• Le Balcon de Nohèdes (1.310 m) depuis Nohèdes (935 m) par l'ancien canal d'irrigation.


    Ce diaporama est agrémenté avec de la musique relaxante jouée au piano et produite par le studio japonais Ghibli.

    LE-BALCON-DE-NOHEDES

    BALCONNOHEDESIGN

    Toujours en vacances à Urbanya, il ne m’a pas fallu aller bien loin pour vous proposer cette nouvelle et magnifique randonnée. En effet, je suis simplement parti dans la vallée adjacente car ce circuit que je vous présente dans ce nouvel article a pour point de départ le joli village de Nohèdes. Toutefois, je ne suis pas resté au fond du vallon car c’est bien connu, en randonnée dès que l’on s’élève tout est plus beau et en l’occurrence ici c’est parfaitement le cas. Avec une certaine logique et je dirais presque naturellement, j’ai intitulé ce circuit « le Balcon de Nohèdes » tant les vues aériennes sur le village et surtout sur la vallée où coule la rivière éponyme sont la principale attraction de cette superbe balade. Ce vallon, ici on l’appelle la vallée de l’Arche perdue car selon la légende, Noé aurait amarré son arche à un anneau qui se trouverait au sommet d’un roc du nom de Salimanes ou Salimans (1.694 m). J’aurais tendance à dire après moi le déluge, car si le roc existe bien, je vous laisserais le soin de retrouver l’anneau car l’arche, elle,  il semble qu’elle ait continué son périple vers d’autres sommets où elle a fini par s’échouer ! Ici, outre les magnifiques panoramas, il y a bien d’autres intérêts et notamment faunistiques et floristiques surtout au printemps. Pourtant, cette balade,  j’aurais pu l’appeler aussi « le canal de Nohèdes » car l’essentiel du parcours emprunte sur plusieurs kilomètres, l’ancienne canalisation d’irrigation et sans doute d’alimentation en eau du village qu’ici on appelle « rec » et dont la petite histoire nous dit qu’elle aurait été construite en 1873 et qu’elle aurait cessé son activité en 1966 pour cause de désertification du village. Alors bien entendu, cette vieille rigole faite de lauzes n’est plus en activité aujourd’hui car au fil du temps, elle s’est comblée de terre et s’est transformée peu à peu en un véritable petit sentier. Encore emprunté par les bergers et les chevriers de nos jours et sans doute depuis toujours car il s’agissait aussi d’un « Cami Ramader », l’ancien canal est devenu plus tard un sentier de randonnée pédestre balisé en jaune comme tout bon P.R. Pourtant, si vous cherchez ce tracé sur une carte IGN récente ou sur Géoportail par exemple, vous ne le verrez nulle part et vous ne le trouverez essentiellement que sur des vieilles cartes IGN. En tous cas, moi, je ne l’ai trouvé que sur une vieille carte IGN Top 25 de l’année 2000. Sur cette carte IGN, il y a donc un tracé rouge qui suit le canal. Depuis toujours, ce « rec » est représenté en bleu et comme une véritable rivière où de l’eau s’écoulerait encore. C’est dire si nos géographes n’ont plus parcouru les lieux depuis très longtemps ! A moins de faire cette randonnée en sens inverse de celui préconisé ici, le véritable départ s’effectue du hameau de Montailla (au dessus de Nohèdes) mais comme de toute manière, cette balade en boucle se termine à Nohèdes, il est largement préférable de démarrer de ce village, à moins bien sûr, d’avoir deux véhicules et d’en laisser un au départ à Montailla et l’autre à l’arrivée à Nohèdes. Cette dernière solution règle le problème d’avoir à effectuer les 5 kilomètres séparant les deux lieux en empruntant la piste et les quelques raccourcis que certains pourraient trouver fastidieux. En tous cas, nous, nous sommes partis de Nohèdes et ces 5 kilomètres ont été plutôt une excellente mise en jambes d’autant que le décor en bordure de la rivière est loin d’être désagréable. Nous avons emprunté la piste qu’à Nohèdes on appelle le « Cami del Gorg ». Ces « gorgs » ou lacs, vous les retrouvez sur des panonceaux jaunes indiquant l’Estany del Clot et le Gorg Estelat, objectifs de randonnées déjà expliquées dans ce blog. Par contre, vous ne trouverez aucune indication (*) quant à notre balade du jour. La piste passe devant la centrale électrique, devant le camping El Manau puis se poursuit avec quelques sinuosités jusqu’à rencontrer une croix jaune indiquant qu’il est préférable d’emprunter un sentier qui monte à droite dans le bois. On emprunte ce raccourci souvent dallé et bordé d’anciennes « feixes », ces terrasses en pierres sèches qui supportaient jadis des vergers, des champs de pommes de terres et de céréales mais aussi des  noiseraies qu’ici on appelle « noguers » lieux plantés de noyers et de noisetiers qui ont sans doute donné son nom au village de Nohèdes. Aux temps anciens, Montailla était en quelque sorte le « grenier » de Nohèdes. Ce sentier retrouve la piste un peu