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Le Circuit du Champ de l'Ours (Campoussy) depuis Sournia

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la musique d'Ennio Morricone et de Alessandro Alessandroni "Forse Basta", en anglais "A Flowers Is All You Need", musique du film "Le Tour Du Monde Des Amoureux De Peynet (Peynet's Lovers Around The World)" de Cesare Perfetto. Elle est successivement interprétée ici par Masteryamani (Piano), Ennio Morricone et son orchestre, Demis Roussos (Chant) et Paul Mauriat et son orchestre. 

Le Circuit du Champ de l'Ours (Campoussy) depuis Sournia

Le Circuit du Champ de l'Ours (Campoussy) depuis Sournia

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Sournia, parking de la cave coopérative le 17 octobre 2020. Il est 10h. Sous un ciel bleu d’un incroyable pureté, nous nous préparons pour une balade pédestre que j’ai intitulée « Le Circuit du Champ de l’Ours depuis Sournia ». Peu de personnes le savent mais le village de Campoussy, objectif principal de cette randonnée, a une origine romaine très ancienne dont le nom signifie le « Champ de l’Ours », raison première, mais pas la seule, qui m’a incité à donner ce nom au circuit que je vous présente ici. La plupart des historiens vous diront que cette toponymie n’est pas tout à fait exacte et ils auront probablement raison. Ainsi, sur son site Internet et dans la fiche de présentation de Campoussy,  l’historien Jean Tosti précise la toponymie suivante :  « Première mention en 965 sous la forme Campo Ursino, qu'on interprète souvent à tort comme "le champ de l'ours". Il s'agit en fait du champ d'Ursinus, nom de personne romain, diminutif d'Ursus (ursus = ours) ». L’encyclopédie Wikipédia et bien d’autres toponymistes à quelques mots près écrivent sensiblement la même chose. De plus, il faut noter qu’en occitan Campoussy s’écrit « Camporsin », nom visible sur le panneau signalétique à l’entrée du village, et qu’il faut bien sûr continuer à le séparer en deux avec « Camp » d’un côté et « Orsin » de l’autre. Ce dernier nom en occitan n’est pas sans nous rappeler le mot français «  oursin ». Or que nous dit Wiktionnaire dans la rubrique « Etymologie » à propos de ce coquillage ? « De l’occitan oursin issu du latin ursinus (« d’ours »), à cause que les piquants ont été comparés aux poils serrés de l’ours ou dérivé de ours avec le suffixe -in ». Enfin, notons que le site anglais « Babynames.com » apporte une confirmation supplémentaire en indiquant que le prénom  « Orsin » signifiant « ourson » est d'origine anglaise. Orsin est un nom utilisé principalement par les parents qui envisagent des noms de bébé pour les garçons ». On pourrait presque affirmer que « Campoussy » c’est le « Champ de l’Ourson ». Alors bien sûr, et comme on le voit l’ours n’est ici que le résultat très lointain et redondant d’une très vieille anthroponymie. Si je ne conteste pas le bien-fondé de cette toponymie, il faut savoir qu’ « à l’époque romaine, l’ours brun était encore présent partout en France, en plaine comme en montagne » (Source L’Ours en France, plaquette de l’association Férus).  Notons néanmoins que la présence d’un ours en Pays Fenouillèdes et de nos jours n’est pas si «stupide » que ça puisque Wikipédia indique qu’un spécimen aurait été aperçu il y a quelques années seulement.  En 2010, la présence de Balou dans l’Aude tout près de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse et à 70km de Sournia a  été confirmée. Quant à sa présence certaine et abondante au 18eme siècle dans ce secteur, elle ne fait aucun doute puisqu’au même titre que d’autres grands gibiers, l’ours était beaucoup chassé et braconné à cette époque-là. Si sa chasse régressa, c’est parce que les populations s’amenuisèrent au fil du temps. « Dans les Pyrénées-Orientales, le dernier ours sauvage du département est tué en 1846 lors d'une battue organisée à cet effet » nous dit Wikipédia. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1958 que sa chasse fut interdite mais il fallut attendre 1981 pour que l’espèce soit déclarée « protégée ». Toutefois, Wikipédia nous dit encore que  « La dernière ourse de souche pyrénéenne, Cannelle, a été abattue par un chasseur le 1er novembre 2004 ……Son fils Cannellito, né en 2004, est ainsi le dernier ours de souche pyrénéenne encore en vie ». Comme on le voit, le « Champ de l’Ours » antique est loin d’être démodé. Enfin, la deuxième raison à cette jolie dénomination est qu’en 2009, j’avais déjà entrepris le récit d’une longue randonnée intitulée « le Circuit de Campoussy depuis Sournia ». Alors bien sûr, impossible de donner deux fois le même nom à une balade différente même si la ligne de départ et l’objectif principal sont identiques !

Comme pour des balades précédentes intitulées « Le Circuit autour du Vallon de la Désix » et « Le Circuit des Ponts Romains », nous démarrons depuis le parking de la cave coopérative direction Campoussy par la D.619. Là, il faut emprunter à gauche la piste DFCI N°F80. Cette large piste forestière, je commence à bien la connaître, même si la vieille carte IGN 2348 ET que j’utilise encore dans mon vieux GPS est obsolète depuis pas mal de temps déjà, une variante de l’ancienne piste ayant vu le jour. De toute manière, il n’y a rien d’autre à faire qu’à la suivre. Comme toujours, me voilà d’emblée aux aguets de la flore et de la faune, et principalement des oiseaux. Si les merles et les geais semblent les plus présents, paradoxalement c’est d’autres passereaux que je réussis à photographier en premier et de la meilleure des manières. J’ai prévenu Dany que ce circuit était court, que nous avions donc tout notre temps et que j’avais envie de flâner et surtout de prendre des photos. « Marche à ton rythme et ne m’attends pas, on se retrouvera à Campoussy pour le pique-nique » lui ai-je dit. Mais sans réponse et avec un haussement d’épaules, je comprends qu’elle n’accepte pas ce qu’elle considère à juste titre comme une « stupidité ». Oui, je suis bien conscient que nous sommes là pour marcher ensemble ! Mais c’est plus fort que moi, chaque mouvement d’un animal aussi petit soit-il ou chaque plante fleurie attirent mon regard. Elle marche à son rythme certes puis m’attends quand mes tentatives de photos animalières s’éternisent en longueur. A dire vrai, la flore est plutôt réduite, quand à la faune, elle se résume à quelques oiseaux et à de rares papillons et criquets. Nous avançons donc de manière plutôt régulière mais il est vrai que je m’arrête assez souvent même si la plupart de mes arrêts sont courts. Finalement en arrivant à une intersection en forme de fourche et au niveau d’une barrière, nous prenons à droite direction Campoussy. Le hameau n’est plus très loin et d’ailleurs quelques vestiges se présentent assez vite avec un très vieux et haut mur à droite du chemin. Simple mur de soutènement ? Reste d’une ancestrale fortification ? Rien ne permet d’apporter une réponse, pas même un lézard des murailles se chauffant au soleil. Il disparait avant que je ne réussisse à le cadrer. Dès le virage suivant le village apparaît, ou tout du moins son imposante église Saint-Etienne. Dans l’immédiat, l’église on ne voit qu’elle tant sa stature architecturale et sans doute gothique en impose. Il faut avancer encore pour apercevoir les premières maisons. En entrant dans le village, et bien qu’il ne soit qu’11h30, Dany en est déjà à chercher un coin agréable pour pique-niquer. Moi, et parce que de nombreux moineaux, pinsons, rougequeues noirs et à un degré moindre quelques étourneaux ne paraissent pas très farouches, je continue dans les ruelles pour tenter de les photographier. Quand je reviens vers Dany, je m’aperçois qu’elle a mis à profit notre courte séparation pour entamer une vaillante conversation avec une jeune dame du village. Apparemment, le sujet est le potentiel immobilier du village et les maisons à vendre. Alors je repars vers mes volatiles, préférant laisser les deux « papoteuses » à leurs échanges « affairistes » qui ne m’intéressent guère. Quand je reviens une demi-heure plus tard, Dany, pour pique-niquer, a finalement trouvé son bonheur sur un banc de la place centrale. C’est donc ensemble et en plein soleil, que nous attaquons un déjeuner bien agréable mais ô combien espéré. Tout en mangeant, elle me remémore un souvenir que j’avais gardé dans un petit coin de ma mémoire et que pour être franc j’attendais d’un instant à l’autre :

  • « Tu te souviens la dernière fois que nous sommes venus ici à Campoussy, nous avions vu un chat qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à notre petite Noxi ? La ressemblance était frappante sauf que ce chat-là était beaucoup plus câlin car il s’était laissé caresser sans crainte ! C’était quelque jour après sa mort et j’y avais vu un signe ! 
  • Oui, je m’en souviens très bien, c’était effectivement quelques jours après sa disparition. D’ailleurs, nous étions partis manger à l’auberge de Sournia un peu à cause de ça et pour nous changer les idées. L’après-midi nous étions venus visiter Campoussy.
  • J’aimerais bien le retrouver ce chat !
  • Des mois ont passé et tu risques d’être déçue si tu ne le vois pas !
  • Non, je serais heureuse de le revoir mais je me ferais une raison s’il n’est pas là.
  • Ok, essayons de retrouver le mur en ruines où nous l’avions vu couchée. »

Nous rangeons nos sacs à dos et nous voilà partis dans les ruelles à la recherche de « notre petite Noxi », car à vrai dire il s’agit bien de cela. Retrouver le passé, retrouver notre animal de compagnie que nous avons tant aimé et qui nous manque chaque jour que Dieu fait. Voilà ce que nous comptons trouver sous les traits de ce chat « européen » pour ne pas dire « de gouttière », somme toute assez banal la plupart du temps, sauf que là tout était identique y compris les yeux. Oui surtout les yeux. C’était si troublant. Toute la ressemblance était là ! Le pelage certes mais les yeux ! Malheureusement et comme je l’avais craint, si nous retrouvons aisément le mur en ruines, il n’y a pas de chat dessus. Ou plutôt si, il y en a un, mais pas le bon ! Un chat gris , un peu renfrogné et qui ne se laisse jamais approcher. Nous cherchons un peu, regardons dans les jardins alentours, dans les différentes arrière-cours, mais en vain. Cette fois, notre petite Noxi est partie pour toujours. Un peu tristes, nous continuons la visite du joli hameau que nous connaissons déjà. En février dernier, nous avions longuement papoté sur la beauté et la quiétude si agréables du village avec un couple profitant du soleil, mais eux aussi ne sont pas là aujourd’hui. Pourtant, nous apprécions toujours autant ces aspects paisibles et charmants. Oui, malgré des décors verdoyants, ravissants, ronds et reposants et un magnifique Canigou enneigé qui crève l’horizon, nous marchons comme deux automates, en silence car désabusés. J’ai bien peur que la fin du « Champ de l’Ours » ne se transforme en un « Complainte du Chat ». Après tout « champ » et « chant » peuvent prêter à la confusion et comme la confusion n'est jamais loin du désarroi....  Il n’en est rien heureusement et quand nous sortons du village par la route principale, alias le GR.36, je fais de mon mieux pour distraire Dany et que l’on oublie très vite cette espérance inassouvie. J’essaie de la distraire en lui montrant ce que moi je trouve intéressant. Il faut dire que les décors et les éléments contribuent à ce jeu : encore quelques oiseaux, un joli oratoire, un calvaire avec un croix en fer forgé daté de 1696 et joliment orné de deux plaques émaillées indiquant les noms des lieux : la Crutz et la Cami Vielh. Comme j'ai lu pas mal de choses avant de venir, les anecdotes ne me manquent pas. Plus loin, quelques vaches avec leurs veaux qui viennent vers nous en nous voyant, puis se ravisent en détalant comme s’ils avaient vu le diable en personne. Plus loin encore, une ferme espèce de hangar où des bergeronnettes grises s’égayent un peu partout. Une jolie vue de Sournia qui se dévoile soudain. Quelques magmas granitiques impressionnants. Encore des oiseaux, des papillons, des criquets et même une grosse araignée qui traverse le chemin. Quelques fleurs de-ci de-là. Plus loin encore, après la traversée de la D.619, quelques chevaux blancs et un petit poney brun viennent se laisser cajoler le front. Eux ont bien compris que nous n’étions pas des diablotins mais seulement des anges-gardiens de la gente animale. Après cet intermède équin, le parcours devient plus boisé et donc moins attrayant car les panoramas disparaissent. Il y a moins de tout autour de cet étroit sentier filant vers Sournia, pourtant il est loin d’être désagréable car il zigzague dans la forêt Domaniale des Fenouillèdes riches en essences diverses. L’arrivée se rapproche et il faut attendre la très proche proximité du village pour retrouver un peu de distractions avec une faune et une flore de nouveau un peu présente. Bien évidemment et chaque fois que je reviens à Sournia, comment ne pas me remémorer ce fabuleux Tour des Fenouillèdes réalisé en 2011 avec mon fils ? Nous avions été là lors de la 3eme et 4eme étape, juste le temps d'un bout d'après-midi et d'une soirée ô combien mémorables ! Puis le lendemain, nous avions poursuivi vers Caudiès. Oui, une fois encore et à cet instant, de bons souvenirs pédestres remontent en surface avec plaisir. Ainsi se termine ce « Circuit du Champ de l’Ours » mais que j’aurais pu appeler aussi « A la recherche du chat perdu ». Visite et déambulations dans Campoussy incluses, cette balade a été longue de 8,9km. Les montées cumulées ont été de 515 m et le dénivelé de 178 m entre le point le plus bas (489 m au début de la piste DFCI F80) et le plus haut (667 m au calvaire à la sortie de Campoussy). Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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La Chapelle Saint-Michel de Sournia depuis Sournia

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de le jolie musique "Emmanuel" de Michel Colombier jouée ici et successivement par 3 virtuoses de leur discipline respective à savoir Toots Thielemans (Harmonica), Antonio Onorato (guitare) et Kristina Cooper (violoncelle) accompagnée ici de Laura Frautschi (vilon) et John Novacek (piano)

La Chapelle Saint-Michel de Sournia depuis Sournia

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En ce samedi 24 novembre 2018, et pour décompresser un peu, Dany et moi avions décidé de joindre l’agréable à l’agréable. Le premier « agréable » était de se trouver un bon petit resto sympa le midi et le deuxième était de faire suivre ce déjeuner d’une petite balade pédestre la plus agréable possible. Après l’analyse de diverses solutions, nous avions jeté notre dévolu sur Sournia et son auberge. Quand à la balade, nous nous étions fixés de partir à la découverte de la « chapelle Saint-Michel » de Sournia (*) que nous ne connaissions pas. Enfin, nous ne la connaissions que de haut et de loin et simplement pour l’avoir aperçue lors d’une randonnée intitulée « le Pic Garrabet et Terre Majou ». En réalité, moi, je l’avais déjà aperçu de loin également lors d’un mémorable Tour des Fenouillèdes effectué en septembre 2011 et lors de la 2eme étape entre Eus et Sournia. Alors pourquoi vouloir décompresser de cette façon-là me direz-vous ? Parce que depuis de longues semaines, Dany et moi étions sur le pont de l’association de yoga que nous gérons dans notre commune de Saint-Estève, elle comme présidente et moi comme trésorier. Être sur le pont, cela avait commencé en septembre avec une participation à un forum puis depuis tout s’était enchaîné très rapidement et sans presque aucun répit. Nouvel exercice et nouvelles inscriptions pour Dany, bilan précédent à clôturer, nouvelle comptabilité à ouvrir et nouvelle gestion des adhérents pour moi, une ribambelle de chèques d’adhérents à remettre en banque, les nouvelles cartes d’adhésions à imprimer puis l’assemblée générale prévue le 23 novembre s’était rapidement profilée, avec les achats à prévoir pour un apéritif où nous devions accueillir 70 à 80 personnes, la convocation à rédiger puis à poster à une centaine d’adhérents, les discours, les différents rapports, les futurs P.V à rédiger plus tard mais d’ores et déjà à envisager, les bulletins de vote, les messages sur le site Internet de l’association, le 40eme anniversaire à cogiter car à fêter, les médailles commémoratives de cet anniversaire à imaginer et à faire fabriquer pour nos plus anciens adhérents, les élus à accueillir comme il se doit car la remise d’une médaille de la ville était prévue pour le fondateur de l’association, etc…etc.. Dans cet inventaire à la Prévert, j’oublie sans doute pas de mal de choses. Tout cela pour dire qu’en ce lendemain d’A.G, A.G qui s’était formidablement bien passée, la pression était certes un peu retombée, mais un relâchement définitif et dans la Nature loin de tout ça n’était pas un luxe. Le 24 novembre, et après une modeste mais bénéfique grasse matinée, il est 12h30 quand nous garons notre voiture sur la place centrale de Sournia. L’Auberge de Sournia, nous la connaissons bien désormais car nous y sommes allés une bonne demi-douzaine de fois. Elle a d’agréables menus aux rapports qualité/prix très intéressants.  Les aubergistes ; un couple très gentil ; sont des gens très réservés mais sympathiques et même plutôt chaleureux intérieurement dès lors que les conversations s’engagent et qu’on les connaît un peu. Quand à la balade, dès le déjeuner terminé, nous sommes partis de l’auberge même, en empruntant la D.2, route principale, direction Rabouillet. La chapelle étant plutôt bien mentionnée sur quelques panneaux signalétiques, cette très courte balade reste réalisable même sans tracé GPS et sans carte IGN, encore qu’un minimum requis n’est jamais superflu. Après avoir visité assez rapidement l’hôtel de ville, l’église et d’autres éléments intéressants du patrimoine, nous sommes sortis de Sournia toujours par la D.2. En réalité, nous sommes sortis du centre de la commune car cette dernière étant bien étendue, les habitations restent longtemps présentes. A la sortie de la ville et à une intersection, nous avons pris la direction du quartier du Puigt, ancien fief des Templiers nous apprend l’Histoire de Sournia, puis nous avons poursuivi le chemin dominant le centre équestre qui est mitoyen avec le joli centre de vacances Le Moulin, joli car dans un cadre boisé et verdoyant au bord même de la rivière Désix. A partir de là, l’itinéraire longe la rivière. Voilà les principaux jalons puis le chemin dit de Saint-Michel, tout en longeant la Désix, continue vers Courbous et Arsa ou vers Fargasse et Aichoux. Toutefois, nous ne sommes pas allés aussi loin, car un petit panonceau mentionnant le vieil édifice religieux s’est présenté et nous a arrêté. Au même endroit, un autre panonceau mentionne le « Gouffre Saint-Michel ». En fait de gouffre, il s’agit, à cet endroit-là, d’un « pertuis », c'est-à-dire d’un rétrécissement rocheux de la rivière Désix formant une toute petite gorge se terminant par une modeste cascade. Il est fort probable, que tombant de cette petite chute rocheuse, d’une dizaine de mètres de large et d’une hauteur d’un  mètre cinquante tout au plus, l’eau a fini par creuser au pied de celle-ci, une espèce de petite fosse d’une profondeur un peu plus importante que nulle part ailleurs dans la rivière, d’où son nom de « gouffre ». Après la chute, la rivière s’élargit de nouveau, l’eau se calme avant de retrouver son lit quelque peu torrentiel. Après la découverte de ce joli lieu de baignade, l’ancestrale chapelle Saint-Michel est juste à côté, perchée sur un petit promontoire herbeux. Lorsqu’on l’aperçoit depuis le sentier qui y mène, elle présente de prime abord, c'est-à-dire vers sa face sud, un aspect plutôt satisfaisant pour une chapelle préromane que l’on sait du Xeme siècle. En réalité, il faut en faire le tour et y entrer pour se rendre compte qu’elle est encore bien ruinée sous certains aspects même si plusieurs façades et sa  toiture  ont été amplement restaurées et rénovées dans les années 80 par les services des Monuments Historiques. Son autel rudimentaire, enfin ce qu’il en reste, copieusement décoré de nombreux objets pieux démontre, si nécessaire, qu’une foi et même une ferveur religieuse sont encore bien ancrées dans cette région du pays Fenouillèdes. On note des ouvertures en arc outrepassé plutôt rares dans nos régions et rappelant des architectures bien antérieures au Xeme siècle : fin de l’empire romain, hispano-arabe et wisigothique. Après la visite de l’ancestrale chapelle, dont le cadre champêtre apporte une certaine poésie à ce lieu,  il faut, si l’on veut effectuer une boucle, emprunter le large chemin qui file derrière elle, direction nord-ouest. Cette piste forestière monte dans une pineraie puis retrouve plus haut la route départementale D.2. Après un ou deux virages et les blanches carrières de marbre que l’on aperçoit à main gauche, on délaisse cette D.2 au profit d’une voie rectiligne qui file derrière le cimetière et nous ramène le plus directement possible vers Sournia. La boucle se referme mais si vous ne connaissez pas Sournia, une ample visite est vivement recommandée. Vous ne verrez probablement pas tout en novembre, et même en hiver plus globalement, mais la cité est belle et son patrimoine très intéressant et fourni. Citons l’imposante église paroissiale de la Nativité de Notre-Dame possédant un joli mobilier, de remarquables retables, des tableaux, des statuts et des croix (visible sur le site www.tourisme-canigou.com), le tout plutôt ancien, la jolie fontaine de la Pou et ses canaux qui en découlent arrosant les jardins de la commune, quelques oratoires, les restes du château féodal, quelques portes en arches très anciennes et le musée de la Vie Quotidienne. Si l’on s’éloigne de la ville, les autres chapelles sont légions mais le plus souvent ruinées. Il y a les chapelles Sainte-Félicité et del Mené sur la route filant vers Pézilla-de-Conflent, les vieilles église de Saint-Just de Courbous et de Saint-Laurent d’Arsa, sans  oublier les fameux « ponts dit romains », vieux ponts moyenâgeux sans doute, que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer et de vous faire découvrir lors de deux récentes balades : « Le Circuit autour du Vallon de la Désix » et « le Circuit des Ponts Romains ». Notre promenade d’aujourd’hui a été longue de 5,6 (visites incluses) pour un modeste dénivelé de 90 m environ. Dénivelé modeste certes mais amplement suffisant pour Dany, laquelle après son opération du genou droit avec la mise en place d’une prothèse totale au mois d’avril dernier, n’avait plus randonné depuis le « Sentier du Berger à Leucate », c'est-à-dire depuis le 17 mars 2018, soit plus de 8 mois sans marcher. Une belle et gentille reprise, qui je l’espère, servira de reprise à beaucoup d’autres dans le futur. Dany ayant accepté que je flâne afin de photographier les nombreux oiseaux qui étaient présents ce jour-là (geais, merles, rouges-queues noirs, serins, bruants mais surtout énormément de pinsons partout), nous avons pris tout deux un grand plaisir à effectuer cette courte et facile randonnée.  Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

 

(*) La Chapelle Saint-Michel de Sournia : Pour en savoir plus sur cette chapelle, je vous propose d'aller sur un des deux liens suivants :

https://www.les-pyrenees-orientales.com/Patrimoine/ChapelleStMichelDeSournia.php

http://www.baladesromanes66.net/index-edifices-en-acc%C3%A8s-direct/fenouill%C3%A8des/st-michel-%C3%A0-sournia/

 

 

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Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de musiques d'Ernesto Cortázar Jr., extraites de son album  "You Are My Destiny"

avec successivement "Mother", "Heart to Heart", "You Are My Destiny", "Mariana" et "Love Spell".

