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Quand en ce 27 novembre 2022, nous nous lançons avec l’idée d’accomplir cette petite « Boucle de Marcevol au départ du lac de Vinça », c’est déjà une deuxième tentative. En effet, quelques mois auparavant, par une belle journée printanière, nous avions déjà commencé à grimper vers le superbe prieuré mais pour Dany une méchante tendinite à une hanche était venue tout gâcher. Cette douleur l’avait contraint d’abord à ralentir, puis à stopper pour se reposer un peu, puis carrément à faire demi-tour alors que nous n’avions accompli que la moitié de la montée. Ne voulant pas restée sur cet échec, Dany me tannait régulièrement pour que l’on y retourne mais les mois avaient passé et personnellement je pensais que les aspects positifs d’y aller étaient passés aussi. Autant l’avouer, je préférais une belle journée de début de printemps. D’abord parce que le ciel y est plus régulièrement lumineux, ensuite parce que j’ai constamment envie de recenser un maximum de fleurs et surtout je préfère que le Canigou soit amplement enneigé car c’est avec ce décor-là que cette randonnée est la plus merveilleuse. Ici, n’y a-t-il pas cette maxime désormais bien connue « Qui n’est jamais venu à Marcevol ne connaît pas tout de la beauté du monde ». Et pour cela, il est nécessaire que la météo soit parfaite. En effet, je gardais en mémoire l’image d’un merveilleux Canigou car magnifiquement enneigé lors d’une belle balade en solitaire faite en mars 2015 que j’avais intitulée « Le Prieuré de Marcevol et la chapelle Sainte-Eulalie depuis Vinça ». Ciel bleu denim, aucun nuage, un soleil juste tiède, un lac de Vinça comme un miroir bleuté, ce jour-là, tout s’était mis en place pour mon plus grand plaisir. Mais finalement, en cette fin novembre, en manque d’idée nouvelle sur ce type de distance (5 à 6km seulement) j’ai fini par craquer. Pendant un bon moment, j’ai même envisagé de rallonger un peu cette balade et de la pousser jusqu’à la « Chambre des Certitudes », cavité artificielle tapissée de cire d’abeilles de l’artiste plasticien allemand Wolfgang Laib. Toutefois, après avoir lu quelques infos, j'ai appris qu'il fallait se procurer une clé au prieuré et ensuite aller jusqu'au pied du Roc del Moro (Roc des Maures), soit 2km environ au-dessus de Marcevol. C’est donc un aller-retour de 4km qu’il fallait accomplir pour aller visiter cette « œuvre d’art » dont les principaux intérêts sont d’être une grotte creusée à coup de dynamite, grotte avec une belle vision sur le pic du Canigou ! Etait-il nécessaire d’être dans une grotte pour être admiratif du Canigou ? Je manquait de « certitudes » ! Je ne suis pas « certain » que Dany ait envie d’aller découvrir cette « Chambre des Certitudes » totalement factice ! J'ai laissé tomber cette idée.
Le départ s’effectue à 10h30 sous un ciel gris et bas, une météo fraîche, nuageuse et brumeuse, un Canigou invisible et pour couronner le tout, un lac de Vinça amplement asséché. Autant vous dire qu’en terme de décors, nous sommes au total opposé de ma randonnée de mars 2015. Malgré tous ces désagréments, secondaires il est vrai pour marcher, l’envie de trottiner et de découvrir est bien là. On fait donc en sorte de les oublier au plus vite. Quand à ma passion pour les fleurs, il me faut attendre Marcevol pour en photographier quelques-unes. Mais comme la botanique ne se résume aux fleurs, pour m’occuper un peu, je décide de me lancer dans un modeste recensement de la végétation du maquis de ce secteur du Conflent. Ici, en permanence, de très nombreux éléments dévoilent un patrimoine derrière lequel se cache des histoires et sans doute une Histoire qu’on voudrait bien un peu appréhender. Les paysages avec des murets et des terrasses en pierres sèches, où survivent quelques oliviers centenaires, sont traversés par des sentiers muletiers dallées. On imagine donc aisément que ces espaces étaient différents d’aujourd’hui car amplement consacrées à l’agropastoralisme. Outre les oliviers, on devait y cultiver la vigne mais aussi quelques céréales et légumes secs résistants à l’aridité des lieux. Un bel oratoire nous rappelle combien les croyances en la protection divine étaient ici ancrées. Si l’Histoire du prieuré et de l’église Sainte-Marie-des-Grades et celle plutôt récente du village de Marcevol sont assez bien connues, celle plus ancienne des hommes qui ont vécu et travaillé là, dans ce décor si merveilleux mais si rude à la fois, reste encore bien mystérieuse et en tous cas incertaine. Balisé des couleurs blanches et rouges, notre sentier s’appelle GR.36. Il représente un court petit bout d’un itinéraire long de 1.916 km reliant la Normandie aux Pyrénées. Enfin de compte, il est 11h50 quand nous atteignons l’imposant prieuré ; pas très folichon sous son premier aspect ressemblant à un rempart; nous constatons avec satisfaction que nous n’avons mis que 10mn de plus que le temps mentionné sur le panonceau de départ. Le prieuré étant fermé et apparemment occupé par des congressistes, nous ne visitons et photographions que les extérieurs sans trop nous éterniser, préférant passé du temps au village et ce d’autant, qu’un imposant groupe d’enfants est lancé dans une espèce de vaste chasse aux trésors. Ils courent en tous sens y compris dans nos jambes car le but est d'arriver le premier à trouver le