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Le Circuit des Sources de l'Agly et de la Sals depuis Camps-sur-l'Agly

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de quelques musiques extraites d'une compilation "You Tube" intitulée "Night City Jazz"

Le Circuit des Sources de l'Agly et de la Sals depuis Camps-sur-l'Agly

Le Circuit des Sources de l'Agly et de la Sals depuis Camps-sur-l'Agly

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

C’est grâce à un ami, qui m’a aimablement fourni un tracé G.P.S enregistrable, que j’ai pu réaliser cette boucle audoise que j’ai personnellement intitulée «  le Circuit des Sources de l’Agly et de la Sals ». Le départ s’effectue du joli village de Camps-sur-l'Agly. Si je connais déjà la source de la Sals pour y être allé randonné en juin 2007, la source de l’Agly, elle, fait partie des sites que j’ai envie de découvrir depuis fort longtemps. Il est vrai que ce fleuve a tant de fois jalonné mes très nombreuses sorties, dans des lieux si beaux et si variés, pour ne pas dire disparates, que ne pas en connaître sa résurgence me parait complètement anormal voire absurde. Absurde, car je sais depuis très longtemps déjà qu’un sentier pédestre en permet la découverte. A la seule évocation de ce nom « Agly », il me revient à l’esprit des randonnées pédestres réalisées aux Gorges de Galamus, à Ansignan et à son aqueduc romain, au lac de barrage de Caramany ou encore en VTT sur la voie verte entre Rivesaltes et Le Barcarés. L’an dernier encore, j’ai longuement erré dans son lit asséché lors d’une balade au « Cimetière des Maures » tout près d’Estagel et du château de Jau. A bien y réfléchir, j’ai descendu son lit à de si multiples reprises; et parfois même remonté ; que seule sa source manque au palmarés du roi de la flânerie que je suis devenu au fil du temps. Ça coule de source, il faut que j’y aille ! Après tout, pour le doux rêveur contemplatif invétéré que je suis, suivre un lit, fusse-t-il d’une rivière, n’est-ce pas le lieu le plus propice pour réaliser ses rêves ? En ce 22 mai 2019, sous les meilleurs auspices, me voilà prêt à remonter jusqu’au bout de ce lit et par la même occasion réaliser mon rêve : découvrir enfin la Source de l’Agly.  Il est 7h30, quand sous un ciel merveilleusement bleu et lumineux, je gare ma voiture sur le petit parking situé à l’entrée de Camps-sur-Agly. Si le village est désert, il n’est pas silencieux. Moi, le photographe ornithologique amateur, je suis accueilli par un merle noir qui s’égosille comme si la fin du monde allait survenir. Serait-il lui aussi influencé par la mysticité du tout proche Pech de Bugarach ? Il est vrai que le célèbre pech n’est pas très loin  et je vais en avoir la preuve très vite. Je remonte la rue principale sous le signe des oiseaux. Outre les merles, il y a bien sûr les sempiternels moineaux, les non moins rares rouges-queues noirs mais j’aperçois également une fauvette mélanocéphale et un grimpereau, passereaux beaucoup plus inhabituels car plus discrets et surtout plus remuants. Voilà déjà 15 minutes que je suis occupé à photographier des oiseaux et bien d’autres sujets et je me dis qu’il serait peut-être temps de me mettre vraiment en route ? Je presse le pas, laisse le petit cimetière sur la gauche, passe devant la Ferme de Camps dont un panonceau indique à bon escient bien d’autres activités que le seul élevage que laissent imaginer un enclos, des étables et quelques meules de foin. Gîtes d’étapes avec tables et chambres d’hôtes, voilà ce que cette ferme blottie dans un décor champêtre et calme est à même d’offrir aux visiteurs et aux randonneurs de passage. « C’est toujours bon à savoir ! » me dis-je ! A la sortie du village, d’autres panonceaux mentionnent les directions de Col du Linas, de La Bastide et de Bugarach. C’est dans l’immédiat la bonne direction et le Pech de Bugarach est très vite là, presque droit devant, comme un monumental et incontournable point de mire. Un coup d’œil à l’intérieur d’une source captée et un large chemin descend au milieu des prés amplement fleuris. Faire un inventaire de toutes les fleurs printanières nécessiterait sans doute un grosse journée, alors je ne photographie que les plus visibles, probablement les plus communes et donc les plus nombreuses : marguerites, orchis, coquelicots, renoncules et sainfoins.  Une passerelle de béton se présente enjambant ici un très modeste ruisseau. Je jette un coup d’œil sur mon bout de carte I.G.N. C’est bien l’Agly comme l’indique les lettres « Fl. » signifiant « fleuve », mot auquel, par erreur, on a trop souvent tendance à attribuer une notion de grandeur et d’abondance. Mais avant d’être grand, ne faut-il pas comme toutes choses de ce monde avoir été petit ?  Le mot fleuve, ce « fluvius » romain signifiant « flot » est pourtant si juste ici et comme ce petit flot limpide finit par grossir pour se jeter à la mer, l’Agly mérite cette dénomination de « fleuve ». Une photo-souvenir puis j’y trempe ma casquette et repars ainsi le crâne bien frais.  Quelques minutes plus tard, j’atteins la route bitumée filant vers La Bastide. J’allume mon G.P.S, car pour me diriger vers la source de l’Agly, je sais déjà qu’il me faut quitter cette route avant le lieu-dit. Bien vu si j’ose dire, car le panonceau indiquant la source est si minuscule, et qui plus est enfoui sous du lierre, que sans tracé G.P.S, je l’aurais probablement loupé. Pour les randonneurs qui viendront derrière moi, j’éclaircis le lierre autour du panonceau. Un sentier entre en forêt et coupe le tout petit ruisseau des Pastressis qui est sans doute le tout premier affluent de l’Agly. De nouvelles fleurs, celles-ci des bois, m’arrêtent. Quelques mètres plus loin, un écureuil roux ; enfin celui-ci est plutôt brun ; détale devant moi et s’élève à la cime d’un arbre. Je réussis malgré tout à le figer sur quelques photos prises en rafales. Peu de temps après, c’est un chevreuil qui détale en aboyant sans que je puisse l’apercevoir. Le bois se termine et laisse la place à un plateau, espèce de maquis de cistes et de bruyères où poussent bien d’autres fleurs plus belles les unes que les autres. Quelques papillons volettent y trouvant un biotope à leur convenance. Le chemin herbeux du maquis débouche puis se poursuit dans une immense prairie entourée de clôtures. Une clôture barre le chemin. La « châtaigne » que je reçois dans le bras gauche à l’instant où je veux la franchir ne laisse planer aucun doute : elle est « terriblement » électrifiée. Grâce à mon tracé G.P.S, je délaisse la clôture, m’en éloigne et trouve un sentier qui descend sur la droite dans un nouveau et sombre sous-bois, d’abord de feuillus puis d’immenses résineux. Le murmure de l’Agly se fait entendre. Finalement le ruisseau est là, en contrebas, sur ma droite. Je le longe à bonne distance me fiant à cette chanson de l’eau pour tenter de trouver sa source. Au bout de quelques minutes, l’étourdi que je suis constate que la musique de l’eau s’est arrêtée. Alors, je descends vers le ruisseau. Quelle n’est pas ma surprise de constater qu’il est complètement asséché ! Je le poursuis, tant bien que mal, en raison des gros blocs rocheux qui en composent son lit et des branchages qui le jonchent. J’ y découvre même un énorme pneu, objet plutôt bizarre ici mais qui n’est pas là par hasard me dis-je. La source n’est certainement pas très loin me dis-je aussi. Les blocs se font à la fois plus volumineux et plus moussus et de ce fait les difficultés augmentent. Il y a bien quelques flaques deci delà mais aucune eau ne s’écoule. Suis-je devant ce phénomène qu’on appelle « perte karstique », terme hydrologique pour désigner l’infiltration soudaine d’un ruisseau dans la roche ou est-ce carrément un assec ? Je me souviens avoir été confronté à ce type d’infiltration à la source du Tech lors d’une randonnée au pic du Costabonne. L’eau de la résurgence du Tech commençait à s’écouler puis disparaissait sous les galets pour réapparaître des dizaines de mètres plus en aval. Je m’interroge quand à poursuivre ce lit asséché ? Un coup d’œil sur mon bout de carte I.G.N me laisse perplexe. J’ai le sentiment que je suis allé trop loin et trop haut et que la source serait un peu plus bas car comment aurais-je pu l’entendre chanter auparavant ? Aurais-je loupé quelque chose ? Je redescends le cours du ruisseau et finalement une première résurgence est là, tout près d’une confluence où le débit d’un autre ruisseau sur ma gauche est beaucoup plus fougueux. Je remonte ce débit et très rapidement j’arrive devant un grand mur rocheux au pied duquel l’eau jaillit vivement d’une petite cavité. Voilà la source de l’Agly ! Enfin celle que j’ai le plus souvent constatée sur des photos vues sur Internet. J’essaie d’entrer dans la petite cavité mais la hauteur de l’eau et sa fraîcheur m’en dissuadent. Il me faudrait une combinaison en néoprène ! L’Agly serait donc composée de deux sources bien distinctes ? A voir ? (*) Quelques photos souvenirs devant la source et je me remets en route en m’élevant sur un sentier très raide mais très court débouchant sur la route D.14, presque à hauteur d’une cabane en pierres sèches. Un coup d’œil sur la configuration des lieux ne me laisse aucun doute : le ruisseau asséché, que j’ai remonté avant de découvrir la petite grotte et sa source, a violemment creusé le calcaire de quelques falaises que j’aperçois au milieu des feuillus. Il y a bien une autre rivière parallèle à la route et quand je regarde mon bout de carte, celle-ci aurait sa source au col du Linas, au pied du pech de Bugarach. Mais où exactement ? Il aurait fallu que je remonte le lit asséché dans sa totalité pour le savoir mais c’est trop tard et puis cela est-il possible ?  Ces différents constats m’ont presque fait oublier qu’il y avait un itinéraire à poursuivre et quand je m’y attelle c’est pour me retrouver bien embarrassé. Ici, pas de balisage et pas de sentier bien évident, malgré un tracé G.P.S qui m’indique de poursuivre en m’élevant droit devant dans la forêt de Mascarou. Problème, il n’ y a pas de passage et seulement des petites murailles de calcaires impossibles à escalader. Mon G.P.S ne serait-il pas suffisamment précis ? C’est fort possible compte tenu de son âge ! Je cherche ici sans trouver de vrai passage jusqu’à me décider à descendre la D.14 sur la droite et de quelques mètres où les accès à la forêt me paraissent plus plausibles. Finalement, et mon G.P.S me confirmant ce « point de repère » (waypoint),  j’opte pour un espèce de petit fossé qui s’élève rudement dans la forêt. Bingo ! C’est la bonne option ! Ce fossé atterrit sur un bon chemin, lequel un peu plus haut débouche sur une large piste forestière. C’est la piste forestière du Ciela de la Pause comme écrit sur la carte. Je l’emprunte à gauche comme me l’indique mon G.P.S. Dès la première intersection, un autre coup d’œil sur mon bout de carte me rassure pleinement quand à la suite du circuit. Je suis sur le bon tracé ! Les pistes, chemins et sentiers étant nombreux dans ce secteur, seules les intersections nécessiteront un peu d’attention et une éventuelle analyse de la carte I.G.N. Tout devient plus simple à partir d’ici et je peux sans trop d’inquiétude me consacrer à la photographie. Fleurs des bois, papillons, oiseaux, je marche vers le col de la Lucio d’un bon pas ne m’arrêtant que lorsqu’un sujet intéressant se présente. Parmi ces sujets, il y a une étrange roche moussu avec des yeux et une bouche ressemblant à s’y méprendre à un gnome ou à un lutin, tel qu’on en voit dans des films ou des dessins animés. Il y a aussi les visions furtives, mais assez réelles et suffisantes pour une photographie, celle d’un chevreuil tout d’abord puis un peu plus loin, ce sera un jeune sanglier. Ces visions-là sont les plus réjouissantes. C’est pour de telles approches de la Nature que je marche aussi ! Ajoutons-y l’image du plutôt rare Torcol fourmilier que je surprends dans son chant nuptial saccadé et rauque et me voilà pleinement ravi d’être là dans ces forêts qui se succèdent au rythme de quelques panneaux O.N.F.  