plus haut et malgré une nouvelle croix jaune et un autre sentier montant dans la hêtraie toujours à droite à hauteur d’un virage, on reste cette fois-ci sur la piste jusqu’au hameau de Montailla. Là, on passe à gauche d’un grand hangar métallique qui est en réalité une bergerie moderne, puis on continue de monter jusqu’à rencontrer quelques maisonnettes en pierres sèches dont certaines ruinées. C’est le hameau de Montailla. Immédiatement après ces maisons, on emprunte un large chemin herbeux qui part à droite, passe sous de grands arbres, atteint un ru bourbeux. Jusque là et sauf inattention de ma part, vous n’aurez toujours vu aucun coup de peinture jaune d’un quelconque balisage mais si vous enjambez le ru bourbeux et filez droit devant vous dans le pré, vous remarquerez une première marque jaune peinte sur une pierre située au milieu de ce pré. Plus loin, il y a une deuxième pierre et une autre trace jaune et ainsi de suite. Vous êtes sur le tracé de cette jolie balade et bientôt sur le « Balcon de Nohèdes ». Ne lâchez plus ce balisage jaune, continuez sur quelques mètres dans le pré puis montez en sous-bois au milieu des hautes fougères ou des asphodèles blanches selon la saison. Ce balisage va vous amener vers la petite rivière des Camps Réals (champs royaux) qu’il faut traverser près du lieu-dit Falgarouse. Selon la pluviométrie des jours précédents et la saison, hors mis peut-être à la fin du printemps et en été, vous serez sans doute obligés de vous déchausser pour enjamber ce ruisseau parfois assez fougueux mais sans danger car seulement profond de quelques centimètres. Quelques mètres plus haut, et sans vraiment vous en être aperçu, vous commencerez à marcher dans l’empreinte de l’ancien canal d’irrigation de Nohèdes. Mais peu après un grand et beau « cortal » du nom de la Soulane non loin du lieu-dit « Canals » sur les cartes, cet état de fait deviendra vite une évidence tant le canal est toujours parfaitement visible car encore creusé malgré la terre qui l’a à moitié enseveli. A partir de là, vous n’aurez plus aucune incertitude quand à l’itinéraire à suivre car le sentier est unique et donc évident. Une fois encore, je précise que simplicité du parcours ne signifie pas facilité même si c’est vrai qu’ici, on en a d’ores et déjà fini avec le gros de la déclivité. Non, ce parcours mérite une grande attention car s’il est parfaitement praticable,  la hauteur où a parfois été construit le canal est assez impressionnante et le risque d’accident doit être constamment gardé à l’esprit. D’ailleurs, si les précautions sont de mises et si la vigilance doit en permanence guider les pas du randonneur, on ne cessera tout au long du parcours d’être en extase quant à l’ingéniosité technique et surtout aux prouesses colossales qu’ont accompli nos aïeux pour imaginer puis construire cet extraordinaire canal de lauzes et de schistes aux étonnants murs de soutènement dont la finalité était de récupérer les eaux d’un nombre incalculable de rus, ruisseaux, rivières et torrents descendant du versant de ces montagnes ayant pour noms : Roc de l’Aigle (1.931 m), de Torrelles (1.745 m) ou de Peirafita (1.535 m) ou bien encore les Pics de la Moscatosa (1.457 m) et Lloset (1.371 m). Le canal amenait ensuite l’eau vers les terrasses cultivées, vers des réservoirs ou des fontaines. Avec ce canal de huit kilomètres selon les historiens, on trouve aussi quelques très beaux cortals et orris. Il est donc incontestable que la main de l’homme est partout présente dans cette randonnée, toutefois, et c’est la réflexion que je me suis faite en marchant, on oublie très vite cette ancienne occupation humaine car le sentier chemine en permanence à flancs de montagne dans un cadre magnifiquement varié et surtout extrêmement sauvage où la chance d’être confronté à la faune locale et parfois relictuelle ou endémique est certaine. Ici, dans cet écosystème de type « solana », on y trouve la petite faune habituelle comme les insectes, papillons, reptiles ou passereaux mais c’est aussi le territoire des sangliers, de nombreux rapaces (buses, éperviers, aigles, vautours, gypaètes) mais parfois des grands et des petits cervidés (cerfs, daims, chevreuils, isards, mouflons) et de bien d’autres petits mammifères tel le renard et l’écureuil pour ne citer que les plus visibles. Quant à la flore, elle est extrêmement variée mais toujours présente en toutes saisons. Le tracé emprunte en alternant des versants arides où au printemps flamboient les landes des genêts fleuris très vite remplacées en été par les bruyères roses mais aussi des petits bois de feuillus aux endroits les plus ombragés ou les plus humides où coulent parfois d’agréables petits torrents au bord desquels poussent d’innombrables fleurs et enfin aux pieds des pics