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Vadrouille dans le fenouil - Histoire-Géographie-Préambule

Publié le par gibirando

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TOUR-FENOUILLEDES-IGN
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En vadrouille dans le fenouil

ou

le Tour des Fenouillèdes en cinq jours

dans les pas de mon fils

Lien vers étape 1 

Les Fenouillèdes que l’on écrit plus rarement le Fenouillèdes et incorrectement le Fenouillède au singulier mais que vous trouverez parfois écrit dans certains textes ou même sur des panneaux indicatifs en occitan Fenolheda ou Fenolhedés ou bien encore en catalan Fenolleda ou Fenolledès tirerait son nom du mot romain « Fenolietensis » signifiant « foin ».

Alors, si j’en crois les historiens, ce n’est pas en « Vadrouille dans le fenouil » mais en « Vadrouille dans le foin » que j’aurais du intituler le récit de ces cinq jours de randonnée pédestre au cours desquels, avec mon fils Jérôme, nous avons réalisé le tour de ce joli pays. Bon, s’il faut reconnaître que pour la rime c’est sans doute mieux ainsi, sur le terrain, il n’y a pas photo non plus quand à l’importance du fenouil sauvage par rapport aux champs de foin. En effet, en dessous d’une certaine altitude, il y a, en bordure des sentiers et dans la garrigue, du fenouil sauvage un peu partout alors que les balles de foins, elles, sont plutôt discrètes dans cette région presque essentiellement viticole. En effet, des champs de foin, je n’en ai vraiment aperçu qu’au dessus de Sournia, du côté des bien nommés Prats-de-Sournia (prés de Sournia), autour de Caudiès et enfin au pied du Bugarach où certains petits prés voués à l’élevage semblent faire l’objet de fenaisons régulières mais tellement insignifiantes que j’ai du mal à comprendre que l’on y consacre un patronyme à une région toute entière. Alors s’il est vrai que quelques siècles se sont écoulés depuis l’origine de cette dénomination, j’avoue que cette explication historique de désigner les Fenouillèdes en «Pagus Fenolietensis» à savoir le «Pays des Foins»  ne m’inspirait pas vraiment. En effet quel rapport pouvait-il bien y avoir entre le mot « foin » alors que très clairement le nom « Fenouillèdes » contenait le préfixe « fenouil » ? Alors, j’ai cherché à comprendre et en enquêtant sur le sujet, j’ai fini par apprendre que les Romains appelaient le fenouil du mot «foeniculum» dont la traduction me convenait à merveilles puisque elle ne signifiait pas moins que « petit foin ». Les diminutifs latins « fenum » ou « foenum » signifiant plus simplement le « foin ». Alors très clairement le Fenouillèdes devenait de toute évidence le « Pays du Petit Foin » c'est-à-dire le « Pays du Fenouil » !  La boucle était donc bouclée et pour clore d’ailleurs ce qui n’a jamais été une querelle entre « foin » et « fenouil », j’ai fini par apprendre que dans certaines régions, on donne encore au fenouil ce nom de « petit foin ». Enfin qu’elle ne fut pas ma surprise d’apprendre que les Grecs, eux, avaient baptisé le fenouil  du mot « marathon » comme la célèbre cité où s’était déroulée en 490 avant J.C, la glorieuse bataille entre Athéniens et Perses. Alors c’est vrai, j’aurais pu faire un incroyable pléonasme en intitulant mon récit de ce Tour des Fenouillèdes, « Marathon dans le fenouil ». Mais heureusement et même si les étapes ont toutes été très longues ; plus de 20 km tous les jours ; aucune n’a jamais atteint les 42,195 kilomètres qui séparaient Marathon d’Athènes. Et puis, je dois le reconnaître, j’aime bien ce titre de « Vadrouille dans le Fenouil » bien plus poétique avec sa jolie petite rime en « ouille » qui correspond bien mieux à la longue errance que nous avons connu Jérôme et moi au cours de ces cinq jours. Une longue flânerie, qui certains soir, se finissait en « petites souffrances » du style « ouille mes mollets ! », « ouille mes doigts de pieds ! » Gros point positif de mes recherches sur l’origine des Fenouillèdes, elles m’ont permis d’en apprendre encore bien plus sur l’histoire et la géographie de cette bien agréable région :

 

Résumé de l’Histoire du pays Fenouillèdes : 

 

Bien avant que Le « Pagus Fenolietensis » romain devienne le « Pays des Foins », le territoire est occupé dès la préhistoire comme le prouve les nombreuses découvertes archéologiques et notamment celle de la Cauna de Bélesta où une tombe collective d’une trentaine de personnes datant de -4500 avant JC a été mise à jour en 1983. Il y a également de nombreux dolmens ayant sans doute servis de sépultures notamment à Felluns, Ansignan, Trilla, Campoussy et Bélesta.  On pourrait également évoquer le célèbre « Homme de Tautavel » mais bien que très proche, ce bourg n’est pas vraiment considéré comme étant situé dans les limites du pays Fenouillèdes. On saute quelques siècles pour constater de la présence des Romains dès l’an 120 avant JC. Lors de notre dernière étape, cette présence romaine, on a eu l’occasion de l’observer au plus près avec le superbe aqueduc d’Ansignan dont la solidité exceptionnelle et l’état de conservation exemplaire lui permettent de fonctionner encore plusieurs siècles après son édification. Le début de l’ère chrétienne voit la venue et l’installation d’autres peuplades et ethnies (Sordes, Volques, Ceratanis, Ibères, Suèves, etc….) Plus tard, au Veme siècle, les Wisigoths envahissent la région. Il faut dire que leur royaume s’étend jusqu’à la toute proche Septimanie. Puis ce sont les Arabes qui envahissent à leur tour la contrée mais Pépin le Bref se charge de les repousser à la Bataille de Narbonne en 759. Les Francs et Charlemagne occupent le territoire et autorisent la construction d'édifices religieux comme le magnifique Chapitre de Saint-Paul de Fenouillet ou bien militaires comme  la tour de Lansac ou celle de Trémoine dont les origines seraient dit-on également carolingiennes. En 842, sous Charles le Chauve, la Septimanie est divisée en deux pays distincts qui laissent les Fenouillèdes dans une entité intitulée la « Marche d’Espagne ». Au Xeme siècle, le premier vicomte s’installe au château de Fenouillet. Les Cathares, initialement concentrés dans les Comtés de Toulouse, Albi, Béziers et Carcassonne, après la Croisade contre les Albigeois de 1208, trouvent refuge dans les Fenouillèdes, pourchassés qu’ils sont par l’Etat français. Quelques vestiges comme les châteaux de Quéribus ou de Peyrepertuse ont été les témoins de ce passé tumultueux et tourmenté où les « Bons Hommes » avaient trouvé dans les Fenouillèdes et leurs proches alentours une terre d’asile accueillante. Prenant partie pour les cathares, le Vicomte de Fenouillèdes, lui est contraint de quitter Fenouillet pour s’exiler dans le Roussillon voisin. Ses héritiers ne retrouveront plus jamais les terres de leurs ancêtres. Bien que faisant partie intégrante de l’Occitanie, le pays Fenouillèdes, de par sa position géographique frontalière, a une longue histoire étroitement et intimement liée à celle de ses voisins catalans et espagnols. Avec le Traité de Corbeil de 1258 signé entre les rois de France et d’Aragon, les Fenouillèdes sont réintégrés au royaume de France. Du côté de Bélesta, Montalba-le-Château et Latour-de-France, quelques bornes-frontière encore debout sont le témoignage de cette délimitation entre Roussillon aragonais et Fenouillèdes français. Il faudra attendre le Traité des Pyrénées de 1659 signé entre les rois Louis XIV et Philippe IV d’Espagne pour qu’avec l’annexion de nombreux territoires tel le Roussillon, le Conflent, le Vallespir, le Capcir et une petite partie est du comté de Cerdagne, pour ne citer que les plus proches, la frontière recule encore un peu et s’installe dans ses limites actuelles. Mais il faudra attendre encore presque un siècle de plus et le Traité de Bayonne de 1856, pour que la véritable frontière terrestre soit définitivement symbolisée avec l’installation de 602 bornes sur la chaîne pyrénéenne. En 1790, avec la création des départements français, une immense partie du pays Fenouillèdes est intégrée aux Pyrénées-Orientales. Toutefois sa partie historique la plus haute en altitude correspondant grosso modo aux vallées de la Boulzane et d’Escouloubre est attribuée au département de l’Aude. Aujourd’hui, c’est toujours cette configuration-là qui prédomine. Mais pour mieux comprendre, ce découpage, il est sans doute nécessaire de parler un peu de la géographie de cette région très contrastée.

 

Géographie des Fenouillèdes :

 

Comme de nombreuses régions naturelles, les Fenouillèdes sont bornées par des repères plutôt vagues dont on peut néanmoins délimiter quelques contours grossiers : Au nord, la limite est représentée par les Corbières servant de frontière avec l’Aude. A l’est, c’est le Roussillon et le Ribéral. Au sud, c’est la région du Conflent où s’étire la Vallée de la Têt. A l’ouest, c’est le piémont des Pyrénées Audoises jusqu’au Défilé de Pierre-Lys où s’écoule le fleuve Aude qui délimite la région. Mais bien plus que des bornes naturelles, c’est la langue occitane qui délimite le pays Fenouillèdes, ce qui vous l’aurez bien compris n’a pas été sans poser de nombreux problèmes depuis son rattachement au département des Pyrénées-Orientales dont toutes les autres régions sont de langue exclusivement catalane. En effet, divisée grossièrement en trois cantons (Saint-Paul, Sournia et Latour-de-France), la région administrative du Fenouillèdes est encore très fière d’appartenir à l’Occitanie et sur les 33 communes qu’elle comporte, 28 sont de langue occitane et 5 seulement sont de langue catalane (Arboussols, Calce, Estagel, Montner et Tarerach). Avec ses 2000 habitants, Saint-Paul-de-Fenouillet est considéré depuis très longtemps comme la capitale régionale. En Fenouillèdes et au dernier recensement, la population dépassait péniblement les 10.000 habitants et ce chiffre ne représentait que 2,4% de la population totale du département. Cette différence entre Occitanie et Catalogne est encore visible de nos jours et il faut bien le dire, peu considéré, le pays Fenouillèdes reste le « parent pauvre » du département des Pyrénées-Orientales. Mais quand je dis « pauvre », on peut le traduire en désœuvré à cause d’une densité et d’une évolution de la population très faible pour un taux de chômage un peu supérieur aux autres régions du département, mais il ne faut pas l’entendre comme dépourvue de toutes richesses car les Fenouillèdes disposent de vignobles exceptionnels et de quelques industries minières, feldspath, calcaire et gypse notamment. Dans un passé pas très lointain, les mines et carrières étaient plus nombreuses car on y exploitait aussi du fer, du sable et du kaolin et quelques autres minerais un peu plus rares. L’avenir économique est à construire avec peut-être des opportunités dans l’agriculture et les filières du bois. Quand à l’activité touristique, elle est insuffisamment mise en valeur pour l’instant et pourrait être porteuse d’espoirs dans un futur pas si lointain que ça pour peu que les politiques veuillent s’en donner la peine. Il suffit de parcourir le pays à pied pour prendre conscience de toutes les merveilles que cette région recèle. Les Fenouillèdes sont une succession de collines essentiellement calcaires plus ou moins hautes, veinées en tous sens d’une multitude de petites ravines et de quelques vallées plus ou moins larges. Au fond de tous ces ravins, petits et grands, s’écoulent une multitude de rus,  ruisseaux, torrents, rivières, correcs ou recs comme on les appelle ici. Souvent, il faut des pluies torrentielles pour que l’eau s’y écoule et c’est donc au fond des vallées les plus importantes que quelques rivières coulent vraiment en toutes saisons. Ces principales rivières ont pour noms Boulzane, Desix, Matassa, Maury et Verdouble mais toutes ont un confluent commun qui s’appelle l’Agly. Long de 60 kilomètres et seul fleuve régional, l’Agly a indubitablement façonné une grande partie des Fenouillèdes et laisse encore son empreinte bien après ce pays jusqu’au terme de son parcours. Depuis sa source au pied du Pech de Bugarach, l’Agly s’engouffre dans les fabuleuses Gorges de Galamus et retrouve la Boulzane dans la vallée constitué par les Corbières d’un côté et le long synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet de l’autre. Le fleuve fracture cette barre rocheuse longue de 30 kilomètres et poursuit sa route dans les Gorges de la Clue de la Fou où ses eaux plutôt froides se mélangent aux eaux minérales sulfurées calciques de la source d’eau chaude à 27° de la Font Cauda, autrefois exploitée par des établissements thermaux.  Puis plus placidement, elle se dirige vers Ansignan, passe au pied du village sous et sur l’étonnant aqueduc romain grâce à un ancestral et ingénieux système de déviation de son lit, pour se déverser dans la majestueuse retenue formée par le barrage de Caramany. L’Agly franchit encore quelques jolis villages du pays Fenouillèdes tels Latour-de-France et Estagel, atteint le Roussillon à Cases-de-Pène, traverse Espira-de-l’Agly puis Rivesaltes et rejoint enfin la Méditerranée où la rivière se jette entre les plages de Torreilles et du Barcarès. Enfin, pour finir ce chapitre consacré à la géographie, la région est séparée en deux parties distinctes : le Haut-Fenouillèdes à l’ouest, principal domaine des superbes forêts domaniales et communales où l’altitude culmine à 1.310 mètres au Sarrat Naout près de Rabouillet au sein de la grandiose et ancienne forêt royale de Boucheville et le Bas-Fenouillèdes à l’est où prédomine la vigne qui pousse au fond des vallons et sur les coteaux de schistes de quelques petites collines hautes de 800 mètres au maximum. Ici, ces collines, on les appelle « serres » ou « sarrats ».

