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La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la sublime musique du film de Claude Sautet "Les Choses de la vie" (avec Romy SchneiderLea Massari et Michel Piccoli) composée par Philippe Sarde. Le diaporama inclus successivement la "Bande originale du film", puis "La Chanson d'Hélène" interprétée par Patrick Fiori et Micheline Presle (paroles de Jean-Loup Dabadie et Michel Legrand) et une version instrumentale plus moderne de Bakinec Music.

La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

 La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

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Cette courte balade que j’ai intitulé « La Boucle autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya » mérite quelques explications que je mets en renvoi (*) au bas de ce récit afin de ne pas le surcharger plus qu’il ne faut. Quand je suis en villégiature à Urbanya, c’est-à-dire quasiment du mois d’avril ou mai jusqu’en septembre ou octobre, j’essaie constamment de trouver de nouvelles balades, de nouveaux terrains de jeux, de nouvelles raisons d’assouvir ma passion pour la marche et la Nature. Autant l’avouer, ce n’est pas toujours facile, sauf à s’éloigner toujours plus loin du village et de ma maison. Alors bien sûr, s’il m’arrive très souvent de m’éloigner de ma petite maison et de gambader hors des sentiers battus, il y a des jours où je recommence des boucles pédestres déjà faites des dizaines de fois. Avec ces 2km et des brouettes, ce petit circuit pédestre que je vous propose ici fait partie de ces boucles-là.  Ayant déjeuné tôt, il est 12h quand nous démarrons de notre maison, direction le bas du village et le chemin de l’église. En effet, plutôt que de monter vers le « Sarrat », ce qui aurait été plus logique au regard ce que j’écris en exergue de ce récit (*) , j’ai décidé de le réaliser à l’envers parce que tout simplement il est plus facile à expliquer et donc à réaliser dans ce sens.  Alors que Dany démarre sur les chapeaux de roue, je traîne déjà derrière elle bien captivé par le patrimoine d’Urbanya, quelques oiseaux, des papillons et des fleurs que je m’évertue à vouloir photographier. Elle rouspète un peu me rappelant constamment « mais tu l’as déjà photographié des centaines de fois ! ». Voilà déjà pas mal de temps que je ne lui réponds plus car elle sait parfaitement que chaque balade est pour moi totalement nouvelle. Nouvelle balade, nouvelle histoire à raconter, nouvelles photos et nouveau reportage sur mon blog. Oui, elle sait très bien que chaque nouvelle randonnée est pour moi une nouvelle péripétie suivant ainsi la Nature qui elle aussi est constamment dans un perpétuel changement. Oui, quand je marche, j’ai cette envie permanente de découvrir, d’observer, d’apprendre et d’essayer ensuite de colporter de mon mieux tout ce que j’ai découvert au travers de mes récits.  Elle sait tout ça parfaitement, alors pourquoi râler ? Après un bref détour jusqu’au calvaire qui a été récemment rénové et embelli, c’est au pied de l’église que nous empruntons la piste DFCI C060 qui sera notre principal fil conducteur. Nous l’emprunterons jusqu’à la quitter un peu plus haut et un peu plus loin et dès la première intersection rencontrée sur la droite. De toute manière, cette balade est plutôt courte et parler d’emblée de distances n’a que peu d’intérêt. Dans l’immédiat, après quelques virages, la piste terreuse se fait plus rectiligne, ce qui me permet de garder Dany en ligne de mire et de revenir sur elle dès lors que je me suis attardé pour mes multiples photos. Il va en être ainsi jusqu’à l’intersection citée ci-avant et une partie de cette boucle que je qualifierais « hors de la piste battue » (en bleu sur la carte IGN). C’est là en dessous que se situe sans doute « le Sarrat », colline allongée aux limites assez indéfinissables car désormais envahie par l’épaisse forêt presque essentiellement de feuillus. Le Sarrat et ses feuillus à droite et La Matte ; que j’ai déjà décrite dans ce blog ; avec ses résineux à gauche, voilà une description simpliste du terrain que la piste DFCI coupe en deux. Simpliste mais elle est quand même en grande partie la réalité.  Bien qu’il y ait diverses essences dans le Sarrat, les frênes sont les plus nombreux. Il est vrai qu’avec leurs « samares » qui s’envolent à tous les vents, ils ont un pouvoir très important de reboisement spontané. L'intersection de cette deuxième partie qui a consisté à quitter la piste DFCI C060 au profit du premier chemin se présentant sur la droite constitue le point culminant. On est à 1.060m d’altitude. Il faut emprunter ce chemin herbeux jusqu’à rencontrer une barrière métallique. Là, il faut partir à droite en longeant la clôture qui est la continuité de la barrière. Tout droit , il s’agit d’une impasse où il y a seulement des sources captées. Cette partie terminale étant un peu moins praticable, elle nécessite un peu plus d’attentions. Si ces précautions sont souvent incompatibles avec ma passion pour la photo naturaliste, la bonne connaissance des lieux me permet de savoir ce que je peux faire et où le faire. Cette clôture à droite est quasiment rectiligne. Il faut toujours la longer du côté droit en évitant surtout de ne pas trop s’en éloigner pour ne pas la perdre de vue. Ne pas la quitter permet de ne pas s’égarer dans les bois et surtout d’apercevoir sur la gauche et en contrebas le Correc de Saint-Estève, qui est un étroit ruisseau, affluent de la rivière Urbanya. Avant d’y parvenir, et si vous êtes curieux, vous ne manquerez pas d’observer les nombreuses terrasses qui occupent cette forêt, laquelle comme déjà indiquée, a été plantée dans le milieu des années 60. Les terrasses sont plus nombreuses à droite qu’à gauche de la clôture, ce qui tendrait à prouver que la « caminole » que nous empruntons était déjà peut-être un ancien sentier séparant des parcelles de différents propriétaires. L’ancien Chemin de Sarrat ? On peut le penser en observant une vue aérienne de 1953 sur Géoportail où on voit clairement un chemin monter en zigzags vers de longues terres apparemment cultivées. Avec quelques rares casots ruinés,  ces terrasses sont les seuls vestiges visibles de ce temps passé où les cultures vivrières permettaient au village de vivre en autarcie. Alors bien sûr, sur ce sentier pentu peu évident et parfois herbeux, soyez prudents. Quelques clôtures transversales seront à enjamber mais je vous rassure, elles ne sont pas (plus) électrifiées. Une fois parvenu au ruisseau qui arrive de la droite, débrouillez-vous pour l’atteindre et le traverser. Plusieurs caminoles y mènent. Un bon sentier est là qui démarre. Il est la suite logique du « Chemin de Sarrat » où se trouve ma maison. De toute manière, au bas de la descente, et malgré la dense forêt, vous apercevrez les premières maisons. Les plus visibles sont celles d’Alan West et de Pierre Goze, mes voisins que j’ai déjà cités. Au-dessus de leurs maisons, vous verrez apparaître deux hautes antennes mais aussi une citerne qui n’est ni plus ni moins que la château d’eau de la commune. Le drapeau catalan, la fameuse « senyera » y flotte au-dessus en permanence. Cet ensemble de constructions vous donnent une belle idée de la direction à suivre. Si vous avez bien suivi ces instructions, vous allez inévitablement atterrir sur « le Chemin de Sarrat ». Si je suis sur ma terrasse n’hésitait pas à venir me voir, sauf si c’est pour m’engueuler bien sûr parce que vous aurez galéré. Nous galérons aussi mais à la différence près est que nous connaissons parfaitement les lieux désormais. Dans le cas contraire, j’aurais toujours une bière, un jus de fruit, un  muscat ou un pastis à vous offrir. Le tout bien frais bien sûr ! Telle qu’expliquée ici, cette modeste balade est longue de 2,6km pour des montées cumulées de 203m et un faible dénivelé de 146m. Le point le plus haut se trouve à 1.016m à la fameuse intersection de la piste DFCI C060 avec le chemin cité plus avant dans le texte et le plus bas à l’église du village à 870m. C’est donc une balade plutôt facile, la seule difficulté résidant dans le suivi de la clôture et le retour en descente jusqu’au village. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