Forêt communale de Camps-sur-Agly, forêt domaniale de l’Eau Salée, route forestière de la Paille ou de la Verrerie, les noms s’affichent, les essences sont souvent les mêmes mais par bonheur les décors varient. Forêts de très beaux feuillus et d’immenses conifères, clairières verdoyantes, fenêtres sur le Massif du Canigou enneigé ou les Pyrénées audoises et ariégeoises, murailles de calcaires où se réchauffent des lézards et où poussent des jolis bouquets fleuris, herbages où les passereaux viennent se rassasier de graminées, voilà les décors dont je ne me lasse pas. Au lieu-dit le Trou de la Relhe (ou Reille), la clairière s’élargit beaucoup plus. Je suis accueilli près d’une métairie au chant entêtant d’un pinson que je parviens à photographier. Il paraît plus enclin à chanter qu’à avoir peur de moi et de ce fait, il ne fait que sauter de branches en branches mais toujours sur le même arbre et toujours en chantant. Cet arbre, c’est son Olympia, son Zénith mais je suis son seul spectateur ! Après l’oiseau, je me mets en quête de chercher ce Trou de la Relhe, lequel si j’en crois mes lectures, serait la plus grande doline du département de l’Aude. La métairie en ruines ne m’apporte aucune aide quand au trou recherché mais un vieux linteau en partie effacé me confirme la proximité du lieu-dit. Avec difficulté, j’y lis : «…. le Trou de la Reille appartenait à Denarnaud le 12 juillet Alexis ». Enfin, c’est ce que je pense y lire ! Ici, la suite de mon itinéraire entrant en forêt, je rebrousse chemin, descend à gauche dans le premier pré ; non loin de l’arbre où le pinson chantait ; et le Trou de la Relhe est là, avec son ouverture barrée par un ruban. Un sentier argileux et donc glissant mais fait d’escaliers en rondins permet d’accéder jusqu’au fond du trou. Rien d’exceptionnel à première vue, or mis une végétation très luxuriante. Mais en prêtant attention, on peut observer que les parois de la doline continuent de s’effondrer et de gros rochers fraîchement tombés tout près du sentier semblent en être les preuves évidentes. On peut remarquer aussi que son importante hygrométrie a permis l’implantation de plantes bien particulières et notamment la Jacinthe des Pyrénées que l’on appelle aussi  la Scille lis-jacinthe. Leurs petites fleurs bleues sont plutôt rares ici mais leurs feuilles tapissent la totalité du fond. On y trouve aussi plusieurs variétés de fougères et bien d’autres plantes aimant l’humidité comme les jolis lamiers jaunes. Les arbres, eux, cherchent le soleil et élèvent tout droit leur canopée dans le petit puits de lumière que l’effondrement a créé. Certains, complètement recouverts de barbes de Jupiter ont soufferts de cet excès d’eau et de lumière et sont voués à mourir par manque de feuilles et de photosynthèse. Je quitte le trou en me demandant qu’elle est la toponymie du nom « Relhe » (**). La suite de l’itinéraire vers la Source de la Sals, très bien balisée et mentionnée, ne pose aucune difficulté. Après la traversée d’un petit bois où je réveille un jeune sanglier, le chemin atteint le haut d’un ample vallon herbeux. Je reconnais le lieu pour y être passé en 2007. Je descends un peu puis m’arrête en surplomb de la source pour pique-niquer. L’arrêt-déjeuner est toujours pour moi l’occasion de vaquer à photographier la nature aux alentours. Oiseaux, papillons et fleurs. Ici, comme c’était le cas ce matin à la sortie de Camps-sur-Agly, les prés sont amplement parsemés de fleurs sauvages, la plupart déjà vues mais quelques autres bien nouvelles. Les papillons sont déjà nombreux pour la saison mais les espèces sont relativement limitées. Les oiseaux paraissent absents mais en jouant de mes appeaux quelques uns viennent avec hésitation jusqu’à moi. Je reste presque une heure à courir la prairie, sandwich dans une main et appareil-photo dans l’autre. Il est temps de filer à la Fontaine Salée puisque c’est ainsi que l’on nomme la source de la Sals. Elle est là, toute proche, avec ses appentis illustratifs et son aire de pique-nique. Il n’y avait rien de tout ça en 2007 et notamment les nombreux panneaux explicatifs permettant désormais d’apprécier la source, l’origine de sa salinité 2 fois plus salée que la mer ; l’exploitation du sel, illicite ou pas, c’est à dire l’Histoire commune du lieu et du sel. Après cette découverte et la rencontre bien sympathique avec deux couples de randonneurs de mon âge assis à une table de pique-nique, je file vers les « Fours Verriers », direction le Pas del Capelan. Après quelques panneaux au fil du parcours mentionnant la flore, la faune, la géologie et le climat de l’endroit, là aussi, le balisage est bien présent et très bon, permettant de se diriger sans problème vers les endroits convoités. Si l’accès aux antiques « Fours Verriers » est fermé en cette saison et entouré d’un haut grillage, en empêchant ainsi toute visite et découverte gracieuse, à l’extérieur, de très nombreux panneaux explicatifs permettent d’en connaître toute l’Histoire. Histoires liées aux sites verriers forestiers et Histoire du verre, je passe une demi-heure à lire la quasi totalité des panneaux. A l’instant où je repars, je me retrouve nez à nez avec les deux couples aperçus à la source de la Sals. Nous discutons encore un peu et je leur fais part de mon désappointement à avoir trouver les « Fours Verriers » fermés.  Je rebrousse chemin, direction le Pas del Capelan où j’atterris sur une large piste forestière. Ici, un panonceau « col du Linas -30 mn » m’indique la direction à suivre. Guère plus loin, au lieu-dit « Las Clausos », sur la carte I.G.N, je quitte la piste au profit d’un raccourci qui descend presque rectiligne vers le Linas, évitant ainsi les sinuosités de la piste. Après quelques mètres seulement, j’en suis à me demander si j’ai bien fait de prendre cet étroit sentier entouré de hauts buis totalement desséchés. Si depuis mon départ de Camps, j’ai très souvent observé avec étonnement et consternation tous ces buis morts sur pieds, je ne m’étais pas vraiment interrogé quand aux raisons et explications d’un tel phénomène. Sans doute parce que la présence de nombreuses autres essences m’ont empêché d’apercevoir l’ampleur du désastre. Ici, au milieu du chemin, et à cause de petites chenilles vertes et jaunes qui « pendouillent » par milliers, voire par millions, au bout de leurs désagréables filaments, je peux enfin mettre un nom sur cette hécatombe écologique : « la Pyrale du buis » ! Ce papillon si meurtrier venu d’ailleurs est déjà ici et les dégâts sont considérables ! Si j’ai un peu entendu parler de la Pyrale du buis, j’ignorais qu’elle sévissait aussi catastrophiquement dans ces lieux si beaux où j’ai pourtant cheminé si souvent. Fini les grandes haies de buis aux petites feuilles si luisantes qui avaient encadré tant de mes belles sorties dans ce secteur de l’Aude. Je peux mettre un nom sur chacune d’entre-elles où le buis y était forcément l’arbre le plus emblématique (***). Les 9/10eme de cette descente vers le hameau du Linas et son col éponyme se résument à slalomer et à battre l’air devant moi avec mon bâton de marche pour esquiver les chenilles et tous leurs filaments. Malgré ça, je ne parviens pas à toutes les éviter loin s’en faut ! A deux ou trois reprises, j’ai le sentiment que le buis rebourgeonne depuis son pied asséché, mais non, en y regardant de plus près, je constate qu’il s’agit de fragon aux feuilles tout aussi luisantes. Quand je prends et serre une tige de buis asséché avec une main pour l’effeuiller complètement, je me retrouve avec une demi-douzaine de chenilles au creux de ma paume. C’est incroyable la quantité de chenilles qu’il peut y avoir sur une seule branche mais pas toujours visibles au premier coup d’oeil ! Le désagrément de cette « calamité végétale » s’arrête dès lors que j’atteins la piste à une centaine de mètres du Linas. Il faut dire que le hameau, au pied du pech de Bugarach, est essentiellement entouré de prés eux-mêmes encadrés de  quelques haies formées par de flamboyants genêts et de blanches aubépines. Si la vue de ces plantes chatoyeusement colorées est agréable, les quelques buis de ces haies sont morts également et ça se voit bien sûr. Juste avant le village, j’attire vers moi deux beaux chevaux qui paissent au loin dans des fougères naissantes. Il y en a un blanc et un bai. Avec la langue et le palais, quelques « tlo, tlo, tlo, » bien puissants suffisent pour les faire venir vers moi. Le blanc d’abord semble moins farouche puis le bai ensuite. S’ils sont là à un mètre de moi, il m’est impossible de les caresser. Je finis par comprendre que la clôture est électrifiée et qu’à juste raison ils s’en méfient comme de la peste. Comme je les comprends depuis la violente « châtaigne »  prise ce matin juste avant la source de l’Agly ! C’est donc à bonne distance que je leur distribue quelques bouts de pain puis de grandes gerbes de graminées qu’ils mangent goulûment. A cet instant, les deux couples de randonneurs laissés aux « Fours Verriers » arrivent derrière moi. Bien évidemment, outre les deux beaux chevaux, la conversation porte sur cette « sordide et inévitable » Pyrale du buis. Alors que nous discutons, une des deux dames s’exclame soudain «  mais vous êtes recouvert de chenilles ! » et la voilà aussitôt qui s’attelle à me « dépyraliser » à l’aide d’un mouchoir en papier. J’en ai apparemment plein le dos, la casquette et j’en ai même une sur une oreille et une autre sur les lunettes. Après cet « échenillement » en bonne et due forme, le Linas est là. Seules deux bergeronnettes m’arrêtent dans la traversée du hameau. Il est vrai qu’il est assez peu commun d’observer une bergeronnette grise et une bergeronnette printanière presque côte à côte. Avec les deux couples, nous continuons un bout de chemin ensemble mais nos itinéraires se séparent juste avant le col du Linas. Eux ont leur voiture au col et moi, j’ai encore un grand bout de chemin à faire jusqu’à Camps. Tout en descendant vers les Pastressis et la Bastide, j’en suis à me demander où peut-être cette « possible » deuxième source de l’Agly ? La carte I.G.N ne m’apporte pas de réelles réponses. Il y a bien sur la carte une mention « réservoir » non loin du col du Linas, et donc au pied du Bugarach, mais est-ce la source ambitionnée ? Rien ne le dit ! D’ailleurs en regardant bien la carte, plusieurs ruisseaux s’écoulent de toutes parts pour se rejoindre dans ce relief karstique fait de petites falaises longeant la D.14 où je me trouvais ce matin ! J’en suis trop loin désormais et j’abandonne très vite toute idée de la trouver, préférant me consacrer à la photographie florale et ornithologique. Les oiseaux sont plutôt nombreux surtout à l’approche des habitations du lieu-dit les Pastressis. Juste avant la Bastide, c’est un renard que je surprends alors que je l’aperçois sous le ventre d’une vache. Il détale mais je réussis à avoir une photo à peu près correcte. Que faisait-il sous la vache ? La tétait-il ? J’en suis à me le demander mais la jeune vachère que je rencontre peu de temps après semble en douter, tout comme le vacher que je rencontre dans le hameau. Ici les gens sont bien sympathiques et j’ai le sentiment que la vie s’écoule si paisiblement mais si isolément que chaque voyageur, aussi éphémère soit-il, est toujours le bienvenu. Enfin, les gens sont très accueillants ! Si je n’y prends pas garde, les conversations ont tendance à s’éterniser.  Pourtant, si je garde à l’esprit qu’il me faut terminer un parcours, je fais en sorte de ne jamais décevoir mes interlocuteurs. Je quitte le hameau de la Bastide et ses agréables habitants en accélérant le pas car mon intention est de visiter Camps-sur-Agly. Le bitume si souvent décrié m’offre cette opportune accélération. C’est chose faite une heure plus tard. Très belle église, longue lecture de l’Histoire de Camps grâce à de ludiques panonceaux, approche dissuasive et donc impossible des ruines du château médiéval, errance dans les charmantes ruelles, vieux lavoir, école communale, mairie, je finis cette longue randonnée les jambes un peu lourdes mais le coeur empli de joies. Seule la Pyrale du buis aura terni cette fin de journée mais j’ose espérer que la science saura apporter des solutions à ce effarant fléau écologique. Cette randonnée a été longue de 18,3 km pour des montées cumulées de 774 m. Le point le plus bas est à 480 m et se trouve sur l’Agly près de la jonction entre la petite route de La Bastide et le P.R descendant de Camp quant au plus haut, il est à 830 m et proche du Trou de la Relhe. N’ayant procédé à aucun enregistrement pendant ma balade, j’ai extrait tous ces chiffres du tracé que m’a aimablement fourni mon ami. Cartes I.G.N 2447 OT Tuchan – Massif des Corbières et 2547 OT Durban-Corbières – Leucate – Plages du Roussillon Top 25.

