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Le Sentier du Barrage sur l'Agly depuis Cassagnes (66)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons interprétées par le ténor britannique Paul Potts. Elles ont pour titres : "Sei Con Me" (There For Me) accompagné de la chanteuse soprano Hayley Westenra, "Senza Luce" (A Whiter Shade of Pale de Procol Harum), "What a Wonderful World" (de Louis Armstrong) accompagné par le Yomiuri Symphony Orchestra et "Nella Fantasia" (d'Ennio Morricone et Chiara Ferraù)

Le Sentier du Barrage sur l'Agly depuis Cassagnes (66)

Le Sentier du Barrage sur l'Agly depuis Cassagnes (66)

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

C’est lors du récent « Tour du Lac de Caramany » réalisé le 6 mars dernier que j’ai eu connaissance de ce « Sentier du Barrage sur l’Agly ». En effet, c’est en lisant un grand panneau situé sur l’esplanade jouxtant le remblai du barrage que j’ai eu connaissance de cette randonnée au départ du village de Cassagnes. Les 6km qui étaient mentionnés correspondant parfaitement à ce que Dany était à même d’accomplir, je ne voyais aucune raison de ne pas la faire ou de la remettre à plus tard. En ce 3 mai totalement printanier ; car avec un grand ciel bleu lessivé de tout nuage ;  nous voilà déjà à pied d’oeuvre sur un petit parking adjacent au cimetière de Cassagnes. Si nous avons le choix de démarrer de là ;  plutôt que de la rue des Hyères située au centre du village comme l’indique le topo officiel ; c’est que l’endroit nous a paru plus accessible et plus simple. Plus simple pour garer la voiture et plus simple aussi car immédiatement sur le bon chemin. Cette balade étant courte et comme en sus nous envisageons de piqueniquer, il est 10h30 quand nous démarrons. Bien évidemment, et comme je le fais à chaque randonnée, j’ai analysé les cartes IGN et les vues aériennes Géoportail car ça permet de se faire une petite idée du terrain et des décors  que l’on va cheminer. Ici, pour faire simple, le parcours circule tout autour d’une colline dont le nom est « Las Rocas d’En Barraut ». Elle est composée à la fois de quelques vignobles, à un degré moindre de vergers quand au reste de l’espace, broussailles et boqueteaux se le partagent.  La météo est tellement clémente qu’après avoir démarré en tee-shirts et pantalons longs, nous optons très vite pour une tenue plus légère. Pour cela rien de plus simple que d’ôter une fermeture-éclair afin de transformer le pantalon long modulable en un short plus rafraîchissant. Cette tenue nous conviendra tout au long du parcours. D’emblée et comme toujours, un « wagon » de fleurs printanières m’arrête tous les 2 mètres. Dany, elle, marche à son rythme mais elle m’attend dès lors qu’une intersection se présente car bien évidemment elle n'a aucune connaissance du parcours et pas de GPS. Elle s’arrête aussi pour écouter le chant des oiseaux et me demande si je les connais. Comme j’en connais certains mais d’autres non, j’utilise l’application BirdNET que j’ai sur mon smartphone pour les identifier. C’est ainsi que malgré un mélange hétérogène de chants, nous arrivons quand même à savoir qu’il y a surtout des pinsons, des rossignols et des mésanges. Par chance mais aussi avec un peu de patience, je vais réussir à photographier les 2 premières espèces mais aussi quelques autres tout au long du parcours. Si les oiseaux sont à l’honneur mais souvent difficiles à immortaliser, je me rattrape avec quelques criquets et surtout des papillons. Si j’en vois des plutôt communs, il y en a aussi des plus rarement visibles. C’est le cas des Proserpines mais surtout des Damiers de la Succise que je n’ai vu qu’assez rarement jusqu’à présent. Pourtant dieu sait si j’en ai fait des kilomètres à courir derrière toutes sortes de papillons pour les immortaliser.  Or ici, les Damiers de la Succise qu’on appelle aussi Damier des Marais sont très présents et même en assez grand nombre. C’est bien la toute première fois que j’en vois autant et comme je sais qu’il peut y en avoir des bien différents avec des colorations et des motifs variables, je photographie tous ceux qui se laissent approcher. Je le fais avec d’autant plus d’entrain que je sais aussi que ce papillon figure sur la liste rouge mondiale des espèces menacées et qu’il est en voie de disparation dans certaines régions et pays.  Autant vous dire que cette balade m’est hautement agréable car mon appareil-photo est constamment mis à l’épreuve, les fleurs étant nombreuses et extrémement variées. Elle est d’autant plus agréable que les décors et paysages environnants sont également plutôt chouettes. Ils vont l’être encore bien plus dès lors que le lac et son barrage deviennent nettement plus visibles même si très souvent au-dessus du lieu-dit La Devèze la végétation assez dense constitue un obstacle. Le pique-nique est si agréable aussi que l’on s’éternise bien au-delà du seul intérêt de manger. Il est vrai que le oiseaux continuent à être nombreux qu’ils soient sédentaires ou de passage. Je passe donc une belle partie du déjeuner à tenter d’en figer quelques-uns, mais ce n’est jamais facile même en utilisant tous mes appeaux. Quant à Dany, allongé sur un tapis de ramilles qu’elle a pris soin de couvrir d’une polaire, elle profite de la douce chaleur des rayons du soleil. On se remet en route presque contraints. Les décamètres défilent sans qu’on se lasse de marcher et quand un carrefour se présente doté d’ un panonceau nous annonçant une aire de pique-nique « Le Bousquet », je sais que Cassagnes n’est plus très loin. En effet, j’ai suffisamment analysé le parcours sur la carte IGN Géoportail pour en connaitre les quelques rares mentions que j’ai pu y déceler. Nous finirons cette jolie balade comme nous l’avons commencée, c’est-à-dire en flânant et en traversant Cassagnes, mais en évitant ainsi une partie du tracé original contournant le village. Traverser Cassagnes d’un regard curieux nous paraît plus divertissant et surtout plus captivant afin de découvrir son patrimoine. Quelqu’un a dit «  la curiosité est un vilain défaut mais un défaut permettant de progresser sur la voie de la connaissance ». Alors connaître Cassagnes est un choix presque manifeste. Et comme le village a conservé un beau patrimoine historique mais est aussi un véritable petit paradis paisible pas étonnant que son nom rime avec « cocagne ». Oui, Cassagnes, un pays de cocagne ! De plus ce barrage (et son lac) que l'on appelle le plus souvent de "Caramany" ou de l'Agly est en réalité situé sur la commune de Cassagnes. Les Cassagnols, très sympas, n'ont jamais râlé de ce "vol manifeste" ? Cette balade telle que je l’explique ici  a été longue de 6,4km. Les montées cumulées de 354m. A 364m d’altitude, le départ que nous avons choisi proche du cimetière est le point le plus haut. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt top 25.

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Le Sentier du Charbonnier depuis La Tirounère (St-Paul-de-Fenouillet)

Publié le par gibirando

Afin de rendre hommage à l'immense compositeur américain Burt Bacharach décédé en février dernier (sans oublié le parolier Hal David), j'ai agréménté ce diaporama de six de ses chansons. Elles ont pour titres et interprétes : "Raindrops Keep Fallin' On My Head"/B. J. Thomas, "This Guy's In Love With You"/Herb Alpert & The Tijuana Brass, "Arthur's Theme (Best That You Can Do)"/Christopher Cross, "What The World Needs Now Is Love"/Jackie DeShannon, "Alfie"/Vanessa Williams, "A House Is Not a Home"/Luther Vandross (version incomplète). 

Le Sentier du Charbonnier depuis La Tirounère (St-Paul-de-Fenouillet)

Le Sentier du Charbonnier depuis La Tirounère (St-Paul-de-Fenouillet)

  Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran


 

C’est en 2020 et au cours d’une balade que j’avais intitulée « Le Circuit de la Tirounère depuis St-Paul-de-Fenouillet » que j’avais découvert le départ de ce « Sentier du Charbonnier » et par là-même cette randonnée. Alors bien évidemment, je m’étais empressé d’aller voir sur le Net ce que l’on disait d’elle. Là, de prime abord, 2 éléments me rendirent quelque peu circonspect et je m’interrogeais quant à l’opportunité de la réaliser un jour. Le 1er élément était que de nombreuses personnes qui l’avaient faite l’avaient jugée difficile. De ce fait, à 71 ans, j’étais assez songeur même si la distance de 9 à 12 km ; selon les différentes versions ; ne m’inquiétait pas trop. En observant la carte IGN et la vue  aérienne correspondant au tracé, , ce que je craignais c’était toutes ces formations calcaires très découpées qu’il y avait à l’ouest des Gorges de Galamus. Si celles situées à l’est ne m’étaient pas inconnues, les ayant déjà approchées à diverses reprises lors de randonnées (*), celles-ci entaillées par la Coume de Tiols et son ruisseau restaient à découvrir.  Un petit tronçon muni d’une corde servant de garde-fou était souvent évoqué ajoutant un supplément de crainte car j’avais conscience que mes pieds n’avaient plus l’assurance de leurs 20 ans.  Le 2eme élément concernait la randonnée elle-même et le titre de « Sentier du charbonnier » qui lui avait été octroyé dont personne ne disait jamais rien. C’était d’autant plus troublant que même la Communauté des communes Agly-Fenouillèdes qui avait produit une fiche-rando N°26 restait totalement muette à ce sujet, évoquant brièvement "des sommets des Marches d'Espagne" et les Hautes-Corbières ? « Pourquoi du charbonnier ? » (**), cette question semblait n’intéresser personne ? De ce fait, ma crainte était qu’on ait créé un circuit de randonnée sans grand intérêt, seulement pour attirer les touristes et qu’un fonctionnaire en manque d’idées lui ait donné un nom totalement futile. Or « marcher idiot » et seulement pour l’aspect sportif n’était plus depuis longtemps le ressort de mes différentes sorties. Il me fallait bien d’autres arguments. Au regard de ces travers, je me suis mis en quête de chercher ce que l’on disait de ce sentier dans les nombreux topo-guides que je détenais dans ma bibliothèque. Et là ô surprise, aucun ne l’évoquait parmi les 60 ouvrages que je possédais. Pourtant ils étaient nombreux à évoquer ce secteur du pays Fenouillèdes et le Sentier Cathare, mais ce « Sentier du Charbonnier » était totalement oublié. Pourquoi ? C’était un frein de plus assez inattendu surtout quand on sait que de nombreux ouvrages reprennent assez souvent les mêmes randonnées. Pourquoi celle-ci était totalement absente ? Je ne trouvais pas de réponse ! Finalement, il m’a fallu 3 années supplémentaires pour qu’une gentille amie sur Facebook, prénommée Marie-Noëlle,  arrive à me convaincre que cette balade pouvait être intéressante. En décrivant succinctement la beauté des décors et en amoindrissant les difficultés, j’étais désormais convaincu que je pouvais la faire. En tous cas, malgré mes 74 ans, je  me sentais prêt. Il est vrai qu’une jolie nouvelle que je venais de lire évoquant un peu les lieux et  s’intitulant « Le sauvage en personne » de l’ethnologue et anthropologue Daniel Fabre avait fini de me convaincre.  De surcroît, la botanique, la Nature et l’Histoire y tenaient une place persuasive.  J’avais donc décidé d’attendre le printemps afin d’avoir entre les mains tous les atouts que la Nature des Corbières pourrait m’offrir. Météo France annonçant un anticyclone, le jour « J » est fixé au 17 avril,  et bien sûr en solitaire car quoi qu’il en soit, le terrain aux reliefs calcaires accidentés et la distance ne sont pas compatibles avec les tendons trop souvent douloureux des hanches de Dany. Il est 9h quand je laisse ma voiture sur la route à proximité de La Tirounère. Je démarre avec une "foi de charbonnier". Je connais désormais parfaitement les lieux. D’emblée, et avant même quelques pas vers la ligne de départ, des fleurs freinent mes bonnes intentions. A la Tirounère, je suis surpris de voir qu’une nouvelle passerelle a été installée permettant le passage sans problème de l’Agly. Voilà déjà longtemps que le projet était dans les cartons depuis que la précédente avait été emportée par une crue en 2014. Je m’y arrête quelques instants et constate que les poissons sont bien plus nombreux qu’en 2020 où je m’étais baigné lors de ce fameux  « Circuit de la Tirounère ». Sans passerelle, j’étais facilement passé à gué avec de l’eau aux genoux. Après quelques photos, je  me décide à démarrer me promettant d’y revenir au retour.  D’emblée, la pente raide de l’étroit sentier met mon palpitant à l’épreuve. Par bonheur, les fleurs printanières sont nombreuses et les photographier est une excellente raison de reprendre mon souffle. Mon cœur s’assagit au même rythme que le parcours qui peu à peu devient beaucoup moins incliné même si la calcaire reste constamment omniprésent. Alors que je grimpe vers La Balme, pensant être tout seul, un gilet pendu à une branche ne manque pas de me surprendre. Finalement, ce n’est que 100m plus loin, et un peu plus haut, qu’un homme accompagné d’un chien se présente devant moi. Il redescend et je monte. Après le bonjour d’usage, je lui demande « le gilet accroché à la branche est à vous ? ». Il me répond « oui », rajoutant qu’il trouve qu’il fait excessivement chaud. J’acquiesce. Sur le ton de la plaisanterie, je lui dis, « vous avez de la chance, il me plaisait bien et j’ai failli vous le piquer ! ». Il rigole de ma blague.  Je crois comprendre qu’il essaie de trouver des asperges sauvages mais que ce n’est pas génial. Après quelques brefs échanges sur nos activités du jour, il me souhaite bon courage et lui rend la pareille. Quelques mètres plus haut, en voyant les beaux panoramas qui s’entrouvrent, je prends déjà conscience avec satisfaction de la déclivité déjà accomplie. Dans le creux du ravin, au pied d’une falaise, l’ermitage Saint-Paul de Galamus apparait. Au-dessus, ce sont les contreforts du  Pech d’Auroux que j'ai eu l'occasion de gravir à plusieurs reprises. En bas,  là où j’ai laissé la voiture,  la route parallèle au  vallon où coule l’Agly ressemble à un vermicelle. Malgré tout le calcaire environnant, la végétation est dense et de n’importe quel côté où l’on regarde tout est très verdoyant. Je ne connais pas la suite mais suis très heureux d’être déjà là. Quand la bifurcation « Paradet » et « Camps » se présente, je sais déjà que c’est la seconde qu’il faut emprunter. Ici l’élévation supplémentaire accomplie offre une belle  vue vers Saint-Paul-de-Fenouillet et les  plaines alentours. Le sentier redescend un peu puis parvient à cette portion agrémentée d’une corde que j’appréhendais beaucoup mais que Marie-Noëlle avait à juste titre minimisée. Finalement si la corde peut s’avérer utile en terme de sécurité, je constate que je m’en faisais tout un monde sans vraie raison apparente. Il est vrai qu’en vieillissant, je suis désormais sujet au vertige. Certes, la roche est assez pentue à cet endroit-là mais je me souviens en avoir arpentées maintes et maintes fois dès bien plus compliquées que ça et notamment dans les calanques marseillaises au temps de ma jeunesse. Je passe donc assez facilement même si mon attention est de mise car je sais qu’à mon âge je n’ai plus la dextérité et l’assurance de mes jeunes années. Pour avoir plusieurs fois regardé la carte IGN administrative, je sais que la frontière P.O/Aude est juste là. Pourtant rien ne change et ne le laisse imaginer. Moralité : je comprends mieux pourquoi l'administration semble parfois insaisissable.  Peu après,  et par je ne sais quel miracle, si ce n’est la belle présence de jasmins jaunes, de cistes et de coronilles, de nombres papillons s’égayent dans ce secteur. Si la plupart sont assez communs et visibles quelques mois dans l’année car univoltins, les jolies et rares  Proserpines n’ont pas cette chance. Elles sont univoltines, c’est-à-dire qu’elles n’ont droit qu’à une seule génération annuelle.  Des papillons seront visibles jusqu’à la fin mais des Proserpines, je n’en verrais que deux. Le sentier atteint le ruisseau de la Coume de Tiols bien plus vite que je l’avais imaginé. Encombré assez souvent de gros blocs, le ruisseau devient chemin. Par bonheur, quelques tronçons sont parfois plus praticables grâce à de hauts buis faisant office de boucliers. De manière assez surprenante, quelqu’un a installé un livre d’or à même le sentier. J’y laisse une courte bafouille de mon passage. De temps à autre, le sentier sort du ruisseau et permet ainsi d’avoir une meilleure idée des paysages environnants. Les fleurs et les papillons continuent de m’arrêter. Les oiseaux sont bien là aussi,  comme le prouvent leur chant mais les voir est déjà une gageure quant à les photographier c’est carrément une loterie avec peu de chances de gagner tant les frondaisons qui les abritent sont touffues ! Il me faudra attendre de sortir de là, d’avoir un peu de chance, de me mettre quelquefois à guet pour réussir quelques photos d’oiseaux. C’est ainsi que bien trop absorbé à mes photos, je sursaute à l’arrivée soudaine dans mon dos d’un jeune homme en train de courir.  Lancé dans son trail, le temps d’échanger un bonjour, et telle une fauvette furtive,  il a déjà disparu dans ce dédale de roches et de végétation. Dès lors que le vallon se fait plus ample et moins encaissé, le sentier change de sol devenant plus herbeux. Là, je comprends que j’en ai vraiment fini avec le calcaire et le ruisseau. D’ailleurs, les fleurs à photographier changent aussi avec de nouvelles espèces fréquentant les pelouses : pâquerettes, pissenlits, potentilles, hélianthèmes, orchis, anémones, narcisses.  Il y a aussi beaucoup d’arbres à fleurs blanches. De très nombreux poiriers à feuilles d’amandier mais aussi quelques cerisiers de Sainte-Lucie et bien sûr des prunelliers.  A hauteur d’une cabane en tôles ondulées, je me décide à tourner à droite pour partir vers le col d’En Calve. Un large chemin monte vers ce col. Ceci n’est pas une entorse au parcours initial mais un supplément qui selon de nombreux témoignages méritent le détour.  C’est ainsi que j’ai atteint un large col herbeux puis qu’à l’aide de mon GPS et du tracé que j’y avais enregistré, j’ai facilement trouvé le sentier qui sur la droite m’a entraîné vers le lieu-dit « Frigoula ». Le lieu-dit consiste en plusieurs petites collines quelque peu escarpées mais accessibles où des vues grandioses se font jour presque de tous côtés : Massif du Canigou, Pech de Bugarach, Gorges de Galamus, Roc Serret,  Pech d’Auroux, La Quille, Vallon de Tiols, Roc del Nissol,  Forêt du RialsesseCubières et son joli moulin où nous avions fêté les 60 printemps de Dany. Pour être franc, j’aurais pu monter légèrement plus haut mais les altitudes les plus élevées étaient aussi les plus végétalisées. J’ai donc trouvé un bon compromis où j’ai choisi de pique-niquer avec vue vers le Canigou, la Vallée de la Boulzane et Saint-Paul-de-Fenouillet avant de refaire le chemin en sens inverse soit un aller et retour de 4km environ. Là, tout devint plus simple et la chance fut enfin avec moi car je réussis à photographier quelques volatiles plutôt nombreux dans cette portion jusqu’au Pla de Lagal. D’abord plus simple,  parce que le parcours est plus praticable et donc plus facile à cheminer au moins jusqu’à atteindre le Pla de Moulis mais aussi parce que j’en connaissais une belle partie. Là, on retrouve encore beaucoup de calcaire mais les chemins et sentiers sont plus « roulants »  Ce tronçon a  été d’autant plus facile pour moi que je l’avais déjà accompli en 2011 lors d’un mémorable Tour du Fenouillèdes en 5 jours avec mon fils. J’ai marqué un long arrêt à hauteur du calvaire en hommage à l’instituteur Moulins Artene car l’histoire du décès de cet homme que j’avais lue sur Internet m’avait vraiment marqué.  Il paraît qu’il serait mort de froid au cours d’une tempête de neige pour être allé chercher du secours à Saint-Paul de Fenouillet pour venir en aide à  un enfant malade de Camps-sur-Agly. Il est donc mort lors d’un acte d’héroïsme qui plus est pour sauver la vie d’un enfant. Si la fin de cette balade fut moins « géniale » sur le plan météo, le ciel devenant excessivement laiteux, grâce à une Nature encore très présente, elle demeura bien agréable pour moi. Une fois encore, cette randonnée m’a offert ce que j’étais venu chercher : la Nature avec un grand « N » ! Force est de reconnaître que j’avais des idées « noires » à propos de ce « Sentier du Charbonnier » et ma crainte de le réaliser était de revenir « noir » !  Mais finalement, je l’ai terminé « débordant » de couleurs, comme quoi le philosophe Gaston Bachelard avait raison quand il a dit que « le noir est le refuge de la couleur ». La distance parcourue a été de 11,8km. Les montées cumulées de 747m. Quant au dénivelé, il a été de 449m entre le point le plus élevé à 727m non loin du Roc del Nissol et le plus bas à 278m à la Tirounère.  Carte IGN Tuchan – Massif des Corbières top 25.

(*) Mes autres balades dans le secteur : 

 

(**) Les charbonniers en Fenouillèdes et Pyrénées : Comme indiqué dans le récit de ma balade, personne ne dit rien à propos du nom donné à ce sentier. Pourquoi du « charbonnier » ? Cette question restera un  mystère. En tous cas or mis un tout petit casot en tôle ondulée pas suffisamment ancien et un semblant de mur en pierres, je n’ai rien vu au cours de ce parcours qui pourrait ressembler de près ou de loin à une ancienne charbonnière voire à une vieille marmite en métal comme on en trouve encore dans la Nature en Fenouillèdes et plus généralement dans nos belles Pyrénées. Ces charbonnières ou ces marmites servaient à la fabrication du charbon de bois, combustible connu pour diverses utilisations depuis l’Antiquité mais qui connut son heure de gloire à partir du 17eme siècle dès lors que le procédé technologique des forges dites « catalanes » prit son envol industriel dans toutes nos montagnes. Car si ici on évoque les Pyrénées, le procédé a aussi été utilisé dans les autres montagnes françaises. A cette époque, du 17eme au 19eme siècle, la  fabrication du charbon de bois, et par là-même sa consommation ; furent si gigantesques que nombres de nos forêts finirent amplement décimées. Au fil du temps,  les  déboisements étaient tels qu’aucune essence ne résistait à cette frénésie. Pour les charbonniers, tout était bon à brûler, des sapins aux bruyères en passant par les chênes, les hêtres, les buis et même les arbres fruitiers dès lors que la pénurie a commencé à se faire sentir. Même si rien n’est dit à propos des charbonniers, ni à  Saint-Paul-de-Fenouillet ni dans ses proches alentours ; le bourg étant plus connu pour ses croquants, ses objets en buis et ses pièges à loup que l’on fabriquait dans des forges ; il est évident que les collines autour de Galamus n’ont pas échappé à ce déchainement à fabriquer coûte que coûte du charbon du bois. Dans ce secteur, un seul toponyme peut nous laisser penser à d’éventuels « charbonniers », c’est le Pas de la Fumado (la Fumée), en aval du Moulin du Cubières-sur-Cinoble.  Malgré cette carence de noms,  l’on apprend sur certains sites Internet ; Fenouillèdes et Caudiès notamment et donc sans partir trop loin de Saint-Paul ;  que les charbonnières ont bien évidemment existé dans tous ces secteurs. Leurs vestiges sont encore visibles parfois, et à titre personnel,  il m’est arrivé plusieurs fois d’en découvrir au cours d’autres randonnées. Je me souviens par exemple d’une vieille marmite en métal vue non loin du col de Tulla. Il m’est arrivé aussi de tomber sur d’anciennes plateformes de brûlis plutôt nombreuses dans la forêt de Boucheville et dans les autres bois des proches alentours. Entre le 17eme et 20eme siècle, les charbonniers n’ont pas été les seuls à fréquenter nos collines et nos montagnes. Selon les lieux, on pouvait aussi  y voir des mineurs, des forgerons, des bucherons, des chaufourniers dont le travail à fabriquer le chaux était souvent lié à ceux des charbonniers. Tous ce travailleurs étaient assez souvent des migrants.  Les charbonniers étaient nombreux à venir d’Italie et paraît-il de la région de Bergame. Ils étaient saisonniers et nomades, le plus souvent plutôt pauvres, se déplaçant très souvent d’un employeur à un autre changeant de forêt comme il ne changeait pas de veste, le travail étant bien sûr très salissant. Si la veste dite du « charbonnier » continue d’être la mode, les charbonniers ont très longtemps marqué l’imaginaire. Ils étaient des hommes « noirs », se jouant du feu tels des diables et vivants dans leur forêt comme de véritables « sauvages », ce qui n’était pas tout à fait faux. Pourtant,  le savoir-faire était tel que l’on évoque parfois « l’art du charbonnier ». C’est ce qu’on fait Henri Louis Duhamel de Montceau dans un livre de 1761 mais aussi plus récemment Véronique Izard, chercheuse au CNRS dans un article de la Société Botanique de France, article que je vous conseille de lire si vous souhaitez en savoir plus sur l’Histoire des charbonniers des Pyrénées et leur métier. 

Le Sentier du Charbonnier depuis La Tirounère (St-Paul-de-Fenouillet)

Marmite de charbonnier près du col de Tulla.

