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C’est lors du récent « Tour du Lac de Caramany » réalisé le 6 mars dernier que j’ai eu connaissance de ce « Sentier du Barrage sur l’Agly ». En effet, c’est en lisant un grand panneau situé sur l’esplanade jouxtant le remblai du barrage que j’ai eu connaissance de cette randonnée au départ du village de Cassagnes. Les 6km qui étaient mentionnés correspondant parfaitement à ce que Dany était à même d’accomplir, je ne voyais aucune raison de ne pas la faire ou de la remettre à plus tard. En ce 3 mai totalement printanier ; car avec un grand ciel bleu lessivé de tout nuage ; nous voilà déjà à pied d’oeuvre sur un petit parking adjacent au cimetière de Cassagnes. Si nous avons le choix de démarrer de là ; plutôt que de la rue des Hyères située au centre du village comme l’indique le topo officiel ; c’est que l’endroit nous a paru plus accessible et plus simple. Plus simple pour garer la voiture et plus simple aussi car immédiatement sur le bon chemin. Cette balade étant courte et comme en sus nous envisageons de piqueniquer, il est 10h30 quand nous démarrons. Bien évidemment, et comme je le fais à chaque randonnée, j’ai analysé les cartes IGN et les vues aériennes Géoportail car ça permet de se faire une petite idée du terrain et des décors que l’on va cheminer. Ici, pour faire simple, le parcours circule tout autour d’une colline dont le nom est « Las Rocas d’En Barraut ». Elle est composée à la fois de quelques vignobles, à un degré moindre de vergers quand au reste de l’espace, broussailles et boqueteaux se le partagent. La météo est tellement clémente qu’après avoir démarré en tee-shirts et pantalons longs, nous optons très vite pour une tenue plus légère. Pour cela rien de plus simple que d’ôter une fermeture-éclair afin de transformer le pantalon long modulable en un short plus rafraîchissant. Cette tenue nous conviendra tout au long du parcours. D’emblée et comme toujours, un « wagon » de fleurs printanières m’arrête tous les 2 mètres. Dany, elle, marche à son rythme mais elle m’attend dès lors qu’une intersection se présente car bien évidemment elle n'a aucune connaissance du parcours et pas de GPS. Elle s’arrête aussi pour écouter le chant des oiseaux et me demande si je les connais. Comme j’en connais certains mais d’autres non, j’utilise l’application BirdNET que j’ai sur mon smartphone pour les identifier. C’est ainsi que malgré un mélange hétérogène de chants, nous arrivons quand même à savoir qu’il y a surtout des pinsons, des rossignols et des mésanges. Par chance mais aussi avec un peu de patience, je vais réussir à photographier les 2 premières espèces mais aussi quelques autres tout au long du parcours. Si les oiseaux sont à l’honneur mais souvent difficiles à immortaliser, je me rattrape avec quelques criquets et surtout des papillons. Si j’en vois des plutôt communs, il y en a aussi des plus rarement visibles. C’est le cas des Proserpines mais surtout des Damiers de la Succise que je n’ai vu qu’assez rarement jusqu’à présent. Pourtant dieu sait si j’en ai fait des kilomètres à courir derrière toutes sortes de papillons pour les immortaliser. Or ici, les Damiers de la Succise qu’on appelle aussi Damier des Marais sont très présents et même en assez grand nombre. C’est bien la toute première fois que j’en vois autant et comme je sais qu’il peut y en avoir des bien différents avec des colorations et des motifs variables, je photographie tous ceux qui se laissent approcher. Je le fais avec d’autant plus d’entrain que je sais aussi que ce papillon figure sur la liste rouge mondiale des espèces menacées et qu’il est en voie de disparation dans certaines régions et pays. Autant vous dire que cette balade m’est hautement agréable car mon appareil-photo est constamment mis à l’épreuve, les fleurs étant nombreuses et extrémement variées. Elle est d’autant plus agréable que les décors et paysages environnants sont également plutôt chouettes. Ils vont l’être encore bien plus dès lors que le lac et son barrage deviennent nettement plus visibles même si très souvent au-dessus du lieu-dit La Devèze la végétation assez dense constitue un obstacle. Le pique-nique est si agréable aussi que l’on s’éternise bien au-delà du seul intérêt de manger. Il est vrai que le oiseaux continuent à être nombreux qu’ils soient sédentaires ou de passage. Je passe donc une belle partie du déjeuner à tenter d’en figer quelques-uns, mais ce n’est jamais facile même en utilisant tous mes appeaux. Quant à Dany, allongé sur un tapis de ramilles qu’elle a pris soin de couvrir d’une polaire, elle profite de la douce chaleur des rayons du soleil. On se remet en route presque contraints. Les décamètres défilent sans qu’on se lasse de marcher et quand un carrefour se présente doté d’ un panonceau nous annonçant une aire de pique-nique « Le Bousquet », je sais que Cassagnes n’est plus très loin. En effet, j’ai suffisamment analysé le parcours sur la carte IGN Géoportail pour en connaitre les quelques rares mentions que j’ai pu y déceler. Nous finirons cette jolie balade comme nous l’avons commencée, c’est-à-dire en flânant et en traversant Cassagnes, mais en évitant ainsi une partie du tracé original contournant le village. Traverser Cassagnes d’un regard curieux nous paraît plus divertissant et surtout plus captivant afin de découvrir son patrimoine. Quelqu’un a dit « la curiosité est un vilain défaut mais un défaut permettant de progresser sur la voie de la connaissance ». Alors connaître Cassagnes est un choix presque manifeste. Et comme le village a conservé un beau patrimoine historique mais est aussi un véritable petit paradis paisible pas étonnant que son nom rime avec « cocagne ». Oui, Cassagnes, un pays de cocagne ! De plus ce barrage (et son lac) que l'on appelle le plus souvent de "Caramany" ou de l'Agly est en réalité situé sur la commune de Cassagnes. Les Cassagnols, très sympas, n'ont jamais râlé de ce "vol manifeste" ? Cette balade telle que je l’explique ici a été longue de 6,4km. Les montées cumulées de 354m. A 364m d’altitude, le départ que nous avons choisi proche du cimetière est le point le plus haut. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt top 25.
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En été, quand la canicule règne mais que l’envie de randonner est toujours là, il y a deux manières d’aller à la recherche de la fraîcheur. Il y a celle consistant à monter en altitude ou bien celle résidant à trouver un point d’eau. C’est cette deuxième solution que j’avais choisie en allant vers le lieu-dit La Tirounère (*) à partir de Saint-Paul-de Fenouillet. La Tirounère est une résurgence d’eau souterraine située au fond de la rivière Agly à la sortie des Gorges de Galamus. Dans son livre « Les eaux souterraines des Pyrénées-Catalanes », le très éminent hydrologiste Henri Salvayre la décrit ainsi : « La résurgence de la Tirounère l'une des plus importantes « sources » après Font Estramar, jaillit dans le lit de l’Agly, sur sa rive droite en amont de St - Paul - de – Fenouillet ». Haut-lieu de la spéléologie subaquatique, elle a été explorée par le célèbre spéléologue Robert de Joly en 1934 et depuis elle constitue un lieu très prisé pour tous les fanas de cette discipline. Depuis sa découverte, elle a été captée et fournit ainsi en eau potable une partie de la commune de Saint-Paul. Ses eaux se mélangeant à celle de l’Agly, vous avez déjà compris que mon but n’était pas d’aller faire de la spéléologie ;j’en serais bien incapable ; mais plus simplement une jolie balade et puis surtout d’en profiter très largement pour me rafraîchir. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de braver quelques interdictions. En effet, il faut savoir que LaTirounère a été pendant quelques années un passage obligé sur les sentiers de Grandes de Randonnées que sont le Tour des Fenouillèdes, le GR.36 et le Sentier Cathare. Une passerelle métallique enjambant la rivière Agly en permettait le passage sans être dans l’obligation de se mouiller les pieds voire les jambes et au pire de prendre un bain. Malheureusement, en novembre 2014, elle a été emportée par des crues historiques qui atteignirent leur apogée les 29 et 30. Un projet de reconstruction est dans les cartons depuis plusieurs années mais apparemment un budget de financement manque à l’appel. Le passage par ce lieu est en principe interdit même si en été franchir à gué les4 à 5 mètres de largeur de la rivière est très facile.Voilà pour la présentation. Mon circuit démarre de la rue de la Paychere (**) où, parce que je suis seul, je réussis à garer ma voiture contre le mur d’une villa. De ces hauts murs, croulent des oranges et des trompettes rouges d’une jolie plante que l’on appelle bignone. Tout autour, c’est déjà un peu la campagne avec des meules de foin, des champs de luzernes et des vignobles. De la cité, je n’aperçois que les toitures et bien évidemment les monuments les plus hauts que sont le Chapître et le clocher de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul. Parce que je suis là aussi pour photographier la Nature, d‘emblée la chance est avec moi. Elle se présente sous les traits d’une minuscule vipère qui traverse la ruelle, de chardonnerets élégants car joliment colorés, d’une tarente se chauffant au soleil et de petits papillons. A cause de la saison et de la chaleur qui règne, la flore estrare voire déjà bien fanée. Néanmoins, je trouve quelques fleurs à immortaliser.Plus rien de notable jusqu’à un passage à niveau où circule le train rouge du Pays Cathare et du Fenouillèdes. Quand le train rouge passe, je suis déjà à plus de 200 m de la voie ferréeet près d’un chenil où une meute de chiens de chasse vocifère aux moindres bruits de mes pas. Avec la chaleur qui règne, je comprends leur exaspération à être enfermés dans des baraques de tôles et de planches entourées de grillages. Quel être vivant accepterait de vivre dans des conditions si indignes ? J’apprécie ma liberté, et ce, d’autant plus après la période obligée de confinement que nous venons de vivre. Si les vignobles restent présents, la garrigue prend de plus en plus de place au rythme de mes pas. Les yeux aux aguets de tout ce qui pourrait se présenter, j’erre de droite à gauche sur ce chemin pourtant quasiment rectiligne, flânant comme jamais, mais avec ce sentiment de liberté que l’expression « prendre la clé des champs » reflète parfaitement. D’ailleurs, un coup d’œil sur mon bout de carte IGN vient magnifiquement me confirmer cette métaphore car le lieu-dit que je traverse s’appelle le Cami de Camps, c’est-à-dire le Chemin des Champs.Les papillons se font plus présents mais leur petite taille semble inversement proportionnelle à la grande aridité des lieux. Pour l’avoir lu, je sais que les variations de taille voire de coloris chez les lépidoptères peuvent être fonction du