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier


En pays Fenouillèdes, le « Fajàs d’En Baillette » est un arbre remarquable (*) bien connu des randonneurs roussillonnais.  Jugez plutôt : 500 ans, 30 m de hauteur et 5,75 m de circonférence, voilà ce qu’indique une pancarte se trouvant à son pied et rédigée en 2007 à son propos. En latin, les botanistes lui ont donné le nom de « Fagus Sylvatica », en occitan c’est « Fajàs » et en français, il s’agit d’un Hêtre commun, même si le mot commun n’est pas ici le mieux adapté. Pour le définir et en raisons de ses mensurations exceptionnelles, « hors du commun » est plus approprié. En France, ce n'est pas le seul hêtre remarquable (**) mais il fait partie des tout premiers.  Je suppose ; mais ce n’est qu’une supposition personnelle ; que « d’En Baillette » est le nom du cortal se trouvant juste à côté dont tout le monde ou presque se désintéresse, primo parce qu’il s’agit d’une ruine dont il ne reste que peu de choses, et secundo car l’arbre attire vers lui toutes les attentions. Il y a très longtemps, et pour avoir été dans ce cas de figure, je pense que nombreux sont ceux, qui comme moi, n’ont jamais remarqué qu’il y avait un cortal juste à côté de l’arbre. En général, la dénomination attribuée à une habitation est le nom de famille de celui qui l’habitait ou qui la possédait, et on peut imaginer que c’est le cas ici, sauf que ce nom « Baillette » n’a rien de bien occitan, ni de catalan d’ailleurs et que de ce fait on comprend mal pourquoi un nom aussi francisé aurait été accolé au mot occitan « Fajàs » ? Enfin, c’est ainsi et à la limite pourquoi pas ?  Pourtant, « Baillette » est un nom de famille plutôt présent dans les Pyrénées-Orientales et dans ce secteur en particulier, puisque c’est Sournia qui en détient le plus grand nombre (Sources Filae).  Enfin, et pour en terminer avec cette toponymie, il est fort possible que le nom « Baillette » soit ici un terme plus général définissant une contrée ou un lieu puisqu’on sait que jadis ce mot signifiait soit un acte de donation soit une terre donnée par un seigneur à son serf pour le libérer de son joug. Il existe une dernière possibilité mais qui est peu probable ici, c’est que « baillette » soit un étymon désignant une « petite vallée » (source Robert Aymard). Certes, l’arbre est situé tout près d’une source, ce qui d’ailleurs peut expliquer sa vigueur et sa longévité, mais en aucun cas on ne peut parler de vallée comme définissant ce lieu. A pied, il existe plusieurs façons d’aller le découvrir et cela sera fonction des kilomètres et de la difficulté que l’on sera prêt à lui destiner. Des départs sont possibles de Sournia, de Prats-de-Sournia, de Rabouillet, de Vira et enfin depuis Le Vivier. Tous ces villages sont situés dans un périmètre raisonnable autour de l’arbre, et ce dernier est accessible grâce à des sentiers pédestres et à des pistes forestières.  Ayant déjà vagabondé sur tous ces chemins, en ce 22 avril, j’ai décidé de faire un retour aux sources en démarrant depuis Le Vivier. Retour aux sources car l’arbre est situé dans la forêt communale du Vivier et surtout, c’est ainsi que je l’avais découvert la toute première fois. C’était il y a plus de 20 ans ; 23 ans exactement ; et si je m’en souviens, c’est parce que chose rarissime, ma fille était venue marcher avec nous. Ainsi accompagné de ma femme et ma fille, j’en gardais le souvenir d’une belle promenade en sous-bois, assez facile car sur des chemins plutôt rectilignes et avec un dénivelé modéré. Un rapide examen de la carte I.G.N me confirme ce sentiment et effectivement, aussi bien l’aller par le Ravin du Bois, que le retour par celui de la Couloubrière atteste de cette rectitude observée jadis. Rajoutons que ce circuit est désormais très présent dans les topo-guides et est devenu au fil du temps une randonnée quasi incontournable pour tous les clubs du département. 8h30, me voilà devant la mairie où je viens de garer ma voiture. Météo France m’avait annoncé un grand ciel bleu et un soleil resplendissant mais aujourd’hui, force est de reconnaître qu’ils se sont bien foutus dedans car il n’y a rien de tout cela. J’harnache mon sac à dos et démarre cette balade sous un plafond céleste plus que laiteux. Le ciel est carrément blafard ne laissant rien passer ni transparaître, ni le moindre coin de ciel bleu, ni le moindre rayon de soleil, ni le plus minuscule des nuages. Non, dès que je lève les yeux, il n’y a rien d’autre que du terne ou du lactescent et autant dire que la luminosité étant totalement absente ça ne me réjouis pas pour les photos que j’escompte prendre de ce parcours. Il va en être ainsi toute la journée ou presque. Ressemblant à un château fantôme, la vieille tour des seigneurs du Vivier domine tristement le village, un village complètement désert de surcroît, ce qui ne fait qu’ajouter à cette mélancolie ambiante. Enfin peu importe et il m’en faut plus pour me démoraliser. Je connais bien la ligne de départ pour l’avoir remarquée lors d’une balade que j’avais intitulée « Le Cami d’El Viver ». Elle est située « rue de l’église ». Je m’y dirige en ne m’arrêtant que pour photographier l’église Sainte Eulalie, quelques moineaux et un magnifique cerisier du Japon. Avec sa floraison si dense et ses fleurs roses superbement serrées, l’arbre a des petits airs de barbe à papa. Un panonceau est là et s’il n’indique pas clairement le « Fajàs d’En Baillette », la mention « Coll de Benta Fride - GR.36 – 1h55 » m’assure de la bonne direction à prendre, au moins pour le départ. Voilà un col que je connais par cœur pour y être passé des dizaines de fois et notamment avec mon fils lors d’un mémorable Tour du Fenouillèdes effectué en 2011. Ce col est situé sur une ligne de crêtes séparant les jolies vallées de la Désix et de la Matassa. Amplement occupées par des forêts, qu’elles soient domaniales ou communales, comme celle du Vivier, ces crêtes, on les appelle les « Terres Noires », à cause des strates de schistes noirs qui en composent sa principale minéralogie. Plus loin, dans la continuité, avec ses 1.310m d’altitude, le « Sarrat Naout » dresse son débonnaire et très boisé mamelon. Il constitue le plus haut sommet de la forêt domaniale de Boucheville, forêt dont l’épaisse et très diversifiée couverture végétale recouvre l’ensemble du secteur grâce à sa position géographique où tous les climats ; méditerranéen, montagnard et atlantique ; s’immiscent et y circulent avantageusement.  J’ai toujours adoré ce secteur, d’abord pour les panoramas qu’il peut offrir mais surtout car j’y ai presque toujours découvert une faune assez présente : cervidés, écureuils, renards, oiseaux et papillons. Quand à sa flore, elle est assez exceptionnelle avec de très nombreuses espèces, mais avec notamment des sous-bois truffés de narcisses jaunes et de jacinthes bleues et des prés où fleurissent plusieurs espèces d’orchidées. Pour toutes ces raisons, et outre le « Fajas d’En Baillette » , j’ai décidé que ces crêtes seraient l’autre objectif à cheminer. Ces crêtes doivent me permettre de remplir convenablement ma journée et j’ai bon espoir d’y faire quelques découvertes fauniques et floristiques. Me voilà donc sur le bon chemin mais déjà arrêté à discourir avec un aimable monsieur. Il vient d’ouvrir son garage et sort des pommes et du pain pour les donner à son cheval qui se trouve dans un pré en contrebas. Un cheval avec une belle robe noire, sans doute âgé, mais super câlin de surcroît. Je me laisse amadouer et lui donne une des deux poires que j’ai emportées en guise de dessert. Nous discutons un bon quart d’heures puis l’homme achève la discussion en m’indiquant qu’il y a peu de temps, le col de l’Espinas était encore enneigé. Je lui dis que je n’irais probablement pas jusque là mais le remercie néanmoins de cette information. Je laisse le brave homme, son cheval qui est bien à son image, et poursuis l’itinéraire. J’évite d’emprunter le G.R.36 qui me servira au retour et prend soin de suivre le balisage jaune bien présent en quittant la voie principale au profit d’une autre piste qui file à main gauche. C'est la voie la plus directe pour aller vers l'arbre. Je m’attendais à trouver un étroit sentier mais la piste cendreuse que j’emprunte est large et un peu monotone. Comme souvent, je tente de compenser cette monotonie en observant, selon moi,  tout ce qui mérite de l’être. Paysages alentours et flore printanière sont ainsi photographiés. Malgré ma quête permanente à tenter de les surprendre, les oiseaux nécessitent beaucoup plus de patience et de tentatives pour obtenir quelques bons clichés.  Si les petits passereaux sont de toute évidence les plus nombreux à proximité du village ; les mésanges et les fauvettes notamment ; l’éloignement de ce dernier et le temps passé à faire des photos permet bien d’autres observations. C’est ainsi que les merles noirs puis les geais prennent à tour de rôle le relais, leurs chants bien différents rompent le silence et emplissent la forêt au fur et à mesure que j’avance. Dans cette flânerie volontaire, je progresse bien malgré tout, car entre deux observations, la piste est suffisamment bonne pour que la marche s’effectue d’un pas très alerte. Parmi toutes ces considérations, la vision furtive d’un chevreuil à la lisière d’un bois sera le clou de la journée. Photos uniques au nombre de trois mais ô combien réjouissantes quand on a l’ambition de vouloir faire de la photo animalière en amateur. La piste finit par présenter un virage mais ma connaissance du tracé rectiligne plus un panneau gisant à terre m’incite à faire le choix de poursuivre un sentier qui entre dans l’épaisse forêt. Rien n’est écrit sur le panneau, ou tout du moins l’inscription qu’il y avait a été effacée par le temps. Il reste une balise jaune et cela suffit à me convaincre. De plus, dans cette haute et dense forêt, mon G.P.S ne capte pas les satellites et je ne peux que me fier à ma carte I.G.N et à mon impression. C’est la bonne ! Un chemin rouge, car amplement enseveli sous les feuilles mortes, vient remplacer la piste noirâtre. D’une forêt variée de divers feuillus, je passe très rapidement à une hêtraie ancestrale. Seuls de hauts buis et quelques buissons de fragons semblent être admis par ces hêtres de toutes sortes. Mes lectures m’ont appris qu’il y avait de nombreuses sous-espèces d’hêtres et donc de diverses formes mais toutes ou presque sont un seul et même arbre : le « Fagus sylvatica ».  Il y en a des petits, des gros, des carrément énormes car très vieux, de très droits au tronc unique, des tordus et d’autres carrément tortueux aux ramures sinueuses. Je marche enfin sans m’ennuyer car les chants puissants d’oiseaux se font entendre puis ces derniers se laissent voir et photographier. Il s’agit de pinsons peu craintifs ou alors très affamés. Ils descendent de la canopée renaissante et viennent se poser à même le sol, sans doute à la recherche d’une pitance faite de graines, d’insectes, de chenilles ou de larves que le printemps ressuscite. Quelques rouges-gorges et des troglodytes mignons les accompagnent mais sont plus craintifs et donc plus difficiles à photographier. A force d’être aux aguets, je finis par avoir le sentiment d’être observé moi-même. Mais non, ce n’est qu’une sensation, mais une sensation bien réelle car je m’aperçois que les hêtres ont parfois des yeux, des cils, des sourcils, une bouche, des oreilles ou un nez. Orchestrés par les nœuds et les fissures de l’écorce de certains arbres, je finis par y discerner des faciès, des visages, des regards. Dans certains troncs, sans doute séculaires eux aussi, les premières gravures, elles, sont bien réelles. Les scientifiques leur donnent le nom barbare de "dendroglyphes", du préfixe "dendro" signifiant "bois" et du mot grec "glyphe" signifiant "signe gravé". C’est ainsi que j’y découvre « Delph Arno 1999 » et un joli cœur gravé. Plus loin  « JF 98 » et dessous un hameau magnifique sculpté où l’on aperçoit clairement une petite chapelle. Quel talent !  Je lui décerne le titre de Champion du monde 98 de la gravure sur écorce ! Peu après, c’est un « JP » qui tente de nous faire comprendre qu’il est passé ici le « 15 XI 99 ». Finalement, le « Fajàs d’En Baillette » est là. Majestueux, somptueux, on le voit de loin, trônant un peu à droite de la clairière au sein de laquelle il a réussi à se développer jusqu’à atteindre des mensurations colossales. Quand on l’observe de très près comme j’ai enfin pu le faire et le photographier, on comprend qu’il est vraiment plus qu’un arbre. C’est devenu un ouvrage collectif ! Un manuscrit, un abécédaire, un grimoire, un livre d’amour, une amicale correspondance, un rébus, un répertoire, un agenda, un cryptogramme, un tableau d’algorithmes indéchiffrables, une cacographie, un cahier de dessins, un logogriphe,  une attestation de gravures et d'escalade. Oui cet arbre, c’est tout ça à la fois et bien plus encore !. Amplement gravé par des hommes au fil de son élévation ; on trouve désormais des gravures à plus de 4, 5, 6 mètres de hauteur ; il mérite amplement son épithète et son label de « remarquable ». Avec son système racinaire puissamment ancré au sol, on se sent bien petit à côté de lui. On comprend immédiatement qu’il survivra encore à bien des générations futures si aucun cataclysme ou bouleversement ne vient perturber ou rompre son existence si séculaire. Voilà plusieurs fois que je viens le voir mais c’est la toute première fois que je viens seul et l’envie d’y laisser une petite gravure me démange. Pas facile ? Sur son tronc, il y a de moins en moins de place ! Tout en prenant un en-cas, je m’essaye à y graver de petites initiales avec un minuscule Laguiole. « JG » me semble amplement suffisant et ce d’autant que dès que je gratte son écorce grise et blanche, une sève rougeâtre apparaît me donnant le sentiment d’une blessure. J’arrête là tout en repensant aux autres arbres que j’ai pu graver dans ma vie. Rares, ils sont au nombre de trois, celui-ci inclus. En 1968, quand j’ai connu Dany, nous avions gravé notre amour naissant sur un platane du boulevard Michelet à Marseille. Quelques années plus tard, nous n’avions pas retrouvé notre cœur et les initiales que ce dernier contenait. L’arbre ayant été tronçonné, tout avait disparu, sauf notre amour heureusement, qui lui a perduré. Le 18 août 2009, lors du Tour du Vallespir et au lieu-dit « la Cabane de la Devèse de Vallbonne », j’avais gravé (fort mal) mes initiales et la date, dans un hêtre (déjà !) lors d’une étape entre Batère et Saint-Guillem de Combret. En 2014, j’y suis retourné et la gravure, bien qu’encore parfaitement visible » s’était nettement cicatrisée. J’avais été ravi de ce constat car la blessure avait guérie. Voilà quelles sont mes pensées à l’instant même où il me faut quitter ce monumental « Fajàs d’En Baillette ». Je le quitte non sans un détour par les ruines du vieux cortal. Envahies par les lierres, je n’y décèle rien de bien intéressant sauf deux Tircis, papillons des bois que pour le coup je photographie puis déloge et qui partent se réfugier dans les hauteurs du « fajàs ». Après quelques photos de l’arbre séculaire et une photo souvenir, il est temps d’aller rejoindre la crête. Je fais le choix du petit sentier qui part vers l’est et passe au pied du Roc Courbe. A l’altitude de 916 m, et après le passage d’un portail, je tombe sur le panonceau du « Tour des Cabanes », balade que j’avais réalisée en mars 2013 depuis Prats-de-Sournia. De ce fait, je sais parfaitement où je me trouve, sauf que j’ai bien envie d’improviser en évitant les pistes que je connais trop bien. Le chemin partant à gauche rejoint le GRP Tour du Fenouillèdes et même s’il me remémore de bien agréables souvenirs, j’en connais tous les aspects. A droite, c’est le GR.36 descendant vers Sournia et là aussi, je connais tout ça par cœur. Ici, les deux chemins de grande randonnée sont communs. Un coup d’œil sur ma carte I.G.N et je fais le choix de traverser un pré, direction le Sarrat de la Carrette. Sur sa droite, un peu plus bas, il y a des pistes que je ne connais pas et j’ai bien envie d’aller les découvrir. En parcourant le pré, je ne doute plus avoir fait le bon choix, car outre deux corneilles qui semblent y trouver sinon leur bonheur au moins leur nourriture, ce dernier est jonché de magnifiques orchidées et les quelques arbres sont littéralement envahis par une colonie de Traquets. Traquets motteux ou oreillards ? En les photographiant, il est très difficile de les identifier car les deux espèces ont de nombreuses caractéristiques communes et notamment leurs couleurs où le blanc et le noir prédominent. Le Traquet motteux vit plutôt en montagne alors le Traquet oreillard a un habitat plus près de la mer et a une nette préférence pour le fond des vallées et les plaines. Mais ici à 900 ou 1.000 m d’altitude, suis-je en montagne ou est-ce encore la plaine ? Avec leurs queues assez courtes, j’aurais tendance à dire qu’il s’agit de Traquets motteux. Le pré descend en déroulant son tapis verdoyant vers des panoramas amples et grandioses et habituellement très beaux, sauf qu’aujourd’hui ce ciel si blême écrase tout. Je peste contre Météo France et leurs prévisions si « merdiques » parfois. Vers l’est et en contrebas, j’aperçois néanmoins Prats-de-Sournia mais derrière le village je ne vois qu’une succession de collines arrondies englouties sous une draperie de brume. Vers le sud, la Serre de Sournia est chapeautée par le Massif du Canigou encore très enneigé mais force de reconnaître qu’aujourd’hui, la montagne sacrée des Catalans n’a pas sa fascination habituelle. Je finis par atteindre la piste escomptée que je ne connais pas. Elle m’entraîne dans un bois où feuillus et pins à crochets se partagent l’espace. J’y découvre de bien jolis narcisses jaunes et des tapis de potentilles. Il est midi et je m’installe sur l’herbe pour déjeuner. Tout près de moi, un monceau de bois morts, résultat d’un important élagage, capte quelques oiseaux. Tout en mangeant, je m’essaye à souffler dans mes appeaux et presque aussitôt les sifflements attirent des pinsons et des mésanges. Plus surprenants, et après maintes hésitations en des vols circulaires, quelques becs croisés viennent se poster au faite de sapins. Plus ahurissant encore ; mais je pense que mes appeaux n’y sont pour rien ; un coucou gris vient chanter juste au dessus de ma tête. Je l’entends égosiller son chant lancinant fait de « cucouuuu» répétitifs mais je ne le vois pas. Lui non plus ne me voit pas d’ailleurs, car dès lors que je me déplace et qu’il me voit, il s’envole 50 mètres plus loin. Je plie bagages, adosse mon sac et me lance à sa poursuite. Poursuite essentiellement photographique bien évidemment. Je l’aperçois au sommet d’un grand arbre aux branches dénudées. Je m’approche et il s’envole un peu plus loin, et ainsi de suite sans que je puisse le photographier correctement, car une fois encore l’absence de luminosité est une mauvaise alliée. Par bonheur, son vol suit à peu de chose près le tracé de la piste forestière que j’avais envie de découvrir et quand il se pose, il a toujours une nette préférence pour les arbres effeuillés. Ainsi, aussi loin soit-il, je le vois. Le suivre ainsi devient un jeu, un jeu de piste qui parfois m’éloigne de la crête que j’avais envie de cheminer et qui désormais se trouve au moins 100 à 200 mètres au dessus de moi. Quand je sors de la piste, je me retrouve au milieu d’une végétation pas toujours affable pour ma peau. Hauts genêts, ronciers, cistes à feuilles de lauriers et rosiers sauvages sont des arbustes auxquels il vaut mieux éviter de se frotter. Le coucou s’habitue-t-il à me voir ? Est-ce les hauts genêts dans lesquels j’ai réussi à me planquer pour mieux l’approcher ? Toujours est-il que le voilà désormais à une bonne distance de mon objectif et de son zoom qui me permet de le fixer correctement. Il ne bouge pas et le voilà enfin immortaliser dans mon numérique. Je suis ravi mais je m’aperçois aussi que j’ai pas mal marché et que j’ignore où je me trouve. Au loin, le pic du Canigou donne le sentiment de vouloir disparaître sous un ciel bleu opalin. Un coup d’œil sur mon G.P.S pour connaître mes coordonnées puis sur la carte I.G.N et me voilà fixé sur ma position géographique. Je suis au lieu-dit « La Pépinière », presque en dessous du col de l’Espinas. Je rejoins la crête et trouve la clôture que je réussis à longer tant bien que mal. Elle m’amène à une piste se terminant devant un passage canadien et une barrière métallique. Je connais bien cet endroit et je pourrais même redescendre vers Le Vivier, mais il est tôt et je choisis de prendre le chemin qui file et monte vers le col de Benta Fride. Les chenilles processionnaires, en grand nombre, semblent vouloir m’accompagner. J’ai d’autant plus envie de marcher que les journées s’allongent, qu’il y a de jolies fleurs à photographier, que quelques papillons sont présents, que des mésanges charbonnières jouent dans les pins à crochets, que deux vautours fauves sillonnent le ciel presque à me faire peur. Un petit monde bien vivant pour lequel je suis venu. Le col de Benta Fride est atteint. Ici, à 992 m d’altitude, un panonceau m’annonce le Vivier à 1h50. Me connaissant, rajoutons-y une heure. Je ne crois pas si bien dire. Ici, je n’ai plus guère d’autres choix que de redescendre. Là, je fais le choix de longer la clôture, histoire de profiter encore un peu des derniers panoramas, fussent-ils affligeants aujourd’hui. En tous cas, me voilà sur le chemin du retour. Un peu plus bas, je retrouve la large piste forestière commune au G.R.36 et G.R.P Tour du Fenouillèdes. Agrémenté des fameuses traces blanches et rouges, un panneau de bois  mentionne « Le Vivier ». C’est le bon chemin, sauf qu’ici et d’emblée, de profondes cicatrices ont mutilé la forêt et fait disparaître le G.R.36 sous un fatras de bois et sous de profondes ornières où les marques de gros pneus ne laissent planer aucun doute quand à l’utilisation de puissants bulldozers et débusqueurs. Apparemment, une nouvelle piste est en cours de création sinon pourquoi cet affreux layon défigurant cette si belle forêt ? Cette nouvelle piste épargnera-t-elle les hêtres séculaires ? Je l’espère mais rien n’est moins sûr. Non, sans mal, je finis par retrouver le bon itinéraire dans tout ce désordre forestier. Balisage jaune, blanc et rouge, blanc et bleu, une borne peinte me rassurent très vite quand au bon itinéraire. Les ruines de vieilles cabanes confortent cette idée. Alors que je descends d’un bon pas dans cette forêt qui semble vide de toute vie, mon chemin croise avec surprise celui d’un jeune couple qui le remonte. Surpris je le suis, car si l’homme est à peu près convenablement habillé d’un jeans, d’une chaude chemise canadienne et chaussé plutôt correctement avec des souliers hauts et en cuir, la jeune femme, elle, est plutôt vêtue pour une sortie en boite de nuit que pour une balade en forêt. Un minuscule short moulant et très sexy, un tee-shirt qui ne l’est pas moins sur une poitrine généreuse et agréablement décolletée, des tennis légères et d’un jaune flashy, elle n’a rien de la randonneuse qui part à la découverte du « Fajàs d’En Baillette », car c’est bien là leur objectif. J’ai beau leur dire qu’ils se sont trompés de chemin mais l’homme n’a pas l’air de me croire. Je suis contraint de sortir ma carte I.G.N pour leur montrer où l’on se trouve, mais là encore il semble douter de mes paroles. Au fond de moi, je me dis qu’ils sont mal barrés. Il est déjà 16h et je doute fort qu’ils trouvent l’arbre remarquable et ce d’autant qu’aucun panonceau ne l’indique plus haut dans ce secteur, qu’ils n’ont aucune carte et encore moins de G.P.S. Etant décidés à poursuivre, je tente de les dissuader une dernière fois en leur indiquant qu’ils vont inévitablement tombés sur la large plaie tailladée par les bulldozers. Rien n’y fait. Ils semblent sûrs d’eux et je ne peux m’empêcher d’imaginer la jeune femme avec son short si ajusté entrain d’enjamber les chablis et autres arbres coupés. Je continue. Le silence revient car la forêt continue d’être vide et ce, malgré la présence du ruisseau de la Couloubrière qui commence à creuser son ravin. Or mis quelques violettes des bois, il n’y a rien de concret à mettre dans mon appareil-photo. Aux lieux-dits « Les Moles » et « Palmade », des vestiges en pierres sèches attirent mon regard et l’objectif de mon numérique. Dans ce dernier lieu, près d’un long mur en pierres sèches, des vestiges moins réjouissants car plus modernes sont les preuves évidentes de la sottise humaine. Tables et chaises en plastique renversées, panneaux stratifiés, cagettes, tous ces objets ont été laissés là, à l’abandon, dans ce bois où ils n’ont rien à y faire. C’est assez lamentable. En tous cas, si déjeuner dans les bois il y a eu, l’intelligence des pique-niqueurs, elle, était absente. Un peu plus bas, une affiche clouée à un arbre me rappelle à des souvenirs à la fois bons et mauvais, ceux de la tempête Klaus de 2009, de mon Tour du Vallespir et d’une étape mémorable qui devait m’amener au bien nommé Col du Miracle puis à Prats-de-Mollo. A cause des arbres couchés, cette affiche réclame la prudence et je ne peux m’empêcher de penser au couple que je viens de croiser. Un peu plus bas encore, le chant du ruisseau se fait désormais entendre. Il est parallèle au chemin mais traverse quelques prés où poussent d’énormes merisiers en fleurs. L’eau qui s’écoule, des fleurs dans les prés, quelques papillons voltigeurs et des oiseaux chanteurs semblent vouloir remettre en branle une apparence de vie. Peu après, cette vie se concrétise par la photo d’un magnifique Loriot. Du côté d’Urbanya, j’ai déjà aperçu cet oiseau rare par deux fois mais sans jamais pouvoir le figer. Sous un ciel un peu moins blafard que ce matin, l’approche puis l’arrivée au Vivier se résument à des photographies florales et à de nombreuses et laborieuses tentatives pour photographier des mésanges et des fauvettes qui s’ébattent dans les cerisiers fleuris. Un peu plus loin, un rapace noir se lance dans un vol statique avant de se raviser en me voyant. Au bout du chemin, le village est là avec son château ruinée et son église dédiée à ma petite-fille, Eulalie la bien nommée. Je retrouve le cheval noir du brave homme. Me reconnaît-il ? Toujours est-il qu’il vient quémander un peu de nourriture. Je fouille sans conviction et en vain dans mon sac à dos car à l’évidence aujourd’hui j’ai tout mangé. Il se plante devant moi ne comprenant pas pourquoi je ne lui donne rien. Je lui tend un peu d’herbe dont il n’a apparemment que faire. Il a raison car faut-il être bête pour donner de l’herbe à un animal qui n’a que ça sous ses sabots ? Donne-t-on du pain à manger à un boulanger qui a envie de manger autre chose ? Ma balade au « Fajàs d’En Baillette » se termine-t-elle sur cet échec ? Non pas vraiment car dans le canal du village ; continuité des deux ruisseaux que j’ai suivis ; une bergeronnette grise et un rouge-queue noir en ont décidé autrement. Ils m'offrent leurs couleurs et se laissent très gentiment photographier, le rouge-queue noir, peu craintif, venant même me braver sur la balustrade du pont où je me trouve. Cette randonnée, telle qu’expliquée ici, a été longue de 19 kms avec des montés cumulées de 1.500 m, égarements volontaires sur les crêtes inclus. Rien bien évidemment ne vous obligera à accomplir ce circuit tel que je l’ai réalisé moi-même et après la découverte de l’arbre, vous pourrez vous cantonner au G.R.P Tour du Fenouillèdes et à son col de Benta Fride, raison pour laquelle vous trouverez sur ma carte explicative les deux tracés : celui réalisé et celui conseillé qui est long d’environ 13 km, pour des montées cumulées de 980 m et un dénivelé de 566 m entre le point le plus bas au Vivier (426 m) et le plus haut au col de Benta Fride (992 m). Carte I.G.N 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