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La Boucle "Autour de Montalba-le-Château"

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques originales du remarquable guitariste américain Walter Rodriguez Jr. Elles ont pour titre : "Much More""Ballad Road" et "Silent Call"

La Boucle "Autour de Montalba-le-Château"

La Boucle "Autour de Montalba-le-Château"

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

En ce 5 avril 2023, cette « Boucle Autour de Montalba-le-Château », que j'avais trouvée sur Visorando, ne devait être qu’une simple promenade. Dans nos esprits, les 5,5km à parcourir ne devaient servir qu’à ça. Marcher un peu, pique-niquer face à un merveilleux Canigou enneigé étaient nos principaux objectifs. Dès le départ, un ciel bleu denim, limpide car sans nuage et une douce météo conjecturaient favorablement nos bonnes intentions. Il est 10h30  quand nous rangeons notre voiture sur un parking de la route principale, en l’occurrence la D.17, mais dans le village. Alors que nous chaussons nos godillots, un gentil et vieux monsieur vient nous « tenir le crachoir ». Il parle en nous posant des questions, mais parle tant et tellement vite qu’il n’attend jamais les réponses que nous pourrions éventuellement lui faire. Finalement, il passe du coq à l’âne et je comprends qu’il a surtout envie de nous parler de lui et de sa vie à Montalba-le-Château. Alors tout en nous préparant, nous l’écoutons avec attention et ce pendant un bon quart d’heure, bien au-delà de notre préparation.  Quand je le coupe, c’est pour lui dire que nous devons partir randonner tout autour du village.  Alors il acquiesce,  se tait et s'en va poliment un petit sourire au coin des lèvres, sans doute heureux que nous lui ayons consacré un peu de notre temps. Nous empruntons la D.17, puis un peu plus loin nous la délaissons au profit de la rue du Roumenga. Si vous regardez des plans et des vues aériennes sur le Net, vous trouverez l’intitulé « Camps del Cami de Vinça » dans la continuité de la rue de Roumenga, qui elle part ensuite à droite. Enfin peu importe, c’est par cette voie-là très rectiligne que nous sortons de Montalba et la campagne est déjà là avec ses fleurs sauvages, ses nombreux passereaux puis quelques fermes et corrals où dans les prés mitoyens paissent plusieurs chevaux. Il y a même un corbeau qui vient jouer les curieux et des étourneaux sans doute sédentarisés qui batifolent tout autour des équidés. Après un portail donnant sur de grandes serres de couleur verte, l’itinéraire vire à gauche en un angle droit. A droite le domaine « le Roc » avec les serres citées ci-avant et à droite un vignoble.  Au milieu, un chemin de sable blanc d’où s’envolent de jolis chardonnerets. Très vite, des  champs en jachères puis la garrigue prennent le relais du vignoble. Les fleurs sauvages et les papillons saisonniers se font plus nombreux. On retrouve la D.17 que l’on poursuit à droite sur une centaine de mètres et que l’on quitte pour un autre chemin encore sableux lui aussi filant à gauche entre des chênes verts. Ce sable blanc beige que l’on va fouler tout au long du parcours n’est ni plus ni moins que le socle de dépôts sédimentaires lacustres datant des temps géologiques. Celui plus grossier que l’on trouve en général au pied des amas rocheux est le résultat d’une érosion relativement plus récente. Ici, la principale roche est le granite aux nuances de couleurs quelque peu différentes mais assez souvent un peu rosées. Sur la gauche, Montalba et son éminent château ne tardent pas à apparaitre. A droite, le Massif du Canigou saupoudré de neige. Sa vue donne à Dany des envies de déjeuner sur l’herbe, sauf qu’il faut encore trouver l’herbe « qui va bien ». C’est chose faite quelques décamètre plus loin en nous éloignant du parcours d’une bonne cinquantaine de mètres. Là, adossés à des bruyères arborescentes amplement fleuries et donc très parfumées, nous déjeunons sur l’herbe de nos gros pans-bagnats. « C’est fou comme le beau temps et le bien-être m’ouvrent l’appétit » dis-je à Dany. Elle acquiesce mais sans parler car la bouche pleine. Ayant tout le temps devant nous, après ce copieux pique-nique,  je pars en quête de quelques photos naturalistes pendant que Dany s’est allongée sur l’herbe pour se reposer un peu. Quand je reviens, je la découvre presque endormie avec deux coccinelles se promenant sur sa polaire. Les coléoptères rouges et noirs contrastent tant avec le bleu du vêtement que je ne peux pas ne pas les voir. Nous repartons et peu de temps après tombons sur un gros troupeau d’ovins partant sans doute à l’estive. Accompagné de plusieurs chiens, le berger mène son troupeau avec sans doute cette idée de rester au plus près du chemin. Mais un pré herbeux se présente et le troupeau part alors en éventail. Nous faisons tout pour tenter d’éviter les animaux mais les voilà qu’ils partent en tous sens guidés par cette gloutonnerie folle de brouter tout ce qui se présente au bout de leur mufle. Si le nonchalant patou passant tout près de nous a déjà compris que rien ne ferait dévier ses ouailles, nous voilà plantés là comme deux statues au milieu de l’imposant troupeau. Finalement, personne ne prête attention à nous et tout se passe pour le mieux. Nous repartons. Peu après, nous croisons de beaux chevaux. Eux sont parqués.  Occupés à brouter, ils restent indifférents à l’intérêt qu’on veut leur porter. Plus loin, sur la droite et en  contrebas du chemin, nous apercevons plusieurs lamas aux robes chamarrées. J’apprendrais en rentrant qu’ils sont destinés à des promenades. Au milieu d’imposants blocs granitiques, le chemin devient plus large et plus sableux encore. Flore et faune continuent à jalonner le parcours pour mon plus grand plaisir. Dès lors que le sable laisse la place à l’asphalte, l’arrivée se fait plus proche. Après avoir tourné autour ; comme l’indique le titre de cette balade ; désormais Montalba et son château se dressent droit devant. Pourtant le parcours continue d’être agréable et il en sera ainsi jusqu’à son terme. Pendant quelques instants, l'église Sainte-Marie apparaît au loin sur notre droite me remémorant ainsi une autre très jolie balade que nous avions réalisée ici en 2018. Elle avait consisté à partir à la découverte des "Bornes frontières de 1258". Souvenirs, souvenirs ! Malgré une distance plus que modeste, celle-ci fut pour moi une vraie randonnée. Ce sentiment, je le dois sans doute aux jolis décors parcourus mais surtout au plaisir que j’ai eu à photographier une faune ; sauvage ou pas, et une flore qui ont très présentes tout au long de l’itinéraire. Remercions Philippe Pagès d’avoir mis cette jolie boucle sur Visorando car sans lui pas sûr que nous l’aurions connue. La distance est donnée pour 5,43km, mais autant être honnête aujourd’hui je n’ai rien mesuré,  car comme le dit l’adage « quand on aime on ne compte pas ! ». Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt top 25.

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Le Tour du Lac de Caramany

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques du duo irlando-norvégien "Secret Garden" composées par Rolf Løvland. Elles ont pour titre "Beautiful" chantée par Brian Kennedy"The Pilot" (instrumental), "Strength" chantée par Espen Grjotheim"Cause Of You" chantée par Cathrine Iversen et Espen Grjotheim et enfin la cinquième "Passacaglia" d'Haendel/Halvorsen jouée en solo au piano par Pianovus (incomplète).

Le Tour du Lac de Caramany

Le Tour du Lac de Caramany

Pour agrandir les photos cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Nota : Le tracé officiel du Tour du Lac de Caramany proposé par le département 66 (voir ce lien) évite bien évidemment cette partie où des éboulements de pierres se sont produits ces dernières années, entre l’embouchure du Ravin de Tury et le lieu-dit Clot del Tury. C’est donc à mes risques que je suis passé outre les interdictions car j’ai estimé qu’un maximum de conditions favorables me permettait de le faire (belle météo, possibilité auxiliaire dans le lac asséché, eau excessivement basse du lac et de l'Agly, marche en solo) . Si vous faites de même, vous le ferez également à vos risques et périls. Je conseille bien évidemment de ne pas prendre de risques si les conditions ci-dessus ne sont pas totalement remplies ou si vous marchez avec des enfants. A vous de voir.

De ma part, faut-il voir dans ce « Tour du Lac du Caramany » le signe d’un quelconque intérêt grandissant pour l’énergie électrique ? Je ne le pense pas, même si en cette période d’inflation, le sujet très d’actualité par la hausse effrénée de ses tarifs ne me laisse bien évidemment pas indifférent ! Et ce n’est donc que pure coïncidence si ma dernière randonnée (Le Circuit du poste électrique et les éoliennes de Baixas depuis Saint-Estève) et celle-ci ont en commun des lieux où la production électrique est de mise. D’ailleurs, pour être honnête, ici c’est plutôt l’eau et sa carence qui ont aiguillonné mes pensées que le fait qu’il y avait non loin de là un barrage hydroélectrique. Il est 10h30 quand je gare ma voiture tout près de l’aire de pique-nique jouxtant le pont traversant le lac. Selon un plan que j’ai pu voir sur Internet, le départ est là ce qui m’oblige à remonter la route D.21 jusqu’à hauteur de la cave Les Vignerons de Caramany. Le Tour du Lac démarre vraiment là, à droite de la route,  même s’il n’y a aucune mention.  Mais pour avoir déjà accompli une autre randonnée intitulée « Autour du Grand Rocher », je sais que c’est là, les départs sont identiques.  Dans l’immédiat, il s’agit d’une voie bitumée qu’il faut quitter bien plus loin au profit d’un chemin sableux partant à gauche. Comme toujours, je suis déjà en quête de ce que la Nature peut offrir à mon appareil-photo, paysages certes mais surtout flore et faune. Autant l’avouer les deux étant plutôt rares en ce début de balade, les quelques occasions qui se présentent ne sont pas à gâcher. Si les fleurs sont faciles à immortaliser, les oiseaux et papillons réclament plus de patience et surtout plus de chance. Or mis cela, la météo étant très bonne, l’itinéraire reste agréable à cheminer. Seul un ciel un peu laiteux, surtout vers le sud-est,  contrarie mes premières photos car la luminosité n’est pas idéale. Quelques fleurs, des passereaux sur les arbres, d’autres picorant je ne sais quoi sur le sol, une stèle marquant le premier coup de pioche du barrage, deux panonceaux expliquant une vie « néolithique », un autre recensant les balades possibles  sont autant d’occasions pour s’arrêter un peu. Comme peau de chagrin, le lac, lui, se rétrécie au fur et à mesure que j’avance et par là même les berges sableuses et argileuses car alluvionnaires se rapprochent l’une de l’autre. De lac, l’Agly va devenir rivière puis carrément ruisseau. Jamais, je n’ai vu le lac de Caramany ainsi et dieu sait si j’y suis venu souvent y randonner (*). Si le fleuve Agly a toujours été là, on y aperçoit aujourd’hui les vestiges d’un muret fait de pierres qui servait à le canaliser. Dès lors qu’un panneau d’interdiction se présente faisant suite à de très nombreux glissements de terrain et éboulements, je me vois contraint de réfléchir par où faut-il que je passe.  J’avoue que m’éloigner du lac alors que ce dernier est largement asséché ne m’inspire pas trop et ce d’autant qu’il y a longtemps, lors d’une randonnée au « Balcon de la Pêche », j’étais déjà passé outre cette interdiction sans aucun problème. Finalement, c’est en voyant un couple accompagné d’un chien marchant en contrebas que je me décide à braver l’interdiction. Je me dis que si les éboulements sont trop importants et interdisent le passage, j’aurais toujours cette solution de descendre dans le lac asséché. Finalement, mon passage s’effectue sans réel souci, ma seule crainte étant le chien du couple que je viens de retrouver  quelques décamètres plus loin. Trop livré à lui-même, car montant et descendant les pierriers provoqués par les éboulements, j’estime que leur chien constitue un éventuel danger et je n’hésite pas à le leur dire. Répondant à ma demande, ils retiennent leur chien le temps que je passe. Je les en remercie mais insiste sur le fait que le risque peut aussi être pour eux. C’est sur ces bonnes paroles que  nous nous séparons, non sans avoir évoqué au préalable cette voiture « renversante » gisant au milieu l’Agly, là où le fleuve n’est plus qu’un étroit ruisseau. « Renversante » car les roues en l’air et étonnante à cause de l’endroit où elle se trouve, loin de toute voie routière. « Comment est-elle arrivée là » ? C’est la question que nous nous posons conjointement.  Ils me disent vouloir en informer soit la mairie de Caramany soit la gendarmerie, ce en quoi je ne les contredis pas (**). En atteignant la D.9, me voilà complètement soulagé, d’autant plus soulagé qu’en traversant le pont, j’aperçois le couple et leur chien en train de revenir vers moi. J’ai réalisé la moitié du Tour du lac et sans doute franchis la partie la plus délicate. Il est 12h15 et je réfléchis déjà à trouver un coin propice et agréable pour pique-niquer, et ce d’autant qu’une légère brise venant du nord s’est soudainement levée. Finalement, après avoir trouvé les balises jaunes propres au Tour du Lac, je n’en tiens plus guère compte peu après car longer l’Agly et marcher dans le lac asséché est bien plus simple. Alors, je vais et je viens, m’éloignant du lit de la rivière pour mieux y revenir. Suivre l’Agly étant parfois un peu monotone, parfois je m’en éloigne au profit  des vignobles, des bois et d’un peu de garrigue. Très souvent, la présence d’oiseaux aquatiques ou de passereaux que j’aperçois guide mes pas. Idem pour les quelques papillons que j’entrevois. Ils me muent en un chasseur inoffensif où mon appareil-photo devient une épuisette sans filet. C’est moins douloureux pour eux ! Finalement, après avoir trouvé un coin sur l’herbe et abrité du vent pour pique-niquer, c’est l’obligation de rejoindre l’arrivée qui me fait quitter le bord du lac et prendre la route asphaltée. Eh oui, ici, or mis faire un peu de natation, il n’y a pas d’autre choix que mes jambes et la route pour retrouver ma voiture. Cette dernière me permet de rejoindre le village de Caramany que j’avais visité au pas de charge lors de cette balade « Autour du Grand Rocher ». Peu après, je pars voir le barrage, par pure curiosité et surtout au regard du niveau si bas de l’eau.  Ainsi se termine cette balade finalement plutôt agréable et où comme souvent j’ai pu me consacrer pleinement et avec plutôt de la réussite à ma passion pour la photo naturaliste. Seul tourment ? La sécheresse qui sévit et peut s’avérer inquiétante si je me fie à mes

récentes balades toutes faites en hiver mais sous un soleil estival et ardent. En novembre dernier, lors de « la Boucle de Marcevol » le lac de Vinça était à sec et 3 mois plus tard, c’est celui de Caramany. A quoi aurons-nous droit cet été ? Bien qu’ayant mon GPS avec moi, je n’ai pas enregistré de mesures lors de cette balade. Quant au tracé que j’y avais enregistré, il était long de 14,1km mais allait s’égarer incomplètement du côté d’Ansignan. Je ne peux donc formuler qu’une  estimation faite avec mon vieux logiciel CartoExploreur  et en tenant compte  de l’asséchement du lac et de mes divagations qui ont consisté à longer l’Agly, à m’en éloigner parfois pour ensuite y revenir : distance estimée 11km. Dénivelé 68m entre le point le plus bas et le plus haut. Cartes IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt et 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

(*) Mes autres balades autour et à proximité du lac de Caramany : 

 

(**) Voiture dans l'Agly : Finalement cette voiture aperçue dans l'Agly, au niveau du lac de barrage, était bien consécutive à un accident qui s'est produit le 1er novembre 2022, accident ayant fait l'objet d'un article sur France Bleu.fr lui-même relayé par le SDIS 66 sur leur page Facebook. Voici les liens ci-après : 

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/accident-de-la-route-a-caramany-le-conducteur-finit-sa-course-dans-le-lac-1667315074

Page Facebook du SDIS 66 

 

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Le Sarrat d'Espinets (801m) et le Roc Rouge (735m) depuis le col des Auzines (603m)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 2 musiques du compositeur et pianiste mexicain Ernesto Cortazar. Elles ont pour titre : "Intimate Liaison" et "Tonight You'll Be Mine" extraites de ses albums "Concertos" III et II.

Le Sarrat d'Espinets (801m) et le Roc Rouge (735m) depuis le col des Auzines (603m)

Le Sarrat d'Espinets (801m) et le Roc Rouge (735m) depuis le col des Auzines (603m)

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Quand j’ai imaginé de faire cette randonnée vers les sommets du « Sarrat d’Espinets et du Roc Rouge depuis le col des Auzines », je partais pas mal dans l’inconnu. En effet, sur Internet, aucun site, ni aucun topo n’évoquaient ces lieux comme des objectifs de randonnée. De mon côté, et concernant cette possibilité de rejoindre les 2 sommets, je ne gardais qu’un lointain souvenir d’une rencontre avec un groupe de randonneurs lors de la première étape d’un Tour du Fenouillèdes réalisé en 2011 avec mon fils. Alors que nous étions partis de Trilla pour rejoindre Eus, juste après le col Saint-Jean et sous un ciel plus que maussade, nous avions croisé un petit groupe de randonneurs. Encapuchonnés sous leurs ponchos ; comme nous l’étions nous-mêmes ; ils montaient vers le col que nous venions de dépasser. Après les bonjours d’usage, je m’étais permis d’interroger l’homme qui fermait la marche : « Bonjour, par simple curiosité où allez-vous avec ce temps pourri ? » lui avais-je demandé. Très gentiment, l’homme m’avait répondu « nous montons au Sarrat de l’Espinets et au Roc Rouge ». Après l’avoir remercié, notre conversation s’était arrêtée là, la météo ambiante ce jour-là n’incitant pas à s’éterniser en chemin.  Ce n’est qu’en février 2022 que cette idée d’aller découvrir ces 2 sommets est remontée à la surface, alors que depuis le col des Auzines, nous partions Dany et moi pour une autre jolie balade intitulée « La Boucle de Tarerach ». Cette idée ayant germé, je l’avais inscrite sur le petit calepin où je recense toutes les randonnées potentielles. En analysant les cartes IGN et aériennes sur Géoportail et en effectuant quelques recherches sur Internet, l’embryon d’idée s’était peu à peu métamorphosé pour devenir une opportunité. En ce 10 novembre 2022, me voilà enfin au col des Auzines pour concrétiser cette idée et voir si ce germe peut devenir une jolie plante. Bien évidemment, j’ai longuement analysé le parcours, dessinant avec mon vieux logiciel CartoExploreur un tracé sur la carte IGN, tracé que j’ai enregistré dans mon antique GPS Garmin. Enfin, outre l’ascension des 2 sommets, j’ai également prévu une ample visite de Trévillach que je ne connais pas du tout, car si j’ai traversé le village à maintes reprises, jamais je ne m’y suis arrêté. J'ai dressé un liste du patrimoine à découvrir. Après avoir recensé quelques fleurs sur l’esplanade du col où je viens de garer la voiture, il est 10h quand je démarre sous un ciel merveilleusement bleu. Après avoir papoté au bord de la route avec deux cyclistes, GPS allumé en mains, je n’ai aucune difficulté à trouver le sentier montant vers le col Saint-Jean et ce, malgré l’absence totale de panonceau directionnel. Outre le GPS, je prête attention à quelques cairns bien placés et surtout à un balisage jaune et rouge propre au GRP Tour du Fenouillèdes. Malgré les 11 années qui se sont écoulées depuis que je l’ai accompli, c’est un bonheur de constater que le balisage reste toujours visible. Grâce à cette belle météo, la montée est agréable car elle offre déjà des panoramas très intéressants vers le Canigou et toute cette proche région. Elle est d’autant plus agréable que des passereaux peu craintifs se sont prêter au jeu de mes photos. 10h45, le col Saint-Jean est atteint. Je délaisse le chemin se poursuivant tout droit vers le Sarrat de l’Albèze et Trilla et prends la large piste DFCI F82 partant à droite. Là, quelques mètres plus loin, je fais confiance à mon GPS et quitte la piste au profit d’un autre chemin montant à gauche. Ce chemin est en pointillés noirs sur la carte IGN et de ce fait je pense qu’il est praticable. Ce sont les fameux « chemins noirs » chers à Sylvain Tesson. Mais ici, force est d’admettre que ce chemin devient très rapidement impraticable car amplement envahi par une végétation touffue et surtout infranchissable. Sauf à être insensible aux griffures, égratignures, écorchures et autres entailles diverses et variées, je ne vois pas comment je pourrais continuer par-là ? Je n'ai pas fait 20m que me voilà déjà obligé d’éponger quelques menus saignements sur mes mains et mes avant-bras. Ce chemin urticant, c’est à regret mais contraint que je le rebrousse. Je jette un coup d’œil à mon bout de carte IGN et sans autre choix, je suis contraint de poursuivre la piste DFCI F82.  Finalement, je ne trouve aucun remord à emprunter cette piste. En apercevant Séquières et ses monuments, je me souviens d'une jolie balade réalisée avec Dany  En effet, cette piste est très « roulante » et offre des panoramas proches et lointains  à quasiment à 180 degrés, voire plus parfois et en supplément, j’y trouve très facilement le large layon montant vers le Sarrat d’Espinets. Que dire de ce sommet situé à 801m d’altitude, point culminant de la journée ? Si un large layon bien débroussaillé permet de l’atteindre assez facilement, le sommet lui-même est très boisé. Il faut donc se contorsionner tant bien que mal pour se frayer un chemin au travers des nombreux buis pour apercevoir un petit bout de l’autre versant de la colline. Pour moi, cette vision très réduite se résume à une vue aérienne d’Ansignan, à une petite portion des Corbières catalanes avec un Pech du Bugarach étonnamment très ennuagé malgré le grand beau temps régnant partout ailleurs. Pour le reste, j’ai beau chercher le pylône (Pyl) mentionné sur la carte IGN de mon logiciel mais ce dernier semble avoir disparu corps et biens.  Le sommet est seulement agrémenté d’un caisson cimenté ressemblant étrangement à celui que l’on trouve au Pech de Fraysse, sommet du Mont Tauch, bien connu des randonneurs sous le nom de Tour des Géographes. Comme sur ce dernier, il y a au-dessus du caisson, un petit orifice central laissant imaginer que quelque chose y a été figé il y a très longtemps de ça. Était-ce le pylône en question ? Peut-être ! Comme à la Tour des Géographes peut-on imaginer qu’un appareil de mesure, signal de triangulation par exemple utilisé par Delambre et Méchain pour calculer la Méridienne de Dunkerque à Barcelone y a été installé voilà plus de 200 ans ? Sur Internet, je n’ai rien trouvé de tel mais je sais aussi que de très nombreux sommets, servant de points et de repères, ont été expérimentés avant d’être totalement abandonnés dans le calcul de cette Méridienne dite de France ou Méridien de Paris. J em'y perds ! Le Sarrat d’Espinets a-t-il fait partie de ces abandons ? Possible ! Alors que je m’essaie à une photo-souvenir, plus évidente est la présence de vautours fauves passant et repassant près du sommet. Malgré les rapaces, c’est un peu déçu que je quitte les lieux par un autre layon, continuité de celui que j’ai pris initialement. Il redescend lui aussi vers la piste DFCI F82. Dans cette descente, j’ai le plaisir de constater que quelques vues s’entrouvrent bien mieux que celles aperçues au sommet. De plus, je parviens à y photographier un sanglier parmi une harde détalant en étoile en me voyant. Je retrouve la piste où de nouveaux panoramas, une modeste flore et des arbouses bien mûres m’incitent à la flânerie. Parmi ces panoramas et de manière assez singulière, j’aperçois les objectifs de mes 2 plus récentes randonnées qu’ont été Quéribus (le Dernier Bastion cathare) et la Tour del Far. La piste m’entraîne vers le col de Las Couloumines où là je n’ai aucune difficulté à trouver le large mais très pentu chemin montant vers le Roc Rouge. Contrairement au Sarrat d’Espinets, une fois un peu de végétation franchie, plus rien n’empêche aux panoramas de s’entrouvrir. A 735m d’altitude, le Roc Rouge est une petite crête rocheuse dominant la Vallée de l’Agly et son barrage et permettant quelques jolies vues vers les Corbières catalanes et le pays Fenouillèdes, côté synclinal de Saint-Paul. Malgré une petite brise, j’y déjeune avec appétit sous le regard inquisiteur des vautours fauves semblant me poursuivre avec obstination. Qu’espèrent-ils ? Je préfère ne pas y penser ! En tous cas, ils n’ont de cesse de passer au-dessus de ma tête. Avec une horrible insistance « Ils passent et ils rapaçent » comme disait un humoriste dont je ne me souviens pas du nom en évoquant une blague sur les hirondelles.  Il est presque 13 heures. Tout en dévorant un sandwich, je fais des va-et-vient sur la ligne de crête essayant de comprendre pourquoi ce Roc a été baptisé du qualificatif de « Rouge ». Finalement, je ne vois qu’une seule explication : de très nombreux rochers sont recouverts de ce lichen rouge orangé que l’on appelle « Caloplaque orangée ». Peu certain de la suite de mon itinéraire que j’ai modélisé en m’aidant des photos aériennes de Géoportail, c’est en suivant le tracé de mon GPS que je quitte le Roc Rouge, direction le Sarrat de la Bade. En fin de compte, je suis heureux de constater que j’ai tout bon. En effet, après un étroit sentier peu évident à distinguer dans cette dense garrigue, j’atterris sur une nouvelle piste. Sauf erreur de ma part, c’est la piste DFCI F166 déjà notée au col de Las Couloumines. En suivant les indications de mon GPS, je la remonte vers le col cité mais l’abandonne au profit d’un nouveau layon acquis à la garrigue, lequel ici a été très largement défriché. Ce layon est assez raide à descendre mais reste néanmoins « carrossable » pour tout marcheur aguerri. Au regard du nombre de petits bouts de laine accrochés à la végétation, je comprends immédiatement que ce chemin a servi à amener des ovins en estive. Après avoir atterri près d’un charnier ; apparemment réservé aux chasseurs du coin qui y jettent tout ce qui ne se mange pas ; mais aussi aux corvidés qui semblent se régaler de tous ces restes de venaisons ; la suite de l’itinéraire m’amène sans problème jusqu’à Trévillach. Là, il est temps pour moins de sortir la liste que j’ai dressée du patrimoine du village : table d’orientation, oratoires en nombre, calvaire, pont, lavoir, venelles, église romane, fontaines, mairie, maisons anciennes, monument aux morts, etc…. Mes nombreuses lectures à propos du village m'ont beaucoup appris et certains lieux ou noms vont me les remémorer avec une réelle satisfaction. Par bonheur, le village n’est pas si étendu que ça et après avoir coché toutes les cases ou presque (or mis l’église fermée et peut-être certains autres oratoires bien trop éloignés ou non trouvés ?), il serait temps pour moi de quitter les lieux et de terminer cette balade. Toutefois, en entrant dans le village, j’ai tellement noté de passereaux au sein d’une vigne que je ne veux pas partir sans avoir essayé d’en recenser quelques-uns. Je retourne au plus près de la vigne. Si les oiseaux sont encore là, ma présence les affole et les incite à partir se réfugier dans les arbres ou les buissons environnants. Si ce qui n’est pas pour me desservir, en immortaliser quelques-uns restent néanmoins compliqué. Ils reviennent dans la vigne.  Finalement après plusieurs photos de quelques volatiles que j’estime correctes, je me décide enfin à quitter Trévillach. Voilà presque 2h que je « traîne » dans le village. Une fois encore, le tracé enregistré dans mon GPS m’indique le bon chemin car alors que je cherche la rue des Romarins ou Camp del Pla selon les cartes consultées, je comprends que cette voie est commune avec une nouvelle piste intitulée DFCI F84. Je l’emprunte. Alors que j’approche d’un petit pont enjambant le ruisseau dit de La Fount, me voilà soudain entouré d’une imposante nuée bourdonnante. Pas besoin d’être un illustre entomologiste pour constater qu’il s’agit de frelons. Ils sont jaunes et noirs mais bien plus gros qu’une simple guêpe. Bien qu’un peu tétanisé sur l’instant, je garde mon calme et assez étonnamment ni ils ne se posent sur moi ni ils ne m’approchent, voletant constamment et au plus près à environ 50 cm.  Quel drôle de comportement !  Je continue d’avancer placidement vers le pont arrêtant de prendre des photos pour un minimum de gestes. L’absence de gestes ne changeant pas leur surprenant comportement, je m’essaie de nouveau à quelques photos. Les frelons continuent de m’accompagner mais je constate que l’essaim diminue peu à peu autour de moi dès lors que je m’éloigne du pont. Ont-ils jugé que je ne constituais pas un danger ?  C’est ce que je pense. Je constate aussi que le gros de la troupe se concentre autour d’un endroit bien précis où un lierre grimpant s’élève au sein d’un arbre, envahissant en partie son houppier.  Leur nid est-il enfoui dans ce lierre ou sont-ils là pour butiner les fleurs ? J’avoue que je ne cherche pas à le savoir. Je quitte les lieux aussi paisiblement que possible me demandant si ces frelons sont asiatiques ou européens ? Si je sais faire la différence à propos de leur nid, ici aucun nid n’est visible.  Grâce à la belle photo d’un individu aux « yeux bridés », je n’aurais la réponse qu’une fois rentré à la maison. Oui, c’était bien des frelons asiatiques et j’ai le sentiment d’avoir eu beaucoup de chance. Après le pont, les frelons m’ont rapidement abandonné. Peu après aussi, je quitte la piste au profit d’un chemin s’élevant vers le Sarrat de l’Ours. Ici force est de constater que les fleurs sont plus nombreuses que sur l’autre versant du vallon.  Au bout de la montée, je retrouve le tracé de liaison commun au GRP Tour du Fenouillèdes et au GR.36. Connaissant bien ce chemin pour l’avoir déjà emprunté à deux reprises (Tour du Fenouillèdes et Boucle de Tarerach), je n’ai aucune difficulté à me diriger vers le col des Auzines. Ainsi se referme ce joli circuit né d’une idée qui avait germé comme une graine et s’était peu à peu développée comme une plante dont on n’imagine pas qu’un jour elle puisse magnifiquement fleurir. Ce fut le cas. Tel qu’expliqué ici, ce circuit a été long de 11,4km, cette distance incluant toutes mes pérégrinations dans Trévillach. Les montées cumulées ont été de 548m. Le dénivelé a été de 282m entre le point culminant à 801m au Sarrat d’Espinets et le plus bas à 519m non loin du charnier des chasseurs. Cartes IGN 2348ET Prades-Saint-Paul-de-Fenouillet et 2448OT Thuir-Ille-sur-Têt Top 25.