climat, de la saisonnalité et de l’altitude. Ici le milieu plutôt sec semble être l’élément déterminant.Seuls les Machaons et les Flambés, plutôt nombreux, semblent avoir une taille à peu près normale. Mon assiduité à photographier la faune me distrait au point d’en oublier que j’ai un itinéraire à suivre et voilà comment sur un simple aller retour, je fais un kilomètre de mieux ! Je reviens sur mes pas sans trop ronchonner car cet égarement m’a permis de photographier une remuante fauvette et un joli serin. Dans la garrigue, quelques rares pins, parsemés de-ci delà, sont les prémices des pinèdes de pins d’Alep qui ne tardent pas à arriver. Elles se succèdent au fil des premières vrais déclivités, déclivités qui prennent la forme de petites montagnes russes, le terme de « montagne » étant ici très exagéré, le mot « butte » étant plus approprié. Ces collines boisées sont le siège d’innombrables « cicadidés », c’est-à-dire des cigales, toujours très difficiles à photographier. Il faut une bonne vue pour arriver à les repérer sur les arbres où leur immobilité et leur mimétisme sont d’excellents camouflages, et puis surtout dès que l’on approche, elles s’arrêtent de chanter, démultipliant ainsi la difficulté. Une fois de plus, il me faudra beaucoup de chance et surtout patienter avant de réussir une seule photo d’une unique cigale, et encore parce qu’une d’entre-elles a bien voulu s’envoler et se poser à quelques mètres de moi. Pourtant quel que soit le biotope le tintamarre qu’elles engendrent est extrême et il n’est entrecoupé que par les « tut tut tut » du petit train rouge que l’on entend de temps à autre dans le lointain désormais A l’approche du col de Lenti, la végétation change encore. Si les pins ne disparaissent pas totalement, c’est un maquis méditerranéen qui les supplante avec de nombreux arbustes. Chênes verts, arbousiers, cistes, bruyères arborescentes, filaires et redouls en constituent l’essentiel. Dans ces petits sous-bois, de larges fenêtres s’ouvrent de temps en temps sur d’abruptes collines de calcaire. Ces collines sont bien connues des passionnés de la varappe qui trouvent là des terrains de jeux d’une remarquable dimension, même si dans les Gorges de Galamus et à cause des chutes de pierres, cette activité est interdite car incompatible avec le canyoning Dans ce décor karstique, la rivière Agly a creusé une belle échancrure dont les deux grosses bosses latérales ressemblent au dos d’un chameau géant : les Gorges de Galamus. C’est vers là-bas que je dois aller. Au col de Lenti (382 m), les panneaux directionnels et les intersections se succèdent sur quelques mètres et j’avoue que pendant un court instant, j’en suis à me demander quelle direction prendre vers la droite ? Pourtant, je suis passé ici en 2011 lors d’un mémorable Tour du Pays Fenouillèdes avec mon fils mais nous venions de Caudiès et allions à Saint-Paul. C’était simple car bien indiqué. J’en emprunte un petit tronçon, juste pour le plaisir de m’élever et de profiter ainsi de quelques panoramas. Reste à trouver le chemin de la Tirounère ? Mon GPS vient m’aider et finalement c’est bien le premier sentier descendant vers la droite qu’il me faut emprunter, même si un panneau mentionne et avertit du détournement consécutif à la destruction de la passerelle de La Tirounère. Après un étroit sentier tout en descente, un large chemin prend le relais. Une nouvelle fois, non loin du lieu-dit Borde del Rey, mon passage engendre les aboiements de quelques chiens que je pense séquestrés dans un chenil. En réalité, je me retrouve avec 4 chiens hurlant derrière moi, babines retroussées et crocs pointus bien visibles et de ce fait, peu engageants. Je cache mon bâton de marche dans mon dos, leur fais face mais n’en mène pas large. Finalement, ils doivent constater que je ne suis pas un sanglier, ils arrêtent très vite leurs hurlements et sur les quatre, trois repartent immédiatement dans le chenil. Le quatrième, un joli chien noir aux oreilles semi-tombantes reste tout seul puis pas du tout agressif et peu farouche semble vouloir me suivre. Alors que j’avance une main pour le caresser, il détale et disparaît. Ouf ! Je respire. Un semblant de silence revient car ici les cigales paraissent moins présentes. La route bitumée descendant vers la Tirounère se présente et dès lors je sais que mon objectif n’est plus très loin. Quelques centaines de mètres et il apparaît. De prime abord sous les traits d’une barrière avec la mention « propriété privée – défense d’entrer », barrière facile à franchir derrière laquelle se poursuit une grande allée bordée de vieux cèdres. Que faire ? Deux voitures sont garées à proximité de l’entrée. A gauche de la barrière, une pancarte annonçant "Un Sentier du Charbonnier" m'incite à la photographier, et ce, afin de l'inscrire sur mes tablettes. Sait-on jamais ! Sur ma droite et en contrebas, j’entends déjà le murmure de la rivière mais j’entends également des voix qui montent jusqu’à moi. Je ne vois pas d’autre issue alors je passe outre l’interdiction. Le lieu-dit La Tirounère est là comme l’indique un panneau de randonnée directionnel. Une longue bâtisse affiche une enseigne « Oxygen Aventure ». Un couple et 2 enfants sont assis autour d’une table de pique-nique mais sont sur le point de partir. Ils partiront peu après. Je me retrouve seul même si en aval j’entends encore quelques voix. Je visite en détail cette berge-là puis me décide à traverser la rivière sur une gravière. Au milieu de la rivière, j’ai de l’eau à hauteur du genou et la profondeur est donc d’environ 50 cm. Sur les galets moussus, ma seule crainte est de glisser avec mon appareil-photo, alors je m’aide de mon bâton de marche. Finalement, or mis cette appréhension, la traversée est simple et sans véritable risque, or mis celui de se retrouver le cul dans l’eau. Qu’en est-il en hiver ? Je ne sais pas. De toute manière, venir ici en hiver ne présente aucun intérêt. Je ne peux donc que vous le déconseiller. Je passe presque 2 heures sur cette rive, pique-niquant, visitant les lieux dans le moindre détail, me baignant à plusieurs reprises, me reposant et profitant de la fraîcheur ambiante et m’évertuant à photographier une faune variée. Elle est bien présente avec des insectes aquatiques, des libellules, des papillons, des lézards et quelques oiseaux dont les plus visibles sont des Bergeronnettes des ruisseaux et des Merles. Mais j’aperçois aussi des Bergeronnettes grises, des pinsons et une fauvette. Concernant le lieu lui-même, nul besoin d’être un spécialiste du captage de l’eau pour comprendre qu’il a été amplement aménagé pour ce faire. Un bac bétonné est suivi d’un seuil formé d’une petite chicane, le tout permettant de casser les éventuels débits trop importants de la rivière. La chicane forme une jolie petite cascade. L’ensemble est bien agencé avec des pare-fous, des échelles et un canal d’irrigation qui file parallèle à la rivière. La roche a été creusée et forme ainsi de petits tunnels où l’eau et les hommes peuvent circuler. C’est d’ailleurs par-là que je quitte les lieux, filant vers le lieu-dit Borde-Massé mais surtout préférant cette ligne droite rejoignant un large chemin plutôt que le sentier balisé des G.R qui se poursuit vers les hauteurs. Là aussi, j’enfreins quelques interdictions mais les endroits sont déserts, les champs en jachère et les quelques bâtis le plus souvent en ruines. Je retrouve le balisage du Tour du Fenouillèdes un peu plus loin et comme ce chemin est quasiment unique car parallèle à l’Agly, son cheminement est très simple. Dans ce cheminement m’amenant vers Saint-Paul, seuls quelques nouveaux oiseaux et de rares fleurs que je veux photographier s’allient à mon désir de prolonger au maximum cette belle journée. Saint-Paul est là, avec sa gare et son pittoresque petit train rouge filant vers d'autres bourgades. C’est sur cette jolie image de voyage que se termine mon propre voyage. Quand je me le remémore, j’ai comme le sentiment d’avoir feuilleté un joli livre de sciences naturelles que j’ai beaucoup aimé. Cette balade a été longue de 9,300 km (égarements volontaires ou pas) pour des montées cumulées de 314 m et un dénivelé de 127m. Saint-Paul de Fenouillet à 255 m d’altitude est le point le plus bas et le col de Lenti (382 m) le plus haut. Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.
(*) Toponymie du nom "Tirounère" : Faut-il que je l'avoue, je n'ai rien trouvé sur Internet expliquant le nom "Tirounère", mais finissant par "ère", on peut seulement imaginer qu'il ait été mis au féminin. J'ai donc chercher avec "tiroun" et là, j'ai constaté que ce nom apparaissait régulièrement dans la toponymie pyrénéenne et provençale. C'est ainsi que dans les Pyrénées, nous trouvons un "Tiroun de la Croux", un "Tiroun des Sorcières", un "Tiroun dès Oueilles", un "Tiroun Gran", un "Cap des Tirouns", une "Cabane du Tiroun, un lieu-dit "Tiroun" à Loubens en Ariège et des "Tirouns" parcelles cadastrales dans la commune de Bourréac dans les Hautes-Pyrénées. Si ces trouvailles ne m'ont guère plus avancé, Louis Saudinos dans son ouvrage "La toponymie du canton de Bagnères-de-Luchon" nous apprend qu'un "tiroun" peut-être tout à la fois un "mamelon rocheux", un "dôme", une "émergence ronde" mais aussi "un lac sert de bornage aux communes de Cirès, de Cathervielle et de Caubous". Ce lac est-il situé au sommet d'une "émergence ronde" ? Il ne le dit pas mais on peut le supposer, ce qui permettrait de confirmer qu'un "tiroun" est un "éminence ronde" en Pyrénées et qu'il est donc plus simplement une variante des mots "turon", "turrou ou "tyron" que l'on trouve de nos jours dans le lexique pyrénéen pour un sommet arrondi.
En continuant mes recherches en Provence, j'ai appris que le mot "tiroun" au même titre que le mot "félibre" restaient des mystères. C'est ainsi qu'en lisant un article d'Alfred Jeanroy dans une revue "Romania" de 1894, on peut y lire ceci, extrait d'un texte qui s'intitule "MÉLANGES" : « Que de tres jour, tres niue, iéu noun vous retrouvère, Que. dins lou tèmple erias Que vous disputavias Emé li tirounde la léi, Emé li sèt felibre de la lèi.» Il rajoute «Le mot félibre, aussi inconnu du reste que le mot tiroun, ayant évidemment dans ce morceau le sens de « docteur de la loi » , fut acclamé par les sept convives, et l'Armana prouvençau, organe de la nouvelle école, proposé et fondé dans la même séance, l'Armana prouvençau per lou bèl an de Dieu 1855, adoubea e publica de la man di felibre, annonça à la Provence, au Midi et au monde que les rénovateurs de la littérature provençale s'intitulaient « félibres ». Alfred Jeanroy poursuit en disant qu'il pense que le mot "félibre" descend de l'espagnol "féligrés" signifiant "paroissien", "client de l'église" et en un mot un "fidèle". Toujours dans cette suite d'idée et pour le mot "tiroun", il émet "L'hypothèse d'une origine espagnole......"