Graal. Au village, nous faisons le choix de pique-niquer au point le plus haut où a été érigée une très étonnante table d’orientation métallique. Le ciel étant quelque peu passé du gris au bleu, nous y passons du temps, profitant de la sérénité du lieu, des belles dalles granitiques pour s’allonger un peu et des superbes panoramas. Puis, nous errons longuement dans le village et notamment autour de son église au nom si particulier : Sainte-Marie-des-Grades également appelée Notre-Dame des Escaliers où une étrange légende (*) circule. L’heure du retour étant venue, nous retournons devant le prieuré où se trouve le sentier censé nous ramener au lac de Vinça. Je suis d’autant plus heureux d’emprunter cet itinéraire que je ne le connais pas, mes différentes venues ici (diverses randonnées et Tour des Fenouillèdes) m’ayant toujours entraîné vers Arboussols. Il est 14h30 quand nous retrouvons notre voiture près du pont sur le lac. Malgré le mois de novembre qui n’est jamais le meilleur pour un photographe naturaliste, je peux m’estimer satisfait car j’ai réussi le tour de force de photographier quelques fleurs et plusieurs oiseaux, tous il est vrai aperçus au village ou à proximité. Si sur Internet, cette balade est donnée pour une distance de 5,5km pour 320m de dénivelé, voici les éléments que j’ai enregistré sur mon GPS, visite du village inclus : distance 5,9 km, dénivelé 325m (+578m/-253m) pour des montées cumulées de 438m. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.
(*) – Légende : Une légende locale rapporte que la mère de saint Lin, un des tout premiers papes, est inhumée dans l'église. Cette femme aurait traversé les parages, sous une très forte pluie, en portant un sac de farine qui serait restée sèche. À la suite de ce miracle, un pardon aurait été institué et aurait attiré une foule telle que les sentiers « bouillonnaient ».
Lors d'une visite du prieuré, vous aurez droit au support suivant. Il explique l'essentiel de ce qu'il faut savoir de l'édifice religieux.
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Quand j’ai imaginé de faire cette randonnée vers les sommets du « Sarrat d’Espinets et du Roc Rouge depuis le col des Auzines », je partais pas mal dans l’inconnu. En effet, sur Internet, aucun site, ni aucun topo n’évoquaient ces lieux comme des objectifs de randonnée. De mon côté, et concernant cette possibilité de rejoindre les 2 sommets, je ne gardais qu’un lointain souvenir d’une rencontre avec un groupe de randonneurs lors de la première étape d’un Tour du Fenouillèdes réalisé en 2011 avec mon fils. Alors que nous étions partis de Trilla pour rejoindre Eus, juste après le col Saint-Jean et sous un ciel plus que maussade, nous avions croisé un petit groupe de randonneurs. Encapuchonnés sous leurs ponchos ; comme nous l’étions nous-mêmes ; ils montaient vers le col que nous venions de dépasser. Après les bonjours d’usage, je m’étais permis d’interroger l’homme qui fermait la marche : « Bonjour, par simple curiosité où allez-vous avec ce temps pourri ? » lui avais-je demandé. Très gentiment, l’homme m’avait répondu « nous montons au Sarrat de l’Espinets et au Roc Rouge ». Après l’avoir remercié, notre conversation s’était arrêtée là, la météo ambiante ce jour-là n’incitant pas à s’éterniser en chemin. Ce n’est qu’en février 2022 que cette idée d’aller découvrir ces 2 sommets est remontée à la surface, alors que depuis le col des Auzines, nous partions Dany et moi pour une autre jolie balade intitulée « La Boucle de Tarerach ». Cette idée ayant germé, je l’avais inscrite sur le petit calepin où je recense toutes les randonnées potentielles. En analysant les cartes IGN et aériennes sur Géoportail et en effectuant quelques recherches sur Internet, l’embryon d’idée s’était peu à peu métamorphosé pour devenir une opportunité. En ce 10 novembre 2022, me voilà enfin au col des Auzines pour concrétiser cette idée et voir si ce germe peut devenir une jolie plante. Bien évidemment, j’ai longuement analysé le parcours, dessinant avec mon vieux logiciel CartoExploreur un tracé sur la carte IGN, tracé que j’ai enregistré dans mon antique GPS Garmin. Enfin, outre l’ascension des 2 sommets, j’ai également prévu une ample visite de Trévillach que je ne connais pas du tout, car si j’ai traversé le village à maintes reprises, jamais je ne m’y suis arrêté. J'ai dressé un liste du patrimoine à découvrir. Après avoir recensé quelques fleurs sur l’esplanade du col où je viens de garer la voiture, il est 10h quand je démarre sous un ciel merveilleusement bleu. Après avoir papoté au bord de la route avec deux cyclistes, GPS allumé en mains, je n’ai aucune difficulté à trouver le sentier montant vers le col Saint-Jean et ce, malgré l’absence totale de panonceau directionnel. Outre le GPS, je prête attention à quelques cairns bien placés et surtout à un balisage jaune et rouge propre au GRP Tour du Fenouillèdes. Malgré les 11 années qui se sont écoulées depuis que je l’ai accompli, c’est un bonheur de constater que le balisage reste toujours visible. Grâce à cette belle météo, la montée est agréable car elle offre déjà des panoramas très intéressants vers le Canigou et toute cette proche région. Elle est d’autant plus agréable que des passereaux peu craintifs se sont prêter au jeu de mes photos. 