 

(*) Label attribué en mars 2014 par l’association A.R.B.R.E.S.

(**) Comme la plupart des arbres, l'hêtre a sa propre étymologie, ses propres histoires ou légendes. Voici celles qui nous ont été laissées par Jacques Brosse, naturaliste, philosophe et historien (1922-2008) dans son livre " Les Arbres de France - Histoire et légendes" paru chez Plon en 1987.

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

Le Fajàs d'en Baillette depuis Le Vivier

 

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Le Circuit Autour du vallon de la Désix depuis Sournia

Publié le par gibirando

  

Diaporama sur la musique "Oblivion" d'Astor Piazzolla jouée par le violoncelliste Stjepan Hauser et le Zagreb Philharmonic Orchestra

Le Circuit Autour du vallon de la Désix depuis Sournia

Le Circuit Autour du vallon de la Désix depuis Sournia

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Jeudi 25 mai 2017. Il est 10h quand nous garons la voiture sur le parking de la cave coopérative de Sournia. 4 jours après le long « Circuit des Clôtures » réalisé à Urbanya, nous voilà de nouveau d’attaque pour une autre balade pédestre. Un peu plus courte et beaucoup moins difficile, il est vrai. Le grand beau temps est toujours là et comme la forme physique aussi, autant en profiter. Pour Dany et moi, ce n’est pas si souvent que les petits bobos et parfois même les gros ne viennent pas contrarier et compromettre nos sorties conjointes. Marcher le plus souvent possible pour partager les beautés de la Nature a toujours été notre principal dessein et parvenir à le faire ensemble reste toujours un grand plaisir. Aujourd’hui, j’ai choisi un « Circuit Autour du vallon la Désix ». « Autour de la Désix », c’est le nom que la plupart des randonneurs donnent à cette jolie petite boucle au départ de Sournia. Alors bien évidemment autant conserver ce nom-là. Moi, j’y ai simplement rajouté le mot « vallon » car c’est bien autour et en balcon au dessus du vallon de cette rivière que s’effectue 99% de cette randonnée pédestre, les 1% restant représentant l’essentiel de l’objectif du jour, c'est-à-dire « atteindre les rives de la rivière et tenter d’aller s’y rafraîchir quand le temps s’y prête voire aller y pique-niquer seulement si la météo est peu moins favorable ! ». Aujourd’hui, vu la luminosité du ciel et la chaleur des premiers rayons de soleil, je pense qu’on pourra aisément faire les deux. Bien sûr, quand je parle de vallon, il ne s’agit en fait que d’une courte portion située au sud-est de Sournia car la rivière Désix, elle, est  longue de 32 km. Elle prend sa source non loin du Roc des 40 Croix et finit sa course près d’Ansignan à l’endroit même où débute le lac de barrage de Caramany. Si je veux être plus précis et vous donner d’autres références pédestres, sa confluence avec l’Agly est à quelques mètres du départ de deux randonnées que j’ai déjà décrites dans ce blog à savoir le « Sentier des Oiseaux » et le « Sentier des Dolmens en Fenouillèdes ».  Autre référence pédestre, la boucle d’aujourd’hui est en grande partie identique à celle que j’avais intitulée le « Circuit des Ponts romains », la différence se résumant au fait que dans les « ponts romains », j’avais fini au plus près de la rivière jusqu’à être contraint de la traverser déchaussé et pantalon relevé, alors qu’ici, nous aurons qu’une vue aérienne du vallon. Une vue tronquée tant ce vallon est extrêmement boisé. En tous cas, mon idée première est de le faire découvrir à Dany car j’avais pris énormément de plaisir lors des « ponts romains ». Ces ponts restant au programme, c’était là un point capital qui m’a fait choisir ce circuit. Comme indiqué en préambule, le départ depuis la cave coopérative de Sournia reste le même. La suite aussi, car après avoir emprunté la D.619 en direction de Campoussy, on délaisse la route peu après la station d’épuration. Là, il faut poursuivre sur la piste DFCI F80. Le parcours est très simple jusqu’à atteindre une barrière où là, il faut prendre à gauche en direction du lieu-dit La Ribasse. Un étroit sentier vient prendre le relais de la piste. Ce sentier descend dans le ravin de la Ferrère où le premier pont romain se découvre. C’est le pont dit des Mandres ou des Renardes. Ici, malgré un chaud soleil,  la fraîcheur est de mise car le pont est en sous-bois, mais la profondeur de la Ferrère bien insuffisante pour un bain intégral. Dany s’en moque car un bain de pieds lui suffit mais moi, j’ai passé l’âge de « faire trempette » et seule une vraie immersion en eaux profondes me ravit. Elle me tente d’autant  que cette journée printanière s’y prête pleinement ; et en outre, j’estime que me baigner loin de la foule bruyante des plages roussillonnaises reste un privilège bien trop rare. En tous cas, peu de personnes la mettent à profit. Alors avec Dany, nous décidons de « couper la poire en deux » ou si vous préférez « de nager entre deux eaux ». Les deux expressions sensiblement similaires vont bien, puisque on décide de pique-niquer ici et j’irais ensuite me baigner au second pont romain dès le casse-croûte terminé. Aussitôt dit aussitôt fait tant je languis la baignade  Ce second pont, c’est celui dit « des Chèvres » et quoi qu’il arrive, il faudra le traverser pour poursuivre cette balade. Dans l’immédiat, la balade attendra que je me sois baigner et Dany aussi. Il faut dire qu’après le « Circuit des Clôtures » et sa vingtaine de kilomètres, la baignade, les bains de soleil et le repos sont des primautés qui ne se discutent pas. Dany acquiesce. Quoi qu’il arrive, nous finirons cette boucle mais dans l’immédiat, le temps est au « bon temps » et l’heure à la « bonne heure », celle de mettre la pédale douce ! C’était notre objectif en venant ici, d’être au plus loin de la performance sportive. Aujourd’hui, ce ne sont  ni les gros et petits poissons filant entre les pierres, ni les gerris planant à toute vitesse à la surface, ni les gros crapauds bubonneux empressés de rejoindre les berges, tous apeurés par mes « ploufs », qui vont changer mon envie de baignade. Je n’ai pas peur d’eux. J’ai envie de me baigner et comme l’eau n’est pas si fraîche que ça, j’ai bien envie d’y passer quelques temps. Un agréable et chaud soleil semble en accord avec cette savoureuse visée et aide à combler les intervalles entre deux immersions. Après un bain plein de fraîcheur, quoi de mieux qu’un brin de sieste au soleil ? A bien y réfléchir, avec son joli nom, me rafraîchir dans la Désix est presque devenu un rituel. Pour moi, après celle d’Urbanya, elle est sans doute devenue la rivière des Pyrénées-Orientales la plus régénératrice de mes balades. Je me souviens notamment d’un arrêt fraîcheur indispensable lors de la dernière étape du Tour des Fenouillèdes réalisé en 2014. C’était au lieu-dit les Albas, entre Pézilla de Conflent et Ansignan, mais en réalité, il y a eu bien d’autres lieux et d’autres occasions où la Désix s’est trouvée là à point nommé. Lors d’une randonnée à la Foun del Loup ou d’une sortie photos sur le Sentier des Oiseaux par exemple. Simple et pure coïncidence mais surtout la rivière a très souvent des eaux claires,  accessibles et profondes pas endroit .Deux heures plus tard, l’eau a coulé sous le pont et nous décidons qu’y dormir ne doit pas devenir une habitude.  Nous levons le camp et franchissons le pont. Dessus comme le faisaient sans doute les chèvres qui lui ont donné son nom. Un sentier dallé de pierres s’élève et ce pavement laisse à penser que si des chèvres l’ont jadis emprunté, elles n’ont pas été les seules. Etroit, escarpé et donc peu aisé à cheminer, ce sentier entouré d’un murets en pierres sèches a tout les attributs du « vieux chemin muletier ». Certains prétendent que ce chemin serait aussi médiéval que le pont et certainement ont-ils raison au regard de tous les vestiges moyenâgeux dont dispose cette contrée. En regardant la carte cadastrale, on y découvre son nom : « Chemin de Prats à Trévillach » et le lieu-dit qu’il traverse ici : « Ouratori de Saissa ».  D’ailleurs, la montée se termine à proximité d’un oratoire dédié à la Vierge Marie et plus spécialement à Notre-Dame de Lourdes. C’est bien l’oratoire de Saissa.  Faut-il voir une corrélation entre le sentier et l’oratoire ? Probablement. La statuette de la Sainte Mère n’est pas là innocemment et les gens qui avaient pris l’habitude d’emprunter ce mauvais sentier trouvaient cet oratoire pour se recueillir et implorer la Vierge si nécessaire. Nous poursuivons, non sans avoir eu au préalable quelques tendres pensées à l’encontre d’êtres chers. Le chemin se stabilise et devient très rapidement une voie asphaltée. Cette voie, il faut la quitter dès lors que l’on aperçoit un cabanon sur la droite. Un large chemin de terre file dans sa direction. Il passe devant ce dernier et continue en longeant des amandiers, un verger puis une oliveraie.  Un panneau désigne ce chemin comme étant sans issue, mais n’ayez aucune crainte, il faut néanmoins l’emprunter. Effectivement, le chemin se perd et force est de constater qu’il n’y a pas d’issue, sauf qu’en continuant sur quelques mètres, on arrive au pied d’un muret qui n’est ni plus ni moins que le soubassement d’un autre chemin. Il est perpendiculaire au premier et file aussi bien à gauche qu’à droite et de ce fait, je me dis que nous avons du louper quelque chose quelque part bien avant et qu’il n’était peut être pas utile de pénétrer dans cette propriété. Je me promets de vérifier sur la carte I.G.N. Ce n’est pas trop grave puisque tout est désert aujourd’hui. Nous gravissons le petit muret puis prenons à main gauche ce nouveau chemin. Il file en balcon au dessus du vallon de la Désix et de la D.619, ouvrant ainsi à nos regards de nouvelles et belles perspectives. Il finit par atteindre la départementale mais manque de bol, il reste encore plus d’un kilomètre avant de rejoindre le centre de Sournia. Comprenant qu’il n’y a pas d’autres alternatives que celles d’emprunter le bitume sur plusieurs centaines de mètres, mais surtout très fatiguée par la répétition des kilomètres effectués en quelques jours, Dany décide de stopper au pied d’une carrière. Je lui propose de se reposer. Mais non, elle me dit  « j’arrête là, sois gentil va chercher la voiture ! ». C’est donc en solitaire que je finis cette jolie balade, Dany n’ayant pas d’autre solution que d’attendre que je vienne la chercher.  Ce « Circuit Autour du Vallon de la Désix »  est long de 9,5 km pour des montées cumulées de 780 mètres et un dénivelé de 215 mètres. C’est donc une randonnée plutôt facile à faire de préférence aux beaux jours afin de profiter de la fraîcheur ambiante au bord de la Désix. Une fois encore, cette balade a été l’occasion d’être en symbiose avec la Nature. Nous y avons découvert une quantité incroyable de fleurs, d’oiseaux et de papillons dont le plutôt rare « Damier des Knauties », lépidoptère diurne essentiellement présent en France dans les départements des Pyrénées-Orientales et de l’Aude et dont le statut de « vulnérable » le contraigne à être sur les différentes listes rouges des espèces menacées. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

 

 

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Le Circuit des Ponts Romains depuis Sournia