Nous sommes loin bien sûr du "sommet arrondi pyrénéen" mais l'avantage d'avoir pris ce « chemin provençal » est qu'il m'a amené vers le très fameux "Félibrige" et à leur trésor cher aux Sept Primadié. Dans ce remarquable trésor, dictionnaire Provençal-Français, et pour faire bref, on y apprend qu'un "tiroun" c'est à la fois un "canard", "un fusil" ou "une corde", cette dernière explication ayant pour origine le verbe "tirer" en français et "tirar" en occitan, définitions que l'on retrouve dans l'occitan "tiron" et à laquelle on peut y rajouter "une lentille d'eau" que l'on appelle aussi "tirounado" en provençal.
Alors pour la "Tirounère", nous avons le choix ? "Un sommet arrondi ?". Il y en a bien un juste au dessus de la source, piton rocheux magnifique par ailleurs. Un canard ou plutôt une cane ou canette ? Pourquoi pas, ce n'est pas l'eau qui manque ! Une corde avec laquelle on tirait de l'eau de sa source ? C'est une idée ! Une lentille d'eau ? Voilà une explication qui a le mérite de correspondre à ce que l'on voit de nos jours ? Un endroit où les plantes aquatiques ne manquent pas !
Enfin il y a des noms qui ne laissent pas indifférents et c'est le cas des mots basques "Ithuri", "iturri", "uthurri" signifiant fontaine ou source, "turusta" pour cascade.
Enfin, si quelqu'un connaît la solution, je suis preneur. Merci.
(**) Toponymie du nom "Paychère" : Si le nom "tirounère" garde ses mystères, le nom "paychère" est plus facile à expliquer. D'ailleurs, j'ai trouvé l'explication peu loin de Saint-Paul de Fenouillet car dans un excellent site consacré à Prats-de-Sournia et aux Fenouillèdes. Voici le lien. On peut y lire ceci dans un article consacré aux Toponymes du Fenouillèdes : "Paissièra : ( Paychère, Paychèro ). Ce n’est pas un toponyme à proprement parler mais à Prats ce sont les veines nourricières du territoire. A lui seul le Rèc de la Farda en a compté 13. Ce terme désigne la prise d’eau et en Fenouillèdes avec la rigole d’amenée au champ, jardin ou pré. Considérant l’étendue de ce réseau, elles devaient avoir un nom pour les différencier." Cette thèse est d'ailleurs confirmée dans le remarquable site "Etymologie-Occitane.fr" où on peut lire qu'une Passièra est un « barrage de rivière, digue; chaussée d’un moulin; écluse, réservoir à poissons; .......Pansieire à Valleraugue (Gard) est attesté en 2013 par mon petit-fils Aymerik, originaire du village.» Je vous laisse le soin d'aller sur le lien pour visionner la photo de cette "paychère" de Valleraugue dans le Gard. On y apprend qu'au 12eme siècle, elle était constitué d'échalas de bois lesquels mis les uns contre les autres formaient un barrage.
Ce diaporama est agrémenté de quelques musiques extraites d'une compilation "You Tube" intitulée "Night City Jazz"
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C’est grâce à un ami, qui m’a aimablement fourni un tracé G.P.S enregistrable, que j’ai pu réaliser cette boucle audoise que j’ai personnellement intitulée « le Circuit des Sources de l’Agly et de la Sals ». Le départ s’effectue du joli village de Camps-sur-l'Agly. Si je connais déjà la source de la Sals pour y être allé randonné en juin 2007, la source de l’Agly, elle, fait partie des sites que j’ai envie de découvrir depuis fort longtemps. Il est vrai que ce fleuve a tant de fois jalonné mes très nombreuses sorties, dans des lieux si beaux et si variés, pour ne pas dire disparates, que ne pas en connaître sa résurgence me parait complètement anormal voire absurde. Absurde, car je sais depuis très longtemps déjà qu’un sentier pédestre en permet la découverte. A la seule évocation de ce nom « Agly », il me revient à l’esprit des randonnées pédestres réalisées aux Gorges de Galamus, à Ansignan et à son aqueduc romain, au lac de barrage de Caramany ou encore en VTT sur la voie verte entre Rivesaltes et Le Barcarés. L’an dernier encore, j’ai longuement erré dans son lit asséché lors d’une balade au « Cimetière des Maures » tout près d’Estagel et du château de Jau. A bien y réfléchir, j’ai descendu son lit à de si multiples reprises; et parfois même remonté ; que seule sa source manque au palmarés du roi de la flânerie que je suis devenu au fil du temps. Ça coule de source, il faut que j’y aille ! Après tout, pour le doux rêveur contemplatif invétéré que je suis, suivre un lit, fusse-t-il d’une rivière, n’est-ce pas le lieu le plus propice pour réaliser ses rêves ? En ce 22 mai 2019, sous les meilleurs auspices, me voilà prêt à remonter jusqu’au bout de ce lit et par la même occasion réaliser mon rêve : découvrir enfin la Source de l’Agly. Il est 7h30, quand sous un ciel merveilleusement bleu et lumineux, je gare ma voiture sur le petit parking situé à l’entrée de Camps-sur-Agly. Si le village est désert, il n’est pas silencieux. Moi, le photographe ornithologique amateur, je suis accueilli par un merle noir qui s’égosille comme si la fin du monde allait survenir. Serait-il lui aussi influencé par la mysticité du tout proche Pech de Bugarach ? Il est vrai que le célèbre pech n’est pas très loin et je vais en avoir la preuve très vite. Je remonte la rue principale sous le signe des oiseaux. Outre les merles, il y a bien sûr les sempiternels moineaux, les non moins rares rouges-queues noirs mais j’aperçois également une fauvette mélanocéphale et un grimpereau, passereaux beaucoup plus inhabituels car plus discrets et surtout plus remuants. Voilà déjà 15 minutes que je suis occupé à photographier des oiseaux et bien d’autres sujets et je me dis qu’il serait peut-être temps de me mettre vraiment en route ? Je presse le pas, laisse le petit cimetière sur la gauche, passe devant la Ferme de Camps dont un panonceau indique à bon escient bien d’autres activités que le seul élevage que laissent imaginer un enclos, des étables et quelques meules de foin. Gîtes d’étapes avec tables et chambres d’hôtes, voilà ce que cette ferme blottie dans un décor champêtre et calme est à même d’offrir aux visiteurs et aux randonneurs de passage. « C’est toujours bon à savoir ! » me dis-je ! A la sortie du village, d’autres panonceaux mentionnent les directions de Col du Linas, de La Bastide et de Bugarach. C’est dans l’immédiat la bonne direction et le Pech de Bugarach est très vite là, presque droit devant, comme un monumental et incontournable point de mire. Un coup d’œil à l’intérieur d’une source captée et un large chemin descend au milieu des prés amplement fleuris. Faire un inventaire de toutes les fleurs printanières nécessiterait sans doute un grosse journée, alors je ne photographie que les plus visibles, probablement les plus communes et donc les plus nombreuses : marguerites, orchis, coquelicots, renoncules et sainfoins. Une passerelle de béton se présente enjambant ici un très modeste ruisseau. Je jette un coup d’œil sur mon bout de carte I.G.N. C’est bien l’Agly comme l’indique les lettres « Fl. » signifiant « fleuve », mot auquel, par erreur, on a trop souvent tendance à attribuer une notion de grandeur et d’abondance. Mais avant d’être grand, ne faut-il pas comme toutes choses de ce monde avoir été petit ? Le mot fleuve, ce « fluvius » romain signifiant « flot » est pourtant si juste ici et comme ce petit flot limpide finit par grossir pour se jeter à la mer, l’Agly mérite cette dénomination de « fleuve ». Une photo-souvenir puis j’y trempe ma casquette et repars ainsi le crâne bien frais. Quelques minutes plus tard, j’atteins la route bitumée filant vers La Bastide. J’allume mon G.P.S, car pour me diriger vers la source de l’Agly, je sais déjà qu’il me faut quitter cette route avant le lieu-dit. Bien vu si j’ose dire, car le panonceau indiquant la source est si minuscule, et qui plus est enfoui sous du lierre, que sans tracé G.P.S, je l’aurais probablement loupé. Pour les randonneurs qui viendront derrière moi, j’éclaircis le lierre autour du panonceau. Un sentier entre en forêt et coupe le tout petit ruisseau des Pastressis qui est sans doute le tout premier affluent de l’Agly. De nouvelles fleurs, celles-ci des bois, m’arrêtent. Quelques mètres plus loin, un écureuil roux ; enfin celui-ci est plutôt brun ; détale devant moi et s’élève à la cime d’un arbre. Je réussis malgré tout à le figer sur quelques photos prises en rafales. Peu de temps après, c’est un chevreuil qui détale en aboyant sans que je puisse l’apercevoir. Le bois se termine et laisse la place à un plateau, espèce de maquis de cistes et de bruyères où poussent bien d’autres fleurs plus belles les unes que les autres. Quelques papillons volettent y trouvant un biotope à leur convenance. Le chemin herbeux du maquis débouche puis se poursuit dans une immense prairie entourée de clôtures. Une clôture barre le chemin. La « châtaigne » que je reçois dans le bras gauche à l’instant où je veux la franchir ne laisse planer aucun doute : elle est « terriblement » électrifiée. Grâce à mon tracé G.P.S, je délaisse la clôture, m’en éloigne et trouve un sentier qui descend sur la droite dans un nouveau et sombre sous-bois, d’abord de feuillus puis d’immenses résineux. Le murmure de l’Agly se fait entendre. Finalement le ruisseau est là, en contrebas, sur ma droite. Je le longe à bonne distance me fiant à cette chanson de l’eau pour tenter de trouver sa source. Au bout de quelques minutes, l’étourdi que je suis constate que la musique de l’eau s’est arrêtée. Alors, je descends vers le ruisseau. Quelle n’est pas ma surprise de constater qu’il est complètement asséché ! Je le poursuis, tant bien que mal, en raison des gros blocs rocheux qui en composent son lit et des branchages qui le jonchent. J’ y découvre même un énorme pneu, objet plutôt bizarre ici mais qui n’est pas là par hasard me