de la Moscatosa et Lloset, c’est le domaine des belles forêts de résineux où les champignons poussent parfois à profusion. Mais s’il y a néanmoins une constante dans ce parcours, c’est bien la vue aérienne permanente sur le vallon de Nohèdes vers lequel descendent et se jettent les multiples ravins que l’on est amené à enjamber. De l’autre côté de la vallée, le Massif du Coronat étire sa longue croupe boisée où seules quelques hautes falaises calcaires finissant en d’impressionnants éboulis blancs contrastent avec la sombre forêt olivâtre. Ces falaises sont le repère d’une fleur unique au monde l’Alysson des Pyrénées. Après la fin du canal, le sentier se poursuit toujours en balcon sous le pic Lloset avec de jolies vues sur Nohèdes et un très beau panorama sur le Pic du Canigou et de l’autre côté vers le Pla des Gorgs et le Massif du Madres. Ici, on regrettera seulement qu’un incendie, sans doute un écobuage mal maîtrisé, est sacrément noirci le décor et brûlé de nombreux résineux dont certains ont encore leurs ramilles roussies leur donnant un aspect très insolite mais plutôt joli il faut bien le dire, quant on les fige en photos. Mais comme le disait je ne sais plus qui, la beauté n’est pas automatiquement désirable. Le sentier finit par atteindre la pente sud-est du Pic Lloset puis peu après le Col de la Serra (1.200 m) non loin du pic du même nom (1.242m). Là, deux options sont possibles : soit on laisse à main gauche un bel orri et on prend immédiatement à droite un sentier toujours balisé en jaune et parfois de quelques cairns nous entraînant directement vers Nohèdes toujours en descente soit on poursuit tout droit l’itinéraire descendant vers le Col de Marsac (1.056 m). C’est ce dernier itinéraire que j’ai choisi cette fois-ci car au Col de Marsac passe l’ancien tracé du GRP Tour du Coronat et comme je connaissais très bien ce col je savais que d’incroyables panoramas seraient au rendez-vous : sur la vallon d’Urbanya et sur la partie sud-est du vallon de Nohèdes mais aussi sur la Plaine du Roussillon et bien au-delà encore. Au Col de Marsac, un panonceau de bois indique Nohèdes et la suite n’est plus qu’une formalité qui nous ramène d’abord sur la D.26 puis au village où l’on retrouve notre voiture. Cette boucle est longue de 17 kilomètres environ pour un dénivelé de 380 mètres environ sachant que l’essentiel de la déclivité s’effectue entre Nohèdes (935 m à l’entrée du village) et le cortal de Falgarouse (1.300 m), le point culminant de cette balade se situant aux Esquerdes de la Grive à 1.310 m. Le reste du balcon est quasiment plat et oscille entre des altitudes allant de 1.300 à 1.200 mètres au col de la Serra.  Comme indiqué en préambule, je conseille d’effectuer cette balade de préférence au printemps ou au début de l’été plutôt qu’un peu plus tard. Tout d’abord parce que le sentier est bien plus praticable avec la chance qu’il ait été déjà débroussaillé et surtout il faut y aller avant que les nombreuses fougères et autres ronces ou prunelliers n’aient atteint une hauteur respectable rendant certains passages plutôt pénibles. La deuxième raison est essentiellement visuelle et olfactive car par grand beau temps et quand les différents genêts sont en fleurs et embaument le parcours, une balade sur ce sentier est une pure merveille ! Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    (*) Depuis ma balade printanière et la rédaction de cet article, j’ai acquis, auprès de la charmante et très accueillante préposée de la Maison de la Réserve Naturelle de Nohèdes, pas mal d’informations concernant ce parcours. Il semble que les différents éleveurs de Nohèdes (vachers, bergers et chevriers) soient excédés par l’attitude irrespectueuse de certains randonneurs malveillants laissant régulièrement les barrières ouvertes après leur passage. En raison des problèmes que ces passages engendrent y compris parfois avec les troupeaux et les patous, ces éleveurs ne souhaitent plus que ce parcours soit emprunté par les randonneurs et c’est pour cette raison que l’on ne trouve plus aucune information ni aucun panonceau concernant cette boucle ni sur le terrain ni dans aucun topo-guide. D’ailleurs, il n’apparaît pas dans le petit livret consacré à 9 itinéraires de découverte de la Vallée de Nohèdes (2 euros à la Maison de la Réserve Naturelle).  Enfin il semble que ces éleveurs aient demandé à la commune que le sentier ne soit plus débroussaillé et que le balisage soit définitivement supprimé. A suivre donc…mais d'ores et déjà, je dis dommage car cette randonnée est tout simplement somptueuse et pour moi, la plus belle de ce secteur de la montagne. Après, et toujours au départ de Nohèdes, il faut monter vers les lacs dits de Nohèdes.

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