• Etape 1 - Trilla - Eus - 25 km

     
    TOUR DES FENOUILLEDES ETAPE 1 de Trilla à Eus par jullie68

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    1ere étape : Trilla – Eus

    25 km - Dénivelé 363 m – Montées cumulées 1.355 m  

    Point culminant 742 m au Col Saint-Jean.

     

    – Une « Vadrouille dans la grisouille ».

     

    8 heures, nous avons quitté Saint-Estève direction Trilla sous un ciel très bas et incertain et même s’il ne pleut pas, j’ai une colère noire contre Météo France. En effet, il y a 5 jours,  quand j’ai choisi ce dimanche 18 septembre 2011 comme jour de notre départ, le site Internet de Météo France annonçait 5 jours de grand beau temps et c’est sur cette prévision météorologique très favorable que j’ai tout organisé et que j’ai réservé les différents hébergements. Aussi, quelque soit le temps qu’il fait ou qu’il va faire dans les jours suivants, nous ne pouvons plus reculer. 9 heures, je gare la voiture sur le parking qui jouxte l’originale église de Trilla. Pourquoi choisir Trilla comme lieu de départ, vous demanderez-vous ? Pour équilibrer les cinq étapes dont les distances vont osciller entre 21 et 27 km mais surtout parce que je n’ai trouvé aucun hébergement à un tarif raisonnable sur cette partie du tracé du Tour des Fenouillèdes. Alors pour ce premier soir, le camping sauvage est au programme et nos épaules vont très rapidement se rendre compte de cet inconvénient d’être obligés de dormir à la belle étoile. Enfin, « belle étoile », c’est un espoir mais pour l’heure, ce n’est pas vraiment l’expression la plus juste au moment où nous nous apprêtons à démarrer. Ici à Trilla, le ciel est également très orageux mais Jérôme et moi préférons l‘ignorer. Réfléchir à cette météo très défavorable ne résout en rien le problème alors nous n’hésitons pas à nous préparer puis à harnacher nos deux gros sacs à dos de 20 kilos chacun. Il faut dire que sur cette longue étape de 25 kilomètres qui va nous mener à Eus, le fait de n’avoir trouvé aucun hébergement, nous oblige à nous trimbaler la tente, un tapis de sol et un sac de couchage en sus de la charge habituelle et nécessaire. Demain matin, Dany viendra à Eus nous alléger de ce fardeau devenu superflu et dont nous n’aurons plus besoin pour les quatre autres étapes. Je connais un peu Trilla, situé à 412 mètres d’altitude au cœur du Bas-Fenouillèdes, pour y être d’abord passé lors d’une randonnée qui s’intitule « Le Balcon de la Pêche » puis j’y suis revenu en juin pour une autre balade qui nous avait amené au magnifique hameau de Pézilla-de-Conflent par la Foun del Loup ou Fontaine du Loup. Aujourd’hui, même si j’ai envie d’aller voir la table d’orientation qui domine Trilla, dernier seul endroit que je ne connais pas du village, nous n’avons pas vraiment le temps de nous y attarder, de plus le temps peu propice n’incite pas à retarder un départ qui est identique à celui qui mène à la Foun del Loup. Alors, une ou deux photos de la jolie église dédiée à la Vierge dont on ne peut ignorer l’étonnante façade marquetée d’infimes fragments de tuiles et il est 9h15 quand on emprunte la ruelle qui va nous amener jusqu’au tracé du Tour des Fenouillèdes.  Le balisage jaune et rouge est là, près de la petite décharge du hameau. Encore quelques photos souvenirs du départ et des paysages alentours et nous voilà partis en direction du Sarrat de l’Albèze et de son Col Saint-Jean qui avec ses 740 mètres d’altitude va être le point culminant de cette étape. Un large chemin caillouteux monte sans cesse d’abord en suivant des vignobles puis dans une végétation de type garrigue méditerranéenne. Cette basse végétation laisse peu à peu la place à quelques arbres d’abord clairsemés puis l’itinéraire rentre carrément dans un bois de chênes verts. Là, on quitte