10h45, le col Saint-Jean est atteint. Je délaisse le chemin se poursuivant tout droit vers le Sarrat de l’Albèze et Trilla et prends la large piste DFCI F82 partant à droite. Là, quelques mètres plus loin, je fais confiance à mon GPS et quitte la piste au profit d’un autre chemin montant à gauche. Ce chemin est en pointillés noirs sur la carte IGN et de ce fait je pense qu’il est praticable. Ce sont les fameux « chemins noirs » chers à Sylvain Tesson. Mais ici, force est d’admettre que ce chemin devient très rapidement impraticable car amplement envahi par une végétation touffue et surtout infranchissable. Sauf à être insensible aux griffures, égratignures, écorchures et autres entailles diverses et variées, je ne vois pas comment je pourrais continuer par-là ? Je n'ai pas fait 20m que me voilà déjà obligé d’éponger quelques menus saignements sur mes mains et mes avant-bras. Ce chemin urticant, c’est à regret mais contraint que je le rebrousse. Je jette un coup d’œil à mon bout de carte IGN et sans autre choix, je suis contraint de poursuivre la piste DFCI F82. Finalement, je ne trouve aucun remord à emprunter cette piste. En apercevant Séquières et ses monuments, je me souviens d'une jolie balade réalisée avec Dany En effet, cette piste est très « roulante » et offre des panoramas proches et lointains à quasiment à 180 degrés, voire plus parfois et en supplément, j’y trouve très facilement le large layon montant vers le Sarrat d’Espinets. Que dire de ce sommet situé à 801m d’altitude, point culminant de la journée ? Si un large layon bien débroussaillé permet de l’atteindre assez facilement, le sommet lui-même est très boisé. Il faut donc se contorsionner tant bien que mal pour se frayer un chemin au travers des nombreux buis pour apercevoir un petit bout de l’autre versant de la colline. Pour moi, cette vision très réduite se résume à une vue aérienne d’Ansignan, à une petite portion des Corbières catalanes avec un Pech du Bugarach étonnamment très ennuagé malgré le grand beau temps régnant partout ailleurs. Pour le reste, j’ai beau chercher le pylône (Pyl) mentionné sur la carte IGN de mon logiciel mais ce dernier semble avoir disparu corps et biens. Le sommet est seulement agrémenté d’un caisson cimenté ressemblant étrangement à celui que l’on trouve au Pech de Fraysse, sommet du Mont Tauch, bien connu des randonneurs sous le nom de Tour des Géographes. Comme sur ce dernier, il y a au-dessus du caisson, un petit orifice central laissant imaginer que quelque chose y a été figé il y a très longtemps de ça. Était-ce le pylône en question ? Peut-être ! Comme à la Tour des Géographes peut-on imaginer qu’un appareil de mesure, signal de triangulation par exemple utilisé par Delambre et Méchain pour calculer la Méridienne de Dunkerque à Barcelone y a été installé voilà plus de 200 ans ? Sur Internet, je n’ai rien trouvé de tel mais je sais aussi que de très nombreux sommets, servant de points et de repères, ont été expérimentés avant d’être totalement abandonnés dans le calcul de cette Méridienne dite de France ou Méridien de Paris. J em'y perds ! Le Sarrat d’Espinets a-t-il fait partie de ces abandons ? Possible ! Alors que je m’essaie à une photo-souvenir, plus évidente est la présence de vautours fauves passant et repassant près du sommet. Malgré les rapaces, c’est un peu déçu que je quitte les lieux par un autre layon, continuité de celui que j’ai pris initialement. Il redescend lui aussi vers la piste DFCI F82. Dans cette descente, j’ai le plaisir de constater que quelques vues s’entrouvrent bien mieux que celles aperçues au sommet. De plus, je parviens à y photographier un sanglier parmi une harde détalant en étoile en me voyant. Je retrouve la piste où de nouveaux panoramas, une modeste flore et des arbouses bien mûres m’incitent à la flânerie. Parmi ces panoramas et de manière assez singulière, j’aperçois les objectifs de mes 2 plus récentes randonnées qu’ont été Quéribus (le Dernier Bastion cathare) et la Tour del Far. La piste m’entraîne vers le col de Las Couloumines où là je n’ai aucune difficulté à trouver le large mais très pentu chemin montant vers le Roc Rouge. Contrairement au Sarrat d’Espinets, une fois un peu de végétation franchie, plus rien n’empêche aux panoramas de s’entrouvrir. A 735m d’altitude, le Roc Rouge est une petite crête rocheuse dominant la Vallée de l’Agly et son barrage et permettant quelques jolies vues vers les Corbières catalanes et le pays Fenouillèdes, côté synclinal de Saint-Paul. Malgré une petite brise, j’y déjeune avec appétit sous le regard inquisiteur des vautours fauves semblant me poursuivre avec obstination. Qu’espèrent-ils ? Je préfère ne pas y penser ! En tous cas, ils n’ont de cesse de passer au-dessus de ma tête. Avec une horrible insistance « Ils passent et ils rapaçent » comme disait un humoriste dont je ne me souviens pas du nom en évoquant une blague sur les hirondelles. Il est presque 13 heures. Tout en dévorant un sandwich, je fais des va-et-vient sur la ligne de crête essayant de comprendre pourquoi ce Roc a été baptisé du qualificatif de « Rouge ». Finalement, je ne vois qu’une seule explication : de très nombreux rochers sont recouverts de ce lichen rouge orangé que l’on appelle « Caloplaque orangée ». Peu certain de la suite de mon itinéraire que j’ai modélisé en m’aidant des photos aériennes de Géoportail, c’est en suivant le tracé de mon GPS que