 

Enfin et pour être complet, le climat du pays Fenouillèdes est de type essentiellement méditerranéen même si par endroits, la proximité des Pyrénées et l’éloignement par rapport à la mer créent des microclimats de type montagnards. Il est donc normal d’y trouver le plus souvent une flore typiquement méditerranéenne constituée pour l’essentiel de maquis et de garrigues où la végétation est plutôt rase et où les arbustes les plus communs sont le chêne vert, le chêne liège et le pin, ou bien des épineux comme les ronciers et les églantiers ou bien encore des ligneux comme les cistes, les buis, les buplèvres ou les bruyères arborescentes. Dans cette garrigue, le Fenouil sauvage pousse assez spontanément mais est néanmoins très présent à certains endroits. Au sein de cette végétation, vit une faune sauvage, elle aussi typique du pourtour méditerranéen avec l’emblématique sanglier dont les populations peuvent être excessivement nombreuses par endroits. Enfin, dans les profondes et sombres forêts d’altitude, on retrouve la plupart des conifères et feuillus européens. Elles sont le domaine de nombreux renards, mustélidés (blaireaux, fouines, furets, etc…) et surtout cervidés, chevreuils ou cerfs essentiellement et parfois même l’isard. Selon certains témoignages, d’autres mammifères y auraient été incidemment aperçus ou repérés comme le chat sauvage, le loup, le lynx et l’ours par exemple mais ces passages ne sont sans doute que sporadiques et jamais définitifs.

 

 

Préambule :

 

Comme pour mon Tour du Coronat de 2007 et mon Tour du Vallespir de 2009, tous deux effectués en solitaire, l’idée d’accomplir ce Tour des Fenouillèdes m’est venue au cours des diverses randonnées d’un jour que j’accomplissais dans le secteur et chaque fois, que je tombais sur un panonceau « Tour des Fenouillèdes », la curiosité de découvrir cette région dans son intégralité me titillait et je me disais « un jour, ce serait bien que tu puisses le faire ».

  

Alors, c’est vrai cette idée trottait souvent dans ma tête et ce tour pédestre était inscrit sur mes tablettes depuis quelques temps déjà mais quand il fallut réellement le concrétiser, il faut le reconnaître, l’organiser ne fut pas chose facile tant ce pays des Fenouillèdes est incontestablement la région oubliée du département des Pyrénées-Orientales. Mais peu importe les difficultés et il était hors de question pour moi que je ne l’accomplisse pas. Cette volonté s’amplifia encore un peu plus quand mon fils Jérôme m’indiqua qu’il envisageait de le faire avec moi. Le Fenouillèdes, terre occitane oubliée ou ignorée des catalans depuis le traité des Pyrénées de 1659, il suffit pour s’en convaincre, de compulser "Pyrénées-Orientales - L’Encyclopédie Illustrée du Pays Catalan" où seulement deux pages sont consacrées à cette belle région sur les 302 pages que comporte ce gros ouvrage. Sans doute que ce désintéressement est également lié à une densité de population moindre que celle des autres régions du département. Pour se convaincre de cette indifférence et de cette ignorance quasi générale, il suffit de vouloir parcourir ce tour, pourtant parfaitement balisé par les comités associatifs pédestres, pour constater qu’aucun topo-guide n’a encore été édité ni par la Fédération Française de Randonnée Pédestre ni par aucun autre éditeur. Quand à l’organisation, si dans les communes les plus importantes que sont Saint-Paul-de-Fenouillet, Caudiès-de-Fenouillèdes et Sournia, on y trouve assez aisément le gîte et le couvert, il y a, en terme d’hébergement quasiment un grand vide dans la partie orientale du tracé sur une immense portion qui va de Saint-Paul à Sournia, c'est-à-dire depuis Lesquerde à Eus (*)  en passant par Ansignan, Trilla, Tarerach, Marcevol et Arboussols. C’est d’ailleurs, je pense, la raison essentielle pour laquelle ce tour n’a pas encore été édité et reste peu fréquenté et que nous-mêmes avons été contraints de camper lors de la première étape qui nous a amenée de Trilla à Eus (1). C’est d’ailleurs la principale raison qui m’a incité à démarrer de Trilla, après avoir retourner le problème dans tous les sens. J’ai d’autant plus du mal à comprendre ce désintéressement pour les Fenouillèdes et cette désaffection pour ce magnifique tour pédestre que cette région regorge de richesses naturelles, architecturales et patrimoniales exceptionnelles. Pour n’évoquer que les sites rencontrés ou aperçus les plus remarquables sur l’itinéraire et sans parler des remarquables vignobles que l’on côtoie au fil du parcours, Rivesaltes et Maury  en tête, pour ne citer que les plus connus qui y sont récoltés, il y a le superbe Prieuré de Marcevol, la localité d’Eus (*), élu plus beau village de France, de nombreux hameaux oubliés dont ceux de Comes, de Malabrac et de Campeau par exemple, ces étonnants amas granitiques naturels de la longue Serre de Sournia, les admirables forêts communales et domaniales du Fenouillèdes, de Boucheville et du Moyen-Agly, les merveilleuses gorges de Saint-Jaume, les belles vallées de la Désix, de la Boulzane et de l’Agly pour ne parler que des principales rivières, les ruines d’innombrables mas pastoraux et de nombreux châteaux dont ceux de Fenouillet, l’admirable église Notre-Dame de Laval à Caudiès, les étonnantes échines géologiques calcaires que sont le synclinal de Saint-Paul s’étirant sur plus de 30 kilomètres et les Corbières avec ses pechs et notamment celui monumental et mystique de Bugarach, le surprenant chapitre de Saint-Paul avec son insolite clocher heptagonal et enfin peut-être le plus merveilleux et emblématique joyau architectural de la région avec le splendide pont-aqueduc romain d’Ansignan dans un état de conservation exceptionnel et encore en état de fonctionnement malgré son grand âge de plus de 17 siècles. Voilà quelques unes des principales merveilles que vous pourrez découvrir ou voir si vous êtes amené un jour à réaliser ce tour pédestre dans son intégralité. Enfin, dès que l’on s’élève un peu, on est frappé par cette mosaïque de paysages et ce patchwork de couleurs et ça où que l’on se trouve, c’est dire si la diversité est une des caractéristiques principales du pays Fenouillèdes. Si dans cette longue liste,  j’ai volontairement omis les superbes Gorges de Galamus et son ermitage Saint-Antoine, c’est parce que nous-mêmes en avons fait l’impasse mais rassurez-vous, elles font bien partie de ce tour et rien ne s’opposera à leur découverte lors d’une étape supplémentaire au départ de Saint-Paul-de-Fenouillet. On peut également regretter dans le tracé actuel de ce tour, cette ignorance la plus totale pour des  villages tels que Maury, Rasiguères, Lansac, Latour-de-France, Bélesta ou bien encore Caramany. Un allongement de deux à trois jours passant par ces villages et effectuant le tour du lac de Caramany par exemple aurait été judicieux et agréable. Mais les Fenouillèdes, ce ne sont pas seulement des gros bourgs, des monuments et des paysages, ce sont aussi des hommes qui ont su façonner un pays très tourmenté fait d’une succession de collines et de multiples ravins, des hommes qui ont réussi à élever de charmants villages et hameaux dans les coins les plus reculés, des hommes qui malgré les occupations et les invasions successives (romains, wisigoths, musulmans, francs, aragonais, espagnols, etc.…) et un passé parfois tumultueux comme les guerres entre cathares et catholiques sont restés accueillants et ont réussi à en faire un pays où il fait bon vivre. Même si en raison d’une mauvaise météo, les deux premiers jours et surtout le premier n’ont pas été très propices à une flânerie pédestre, ce bien-être, nous avons eu l’occasion de le goûter. Alors, je ne sais pas ce que Jérôme en pense mais pour moi, ce périple de plus de 125 kilomètres, restera très longtemps un Tour du Bonheur. Alors, laissez-moi le plaisir de vous conter ce bonheur de partir « vadrouiller dans le fenouil » et dans les pas de mon fils car comme vous le verrez sur mes photos, j’ai très souvent marché derrière lui. Et bien oui, même en randonnée, la jeunesse reste un privilège non négligeable !

(*) Bien que situé dans la région du Conflent, le village d’Eus figure bien sur le tracé du Tour du Fenouillèdes. Il est classé parmi les plus beaux villages de France et est considéré comme celui ayant un taux d’ensoleillement parmi les plus élevés de l’hexagone. 

Lien vers étape 1 

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Etape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 km

Publié le par gibirando

Etape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 km
Etape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 kmEtape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 kmEtape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 km

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-Une « vadrouille sans la trouille ».