le large chemin pour emprunter une petite sente dont la déclivité s’accentue encore et rejoint plus haut une piste terreuse. Ici, petit cafouillage dans l’itinéraire à suivre mais grâce à son GPS et au tracé qui y est enregistré, Jérôme retrouve rapidement le balisage jaune sur une large piste. Il est 10h20 quand on bascule au col Saint-Jean où en raison d’une couche nuageuse très basse aucun panorama n’est visible. Ici au col, seuls de grands bouquets d’Hysopes (Hyssopus officinalis) aux épis d’un bleu violacé donnent une touche de couleur à cette morne grisaille. Je peste toujours après ce mauvais temps car je supporte difficilement de marcher sans profiter d’aucun panorama. Dans la descente vers le col des Auzines, on croise un groupe de randonneurs. Ils sont tous enveloppés dans leurs ponchos tel si l’hiver était à son comble alors que nous ne sommes qu’à la mi-septembre. Heureusement et de temps à autre, le firmament se fait moins opaque et sur ce petit sentier tout en balcon, enfin quelques vues apparaissent sur un joli vallon planté d’oliviers. Après le lieu-dit la Trufère, la descente se termine et le sentier retrouve une route carrossable bitumée qui débouche sur la départementale 2 au col des Auzines (606 m). Ici, malgré un ciel tourmenté mais d’un gris bleu magnifique, les vues se dévoilent vers Trévillach tout proche mais aussi beaucoup plus loin vers la Plaine du Roussillon, les Albères et la Méditerranée que l’on voit scintiller à l’horizon. Au col, on emprunte la D.13 sur 600 mètres environ que l’on quitte sur la gauche en direction de Trévillach que l’on surplombe joliment sans jamais l’atteindre. Là, je sors mon bout de carte de ma poche contenant mon tracé GPS pour constater qu’effectivement l’itinéraire fait un angle de 90° et tourne en direction de quelques lieux qui ont pour noms la Sarrat de l’Ours, les Moles et les Festarones. Un petit ballon de baudruche jaune accroché à un amandier nous amuse un peu et je fixe ces quelques instants de bonheur dans mon numérique. Puis en approchant du village de Tarerach, ce sont quelques grains de muscat bien mûrs que l’on grappille deci delà au gré des vignes qui se présentent sur notre parcours. Un peu plus loin, ce sont d’autres grains bien plus rouges que l’on croque, ceux d’un étonnant pied de tomates cerise que l’on trouve au bord du sentier. Ici, nous sommes tout en bas d’une cuvette ou d’un cirque formé par des petites collines arrondies qui ceinturent le paysage vers le nord, l’ouest et le sud. Ici, ces  collines, on les appelle des « sarrats ». En filant vers Tarérach, c'est-à-dire vers le sud-ouest, je comprends qu’il nous faudra inévitablement franchir une de ces crêtes mais quand on arrive au village, il est midi et donc l’heure du déjeuner. Cela tombe d’autant mieux que si nous avons marché par moment sous une légère bruine qui ne mouillait même pas nos vêtements, cette fois quelques gouttes de pluie sont de la partie à l’instant même où la place du vieux village nous accueille. Heureusement, un salutaire préau est là et il va de manière très opportune nous permettre de déjeuner au sec et de nous reposer un peu. Sans être vraiment éprouvante, cette demi étape avec le « bon » dénivelé du Col Saint-Jean et les 11 kilomètres déjà accomplis, a bougrement ouvert nos estomacs. De ce fait, nos salades, nos escalopes panées et nos gâteaux de riz sont engloutis d’un bel appétit. Avec beaucoup de chance, la pluie cesse rapidement aussi préférons-nous ne pas nous éterniser sous ce préau et une demi-heure plus tard, nous repartons direction Marcevol puis Arboussols comme l’indiquent clairement quelques panonceaux à la sortie de village. Là, sur ce chemin dans la continuité de la rue des Lauriers, je complète mon dessert en chipant quelques belles figues bien