(*) La Source de l'Agly : En 1820, le cadastre de Saint-Paul de Fenouillet désigne la résurgence de la Tirounère, située au débouché des Gorges de Galamus, comme étant la source de l'Agly (source sur le site https://fenouilledes.fr/lagly/). En 1934, des spéléologues sous-marins, dont le célèbre Robert de Joly, pensent qu'il s'agit bien là de la sortie de son cours souterrain. Depuis il semble que des investigations aient mis fin cette thèse. Si j'en crois les spécialistes en hydrologie, la vraie source de l'Agly serait située au pied du Pech du Bugarach près du col du Linas. Son tout premier lit serait donc celui asséché que j'ai remonté en premier avant de revenir à la petite cavité située sous la départementale 14. Cette information est précisée par le Syndicat Mixte du Bassin versant de l'Agly (SMBVA), information confirmée sur l'encyclopédie Wikipédia où vous pourrez retrouver les principales caractéristiques du fleuve (longueur, principaux affluents, etc....). L'eau sortant de la cavité située sous la D.14 proviendrait alors d'un ruisseau sous-terrain descendant du lieu-dit Mascarou. Il faut savoir que descendant de ce secteur, l'Agly a déjà un affluent connu qui s'appelle le Ruisseau de la Pause.

(**) Toponymie du nom "Relhe" ou "Reille": "relhe", tel qu'écrit ici serait un vieux mot de la langue béarnaise signifiant le soc d'une charrue. Il est utile de préciser que dans cette même langue béarnaise le mot "arelhe" est soit la charrue elle-même soit le sillon que cette dernière a creusé. Faut-il donc voir dans ce nom "Relhe" que l'on écrit ici parfois "Reille", tout type de dépression ou d'affaissement à la surface de la terre et que l'on peut retrouver dans les mots "rail", "rayer", "rayon", etc.....? Notons que le mot "reille" aurait pour étymologie le latin "regula" signifiant "règle". 

(***) Mes autres balades dans ce secteur marqué les buis : Comme indiqué dans mon article, la Pyrale du buis a complètement dévasté tous les buis, arbuste pourtant emblématique qui avait jalonné tant de mes balades dans ce secteur du Pech du Bugarach. J'ai été très triste de constater ce désastre écologique me souvenant de toutes ces merveilleuses balades : 

La Montagne des Cornes et le lac de Barrenc depuis Rennes-les-Bains

La Sals, source d'eau salée

Le Circuit des Templiers (832 m) depuis Bugarach (465 m)

Le Fauteuil du Diable depuis Rennes-les-Bains

Le Pech Cardou ( 795 m) depuis Serres ( 271 m)

Le Pech d'Auroux (940 m) et les Gorges de Galamus

Le Pech de Bugarach (1.230 m) depuis La Bastide (588 m)

Le Roc Paradet (900 m) depuis Camps-de-l'Agly

Le Sentier des Terres Rouges depuis Serres

Le Chemin du Facteur depuis Caudiès-de-Fenouillèdes.

Le Château des Maures et le viaduc de l'Escargot depuis Caudiès-de-Fenouillèdes

La Forêt domaniale des Fanges depuis le col Saint-Louis (Caudiès-de-Fenouillèdes)

 

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Etape 4 - Caudiès-de-Fenouillèdes - Saint-Paul-de Fenouillet - 26 km

Publié le par gibirando

 TOUR-DES-FENOUILLEDES-ET.4

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Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

4eme étape: Caudiès-de-Fenouillèdes - St-Paul-de-Fenouillet  

26 km- Dénivelé 650 m – Montées cumulées 1.229 m 

Point culminant 900 m au Roc Paradet.

 

-« Vadrouille avec les Chemtrouils ».

 