(*) Explications concernant le nom propre « Le Sarrat », en catalan « El Sarat » : Ce nom de « Sarrat » , vous ne le trouverez qu’assez rarement tout seul sur une carte IGN et ici à Urbanya c’est le nom qui a été donné à une simple petite ruelle. Cette simple petite ruelle, c’est celle où j’ai ma maison. En effet, à Urbanya, voilà déjà 12 ans que je possède une vieille maison de montagne (2eme moitié du 19eme siècle) au sommet d’une ruelle pentue qui s’intitule « Le Chemin de Sarrat ». Alors bien sûr, le mot « chemin » faisant souvent « tilt » dans la tête du randonneur très curieux que je suis, j’ai tenté à diverses reprises de comprendre pourquoi ce nom-là ? Pas simple ? Oui pas simple, car les informations écrites à propos de ce chemin sont inexistantes,  sauf peut-être à aller les chercher dans les vieilles archives du village. J’ignore d’ailleurs où se trouvent ces archives, le village ayant été pendant 10 ans ; de 1973 à 1983 ; rattaché à la commune de Ria-Sirach. D’ailleurs, le jeu en vaut-il la chandelle ? Je ne le pense pas car j’ai l’intime conviction que ce nom a pour origine une ancestrale tradition orale. De ce fait, il me paraît plus logique de chercher directement dans la linguistique. En effet, et comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire à propos d’autres randonnées, on sait très bien ce que signifie le mot catalan « sarrat ». Sur Internet, il y a pléthore d’informations toponymiques à son propos. En français et sur les cartes cadastrales, il est traduit le plus souvent en « serrat » et ce n'est pas moi qui le dis mais l’éminent géographe toponymiste Jean Becat. Voyez ce qu’il a écrit à propos des différents « sarrats » d’Urbanya (je devrais plutôt écrire d’Orbanyà) en cliquant sur ce lien. Alors étonnamment absent des dictionnaires français que signifie le mot « serrat » ? On le trouve dans le Larousse sans le « t » final et la définition qui nous est donnée est « montagne dans les pays de langue portugaise ».  Or mis l’aspect portugais, on n’est pas très loin de la définition « catalane » mais on chauffe.  En réalité et dans la linguistique géographique française ou pyrénéenne, il peut effectivement se traduire en « montagne » mais plus généralement de diverses façons comme une  ligne de crête, une sierra, une serre, un col, une colline, un  dôme, une éminence, un sommet, un coteau, un relief et donc une hauteur et que sais-je encore. Assez souvent c’est la région qui détermine elle-même sa propre définition. Ici une petite colline, là une longue crête et ailleurs un coteau. En occitan, il a parfois la même signification mais il peut-être aussi un enclos, un champ entouré d’un fossé voire un défilé étroit entre deux éminences.  Avec ce mot rien n’est simple. Toutefois,  ici à Urbanya et plus généralement en Catalogne et dans les Pyrénées, il avait jadis dans la bouche de ceux qui l’employaient une connotation plus simpliste. En effet, ce mot a pour origine une vieille racine occitane, « sar », signifiant « une terre allongée en altitude » quand à l’autre racine « ar », elle signifie « pierreux » (source La Dépêche.fr du 26/07/2011). « Le chemin de Sarrat » était donc le chemin permettant d’aller vers « des terres situées sur des hauteurs » et « pierreuses » le plus souvent. Plus tard, et pour être cultivées, ces terres ont été épierrées et très logiquement elles ont été soutenues par des terrasses dressées avec ces même pierres. De ce fait, leur forme allongée fut le plus souvent la règle et le nom alloué devint logique.  Ainsi le nom commun « sarrat » devînt le plus souvent un nom propre. Ce fut sans doute le cas ici à Urbanya comme ailleurs quand il est employé tout seul. Le berger montait son troupeau « Al Sarat » » et les habitants s’y rendaient également pour cultiver leur parcelle. Sur Géoportail, j’ai donc cherché sur de vieilles cartes aériennes si cette hypothèse tenait la route et là « bingo ! ». En effet, quand on regarde de vieilles cartes aériennes d’Urbanya, et notamment celles de 1950-1965, on s’aperçoit aisément que tout autour du village et dans ce secteur-là en particulier tout a beaucoup changé par rapport au présent. D’abord, « le chemin de Sarrat » était beaucoup long qu’il ne l’est de nos jours. Une carte proposée par « Esri World Topografic Map » le montre même montant dans la colline puis faisant une boucle se terminant en bas près du vieux cimetière. Cette boucle n’existe plus vraiment, même si l’accomplir reste encore possible en évitant les arbres et les arbustes. Mais plus clairement encore, une vue aérienne montre le chemin de Sarrat montant comme de nos jours puis continuant en zigzaguant vers des parcelles allongées et probablement cultivées justifiant pleinement sa toponymie (voir les 2 photos ci-dessous). On m’a également offert la copie d’une très vieille carte postale intitulée « Urbanya – Al Sarat » où l’on voit clairement cette colline pratiquement dépourvue de toutes hautes végétations. Il y a seulement quelques arbres au bord du Correc de Saint-Estève et clairement des zones plus claires bien délimitées qui sont sans doute des parcelles défrichées et donc cultivées. De quand date cette carte postale ? Je l’ignore car je n’ai qu’une photo. Ma maison qui date de la deuxième moitié du 19eme siècle est déjà là mais pas celles de mes voisins Alan West et Pierre Goze qui ont été construites dans une fourchette que j’estime allant des années 1955 à 1980 environ. Elle serait donc au mieux du début des années 50 voire bien antérieure. Une autre carte postale ; apparemment postérieure à la première ; laisse entrevoir le « Sarrat », derrière l’église Saint-Etienne, nettement plus envahi par la végétation. On y voit encore sur la droite quelques parcelles dépourvues de toute haute végétation, ce qui tend à prouver que des cultures étaient encore présentes. Quelques anciens du village, dont mon voisin Pierre Goze, me l’ont dit, la forêt actuelle a été plantée au milieu des années 60 et après un remembrement de différentes parcelles qui a débuté en 1964. Ceci est confirmé dans certains textes sur Internet dont Wikipédia. Il est donc fort probable qu’avant ces plantations d’arbres, certaines de ces parcelles aient été des champs de céréales ou des jardins potagers le plus souvent cultivées sur des côteaux en terrasses. Ces terrasses, ce sont les fameuses « feixes » catalanes constituées en pierres sèches et élevées de telle façon qu’elles permettent d’aplanir les sols et d’augmenter ainsi leur profondeur indispensable à la mise en culture et au stockage de l’eau. Ces terrasses sont encore bien visibles de nos jours. « Le Chemin de Sarrat » était donc utilisé pour se rendre sur ces lieux. Quelques autres hypothèses comme la présence de « serres vitrées ou plastifiées dans cette colline » ou bien « un chemin montant au pic de la Serra » se trouvant dans la même direction sont possibles mais aucune d’entre-elles ne m’a été précisée par les « anciens » du village. Alors bien sûr quand je vais me promener dans ce lieu désormais très boisé, je n’ai pas la prétention de cheminer dans les pas des anciens mais au moins cela me permet de marcher « moins idiot ». « Les Chemins de Sarrat » sont désormais légions. Ils sont le plus souvent tracés par des animaux qui circulent dans la forêt et qui y ont leurs habitudes. Qu’ils soient sauvages comme les cervidés, les renards ou les sangliers, ou pas comme les chevaux ou les bovins, ce sont eux qui tracent désormais les sentiers. Les animaux sauvages ont leurs couloirs mais la peur des hommes les oblige à en changer, engendrant ce que l’on appelle des « caminoles » ; nom en jargon pyrénéen donné à des sentes très étroites tracées par des animaux qu’ils soient sauvages ou pas. Cette crainte démultiplie le nombre de sentes au sein de la forêt. Les chemins d’antan, eux, ont disparu sous une végétation qui a repris ses droits car on sait tous que la Nature a horreur du vide. Le « Chemin de Sarrat » se résume désormais à une ruelle.