dis-je. La source n’est certainement pas très loin me dis-je aussi. Les blocs se font à la fois plus volumineux et plus moussus et de ce fait les difficultés augmentent. Il y a bien quelques flaques deci delà mais aucune eau ne s’écoule. Suis-je devant ce phénomène qu’on appelle « perte karstique », terme hydrologique pour désigner l’infiltration soudaine d’un ruisseau dans la roche ou est-ce carrément un assec ? Je me souviens avoir été confronté à ce type d’infiltration à la source du Tech lors d’une randonnée au pic du Costabonne. L’eau de la résurgence du Tech commençait à s’écouler puis disparaissait sous les galets pour réapparaître des dizaines de mètres plus en aval. Je m’interroge quand à poursuivre ce lit asséché ? Un coup d’œil sur mon bout de carte I.G.N me laisse perplexe. J’ai le sentiment que je suis allé trop loin et trop haut et que la source serait un peu plus bas car comment aurais-je pu l’entendre chanter auparavant ? Aurais-je loupé quelque chose ? Je redescends le cours du ruisseau et finalement une première résurgence est là, tout près d’une confluence où le débit d’un autre ruisseau sur ma gauche est beaucoup plus fougueux. Je remonte ce débit et très rapidement j’arrive devant un grand mur rocheux au pied duquel l’eau jaillit vivement d’une petite cavité. Voilà la source de l’Agly ! Enfin celle que j’ai le plus souvent constatée sur des photos vues sur Internet. J’essaie d’entrer dans la petite cavité mais la hauteur de l’eau et sa fraîcheur m’en dissuadent. Il me faudrait une combinaison en néoprène ! L’Agly serait donc composée de deux sources bien distinctes ? A voir ? (*) Quelques photos souvenirs devant la source et je me remets en route en m’élevant sur un sentier très raide mais très court débouchant sur la route D.14, presque à hauteur d’une cabane en pierres sèches. Un coup d’œil sur la configuration des lieux ne me laisse aucun doute : le ruisseau asséché, que j’ai remonté avant de découvrir la petite grotte et sa source, a violemment creusé le calcaire de quelques falaises que j’aperçois au milieu des feuillus. Il y a bien une autre rivière parallèle à la route et quand je regarde mon bout de carte, celle-ci aurait sa source au col du Linas, au pied du pech de Bugarach. Mais où exactement ? Il aurait fallu que je remonte le lit asséché dans sa totalité pour le savoir mais c’est trop tard et puis cela est-il possible ? Ces différents constats m’ont presque fait oublier qu’il y avait un itinéraire à poursuivre et quand je m’y attelle c’est pour me retrouver bien embarrassé. Ici, pas de balisage et pas de sentier bien évident, malgré un tracé G.P.S qui m’indique de poursuivre en m’élevant droit devant dans la forêt de Mascarou. Problème, il n’ y a pas de passage et seulement des petites murailles de calcaires impossibles à escalader. Mon G.P.S ne serait-il pas suffisamment précis ? C’est fort possible compte tenu de son âge ! Je cherche ici sans trouver de vrai passage jusqu’à me décider à descendre la D.14 sur la droite et de quelques mètres où les accès à la forêt me paraissent plus plausibles. Finalement, et mon G.P.S me confirmant ce « point de repère » (waypoint), j’opte pour un espèce de petit fossé qui s’élève rudement dans la forêt. Bingo ! C’est la bonne option ! Ce fossé atterrit sur un bon chemin, lequel un peu plus haut débouche sur une large piste forestière. C’est la piste forestière du Ciela de la Pause comme écrit sur la carte. Je l’emprunte à gauche comme me l’indique mon G.P.S. Dès la première intersection, un autre coup d’œil sur mon bout de carte me rassure pleinement quand à la suite du circuit. Je suis sur le bon tracé ! Les pistes, chemins et sentiers étant nombreux dans ce secteur, seules les intersections nécessiteront un peu d’attention et une éventuelle analyse de la carte I.G.N. Tout devient plus simple à partir d’ici et je peux sans trop d’inquiétude me consacrer à la photographie. Fleurs des bois, papillons, oiseaux, je marche vers le col de la Lucio d’un bon pas ne m’arrêtant que lorsqu’un sujet intéressant se présente. Parmi ces sujets, il y a une étrange roche moussu avec des yeux et une bouche ressemblant à s’y méprendre à un gnome ou à un lutin, tel qu’on en voit dans des films ou des dessins animés. Il y a aussi les visions furtives, mais assez réelles et suffisantes pour une photographie, celle d’un chevreuil tout d’abord puis un peu plus loin, ce sera un jeune sanglier. Ces visions-là sont les plus réjouissantes. C’est pour de telles approches de la Nature que je marche aussi ! Ajoutons-y l’image du plutôt rare Torcol fourmilier que je surprends dans son chant nuptial saccadé et rauque et me voilà pleinement ravi d’être là dans ces forêts qui se succèdent au rythme de quelques panneaux O.N.F. Forêt communale de Camps-sur-Agly, forêt domaniale de l’Eau Salée, route forestière de la Paille ou de la Verrerie, les noms s’affichent, les essences sont souvent les mêmes mais par bonheur les décors varient. Forêts de très beaux feuillus et d’immenses conifères, clairières verdoyantes, fenêtres sur le Massif du Canigou enneigé ou les Pyrénées audoises et ariégeoises, murailles de calcaires où se réchauffent des lézards et où poussent des jolis bouquets fleuris, herbages où les passereaux viennent se rassasier de graminées, voilà les décors dont je ne me lasse pas. Au lieu-dit le Trou de la Relhe (ou Reille), la clairière s’élargit beaucoup plus. Je suis accueilli près d’une métairie au chant entêtant d’un pinson que je parviens à photographier. Il paraît plus enclin à chanter qu’à avoir peur de moi et de ce fait, il ne fait que sauter de branches en branches mais toujours sur le même arbre et toujours en chantant. Cet arbre, c’est son Olympia, son Zénith mais je suis son seul spectateur ! Après l’oiseau, je me mets en quête de chercher ce Trou de la Relhe, lequel si j’en crois mes lectures, serait la plus grande doline du département de l’Aude. La métairie en ruines ne m’apporte aucune aide quand au trou recherché mais un vieux linteau en partie effacé me confirme la proximité du lieu-dit. Avec difficulté, j’y lis : «…. le Trou de la Reille appartenait à Denarnaud le 12 juillet Alexis ». Enfin, c’est ce que je pense y lire ! Ici, la suite de mon itinéraire entrant en forêt, je rebrousse chemin, descend à gauche dans le premier pré ; non loin de l’arbre où le pinson chantait ; et le Trou de la Relhe est là, avec son ouverture barrée par un ruban. Un sentier argileux et donc glissant mais fait d’escaliers en rondins permet d’accéder jusqu’au fond du trou. Rien d’exceptionnel à première vue, or mis une végétation très luxuriante. Mais en prêtant attention, on peut observer que les parois de la doline continuent de s’effondrer et de gros rochers fraîchement tombés tout près du sentier semblent en être les preuves évidentes. On peut remarquer aussi que son importante hygrométrie a permis l’implantation de plantes bien particulières et notamment la Jacinthe des Pyrénées que l’on appelle aussi la Scille lis-jacinthe. Leurs petites fleurs bleues sont plutôt rares ici mais leurs feuilles tapissent la totalité du fond. On y trouve aussi plusieurs variétés de fougères et bien d’autres plantes aimant l’humidité comme les jolis lamiers jaunes. Les arbres, eux, cherchent le soleil et élèvent tout droit leur canopée dans le petit puits de lumière que l’effondrement a créé. Certains, complètement recouverts de barbes de Jupiter ont soufferts de cet excès d’eau et de lumière et sont voués à mourir par manque de feuilles et de photosynthèse. Je quitte le trou en me demandant qu’elle est la toponymie du nom « Relhe » (**). La suite de l’itinéraire vers la Source de la Sals, très bien balisée et mentionnée, ne pose aucune difficulté. Après la traversée d’un petit bois où je réveille un jeune sanglier, le chemin atteint le haut d’un ample vallon herbeux. Je reconnais le lieu pour y être passé en 2007. Je descends un peu puis m’arrête en surplomb de la source pour pique-niquer. L’arrêt-déjeuner est toujours pour moi l’occasion de vaquer à photographier la nature aux alentours. Oiseaux, papillons et fleurs. Ici, comme c’était le cas ce matin à la sortie de Camps-sur-Agly, les prés sont amplement parsemés de fleurs sauvages, la plupart déjà vues mais quelques autres bien nouvelles. Les papillons sont déjà nombreux pour la saison mais les espèces sont relativement limitées. Les oiseaux paraissent absents mais en jouant de mes appeaux quelques uns viennent avec hésitation jusqu’à moi. Je reste presque une heure à courir la prairie, sandwich dans une main et appareil-photo dans l’autre. Il est temps de filer à la Fontaine Salée puisque c’est ainsi que l’on nomme la source de la Sals. Elle est là, toute proche, avec ses appentis illustratifs et son aire de pique-nique. Il n’y avait rien de tout ça en 2007 et notamment les nombreux panneaux explicatifs permettant désormais d’apprécier la source, l’origine de sa salinité 2 fois plus salée que la mer ; l’exploitation du sel, illicite ou pas, c’est à dire l’Histoire commune du lieu et du sel. Après cette découverte et la rencontre bien sympathique avec deux couples de randonneurs de mon âge assis à une table de pique-nique, je file vers les « Fours Verriers », direction le Pas del Capelan. Après quelques panneaux au fil du parcours mentionnant la flore, la faune, la géologie et le climat de l’endroit, là aussi, le balisage est bien présent et très bon, permettant de se diriger sans problème vers les endroits convoités. Si l’accès aux antiques « Fours Verriers » est fermé en cette saison et entouré d’un haut grillage, en empêchant ainsi toute visite et découverte gracieuse, à l’extérieur, de très nombreux panneaux