Ce quatrième matin, avant de quitter le gîte, nous sommes partis faire quelques emplettes au « Vival » du village. En effet, l’épicerie étant à l’opposé de l’itinéraire que nous devions prendre, nous n’avons pas trouvé nécessaire de nous charger inutilement de nos sacs à dos pour aller acheter un peu de pain, quelques fruits, des flans et un morceau de fromage. Ces quelques courses faites, il est 8h30 quand nous déposons les clés du gîte à la mairie et nous prenons aussitôt le balisage bien indiqué au centre du village. Une fois encore, notre itinéraire est commun avec le G.R.36 et dans l’immédiat, il prend la direction du Col Saint-Louis. Pendant que nous sortons de Caudiès, une chose m’étonne bougrement : ce sont toutes ces lignes blanches qu’il y a dans le ciel et que je n’avais pas spécialement remarqué en allant à l’épicerie. Un peu comme si d’innombrables avions avaient volés tous en même temps et dans tous les sens laissant derrière eux de longs panaches d’une fumée blanchâtre. Si ces lignes n’avaient rien d’inquiétantes à première vue, plusieurs choses m’intriguaient quand même et tout d’abord, il n’y avait aucun avion visible dans le ciel puis ensuite c’était le fait qu’il y en avait dans toutes les directions, elles se croisaient, partaient en tous sens et anarchiquement, elles ne disparaissaient pas et bien au contraire, elles semblaient s’élargir au fur et à mesure que nous sortions du village. Plus nous avancions vers la Soula de la Roque, cette haute barre rocheuse que nous devions escalader et plus ces lignes s’élargissaient, ne disparaissaient jamais et j’avais même le sentiment qu’elles se rapprochaient du sol. Or, il y a quelques mois, alors que je cherchais des renseignements sur Internet, j’étais tombé tout à fait par hasard sur un site s’appelant Conspiracy Watch évoquant les attentats du 11 septembre 2001 mais également ces phénomènes parmi bien d’autres. Ce site, souvent très intéressant au demeurant, se présentait comme étant un « Observatoire du conspirationnisme et des théories du complot ». En développant mes recherches au sujet de ces phénomènes aériens, j’avais surfé de sites en sites et j’avais clairement compris que deux théories s’affrontaient. L’explication officielle était que ces traînées blanches étaient émises suite à la condensation de l’eau contenue dans l’air par les turbines d’avions volant à très haute altitude, les Américains appelant ce phénomène des « contrails » contraction de l’anglais « condensation trails » ou « traînées de condensation » en français et la deuxième théorie était celle que l’on appelle des « chemtrails », contraction anglaise de « chemical trails » ou « traînées chimiques » et qui ne seraient ni plus ni moins que des épandages chimiques volontairement effectués par des avions pour un tas de raisons peu louables selon leurs accusateurs. Cette deuxième théorie était, selon les supporters de la première, tenue par ce qu’on appelle plus communément des  conspirationnistes. En tous cas, après la lecture de ces différentes doctrines complètement opposées, il y avait néanmoins deux points d’accord quand à la création de ces fameux panaches blancs dans nos cieux : Primo, c’est qu’elles étaient laissées par des passages d’avions et secundo dans les deux cas, elles étaient la conséquence de processus chimiques particuliers bien que très différents. En effet, tout le monde a pu constater que quand un avion produit derrière lui ces traînées de condensation, ces dernières ne sont jamais très longues à disparaître, or dans le cas présent, elles ont perduré une grande partie de la journée se transformant même en nuages et en un ciel laiteux dans la soirée.  Or, si dans la première des théories, la condensation était la principale raison de la création de ces phénomènes, il semblerait que leur durée très exceptionnelle comme c’était le cas aujourd’hui serait due à une mélange de cette condensation avec des particules émises par les réacteurs des avions dans des circonstances météorologiques très spéciales. En tous cas, moi qui à l’école n’avait jamais été très doué pour la chimie, matière qui ne m’avait jamais trop intéressé, il faut bien le dire, j’étais très soupçonneux et inquiet quant aux conséquences de ces phénomènes sur la santé des humains. Les conspirationnistes étaient partagés en deux clans, ceux qui prétendaient que les épandages chimiques étaient volontairement effectués pour tuer des humains et d’autres qui disaient qu’ils étaient réalisés pour contrecarrer les effets du réchauffement climatique. En tous cas, sur le plan sanitaire, personne ne semblait trop rien savoir à ce sujet et au moment même où Jérôme et moi vadrouillions dans le fenouil, avec ce sentiment de bon air, de bien-être et de proximité avec la nature, je me posais un tas de questions car nous avions au dessus de nos têtes, ces gigantesques empreintes blanchâtres comme si d’invisibles extraterrestres avaient jeté des fumigants pour mettre fin à toute vie sur Terre. Ici, « contrails » ou « chemtrails », ça me filait la trouille et peu m’importait comment les Américains appelaient ces phénomènes. A vrai dire, moi, je les aurais plutôt appelés « controuils » ou « chemtrouils » tant j’étais dans l’incertitude et tant il y en avait sur ce petit périmètre. Grâce à un panonceau indiquant parfaitement l’itinéraire vers Malabrac et Campeau, nous avons quitté la route du Col Saint-Louis mais pas vraiment l’asphalte. En effet, une petite route bitumée a tourné à droite en direction des collines entre vignes et champs fauchés. Ici, j’apercevais enfin les premières balles de foin du pays « Fenolietensis ». Le bitume a laissé la place à un sentier qui est entré dans la garrigue puis ce dernier s’est engouffré dans un petit et sombre bois de chênes verts. Quand nous en sommes sortis, nous avons attaqué presque immédiatement un rude et caillouteux dénivelé. Au dessus de nos têtes, les « contrails » se faisaient de plus en plus large et me laissaient toujours aussi perplexe car je ne voyais toujours aucun avion passer dans le ciel. Pourtant quand je me retournais, je voyais clairement de nouvelles lignes beaucoup plus minces mais jamais aucun avion. J’essayais de me convaincre en me disant que je ne les voyais pas car ils volaient bien trop haut pour cela ou bien qu’ils avaient survolés la région cette nuit ou au petit matin. Connaissant un peu le coin, je me mis soudain à penser au Pech de Bugarach qui se trouvait juste derrière la colline qui nous faisait face et à cette idée saugrenue selon laquelle aucun avion ne devait passer au dessus de lui au risque de voir tous ses instruments électroniques de bord complètement déréglés.  Je ne croyais pas à ces sornettes que l’on trouvait sur le Net ou dans des bouquins car personne n’était apte à donner une explication rationnelle et de plus, j’avais déjà vu à plusieurs reprises des avions survoler le pech alors que je randonnais dans le coin. Comme beaucoup d’autres spéculations concernant le soi-disant « mystique » Bugarach, il s’agissait d’une ineptie et j’en avais encore la preuve aujourd’hui. Enfin la preuve pas vraiment cette fois-ci car je ne voyais aucun avion ! Mais tous ces panaches blancs s’ils n’avaient pas été créés par des avions, qui les avaient dessinés dans le ciel ? Des soucoupes volantes ? Toutes ces pensées faisaient que je montais ce rude dénivelé sans trop réfléchir aux difficultés et seul, mon cœur qui tambourinait dans ma poitrine me rappelait à l’ordre et de temps à autre me réclamait une pause. Alors que je m’étais arrêté  dans cette difficile montée, un chien de chasse me dépassa sans coup férir puis quelques secondes plus tard, un chasseur est arrivé à ma hauteur. Nous avons continué à monter tout en bavardant et nous avons rejoint Jérôme qui s’était arrêté et m’avait attendu. L’homme affirmait avoir vu un isard avec ses jumelles depuis le bas de la vallée et il était parti dans l’idée de le traquer. J’étais assez étonné de cette affirmation car je ne pensais pas qu’il y avait des isards dans les Corbières mais l’homme me confirma cette présence. Contrairement à l’idée bien souvent inexacte mais préétablie du style « viandard » que je me faisais des chasseurs, celui-ci me semblait très censé, soucieux d’une bonne gestion de la faune et cette très intéressante conversation s’était prolongée assez facilement. Il nous expliquait comment et pourquoi, il y avait une raréfaction du sanglier dans les Fenouillèdes et plus particulièrement dans ce secteur de Caudiès où les tableaux de chasse se faisaient de plus en plus concis d’années en années. Cette rencontre avait mis fin à mes mauvaises pensées concernant les « contrails » et quand l’homme nous a quitté, je ne pensais plus qu’à profiter de cette belle balade. Il faut dire que nous étions arrivés quasiment au sommet de cette rocailleuse difficulté et que de magnifiques vues aériennes se faisaient jour sur Caudiès, sur le verdoyant vallon de la Boulzane, sur les nombreux pechs opposés et sur la longiligne et obscure forêt de Boucheville que nous avions arpentée hier. D’ici, on se rendait mieux compte de la distance que nous avions réellement parcourue hier mais si désormais nous étions sur l’autre versant, nous imaginions aussi et très facilement ce qui nous attendait pour atteindre Saint-Paul-de-Fenouillet : faire quasiment le même chemin mais en sens inverse cette fois-ci. J’étais très satisfait d’avoir atteint le sommet car avec un départ à froid et avec mon sac à dos presque toujours aussi lourd que les premiers jours, cette escalade avait été plutôt rude. Je soufflais comme un bœuf, mon cœur battait la chamade comme jamais et j’avais besoin d’une sérieuse pause pour lui faire retrouver un rythme à peu près normal. Après les cailloux, les pierres et les rochers que nous venions d’arpenter et de grimper, j’étais également heureux de retrouver un agréable sentier souple et herbeux. Nous avons laissé sur la gauche les ruines de Malabrac, hameau que j’avais découvert en février dernier lors d’un beau circuit au Château des Maures et au viaduc de Saint-Louis et nous avons poursuivi l’itinéraire qui a traversé une pré et quelques petits bois de feuillus. L’étroit sentier a rejoint une piste où les hauts feuillus ont peu à peu laissé la place à des bosquets essentiellement composés de grands buis et de petits chênes verts. Au moment où ces bosquets devenaient de hautes haies séparant des petits champs ou des prairies plus vastes, le Pech du Bugarach a fait son apparition, comme sorti de nulle part, Là, sous la haute silhouette blanche du mythique et mystique sommet, l’itinéraire est devenu encore plus plaisant car nous nous sommes mis à traverser de jolis herbages verdoyants encadrés de petites collines boisées. Je suppose qu’avec Jérôme nous avons eu une transmission de pensée et le même plaisir à être là dans ce cadre vert et reposant car comme un seul homme et au même instant, nous avons décidé de stopper pour prendre un petit en-cas. Pendant cette courte pause, deux randonneurs sont passés devant nous et depuis le premier jour où nous avions croisé un groupe au Col Saint-Jean et les deux espagnols criards d’Eus, nous n’en avions pas rencontré d’autres. Ils nous ont salué puis finalement ils se sont arrêtés et chacun y est allé de la description de son propre périple. Les deux hommes avaient démarré de Port-la-Nouvelle, ils marchaient depuis plusieurs jours et effectuaient le Sentier Cathare avec la ferme intention d’atteindre Foix d’ici quelques jours. Ils étaient très étonnés d’apprendre que nous effectuions le Tour des Fenouillèdes car s’ils avaient rencontré des panonceaux mentionnant ce tour, il ne le pensait pas réalisable, n’ayant jamais vu d’informations ni sur Internet ni sur aucun topo-guide. Je leur confirmais qu’ils avaient parfaitement raison mais que je m’étais chargé moi-même de tout organiser. Une fois encore, ils étaient assez surpris car pour leur « Sentier Cathare en liberté », ils disaient être « inévitablement » passés par un tour-opérateur. Je n’ai pas voulu les décevoir en leur disant qu’un tour-opérateur n’était peut-être pas nécessairement obligatoire pour randonner en France et nous en sommes restés là. Bien que depuis Malabrac la déclivité avait été évidente, elle avait été plutôt douce et voilà qu’à l’approche de la Bergerie de la Couillade, elle se faisait légèrement plus sévère mais pour quelqu’un qui sait lire une carte IGN et qui s’intéresse un peu à la toponymie, il n’y avait rien de plus normal à cela. En effet, quand on sait qu’une « couillade » est dans la toponymie pyrénéenne un col large et herbeux, mot que l’on peut rapprocher de la « collada » catalane, quoi de plus normal que l’on y grimpe.  