La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya                           Le Chemin de Sarrat en 1953La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

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Le Puig del Rocater (1.601 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté des 3 plus gros succès du groupe américain de rock Chicago. Ils ont pour titre "If You Leave Me Now (A)? "Hard to Say I'm Sorry (B) et "Get Away"(C) et sont interprétés ici par divers artistes de grand talent dans leur catégorie.Dans l'ordre d'écoute, Alex Montana (A/saxophone), le groupe russo/ukrainien Léonid and Friends (B et C/ chant) avec la voix admirable de Serge Tiagnyriadno parti combattre au côté de l'Ukraine après l'invasion russe de février 2022, le groupe Flamenco Guitar Masters (A/guitare), Jason Dertlaka (B/chant) et Léonid and Friends (A/ chant)


 

Parmi tous les sommets couronnant la Vallée d’Urbanya, le Puig del Rocater (*) n’est pas le plus haut et donc pas le plus couru par les randonneurs. En effet, avec ses 1.601 m d’altitude, il n’arrive qu’en 3eme position après les 1.798 m du Pic de Portepas et les 1.632 m du Pic de Tour (ou del Torn), deux sommets également très intéressants à gravir et déjà gravis antérieurement. Par contre, il présente deux particularités que les deux autres n’ont pas : il est de très loin le plus fleuri et le plus rocheux, ces deux caractéristiques étant intimément liées. En effet, le sommet est amplement composé de roches granitiques et donc riches en silice où les genêts purgatifs se complaisent. Au printemps, ces genêts lumineusement fleuris forment de grosses touffes serrées les unes aux autres et de ce fait, le Puig del Rocater est visible de très loin. Il est donc bien visible d’Urbanya et donc de chez moi, les fleurs jaunes contrastant avec les arbres ; feuillus et pins plus sombres ; qui l’entourent. C’est grandement cette vision qui a motivé cette envie d’aller le voir de plus près à cette époque de l’année, même s’il y a déjà pas mal de temps que je ne me suis plus confronté à une telle distance doublée d’un tel dénivelé. En ce 21 mai, il est 7h30 quand je quitte la maison. Dany étant partie à Montauban pour 3 jours voir ma petite-fille qui a une compétition de natation synchronisée, j’ai toute la journée devant moi. D’ailleurs, à l’instant même de démarrer, je suis longuement arrêté par une incroyable quantité de passereaux, lesquels viennent se régaler des cerises déjà bien mûres. Merles, moineaux, fauvettes, pic épeiches, pinsons et geais sont les principaux gloutons à occuper le cerisier d’Alix, ma gentille voisine. Accoudé à une balustrade et appareil-photo en mains, j’ai devant les yeux l’incroyable spectacle d’un va-et-vient quasi-permanent. Au bout d’un quart d’heure et après de nombreuses photos plus ou moins réussies, je démarre vraiment, direction le bas du village puis le chemin de Saint-Jacques. Après les oiseaux, ce sont les fleurs sauvages, de nombreux papillons et de jolis paysages qui viennent s’ajouter à la mémoire de mon appareil-photo. A hauteur du Serrat de l’Homme, je quitte le chemin principal pour un sentier secondaire partant à gauche et s’élevant au-dessus du lieu-dit Coubère (Cubera). Si les paysages se font plus amples et surtout plus aériens, le sentier bien trop embroussaillé ne me laisse que peu d’occasions de les observer à ma guise. Cette dense végétation me gêne également dans mon désir de vouloir photographier convenablement les passereaux qui s’y complaisent, toujours très présents dans ce secteur. Je les vois mais les immortaliser reste très difficile. Je me rattrape avec de plus en plus de fleurs et de jolis papillons qui se régalent à butiner principalement les buissons de thym déjà très fleuris. De ces denses et terribles broussailles où les genêts, ronciers, prunelliers et cistes se livrent une rude bataille, j’en ressors le plus souvent les bras égratignés quand ce n’est pas carrément sanguinolents. Si le pantalon long me protège les jambes, je m’apercevrais bien plus tard qu’il ne m’a pas totalement protégé des nombreuses tiques que l’on rencontre en cette période de l’année. De cette galère broussailleuse, où seules mes photos naturalistes et un chevreuil que je réveille m’apporte un peu d’agrément,  il va en être ainsi jusqu’à atteindre la bonne piste au lieu-dit Serrat de Miralles. Voilà qu’enfin, je peux prendre un peu de repos en profitant d’un panorama grandiose où le Massif du Canigou emplit une bonne partie de l’horizon. Après plusieurs gorgées d’eau, une barre de céréales et quelques fruits secs, le temps est venu de repartir en direction du Col de les Bigues. Comme souvent, et sans que je m’en explique la véritable raison, les papillons virevoltants sont nombreux sur cette piste. Est-ce l’étage montagnard qui leur convient ? Est-ce la diversité des végétaux ? Je ne sais pas ! Si cette fois ils sont nombreux, les différentes espèces ne sont pas d’une grande variété et les plus visibles sont de très loin les Satyres (mâles) ou les Mégères (femelles), en latin « Lasiommata megera ». Après quelques photos de ces derniers, je me consacre uniquement aux autres, ce qui me procure l’avantage d’avancer bien plus vite. Outre les papillons, je consacre les autres arrêts à de très nombreux oiseaux visibles dans le maquis en contrebas. Finalement seuls un rare Torcol fourmilier et un Accenteur mouchet sont immortalisés correctement. Néanmoins, dans cette propension à vouloir à tout prix observer la faune, le clou du spectacle reste un gros sanglier solitaire. A cause de tous ces ralentissements, il est quand même 10h30  quand j’arrive au Col de Les Bigues. Déjà 3 heures que j’ai quitté la maison et malgré la précocité de l’heure mon estomac réclame du solide.  