• Le Circuit de la Matte (Mata) (1.205 m) depuis Urbanya (856 m)

    Ce diaporama est agrémenté par plusieurs musiques du compositeur mexicain Ernesto Cortázar II (piano)

    Le Circuit de la Matte (Mata) (1.205 m) depuis Urbanya (856 m)

    Le Circuit de la Matte (Mata) (1.205 m) depuis Urbanya (856 m)

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    En ce vendredi 31 mai 2019, je suis à Urbanya et j’ai plusieurs raisons pour accomplir cette balade, que finalement je vais intituler « le Circuit de la Matte (Mata *) ». La première de ces raisons est que quelques jours auparavant, j’ai appris la réhabilitation d’un sentier que je n’ai jamais réussi à emprunter, sentier faisant la jonction entre « la Devesa » et le col de Marsac, lieux-dits mentionnés sur la carte I.G.N. La deuxième raison est que cette toute fraîche réouverture m’offre l’occasion d’inventer de nouvelles balades ; dont celle-ci ; laquelle nouvelle balade va me permettre de cheminer une belle partie du Tour du Coronat, très chargé d’heureux souvenirs et accompli voilà déjà 12 ans. Enfin, et c’est la dernière raison ; sans doute la plus séduisante ; l’envie de marcher est là, celle d’aller à rencontre de la Nature aussi et enfin la distance et le dénivelé relativement modestes correspondent bien au temps que je veux y consacrer, c'est-à-dire un après-midi, entier si nécessaire. Rien ne me retient, et comme Dany ; scotchée devant un très bon roman ; n’a pas le désir de marcher et donc de m’accompagner, il ne me reste plus qu’à préparer un petit sac à dos. Un peu d’eau et quelques victuailles, histoire d’éviter d’éventuels coups de mou, un bâton de marche, sans oublier surtout mon appareil-photo et me voilà fin prêt. Les cloches de l’église sonnent et il est déjà midi tapant quand je quitte ma petite maison. La direction à prendre est justement l’église Saint-Etienne et la piste qui démarre juste devant. C’est la piste DFCI CO60. Dans l’immédiat, je descends ma ruelle puis longe la rivière Urbanya. Si droit devant moi, c’est d’abord un pic du Canigou encore un peu enneigé qui attire mon regard et l’objectif de mon appareil-photo, la deuxième photo est, elle, beaucoup plus compliquée. Il s’agit d’un Cincle plongeur jouant dans la rivière. Comme son nom l’indique, cet oiseau adore l’eau mais ce que son nom ne dit pas, c’est qu’il aime tant l’eau qu’il est capable de disparaître sous sa surface. Le temps d’une photo, et encore d’assez loin, et le volatile a déjà disparu, sans trop que je sache où ? Je poursuis. Un Serin posé sur un fil électrique, lui, est plus docile devant mon appareil-photo. Voilà le panonceau annonçant la piste DFCI CO60. De cette piste, je n’ai pas encore accompli 100 mètres que trois éléments marquent mon esprit. Le premier d’entre eux est la beauté flamboyante du chemin grâce aux genêts fleuris qui l’encadrent très souvent. Plus je vais m’élever et plus il y en aura. Le deuxième, moins surprenant, c’est l’incroyable quantité et variétés de papillons, pas toujours facile à photographier d'ailleurs. Enfin, le dernier est l’étonnante et inespérée présence des oiseaux. Moi, qui suis toujours le premier a dénoncé la raréfaction des oiseaux de nos contrées, là je l’avoue je suis très agréablement surpris. Je ne m’y attendais pas. En moins de 100 mètres, et outre le Cincle et le Serin déjà enregistrés, je réussis à photographier quatre oiseaux de quatre espèces bien différentes. Et quels oiseaux ! C’est d’abord un Pouillot (j’apprendrais plus tard en analysant la photo qu’il s'agit d'un Pouillot de Bonelli), puis un pic épeiche, une buse variable et enfin un coucou, tous des oiseaux plus ou moins migrateurs, avec des habitudes de migration très disparates, mais habituellement très difficiles à observer, et donc à photographier. Toutes les photos ne sont pas parfaites mais elles sont là enregistrées dans mon numérique. Je me dis que de voir tous ces