Ce matin-là, la première chose que j’ai fait en ouvrant les yeux, c’est de tirer la tenture de la fenêtre de ma chambre pour regarder dehors. Une fois encore, j’étais déçu car à travers les grands arbres du camping, je ne voyais qu’un ciel laiteux mais comme je ne voulais pas rester dans cette incertitude, j’ai pris sur moi de me lever aussitôt et d’aller voir dehors comment se présentait la météo. Depuis la terrasse, le ciel paraissait d’un bleu d’une pureté intense vers le nord mais vers le sud, le ciel semblait blanc et voilé. Mais comme ce voile continuait à m’intriguer et que de grands sapins bouchaient l’essentiel de ma vue, je suis parti en caleçon faire le tour du camping pour trouver une ouverture et vérifier tout ça plus précisément. Quand je suis revenu au mobil-home, j’étais ravi de ce ciel sans aucun nuage que je venais de voir. La journée s’annonçait sous les meilleurs auspices et j’étais heureux. En regardant la météo à la télé, j’étais d’autant plus content car selon les prévisions, ce beau temps allait s’installer pour plusieurs jours et en tous cas pour les trois derniers jours qui restaient à parcourir. Ma trouille d’une mauvaise météo était terminée, le beau temps que j’attendais depuis le départ semblait enfin là et comment ne pas être joyeux alors que se présentait à nous la plus longue étape de ce Tour des Fenouillèdes qui devait nous emmener à Caudiès. Avec Jérôme, nous étions d’accord sur ce point même si nous ne l’étions pas sur la distance exacte à parcourir. J’avais tracé à de multiples reprises le parcours sur mon logiciel CartoExploreur et j’étais arrivé à la conclusion que cette étape était longue d’au moins 27 kilomètres voire plus. Lui, avec sa méthode, trouvait comme toujours un peu moins que moi. A vrai dire, cela n’était pas d’une importance capitale mais il y avait quand même un impératif, c’était d’arriver à la Mairie de Caudiès avant 18 heures. En tous cas, c’était l’heure maximale qui m’avait été fixée par la secrétaire de la mairie pour récupérer les clés du gîte communal que j’avais réservé. Aussi, après avoir déjeuner très vite, fait notre toilette, ranger nos lits et nos sacs à dos, il n’était que 8h15 quand nous avons quitté le camping, direction l’ouest de Sournia en passant par la monumentale église paroissiale. A vrai dire, je n’étais pas vraiment inquiet de cet horaire fixé car de toutes les étapes du Tour des Fenouillèdes, c’était de très loin celle que je connaissais le mieux et je savais que cet impératif était parfaitement réalisable, à une condition expresse : ne pas traîner en route et surtout n’avoir aucun incident de parcours. Je savais que ce parcours serait très « roulant » grâce aux nombreuses pistes forestières que nous allions emprunter. Nous nous sommes arrêtés brièvement à l’épicerie de Sournia afin de compléter notre pique-nique pour midi et nous avons pris très vite la direction du G.R.36 qui démarre devant la gendarmerie. Cet itinéraire du G.R.36 qui est commun avec celui du Tour du Fenouillèdes sur quelques kilomètres, je l’avais déjà parcouru quelques dizaines de fois, soit pour me rendre à Rabouillet par la belle forêt domaniale soit pour partir à la découverte de cet hêtre remarquable de la forêt du Vivier qu’ici on appelle le « Fajas d’en Baillette ». Grâce à la multitude de pistes qui jalonnent ces forêts du Vivier, de Sournia, de Rabouillet et de Boucheville, il m’était même arrivé d’inventer quelques agréables circuits car au printemps, j’ai toujours bien aimé venir ici pour découvrir la renaissance de cette magnifique nature que nous allions côtoyer aujourd’hui. Jérôme se souvenait y être passé en VTT. C’est donc sans souci, que nous avons emprunté ce petit sentier longeant très souvent d’anciennes terrasses dans ce joli lieu dénommé les « Causses ». Le sentier filait en grimpant vers Prats-de-Sournia, les prés bien nommés et ce n’est qu’à partir d’ici que le mot romain « Fenolietensis » signifiant « foin » pourrait éventuellement prendre enfin tout son sens. Ici, il y a effectivement beaucoup de prés mais si les prés sont toujours agréables à découvrir ou à cheminer, l’essentiel des décors était plutôt derrière nous, aussi n’était-il pas inutile de se retourner très souvent pour profiter des vastes panoramas qui s’offraient enfin à nos regards. Au premier plan, on apercevait le village de Campoussy. Au loin, on découvrait l’aride Serre de Sournia où l’on devinait les chemins parcourus hier. Sur les sommets, on retrouvait le Pic de Bau et son pylône TV et bien sûr, comme presque toujours, le seigneur Canigou pointait le bout de son pic étonnamment dépourvu de neige aujourd’hui. Comme souvent depuis le début, Jérôme avait pris un peu d’avance sur ce bon dénivelé et c’était un peu dommage car il était passé sans voir un joli chevreuil qui broutait tranquillement au beau milieu d’un vaste pré. J’ai eu beau courir pour le rattraper et tenter de le prévenir mais dans cette bruyante cavale, le chevreuil m’avait déjà entendu et il avait pris « la poudre d’escampette ». Heureusement, j’avais eu le temps de le photographier avant qu’il ne détale et en outre ce n’était que partie remise car dans le champ suivant séparé du premier par une simple haie, un deuxième chevreuil était également entrain de brouter. Avec Jérôme, nous nous sommes arrêtés tous les deux pour le contempler et le photographier mais le chevreuil avait déjà levé la tête et avait deviné notre présence. Il nous avait flairé et dès qu’il a constaté qu’on l’observait, il a détalé à tout berzingue faisant d’étranges bonds par dessus les buissons comme le font les gazelles d’Afrique. Puis, en arrivant à la lisière d’un bois, il s’est arrêté net et s’est mis à nous observer. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis dit qu’il était peut être surpris de ne pas avoir encore entendu la détonation d’un fusil. Par bonheur pour lui, nous n’étions que des chasseurs d’images. La vision de ces jolis chevreuils dans la quiétude de cette aube si agréable a été pour moi un véritable enchantement et restera longtemps gravée comme un de mes meilleurs souvenirs de ce Tour des Fenouillèdes. Après une ferme que nous avons laissé sur la gauche, nous avons atteint un petit chemin vicinal bitumé qui va de Prats-de-Sournia vers la forêt communale du Vivier. Bien que l’asphalte ne soit jamais l’idéal pour le véritable randonneur, ici nous n’y avons pas trop pensé, d’abord car de beaux panoramas s’entrouvraient de tous côtés mais surtout parce que nous revoyons une grande partie du chemin déjà parcouru. Au loin, on distinguait vers l’est, notre ligne de départ avec le minuscule hameau de Trilla que l’on devinait à peine. Dans la même direction, les sarrats olivâtres gravis le premier jour se détachaient dans un ciel azur. Au sud, la Serre de Sournia chevauchée hier apparaissait désormais dans son intégralité. Alors que j’étais plongé dans mes pensées et mes contemplations, Jérôme avait surpris, au milieu d’un pré en jachères, un renard roux sans doute occupé à chasser. Nous avons juste eu le temps de nous cacher derrière un rideau de ronces pour l’observer mais le « goupil » avait déjà flairé notre présence et le voilà dès lors qu’il dressait droit ses oreilles, reniflant l‘air ambiant et scrutant les alentours en quête d’un indice qu’il n’arrivait pas à maîtriser. Rassuré, il a replongé le museau dans les hautes herbes sans doute pour déloger un petit rongeur de son terrier. Mais son sens olfactif l’a très rapidement rappelé à l’ordre. Son sens visuel a pris le relais et il a commencé à tout scruter en notre direction jusqu’à deviner où nous étions, pourtant cachés derrière un muret lui-même surmonté d’un épais treillis de ronces. Dès qu’il nous a aperçu, il s’est mis à détaler et a disparu dans un bosquet. Jérôme avait néanmoins réussi à le photographier convenablement mais moi, je n’avais qu’une photo trouble remplie d’herbes folles avec deux oreilles et un arrière-train qui décampaient. En atteignant la superbe forêt, le bitume a enfin laissé la place à une vraie piste forestière que l’on a ensuite très rapidement quitté au profit d’un bref mais rude raidillon qui s’est mis à grimper vers le col de Benta Fride (965 m). Là, un sentier plus ou moins large file en contrebas d’une clôture plantée sur la ligne de crêtes. J’ai demandé à Jérôme de me suivre et de grimper avec moi de quelques mètres vers cette clôture et ainsi en cheminant cette crête, nous avons profité des panoramas s’entrouvrant magnifiquement vers le Sud et parfois même vers le Nord à l’occasion de quelques trouées dans cette luxuriante forêt. Nous en avons profité un long moment avant de retrouver le véritable sentier car je  connaissais parfaitement ce secteur et je savais que la suite serait moins attrayante car trop souvent en sous-bois. J’adorais ce tronçon du G.R.36 car j’avais toujours pris plaisir à arpenter ce sentier herbeux et verdoyant  encadré de hautes fougères, de genêts et de pins même si je savais que le mois de  septembre n’était pas la meilleure des saisons pour le faire. Ici, il ne faut pas hésiter à quitter de quelques mètres le vrai chemin pour  monter sur la crête et l’on embrasse des panoramas grandioses sur une immense partie du pays Fenouillèdes. Je l’ai fait à quelques reprises découvrant en cette occasion d’énormes champignons, sans doute des bolets. Jérôme avait pris pas mal d’avance et avait surprit un cervidé qui dormait dans les fougères mais ce dernier avait détalé si vite que Jérôme n’avait pas été capable de me dire s’il s’agissait d’un chevreuil ou bien d’un cerf. En tous cas, ce fut le dernier mammifère sauvage que nous avons vu sur ce Tour. Peu après, nous avons délaissé le G.R.36 qui partait par la droite vers les jolis hameaux du Vivier, de Saint-Martin et de Fosse et désormais, il nous suffisait de suivre le GRP Tour des Fenouillèdes de nouveau balisé en jaune et rouge. Peu avant le col de l’Espinas (1.020 m), le chemin a commencé à se transformer en petites montagnes russes mais à l’occasion de vastes lopins de terre qui avaient été défrichés, on avait de très jolies vues vers le Canigou et les longs massifs que formaient le Coronat, le Madres et le Dourmidou. Au loin, au dessus de ces massifs du piémont, les Pyrénées commençaient à étirer leur longue chaîne montagneuses faite de très hauts pics encore un peu blanchis des neiges de l’avant-veille. Après le col de l’Espinas, le chemin est devenu plus large et la déclivité plus raide. Ici, je me souvenais parfaitement de ce coin car à la fin de l’hiver, les sous-bois étaient toujours magnifiquement recouverts de superbes jonquilles jaunes. Après cette dernière montagne russe, nous avons atteint le col Bas (1.035 m) où une aire de pique-nique tombait à point nommé. Nous y avons pris un peu de repos le temps d’une brève pause consacrée à manger quelques fruits secs, une compote et une barre de céréales. Ici, se terminait la forêt communale du Vivier et un panonceau de l’ONF nous en annonçait clairement une nouvelle : la Forêt communale de Rabouillet. Autant être honnêtes, nous ne faisions aucune différence et une seule chose changeait vraiment, c’était la nature du chemin que nous allions emprunter jusqu’au col de Tulla. Ici, nous avons repris une piste forestière DFCI un peu plus monotone que l’itinéraire suivi jusqu’à présent. Aussi, sur ce chemin au doux dénivelé qui nous amenait vers la Font de Coulom et la Maison forestière de Gatespa, il nous semblait important de profiter de chaque fenêtre que la haute forêt nous offrait pour regarder vers les Corbières et le Pech du Bugarach. A 12h20, nous étions à Gatespa où une jolie aire de pique-nique semblait n’attendre que nous. Le lieu était si charmant et si reposant que l’on s’y attardât bien après le repas.  Une fois le pique-nique terminé, Jérôme est parti avec son GPS en quête de la suite du parcours car ici, la piste forestière s’arrêtait en un cul-de-sac et en outre le balisage jaune et rouge semblait avoir disparu. Il y avait bien une autre piste qui descendait mais elle semblait partir à contresens et de toute manière sur notre morceau de carte IGN, il n’y avait clairement aucune piste à prendre à cet endroit. Pendant ce temps, je suis parti à la découverte des alentours et attiré par de magnifiques petits fruits ressemblant à s’y méprendre à des groseilles, j’ai bien failli me laisser prendre au piège de la tentation et de la gourmandise. Je ne connaissais pas cette plante mais une chose était sûre, les feuilles ne ressemblaient en rien à celles d’un groseillier et c’est ça qui m’a permis de résister à l’attrait de ces fruits bien trop tentants. J’ai supposé qu’il s’agissait peut-être des fruits d’un chèvrefeuille des bois ou bien ceux d’une morelle douce-amère mais je n’en avais aucune certitude car des plantes présentant des drupes rouges, je savais qu’il y en avait beaucoup. Du coup, j’ai ravalé ma salive et une photographie de cette plante m’a paru amplement suffisante et intéressante à faire. Au bout d’un moment, Jérôme est revenu en disant qu’il avait enfin retrouvé le balisage et un petit sentier peu évident qui filait en sous-bois. Nous avons aussitôt plié bagages.  A quelques mètres de l’aire de pique-nique, le départ du sentier était difficile à deviner et vraiment incertain, caché qu’il était par divers branchages dissimulant eux-mêmes les premiers coups de peinture du balisage. Quand nous avons commencé à suivre ce sentier, le balisage continua à être peu clair et peu évident à trouver dans ce sous-bois et nous en avons conclu que le sentier était sans doute peu pratiqué. Il l’en a été ainsi encore quelques temps alors Jérôme a conservé son GPS allumé. En prêtant beaucoup d’attention, ce minuscule sentier en sous-bois a néanmoins fini par atteindre un layon dont on voyait clairement que son défrichage était plutôt récent. Le layon montait sous de grands sapins dans un terrain tourbeux et a fini par déboucher à un collet à l’intersection de plusieurs pistes. Sans nous en douter, nous venions d’atteindre la plus haute élévation de cette journée à 1.158 mètres d’altitude mais surtout le point culminant de ce Tour du Fenouillèdes. Du bord du chemin et dans l’espace très étroit que formaient deux grands arbres, j’ai aperçu un bout de vallée et quelques habitations et j’ai essayé mais en vain de deviner quelle était cette commune. J’ai pensé à Fosse ou bien à Fenouillet mais il a fallu que je sorte la carte IGN pour comprendre que c’était plus simplement Caudiès-de-Fenouillèdes que je distinguais que très partiellement. Bien que je n’en ai pas fait part à Jérôme, ce constat de voir la ligne d’arrivée encore aussi éloignée a eu pour effet de me couper un peu les jambes mais tout en marchant, j’essayais de me raisonner. Après tout ce n’était pas la première fois que j’accomplissais une si longue distance et j’en avais même parcouru de bien plus longues. Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés au refuge de Gai Sourire mais nous n’y sommes pas restés très longtemps. Le temps de quelques photos-souvenirs et d’une visite du refuge non gardé que nous faisions presque machinalement mais surtout par curiosité et nous avons repris notre chemin. Il est vrai que depuis notre départ, or mis quelques orris, casots ou mas délabrés, c’était la toute première fois que nous trouvions enfin un bâtiment à visiter, ouvert à tous. Peu après, nous sommes restés scotchés un bon moment au bord du chemin devant les vues époustouflantes qui tout à coup se sont entrouvertes. Plus aucun arbre ne gênait la vision et nous étions assez sidérés car on apercevait au loin la Méditerranée mais nous avions aussi de superbes vues aériennes sur la forêt de Boucheville, sur le Ravin de Tulla et beaucoup plus loin sur la Vallée de la Boulzane encadrée par les blanches Corbières et la longue serre du Synclinal de Saint-Paul. Vers 14h30, nous avons atteint le col de Tulla et ses prés verdoyants ont été si tentants que nous n’avons pas pu résister à l’envie de nous y vautrer en faisant une halte. Après tout, le ciel était bleu, le soleil rayonnant comme jamais et il ne nous restait au gros maximum qu’une dizaine de kilomètres à accomplir et qui plus est toujours en descente. Nous avions encore quatre heures trente pour les parcourir. De plus, je connaissais parfaitement ces lieux et ce chemin, j’aurais presque pu le sillonner les yeux fermés tant j’y étais venu très souvent user mes godillots du côté des Gorges de Saint-Jaume, du Pech de Fraissinet ou dans le Vallon d’Aigues-Bonnes. Sauf accident ou incident toujours possible, je n’avais aucun doute quand à notre arrivée avant 18 heures à Caudiès-de-Fenouillèdes. Nous avons donc pris notre temps et en avons profité pour manger quelques friandises, ôtant nos chaussures pour faire dégonfler nos pieds et nous reposant pendant une bonne demi-heure. Puis nous avons repris la route avec cette fois-ci, la ferme intention de ne plus nous arrêter. Mais c’est bien connu et les hommes politiques le savent mieux que quiconque, les promesses n’engagent que ceux qui les disent et dès le magnifique gîte de Tulla atteint, un gentil cabri en liberté a retenu toute notre attention et celui de nos numériques. Il en a été de même en arrivant à Fenouillet où les petits hameaux des Bordes puis des Nautes et enfin les pittoresques châteaux médiévaux qui se font face ont freiné nos ardeurs pour quelques photos supplémentaires. Un peu plus bas encore, les rafraîchissantes Gorges de Saint-Jaume, que Jérôme ne connaissait pas, nous ont arrêtés une fois de plus pour quelques photos souvenirs. Nous avons flâner dans ces gorges le temps de la découverte puis il en a été de même en arrivant à la belle chapelle de Notre-Dame de Laval. Plutôt que de poursuivre le G.R.36, nous sommes ressortis de ce magnifique lieu par l’ancien chemin des processions et sa superbe porte dite Notre-Dame de Douna Pa. Pour y être déjà venu, je me souvenais avoir lu que depuis l’oratoire situé au bord de la D.9 jusqu’à la porte, la procession des fidèles s’effectuait sur les genoux et je me disais que même en descente, j’aurais eu du mal à faire de même. Malgré nos jambes qui commençaient à se faire lourdes, c’était un peu comme si nos têtes se refusaient à terminer cette étape tant il y avait de choses à découvrir. Un œil sur la montre et quand c’était nécessaire, les deux sur ce qu’il y avait à observer, tel était notre adage. En approchant de Caudiès, deux petits ânons très dociles ont fait les frais de cette flânerie très exagérée et ont clôturé notre album photos de cette merveilleuse journée. Puis, plus rien ne retenant notre attention, le village est arrivé très vite et nous avons prêté attention à une épicerie et à un petit bistrot qui faisait également snack, brasserie et restaurant. Il était exactement 17h15 quand nous nous sommes présentés à la jolie mairie pour récupérer les clés du gîte communal. Après avoir établi un modeste chèque de 20 euros représentant une nuitée pour nous deux, la souriante secrétaire nous a accompagné jusqu’à la petite maison de village qui faisait office de gîte. Les pièces étaient très spacieuses avec une grande cuisine parfaitement équipée et aménagée et elle disposait en plus d’une belle table de salle à manger. La chambre plus spartiate était séparée de la cuisine par un petit escalier mais ce qui était important à nos yeux c’était qu’il y avait deux lits de 90 très confortables et surtout assez loin l’un de l’autre, à cause des éventuels ronflements. Il y avait également une salle de bain avec une douche, un lavabo et un WC et une fois encore, tout cela suffisait très amplement à nos modestes exigences et à notre « humble » confort. Le rapport qualité prix était plus que parfait et pour être honnête ; nous n’en espérions pas tant. Jérôme s’est empressé de prendre une douche et j’en ai profité pour faire le tour de la partie la plus ancienne du village où se trouvait le gîte. Quand je suis revenu, j’ai pris la douche à mon tour et nous avons passé les heures restantes à nous reposer et à bouquiner avant de partir à la recherche d’un restaurant. En réalité, la recherche a été de très courte durée et pour tout dire le premier restaurant a été le bon dans tous les sens du terme. C’était le Café Rivière, celui là même que nous avions aperçu en arrivant et qu’une pancarte à l’entrée de Caudiès nous avait décrit comme faisant snack et également restaurant. Ici, la patronne semblait tout faire elle-même et en plus, elle le faisait bien. Elle se démenait du bar, à la cuisine et au service, prenant même le temps de discuter gentiment avec ses clients et franchement pour la somme modique de 16,50 euros par personne, pichet de vin et service compris, elle a gagné très allégrement les cinq étoiles de notre reconnaissance. Le souper a été parfait et une fois terminé, nous sommes immédiatement rentrés au gîte où Jérôme a terminé la soirée à bouquiner pendant que j’ai analysé pour la énième fois l’étape du lendemain. Hors mis, mon genou droit qui de temps en temps se bloquait un peu, j’était plutôt en forme et je commençais à prendre goût à cette longue balade. De ce fait, j’avais du mal à me faire à l’idée que demain était déjà l’avant dernière étape et cette idée me rendait triste car je trouvais que ce Tour des Fenouillèdes était passé bien trop vite. Deux à trois jours de balades supplémentaires auraient été l’idéal, à condition bien sûr qu’ils se déroulent avec une météo aussi clémente que celle d’aujourd’hui. En tous cas, les prévisions pour demain étaient annoncées ainsi et j’étais très heureux de cette nouvelle « Vadrouille sans la trouille ».