je quitte le Roc Rouge, direction le Sarrat de la Bade. En fin de compte, je suis heureux de constater que j’ai tout bon. En effet, après un étroit sentier peu évident à distinguer dans cette dense garrigue, j’atterris sur une nouvelle piste. Sauf erreur de ma part, c’est la piste DFCI F166 déjà notée au col de Las Couloumines. En suivant les indications de mon GPS, je la remonte vers le col cité mais l’abandonne au profit d’un nouveau layon acquis à la garrigue, lequel ici a été très largement défriché. Ce layon est assez raide à descendre mais reste néanmoins « carrossable » pour tout marcheur aguerri. Au regard du nombre de petits bouts de laine accrochés à la végétation, je comprends immédiatement que ce chemin a servi à amener des ovins en estive. Après avoir atterri près d’un charnier ; apparemment réservé aux chasseurs du coin qui y jettent tout ce qui ne se mange pas ; mais aussi aux corvidés qui semblent se régaler de tous ces restes de venaisons ; la suite de l’itinéraire m’amène sans problème jusqu’à Trévillach. Là, il est temps pour moins de sortir la liste que j’ai dressée du patrimoine du village : table d’orientation, oratoires en nombre, calvaire, pont, lavoir, venelles, église romane, fontaines, mairie, maisons anciennes, monument aux morts, etc…. Mes nombreuses lectures à propos du village m'ont beaucoup appris et certains lieux ou noms vont me les remémorer avec une réelle satisfaction. Par bonheur, le village n’est pas si étendu que ça et après avoir coché toutes les cases ou presque (or mis l’église fermée et peut-être certains autres oratoires bien trop éloignés ou non trouvés ?), il serait temps pour moi de quitter les lieux et de terminer cette balade. Toutefois, en entrant dans le village, j’ai tellement noté de passereaux au sein d’une vigne que je ne veux pas partir sans avoir essayé d’en recenser quelques-uns. Je retourne au plus près de la vigne. Si les oiseaux sont encore là, ma présence les affole et les incite à partir se réfugier dans les arbres ou les buissons environnants. Si ce qui n’est pas pour me desservir, en immortaliser quelques-uns restent néanmoins compliqué. Ils reviennent dans la vigne. Finalement après plusieurs photos de quelques volatiles que j’estime correctes, je me décide enfin à quitter Trévillach. Voilà presque 2h que je « traîne » dans le village. Une fois encore, le tracé enregistré dans mon GPS m’indique le bon chemin car alors que je cherche la rue des Romarins ou Camp del Pla selon les cartes consultées, je comprends que cette voie est commune avec une nouvelle piste intitulée DFCI F84. Je l’emprunte. Alors que j’approche d’un petit pont enjambant le ruisseau dit de La Fount, me voilà soudain entouré d’une imposante nuée bourdonnante. Pas besoin d’être un illustre entomologiste pour constater qu’il s’agit de frelons. Ils sont jaunes et noirs mais bien plus gros qu’une simple guêpe. Bien qu’un peu tétanisé sur l’instant, je garde mon calme et assez étonnamment ni ils ne se posent sur moi ni ils ne m’approchent, voletant constamment et au plus près à environ 50 cm. Quel drôle de comportement ! Je continue d’avancer placidement vers le pont arrêtant de prendre des photos pour un minimum de gestes. L’absence de gestes ne changeant pas leur surprenant comportement, je m’essaie de nouveau à quelques photos. Les frelons continuent de m’accompagner mais je constate que l’essaim diminue peu à peu autour de moi dès lors que je m’éloigne du pont. Ont-ils jugé que je ne constituais pas un danger ? C’est ce que je pense. Je constate aussi que le gros de la troupe se concentre autour d’un endroit bien précis où un lierre grimpant s’élève au sein d’un arbre, envahissant en partie son houppier. Leur nid est-il enfoui dans ce lierre ou sont-ils là pour butiner les fleurs ? J’avoue que je ne cherche pas à le savoir. Je quitte les lieux aussi paisiblement que possible me demandant si ces frelons sont asiatiques ou européens ? Si je sais faire la différence à propos de leur nid, ici aucun nid n’est visible. Grâce à la belle photo d’un individu aux « yeux bridés », je n’aurais la réponse qu’une fois rentré à la maison. Oui, c’était bien des frelons asiatiques et j’ai le sentiment d’avoir eu beaucoup de chance. Après le pont, les frelons m’ont rapidement abandonné. Peu après aussi, je quitte la piste au profit d’un chemin s’élevant vers le Sarrat de l’Ours. Ici force est de constater que les fleurs sont plus nombreuses que sur l’autre versant du vallon. Au bout de la montée, je retrouve le tracé de liaison commun au GRP Tour du Fenouillèdes et au GR.36. Connaissant bien ce chemin pour l’avoir déjà emprunté à deux reprises (Tour du Fenouillèdes et Boucle de Tarerach), je n’ai aucune difficulté à me diriger vers le col des Auzines. Ainsi se referme ce joli circuit né d’une idée qui avait germé comme une graine et s’était peu à peu développée comme une plante dont on n’imagine pas qu’un jour elle puisse magnifiquement fleurir. Ce fut le cas. Tel qu’expliqué ici, ce circuit a été long de 11,4km, cette distance incluant toutes mes pérégrinations dans Trévillach. Les montées cumulées ont été de 548m. Le dénivelé a été de 282m entre le point culminant à 801m au Sarrat d’Espinets et le plus bas à 519m non loin du charnier des chasseurs. Cartes IGN 2348ET Prades-Saint-Paul-de-Fenouillet et 2448OT Thuir-Ille-sur-Têt Top 25.