Publié le par gibirando

Diaporama sur la musique "Talk to me" de Miranda Shvangiradze

Le Circuit des Ponts Romains depuis Sournia

Le Circuit des Ponts Romains depuis Sournia

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Au départ de Sournia, cette boucle que j’ai intitulée  le «Circuit des Ponts Romains », vous la trouverez parfois dans certains topo-guides ou sur des sites Internet sous la dénomination de « Sentier des Ponts Romains », « Sentier des Vieux Ponts » ou bien encore « Autour de la Désix ». Ils en existent de multiples versions et variantes, la mienne n’ayant que pour originalité de suivre la Désix au plus près de son lit lors du retour mais avec peut être le désagrément de bains de pied inévitables. Un comble, je l’admets, quand on prétend vouloir faire découvrir des ponts. Toutes ce appellations sont légitimes et il semblerait que la dénomination la plus usitée de « ponts romains » soit la plus discutable. En effet, les historiens s’accordent à dire que les différents vieux ponts, au nombre de deux voire trois et principaux objectifs de cette jolie balade pédestre, n’auraient rien d’antiques et seraient plutôt moyenâgeux.  Etant profane en la matière, je leur laisse l’entière responsabilité de leurs appréciations.  En tous cas, une fois les ponts découverts et visités, au-delà de leur belle architecture et de leur remarquable originalité, une évidence saute aux yeux : leur ancienneté !  Edifiés sur des rivières parfois très impétueuses voire carrément torrentielles et dévastatrices ; ici la Désix et la Ferrére ; ces ouvrages d’art ont su vaillamment résister au temps et surtout aux très nombreuses crues bouillonnantes que les époques précédentes n’ont pas manqué de voir défiler. Quelques restaurations ont parfois été réalisées mais si modestes au regard de ce que ces ponts ont pu endurer qu’il faut continuer à les regarder avec un œil admiratif. Souvenons-nous par exemple que le pays Fenouillèdes n’a pas été exempt du fameux « aiguât » de 1940 et bien que les estimations pluviométriques soient moindres qu’ailleurs, avec 200 à 300 mm en 24 heures à Sournia, ces précipitions orageuses ont été considérables.  Malgré les siècles, ces « ponts romains » sont encore bien debout  et continuent de garder leur destination première : pouvoir traverser la rivière facilement sans se mouiller les pieds.  Par ce constat, ces passerelles sont bien à l’image que la commune de Sournia s’était créée au fil des siècles passés, celle d’un village où la longévité n’était pas un vain mot et où vivre centenaire était presque devenu une banalité (*). A Sournia, la balade peut démarrer n’importe où, mais le lieu le plus approprié est la cave coopérative vinicole car c’est par là qu’on termine, à condition bien sûr d’y trouver une place pour garer sa voiture. Comme ça n’a pas été le cas,  j’ai laissé ma voiture à proximité du village de vacances Le Moulin, fermé à cette époque de l’année. Là, j’ai emprunté la D.619, direction Campoussy. J’ai traversé le pont « moderne » sur la Désix et j’ai poursuivi jusqu’à rencontrer la piste DFCI F80 filant à gauche. Si les vieux ponts vous intéressent vraiment, sachez qu’un ouvrage est déjà accessible en empruntant le premier chemin descendant à gauche, sur la D.619, elle précède la piste sus-indiquée. Peu de randonneurs le rajoutent à leur sortie. Il s’agit d’un pont avec des piliers en grosses pierres de taille dont l’arche unique dallée de béton laisse imaginer une restauration relativement récente. En tous cas, il parait plus « moderne » que ne le seront les deux suivants. La large piste DFCI F80 est assez longue ; plus de 4 km jusqu’à sa terminaison et à sa mutation en sentier ; mais est plutôt agréable à cheminer. Il faut dire qu’elle circule au sein même d’une ZNIEFF, Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique et de ce fait, elle traverse divers décors qui conviennent parfaitement à mon dada de la photographie animalière et floristique : petit bois de feuillus,  nombreux arbres en fleurs, forêt de grands conifères et quelques vestiges du passé, enfin tout ce qu’il faut pour attirer une faune diversifiée. Tout cela avec une élévation assez modeste de 100 mètres tout au plus,  amplement satisfaisante à la flânerie guidant mes pas. Cette élévation est néanmoins suffisante pour offrir de magnifiques vues sur Sournia, le vallon de la Désix et sur une bonne partie du pays Fenouillèdes. Au plus haut de l’itinéraire, de plus amples panoramas se dévoilent et comme le ciel est assez clair vers tous les horizons, la vue porte relativement loin : vers les Corbières et le château de Quéribus notamment et vers le Canigou dont je ne distingue que le bout de son pic enneigé. Sur cette piste, il faut noter qu’une bonne portion que j’emprunte est carrément absente de la carte I.G.N 2348 ET. Est-ce une erreur des géographes de l’I.G.N ou bien la carte 2348 ET est-elle trop ancienne ? Je ne sais pas mais je tiens à préciser cette anomalie, laquelle bien évidemment apparaît au grand jour dans la mesure où je dispose du tracé erroné dans mon G.P.S.  (Voir le bon tracé sur la carte jointe à ce récit).  Après quelques hésitations, finalement, je comprends qu’il y a une incohérence dans le parcours et je poursuis la même piste tant elle parait évidente. A hauteur d’une barrière et d’une patte d’oie, je choisis de prendre la piste descendant à gauche.  Cette piste file vers le lieu-dit La Ribasse où elle se termine et se transforme en un étroit sentier mal débroussaillé. Un cairn marque le commencement de cette sente et la D.619 en direction de Pézilla-de-Conflent en matérialise la fin. Entre les deux et en atteignant le lit du ravin de la Ferrére, le premier vrai « pont romain » est là, magnifique ouvrage aux trois arches d’une délicate pureté même si bien évidemment sa vétusté due à sa vieillesse ne fait pas l’ombre d’un doute.  Il a la particularité d’avoir une fontaine au sein même d’une de ses arches mais inactive de nos jours. Selon une information lue, on l’appellerait aussi le pont des Mandres ou pont des Renardes. Je le photographie sous toutes ses coutures avant de filer vers le deuxième « pont romain » tout proche.   Ici, en atteignant la D.619 et son pont moderne dit de Roquevert, on peut difficilement s’empêcher d’imaginer que cette route,  bitumée de nos jours,  n’a pas toujours été là, sinon les deux vieux ponts dits « romains » à quoi auraient-ils pu servir ?   En effet, les deux « ponts romains » encadrent si parfaitement le nouveau qu’il est raisonnable de penser que ce dernier est venu les remplacer. « Un pont entre deux autres », c’est presque le titre d’un film non ? Il faudra que je vérifie. (« Un pont entre deux rives »). De l’autre côté de la D.619 et juste dans le virage, un sentier descend vers le deuxième « pont romain ».  Il aurait reçu le nom de « pont des chèvres » mais ne me demandez pas pourquoi, mais on peut aisément imaginer qu’au temps jadis, un chevrier avait l’habitude de passer par là. Dans l’immédiat, je pars découvrir la Maison cantonnière toute proche, mais la demeure est fermée et peu loquace quand à une plaque illustrant son porche : « Chemins vicinaux – Maison cantonnière ».  Je retourne vers le « pont romain » un peu déçu car dans sa fiche Internet à propos de Trévillach, l’historien Jean Tosti évoque une grotte et la présence supposée d’un habitat préhistorique. Une fois encore, je suis sur le point de traverser le pont sans coup férir mais des bergeronnettes et d’autres passereaux jouant au bord de la Désix m’arrêtent dans ma démarche. Est-ce l’absence de vrais garde-fous et l’étroitesse du pont combinées à mon enthousiasme sans modération de la photographie mais, l’œil dans le viseur, je suis soudain pris d’une espèce de vertige, entre « tête  qui tourne » et effroi que le pont ne s’écroule sous mes pieds. Je déguerpis du pont aussi sec puis j’en rigole aussitôt une fois l’autre berge atteinte. Je prends d’autant plus conscience de ma stupidité que quelques minutes auparavant, j’ai aperçu un groupe d’une vingtaine de randonneurs le franchir sans problème.  Ici, pas de doute, la sente qui se poursuit de l’autre côté du pont puis qui s’élève dans un paysage de maquis est un ancien chemin muletier. Cela se voit à ses gros galets de rivières qui en empierrent le sol et des plus gros encore très souvent en granite qui l’encadrent tels des murets plus ou moins hauts. L’Histoire raconte que Roquevert était un carrefour stratégique très important au temps où les royaumes de France et d’Aragon se bagarraient tout ou partie du pays Fenouillèdes. Les vestiges du château que l’on aperçoit au sommet d’un piton  rocheux en sont le témoignage. Le sentier continue de s’élever offrant de jolies vues sur la Désix, la Maison Cantonnière et les ruines du vieil hameau de Roquevert. Au loin, la colline pyramidale du Roc Blanc colmate l’horizon. Elle aurait également servi de vigie militaire au Moyen-Âge. Quand le sentier s’aplanit, les paysages changent. Droit devant c’est une colline calcaire et aride amplement fracturée qui apparaît. J’y découvre avec stupéfaction et sur sa partie la plus inclinée toute une série de vieilles terrasses en pierres sèches dont je me demande quel type de cultures elles ont bien pu accueillir dans cet erg de caillasses. On peut penser à des oliviers tant la garrigue en conserve quelques traces sous la forme d’oléastres et d’oliviers sauvages. Sur la gauche puis sur la voie asphaltée que je poursuis, le regard embrasse de larges champs en jachères entourés de haies et de boqueteaux. J’y surprends un magnifique coucou geai. Plus loin, je remarque une jeune oliveraie au milieu de laquelle trône un cabanon, elle me confirme, si besoin était, qu’ici l’olivier a toujours été cultivé. Au rythme de mes pas et des virages,  les paysages s’entrouvrent encore un peu plus : de l’autre côté de la Désix ; c'est-à-dire d’où je viens. J’y distingue Campoussy et les vestiges de Séquières mais aussi vers les Pyrénées Audoises et vers la longue et sombre forêt des Fenouillèdes se poursuivant encore un peu plus loin par celles de Rabouillet et de Boucheville. Ces forêts, je les connais presque par coeur depuis mon mémorable Tour des Fenouillèdes de 2011. J’y distingue le Sarrat Naout, plus haut sommet de ce pays du fenouil.  Le chemin est propice à la rêverie et l’heure du pique-nique ayant déjà sonnée depuis de longues minutes, je réfléchis mais hésite aussi à m’arrêter au bord de cette voie carrossable mi-asphaltée mi-fleurie mais avec des vues splendides sur tous ces beaux paysages. Si j’hésite, c’est parce que j’ai prévu de déjeuner au bord de la Désix. J’ai encore toute mon après-midi devant moi pour manger et terminer cette jolie balade. Rien ne presse. Je m’arrête un instant puis je repars retrouvant une fois encore la D.619.  Au bord de la route, un panneau signalétique m’encourage à descendre vers la chapelle Sainte Félicité de Sournia qui se trouve en contrebas et au bord de la Désix. Mais non, comme je le fais la plupart du temps avant une randonnée, j’ai essayé d’étudier le parcours au mieux et c’est ainsi que j’ai découvert sur le Net toutes les curiosités visibles ou possibles. Le temps est venu d’aller découvrir une autre chapelle : la Chapelle del Méné. Elle se trouve 500 à 600 m plus haut au bord de la D.619 et si j’y suis passé des dizaines de fois devant et en voiture, jamais je n’ai pris le temps de m’y arrêter. Le moment propice est donc venu d’y aller pour faire une petite prière en faveur de tous les êtres qui me sont chers et d’avoir une tendre pensée pour tous ceux qui ne sont plus de ce monde. Ça fait pas mal de monde auquel j’estime pouvoir offrir les quelques mètres supplémentaires nécessaires à cet aller retour.  Après tout, je suis un catholique baptisé, libre et apte à faire une prière même si ma seule croyance c’est plutôt la Nature qu’un être suprême supérieur, et leur donner quelques minutes de ma divertissante balade n’est pas vraiment un sacrifice, bien au contraire. La Chapelle del Méné est en réalité une petite grotte aménagée en un lieu de prières avec un autel bien fleuri  et quelques statuettes de la Vierge. On peut simplement regretter toutes ses grilles obstruant son approche. Je suppose que le vandalisme a du avoir cours et que les bénévoles qui s’en occupent avec ferveur en ont assez de voir ce joli lieu trop souvent profané.  Après cette découverte méditative, je retourne vers la Chapelle Sainte Félicité. La vieille église est en partie en ruines, notamment la toiture mais le lieu est agréable et très rafraîchissant car entouré d’une végétation verdoyante. Les randonneurs vus sur le dernier « pont des Chèvres» sont là, à quelques encablures, à se détendre au bord de la Désix.  Ma visite de la chapelle qui se trouve un peu plus haut ne peut donc pas les déranger. J’en profite pour la découvrir après la lecture d’une pancarte qui en raconte brièvement l’Histoire et beaucoup plus l’architecture. Elle est d’époque préromane. Je la photographie sous tous ses aspects. Je quitte Sainte Félicité en longeant la berge gauche de la Désix, cette fois-ci à la recherche du coin idéal pour pique-niquer. Je le trouve sans aucune difficulté et 200 mètres en amont, même si je suis contraint de m’écarter quelque peu de mon tracé G.P.S. Ici, la Désix forme un petit bras tranquille séparé du reste du torrent que j’entends chanter quelques mètres plus loin.  Assis sur une petite grève mi-limoneuse mi-herbeuse,  je peux enfin me détendre tout en satisfaisant mon estomac qui commençait sérieusement à crier famine. Il est 13h30.  Je mange en écoutant les bruits de la nature et en observant des « gerris » qui font de l’aquaplaning sur le miroir de l’eau. Enfant, on les appelait improprement des « cousins ». Une « demoiselle » aux ailes d’un magnifique bleu vert métallisé fait des va et vient en quête d’humidité qu’elle trouve sur des branchages, des feuillages ou des galets mais toujours au plus près de la surface de l’eau.  De temps en temps, et avec une dextérité étonnante, un pouillot vient jouer au voltigeur dans cet écheveau végétatif et liquide. Le grand pré qui se trouve dans mon dos est parsemé de fleurs printanières. Elles viendront se rajouter à mon herbier photographique dès le pique-nique terminé. Une heure plus tard, je repars, toujours en amont et sur la rive gauche. Grâce à mon tracé G.P.S, je n’ai aucun mal à retrouver l’itinéraire et le large chemin herbeux qu’il me faut suivre. Si ce dernier s’est quelque peu éloigné de la Désix pendant quelques temps, une première complication surgit à l’instant même où les deux se rejoignent.  Ici, pas de pont. Ni romain ni moyenâgeux et seulement un semblant de passage à gué de quatre mètres de large dont la moitié a été depuis longtemps emportée par les flots. Je suis devant un dilemme : soit trouver un passage au sec soit me déchausser, remonter mon pantalon sur les genoux et traverser à pied ce courant assez impétueux d’une trentaine de centimètres de profondeur au maximum. Si la largeur et la profondeur ne sont pas effrayantes, j’appréhende une glissade sur des galets moussus et instables, pas tant par peur de me mouiller mais par crainte de choir avec mon appareil photo et mon sac à dos que je n’ai pas du tout envie de voir détremper ni l’un ni l’autre. Finalement et quelques mètres plus haut, je finis par trouver un passage au sec sous la forme de vieux petits murets coupant en tous sens la rivière.  Vestiges d’un pont séculaire ? Digue ancestrale ? Vieille écluse ? Anciens bassins de rétention ? Je n’arrive pas à trouver une signification à ces murets mais en tous cas,  ils sont là à bon escient même si les cheminer nécessite par endroits des dons proches du funambulisme. Enfin, pour l’instant ces murets sont bien commodes car quelques mètres plus loin et plus haut, nouvelle jonction du chemin et de la Désix et là, pas d’autre alternative qu’un grand bain de pieds. Si aux beaux jours, j’ai toujours aimé me baigner dans toutes les rivières que je rencontrais, prenant ainsi mes désirs pour des réalités, ici « prendre la Désix devient une réalité »  un peu contraignante. A la mi-avril, l’eau descendant des montagnes est encore bien trop glacée pour qu’un bain forcé soit plaisant. Seul vrai plaisir à cette traversée délicate mais heureusement éphémère, le bonheur d’arriver indemne sur l’autre berge avec mon sac à dos et mon appareil photo intacts. Autre bonheur sur cette rive, celui de découvrir un joli martin-pêcheur dans son action primitive : la pêche aux alevins.  Ma présence semble le déranger car il se réfugie dans les frondaisons de la berge puis il s’enfuit carrément mais j’ai eu le temps de deux jolies photos. De l’autre côté de la rivière, un sentier continue en sous-bois mais débouche très vite sur une large piste sableuse. Le sous-bois se termine, les paysages vers le haut se dévoilent et ô surprise, une dizaine de vautours fauves louvoient dans le ciel azur. Décidèment, force est de reconnaître que très souvent mes balades sont ponctuées de ces magnifiques mais angoissants volatiles : Fenouillèdes mais aussi Vallespir, Cerdagne, Capcir, Ariège, Aude, Hautes-Pyrénées, Midi-Pyrénées, j’en ai même vu dans le Conflent, au dessus de Serrabonne et encore très récemment du côté de Conat, et qui plus est sur la route filant vers Nohèdes et Urbanya. Le vautour solitaire il est vrai,  était posé, tranquille, sur un muret au bord de la route et n’a même pas bougé à l’instant même où je suis passé en voiture à moins de deux mètres de lui. Sa réintroduction dans les Pyrénées françaises a apparemment porté ses fruits et désormais ses territoires de prédilection se confondent avec l’ensemble des terres pyrénéennes. En outre, il semble s’être habitué à la présence de l’homme mais le contraire est-il vrai ?  Un œil sur les vautours et l’autre sur le chemin et ses abords, je continue de profiter des vues qui s’entrouvrent de tous côtés. Il y en a des plongeantes vers la Désix, d’autres plus planes devant moi et d’autres plus célestes vers les collines  mais toutes sont belles et ont pour dénominateur commun une végétation luxuriante et verdoyante. Pas de doute, le printemps est là. Sournia aussi. Je coupe le parking de la cave coopérative et poursuit vers la D.619. Ma voiture est toujours là. Ce joli « Circuit des Ponts Romains » est fini. Telle qu’expliquée ici, cette belle balade aux nombreuses découvertes a été longue de 12,5 km environ pour un dénivelé de 210 m et des montées cumulées de 865 m. Sur cet itinéraire où les « ponts romains » sont les principaux objectifs, il faut prendre note, et très paradoxalement,  que ne pas vouloir se mouiller les pieds deviendra vite un obstacle. Carte I.G.N 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.  

 

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Vadrouille dans le fenouil - Histoire-Géographie-Préambule

Publié le par gibirando

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En vadrouille dans le fenouil

ou

le Tour des Fenouillèdes en cinq jours

dans les pas de mon fils

Lien vers étape 1 

Les Fenouillèdes que l’on écrit plus rarement le Fenouillèdes et incorrectement le Fenouillède au singulier mais que vous trouverez parfois écrit dans certains textes ou même sur des panneaux indicatifs en occitan Fenolheda ou Fenolhedés ou bien encore en catalan Fenolleda ou Fenolledès tirerait son nom du mot romain « Fenolietensis » signifiant « foin ».