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Le Dernier Bastion Cathare (Quéribus) au départ de Maury

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons et musiques du groupe français Era. Elles ont pour titre "Sentence", "Ameno", "Divano", "Flowers of The Sea" et "Enea Volare (Les Visiteurs)"

Le Dernier Bastion Cathare (Quéribus) au départ de Maury

Le Dernier Bastion Cathare (Quéribus) au départ de Maury

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Voilà déjà plusieurs années que j’avais l’idée et l’envie de parcourir ce circuit pédestre qui au départ de Maury s’intitule « Le Dernier Bastion cathare ». Sans raison apparente, je finissais toujours par l’oublier. L’oublier, c’était oublier de l’inscrire sur mes tablettes, c’est-à-dire un petit calepin où je note d’éventuelles futures randonnées quand je les découvre au fil de mes lectures ou de mes recherches sur le terrain, dans des topos ou sur Internet. Ici, ce fut souvent le cas et notamment chaque fois que j’eue l’occasion d’emprunter cette route si belle qui va de Maury à Cucugnan. J’ai toujours su qu’une partie du parcours de ce « Dernier Bastion cathare » passait par là, sous la route et parallèle à cette dernière. Si la route est belle, c’est surtout grâce aux panoramas merveilleux vers le Massif du Canigou et le pays Fenouillèdes qui s’y dévoilent. Chaque fois que je le pouvais, je m’arrêtais au bord de la route pour regarder ce spectacle d’un Canigou magnifiquement habillé de blanc sur le lavis d’un firmament bleuté. Et là, je me disais « penses à la faire un jour cette randonnée ! ».  En ce 2 novembre 2022, me voilà enfin prêt à la faire, malheureusement en solitaire, la distance étant trop longue pour les hanches actuellement douloureuses de Dany. Sans doute pas la meilleure saison pour l’accomplir selon mes motivations et mes desseins mais l’envie de marcher est là et j’en ai assez de la remettre à plus tard. Il est 9h45 quand sans aucun problème je range ma voiture à gauche du parking de la cave coopérative de Maury. A gauche, car s’il m’arrive d’être un ardent client de leur fameux vin doux naturel, aujourd’hui ce ne sera pas le cas car j’ai encore un petit stock de divers vins en réserve. Alors je ne veux pas gêner la clientèle. Alors qu’assis sur le banc d’un arrêt de bus, je chausse mes nouvelles chaussures de marche ; les précédentes ayant finies récemment et prématurément leur vie autour de la Tour del Far ; voilà qu’une Fauvette a déjà décidé de mettre tous mes sens en éveil. Peu farouche, c’est avec une vitesse folle qu’elle s’égaye autour d’une jardinière puis virevolte d’arbre en arbre, revient, repart pour finalement sautiller sur le sol sans doute en quête de graines à se mettre dans le bec. J’ai bien essayé de la photographier à diverses reprises mais suis peu convaincu de la qualité de mes photos. La fauvette est partie et il est temps pour moi de faire pareil. Tant bien que mal, je redescends l’avenue Jean Jaurès en essayant de me fier à mon bout de carte IGN au format A4. Le tracé mentionné m’entraîne vers la Maison du Terroir mais finalement je trouve le balisage jaune entre ce qui ressemble à un foyer municipal et le jardin d’enfants. J’atterris sur le chemin de Saint-Roch filant entre le stade et le cimetière d’un côté et la chapelle éponyme de l’autre. La chapelle paraissant fermée, je n’insiste pas. Sur les cartes de Maury, le chemin de Saint-Roch devient le chemin de Mas Coumes mais je continue car l’itinéraire est unique et donc très simple. Unique certes mais bitumé pendant quelques temps encore. Dès lors que cet aspect unique disparaît, je ne saurais trop conseiller de marcher avec un tracé enregistré dans un GPS, cela évite de s’égarer sur un mauvais chemin, plutôt nombreux au fur et à mesure que l’on s’éloigne du village. C’est ce que je fais, vérifiant à chaque intersection où se situe la suite quand le balisage n’est pas immédiatement visible. Côté plaisirs photographiques, la sortie du village m’offre quelques fleurs à recenser mais pour être franc ce n’est pas la panacée. La saison automnale n’est pas propice à une profusion florale et il va en être ainsi jusqu’à l’arrivée. Par bonheur, les oiseaux sont très nombreux même si jamais faciles à immortaliser. Quelques criquets, libellules et papillons viendront compléter ce bestiaire. A ce bestiaire, deux surprises vraiment spéciales sont à évoquer. La première surprise est charmante. Elle se présente alors que je fais le choix de pique-niquer à l’ombre d’une pinède quasiment à l’aplomb de Quéribus et du lieu-dit « Roque del Castel ». Alors que je suis assis au bord du chemin observant un parapentiste survolant le Grau de la Serre, c’est un écureuil roux que je vois arriver sur ma droite. Certain qu’il a déjà remarqué ma présence, je note que son comportement ne change guère. Il est vrai que la distance qui nous sépare lui permet d’estimer que je ne suis pas vraiment une menace. Je me lève pour mieux l’observer mais en tentant de garder mon flegme. Il ne semble pas apeuré et j’ai tout loisir de prendre de lui une quinzaine de jolies photos. Il disparaît dans un grand pin.  La deuxième surprise, plus surprenante que la première, se présente alors que j’entame la redescente vers Maury entre les lieux-dits « Clot de l’Escale » et « La Mouillère ». Assez loin et au-dessus d’un bosquet d’arbres, je vois apparaître un gros oiseau blanc que je prends d’abord pour un goéland. Il s’élève dans le ciel, semble venir vers moi mais par malchance, il change de direction se plaçant exactement dans le même alignement que le soleil. De ce fait, je le perds de vue pendant quelques instants et ne peut pas le photographier. Quand je le revois, je constate qu’il a de nouveau changé de direction et par malchance que je suis exactement à son aplomb.  Je prends une photo quasiment au jugé et c’est le seul cliché que j’aurais de lui car malgré un vol qui paraît lourd de prime abord, il est déjà bien loin pour en prendre une seconde convenablement. Là aussi, c’est en analysant la photo à l’aide des applications « Seek » et « Lens » que j’aurais la confirmation qu’il s’agit bien d’un surprenant Pélican blanc. Grâce à son vol « aux ailes cassées », d’autres sites me confirmeront cette espèce. Sans doute s’agissait-il d’un individu isolé en partance pour une longue migration vers l’Afrique subsaharienne, principal lieu de refuge où ses congénères passent l’hiver. Outre, ces jolies et étonnantes surprises, il est utile d’évoquer ce circuit assez simple car bien balisé jusqu’au lieu-dit Les Roubials, même si un tracé enregistré dans un GPS me paraît nécessaire. Là, aux Roubials, l’itinéraire du « Dernier Bastion cathare » paraît s’emmêler ou être commun avec un ou deux autres circuits dit d’interprétation et/ou de découverte. Plus bas des panonceaux me confirmeront ces circuits (Roubials et Amorioles). Je ne peux donc affirmer avoir pris totalement le bon chemin du « Dernier Bastion cathare » à l’approche de Maury car quelques pupitres consacrés à la flore étaient là au bord du sentier au lieu-dit « Serre des Roumani ». Finalement, je suis arrivé en surplomb d’une petite pièce d’eau et d’une aire de pique-nique, aire vers laquelle je me suis dirigé pour ensuite rejoindre Maury par le chemin de Prat puis par la rue Anatole France.  Là, j’ai débouché rue du 14 juillet tout près de la cave coopérative. Enfin et pour terminer, il me paraît essentiel de parler du château de Quéribus, ce fameux dernier bastion cathare qui a donné son nom à ce parcours pédestre et de trail. Très vite après le départ, alors que l’on est encore sur le chemin du Mas Coumes, on l’aperçoit perché au sommet de son piton rocheux. Tel un phare sans rayon lumineux, il paraît guider nos pas tout au long de son approche. Il faut constamment l’observer avec précision pour s’apercevoir qu’il paraît changer de physionomie et parfois carrément de structure alors que le parcours semble tourner autour de lui. Seule sa façade nord reste toujours invisible. Ce constat se confirme sur des photos en rapproché où l’on a parfois le sentiment d’avoir à faire à des édifices différents selon les angles de vue et son exposition à la lumière du jour. C’est un aspect très intéressant de ce circuit de randonnée même si mon grand regret s’est passé à l’opposé avec un Massif du Canigou le plus souvent ennuagé. Enfin et sans vouloir refaire l’Histoire ; beaucoup d’autres l’ayant fait bien mieux que je ne pourrais le faire ici ; rappelons en un bref résumé que le château de Quéribus était déjà là au moins 2 siècles avant même l’épisode cathare et cette fameuse « Croisade contre les Albigeois ». La première mention du château apparaissant en 1021 dans le testament de Bernard Ier Bernard Taillefer, comte de Besalú  alors que le siège de Quéribus par les troupes du roi de France Saint-Louis pour déloger le faydit « hérétique » et cathare Chabert de Barbaira a lieu en mai 1255. Bernard Taillefer est catalan sans doute comme l’origine du château alors que Chabert de Barbaira et tous les cathares sont généralement occitans. Si l’appellation de « Dernier Bastion cathare » semble être reconnu par les historiens, le château de Niort-en-Sault fut vraiment le dernier château dit « cathare » à tomber entre les mains du roi de France Louis IX en août 1255. La famille de Niort était-elle aussi hérétique que celle des autres châteaux tombés précédemment ?  L’Histoire est plus compliquée que ça. Il faut la lire mais la question reste en suspens ! En tous cas, Quéribus semble bien être le dernier château occupé comme refuge par des cathares endurcis à être tombé dans l’escarcelle du roi Saint-Louis. Par contre l’appellation de « château cathare ou du pays cathare » peut logiquement être considérée comme erronée car jamais aucun cathare n’a vécu à Quéribus, qui n’a été comme quelques autres châteaux « catalans » qu’un refuge protecteur alors que les « Parfaits Bonhommes » étaient constamment pourchassés par les troupes du roi et les chevaliers à la solde du pape.  C’est sur ces précisions que je termine le récit de cet agréable circuit de randonnée. Telle qu’expliquée ici, la distance parcourue a été de 13,4km pour des montées cumulées de 725m et un dénivelé de 197m entre le point le plus bas (147m à Maury) et le plus haut (345m à l’intersection des chemins près du lieu-dit Clot de l’Escale). Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

 

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La Boucle de Tarerach au départ du col des Auzines

Publié le par gibirando

 

Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons du chanteur et musicien américain Glen Campbell. Elles ont pour titre : " Rhinestone Cowboy', "Gentle On My Mind", "By The Time I Get To Phoenix", "Yesterday, When I Was Young" et "Wichita Lineman"

La Boucle de Tarerach depuis le col des Auzines

La Boucle de Tarerach depuis le col des Auzines

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Si en décembre 2012, nous avions réalisé une longue randonnée au départ de Tarerach avec comme objectif « la chapelle ruinée de Séquières », j’ai souvent pensé qu’autour de ce joli village plusieurs autres balades étaient possibles. Ce raisonnement était né bien antérieurement, et notamment au cours de l’année 2011, quand j’avais analysé la carte IGN afin de préparer « Le Tour des Fenouillèdes » que nous allions, mon fils Jérôme et moi, accomplir en 5 jours au cours du mois de septembre de cette année-là. Oui, autour de Tarerach, les pistes, chemins et sentiers y étaient suffisamment nombreux pour inventer d’autres boucles pédestres. C’est ainsi qu’est née cette « Boucle de Tarerach au départ du col des Auzines », une balade plutôt facile parmi bien d’autres restant encore possibles. Cette affirmation est d’autant plus vraie que ce jour-là nous avons côtoyé un petit groupe de randonneurs d’Argelès-sur-Mer qui avaient imaginé un autre parcours que le nôtre, également non répertorié sur aucun topo-guide. Il est 10h quand nous rangeons notre voiture à proximité du col des Auzines mais au bord de la D2 menant à Sournia. Nous démarrons en empruntant la piste se dirigeant vers le plateau de Séquières. Il s’agit d’une piste DFCI portant la codification F76. Ici, la garrigue méditerranéenne et les magmas granitiques plantent le décor. De manière très insolite, une toute petite mais jolie habitation s’élève là comme ayant émergée on ne sait par quel miracle de cet âpre univers. La carte IGN lui attribue le nom de « Bergerie Bénard » mais à bien la regarder et compte tenu de sa taille si réduite, on pense d’abord à la maison d’un schtroumpf et non pas à celle d’un berger. La piste est plane et donc agréable à cheminer. Comme toujours, je cherche à recenser la faune et la flore mais force est de reconnaître que sur cette piste j’ai vite fait le tour. La faune se résume à quelques fauvettes et pouillots difficilement identifiables tellement ils sont véloces quant aux plantes fleuries il n’y a ici que des bruyères arborescentes et de rares hellébores fétides. Pour les oiseaux, il se feront plus présents à l’approche des rares habitations puis de Tarerach, quant aux fleurs, elles se présenteront assez aléatoirement au fil du chemin.  De ce fait, je suis plutôt enclin à observer les paysages. Si la piste domine le profond vallon de la Rapane, c’est surtout les horizons alentours ou lointains qui attirent le regard. Quelquefois blanchis de neige pour les plus hauts d’entre eux,  ils ont pour noms « Sarrat d’Espinets », « Sarrat de l’Albèze », « Terres Noires », « Sarrat Naout », « Pech du Bugarach » « Pech des Escarabatets », « Pic d’Estable », « Pech Pedré » ou « Pic Dourmidou », autant d’élévations qui nous ramènent parfois à quelques balades passées mais le plus souvent aussi à quelques années de moins où nous ne comptions ni la hauteur des dénivelés ni les distances à parcourir. Ce temps passé est révolu et les 9 kilomètres d’aujourd’hui seront amplement suffisants.  D’ailleurs la vision de la chapelle de Séquières et de sa « maison forte » ne nous rajeunit pas. 10 ans déjà alors que nous avons le sentiment que c’était hier. Est-ce ce sentiment mais nous prenons la décision de ne pas y retourner. Les ruines ne sont pourtant pas très loin du Cortal Bascou que nous laissons sur notre gauche. Ici, un merveilleux Canigou enneigé vient s’ajouter aux sommets précédemment cités. Quelques oiseaux, des papillons et de jolis mimosas que je veux photographie et un tracé trop ancien enregistré dans mon GPS suffisent à perdre le fil de cette charmante balade. Au cours de ce petit moment d’égarement ; peu inquiétant il est vrai ; des chiens qui aboient et des chasseurs qui vocifèrent à proximité nous contraignent à une prudente pause. Nous en profitons pour manger une barre de céréales et nous désaltérer un peu. GPS allumé en main, nous repartons sur notre « mauvais raccourci » quand le silence revient. Avec tristesse, nous découvrons un renard mort accroché à la branche d’un chêne. Finalement, je comprends que le bon tracé était d’une simplicité enfantine puisqu’il suffisait de poursuivre la piste prise au départ et passant devant le cortal Bascou. Les chasseurs sont là, au bord d’une nouvelle piste, souriants et sympas, ils nous annoncent que la battue est terminée. C’est d’autant bien pour nous qu’ils repartent dans le sens opposé au chemin que nous empruntons en direction de Tarerach.  Nous sommes rattrapés par un petit groupe de 4 randonneurs et nous papotons un peu, de tout et de rien mais surtout de nos itinéraires respectifs purement inventés et donc non répertoriés dans aucun topo-guide. Après un bout de chemin ensemble, un panonceau « Tarerach » se présente. Ce n’est pas l’itinéraire enregistré dans mon GPS mais comme je dis à Dany qu’il raccourcit cette boucle, elle tient à le prendre. Nous quittons là nos compagnons argelésiens et commençons la descente. Je la reconnais et c’est la même qu’en 2012. Eux poursuivent sous le Roc Arnau et en direction du Roc del Gotier. Il est presque midi et Dany décide d’arrêter pour pique-niquer. Nous sommes à mi-chemin de cette descente et en surplomb de Tarerach. Nous restons là une grosse demi-heure puis repartons. Si j’ai lu que Tarerach compte une quarantaine d’habitants, aujourd’hui tout ce petit monde semble absent. C’est un village désert et silencieux que nous visitons au pas de course, sa taille aidant à cette célérité.  J’y photographie quelques jolies fleurs tout en me remémorant les dernières fois où j’y suis venu. Parmi toutes les images, celle de la place de l’Eglise et de son préau est la plus marquante car lors du Tour du Fenouillèdes de septembre 2011 il s’était mis à pleuvoir à l’instant où nous rentrions dans le village et nous n’avions eu d’autre recours que de nous abriter sous ce protecteur préau. Il était midi et le carrelage du préau avait servi à la fois de nappe et d’assise pour déjeuner. Par bonheur, et dans cette première étape nous menant de Trilla à Eus, la pluie n’avait pas perduré. Nous sortons de Tarerach dans la même solitude qui nous a vu entrer et seul le silence a disparu. Des éclats de rire arrivent du jardin d’une belle villa où un groupe de jeunes gens s’affaire autour d’une table et d’un barbecue fumant. Une bonne odeur de grillades s’exhale remplissant tout le voisinage. Ça sent l’été avant l’heure. Bien qu’ici, les panonceaux présents n’indiquent qu’un « Itinéraire des Belvédères », je reconnais très facilement le chemin à prendre qui est celui du GRP Tour des Fenouillèdes. Balisé de temps à autre en jaune et rouge, il nous éloigne du village sur une modeste déclivité dans des décors de vignobles, de champs en jachères puis exclusivement de garrigues. Ce tronçon de chemin lui aussi me ramène en 2011 et au Tour des Fenouillèdes avec 2 anecdotes principales qui sont toujours restées là gravées dans ma tête. La première était un ballon de baudruche que nous avions trouvé au bord du chemin et qui avait engendré quelques instants de jeux et de facéties entre mon fils et moi. La seconde anecdote avait pris les traits d’un plant de tomates-cerise poussant spontanément au bord du sentier et dont nous nous étions délecté des fruits bien mûrs. Ce balisage du Tour des Fenouillèdes, il ne faut jamais le perdre de vue car il revient sans aucune véritable difficulté au col des Auzines. La seule erreur possible serait de suivre « l’ Itinéraire des Belvédères » filant vers Montalba-le-Château.  Dans l’éventualité d’en inventer une autre dans ce même secteur, ainsi se termine cette jolie boucle de ma composition. Telle qu’expliquée ici, elle est longue de 9,5 km, petit égarement et visite de Tarerach inclus. Avec ses 160 m, la déclivité entre le point le plus bas (514 m au lieu-dit « Les Festarones au départ du retour de Tarerach)  et le plus haut (674 m à la jonction de la descente vers Tarerach) est modeste. Les montées et les descentes cumulées à 332 m le sont aussi.  De bonnes chaussures à tiges hautes et aux semelles bien crantées sont conseillées. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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Le Circuit du Champ de l'Ours (Campoussy) depuis Sournia

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la musique d'Ennio Morricone et de Alessandro Alessandroni "Forse Basta", en anglais "A Flowers Is All You Need", musique du film "Le Tour Du Monde Des Amoureux De Peynet (Peynet's Lovers Around The World)" de Cesare Perfetto. Elle est successivement interprétée ici par Masteryamani (Piano), Ennio Morricone et son orchestre, Demis Roussos (Chant) et Paul Mauriat et son orchestre. 

Le Circuit du Champ de l'Ours (Campoussy) depuis Sournia

Le Circuit du Champ de l'Ours (Campoussy) depuis Sournia

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Sournia, parking de la cave coopérative le 17 octobre 2020. Il est 10h. Sous un ciel bleu d’un incroyable pureté, nous nous préparons pour une balade pédestre que j’ai intitulée « Le Circuit du Champ de l’Ours depuis Sournia ». Peu de personnes le savent mais le village de Campoussy, objectif principal de cette randonnée, a une origine romaine très ancienne dont le nom signifie le « Champ de l’Ours », raison première, mais pas la seule, qui m’a incité à donner ce nom au circuit que je vous présente ici. La plupart des historiens vous diront que cette toponymie n’est pas tout à fait exacte et ils auront probablement raison. Ainsi, sur son site Internet et dans la fiche de présentation de Campoussy,  l’historien Jean Tosti précise la toponymie suivante :  « Première mention en 965 sous la forme Campo Ursino, qu'on interprète souvent à tort comme "le champ de l'ours". Il s'agit en fait du champ d'Ursinus, nom de personne romain, diminutif d'Ursus (ursus = ours) ». L’encyclopédie Wikipédia et bien d’autres toponymistes à quelques mots près écrivent sensiblement la même chose. De plus, il faut noter qu’en occitan Campoussy s’écrit « Camporsin », nom visible sur le panneau signalétique à l’entrée du village, et qu’il faut bien sûr continuer à le séparer en deux avec « Camp » d’un côté et « Orsin » de l’autre. Ce dernier nom en occitan n’est pas sans nous rappeler le mot français «  oursin ». Or que nous dit Wiktionnaire dans la rubrique « Etymologie » à propos de ce coquillage ? « De l’occitan oursin issu du latin ursinus (« d’ours »), à cause que les piquants ont été comparés aux poils serrés de l’ours ou dérivé de ours avec le suffixe -in ». Enfin, notons que le site anglais « Babynames.com » apporte une confirmation supplémentaire en indiquant que le prénom  « Orsin » signifiant « ourson » est d'origine anglaise. Orsin est un nom utilisé principalement par les parents qui envisagent des noms de bébé pour les garçons ». On pourrait presque affirmer que « Campoussy » c’est le « Champ de l’Ourson ». Alors bien sûr, et comme on le voit l’ours n’est ici que le résultat très lointain et redondant d’une très vieille anthroponymie. Si je ne conteste pas le bien-fondé de cette toponymie, il faut savoir qu’ « à l’époque romaine, l’ours brun était encore présent partout en France, en plaine comme en montagne » (Source L’Ours en France, plaquette de l’association Férus).  Notons néanmoins que la présence d’un ours en Pays Fenouillèdes et de nos jours n’est pas si «stupide » que ça puisque Wikipédia indique qu’un spécimen aurait été aperçu il y a quelques années seulement.  En 2010, la présence de Balou dans l’Aude tout près de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse et à 70km de Sournia a  été confirmée. Quant à sa présence certaine et abondante au 18eme siècle dans ce secteur, elle ne fait aucun doute puisqu’au même titre que d’autres grands gibiers, l’ours était beaucoup chassé et braconné à cette époque-là. Si sa chasse régressa, c’est parce que les populations s’amenuisèrent au fil du temps. « Dans les Pyrénées-Orientales, le dernier ours sauvage du département est tué en 1846 lors d'une battue organisée à cet effet » nous dit Wikipédia. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1958 que sa chasse fut interdite mais il fallut attendre 1981 pour que l’espèce soit déclarée « protégée ». Toutefois, Wikipédia nous dit encore que  « La dernière ourse de souche pyrénéenne, Cannelle, a été abattue par un chasseur le 1er novembre 2004 ……Son fils Cannellito, né en 2004, est ainsi le dernier ours de souche pyrénéenne encore en vie ». Comme on le voit, le « Champ de l’Ours » antique est loin d’être démodé. Enfin, la deuxième raison à cette jolie dénomination est qu’en 2009, j’avais déjà entrepris le récit d’une longue randonnée intitulée « le Circuit de Campoussy depuis Sournia ». Alors bien sûr, impossible de donner deux fois le même nom à une balade différente même si la ligne de départ et l’objectif principal sont identiques !