 

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Etape 4 - Caudiès-de-Fenouillèdes - Saint-Paul-de Fenouillet - 26 km

Publié le par gibirando

 TOUR-DES-FENOUILLEDES-ET.4

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Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

4eme étape: Caudiès-de-Fenouillèdes - St-Paul-de-Fenouillet  

26 km- Dénivelé 650 m – Montées cumulées 1.229 m 

Point culminant 900 m au Roc Paradet.

 

-« Vadrouille avec les Chemtrouils ».

 

Ce quatrième matin, avant de quitter le gîte, nous sommes partis faire quelques emplettes au « Vival » du village. En effet, l’épicerie étant à l’opposé de l’itinéraire que nous devions prendre, nous n’avons pas trouvé nécessaire de nous charger inutilement de nos sacs à dos pour aller acheter un peu de pain, quelques fruits, des flans et un morceau de fromage. Ces quelques courses faites, il est 8h30 quand nous déposons les clés du gîte à la mairie et nous prenons aussitôt le balisage bien indiqué au centre du village. Une fois encore, notre itinéraire est commun avec le G.R.36 et dans l’immédiat, il prend la direction du Col Saint-Louis. Pendant que nous sortons de Caudiès, une chose m’étonne bougrement : ce sont toutes ces lignes blanches qu’il y a dans le ciel et que je n’avais pas spécialement remarqué en allant à l’épicerie. Un peu comme si d’innombrables avions avaient volés tous en même temps et dans tous les sens laissant derrière eux de longs panaches d’une fumée blanchâtre. Si ces lignes n’avaient rien d’inquiétantes à première vue, plusieurs choses m’intriguaient quand même et tout d’abord, il n’y avait aucun avion visible dans le ciel puis ensuite c’était le fait qu’il y en avait dans toutes les directions, elles se croisaient, partaient en tous sens et anarchiquement, elles ne disparaissaient pas et bien au contraire, elles semblaient s’élargir au fur et à mesure que nous sortions du village. Plus nous avancions vers la Soula de la Roque, cette haute barre rocheuse que nous devions escalader et plus ces lignes s’élargissaient, ne disparaissaient jamais et j’avais même le sentiment qu’elles se rapprochaient du sol. Or, il y a quelques mois, alors que je cherchais des renseignements sur Internet, j’étais tombé tout à fait par hasard sur un site s’appelant Conspiracy Watch évoquant les attentats du 11 septembre 2001 mais également ces phénomènes parmi bien d’autres. Ce site, souvent très intéressant au demeurant, se présentait comme étant un « Observatoire du conspirationnisme et des théories du complot ». En développant mes recherches au sujet de ces phénomènes aériens, j’avais surfé de sites en sites et j’avais clairement compris que deux théories s’affrontaient. L’explication officielle était que ces traînées blanches étaient émises suite à la condensation de l’eau contenue dans l’air par les turbines d’avions volant à très haute altitude, les Américains appelant ce phénomène des « contrails » contraction de l’anglais « condensation trails » ou « traînées de condensation » en français et la deuxième théorie était celle que l’on appelle des « chemtrails », contraction anglaise de « chemical trails » ou « traînées chimiques » et qui ne seraient ni plus ni moins que des épandages chimiques volontairement effectués par des avions pour un tas de raisons peu louables selon leurs accusateurs. Cette deuxième théorie était, selon les supporters de la première, tenue par ce qu’on appelle plus communément des  conspirationnistes. En tous cas, après la lecture de ces différentes doctrines complètement opposées, il y avait néanmoins deux points d’accord quand à la création de ces fameux panaches blancs dans nos cieux : Primo, c’est qu’elles étaient laissées par des passages d’avions et secundo dans les deux cas, elles étaient la conséquence de processus chimiques particuliers bien que très différents. En effet, tout le monde a pu constater que quand un avion produit derrière lui ces traînées de condensation, ces dernières ne sont jamais très longues à disparaître, or dans le cas présent, elles ont perduré une grande partie de la journée se transformant même en nuages et en un ciel laiteux dans la soirée.  Or, si dans la première des théories, la condensation était la principale raison de la création de ces phénomènes, il semblerait que leur durée très exceptionnelle comme c’était le cas aujourd’hui serait due à une mélange de cette condensation avec des particules émises par les réacteurs des avions dans des circonstances météorologiques très spéciales. En tous cas, moi qui à l’école n’avait jamais été très doué pour la chimie, matière qui ne m’avait jamais trop intéressé, il faut bien le dire, j’étais très soupçonneux et inquiet quant aux conséquences de ces phénomènes sur la santé des humains. Les conspirationnistes étaient partagés en deux clans, ceux qui prétendaient que les épandages chimiques étaient volontairement effectués pour tuer des humains et d’autres qui disaient qu’ils étaient réalisés pour contrecarrer les effets du réchauffement climatique. En tous cas, sur le plan sanitaire, personne ne semblait trop rien savoir à ce sujet et au moment même où Jérôme et moi vadrouillions dans le fenouil, avec ce sentiment de bon air, de bien-être et de proximité avec la nature, je me posais un tas de questions car nous avions au dessus de nos têtes, ces gigantesques empreintes blanchâtres comme si d’invisibles extraterrestres avaient jeté des fumigants pour mettre fin à toute vie sur Terre. Ici, « contrails » ou « chemtrails », ça me filait la trouille et peu m’importait comment les Américains appelaient ces phénomènes. A vrai dire, moi, je les aurais plutôt appelés « controuils » ou « chemtrouils » tant j’étais dans l’incertitude et tant il y en avait sur ce petit périmètre. Grâce à un panonceau indiquant parfaitement l’itinéraire vers Malabrac et Campeau, nous avons quitté la route du Col Saint-Louis mais pas vraiment l’asphalte. En effet, une petite route bitumée a tourné à droite en direction des collines entre vignes et champs fauchés. Ici, j’apercevais enfin les premières balles de foin du pays « Fenolietensis ». Le bitume a laissé la place à un sentier qui est entré dans la garrigue puis ce dernier s’est engouffré dans un petit et sombre bois de chênes verts. Quand nous en sommes sortis, nous avons attaqué presque immédiatement un rude et caillouteux dénivelé. Au dessus de nos têtes, les « contrails » se faisaient de plus en plus large et me laissaient toujours aussi perplexe car je ne voyais toujours aucun avion passer dans le ciel. Pourtant quand je me retournais, je voyais clairement de nouvelles lignes beaucoup plus minces mais jamais aucun avion. J’essayais de me convaincre en me disant que je ne les voyais pas car ils volaient bien trop haut pour cela ou bien qu’ils avaient survolés la région cette nuit ou au petit matin. Connaissant un peu le coin, je me mis soudain à penser au Pech de Bugarach qui se trouvait juste derrière la colline qui nous faisait face et à cette idée saugrenue selon laquelle aucun avion ne devait passer au dessus de lui au risque de voir tous ses instruments électroniques de bord complètement déréglés.  Je ne croyais pas à ces sornettes que l’on trouvait sur le Net ou dans des bouquins car personne n’était apte à donner une explication rationnelle et de plus, j’avais déjà vu à plusieurs reprises des avions survoler le pech alors que je randonnais dans le coin. Comme beaucoup d’autres spéculations concernant le soi-disant « mystique » Bugarach, il s’agissait d’une ineptie et j’en avais encore la preuve aujourd’hui. Enfin la preuve pas vraiment cette fois-ci car je ne voyais aucun avion ! Mais tous ces panaches blancs s’ils n’avaient pas été créés par des avions, qui les avaient dessinés dans le ciel ? Des soucoupes volantes ? Toutes ces pensées faisaient que je montais ce rude dénivelé sans trop réfléchir aux difficultés et seul, mon cœur qui tambourinait dans ma poitrine me rappelait à l’ordre et de temps à autre me réclamait une pause. Alors que je m’étais arrêté  dans cette difficile montée, un chien de chasse me dépassa sans coup férir puis quelques secondes plus tard, un chasseur est arrivé à ma hauteur. Nous avons continué à monter tout en bavardant et nous avons rejoint Jérôme qui s’était arrêté et m’avait attendu. L’homme affirmait avoir vu un isard avec ses jumelles depuis le bas de la vallée et il était parti dans l’idée de le traquer. J’étais assez étonné de cette affirmation car je ne pensais pas qu’il y avait des isards dans les Corbières mais l’homme me confirma cette présence. Contrairement à l’idée bien souvent inexacte mais préétablie du style « viandard » que je me faisais des chasseurs, celui-ci me semblait très censé, soucieux d’une bonne gestion de la faune et cette très intéressante conversation s’était prolongée assez facilement. Il nous expliquait comment et pourquoi, il y avait une raréfaction du sanglier dans les Fenouillèdes et plus particulièrement dans ce secteur de Caudiès où les tableaux de chasse se faisaient de plus en plus concis d’années en années. Cette rencontre avait mis fin à mes mauvaises pensées concernant les « contrails » et quand l’homme nous a quitté, je ne pensais plus qu’à profiter de cette belle balade. Il faut dire que nous étions arrivés quasiment au sommet de cette rocailleuse difficulté et que de magnifiques vues aériennes se faisaient jour sur Caudiès, sur le verdoyant vallon de la Boulzane, sur les nombreux pechs opposés et sur la longiligne et obscure forêt de Boucheville que nous avions arpentée hier. D’ici, on se rendait mieux compte de la distance que nous avions réellement parcourue hier mais si désormais nous étions sur l’autre versant, nous imaginions aussi et très facilement ce qui nous attendait pour atteindre Saint-Paul-de-Fenouillet : faire quasiment le même chemin mais en sens inverse cette fois-ci. J’étais très satisfait d’avoir atteint le sommet car avec un départ à froid et avec mon sac à dos presque toujours aussi lourd que les premiers jours, cette escalade avait été plutôt rude. Je soufflais comme un bœuf, mon cœur battait la chamade comme jamais et j’avais besoin d’une sérieuse pause pour lui faire retrouver un rythme à peu près normal. Après les cailloux, les pierres et les rochers que nous venions d’arpenter et de grimper, j’étais également heureux de retrouver un agréable sentier souple et herbeux. Nous avons laissé sur la gauche les ruines de Malabrac, hameau que j’avais découvert en février dernier lors d’un beau circuit au Château des Maures et au viaduc de Saint-Louis et nous avons poursuivi l’itinéraire qui a traversé une pré et quelques petits bois de feuillus. L’étroit sentier a rejoint une piste où les hauts feuillus ont peu à peu laissé la place à des bosquets essentiellement composés de grands buis et de petits chênes verts. Au moment où ces bosquets devenaient de hautes haies séparant des petits champs ou des prairies plus vastes, le Pech du Bugarach a fait son apparition, comme sorti de nulle part, Là, sous la haute silhouette blanche du mythique et mystique sommet, l’itinéraire est devenu encore plus plaisant car nous nous sommes mis à traverser de jolis herbages verdoyants encadrés de petites collines boisées. Je suppose qu’avec Jérôme nous avons eu une transmission de pensée et le même plaisir à être là dans ce cadre vert et reposant car comme un seul homme et au même instant, nous avons décidé de stopper pour prendre un petit en-cas. Pendant cette courte pause, deux randonneurs sont passés devant nous et depuis le premier jour où nous avions croisé un groupe au Col Saint-Jean et les deux espagnols criards d’Eus, nous n’en avions pas rencontré d’autres. Ils nous ont salué puis finalement ils se sont arrêtés et chacun y est allé de la description de son propre périple. Les deux hommes avaient démarré de Port-la-Nouvelle, ils marchaient depuis plusieurs jours et effectuaient le Sentier Cathare avec la ferme intention d’atteindre Foix d’ici quelques jours. Ils étaient très étonnés d’apprendre que nous effectuions le Tour des Fenouillèdes car s’ils avaient rencontré des panonceaux mentionnant ce tour, il ne le pensait pas réalisable, n’ayant jamais vu d’informations ni sur Internet ni sur aucun topo-guide. Je leur confirmais qu’ils avaient parfaitement raison mais que je m’étais chargé moi-même de tout organiser. Une fois encore, ils étaient assez surpris car pour leur « Sentier Cathare en liberté », ils disaient être « inévitablement » passés par un tour-opérateur. Je n’ai pas voulu les décevoir en leur disant qu’un tour-opérateur n’était peut-être pas nécessairement obligatoire pour randonner en France et nous en sommes restés là. Bien que depuis Malabrac la déclivité avait été évidente, elle avait été plutôt douce et voilà qu’à l’approche de la Bergerie de la Couillade, elle se faisait légèrement plus sévère mais pour quelqu’un qui sait lire une carte IGN et qui s’intéresse un peu à la toponymie, il n’y avait rien de plus normal à cela. En effet, quand on sait qu’une « couillade » est dans la toponymie pyrénéenne un col large et herbeux, mot que l’on peut rapprocher de la « collada » catalane, quoi de plus normal que l’on y grimpe.  