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Cette deuxième randonnée de l’année effectuée à partir de Saint-Martin-de-Fenouillet en direction de Le Vivier, je l’ai intitulé le « Cami d’El Viver ». Il s’agit d’une boucle de ma composition et à vrai dire pour lui donner un nom, les choix étaient multiples. Si l’on observe la carte cadastrale, on y trouve deux appellations et je suppose qu’elles ont un rapport direct avec la direction dans laquelle on marche. Le « Cami de St-Marti » en se dirigeant de Le Vivier vers Saint-Martin et le « Chemin du Vivier » dans le sens contraire. Alors, j’ai coupé court et des deux dénominations, j’en ai fait une seule en y rajoutant ce petit accent catalan toujours aussi agréable à l’oreille et qui évite bien des confusions quand à savoir si l’on doit écrire le « Chemin de Le Vivier » ou le « Chemin du Vivier ». « Le Cami d’El Viver » sonne bien et j’y trouve même de surcroît cette petite bouffée de liberté bien en relation avec tout ce que j’aime dans la randonnée pédestre : « Vivre ! ». Et quand je lis sur le site de la mairie, que le village est le « poumon du Fenouillèdes », je ne peux qu’y trouver mon compte ! Oui, j’avais décidé de partir à la découverte du village de Le Vivier depuis pas mal de temps déjà. Je ne le connais pas et même si je suis conscient que janvier n’est pas la meilleure période pour une visite touristique, je suis déjà certain que le plaisir de marcher va pallier aux éventuelles désillusions. Je me souviens du village comme la ligne de départ d’une balade pédestre vers le bien notoire « Fajas d’en Baillette », hêtre multi séculaire de la forêt communale et c’est vraiment tout, c'est-à-dire « rien » de la commune. C’était il y a très longtemps de cela et au minimum 20 ans ou 25 ans car ma fille, encore très jeune à cette époque-là, était, chose rarissime, venue balader avec nous. Autant dire que du Vivier, j’ai tout à découvrir mais je veux le faire sous deux conditions : voir un maximum de choses de son patrimoine mais le faire au cours d’une randonnée assez grande afin de me prouver qu’après les chutes à répétition et les problèmes corporels qui s’en sont suivis, les « bonnes » distances à accomplir ne sont plus un frein à ma passion. J’ai donc tant bien que mal étudié l’Histoire du village sur Internet mais force est d’admettre que les sites sont peu nombreux en ce qui concerne l’évocation de son patrimoine. Plus nombreux sont les renseignements concernant les Seigneurs du Vivier (*) ayant régnés sur le village et ses « très larges » environs. Ils semblent que cette famille aux multiples ramifications soit de la même « veine » que notre « sacré » Charlemagne. Elle a fourni au royaume de France, un nombre faramineux de vaillants chevaliers, soldats et autres serviteurs. C’est donc à partir de cet ensemble d’informations recueillies que l’envie d’aller voir Le Vivier a encore grandie. J’ai analysé diverses cartes sur Géoportail et de ces observations et presque d’elle-même une jolie balade à partir de Saint-Martin-de-Fenouillet est apparue comme par enchantement. Elle emprunte une partie du célèbre G.R.36, ce qui en facilite son élaboration. Il ne reste plus qu’à la concrétiser. Le 25 janvier, je décide de m’y atteler. Le temps n’est pas super mais suffisamment beau pour démarrer sans trop de crainte qu’il change en cours de route. A Saint-Martin-de-Fenouillet, je laisse ma voiture à la sortie nord du village sur une esplanade que je connais bien désormais pour y être venu à diverses reprises. Je passe devant l’église, remonte la rue de la Tramontane et trouve aisément les marques blanches et rouges du G.R.36. Je connais bien ce tronçon qui file vers La Lloubère pour l’avoir accompli, mais à l’envers, lors d’une randonnée que j’avais intitulé « le Circuit du Jardin Ensoleillé ». Il suffit de suivre les indications des nombreux panonceaux et le balisage bien présent du G.R.36 et l’itinéraire file plein sud sans trop de difficulté. On notera néanmoins de légers oublis dans la signalisation en atteignant la route asphaltée. Mon G.P.S et le tracé que j’ai enregistré pallient à ces difficultés mais pour être honnête, le G.P.S est surtout dans ma poche pour les parties non G.R.36 du circuit. Je quitte le bitume de la route en tournant à droite à hauteur d’une ancienne carrière de feldspath. De nos jours, la carrière a été investie par des « babacools » qui en occupent ses flancs et ont transformé le fond de son creuset en un jardin potager. Une fois sur le chemin, on domine la large entaille de la carrière où l’on peut apercevoir une yourte blanche, des escaliers et une passerelle, une roulotte et un kiosque joliment aménagé. Aucun doute, une vie retirée a repris ses droits dans ce lieu âpre et plus qu’insolite et je dis bravo à ceux qui ont eu le courage de s’y installer. Du courage, il doit en falloir pour vivre en harmonie dans ce lieu destiné d’abord à un dur labeur minier. Un bon et large chemin file rectiligne sur un terrain presque complètement dénudé et de ce fait, d’amples vues s’entrouvrent absolument de tous côtés. Bien évidemment, l’œil est d’abord attiré en priorité par les quelques élévations