Comme pour des balades précédentes intitulées « Le Circuit autour du Vallon de la Désix » et « Le Circuit des Ponts Romains », nous démarrons depuis le parking de la cave coopérative direction Campoussy par la D.619. Là, il faut emprunter à gauche la piste DFCI N°F80. Cette large piste forestière, je commence à bien la connaître, même si la vieille carte IGN 2348 ET que j’utilise encore dans mon vieux GPS est obsolète depuis pas mal de temps déjà, une variante de l’ancienne piste ayant vu le jour. De toute manière, il n’y a rien d’autre à faire qu’à la suivre. Comme toujours, me voilà d’emblée aux aguets de la flore et de la faune, et principalement des oiseaux. Si les merles et les geais semblent les plus présents, paradoxalement c’est d’autres passereaux que je réussis à photographier en premier et de la meilleure des manières. J’ai prévenu Dany que ce circuit était court, que nous avions donc tout notre temps et que j’avais envie de flâner et surtout de prendre des photos. « Marche à ton rythme et ne m’attends pas, on se retrouvera à Campoussy pour le pique-nique » lui ai-je dit. Mais sans réponse et avec un haussement d’épaules, je comprends qu’elle n’accepte pas ce qu’elle considère à juste titre comme une « stupidité ». Oui, je suis bien conscient que nous sommes là pour marcher ensemble ! Mais c’est plus fort que moi, chaque mouvement d’un animal aussi petit soit-il ou chaque plante fleurie attirent mon regard. Elle marche à son rythme certes puis m’attends quand mes tentatives de photos animalières s’éternisent en longueur. A dire vrai, la flore est plutôt réduite, quand à la faune, elle se résume à quelques oiseaux et à de rares papillons et criquets. Nous avançons donc de manière plutôt régulière mais il est vrai que je m’arrête assez souvent même si la plupart de mes arrêts sont courts. Finalement en arrivant à une intersection en forme de fourche et au niveau d’une barrière, nous prenons à droite direction Campoussy. Le hameau n’est plus très loin et d’ailleurs quelques vestiges se présentent assez vite avec un très vieux et haut mur à droite du chemin. Simple mur de soutènement ? Reste d’une ancestrale fortification ? Rien ne permet d’apporter une réponse, pas même un lézard des murailles se chauffant au soleil. Il disparait avant que je ne réussisse à le cadrer. Dès le virage suivant le village apparaît, ou tout du moins son imposante église Saint-Etienne. Dans l’immédiat, l’église on ne voit qu’elle tant sa stature architecturale et sans doute gothique en impose. Il faut avancer encore pour apercevoir les premières maisons. En entrant dans le village, et bien qu’il ne soit qu’11h30, Dany en est déjà à chercher un coin agréable pour pique-niquer. Moi, et parce que de nombreux moineaux, pinsons, rougequeues noirs et à un degré moindre quelques étourneaux ne paraissent pas très farouches, je continue dans les ruelles pour tenter de les photographier. Quand je reviens vers Dany, je m’aperçois qu’elle a mis à profit notre courte séparation pour entamer une vaillante conversation avec une jeune dame du village. Apparemment, le sujet est le potentiel immobilier du village et les maisons à vendre. Alors je repars vers mes volatiles, préférant laisser les deux « papoteuses » à leurs échanges « affairistes » qui ne m’intéressent guère. Quand je reviens une demi-heure plus tard, Dany, pour pique-niquer, a finalement trouvé son bonheur sur un banc de la place centrale. C’est donc ensemble et en plein soleil, que nous attaquons un déjeuner bien agréable mais ô combien espéré. Tout en mangeant, elle me remémore un souvenir que j’avais gardé dans un petit coin de ma mémoire et que pour être franc j’attendais d’un instant à l’autre :

  • « Tu te souviens la dernière fois que nous sommes venus ici à Campoussy, nous avions vu un chat qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à notre petite Noxi ? La ressemblance était frappante sauf que ce chat-là était beaucoup plus câlin car il s’était laissé caresser sans crainte ! C’était quelque jour après sa mort et j’y avais vu un signe ! 
  • Oui, je m’en souviens très bien, c’était effectivement quelques jours après sa disparition. D’ailleurs, nous étions partis manger à l’auberge de Sournia un peu à cause de ça et pour nous changer les idées. L’après-midi nous étions venus visiter Campoussy.
  • J’aimerais bien le retrouver ce chat !
  • Des mois ont passé et tu risques d’être déçue si tu ne le vois pas !
  • Non, je serais heureuse de le revoir mais je me ferais une raison s’il n’est pas là.
  • Ok, essayons de retrouver le mur en ruines où nous l’avions vu couchée. »

Nous rangeons nos sacs à dos et nous voilà partis dans les ruelles à la recherche de « notre petite Noxi », car à vrai dire il s’agit bien de cela. Retrouver le passé, retrouver notre animal de compagnie que nous avons tant aimé et qui nous manque chaque jour que Dieu fait. Voilà ce que nous comptons trouver sous les traits de ce chat « européen » pour ne pas dire « de gouttière », somme toute assez banal la plupart du temps, sauf que là tout était identique y compris les yeux. Oui surtout les yeux. C’était si troublant. Toute la ressemblance était là ! Le pelage certes mais les yeux ! Malheureusement et comme je l’avais craint, si nous retrouvons aisément le mur en ruines, il n’y a pas de chat dessus. Ou plutôt si, il y en a un, mais pas le bon ! Un chat gris , un peu renfrogné et qui ne se laisse jamais approcher. Nous cherchons un peu, regardons dans les jardins alentours, dans les différentes arrière-cours, mais en vain. Cette fois, notre petite Noxi est partie pour toujours. Un peu tristes, nous continuons la visite du joli hameau que nous connaissons déjà. En février dernier, nous avions longuement papoté sur la beauté et la quiétude si agréables du village avec un couple profitant du soleil, mais eux aussi ne sont pas là aujourd’hui. Pourtant, nous apprécions toujours autant ces aspects paisibles et charmants. Oui, malgré des décors verdoyants, ravissants, ronds et reposants et un magnifique Canigou enneigé qui crève l’horizon, nous marchons comme deux automates, en silence car désabusés. J’ai bien peur que la fin du « Champ de l’Ours » ne se transforme en un « Complainte du Chat ». Après tout « champ » et « chant » peuvent prêter à la confusion et comme la confusion n'est jamais loin du désarroi....  Il n’en est rien heureusement et quand nous sortons du village par la route principale, alias le GR.36, je fais de mon mieux pour distraire Dany et que l’on oublie très vite cette espérance inassouvie. J’essaie de la distraire en lui montrant ce que moi je trouve intéressant. Il faut dire que les décors et les éléments contribuent à ce jeu : encore quelques oiseaux, un joli oratoire, un calvaire avec un croix en fer forgé daté de 1696 et joliment orné de deux plaques émaillées indiquant les noms des lieux : la Crutz et la Cami Vielh. Comme j'ai lu pas mal de choses avant de venir, les anecdotes ne me manquent pas. Plus loin, quelques vaches avec leurs veaux qui viennent vers nous en nous voyant, puis se ravisent en détalant comme s’ils avaient vu le diable en personne. Plus loin encore, une ferme espèce de hangar où des bergeronnettes grises s’égayent un peu partout. Une jolie vue de Sournia qui se dévoile soudain. Quelques magmas granitiques impressionnants. Encore des oiseaux, des papillons, des criquets et même une grosse araignée qui traverse le chemin. Quelques fleurs de-ci de-là. Plus loin encore, après la traversée de la D.619, quelques chevaux blancs et un petit poney brun viennent se laisser cajoler le front. Eux ont bien compris que nous n’étions pas des diablotins mais seulement des anges-gardiens de la gente animale. Après cet intermède équin, le parcours devient plus boisé et donc moins attrayant car les panoramas disparaissent. Il y a moins de tout autour de cet étroit sentier filant vers Sournia, pourtant il est loin d’être désagréable car il zigzague dans la forêt Domaniale des Fenouillèdes riches en essences diverses. L’arrivée se rapproche et il faut attendre la très proche proximité du village pour retrouver un peu de distractions avec une faune et une flore de nouveau un peu présente. Bien évidemment et chaque fois que je reviens à Sournia, comment ne pas me remémorer ce fabuleux Tour des Fenouillèdes réalisé en 2011 avec mon fils ? Nous avions été là lors de la 3eme et 4eme étape, juste le temps d'un bout d'après-midi et d'une soirée ô combien mémorables ! Puis le lendemain, nous avions poursuivi vers Caudiès. Oui, une fois encore et à cet instant, de bons souvenirs pédestres remontent en surface avec plaisir. Ainsi se termine ce « Circuit du Champ de l’Ours » mais que j’aurais pu appeler aussi « A la recherche du chat perdu ». Visite et déambulations dans Campoussy incluses, cette balade a été longue de 8,9km. Les montées cumulées ont été de 515 m et le dénivelé de 178 m entre le point le plus bas (489 m au début de la piste DFCI F80) et le plus haut (667 m au calvaire à la sortie de Campoussy). Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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Le Circuit de la Tirounère depuis Saint-Paul-de-Fenouillet

Publié le par gibirando

 

 Ce diaporama est agrémenté de 6 musiques d'Ennio Morricone extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "Giovanna & Féderico", "Forse Basta", "Presentimento secondo", "Un Amico (from Revolver)", "Tema Di Ada" et "Canone Inverso Primo".

Le Circuit de la Tirounère depuis Saint-Paul-de-Fenouillet

Le Circuit de la Tirounère depuis Saint-Paul-de-Fenouillet 

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En été, quand la canicule règne mais que l’envie de randonner est toujours là, il y a deux manières d’aller à la recherche de la fraîcheur. Il y a celle consistant à monter en altitude ou bien celle résidant à trouver un point d’eau. C’est cette deuxième solution que j’avais choisie en allant vers le lieu-dit La Tirounère (*) à partir de Saint-Paul-de Fenouillet. La Tirounère est une résurgence d’eau souterraine située au fond de la rivière Agly à la sortie des Gorges de Galamus. Dans son livre « Les eaux souterraines des Pyrénées-Catalanes », le très éminent hydrologiste Henri Salvayre la décrit ainsi : « La résurgence de la Tirounère l'une des plus importantes « sources » après Font Estramar, jaillit dans le lit de l’Agly, sur sa rive droite en amont de St - Paul - de – Fenouillet ».  Haut-lieu de la spéléologie subaquatique, elle a été explorée par le célèbre spéléologue Robert de Joly en 1934 et depuis elle constitue un lieu très prisé pour tous les fanas de cette discipline. Depuis sa découverte, elle a été captée et fournit ainsi en eau potable une partie de la commune de Saint-Paul. Ses eaux se mélangeant à celle de l’Agly, vous avez déjà compris que mon but n’était pas d’aller faire de la spéléologie ;  j’en serais bien incapable ;  mais plus simplement une jolie balade et puis surtout d’en profiter très largement pour me rafraîchir. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de braver quelques interdictions. En effet, il faut savoir que La  Tirounère a été pendant quelques années un passage obligé sur les sentiers de Grandes de Randonnées que sont le Tour des Fenouillèdes, le GR.36 et le Sentier Cathare. Une passerelle métallique enjambant la rivière Agly en permettait le passage sans être dans l’obligation de se mouiller les pieds voire les jambes et au pire de prendre un bain. Malheureusement, en novembre 2014, elle a été emportée par des crues historiques qui atteignirent leur apogée les 29 et 30. Un projet de reconstruction est dans les cartons depuis plusieurs années mais apparemment un budget de financement manque à l’appel. Le passage par ce lieu est en principe interdit même si en été franchir à gué les  4 à 5 mètres de largeur de la rivière est très facile.  Voilà pour la présentation. Mon circuit démarre de la rue de la Paychere (**) où, parce que je suis seul, je réussis à garer ma voiture contre le mur d’une villa. De ces hauts murs, croulent des oranges et des trompettes rouges d’une jolie plante que l’on appelle bignone. Tout autour, c’est déjà un peu la campagne avec des meules de foin, des champs de luzernes et des vignobles. De la cité, je n’aperçois que les toitures et bien évidemment les monuments les plus hauts que sont le Chapître et le clocher de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul. Parce que je suis là aussi pour photographier la Nature, d‘emblée la chance est avec moi. Elle se présente sous les traits d’une minuscule vipère qui traverse la ruelle, de chardonnerets élégants car joliment colorés, d’une tarente se chauffant au soleil et de petits papillons. A cause de la saison et de la chaleur qui règne, la flore est rare voire déjà bien fanée. Néanmoins, je trouve quelques fleurs à immortaliser. Plus rien de notable jusqu’à un passage à niveau où circule le train rouge du Pays Cathare et du Fenouillèdes. Quand le train rouge passe, je suis déjà à plus de 200 m de la voie ferrée  et près d’un chenil où une meute de chiens de chasse vocifère aux moindres bruits de mes pas. Avec la chaleur qui règne, je comprends leur exaspération à être enfermés dans des baraques de tôles et de planches entourées de grillages. Quel être vivant accepterait de vivre dans des conditions si indignes ? J’apprécie ma liberté, et ce, d’autant plus après la période obligée de confinement que nous venons de vivre. Si les vignobles restent présents, la garrigue prend de plus en plus de place au rythme de mes pas. Les yeux aux aguets de tout ce qui pourrait se présenter, j’erre de droite à gauche sur ce chemin pourtant quasiment rectiligne, flânant comme jamais, mais avec ce sentiment de liberté que l’expression « prendre la clé des champs » reflète parfaitement. D’ailleurs, un coup d’œil sur mon bout de carte IGN vient magnifiquement me confirmer cette métaphore car le lieu-dit que je traverse s’appelle le Cami de Camps, c’est-à-dire le Chemin des Champs.  Les papillons se font plus présents mais leur petite taille semble inversement proportionnelle à la grande aridité des lieux. Pour l’avoir lu, je sais que les variations de taille voire de coloris chez les lépidoptères peuvent être fonction du climat, de la saisonnalité et de l’altitude. Ici le milieu plutôt sec semble être l’élément déterminant.  Seuls les Machaons et les Flambés, plutôt nombreux, semblent avoir une taille à peu près normale. Mon assiduité à photographier la faune me distrait au point d’en oublier que j’ai un itinéraire à suivre et voilà comment sur un simple aller retour, je fais un kilomètre de mieux ! Je reviens sur mes pas sans trop ronchonner car cet égarement m’a permis de photographier une remuante fauvette et un joli serin. Dans la garrigue, quelques rares pins, parsemés de-ci delà, sont les prémices des pinèdes de pins d’Alep qui ne tardent pas à arriver. Elles se succèdent au fil des premières vrais déclivités, déclivités qui prennent la forme de petites montagnes russes, le terme de « montagne » étant ici très exagéré, le mot « butte » étant plus approprié. Ces collines boisées sont le siège d’innombrables « cicadidés », c’est-à-dire des cigales, toujours très difficiles à photographier. Il faut une bonne vue pour arriver à les repérer sur les arbres où leur immobilité et leur mimétisme sont d’excellents camouflages, et puis surtout dès que l’on approche, elles s’arrêtent de chanter, démultipliant ainsi  la difficulté. Une fois de plus, il me faudra beaucoup de chance et surtout patienter avant de réussir une seule photo d’une unique cigale, et encore parce qu’une d’entre-elles a bien voulu s’envoler et se poser à quelques mètres de moi. Pourtant quel que soit le biotope le tintamarre qu’elles engendrent est extrême et il n’est entrecoupé que par les « tut tut tut » du petit train rouge que l’on entend de temps à autre dans le lointain désormais A l’approche du col de Lenti, la végétation change encore. Si les pins ne disparaissent pas totalement, c’est un maquis méditerranéen qui les supplante avec de nombreux arbustes. Chênes verts, arbousiers, cistes, bruyères arborescentes, filaires et redouls en constituent l’essentiel. Dans ces petits sous-bois, de larges fenêtres s’ouvrent de temps en temps sur d’abruptes collines de calcaire. Ces collines sont bien connues des passionnés de la varappe qui trouvent là des terrains de jeux d’une remarquable dimension, même si dans les Gorges de Galamus et à cause des chutes de pierres, cette activité est interdite car incompatible avec le canyoning  Dans ce décor karstique, la rivière Agly a creusé une belle échancrure dont les deux grosses bosses latérales ressemblent au dos d’un chameau géant : les Gorges de Galamus. C’est vers là-bas que je dois aller. Au col de Lenti (382 m), les panneaux directionnels et les intersections se succèdent sur quelques mètres et j’avoue que pendant un court instant, j’en suis à me demander quelle direction prendre vers la droite ? Pourtant, je suis passé ici en 2011 lors d’un mémorable Tour du Pays Fenouillèdes avec mon fils mais nous venions de Caudiès et allions à Saint-Paul. C’était simple car bien indiqué. J’en emprunte un petit tronçon, juste pour le plaisir de m’élever et de profiter ainsi de quelques panoramas. Reste à trouver le chemin de la Tirounère ? Mon GPS vient m’aider et finalement c’est bien le premier sentier descendant vers la droite qu’il me faut emprunter, même si un panneau mentionne et avertit du détournement consécutif à la destruction de la passerelle de La Tirounère. Après un étroit sentier tout en descente, un large chemin prend le relais. Une nouvelle fois, non loin du lieu-dit Borde del Rey, mon passage engendre les aboiements de quelques chiens que je pense séquestrés dans un chenil. En réalité, je me retrouve avec 4 chiens hurlant derrière moi, babines retroussées et crocs pointus bien visibles et de ce fait, peu engageants. Je cache mon bâton de marche dans mon dos, leur fais face mais n’en mène pas large. Finalement, ils doivent constater que je ne suis pas un sanglier, ils arrêtent très vite leurs hurlements et sur les quatre, trois repartent immédiatement dans le chenil. Le quatrième, un joli chien noir aux oreilles semi-tombantes reste tout seul puis pas du tout agressif et peu farouche semble vouloir me suivre. Alors que j’avance une main pour le caresser, il détale et disparaît. Ouf ! Je respire. Un semblant de silence revient car ici les cigales paraissent moins présentes. La route bitumée descendant vers la Tirounère se présente et dès lors je sais que mon objectif n’est plus très loin. Quelques centaines de mètres et il apparaît. De prime abord sous les traits d’une barrière avec la mention « propriété privée – défense d’entrer », barrière facile à franchir derrière laquelle se poursuit une grande allée bordée de vieux cèdres. Que faire ? Deux voitures sont garées à proximité de l’entrée. A gauche de la barrière, une pancarte annonçant "Un Sentier du Charbonnier" m'incite à la photographier, et ce, afin de l'inscrire sur mes tablettes. Sait-on jamais ! Sur ma droite et en contrebas, j’entends déjà le murmure de la rivière mais j’entends également des voix qui montent jusqu’à moi. Je ne vois pas d’autre issue alors je passe outre l’interdiction. Le lieu-dit La Tirounère est là comme l’indique un panneau de randonnée directionnel. Une longue bâtisse affiche une enseigne « Oxygen Aventure ». Un couple et 2 enfants sont assis autour d’une table de pique-nique mais sont sur le point de partir. Ils partiront peu après. Je me retrouve seul même si en aval j’entends encore quelques voix. Je visite en détail cette berge-là puis me décide à traverser la rivière sur une gravière. Au milieu de la rivière, j’ai de l’eau à hauteur du genou et la profondeur est donc d’environ 50 cm. Sur les galets moussus, ma seule crainte est de glisser avec mon appareil-photo, alors je m’aide de mon bâton de marche. Finalement, or mis cette appréhension, la traversée est simple et sans véritable risque, or mis celui de se retrouver le cul dans l’eau. Qu’en est-il en hiver ? Je ne sais pas. De toute manière, venir ici en hiver ne présente aucun intérêt. Je ne peux donc que vous le déconseiller. Je passe presque 2 heures sur cette rive, pique-niquant, visitant les lieux dans le moindre détail, me baignant à plusieurs reprises, me reposant et profitant de la fraîcheur ambiante et m’évertuant à photographier une faune variée. Elle est bien présente avec des insectes aquatiques, des libellules, des papillons, des lézards et quelques oiseaux dont les plus visibles sont des Bergeronnettes des ruisseaux et des Merles. Mais j’aperçois aussi des Bergeronnettes grises, des pinsons et une fauvette. Concernant le lieu lui-même, nul besoin d’être un spécialiste du captage de l’eau pour comprendre qu’il a été amplement aménagé pour ce faire. Un bac bétonné est suivi d’un seuil formé d’une petite chicane, le tout permettant de casser les éventuels débits trop importants de la rivière. La chicane forme une jolie petite cascade. L’ensemble est bien agencé avec des pare-fous, des échelles et un canal d’irrigation qui file parallèle à la rivière. La roche a été creusée et forme ainsi de petits tunnels où l’eau et les hommes peuvent circuler. C’est d’ailleurs par-là que je quitte les lieux, filant vers le lieu-dit Borde-Massé mais surtout préférant cette ligne droite rejoignant un large chemin plutôt que le sentier balisé des G.R qui se poursuit vers les hauteurs. Là aussi, j’enfreins quelques interdictions mais les endroits sont déserts, les champs en jachère et les quelques bâtis le plus souvent en ruines. Je retrouve le balisage du Tour du Fenouillèdes un peu plus loin et comme ce chemin est quasiment unique car parallèle à l’Agly, son cheminement est très simple. Dans ce cheminement m’amenant vers Saint-Paul, seuls quelques nouveaux oiseaux et de rares fleurs que je veux photographier s’allient à mon désir de prolonger au maximum cette belle journée. Saint-Paul est là, avec sa gare et son pittoresque petit train rouge filant vers d'autres bourgades. C’est sur cette jolie image de voyage que se termine mon propre voyage.  Quand je me le remémore, j’ai comme le sentiment d’avoir feuilleté un joli livre de sciences naturelles que j’ai beaucoup aimé. Cette balade a été longue de 9,300 km (égarements volontaires ou pas) pour des montées cumulées de 314 m et un dénivelé de 127m. Saint-Paul de Fenouillet à 255 m d’altitude est le point le plus bas et le col de Lenti (382 m) le plus haut. Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

(*) Toponymie du nom "Tirounère" : Faut-il que je l'avoue, je n'ai rien trouvé sur Internet expliquant le nom "Tirounère", mais finissant par "ère", on peut seulement imaginer qu'il ait été mis au féminin. J'ai donc chercher avec "tiroun" et là,  j'ai constaté que ce nom apparaissait régulièrement dans la toponymie pyrénéenne et provençale. C'est ainsi que dans les Pyrénées, nous trouvons un "Tiroun de la Croux", un "Tiroun des Sorcières", un "Tiroun dès Oueilles", un "Tiroun Gran", un "Cap des Tirouns", une "Cabane du Tiroun, un lieu-dit "Tiroun" à Loubens en Ariège et des "Tirouns" parcelles cadastrales dans la commune de Bourréac dans les Hautes-Pyrénées. Si ces trouvailles ne m'ont guère plus avancé, Louis Saudinos dans son ouvrage "La toponymie du canton de Bagnères-de-Luchon" nous apprend qu'un "tiroun" peut-être tout à la fois un "mamelon rocheux", un "dôme", une "émergence ronde" mais aussi "un lac sert de bornage aux communes de Cirès, de Cathervielle et de Caubous". Ce lac est-il situé au sommet d'une "émergence ronde" ? Il ne le dit pas mais on peut le supposer, ce qui permettrait de confirmer qu'un "tiroun" est un "éminence ronde" en Pyrénées et qu'il est donc plus simplement une variante des mots "turon", "turrou ou "tyron" que l'on trouve de nos jours dans le lexique pyrénéen pour un sommet arrondi.

En continuant mes recherches en Provence, j'ai appris que le mot "tiroun" au même titre que le mot "félibre" restaient des mystères. C'est ainsi qu'en lisant un article d'Alfred Jeanroy dans une revue "Romania" de 1894, on peut y lire ceci, extrait d'un texte qui s'intitule "MÉLANGES" : « Que de tres jour, tres niue, iéu noun vous retrouvère, Que. dins lou tèmple erias Que vous disputavias Emé li tiroun de la léi, Emé li sèt felibre de la lèi.»  Il rajoute « Le mot félibre, aussi inconnu du reste que le mot tiroun, ayant évidemment dans ce morceau le sens de « docteur de la loi » , fut acclamé par les sept convives, et l'Armana prouvençau, organe de la nouvelle école, proposé et fondé dans la même séance, l'Armana prouvençau per lou bèl an de Dieu 1855, adoubea e publica de la man di felibre, annonça à la Provence, au Midi et au monde que les rénovateurs de la littérature provençale s'intitulaient « félibres ». Alfred Jeanroy poursuit en disant qu'il pense que le mot "félibre" descend de l'espagnol "féligrés" signifiant "paroissien", "client de l'église" et en un mot un "fidèle". Toujours dans cette suite d'idée et pour le mot "tiroun", il émet "L'hypothèse d'une origine espagnole......" 

Nous sommes loin bien sûr du "sommet arrondi pyrénéen" mais l'avantage d'avoir pris ce « chemin provençal » est qu'il m'a amené vers le très fameux "Félibrige" et à leur trésor cher aux Sept Primadié. Dans ce remarquable trésor, dictionnaire Provençal-Français, et pour faire bref, on y apprend qu'un "tiroun" c'est à la fois un "canard", "un fusil" ou "une corde", cette dernière explication ayant pour origine le verbe "tirer" en français et "tirar" en occitan, définitions que l'on retrouve dans l'occitan "tiron" et à laquelle on peut y rajouter "une lentille d'eau" que l'on appelle aussi "tirounado" en provençal. 