oiseaux et bien d’autres que je ne parviens pas à photographier est déjà hyper satisfaisant ! Et surtout, je me dis qu’aujourd’hui la chance est avec moi Je ne crois pas si bien dire ! Finalement, j’atteins l’épingle à cheveux de le Devesa, virage où il me faut quitter la piste forestière pour ce fameux sentier réhabilité. Ne trouvant pas immédiatement le balisage jaune que l’on m’a indiqué (il monte à droite au milieu des genêts et des roches de schistes), je fais le choix de descendre vers le Correc de la Coma. Je connais bien les lieux et ce petit sentier qui descend dans ce vallon creusé par le minuscule ruisseau, affluent de la rivière Urbanya. J’y viens parfois m’y promener, prétexte à surprendre la faune et à tenter de la photographier ou bien à cueillir quelques pommes sauvages, si délicieuses une fois cuites en compote. Sans aucun problème, je remonte le ru jusqu’à atteindre un très vieux chemin creux encadré de grosses pierres sèches. Le chemin est en partie défoncé mais le balisage jaune est bien là et à vrai dire, je m’en doutais un peu. Voilà donc le chemin réhabilité ! Il se poursuit puis tourne en s’élevant dans une sombre forêt d’épicéas. Ce sont bien ces épicéas-là qui jusqu’à présent avaient été un obstacle pour atteindre le col de Marsac. Depuis leur plantation dans les années 70, ces arbres ont énormément grandi, au point que leurs branches les plus basses ; toujours sèches par absence de photosynthèse, et donc acérées comme des poignards ; constituaient une véritable barrière au sentier qui avait été ouvert antérieurement. Depuis sa réhabilitation, ces branches-là ont été coupées, le balisage jaune repeint et de très nombreux cairns en jalonnent le tracé. C’est surtout à ces derniers qu’il faut prêter attention car le sentier s’élève peu à peu au fil des terrasses supportant la plantation artificielle. Un peu plus haut, au milieu d’une sévère montée cailloutée, on délaisse le bois d’épicéas au profit d’un autre sentier filant à l’oblique et en balcon au-dessus d’un bois de feuillus. Les oiseaux sont bien présents ici aussi et j’y photographie une mésange charbonnière. Peu de temps après, c’est un autre bois qui se présente, avec encore des épicéas mais avec bien d’autres résineux mais aussi des feuillus. Le col de Marsac est là, et mon arrivée est ponctuée par l’envol d’une compagnie de perdrix rouges impossibles à photographier tant ils me surprennent. Très belle clairière et royaume des genêts, les papillons y sont encore plus nombreux que nulle part ailleurs et les chemins que j’emprunte sont de véritables sanctuaires à lépidoptères. Seul problème ? Peu parmi eux se posent à cause d’un bon petit vent du nord qui semble les perturber. Avant de poursuivre, je m’éloigne du col, direction le petit mamelon qui le domine et que le cadastre appelle le Sarrat de Marsac.  Ici, c’est l’endroit le plus propice pour profiter des vues s’entrouvrant à presque 360 degrés : Vallon d’Urbanya, Serrat de la Font de la Barbera, Serra Gran, Serra de Miralles, Serrat d’Estarder, Pla de Vallenso, Roc de Jornac, vallons de Conat et de Nohèdes, massifs du Canigou et du Coronat, puig d’Escoutou, pics de la Pelade,  pics de la Serra, du Lloset, de la Moscatosa, de Portepas et del Torn, autant de panoramas sublimes, lieux de tant de balades déjà accomplies et donc de souvenirs agréables. Au-delà de ces visions, je pourrais presque imaginer d’être le seul survivant d’un monde certes beau mais complètement chamboulé, tant seule la nature est visible où que je me tourne. Et quelle nature ! Ici, les structures élevées par la main de l’homme ont quasiment disparu et peu importe où mon regard se pose, je suis toujours face à d’extraordinaires façonnages géologiques, espèces d’alchimies prodigieuses car jamais pareilles, modelées par on ne sait quel monstre titanesque venu des entrailles de la Terre.  