enneigées et force est de reconnaître que ce n’est pas toujours des sommets que l’on a l’habitude de voir sous un manteau blanc. Il y a bien sur l’inévitable Canigou mais plus surprenant sont les pechs de Bugarach, Fraissinet et des Escarabatets que j’ai eu l’occasion de gravir à maintes reprises, mais jamais dans de telles conditions d’enneigement. Plus surprenant encore le Sarrat Naout et surtout cette « fameuse » Pelade que j’avais non pas gravie mais descendue l’an dernier au mois de février. Il y avait déjà un peu de neige mais pas la quantité d'aujourd’hui. La Pelade ressemble carrément à un domaine skiable. Au plus haut du plateau, c’est les ruines du château du Vivier qui apparaissent mais comme il constitue un des principaux objectifs du jour, pour l’instant je m’en désintéresse un peu. Plus intéressant sont les oiseaux qui occupent un bosquet de chênes rouvres et quelques feuillus. Il y a bien sûr les inévitables mésanges charbonnières mais les mésanges à longue queue y sont les plus nombreuses. Je passe presque une heure à essayer de les photographier avant d’y parvenir avec des résultats somme toute mitigés. Autre satisfaction à cette patience, un groupe de pinsons et de bruants viennent se poser alors que je me planque au sein d’un fourré. Je repars néanmoins ravi de ces quelques clichés qui viendront alimenter mon bestiaire photographique. Le chemin descend vers un vallon au lieu-dit Pufféré. Le G.R 36 s’oriente vers l’ouest mais il est déjà temps de le quitter. Pourquoi me direz-vous ? Pour deux raisons essentielles mais qui ne vont pas l’une sans l’autre : me diriger le plus directement possible vers la chapelle Sainte Eulalie que je veux découvrir et par la même occasion profiter d’une élévation dominant Le Vivier. J’ai bon espoir d’être à même de photographier le village avec une vue dominante et d’ensemble. Les vues aériennes de Géoportail que j’ai visionnées m’ont laissé imaginé que c’était possible. Une fois n’est pas coutume, j’ai vu juste. Les vues aériennes du Vivier sont belles et la chapelle Sainte Eulalie est là bien plus vite que je ne l’avais supposé. Pour cela, l’itinéraire emprunte un semblant de piste au sein de la garrigue, coupe quelques vignes, longe une clôture au bout de laquelle il suffit de pousser un portail débouchant sur un sentier. Au sein d’un bois de chênes, ce sentier descend presque directement vers la chapelle. En arrivant en bas, j’ai cet avantage de tomber sur un maquignon qui mène deux énormes taureaux au pré et qui a la gentillesse de m’indiquer où elle se trouve. Elle est là à quelques dizaines de mètres seulement, cachée dans un sous-bois. La chapelle est fermée mais à vrai dire, je n’ai que peu d’espoir de découvrir un patrimoine accessible en cette mi-janvier. La saison n’est pas propice aux visites et le pays Fenouillèdes n’attire que peu de touristes, surtout à cette époque de l’année. Je profite néanmoins de l’aire de pique-nique pour déjeuner et des taureaux pour quelques photos dont le résultat final est de faire grimper mon adrénaline. En effet, séparé par un simple fil électrique, et alors que je le photographie plutôt tranquillement, qu’elle n’est pas ma frayeur de voir l’énorme taureau taper rapidement le sol de son sabot puis foncer vers moi avant de s’arrêter net devant le fil. J’ai détalé mais je pense que sans cet arrêt aussi soudain que l’était sa ruade, j’aurais eu droit à un violent coup de cornes. Nul doute que je retiendrais cette leçon « tauromachique » ! Je laisse les taureaux à leur pré et file vers Le Vivier, d’abord en suivant la rivière Matassa, direction le joli site du Moulin d’Avall puis grâce à un radier pour monter vers sa partie la plus ancienne. L’analyse de la carte I.G.N m’a démontré que les moulins étaient plutôt nombreux dans ce secteur du Fenouillèdes. De celui d’Avall, j’en prends quelques clichés. Depuis mon départ de Saint-Martin-de-Fenouillet, je marche comme si le maquignon et moi étions les deux seuls êtres humains sur cette terre et mon arrivée au Vivier ne semble pas vouloir modifier ce constat. Le haut du village paraît aussi vide que la partie basse que je viens d’emprunter et je monte vers le château ruiné sans jamais rencontrer personne. Si cette marche solitaire ne me dérange guère, j’ai toujours aimé le contact avec les gens du cru. Ils connaissent bien les lieux et sont souvent à même de répondre à quelques inévitables interrogations. Ici tout est désert et malheureusement il faut que je fasse avec. Heureusement et comme je l’avais imaginé les premières découvertes sont déjà là : c’est d’abord un grand crucifix au bord de la route puis les jolies ruelles s’élèvent offrant à la fois de beaux panoramas et la vision de belles maisons en pierres superbement restaurées. Une vaste place embrasse des vues circulaires et aériennes, vers le sud et la forêt communale et vers l’est et le Vallon de la Matassa où sommeille la chapelle Sainte Eulalie déjà découverte. Je précise car l’église moderne au bas du village porte la même dénomination. Deux oratoires attirent le regard. Les deux sont dédiés à Saint-Roch, à cause du chien présent sur les statuettes de plâtre. Le château, ancien