L’heure du déjeuner vient de sonner et une copieuse salade de riz, concoctée par Dany avant son départ, attend au fond du sac à dos que je veuille bien m’occuper d’elle. Alors que je m’installe avec le ravier de salade sur les genoux, je m’aperçois que j’ai oublié les couverts. Seul un « Opinel » inapproprié en la circonstance gît dans une poche. Comment faire ? Je décide de commencer par manger une petite compote de pomme dont le pot me servira de cuillère. Une cuillère plus que rudimentaire, il faut bien le reconnaître. Ce n’est pas une solution top mais ça fonctionne et peu à peu ma salade de riz finit par perdre la moitié de sa quantité originelle. Mon estomac est satisfait. Je range l’autre moitié de la salade de riz, conserve précieusement le petit pot de compote et assis sur un tronc, je me mets à « bayer aux corneilles ». En réalité, la corneille ressemble plutôt à une Buse variable volant très haut. Elle passe au-dessus de moi en effectuant des cercles de plus en plus grands puis disparaît. Devant mon appareil-photo, elle est aussitôt remplacée par une mouche qui elle a une nette préférence pour les vols stationnaires. Finalement la mouche est plus facile à immortaliser que la buse. Je range correctement mon sac à dos car la distance à parcourir est encore longue et il vaut mieux que les aliments restants soient conserver parfaitement pour la suite du parcours. Je repars direction le Col del Torn.  Peu après, j’emprunte à droite un large layon qui s’élève vers la Serrat de la Font de la Barbera (1.549 m). Alors que je passe devant deux bornes délimitant sans doute les communes d’Urbanya et Mosset mais aussi la forêt domaniale ; raison faisant qu’il y en a deux, une à côté de l’autre; j’aperçois un chevreuil qui traverse gentiment le layon. Bien qu'un peu surpris, j’ai quand même le temps de m’accroupir derrière un pin à crochets avant qu'il ne me voit.  En effet, ici c’est habituellement beaucoup plus haut vers le sommet du serrat que j’en ai toujours aperçu. Il ne m’a pas vu mais m’a sans doute entendu car il s’arrête cherchant du regard ma présence. Caché derrière le pin, si je peux le photographier, ma position pour ce faire n’est pas des plus confortables. De plus, j’ai peur qu’il ne me voit car je vois bien que sa tête est un véritable périscope. Quant à la distance qui nous sépare, elle est d’au moins une cinquantaine de mètres voire peut être un peu plus. Finalement, il repart aussi tranquille qu’il est arrivé, retraversant la layon et disparaissant dans le bois. De mon côté, quelques photos ont été prises mais peu géniales car sans doute avec un peu de « tremblote ». Je me remets en route au milieu du layon. Si je connais bien ce layon pour l’avoir emprunté à plusieurs reprises et en diverses saisons , ça reste la partie la plus sévère du parcours que j’ai imaginé. Si la distance d’un peu plus d’un kilomètre reste modeste, la pente moyenne est de 16% mais certains tronçons sont pentus à 46%. A 73 printemps, mon souffle est mis à rude épreuve et mon cœur qui bat la chamade réclame des pauses de plus en plus rapprochées. Finalement, quand j’arrive au sommet, je suis très heureux de retrouver cette clairière verdoyante où j’ai très souvent aperçu des cervidés. Au lieu de me reposer et de penser à mon palpitant, je marche le long des pins, plus enclin à vérifier si cette tradition va se vérifier, ce qui tend à prouver que je ne suis pas trop en souffrance. Mais cette fois-ci, la coutume me fait défaut. Pas de cervidés et seulement quelques jolies fleurs, des papillons et un bruant fou qui viennent s’ajouter à mon inventaire du jour. Quant à l’arrivée au pied du Puig del Rocater, elle pourrait être décevante et surprendre le randonneur ignorant du lieu, mais je connais trop bien l’endroit pour avoir ces états d’âme. Ici, le sommet, dont la base est en grande partie masquée par des arbres semble à priori difficilement accessible car il n'y a plus de chemin. De plus, il est bien moins captivant qu’il ne l’est depuis Urbanya. Pourtant, je sais qu’il suffit de louvoyer au travers de ce petit bois pour se retrouver face aux premiers rochers et à la multitude de genêts purgatifs qui s’y cramponnent joliment. Les innombrables buissons de genêts, tout comme les rochers, ont ici la même forme en boule donnant à cet endroit une espèce de moutonnement végéto-minéral dont l’ondoiement jaune, blanc et vert est un attrait supplémentaire.   Finalement, et même si la prudence est de mise, la courte grimpette jusqu’au sommet s’avère bien moins compliquée qu’on ne l’imagine au départ. Ce sommet est un superbe mirador où seule la vue vers le domaine de Cobazet reste obstruée, les pins à crochets très serrés les uns aux autres formant derrière le pic une barrière quasi-impénétrable. Outre l’alégresse d’être arrivé au sommet et d’avoir les pieds dans ce « jaune flamboyant », je ne me lasse pas de ce spectacle grandiose à plus de 180°.  