuit pédestre est le plus beau et le plus intéressant. C’est le printemps et ici les genêts sont les plantes fleuries affirmant le plus ce cycle annuel car de très loin les plus visibles. Depuis quelques années, ils ont même pris un aspect « invasif » non négligeable, faisant la pige aux cistes à feuilles de laurier, autres envahisseurs du secteur, lesquels fleurissent un peu plus tard. Les genêts sont très beaux mais ils prennent le dessus sur le reste de la végétation et de plus en plus de place, même dans les sentiers et les chemins. Enfin, dernière raison non négligeable quant au choix de cette petite balade, c’est le printemps et la promesse d’une Nature qui s’éveille de plus en plus. J’en ai déjà fait le constat autour de ma maison.  Nous venons de déjeuner tôt et il est 11h45 quand nous démarrons. L’aspect pratique et intéressant est que le sentier s’élève directement derrière notre maison, direction les antennes relais et le château d’eau. Nous n’avons pas encore fait 10 mètres que le spectacle s’offre déjà à nous sous les traits d’un couple de couleuvres à échelons qui s’accouplent au pied d’une ruine. Le temps de quelques photos, et les deux « amoureux timides » partent se réfugier dans le trou d’un muret. Quelques oiseaux et papillons, des fleurs nouvelles à profusion qu’il faut parfois savoir observer de très près pour apprécier leur beauté voire leur originalité et voilà qu’un autre spectacle merveilleux mais très inattendu se présente à nous. Cette fois, il s’agit de trois cervidés qui paissent tranquilles dans un pré juste en dessous du chemin. Sans doute une biche et ses deux faons car si le plus grand reste visible, les deux autres semblent plus petits et disparaissent plus facilement dans l’épaisse végétation. De temps à autre, on aperçoit leur dos ou leur arrière-train mais c’est tout. Et savez-vous ce qu’ils savourent ? Des genêts bien sûr ! Caché moi-même derrière d’autres genêts, j’ai tout loisir de photographier le plus grand avant que peu à peu il ne s’éclipse dans un bois trop touffu. Les genêts parlons-en ! En une année, ceux qui occupaient le chemin ont bien grandi, des nouveaux ont vu le jour,  ont bien poussé et il nous faut carrément les pénétrer et zigzaguer au milieu d’une « futaie » flamboyante pour parvenir à poursuivre. Moi qui suis allergique au pollen, bonjour ma guérison ! Par bonheur ça ne dure pas trop longtemps et quand la ferme à Philippe se présente, la piste redevient quasiment normale. Voilà 8 mois que je ne suis plus revenu ici, depuis cette fameuse semaine où j’avais ramassé des mûres sous les cris des veaux et de leur mère et la présence « mystique » d’une présumée Dame Blanche. Le premier jour, les veaux étaient partis à l’abattoir. Leurs mères et pères sous d’autres cieux dès le lendemain car Philippe avait cédé tout son troupeau à un autre éleveur. Quant à la Dame Blanche, elle était restée quelques jours dans ma tête mais depuis elle s’était volatilisée elle aussi. Oui, aujourd’hui tout n’est que silence et donc tristesse. Il n’y a plus aucun meuglement de bovins. Les chiens ne sont plus là à vociférer quand on passe. Le chat noir et blanc de la ferme qui était là pour manger les souris, Dany vient de le découvrir quelques minutes auparavant tout desséché sur le bas-côté du chemin. Ça nous a attristés même si nous ne le connaissions pas plus que ça. Nous aimons les chats et les animaux en général. Dans cette désolation, seul un Bruant proyer picorant sans gêne les fleurs d’un genêt a retenu mon attention et celle de mon appareil-photo. En quittant les lieux, je veux positiver et je me dis qu’il y a quand même une bonne nouvelle à retenir dans cette profusion de mauvaises. Cette bonne nouvelle s’appelle Flip. Flip, c’était le second chat de la ferme au temps où Philippe y travaillait encore d’où son nom car au départ nous l’appelions « le chat à Philippe ». Puis la contraction en Flip est venue tout naturellement. Depuis que nous avions perdu nos deux chats Noxi et Zouzou, il avait pris pour habitude de nous rendre visite. Livré à lui-même et à cause d’un ulcère à un œil, nous l’avions recueilli quelques jours avant mon Covid. Sans soin, il aurait perdu l’œil et sans doute la vie nous avait dit la véto ! L’ulcère se serait sans doute propagé vers le cerveau avait-elle rajouté. Aujourd’hui, Flip a retrouvé un œil normal, il est sauvé, vit avec nous et n’a pas l’air de s’en plaindre. Voilà ce qu’il nous reste de concret de cette ferme sans vie à l’instant où nous la quittons. Après les couleuvres, les biches, les souvenirs contrastés liés à cette ferme, on pourrait penser que par la force des choses la suite est moins attractive. Mais non ! Les fleurs et les papillons me freinent constamment. Les oiseaux, eux, m’arrêtent carrément et quand c’est le cas Dany se montre pleine de compréhension. Je ne fais pas trois mètres sans qu’il n’y ait pas quelque chose à photographier. Et encore, je fais en sorte de ne photographier qu’un spécimen de papillon ou de fleur dès lors qu’une photo antérieure est réussie. Pour Dany et moi, cette petite marche nous rend excessivement heureux. Je revis et Dany avec moi, elle qui s’est tant inquiétée à cause de ma santé chancelante. Oui, je peux aisément comprendre que ces mois de février et de mars si terribles pour moi ont été bien longs et bien difficiles pour elle. Psychologiquement. Aujourd’hui, marcher c’est se rétablir, mais c’est aussi tenter d’effacer ce passé. Cette balade, nous la voulons positive. Elle prend plaisir à randonner et moi, je rajoute à cette passion de la marche celle pour la photo naturaliste. Fleurs et papillons à profusion et oiseaux en nette progression depuis que nous sommes là, même si pour l’instant quelques espèces manquent encore à l’appel. Par bonheur, les hirondelles, les rougequeues, les mésanges, les moineaux et les merles viennent un peu réparer cette raréfaction dont malheureusement je sais qu’elle est chronique. Mésanges charbonnières et rougequeues noirs occupent les quelques nichoirs que nous avons mis autour de la maison et c’est toujours un réel plaisir de voir les parents nourrir leur progéniture. Ce sont journellement des centaines voire des milliers de va-et-vient incessants auxquels on assiste.  Cette balade du bonheur pour nous se termine sur une autre note positive, celle de la vision rapprochée du clocher de l’église Saint-Etienne d’Urbanya qui a été magnifiquement restauré. En 2020, nous l’avions quitté en pleins travaux. Si pour moi, le démarrage de cette courte balade a été laborieux à cause de quelques dyspnées, par bonheur, elles ont assez vite disparu et c’est très encourageant pour la suite. Bien sûr, je reste conscient que 3,8km ce n’est qu’une très courte distance pour n’importe quel randonneur aguerri ou pas mais pour moi, il était important que je la finisse correctement. Je suis ravi d’y être parvenu et je sais déjà qu’il y en aura d’autres. Aussi courtes ? Plus longues ? Dans l’immédiat, ce n’est pas important et l’essentiel est d’être debout sur mes deux pieds et d’être capable de marcher. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

