• La Cabane de la Devèse de Vallbonne (1.697 m) depuis Léca (907 m) (Corsavy)

    Cette vidéo est agrémentée de la musique "I Girasoli" du compositeur et chef d'orchestre Henri Mancini, bande originale du film "I Girasoli" de Vittorio de Sica, en français "Les Fleurs du Soleil", en anglais "Sunflower"

    Cette jolie balade à la Cabane forestière de la Devèse (*) de Valbonne était inscrite sur mes tablettes depuis quelques temps déjà. La raison ? Mon idée première était une fois encore d’emmener Dany pour lui faire découvrir quelques tronçons du Tour du Vallespir que j’avais effectué en solitaire en août 2009. J’attendais une belle journée de printemps pour le faire, d’abord parce que marcher sous le soleil c’est bien mieux à tous points de vue, et ensuite car je savais que les abords de la cabane foisonnent à cette époque d’une flore incroyablement belle et variée et je voulais si possible prendre quelques beaux clichés de fleurs pour mon herbier photographique. Ça, c’était la deuxième raison. Une semaine avant, j’avais arrêté la date du samedi 28 juin si la météo venait à être favorable. Elle le fut, mais pour Dany, ses douleurs articulaires doublées d’une sciatique en avaient décidé autrement et elle n’était pas du tout opérationnelle pour effectuer les 17 kilomètres de la boucle envisagée.  Une fois encore, je fus contraint de partir seul et quand je suis arrivé à Léca, point de départ de cette jolie balade, j’étais persuadé que j’allais passer une nouvelle journée de marche plutôt très solitaire. Il est 8 heures quand je laisse ma voiture sur le parking du village. Je connais parfaitement les lieux pour y être venus à plusieurs reprises pour randonner vers « le pic de la Souque et la baraque du Faig » notamment, jolies balades que j’ai déjà expliquées dans mon blog. Comme un automate, je me dirige vers le petit pont métallique qui enjambe le Riuferrer et de l’autre côté, je prends aussitôt à droite le petit sentier balisé en jaune. Je commence immédiatement à grimper dans la forêt en suivant non plus le Riuferrer mais son petit affluent le Prat de Cerball que je traverse un peu plus haut. Cette forêt très touffue où les panoramas sont plutôt rares c’est celle du Bois de Cardebère. Chaque fenêtre est donc prétexte à un arrêt. Des arrêts très brefs, il faut bien le reconnaître tant les vues restent limitées.  Le sentier file désormais en balcon sur le Riuferrer mais si j’entends son ronflement, le torrent je ne le vois jamais. Voilà déjà presque une heure que je marche quand soudain au sommet d’un collet herbeux, je surprends un énorme sanglier entrain de fouiner le sol de son groin. Sur le moment, je pense qu’il s’agit d’un vieux solitaire, tout comme moi aujourd’hui. Il détale, s’arrête, repars puis s’arrête une nouvelle fois. Lors du deuxième arrêt, qui lui aurait été sans doute fatal si j’avais été un chasseur autre que d’images, j’ai le temps « d’armer » mon numérique et voilà le porcin sauvage définitivement immortalisé dans la carte mémoire de mon appareil photo. Je continue et quelques mètres plus loin, et tel un fin limier, c’est toute une harde avec petits marcassins et grosses laies que je vais lever mais cette fois-ci la surprise est telle qu’il n’y aura pas de photos. Tout ce magnifique petit monde décampe dans le bois sans s’arrêter cette fois-ci. Deux minutes plus tard, un jeune homme et ses deux chiens me dépassent. Les chiens, sans doute très jeunes,  n’arrêtent pas de me faire des fêtes et le solitaire que je suis ne se sent plus vraiment seul à cet instant. Par pour longtemps, car le jeune homme et ses chiens poursuivent leur chemin vers le col de l’Estagnol et moi le mien vers le cortal Triado et son ruisseau éponyme. Sur un sentier moussu, le frais ruisseau est vite traversé et les ruines du cortal et les feixes d’antan sont déjà là. Dans le sous-bois, les feuilles mortes remplacent la mousse mais les senteurs d’humus et de terreau restent omniprésentes. Alors, que j’ai repris ma marche calme et solitaire, soudain un jeune homme arrive en courant à tout berzingue en face de moi. Je suis sur le point de m’écarter pour lui laisser le passage mais il s’arrête net à ma hauteur à peine essoufflé. « Je vais bien vers Saint-Guillem ? » m’interroge-t-il. Je lui réponds « Non, par là, vous descendez vers Léca» et j’ai juste le temps de rajouter « Saint-Guillem, c’est par là » qu’il est déjà reparti d’où il venait, toujours en courant comme si le diable était à ses trousses. Il portait un dossard et un Camelbak, ça j’en suis sûr. Un quart d’heures plus tard, et alors que je tente mais en vain de photographier un couple de mésanges bleues qui volètent de branches en branches, c’est un groupe d’une vingtaine de coureurs qui maintenant foncent vers moi. Le sentier est étroit et je me retrouve dans la même situation qu’avec le coureur précédent mais cette fois-ci, les premiers arrivés stoppent devant moi et me laissent le temps de leur expliquer leur erreur. J’ai même le loisir de