• Le Circuit du Jardin Ensoleillé depuis Saint-Martin de Fenouillet


    Ce diaporama est agrémenté de 4 jolies chansons interprétées par Michel Delpech qui ont pour titre "Tu Me Fais Planer", "Chez Laurette""62, Nos Quinze Ans" et "Un Jour Tu Verras".

    Si j’avais été un tant soit peu vaniteux, j’aurais pu dire que je suis l’inventeur de ce circuit que je vous présente aujourd’hui. Mais non, cette boucle démarrant du joli petit hameau de Saint-Martin de Fenouillet existe bel et bien. Pour preuve, sur la carte IGN 2348 ET Prades  - St Paul de Fenouillet, visible sur Géoportail par exemple, elle est même intégralement surlignée en rouge, comme tous les « bons » sentiers balisés dignes de ce nom. Le problème, c’est que lorsqu’on va sur le terrain, il n’y a plus aucun balisage pédestre ou si peu. Si je dis si peu c’est parce qu’en réalité, ce circuit est sans doute l'assemblage involontaire de plusieurs balades qui misent bout à bout constituent la boucle en question. Au menu de cette boucle, on démarre par le balisage jaune propre au « Sentier d’interprétation des Hauts de Taïchac ». Il s’agit d’un tout petit tronçon de cette très belle balade déjà expliquée dans ce blog. Ça, c’est l’apéritif et les amuse-gueules. Après, en guise de copieux hors d’œuvre, la moitié de notre balade est constituée d’un itinéraire VTT N°3 balisé en jaune s’intitulant « Les Abords de Saint-Martin » que l’on peut trouver dans un topo-guide intitulé « 20 randonnées VTT en Pays Fenouillèdes » dans la collection «Les Petits Guides Rando Pyrénées Roussillon ». Ensuite, au moment du plat principal, c'est-à-dire en montant vers le Sarrat de Corda, le balisage disparaît carrément, enfin moi je n’ai rien vu de tel. Ce balisage, on le retrouve sous la forme de quelques marques de peinture jaune au pied du pic Lazerou, là même où paissent très souvent quelques vaches. C’est bien sûr, le plateau de fromages. Enfin, cerise sur le gâteau du dessert, on termine à Saint-Martin de Fenouillet avec le G.R.36 blanc et rouge. Alors bien sûr, si je ne suis pas l’inventeur ni de ce circuit ni de ce menu coloré, il faut comme à toute bonne recette y trouver un nom. J’ai eu beau chercher cette balade sur Internet et dans la vingtaine de topo-guides roussillonnais dont je dispose dans ma bibliothèque, je n’ai rien trouvé. Et là, donner un nom à ce circuit, ce ne fut pas une mince affaire. Ainsi, j’aurais pu garder « les Abords de Saint-Martin », comme le circuit VTT du même nom mais cette dénomination est bien trop généraliste et en outre le circuit n’est pas exactement le même. J’aurais pu aussi l’appeler le Sentier des Bas de Taïchac mais cela aurait pu prêter à confusion avec celui « des Hauts » et en outre une partie de l’itinéraire passe au dessus de l’ancien château médiéval. Ensuite, à l’égard de la minuscule rivière que la balade côtoie, j’ai pensé l’intituler le Vallon de la Rivérole, mais la portion du chemin longeant le ruisseau est si congrue que j’ai trouvé cette idée peu judicieuse. J’aurais pu aussi l’appeler la Boucle de l’Anticlinal de Saint-Paul ou bien le Circuit des plaques tectoniques, car nous sommes ici à l’exacte jonction des plaques lithosphériques européenne et ibéro-africaine. Enfin dernière idée, lui attribuer le nom du point culminant de la boucle mais là, il n’y avait rien de concret, celui-ci se trouvant entre deux petites collines intitulées le Devès et le Roc de la Buffette quand à l’autre versant du vallon, c’est à dire le Sarrat de Corda, il lui manque quelques mètres pour être le point le plus élevé. Alors pour finir et en observant la carte IGN, cette boucle où nous avons pris beaucoup de plaisir à balader, je l’ai appelée le « Circuit du Jardin Ensoleillé ».  S’il y a plusieurs raisons à cela, la principale est qu’à la symétrie parfaite du village de Saint-Martin, il y a une vaste terre qui s’intitule la « Soula de l’Orte ».  Or, tous les toponymistes sont d’accord pour dire que la « soula » c’est un « versant » ou  une « parcelle ensoleillée » au même titre que les mots  « sola », « solana » ou que la « soulane » en français. C'est-à-dire un versant exposé au sud, en français l’adret. Tous ont pour origine la même étymologie du latin « sol » signifiant « soleil ». Quant au mot « orte », ils sont tous d’accord aussi et affirment qu’il s’agit clairement d’un « jardin » voire d’un « verger ».   