Une fois ce col atteint, nous sommes arrivés devant les ruines d’une grande habitation et de quelques autres plus réduites, c’était la Bergerie. Ici, un petit sentier a basculé dans une vaste pelouse herbeuse où quelques vaches disséminées paissaient deci delà. Je connaissais bien ce secteur pour y être déjà venu à différentes reprises soit avec comme objectif, le Bugarach ou bien encore le Roc Paradet. Je connaissais donc très bien ce collet de la Couillade et quelques autres cols ainsi que tous ces sentiers qui circulent dans ce secteur. Sauf un je l’avoue, celui intitulé le « Chemin du Facteur » que je voyais sur des panonceaux et que je me promettais de faire un jour. Je n’étais donc pas dépaysé quand nous sommes arrivés au hameau oublié et ruiné de Campeau. Il était exactement 11h45 et nous y avons fait une longue halte presque impromptue, à la fois par curiosité mais surtout invités par nos appareils photos à mitrailler tout ce joli coin que Jérôme ne connaissais pas. Nous ne souhaitions pas vraiment y stopper plus longuement mais la beauté du lieu nous avait arrêtés avec une éclatante logique. J’ai donc proposé à Jérôme de déjeuner ici mais il n’avait pas vraiment faim et préférait clairement poursuivre le parcours. Après discussion et un coup d’œil sur la carte, nous avons décrété que le Roc Paradet qui n’était plus très loin maintenant serait notre point de chute pour le pique-nique d’aujourd’hui. Mais pour l’atteindre, nous avons mis encore trois quarts d’heures car il faut bien le dire ce tronçon commun au GR.36, au Tour des Fenouillèdes et au Sentier Cathare avec quelques variantes possibles est une véritable invitation à la flânerie. D’abord le parcours n’incite pas à une course effrénée car il est loin d’être plat et facile avec quelques pentes et bosses qui se succèdent jusqu’à la déclivité plus raide montant au Roc. Ensuite, car dans cette montée, le regard embrasse les premiers vrais panoramas très lointains de la journée et les arrêts deviennent inévitables. Il était exactement 13h30 quand nous avons atteint le sommet du Roc Paradet (900 m).  Ce dernier offrant de grandes et belles vues sur une immense partie du pays Fenouillèdes et des Corbières et bien plus loin encore de la Méditerranée jusqu’aux Pyrénées Audoises et Ariégeoises, nous y sommes restés pendant plus d’une heure à la fois pour y déjeuner mais pour nous y reposer aussi car les organismes en éprouvaient le besoin. Depuis le Paradet, nous apercevions Saint-Paul-de-Fenouillet tout en bas dans la vallée et ainsi, nous prenions conscience que la ligne d’arrivée était encore très loin. Elle était d’autant plus loin que le Relais des Corbières où j’avais réservé se trouvait complètement à l’est de Saint-Paul, sur la D.117 qui se dirigeait vers Maury. Il était donc important de recharger nos accus si l’on voulait terminer convenablement cette étape. Nous avons quitté le Roc Paradet par une piste caillouteuse qui, rectiligne,  est descendu quelques temps puis l’itinéraire a tourné à gauche en direction du Pla de Lagal. Là, une fois les ruines des bergeries éponymes atteintes, l’itinéraire est reparti immédiatement à droite montant dans une végétation de type garrigues mais où l’essentiel des arbres étaient d’abord des arbousiers et surtout des chênes verts ou kermès. Blotti sous l’un d’entre-eux et au bord du sentier, nous avons été très étonnés de trouver un mémorial sous la forme d’une petite stèle surmontée d’un croix. Celle-ci rendait hommage à un certain Moulins, instituteur à Camps (Camps-sur-l’Agly) qui était mort ici en janvier 1881. J’ai lu sur un forum Internet que cet homme serait mort de froid au cours d’une tempête de neige pour être allé chercher du secours à Saint-Paul de Fenouillet pour un enfant malade de Camps mais je ne peux pas vous garantir l’authenticité de cette histoire. Un héros en quelque sorte et qui mérite amplement cette stèle si l'histoire est vraie. Le sentier est arrivé au sommet d’un collet et il a basculé, commençant à descendre en pente douce en suivant un large plateau offrant de très belles vues sur la Serre de la Quille, sur les vallées de la Boulzane et de Maury et sur le long Synclinal de Saint-Paul. Les « contrails » ou « chemtrails » de ce matin que j’avais carrément oubliés depuis, s’étaient transformés au fil du temps en de grandes bandes laiteuses qui s’étaient plus ou moins rejointes et mélangées. Ce ciel crayeux semblait s’ajouter à la chaleur ardente et ça me donnait l’impression d’une atmosphère lourde difficilement respirable. Cette difficulté à respirer était-elle réelle ou subjective au regard de tout ce que j’avais pu lire au sujet de ces étranges « contrails » ? Je n’aurais su le dire mais en tous cas, il faisait désormais très chaud et de surcroît, j’avais, depuis le Roc Paradet, terminé mes trois litres d’eau que j’avais pourtant emportés pensant qu’il me ferait assez aisément la journée. Je commençais donc à souffrir très sérieusement d’un manque évident de liquide car de temps en temps, mes mollets se tétanisaient sous la forme de petites crampes douloureuses mais par bonheur furtives.  Heureusement, Jérôme buvait comme un chameau dans un désert et il m’offrit gentiment de son eau ce qui, ajouté à quelques raisins et quelques arbouses bien mûres mais pas vraiment juteuses, me permit de terminer convenablement cette étape.  Au passage, j’ai noté quelques panonceaux indiquant des randonnées au départ de Prugnanes. Des randonnées au nom parfois joli comme le Rêve de Sylvain ou le sentier des Grottes mais à faire impérativement avec de bonnes chaussures de randonnées avec des tiges bien hautes et des semelles bien crantées tant les sentiers sont par ici très caillouteux pour ne pas dire « tord-chevilles » à l’extrême. A cause de très nombreux éboulis, ce « tord-chevilles » n’a fait que s’accentuer mais avec la prudence qui était de mise sur de tels sentiers, nous avons fini néanmoins par arriver au Col de Lenti (382 m) sans aucune entorse. Là, Jérôme et moi, nous avons poursuivi tout droit vers Saint-Paul alors qu’en réalité le vrai itinéraire du Tour des Fenouillèdes continue sa route en direction des magnifiques gorges de Galamus et de son joli ermitage dédié à Saint-Antoine. Bien que nous connaissions ces fameuses Gorges de Galamus par cœur pour les avoir sillonner à pied, en vélo et en voiture maintes et maintes fois, nous aurions sans doute accepté ce petit détour mais le problème était que, tout comme le G.R.36 et le Sentier Cathare, l’itinéraire du Tour des Fenouillèdes monte encore vers le Pech d’Auroux situé à 940 m d’altitude et selon deux variantes possibles que j’ai eu l'occasion de décrire sur mon blog « Mes Belles Randonnées Expliquées ». Alors que le G.R.36 et le Sentier Cathare poursuivent leur route vers Peyrepertuse et sa célèbre forteresse, les deux variantes du Tour des Fenouillèdes se rejoignent au Pla de Brézou avant de redescendre sur Saint-Paul-de-Fenouillet. Or, ces collines et le Pech d’Auroux en particulier, nous les connaissions également par cœur et je ne voyais donc aucun intérêt à faire cette longue et difficile boucle qui aurait nécessité une journée supplémentaire de marche et aurait engendré des frais additionnels. Voilà les raisons pour lesquelles, j’avais fait l’impasse sur les Gorges de Galamus et ce tronçon du Tour des Fenouillèdes et pourquoi nous prenions directement ce tronçon qui va du Col de Lenti à Saint-Paul-de-Fenouillet. Nous avons vu arriver les premiers vignobles de Saint-Paul avec la satisfaction du devoir accompli mais pourtant nous n’étions pas au bout de nos peines car plusieurs kilomètres restaient encore à parcourir et cette fin d’étape était plutôt longue pour mes vieilles jambes endolories et ankylosées par le manque d’eau. Heureusement, quelques grapillonnages sont venus palier ce manque de liquide. L’arrivée a été d’autant plus difficile que le secteur est très bosselé.  Heureusement, une fois encore, j’ai été suffisamment distrait par les paysages et quelques éléments extérieurs pour ne pas trop penser à mes douleurs. Un gentil petit chien roux était sorti de son chenil et s’était mis en tête de suivre Jérôme pour lui faire des fêtes. La scène dura ainsi quelques temps avant que nous comprenions qu’il en avait surtout après un sachet de déchets alimentaires qui pendait au sac à dos. Puis, peu de temps après, en arrivant près d’un passage à niveau, ce fut le Train du Pays Cathare et des Fenouillèdes qui nous a coupé la route. Nous sommes restés plantés là quelques minutes à regarder le joli petit train rouge et échangeant quelques  « coucous » avec plusieurs passagers. Mais Saint-Paul était déjà là avec sa très jolie collégiale qu’ici tout le monde appelle Chapitre et son église du 14eme siècle dédiée à Saint-Pierre et à Saint-Paul bien évidemment. Mais une fois encore, la fatigue aidant et le parcours ne passant pas à proximité de ces monuments, nous en avons fait l’impasse. Nous avons poursuivi la D.117 échappant ainsi aux vieilles ruelles dont j’aurais préféré la découverte et nous sommes arrivés au Relais des Corbières où nous avons été chaleureusement accueillis d’abord par la patronne puis un peu plus tard par le patron qui s’afférait déjà en cuisine. Il était bientôt 18 heures et aujourd’hui, nous étions restés neuf heures trente sur les chemins du Tour des Fenouillèdes. Une fois encore, nous avons profité de la soirée pour nous reposer un peu même si l’envie me démangeait de partir visiter Saint-Paul. Mais il était déjà tard, la ville plutôt éloignée, les monuments sans doute fermés et ce que ma tête désirait mes jambes le refusaient presque catégoriquement. Je suis néanmoins sorti devant l’hôtel mais la D.117 très passagère passait à quelques mètres seulement et ça n’avait rien d’agréable et je ne m’y suis pas trop attardé. Je me suis donc contenté de regarder le ciel quelques minutes et j’étais plutôt content car il était très bleu et très dégagé au dessus de Saint-Paul. Au loin, du côté de Caudiès, les « contrails » aperçus ce matin s’étaient agglutinés les uns aux autres et formaient une nappe dense et blafarde. A l’opposé, du côté de Maury, quelques pâles traînées blanchâtres de condensation subsistaient coupant la vallée transversalement et je ne pouvais m’empêcher de penser : « Est-elle vraiment terminée cette vadrouille avec les chemtrouils ? ».