sortir mon bout de carte IGN sur lequel figure le tracé que j’ai enregistré dans mon GPS. Ils comprennent aisément qu’ils ont loupé une bifurcation du côté du lieu-dit le « Bac de la Cova dels Porcs ». Le temps d’arriver moi-même à ce croisement de sentiers et je vais encore remettre une bonne douzaine de coureurs dans le droit chemin. Je l’avoue, ces égarements me paraissent assez incompréhensibles car plusieurs branchages ont été mis en travers du chemin pour éviter justement de descendre vers Léca et orienter les coureurs vers l’itinéraire du Tour du Canigou, commun ici avec le Tour du Vallespir. Malgré ces branchages, malgré un panonceau Tour du Canigou et malgré une bannière « Décathlon », de nombreux coureurs ont loupé le bon itinéraire, alors je rajoute quelques branches supplémentaires en travers du sentier transformant ainsi la descente vers Léca en une barricade quasi infranchissable. Alors que je grimpe désormais vers la Devèse de Vallbonne, me disant que je ne serais plus là pour remettre dans le droit chemin, les éventuelles « brebis égarées », le gros des concurrents arrivent derrière moi. Finalement, j’apprends d’un concurrent presque aussi âgé que moi qu’il s’agit de l’Ultra Trail du Canigou intitulé « Canigou Aventure », partit ce matin de La Bastide et retour après une boucle de 84 kilomètres autour du massif. Au-delà de cette distance qui me paraît assez incroyable, un autre concurrent m’indique que le règlement de la course ne prévoit aucun classement ni aucun prix à gagner, mais seulement deux points à glaner pour avoir le droit de  s‘inscrire à l’Ultra Trail du Mont-Blanc mais uniquement pour les heureux arrivants. Après 6h30 de course et à la tête de certains concurrents qui ne vont guère plus vite que moi, je commence à douter de leur capacité à aller au bout pour gagner ces deux petits points que je trouve plutôt dérisoires. Enfin chacun son truc et comme à mon habitude, moi je flâne, je contemple, je m’émerveille, je photographie tout et rien et bien évidemment je laisse passer sans problème tous les concurrents qui arrivent à ma hauteur. Il va en être ainsi jusqu’à la cabane de la Devèse et bien plus tard encore après mon arrivée à celle-ci. Pourtant dieu sait si je vais m’arrêter. D’abord pour photographier les jolies fleurs que j’étais venu chercher et ensuite pour retrouver avec beaucoup d’émotion la vieille balafre d’une gravure que j’avais taillé avec mon canif dans l’écorce d’un grand hêtre lors de mon Tour du Vallespir. Cinq années se sont écoulées depuis et la gravure a bien changé. Les plaies rougeâtres de mes initiales et de la date se sont transformées en de fines cicatrices grisâtres. Je constate avec plaisir que la nature a repris ses droits et que la blessure que j’avais infligée à cet arbre s’est auto-guérie.  Je monte vers la cabane, m’y arrête et tout en contemplant les paysages grandioses que j’ai devant moi, je regarde passer les derniers retardataires. Au bout d’une demi-heure, plus personne ne passe et je me retrouve enfin seul au milieu d’une véritable volière en liberté.  Soudain, et alors que je photographie avec plus ou moins de bonheur quelques oiseaux et notamment un merle juvénile peu craintif, un homme monte vers la cabane et se dirige vers moi. Il se présente comme étant le « coureur-balai » de la course « Canigou Aventure ». Il me demande si je participe à la course mais avec ma réponse négative, il veut surtout s’assurer de l’instant où j’ai vu les derniers concurrents passer. On discute un bon moment de ma présence ici, puis semblant tranquillisé par mes centres d’intérêts, il repart. Le merle est parti lui aussi mais bien d’autres passereaux virevoltent encore autour de moi et je prends beaucoup de plaisir à tenter de les photographier le plus souvent en vain. Peu importe ma réussite à figer des oiseaux dans mon appareil photo car je profite enfin de ma totale solitude pour me ressourcer en écoutant mon baladeur MP3 et en pique-niquant sur la pelouse de la cabane. Quand j’ôte les écouteurs de mon baladeur, les musiques douces du groupe Secret Garden laissent la place aux seuls gazouillis des oiseaux entrecoupés parfois des meuglements de quelques vaches en estives qui paissent un peu plus haut, sur les flancs pentus de la Devèse. Je passe plus d’une heure autour de la jolie petite cabane,  à courir la montagne, à chercher des fleurs et à pourchasser les oiseaux et les papillons avec mon numérique. Je ne rentre à l’intérieur de la cabane que pour prendre quelques photos souvenirs. Il faut dire que le mobilier y est plutôt sommaire avec une table, des bancs, un petit poêle et des bat-flancs fait de quelques planches. 