Ce mot « orte », on le trouve selon les langues écrit « ort », « hort » ou encore « horte », le catalan par exemple ajoutant un « h » que l’on ne retrouve pas dans l’occitan « òrt ». D’origine indo-européenne, tous ces mots ont la même souche latine « hortus », que l’on retrouve de nos jours et dans la langue française dans les mots « horticulteurs », « horticulture », « hortensia », etc…. Certains y rajoutent la notion de « clos », « l’orte » étant un jardin clôturé ou entouré de haies. C’est ainsi qu’à l’origine, la « cohorte » était une division de la légion romaine fermé sur les ailes et marchant en rang serré. De toute évidence, s’il n’y a qu’une manière de traduire la « Soula de l’Orte », c’est bien le « Jardin Ensoleillé ».  A cette séduisante traduction, il faut ajouter que le lieu en question bénéficie de 320 jours d’ensoleillement par an et que cette balade effectuée au printemps m’a permis de recenser d’incroyables variétés de fleurs sauvages, une quantité invraisemblable de papillons et d’oiseaux. De ces évidences, aucun autre intitulé ne me paraissait mieux approprié pour dépeindre cette balade.  Parmi une multitude d’oiseaux, j’ai pu en photographier quelques uns et parmi eux, sans doute le plus beau d’entre tous: le Guêpier d’Europe. Si dans notre Midi, cet oiseau n’est pas si rare que ça, côtoyant très souvent les berges marneuses des rivières et plus généralement toutes les falaises argileuses qu’il creuse d’une cavité pour en faire son nid, le photographier est toujours un immense bonheur. Son plumage multicolore rouge, brun, jaune, bleu, vert, turquoise et noir toujours esquissé de nombreuses nuances est un plaisir sans cesse renouvelé pour les yeux et l’objectif du photographe amateur que je suis. Lors de notre balade, quelques couples étaient présents dans la Vallon de la Rivérole et cette présence n’était sans doute pas étrangère à  une quantité incroyable d’insectes et à la toute proximité de l’Agly. Le petit ruisseau de la Rivérole est un affluent du fleuve et la confluence des deux est toute proche près des carrières du Camp de l’Argent. J’ai donc eu la chance de les photographier à loisirs car au bord du ruisseau, de grands arbres morts ou quelques hautes herbes sèches leur servaient de poste de guet. J’ai pu prendre ainsi plus d’une quarantaine de photos plus ou moins réussies, il faut quand même le dire.

    10h30, nous quittons Saint-Martin par la petite D.7a par laquelle nous sommes arrivés en voiture. Juste avant le premier virage, un petit sentier file à gauche en entrant dans un sous-bois. Il est balisé en jaune, longe des murets, coupe un ru et grimpe dans le bois pour rejoindre un peu plus haut la D.7 se dirigeant vers Le Vivier. On surveille le balisage, on traverse la D.7 et on emprunte en face un chemin plus large mais qui se transforme très vite en un sentier beaucoup plus étroit.  Les décors s’entrouvrent sur des prés verdoyants et sur les flancs calcaires de la Couillade de Ventefarine et du Roc de Sant Canis. Plus haut, un panonceau nous apprend que nous sommes sur le « Sentier d’interprétation des Hauts de Taïchac » que nous avons pris à contresens indiquant une « Source de la Mort » à 5 minutes  et le village à 25. On poursuit sur quelques mètres pour finalement atteindre une intersection au voisinage d’une aire de pique-nique. Là, on quitte le sentier d’interprétation qui part à droite au profit d’une large piste DFCI N°F35 Bis qui file à gauche.  Au dessus du panneau indiquant la piste DFCI, on note la présence d’un autre panonceau mentionnant qu’il s’agit d’un circuit VTT N°3. Ces panonceaux pour vététistes, 2 cercles et un triangle  de couleur jaune, on va les suivre très longtemps et en tous cas, jusqu’au fin fond du Vallon de la Rivérole., là même où les guêpiers et bien d’autres oiseaux ont été vus et photographiés. Ces panonceaux pour VTT, on ne les quittera qu’en prêtant beaucoup d’attention à la côte 308 mentionnée sur la carte IGN. Là, il faut prendre à droite, enjamber le petit ruisseau et monter un large chemin non balisé peu évident à voir depuis la piste VTT. Si vous loupez cette bifurcation, vous raccourcirez considérablement mon circuit et vous en serez quitte pour rejoindre le point de départ selon le tracé exact du circuit VTT des « Abords de Saint-Martin ».  