 

Lien vers Etape 3 

Lien vers étape 5 

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Le Circuit des 3 châteaux de Fenouillet depuis Caudiès-de-Fenouillèdes

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de musiques celtiques qui ont pour titre "Celtic Dream" de Ronan Hardiman, de "The Long Road" de Mark Knopfler
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A diverses reprises, j’ai eu l’occasion au travers de ce blog, de vous emmener du côté du village de Fenouillet, ancienne « capitale médiévale » du pays Fenouillèdes, à la frontière des Pyrénées-Orientales et de l’Aude. De mémoire, il y a eu une balade au Pech de Fraissinet, une autre au Vallon d’Aigues-Bonnes et aux Gorges de Saint-Jaume et enfin, au printemps de l’an dernier, c’est le Pech des Escarabatets que je vous avais invité à gravir. Pourtant, si Fenouillet a été, à chaque fois, le point de départ de ces jolies randonnées, jamais je ne vous en avais proposé la visite. Il faut dire que Fenouillet est une commune assez étendue en surface et éclatée en divers hameaux et lieux-dits, ce qui rend sa découverte plutôt compliquée. Je vais néanmoins tenter de réparer cette lacune en vous proposant une superbe randonnée que j’ai intitulée « le circuit des trois châteaux de Fenouillet » dont le point de départ est Caudiès-de-Fenouillèdes. Vous l’aurez compris, une fois encore l’Histoire avec un grand « H » va être le fil conducteur de cette belle randonnée car il s’agit de trois vieux châteaux médiévaux.  Si l’Histoire du village vous intéresse, je vous propose d’aller voir deux sites Internet assez remarquables à ce sujet. Il  y a celui consacré à Fenouillet dans l’Histoire du Roussillon et celui de l’historien Jean Tosti. Vous y trouverez des résumés de tout ce qu’il y a à savoir sur le joli hameau et vous verrez, partir marcher vers ce lieu chargé d’Histoire est bien plus attrayant quant on le fait avec quelques connaissances historiques. Il y a d’autres sites Internet évoquant les trois châteaux et chaque fois que je l’ai pu, j’ai mis un lien vous proposant un renvoi vers un de ces derniers. Il suffit pour cela de cliquer sur le nom du château en question. Comme déjà indiqué, la balade s’effectue depuis Caudiès-de-Fenouillèdes mais si le centre du village peu éloigné peut en constituer la ligne de départ, il est tout de même préférable de partir depuis le petit oratoire Sainte Anne de Notre-Dame de Laval se trouvant en bordure de la D.9. On gagne ainsi quelques kilomètres inutiles et sans grand intérêt à l’aller et au retour. Là, devant l’oratoire, on emprunte la piste DFCI F.14 qui file vers le Domaine des Demoiselles. Peu après le pont enjambant le ruisseau de Saint-Jaume, on laisse le bitume au profit d’un petit sentier balisé en jaune qui file à droite en entrant dans les bois. Auparavant, toujours sur la droite, vous aurez sans doute remarqué, une vieille ruine perchée au sommet d’une colline. C’est le premier de nos trois châteaux dont le but était de surveiller la Vallée de la Boulzane et de protéger le Vicomté de Fenouillet des agresseurs arrivant par là mais de ceux pouvant également venir du Vallon de Fosse. Ce château, il s’appelle Castel Fizel, il daterait de 12eme siècle et est situé à 496 mètres d’altitude tout au bout d’une longue colline faite de hautes falaises blanches qu’on appelle « La Roque ». La Roque n’est qu’une toute petite partie de l’étonnant synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet.  Certains historiens se sont empressés de traduire Castel Fizel en « château fidèle » en se fiant au vieux « Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours comparée aux autres langues latines » de l’académicien François Just Marie Raynouard, philologue et historien français du 19me siècle. Pourtant le toponymiste Robert Aymard pense que le mot « Fizel » pourrait provenir du latin « fixus » signifiant « fixé » qu’on pourrait interpréter ici en « dressé », le Castel Fizel devenant ainsi le « château dressé ». Les avis sont donc partagés. Un peu plus haut, on retrouve la D.9  qu’on délaisse une nouvelle fois en empruntant une piste qui, cette fois, monte à gauche de la route. Un panonceau jaune indique «Voie romaine du Col del Mas » et comme ce col figure bien sur notre circuit, on est certains d’être sur le bon itinéraire. Comme on le voit, si ce secteur des Fenouillèdes a eu ses heures de gloire au Moyen âge, les romains sont également venus traîner leurs sandales par ici depuis bien longtemps déjà. Ils n’étaient pas les seuls d’ailleurs, car à ces époques bien antérieures à Jésus-Christ, les envahisseurs étaient nombreux et les peuplades arrivaient parfois de tous côtés : Ibères, Celtes, Phocéens, Grecs, Phéniciens, j’en passe et j’en oublie, sont venus dans le pays du « fenouil »  ou des « foins », là aussi les points de vue semblent divergents. Mais cette divergence s’estompe quand on sait que le Fenouil est appelé très souvent « petit foin » dans de nombreuses régions prouvant ainsi si nécessaire que l’origine latine des deux mots est commune. En effet, « feniculum » ou « foeniculum » c'est-à-dire le fenouil sont clairement les diminutifs latins de « fenum » ou « foenum » désignant le « foin ». En ce qui concerne toutes ces invasions, je vous renvoie une fois encore vers un excellent site Internet intitulé «  Fenouillèdes.free.fr - Chronologie historique de la préhistoire au XXe siècle » sur lequel vous trouverez toutes les dates des principales invasions que le pays Fenouillèdes ait connues. Mais revenons sur notre piste et notre voie romaine qui commence à s’élever et se transforme peu à peu en un véritable sentier pédestre. On laisse sur la gauche, un grand pré verdoyant qui se trouve au pied des ruines du château. On peut atteindre les ruines  de Castel Fizel par ce pré ou par d’autres itinéraires un peu plus haut, mais sachez que dans tous les cas vous serez sans doute confrontés à une végétation exubérante car les pourtours du château ne sont jamais débroussaillés. En effet, les vestiges subsistants étant considérés comme dangereux pour le public et les nombreux épineux faisant office de barbelés naturels, les autorités n’ont pas jugé utile d’en barrer l’accès. En conclusion, je vous en déconseille l’approche et vous préconise de regarder le Castel Fizel uniquement de loin. Il y aurait, parait-il, quelques vestiges de la Voie romaine, mais j’avoue  ne pas les avoir chercher non plus. En poursuivant le sentier, les sous-bois s’assombrissent car ici la végétation est plutôt abondante et en outre, les chênes verts et les buis atteignent parfois des hauteurs assez surprenantes. Toutefois, vous remarquerez aussi les nombreux murets en pierres sèches et les multiples terrasses et l’on peut donc penser à juste titre que la forêt n’a pas toujours été aussi dense et que les hommes ont, aux temps jadis, cultivé ces « serrats ». Si la déclivité est plutôt constante, elle est néanmoins assez douce et sans trop sans rendre compte, on va très facilement atteindre le point culminant de la journée à 589 mètres d’altitude. Autant dire que le reste de la balade peut être très aisément transformé en une longue flânerie et d’ailleurs, nous-mêmes n’avons pas attendu le col del Mas pour prendre à la fois un peu de repos et notre pique-nique. Il faut dire que la partie du chemin à l’aplomb du Roc Rouge est bien moins boisée et plus ouverte sur les paysages alentours. Quelques clairières fleuries de minuscules narcisses que butinent quantité de papillons sont des invitations à s’arrêter un peu pour profiter de cette nature luxuriante et des beaux panoramas s’entrouvrant magnifiquement sur la grandiose forêt de Boucheville mais vers le Bugarach aussi. Le pique-nique terminé, on continue le parcours en direction du col del Mas et l’on emprunte désormais le G.R.36 qui ici, fait la liaison entre Fosse et Fenouillet. Peu de temps après, on retrouve finalement le D.9 au col del Mas. Là, sans doute était-il embroussaillé, nous n’avons pas retrouvé le sentier surligné en rouge sur la carte IGN qui descend vers l’aire de pique-nique et le magnifique petit plan d’eau de Fenouillet, aussi avons-nous trouvé préférable de poursuivre la D.9 jusqu’au lieu-dit « Pal Ficat » puis de tourner à gauche pour retrouver l’itinéraire. Ce nom de « Pal Ficat » rappelle très étrangement ceux de produits alimentaires pour chiens et chats, mais bien sûr ça n’a rien à voir, car en occitan, un « pal » est un poteau ou un pieu, quand à « Ficat », c’est, toujours en occitan, le participe passé du verbe « ficher » dans le sens de « planter » ou d’« enfoncer ». « Pal Ficat », c’est donc le lieu ou « le poteau ou le pieu était planté ». Aujourd’hui, vous n’y décèlerez aucun pieu ni poteau et seulement quelques ruines devant lesquelles il faut passer pour se diriger vers le deuxième château, c'est-à-dire le Castel Sabarda. Bien avant d’y arriver, vous aurez sans doute profité de la fraîcheur du limpide petit étang puis de celle du chemin verdoyant et ombragé qui passe au dessus du « Camping des Randonneurs » pour se diriger ensuite vers « Lou Prat del Rey » c'est-à-dire le « Pré du roi ». Bien qu’érigé au 5eme siècle à 520 mètres d’altitude, cet édifice est le plus saisissant des trois car il est situé sur un piton rocheux plutôt réduit dont il épouse parfaitement la forme. Dans un texte médiéval de 1109, Guillaume Peire, Vicomte de Fenouillet, fait hommage au Comte de Cerdagne pour son château et son rocher fortifié de « Samardana ».Les philologues s’accordent à penser que l’évolution de l’appellation « Samardana » a finalement donné naissance au nom de « Sabarda ». Les toponymistes, eux, sont très clairement d’accord pour dire que « Sabarda » a pour origine le mot « savart » ou « sabart » signifiant une « friche » ou une « terre inculte ». Les historiens pensent qu’une première tour a d’abord été construite, puis une deuxième un peu plus tard, reliées par une courtine, mur amplement percé et ruiné que l’on voit encore aujourd’hui et qui se trouve en surplomb du hameau principal de Fenouillet qu’on appele La Vilasse. Si Castel Fizel était chargé de défendre le nord, le Castel Sabarda, lui, était très clairement chargé de protéger le sud, l’ouest et l’est mais les deux châteaux n’étaient que les bases avancées d’un système défensif principal dont le commandement se trouvait au château Saint-Pierre, dernier objectif de notre balade. Pour s’y rendre, rien de plus simple, il suffit de poursuivre le chemin et en quelques minutes, nous voilà déjà à La Vilasse. Pour monter au château vicomtal de Saint-Pierre, il faut passer à gauche de l’église Saint-André et suivre les indications. Saint-Pierre est un vaste site très ruiné qui doit sans doute son hagiotoponyme à la création d’une abbaye monastique bénédictine antérieure ou en corollaire à celle du château autorisé par le comte de Besalu, le « terrible » Bernard 1er surnommé « Taillefer » alors vicomte de Fenouillet en 1011. Parmi toutes les ruines, on peut d’ailleurs découvrir l’abside d’une ancienne chapelle.  De plus haut des ruines, on a une vue totalement circulaire sur l’ensemble des « pechs », « sarrats » et autres collines et vallons alentours : Vallon de la Boulzane, Pech de Bugarach, Gorges de Saint-Jaume, Vallon d’Aigues-Bonnes, Pech de Fraissinet, Vallon de Tulla, Col de Boire, Sarrat Naout, Vallon de Fosse, etc….autant de lieux de balades déjà expliqués dans divers de mes articles. Bien évidemment, avec ce regard embrassant ces superbes panoramas à 360°, on comprend mieux le rôle stratégique que le château Saint-Pierre a pu avoir à des époques où la guerre était le lot quasi quotidien du pays Fenouillèdes. Ici se termine la découverte de nos trois objectifs du jour mais pour autant, notre randonnée n’est pas terminée car il nous faut encore rejoindre la voiture. Alors bien sûr, si vous ne connaissez pas les Gorges de Saint-Jaume, l’épilogue de cette balade sera un bonheur supplémentaire, tant ce défilé est pittoresque et rafraîchissant.  Pour cela, il faut poursuivre la petite route bitumée qui descend vers le lieu-dit le Moulin où démarre le sentier des gorges. En réalité, ce sentier est commun à de multiples chemins et c’est par ici que passent le G.R 36, le Sentier Cathare et le Tour du Fenouillèdes. Dans la descente vers le moulin, un raccourci vous permet d’atteindre le sentier plus rapidement. Bien entendu, si vous souhaitez découvrir Fenouillet dans sa quasi intégralité, c’est également par là que vous pouvez rejoindre l’ensemble des autres hameaux ou lieux-dits à savoir le Roudouna, les Nautes, la Coume, les Bordes,  les Andrigotes et Aigues-Bonnes. Le sentier des gorges, lui, atterrit sur la D.9 à proximité de Notre-Dame de Laval. Rejoindre la voiture n’est plus qu’une simple formalité car il suffit de se diriger vers la vieille église, d’emprunter la porte de Notre-Dame de Douna Pa puis de descendre le petit chemin dit « des processions ». L’oratoire Sainte Anne est là et votre voiture aussi. Enfin la nôtre y était ! L’enregistrement « tracback » de la balade (enregistrement du tracé et d’un journal de route au cours de la marche) dans mon GPS a donné les chiffres suivants : distance accomplie 13 km200, dénivelé 247 mètres et montées cumulées 871 mètres. C’est donc une randonnée plutôt facile, réalisable en toutes saisons.  Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.