explicatifs permettent d’en connaître toute l’Histoire. Histoires liées aux sites verriers forestiers et Histoire du verre, je passe une demi-heure à lire la quasi totalité des panneaux. A l’instant où je repars, je me retrouve nez à nez avec les deux couples aperçus à la source de la Sals. Nous discutons encore un peu et je leur fais part de mon désappointement à avoir trouver les « Fours Verriers » fermés. Je rebrousse chemin, direction le Pas del Capelan où j’atterris sur une large piste forestière. Ici, un panonceau « col du Linas -30 mn » m’indique la direction à suivre. Guère plus loin, au lieu-dit « Las Clausos », sur la carte I.G.N, je quitte la piste au profit d’un raccourci qui descend presque rectiligne vers le Linas, évitant ainsi les sinuosités de la piste. Après quelques mètres seulement, j’en suis à me demander si j’ai bien fait de prendre cet étroit sentier entouré de hauts buis totalement desséchés. Si depuis mon départ de Camps, j’ai très souvent observé avec étonnement et consternation tous ces buis morts sur pieds, je ne m’étais pas vraiment interrogé quand aux raisons et explications d’un tel phénomène. Sans doute parce que la présence de nombreuses autres essences m’ont empêché d’apercevoir l’ampleur du désastre. Ici, au milieu du chemin, et à cause de petites chenilles vertes et jaunes qui « pendouillent » par milliers, voire par millions, au bout de leurs désagréables filaments, je peux enfin mettre un nom sur cette hécatombe écologique : « la Pyrale du buis » ! Ce papillon si meurtrier venu d’ailleurs est déjà ici et les dégâts sont considérables ! Si j’ai un peu entendu parler de la Pyrale du buis, j’ignorais qu’elle sévissait aussi catastrophiquement dans ces lieux si beaux où j’ai pourtant cheminé si souvent. Fini les grandes haies de buis aux petites feuilles si luisantes qui avaient encadré tant de mes belles sorties dans ce secteur de l’Aude. Je peux mettre un nom sur chacune d’entre-elles où le buis y était forcément l’arbre le plus emblématique (***). Les 9/10eme de cette descente vers le hameau du Linas et son col éponyme se résument à slalomer et à battre l’air devant moi avec mon bâton de marche pour esquiver les chenilles et tous leurs filaments. Malgré ça, je ne parviens pas à toutes les éviter loin s’en faut ! A deux ou trois reprises, j’ai le sentiment que le buis rebourgeonne depuis son pied asséché, mais non, en y regardant de plus près, je constate qu’il s’agit de fragon aux feuilles tout aussi luisantes. Quand je prends et serre une tige de buis asséché avec une main pour l’effeuiller complètement, je me retrouve avec une demi-douzaine de chenilles au creux de ma paume. C’est incroyable la quantité de chenilles qu’il peut y avoir sur une seule branche mais pas toujours visibles au premier coup d’oeil ! Le désagrément de cette « calamité végétale » s’arrête dès lors que j’atteins la piste à une centaine de mètres du Linas. Il faut dire que le hameau, au pied du pech de Bugarach, est essentiellement entouré de prés eux-mêmes encadrés de quelques haies formées par de flamboyants genêts et de blanches aubépines. Si la vue de ces plantes chatoyeusement colorées est agréable, les quelques buis de ces haies sont morts également et ça se voit bien sûr. Juste avant le village, j’attire vers moi deux beaux chevaux qui paissent au loin dans des fougères naissantes. Il y en a un blanc et un bai. Avec la langue et le palais, quelques « tlo, tlo, tlo, » bien puissants suffisent pour les faire venir vers moi. Le blanc d’abord semble moins farouche puis le bai ensuite. S’ils sont là à un mètre de moi, il m’est impossible de les caresser. Je finis par comprendre que la clôture est électrifiée et qu’à juste raison ils s’en méfient comme de la peste. Comme je les comprends depuis la violente « châtaigne » prise ce matin juste avant la source de l’Agly ! C’est donc à bonne distance que je leur distribue quelques bouts de pain puis de grandes gerbes de graminées qu’ils mangent goulûment. A cet instant, les deux couples de randonneurs laissés aux « Fours Verriers » arrivent derrière moi. Bien évidemment, outre les deux beaux chevaux, la conversation porte sur cette « sordide et inévitable » Pyrale du buis. Alors que nous discutons, une des deux dames s’exclame soudain « mais vous êtes recouvert de chenilles ! » et la voilà aussitôt qui s’attelle à me « dépyraliser » à l’aide d’un mouchoir en papier. J’en ai apparemment plein le dos, la casquette et j’en ai même une sur une oreille et une autre sur les lunettes. Après cet « échenillement » en bonne et due forme, le Linas est là. Seules deux bergeronnettes m’arrêtent dans la traversée du hameau. Il est vrai qu’il est assez peu commun d’observer une bergeronnette grise et une bergeronnette printanière presque côte à côte. Avec les deux couples, nous continuons un bout de chemin ensemble mais nos itinéraires se séparent juste avant le col du Linas. Eux ont leur voiture au col et moi, j’ai encore un grand bout de chemin à faire jusqu’à Camps. Tout en descendant vers les Pastressis et la Bastide, j’en suis à me demander où peut-être cette « possible » deuxième source de l’Agly ? La carte I.G.N ne m’apporte pas de réelles réponses. Il y a bien sur la carte une mention « réservoir » non loin du col du Linas, et donc au pied du Bugarach, mais est-ce la source ambitionnée ? Rien ne le dit ! D’ailleurs en regardant bien la carte, plusieurs ruisseaux s’écoulent de toutes parts pour se rejoindre dans ce relief karstique fait de petites falaises longeant la D.14 où je me trouvais ce matin ! J’en suis trop loin désormais et j’abandonne très vite toute idée de la trouver, préférant me consacrer à la photographie florale et ornithologique. Les oiseaux sont plutôt nombreux surtout à l’approche des habitations du lieu-dit les Pastressis. Juste avant la Bastide, c’est un renard que je surprends alors que je l’aperçois sous le ventre d’une vache. Il détale mais je réussis à avoir une photo à peu près correcte. Que faisait-il sous la vache ? La tétait-il ? J’en suis à me le demander mais la jeune vachère que je rencontre peu de temps après semble en douter, tout comme le vacher que je rencontre dans le hameau. Ici les gens sont bien sympathiques et j’ai le sentiment que la vie s’écoule si paisiblement mais si isolément que chaque voyageur, aussi éphémère soit-il, est toujours le bienvenu. Enfin, les gens sont très accueillants ! Si je n’y prends pas garde, les conversations ont tendance à s’éterniser. Pourtant, si je garde à l’esprit qu’il me faut terminer un parcours, je fais en sorte de ne jamais décevoir mes interlocuteurs. Je quitte le hameau de la Bastide et ses agréables habitants en accélérant le pas car mon intention est de visiter Camps-sur-Agly. Le bitume si souvent décrié m’offre cette opportune accélération. C’est chose faite une heure plus tard. Très belle église, longue lecture de l’Histoire de Camps grâce à de ludiques panonceaux, approche dissuasive et donc impossible des ruines du château médiéval, errance dans les charmantes ruelles, vieux lavoir, école communale, mairie, je finis cette longue randonnée les jambes un peu lourdes mais le coeur empli de joies. Seule la Pyrale du buis aura terni cette fin de journée mais j’ose espérer que la science saura apporter des solutions à ce effarant fléau écologique. Cette randonnée a été longue de 18,3 km pour des montées cumulées de 774 m. Le point le plus bas est à 480 m et se trouve sur l’Agly près de la jonction entre la petite route de La Bastide et le P.R descendant de Camp quant au plus haut, il est à 830 m et proche du Trou de la Relhe. N’ayant procédé à aucun enregistrement pendant ma balade, j’ai extrait tous ces chiffres du tracé que m’a aimablement fourni mon ami. Cartes I.G.N 2447 OT Tuchan – Massif des Corbières et 2547 OT Durban-Corbières – Leucate – Plages du Roussillon Top 25.
(*) La Source de l'Agly : En 1820, le cadastre de Saint-Paul de Fenouillet désigne la résurgence de la Tirounère, située au débouché des Gorges de Galamus, comme étant la source de l'Agly (source sur le site https://fenouilledes.fr/lagly/). En 1934, des spéléologues sous-marins, dont le célèbre Robert de Joly, pensent qu'il s'agit bien là de la sortie de son cours souterrain. Depuis il semble que des investigations aient mis fin cette thèse. Si j'en crois les spécialistes en hydrologie, la vraie source de l'Agly serait située au pied du Pech du Bugarach près du col du Linas. Son tout premier lit serait donc celui asséché que j'ai remonté en premier avant de revenir à la petite cavité située sous la départementale 14. Cette information est précisée par le Syndicat Mixte du Bassin versant de l'Agly (SMBVA), information confirmée sur l'encyclopédie Wikipédia où vous pourrez retrouver les principales caractéristiques du fleuve (longueur, principaux affluents, etc....). L'eau sortant de la cavité située sous la D.14 proviendrait alors d'un ruisseau sous-terrain descendant du lieu-dit Mascarou. Il faut savoir que descendant de ce secteur, l'Agly a déjà un affluent connu qui s'appelle le Ruisseau de la Pause.
(**) Toponymie du nom "Relhe" ou "Reille": "relhe", tel qu'écrit ici serait un vieux mot de la langue béarnaise signifiant le soc d'une charrue. Il est utile de préciser que dans cette même langue béarnaise le mot "arelhe" est soit la charrue elle-même soit le sillon que cette dernière a creusé. Faut-il donc voir dans ce nom "Relhe" que l'on écrit ici parfois "Reille", tout type de dépression ou d'affaissement à la surface de la terre et que l'on peut retrouver dans les mots "rail", "rayer", "rayon", etc.....? Notons que le mot "reille" aurait pour étymologie le latin "regula" signifiant "règle".