Oui, où que mon regard se porte, c’est constamment sur les résultats étonnants d’accidents tectoniques et fantastiques d’un autre temps. Vallons, ravins et ravines, tertres, buttes et mamelons, montagnes acérées et collines arrondies, plaines, plateaux, prairies et cols, falaises, dents, rochers, le tout le plus souvent approprié, voire au pire couronné, par une végétation verdoyante mais pourtant toujours très inégale. De cette végétation exubérante, de rares affleurements rocheux mais de toutes formes, blancs, ocres, bruns ou roux parviennent à s’extraire. Mais on ne sait par quel miracle ? Quelques photos-souvenirs, d’autres à la pelle mais pas toujours réussies ; à cause de papillons et passereaux volages et capricieux ; et il est temps de repartir. Dans ce florilège de belles choses, seule la météo me contrarie. En effet, de gros nuages gris arrivent en nombre du Capcir et s’amoncèlent sur le Massif du Madres. Comme pris dans un entonnoir, certains petit cumulus blancs arrivent finalement à passer la montagne et filent vers l’est, poussés par une brise fraîche venant du nord. Cette brise, c’est probablement ce que les Cerdans et les Capcirois appellent le « carcanet ». Vers l’est, c’est vers moi et je vois arriver peu à peu tous ces nuages avec l’appréhension de ne pas pouvoir finir agréablement cette balade, mais surtout d’être enveloppé dans ce frisquet carcan où le nom de ce vent trouve ses origines. Après quelques minutes de réflexions, je prends la décision de continuer. Je quitte mon beau perchoir. Immédiatement et de plus en plus nombreux, les genêts flamboient de toutes parts en escortant le chemin. Désormais, je file vers la Mata, cette ample zone très boisée que coupe en deux l’ancien itinéraire du Tour du Coronat. De ce tour et de ce chemin, qui m’avaient vu passer en 2007, je ne garde que de très bons souvenirs et ce malgré une météo qui à l’époque avait été encore plus désagréable qu’aujourd’hui.  Toujours aussi herbeux qu’il y a 12 ans, et donc plaisant à cheminer, je retrouve avec bonheur ce même itinéraire montant le plus souvent au sein d’une merveilleuse forêt. Merveilleuse car si diversifiée en terme d’essences, et surtout, avec de hautes frondaisons formant d’immenses voûtes ombragées. J’ai parfois l’impression que c’était hier tellement ces douze années sont passées si vite. De me retrouver dans cette même gigantesque cathédrale végétale ne me laisse pas indifférent. A mes souvenirs, et à cette beauté environnante, mais toujours pour le plaisir des yeux, s’ajoutent les majestueux sapins, refuges des petites mésanges nonnettes, noires et huppées et des roitelets. Ici, les grands sapins côtoient bien d’autres habitats mixtes comme les landes de genêts ou de bruyères, les fougères, les broussailles et bien d’autres feuillus tels que les frênes et les merisiers où se reproduisent bien d’autres oiseaux. J’extrais de ma poche quelques graines pour oiseaux que j’ai cru bon d’emporter et les jette au milieu du chemin. Je m’éloigne un peu en me dissimulant, m’assieds et attends tout en grignotant quelques biscuits. Rien ne se passe alors j’observe de gros cumulus filant vers l’est. Comme je le fais souvent sur ma terrasse, couché sur un transat, j’essaie de trouver des formes qui me parlent puis je tente de les photographier. Là, à cet instant, c’est quasiment une merveille qui se produit sous mes yeux. Un mystère ou un miracle ? Les deux peut-être ? Alors que j’observe un nuage plutôt arrondi mais tout de même informe, j’ai le vague sentiment qu’il va se passer quelque chose. Appareil-photo prêt à être enclenché, c’est avec un étonnement incroyable, mais constamment croissant et de plus en plus énorme que j’assiste à une véritable métamorphose de ce nuage. Difforme au préalable, puis faciès de singe ensuite, je constate qu’un visage commence à se former. Oui, une tête humaine de profil prend formes très rapidement, avec des contours de plus en plus éclatants, avec des cheveux bouclés, un front, une bouche, un nez pointu devenant de plus en plus précis, une narine, une oreille.  