noires et bien mûres qui s’échappent d’un jardin potager. Comme prévu, la déclivité se fait soudain plus rude et comme j’ai profité de notre arrêt pour analyser un peu la carte IGN, je sais que le dénivelé est de 125 mètres environ sur une distance d’un kilomètre et demi pour rejoindre un collet entouré de deux rocs aux noms étranges : sur la droite, le Roc del Cucut (808 m) et sur la gauche, nettement plus visible, le Roc del Moro (775 m). Si je sais traduire immédiatement ce dernier roc en « Rocher du Maure », ce n’est qu’en écrivant ce récit que j’apprendrais la signification de mot « cucut » qui veut dire « coucou » en catalan. Alors autant le reconnaître, avec mon sac à dos bien trop lourd à mon goût, et si je veux faire référence au cinéma, cette ascension ne fut pas pour moi un simple « vol au dessus d’un nid de coucou » mais plutôt « le boulet » tant la pente fut raide à escalader après le déjeuner. Jérôme, lui, arrive bien avant moi en haut du petit col et comme souvent il m’attend avant d’amorcer la douce et agréable descente vers Marcevol. En arrivant à mon tour, je suis agréablement surpris de constater que les panoramas sont moins bouchés qu’ils ne l’ont été au col Saint-Jean. Vers le nord, les sarrats que l’on avait gravis ce matin semblent désormais très dégagés. Vers l’est, on distingue au loin sinon la mer au moins l’étang de Salses et vers le sud, la vallée de la Têt apparaît très verdoyante. En amorçant la descente, on distingue sur la droite, les toitures rouges d’Arboussols, village vers lequel on doit se diriger. Tous ces décors dégagés sont pleins de promesses mais on ne s’emballe pas pour autant car le Massif du Canigou fait tout de même « grise mine », amputé aux trois-quarts qu’il est par un ciel de pluie gris-blanc très menaçant. Au bout d’une agréable descente débouchant sur un chemin creux bordé de pierres sèches, le joli village de Marcevol arrive bien plus vite que je ne l’aurais imaginé. Ici, le mot « Fenouillèdes » n’est pas usurpé tant il y a un peu partout du fenouil fleuri. Certains champs bordant le chemin en sont carrément envahis et les hautes branches aux belles ombelles jaunes ont tendance à se coucher sous l’effet d’une petite brise humide. Dans le village, un chat très malingre m’arrête dans ma lancée et je lui offre un morceau d’escalope panée qui, enroulé dans un papier d’alu, dort au fond de ma poche. Le chemin creux continue vers le superbe prieuré que personnellement j’ai déjà visité. On s’arrête quelques instants devant la magnifique façade du prieuré avec sa fenêtre romane longue et étroite et son porche entouré de marbre rose. Je m’attends à ce que Jérôme veuille découvrir l’intérieur de l’église mais il ne semble pas disposé à y entrer. Sans doute, estime-t-il que la journée s’étire et surtout que le ciel se faisant de plus en plus sombre et menaçant, ce n’est pas le moment de flâner. Nous prenons plusieurs photos de l’édifice puis nous cherchons quelques instants la suite du parcours car nous ne pensons pas que l’itinéraire puisse emprunter le bitume de la petite route qui arrive au hameau. Après cette courte hésitation et quelques mètres sur l’asphalte de la petite D.35c, nous descendons très rapidement dans un étroit ravin avant de remonter aussi sèchement sur un bon dénivelé qui grimpe vers Arboussols. Le village, que je connais aussi, est vite traversé. La lassitude commençant à se faire sentir, je traîne de plus en plus souvent à l’arrière et ce d’autant, que Jérôme semble vouloir accélérer le pas. Craint-il la pluie ? Sans doute et à juste raison, car le ciel se fait de plus en plus obscur et parfois quelques gouttes de pluie viennent rafraîchir mon crâne dégarni. Une fois encore et par chance, il faut bien le dire, nous enfilons nos ponchos bien inutilement car la