(***) Mes autres balades dans ce secteur marqué les buis : Comme indiqué dans mon article, la Pyrale du buis a complètement dévasté tous les buis, arbuste pourtant emblématique qui avait jalonné tant de mes balades dans ce secteur du Pech du Bugarach. J'ai été très triste de constater ce désastre écologique me souvenant de toutes ces merveilleuses balades :
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23 janvier 2018. Première vraie randonnée de l’année, avec ce « Cimetière des Maures (*) » à partir d’Estagel. Voilà presque deux mois que je n’ai pas réellement marché. Il est vrai qu’une terrible « gastroentérite » m’a mis « hors service » entre Noël et le Jour de l’An. Depuis je me traîne. Etait-ce une vraie « gastro » ? Etait-ce un empoisonnement à des huîtres pas suffisamment fraîches que j’ai mangées dans un resto ? Je n’ai jamais su. Toujours est-il que je me remets à peine, et encore, avec beaucoup de difficultés. Enfoui au fond de mon lit pendant 10 jours et incapable de me lever, je n’ai jamais trouvé la force suffisante pour me rendre à la Maison Médicale de l’hôpital de Perpignan, seule solution que me préconisait le coordinateur des urgences. Les urgences étaient débordées et mon cas n’était pas considéré comme suffisamment gravissime pour déplacer le SAMU, ce que je peux comprendre. Et comme en cette période de fêtes, je n’ai jamais trouvé le moindre docteur acceptant de venir à mon domicile, y compris celui de SOS Médecins, j’ai été contraint d’attendre que ça passe ? Franchement, je trouve affligeant, que dans un pays qui se prétend « moderne » et « développé », un malade au fond de son lit soit contraint de se déplacer s’il veut bénéficier de soins et au minimum d’un diagnostic ! J’ai déjà eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises dans Mon Journal Mensuel, en France, la médecine devient de plus en plus « malade » et le Serment d’Hippocrate se métamorphose de plus en plus souvent en un serment des hypocrites ! Médecine d’urgence très souvent débordée, médecins absents les week-end, déserts médicaux en période de fêtes, sites Internet essentiellement là pour faire du fric, spécialistes quasi inaccessibles avec des rendez-vous « à perte de vue », budgets des hôpitaux publics toujours revus à la baisse alors que les besoins ne cessent d’augmenter et enfin, des gouvernants incapables de réformer un secteur devenu presque essentiellement lobbyiste, il serait bien trop long de faire la liste de tout ce qui ne fonctionne pas et puis ce n’est pas vraiment le sujet de ce récit. En tous cas, ne voyez aucune corrélation entre ce rétablissement difficile et le désir d’aller randonner dans un cimetière. Non, le « Cimetière des Maures » est une petite colline près d’Estagel. Allez là-bas correspondait à ce que je voulais faire, c'est-à-dire ne pas trop m’éloigner de mon domicile, faire une balade pas trop longue et au dénivelé modeste mais qu’elle est néanmoins des aspects ludiques et surtout qu’elle soit inédite pour moi. Après quelques analyses et lectures à son propos, j’ai eu le sentiment que cette colline était à même de remplir tous ces critères. Cette modeste « serre » domine la confluence du fleuve Agly avec le Verdouble, rivière si chère à Nougaro au point qu’il en avait fait une très jolie chanson sous le titre « Une rivière des Corbières ». Voilà déjà pas mal de temps que ce « Cimetière des Maures » m’intéresse et m’intrigue. Il m’intrigue, car si un cimetière wisigoth a bien été découvert à Estagel, il n’y a pas de cimetière à cet endroit-là et personne n’a jamais été capable de fournir le début d’un éclaircissement quant à son nom. Son nom de « cimetière » tout d’abord soulève de nombreuses interrogations et presque bien plus que le fait qu’on y rajoute qu’il soit « Maures ». Concernant cette peuplade envahissante, et le plus souvent décrite par les historiens comme violente et mortifère, j’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer en détail lors d’une randonnée au Pic des Mauroux (Pic dels Moros). Enfin, le lieu lui-même ainsi que la Serre de la Girouneille qui est sa continuation collinaire recèlent un nombre incroyable de murets et d’amoncellements de pierres sèches sur lesquels les historiens ne sont jamais trop d’accord quand à leurs origines et à leurs fonctions exactes. Enfin, le grand spécialiste de l’archéologie roussillonnaise Jean Abélanet s’est également intéressé à ce lieu mais sans jamais émettre la moindre des certitudes, reliant sa toponymie à certaines légendes et notamment à celles de Roland de Roncevaux, grand pourfendeur des Maures (Lieux et légendes du Roussillon et des Pyrénées Catalanes). Plus globalement, toutes les personnes qui se sont penchées sur ce « Cimetière des Maures » n’ont toujours émis que des suppositions. J’ai bien tenté de lire un maximum de choses à son propos mais force est d’avouer que le mot « maximum » n’est pas le plus adapté. Les textes concernant ce « Cimetière des Maures » sont rares et le plus souvent on ne trouve que quelques mentions récurrentes liées aux écrits de Jean Abélanet. Enfin, le fait qu’il y ait plusieurs « Cimetière des Maures » en Catalogne française et en Espagne ne fait que compliquer les choses car il y en a comme supposés vrais et d’autres comme celui-ci qui ne sont qu’improbables ou légendaires. De plus, les sépultures mauresques restent un mystère et les recherches à leur propos ne font que compliquer les choses. Alors comme j’ai envie de découvrir ce coin par moi-même mais que cette balade n’est pas inventoriée, le 18 janvier, je pars déjà en repérage. 2 raisons principales à ce repérage. La première raison est qu’il faut traverser un gué sur le Verdouble et je ne sais pas s’il est franchissable en permanence ou seulement lorsque la rivière est asséchée ? La deuxième raison est que les vues aériennes sur Géoportail laissent entrevoir un étroit sentier longeant la crête de la colline mais j’ignore comment y accéder et quelle est la manière la plus simple pour ce faire ? A Estagel, je démarre de l’avenue de la Coopérative. En passant devant la coop en voiture, j’ai le sentiment que ce nom n’a plus trop de raison d’être car l’ancienne cave vinicole semble en cours de démantèlement. Je l’ai bien connue au temps où je bossais dans une société de services en informatique car nous établissions des décomptes pour les coopérateurs et la voir désormais ainsi m’attriste. Je ne peux m’empêcher de penser que beaucoup trop de choses se perdent y compris quand elles faisaient partie d’un fleuron économique local. Sur ma droite, l’Agly est complètement asséchée, et, vision étrange, je ne distingue aucune trace d’eau et seulement un lit de terre et de galets. Je me dis que le barrage de Caramany qui règle son débit en est probablement la cause. Je poursuis le bitume en direction de la confluence. Je passe sous la ligne de chemin de fer et grâce à un talus que je peux escalader, je pars jeter un coup d’œil au pont métallique qui enjambe la rivière. C’est la ligne Rivesaltes – Gare de St Martin-Lys du fameux petit train rouge du Pays Cathare et du Fenouillèdes que j’ai découvert avec bonheur il y a quelques années. Depuis, nous l’avons fait découvrir à nos petits-enfants en période de Noël où chaque année des festivités ludiques sont programmées pour les plus petits. Un peu plus loin, la route amorce un virage et la jonction des deux rivières est là. Enfin « jonction des deux rivières » est en la circonstance une expression peu judicieuse car ici tout n’est que minéralité et végétation. Sous le pont matérialisant la confluence, il n’y a pas la moindre goutte d’eau et quand je pense que plus des 3/4 de la France subissent des pluies diluviennes depuis décembre avec des crues très angoissantes et des inondations très ennuyeuses dans de très nombreux endroits, je ne peux m’empêcher de penser que l’eau est une richesse précieuse mais injustement répartie, dans le temps et l’espace. Un peu comme l’argent, il y en a parfois trop pour certains et trop peu pour d’autres. Ici s’arrête la comparaison car force est de reconnaître que si l’eau ne coule pas à flot, le vin continue à être emblématique du secteur avec le château de Jau tout proche. Très bel ensemble que ce Domaine de Jau, avec des bâtiments aux couleurs chatoyantes et au sein d'une belle pinède ou le vin et l’art sont mis à l’honneur, surtout en été. Je délaisse le pont car le passage à gué que je dois traverser sur le Verdouble est un peu plus en amont de cette rivière. Très asséché lui aussi, je n’ai aucun mal à le traverser. Je continue sur l’autre rive le chemin qui se poursuit puis se termine près d’un petit casot. Tout au long du chemin, j’y note parallèlement les vestiges effondrés d’un ancien canal en pierres sèches. A côté du casot, une mention indique « Stop danger » et j’imagine que cet avertissement est uniquement là quand le débit de la rivière est normal. Aujourd’hui ce n’est pas le cas et cet étiage maximum me paraît même très inquiétant. J’ai donc le choix entre poursuivre mon chemin dans un vignoble aux dimensions limitées ou bien dans la rivière asséchée. Je choisis la rivière car elle me paraît plus insolite et en plus, des oiseaux semblent y être présents. J’ai bon espoir de parvenir à en photographier mais j’espère aussi trouver un sentier rejoignant la crête tant escomptée. Je descends ainsi deux ou trois méandres mais sans trouver le sentier espéré. Il y a bien de longs éboulis qui se dressent vers le sommet mais ils ne débouchent que sur une végétation dense et bien trop agressive. Je suis contraint de redescendre et la colline continue de me dominer cent mètres plus haut. Outre que je ne trouve pas l’accès escompté, je ne suis pas seul dans le Verdouble asséché. J’y rencontre deux chasseurs et leurs chiens, puis peu après, c’est au tour de deux motos trial de faire le « show ». Un show si pétaradant et donc si bruyant que je trouve préférable de faire demi-tour car la rivière est très loin d’avoir la tranquillité convoitée. Pour les oiseaux, c’est définitivement râpé ! Je retrouve la terminaison du chemin qui m’a emmené jusqu’ici et le petit casot. Je découvre aussi une ancienne carrière à ciel ouvert, amplement envahie par la garrigue mais dont l’exploitation passée ne fait aucun doute. Des marques de barres à mines y sont encore bien visibles dans certains rochers. Je suppose qu’il s’agit d’une ancienne carrière de marbre car j’ai lu pas mal de choses à ce propos et pour ce secteur en particulier que les anciens appelaient le « Pas de Roland ». Près du petit casot, un couple profite de la rivière asséchée pour promener leur chien et le faire courir en lui lançant un bâton. Assis sur un moellon, j’observe cette divertissante scène tout en réfléchissant à la suite de ma présence ici. A force de tourner la tête dans tous les sens, je m’aperçois qu’en regardant vers la colline, il y aurait peut-être l’opportunité d’un passage vers la crête, sauf que les innombrables édifices en