manoir seigneurial est là, enfin ce qu’il en reste, c'est-à-dire des pans de murs ruinés où se mêlent pierres et de vieux badigeons de chaux. Je ne vois rien de bien surprenant à la présence de ce mortier encore blanc car sur le site de la mairie, je me souviens avoir vu des photos où le château et sa chapelle attenante sont encore bien debout. Je me souviens même d’une date sur la photo : 1941. Le château serait donc tombé après. Pendant la guerre ? Je ne sais pas. A part les photos, je n’ai trouvé aucune explication (**) à cette décadence soudaine. Des toitures, il ne reste pratiquement rien mais des restaurations sont cours, avec notamment une étrange façade en lattes de bois et fenêtres modernes au niveau de ce qui était la tour ou le donjon. Je fais le tour de l’ensemble sans vraiment trouver où pouvait être situé le « fameux vivier » qui aurait donné son nom au village. On l’appelait paraît-il «Lo Pesquièr», nom donné en général à une retenue d’eau au milieu d’un champ entourée d’un muret. Un bassin. J’en suis à me demander s’il s’agit d’une certitude ou d’une simple hypothèse historique. Il me semblerait plus logique que le « vivier » fut dans le lit de la Matassa. Enfin peu importe, je pense avoir vu un maximum de choses possibles et il est temps désormais de descendre vers la partie la plus récente du village : colossale cave coopérative, église Sainte Eulalie également fermée malgré mon insistance à taper à sa porte, car il y a des voitures garées sur son parking, une jolie plaque de cocher, la mairie et sa façade « renaissance », je file directement vers la sortie du village dont cette partie est relativement bien animée mais essentiellement par des chasseurs, enfin je pense, au regard de leurs vêtements style « camouflage ». Direction le Moulin de Matassa que je trouve à l’intersection de la D.9 et de la D.7. Un panneau mentionne « propriété privée » mais tout est désert et je m’y risque car après tout je ne fais aucun mal et simplement que passer et assouvir mon goût de la découverte et de la photographie. Le lieu paraît si paisible et si magique à la fois. Une très belle bâtisse au bord même de la Matassa, mi-restaurée mi-ruinée dans un cadre bucolique à souhait, un joli petit pont médiéval comme j’avais pu en découvrir sur la Désix dans « les Ponts Romains » de Sournia et une imposante meule finissent de me confirmer qu’il s’agit bien du moulin espéré. Le pont est bien plus petit que ceux découverts sur la Désix, je l’emprunte pour traverser la Matassa et me retrouver de nouveau sur la D.9. J’allume mon G.P.S. La prochaine intersection sur la droite est la bonne et un panneau « voie inondable » ne m’arrête pas. De nouveau la Matassa, un nouveau radier et me voilà sur un autre chemin. C’est celui des Gourgues. J’ai beau garder mon G.P.S allumé mais la vue de quelques oiseaux que je veux photographier me font perdre le fil de l’itinéraire. Je longe des serres abandonnées sur un champ en friches avant de m’apercevoir que le bon chemin est sans doute de l’autre côté d’un petit ruisseau qui se trouve sur ma droite. Je fais demi tour. Un cairn et une planche de bois sur le sol indique effectivement une autre direction. Le nez en l’air à observer des oiseaux, je les avais zappées. C’est la bonne direction. Un large chemin file presque rectiligne vers Fosse mais je stoppe en arrivant à hauteur d’un grand casot. J’y termine mon casse-croûte et profite des vues qui s’entrouvrent sur ce vaste vallon mais surtout du calme et du silence ambiant pour prendre un peu de repos et quelques photos ornithologiques. Chose assez rarissime de nombreux corvidés et rapaces se côtoient dans un court périmètre. Le temps est devenu gris et les photos seront sans doute ternes. Je repars en suivant le tracé de mon G.P.S. Il me fait traverser un champ mais j’aperçois déjà, droit devant moi, un panonceau indicatif : « St Martin de Fenouillet – 0H40 – GR.36 ». Je connais ce panonceau pour l’avoir déjà découvert lors d’une balade intitulée le « Circuit de Fosse par la Couillade de Ventefarine » mais cette fois-ci, j’emprunte sa direction. Le G.R.36 file vers une pinède puis s’élève rudement en direction d’un bois de chênes, le traverse et finalement il se stabilise avant de rejoindre une garrigue à genêts puis les vignobles du Pla d’En Dallen. Ce secteur et ces chemins n’ont plus aucun secret pour moi car je retrouve également l’itinéraire du « Sentier d’interprétation des Hauts de Taïchac » que j’ai accompli à trois reprises. La fin en direction de Saint-Martin aurait du être qu’une simple formalité sauf que je me trompe et oublie d’emprunter le G.R.36 et finalement je rejoins le village par la route asphaltée. Mais peu importe, j’ai pris énormément de plaisir à marcher et à découvrir. Ma passion de la randonnée est intacte et j’espère que mes moyens physiques reviendront peu à peu. Cette boucle est longue de 11,7 km pour des montées cumulées de 567 m et un dénivelé de 122 m, le point le plus haut étant situé à 525 m au Pla d’En Dallen et le plus bas à 403 m sur le radier de la Matassa au lieu-dit le Moulin d’Avall. Carte I.G.N 2348 ET Prades- Saint-Paul-de Fenouillet - Top 25.