Alors pour la "Tirounère", nous avons le choix ? "Un sommet arrondi ?". Il y en a bien un juste au dessus de la source, piton rocheux magnifique par ailleurs. Un canard ou plutôt une cane ou canette ? Pourquoi pas, ce n'est pas l'eau qui manque ! Une corde avec laquelle on tirait de l'eau de sa source ? C'est une idée ! Une lentille d'eau ? Voilà une explication qui a le mérite de correspondre à ce que l'on voit de nos jours ? Un endroit où les plantes aquatiques ne manquent pas !

Enfin il y a des noms qui ne laissent pas indifférents et c'est le cas des mots basques "Ithuri", "iturri", "uthurri" signifiant fontaine ou source, "turusta" pour cascade. 

Enfin, si quelqu'un connaît la solution, je suis preneur. Merci.

(**) Toponymie du nom "Paychère" : Si le nom "tirounère" garde ses mystères, le nom "paychère" est plus facile à expliquer. D'ailleurs, j'ai trouvé l'explication peu loin de Saint-Paul de Fenouillet car dans un excellent site consacré à  Prats-de-Sournia et aux Fenouillèdes. Voici le lien. On peut y lire ceci  dans un article consacré aux Toponymes du Fenouillèdes : "Paissièra : ( Paychère, Paychèro ). Ce n’est pas un toponyme à proprement parler mais à Prats ce sont les veines nourricières du territoire. A lui seul le Rèc de la Farda en a compté 13. Ce terme désigne la prise d’eau et en Fenouillèdes avec la rigole d’amenée au champ, jardin ou pré. Considérant l’étendue de ce réseau, elles devaient avoir un nom pour les différencier." Cette thèse est d'ailleurs confirmée dans le remarquable site "Etymologie-Occitane.fr" où on peut lire qu'une Passièra est un « barrage de rivière, digue; chaussée d’un moulin; écluse, réservoir à poissons; .......Pansieire à Valleraugue (Gard) est  attesté en 2013 par mon petit-fils Aymerik, originaire du village.» Je vous laisse le soin d'aller sur le lien pour visionner la photo de cette "paychère" de Valleraugue dans le Gard. On y apprend qu'au 12eme siècle, elle était constitué d'échalas de bois lesquels mis les uns contre les autres formaient un barrage.

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La Serre de l'Artigue del Baurien (566 m) depuis Saint-Paul-de-Fenouillet.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques interprétées par Léo Rojas (Flûte de pan). Elles ont pour titre : "El Condor Pasa", "The Last Of Mohican", "Celeste" et "Le Berger Solitaire"

La Serre de l'Artigue del Baurien (566 m) depuis Saint-Paul-de-Fenouillet.

La Serre de l'Artigue del Baurien (566 m) depuis Saint-Paul-de-Fenouillet.

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9 janvier 2020. 10H30. Nous voilà Dany et moi à Saint-Paul-de-Fenouillet au départ d’une balade pédestre qui doit nous mener au sommet de « la Serre de l’Artigue del Baurien », dénomination bizarroïde d’une modeste colline culminant à 566 m d’altitude.  Comme toutes les collines de ce secteur, elle constitue une petite partie de ces échines calcaires encadrant ce remarquable couloir, lesquels sur une trentaine de kilomètres, forment le singulier synclinal du Fenouillèdes, très souvent appelé aussi Synclinal de Saint-Paul. Grosso modo, ce synclinal va de Caudiès-de-Fenouillèdes jusqu’à Cases-de-Pène. En géologie, un synclinal étant un pli concave, c'est-à-dire un « creux », cette « serre » où nous allons est un « anticlinal ». Quand vous saurez que le creux est occupé par les couches géologiques les plus récentes, les différentes collines qui l’encadrent en sont les parties visibles les plus anciennes. Ici, elles datent de la période qu’on appelle « crétacé inférieur » et de l’étage géologique qu’on appelle Aptien, c'est-à-dire qu’elles auraient vu le jour entre -125 et -113 millions d’années. Une colline ayant par la force des choses deux versants, ici cette  « Serre de l’Artigue del Baurien » domine la vallée de Maury d’un côté et celle de l’Agly de l’autre. Et si il y aurait encore beaucoup à écrire à son sujet, et notamment en terme de sismicité (*), voilà en résumé ce que l’on peut dire de cette « serre » sur le plan géologique. A la fin de ce récit, j’évoquerai également la toponymie de cette appellation assez insolite (**). Pour le reste, voilà déjà 2 mois, et depuis le court « Sentier du Vigneron » réalisé à Leucate, que Dany et moi attendons ce jour-là. Quelques petits « bobos » récalcitrants nous ont contraints à stopper conjointement nos balades pédestres. C’est donc une reprise que nous attendons avec une belle impatience. Si je connais un peu cette « serre », pour l’avoir côtoyée en 2011 lors d’un mémorable Tour du Pays Fenouillèdes avec mon fiston, seule la partie du chemin allant jusqu’à Lesquerde est commune avec le tracé que j’ai envisagé aujourd’hui. Une autre partie est également commune avec un circuit qui s’intitule « Géologie et anciennes mines », mais je n’en connais que peu de choses et tout juste l’entrée barricadée d’une mine de gypse, mine encore en fonctionnement et qui possède une histoire que je vous conte en annexe (*). Comme je le fais régulièrement, j’ai, sur Internet, tenté de découvrir l’Histoire de ce secteur, mais pour être franc or mis l’exploitation minière, il y a peu de choses. Il faut dire que depuis fort longtemps, les mines et carrières sont la principale richesse de l’endroit, et encore de nos jours. Fer, gypse, cuivre mais aussi manganèse, antimoine, alquifoux et plombagine, voilà les différents gisements pour lesquels des concessions ont été demandées dès le 19eme siècle, nous apprend le remarquable site Internet Santpanhols.fr. Pourtant la présence de 2 oppidums romains à Lesquerde, dont un situé sur la serre, tout près de l’ancienne mine de fer, laisse imaginer une présence beaucoup plus ancienne, mais sans doute avec un intérêt minier elle aussi. L’Histoire de village contée par Jean Tosti affermit cette thèse d’une présence romaine et atteste de mines de fer exploitées dès 1759. Je ne suis pas un spécialiste, loin s’en faut, mais d’autres recherches m’ont appris que la géologie est en réalité bien plus complexe avec également d’autres minerais comme le quartz, la limonite, l’hématite, la pyrite, l’oligiste et la chalcopyrite au sein de roches encaissantes comme le calcaire, le granite et la mylonite. Ces lectures très intéressantes au demeurant, puis une analyse assez poussée de la carte I.G.N et de sa vue aérienne m’ont laissé imaginer deux ou trois parcours pédestres possibles. Quand nous démarrons cette balade, rien n’est donc encore figé à ce propos et j’ai enregistré dans mon GPS, le tracé des différents scénarios. Il est donc 10h30 quand nous garons notre voiture, rue de Lesquerde, pile-poil devant les bureaux de la Communauté des Communes Agly-Fenouillèdes. Le démarrage est très simple puisqu’il suffit de suivre la rue en question jusqu’à une déchetterie puis de poursuivre le balisage jaune et rouge du GRP Tour du Fenouillèdes. Or mis quelques oiseaux qui m’occupent et que je tente de photographier, il n’y a rien bien de notable sur cette partie. Il y a bien une biscuiterie Brosseau, mais elle est fermée, et de ce fait je ne peux que supposer qu’elle fabrique ou fabriquait les fameux et délicieux croquants de Saint-Paul. Sur la droite, si la serre est déjà bien visible avec ses différents pylônes de télécommunications, elle ne donne qu’un petit aperçu de ce qui nous attend car c’est sur l’autre versant que nous y grimperons. Dès lors que le chemin entre dans une garrigue typiquement méditerranéenne, la végétation est si haute et si engainante  que toute vision disparaît et il faut donc attendre l’approche du col de Lesquerde pour que s’entrouvre la vallée de Maury. Si le panorama est beau, il reste néanmoins gâché par un ciel un peu trop laiteux et des pylônes et câbles à haute tension qui s’invitent au beau milieu des décors. L’arrivée au col qui devrait grandiose sous un ciel très clair n’est guère plus géniale sous cette lactescence qui blanchit tout.  Lesquerde, vallée de l’Agly, pays Fenouillèdes et Massif du Canigou, d’ici tout paraît décoloré. A la limite, et assez paradoxalement, seule la «  Serre de l’Artigue del Baurien » , dont le calcaire est pourtant très blanc,  offre un très beau contraste sous un ciel bleu bien plus prometteur. La promesse sera en partie tenue et ce voile blanchâtre disparaîtra quelque peu. Quelques photos au col et nous poursuivons le sentier désormais tout en descente. Dany étant souvent devant moi, je la préviens à l’avance de quelques passages délicats car très caillouteux, très pentus ou très ravinés, et parfois les deux ou trois à la fois. Dans un ciel à l’aplomb devenu soudain très bleu, deux vautours fauves viennent faire le spectacle. Comme il est impossible, voire très dangereux, de marcher et de regarder en l’air nous stoppons pour les observer. Emportés par des ascendances thermiques, il s’élèvent peu à peu jusqu’à disparaître de notre vue. Nous repartons. Dans le silence ambiant, quelques chants d’oiseaux m’incitent à rester aux aguets. Grives, fauvettes et tariers se laissent repérer mais pas toujours photographier. Il faut de la patience et beaucoup de chance. Connaissant déjà ce parcours, je sais qu’il est préférable d’éviter le bitume de la D.19 pour atteindre Lesquerde.  C’est chose faite assez simplement, car contrairement à la vieille carte I.G.N dont je détiens un bout, l’itinéraire évitant l’asphalte est parfaitement balisé. Si Lesquerde est vite là, avec ses très belles villas récentes puis ses ruelles aux maisons parfois si colorées,  c’est au préalable ce gros rocher noir omniprésent dominant le village qui marque les esprits. Il s’agit d’un monolithe de fer dont le poids serait estimé à 10.000 tonnes et dont les spécialistes le qualifie soit de limonite ou d’hématite brune, y rajoutant parfois le mot « brut ». Je sais que mon parcours doit y passer mais comme il est déjà 12h30, nous stoppons pour pique-niquer. Devant la mairie, des bancs sont là bien à propos. ¾ h plus tard, nous repartons par la rue principale puis par la bien nommée rue du rocher. Le rocher est vite atteint et si une photo-souvenir à son pied est bien entendu inévitable, force est de reconnaître qu’il est bien moins impressionnant sous cet angle-là. Il faut dire qu’une fois encore, mais pourtant sans chercher, j’y aperçois deux yeux et un nez en trompette. Ça devient une habitude de voir des visages dans les roches ! Alors bien sûr, et vu comme ça, comment ne peut-il pas perdre de sa superbe !?  Une fois encore, nous repartons. Cette fois, la piste est là et elle s’élève en zigzaguant jusqu’au sommet de la serre, à l’endroit même où les nombreux pylônes  lancent leurs hautes flèches dans un ciel bleu et pur. Dans cette montée, un vautour nous accompagne encore bien plus curieux que ceux de ce matin. Au fil de l’élévation, les panoramas se dévoilent, sur le village certes, mais aussi sur une très belle partie du pays Fenouillèdes. L’entrée d’un vieux tunnel, obstruée par la végétation et quelque peu occupée par de grosses toiles d’araignées, nous rappelle l’exploitation minière d’antan. J’ai lu que ce tunnel, construit en 1908, avec une galerie longue de 560 m et traversant la « serre », permettait aux mineurs venant de Saint-Paul de parvenir plus facilement à Lesquerde et vice-versa. Le minerai était extrait grâce à un petit chemin de fer. Ici tout s’est arrêté. Le tunnel en 1930 et l’exploitation totale dans les années 50/60, alors qu’au loin, du côté de Lansac sans doute, quelques fumerolles blanchâtres s’élèvent au dessus d’un parc éolien. Querelles de l’Ancien et du Moderne, si  on est très loin de la l’Académie Française et de la création artistique, le débat n’est peut-être pas clos pour tout le monde. Carrières à ciel ouvert et éoliennes font souvent l’objet de querelles environnementales. En zoomant avec mon appareil-photo, je constate qu’il s’agit d’une usine bien en activité, car probablement de feldspath ce qui expliquerait la fumée blanche.  Le sol sous nos pieds, lui, est jonché de cailloux ferreux. Il suffit de se baisser pour en ramasser des rouges ou des gris, parfois creusés de petits trous, mais toujours très lourds par rapport à une autre petite pierre ordinaire de taille équivalente. Finalement à l’approche de la crête, cette modernité dont je parle se présente sous les traits des fameux pylônes que l’on aperçoit depuis ce matin comme autant de mires à atteindre. A quoi servent-ils ? Aux communications je suppose, mais ne m’en demandez pas plus, car ici protection oblige, tout est clos ! Quand aux indications ne les cherchez pas, il n’y en a pas ! C’est sans doute « top secret ! »  D’ailleurs, et alors que nous sommes pile-poil en dessous, ce ne sont pas eux qui nous intéressent au premier chef mais les merveilleux panoramas qui nous imaginons dès lors que nous serons parvenus à la crête sommitale. Nous y grimpons puis une fois atteinte, nous restons là quelques minutes comme scotchés devant ce spectacle si aérien, spectacle pourtant encore un peu altéré par cette brume laiteuse toujours présente autour de nous. Assis à l’aplomb d’un à-pic impressionnant nécessitant attention et même prudence, j’ai un peu le vertige. Je m’assieds et Dany s’accroche à moi, sans doute prise elle aussi par cette même sensation d’ivresse de l’abîme. Tout comme moi, je ne la sens pas rassurée, alors je lui propose de redescendre afin que nous allions au véritable sommet, situé un peu plus loin et à 566 m d’altitude. Elle descend mais refuse ma proposition préférant m’attendre à l’ombre d’un grand chêne vert. Alors j’y vais seul, poursuivant la piste et découvrant à la fois un mirador destiné à la surveillance contre les incendies et deux bornes géodésiques. La crête est plus spacieuse, plus rassurante et offre de bien meilleures vues sur le synclinal côté Caudiès et sur Saint-Paul.  Mais comme Dany m’attend, je ne m’éternise pas. A l’instant de se retrouver, ici se pose la question du retour. Je propose à Dany d’aller voir l’ancien chemin des mineurs qui en principe se trouve plus bas sur la piste au détour d’un virage. Ce chemin, dit des Mineurs ou de la Mine, je ne le connais que par les lectures que j’en ai faites, quelques photos peu parlantes et une vue aérienne sur Géoportail. Autant dire rien ! Le chemin est assez simple à trouver mais je passe néanmoins devant et demande à Dany de rester à distance. J’amorce la descente, d’abord sur un étroit sentier puis sur un chemin très caillouteux mais qui s’élargit dès lors que j’atteins l’autre versant, c'est-à-dire celui où se trouvent les falaises les plus abruptes. Depuis la crête, qui imaginerait qu’il y ait un chemin ici ? Voilà la première réflexion qui me vient à l’esprit à l’instant où j’amorce la descente. Pourtant, et à ma grande surprise, j’entends des voix qui arrivent d’un peu plus bas ? Alors je stoppe et j’attends. Deux jeunes femmes arrivent vers moi. Quelques minutes plus tard, elles sont suivies de deux messieurs beaucoup âgées qu’elles, dont un qui semble complètement éreinté et à bout de souffle. Dany qui est resté là-haut sur la crête  m’appelle et je lui conseille de ne pas bouger et de m’attendre. La conversation s’installe avec le petit groupe. Ils arrivent de Saint-Paul. Ma première question portant bien évidemment sur la qualité de ce chemin des mineurs, l’homme le plus âgé, celui là même qui est encore très essoufflé s’empresse de me répondre. « Le chemin n’est qu’une succession de caillasses et d’éboulis pendant un bon bout de temps » me dit-il. « Il est donc instable ? » lui dis-je. «  Oui, c’est ça, il est très instable et j’ai eu du mal à progresser » me répond-il. « Pensez-vous que ma femme qui a une prothèse totale du genou puisse l’emprunter sans crainte en descente ? ». Et là, c’est presque en cœur qu’ils s’exclament « non surtout pas ! ». « J’ai 82 ans, j’ai pris ce chemin des dizaines de fois mais je crois que c’est la dernière fois que j’y viens car il est de plus en plus mauvais » rajoute le vieil homme encore bien haletant. « Tu vieillis ! » lui dit une des deux jeunes femmes. Je les remercie tous et sans aucune hésitation, je rebrousse chemin. Ce n’est pas aujourd’hui que je découvrirais ce chemin des mineurs mais je ne suis pas inquiet car je sais qu’une autre issue possible est enregistrée dans mon GPS. Nous redescendons vers Lesquerde. Finalement le chemin permettant d’effectuer une petite boucle est vite là. Il est commun avec l’itinéraire « Géologie et anciennes mines » et d’ailleurs quelques mètres après la bifurcation obligatoire, des vestiges sont très vite là : maisons des mineurs, trémie, ancienne structure supportant des wagonnets, etc….Sur ce parcours, nous n’avons pas l’impression d’avoir perdu au change. Enfin, je n’en sais rien ! Si nous poursuivons cette boucle, qui est bien balisée d’une couleur jaune, je garde toutefois mon GPS allumé car bien évidemment il ne nous faut pas redescendre sur Lesquerde mais remonter vers le col éponyme. Un cairn bien placé au bon endroit nous y aide allègrement. Le col de Lesquerde arrive à point nommé, et si nous y finissons avec plaisir les restes de nos collations, c’est parce que sur notre droite un parapentiste vient de prendre son envol depuis la Serre de l’Artigue del Baurien et que sur notre gauche, un vautour a décidé de faire de même. Finalement, le parapentiste reste seul en l’air car le vautour file se poser au sommet du Causiel, suite logique et rocheuse du pinacle aux pylônes.  Le retour vers Saint-Paul s’effectue sans souci mais sous un ciel carrément plombé au dessus de la commune. Rien de vraiment notable, or mis quelques amandes à glaner que Dany découvre au détour du chemin,  et pour moi, une corneille qui a décidé de jouer avec mes nerfs et mon appareil-photo au sommet d’un pylône à haute tension. Si cette boucle se termine en principe devant les bureaux de la Communauté des Communes Agly-Fenouillèdes où se trouve notre voiture, nous ne prenons que le temps d’y déposer nos sacs à dos dans le coffre et de chausser des tennis plus légères.  Sur un coup de tête, nous venons de décider que la balade se poursuivrait encore par une copieuse visite de la cité dédiée à l’apôtre des Gentils.  Dans ce dédale de petites ruelles bien sympathiques, on regrette de ne pas pouvoir approcher de plus près le fameux « chapitre « , et ce pour cause de très importants travaux de restauration. Oui dommage de ne pas pouvoir se faire une meilleure idée de ce magnifique monument historique, le plus emblématique car le plus symbolique du pays Fenouillèdes ! Ainsi se termine cette très belle journée que nous languissions depuis plus de 2 mois. La finir sans aucun bobo ajoute à notre bonheur.  Telle qu’expliquée ici, mais hors visite de Saint-Paul, cette balade a été longue de 11,3 km pour des montées cumulées de 850 m.  Le dénivelé est de 301 m entre la ligne de départ à 265 m et la borne géodésique de la « Serre de l’Artigue del Baurien » à 566 m. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et 2248 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

(*) Carrière de gypse de Lesquerde et sismicité : Le site de la commune de Lesquerde nous apprend que cette carrière souterraine est encore en activité, activité confirmée par Jean Tosti qui sur son site, rajoute que c’est la société Bournet qui l’exploite, extrayant 30.000 tonnes de minerais par an. Elle est la dernière et la seule des Pyrénées. Le gypse, déjà utilisé pendant l’antiquité et notamment pour les statues, est aussi connu sous l’appellation de « pierre à plâtre ». Le site Wikipédia nous apprend que les anciens plâtriers la désignaient sous le vocable de « pierre de lune ». L’Histoire du Chapitre de Saint-Paul (Le chapitres et les gypseries) nous révèle que vers 1660, le maître-gipier Jean Sabatier a largement utilisé le gypse (guich) de Lesquerde pour la réalisation de très nombreuses décorations de la collégiale, gypseries qui ont pas mal souffert lors d’un séisme survenu en 1996.  Or, la lecture d’un article du 21/12/2012 sur le site de Médiapart explique que ce même séisme du 18 février 1996 a eu pour épicentre cette fameuse carrière de gypse de Lesquerde. Encore plus fort, avec 5,6 de magnitude et située à 7 km de profondeur,  il s’agirait selon le RéNaSS, Réseau National de Surveillance Sismologique de la plus puissante magnitude jamais enregistrée en France. Cette information a brièvement été reprise sur le site Agora Vox. Si ce séisme et ses répliques vous intéressent, sachez que l’Association Française du Génie Parasismique a rédigé un rapport de 116 pages à ce propos accessible sur Internet. Il précise que « l’épicentre instrumental et macrosismique semble bien localisé dans le secteur de Saint-Paul-de-Fenouillet-Lesquerde, les premières répliques analysées se situeraient plus au sud près de Saint-Arnac, Feilluns et Ansignan. L’ensemble de ces villages a par ailleurs fortement ressenti l’événement principal ». Voilà ce que l’on peut dire de cette carrière de gypse, même si or mis ces quelques articles, jamais aucune publicité ne l’a véritablement présentée comme l’épicentre du séisme le plus puissant jamais enregistré en France. Précisons tout de même que ce séisme n’a fait aucune victime et apparemment pas perturbé l’exploitation du gypse. Enfin et pour conclure, rappelons que cet endroit est situé non loin de la frontière entre les plaques tectoniques Eurasienne et Ibérique qui ont, il y a -65 millions d’années, initié la création des Pyrénées. Les deux plaques s’affrontant et coulissant l’une sous l’autre, elles engendrent des tensions occasionnant de nombreuses failles dont celle qui a pour nom « Faille Nord-Pyrénéenne » allant grosso-modo de Saint-Paul-de-Fenouillet jusqu’au Cap Breton.

La Serre de l'Artigue del Baurien (566 m) depuis Saint-Paul-de-Fenouillet. 

Carrière de gypse de Lesquerde photographiée en 2011 lors d'un Tour du Pays Fenouillèdes et épicentre du plus violent séisme connu en France (cliquez sur la photo pour l'agrandir)

(**) Toponymie de la « Serre de l’Artigue del Baurien » : J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer l’origine du mot « serre ». De l’occitan « sèrra », elle désigne une colline de forme allongée voire plus simplement une ligne de crêtes. On retrouve cette origine dans les mots « sierra » en espagnol et en castillan et « serra » en Italie,  mais également dans les mots « serra », « serrat » ou « sarrat » en catalan. On le trouve également dans le mot « serres » au pluriel ainsi que dans le mot « serrade » pour un chemin longeant une ligne de crêtes. Au singulier ou au pluriel, il s’agit aussi d’un nom propre ou de famille plutôt répandu. Ici pas de doute, il s’agit bien d’une colline de forme allongée. Concernant le mot « l’Artigue » ou « Lartigue », tous les toponymistes sont également d’accord pour lui attribuer une signification identique, même si selon les régions quelques nuances peuvent exister. Alors pas de doute, il s’agit bien d’une surface défrichée ou d’un terrain labouré pour les rendre cultivable. Une commune près de Saint-Gaudens porte ce nom de « Artigue », du prélatin « artica » et du gascon « artiga » nous précise le site Wikipédia. Idem avec plusieurs lieux, communes et personnages portant ce même nom au singulier ou au pluriel « Artigues ». Dans le livre « Les toponymes pyrénéens » de Robert Aymard, les nuances sont excessivement nombreuses et en faire la liste complète serait bien trop long. En voilà quelques unes : Articaut, Artiès, Artigal, Artigala, Artigalet, Artigou, Artiguette, Lartigau, etc….quand aux définitions en français, ça va de la clairière à la défriche, en passant par un terrain dénudé ou une parcelle déboisée. Ces différents et nombreux toponymes s’expliquent par le fait même que l’on imagine une origine quasi commune dans toutes les langues ;  gascon, occitan, provençal, ibère, basque, catalan ; avec peut-être un étymon originel « artika » (Etymologie occitane). Reste enfin à expliquer le mot « baurien »  que l’on pourrait croire assez simple mais qui est de très loin le moins documenté. Si je dis simple, c’est tout simplement parce que dans les parlers occitans le « B » et le « V » sont identiques et ne sont qu’une question de prononciation. A partir de ce concept, on imagine aisément qu’un « baurien » pourrait être en réalité un « vaurien », c'est-à-dire en français et selon le Larousse « une personne sans aucune valeur morale » voire « un enfant malicieux et indiscipliné ».  Pourtant, selon plusieurs toponymistes, ce n’est pas par là qu’il faut chercher une explication mais plutôt dans le mot « baure », de la racine occitane « vaur » signifiant « ravin » ou « gouffre ». Du gaulois « bawa » ou « baua » signifiant « boue », la « baure » devient parfois « boeyre » ou « bouère » en gascon, « bouirex » en Ariège ou «Bouerzy » en Béarn et « Baurien » en Roussillon nous explique Robert Aymard dans son ouvrage consacré à l'« Hydronymie pyrénéenne ». Selon  ce dernier, une « baure » serait donc en Roussillon un endroit boueux en montagne. Il faut bien reconnaître que cette dernière explication ne paraît guère plausible dans un endroit aussi sec et rocailleux que cette « Serre de l’Artigue del Baurien ». Mais les temps ont pu changer. Dans le même sens, on trouve un col de "Boire" près du hameau de Vira dans la forêt de Boucheville.

Alors cette « Serre de l’Artigue del Baurien » faut-il la traduire comme :

  • la colline du terrain labouré (ou défriché) d’un vaurien ?
  • la colline du terrain labouré (ou défriché) près du ravin ?

Est-ce bien dans ces hypothèses-là qu’il faut continuer à chercher ? A moins que la vérité surgisse soudain d’un gouffre ?