Alors, si j’en crois les historiens, ce n’est pas en « Vadrouille dans le fenouil » mais en « Vadrouille dans le foin » que j’aurais du intituler le récit de ces cinq jours de randonnée pédestre au cours desquels, avec mon fils Jérôme, nous avons réalisé le tour de ce joli pays. Bon, s’il faut reconnaître que pour la rime c’est sans doute mieux ainsi, sur le terrain, il n’y a pas photo non plus quand à l’importance du fenouil sauvage par rapport aux champs de foin. En effet, en dessous d’une certaine altitude, il y a, en bordure des sentiers et dans la garrigue, du fenouil sauvage un peu partout alors que les balles de foins, elles, sont plutôt discrètes dans cette région presque essentiellement viticole. En effet, des champs de foin, je n’en ai vraiment aperçu qu’au dessus de Sournia, du côté des bien nommés Prats-de-Sournia (prés de Sournia), autour de Caudiès et enfin au pied du Bugarach où certains petits prés voués à l’élevage semblent faire l’objet de fenaisons régulières mais tellement insignifiantes que j’ai du mal à comprendre que l’on y consacre un patronyme à une région toute entière. Alors s’il est vrai que quelques siècles se sont écoulés depuis l’origine de cette dénomination, j’avoue que cette explication historique de désigner les Fenouillèdes en «Pagus Fenolietensis» à savoir le «Pays des Foins»  ne m’inspirait pas vraiment. En effet quel rapport pouvait-il bien y avoir entre le mot « foin » alors que très clairement le nom « Fenouillèdes » contenait le préfixe « fenouil » ? Alors, j’ai cherché à comprendre et en enquêtant sur le sujet, j’ai fini par apprendre que les Romains appelaient le fenouil du mot «foeniculum» dont la traduction me convenait à merveilles puisque elle ne signifiait pas moins que « petit foin ». Les diminutifs latins « fenum » ou « foenum » signifiant plus simplement le « foin ». Alors très clairement le Fenouillèdes devenait de toute évidence le « Pays du Petit Foin » c'est-à-dire le « Pays du Fenouil » !  La boucle était donc bouclée et pour clore d’ailleurs ce qui n’a jamais été une querelle entre « foin » et « fenouil », j’ai fini par apprendre que dans certaines régions, on donne encore au fenouil ce nom de « petit foin ». Enfin qu’elle ne fut pas ma surprise d’apprendre que les Grecs, eux, avaient baptisé le fenouil  du mot « marathon » comme la célèbre cité où s’était déroulée en 490 avant J.C, la glorieuse bataille entre Athéniens et Perses. Alors c’est vrai, j’aurais pu faire un incroyable pléonasme en intitulant mon récit de ce Tour des Fenouillèdes, « Marathon dans le fenouil ». Mais heureusement et même si les étapes ont toutes été très longues ; plus de 20 km tous les jours ; aucune n’a jamais atteint les 42,195 kilomètres qui séparaient Marathon d’Athènes. Et puis, je dois le reconnaître, j’aime bien ce titre de « Vadrouille dans le Fenouil » bien plus poétique avec sa jolie petite rime en « ouille » qui correspond bien mieux à la longue errance que nous avons connu Jérôme et moi au cours de ces cinq jours. Une longue flânerie, qui certains soir, se finissait en « petites souffrances » du style « ouille mes mollets ! », « ouille mes doigts de pieds ! » Gros point positif de mes recherches sur l’origine des Fenouillèdes, elles m’ont permis d’en apprendre encore bien plus sur l’histoire et la géographie de cette bien agréable région :

 

Résumé de l’Histoire du pays Fenouillèdes : 

 

Bien avant que Le « Pagus Fenolietensis » romain devienne le « Pays des Foins », le territoire est occupé dès la préhistoire comme le prouve les nombreuses découvertes archéologiques et notamment celle de la Cauna de Bélesta où une tombe collective d’une trentaine de personnes datant de -4500 avant JC a été mise à jour en 1983. Il y a également de nombreux dolmens ayant sans doute servis de sépultures notamment à Felluns, Ansignan, Trilla, Campoussy et Bélesta.  On pourrait également évoquer le célèbre « Homme de Tautavel » mais bien que très proche, ce bourg n’est pas vraiment considéré comme étant situé dans les limites du pays Fenouillèdes. On saute quelques siècles pour constater de la présence des Romains dès l’an 120 avant JC. Lors de notre dernière étape, cette présence romaine, on a eu l’occasion de l’observer au plus près avec le superbe aqueduc d’Ansignan dont la solidité exceptionnelle et l’état de conservation exemplaire lui permettent de fonctionner encore plusieurs siècles après son édification. Le début de l’ère chrétienne voit la venue et l’installation d’autres peuplades et ethnies (Sordes, Volques, Ceratanis, Ibères, Suèves, etc….) Plus tard, au Veme siècle, les Wisigoths envahissent la région. Il faut dire que leur royaume s’étend jusqu’à la toute proche Septimanie. Puis ce sont les Arabes qui envahissent à leur tour la contrée mais Pépin le Bref se charge de les repousser à la Bataille de Narbonne en 759. Les Francs et Charlemagne occupent le territoire et autorisent la construction d'édifices religieux comme le magnifique Chapitre de Saint-Paul de Fenouillet ou bien militaires comme  la tour de Lansac ou celle de Trémoine dont les origines seraient dit-on également carolingiennes. En 842, sous Charles le Chauve, la Septimanie est divisée en deux pays distincts qui laissent les Fenouillèdes dans une entité intitulée la « Marche d’Espagne ». Au Xeme siècle, le premier vicomte s’installe au château de Fenouillet. Les Cathares, initialement concentrés dans les Comtés de Toulouse, Albi, Béziers et Carcassonne, après la Croisade contre les Albigeois de 1208, trouvent refuge dans les Fenouillèdes, pourchassés qu’ils sont par l’Etat français. Quelques vestiges comme les châteaux de Quéribus ou de Peyrepertuse ont été les témoins de ce passé tumultueux et tourmenté où les « Bons Hommes » avaient trouvé dans les Fenouillèdes et leurs proches alentours une terre d’asile accueillante. Prenant partie pour les cathares, le Vicomte de Fenouillèdes, lui est contraint de quitter Fenouillet pour s’exiler dans le Roussillon voisin. Ses héritiers ne retrouveront plus jamais les terres de leurs ancêtres. Bien que faisant partie intégrante de l’Occitanie, le pays Fenouillèdes, de par sa position géographique frontalière, a une longue histoire étroitement et intimement liée à celle de ses voisins catalans et espagnols. Avec le Traité de Corbeil de 1258 signé entre les rois de France et d’Aragon, les Fenouillèdes sont réintégrés au royaume de France. Du côté de Bélesta, Montalba-le-Château et Latour-de-France, quelques bornes-frontière encore debout sont le témoignage de cette délimitation entre Roussillon aragonais et Fenouillèdes français. Il faudra attendre le Traité des Pyrénées de 1659 signé entre les rois Louis XIV et Philippe IV d’Espagne pour qu’avec l’annexion de nombreux territoires tel le Roussillon, le Conflent, le Vallespir, le Capcir et une petite partie est du comté de Cerdagne, pour ne citer que les plus proches, la frontière recule encore un peu et s’installe dans ses limites actuelles. Mais il faudra attendre encore presque un siècle de plus et le Traité de Bayonne de 1856, pour que la véritable frontière terrestre soit définitivement symbolisée avec l’installation de 602 bornes sur la chaîne pyrénéenne. En 1790, avec la création des départements français, une immense partie du pays Fenouillèdes est intégrée aux Pyrénées-Orientales. Toutefois sa partie historique la plus haute en altitude correspondant grosso modo aux vallées de la Boulzane et d’Escouloubre est attribuée au département de l’Aude. Aujourd’hui, c’est toujours cette configuration-là qui prédomine. Mais pour mieux comprendre, ce découpage, il est sans doute nécessaire de parler un peu de la géographie de cette région très contrastée.

 

Géographie des Fenouillèdes :

 

Comme de nombreuses régions naturelles, les Fenouillèdes sont bornées par des repères plutôt vagues dont on peut néanmoins délimiter quelques contours grossiers : Au nord, la limite est représentée par les Corbières servant de frontière avec l’Aude. A l’est, c’est le Roussillon et le Ribéral. Au sud, c’est la région du Conflent où s’étire la Vallée de la Têt. A l’ouest, c’est le piémont des Pyrénées Audoises jusqu’au Défilé de Pierre-Lys où s’écoule le fleuve Aude qui délimite la région. Mais bien plus que des bornes naturelles, c’est la langue occitane qui délimite le pays Fenouillèdes, ce qui vous l’aurez bien compris n’a pas été sans poser de nombreux problèmes depuis son rattachement au département des Pyrénées-Orientales dont toutes les autres régions sont de langue exclusivement catalane. En effet, divisée grossièrement en trois cantons (Saint-Paul, Sournia et Latour-de-France), la région administrative du Fenouillèdes est encore très fière d’appartenir à l’Occitanie et sur les 33 communes qu’elle comporte, 28 sont de langue occitane et 5 seulement sont de langue catalane (Arboussols, Calce, Estagel, Montner et Tarerach). Avec ses 2000 habitants, Saint-Paul-de-Fenouillet est considéré depuis très longtemps comme la capitale régionale. En Fenouillèdes et au dernier recensement, la population dépassait péniblement les 10.000 habitants et ce chiffre ne représentait que 2,4% de la population totale du département. Cette différence entre Occitanie et Catalogne est encore visible de nos jours et il faut bien le dire, peu considéré, le pays Fenouillèdes reste le « parent pauvre » du département des Pyrénées-Orientales. Mais quand je dis « pauvre », on peut le traduire en désœuvré à cause d’une densité et d’une évolution de la population très faible pour un taux de chômage un peu supérieur aux autres régions du département, mais il ne faut pas l’entendre comme dépourvue de toutes richesses car les Fenouillèdes disposent de vignobles exceptionnels et de quelques industries minières, feldspath, calcaire et gypse notamment. Dans un passé pas très lointain, les mines et carrières étaient plus nombreuses car on y exploitait aussi du fer, du sable et du kaolin et quelques autres minerais un peu plus rares. L’avenir économique est à construire avec peut-être des opportunités dans l’agriculture et les filières du bois. Quand à l’activité touristique, elle est insuffisamment mise en valeur pour l’instant et pourrait être porteuse d’espoirs dans un futur pas si lointain que ça pour peu que les politiques veuillent s’en donner la peine. Il suffit de parcourir le pays à pied pour prendre conscience de toutes les merveilles que cette région recèle. Les Fenouillèdes sont une succession de collines essentiellement calcaires plus ou moins hautes, veinées en tous sens d’une multitude de petites ravines et de quelques vallées plus ou moins larges. Au fond de tous ces ravins, petits et grands, s’écoulent une multitude de rus,  ruisseaux, torrents, rivières, correcs ou recs comme on les appelle ici. Souvent, il faut des pluies torrentielles pour que l’eau s’y écoule et c’est donc au fond des vallées les plus importantes que quelques rivières coulent vraiment en toutes saisons. Ces principales rivières ont pour noms Boulzane, Desix, Matassa, Maury et Verdouble mais toutes ont un confluent commun qui s’appelle l’Agly. Long de 60 kilomètres et seul fleuve régional, l’Agly a indubitablement façonné une grande partie des Fenouillèdes et laisse encore son empreinte bien après ce pays jusqu’au terme de son parcours. Depuis sa source au pied du Pech de Bugarach, l’Agly s’engouffre dans les fabuleuses Gorges de Galamus et retrouve la Boulzane dans la vallée constitué par les Corbières d’un côté et le long synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet de l’autre. Le fleuve fracture cette barre rocheuse longue de 30 kilomètres et poursuit sa route dans les Gorges de la Clue de la Fou où ses eaux plutôt froides se mélangent aux eaux minérales sulfurées calciques de la source d’eau chaude à 27° de la Font Cauda, autrefois exploitée par des établissements thermaux.  Puis plus placidement, elle se dirige vers Ansignan, passe au pied du village sous et sur l’étonnant aqueduc romain grâce à un ancestral et ingénieux système de déviation de son lit, pour se déverser dans la majestueuse retenue formée par le barrage de Caramany. L’Agly franchit encore quelques jolis villages du pays Fenouillèdes tels Latour-de-France et Estagel, atteint le Roussillon à Cases-de-Pène, traverse Espira-de-l’Agly puis Rivesaltes et rejoint enfin la Méditerranée où la rivière se jette entre les plages de Torreilles et du Barcarès. Enfin, pour finir ce chapitre consacré à la géographie, la région est séparée en deux parties distinctes : le Haut-Fenouillèdes à l’ouest, principal domaine des superbes forêts domaniales et communales où l’altitude culmine à 1.310 mètres au Sarrat Naout près de Rabouillet au sein de la grandiose et ancienne forêt royale de Boucheville et le Bas-Fenouillèdes à l’est où prédomine la vigne qui pousse au fond des vallons et sur les coteaux de schistes de quelques petites collines hautes de 800 mètres au maximum. Ici, ces collines, on les appelle « serres » ou « sarrats ».

 

Enfin et pour être complet, le climat du pays Fenouillèdes est de type essentiellement méditerranéen même si par endroits, la proximité des Pyrénées et l’éloignement par rapport à la mer créent des microclimats de type montagnards. Il est donc normal d’y trouver le plus souvent une flore typiquement méditerranéenne constituée pour l’essentiel de maquis et de garrigues où la végétation est plutôt rase et où les arbustes les plus communs sont le chêne vert, le chêne liège et le pin, ou bien des épineux comme les ronciers et les églantiers ou bien encore des ligneux comme les cistes, les buis, les buplèvres ou les bruyères arborescentes. Dans cette garrigue, le Fenouil sauvage pousse assez spontanément mais est néanmoins très présent à certains endroits. Au sein de cette végétation, vit une faune sauvage, elle aussi typique du pourtour méditerranéen avec l’emblématique sanglier dont les populations peuvent être excessivement nombreuses par endroits. Enfin, dans les profondes et sombres forêts d’altitude, on retrouve la plupart des conifères et feuillus européens. Elles sont le domaine de nombreux renards, mustélidés (blaireaux, fouines, furets, etc…) et surtout cervidés, chevreuils ou cerfs essentiellement et parfois même l’isard. Selon certains témoignages, d’autres mammifères y auraient été incidemment aperçus ou repérés comme le chat sauvage, le loup, le lynx et l’ours par exemple mais ces passages ne sont sans doute que sporadiques et jamais définitifs.

 

 

Préambule :

 

Comme pour mon Tour du Coronat de 2007 et mon Tour du Vallespir de 2009, tous deux effectués en solitaire, l’idée d’accomplir ce Tour des Fenouillèdes m’est venue au cours des diverses randonnées d’un jour que j’accomplissais dans le secteur et chaque fois, que je tombais sur un panonceau « Tour des Fenouillèdes », la curiosité de découvrir cette région dans son intégralité me titillait et je me disais « un jour, ce serait bien que tu puisses le faire ».

  

Alors, c’est vrai cette idée trottait souvent dans ma tête et ce tour pédestre était inscrit sur mes tablettes depuis quelques temps déjà mais quand il fallut réellement le concrétiser, il faut le reconnaître, l’organiser ne fut pas chose facile tant ce pays des Fenouillèdes est incontestablement la région oubliée du département des Pyrénées-Orientales. Mais peu importe les difficultés et il était hors de question pour moi que je ne l’accomplisse pas. Cette volonté s’amplifia encore un peu plus quand mon fils Jérôme m’indiqua qu’il envisageait de le faire avec moi. Le Fenouillèdes, terre occitane oubliée ou ignorée des catalans depuis le traité des Pyrénées de 1659, il suffit pour s’en convaincre, de compulser "Pyrénées-Orientales - L’Encyclopédie Illustrée du Pays Catalan" où seulement deux pages sont consacrées à cette belle région sur les 302 pages que comporte ce gros ouvrage. Sans doute que ce désintéressement est également lié à une densité de population moindre que celle des autres régions du département. Pour se convaincre de cette indifférence et de cette ignorance quasi générale, il suffit de vouloir parcourir ce tour, pourtant parfaitement balisé par les comités associatifs pédestres, pour constater qu’aucun topo-guide n’a encore été édité ni par la Fédération Française de Randonnée Pédestre ni par aucun autre éditeur. Quand à l’organisation, si dans les communes les plus importantes que sont Saint-Paul-de-Fenouillet, Caudiès-de-Fenouillèdes et Sournia, on y trouve assez aisément le gîte et le couvert, il y a, en terme d’hébergement quasiment un grand vide dans la partie orientale du tracé sur une immense portion qui va de Saint-Paul à Sournia, c'est-à-dire depuis Lesquerde à Eus (*)  en passant par Ansignan, Trilla, Tarerach, Marcevol et Arboussols. C’est d’ailleurs, je pense, la raison essentielle pour laquelle ce tour n’a pas encore été édité et reste peu fréquenté et que nous-mêmes avons été contraints de camper lors de la première étape qui nous a amenée de Trilla à Eus (1). C’est d’ailleurs la principale raison qui m’a incité à démarrer de Trilla, après avoir retourner le problème dans tous les sens. J’ai d’autant plus du mal à comprendre ce désintéressement pour les Fenouillèdes et cette désaffection pour ce magnifique tour pédestre que cette région regorge de richesses naturelles, architecturales et patrimoniales exceptionnelles. Pour n’évoquer que les sites rencontrés ou aperçus les plus remarquables sur l’itinéraire et sans parler des remarquables vignobles que l’on côtoie au fil du parcours, Rivesaltes et Maury  en tête, pour ne citer que les plus connus qui y sont récoltés, il y a le superbe Prieuré de Marcevol, la localité d’Eus (*), élu plus beau village de France, de nombreux hameaux oubliés dont ceux de Comes, de Malabrac et de Campeau par exemple, ces étonnants amas granitiques naturels de la longue Serre de Sournia, les admirables forêts communales et domaniales du Fenouillèdes, de Boucheville et du Moyen-Agly, les merveilleuses gorges de Saint-Jaume, les belles vallées de la Désix, de la Boulzane et de l’Agly pour ne parler que des principales rivières, les ruines d’innombrables mas pastoraux et de nombreux châteaux dont ceux de Fenouillet, l’admirable église Notre-Dame de Laval à Caudiès, les étonnantes échines géologiques calcaires que sont le synclinal de Saint-Paul s’étirant sur plus de 30 kilomètres et les Corbières avec ses pechs et notamment celui monumental et mystique de Bugarach, le surprenant chapitre de Saint-Paul avec son insolite clocher heptagonal et enfin peut-être le plus merveilleux et emblématique joyau architectural de la région avec le splendide pont-aqueduc romain d’Ansignan dans un état de conservation exceptionnel et encore en état de fonctionnement malgré son grand âge de plus de 17 siècles. Voilà quelques unes des principales merveilles que vous pourrez découvrir ou voir si vous êtes amené un jour à réaliser ce tour pédestre dans son intégralité. Enfin, dès que l’on s’élève un peu, on est frappé par cette mosaïque de paysages et ce patchwork de couleurs et ça où que l’on se trouve, c’est dire si la diversité est une des caractéristiques principales du pays Fenouillèdes. Si dans cette longue liste,  j’ai volontairement omis les superbes Gorges de Galamus et son ermitage Saint-Antoine, c’est parce que nous-mêmes en avons fait l’impasse mais rassurez-vous, elles font bien partie de ce tour et rien ne s’opposera à leur découverte lors d’une étape supplémentaire au départ de Saint-Paul-de-Fenouillet. On peut également regretter dans le tracé actuel de ce tour, cette ignorance la plus totale pour des  villages tels que Maury, Rasiguères, Lansac, Latour-de-France, Bélesta ou bien encore Caramany. Un allongement de deux à trois jours passant par ces villages et effectuant le tour du lac de Caramany par exemple aurait été judicieux et agréable. Mais les Fenouillèdes, ce ne sont pas seulement des gros bourgs, des monuments et des paysages, ce sont aussi des hommes qui ont su façonner un pays très tourmenté fait d’une succession de collines et de multiples ravins, des hommes qui ont réussi à élever de charmants villages et hameaux dans les coins les plus reculés, des hommes qui malgré les occupations et les invasions successives (romains, wisigoths, musulmans, francs, aragonais, espagnols, etc.…) et un passé parfois tumultueux comme les guerres entre cathares et catholiques sont restés accueillants et ont réussi à en faire un pays où il fait bon vivre. Même si en raison d’une mauvaise météo, les deux premiers jours et surtout le premier n’ont pas été très propices à une flânerie pédestre, ce bien-être, nous avons eu l’occasion de le goûter. Alors, je ne sais pas ce que Jérôme en pense mais pour moi, ce périple de plus de 125 kilomètres, restera très longtemps un Tour du Bonheur. Alors, laissez-moi le plaisir de vous conter ce bonheur de partir « vadrouiller dans le fenouil » et dans les pas de mon fils car comme vous le verrez sur mes photos, j’ai très souvent marché derrière lui. Et bien oui, même en randonnée, la jeunesse reste un privilège non négligeable !

(*) Bien que situé dans la région du Conflent, le village d’Eus figure bien sur le tracé du Tour du Fenouillèdes. Il est classé parmi les plus beaux villages de France et est considéré comme celui ayant un taux d’ensoleillement parmi les plus élevés de l’hexagone. 

Lien vers étape 1 

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Etape 2 - Eus - Sournia - 21 km

Publié le par gibirando

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2eme étape : Eus – Sournia

21 km - Dénivelé 732 m – Montées cumulées 1.310 m 

Point culminant 1.111 m après le col del Tribes.

 

-Une vadrouille mi-figue mi-citrouille.