  

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Le Chemin du Facteur depuis Caudiès-de-Fenouillèdes.

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons de Renaud extraites de son album "Tournée d'Enfer". Elles ont pour titre : "Morgane de toi", "Marchand de Cailloux" et "Pochtron !".

C’est au cours d'une randonnée au Château des Maures et déjà, au départ de Caudiès-de-Fenouillèdes que j’ai découvert des panonceaux indiquant un « Chemin du Facteur ». En septembre 2011, j’ai de nouveau aperçu ces panonceaux lors de mon Tour des Fenouillèdes et même si je me doutais qu’il s’agissait sans doute de refaire la tournée d’un vieux facteur, j’en ignorais le détail et je me demandais en quoi consistait ce chemin. Je me suis donc mis en quête de renseignements sur Internet car si le panonceau que j’avais aperçu au départ de Caudiès spécifiait la présence de cette randonnée sur le topo-guide du Haut-Fenouillèdes, je ne disposais pas de cet ouvrage. En définitive, j’ai trouvé le circuit en question. Un circuit VTT certes mais un circuit parfaitement réalisable à pied car je pouvais le réduire et le ramener aux 14 kilomètres indiqués sur le panonceau. Il ne me restait plus qu’à programmer ce « Chemin du Facteur » et à croiser les doigts pour que la journée en question soit magnifiquement ensoleillée. Le 24 février, le jour tant espéré arriva et finalement la météo allait bien au delà de mes espérances. Un soleil estival et un ciel pur et bleu m’accompagnèrent jusqu’à Caudiès et ils étaient encore là sur la Promenade des Basses au moment où je m’apprêtais à démarrer cette belle randonnée. J’étais très heureux à la fois de savoir que j’allais sans doute balader avec cette superbe météo toute la journée mais aussi de savoir que cette marche consistait à mettre mes pas dans ceux d’un facteur rural vieux de presque deux siècles. Un facteur rural pour lequel j’avais acquis beaucoup de respect suite à  la lecture de diverses sources d’informations où leurs conditions de travail déplorables étaient mises en exergue. Après des recherches un peu plus approfondies sur le Web, c’est bien en cela que consistait ce chemin, refaire une tournée d’antan telle qu’elle s’était faite en 1830 quand le service rural avait été mis en place pour la première fois. Cette loi instaurant un service postal rural mise en oeuvre par le Baron Joseph de Villeneuve-Bargemont, nouveau Directeur Général des Postes fut, au même titre que l’instauration du timbre-poste en 1849, une véritable révolution. Jusqu’ici  la distribution à domicile du courrier n’était que le privilège des citadins et ce nouveau service consistait en une desserte obligatoire tous les deux jours pour tous les villages de campagne y compris les hameaux les plus reculés. A  l’époque, 5.000 facteurs furent recrutés sur toute la France et la plupart étaient d’anciens militaires que la marche ne devait pas effrayer. Ce chiffre alla crescendo d’année en année jusqu’à atteindre 23.000 en 1910. Deux ans plus tard, en 1832, la tournée des campagnes devint quotidienne. Selon les statistiques de 1877, la tournée moyenne qu’un facteur rural devait accomplir était de 27 kilomètres, chiffre déjà très conséquent,  pourtant le record était paraît-il égal au double de cette distance avec une tournée de plus de 53 kilomètres effectuée par le facteur de Vicq-Exemplet dans l’Indre. A l’époque, l’Administration des Postes estimait qu’une tournée qui ne dépassait pas les 32 kilomètres ne pouvait pas être considérée comme trop longue. Si les facteurs étaient rémunérés en fonction de la distance réalisée, 4 centimes du kilomètre en 1830 puis 5 en 1845,  les salaires restaient très faibles et étaient surtout améliorés grâce à quelques « carottes salariales » pour services rendus en sus. Les facteurs ruraux que l’on utilisait de manière soutenue puisqu’ils marchaient 7 jours sur 7 étaient  peu estimés à la fois par leur Administration mais également par les usagers qui les considéraient très souvent comme des domestiques à leur service. A titre d’exemple, en 1835 et en gagnant 456 francs annuels, un cantonnier était mieux loti qu’un facteur rural car sur la base d’une tournée moyenne de 25 kilomètres et selon la rémunération à la distance mentionnée ci-dessus, un facteur rural gagnait seulement 365 francs annuels en 1830  et 450 francs en 1845. Il est vrai qu’à cette somme venaient s’ajouter des indemnités pour « frais de chaussures » dont on a aucune peine à imaginer la régulière et obligatoire nécessité. Ce n’est qu’en 1893 que les facteurs ruraux furent finalement autorisés à prendre un jour de congé par mois. Mettaient-ils à profit cette journée de congés pour aller randonner ? Laissez-moi en douter ! Comme quoi les temps ont bien changé depuis. Voilà pour l’Histoire de ce « Chemin du Facteur » dans lequel j’étais prêt à me lancer et qui depuis Caudiès-de-Fenouillèdes allait m’entraîner tour à tour vers de minuscules hameaux oubliés ayant pour noms Pescarou, Campeau, les Bergeries de la Couillade et de Malabrac puis le hameau éponyme lui-même. Si les ruines de ces derniers étaient encore visibles deci delà, ils devaient sans doute y avoir d’autres dessertes dans des lieux encore plus lointains voire encore plus isolés mais aujourd’hui complètement disparus car enfouis sous la végétation. La Promenade des Basses puis la Départementale 20 m’ont entraîné très rapidement en dehors du village. Après le pont sur la Boulzane, l’itinéraire toujours sur le bitume s’est mis à longer un instant la rivière dont le lit est aujourd’hui peu profond mais qui dans des temps plus reculés, était paraît-il navigable. Il y avait même un port à Caudiès comme l’atteste une « impasse du Port ». Si au départ l’itinéraire est commun au Sentier Cathare balisé ici en jaune et bleu, il faut ensuite le quitter, aussi malgré des routes et des chemins partant un peu dans tous les sens, les panonceaux « Chemin du Facteur » et le balisage jaune bien présents sont toujours les bienvenus et rendent judicieusement impossible tout égarement. Il en est ainsi jusqu’au pied de la Soula de la Roque où un unique et étroit sentier plutôt caillouteux met fin à la piste forestière qui elle-même a pris très rapidement le relais de l’asphalte de la D.20 allant vers Prugnanes. Le panonceau « Chemin du Facteur » suivant, je ne l’ai vu que quelques kilomètres plus loin en arrivant à Campeau puis, je n’en ai plus vu jusqu’à Malabrac et ça, on peut le regretter car si personnellement je connais très bien ce secteur autour de Bugarach, j’imagine aisément que tous les randonneurs venant ici ne sont pas dans mon cas. Au pied de la Soula de la Roque, le sentier s’est mis à grimper en suivant puis en dominant en balcon le minuscule Ravin de Missaut. De ce fait,  il laisse entrevoir de superbes vues sur Caudiès et la sombre et dense forêt de Boucheville, ubac de la vallée de la Boulzane qui s’étire dans une verdoyante mosaïque. Tout en montant, j’arrivais  aisément à reconnaître quelques sommets antérieurement cheminés comme le Sarrat Naout, les Pechs de Fraissinet et des Escarabatets ou bien encore le Pic d’Estable et tous me rappelaient d’excellents souvenirs de balades familiales ou solitaires. Puis le sentier s’est rapproché du ravin et les panoramas ont aussitôt disparus dès lors que le parcours est entré dans d’obscurs sous-bois de chênes verts et de buis. Ici en raison de la difficulté du sentier qui était devenu étroit, rocailleux et sombre, j’essayais de me mettre à la place des courageux vététistes qui l’arpentaient sans doute en sens inverse, c'est-à-dire dans le sens de la descente et finalement, j’étais plutôt content de monter. Toutefois, ne voyant plus du tout le soleil ni la moindre parcelle de firmament, j’avais l’impression de marcher non plus dans la forêt domaniale du Moyen-Agly mais au sein d’une véritable jungle amazonienne sombre et inquiétante. Ce ténébreux sous-bois s'étalait un peu trop en longueur à mon goût. Finalement, ce n’est qu’une heure plus tard qu’une première fenêtre s’est entrouverte sur  un coin de ciel bleu puis les arbres s’éclaircirent et je reconnus les collines ondulées et les grandes prairies verdoyantes augurant le hameau de Campeau. Au loin et à la lisière d’un bois, j’ai aperçu un chevreuil aussi surpris que moi mais qui n’accepta qu’une seule photo et qui détala ensuite à la deuxième. Puis en arrivant devant la petite mare de Campeau, ce fut autour d’un limicole d’être immortalisée dans mon numérique. L’oiseau ne demanda pas son reste et s’envola bruyamment. A mon retour à la maison, je fus très étonné de constater qu’il s’agissait sans doute d’un Chevalier culblanc (Tringa ochropus)  sans doute un peu perdu dans sa quête migratoire. J’étais parti dans l’idée de m’arrêter assez longuement dans le hameau ruiné mais un gentil cheval devenant un peu trop pressant à mon goût, semblait en avoir décidé autrement. Il n’arrêtait pas de me suivre alors je lui fis quelques caresses sur le front mais quand il vit que je l’abandonnais, il me poussa dans le dos et finalement, je fus si surpris que j’ai été contraint de « prendre mes jambes à mon cou » pour repartir bien plus vite que je ne l’avais envisagé vers la Bergerie de la Couillade. Heureusement, les arbres et les ruines de Campeau m’avaient très efficacement servi de bouclier. Après cet épisode plutôt cocasse où j’avais ri « jaune » sur la fin, je me suis mis à penser à ce pauvre facteur rural qui, lui, devait être confronter quotidiennement à ce type de désagréments avec les chevaux bien sûr mais surtout avec les chiens de troupeaux car à cette époque de très nombreuses bergeries très actives jalonnaient sa tournée. Finalement, en arrivant à la Bergerie de la Couillade, bien qu’il soit midi passé, je pris la décision de poursuivre jusqu’à ce que le Canigou magnifiquement enneigé soit la toile de fond de mon déjeuner sur l’herbe. Un déjeuner sur l’herbe certes sans muse dénudée car solitaire, mais dont la lumière extraordinaire des paysages n’aurait sans doute pas déplu à un Edouard Manet fin connaisseur en la matière. Après cet agréable pique-nique, j’ai eu un mal fou à lever le camp mais comme je savais que la flânerie serait de mise, je me suis mis en route sans trop gamberger. Contrairement au facteur, moi  je n’avais aucune missive à délivrer à personne, tout le temps pour retrouver Caudiès et ma seule tournée était celle que j’étais entrain d’accomplir autour de l’emblématique Pech de Bugarach qui apparaissait sans cesse au dessus de petites collines débonnaires. L’expérience du cheval de Campeau étant encore toute fraîche dans ma mémoire et l’itinéraire m’entraînant vers un grand groupe de chevaux que je vis de très loin du côté des ruines de la Bergerie de Malabrac, je pris la sage décision de quitter le sentier pour marcher derrière une haie bien à l’abri du regard des équidés. Ce choix eut pour effet d’arrêter net ceux qui avaient déjà pris la décision de venir vers moi. Peu de temps après, le sentier tourna le dos au Bugarach et se mit à descendre sur une large piste parfaitement balisée car commune au Tour des Fenouillèdes et au G.R.36. Juste avant Malabrac, je pris la décision de rester sur ce balisage et donc de quitter la large piste au profit d’un étroit sentier puis, finalement, je me suis ravisé et juste avant d’amorcer l’abrupte descente de la Soula de la Roque que j’avais déjà prise dans ce sens lors de la balade au Château des Maures, je fis demi-tour et partit vers le vieil hameau abandonné. Après tout, le hameau de Malabrac constituait une étape essentielle pour le facteur de Caudiès et je ne me sentais pas le droit de l’oublier dans ma propre balade. Une fois au village, et de fil en aiguille, je pris la décision de poursuivre sur la piste qui filait en dessous du plateau de la Gorbelhe. Je savais que la randonnée ferait quelques kilomètres supplémentaires et non plus 14 kilomètres comme prévue initialement mais ce n’était pas bien grave. Il faisait un temps splendide et j’avais encore beaucoup de temps pour arriver. Si ce tronçon en forêt puis en balcon sur le Ravin dels Adoutx offrant de très belles vues sur Caudiès fut plutôt agréable, les 4 kilomètres du retour sur l’asphalte de la D.9 jusqu’à l’arrivée furent tout de même relativement fastidieux. Comme très souvent, je mis à profit ce languissant épilogue pour photographier tout et n’importe quoi mais aussi quelques oiseaux, histoire de voir si je pouvais garnir mon album ornithologique d’un nouveau volatile. Lors du dernier kilomètre avant l’arrivée à Caudiès, je fis la connaissance d’un vieux papy qui revenait da sa vigne et avec lequel la conversation s’engagea. Enfin c’était surtout lui qui parlait et moi je ne faisais que l’écouter. Il me paraissait très alerte pour les 90 printemps qu’il venait de m’annoncer mais au fil de la teneur de notre entretien, son ardeur s’estompa. Il faut dire que sur les quelques décamètres qu’il nous fallut faire pour atteindre sa maison, il me raconta toute son existence parfois de manière répétitive et assez désordonnée : son enfance et sa jeunesse à Saint-Laurent-de-Cerdans, la rencontre avec son épouse qui était espagnole, son mariage dans les années 40, sa vie professionnelle dans une fabrique de vigatanes, sa retraite à Caudiès, ses enfants qui ne venaient pas suffisamment le voir. Mais dans ce flot de récits, un seul revenait comme une litanie et semblait lui tenir le plus à cœur c’était de me parler de son épouse bien-aimée qui atteinte de la terrible maladie d’Alzheimer avait récemment fini sa vie ballottée entre des services spécialisés, l’hôpital de Quillan pour finalement décédée à celui de Perpignan. Tout en parlant, il sanglotait et n’arrêtait pas de répéter « ils me l’ont laissé mourir de faim à l’hôpital de Perpignan ! » puis inlassablement « elle me manque beaucoup, vous savez ! ». A coup sûr, la récente solitude pesait comme un énorme fardeau sur les épaules de ce brave homme et il paraissait dans une grande détresse. Quand finalement, nous arrivâmes devant le seuil de sa porte, à mon tour j’avais les larmes aux yeux. Il me serra la main puis il mit la sienne sur mon épaule et me dit « merci, allez ça va aller ! » puis il tourna les talons et rentra chez lui. Avec, ce « allez ça va aller », parlait-il de lui ou de moi ? Je ne le saurais jamais. Ce matin, j’étais parti sur ce « Chemin du Facteur » le sourire aux lèvres et voilà que je terminais cette balade la larme à l’œil et bouleversé par l’histoire pathétique de ce nonagénaire caudiésois. Jean qui rit, Jean qui pleure, ainsi va la vie ! Telle qu’expliquée ici, cette randonnée a été longue de 19 kilomètres environ pour un dénivelé de 517 mètres et des montées cumulées égales à 1.122 mètres. Vous pourrez bien sûr réduire tous ces chiffres en empruntant le vrai « Chemin du Facteur » qui revient par le Soula de la Roque plutôt que par la longue D.9 que j’ai empruntée pour finir. Cette balade figure sur le topo-guide Chamina Edition intitulé Corbières Fenouillèdes- Vallée de l’Agly –Pyrénées-Orientales- 36 circuits de petite randonnée. Cartes IGN 2347 OT Quillan-Alet-les-Bains et 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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Le Vallon d'Aigues-Bonnes (710 m) et les Gorges de Saint-Jaume