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La Chapelle Saint-Michel de Sournia depuis Sournia

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de le jolie musique "Emmanuel" de Michel Colombier jouée ici et successivement par 3 virtuoses de leur discipline respective à savoir Toots Thielemans (Harmonica), Antonio Onorato (guitare) et Kristina Cooper (violoncelle) accompagnée ici de Laura Frautschi (vilon) et John Novacek (piano)

La Chapelle Saint-Michel de Sournia depuis Sournia

Pour agrandir les photos cliquez dessus, pour un plein écran, cliquez 2 fois 


 

En ce samedi 24 novembre 2018, et pour décompresser un peu, Dany et moi avions décidé de joindre l’agréable à l’agréable. Le premier « agréable » était de se trouver un bon petit resto sympa le midi et le deuxième était de faire suivre ce déjeuner d’une petite balade pédestre la plus agréable possible. Après l’analyse de diverses solutions, nous avions jeté notre dévolu sur Sournia et son auberge. Quand à la balade, nous nous étions fixés de partir à la découverte de la « chapelle Saint-Michel » de Sournia (*) que nous ne connaissions pas. Enfin, nous ne la connaissions que de haut et de loin et simplement pour l’avoir aperçue lors d’une randonnée intitulée « le Pic Garrabet et Terre Majou ». En réalité, moi, je l’avais déjà aperçu de loin également lors d’un mémorable Tour des Fenouillèdes effectué en septembre 2011 et lors de la 2eme étape entre Eus et Sournia. Alors pourquoi vouloir décompresser de cette façon-là me direz-vous ? Parce que depuis de longues semaines, Dany et moi étions sur le pont de l’association de yoga que nous gérons dans notre commune de Saint-Estève, elle comme présidente et moi comme trésorier. Être sur le pont, cela avait commencé en septembre avec une participation à un forum puis depuis tout s’était enchaîné très rapidement et sans presque aucun répit. Nouvel exercice et nouvelles inscriptions pour Dany, bilan précédent à clôturer, nouvelle comptabilité à ouvrir et nouvelle gestion des adhérents pour moi, une ribambelle de chèques d’adhérents à remettre en banque, les nouvelles cartes d’adhésions à imprimer puis l’assemblée générale prévue le 23 novembre s’était rapidement profilée, avec les achats à prévoir pour un apéritif où nous devions accueillir 70 à 80 personnes, la convocation à rédiger puis à poster à une centaine d’adhérents, les discours, les différents rapports, les futurs P.V à rédiger plus tard mais d’ores et déjà à envisager, les bulletins de vote, les messages sur le site Internet de l’association, le 40eme anniversaire à cogiter car à fêter, les médailles commémoratives de cet anniversaire à imaginer et à faire fabriquer pour nos plus anciens adhérents, les élus à accueillir comme il se doit car la remise d’une médaille de la ville était prévue pour le fondateur de l’association, etc…etc.. Dans cet inventaire à la Prévert, j’oublie sans doute pas de mal de choses. Tout cela pour dire qu’en ce lendemain d’A.G, A.G qui s’était formidablement bien passée, la pression était certes un peu retombée, mais un relâchement définitif et dans la Nature loin de tout ça n’était pas un luxe. Le 24 novembre, et après une modeste mais bénéfique grasse matinée, il est 12h30 quand nous garons notre voiture sur la place centrale de Sournia. L’Auberge de Sournia, nous la connaissons bien désormais car nous y sommes allés une bonne demi-douzaine de fois. Elle a d’agréables menus aux rapports qualité/prix très intéressants.  Les aubergistes ; un couple très gentil ; sont des gens très réservés mais sympathiques et même plutôt chaleureux intérieurement dès lors que les conversations s’engagent et qu’on les connaît un peu. Quand à la balade, dès le déjeuner terminé, nous sommes partis de l’auberge même, en empruntant la D.2, route principale, direction Rabouillet. La chapelle étant plutôt bien mentionnée sur quelques panneaux signalétiques, cette très courte balade reste réalisable même sans tracé GPS et sans carte IGN, encore qu’un minimum requis n’est jamais superflu. Après avoir visité assez rapidement l’hôtel de ville, l’église et d’autres éléments intéressants du patrimoine, nous sommes sortis de Sournia toujours par la D.2. En réalité, nous sommes sortis du centre de la commune car cette dernière étant bien étendue, les habitations restent longtemps présentes. A la sortie de la ville et à une intersection, nous avons pris la direction du quartier du Puigt, ancien fief des Templiers nous apprend l’Histoire de Sournia, puis nous avons poursuivi le chemin dominant le centre équestre qui est mitoyen avec le joli centre de vacances Le Moulin, joli car dans un cadre boisé et verdoyant au bord même de la rivière Désix. A partir de là, l’itinéraire longe la rivière. Voilà les principaux jalons puis le chemin dit de Saint-Michel, tout en longeant la Désix, continue vers Courbous et Arsa ou vers Fargasse et Aichoux. Toutefois, nous ne sommes pas allés aussi loin, car un petit panonceau mentionnant le vieil édifice religieux s’est présenté et nous a arrêté. Au même endroit, un autre panonceau mentionne le « Gouffre Saint-Michel ». En fait de gouffre, il s’agit, à cet endroit-là, d’un « pertuis », c'est-à-dire d’un rétrécissement rocheux de la rivière Désix formant une toute petite gorge se terminant par une modeste cascade. Il est fort probable, que tombant de cette petite chute rocheuse, d’une dizaine de mètres de large et d’une hauteur d’un  mètre cinquante tout au plus, l’eau a fini par creuser au pied de celle-ci, une espèce de petite fosse d’une profondeur un peu plus importante que nulle part ailleurs dans la rivière, d’où son nom de « gouffre ». Après la chute, la rivière s’élargit de nouveau, l’eau se calme avant de retrouver son lit quelque peu torrentiel. Après la découverte de ce joli lieu de baignade, l’ancestrale chapelle Saint-Michel est juste à côté, perchée sur un petit promontoire herbeux. Lorsqu’on l’aperçoit depuis le sentier qui y mène, elle présente de prime abord, c'est-à-dire vers sa face sud, un aspect plutôt satisfaisant pour une chapelle préromane que l’on sait du Xeme siècle. En réalité, il faut en faire le tour et y entrer pour se rendre compte qu’elle est encore bien ruinée sous certains aspects même si plusieurs façades et sa  toiture  ont été amplement restaurées et rénovées dans les années 80 par les services des Monuments Historiques. Son autel rudimentaire, enfin ce qu’il en reste, copieusement décoré de nombreux objets pieux démontre, si nécessaire, qu’une foi et même une ferveur religieuse sont encore bien ancrées dans cette région du pays Fenouillèdes. On note des ouvertures en arc outrepassé plutôt rares dans nos régions et rappelant des architectures bien antérieures au Xeme siècle : fin de l’empire romain, hispano-arabe et wisigothique. Après la visite de l’ancestrale chapelle, dont le cadre champêtre apporte une certaine poésie à ce lieu,  il faut, si l’on veut effectuer une boucle, emprunter le large chemin qui file derrière elle, direction nord-ouest. Cette piste forestière monte dans une pineraie puis retrouve plus haut la route départementale D.2. Après un ou deux virages et les blanches carrières de marbre que l’on aperçoit à main gauche, on délaisse cette D.2 au profit d’une voie rectiligne qui file derrière le cimetière et nous ramène le plus directement possible vers Sournia. La boucle se referme mais si vous ne connaissez pas Sournia, une ample visite est vivement recommandée. Vous ne verrez probablement pas tout en novembre, et même en hiver plus globalement, mais la cité est belle et son patrimoine très intéressant et fourni. Citons l’imposante église paroissiale de la Nativité de Notre-Dame possédant un joli mobilier, de remarquables retables, des tableaux, des statuts et des croix (visible sur le site www.tourisme-canigou.com), le tout plutôt ancien, la jolie fontaine de la Pou et ses canaux qui en découlent arrosant les jardins de la commune, quelques oratoires, les restes du château féodal, quelques portes en arches très anciennes et le musée de la Vie Quotidienne. Si l’on s’éloigne de la ville, les autres chapelles sont légions mais le plus souvent ruinées. Il y a les chapelles Sainte-Félicité et del Mené sur la route filant vers Pézilla-de-Conflent, les vieilles église de Saint-Just de Courbous et de Saint-Laurent d’Arsa, sans  oublier les fameux « ponts dit romains », vieux ponts moyenâgeux sans doute, que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer et de vous faire découvrir lors de deux récentes balades : « Le Circuit autour du Vallon de la Désix » et « le Circuit des Ponts Romains ». Notre promenade d’aujourd’hui a été longue de 5,6 (visites incluses) pour un modeste dénivelé de 90 m environ. Dénivelé modeste certes mais amplement suffisant pour Dany, laquelle après son opération du genou droit avec la mise en place d’une prothèse totale au mois d’avril dernier, n’avait plus randonné depuis le « Sentier du Berger à Leucate », c'est-à-dire depuis le 17 mars 2018, soit plus de 8 mois sans marcher. Une belle et gentille reprise, qui je l’espère, servira de reprise à beaucoup d’autres dans le futur. Dany ayant accepté que je flâne afin de photographier les nombreux oiseaux qui étaient présents ce jour-là (geais, merles, rouges-queues noirs, serins, bruants mais surtout énormément de pinsons partout), nous avons pris tout deux un grand plaisir à effectuer cette courte et facile randonnée.  Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

 

(*) La Chapelle Saint-Michel de Sournia : Pour en savoir plus sur cette chapelle, je vous propose d'aller sur un des deux liens suivants :

https://www.les-pyrenees-orientales.com/Patrimoine/ChapelleStMichelDeSournia.php

http://www.baladesromanes66.net/index-edifices-en-acc%C3%A8s-direct/fenouill%C3%A8des/st-michel-%C3%A0-sournia/

 

 

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Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de musiques d'Ernesto Cortázar Jr., extraites de son album  "You Are My Destiny"

avec successivement "Mother", "Heart to Heart", "You Are My Destiny", "Mariana" et "Love Spell".

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier


En pays Fenouillèdes, le « Fajàs d’En Baillette » est un arbre remarquable (*) bien connu des randonneurs roussillonnais.  Jugez plutôt : 500 ans, 30 m de hauteur et 5,75 m de circonférence, voilà ce qu’indique une pancarte se trouvant à son pied et rédigée en 2007 à son propos. En latin, les botanistes lui ont donné le nom de « Fagus Sylvatica », en occitan c’est « Fajàs » et en français, il s’agit d’un Hêtre commun, même si le mot commun n’est pas ici le mieux adapté. Pour le définir et en raisons de ses mensurations exceptionnelles, « hors du commun » est plus approprié. En France, ce n'est pas le seul hêtre remarquable (**) mais il fait partie des tout premiers.  Je suppose ; mais ce n’est qu’une supposition personnelle ; que « d’En Baillette » est le nom du cortal se trouvant juste à côté dont tout le monde ou presque se désintéresse, primo parce qu’il s’agit d’une ruine dont il ne reste que peu de choses, et secundo car l’arbre attire vers lui toutes les attentions. Il y a très longtemps, et pour avoir été dans ce cas de figure, je pense que nombreux sont ceux, qui comme moi, n’ont jamais remarqué qu’il y avait un cortal juste à côté de l’arbre. En général, la dénomination attribuée à une habitation est le nom de famille de celui qui l’habitait ou qui la possédait, et on peut imaginer que c’est le cas ici, sauf que ce nom « Baillette » n’a rien de bien occitan, ni de catalan d’ailleurs et que de ce fait on comprend mal pourquoi un nom aussi francisé aurait été accolé au mot occitan « Fajàs » ? Enfin, c’est ainsi et à la limite pourquoi pas ?  Pourtant, « Baillette » est un nom de famille plutôt présent dans les Pyrénées-Orientales et dans ce secteur en particulier, puisque c’est Sournia qui en détient le plus grand nombre (Sources Filae).  Enfin, et pour en terminer avec cette toponymie, il est fort possible que le nom « Baillette » soit ici un terme plus général définissant une contrée ou un lieu puisqu’on sait que jadis ce mot signifiait soit un acte de donation soit une terre donnée par un seigneur à son serf pour le libérer de son joug. Il existe une dernière possibilité mais qui est peu probable ici, c’est que « baillette » soit un étymon désignant une « petite vallée » (source Robert Aymard). Certes, l’arbre est situé tout près d’une source, ce qui d’ailleurs peut expliquer sa vigueur et sa longévité, mais en aucun cas on ne peut parler de vallée comme définissant ce lieu. A pied, il existe plusieurs façons d’aller le découvrir et cela sera fonction des kilomètres et de la difficulté que l’on sera prêt à lui destiner. Des départs sont possibles de Sournia, de Prats-de-Sournia, de Rabouillet, de Vira et enfin depuis Le Vivier. Tous ces villages sont situés dans un périmètre raisonnable autour de l’arbre, et ce dernier est accessible grâce à des sentiers pédestres et à des pistes forestières.  Ayant déjà vagabondé sur tous ces chemins, en ce 22 avril, j’ai décidé de faire un retour aux sources en démarrant depuis Le Vivier. Retour aux sources car l’arbre est situé dans la forêt communale du Vivier et surtout, c’est ainsi que je l’avais découvert la toute première fois. C’était il y a plus de 20 ans ; 23 ans exactement ; et si je m’en souviens, c’est parce que chose rarissime, ma fille était venue marcher avec nous. Ainsi accompagné de ma femme et ma fille, j’en gardais le souvenir d’une belle promenade en sous-bois, assez facile car sur des chemins plutôt rectilignes et avec un dénivelé modéré. Un rapide examen de la carte I.G.N me confirme ce sentiment et effectivement, aussi bien l’aller par le Ravin du Bois, que le retour par celui de la Couloubrière atteste de cette rectitude observée jadis. Rajoutons que ce circuit est désormais très présent dans les topo-guides et est devenu au fil du temps une randonnée quasi incontournable pour tous les clubs du département. 8h30, me voilà devant la mairie où je viens de garer ma voiture. Météo France m’avait annoncé un grand ciel bleu et un soleil resplendissant mais aujourd’hui, force est de reconnaître qu’ils se sont bien foutus dedans car il n’y a rien de tout cela. J’harnache mon sac à dos et démarre cette balade sous un plafond céleste plus que laiteux. Le ciel est carrément blafard ne laissant rien passer ni transparaître, ni le moindre coin de ciel bleu, ni le moindre rayon de soleil, ni le plus minuscule des nuages. Non, dès que je lève les yeux, il n’y a rien d’autre que du terne ou du lactescent et autant dire que la luminosité étant totalement absente ça ne me réjouis pas pour les photos que j’escompte prendre de ce parcours. Il va en être ainsi toute la journée ou presque. Ressemblant à un château fantôme, la vieille tour des seigneurs du Vivier domine tristement le village, un village complètement désert de surcroît, ce qui ne fait qu’ajouter à cette mélancolie ambiante. Enfin peu importe et il m’en faut plus pour me démoraliser. Je connais bien la ligne de départ pour l’avoir remarquée lors d’une balade que j’avais intitulée « Le Cami d’El Viver ». Elle est située « rue de l’église ». Je m’y dirige en ne m’arrêtant que pour photographier l’église Sainte Eulalie, quelques moineaux et un magnifique cerisier du Japon. Avec sa floraison si dense et ses fleurs roses superbement serrées, l’arbre a des petits airs de barbe à papa. Un panonceau est là et s’il n’indique pas clairement le « Fajàs d’En Baillette », la mention « Coll de Benta Fride - GR.36 – 1h55 » m’assure de la bonne direction à prendre, au moins pour le départ. Voilà un col que je connais par cœur pour y être passé des dizaines de fois et notamment avec mon fils lors d’un mémorable Tour du Fenouillèdes effectué en 2011. Ce col est situé sur une ligne de crêtes séparant les jolies vallées de la Désix et de la Matassa. Amplement occupées par des forêts, qu’elles soient domaniales ou communales, comme celle du Vivier, ces crêtes, on les appelle les « Terres Noires », à cause des strates de schistes noirs qui en composent sa principale minéralogie. Plus loin, dans la continuité, avec ses 1.310m d’altitude, le « Sarrat Naout » dresse son débonnaire et très boisé mamelon. Il constitue le plus haut sommet de la forêt domaniale de Boucheville, forêt dont l’épaisse et très diversifiée couverture végétale recouvre l’ensemble du secteur grâce à sa position géographique où tous les climats ; méditerranéen, montagnard et atlantique ; s’immiscent et y circulent avantageusement.  J’ai toujours adoré ce secteur, d’abord pour les panoramas qu’il peut offrir mais surtout car j’y ai presque toujours découvert une faune assez présente : cervidés, écureuils, renards, oiseaux et papillons. Quand à sa flore, elle est assez exceptionnelle avec de très nombreuses espèces, mais avec notamment des sous-bois truffés de narcisses jaunes et de jacinthes bleues et des prés où fleurissent plusieurs espèces d’orchidées. Pour toutes ces raisons, et outre le « Fajas d’En Baillette » , j’ai décidé que ces crêtes seraient l’autre objectif à cheminer. Ces crêtes doivent me permettre de remplir convenablement ma journée et j’ai bon espoir d’y faire quelques découvertes fauniques et floristiques. Me voilà donc sur le bon chemin mais déjà arrêté à discourir avec un aimable monsieur. Il vient d’ouvrir son garage et sort des pommes et du pain pour les donner à son cheval qui se trouve dans un pré en contrebas. Un cheval avec une belle robe noire, sans doute âgé, mais super câlin de surcroît. Je me laisse amadouer et lui donne une des deux poires que j’ai emportées en guise de dessert. Nous discutons un bon quart d’heures puis l’homme achève la discussion en m’indiquant qu’il y a peu de temps, le col de l’Espinas était encore enneigé. Je lui dis que je n’irais probablement pas jusque là mais le remercie néanmoins de cette information. Je laisse le brave homme, son cheval qui est bien à son image, et poursuis l’itinéraire. J’évite d’emprunter le G.R.36 qui me servira au retour et prend soin de suivre le balisage jaune bien présent en quittant la voie principale au profit d’une autre piste qui file à main gauche. C'est la voie la plus directe pour aller vers l'arbre. Je m’attendais à trouver un étroit sentier mais la piste cendreuse que j’emprunte est large et un peu monotone. Comme souvent, je tente de compenser cette monotonie en observant, selon moi,  tout ce qui mérite de l’être. Paysages alentours et flore printanière sont ainsi photographiés. Malgré ma quête permanente à tenter de les surprendre, les oiseaux nécessitent beaucoup plus de patience et de tentatives pour obtenir quelques bons clichés.  Si les petits passereaux sont de toute évidence les plus nombreux à proximité du village ; les mésanges et les fauvettes notamment ; l’éloignement de ce dernier et le temps passé à faire des photos permet bien d’autres observations. C’est ainsi que les merles noirs puis les geais prennent à tour de rôle le relais, leurs chants bien différents rompent le silence et emplissent la forêt au fur et à mesure que j’avance. Dans cette flânerie volontaire, je progresse bien malgré tout, car entre deux observations, la piste est suffisamment bonne pour que la marche s’effectue d’un pas très alerte. Parmi toutes ces considérations, la vision furtive d’un chevreuil à la lisière d’un bois sera le clou de la journée. Photos uniques au nombre de trois mais ô combien réjouissantes quand on a l’ambition de vouloir faire de la photo animalière en amateur. La piste finit par présenter un virage mais ma connaissance du tracé rectiligne plus un panneau gisant à terre m’incite à faire le choix de poursuivre un sentier qui entre dans l’épaisse forêt. Rien n’est écrit sur le panneau, ou tout du moins l’inscription qu’il y avait a été effacée par le temps. Il reste une balise jaune et cela suffit à me convaincre. De plus, dans cette haute et dense forêt, mon G.P.S ne capte pas les satellites et je ne peux que me fier à ma carte I.G.N et à mon impression. C’est la bonne ! Un chemin rouge, car amplement enseveli sous les feuilles mortes, vient remplacer la piste noirâtre. D’une forêt variée de divers feuillus, je passe très rapidement à une hêtraie ancestrale. Seuls de hauts buis et quelques buissons de fragons semblent être admis par ces hêtres de toutes sortes. Mes lectures m’ont appris qu’il y avait de nombreuses sous-espèces d’hêtres et donc de diverses formes mais toutes ou presque sont un seul et même arbre : le « Fagus sylvatica ».  Il y en a des petits, des gros, des carrément énormes car très vieux, de très droits au tronc unique, des tordus et d’autres carrément tortueux aux ramures sinueuses. Je marche enfin sans m’ennuyer car les chants puissants d’oiseaux se font entendre puis ces derniers se laissent voir et photographier. Il s’agit de pinsons peu craintifs ou alors très affamés. Ils descendent de la canopée renaissante et viennent se poser à même le sol, sans doute à la recherche d’une pitance faite de graines, d’insectes, de chenilles ou de larves que le printemps ressuscite. Quelques rouges-gorges et des troglodytes mignons les accompagnent mais sont plus craintifs et donc plus difficiles à photographier. A force d’être aux aguets, je finis par avoir le sentiment d’être observé moi-même. Mais non, ce n’est qu’une sensation, mais une sensation bien réelle car je m’aperçois que les hêtres ont parfois des yeux, des cils, des sourcils, une bouche, des oreilles ou un nez. Orchestrés par les nœuds et les fissures de l’écorce de certains arbres, je finis par y discerner des faciès, des visages, des regards. Dans certains troncs, sans doute séculaires eux aussi, les premières gravures, elles, sont bien réelles. Les scientifiques leur donnent le nom barbare de "dendroglyphes", du préfixe "dendro" signifiant "bois" et du mot grec "glyphe" signifiant "signe gravé". C’est ainsi que j’y découvre « Delph Arno 1999 » et un joli cœur gravé. Plus loin  « JF 98 » et dessous un hameau magnifique sculpté où l’on aperçoit clairement une petite chapelle. Quel talent !  Je lui décerne le titre de Champion du monde 98 de la gravure sur écorce ! Peu après, c’est un « JP » qui tente de nous faire comprendre qu’il est passé ici le « 15 XI 99 ». Finalement, le « Fajàs d’En Baillette » est là. Majestueux, somptueux, on le voit de loin, trônant un peu à droite de la clairière au sein de laquelle il a réussi à se développer jusqu’à atteindre des mensurations colossales. Quand on l’observe de très près comme j’ai enfin pu le faire et le photographier, on comprend qu’il est vraiment plus qu’un arbre. C’est devenu un ouvrage collectif ! Un manuscrit, un abécédaire, un grimoire, un livre d’amour, une amicale correspondance, un rébus, un répertoire, un agenda, un cryptogramme, un tableau d’algorithmes indéchiffrables, une cacographie, un cahier de dessins, un logogriphe,  une attestation de gravures et d'escalade. Oui cet arbre, c’est tout ça à la fois et bien plus encore !. Amplement gravé par des hommes au fil de son élévation ; on trouve désormais des gravures à plus de 4, 5, 6 mètres de hauteur ; il mérite amplement son épithète et son label de « remarquable ». Avec son système racinaire puissamment ancré au sol, on se sent bien petit à côté de lui. On comprend immédiatement qu’il survivra encore à bien des générations futures si aucun cataclysme ou bouleversement ne vient perturber ou rompre son existence si séculaire. Voilà plusieurs fois que je viens le voir mais c’est la toute première fois que je viens seul et l’envie d’y laisser une petite gravure me démange. Pas facile ? Sur son tronc, il y a de moins en moins de place ! Tout en prenant un en-cas, je m’essaye à y graver de petites initiales avec un minuscule Laguiole. « JG » me semble amplement suffisant et ce d’autant que dès que je gratte son écorce grise et blanche, une sève rougeâtre apparaît me donnant le sentiment d’une blessure. J’arrête là tout en repensant aux autres arbres que j’ai pu graver dans ma vie. Rares, ils sont au nombre de trois, celui-ci inclus. En 1968, quand j’ai connu Dany, nous avions gravé notre amour naissant sur un platane du boulevard Michelet à Marseille. Quelques années plus tard, nous n’avions pas retrouvé notre cœur et les initiales que ce dernier contenait. L’arbre ayant été tronçonné, tout avait disparu, sauf notre amour heureusement, qui lui a perduré. Le 18 août 2009, lors du Tour du Vallespir et au lieu-dit « la Cabane de la Devèse de Vallbonne », j’avais gravé (fort mal) mes initiales et la date, dans un hêtre (déjà !) lors d’une étape entre Batère et Saint-Guillem de Combret. En 2014, j’y suis retourné et la gravure, bien qu’encore parfaitement visible » s’était nettement cicatrisée. J’avais été ravi de ce constat car la blessure avait guérie. Voilà quelles sont mes pensées à l’instant même où il me faut quitter ce monumental « Fajàs d’En Baillette ». Je le quitte non sans un détour par les ruines du vieux cortal. Envahies par les lierres, je n’y décèle rien de bien intéressant sauf deux Tircis, papillons des bois que pour le coup je photographie puis déloge et qui partent se réfugier dans les hauteurs du « fajàs ». Après quelques photos de l’arbre séculaire et une photo souvenir, il est temps d’aller rejoindre la crête. Je fais le choix du petit sentier qui part vers l’est et passe au pied du Roc Courbe. A l’altitude de 916 m, et après le passage d’un portail, je tombe sur le panonceau du « Tour des Cabanes », balade que j’avais réalisée en mars 2013 depuis Prats-de-Sournia. De ce fait, je sais parfaitement où je me trouve, sauf que j’ai bien envie d’improviser en évitant les pistes que je connais trop bien. Le chemin partant à gauche rejoint le GRP Tour du Fenouillèdes et même s’il me remémore de bien agréables souvenirs, j’en connais tous les aspects. A droite, c’est le GR.36 descendant vers Sournia et là aussi, je connais tout ça par cœur. Ici, les deux chemins de grande randonnée sont communs. Un coup d’œil sur ma carte I.G.N et je fais le choix de traverser un pré, direction le Sarrat de la Carrette. Sur sa droite, un peu plus bas, il y a des pistes que je ne connais pas et j’ai bien envie d’aller les découvrir. En parcourant le pré, je ne doute plus avoir fait le bon choix, car outre deux corneilles qui semblent y trouver sinon leur bonheur au moins leur nourriture, ce dernier est jonché de magnifiques orchidées et les quelques arbres sont littéralement envahis par une colonie de Traquets. Traquets motteux ou oreillards ? En les photographiant, il est très difficile de les identifier car les deux espèces ont de nombreuses caractéristiques communes et notamment leurs couleurs où le blanc et le noir prédominent. Le Traquet motteux vit plutôt en montagne alors le Traquet oreillard a un habitat plus près de la mer et a une nette préférence pour le fond des vallées et les plaines. Mais ici à 900 ou 1.000 m d’altitude, suis-je en montagne ou est-ce encore la plaine ? Avec leurs queues assez courtes, j’aurais tendance à dire qu’il s’agit de Traquets motteux. Le pré descend en déroulant son tapis verdoyant vers des panoramas amples et grandioses et habituellement très beaux, sauf qu’aujourd’hui ce ciel si blême écrase tout. Je peste contre Météo France et leurs prévisions si « merdiques » parfois. Vers l’est et en contrebas, j’aperçois néanmoins Prats-de-Sournia mais derrière le village je ne vois qu’une succession de collines arrondies englouties sous une draperie de brume. Vers le sud, la Serre de Sournia est chapeautée par le Massif du Canigou encore très enneigé mais force de reconnaître qu’aujourd’hui, la montagne sacrée des Catalans n’a pas sa fascination habituelle. Je finis par atteindre la piste escomptée que je ne connais pas. Elle m’entraîne dans un bois où feuillus et pins à crochets se partagent l’espace. J’y découvre de bien jolis narcisses jaunes et des tapis de potentilles. Il est midi et je m’installe sur l’herbe pour déjeuner. Tout près de moi, un monceau de bois morts, résultat d’un important élagage, capte quelques oiseaux. Tout en mangeant, je m’essaye à souffler dans mes appeaux et presque aussitôt les sifflements attirent des pinsons et des mésanges. Plus surprenants, et après maintes hésitations en des vols circulaires, quelques becs croisés viennent se poster au faite de sapins. Plus ahurissant encore ; mais je pense que mes appeaux n’y sont pour rien ; un coucou gris vient chanter juste au dessus de ma tête. Je l’entends égosiller son chant lancinant fait de « cucouuuu» répétitifs mais je ne le vois pas. Lui non plus ne me voit pas d’ailleurs, car dès lors que je me déplace et qu’il me voit, il s’envole 50 mètres plus loin. Je plie bagages, adosse mon sac et me lance à sa poursuite. Poursuite essentiellement photographique bien évidemment. Je l’aperçois au sommet d’un grand arbre aux branches dénudées. Je m’approche et il s’envole un peu plus loin, et ainsi de suite sans que je puisse le photographier correctement, car une fois encore l’absence de luminosité est une mauvaise alliée. Par bonheur, son vol suit à peu de chose près le tracé de la piste forestière que j’avais envie de découvrir et quand il se pose, il a toujours une nette préférence pour les arbres effeuillés. Ainsi, aussi loin soit-il, je le vois. Le suivre ainsi devient un jeu, un jeu de piste qui parfois m’éloigne de la crête que j’avais envie de cheminer et qui désormais se trouve au moins 100 à 200 mètres au dessus de moi. Quand je sors de la piste, je me retrouve au milieu d’une végétation pas toujours affable pour ma peau. Hauts genêts, ronciers, cistes à feuilles de lauriers et rosiers sauvages sont des arbustes auxquels il vaut mieux éviter de se frotter. Le coucou s’habitue-t-il à me voir ? Est-ce les hauts genêts dans lesquels j’ai réussi à me planquer pour mieux l’approcher ? Toujours est-il que le voilà désormais à une bonne distance de mon objectif et de son zoom qui me permet de le fixer correctement. Il ne bouge pas et le voilà enfin immortaliser dans mon numérique. Je suis ravi mais je m’aperçois aussi que j’ai pas mal marché et que j’ignore où je me trouve. Au loin, le pic du Canigou donne le sentiment de vouloir disparaître sous un ciel bleu opalin. Un coup d’œil sur mon G.P.S pour connaître mes coordonnées puis sur la carte I.G.N et me voilà fixé sur ma position géographique. Je suis au lieu-dit « La Pépinière », presque en dessous du col de l’Espinas. Je rejoins la crête et trouve la clôture que je réussis à longer tant bien que mal. Elle m’amène à une piste se terminant devant un passage canadien et une barrière métallique. Je connais bien cet endroit et je pourrais même redescendre vers Le Vivier, mais il est tôt et je choisis de prendre le chemin qui file et monte vers le col de Benta Fride. Les chenilles processionnaires, en grand nombre, semblent vouloir m’accompagner. J’ai d’autant plus envie de marcher que les journées s’allongent, qu’il y a de jolies fleurs à photographier, que quelques papillons sont présents, que des mésanges charbonnières jouent dans les pins à crochets, que deux vautours fauves sillonnent le ciel presque à me faire peur. Un petit monde bien vivant pour lequel je suis venu. Le col de Benta Fride est atteint. Ici, à 992 m d’altitude, un panonceau m’annonce le Vivier à 1h50. Me connaissant, rajoutons-y une heure. Je ne crois pas si bien dire. Ici, je n’ai plus guère d’autres choix que de redescendre. Là, je fais le choix de longer la clôture, histoire de profiter encore un peu des derniers panoramas, fussent-ils affligeants aujourd’hui. En tous cas, me voilà sur le chemin du retour. Un peu plus bas, je retrouve la large piste forestière commune au G.R.36 et G.R.P Tour du Fenouillèdes. Agrémenté des fameuses traces blanches et rouges, un panneau de bois  mentionne « Le Vivier ». C’est le bon chemin, sauf qu’ici et d’emblée, de profondes cicatrices ont mutilé la forêt et fait disparaître le G.R.36 sous un fatras de bois et sous de profondes ornières où les marques de gros pneus ne laissent planer aucun doute quand à l’utilisation de puissants bulldozers et débusqueurs. Apparemment, une nouvelle piste est en cours de création sinon pourquoi cet affreux layon défigurant cette si belle forêt ? Cette nouvelle piste épargnera-t-elle les hêtres séculaires ? Je l’espère mais rien n’est moins sûr. Non, sans mal, je finis par retrouver le bon itinéraire dans tout ce désordre forestier. Balisage jaune, blanc et rouge, blanc et bleu, une borne peinte me rassurent très vite quand au bon itinéraire. Les ruines de vieilles cabanes confortent cette idée. Alors que je descends d’un bon pas dans cette forêt qui semble vide de toute vie, mon chemin croise avec surprise celui d’un jeune couple qui le remonte. Surpris je le suis, car si l’homme est à peu près convenablement habillé d’un jeans, d’une chaude chemise canadienne et chaussé plutôt correctement avec des souliers hauts et en cuir, la jeune femme, elle, est plutôt vêtue pour une sortie en boite de nuit que pour une balade en forêt. Un minuscule short moulant et très sexy, un tee-shirt qui ne l’est pas moins sur une poitrine généreuse et agréablement décolletée, des tennis légères et d’un jaune flashy, elle n’a rien de la randonneuse qui part à la découverte du « Fajàs d’En Baillette », car c’est bien là leur objectif. J’ai beau leur dire qu’ils se sont trompés de chemin mais l’homme n’a pas l’air de me croire. Je suis contraint de sortir ma carte I.G.N pour leur montrer où l’on se trouve, mais là encore il semble douter de mes paroles. Au fond de moi, je me dis qu’ils sont mal barrés. Il est déjà 16h et je doute fort qu’ils trouvent l’arbre remarquable et ce d’autant qu’aucun panonceau ne l’indique plus haut dans ce secteur, qu’ils n’ont aucune carte et encore moins de G.P.S. Etant décidés à poursuivre, je tente de les dissuader une dernière fois en leur indiquant qu’ils vont inévitablement tombés sur la large plaie tailladée par les bulldozers. Rien n’y fait. Ils semblent sûrs d’eux et je ne peux m’empêcher d’imaginer la jeune femme avec son short si ajusté entrain d’enjamber les chablis et autres arbres coupés. Je continue. Le silence revient car la forêt continue d’être vide et ce, malgré la présence du ruisseau de la Couloubrière qui commence à creuser son ravin. Or mis quelques violettes des bois, il n’y a rien de concret à mettre dans mon appareil-photo. Aux lieux-dits « Les Moles » et « Palmade », des vestiges en pierres sèches attirent mon regard et l’objectif de mon numérique. Dans ce dernier lieu, près d’un long mur en pierres sèches, des vestiges moins réjouissants car plus modernes sont les preuves évidentes de la sottise humaine. Tables et chaises en plastique renversées, panneaux stratifiés, cagettes, tous ces objets ont été laissés là, à l’abandon, dans ce bois où ils n’ont rien à y faire. C’est assez lamentable. En tous cas, si déjeuner dans les bois il y a eu, l’intelligence des pique-niqueurs, elle, était absente. Un peu plus bas, une affiche clouée à un arbre me rappelle à des souvenirs à la fois bons et mauvais, ceux de la tempête Klaus de 2009, de mon Tour du Vallespir et d’une étape mémorable qui devait m’amener au bien nommé Col du Miracle puis à Prats-de-Mollo. A cause des arbres couchés, cette affiche réclame la prudence et je ne peux m’empêcher de penser au couple que je viens de croiser. Un peu plus bas encore, le chant du ruisseau se fait désormais entendre. Il est parallèle au chemin mais traverse quelques prés où poussent d’énormes merisiers en fleurs. L’eau qui s’écoule, des fleurs dans les prés, quelques papillons voltigeurs et des oiseaux chanteurs semblent vouloir remettre en branle une apparence de vie. Peu après, cette vie se concrétise par la photo d’un magnifique Loriot. Du côté d’Urbanya, j’ai déjà aperçu cet oiseau rare par deux fois mais sans jamais pouvoir le figer. Sous un ciel un peu moins blafard que ce matin, l’approche puis l’arrivée au Vivier se résument à des photographies florales et à de nombreuses et laborieuses tentatives pour photographier des mésanges et des fauvettes qui s’ébattent dans les cerisiers fleuris. Un peu plus loin, un rapace noir se lance dans un vol statique avant de se raviser en me voyant. Au bout du chemin, le village est là avec son château ruinée et son église dédiée à ma petite-fille, Eulalie la bien nommée. Je retrouve le cheval noir du brave homme. Me reconnaît-il ? Toujours est-il qu’il vient quémander un peu de nourriture. Je fouille sans conviction et en vain dans mon sac à dos car à l’évidence aujourd’hui j’ai tout mangé. Il se plante devant moi ne comprenant pas pourquoi je ne lui donne rien. Je lui tend un peu d’herbe dont il n’a apparemment que faire. Il a raison car faut-il être bête pour donner de l’herbe à un animal qui n’a que ça sous ses sabots ? Donne-t-on du pain à manger à un boulanger qui a envie de manger autre chose ? Ma balade au « Fajàs d’En Baillette » se termine-t-elle sur cet échec ? Non pas vraiment car dans le canal du village ; continuité des deux ruisseaux que j’ai suivis ; une bergeronnette grise et un rouge-queue noir en ont décidé autrement. Ils m'offrent leurs couleurs et se laissent très gentiment photographier, le rouge-queue noir, peu craintif, venant même me braver sur la balustrade du pont où je me trouve. Cette randonnée, telle qu’expliquée ici, a été longue de 19 kms avec des montés cumulées de 1.500 m, égarements volontaires sur les crêtes inclus. Rien bien évidemment ne vous obligera à accomplir ce circuit tel que je l’ai réalisé moi-même et après la découverte de l’arbre, vous pourrez vous cantonner au G.R.P Tour du Fenouillèdes et à son col de Benta Fride, raison pour laquelle vous trouverez sur ma carte explicative les deux tracés : celui réalisé et celui conseillé qui est long d’environ 13 km, pour des montées cumulées de 980 m et un dénivelé de 566 m entre le point le plus bas au Vivier (426 m) et le plus haut au col de Benta Fride (992 m). Carte I.G.N 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