Je zoome en enchaînant les clichés de crainte de perdre une seule miette de cette « évolution d’une espèce » que Darwin aurait sans doute appréciée à sa juste valeur. Sauf qu’ici, cette évolution est très éphémère et s’étiole aussi vite qu’elle est arrivée. Le visage disparaît et avec lui ce beau profil enfantin. J’en suis presque triste comme si j’avais assisté en direct à une disparition. J’ai été si troublé par cette vision que j’en avais presque oublié mes graines. Pourtant, ça tombe d’autant mieux qu’une mésange nonnette vient d’arriver à la tablée que j’ai tout spécialement organisée. Puis, au bout de quelques minutes, c’est une deuxième et une troisième et finalement elles paraissent tomber du ciel. Dans la variété de graines, seules les graines de tournesol semblent les intéresser. Elles en prennent une dans leur bec et vont la casser plus haut ou plus loin sur une branche. Puis le spectacle se poursuit. Pas d’autres oiseaux en vue que des nonnettes, alors je repars avec quelques photos mais tout heureux de ces deux superbes spectacles successifs que je viens de vivre. Si j’ai perdu plus d’une heure, à bien y réfléchir je l’ai amplement gagnée avec ces scènes de la Nature que si peu de personnes ont la chance d’observer ! Quand sur ma droite, la forêt disparaît, c’est pour mieux m’offrir des panoramas éblouissants sur la vallée d’Urbanya. Si en 2007, je me souviens avoir aperçu deux sangliers, cette fois-ci, c’est une expérience encore plus étonnante et surtout unique que je vis. Celle d’un daim que je surprends dans son sommeil. Si je dis « daim », c’est à cause de sa robe roussâtre amplement tachetée de blanc. Enfin « daim » ou peut-être plutôt « daine » car l’animal n’a pas de bois ? Le cervidé est en contrebas de la piste, couché au pied d’un arbre à une dizaine de mètres de moi seulement. Seules ses oreilles remuent, sans doute importunées par quelques mouches qui agacent l’animal. Mes photos sont loin d’être abouties car l’animal est à l’ombre et qui plus est, j’ai un arbuste devant moi qui empêche une mise au point parfaitement opérante. Dès que je l’ai aperçu, je me suis assis au bord du talus, mais désormais j’ai la crainte de bouger au risque de voir l’animal s’enfuir. Au bout de quelques minutes, et même sans avoir bougé, le daim a sans doute compris qu’il y avait une présence non loin de lui. Toujours couché, il relève simplement la tête, les yeux encore étrangement clos sur le rapproché photo que je suis entrain de faire de lui. Tel un périscope, il tourne sa tête dans tous les sens et presque continuellement, sans pour autant m’apercevoir car l’arbuste qui me gêne pour le photographier, le gêne lui aussi dans sa perception. Je m’y cache derrière, immobile, dès lors qu’il regarde vers moi. Tranquillisé, il se recouche. Ce manège se poursuit puis carrément s’éternise, mais finalement il a bien compris qu’il était observé. Moi, je ne peux plus guère le photographier sans prendre le risque de l’effrayer. Quand il s’ouvre, l’objectif de mon appareil-photo émet un petit sifflement et idem à chacune de mes photos. Au bout de longues minutes de cette magnifique observation, je prends le risque d’une nouvelle photo. Je n’aurais pas dû ! L’animal se redresse, m’aperçoit cette fois et d’un bond extraordinaire détale comme si elle avait vu le diable en personne.  