6 personnes peuvent y prendre place et encore, à condition que deux d’entre-elles acceptent de dormir avec leurs têtes à quelques centimètres du plafond. Quand j’ai préparé cette randonnée, j’ai lu qu’un berger l’occupait parfois à partir du mois de mai mais aujourd’hui il n’y a personne et le refuge parait inoccupé. En tous cas, il est d’une propreté remarquable et tout est parfaitement rangé. De toute manière, avec la météo admirable que j’ai aujourd’hui, je suis bien mieux dehors. Après cette courte découverte, je récupère mon sac à dos que j’avais caché dans les genêts et file vers le col de l’Estagnol que j’atteins quelques minutes plus tard. Là et comme je l’avais fait en 2009, je traverse la verdoyante prairie pour me diriger sur l’autre versant car je sais que les panoramas sur la Vallée du Tech et son versant sud y sont sublimes. Je m’arrête sur le roc le plus haut pour contempler ces superbes paysages qui défilent à 180 degrés devant mes yeux. Les souvenirs reviennent. Ceux du Tour du Vallespir bien sûr mais aussi ceux d’autres balades que j’ai faite avec des gens que j’aime et avec lesquels je suis venu ici.  Sur la pelouse, une douzaine de chevaux sont là, à quelques mètres de moi. Certains se délectent de cette herbe bien grasse et sans doute pleine de fraîcheur pendant que d’autres roupillent profondément trouvant dans ce tapis de verdure un couchage idéal. Un rapace vole en rase-mottes et va se poser un peu plus loin sur le sommet d’un conifère. Au moment de repartir, à l’autre bout du col, c’est un beau chevreuil qui s’offre sans crainte à l’objectif de mon numérique. Après la foule de ce matin, je me dis que finalement la solitude et la marche silencieuse ont parfois du bon. Et pourtant ce n’est pas fini car au lieu-dit les Collettes, je m’arrête pour finir mon casse-croûte et là, une grive musicienne a décidé sans crainte de faire sa toilette au milieu d’autres passereaux et devant le zoom de mon numérique. Un grand spectacle ornithologique s’est déroulé devant moi et il est temps de repartir. Bien évidemment, après la vision de cette superbe nature en éveil et peu farouche, l’épilogue vers Léca va être bien plus monotone mais qu’importe, j’ai déjà eu l’occasion d’apprécier à sa juste mesure cette magnifique journée. 16h30, je quitte Léca, direction Montferrer car il m’est impossible de quitter le Vallespir sans aller me recueillir sur la tombe de mon ami Gilou parti bien trop jeune. Après tout, c’est bien lui qui m’a fait découvrir cette magnifique région pour la toute première fois. C’était, il y a 26 ans déjà et depuis je ne cesse pas de l’en remercier.  Cette balade est longue de 17 kilomètres environ. J’exclus mes errements autour de la cabane et au col de l’Estagnol. Le dénivelé est d’environ 790 mètres, le point culminant se trouvant à 1.697 mètres entre la cabane et le col de l’Estagnol. Lors du retour vers Léca, j’ai rencontré une dame qui voulait se rendre à la cabane avec aux pieds, une paire de « crocs » en résine et j’ai tenté de l’en dissuader. Elle a continué malgré mes recommandations. Non, ici toute la panoplie du parfait randonneur avec chaussures de rando à tiges hautes doit être de mise.   Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

    (*) Si le toponyme « Vallbonne » en « bonne vallée » est évident, le toponyme « Devèse » lui est bien moins connu. Il est pourtant très fréquent dans toute la France et tout spécialement dans le midi. Vous le trouverez parfois écrit « Devèze » avec un « z » et presque aussi souvent au pluriel qu’au singulier et très souvent aussi sans le « e » final, « Devès ». Dans notre région catalane et donc proche de l’Espagne, le « e » final est bien évidemment remplacé par un « a » et la carte IGN mentionne d’ailleurs la « Devèsa ». Toujours pour les mêmes raisons mais Languedoc inclus,  le « v » est parfois remplacé par un « b » et il n’est pas rare de trouver « Debès ». Dans d’autres régions, on trouve les mots « defès » « defaix », « deffaix », «debèso », « debezo », « devens », « devey » ou encore «devins » et "devois".  Tous ces mots ont bien évidemment la même origine latine « défensum » et occitane «Devès»  qui a finalement donné le mot de vieux français « défens ». Au 12eme siècle, un « défens » était un terrain clôturé et plus généralement une chose défendue. On l’utilisait par exemple pour désigner une terre seigneuriale interdite à la chasse par les manants. Au fil du temps, ce nom a été utilisé pour d’autres motifs et par exemple un « bois en défens » était un bois jeune dans lequel il était interdit de faire entrer des bestiaux ou bien de procéder à certaines coupes. Une « mise en défens » était une mesure administrative selon laquelle le pacage était interdit sur certains terrains. Toujours au fil du temps, la notion d’interdiction a plus ou moins faibli ou disparu et selon les régions, le « défens », le « debès » ou la « devèse » sont devenus des façons de désigner des paysages ruraux. Ainsi, cela pouvait être un « pâturage clos » mais aussi une « garenne », un « terrain en jachère » ou plus simplement une « zone de pacage » ou un « terrain communal ». Enfin et pour terminer, la plupart de ces toponymes cités ici sont devenus des noms de familles plus ou moins courants.

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