 

(*) Label attribué en mars 2014 par l’association A.R.B.R.E.S.

(**) Comme la plupart des arbres, l'hêtre a sa propre étymologie, ses propres histoires ou légendes. Voici celles qui nous ont été laissées par Jacques Brosse, naturaliste, philosophe et historien (1922-2008) dans son livre " Les Arbres de France - Histoire et légendes" paru chez Plon en 1987.

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

 

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Le Circuit Autour du vallon de la Désix depuis Sournia

Publié le par gibirando

  

Diaporama sur la musique "Oblivion" d'Astor Piazzolla jouée par le violoncelliste Stjepan Hauser et le Zagreb Philharmonic Orchestra

Le Circuit Autour du vallon de la Désix depuis Sournia

Le Circuit Autour du vallon de la Désix depuis Sournia

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Jeudi 25 mai 2017. Il est 10h quand nous garons la voiture sur le parking de la cave coopérative de Sournia. 4 jours après le long « Circuit des Clôtures » réalisé à Urbanya, nous voilà de nouveau d’attaque pour une autre balade pédestre. Un peu plus courte et beaucoup moins difficile, il est vrai. Le grand beau temps est toujours là et comme la forme physique aussi, autant en profiter. Pour Dany et moi, ce n’est pas si souvent que les petits bobos et parfois même les gros ne viennent pas contrarier et compromettre nos sorties conjointes. Marcher le plus souvent possible pour partager les beautés de la Nature a toujours été notre principal dessein et parvenir à le faire ensemble reste toujours un grand plaisir. Aujourd’hui, j’ai choisi un « Circuit Autour du vallon la Désix ». « Autour de la Désix », c’est le nom que la plupart des randonneurs donnent à cette jolie petite boucle au départ de Sournia. Alors bien évidemment autant conserver ce nom-là. Moi, j’y ai simplement rajouté le mot « vallon » car c’est bien autour et en balcon au dessus du vallon de cette rivière que s’effectue 99% de cette randonnée pédestre, les 1% restant représentant l’essentiel de l’objectif du jour, c'est-à-dire « atteindre les rives de la rivière et tenter d’aller s’y rafraîchir quand le temps s’y prête voire aller y pique-niquer seulement si la météo est peu moins favorable ! ». Aujourd’hui, vu la luminosité du ciel et la chaleur des premiers rayons de soleil, je pense qu’on pourra aisément faire les deux. Bien sûr, quand je parle de vallon, il ne s’agit en fait que d’une courte portion située au sud-est de Sournia car la rivière Désix, elle, est  longue de 32 km. Elle prend sa source non loin du Roc des 40 Croix et finit sa course près d’Ansignan à l’endroit même où débute le lac de barrage de Caramany. Si je veux être plus précis et vous donner d’autres références pédestres, sa confluence avec l’Agly est à quelques mètres du départ de deux randonnées que j’ai déjà décrites dans ce blog à savoir le « Sentier des Oiseaux » et le « Sentier des Dolmens en Fenouillèdes ».  Autre référence pédestre, la boucle d’aujourd’hui est en grande partie identique à celle que j’avais intitulée le « Circuit des Ponts romains », la différence se résumant au fait que dans les « ponts romains », j’avais fini au plus près de la rivière jusqu’à être contraint de la traverser déchaussé et pantalon relevé, alors qu’ici, nous aurons qu’une vue aérienne du vallon. Une vue tronquée tant ce vallon est extrêmement boisé. En tous cas, mon idée première est de le faire découvrir à Dany car j’avais pris énormément de plaisir lors des « ponts romains ». Ces ponts restant au programme, c’était là un point capital qui m’a fait choisir ce circuit. Comme indiqué en préambule, le départ depuis la cave coopérative de Sournia reste le même. La suite aussi, car après avoir emprunté la D.619 en direction de Campoussy, on délaisse la route peu après la station d’épuration. Là, il faut poursuivre sur la piste DFCI F80. Le parcours est très simple jusqu’à atteindre une barrière où là, il faut prendre à gauche en direction du lieu-dit La Ribasse. Un étroit sentier vient prendre le relais de la piste. Ce sentier descend dans le ravin de la Ferrère où le premier pont romain se découvre. C’est le pont dit des Mandres ou des Renardes. Ici, malgré un chaud soleil,  la fraîcheur est de mise car le pont est en sous-bois, mais la profondeur de la Ferrère bien insuffisante pour un bain intégral. Dany s’en moque car un bain de pieds lui suffit mais moi, j’ai passé l’âge de « faire trempette » et seule une vraie immersion en eaux profondes me ravit. Elle me tente d’autant  que cette journée printanière s’y prête pleinement ; et en outre, j’estime que me baigner loin de la foule bruyante des plages roussillonnaises reste un privilège bien trop rare. En tous cas, peu de personnes la mettent à profit. Alors avec Dany, nous décidons de « couper la poire en deux » ou si vous préférez « de nager entre deux eaux ». Les deux expressions sensiblement similaires vont bien, puisque on décide de pique-niquer ici et j’irais ensuite me baigner au second pont romain dès le casse-croûte terminé. Aussitôt dit aussitôt fait tant je languis la baignade  Ce second pont, c’est celui dit « des Chèvres » et quoi qu’il arrive, il faudra le traverser pour poursuivre cette balade. Dans l’immédiat, la balade attendra que je me sois baigner et Dany aussi. Il faut dire qu’après le « Circuit des Clôtures » et sa vingtaine de kilomètres, la baignade, les bains de soleil et le repos sont des primautés qui ne se discutent pas. Dany acquiesce. Quoi qu’il arrive, nous finirons cette boucle mais dans l’immédiat, le temps est au « bon temps » et l’heure à la « bonne heure », celle de mettre la pédale douce ! C’était notre objectif en venant ici, d’être au plus loin de la performance sportive. Aujourd’hui, ce ne sont  ni les gros et petits poissons filant entre les pierres, ni les gerris planant à toute vitesse à la surface, ni les gros crapauds bubonneux empressés de rejoindre les berges, tous apeurés par mes « ploufs », qui vont changer mon envie de baignade. Je n’ai pas peur d’eux. J’ai envie de me baigner et comme l’eau n’est pas si fraîche que ça, j’ai bien envie d’y passer quelques temps. Un agréable et chaud soleil semble en accord avec cette savoureuse visée et aide à combler les intervalles entre deux immersions. Après un bain plein de fraîcheur, quoi de mieux qu’un brin de sieste au soleil ? A bien y réfléchir, avec son joli nom, me rafraîchir dans la Désix est presque devenu un rituel. Pour moi, après celle d’Urbanya, elle est sans doute devenue la rivière des Pyrénées-Orientales la plus régénératrice de mes balades. Je me souviens notamment d’un arrêt fraîcheur indispensable lors de la dernière étape du Tour des Fenouillèdes réalisé en 2014. C’était au lieu-dit les Albas, entre Pézilla de Conflent et Ansignan, mais en réalité, il y a eu bien d’autres lieux et d’autres occasions où la Désix s’est trouvée là à point nommé. Lors d’une randonnée à la Foun del Loup ou d’une sortie photos sur le Sentier des Oiseaux par exemple. Simple et pure coïncidence mais surtout la rivière a très souvent des eaux claires,  accessibles et profondes pas endroit .Deux heures plus tard, l’eau a coulé sous le pont et nous décidons qu’y dormir ne doit pas devenir une habitude.  Nous levons le camp et franchissons le pont. Dessus comme le faisaient sans doute les chèvres qui lui ont donné son nom. Un sentier dallé de pierres s’élève et ce pavement laisse à penser que si des chèvres l’ont jadis emprunté, elles n’ont pas été les seules. Etroit, escarpé et donc peu aisé à cheminer, ce sentier entouré d’un murets en pierres sèches a tout les attributs du « vieux chemin muletier ». Certains prétendent que ce chemin serait aussi médiéval que le pont et certainement ont-ils raison au regard de tous les vestiges moyenâgeux dont dispose cette contrée. En regardant la carte cadastrale, on y découvre son nom : « Chemin de Prats à Trévillach » et le lieu-dit qu’il traverse ici : « Ouratori de Saissa ».  D’ailleurs, la montée se termine à proximité d’un oratoire dédié à la Vierge Marie et plus spécialement à Notre-Dame de Lourdes. C’est bien l’oratoire de Saissa.  Faut-il voir une corrélation entre le sentier et l’oratoire ? Probablement. La statuette de la Sainte Mère n’est pas là innocemment et les gens qui avaient pris l’habitude d’emprunter ce mauvais sentier trouvaient cet oratoire pour se recueillir et implorer la Vierge si nécessaire. Nous poursuivons, non sans avoir eu au préalable quelques tendres pensées à l’encontre d’êtres chers. Le chemin se stabilise et devient très rapidement une voie asphaltée. Cette voie, il faut la quitter dès lors que l’on aperçoit un cabanon sur la droite. Un large chemin de terre file dans sa direction. Il passe devant ce dernier et continue en longeant des amandiers, un verger puis une oliveraie.  Un panneau désigne ce chemin comme étant sans issue, mais n’ayez aucune crainte, il faut néanmoins l’emprunter. Effectivement, le chemin se perd et force est de constater qu’il n’y a pas d’issue, sauf qu’en continuant sur quelques mètres, on arrive au pied d’un muret qui n’est ni plus ni moins que le soubassement d’un autre chemin. Il est perpendiculaire au premier et file aussi bien à gauche qu’à droite et de ce fait, je me dis que nous avons du louper quelque chose quelque part bien avant et qu’il n’était peut être pas utile de pénétrer dans cette propriété. Je me promets de vérifier sur la carte I.G.N. Ce n’est pas trop grave puisque tout est désert aujourd’hui. Nous gravissons le petit muret puis prenons à main gauche ce nouveau chemin. Il file en balcon au dessus du vallon de la Désix et de la D.619, ouvrant ainsi à nos regards de nouvelles et belles perspectives. Il finit par atteindre la départementale mais manque de bol, il reste encore plus d’un kilomètre avant de rejoindre le centre de Sournia. Comprenant qu’il n’y a pas d’autres alternatives que celles d’emprunter le bitume sur plusieurs centaines de mètres, mais surtout très fatiguée par la répétition des kilomètres effectués en quelques jours, Dany décide de stopper au pied d’une carrière. Je lui propose de se reposer. Mais non, elle me dit  « j’arrête là, sois gentil va chercher la voiture ! ». C’est donc en solitaire que je finis cette jolie balade, Dany n’ayant pas d’autre solution que d’attendre que je vienne la chercher.  Ce « Circuit Autour du Vallon de la Désix »  est long de 9,5 km pour des montées cumulées de 780 mètres et un dénivelé de 215 mètres. C’est donc une randonnée plutôt facile à faire de préférence aux beaux jours afin de profiter de la fraîcheur ambiante au bord de la Désix. Une fois encore, cette balade a été l’occasion d’être en symbiose avec la Nature. Nous y avons découvert une quantité incroyable de fleurs, d’oiseaux et de papillons dont le plutôt rare « Damier des Knauties », lépidoptère diurne essentiellement présent en France dans les départements des Pyrénées-Orientales et de l’Aude et dont le statut de « vulnérable » le contraigne à être sur les différentes listes rouges des espèces menacées. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

 

 

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Le Cami d'El Viver (ou chemin du Vivier) depuis Saint-Martin-de-Fenouillet

Publié le par gibirando


LE CAMI D'EL VIVER depuis Saint-Martin de... par jullie68

Diaporama sur la musique de Loulou Gasté et les paroles d'Albert Simonin et son épouse Marie-Hélène Bourquin "Pour toi" plus connue car plagiée sous le nom de "Feelings" par Morris Albert puis reprise en français en "Dis-lui" par divers chanteurs dont Mike Brant.