Je tente bien de photographier cette course folle mais la vitesse de l’animal plus les arbres où il slalome sont des désavantages impossibles à maîtriser. Alors que je la vois disparaître dans la forêt et à l’opposé de la piste où je me trouve, quelle n’est pas ma surprise de le voir revenir vers moi mais à une trentaine de mètres sur ma droite. Il s’arrête une dernière fois avant de décamper, temps néanmoins suffisant pour deux dernières photos, malheureusement pas trop géniale car au milieu des arbres et sans prendre le temps d’une mise au point qui aurait été forcément nécessaire. Amplement ravi néanmoins de cette observation, je repars en me souvenant qu’ici à Urbanya, il m’est arrivé de réveiller des cervidés des dizaines et des dizaines de fois ; dormant dans des genêts, des ronciers ou des fougères ; mais jamais encore je n’avais eu l’occasion d’une vision aussi précise et aussi longue. Habituellement, ce sont eux qui me surprennent mais aujourd’hui la surprise a changé de camp. Oui, aujourd’hui, la chance me sourit. Elle me sourit encore avec la vision d’un petit rhinolophe au lieu-dit Les Cortals, vieilles ruines dans un sombre sous-bois. Il n’y en a qu’un alors je prends deux photos et le laisse en paix. A l’instant où je parviens à l’intersection d’un chemin filant vers le col de la Serra, les souvenirs ressurgissent avec la vision d’un très vieux balisage jaune et rouge très effacé, qui ne peut être relatif qu’à l’ancien GRP Tour du Coronat dont le tracé avait été créé en 1982. En 2007, et alors que ce tour n’existait déjà plus, j’avais très souvent recherché en vain ce balisage bicolore. Là aussi, quel bol de retrouver un balisage vieux de 37 ans ! Peu de temps après, c’est un couple de loriots se poursuivant dans des grands frênes qui j’aperçois furtivement. Avec l’arrivée au lieu-dit la Travessa, ici se terminent le tronçon du Tour du Coronat et l’agréable chemin herbeux déjà cheminé en 2007. Si je n’ai pas eu trop le temps de me remémorer les vieux souvenirs de cette étape qui m’avait mené de Nohèdes au Refuge de Callau, je le dois en grande partie à cette Nature, constamment présente, qu’avec beaucoup de chance j’ai pu observer aujourd’hui. Outre les cathédrales végétales et le balisage effacé, seules quelques vaches têtues accompagnées de leurs jeunes veaux candides, et donc peureux, obstruant le chemin m’ont rappelé ce temps jadis. Il me faut rejoindre Urbanya et la plus simple possibilité étant la piste terreuse qui y descend, j’ignore tous les raccourcis que je connais. Pourtant au dessus de ma tête, le ciel est désormais carrément coupé en deux. Gris ou très gris vers le nord et encore très bleu partout ailleurs. Au dessus de ma tête, c’est gris clair. Je me dis que s’il vient à pleuvoir, la piste sera certainement plus praticable que des raccourcis dont je ne sais jamais s’ils sont régulièrement débroussaillés. Si je presse un peu le pas, c’est seulement à cause de cette météo qui se gâte, mais ce n’est pas pour autant que j’en oublie de photographier la faune et la flore. Toutes deux continuent d’être omniprésentes avec beaucoup de fleurs nouvelles et toujours des papillons et des oiseaux en très belle quantité. La chance est encore là, avec une nouvelle fois les photos surprenantes d’un Torcol fourmilier pendant son chant nuptial. Je dis une nouvelle fois, car j’ai photographié ce même oiseau « rare » il y a seulement quelques semaines lors du « Circuit des Sources de l’Agly et de la Sals ». Pinsons, serins et merles en grand nombre, des fauvettes refusant tout cliché, quelques mésanges, geais et bruants, des rapaces dans les cieux, des rouges-queues noirs, des moineaux et des hirondelles près des habitations, l’ornithologue amateur que je suis est enjoué de cette renaissance de l’avifaune, même si je ne parviens pas à toute la photographier. Pourvu qu’elle dure et dans le temps ! Comme je l’ai déjà fait à diverses reprises, je note que certains passereaux s’approprient certains étages altitudinaux ou végétatifs et jamais d’autres. C’est ainsi que je finis par apprendre que j’aurais beaucoup plus de chance de photographier tel oiseau à tel endroit ou dans tel type d’habitat. Il est 17h15 quand je retrouve ma petite maison. Comme très souvent, le gros des nuages est resté bloqué sur le Madres et côté Capcir, et par bonheur pour cette fois, il n’a pas plu sur le vallon d’Urbanya. L’été, quand le potager doit être arrosé et que j’assiste à ce même phénomène météo, je prie pour que tombe la pluie mais le plus souvent, il ne pleut pas non plus. C’est la frontière entre Capcir et Conflent, frontière géographique que la pluie refuse de passer tel un voyageur qui n’aurait pas son visa.  