Une fois ce col atteint, nous sommes arrivés devant les ruines d’une grande habitation et de quelques autres plus réduites, c’était la Bergerie. Ici, un petit sentier a basculé dans une vaste pelouse herbeuse où quelques vaches disséminées paissaient deci delà. Je connaissais bien ce secteur pour y être déjà venu à différentes reprises soit avec comme objectif, le Bugarach ou bien encore le Roc Paradet. Je connaissais donc très bien ce collet de la Couillade et quelques autres cols ainsi que tous ces sentiers qui circulent dans ce secteur. Sauf un je l’avoue, celui intitulé le « Chemin du Facteur » que je voyais sur des panonceaux et que je me promettais de faire un jour. Je n’étais donc pas dépaysé quand nous sommes arrivés au hameau oublié et ruiné de Campeau. Il était exactement 11h45 et nous y avons fait une longue halte presque impromptue, à la fois par curiosité mais surtout invités par nos appareils photos à mitrailler tout ce joli coin que Jérôme ne connaissais pas. Nous ne souhaitions pas vraiment y stopper plus longuement mais la beauté du lieu nous avait arrêtés avec une éclatante logique. J’ai donc proposé à Jérôme de déjeuner ici mais il n’avait pas vraiment faim et préférait clairement poursuivre le parcours. Après discussion et un coup d’œil sur la carte, nous avons décrété que le Roc Paradet qui n’était plus très loin maintenant serait notre point de chute pour le pique-nique d’aujourd’hui. Mais pour l’atteindre, nous avons mis encore trois quarts d’heures car il faut bien le dire ce tronçon commun au GR.36, au Tour des Fenouillèdes et au Sentier Cathare avec quelques variantes possibles est une véritable invitation à la flânerie. D’abord le parcours n’incite pas à une course effrénée car il est loin d’être plat et facile avec quelques pentes et bosses qui se succèdent jusqu’à la déclivité plus raide montant au Roc. Ensuite, car dans cette montée, le regard embrasse les premiers vrais panoramas très lointains de la journée et les arrêts deviennent inévitables. Il était exactement 13h30 quand nous avons atteint le sommet du Roc Paradet (900 m).  Ce dernier offrant de grandes et belles vues sur une immense partie du pays Fenouillèdes et des Corbières et bien plus loin encore de la Méditerranée jusqu’aux Pyrénées Audoises et Ariégeoises, nous y sommes restés pendant plus d’une heure à la fois pour y déjeuner mais pour nous y reposer aussi car les organismes en éprouvaient le besoin. Depuis le Paradet, nous apercevions Saint-Paul-de-Fenouillet tout en bas dans la vallée et ainsi, nous prenions conscience que la ligne d’arrivée était encore très loin. Elle était d’autant plus loin que le Relais des Corbières où j’avais réservé se trouvait complètement à l’est de Saint-Paul, sur la D.117 qui se dirigeait vers Maury. Il était donc important de recharger nos accus si l’on voulait terminer convenablement cette étape. Nous avons quitté le Roc Paradet par une piste caillouteuse qui, rectiligne,  est descendu quelques temps puis l’itinéraire a tourné à gauche en direction du Pla de Lagal. Là, une fois les ruines des bergeries éponymes atteintes, l’itinéraire est reparti immédiatement à droite montant dans une végétation de type garrigues mais où l’essentiel des arbres étaient d’abord des arbousiers et surtout des chênes verts ou kermès. Blotti sous l’un d’entre-eux et au bord du sentier, nous avons été très étonnés de trouver un mémorial sous la forme d’une petite stèle surmontée d’un croix. Celle-ci rendait hommage à un certain Moulins, instituteur à Camps (Camps-sur-l’Agly) qui était mort ici en janvier 1881. J’ai lu sur un forum Internet que cet homme serait mort de froid au cours d’une tempête de neige pour être allé chercher du secours à Saint-Paul de Fenouillet pour un enfant malade de Camps mais je ne peux pas vous garantir l’authenticité de cette histoire. Un héros en quelque sorte et qui mérite amplement cette stèle si l'histoire est vraie. Le sentier est arrivé au sommet d’un collet et il a basculé, commençant à descendre en pente douce en suivant un large plateau offrant de très belles vues sur la Serre de la Quille, sur les vallées de la Boulzane et de Maury et sur le long Synclinal de Saint-Paul. Les « contrails » ou « chemtrails » de ce matin que j’avais carrément oubliés depuis, s’étaient transformés au fil du temps en de grandes bandes laiteuses qui s’étaient plus ou moins rejointes et mélangées. Ce ciel crayeux semblait s’ajouter à la chaleur ardente et ça me donnait l’impression d’une atmosphère lourde difficilement respirable. Cette difficulté à respirer était-elle réelle ou subjective au regard de tout ce que j’avais pu lire au sujet de ces étranges « contrails » ? Je n’aurais su le dire mais en tous cas, il faisait désormais très chaud et de surcroît, j’avais, depuis le Roc Paradet, terminé mes trois litres d’eau que j’avais pourtant emportés pensant qu’il me ferait assez aisément la journée. Je commençais donc à souffrir très sérieusement d’un manque évident de liquide car de temps en temps, mes mollets se tétanisaient sous la forme de petites crampes douloureuses mais par bonheur furtives.  Heureusement, Jérôme buvait comme un chameau dans un désert et il m’offrit gentiment de son eau ce qui, ajouté à quelques raisins et quelques arbouses bien mûres mais pas vraiment juteuses, me permit de terminer convenablement cette étape.  Au passage, j’ai noté quelques panonceaux indiquant des randonnées au départ de Prugnanes. Des randonnées au nom parfois joli comme le Rêve de Sylvain ou le sentier des Grottes mais à faire impérativement avec de bonnes chaussures de randonnées avec des tiges bien hautes et des semelles bien crantées tant les sentiers sont par ici très caillouteux pour ne pas dire « tord-chevilles » à l’extrême. A cause de très nombreux éboulis, ce « tord-chevilles » n’a fait que s’accentuer mais avec la prudence qui était de mise sur de tels sentiers, nous avons fini néanmoins par arriver au Col de Lenti (382 m) sans aucune entorse. Là, Jérôme et moi, nous avons poursuivi tout droit vers Saint-Paul alors qu’en réalité le vrai itinéraire du Tour des Fenouillèdes continue sa route en direction des magnifiques gorges de Galamus et de son joli ermitage dédié à Saint-Antoine. Bien que nous connaissions ces fameuses Gorges de Galamus par cœur pour les avoir sillonner à pied, en vélo et en voiture maintes et maintes fois, nous aurions sans doute accepté ce petit détour mais le problème était que, tout comme le G.R.36 et le Sentier Cathare, l’itinéraire du Tour des Fenouillèdes monte encore vers le Pech d’Auroux situé à 940 m d’altitude et selon deux variantes possibles que j’ai eu l'occasion de décrire sur mon blog « Mes Belles Randonnées Expliquées ». Alors que le G.R.36 et le Sentier Cathare poursuivent leur route vers Peyrepertuse et sa célèbre forteresse, les deux variantes du Tour des Fenouillèdes se rejoignent au Pla de Brézou avant de redescendre sur Saint-Paul-de-Fenouillet. Or, ces collines et le Pech d’Auroux en particulier, nous les connaissions également par cœur et je ne voyais donc aucun intérêt à faire cette longue et difficile boucle qui aurait nécessité une journée supplémentaire de marche et aurait engendré des frais additionnels. Voilà les raisons pour lesquelles, j’avais fait l’impasse sur les Gorges de Galamus et ce tronçon du Tour des Fenouillèdes et pourquoi nous prenions directement ce tronçon qui va du Col de Lenti à Saint-Paul-de-Fenouillet. Nous avons vu arriver les premiers vignobles de Saint-Paul avec la satisfaction du devoir accompli mais pourtant nous n’étions pas au bout de nos peines car plusieurs kilomètres restaient encore à parcourir et cette fin d’étape était plutôt longue pour mes vieilles jambes endolories et ankylosées par le manque d’eau. Heureusement, quelques grapillonnages sont venus palier ce manque de liquide. L’arrivée a été d’autant plus difficile que le secteur est très bosselé.  Heureusement, une fois encore, j’ai été suffisamment distrait par les paysages et quelques éléments extérieurs pour ne pas trop penser à mes douleurs. Un gentil petit chien roux était sorti de son chenil et s’était mis en tête de suivre Jérôme pour lui faire des fêtes. La scène dura ainsi quelques temps avant que nous comprenions qu’il en avait surtout après un sachet de déchets alimentaires qui pendait au sac à dos. Puis, peu de temps après, en arrivant près d’un passage à niveau, ce fut le Train du Pays Cathare et des Fenouillèdes qui nous a coupé la route. Nous sommes restés plantés là quelques minutes à regarder le joli petit train rouge et échangeant quelques  « coucous » avec plusieurs passagers. Mais Saint-Paul était déjà là avec sa très jolie collégiale qu’ici tout le monde appelle Chapitre et son église du 14eme siècle dédiée à Saint-Pierre et à Saint-Paul bien évidemment. Mais une fois encore, la fatigue aidant et le parcours ne passant pas à proximité de ces monuments, nous en avons fait l’impasse. Nous avons poursuivi la D.117 échappant ainsi aux vieilles ruelles dont j’aurais préféré la découverte et nous sommes arrivés au Relais des Corbières où nous avons été chaleureusement accueillis d’abord par la patronne puis un peu plus tard par le patron qui s’afférait déjà en cuisine. Il était bientôt 18 heures et aujourd’hui, nous étions restés neuf heures trente sur les chemins du Tour des Fenouillèdes. Une fois encore, nous avons profité de la soirée pour nous reposer un peu même si l’envie me démangeait de partir visiter Saint-Paul. Mais il était déjà tard, la ville plutôt éloignée, les monuments sans doute fermés et ce que ma tête désirait mes jambes le refusaient presque catégoriquement. Je suis néanmoins sorti devant l’hôtel mais la D.117 très passagère passait à quelques mètres seulement et ça n’avait rien d’agréable et je ne m’y suis pas trop attardé. Je me suis donc contenté de regarder le ciel quelques minutes et j’étais plutôt content car il était très bleu et très dégagé au dessus de Saint-Paul. Au loin, du côté de Caudiès, les « contrails » aperçus ce matin s’étaient agglutinés les uns aux autres et formaient une nappe dense et blafarde. A l’opposé, du côté de Maury, quelques pâles traînées blanchâtres de condensation subsistaient coupant la vallée transversalement et je ne pouvais m’empêcher de penser : « Est-elle vraiment terminée cette vadrouille avec les chemtrouils ? ».