De droite à gauche et de gauche à droite, et comme un guetteur cherchant un éventuel adversaire,  je scrute du regard tous les paysages et leurs moindres recoins. Cet ample panorama est constitué par les sommets du Canigou, du Coronat, de l'Escoutoude la Pelade et du Madres formant l’horizon, et bien plus près il y a les vallons d’Urbanya et de Nohèdes et tous ses ravins et ses sommets alentours que j'aperçois : MarsacSerra, Lloset, Moscatosa, Torrelles, Portepas, Gran. Tous ces pics, grands ou petits, hauts ou moins hauts, je les ai déjà gravi et pourtant assez paradoxalement, je suis très heureux d'être là au sommet de Puig del Rocater malgré son altitude bien plus modeste que certains autres. L'âge sans doute qui me fait prendre conscience que je monterai beaucoup moins haut désormais. Ce n’est qu’une demi-heure plus tard, que je me décide à quitter ce merveilleux Puig del Rocater, direction le col del Mener (ou Maner) (1.563 m) qui est dans la continuité mais un peu plus bas vers l’ouest. Ici aussi une verdoyante clairière s’entrouvre. De nombreuses mésanges noires y volettent d’un pin à crochets à un autre et comme je tente de les photographier, je cours dans la clairière d’un arbre à un autre sans me rendre compte du ridicule de la situation. Par bonheur, je suis seul à m’apercevoir de cette grotesque course poursuite. L’aspect grotesque disparaît de mes pensées dès lors que cette « chevauchée » finit par s’avérer payante avec une photo quelque peu correcte. Je quitte les lieux en me rappelant que c’est ici dans un four à chaux du Serrat del Mener que les corps des gardes-forestiers Gaudérique Fabre et Jean Serrat ont été découvert le 5 août 1806 (source histoiredemosset.fr) , soit 14 jours après leur assassinat par des braconniers le 21 juillet. La croix d’un calvaire en leur hommage est encore présente un peu plus bas au col del Torn. Les restes du four à chaux restent introuvables malgré les 15 minutes que je passe à le chercher. Ce n’est pas la première fois. Tant de temps a passé ! Et puis les flancs du pic del Torn sont vastes ! Je me remets en route. Un large chemin herbeux et bourré de fleurs descend vers le col del Torn où je m’arrête pour une seconde pause déjeuner. Je profite de cette pause pour analyser le chemin qu’il me reste à accomplir. Finalement, je décide d’abandonner l’idée de redescendre vers Urbanya par la piste la plus classique et choisis un parcours hors sentier qui est censé suivre le Correc du Col del Torn. Je ne le connais pas mais en observant la carte IGN, je m’aperçois qu’il s’agit d’un remarquable raccourci qui rejoint une piste puis un sentier que j’ai emprunté à de multiples reprises permettant d’atteindre le lieu-dit l’Orriet. Cette fois, je range mon sac sans trop d’application, coupe la piste et me voilà lancé dans cette descente inconnue. Finalement, je trouve le Correc du Col del Torn bien plus vite que je ne l’aurais cru. Au début, ce n’est qu’un mince filet d’eau alimenté par une multitude de sources bourbeuses dont il est difficile d’extraire laquelle est la plus capitale et donc la principale. Un coup à gauche, un coup à droite, je longe le ruisselet sans trop de problèmes jusqu’à ce qu’il se creuse bien trop profondément. Là, mais sans le perdre de vue, je choisis de m’en éloigner sur sa rive gauche bien plus praticable. Désormais, or mis de temps à autre quelques caminoles empruntées par des animaux, il n’y a plus vraiment de sentier. Je slalome au sein de genêts et de fougères dont les buissons sont autant de plots qu’il me faut éviter. Dans ce dédale végétal et à cause de leurs épines et de leurs longues tiges, les rosiers sauvages sont les plus diaboliques à esquiver. Parfois, la végétation est si dense et si haute que chaque foulée réussie me procure comme le sentiment d’une extirpation salutaire. Il en sera ainsi jusqu’à atteindre la piste espérée. Entre temps, mes seuls plaisirs auront été de tomber sur quelques superbes Narcisses des poètes, des vestiges d’un agro-pastoralisme d’antan et un orri en très bon état où une colonie de petits rhinolophes a élu domicile.  Là, à droite de la piste,  commence un autre parcours hors des sentiers battus mais celui-ci ne m’est pas étranger. Une fois encore, je reste à gauche du Correc du Col del Torn et je descends en essayant de trouver le sentier le plus souvent emprunté. Mais le printemps a déjà rempli son œuvre d’embroussaillement et trouver l'itinéraire idéal reste peu évident. L’intersection avec le Correc de Gimelles est synonyme de fin définitive de cette bataille pacifique que je mène contre la végétation depuis ce matin. Une bonne sente mi-herbeuse mi-rocheuse démarre en continuant à longer le Correc du Col del Torn mais peu après l’imposante ruine de l’Orriet, il conflue avec la rivière Urbanya. A l’intérieur de la ruine, et alors que je sais que des mésanges charbonnières y nichent régulièrement,  cette fois-ci j’y surprend un mulot mais le temps d’une seule photo puis il disparaît. La rivière étant peu éloignée, j’y descends pour me rafraîchir un peu mais surtout avec l’intention d’y tremper mes pieds dont les plantes commencent à être bien échauffées. Finalement, après avoir ôté chaussures, chaussettes et pantalon, j’opte pour une fraîche et rapide trempette intégrale car dans le plus simple appareil.  Quelques fleurs nouvelles et des papillons viendront compléter les photos naturalistes déjà très nombreuses de cette jolie balade très souvent et trop souvent au plus près de la végétation ! L’arrivée à la maison par le pentu chemin de Sarrat finit de me tétaniser les jambes. Un écureuil sur le cerisier d’Alix m’apporte une dernière joie photographique.  Il est 16h30. Voilà 9h que la Nature me supporte. Cette randonnée a été longue de 12,7km pour un dénivelé de 733m. L’altitude la plus haute est située 1.601 m au Puig del Rocater et la moins haute à 868 m à Urbanya. Malgré des douches journalières, c’est une cinquantaine de tiques minuscules comme des têtes d’épingles dont il me faudra me dépouiller dans les heures et jours suivants. Comme quoi, la randonnée pédestre nécessite constamment que l’on soit méticuleux….au point d’être obligé de « chercher la petite bête ! » En cette saison printanière et jusqu’en novembre, pensez à vous équiper d’un produit répulsif anti-tiques et de vous en appliquer sur la peau y compris sur les parties couvertes par les vêtements (**).   Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