Elle est jouée et interprétée ici par Princy Magoo Sax, Morris Albert et Al Martino

Le Cami d'El Viver (ou chemin du Vivier) depuis Saint-Martin-de-Fenouillet

Le Cami d'El Viver (ou chemin du Vivier) depuis Saint-Martin-de-Fenouillet

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Cette deuxième randonnée de l’année effectuée à partir de Saint-Martin-de-Fenouillet en direction de Le Vivier, je l’ai intitulé le « Cami d’El Viver ». Il s’agit d’une boucle de ma composition et à vrai dire pour lui donner un nom, les choix étaient multiples. Si l’on observe la carte cadastrale, on y trouve deux appellations  et je suppose qu’elles ont un rapport direct avec la direction dans laquelle on marche. Le « Cami de St-Marti » en se dirigeant de Le Vivier vers Saint-Martin et le « Chemin du Vivier » dans le sens contraire. Alors, j’ai coupé court et des deux dénominations, j’en ai fait une seule en y rajoutant ce petit accent catalan toujours aussi agréable à l’oreille et qui évite bien des confusions quand à savoir si l’on doit écrire le « Chemin de Le Vivier » ou le « Chemin du Vivier ». « Le Cami d’El Viver » sonne bien et j’y trouve même de surcroît cette petite bouffée de liberté bien en relation avec tout ce que j’aime dans la randonnée pédestre : « Vivre ! ». Et quand je lis sur le site de la mairie, que le village est le « poumon du Fenouillèdes », je ne peux qu’y trouver mon compte ! Oui, j’avais décidé de partir à la découverte du village de Le Vivier depuis pas mal de temps déjà. Je ne le connais pas et même si je suis conscient que janvier n’est pas la meilleure période pour une visite touristique, je suis déjà certain que le plaisir de marcher va pallier aux éventuelles désillusions. Je me souviens du village comme la ligne de départ d’une balade pédestre vers le bien notoire « Fajas d’en Baillette », hêtre multi séculaire de la forêt communale et c’est vraiment tout, c'est-à-dire « rien » de la commune.  C’était il y a très longtemps de cela et au minimum 20 ans ou 25 ans car ma fille, encore très jeune à cette époque-là, était, chose rarissime, venue balader avec nous. Autant dire que du Vivier, j’ai tout à découvrir mais je veux le faire sous deux conditions : voir un maximum de choses de son patrimoine mais le faire au cours d’une randonnée assez grande afin de me prouver qu’après les chutes à répétition et les problèmes corporels qui s’en sont suivis, les « bonnes » distances à accomplir ne sont plus un frein à ma passion. J’ai donc tant bien que mal étudié l’Histoire du village sur Internet mais force est d’admettre que les sites sont peu nombreux en ce qui concerne l’évocation de son patrimoine. Plus nombreux sont les renseignements concernant les Seigneurs du Vivier (*) ayant régnés sur le village et ses « très larges » environs. Ils semblent que cette famille aux multiples ramifications soit de la même « veine » que notre « sacré » Charlemagne. Elle a fourni au royaume de France, un nombre faramineux de vaillants chevaliers, soldats et autres serviteurs. C’est donc à partir de cet ensemble d’informations recueillies que l’envie d’aller voir Le Vivier a encore grandie. J’ai analysé diverses cartes sur Géoportail et de ces observations et presque d’elle-même une jolie balade à partir de Saint-Martin-de-Fenouillet est apparue comme par enchantement. Elle emprunte une partie du célèbre G.R.36, ce qui en facilite son élaboration. Il ne reste plus qu’à la concrétiser. Le 25 janvier, je décide de m’y atteler. Le temps n’est pas super mais suffisamment beau pour démarrer sans trop de crainte qu’il change en cours de route. A Saint-Martin-de-Fenouillet, je laisse ma voiture à la sortie nord du village sur une esplanade que je connais bien désormais pour y être venu à diverses reprises. Je passe devant l’église, remonte la rue de la Tramontane et trouve aisément les marques blanches et rouges du G.R.36. Je connais bien ce tronçon qui file vers La Lloubère pour l’avoir accompli, mais à l’envers, lors d’une randonnée que j’avais intitulé « le Circuit du Jardin Ensoleillé ». Il suffit de suivre les indications des nombreux panonceaux et le balisage bien présent du G.R.36 et l’itinéraire file plein sud sans trop de difficulté. On notera néanmoins de légers oublis dans la signalisation en atteignant la route asphaltée. Mon G.P.S et le tracé que j’ai enregistré pallient à ces difficultés mais pour être honnête, le G.P.S est surtout dans ma poche pour les parties non G.R.36 du circuit. Je quitte le bitume de la route en tournant à droite à hauteur d’une ancienne carrière de feldspath. De nos jours, la carrière a été investie par des « babacools » qui en occupent ses flancs et ont transformé le fond de son creuset en un jardin potager. Une fois sur le chemin, on domine la large entaille de la carrière où l’on peut apercevoir une yourte blanche, des escaliers et une passerelle, une roulotte et un kiosque joliment aménagé. Aucun doute, une vie retirée a repris ses droits dans ce lieu âpre et plus qu’insolite et je dis bravo à ceux qui ont eu le courage de s’y installer. Du courage, il doit en falloir pour vivre en harmonie dans ce lieu destiné d’abord à un dur labeur minier. Un bon et large chemin file rectiligne sur un terrain presque complètement dénudé et de ce fait, d’amples vues s’entrouvrent absolument de tous côtés.  Bien évidemment, l’œil est d’abord attiré en priorité par les quelques élévations enneigées et force est de reconnaître que ce n’est pas toujours des sommets que l’on a l’habitude de voir sous un manteau blanc. Il y a bien sur l’inévitable Canigou mais plus surprenant sont les pechs de Bugarach, Fraissinet et des Escarabatets que j’ai eu l’occasion de gravir à maintes reprises, mais jamais dans de telles conditions d’enneigement. Plus surprenant encore le Sarrat Naout et surtout cette « fameuse » Pelade que j’avais non pas gravie mais descendue l’an dernier au mois de février. Il y avait déjà un peu de neige mais pas la quantité d'aujourd’hui. La Pelade ressemble carrément à un domaine skiable. Au plus haut du plateau, c’est les ruines du château du Vivier qui apparaissent mais comme il constitue un des principaux objectifs du jour, pour l’instant je m’en désintéresse un peu. Plus intéressant sont les oiseaux qui occupent un bosquet de chênes rouvres et quelques feuillus. Il y a bien sûr les inévitables mésanges charbonnières mais les mésanges à longue queue y sont les plus nombreuses. Je passe presque une heure à essayer de les photographier avant d’y parvenir avec des résultats somme toute mitigés. Autre satisfaction à cette patience, un groupe de pinsons et de bruants viennent se poser alors que je me planque au sein  d’un fourré. Je repars néanmoins ravi de ces quelques clichés qui viendront alimenter mon bestiaire photographique. Le chemin descend vers un vallon au lieu-dit Pufféré. Le G.R 36 s’oriente vers l’ouest mais il est déjà temps de le quitter. Pourquoi me direz-vous ? Pour deux raisons essentielles mais qui ne vont pas l’une sans l’autre : me diriger le plus directement possible vers la chapelle Sainte Eulalie que je veux découvrir et par la même occasion profiter d’une élévation dominant Le Vivier. J’ai bon espoir d’être à même de photographier le village avec une vue dominante et d’ensemble. Les vues aériennes de Géoportail que j’ai visionnées m’ont laissé imaginé que c’était possible. Une fois n’est pas coutume, j’ai vu juste. Les vues aériennes du Vivier sont belles et la chapelle Sainte Eulalie est là bien plus vite que je ne l’avais supposé. Pour cela, l’itinéraire emprunte un semblant de piste au sein de la garrigue, coupe quelques vignes, longe une clôture au bout de laquelle il suffit de pousser un portail débouchant sur un sentier.  Au sein d’un bois de chênes, ce sentier descend presque directement vers la chapelle. En arrivant en bas, j’ai cet avantage de tomber sur un maquignon qui mène deux énormes taureaux au pré et qui a la gentillesse de m’indiquer où elle se trouve. Elle est là à quelques dizaines de mètres seulement, cachée dans un sous-bois. La chapelle est fermée mais à vrai dire, je n’ai que peu d’espoir de découvrir un patrimoine accessible en cette mi-janvier. La saison n’est pas propice aux visites et le pays Fenouillèdes n’attire que peu de touristes, surtout à cette époque de l’année. Je profite néanmoins de l’aire de pique-nique pour déjeuner et des taureaux pour quelques photos dont le résultat final est de faire grimper mon adrénaline. En effet, séparé par un simple fil électrique, et alors que je le photographie plutôt tranquillement, qu’elle n’est pas ma frayeur de voir l’énorme taureau taper rapidement le sol de son sabot puis foncer vers moi avant de s’arrêter net devant le fil. J’ai détalé mais je pense que sans cet arrêt aussi soudain que l’était sa ruade, j’aurais eu droit à un violent coup de cornes. Nul doute que je retiendrais cette leçon « tauromachique » ! Je laisse les taureaux à leur pré et file vers Le Vivier, d’abord en suivant la rivière Matassa, direction le joli site du Moulin d’Avall puis grâce à un radier pour monter vers sa partie la plus ancienne. L’analyse de la carte I.G.N m’a démontré que les moulins étaient plutôt nombreux dans ce secteur du Fenouillèdes. De celui d’Avall, j’en prends quelques clichés. Depuis mon départ de Saint-Martin-de-Fenouillet, je marche comme si le maquignon et moi étions les deux seuls êtres humains sur cette terre et mon arrivée au Vivier ne semble pas vouloir modifier ce constat. Le haut du village paraît aussi vide que la partie basse que je viens d’emprunter et je monte vers le château ruiné sans jamais rencontrer personne. Si cette marche solitaire ne me dérange guère, j’ai toujours aimé le contact avec les gens du cru. Ils connaissent bien les lieux et sont souvent à même de répondre à quelques inévitables interrogations. Ici tout est désert et malheureusement il faut que je fasse avec. Heureusement et comme je l’avais imaginé les premières découvertes sont déjà là : c’est d’abord un grand crucifix au bord de la route puis les jolies ruelles s’élèvent offrant à la fois de beaux panoramas et la vision de belles maisons en pierres superbement restaurées. Une vaste place embrasse des vues circulaires et aériennes, vers le sud et la forêt communale et vers l’est et le Vallon de la Matassa où sommeille la chapelle Sainte Eulalie déjà découverte. Je précise car l’église moderne au bas du village porte la même dénomination.  Deux oratoires attirent le regard. Les deux sont dédiés à Saint-Roch, à cause du chien présent sur les statuettes de plâtre. Le château, ancien manoir seigneurial est là, enfin ce qu’il en reste, c'est-à-dire des pans de murs ruinés où se mêlent pierres et de vieux badigeons de chaux. Je ne vois rien de bien surprenant à la présence de ce mortier encore blanc car sur le site de la mairie, je me souviens avoir vu des photos où le château et sa chapelle attenante sont encore bien debout. Je me souviens même d’une date sur la photo : 1941. Le château serait donc tombé après. Pendant la guerre ? Je ne sais pas. A part les photos, je n’ai trouvé aucune explication (**) à cette décadence soudaine. Des toitures, il ne reste pratiquement rien mais des restaurations sont cours, avec notamment une étrange façade en lattes de bois et fenêtres modernes au niveau de ce qui était la tour ou le donjon. Je fais le tour de l’ensemble sans vraiment trouver où pouvait être situé le « fameux vivier » qui aurait donné son nom au village. On l’appelait paraît-il «Lo Pesquièr», nom donné en général à une retenue d’eau au milieu d’un champ entourée d’un muret. Un bassin. J’en suis à me demander s’il s’agit d’une certitude ou d’une simple hypothèse historique. Il me semblerait plus logique que le « vivier » fut dans le lit de la Matassa. Enfin peu importe, je pense avoir vu un maximum de choses possibles et il est temps désormais de descendre vers la partie la plus récente du village : colossale cave coopérative, église Sainte Eulalie également fermée malgré mon insistance à taper à sa porte, car il y a des voitures garées sur son parking, une jolie plaque de cocher, la mairie et sa façade « renaissance », je file directement vers la sortie du village dont cette partie est relativement bien animée mais essentiellement par des chasseurs, enfin je pense, au regard de leurs vêtements style « camouflage ». Direction le Moulin de Matassa que je trouve à l’intersection de la D.9 et de la D.7. Un panneau mentionne « propriété privée » mais tout est désert et je m’y risque car après tout je ne fais aucun mal et simplement que passer et assouvir mon goût de la découverte et de la photographie. Le lieu paraît si paisible et si magique à la fois. Une très belle bâtisse au bord même de la Matassa, mi-restaurée mi-ruinée dans un cadre bucolique à souhait, un joli petit pont médiéval comme j’avais pu en découvrir sur la Désix dans « les Ponts Romains » de Sournia et une imposante meule finissent de me confirmer qu’il s’agit bien du moulin espéré.  Le pont est bien plus petit que ceux découverts sur la Désix, je l’emprunte pour traverser la Matassa et me retrouver de nouveau sur la D.9. J’allume mon G.P.S. La prochaine intersection sur la droite est la bonne et un panneau « voie inondable » ne m’arrête pas. De nouveau la Matassa, un nouveau radier et me voilà sur un autre chemin. C’est celui des Gourgues. J’ai beau garder mon G.P.S allumé mais la vue de quelques oiseaux que je veux photographier me font perdre le fil de l’itinéraire. Je longe des serres abandonnées sur un champ en friches avant de m’apercevoir que le bon chemin est sans doute de l’autre côté d’un petit ruisseau qui se trouve sur ma droite. Je fais demi tour. Un cairn et une planche de bois sur le sol indique effectivement une autre direction. Le nez en l’air à observer des oiseaux, je les avais zappées. C’est la bonne direction. Un large chemin file presque rectiligne vers Fosse mais je stoppe en arrivant à hauteur d’un grand casot. J’y termine mon casse-croûte et profite des vues qui s’entrouvrent sur ce vaste vallon mais surtout du calme et du silence ambiant pour prendre un peu de repos et quelques photos ornithologiques. Chose assez rarissime de nombreux corvidés et rapaces se côtoient dans un court périmètre. Le temps est devenu gris et les photos seront sans doute ternes. Je repars en suivant le tracé de mon G.P.S. Il me fait traverser un champ mais j’aperçois déjà, droit devant moi, un panonceau indicatif : « St Martin de Fenouillet – 0H40 – GR.36 ». Je connais ce panonceau pour l’avoir déjà découvert lors d’une balade intitulée le « Circuit de Fosse par la Couillade de Ventefarine » mais cette fois-ci, j’emprunte sa direction. Le G.R.36 file vers une pinède puis s’élève rudement en direction  d’un bois de chênes, le traverse et finalement il se stabilise avant de rejoindre une garrigue à genêts puis les vignobles du Pla d’En Dallen. Ce secteur et ces chemins n’ont plus aucun secret pour moi car je retrouve également l’itinéraire du « Sentier d’interprétation des Hauts de Taïchac » que j’ai accompli à trois reprises. La fin en direction de Saint-Martin aurait du être qu’une simple formalité sauf que je me trompe et oublie d’emprunter le G.R.36 et finalement je rejoins le village par la route asphaltée. Mais peu importe, j’ai pris énormément de plaisir à marcher et à découvrir. Ma passion de la randonnée est intacte et j’espère que mes moyens physiques reviendront peu à peu. Cette boucle est longue de 11,7 km pour des montées cumulées de 567 m et un dénivelé de 122 m, le point le plus haut étant situé à 525 m au Pla d’En Dallen et le plus bas à 403 m sur le radier de la Matassa au lieu-dit le Moulin d’Avall. Carte I.G.N 2348 ET Prades- Saint-Paul-de Fenouillet - Top 25.

 

(*) Famille du Vivier : « La Maison du Vivier, au diocèse d’Alet, est une des plus anciennes du royaume. Elle descend des anciens Comtes de Narbonne et de Barcelone. Sa généalogie a été produite aux Chapitres des Comtes de Lyon lorsque M. l’abbé du Vivier de Lansac, abbé commendataire de Relecq en Bretagne, Comte de Lyon et ancien agent-général du Clergé a fait les preuves », voilà déjà ce que l’on peut lire dans « le Dictionnaire de la Noblesse » de M. de La Chesnaye-Desbois de 1775. Alors bien sûr, il faut lire l’ouvrage dont il est fait référence. Une édition de 1697 écrite en vieux français est disponible sur Internet. Elle s’intitule « Origine des seigneurs du Vivier du diocèse d’Alet en Languedoc » et a été éditée à Toulouse chez l’imprimeur Antoine Colomiez (1661-1717). L’ouvrage n’a pas d’auteur mais si on se fit aux dires du dictionnaire, il semble que l’abbé Pierre-Hyppolite du Vivier de Lansac (1694-1784) s’en est porté garant grâce à quelques preuves. L’abbé est lui-même un descendant de cette maison, né à Le Vivier et fils cadet du marquis Alexandre du Vivier, comte de Lansac 1er , colonel des Régiments d'Infanterie du Roussillon et du Languedoc (1675-1733). Il est prêtre du diocèse d’Alet pendant les premières années de sa vocation. On peut donc lui faire confiance dans la dite généalogie. Voici comment le livre commence : « La grande naissance et le véritable nom des seigneurs du Vivier du diocèse d’Alet en Languedoc ont été cachés pendant plus de 800 ans, sous le nom des seigneurs du Vivier tant seulement et quoique néanmoins, on est toujours regardé cette maison avec distinction à cause de la grande ancienneté, et du grand nombre des hommes d’une valeur extraordinaire qu’elle a donné dans tous les siècles et à cause même des biens considérables qu’elle a possédés, il s’en faut pourtant beaucoup qu’on ne l’ait regardée comme le rejeton d’un rang aussi illustre que celui dont elle est sortie, on sera persuadé sans doute d’avantage de cette vérité quand on saura que les anciens Comtes ou Vicomtes de Narbonne, c'est-à-dire ceux de la première race, dont il reste encore quelques branches dans cette province, et dont la maison du Vivier du diocèse d’Alet est la plus ancienne, étaient sortis du même rang que Charlemagne ». Rien de moins.  Plus loin, « Arnaud (Hernaud) de Beaulande selon Andoque, fut le premier comte de Narbonne et selon Catel, ce fut Aymeri son fils (autrement dit Duc ou le Comte Ingran, Ingorram ou Ildegran) mais quoi qu’il en soit ce fut l’un de ces deux qui fut le premier comte de Narbonne, et c’est de Guillaume de Narbonne, Seigneur du Vivier, et de la frontière du Roussillon, fils d’un fils de cet Aymeri et frère d’Eude de Narbonne, comte d’Orléans que descendent en droite ligne masculine les seigneurs du Vivier du diocèse d’Alet ». La suite est dans la même veine et l’auteur semble vouloir attribuer à cette famille une dimension extraordinaire qu’elle semble mériter, arguments chevaleresques à l’appui. Bien évidemment, je vous laisse le soin de lire ce livre si le sujet vous intéresse et d’analyser en détail tous ces personnages. Wikipédia est là pour vous y aider mais sachez par exemple que le nom de « Guillaume de Narbonne » dont il est fait allusion est sans doute « Guillaume 1er de Narbonne » puisque son père était aussi un Aymeri, le VI.  Ce prénom « Guillaume » n’est pas innocent et nous rappelle un des plus célèbres d’entre-eux,  le « fameux » Guillaume de Gellone ou d’Aquitaine plus connu sous son légendaire patronyme de Guillaume d’Orange. En tous cas il fut le premier Guillaume,  laissant même son prénom à toute une lignée : les Guilhelmides. Il était le petit-fils de Charles Martel et donc souvent présenté comme un cousin de Charlemagne. Ici et grâce aux célèbres chansons de geste, l’Histoire et les légendes finissent par s’emmêler. Démêler le vrai du faux, dénouer les fils de l’Histoire, c’est très « vivifiant » ! Après tout, n’est-ce pas normal quand on s’intéresse aux « Vivier », tous ces mots-là n’ont qu’une seule origine étymologique, le latin « vivi ».  « Vivre » !

(**) Le château du Vivier : Finalement, il semblerait qu'une partie du château se soit effondrée en 1950, sans raison si ce n'est son manque d'entretien et son oubli depuis que les seigneurs du Vivier l'avaient abandonné un siècle environ auparavant.

 

 

 

 

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Le Sentier des Oiseaux d'Ansignan

Publié le par gibirando

Diaporama sur la chanson des Beatles "Blackbird" de Paul McCartney et John Lennon chantée

successivement par Mike Massé, Sarah McLachlanKenny Rankin et Chris Colfer

Le Sentier des Oiseaux d'Ansignan

Le Sentier des Oiseaux d'Ansignan

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Le « Sentier des Oiseaux » d’Ansignan est, pour peu qu’on veuille s’en donner la peine, un vrai sentier de découverte des oiseaux. Donné pour une heure à peine de marche sur le panonceau de départ, nous en avons passé presque trois et de ce fait, nous avons aperçu plus d’une vingtaine d’oiseaux bien différents pour une dizaine de spécimens photographiés. C’est ainsi que nous avons pu voir des oiseaux aussi hétéroclites que des corbeaux, des cormorans, un ramier, une buse et bien sûr de très nombreux passereaux. Tous n’ont pas pu être photographiés car la photographie ornithologique est une activité difficile qui réclame qu’on y consacre du temps, beaucoup de patience et du silence et il faut un peu de chance aussi. Il aurait donc fallu y passer le double voir le triple du temps que nous y avons destiné et bien évidemment sortir le plus souvent possible de l’itinéraire conseillé. La lecture des nombreux panneaux prend également pas mal de temps mais elle est, sinon indispensable, du moins souhaitable si l’on décide d’accomplir ce sentier.  Mais bon, peu importe le temps passé et les résultats obtenus, car au départ cette courte balade avait de multiples objectifs. Primo et toujours à cause de ma cheville douloureuse, je ne pouvais guère marcher plus longtemps même si l’envie était là, secundo toujours cette passion pour la photographie des volatiles bien sûr et tertio encore et toujours ma curiosité avec le désir d’y amener un jour mes petits-enfants si la balade s’annonçait ludique comme je l’avais imaginé. En raison du pont-aqueduc romain, je savais que les oiseaux ne pouvaient pas y être le seul pôle d’intérêts. Ludique, elle l’a donc vraiment été et j’ai décidé d’y amener mes petits-enfants qui étaient présents pour les vacances de Pâques. Mon article et le diaporama qui l’accompagne sont donc scindés en 2 parties. Une première balade qui a été réalisée le 29 décembre 2016 et l’autre, avec les petits bouts de choux et leurs parents le 7 avril dernier. Si l’on veut réellement découvrir et photographier les oiseaux qui fréquentent ce joli coin de l’Agly, il est préférable d’y venir seul car le l’intérêt que l’on porte à la gente volatile n’est pas le même pour tout le monde et la plupart de randonneurs se contenteront sans doute de lire les panneaux explicatifs sans pour autant regarder autour d’eux les oiseaux habitant les lieux. Vouloir les photographier est un autre degré supplémentaire dans la difficulté. Quand au bruit, ce n’est pas la meilleure manière de les approcher et bien évidemment quand on est seul, on en fait peu ou pas et en tous cas nettement moins que lorsqu’on est en groupe. En outre, y venir avec des enfants équivaut à une cours de récréation totalement antinomique si le but recherché est la photographie ornithologique.  Le départ s’effectue du lieu-dit le Moulin situé au sud-est d’Ansignan à 1,5 km du centre du village. Un parking et une aire de pique-nique vous y accueillent avec de nombreux panneaux expliquant de manière didactique et donc intéressante le « Monde fascinant de la Nature et des Oiseaux ». Si les enfants s’intéressent à ces premiers panneaux, la balade est déjà sur de bons rails. Vous pourrez donc agréablement jumeler la petite balade-découverte et un pique-nique et si les tables de cette aire sont déjà prises, sachez que d’autres tables sont également à votre disposition à proximité même du Moulin dans un superbe coin ombragé et verdoyant car encore bien plus près de la rivière Agly. Comme le balisage est parfait, l’itinéraire est d’une grande simplicité. Il emprunte un tout petit tronçon du Tour du Fenouillèdes se terminant à l’aqueduc romain. Pour moi, ce tour est cher à ma mémoire et synonyme de très bons souvenirs pour l’avoir accompli en intégralité, en 5 jours et avec mon fils en 2011. Ce court tronçon faisait partie de notre dernière étape entre St-Paul de Fenouillet et Trilla. Une étape qu’au départ nous avions pensé facile mais qui au demeurant avait été la plus « casse-pattes » des cinq. De ce fait, l’eau fraîche de l’aqueduc avait fait office de « thermes » opportuns pour soulager nos pieds endoloris. Après tout les Romains étaient bien les inventeurs des deux types d’ouvrages ! Après l’aqueduc romain, le sentier revient vers la ligne de départ en longeant la rive droite de Agly alors que le Tour du Fenouillèdes, lui, continue encore, et se poursuit en direction d’Ansignan dont une visite est toujours possible, sous condition de faire une petite entorse à l’itinéraire du Sentier des Oiseaux. Le village d'Ansignan est joliment perché sur une colline dominant le petit vallon mais à seulement 500 mètres de l’aqueduc. A l’aqueduc, un panneau résume l’histoire de ce magnifique ouvrage remanié à de multiples reprises, remaniements ayant engendrés de nombreuses versions historiques jamais formellement attestées pour la plupart d’entre-elles mais permettant néanmoins son fonctionnement présent. Le jour de notre deuxième visite, nous avons constaté de visu qu’il fonctionnait toujours et irriguait parfaitement le potager d’un charmant monsieur qui nous a rapidement expliqué le trajet alambiqué mais ô combien ingénieux et fonctionnel de l’eau. Les enfants, eux, ont bien évidemment adoré la partie tunnel de l’aqueduc et les différentes arches qui sont autant de cachettes leur permettant de disparaître de nos regards pendant quelques instants. Si on les avait laissé faire, je pense qu’ils auraient aimé encore plus jouer les équilibristes sur sa partie la plus aérienne. En général, les enfants aiment les élévations et se mouiller les pieds et l’enfant de 68 ans que je suis encore n’est jamais le dernier à prendre plaisir à ces espiègles distractions. De toute évidence, la balade plaît aux enfants mais également aux adultes car on peut aisément retrouver à la fois la vie rurale actuelle mais se projeter dans celle d’antan. Les deux doivent être très ressemblantes et seuls quels fûts en plastique, tuyaux en PVC et grillages sont là pour en illustrer les dissemblances dans la manière de régenter les jardins potagers actuels. Quelques gentils chevaux, poneys et autres ânes dans leur enclos donnent une touche champêtre à ce parcours et on imagine aisément que cette vision bucolique devait être la même il y a quelques siècles auparavant. L’Histoire raconte que de nombreux vestiges ont disparu emportés par les siècles et sans doute les crues de l’Agly. Le village romain qui était irrigué était situé au lieu-dit Le Moulin, non loin de la ligne de départ. Les restes d’un pont sont encore visibles. Ils sont situés à la confluence de l’Agly et de la Désix. Si les enfants ont du mal à tenir la concentration pendant cette heure de balade, et c’est normal, j’ai quand même acquis la certitude que mon petit-fils de 8 ans avait retenu quelques leçons : il sait désormais ce qu’est une Pie  grièche à tête rousse ou une Fauvette mélanocéphale. Il sait aussi qu’un aqueduc est un pont permettant de capter et de conduire de l’eau pour irriguer des jardins. Il sait que celui d’Ansignan était initialement romain. Il sait que certains habitants des Fenouillèdes sont appelés « lézards » (ceux de Felluns), à cause de leur goût immodéré pour la sieste. Il sait aussi qu’il est très fort à la course et nous l’a prouvé en battant sa mère à plate couture. Son père est encore meilleur que lui mais pour combien de temps ? Il sait aussi que le grand-père que je suis est super fort à la pétanque et que quand il s’agit de se lancer dans des parties acharnées, il n’est pas le dernier. Il a si bien retenu cette dernière leçon que depuis il m’a battu : 13 à 12 et donc sur le fil mais ça reste une très belle victoire dont il a toutes les raisons d’être fier ! Ma petite fille Eulalie, elle, a fini la boucle sur les épaules de son père, mais je pense que c’est plus par « cagne » que pour une réelle fatigue. Cette dernière journée sur le Sentier des Oiseaux a donc été bien différente de la première : moins d’oiseaux aperçus et photographiés mais une jolie balade quand même, couronnée d’un agréable pique-nique, d’opiniâtres parties de pétanque et d'une visite du barrage de Caramany. Moins d’oiseaux mais plus de bonheurs et les deux sont tellement plus beaux quand ils ne sont pas en cage ! Cette balade est donnée pour 3km et sans aucune déclivité (30 m seulement). Carte I.G.N 2348 ET Prades- Saint-Paul-de Fenouillet - Top 25.

 

 

 

 

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