 

Bien emmailloté dans mon sac de couchage, la nuit a été plutôt sereine. Seule une envie pressante m’a fait sortir de force de mon tiède cocon. Notre campement était faiblement éclairé par les lumières du village et du château tout proches qui parvenaient jusqu’à nous. La nuit était suffisamment claire et ma lampe torche inutile. J’ai donc pissé en levant les yeux au ciel pour constater qu’il était parfois très pur et le plus souvent très étoilé. Bizarrement, la tramontane que nous ne sentions nullement dans ce sous-bois poussait violemment de nombreux cumulus épars. Juste au dessus de ma tente et dans un minuscule coin de firmament formé par un petit puits de lumière qu’esquissaient les branches de quelques hauts chênes verts, j’apercevais les nuages qui glissaient vers le sud et disparaissaient aussi vite qu’ils apparaissaient. Il faisait frais mais pas froid et je me suis assis quelques instants à l’entrée de mon tube de toile à regarder ce petit bout de ciel mais le sommeil me gagna à nouveau très rapidement. Emprisonné dans mon duvet bien chaud, aucune berceuse ne fût nécessaire pour me rendormir et quand j’ai ouvert les yeux une nouvelle fois, j’avais l’impression que le jour était entrain de poindre. Il faisait beaucoup plus froid qu’au milieu de la nuit. Machinalement, je suis sorti de la tente en enfilant ma polaire et en prenant mon appareil photo. Mais il faisait encore très sombre et au milieu de cette ténébreuse végétation, je ne voyais aucun intérêt à prendre des photos. Alors, j’ai grimpé sur un haut rocher pensant que la vue serait sans doute un peu plus lointaine. Effectivement, dans un ciel bleu acier, je voyais au loin quelques collines sombres dont la faible lueur du jour commençant tout juste à poindre éclairait la longue ligne de crêtes.  Autour de moi, tout était noir, tel un abîme insondable et même en habituant mes yeux à l’obscurité, je ne pouvais qu’avec peine distinguer les élévations environnantes et les sinuosités du ruisseau de Ribelles. Cette nébulosité ambiante plutôt angoissante m’a incité à revenir vers le campement où, à ma grande surprise, j’ai constaté que Jérôme était déjà debout. Bien debout et parfaitement réveillé car en me voyant, il me demanda de me dépêcher un peu car il était déjà plus de 7 heures 30 passées et le rendez-vous fixé avec Dany pour la récupération des tentes et autres matériels inutiles était prévu dans une heure sur le parking à l’entrée d’Eus. De ce fait et à mon grand regret, le p’tit déj a été vite expédié. Nous avons plié le matériel et avons levé le camp en dix fois moins de temps qu’ils nous avaient fallu pour le monter. Bien que les nuages étaient encore très nombreux, ils filaient rapidement vers le sud et l’entrée dans le village s’effectua sous un ciel bleu très encourageant. A notre grande surprise, le pic du Canigou et quelques autres sommets alentours avaient connu dans la nuit leurs première chutes de neige, raison pour laquelle sans doute, le fond de l’air était plutôt très frais ce matin. Dany étant exacte à l’heure du rendez-vous, la priorité fut de nous débarrasser de nos tentes et du matériel devenu inutile. Ainsi délesté, je pensais que mon sac à dos s’allégerait un peu mais il n’en fut vraiment rien car la tente et le matériel de couchage furent remplacés par de nouvelles bouteilles d’eau et par de gros sachets contenant notre pique-nique pour aujourd’hui et quelques autres produits alimentaires pour les deux à trois jours à venir. De ce fait, au moment de quitter Dany et de redémarrer, je ne voyais à mon grand regret quasiment aucune différence dans le poids de mon chargement. Il était toujours aussi lourd mais la seule différence c’est que j’avais la certitude de ne pas mourir de faim ni de soif et surtout, je savais que mon sac à dos allait désormais s’alléger au fil de parcours selon mes exigences alimentaires. Vers 9h10, après avoir embrassé et remercié Dany, nous sommes repartis dans la direction où nous avions passé la nuit mais peu après le château, nous avons emprunté un étroit sentier qui, cette fois-ci, partait vers la gauche. A cette intersection, un panneau de bois indiquait Comes à 1h15. Pour y être venu avec Dany en mai 2009, je connaissais parfaitement ce sentier qui montait vers le hameau perdu de Comes et j’avais d’ailleurs inscrit cette jolie balade dans mon blog « Mes Belles Randonnées expliquées ». Jérôme me quitta quelques instants pour aller prendre de belles photos depuis un gros éperon rocheux qui s’avance en dominant magnifiquement le château et la cité ensoleillée. Je me suis mis en route car je savais qu’il n’aurait aucune peine à me rattraper.  Je pris ainsi un peu d’avance ce qui ne m’empêcha nullement de prendre moi aussi quelques jolies photos du Canigou enneigé et de la verdoyante Vallée de la Têt. Personnellement, tout en montant ce sentier qui domine un court instant le Correc de Ribelles, j’étais plus enclin à tenter de retrouver l’emplacement où nous avions passé la nuit mais je n’arrivais pas à retrouver l’endroit exact et je ne voyais qu’une végétation foisonnante et quelques blocs granitiques qui en émergeaient tels de gros champignons aux formes biscornues. Ici, après quelques cabanons planqués sous les pins et les mimosas, l’ancien chemin muletier très dallé par endroits s‘est transformé d’abord en une piste sableuse puis lorsque s’est présenté un premier raccourci, l’itinéraire est devenu carrément très caillouteux. On a longé des murets en pierres sèches encadrant d’anciens champs aujourd’hui entièrement supplantés par la végétation. On a croisé quelques petites zones boisées puis un étrange chêne en forme de chandelier a freiné nos ardeurs et a retenu l’attention de notre appareil photo. On n’a retrouvé les pavés du sentier muletier qu’à l’approche de Comes. Jusqu’à présent, ce temps très mitigé suffisait amplement à mon bonheur car il permettait d’embrasser quelques jolis panoramas. Mais le ciel semblait vouloir changer très vite au rythme d’une grosse brise soufflant de plus en plus en rafales. De gros nuages blancs arrivaient du nord-ouest et semblaient vouloir s’amonceler peu à peu au dessus de nos têtes. Alors ma crainte restait entière quand à une nouvelle mauvaise journée sur le plan météorologique. Je voyais le ciel s’assombrir du côté des massifs du Madres et du Coronat et je redoutais par-dessus tout ce mauvais temps qui semblait venir droit sur nous. En arrivant au hameau de Comes, je fulminais une nouvelle fois contre ces prévisions météo vraiment désastreuses et si erronées. Ces prévisions m’avaient annoncé un temps très ensoleillé et voilà qu’une nouvelle fois le temps semblait devenir carrément pourri. Il bruinait et Jérôme me proposa que l’on s’arrête un peu pour faire un break et manger quelque chose. En regardant ma montre, j’ai constaté que nous avions mis exactement 1h15 comme l’avait indiqué le panneau de bois au départ d’Eus. En raison du poids de mon sac et du dénivelé accompli, j’étais très satisfait et sans vraiment l’avouer à Jérôme, j’avais tendance à considérer ce délai comme une réelle performance personnelle. Mais pour être honnête aussi, mes pensées étaient réalistes et je savais que nous n’avions accompli qu’un court tronçon de cette longue étape. Non loin de l’entrée du hameau et à côté d’un oratoire, nous avons pris soin de nous adosser à un muret de pierres sèches bien à l’abri de cette brise qui arrivait du nord-nord ouest. Cette brise poussait parfois une brume humide et très basse qui passait au dessus de nous et descendait vers la vallée de la Têt. On est resté ainsi une bonne vingtaine de minutes à manger et à se reposer avant de repartir. Depuis 2009, je connaissais bien le village en ruines. L’église avait été restaurée et je savais que quelques maisons étaient également en cours de restauration mais j’avais cru comprendre que la plupart du temps, le hameau n’était habité que par un berger et son troupeau. Une fois encore, Jérôme fila sans trop s’attarder pendant qu’à l’arrière, je flânais prenant en photos le hameau qu’un arc-en-ciel couronnait magnifiquement. Malheureusement cet arc-en-ciel disparut aussi vite qu’il était apparu. Puis, sans doute désenchanté par cette grisaille, je me suis mis en quête de photographier tout ce qui était coloré mais il faut l’avouer il n’y avait pas grand-chose or mis quelques rares plantes encore fleuries en cette saison. Il y avait dans les prés quelques fleurs bleues des Chicorées amères (Cichorium intybus) et des Mauves musquées (Malva moschata) mais pour le reste ce n’était surtout que des plantes épineuses auxquelles il valait mieux éviter de se frotter du style chardons, panicauts, scolymes ou carlines. Il y avait aussi quelques voitures, elles aussi colorées, éparpillées deci delà dans la garrigue, mais elles n’attiraient pas spécialement le capteur de mon numérique car à vrai dire, je trouvais assez dommage tous ces tas de ferrailles dans ce secteur où les collines étaient plutôt d’un aspect sauvage. Comme je l’avais moi-même observé lors de mon précèdent passage, Jérôme me fit remarquer que la hameau ressemblait à un petit cass’auto tant il y avait de véhicules abandonnés de tous côtés. Nous avons laissé le hameau « sacrifié » en empruntant la piste terreuse et caillouteuse qui continuait de monter non sans avoir au préalable photographié la jolie église dédiée à Saint-Etienne. Elle se dressait si fièrement sur son petit dôme herbeux avec vue imprenable sur le Canigou que l’oublier nous aurait semblé être un sacrilège. La piste, elle, se poursuivait en longeant sur sa droite le profond ravin du Correc de la Font de l’Orri. Au dessus, le modeste pic de Bau (1.025 m) dominait le paysage, surmonté de son pylône émetteur TV. Après la piste puis un sévère raccourci très caillouteux et plein d’ornières car largement emprunté par les troupeaux, nous avons débouché sur l’asphalte de la D.619. J’avoue que j’étais assez content d’atteindre ce plateau et j’ai profité de cette aubaine pour reprendre mon souffle et quelques nouvelles photos. Mais cette satisfaction a été de courte durée car après avoir traversé la route et emprunté le bitume sur quelques mètres, le sentier est remonté presque aussitôt dans la continuité de la colline. D’abord à l’oblique et en balcon sur un très modeste glacis puis plus brutalement dès lors que l’on a atteint un nouveau petit ravin. Sans contexte, c’était là, la plus rude et la plus mauvaise sente que nous avions empruntée depuis le départ et Jérôme n’avait aucune peine à me distancer tant la déclivité était raide. De temps en temps, il m’attendait mais quand j’arrivais à sa hauteur, il repartait avant même que j’ai pu retrouver une respiration normale. Je ne disais rien car je savais qu’en randonnée, c’est une attitude assez machinale chez les gens qui marchent plus vite que d’autres et si cette fois j’étais derrière, Dany me reprochait assez souvent de faire de même quand je marchais avec elle. A un moment où nous avons fait une telle jonction, sans vraiment les avoir vu ou entendu arriver, nous avons été entourés d’innombrables chèvres et moutons. Ils en sortaient de tous côtés et au fur et à mesure que l’on grimpait, nous avions l’impression d’en faire déguerpir de nouveaux de chaque buisson. Ils ne semblaient pas effrayés le moins du monde et ils nous frôlaient à droite et à gauche. Comme cette vision toute proche d’animaux en liberté était plutôt agréable, on s’est mis à mitrailler chèvres et moutons avec vues sur l’immensité du vallon. Pour moi, c’était aussi une plaisante façon de faire un break dans cette difficile ascension. Mais trois gros patous nous avaient repérés au beau milieu de leur troupeau et ils se sont mis à aboyer hargneusement et autant le dire, nous n’en menions par large et nous n’étions pas vraiment rassurés quand à la conduite à adopter. Heureusement le berger n’était pas bien loin et veillait à la fois sur son troupeau mais aussi sur le comportement de ses chiens qui s’étaient positionnés en travers du sentier. Jérôme est passé près d’eux sans problème mais de mon côté, il me semblait préférable de m’arrêter pour raccourcir mon bâton télescopique avant de m’engager plus avant. Les chiens ont continuer à aboyer très méchamment sous le regard attentif du berger qui était à une bonne vingtaine de mètres. Je me demandais s’il serait à même d’intervenir au cas où un chien aurait eu la mauvaise idée de m’agresser ou plus simplement de me saisir un mollet. Le sentier était étroit et en croisant les trois molosses, j’ai senti leur souffle sur mes jambes mais tout s’est passé pour le mieux. Après cet épisode peu rassurant, la sente a continué à monter dans une garrigue typiquement méditerranéenne mais dans un décor de plus en plus rocheux. Ici, il y avait un itinéraire principal et de nombreuses caminoles tracées par les caprinés mais en raison même des nombreux rochers et de la végétation composée essentiellement de petits épineux et de d’arbustes ligneux, il était exclu de sortir du sentier principal pour prendre un éventuel raccourci. Tout en montant, nous avons constaté qu’une ou deux chèvres s’étaient carrément égarées dans cette garrigue très dense. Désormais, elles étaient loin du troupeau et leurs bêlements répétés et lancinants rompant le silence environnant avaient quelque chose de sinistre. A midi, nous n’étions pas au bout de nos peines, le col de Tribes n’était pas encore atteint mais l’appétit lui était déjà bien là. Alors, nous nous sommes arrêtés pour déjeuner au lieu-dit Roca Alta. Roca Alta est un amoncellement assez impressionnant de roches granitiques fissurées et parfois même clairement fracturées. Bien que le temps restait indécis et le plafond nuageux plutôt bas, nous avions de très jolies vues sur la vallée de la Têt, le Massif du Canigou et bien plus loin encore vers les premiers hauts sommets pyrénéens enneigés. Poussés par une bonne tramontane, de gros nuages gris et blancs passaient très vite et laissaient pendant quelques instants un ciel incroyablement bleu au dessus de nos têtes, puis soudain, les rayons du soleil déclinaient, ce bleu superbe disparaissait et nous étions entourés d’un épais et humide brouillard très opaque. Cette brume assombrissait le ravin, calfeutrait tous les paysages puis descendait rapidement en direction de la vallée. Pendant ces laps de temps, nous étions comme enveloppés dans un halo d’une vapeur humide et fraîche. Heureusement, ces brumes n’étaient que passagères et ne duraient jamais très longtemps. Quand nous avons quitté Roca Alta, le ciel s’était éclairci de nouveau. Le sentier montait en filant très légèrement vers l’ouest laissant entrevoir de très belles vues sur Prades et sur l’aride Pla de Balençou dont j’apercevais la piste que j’avais empruntée à quelques occasions et notamment lors de mon Tour du Coronat de 2007 pour une étape m’ayant mené du Refuge de Caillau à Llugols. Je tentais d’expliquer à Jérôme que nous avions également emprunté cette piste en commun lors d’une balade en VTT du col de Jau à Prades mais bien évidemment et de si loin, il éprouvait des difficultés à reconnaître les lieux.  Ici, tout autour du sentier, la végétation se faisait plus verdoyante avec de nombreuses fougères, des genêts à balais et des Séneçons du Cap encore bien fleuris. Les magmas rocheux semblaient de plus en plus nombreux et derrière l’un d’entre eux, nous avons eu la désagréable surprise de déloger deux petits cabris blancs qui semblaient perdus dans ce dédale de gros rochers et de garrigues touffues. Leurs bêlements ressemblaient à des plaintes d’enfants. De plus, ils avaient franchi une clôture de fils barbelés et semblaient dans l’impossibilité de revenir du bon côté. Voilà presque une heure que nous avions croisé le berger et son troupeau et Jérôme et moi, nous nous demandions si ces deux cabris arriveraient à les rejoindre et si non, quel serait leur destin. Pendant de longues minutes, j’ai bien cherché si une ouverture était praticable dans la clôture mais sauf à la casser et à faire acte de vandalisme, ce fut en vain. Nous avons été contraints de laisser les deux jolis cabris à leurs gémissements et à leur triste solitude et avons poursuivi le chemin en longeant cette clôture. Nous avons fini par atteindre le col de Tribes à 13 heures tapantes. Nous avons basculé de l’autre côté du col et avons débouché à proximité d’une piste avec désormais de belles vues sur le véritable pays des Fenouillèdes, les Corbières, la Vallée de la Désix et la forêt domaniale de Boucheville. Cette large piste venant de l’est était devant nous et il y en avait même quelques  autres qui descendaient droit devant dans le versant d’un petit ravin. Nous étions sur le point de rejoindre la piste la plus proche mais nous avons constaté que le balisage jaune et rouge du Tour du Fenouillèdes nous indiquait de poursuivre la clôture. Ce balisage nous a entraîné vers l’ouest dans un décor de plus en plus minéral. Ici, sur cette longue crête de collines que l’on appelle la Serre de Sournia, ce n’était que roches de tous côtés qui surgissaient d’une rase végétation soit sous forme de gros rochers épars et isolés soit sous forme d’empilements impressionnants. Au bout d’un moment, j’ai clairement reconnu un chaos granitique très particulier et bien plus imposant que les autres et je me souvenais très bien l’avoir déjà vu en photo sur Internet alors que je cherchais des renseignements et des photos sur le parcours du Tour de Fenouillèdes. Cet amas rocheux c’était la magnifique « cathédrale dite de Baptistin ». J’ignorais pourquoi on l’avait appelé ainsi mais au regard de ces rochers dressés tels des météores grecs ressemblant à des tours, la dénomination de cathédrale me paraissait assez bien appropriée. Peu après, nous avons rattrapé la piste aperçue au Col de Tribes. Croisant notre premier cortal en ruines, elle continuait toujours vers l’ouest alors que très clairement et tout au loin nous apercevions Sournia et ses carrières qui semblaient partir dans le sens opposé. Malgré le balisage et le parfait tracé inscrit dans nos GPS, cette incohérence nous a obligé à sortir une fois encore notre morceau de carte. Non, tout était bon et peu après, au lieu-dit « Rouyre de Salancas », l’itinéraire a clairement bifurqué vers le nord. Attiré par un cortal abandonné, j’ai vu une étrange gravure sculptée derrière un rocher. Cela ressemblait à ces visages stylisés que l’on rencontre parfois sur certains totems africains mais j’avais le sentiment que cette sculpture était plutôt récente car il n’y avait pas de lichens dans ses entailles. Plus tard en regardant la photo, j’y ai vu une tête de singe ou de lion selon la taille que je donnais à mon image. Pendant que j’observais cette gravure, Jérôme avait pris de l’avance, puis il avait tourné à droite à une intersection et avais poursuivi la piste qui maintenant descendait. Quand je suis revenu de mes découvertes, je le voyais au loin, en bas et sur ma droite. De ce fait, j’ai pris un raccourci qui m’a amené au bord d’une petite mare verdâtre qui semblait faire office d’heureuse source dans ce secteur de la montagne plutôt aride. L’eau était bien trop stagnante pour que je la goûte mais j’ai supposé que la toponymie « Salancas » que j’avais lu sur la carte avait un rapport avec cette mare probablement salée. Quand enfin, j’ai fini par rejoindre Jérôme, ce dernier avait déjà atteint une haute et monumentale ruine envahie par la végétation. Peu après, le sentier est entré dans une belle et vaste chênaie pour en ressortir au lieu-dit le Cortal Pélissier. Ici, le patronyme « Rouyre » signifiant « lieu planté de chênes » prenait une réelle justification. Au Cortal Pélissier, il y avait encore quelques grandes ruines deci delà et alors que tout semblait désert, nous avons constaté que la vie pastorale semblait encore présente car il y avait quelques vaches enfermées dans un enclos. Depuis ce matin et notre épisode avec le troupeau d’ovins et de caprins, c’était les premiers êtres vivants que nous côtoyons à nouveau. Mais ce n’était pas les derniers car peu après, nous avons pris un raccourci évitant quelques virages de la piste et nous sommes tombés nez à nez, d’abord avec une éphippigère des vignes puis avec une vipère aspic. L’éphippigère des vignes encore appelée « boudrague » ou « éphippigère porte-selle » est une étrange et grosse sauterelle munie d’un redoutable dard abdominal en forme d’épée et d’une carapace frontale si particulière ressemblant à une selle de cheval dont elle tire son nom provenant du latin « ephippium » ou du grec « ephippios  ». En ce qui concerne la vipère, celle-ci dormait au beau milieu du chemin au pied du Sarrat d’en Grau. Elle dormait si bien que sur le moment nous avons pensé qu’une voiture l’avait écrasée mais quand je me mis à la titiller du bout de mon bâton, elle s’est redressée d’un coup, ouvrant une gueule menaçante avec sa langue fourchue vibrant comme une corde de guitare. La surprise passée, elle a quitté le milieu de la piste pour se réfugier d’abord dans de hautes herbes puis sous des pierres où elle pensait être en sécurité. Mais comme nous voulions la prendre en photo et la poursuivions avec insistance, elle continuait à ouvrir une gueule impressionnante, menaçant de nous piquer et surtout de nous mordre de ses crochets venimeux. Mais nous avions atteint notre but, à savoir qu’elle ne reste pas au milieu de la piste au risque de se faire écraser par un véhicule, et nous l’avons laissé tranquille et avons poursuivi notre chemin. Au virage suivant, nous avons été instantanément arrêtés par la beauté du paysage, d’abord par un champ de fougères vertes et rousses qui descendait dans un petit vallon verdoyant puis un peu plus loin par un superbe arc-en-ciel qui se dessinait au dessus de Sournia. Je ne sais pas pourquoi mais ce magnifique arc-en-ciel me rappelait ces arches, désormais très souvent gonflables, que l’on aperçoit parfois lors d’arrivées de courses sportives et je me disais « tiens, le ciel a décidé de saluer notre arrivée à Sournia ! » et c’est sûr que l’on ne pouvait rêver plus bel « arc de triomphe ». Mais bousculé par une petite tramontane et une brume fugitive, cet arc-en-ciel avait un mal fou à se stabiliser. Il se dessinait puis disparaissait pour réapparaître quelques minutes plus tard et cet étrange manège a duré très longtemps et pratiquement jusqu’à notre arrivée à Sournia où le soleil a fait une apparition quasi définitive. Auparavant, sous un ciel très gris et menaçant, nous avons trouvé très fastidieuse cette longue piste. Heureusement, une fois encore, nous avons eu beaucoup de chance et très peu de pluie et par bonheur, au lieu-dit Garrabet, un agréable sentier a pris le relais de la piste terreuse et ennuyeuse. Cette sente a traversé de petits bois de feuillus et de jolis prés verdoyants plantés d’incroyables arbrisseaux de houx débordant de drupes rouges. Un joli mas était planté là au beau milieu de ce petit paradis perdu dans la montagne et nous avons quitté cet endroit presque à regrets pour retrouver une piste désormais sableuse. Au détour des virages, Sournia est apparu cerclé de son arc-en-ciel désormais plus net et plus magnifique que jamais. Bien que l’étape commençait à tirer en longueur dans nos mollets, la fin a été moins monotone que nous l’avions imaginé. D’abord parce que nous en avions terminé avec la partie la plus aride et la plus désertique de la « Serre de Sournia » et que nous marchions désormais dans des décors beaucoup plus variés et boisés et secundo car la piste filait très souvent en balcon avec de jolies panoramas sur des ravins et notamment sur celui verdoyant de la Désix. Le bourg de Sournia d’un côté et les habitations d’Arsa, de Courbous et de la Fargasse de l’autre signifiaient que l’itinéraire arrivait presque à son terme. Nous avons fini par atteindre l’ubac de cette belle forêt domaniale du Fenouillèdes dont la piste encadrée de beaux conifères filait elle aussi en balcon sur le vallon de la Désix. La vieille petite chapelle Saint-Michel est apparu un instant, enfouie dans la pinède et désormais Sournia se rapprochait très vite. Nous avons atteint le village au plus beau des endroits en bordure même d’un petit lac formé par les eaux cristallines de la Désix. Nous avons fait le tour de cette petite retenue, avons traversé le joli centre de vacances Le Moulin et avons monté de charmantes ruelles colorées et fleuries. Depuis l’ascension du col de Tribes, nous n’avions emprunté que des secteurs plats ou en descente et ces dernières petites montées tiraient bougrement dans nos jambes mais nous n’avions pas le choix car le but de cette dernière mais modeste grimpette était d’atteindre le Camping de la Source qui se trouvait dans le haut du village où j’avais réservé une nuitée. Au téléphone, la patronne m’avait fixé un prix m’indiquant simplement qu’il s’agirait soit d’un mobil-home soit d’un bungalow. Nous arrivâmes au camping à 17 heures. La gérante nous attendait et ce fut un bungalow au demeurant très spacieux et très confortable. Je l’avoue au tarif de 35 euros pour deux personnes, nous ne pouvions qu’être entièrement satisfaits car il y avait deux chambres avec des grands lits très confortables et il ne manquait rien à notre bien-être. Ce confort nous permettait de nous reposer un peu avant d’aller souper à l’excellente Auberge de Sournia où j’avais également réservé deux menus. Cette fin de journée et cette soirée ont été en tous points magiques et reposantes, elles contrastaient étonnamment avec le bivouac de hier soir où le temps incertain nous avaient contraint d’intégrer trop rapidement nos bulles de toile. Pour un prix somme toute correct de 19,50 euros par personne, le repas dans ce petit restaurant faisant partie du réseau des Toques Blanches du Roussillon a été raffiné et excellent. Nous nous sommes régalés avec un savoureux menu du terroir composé d’une excellente charcuterie de la Boulzane, d’une tendre et merveilleuse bavette des Fenouillèdes et de succulentes profiteroles spécialement conçues par le chef.  Je me retrouvais en tête à tête avec mon fils pour la première fois depuis très longtemps et cela m’emplissait de bonheur et j’osais déjà espérer que ce bonheur ne serait pas le seul au cours de ce périple. Et comme le dit si bien le proverbe, un bonheur n’arrivant jamais seul, la météo elle aussi s’annonçait plus favorable dès demain. Alors que demander de plus après cette journée où nous avions une fois encore évité la pluie mais qui, sur le plan météorologique, avait été tout de même une « vadrouille mi-figue mi-citrouille ». 