(*) Famille du Vivier :« La Maison du Vivier, au diocèse d’Alet, est une des plus anciennes du royaume. Elle descend des anciens Comtes de Narbonne et de Barcelone. Sa généalogie a été produite aux Chapitres des Comtes de Lyon lorsque M. l’abbé du Vivier de Lansac, abbé commendataire de Relecq en Bretagne, Comte de Lyon et ancien agent-général du Clergé a fait les preuves », voilà déjà ce que l’on peut lire dans « le Dictionnaire de la Noblesse » de M. de La Chesnaye-Desbois de 1775. Alors bien sûr, il faut lire l’ouvrage dont il est fait référence. Une édition de 1697 écrite en vieux français est disponible sur Internet. Elle s’intitule « Origine des seigneurs du Vivier du diocèse d’Alet en Languedoc » et a été éditée à Toulouse chez l’imprimeur Antoine Colomiez (1661-1717). L’ouvrage n’a pas d’auteur mais si on se fit aux dires du dictionnaire, il semble que l’abbé Pierre-Hyppolite du Vivier de Lansac (1694-1784) s’en est porté garant grâce à quelques preuves. L’abbé est lui-même un descendant de cette maison, né à Le Vivier et fils cadet du marquis Alexandre du Vivier, comte de Lansac 1er , colonel des Régiments d'Infanterie du Roussillon et du Languedoc (1675-1733). Il est prêtre du diocèse d’Alet pendant les premières années de sa vocation. On peut donc lui faire confiance dans la dite généalogie. Voici comment le livre commence : « La grande naissance et le véritable nom des seigneurs du Vivier du diocèse d’Alet en Languedoc ont été cachés pendant plus de 800 ans, sous le nom des seigneurs du Vivier tant seulement et quoique néanmoins, on est toujours regardé cette maison avec distinction à cause de la grande ancienneté, et du grand nombre des hommes d’une valeur extraordinaire qu’elle a donné dans tous les siècles et à cause même des biens considérables qu’elle a possédés, il s’en faut pourtant beaucoup qu’on ne l’ait regardée comme le rejeton d’un rang aussi illustre que celui dont elle est sortie, on sera persuadé sans doute d’avantage de cette vérité quand on saura que les anciens Comtes ou Vicomtes de Narbonne, c'est-à-dire ceux de la première race, dont il reste encore quelques branches dans cette province, et dont la maison du Vivier du diocèse d’Alet est la plus ancienne, étaient sortis du même rang que Charlemagne ». Rien de moins.Plus loin, « Arnaud (Hernaud) de Beaulande selon Andoque, fut le premier comte de Narbonne et selon Catel, ce fut Aymeri son fils (autrement dit Duc ou le Comte Ingran, Ingorram ou Ildegran) mais quoi qu’il en soit ce fut l’un de ces deux qui fut le premier comte de Narbonne, et c’est de Guillaume de Narbonne, Seigneur du Vivier, et de la frontière du Roussillon, fils d’un fils de cet Aymeri et frère d’Eude de Narbonne, comte d’Orléans que descendent en droite ligne masculine les seigneurs du Vivier du diocèse d’Alet ». La suite est dans la même veine et l’auteur semble vouloir attribuer à cette famille une dimension extraordinaire qu’elle semble mériter, arguments chevaleresques à l’appui. Bien évidemment, je vous laisse le soin de lire ce livre si le sujet vous intéresse et d’analyser en détail tous ces personnages. Wikipédia est là pour vous y aider mais sachez par exemple que le nom de « Guillaume de Narbonne » dont il est fait allusion est sans doute « Guillaume 1er de Narbonne » puisque son père était aussi un Aymeri, le VI. Ce prénom « Guillaume » n’est pas innocent et nous rappelle un des plus célèbres d’entre-eux, le « fameux » Guillaume de Gellone ou d’Aquitaine plus connu sous son légendaire patronyme de Guillaume d’Orange. En tous cas il fut le premier Guillaume, laissant même son prénom à toute une lignée : les Guilhelmides. Il était le petit-fils de Charles Martel et donc souvent présenté comme un cousin de Charlemagne. Ici et grâce aux célèbres chansons de geste, l’Histoire et les légendes finissent par s’emmêler. Démêler le vrai du faux, dénouer les fils de l’Histoire, c’est très « vivifiant » ! Après tout, n’est-ce pas normal quand on s’intéresse aux « Vivier », tous ces mots-là n’ont qu’une seule origine étymologique, le latin « vivi ». « Vivre » !
(**) Le château du Vivier : Finalement, il semblerait qu'une partie du château se soit effondrée en 1950, sans raison si ce n'est son manque d'entretien et son oubli depuis que les seigneurs du Vivier l'avaient abandonné un siècle environ auparavant.