pluie qui s’arrête aussi vite qu’elle est venue, semble avoir pitié de nous jusqu’au bout. Sur ce sentier muletier argileux et caillouteux et parfois même dallé de gros galets à l’approche d’Eus, nous avançons très péniblement. Le sentier mouillé est glissant à l’extrême et nous redoutons par dessus tout la chute qui pourrait mettre un terme définitif à cette balade prévue sur 5  jours. Ce serait quand même un comble de tomber à cause de la pluie dans le village considéré comme le plus ensoleillé de France ! De cette marche hésitante et prudente, il va en être ainsi jusqu’aux abords du plus beau village de France mais par bonheur nous y arrivons sans incident. Là, à, l’entrée d’Eus, nous cherchons un emplacement le plus confortable qu’il soit pour bivouaquer et passer une nuit la plus paisible possible. Ce n’est pas chose aisée tant la végétation est dense et le terrain très rocheux dans ce secteur. Nous finissons par trouver un emplacement presque idéal sous des chênes verts, au bord même du sentier mais suffisamment caché pour ne pas attirer les regards car le camping sauvage n’est peut être pas autorisé. Ici, en surplomb du petit Correc de Ribelles, il y a eu, de toute évidence et en des temps plus anciens, des cultures sur des terrasses bien planes et malgré une épaisse végétation, ça se voit encore. Nous sortons nos tentes que nous nous empressons de monter avant que la pluie n’entre dans la partie. Heureusement, une fois encore il n’en est rien et nous pouvons même nous reposer et manger très paisiblement sous un ciel qui commence d’ailleurs à s’éclaircir, aidé il est vrai par une « aimable » tramontane. Cette tramontane est pour moi synonyme de beau temps et comme j’ai commencé la journée en maugréant contre Météo France, je suis heureux de la terminer plus sereinement. Il faut dire qu’avec plus de 25 kilomètres dans les jambes, mes ardeurs sont moindres qu’au départ ce matin. Seuls deux espagnols plutôt criards et bizarres viennent troubler la quiétude de cette douce soirée. Criards car on les entends arriver du « diable Vauvert » et bizarres car un des deux hommes porte un matelas de 160 en guise de sac à dos. Sans doute, deux varappeurs car ce type de matelas sert en général à cette activité et à amortir le choc dans le cas d’une éventuelle chute. Mon MP3 sur les oreilles m’accompagne tard dans la soirée puis Morphée m’entraîne dans un sommeil profond et réparateur, indispensable à l’accomplissement d’une deuxième étape qui s’annonce bien plus rude et presque aussi longue que celle d’aujourd’hui. Les dernières pensées de cette journée me font simplement espérer un lendemain bien meilleur sur le plan météorologique car il faut bien l’avouer, marcher dans la grisaille ça n’a jamais été ma « tasse de thé » et cette première étape m’a vraiment laissé sur ma faim. Pour les panoramas et les découvertes, il sera nécessaire que je revienne. Alors en « vadrouille dans le fenouil » oui, mais en « vadrouille dans la grisouille » non ! 

     

    Nota : Veuillez noter qu'à Eus, il existe désormais une possibilité d'hébergement pour les randonneurs. Il s'agit de la Casa Ilicia qui dispose de 4 chambres d'hôtes et de charme à des prix convenables (69 à 79 euros/la nuit) mais également avec des tarifs pour de petits groupes de 3 à 4 personnes (99 à 119 euros). Le lieu est assez magique et vous prendrez le petit déjeuner sur une superbe terrasse face au Canigou. Le rêve ! Pour accéder directement à leur site, cliquez ici.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 7 Juin 2016 à 15:07
    Merci pour ce bel article et merci de parler de nous. Nous mettrons un lien vers vous et ce magnifique tour, superbement conté sur un article à venir sur le fenouilledes ! Merci !
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