pierres sèches semblent autant d’obstacles à franchir. Je me lance dans ce steeple-chase pédestre. Ici, les pierres, il n’y a que ça, et une végétation de maquis suffisamment clairsemée permettant d’avancer. Pierriers, éboulis, amoncellements plus ou moins anarchiques et imposants, anciennes terrasses, murettes plus ou moins hautes et massives, j’arrive assez aisément à m’élever vers la crête dans cette première partie. Le Verdouble s’éloigne derrière moi et le couple qui promenait leur chien dans son lit ressemble désormais à deux fourmis perdues dans un désert minéral. Devant moi, les amoncellements sont parfois si désordonnés et si invraisemblables dans leur utilité que j’en suis à me demander s’il s’agit des résultats d’épierrements colossaux ou bien d’anciennes sépultures titanesques. Après tout, les pyramides ne sont-elles pas des tombeaux en pierre largement à la démesure des petits êtres humains qu’elles ont accueillis en leur sein ? Ici, et toute proportion gardée, ne peut-on pas imaginer que quelques corps « maures » soient enfouis sous les pierres, depuis 8 siècles et pour l’éternité ? Je ne serais pas le seul à le penser puisque l’écrivain et poète catalan Georges-Dominique Bo i Montégut a écrit à propos de ce « Cimetière des Maures » qu’il s’agissent peut-être d’une « Nécropole inconnue des préhistoriens ». Allez savoir ? Un peu plus haut, la végétation se densifie et il me faut zigzaguer pour continuer à m’élever. Finalement, j’atteins le petit sentier recherché après 45 minutes de marche mais j’avoue avoir beaucoup flâné à la recherche d’une faune rare mais néanmoins présente. Quelques rares fauvettes, très difficiles à photographier, des criquets et quelques papillons résistant à l’hiver m’ont fait lambiner. Les vues s’entrouvrent de tous côtés. Vues lointaines vers le Canigou ou les Corbières ou plus proches et plus plongeantes vers les lits de l’Agly et du Verdouble. Dans cette dernière rivière, l’eau est présente au loin, sous forme de grandes flaques miroitantes dans un lieu où la rivière se rétrécit, serrée qu’elle est par deux hautes falaises. Est-ce là la fameuse cluse « Pas de Roland » qu’évoque Jean Abelanet dans un de son livre « Lieux et légendes du Roussillon et des Pyrénées Catalanes » ? Le sentier, lui, est étroit mais bien marqué car sans doute régulièrement défriché et emprunté par les chasseurs. Bien marqué ne signifie pas qu’il est balisé et facile mais bien visible car bien débroussaillé. La prudence est néanmoins de tous les instants car ici le calcaire est roi. Désormais, je poursuis ma balade en direction de la Serre de Girouneille. Le sentier continue de s’élever et domine une grande sinuosité du Verdouble en l’épousant. Plus j’avance et plus j’acquiers la certitude que la balade en boucle que j’envisage est parfaitement réalisable. A l’endroit même où les murets en pierres sèches sont les plus nombreux, j’estime que mon repérage est terminé. Le sentier de toute évidence se poursuit tel que visible sur Géoportail. Je me décide à redescendre en traversant les parcelles encadrées de hauts murets. Très étrangement, ces parcelles sont le plus souvent closes sur trois côtés seulement. D’autres sont clairement aménagées en anciennes terrasses. Ce constat, je le vérifierais plus tard en observant une vue aérienne plus précisément. Par contre, de manière étonnante, aucun orri n’est visible dans ce secteur alors qu’il y en a tant, non loin d’ici, du côté de la Tourèze. Ma descente est très compliquée car ici aucun sentier n’est vraiment présent. Il me faut constamment éviter les broussailles. Le plus souvent, j’utilise les larges murets comme l’itinéraire le plus praticable. Praticables certes car dépourvus de toute végétation mais des plus instables et finalement plutôt courts. Au travers de ces tumulus géants et de cette garrigue agressive, il va me falloir plus d’une heure pour rejoindre la route du Mas de Jau. Il est vrai qu’un très gros sanglier que j’ai dérangé dans son sommeil est venu agrémenter ce parcours du combattant. Je sors de ce maquis très légèrement égratigné aux deux bras mais grandement sanguinolent à cause des fluidifiants sanguins que j’absorbe chaque matin. A l’instant même où je dépose mon petit sac à dos avec l’intention de m’éponger, quelle n’est pas ma surprise de constater que la poche principale est complètement vide. La fermeture-éclair s’est ouverte et j’ai tout perdu sans m’en rendre compte ! Gourde d’eau, polaire, reste de sandwichs-triangles, deux bananes et une demi tablette de chocolat au lait et aux noisettes. Je peste mais je ne me vois pas refaire en sens inverse le dédale emprunté car je serais bien incapable d’en retrouver le tracé exact. Par bonheur, mon G.P.S est encore dans ma poche et mon portefeuille et les clés de ma voiture dans une poche annexe du sac dont la fermeture-éclair, elle, est restée bien fermée. Ce n’est qu’en arrivant à la voiture que je constate que j’ai également perdu mes lunettes de vue, ayant sur le nez celles de soleil. Je me dis que je vais être contraint de revenir bien plus vite que je ne l’avais envisagé et j’ose espérer que le contenu de mon sac sera sur le sentier. 5 jours plus tard, le 23 janvier, me revoilà à pied d’œuvre. Il est 10h et il fait beau. Les deux rivières paraissent toujours aussi asséchées et seule une vision aérienne depuis la crête me laisse entrevoir un mince filet d’eau qui s’écoule dans le Verdouble venant de Tautavel. L’Agly, elle, est inchangée et toujours aussi sèche. Enfin, c’est ce que je crois en la regardant depuis le pont de la confluence. Entre mes deux venues, j’ai réussi à apprendre que ce secteur est propice aux disparitions d’eaux et ce, à cause des avens calcaires dont les deux rivières sont littéralement truffées sous leurs lits. L’eau s’écoule puis disparaît comme par enchantement pour réapparaître plus en aval, vers Cases-de-Pène. Chemin sur la rive gauche, passage à gué, chemin sur la rive droite, casot, éboulis, terrasses et murets, j’emprunte sensiblement le même chemin que lors du repérage, toujours en diagonale direction nord-est et avec comme but, le petit sentier sommital. Pour mon plus grand bonheur, je retrouve le sentier assez aisément et un peu plus haut, non loin du point culminant de cette colline, à 203 m d’altitude, l’essentiel du contenu de mon sac à dos. Etui à lunettes, gourde et polaire sont là, bien groupés au centre du chemin comme si personne n’avait jamais touché à rien, pourtant, manquent à l’appel tous les produits comestibles, à savoir reste de sandwichs, tablette de chocolat et les deux bananes. Le plus curieux, c’est que je ne trouve aucune trace des emballages, ni à proximité, ni dans un rayon d’une vingtaine de mètres aux alentours. Je me dis que des sangliers sont passés par là et qu’ils ont tout emporté. J’espère qu’ils n’ont pas mangé les emballages ? L’itinéraire se poursuit, parfois plus difficilement, car les traces d’animaux se confondent parfois avec le sentier principal. L’infranchissable végétation est souvent le meilleur moyen de comprendre que je fais fausse route. Je rebrousse chemin en m’aidant de mon tracé G.P.S. Je suis plutôt satisfait de l’avoir enregistré car même s’il n’est pas d’une précision millimétrée, il me permet de garder une certaine proximité avec le sentier principal. Marqué parfois de quelques cairns, il s’éloigne peu à peu des gorges profondes du Verdouble. Au loin, la Tour del Far est un point de mire très joli mais bien inutile. Le sentier s’agrandit quelque peu puis descend dans une pinède. Sur la gauche, j’aperçois une cabane en pierres sèches et d’autres amoncellements pierreux et tente de m’y rendre mais en vain. La végétation est très dense et donc infranchissable car trop cuisante. Outre cette difficulté, il règne une odeur pestilentielle au milieu de ces bruyères arborescentes et si je ne vois rien, je suppose qu’il s’agit d’un animal mort et dans un état de décomposition certain. Cette végétation impraticable plus l’odeur de putréfaction qui règne ici sont des freins évidents pour ne pas aller plus loin. Je reviens sur le sentier. Peu après, ce dernier laisse la place à une piste plus large qui s’élève et se termine sur la route D.59 reliant Cases-de-Pène à Tautavel. Je n’ai guère d’autres choix que d’emprunter le bitume. La route passe devant une citerne verte DFCI et l’entrée des carrières de marbre blanc et de calcaire. Ici, de grands panneaux célèbrent les vins de Tautavel et du château de Jau. Jau, voilà ma destination puis la boucle envisagée se refermera. Dans l’immédiat, j’en suis encore loin mais il est vrai qu’il est encore très tôt. Si j’ai bien flâné, je suis plutôt satisfait du temps que j’ai mis pour arriver ici. Je me dis que j’ai encore toute l’après-midi devant moi pour continuer à vadrouiller. Après tout, cette randonnée de reprise ne doit pas devenir une marche forcée. Je m’arrête pour déjeuner à l’ombre de grands chênes verts mais bien en face d’un Canigou enneigé resplendissant sous le soleil. Dans un ciel azur, seuls de gros et magnifiques nuages lenticulaires blancs jouent de temps à autres les trublions météo. Quand ils font obstacle aux chauds rayons du soleil, la fraîcheur resurgit et me rappelle que nous sommes en hiver. Ces ovnis cotonneux semblent en suspension mais par bonheur ils ne sont pas complètement immobiles. Je repars sous un bon soleil et même si nous sommes en janvier, je sens la chaleur monter de l’asphalte ou de cette terre aride où pousse la garrigue. La route amorce une descente et à hauteur d’un autre panneau vantant les mérites du miel de la « garigue » tautavelloise, je quitte le bitume au profit d’un chemin qui descend dans la garrigue. Moi, qui est toujours cru que le mot « garrigue » s’écrivait avec deux « R », je n’en note qu’un seul sur la pancarte. Après vérification, il ne s’agit pas d’une erreur mais bien de la forme préconisée par l’Académie Française. Morale de l’histoire ? : La randonnée pédestre peut être parfois une source éducative et culturelle. Le chemin descend, remonte puis zigzague. De nombreux rassemblements d’oiseaux que je voudrais bien photographier m’entraînent à le quitter. C’est ainsi que je me retrouve très loin de l’itinéraire imaginé et toujours dans un maquis de plus en plus rabougri même si autour de moi, quelques pinèdes verdoyantes sont bien présentes. Après le lieu-dit « Pilou de les Faves », je découvre un cortal perdu au milieu des vignes. A la fois demeure, étable et casot, d’ici une vue splendide s’entrouvre sur la Plaine du Roussillon. En regardant la carte I.G.N, je me dis qu’il est temps de revenir sur le chemin principal et ce d’autant que les oiseaux ne sont pas toujours faciles à figer dans mon numérique. La plupart se posent à terre ou dans les vignes et les approcher est une tâche des plus compliquées. Quand ils s’envolent, ils partent parfois se reposer si loin que les suivre ne serait pas raisonnable. Je réussis néanmoins à ajouter quelques volatiles à