Bien avant d’arriver à cette intersection, et en cheminant sur la crête et les contreforts du Devès, de grandioses  panoramas se seront entrouverts sur une incroyable diversité de reliefs : sur les « serres » oblongues et abruptes des Corbières, sur le pachydermique et mystique Pech de Bugarach, sur l’étonnante dent du Roc de Vergès, sur toutes les montagnes roussillonnaises plus ou moins lointaines où dans un ciel bleu cristallin, trône comme toujours le Canigou, seigneur magnifique car encore tout de blanc vêtu en cette saison. Beaucoup plus près, le regard s’arrête sur les collines calcaires et tourmentées du tout proche Synclinal de Saint-Paul où l’on peut apercevoir le col des Bouix, la dépression de la Clue de la Fou et la Serre de l’Artigue del Baurien. Tout autour de nous, la végétation n’est qu’une moutonnante toison de chênes verts et de garrigues à perte de vue. Dans cette parure quasi uniforme, émergent quelques ocres et arides vignobles et notamment ceux de Taïchac où l’on reconnaît en contrebas les ruines de l’ancien château médiéval dont la première mention écrite date de 1215.  L’itinéraire finit par rejoindre les vignes de ce superbe domaine avant de franchir l’asphalte de la D.9 près d’une citerne DFCI.  Désormais, au milieu d’une flore multicolore dominée par des cistes blancs et de flamboyants genêts, un petit sentier descend dans le rafraîchissant vallon de la Rivérole. Ici, à la Soula de l’Orte, dans une végétation luxuriante, les oiseaux et les papillons se partagent les airs et mon numérique ne sait plus où tourner la tête de son objectif.  Ici commence notre enchantement faunistique qui va  malheureusement cesser dès lors qu’arrive l’intersection de la côte 308 citée plus haut. Là, on abandonne à regrets la faune et la flore de cet écosystème miniature mais on quitte surtout la fraîcheur de la Rivérole pour une piste torride qui grimpe hardiment dans la Bulasse en direction des contreforts du pic Lazerou. Après avoir longuement dominé des ravins, un premier palier où paissent quelques vaches est atteint.  On ignore la piste qui file tout droit et on emprunte celle qui tourne en épingles à cheveux et file vers l’ouest.  Ici, le tracé surligné de la carte IGN et enregistré dans mon GPS se perd dans les broussailles. On reste sur la piste la plus évidente. 400 mètres plus loin, mon GPS retrouve le tracé enregistré. Au sommet d’une côte, un deuxième palier est atteint sous la forme d’un collet près d’un enclos à bestiaux. L’itinéraire bascule et descend vers le carrefour de notre chemin avec une voie carrossable bitumée. Ici on retrouve un balisage jaune et l’on emprunte l’asphalte de la route. Les paysages changent.  La végétation est plus rase. Les panoramas se dévoilent. Ici au sommet du Sarrat de Corda, les vignobles empiètent largement sur la garrigue. Le bitume laisse la place à une piste sableuse qui file entre cortals oubliés, vignes bourgeonnantes et genêts fleuris. Si sur la droite, le chemin domine magnifiquement plusieurs petites ravines et le Vallon de la Rivérole, les panoramas lointains et à 360 degrés sont prodigieux : Corbières, Canigou, forêts domaniales des Fenouillèdes et de Boucheville, pechs audois, sommets ariégeois sans oublier quelques petits hameaux aux toitures rouges comme perdus ou suspendus au beau milieu des « sarrats » olivâtres des proches alentours. Pour avoir accompli le Tour des Fenouillèdes en 2011, bons nombres de ces paysages me sont désormais familiers et par la pensée, je me projette dans le passé et ces merveilleuses journées à marcher avec mon fils. Des marques de peinture blanches et rouges sur l’écorce d’un chêne annoncent le G.R.36 et le dénouement imminent de cette agréable balade.  L’itinéraire bifurque à droite et descend très rapidement vers Saint-Martin sur une sente limoneuse, ravinée et abrupte. A chaque pas, on redouble de vigilance. Quelques maisons apparaissent d’abord puis le ravissant village tout entier. Les premières venelles sont déjà là. Le joli petit hameau est traversé presque bien plus rapidement qu’il ne faut de temps pour l’écrire. Après 6 heures de marche, arrêts inclus ; et il y en a eu beaucoup ; cette belle flânerie de 14 à 15 kilomètres environ touche à sa fin. Par la beauté des découvertes, elle restera à jamais blottie dans un coin de notre mémoire comme des révélations inavouables dans un jardin secret. Un jardin secret certes mais un jardin ensoleillé rempli de fleurs, d’oiseaux et de papillons. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

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