(*) Rocater : Après quelques brèves recherches sur Internet, il semble que le mot « rocater » soit un vieux mot catalan rarement employé de nos jours mais que l’on trouve néanmoins dans de rares ouvrages spécifiques à la Catalogne. Si je dis « vieux » c’est parce qu’il apparaît par exemple dans un Capbreu du 10 juillet 1644 et que malgré une traduction en français le mot « rocater » a été conservé tel quel ne trouvant sans doute pas un équivalent français convenable. C’est ainsi que « l’Institut d’Estudis Catalans » conjointement avec « l’Institucio Francesc de Borga Moll » précise dans son « Diccionari català-valencià-balear » que le mot « Rocater » que l’on peut orthographier « roqueter » donne les définitions suivantes « 1. - Era un roqueter sembrat de claps de garrigues », « 2. - Roca petita que surt a un pla de terra » dont les traductions françaises sont « 1. C’est un rocher semé de taches broussailleuses », 2.Petit rocher qui émerge sur un terrain plat ». Il faut bien reconnaître que concernant le Puig del Rocater, ces 2 explications sont on ne peut plus conformes à la réalité que l’on constate sur le terrain. J’ai noté enfin que le mot « rocater » est en catalan aussi bien employé comme nom que comme adjectif. On peut donc le traduire plus simplement en « rocaille ou rocailleux », et en « rocher ou rocheux ». Il s’agit également d’un nom de famille que l’on trouve surtout aux Etats-Unis mais également en Catalogne nord (française et espagnole). Enfin, outre le Puig (pic) del Rocater, le toponyme est également présent à Castelnou (correc/ruisseau), Nohèdes (carrer/rue), Reynes (castell/château).