 

(*) Les genêts d’Urbanya : Ici à Urbanya, on peut découvrir plusieurs espèces de genêts mais encore faut-il être aguerri à cette reconnaissance, ce qui n’est pas mon cas, loin s’en faut. Il est vrai que certaines espèces sont relativement proches sur le plan visuel et ce d’autant, que leurs différences se résument parfois à quelques détails que seul un botaniste saura analyser avec pertinence (fleurs, branches, feuilles, gousses, etc…). Les genêts appartiennent à la famille des Fabacées (Fabaceae) tout comme les cytises et les spartiers et leurs fleurs sont le plus souvent de couleur jaune.

- Dans le Haut-Conflent et au printemps, les plus communs sont les Genêts à balais (Cytisus scoparius), les Genêts ou spartiers purgatifs ou genêts oroméditerranéens (Cytisus oromediterraneus), les Faux-genêts d’Espagne encore appelés Spartier à tiges de jonc (Spartium junceum), les Genêts cendrés (Genista cinerea), les Genêts de Catalogne (Cytisus arboreus subsp.catalaunicus) et les Genêts d’Espagne (Genista hispanica). Bien d’autres sont présents mais parfois en d’autres saisons ou moins visibles. Citons le Genêt bleu (Erinacea anthyllis), le Genêt du Dauphiné (Genista delphinensis), le Genêt ailé (Genista sagittalis), le Genêt des teinturiers (Genista tinctoria) que l'on trouve plus haut en altitude, le Genêt scorpion ou épineux (Genista scorpius) très piquant comme son nom l'indique et enfin d'autres plus rares encore comme le Genêt d'Angleterre (Genista anglica).

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