• Rêve de pêcheur et pêcheur de rêves.

    Rêve de pêcheur et pêcheur de réves.

    Avec le loup de 6,9 kg pêché à la pointe du Cap Béar avec mon ami Emile Lara en avril 1991.

    (Les photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois pour un plein écran)


     

    Je ne sais pas vous, mais moi quand je rêve et que je me souviens de celui-ci, c’est le plus souvent imaginaire et rarement ce qui s’est passé dans la vraie vie. C’est d’autant mieux que je cauchemarde assez souvent. Pourtant, voilà quelques jours, j’ai rêvé d’un vieux « rêve vécu ». Par vieux « rêve vécu », il faut entendre un instant mémorable qui est réellement survenu il y a bien longtemps de cela. Voilà cette histoire et donc ce rêve qui a resurgi de mes souvenirs les plus enfouis.

    Nous sommes en avril 1991. J’ai 42 ans. Avec mon regretté ami Emile Lara, nous avons décidé d’aller pêcher à la pointe du Cap Béar, côté nord. Plus tout jeune, car il a une belle différence d’âge de plus de 20 ans avec moi, c’est la toute première fois qu’il m’accompagne là-bas. S’il aime bien la pêche, lui est plutôt habitué à une activité moins « sportive » et préfère les bords de plage de Saint-Cyprien ou d’Argelès où les daurades royales ont sa faveur. Ils les pêchent essentiellement aux vers américains, appât déjà bien onéreux à cette époque. Crapahuter du phare du Cap Béar jusqu’à sa pointe puis ensuite descendre sur des rochers escarpés très peu pour lui. Mais aujourd’hui, il semble décidé et il ne peste pas. Il semble même joyeux. Après de violents coups d’est, la mer est en train de se mettre à l’étale. C’est-à-dire qu’elle bouge encore un peu, juste ce qu’il faut car avec une houle très modérée, mais finalement je dirais qu’elle est idéale car pas claire et une peu écumeuse pour la pêche que je pratique. Après nous être rapidement installés, je mets en place 2 cannes, une que je cale à fond avec une demi-sardine comme appât et l’autre que je tiens le plus souvent à la main, avec comme appât ce que l’on appelle une « pelote ». La pelote est une technique de pêche consistant en un mélange de sardines broyés, de farine, de chapelure et de sable fin tamisé. Le tout devient une pâte, compacte de préférence.  Ma pelote à moi étant loin d’être parfaite car trop rapidement réalisée, je rajoute sur l’hameçon un bout de sardine ; le plus souvent pris à un bout de la queue car ça tient mieux. Ce bout de sardine, je l’entoure ensuite le plus fermement possible de ma petite boule de pelote. Je tiens cela de mon beau-père car c’est lui qui m’a donné le virus de la pêche du bord. Emile, lui, ne pêche qu'essentiellement au lancer, toujours avec des vers américains comme appâts. Toutefois connaissant bien les fonds marins, car ici je pratique aussi la chasse sous-marine depuis déjà très longtemps, je lui conseille de ne pas lancer trop loin et surtout de préférence à des endroits bien précis que je lui indique. Ceci avant qu’il n’accroche pas des rochers avec ses lignes, ses plombs ou ses hameçons. Voilà déjà plus d’une heure que nous sommes installés et à part du « menu fretin » style bogues, petites oblades et sarans, rien de bien folichon n’a été sorti de l’eau, ni pour lui, ni pour moi. Puis tout à coup, tout démarre d’un seul coup, pour moi presque essentiellement (Emile prendra un sar de 300gr), et en moins d’une heure avec 4 poissons dont on rêve quand on part pêcher. Le rêve éveillé vient de surgir car sur la balance ces 4 poissons parviendront à un poids total incroyable car exceptionnel de 9,9kg avec un loup (ou bar) de 6,9kg et 3 sars de respectivement 1,3kg, 1kg et 700grs. Les connaisseurs apprécieront. Le bar, lui, nous a donné du fil à retordre, et sans doute que sans la présence de mon ami Emile, je ne l’aurais jamais sorti tout seul. En effet, j’ai immédiatement compris que j’avais à faire à une prise très exceptionnelle car le poisson avait une force phénoménale. Alors entre stress et ce désir de tout faire pour ne pas le perdre, j’ai essayé de garder au maximum mon calme, mais aussi de faire de mon mieux pour le fatiguer le plus possible. L’amenant au plus près du bord avec beaucoup de difficulté, car très batailleur, j’ai ensuite essayé de l’amener au mieux dans l’épuisette qu’Emile tenait. Mais rien ne se passait comme je le voulais car le poisson tirant de toutes ses forces, il replongeait constamment. Finalement, il apparut magnifiquement gros et étincelant en surface, comme bien fatigué mais ce n’était pas vraiment le cas. La lutte dura encore un bon quart d’heure de plus avant qu’il n’abandonne définitivement, conservant quand même d’énormes soubresauts de temps à autre. Soubresauts inquiétants à l’instant de le mettre dans l’épuisette. Alors que je pensais qu’il était bien dans l’épuisette, le manche de celle-ci se cassa par trois fois avant que le poisson ne s’y loge définitivement et soit enfin sorti de l’eau par Emile. Après cette période euphorique et le calme halieutique étant revenu, nous sommes rentrés à la maison, aussi heureux que des poissons dans l’eau.

    Rêve de pêcheur et pêcheur de réves. 

    Une après-midi rêvée pour une pêche exceptionnelle. 4 poissons (3 sars, 1 loup) et 9,9kg.

    Alors certes, je n’ai pas rêvé de tout cela dans le détail mais bien de ces instants incroyables où je me voyais manœuvrer le loup qui n’avait de cesse de monter du fond de l’eau puis de redescendre avec une facilité assez déconcertante car sa puissance et son poids lui facilitaient cette épreuve de force entre lui et moi. Finalement bien éreinté, j’ai vu apparaître en totalité sa masse si moirée, si brillante et si imposante et ce fut pour moi le moment le plus inoubliable de ce rêve comme il l’avait déjà été au cours de cette mémorable journée. J’ai revu mon cher ami Emile, avec mon épuisette télescopique à la main, là, si impatient et si stressé, à attendre que je lui amène le poisson dans le filet, dont le diamètre me paraissait insuffisant au regard de la taille du poisson. Une différence quand même, il n’y eut pas de casse du manche de l’épuisette comme dans la réalité. Pas le temps, mon joli rêve s’est terminé juste avant. Finalement, dans ce rêve, le poisson n’a jamais été sorti de l’eau et c’est bien mieux ainsi, car si batailleur qu’il a été, il méritait sans doute que je le remette à l’eau, même si de le manger cuit au four, farci et entre amis a été aussi un moment inoubliable de convivialité. Rêve de pêcheur, pêcheur de rêves, pas de différence. 

    Rêve de pêcheur et pêcheur de réves. 

    En 1989, lors d'une partie de pétanque faisant suite à une mémorable cargolade. Avec mon ami Emile ici à droite sur la photo. Je suis à gauche à côté de la charmante Marie, épouse d'Emile. Au centre, mon ami Jacky Fabre en train de lancer sa boule. Il m'avait emmener au pic du Canigou avec des ami(e)s à lui cette année-là. C'était la toute première fois que j'y montais. Il y en aura ensuite 3 autres.

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