(**) Ces conseils que je vous donne, je ne les ai pas suivis et un test à la maladie de Lyme effectué quelques mois plus tard s’est avéré positif (Borréliose). N’ayant pas de signes cliniques de la maladie (enfin pour l’instant), cela signifie que j’ai été en contact avec une Borrelia (tique) mais que la maladie n’est pas devenue active. En l’occurrence,  ce sont les anticorps engendrés lors du contact qui auraient créé cette positivité. Alors méfiance quand même ami(e)s randonneuses et randonneurs !

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Le Circuit des Clôtures (1.798 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando

 

Diaporama avec la musique "Beautiful Love" de Wayne King, Victor Young, Egbert Van Alstyne et Haven Gillespie

jouée successivement ici par Didier Lockwood et The Tribute to Stephane Grappelli puis par Nels Cline

Le Circuit des Clôtures (1.798 m) depuis Urbanya (856 m)

Le Circuit des Clôtures (1.798 m) depuis Urbanya (856 m)


 

A partir d’Urbanya, cette boucle que j’ai intitulé le « Circuit des Clôtures » est une version un peu plus longue et un peu plus difficile que celle qui avait pour nom le « Balcon d’Urbanya ». A l’époque, en 2009, nous n’avions pas de maison à Urbanya et nous avions démarré de Nohèdes empruntant presque exclusivement des pistes forestières. Cette fois, le circuit s’effectue un peu plus haut en altitude et vous l’aurez compris, les sentiers sont en réalité des layons, lesquels pour la plupart longent des clôtures. Certains de ces layons sont balisés de bleu ou de jaune et sont donc de véritables sentiers, d’autres sont parfaitement matérialisés par les clôtures mais sont sans balisage, d’autres sont un peu moins évidents mais dans l’ensemble, ils sont tous praticables. En tous cas, ils l’étaient quand nous avons effectué cette longue balade au printemps dernier. Alors bien sûr, un tracé G.P.S n’est pas superflu pour les personnes ne connaissant pas ces montagnes. Assez souvent ces clôtures délimitent les communes, ici Conat, Mosset, Nohèdes et bien évidemment Urbanya, mais autant l’avouer ce circuit n’a jamais eu l’ambition formelle de suivre très exactement ces frontières communales. Non, mes objectifs premiers étaient d’aller prendre un grand bol d’air, de monter le plus haut possible pour observer les panoramas, d’aller découvrir et photographier la flore et la faune toujours très présentes et belles au mois de mai  et pour ce faire de profiter que les journées sont très longues à cette époque de l’année. Je ne souhaitais ni compter mon temps ni les kilomètres. J’avais d’ailleurs averti Dany qu’aujourd’hui la flânerie serait le seul leitmotiv si son souhait était de m’accompagner. La balade étant très longue mais la journée aussi, les périodes de pause le seraient également. En ce 21 mai, nous voilà donc partis tous les deux par le chemin de Saint-Jacques, direction une liste de cols et de sommets déjà vus à plusieurs reprises mais dont nous ne nous lassons pas quand nous résidons à Urbanya : Serrat de Miralles, Serrat Gran, Col de les Bigues, Serrat de la Font de la Barbera, Pic et Col del Torn, Pic de Portepas, Roc de Peirafita, Pic de la Moscatesa, Pic Lloset, Col et Pic de la Serra et enfin retour vers Urbanya. Depuis 6 ans que nous résidons dans le village, c’est la toute première fois que Dany et moi relevons un tel défi ensemble. La météo est excellente mais fluctuante avec un ciel bleu hésitant à se parer d’un voile blanc et une douce tramontane à amener quelques nuages et un peu de fraîcheur. Nous avons tout prévu y compris des sweets un peu plus chauds que les tee-shirts mis au départ. Dany a même prévu une polaire et deux foulards plus ou moins chauds. Pas de poncho car aucune pluie n’est annoncée par Météo France. Comme je m’y attendais flore et faune sont omniprésentes dès le départ et mes arrêts photographiques se succèdent à une cadence infernale ne convenant pas vraiment à Dany qui, elle, n’a pas d’appareil photo. Je lui rappelle simplement que le circuit prévu est très long, plutôt difficile et qu’il est bon de paresser car au fil de la journée nous aurons sans doute d’autres bons motifs pour ronchonner.  De toute manière, elle monte à son rythme, moi au mien mais on finit toujours pas se retrouver aux vraies pauses qui se succèdent car à quoi bon marcher si on ne prend pas le temps de la contemplation et de l’observation ? Un Canigou encore un peu enneigé décore magnifiquement l’horizon et cette seule vision nous fait oublier les difficultés et les menues discordes. En un peu plus d’une heure, nous avons atteint les vraies premières clôtures, celles qui montent rudement vers le Serrat de Miralles puis se poursuivent vers le Serrat Gran et le col de Les Bigues. Moi, je n'aime pas trop les clôtures, surtout quand elles sont électrifiées. Elles perturbent les animaux sauvages et les empêchent de circuler sur leurs lieux de passage traditionnels. Je pense que leur présence, outre de délimiter les communes, est d'empêcher les querelles entre chasseurs ou éleveurs. Les seuls avantages que je trouve à leur présence sont les layons et le débroussaillage que ces derniers nécessitent me permettant d'assouvir ma passion de la marche. C'est le cas ici, dans cette rude montée. Les genêts ont été ratiboisés et d’amples vues se dévoilent sur la vallée du Têt et à l’horizon vers la Méditerranée. La pente étant plutôt raide, c’est de manière plutôt cool que nous égrenons ces clôtures.  Les premières séparent les communes de Conat et d’Urbanya quand aux secondes, elles servent de frontière avec le domaine privé de Cobazet. Ici, depuis la fameuse rébellion puis mobilisation de septembre 2012 à propos de l’accès au Madres avec le propriétaire Groupama, on sait que privé ne signifie plus interdit. Depuis 1068, la fameuse Loi Stratae qui régit les Usatges de Barcelone n’a rien perdu de sa verdeur et de sa vigueur en Catalogne nord. Toutefois, l’autorisation de randonner dans le domaine n’empêche nullement le respect des consignes données, à savoir interdiction de ramasser les champignons, de couper du bois ou de prélever quoi que ce soit, le but louable de tous étant apparemment de préserver la nature. Enfin c’est ce qui avait été dit et comme la préservation de la nature nous convient parfaitement, nous la respectons au mieux même s’ils nous arrivent parfois de couper un peu de gui ou de houx pour la Noël ou de déguster quelques fruits sauvages en automne. Pour le reste, je ne pense pas que photographier la nature soit un délit punissable d’interdiction de circuler ?  Une nature qui aujourd’hui ne nous fait pas défaut car bien présente et visible. Si les papillons sont déjà très nombreux depuis le départ, les oiseaux ne sont pas en reste quand aux mammifères, leur rareté rend encore plus agréable leurs fugaces apparitions. Ces dernières se sont déjà présentées sous les traits d’une biche et d’un petit attroupement de sangliers que j’ai tenté de photographier tant bien que mal, mais sans la certitude quand à la qualité des clichés qui se sont enregistrés.  