 

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Lien vers étape 5 

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Le Pech Cardou ( 795 m) depuis Serres ( 271 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 5 musiques extraites d'une compilation intitulée "Jazz Melodies In Piano" interprétée par Giuseppe Sbernini. Elles ont pour titre "Someone to Watch Over Me" (George Gershwin), "Lullaby Of Birdland" (George Shearing),"What are you doing the rest of your life" (Michel Legrand), "Blue Gardenia" (Lester Lee et Bob Russell) et "Fly Me To The Moon" (Bart Howard).

LE-PECH-CARDOU
PECHCARDOUIGN
Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

Dans les Corbières qui sont vieilles de 65 millions d’années environ, si j’en crois les géologues, on peut, à cause de leur proximité, considérer le Pech Cardou comme le petit frère du Pech de Bugarach. Ce pech dont le nom de « Cardou » aurait pour origine soit le mot « chardon » ou bien peut-être le mot « cœur » (les avis semblent partagés !) est moins massif, beaucoup moins haut (795 m pour le Cardou contre 1.230 m pour le Bugarach) mais dispose d’un relief de falaises et d’une minéralogie sensiblement identique au Bugarach composée principalement de calcaires reposant sur des marnes plus tendres.  Toutefois, il y a une différence non négligeable pour les randonneurs qui aiment la solitude, c’est que ce petit frère a toujours gardé un incroyable anonymat par rapport à son grand frangin. Alors que le monde entier accourt pour venir grimper ou plus modestement admirer ou vénérer le mythique et mystique Pech du Bugarach, le Pech Cardou attire seulement quelques fêlés de la varappe et de la randonnée pédestre. Bien sûr, cette région mystérieuse de Rennes-le-Château et de Rennes-les-Bains étant fortement étudiée, psychanalysée en détail et commentée en tous sens par de nombreux spirituels et autres visionnaires, le Pech Cardou n’échappe pas à cette règle générale. A titre d’exemples : certains pensent voir le Cardou dans un tableau d'Adrien Dassier intitulé « Achille parmi les filles de Lycomède », d’autres supposent que le tombeau du Christ serait caché au sommet du pech, j’en passe, etc…etc…..  Alors passons sur cet aspect ésotérique du Pech Cardou et revenons à ma randonnée et à des choses plus terre à terre pour dire que si atteindre son sommet en marchant n’est pas véritablement un exploit sportif, ce n’est pas pour autant une simple partie de plaisir. Il faut dire aussi que son ascension n’est pas une obligation si l’on se réfère aux nombreux panneaux de randonnées qui préconisent surtout d’en faire le tour. En réalité, au départ de petit hameau de Serres, déjà évoqué dans ce blog lors du « Sentier des Terres Rouges », vous aurez de multiples choix : vous pourrez y monter sans en faire le tour (trajet direct), vous pourrez en faire le tour sans y monter (itinéraire conseillé à Serres) et enfin si vous êtes aussi curieux que moi, vous pourrez en faire le tour tout en y grimpant.  Ajoutez à cela qu’histoire de ne pas faire comme tout le monde et de sortir un peu des sentiers battus, j’ai atteint et quitté son sommet en effectuant une minuscule boucle. Croyez-moi, même si le Cardou est bien moins haut que le Bugarach, les panoramas à 360° que l’on y embrasse depuis sa crête sommitale sont absolument admirables. A dire vrai, en cette fin du mois d’avril, ce n’était pas seulement l’aspect sportif qui m’avait attiré là mais également l’espoir de découvrir une végétation dont j’avais entendu dire qu’elle était assez remarquable au printemps.  Je n’ai pas été déçu même si la saison n’était sans doute pas suffisamment avancée pour y observer les espèces floristiques les plus emblématiques des Corbières. A Serres, on peut laisser sa voiture à l’entrée du village, à côté du jeu de boules. Ensuite, par la D.613, il suffit de se diriger vers le superbe pont à dos d’âne qui enjambe la rivière Rialsesse.  Sur la gauche de la route, entouré de cyprès et d’oliviers, le beau château de Serres dresse son imposante stature au sommet d’une butte gazonnée d’un vert tendre.  De l’autre côté de la rivière, le Pech Cardou se dresse sous la forme de l’échine d’un immense chameau dont la particularité serait d’avoir trois bosses. Avant la première pile du pont, un grand panneau esquisse les trois randonnées du coin : « Sentier des Terres Rouges, Tour du Pech Cardou et Circuit de la Méridienne ». De l’autre côté du pont, on prend la direction du panonceau indiquant simplement « Cardou ». Deux cent mètres  plus loin, sous un calvaire, socle et croix en pierres, on va préférer l’itinéraire « Cardou par Montferrand » plutôt que celui indiquant « Cardou direct ». Dans l’immédiat, on délaisse donc la direction des trois pitons rocheux que l’on distingue au dessus de la croix au profit d’un étroit sentier qui longe sur la gauche un haut muret soutenant d’anciennes terrasses. Ce sentier entre très vite dans des sous-bois en alternant de verdoyants bosquets de petits feuillus ou bien une sombre forêt aux pins gigantesques. En bordure du chemin, une jolie flore le plus souvent aux tons bleus ou jaunes se dévoile : orchis, violettes, polygales, globulaires, baguenaudier, genêts, pissenlits, etc.….Quant à la faune, même si j’ai eu l’immense privilège d’observer et de photographier très longuement un superbe petit écureuil roux, elle est essentiellement aérienne grâce aux nombreux papillons et oiseaux qui virevoltent en tous sens. Au moment où il surplombe les minuscules hameaux de la Mourette et de Pachevan, le sentier amorce un virage à 90° avec de jolies vues sur le petit pech de Roque Negre  et sur le verdoyant vallon où s’écoule la Sals. Cette rivière surprenante prend sa source près de Sougraigne dans une Fontaine Salée déjà visitée et contée dans ce blog. Etonnamment, le chemin quasiment rectiligne et plat est parfois composé d’un sable très rouge ou parfois très blanc ce qui tend à prouver que la géologie des Corbières est bien plus complexe qu’on l’imagine parfois. Ici, sur ce versant appelé Bac de la Barrière, au pied des falaises préférées des escaladeurs du Pech Cardou et en surplomb de la rivière salée, se développe une flore variée et exubérante : iris, genêts, euphorbes, pensées sauvages, trèfles, ibéris des rochers, saponaires, orpins, etc.… Au moment où le chemin amorce un virage, de belles vues dominent Rennes-les-Bains. De l’autre côté du vallon, on reconnaît bien sûr quelques paysages vagabondés lors de la balade à la Roche Tremblante et au Fauteuil du Diable. Peu de temps après, on rencontre une pancarte indiquant « Montferrand ». Là, on quitte la large piste au profit d’un étroit sentier qui monte en forêt. Le dénivelé commence réellement ici et il ne va pratiquement plus cesser jusqu’au sommet du Cardou. Tout en s’élevant dans un bois, le sentier offre quelques belles fenêtres sur les nombreuses et verdoyantes forêts domaniales de la haute vallée de l’Aude et au loin sur les hauts pics enneigés des Pyrénées audoises et ariègeoises. Quand j’ai rejoint Montferrand,  je n’y ai rencontré âme qui vive et j’ai eu le sentiment d’entrer dans un village abandonné de tous ses habitants tant le silence prédominait. Pourtant, je suppose que ce n’était qu’une simple coïncidence car cet aspect-là des choses contrastait étonnamment avec la vision que j’en avais et qui laissait l’impression d’un hameau en totale reconstruction. En effet, soit les habitations étaient très jolies car entièrement rénovées soit ce n’était que chantiers, bétonnières, échafaudages, madriers et ici tout laissait supposer qu’un seul mot d’ordre avait été lancé : « restaurer à tout prix ! » Seuls les maçons semblaient manquer à l’appel. J’ai traversé très vite le village endormi par une route bitumée qui redescendait dans la végétation, route que j’ai rapidement abandonnée au profit d’un large chemin qui démarrait entre un puits original et un grand lavoir.  Le dénivelé s’accentuant, j’ai prêté attention à l’itinéraire en suivant le balisage jaune d’autant que d’autres chemins partaient en tous sens vers d’autres points d’intérêts : anciennes mines du col de Bazel, Col d’Al Bouich, Montagne des Cornes et lac de Barrenc. J’ai fini par atteindre un collet où le Pech de Bugarach apparaissait enfin dans son intégralité et sa minéralité. Sur la gauche,  son petit frère le Cardou ressemblait à une très modeste pyramide boisée.  Je suis parti naturellement vers lui par une large piste qui atterrissait quelques minutes plus tard au Col d’Al Pastré sur une vaste esplanade servant à la fois d’aire de pique-nique et de carrefour. De ce fait, les panneaux indicatifs étaient nombreux : Sentier du Cardou, Serres, Montferrand et Borne Méridienne. Par pure curiosité et avant d’attaquer l’ascension du Cardou, je me suis lancé dans cette dernière direction mais je dois l’avouer, dans un sentier mal débroussaillé et ne sachant pas vraiment où se trouvait cette Borne Méridienne, je me suis rapidement lassé et je ne l’ai pas trouvée. Equipé d’un GPS, il m’aurait été facile de la découvrir mais j’ai eu la flemme de me lancer dans un géocaching improvisé d’autant que l’emplacement exact de cette borne ne figurait pas sur ma carte IGN. Après ce revers, il était temps de revenir vers le carrefour et de sortir mon casse-croûte d’autant que tables et bancs m’invitaient gentiment à profiter de leur rudimentaire confort. C’est donc l’estomac bien rempli que j’ai entrepris l’ascension du Cardou non pas en suivant les panonceaux qui me proposaient le chemin le plus logique mais en choisissant un étroit layon, espèce de minuscule sentier forestier le plus à gauche de l’esplanade qui y monte très abruptement mais le plus directement aussi. En raison de la forte inclinaison et du déjeuner non encore digéré, j’ai pas mal peiné dans cette ascension heureusement très courte. En moins de quinze minutes, j’ai atteint le sommet sous un ciel qui malheureusement s’était terriblement assombri depuis mon départ de Serres.  Au moment même où je mettais les pieds au sein d’un grand cromlech qui n’avait rien d’historique ni de mystique puisqu’il est très récent et semble représenter une croix occitane ou templière, un grand rapace vint m’accueillir en effectuant quelques circonvolutions au dessus de ma tête. Sans doute s’agissait-il d’un aigle royal comme ceux magnifiquement aperçus lors de ma balade au Fauteuil du Diable. D’ailleurs, ce rapace semble bien connu dans ce secteur puisqu’un piton rocheux du Pech Cardou a été appelé Roc de l’Aigle. L’aigle disparut dans les nuages aussi vite qu’il était apparu me laissant tout seul à ma contemplation. Malgré un ciel d’orages très menaçant, je pris tout mon temps pour observer l’ensemble des superbes panoramas.  Il faut dire que le sommet du Pech Cardou présente l’avantage indéniable d’être très réduit, offrant ainsi aux visiteurs des vues à 360° que l’on découvre en quelques pas seulement. Bien qu’estimant avoir découvert l’essentiel de ce qu’il y avait à voir, à cause des horizons gris ou bouchés, j’eus la désagréable impression de rester sur ma faim.  Alors au moment de redescendre, cette fois-ci par le sentier balisé effectuant ainsi une petite boucle, je me fis la promesse de revenir pour une autre balade mais un jour où les prévisions météo seront longuement plus clémentes. Avant de redescendre vers Serres, j’ai profité une deuxième fois de l’aire de pique-nique pour finir mon casse-croute et alléger définitivement mon sac à doc. J’ai ensuite amorcé la descente vers Serres en me conformant au panonceau, d’abord par la piste que j’ai abandonnée assez vite au profit d’un étroit sentier descendant au sein d’une très  haute forêt de conifères superbes et variés : pins noirs de Salzmann, pins noir d'Autriche, pins Laricio, pins sylvestres, sapins, cédres, épicéas, etc…. Il est donc conseillé de prêter attention et de suivre le balisage jaune si l’on ne veut pas rallonger inutilement ce circuit. Après une douzaine de kilomètres parcourus avec des montées cumulées de plus d’un kilomètre et un dénivelé de 520 mètres environ, j’ai refermé la boucle en retrouvant l’itinéraire du départ à l’intersection où se trouve le calvaire.  Là, le joli village de Serres, son superbe pont sur le Rialsesse, son château malheureusement privé, son jeu de boules et ma voiture n’étaient plus qu’à quelques foulées. Tous arrêts et flâneries incluses, j’étais resté, à mon plus grand plaisir, cinq heures et vingt minutes sur les chemins et sentiers du Pech Cardou. Carte IGN 2347 OT Quillan-Alet-les-Bains Top 25.