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de la chanson de Carlos Eleta Almarán"Historia De Un Amour" (en français, "Histoire d'un Amour") interprétée et jouée ici par le groupe "French Latino" puis suivie par une version instrumentale violon et guitare courte car incomplète.

Le Vallon d'Aigues-Bonnes (710 m) et les Gorges de Saint-Jaume

Le Vallon d'Aigues-Bonnes (710 m) et les Gorges de Saint-Jaume

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A cheval sur la frontière entre les Pyrénées-Orientales et l'Aude, ce circuit que je vous propose au « Vallon d’Aigues-Bonnes et aux Gorges de Saint-Jaume », est, en basse altitude, une de mes randonnées préférées ! En effet, malgré un très faible dénivelé (340 m) jusqu’à une hauteur plutôt très modeste (710 m),  il y a sur un très court périmètre (14 km) beaucoup de jolies choses à voir et tout d’abord la très belle église Notre-Dame de Laval (15eme siècle) dont le parking aménagé en agréable lieu de pique-nique est notre point de départ. Dommage que nous ne puissions pas manger là car tout a été prévu pour passer un délicieux moment : tables, bancs, barbecues, fontaine, poubelles, le tout à l’ombre de grands arbres où les parties de boules peuvent remplir joyeusement une belle journée. Mais aujourd’hui pas de pétanque, car j’ai prévu pour vous cette magnifique randonnée et si ce sport est moins placide que les boules, vous verrez néanmoins que vous ne le regretterez pas ! Prenez au fond du parking un large chemin qui grimpe sous une haie d’immenses pins. Vous êtes sur le GR.36 et le Tour des Fenouillèdes, balisés respectivement en rouge et blanc et en jaune et rouge. En haut de ce chemin, laissez le GR.36 qui continue vers Caudiès-de-Fenouillèdes d'un côté et vers Fenouillet de l'autre (nous reviendrons par là) et prenez la piste qui file sur votre gauche. Elle monte en zigzaguant d’abord très rapidement puis plus longuement, finit par s’aplanir jusqu’à redescendre et c’est là que nous la quitterons définitivement après 3,7 kilomètres de marche. Au fur et à mesure que l’on grimpe, les toitures rouges de Caudiès se révèlent à travers les feuillus et les pins de la forêt de Bach  puis c’est la cité tout entière qui apparaît se prélassant au fond de la splendide vallée de la Boulzane. Sur la droite, au fin fond de la vallée, c’est Saint-Paul de Fenouillet que l’on aperçoit. Dominant ce large vallon aux douces collines, le Pech du Bugarach surgit et joue les seigneurs parmi ces modestes cimes. Notre-Dame de Laval ressemble désormais à une réplique d’une chapelle en miniature. Vous quittez cette piste forestière et prenez à gauche un sentier signalé par un cairn qui monte dans la forêt de la Serra Talloudere. La sente se faufile sous de petits chênes verts et au milieu des buis luisants. Vous entrez rapidement dans une zone d’estive et côtoyer désormais une minuscule ravine le plus souvent asséchée mais par endroit boueuse. De temps à autres, les sous-bois disparaissent pour laisser la place à des zones rocailleuses calcaires mais souvent tapissées de jolies pâquerettes jaunes. Vous finissez par atteindre un vaste pré où très souvent paissent tranquillement de nombreux bovins. Peu habitués aux bruits, ne les dérangez pas et écartez vous si certaines vaches allaitent leurs jeunes veaux. Sans vraiment vous en rendre compte, vous avez atteint le point culminant de ce joli circuit. Après avoir traversé un second pâturage, le chemin passe entre un réservoir et une grange. A cet endroit, n’hésitez pas à partir complètement à gauche du pré et à enjamber une clôture. Vous êtes au sommet d’un roc et en surplomb du merveilleux vallon d’Aigues-Bonnes (photo) avec devant vous sa superbe forêt domaniale. En face, le ténébreux Pech de Fraissinet, un peu plus haut le Pech des Escarabets et un peu plus bas le Serrat de l'Aze, plus connu sous le nom de la Pelade, pour son aspect très dénudé. Que des endroits déjà gravis sous forme de boucles et racontées dans mon blog. Si le premier vous toise de ces 1.173 mètres d’altitude, le second s'élève à 1.342 m, ce qui permet des randonnées de tout calibre, à moins que vous fassiez tout en une seule fois, ce qui reste possible ! De toute manière, ici les randonnées ne manquent pas. Dans l'immédiat, nous sommes loin de ces sommets et l'on descend vers le hameau d'Aigues-Bonnes que l'on atteint quelques minutes plus tard, accueillis par les aboiements de quelques chiens de garde plutôt dociles car habitués aux visiteurs. Carrefour de nombreuses pistes et de nombreux chemins, les chiens viennent vers vous en remuant la queue, signes qu’ils sont habitués à voir passer de nombreux randonneurs. Deux ou trois maisons entourées de vertes prairies, le murmure d’un petit ruisseau alimentant un petit étang glauque, une belle forêt où résineux et feuillus se chamaillent plaisamment l’espace, dommage ce lieu pourrait ressembler au paradis si quelques carcasses de vieux camions et de voitures rouillées disparaissaient du paysage. Au hameau, on monte la piste qui file sur la gauche et sur laquelle on distingue de nouvelles traces rouges et blanches. On chemine désormais sur une variante du Sentier Cathare jusqu’au pittoresque village de Fenouillet nanti de ses trois châteaux féodaux (Saint-Pierre, Sabarda, Fizel) qu'une balade pédestre en boucle permet de découvrir. Trois belles forteresses que vous ne pourrez pas découvrir pleinement aujourd’hui mais qui peuvent faire l’objet d’une autre visite !  Au lieu-dit « La Coume » on retrouve le bitume qu’il faut descendre jusqu’à un pont où l'on trouve un moulin à gauche de la route. Devant ce moulin, on remarque le balisage et un panonceau jaune très explicite « Notre-Dame de Laval ». Vous n’êtes plus très loin de l’arrivée mais de jolies décors restent encore à découvrir : ceux sont les captivantes Gorges de Saint-Jaume ! Etroites, parfois très profondes, parfois cloisonnées de très hautes falaises, toujours bordées d’une végétation luxuriante, à l’aide de nombreuses passerelles métalliques ces gorges louvoient au dessus d’un impétueux torrent où les belles truites se cachent au moindre bruit inhabituel. Les gorges finissent par s’élargir, le torrent se calme et on atteint la D.9. Votre véhicule sur le parking de Notre-Dame de Laval n’est plus qu’à quelques foulées et là se termine cet agréable périple. Tout dépendra du rythme que vous mettrez à découvrir toutes ces jolies choses énoncées mais comptez entre 4 et 6 heures pour effectuer ce circuit. Carte IGN 2348 ET Prades-Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

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