Alors, bien sûr l’arrivée au col de Les Bigues nécessite que l’on est déjà enjambé la clôture, puis une fois à l’intérieur du domaine de Cobazet, on poursuit la piste sur quelques mètres avant de rejoindre une autre clôture qui file vers un large chemin montant directement jusqu’au Serrat de la Font de la Barbera. Ce chemin est également récupérable par la piste menant au col de Tour ou del Torn se trouvant sur la droite et hors du domaine. Ici, ce sont les bûcherons et les chasseurs qui créent les itinéraires, et si clôtures il y a, rien n’interdit qu’on s’en écarte pour faire le choix de chemins plus empruntés. Il va en être ainsi jusqu’au col de Tour ou del Torn, où divers sentiers et chemins nous obligent à de multiples hésitations. Mon G.P.S pallie à nos errements et incertitudes. Finalement, nous faisons le choix de monter toujours plus haut, restant dans nos objectifs premiers que sont l’observation, la découverte et l’envie de faire un peu de sport.  C’est ainsi qu’on fait le choix de monter au pic de Tour (1.632 m) plutôt que d’emprunter un autre chemin filant directement vers le col éponyme. Je connais un peu ce parcours pour être déjà venu en juillet 2013. La chance nous sourit encore quand un chevreuil détale d’un bosquet de genêts où il devait dormir paisiblement. C’est assez étrange car en 2013, j’avais déjà surpris plusieurs chevreuils et même des faons ressemblant étrangement à des daims compte tenu de leur taille déjà bien développée. Au col de Tour, je connais bien la suite de l’itinéraire qu’il faut prendre pour me diriger vers le pic de Portepas. Il n’est pas évident pour celui qu’il ne le connaît pas d’où l’intérêt d’un grand sens de l’orientation ou mieux d’un tracé G.P.S. Après avoir emprunté la piste DFCI C060 qui redescend directement vers Urbanya, il faut rapidement prendre à droite celle numérotée C056. Zone d’estives avec un enclos dès le départ,  j’ai eu bon nombre de fois l’occasion de prendre ce chemin mais cette fois, il faut le quitter 200 mètres après, partir en montant vers la droite pour rejoindre une clôture. Cette clôture permet de rejoindre le pic de Portepas sans trop de difficultés, si l’on a les qualités d’orientation citées plus haut ou l’appareillage GPS adéquat. Au col de Portepas, il faut redescendre plein sud en direction du canal d’Urbanya. En général, une caminole plus profonde que les autres dans la prairie permet de se diriger dans la bonne direction par l’itinéraire le plus court mais quoi qu’il arrive, en filant vers le sud, on ne peut que rencontrer le canal. Là, il faut le suivre par la gauche jusqu’à la forêt du Bac de la Pinosa. Inévitablement en suivant le canal, lequel ici devient Correc de la Pinosa, on tombe sur un étroit sentier lequel part à droite en direction du Roc de Peirafita. Le mieux est de rester au plus haut de la crête en suivant une clôture, car on profite pleinement des vues s’entrouvrant sur le vallon de Nohèdes et les massifs du Coronat et du Madres.  Le layon s’élargit en descendant et s’entrouvre offrant de jolies vues sur le pic de la Moscatosa qui est notre objectif suivant. Au pied de ce pic, il faut délaisser la large piste partant à gauche et poursuivre en continuant à longer la clôture. Le pic de la Moscatosa est un dôme débonnaire se trouvant très légèrement sur la droite. Une fois encore, et malgré ce relief de type « montagnes russes », le blanc et merveilleux Canigou est le centre d’intérêt de tous les regards. Au sommet du Moscatosa, on bénéficie d’époustouflants panoramas à 180 degrés sur la très longue vallée de Nohèdes. Cette vallée est très souvent mentionnée comme celle dite de l’Arche Perdue, car selon la légende Noé y aurait amarré son arche au sommet du Roc des Salimans. Un roc bien visible depuis cette crête mais pour l’arche nous arrivons trop tard. Elle est repartie mais personne ne sait où ? Peut-être au Mont Ararat ? Dommage car elle aurait pu emporter de nombreux animaux sauvages. Des animaux bien trop souvent en péril, non pas en raison du déluge mais à cause de la chasse, laquelle, à mon goût, s’étend sur une période bien trop longue, ici dans les Pyrénées comme partout en France. La suite est assez simple puisqu’en continuant la clôture, on va descendre vers le pic Lloset, autre sommet qu’il faut atteindre avant une nouvelle descente qui se termine au col de la Serra puis au pic éponyme. Entre les deux, vous aurez constatez que le sentier est désormais balisé en jaune. Ce balisage est la terminaison de la randonnée que j’avais intitulé « le Balcon de Nohèdes », balade qui emprunte longuement l’ancien canal de ce village. Entre le col et le pic de la Serra, un joli orri rappelle que ce secteur a toujours été une zone pastorale prisée des bergers du coin. Elle l’est encore, alors gare aux patous qui sont parfois très agressifs et n’hésitez à faire une entorse au parcours si vous apercevez un troupeau et des chiens. Il y a deux ans, je me souviens avoir rencontré un couple avec deux jeunes enfants, lesquels étaient tétanisés par l’expérience qu’ils venaient de vivre face à plusieurs patous qui les empêchaient de redescendre sur Nohèdes à partir du col de la Serra. J’avais été contraint de leur demander de me suivre jusqu’au col de Marsac afin de les remettre dans le droit chemin. Voilà déjà deux fois qu’à cet endroit je suis confronté à ce devoir car les troupeaux et les patous semblent très souvent livrés à eux-mêmes, de ce fait, les chiens deviennent les maîtres de la montagne. Aujourd’hui encore, le col de Marsac est bien la bonne direction, sauf qu’avant d’y arriver et à hauteur d’une clôture se trouvant sur la gauche, il faut arrêter de descendre pour se diriger vers cette dernière. Il faut se débrouiller pour la franchir puis on poursuit par la piste qui file à droite, celle de gauche correspondant à l’ancien tracé du Tour du Coronat qui monte au col de Tour. Cette piste de gauche permet de rejoindre une intersection mais dans le deux cas, à droite ou à gauche, on rejoint Urbanya. Nous, non loin de cette intersection, nous avons pris un raccourci, lequel à travers bois, mais sur un terrain accidenté, rejoint plus directement notre petite maison. Alors bien sûr, je ne vous conseille pas ce tronçon même si une dernière clôture qu’il faut longer finit de légitimer le nom de cette balade. Elle a été longue de 21 à 22 km pour des montées cumulées de 1.700 à 1.800 mètres environ. Si je ne fournis pas de chiffres précis et simplement des fourchettes, c’est parce que je n’ai pas enregistré de tracé en cours de route sur mon G.P.S, me fiant à un tracé préenregistré qui n’a pas été exactement celui accompli. Le pic de Portepas avec ses 1.798 m d’altitude est le point culminant de cette randonnée, cela j’en suis sûr. Urbanya étant le point le plus bas à 856 m, le dénivelé est de 942 m entre le village et le pic. Arrêts nombreux inclus et longues pauses comprises, nous avons accompli cette boucle en 9 heures, démarrant à 9 h du matin et finissant vers 18 h. Bien évidement, il est probablement réalisable en beaucoup moins de temps pour des randonneurs plus jeunes et en bien meilleure forme. L’ensemble de ce parcours, que certains trouveront sans doute trop long, peut être, bien évidemment, accompli en 2 jours soit avec tente et bardas soit en réservant un logis dans un gîte d’Urbanya. Il y en a plusieurs qui se feront un grand plaisir de vous y accueillir. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet, 2248 ET Axat – Quérigut – Gorges de l’Aude, 2249 ET Font-Romeu - Capcir Top 25.

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