Quand j’arrive, Dany a toujours le nez plongé dans sa liseuse mais elle prend néanmoins le temps d’écouter tout ce que j’ai à lui dire à propos des oiseaux, des papillons, de la chauves-souris et surtout du daim. Photos à l’appui, je lui raconte dans le détail ma longue observation mais quand je termine de parler, elle ne trouve rien d’autre à dire que : « quand je marche avec toi, je ne vois jamais rien ! ». Je lui réponds : « justement, c’est parce que tu es avec moi qu’on ne voit rien ! ». « Il faudra que tu me la fasses faire cette balade ! » ajoute-t-elle. Je lui promets de l’emmener, dès cet été quand nous serons en vacances ici, mais sans garantie que nous observerons autant la Nature. La Nature n’est-elle pas aussi capricieuse qu’une femme ? Ainsi se termine ce court mais merveilleux « Circuit de la Matte ». Telle qu’accomplie et expliquée ici, cette balade est longue de 8,8 km pour des montées cumulées de 666 mètres. Le dénivelé est de 349 mètres entre le point le plus bas à 856 m à Urbanya et le plus haut à 1.205 m à proximité du lieu-dit La Travessa. Bien sûr, je vous dispense du temps que j’ai mis pour l’accomplir car vous l’avez sans doute compris, la course en montagne ne faisait pas partie de mes objectifs. Le plus important était de « mater » ! La Nature, il va sans  dire ! Je profite de l'occasion qui m'est donnée ici pour remercier Josette d'Urbanya, car c'est elle qui m'a informé de la réhabilitation du sentier menant de la Devesa au col de Marsac et un grand merci bien sûr à toutes les personnes qui ont oeuvré à cette réouverture. Cartes I.G.N 2348 ET - Prades – Saint-Paul-de Fenouillet  Top 25.

    (*) Toponymie du mot « mata », « matte une fois françisé » :

    Concernant la toponymie du mot « mata », le mieux est de se référer à la toponymie du nom de la commune de Matemale que l’on trouve sur le site Wikipédia. C’est ainsi que l’on peut lire que «  le terme « mata » est issu du pré-latin « matta », désignant des fourrés de buissons et d'arbustes (Lluis Basseda), avant peut-être de désigner la forêt qui entoure le village, jadis objet d'intérêt des rois d'Aragon puis des rois de France« Malus » signifie « mauvaise ». Le tout qualifie donc un endroit rempli d'une végétation hostile, peut-être remplie de buissons épineux et, éventuellement, de bêtes sauvages. Il existait sans doute deux lieux-dits » : « Mata Mala » et « Mata ». Le nom « Mata » est repris pour la forêt de la Matte, forêt plantée par l'homme à l'époque moderne ». Il s’agit donc clairement d’une toponymie très ancienne, puisque l’on peut lire aussi : «  Le nom « Matamala » apparaît dès 965  et demeure par la suite sous cette forme, bien que l'on trouve aussi Mathamala en 1358. En catalan, le nom de la commune est « Matamala ». Je note que dans l’ouvrage « Toponymie Générale de la France - 1990 » d’Ernest Nègre, ce dernier se démarque un peu en mentionnant que le nom « Matemale » équivaudrait pour « mata » à « un tronc d’arbre sur lequel poussent des rejetons près de terre » et « mala » « mauvaise ». Il tient cette information du « Diccionari general de la llengua catalana-1931  » de Pompeu Fabra, célèbre linguiste espagnol. Une « mata » ou « matte » en français ; bien que cette signification n’ait jamais été retenue par aucun des principaux dictionnaires nationaux (*) ; serait donc un lieu planté de broussailles, si l’on veut faire simple. Cette notion est d’ailleurs retenue par la plupart des toponymistes et confirmée par exemple par André Pégorier dans son ouvrage « Les noms de lieux en France – Glossaire des termes dialectaux » où l’on peut lire qu’une « mate », « mate », « matte », ou encore « mathe », variante en occitan, nom féminin correspond à « hallier »,« cépée », « fourré » et que « matas », nom masculin en ancien français est un « buisson », « hallier », « haie », « broussailles ». Il faut toutefois noter, dans ce même ouvrage, les nombreuses et autres significations données au mot « matte » et selon les régions. Ainsi, dans les Vosges, c’est une « clairière gazonnée au milieu d’un bois », à Marseille, « des hauts fonds vaseux et sableux couverts d’herbes », dans le Poitou et le Saintonge, « le nom donné à des bosses de marais les plus larges consacrées à la culture ». Comme on le voit, rien n’est simple et on comprend mieux pourquoi aucune de ces significations n’aient été retenues en français ! Maurice Prat dans son article consacré à ses « Recherches de toponymie pyrénéenne - 1944 » indique que la « mata » serait un « bosquet » ou un « taillis ». Le site Généanet est lui plus catégorique quand il s’agit de fournir une origine et une étymologie au nom de famille « Mata », car selon eux, il désigne un « bosquet » et surtout pas un « buisson ». En poussant mes recherches un peu plus loin, j’ai également trouvé d’autres significations selon les régions et leurs langues ; occitan, provençal, gascon ; comme « bois », « petit bois, « touffe » (Charente-Maritime), « hallier épais », « gros buisson » dans l’ensemble des Pyrénées. Idem avec « matet » signifiant « un terrain couvert de buissons » en Gascogne. Idem avec « mato » signifiant « touffe serrée » et « buisson » en provençal et « touffe d’herbe » et « cépée de jeunes arbres » en languedocien mais seulement « buisson » dans le Gers. Notons que dans des zones marécageuses et inondables de la vallée de la Garonne, une « mata » désigne également une levée de terre artificielle faisant office de digue. Dans d’autres régions occitanes, elle est une « butte » ou un « tertre ».

    En résumé, il est nécessaire de revenir dans les Pyrénées-Orientales, ou en tous cas dans les Pyrénées, pour affirmer que le mot originel « mata » désignait un bosquet très broussailleux sans doute bas et inaccessible d’accès. Toutefois, dans le cas qui nous intéresse, c’est-à-dire ici à d’Urbanya, il semble que la signification ait évoluée au fil du temps et désigne désormais la forêt, forêt se trouvant versant ubac de la vallée et qui a été plantée au siècle précédent. Ce constat est confirmé par l’analyse que j’ai pu faire des différentes cartes que l’on trouve sur le site Géoportail. En effet, j’ai pu constater par moi-même que le lieu-dit mentionné « Mata » que l’on trouve sur les cartes IGN modernes n’existe pas sur les cartes plus anciennes (Cassini, Etat-major, 1950). Il en va de même pour d’autres lieux des P.O. où les mots « mata, mate ou matte » sont présents. Comme déjà indiqué, c’est aussi le cas à Matemale avec la forêt de la Matte, mais également au pied du Canigou, tout près du refuge de Mariailles avec « Les Mattes rouges et le matte vert » pour ne citer que ces quelques exemples que je connais le mieux. Voilà ce que l’on peut dire de cette toponymie. (*) Dans le dictionnaire Larousse.fr, une « matte » est une « substance métallique sulfureuse résultant de la première fusion d’un minerai traité et non suffisamment épuré ». La plupart des autres dictionnaires et encyclopédies en donnent une signification quasi similaire même si d’autres notions sont fournies dans sa lexicographie (lait caillé, banc de poissons semblables, fond vaseux, terme technique en judo, etc…). En tous cas, voilà un mot difficile à « mater » !

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 30 Septembre 2019 à 19:46

    Salut l'ami randonneur,
    Encore une belle rando avec de belles photos et un excellent descriptif, bravo à toi et à bientôt pour la prochaine
    Amicalement

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