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Le Circuit des Templiers (832 m) depuis Bugarach (465 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques interprétées par le guitariste Miguel Angel "Malin" Villagran et son orchestre. Elles ont pour titre : "Carols of The Bells/What Child Is This""Alive" et "Great Is Thy Faithfulness" extraites de son album "Songs From Heaven".

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

99% des randonneurs qui arrivent à Bugarach y viennent pour faire l’ascension du mythique Pech. Alors, sans vouloir leur en faire critique puisqu’il y a quelques semaines, j’ai moi-même décrit dans ce blog cette très belle escalade, j’estime qu’il n’y a pas que ça à Bugarach et d’autres superbes découvertes sont accessibles en marchant au départ de cette paisible bourgade ! Parmi un volumineux écheveau de légendes, contes et autres balivernes qui circulent sur cette magnifique région, quelques fureteurs obstinés ont réussi à démêler les fils de quelques histoires vraies, de celles qu’on ne lit pas forcément dans les livres d’Histoire avec un grand « H » mais qui n’en sont pas moins authentiques. Alors suivez-moi sur ce "Circuit des Templiers", sur ces sentiers aux trésors enfouis et peut-être encore à découvrir, sur les chemins de ces récits moyenâgeux où ici, les Cathares, les moines soldats et les chevaliers se succédèrent puis se côtoyèrent parfois curieusement sans jamais s’affronter dans une lutte sans merci. Au départ du village de Bugarach (465 m), il faut prendre le Sentier Cathare, balisé en jaune et bleu, dans la direction de la Maison de la Nature et de la Randonnée. Au bout de quelques minutes, on laisse le très beau gîte sur la gauche et l’on poursuit. De son arrogante hauteur, le Pech domine l’ensemble du paysage et paraît vexé qu’on lui tourne le dos.  Dès le départ, les panonceaux sont nombreux, il indique Quillan ou le Bézu et le large chemin monte dans les vertes prairies en direction de la superbe forêt communale. Je précise qu’ici le tracé du Sentier Cathare a quelque peu changé par rapport aux dernières éditions des cartes IGN qui commencent à dater. Il ne passe plus par le Col du Moulin à Vent mais se hisse plus haut dans la forêt. Si l’on suit le balisage jaune et bleu, il n’y a pas de problème, on arrive tout de même au Col du Vent (825 m) à l’intersection de plusieurs pistes. Certaines vont vers Parahou-Grand et St-Louis-et-Parahou mais le Sentier Cathare, lui, descend à droite vers le Bézu par le Bac, à l’ombre de l’épaisse et verdâtre forêt communale de Saint-Just et parallèle aux hautes crêtes déchiquetées de la Serre de Bec. Dans un impressionnant ciel azur, de non moins impressionnants vautours fauves aux ailes noires et aux poitrails d’un brun plus clair tournoient à la cime des crêtes. Sur la droite, apparaît le vallon très verdoyant de Cass-rats puis une autre colline aux arêtes découpées. C’est la Serre Calmette avec à son sommet le château dit « des Templiers », notre principal objectif. Pour y aller, il faut poursuivre jusqu’à une intersection, peu après la ferme de la Jacotte. On aperçoit le hameau de Bézu mais une route goudronnée part à droite et file vers le lieu-dit les « Tipliés » dont certains prétendent qu’il aurait le mot « templier » pour origine. Juste avant d’entrer dans le minuscule hameau, on quitte la route asphaltée pour un étroit sentier qui file à gauche vers le château dont il ne reste malheureusement que des ruines. Dès le début, un panneau est planté là, au bord du sentier, et dans un court résumé, il informe les visiteurs sur les origines et l’Histoire certaine de la fortification et la physionomie du site faisant abstraction de la Commanderie de l’Ordre du Temple qui aurait existé mais dont l’hypothèse est encore très controversée. Il faut quelques minutes pour accéder au plus haut de ce nid d’aigle (832 m) où les panoramas, sur la Haute-Vallée de l’Aude et bien plus loin encore, sont tout simplement époustouflants. Malgré la rocaille, les éboulis et les vestiges pierreux du fortin, la végétation en général et la flore en particulier y sont exceptionnelles et la nature a laissé ici quelques espaces herbeux où un mémorable pique-nique peut-être pris y compris au pinacle de la haute falaise. On quitte les vieilles murailles par le même chemin, direction le Bézu où seules une fontaine d’eau fraîche et l’église du XIeme siècle magnifiquement restaurée méritent qu’on s’y attarde. On monte en direction du cimetière vers la Jasse du Bézu où une nouvelle intersection mérite une attention particulière car on quitte définitivement tout balisage. On laisse la piste qui part à gauche vers Granès et on emprunte la troisième piste à droite qui file vers les  Baruteaux, toujours parallèle à la Serre Calmette que l’on a contournée. Le château des Templiers est désormais en surplomb sur notre droite et à l’horizon sur la gauche, on peut distinguer l’illustre village de Rennes-le-Château. A cause des étables et des nombreux bovins, on traverse en silence et avec prudence la métairie des Baruteaux. Mais ici pour qui connaît la légende, on ne peut s’empêcher de penser à cette étrange histoire qui prétend que depuis le 13 octobre 1307 et les arrestations de tous les Templiers par le roi Philippe le Bel, sauf ceux du Bézu allez savoir pourquoi, une cloche d’argent sonnerait le glas au fond du puits des ruines des Baruteaux. Ainsi, à chaque date anniversaire dans la nuit du 12 au 13 octobre, une longue procession de fantômes en habits de Templiers se mettrait en marche au son de cette cloche d’argent appelant les trépassés à se rendre du cimetière à la chapelle du château pour honorer les défunts. Après les Baruteaux, on poursuit le chemin en évitant de monter vers le domaine privé de Lattenouse et la piste finit par aboutir sur la D.14 au lieu-dit le Mas. On prend à droite et sur un peu plus d’un kilomètre, on poursuit avec précaution la départementale jusqu’au carrefour du Pont Romain. Ici deux alternatives se présentent : soit on poursuit jusqu’à Bugarach sur le bitume en suivant le balisage jaune soit on tourne à gauche si l’on ne connaît pas ce splendide édifice. Il s’agit d’un petit pont construit par les Romains avec une seule arche mais ô combien exceptionnel pour l’époque en terme d’exploit technique au regard du vide qu’il enjambe. Si vous avez choisi cette option que je conseille, vous pourrez tremper vos pieds échauffés par les kilomètres dans l’eau glacée de la Blanque. Ce ruisseau qui dévale tout droit du Pech a créé ici de magnifiques gorges mais aussi quelques agréables rivages sableux. Les doigts de pieds revigorés, vous franchissez le pont et poursuivez le balisage jaune par un court mais très raide dénivelé dans les bois de la Soula de Doumeng. Cet agréable et parfois difficile sentier vous amène sans problème vers Bugarach avec sur la fin de ravissantes vues sur le village et le Pech. Au court de ce  circuit, d’environ 26 kilomètres et pour lequel, arrêts compris, vous aurez consacré une grosse journée, vous n’aurez sans doute pas découvert ni le trésor de l'abbé Saunière, ni le mythique Graal, ni les lutins Bug et Arach mais nombre de trésors historiques et naturels, une foule de merveilles floristiques et faunistiques et tout ça dans un gigantesque et extraordinaire écrin de verdure. Alors pourquoi en vouloir plus ? Si c’est le cas, je vous recommande la lecture de deux livres : « Mystères et Secrets des Templiers du Bézu » de Maurice-René Mazières et « Rennes-le-Château et l’énigme de l’or maudit » de Jean Markale, histoire de vous engloutir un peu plus dans les curieux mystères de cette superbe région. Carte IGN 2347 OT Quillan - Alet-les-Bains – Couiza Top 25.