 

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Etape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 km

Publié le par gibirando

Etape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 km
Etape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 kmEtape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 kmEtape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 km

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. Puis possibilité de les regarder en diaporama.

-Une « vadrouille sans la trouille ».

Ce matin-là, la première chose que j’ai fait en ouvrant les yeux, c’est de tirer la tenture de la fenêtre de ma chambre pour regarder dehors. Une fois encore, j’étais déçu car à travers les grands arbres du camping, je ne voyais qu’un ciel laiteux mais comme je ne voulais pas rester dans cette incertitude, j’ai pris sur moi de me lever aussitôt et d’aller voir dehors comment se présentait la météo. Depuis la terrasse, le ciel paraissait d’un bleu d’une pureté intense vers le nord mais vers le sud, le ciel semblait blanc et voilé. Mais comme ce voile continuait à m’intriguer et que de grands sapins bouchaient l’essentiel de ma vue, je suis parti en caleçon faire le tour du camping pour trouver une ouverture et vérifier tout ça plus précisément. Quand je suis revenu au mobil-home, j’étais ravi de ce ciel sans aucun nuage que je venais de voir. La journée s’annonçait sous les meilleurs auspices et j’étais heureux. En regardant la météo à la télé, j’étais d’autant plus content car selon les prévisions, ce beau temps allait s’installer pour plusieurs jours et en tous cas pour les trois derniers jours qui restaient à parcourir. Ma trouille d’une mauvaise météo était terminée, le beau temps que j’attendais depuis le départ semblait enfin là et comment ne pas être joyeux alors que se présentait à nous la plus longue étape de ce Tour des Fenouillèdes qui devait nous emmener à Caudiès. Avec Jérôme, nous étions d’accord sur ce point même si nous ne l’étions pas sur la distance exacte à parcourir. J’avais tracé à de multiples reprises le parcours sur mon logiciel CartoExploreur et j’étais arrivé à la conclusion que cette étape était longue d’au moins 27 kilomètres voire plus. Lui, avec sa méthode, trouvait comme toujours un peu moins que moi. A vrai dire, cela n’était pas d’une importance capitale mais il y avait quand même un impératif, c’était d’arriver à la Mairie de Caudiès avant 18 heures. En tous cas, c’était l’heure maximale qui m’avait été fixée par la secrétaire de la mairie pour récupérer les clés du gîte communal que j’avais réservé. Aussi, après avoir déjeuner très vite, fait notre toilette, ranger nos lits et nos sacs à dos, il n’était que 8h15 quand nous avons quitté le camping, direction l’ouest de Sournia en passant par la monumentale église paroissiale. A vrai dire, je n’étais pas vraiment inquiet de cet horaire fixé car de toutes les étapes du Tour des Fenouillèdes, c’était de très loin celle que je connaissais le mieux et je savais que cet impératif était parfaitement réalisable, à une condition expresse : ne pas traîner en route et surtout n’avoir aucun incident de parcours. Je savais que ce parcours serait très « roulant » grâce aux nombreuses pistes forestières que nous allions emprunter. Nous nous sommes arrêtés brièvement à l’épicerie de Sournia afin de compléter notre pique-nique pour midi et nous avons pris très vite la direction du G.R.36 qui démarre devant la gendarmerie. Cet itinéraire du G.R.36 qui est commun avec celui du Tour du Fenouillèdes sur quelques kilomètres, je l’avais déjà parcouru quelques dizaines de fois, soit pour me rendre à Rabouillet par la belle forêt domaniale soit pour partir à la découverte de cet hêtre remarquable de la forêt du Vivier qu’ici on appelle le « Fajas d’en Baillette ». Grâce à la multitude de pistes qui jalonnent ces forêts du Vivier, de Sournia, de Rabouillet et de Boucheville, il m’était même arrivé d’inventer quelques agréables circuits car au printemps, j’ai toujours bien aimé venir ici pour découvrir la renaissance de cette magnifique nature que nous allions côtoyer aujourd’hui. Jérôme se souvenait y être passé en VTT. C’est donc sans souci, que nous avons emprunté ce petit sentier longeant très souvent d’anciennes terrasses dans ce joli lieu dénommé les « Causses ». Le sentier filait en grimpant vers Prats-de-Sournia, les prés bien nommés et ce n’est qu’à partir d’ici que le mot romain « Fenolietensis » signifiant « foin » pourrait éventuellement prendre enfin tout son sens. Ici, il y a effectivement beaucoup de prés mais si les prés sont toujours agréables à découvrir ou à cheminer, l’essentiel des décors était plutôt derrière nous, aussi n’était-il pas inutile de se retourner très souvent pour profiter des vastes panoramas qui s’offraient enfin à nos regards. Au premier plan, on apercevait le village de Campoussy. Au loin, on découvrait l’aride Serre de Sournia où l’on devinait les chemins parcourus hier. Sur les sommets, on retrouvait le Pic de Bau et son pylône TV et bien sûr, comme presque toujours, le seigneur Canigou pointait le bout de son pic étonnamment dépourvu de neige aujourd’hui. Comme souvent depuis le début, Jérôme avait pris un peu d’avance sur ce bon dénivelé et c’était un peu dommage car il était passé sans voir un joli chevreuil qui broutait tranquillement au beau milieu d’un vaste pré. J’ai eu beau courir pour le rattraper et tenter de le prévenir mais dans cette bruyante cavale, le chevreuil m’avait déjà entendu et il avait pris « la poudre d’escampette ». Heureusement, j’avais eu le temps de le photographier avant qu’il ne détale et en outre ce n’était que partie remise car dans le champ suivant séparé du premier par une simple haie, un deuxième chevreuil était également entrain de brouter. Avec Jérôme, nous nous sommes arrêtés tous les deux pour le contempler et le photographier mais le chevreuil avait déjà levé la tête et avait deviné notre présence. Il nous avait flairé et dès qu’il a constaté qu’on l’observait, il a détalé à tout berzingue faisant d’étranges bonds par dessus les buissons comme le font les gazelles d’Afrique. Puis, en arrivant à la lisière d’un bois, il s’est arrêté net et s’est mis à nous observer. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis dit qu’il était peut être surpris de ne pas avoir encore entendu la détonation d’un fusil. Par bonheur pour lui, nous n’étions que des chasseurs d’images. La vision de ces jolis chevreuils dans la quiétude de cette aube si agréable a été pour moi un véritable enchantement et restera longtemps gravée comme un de mes meilleurs souvenirs de ce Tour des Fenouillèdes. Après une ferme que nous avons laissé sur la gauche, nous avons atteint un petit chemin vicinal bitumé qui va de Prats-de-Sournia vers la forêt communale du Vivier. Bien que l’asphalte ne soit jamais l’idéal pour le véritable randonneur, ici nous n’y avons pas trop pensé, d’abord car de beaux panoramas s’entrouvraient de tous côtés mais surtout parce que nous revoyons une grande partie du chemin déjà parcouru. Au loin, on distinguait vers l’est, notre ligne de départ avec le minuscule hameau de Trilla que l’on devinait à peine. Dans la même direction, les sarrats olivâtres gravis le premier jour se détachaient dans un ciel azur. Au sud, la Serre de Sournia chevauchée hier apparaissait désormais dans son intégralité. Alors que j’étais plongé dans mes pensées et mes contemplations, Jérôme avait surpris, au milieu d’un pré en jachères, un renard roux sans doute occupé à chasser. Nous avons juste eu le temps de nous cacher derrière un rideau de ronces pour l’observer mais le « goupil » avait déjà flairé notre présence et le voilà dès lors qu’il dressait droit ses oreilles, reniflant l‘air ambiant et scrutant les alentours en quête d’un indice qu’il n’arrivait pas à maîtriser. Rassuré, il a replongé le museau dans les hautes herbes sans doute pour déloger un petit rongeur de son terrier. Mais son sens olfactif l’a très rapidement rappelé à l’ordre. Son sens visuel a pris le relais et il a commencé à tout scruter en notre direction jusqu’à deviner où nous étions, pourtant cachés derrière un muret lui-même surmonté d’un épais treillis de ronces. Dès qu’il nous a aperçu, il s’est mis à détaler et a disparu dans un bosquet. Jérôme avait néanmoins réussi à le photographier convenablement mais moi, je n’avais qu’une photo trouble remplie d’herbes folles avec deux oreilles et un arrière-train qui décampaient. En atteignant la superbe forêt, le bitume a enfin laissé la place à une vraie piste forestière que l’on a ensuite très rapidement quitté au profit d’un bref mais rude raidillon qui s’est mis à grimper vers le col de Benta Fride (965 m). Là, un sentier plus ou moins large file en contrebas d’une clôture plantée sur la ligne de crêtes. J’ai demandé à Jérôme de me suivre et de grimper avec moi de quelques mètres vers cette clôture et ainsi en cheminant cette crête, nous avons profité des panoramas s’entrouvrant magnifiquement vers le Sud et parfois même vers le Nord à l’occasion de quelques trouées dans cette luxuriante forêt. Nous en avons profité un long moment avant de retrouver le véritable sentier car je  connaissais parfaitement ce secteur et je savais que la suite serait moins attrayante car trop souvent en sous-bois. J’adorais ce tronçon du G.R.36 car j’avais toujours pris plaisir à arpenter ce sentier herbeux et verdoyant  encadré de hautes fougères, de genêts et de pins même si je savais que le mois de  septembre n’était pas la meilleure des saisons pour le faire. Ici, il ne faut pas hésiter à quitter de quelques mètres le vrai chemin pour  monter sur la crête et l’on embrasse des panoramas grandioses sur une immense partie du pays Fenouillèdes. Je l’ai fait à quelques reprises découvrant en cette occasion d’énormes champignons, sans doute des bolets. Jérôme avait pris pas mal d’avance et avait surprit un cervidé qui dormait dans les fougères mais ce dernier avait détalé si vite que Jérôme n’avait pas été capable de me dire s’il s’agissait d’un chevreuil ou bien d’un cerf. En tous cas, ce fut le dernier mammifère sauvage que nous avons vu sur ce Tour. Peu après, nous avons délaissé le G.R.36 qui partait par la droite vers les jolis hameaux du Vivier, de Saint-Martin et de Fosse et désormais, il nous suffisait de suivre le GRP Tour des Fenouillèdes de nouveau balisé en jaune et rouge. Peu avant le col de l’Espinas (1.020 m), le chemin a commencé à se transformer en petites montagnes russes mais à l’occasion de vastes lopins de terre qui avaient été défrichés, on avait de très jolies vues vers le Canigou et les longs massifs que formaient le Coronat, le Madres et le Dourmidou. Au loin, au dessus de ces massifs du piémont, les Pyrénées commençaient à étirer leur longue chaîne montagneuses faite de très hauts pics encore un peu blanchis des neiges de l’avant-veille. Après le col de l’Espinas, le chemin est devenu plus large et la déclivité plus raide. Ici, je me souvenais parfaitement de ce coin car à la fin de l’hiver, les sous-bois étaient toujours magnifiquement recouverts de superbes jonquilles jaunes. Après cette dernière montagne russe, nous avons atteint le col Bas (1.035 m) où une aire de pique-nique tombait à point nommé. Nous y avons pris un peu de repos le temps d’une brève pause consacrée à manger quelques fruits secs, une compote et une barre de céréales. Ici, se terminait la forêt communale du Vivier et un panonceau de l’ONF nous en annonçait clairement une nouvelle : la Forêt communale de Rabouillet. Autant être honnêtes, nous ne faisions aucune différence et une seule chose changeait vraiment, c’était la nature du chemin que nous allions emprunter jusqu’au col de Tulla. Ici, nous avons repris une piste forestière DFCI un peu plus monotone que l’itinéraire suivi jusqu’à présent. Aussi, sur ce chemin au doux dénivelé qui nous amenait vers la Font de Coulom et la Maison forestière de Gatespa, il nous semblait important de profiter de chaque fenêtre que la haute forêt nous offrait pour regarder vers les Corbières et le Pech du Bugarach. A 12h20, nous étions à Gatespa où une jolie aire de pique-nique semblait n’attendre que nous. Le lieu était si charmant et si reposant que l’on s’y attardât bien après le repas.  Une fois le pique-nique terminé, Jérôme est parti avec son GPS en quête de la suite du parcours car ici, la piste forestière s’arrêtait en un cul-de-sac et en outre le balisage jaune et rouge semblait avoir disparu. Il y avait bien une autre piste qui descendait mais elle semblait partir à contresens et de toute manière sur notre morceau de carte IGN, il n’y avait clairement aucune piste à prendre à cet endroit. Pendant ce temps, je suis parti à la découverte des alentours et attiré par de magnifiques petits fruits ressemblant à s’y méprendre à des groseilles, j’ai bien failli me laisser prendre au piège de la tentation et de la gourmandise. Je ne connaissais pas cette plante mais une chose était sûre, les feuilles ne ressemblaient en rien à celles d’un groseillier et c’est ça qui m’a permis de résister à l’attrait de ces fruits bien trop tentants. J’ai supposé qu’il s’agissait peut-être des fruits d’un chèvrefeuille des bois ou bien ceux d’une morelle douce-amère mais je n’en avais aucune certitude car des plantes présentant des drupes rouges, je savais qu’il y en avait beaucoup. Du coup, j’ai ravalé ma salive et une photographie de cette plante m’a paru amplement suffisante et intéressante à faire. Au bout d’un moment, Jérôme est revenu en disant qu’il avait enfin retrouvé le balisage et un petit sentier peu évident qui filait en sous-bois. Nous avons aussitôt plié bagages.  A quelques mètres de l’aire de pique-nique, le départ du sentier était difficile à deviner et vraiment incertain, caché qu’il était par divers branchages dissimulant eux-mêmes les premiers coups de peinture du balisage. Quand nous avons commencé à suivre ce sentier, le balisage continua à être peu clair et peu évident à trouver dans ce sous-bois et nous en avons conclu que le sentier était sans doute peu pratiqué. Il l’en a été ainsi encore quelques temps alors Jérôme a conservé son GPS allumé. En prêtant beaucoup d’attention, ce minuscule sentier en sous-bois a néanmoins fini par atteindre un layon dont on voyait clairement que son défrichage était plutôt récent. Le layon montait sous de grands sapins dans un terrain tourbeux et a fini par déboucher à un collet à l’intersection de plusieurs pistes. Sans nous en douter, nous venions d’atteindre la plus haute élévation de cette journée à 1.158 mètres d’altitude mais surtout le point culminant de ce Tour du Fenouillèdes. Du bord du chemin et dans l’espace très étroit que formaient deux grands arbres, j’ai aperçu un bout de vallée et quelques habitations et j’ai essayé mais en vain de deviner quelle était cette commune. J’ai pensé à Fosse ou bien à Fenouillet mais il a fallu que je sorte la carte IGN pour comprendre que c’était plus simplement Caudiès-de-Fenouillèdes que je distinguais que très partiellement. Bien que je n’en ai pas fait part à Jérôme, ce constat de voir la ligne d’arrivée encore aussi éloignée a eu pour effet de me couper un peu les jambes mais tout en marchant, j’essayais de me raisonner. Après tout ce n’était pas la première fois que j’accomplissais une si longue distance et j’en avais même parcouru de bien plus longues. Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés au refuge de Gai Sourire mais nous n’y sommes pas restés très longtemps. Le temps de quelques photos-souvenirs et d’une visite du refuge non gardé que nous faisions presque machinalement mais surtout par curiosité et nous avons repris notre chemin. Il est vrai que depuis notre départ, or mis quelques orris, casots ou mas délabrés, c’était la toute première fois que nous trouvions enfin un bâtiment à visiter, ouvert à tous. Peu après, nous sommes restés scotchés un bon moment au bord du chemin devant les vues époustouflantes qui tout à coup se sont entrouvertes. Plus aucun arbre ne gênait la vision et nous étions assez sidérés car on apercevait au loin la Méditerranée mais nous avions aussi de superbes vues aériennes sur la forêt de Boucheville, sur le Ravin de Tulla et beaucoup plus loin sur la Vallée de la Boulzane encadrée par les blanches Corbières et la longue serre du Synclinal de Saint-Paul. Vers 14h30, nous avons atteint le col de Tulla et ses prés verdoyants ont été si tentants que nous n’avons pas pu résister à l’envie de nous y vautrer en faisant une halte. Après tout, le ciel était bleu, le soleil rayonnant comme jamais et il ne nous restait au gros maximum qu’une dizaine de kilomètres à accomplir et qui plus est toujours en descente. Nous avions encore quatre heures trente pour les parcourir. De plus, je connaissais parfaitement ces lieux et ce chemin, j’aurais presque pu le sillonner les yeux fermés tant j’y étais venu très souvent user mes godillots du côté des Gorges de Saint-Jaume, du Pech de Fraissinet ou dans le Vallon d’Aigues-Bonnes. Sauf accident ou incident toujours possible, je n’avais aucun doute quand à notre arrivée avant 18 heures à Caudiès-de-Fenouillèdes. Nous avons donc pris notre temps et en avons profité pour manger quelques friandises, ôtant nos chaussures pour faire dégonfler nos pieds et nous reposant pendant une bonne demi-heure. Puis nous avons repris la route avec cette fois-ci, la ferme intention de ne plus nous arrêter. Mais c’est bien connu et les hommes politiques le savent mieux que quiconque, les promesses n’engagent que ceux qui les disent et dès le magnifique gîte de Tulla atteint, un gentil cabri en liberté a retenu toute notre attention et celui de nos numériques. Il en a été de même en arrivant à Fenouillet où les petits hameaux des Bordes puis des Nautes et enfin les pittoresques châteaux médiévaux qui se font face ont freiné nos ardeurs pour quelques photos supplémentaires. Un peu plus bas encore, les rafraîchissantes Gorges de Saint-Jaume, que Jérôme ne connaissait pas, nous ont arrêtés une fois de plus pour quelques photos souvenirs. Nous avons flâner dans ces gorges le temps de la découverte puis il en a été de même en arrivant à la belle chapelle de Notre-Dame de Laval. Plutôt que de poursuivre le G.R.36, nous sommes ressortis de ce magnifique lieu par l’ancien chemin des processions et sa superbe porte dite Notre-Dame de Douna Pa. Pour y être déjà venu, je me souvenais avoir lu que depuis l’oratoire situé au bord de la D.9 jusqu’à la porte, la procession des fidèles s’effectuait sur les genoux et je me disais que même en descente, j’aurais eu du mal à faire de même. Malgré nos jambes qui commençaient à se faire lourdes, c’était un peu comme si nos têtes se refusaient à terminer cette étape tant il y avait de choses à découvrir. Un œil sur la montre et quand c’était nécessaire, les deux sur ce qu’il y avait à observer, tel était notre adage. En approchant de Caudiès, deux petits ânons très dociles ont fait les frais de cette flânerie très exagérée et ont clôturé notre album photos de cette merveilleuse journée. Puis, plus rien ne retenant notre attention, le village est arrivé très vite et nous avons prêté attention à une épicerie et à un petit bistrot qui faisait également snack, brasserie et restaurant. Il était exactement 17h15 quand nous nous sommes présentés à la jolie mairie pour récupérer les clés du gîte communal. Après avoir établi un modeste chèque de 20 euros représentant une nuitée pour nous deux, la souriante secrétaire nous a accompagné jusqu’à la petite maison de village qui faisait office de gîte. Les pièces étaient très spacieuses avec une grande cuisine parfaitement équipée et aménagée et elle disposait en plus d’une belle table de salle à manger. La chambre plus spartiate était séparée de la cuisine par un petit escalier mais ce qui était important à nos yeux c’était qu’il y avait deux lits de 90 très confortables et surtout assez loin l’un de l’autre, à cause des éventuels ronflements. Il y avait également une salle de bain avec une douche, un lavabo et un WC et une fois encore, tout cela suffisait très amplement à nos modestes exigences et à notre « humble » confort. Le rapport qualité prix était plus que parfait et pour être honnête ; nous n’en espérions pas tant. Jérôme s’est empressé de prendre une douche et j’en ai profité pour faire le tour de la partie la plus ancienne du village où se trouvait le gîte. Quand je suis revenu, j’ai pris la douche à mon tour et nous avons passé les heures restantes à nous reposer et à bouquiner avant de partir à la recherche d’un restaurant. En réalité, la recherche a été de très courte durée et pour tout dire le premier restaurant a été le bon dans tous les sens du terme. C’était le Café Rivière, celui là même que nous avions aperçu en arrivant et qu’une pancarte à l’entrée de Caudiès nous avait décrit comme faisant snack et également restaurant. Ici, la patronne semblait tout faire elle-même et en plus, elle le faisait bien. Elle se démenait du bar, à la cuisine et au service, prenant même le temps de discuter gentiment avec ses clients et franchement pour la somme modique de 16,50 euros par personne, pichet de vin et service compris, elle a gagné très allégrement les cinq étoiles de notre reconnaissance. Le souper a été parfait et une fois terminé, nous sommes immédiatement rentrés au gîte où Jérôme a terminé la soirée à bouquiner pendant que j’ai analysé pour la énième fois l’étape du lendemain. Hors mis, mon genou droit qui de temps en temps se bloquait un peu, j’était plutôt en forme et je commençais à prendre goût à cette longue balade. De ce fait, j’avais du mal à me faire à l’idée que demain était déjà l’avant dernière étape et cette idée me rendait triste car je trouvais que ce Tour des Fenouillèdes était passé bien trop vite. Deux à trois jours de balades supplémentaires auraient été l’idéal, à condition bien sûr qu’ils se déroulent avec une météo aussi clémente que celle d’aujourd’hui. En tous cas, les prévisions pour demain étaient annoncées ainsi et j’étais très heureux de cette nouvelle « Vadrouille sans la trouille ».