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Le Pech de Bugarach (1.230 m) depuis La Bastide (588 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques du duo Secret Garden extraites de leur album "Dawn of a New Century" et ont pour titres : "Dreamcatcher""Sona" et "In Our Tears" .


Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

Que n’a-t-on pas dit et écrit sur le Pech de Bugarach ! Pour s’en convaincre, il suffit de taper « Bugarach » dans Google Recherche et ce n’est pas moins de 919.000 résultats qui sont consultables, évoquant au moins une fois ce nom-là. Autant dire que visiter tous ces sites est impossible ! La plupart font la part belle aux mystères, contes, légendes et autres racontars qui circulent sur cette « montagne sacrée » appelée aussi « montagne aux sorcières »  qui, avec ses 1.230 mètres d’altitude, reste avant tout le plus haut sommet du Massif des Corbières. Alors que ce soit sur le Net ou bien dans des livres, on évoque une base d’Ovnis avec présence d'extra-terrestres, des ondes telluriques bénéfiques aux rites celtiques, on parle d’une étrange cavité ou d’un immense dôme souterrain que des satellites espions auraient détectés, la montagne renfermerait dans son cœur les archives d’un monde disparu ou bien le mystérieux trésor de l’abbé Bérenger Saunière, le célèbre curé de Rennes-le-Château tout proche, y serait caché dans une grotte, les avions auraient interdiction de le survoler pour cause d’affolement des boussoles et autres instruments de bord, pour certains, le Pech représenterait une des portes d’une énergie magique, d’autres y voient des visages sculptés dans les falaises, d’autres une ressemblance avec le Mont Sinaï dont il serait l’antithèse, des hommes illustres comme Jules Verne, Victor HugoFrançois Mitterand ou Steven Spielberg y seraient venus, la plupart en catimini, etc.…..Les plus folles rumeurs circulant, je laisse le soin à ceux que ça intéresse d’aller voir sur Internet et je laisse les mystiques à leurs croyances et à leurs visions. Mes visions personnelles sont plus terre à terre et en escaladant le Bugarach pas une magnifique journée de printemps, outre l’aspect sportif, je me suis contenté d’observer, depuis son sommet, tous les beaux paysages qui défilent à 360° de le Mer Méditerranée jusqu’aux contreforts de la Montagne Noire en passant par la longue chaîne des Pyrénées encore enneigées et la belle Vallée de l’Aude ; tout ça dans une nature, il est vrai, merveilleusement magique, car on ne sait jamais au juste si on est à la campagne, en forêt ou à la montagne. Mais pour donner encore plus d’intérêt à cette randonnée, j’ai choisi une boucle qui alterne cette diversité de paysages et de contrastes. Elle part du minuscule hameau de La Bastide, non loin de Camps-sur-l’Agly. On accède à La Bastide par la D.14, on traverse le hameau et l’on gare sa voiture juste avant le lieu-dit Les Pastressis à proximité d’une réserve d’eau en béton. Sur la droite de la route, vous remarquez un panonceau indiquant le Bugarach et sur votre gauche, un autre, indiquant Péchines. C’est ici, à cette intersection, que ma longue boucle se refermera dans quelques heures. Mais d’abord, il faut emprunter cette route bitumée qui se transforme en piste après Les Pastressis pour aboutir au Col du Linas. Cette portion du chemin constitue une bonne mise en jambes avant d’attaquer les choses sérieuses, car la vraie escalade commence beaucoup plus loin que le Col du Linas. Vous allez d’abord monter tout droit vers le Pech, puis contourner la montagne en bifurquant plein ouest dans une forêt de grands buis et de hêtres avant de grimper vraiment à la mythique éminence. En montant sur une sente de plus en plus rocailleuse, on a souvent tendance à regarder les hautes falaises blanches qui nous dominent mais dans le ciel, aucun ovni et seulement une multitude de grands rapaces (circaètes Jean le Blanc, vautours fauves ou percnoptères et busards cendrés sont présents sur le site) qui tournoient sur nos têtes donnant le seul aspect « angoissant » à cette ascension rocheuse mais praticable. Et hormis, un court passage en pelouse non loin du sommet, cela va être pierreux jusqu’au bout, le mamelon final en étant l’apothéose, lui qui est très souvent balayé par un cers violent et froid qui laisse peu de chance à une quelconque flore de se développer à sa juste mesure. En ce qui concerne les panoramas, ils sont si sublimes que vous n'attendrez pas d'être arrivé au sommet pour les observer. Au fond de sa vallée, le village de Bugarach est si minuscule au milieu de cette verdoyante Nature qu'on se demande parfois comment il a pu faire pour donner son nom à ce mastodonte rocheux si imposant ? Mais un fois le sommet atteint, et après avoir profiter des panoramas époustouflants à 360°, vous comprenez que ces quelques cailloux que vous avez polis de vos lourds godillots dans la montée ne sont rien au regard de la descente qui vous attends et qui est réservée aux randonneurs expérimentés comme l’indiquent par ailleurs les panneaux situés de chaque côté de la montagne au départ du Pech. Cette descente très difficile, elle s’appelle "La Fenêtre", sans doute à cause d’un trou perforé à même la roche. Dans cette pente terreuse et gravillonneuse, il faut redoubler de vigilance, s’aider autant de ses mains que de ses pieds et surtout regarder où l’on met ces derniers. Et quand on en a terminé avec la cheminée et les éboulis et qu’on rejoint les premiers herbages, c’est un vrai soulagement d’être arrivés jusque là sans encombre. Au pied du Pech, le balisage étant parfait, il faut prendre la direction du Col de Péchines balisée en orange et bleu (variante du sentier cathare). Bien que le Pech constituait le principal dénivelé, on n’en a pas terminé avec les montées et c’est sur un bon sentier qui alterne prairies et sous-bois qu’on finit par croiser le G.R.36 et atteindre les ruines du hameau oublié mais féerique et mystérieux de Campeau où circule également le Tour du Fenouillèdes. Dans un cadre pourtant bucolique à souhait, ici tout est désolation et la vie semble s’être arrêtée comme sur un étrange coup de baguette magique. Du hameau abandonné, on a un autre aperçu du Pech de Bugarach : il paraît plus débonnaire, plus massif et moins découpé, comme un gros dinosaure couché. Le sentier monte encore et il suffit de suivre les panneaux indiquant La Bastide à travers les prés parsemés de blanches pâquerettes, d’aubépines encore plus blanches et de jaunes primevères pour atteindre le Col de Péchines qui n’est plus qu’à quelques encablures. Au col, le sentier redescend dans une sombre hêtraie aux talus plantés de violettes puis dans des prés où poussent d’innombrables orchidées sauvages. Le sentier laisse très vite la place à une piste plus large qui finit par aboutir à la source captée cimentée et à la voiture. Ici se termine cette magnifique mais sportive boucle de 16 kilomètres environ pour des montées cumulés de 1.290 mètres, l’ascension au sommet représentant à elle seule 642 mètres de dénivelé. Bâtons de marche et surtout bonnes chaussures à tiges montantes et semelles bien crantées sont vivement recommandées sur ce tracé. Si la saison est chaude, pensez à emporter suffisamment d’eau car vous n’en trouverez pas de potable sur ce parcours. Carte IGN 2347 OT Quillan - Alet-les-Bains – Couiza Top 25

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Le Roc Paradet (900 m) depuis Camps-de-l'Agly

Publié le par gibirando

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Ce diaporama est agrémenté de la chanson "Look at Me, I'm Sandra Dee" interprétée par Olivia Newton-John et extraite du célèbre film "Grease"

Le Roc Paradet (900 m) depuis Camps-de-l'Agly


Il existe "x" versions pour accéder au "Roc Paradet", magnifique belvédére entre Aude et Pyrénées-Orientales ou pays Fenouillèdes et Corbières méridionales. De Prugnanes situé dans les P.O, mais aussi de Camps-sur l'Agly, agréable village audois. J'ai un faible pour un circuit qui part de ce dernier beau petit hameau dont le château date de la Croisade contre les Albigeois (1208-1229). Quand on tourne le dos à l'église, un massif boisé et oblong (photo) les Pradasses et la Serre s'étire jusqu'au Pech de Bugarach où au hameau en ruines de Campeau nous serons quasiment à son pied. Notre objectif le Roc Paradet est là, sommet débonnaire de ces "serres" ! On prend le chemin qui descend dans le vallon, coupe un ru et monte vers la Bergerie de Mondy. Avant les Mathibets, grande bâtisse en ruines, la piste fait un angle droit. Si vous prêtez attention, vous observez sur la gauche une sente qui descend et aboutit ici. Ce soir, notre boucle se refermera là ! Pour l'heure, il suffit de suivre tout droit cette piste. Ne la quittez plus ! Belle vue sur Camps qui s'éloigne. Suivez le panneau Péchines et Campeau. Peu à peu le sentier s'élève en sous-bois, les paysages changent et on se faufile désormais au milieu d'énormes buis. Enfin il s'élargit à l'approche du Col et des ruines de Péchines. Les fléches oranges inversées vous dirigent droit vers le Bugarach. Mais gardez un oeil sur votre gauche car très vite il vous faut descendre vers les évidentes ruines du hameau oublié de Campeau. Là, vous coupez le GR.36 dont il ne reste qu'à suivre les fameuses traces blanches et rouges. Communes au Sentier Cathare et au Tour du Fenouillèdes, elles vous ménent sans souci au Roc Paradet situé à l'altitude toute ronde de 900m. Ce modeste rocher s'avère être un très beau mirador pour peu que l'on soit curieux et que l'on n'hésite pas à s'y balader. La douce descente vous conduit à la bergerie en ruines du Pla de Lagal. Là, quittez le GR.36 et poursuivez ! Camps est dans votre ligne de mire. Descendez! La boucle se referme avec de belles images plein la tête ! Carte IGN 2347 Quillan & 2447 Tuchan Top 25.
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