 

Lien vers Etape 2 

Lien vers étape 4 

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Le Pic Garrabet (794 m) et Terre Majou (842 m) depuis Sournia (497 m)

Publié le par gibirando

 
Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons interprétées par Gilbert Bécaud. Elles ont pour titre : "Mes mains", "C'est en Septembre", "Seul sur son Etoile" et "Les Cerisiers sont Blancs".

Le Pic Garrabet (794 m) et Terre Majou (842 m) depuis Sournia (497 m)

GARRABETMAJOUIGN
Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

Autant l'avouer, ce Pic Garrabet (794 m) et ce circuit par Terre Majou (842 m) ne constituaient pas vraiment notre principal objectif du jour. Non, cette balade n'était qu'un joli prétexte à aller chercher du houx pour le vendre sur le marché de Noël de notre village. Mais, ne vous méprenez pas non plus quant à cette vente, nous ne sommes pas des vendeurs à la sauvette et encore moins des vandales de la nature et de la végétation de notre belle région. Non, une trentaine de brins de houx couplés à quelques branchettes de résineux sont vendus 2 euros au bénéfice d’animaux en détresse pour le compte d’une association, voilà quel était ce matin-là, le but de cette belle randonnée au départ de Sournia. C’est donc par ce matin-là exceptionnellement lumineux qui nous avons quitté ce joli bourg et plus particulièrement le village de vacances le Moulin, direction le G.R.P Tour des Fenouillèdes. Bien entendu, traverser le village de vacances nécessite qu’on le fasse en respectant les lieux et les infrastructures. On fait le tour de la petite retenue d’eau alimentée par la rivière Désix. On traverse la rivière par une passerelle en béton et nous voilà déjà sur le G.R.P Tour des Fenouillèdes balisé de marques jaunes et rouges. Attention, ne vous trompez pas et n’empruntez pas le G.R.36 tout proche qui lui est balisé de coups de peinture blancs et rouges. Immédiatement, un bon sentier grimpe dans une pinède et laisse entrevoir sur la droite, les premières vues sur Sournia. Sur la gauche et pour peu que l’on sorte un peu du chemin, de jolies vues s’entrouvrent sur le ravin de Pomeins et sur quelques dômes boisés de Terre Majou. Plus haut et dès lors que  le sentier rejoint une bonne piste forestière, des panoramas plus vastes se font jour sur des lieux de balades déjà bien connus  car déjà empruntés : sur les crêtes de la forêt domaniale du Fenouillèdes du Col de Benta Fride jusqu’au sommet du Sarrat Naout, sur la longue vallée de la Désix où l’on distingue quelques belles découvertes comme le hameau de Rabouillet, la chapelle Saint-Michel ou bien encore les ruines de l’ancien château d’Arsa. Cette piste, on va la poursuivre sur 1.800 mètres environ avant de la quitter au bénéfice de l’ancien G.R.P. Difficile de se tromper car le chemin est fermé par une chaîne et se trouve tout au bout d’une immense pré. Si vous continuez sur le nouveau tracé du G.R.P, vous rejoindrez de la même manière le Pic Garrabet mais par un itinéraire plus long mais moins « galère » que l’ancien mais vous ferez l’impasse sur le houx qui ne se trouve que dans ce secteur. Si vous empruntez mon circuit, le large chemin fait un angle droit et passe devant un petit mas magnifiquement restauré, devient un sentier plus étroit qui se perd dans la végétation plutôt dense. Deux solutions pour ne pas se perdre, soit on suit de vieilles clôtures qui se trouvent sur la droite et sur lesquelles on repère assez facilement le balisage soit, et c’est sans doute le mieux, c’est de posséder un GPS avec le tracé IGN enregistré. Pour nous, et après une heure de marche, l’objectif fut déjà atteint et il se présenta sous la forme de quelques superbes arbustes de houx magnifiquement chargés de leurs drupes rouges. Une trentaine de branchettes du plus bel effet furent très rapidement accrochés à nos sacs à dos respectifs et nous pouvions désormais consacrer le reste de la journée à cette belle balade. C’est ce que nous fîmes en poursuivant le parcours qui se faufile au milieu des chênes pubescents, des cistes à feuilles de lauriers et de quelques pins « laricio » puis il se poursuit en s’élevant sur un mauvais sentier plein d’ornières et de caillasses jusqu’à rejoindre une nouvelle piste ou plutôt une intersection de trois pistes. Sur la droite, il y a celle qui descend vers Courbous, droit devant le G.R.P Tour des Fenouillèdes qui l’on délaisse puis une troisième piste DFCI F 83 excessivement large partant à gauche. C’est celle qu’il faudra prendre dès lors que le pique-nique au sommet du Garrabet (794 m) aura été avalé. En effet, il serait dommage de ne pas rejoindre ce sommet qui n’est qu’à quelques mètres et qui constitue un superbe belvédère à 360 degrés sur tout ce territoire. Depuis le gros cairn servant de pinacle, le vue embrasse les contreforts du Dourmidou, passe par les crêtes de la Serre de Sournia jusqu’au sommet du Roc Jalère et du Pic de Bau, descend vers Séquières, Campoussy, Sournia puis remonte à l’opposé sur toutes les crêtes boisées des forêts domaniales des Fenouillèdes et de Boucheville caressant au passage celles communales du Vivier, de Rabouillet. Voilà la jolie ronde visuelle que vous louperez en oubliant cet objectif. Après cette belle visite, il faut prendre sur quelques mètres, la très large piste F83 qui file sous d’immenses pins sylvestres. Cette piste étant très nouvelle et ne figurant pas sur les cartes IGN qui, elles, sont plus anciennes, vous aurez à nouveau le choix entre poursuivre le tracé désormais balisé en jaune (P.R) et qui descend dans le vallon de Pomeins soit poursuivre cette piste forestière sans doute un peu lassante. De toute manière, les deux options se rejoignent au point culminant de cette balade à 842 mètres d’altitude tout près de la côte 853. Ici, la toponymie « Terre Majou » c'est-à-dire la « terre la plus grande » mais ici il faut peut être entendre la « terre la plus haute (major) » prend tout son sens. L’itinéraire devient unique, la piste s’aplanit descend un peu et rejoint la départementale D.619 non loin du Roc Cornut. Vous aurez donc la possibilité soit d’aller voir cette belle curiosité déjà vue dans ma balade intitulée le « circuit de Campoussy » soit il vous faudra vous diriger vers le dolmen de la Font de l’Arca encore appelé dolmen de Campoussy ou en occitan dolmen du « Cabanoto dels Tres Peyres », un des rares dolmens de notre région a être « truffé » de cupules. Là aussi, vous aurez le choix entre deux itinéraires soit rester sur le sentier peu évident à trouver ; la création de la nouvelle piste ayant amplement effacé le balisage au départ; soit beaucoup plus simple, descendre la D.619. Après le dolmen et sur un peu plus d’un kilomètre, cette D.619 sera dans tous les cas inévitable pour rejoindre le G.R.36 qui, un peu plus bas, permet de regagner Sournia par le lieu-dit la Mole. Bien sûr, le bitume n’est jamais agréable à cheminer mais nous avons eu l’incroyable chance d’être précédé d’un beau renard qui ne semblait pas du tout effrayer de notre présence derrière lui. Après cette agréable distraction, le G.R.36, presque tout en sous-bois, nous entraîna vers l’arrivée. Tel qu’accomplit et décrit ici, ce circuit autour de Terre Majou a une longueur d’environ 13 à 14 kilomètres. Le dénivelé est avec ses 350 mètres plutôt modeste ce qui permet de cataloguer cette balade dans les « plutôt faciles ». En été ou par forte chaleur, il faudra veiller à emporter de l’eau en quantité suffisante. Bonnes chaussures et un équipement du parfait randonneur sont vivement recommandés avec notamment un GPS pour se repérer sur la partie la plus difficile du Tour du Fenouillèdes. Pour avoir accompli ce tour en septembre 2011 avec mon fils, je sais qu’il est assez peu emprunté et le balisage est parfois peu évident à distinguer. Enfin concernant le houx, notre objectif du jour,  son ramassage est comme tous les fruits de la terre réglementé par l’article 547 du Code civil « Les fruits naturels ou industriels de la terre, les fruits civils, le croît des animaux, appartiennent au propriétaire par droit d'accession ». Dans la nature, il est donc nécessaire d’être toujours respectueux de l’arbre, seuls les pieds femelles ayant des fruits et encore pas tous les ans. Il faut donc que la récolte s’effectue toujours avec une grande modération et ne pas toujours se rendre au même endroit chaque année afin que la plante récupère des tailles précédentes. Ce n’est que dans ces conditions que le houx sera synonyme de porte-bonheur ! Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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Le Circuit de Campoussy (885 m) depuis Sournia (490 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est enjolivé de la chanson de Nanci Griffith qui a pour titre "Speed of the Sound of Loneliness(John Prine)


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Une fois de plus, il y a une multitude de jolies choses à voir sur ce circuit d’une vingtaine de kilomètres que je vous propose de faire dans les forêts domaniales de Sournia et de Campoussy. De plus, si vous jugez la distance trop importante, vous pourrez la raccourcir à votre guise car les sentiers sont nombreux autour de ces deux beaux villages. Il y a bien sûr les nombreuses manifestations d’un pastoralisme encore présent ou passé (fermes, orris, capitelles, bergeries en ruines) mais il y aussi bien d’autres découvertes et principalement : Un dolmen à cupules, le château médiéval de Palmes, la chapelle Saint-Just datant du 12eme siècle et aussi tous ces surprenants chaos de roches granitiques que vous ne manquerez pas de rencontrer sur le parcours avec en particulier le Roc Cournut ou Cornut (photo), insolite pierre tabulaire surmontée d’un incroyable bloc biscornu, l’ensemble étant l’œuvre de la capricieuse érosion de « Dame Nature ». Volontairement, j’oublie Sournia et ses nombreuses curiosités (voir le petit circuit de Sournia déjà décrit dans ce blog), que vous pourrez également visiter et dont la D.619 sur le pont de la Désix est le point de départ de cette jolie boucle. En suivant les marques blanches et rouges du GR.36, vous rentrez rapidement dans un petit bois de pins et de chênes sur un sentier de sable crayeux qui file parallèlement au ravin de la Désix. Un sage dénivelé révèle les blanches façades et les toitures rouges d’un Sournia qui s’éloigne. Le sentier dont la pente s’accentue débouche sur des prés verts et l’horizon s’éclaircit de toutes parts dévoilant une grande partie du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes. On délaisse le GR.36 quant on retrouve la D.619 que l’on va poursuivre (avec quelques variantes possibles balisées en jaune) sur environ 4 kilomètres jusqu’aux ruines du cortal Roussel. Cette longue marche sur le bitume n’est pas trop fastidieuse grâce à la découverte du dolmen de la Font de l’Arca, du Roc Cornut et de divers orris parfaitement conservés. Les montées se terminent quant on quitte la D.619 en descendant dans un vaste pré qu’encadrent les vestiges des séculaires cortals Roussel. Au bout du pré, un large sentier herbeux continue vers la droite et se faufile au sein d’une végétation méditerranéenne faite principalement de buplèvres ligneux, de ronces et de chênes kermès. Ce sentier descend dans la garrigue, retrouve le GR.36 sur une large piste sableuse à proximité du château de Palmes et de la chapelle Saint-Just. Domaine privé, vous pourrez néanmoins vous en approchez, voire le visiter si les propriétaires vous en autorisent l’accès. Dans le cas contraire, prenez la piste vers la gauche et ne la quittez plus jusqu’à rejoindre Campoussy. L’église romane de Saint-Étienne avec son magnifique retable aux feuilles d’or n’est ouverte que le dimanche mais le village avec ses pittoresques maisons et ses jolis puits mérite néanmoins que l’on parcourt ses étroites venelles. Vous pourrez raccourcir ma boucle en repartant par le GR.36 ou bien la rallonger par le parcours « romain ». Moi, pour retrouver Sournia, j’ai préféré prendre un chemin intermédiaire souvent balisé de points bleus qui descend vers le lieu-dit Montauriol où l’on retrouve une large piste forestière qui nous ramène sans trop de difficultés jusqu’à notre véhicule. Comptez 5 à 6 heures arrêts et pique-nique inclus pour parcourir ce beau circuit des Fenouillèdes dont les principales données sont : distance 20,3 km- dénivelé 393 m. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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Le Circuit de Terres noires à Sournia et le Fajàs d'en Baillette.

Publié le par gibirando


 Ce diaporama est enjolivé avec 2 grands succès de Gilbert O'Sullivan que sont les chansons "Clair" et "Alone Again (Naturally)"

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Voilà une jolie boucle, toute simple mais à faire avec la carte IGN appropriée. Je l'ai raccourcie délibérément car elle est connue dans une version plus longue sous le titre de « Circuit de Sournia » dans le célèbre « 100 randonnées dans les P.O » de Georges Véron. Ici, ce secteur des crêtes que l'on va cheminer, on l'appelle les "Terres Noires" à cause de certaines portions du terrain très sombres faites de marnes schisteuses noirâtres que l'itinéraire emprunte. Dès que vous entrez dans Sournia (alt.500 m) en venant de Perpignan ou plutôt d'Ille-sur-Têt, le départ s'effectue 40 mètres à droite après la gendarmerie. Vous montez une petite sente balisée en rouge et blanc car vous êtes sur le GR.36. Elle s'élève rapidement dans la garrigue, longe quelques « feixes » moussues, ces vieilles terrasses de pierres sèches, entre dans un bois et finit par déboucher près d'une ferme et dans une zone d'estive. Par précaution, prenez garde à fermer les barrières et à ne pas trop déranger le troupeau. Vous arrivez sur une petite route asphaltée et des paysages disparates se dévoilent de tous côtés : les Corbières, les magnifiques forêts des Fenouillèdes, la Vallée de l'Agly, les toits rouges de Prats de Sournia et de Sournia, son vallon de la Désix, les collines du Bas-Conflent, avec derrière elles l'inévitable dôme enneigé du Canigou. Prenez cette route par la gauche et poursuivez sur le GR.36. La route se transforme en un chemin carrossable toujours goudronné. Sur votre droite, un bel orri, sur votre gauche l'éclatant Canigou et le début de la chaîne pyrénéenne. Au col boisé de Benta Fride (960 m) vous enjambez une barrière et quittez le bitume pour emprunter une piste forestière. Vous êtes dans la très belle forêt communale du Vivier, connue pour son hêtre remarquable le Fajàs d'en Baillette : plus de 500 ans, plus de 5 mètres de diamètre et plus de 30 mètres de hauteur. Il n'est pas très loin, n'hésitez pas à faire l'aller-retour pour aller le découvrir ! A la côte 992, il vous faut par la gauche quitter la piste et grimper un court dénivelé vers la crête. Vous arrivez à un gros cairn et il vous faut désormais longer une rudimentaire clôture faite de fils barbelés et de gros piquets. Sur votre gauche et devant vous, les panoramas s'entrouvrent toujours plus beaux. La crête devient montagnes russes mais à la côte 963, le GR.36 tourne à droite et vous, vous ouvrez une barrière et tournez à gauche dans une nouvelle zone d'estive sauf si vous souhaitez voir l'hêtre remarquable ce en quoi il vous faut descendre et prendre une autre piste qui part d'abord nord-est, tourne à gauche pour filer plein nord. En la suivant, vous arriverez sans problème a cet arbre exceptionnel et le retour à la côte 963 ce fait par le même chemin. Pour le circuit de Véron, à la côte 963 il faut continuer tout droit vers le Col de l'Espinas (1.005m) mais c'est une autre rando ! Une petite sente coupe des près puis entre dans un bois dit de la Pépinière (photo). Au début du printemps, les sous-bois sont tapissés de très jolies violettes et de jonquilles sauvages. La sente devient piste et descend jusqu'à la D.2. Sournia est sur votre gauche à un peu moins de 4 kilomètres. Grâce à de multiples raccourcis balisés en jaune, vous éviterez une marche forcée sur l'asphalte et vous rejoindrez ainsi plus rapidement le village. Pour clore cette agréable boucle qui vous aura occupé au moins 4 heures, prenez le temps d'une visite de Sournia. Sa belle chapelle St Michel du Xeme siècle, sa pittoresque fontaine du Pou, son église et ses jolies ruelles le méritent bien ! Carte IGN 2348 ET Prades-Saint Paul de Fenouillet Top 25.

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