mon tableau de chasse numérique. Si mon sens de l’orientation est plutôt bon, mon tracé G.P.S reste un précieux allié dans ce retour obligé. Je choisis de revenir par la route D.59 car c’est l’itinéraire qui me paraît le plus simple, même si ce n’est pas, loin s’en faut, le plus court. Par des pistes et la route, il me faut néanmoins plus d’une heure pour retrouver l’itinéraire initialement perdu. La suite en direction du Domaine de Jau est beaucoup plus simple car un large chemin y descend très directement. Bien évidemment, l’arrivée est marquée du sceau de la viticulture, car une fois passé les pinèdes, les vignes règnent en maître sur les deux rives de l’Agly. Il faut prêter attention pour remarquer les vestiges d’un canal ancestral qui permettait d’irriguer le secteur. La carte I.G.N le mentionne encore et on peut constater que la captation s’effectuait dans le Verdouble pour se terminer dans l’Agly non loin de la cave actuelle de Jau. La présence de ce canal s’explique-t-elle par la disparition souterraine des eaux au niveau de la confluence ? C’est possible ! Comme sur le plateau de garrigues et les « coumes » où j’ai erré plus haut, les vignes sont favorables à de grands rassemblements d’oiseaux. Chardonnerets, bruants, pinsons, serins, traquets et verdiers s’élèvent dans les airs dès lors que je tente de les approcher. Tous se réfugient dans les grands arbres, pins, cyprès et feuillus dégarnis qui encadrent les vignes ou la rivière. De ce fait, et en me cachant un peu, il est désormais plus simple de les photographier. C’est là qu’ils deviennent reconnaissables. Après quelques photos du magnifique château de Jau, les oiseaux me font choisir de retourner vers ma voiture en marchant dans l’Agly asséchée plutôt que sur la route asphaltée. Régulée par le barrage de Caramany, je me dis que le risque est vraiment mineur qu’il y est un lâcher d’eau à l’instant même où j’emprunte son lit. Si ce raisonnement s’avère bon, l’idée en elle-même est une erreur. En effet, remonter la rivière est beaucoup moins commode que de marcher sur un bitume bien plat et donc bien plus praticable. En effet, dans cette rivière sont présentes toutes les configurations et formes de terrains. Cela va du limon très fin au sable plus grossier en passant par des graviers ou des galets de toutes sortes et de toutes dimensions, sans compter les défilés, les dalles et autres tables rocheuses, ces dernières étant encore très souvent occupées par des cuvettes d’eau stagnantes de toutes tailles. Si les rives sont favorables à une avifaune présente, ce n’est pas la panacée car les oiseaux ont tendance à les quitter dès lors que ma présence les dérange et les déloge. Or, marcher au milieu de la rivière asséchée me rend extrêmement visible. Je réussis malgré tout à photographier une bergeronnette, un rouge-queue noir peu craintif et un étourneau très occupé à un bain de siège. Quant aux cuvettes, je n’y décèle aucune vie. Pas le moindre têtard et pas le moindre petit poisson. Je n’y découvre qu’une écrevisse, que sur l’instant je crois bien vivante. Mais non, l’absence de toute eau vive a eu raison de sa résistance et de sa solide carapace. Est-ce la « détestable » écrevisse de Louisiane ? Sa carapace encore bien rouge le laisse supposer. Outre ce crustacé mort, je découvre avec horreur la carcasse d’un sanglier presque à moitié dévorée et dans un état de décomposition bien avancé. Ce « Cimetière des Maures » devient pour moi le « Cimetière des animaux morts ». Pourquoi ? Est-ce des sangliers blessés par des chasseurs et qui ont survécu un certain temps ou bien sont-ils les victimes d’actes de braconnage ? En tous cas, celui-ci, n’est pas suffisamment corpulent pour être mort de vieillesse. Finalement, je réussis sans encombres à remonter cette partie de l’Agly après trois quart d'heures de marche. Le pont de la confluence des deux rivières est là devant moi. Il me suffit de remonter le talus pour retrouver ma voiture, que cette fois j’ai laissé ici à proximité. Cette balade au « Cimetière des Maures » se termine sans m’avoir apporté ce petit supplément d’informations que, sans trop d’illusions, j’avais espéré au départ. Sous un ciel encore bleu, j’observe une dernière fois cette colline. Elle va garder tous ses mystères. Mystères quand à son nom. Pourquoi « cimetière » et pourquoi « des Maures » ? Mystères quand à tous ces amoncellements en pierres sèches et à tous ces édifices, mystères de la disparition des eaux des deux rivières qui les ont tout de même façonnées et creusées. Cette balade (tracé en rouge), errements absolument intentionnels non compris et déconseillés, est longue d’environ 10 km à 11 km. Les montées cumulées sont de 360 m environ, quand au dénivelé il est de 150 m entre le point le plus bas à 59 m au Mas de Jau et le plus haut à 209 m sur la route D.59 à hauteur de l’entrée des carrières. Carte I.G.N 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.
(*) Le Cimetière des Maures près d’Estagel : Parler précisément et concrètement du « Cimetière des Maures » situé près d’Estagel et tenter de résoudre ses mystères n’est pas une mince affaire car les textes sont rares. Ils ne se résument qu’à quelques citations pleines d’équivoques. A son propos, on peut néanmoins citer quelques mentions écrites, parler de sa toponymie et enfin évoquer ces amoncellements en pierres sèches qui emplissent son décor. On peut bien évidemment faire des suppositions et je m’y suis essayé.
A) Mentions écrites : Dans son livre « Légendes populaires des villages du Roussillon », et son chapitre « Dire » l’écrivain et poète catalan Georges-Dominique BO i MONTEGUT écrit ceci « A vrai dire, que dire Cher Lecteur que vous ne sachiez déjà sur l’immensité d’événements dont notre Roussillon fut le théâtre, depuis que le destin l’a placé au carrefour de deux mondes sur l’éternel chemin des invasions. Sur son sol se sont affrontés divers antagonistes, souvent de races différentes et de civilisations contraires. Cependant, nous ne saurons sans doute jamais ce qui s’est passé ici, dans ce réduit que les Primitifs considéraient comme inexpugnable, dans ce sillon creusé par la nature entre deux montagnes Pyrénées, et par elles protégé, depuis l’apparition de l’homme de Tautavel, il y a des millions d’années et dont une récente découverte fossile peut confirmer l’antique existence.Par contre, au lieu-dit « le Cimetière des Maures », non loin d’Estagel, existe une véritable nécropole paraissant ne pas être connue des préhistoriens. En y pensant, on croit rêver ce qu’était la vie de nos Pères dans une nature débordante d’hostilité. Par ces légendes populaires, le Roussillon en entier vous livrera son passé ainsi que son âme. De ce passé lointain, il ne reste que peu de traces, mais quelles traces ! Malgré l’incertitude de l’heure et les craintes pour l’avenir, il est important de reporter nos regards en arrière, afin d’y puiser du courage pour affronter l’avenir ». Un peu plus loin dans son livre, il évoque un autre « Cimetière des Maures », celui situé au col des Arques au dessus du Prieuré de Serrabonne, entre les villages de Boule d’Amont et de Glorianes et il écrit ceci : « qui pourra identifier les squelettes des géants (légende des Maures) qui dorment à une demi-heure de marche de ce couvent au lieu-dit : le « Cimetière des Maures » ? Puis évoquant les mines de mispickel aurifère du secteur et les nombreux ouvriers ayant participé à cette longue prospection, il rajoute : « le cimetière des Maures, non loin de là, pourrait être une indication sur l’importance du personnel qu’elles (les mines) occupaient. Mais pour certains, il s’agirait des restes de Roland et de ses Preux que Charlemagne aurait laissé reposer dans les terres des Marches qu’il avait délivrée des Sarrazins ». Ici, l’écrivain catalan rejoint un autre catalan, l’archéologue Jean Abelanet qui dans son livre « Lieux et légendes du Roussillon et des Pyrénées Catalanes » écrit ceci page 71: « …d’autres lieux-dits rappellent le souvenir de Roland et de ses adversaires. A la limite sud-ouest du territoire de Talteüll (Tautavel), près d’Estagell, le Verdouble dessine un grand méandre avant de venir en confluence avec l’Agli par une gorge étroite. Cette cluse creusée dans les calcaires porterait le nom de Porta de Rottlan (Roland) (Bulletin de Société Agricole Scientifique et Littéraire des P.O, 49, 1908, p 168 et 176). Un habitant d’Estagell m’a assuré qu’il existait à cet endroit une empreinte du pied de Roland (marmite d’érosion ?). Or, un autre auteur (M.Fauvelle, dans une « Notice sur les marbres d’Estagel », Bulletin Philomatique de Perpignan, n°1, 1834) donne à ce lieu de nom de Pota d’en Rolland. Il semble bien qu’il y ait eu confusion entre le toponyme Pota de Rottlan (empreinte du pied de Roland) et celui de Porta de Rottlan, qui paraît étranger à la toponymie catalane. En tous cas, le caractère légendaire des lieux est renforcé par un autre lieu-dit, qui nous renvoie aux exploits de Roland : le chaînon calcaire que contourne ce méandre du Verdouble porte, sur le cadastre, le nom de Cementeri dels Moros. De telles appellations font soupçonner l’existence de vieilles légendes, mais personne, tant à Talteüll qu'à Estagell ne semble en avoir conservé le souvenir ». Plus loin page 76 « J’ai cité plus haut, dans une boucle du Verdouble, un autre Cementiri dels Moros (cf, carte I.G.N) qui fait la limite entre les deux communes de Talteüll et d’Estagell : il semble bien en rapport avec l’histoire fabuleuse de Roland et de ses adversaires et il ne serait pas impossible qu’il y ait eu en ces lieux quelque vestige préhistorique (tombes ou nécropole) qui aurait donné support à cette légende ». Enfin notons que Louis Companyo, le célèbre naturaliste, dans son « Histoire naturelle du département des Pyrénées-Orientales » évoque la Vallée de l’Agly et écrit ceci : « C’est sur le territoire de Tautavel qu’on a découvert des carrières de marbre très estimées, parmi lesquelles nous signalerons le marbre jaune, imitant le jaune de Sienne, métairie Alzine, le bariolé austracite, nankin foncé, à idem, brèche Montoriol, près Tautavel, brèche Héricart, jaune et blanc, idem, brèche de Tautavel ou petit antique, idem, brèche mauresque, au cimetière des Maures, idem. M.Philippot, marbrier très habile, exploite ces carrières ». Voilà en résumé les textes que j’ai pu recenser de ce lieu. Notons au passage que dans le seul livre de Jean Abelanet cité plus haut, il y a deux orthographes différentes : « Cementeri » page 71 et « Cementiri » page 76. Apparemment, il ne s’agit pas d’une erreur topographique mais bien de deux variantes orthographiques, l’une occitane, l’autre catalane.
B) Toponymie : Bien des choses ont été écrites sur les toponymies arabes, et d’ailleurs, on trouve sur Internet, un remarquable résumé de tout ce que l’on doit savoir à ce propos dans le livre « Roches ornées, roches dressées », ouvrage collectif, sous la direction Michel Martzluff, en hommage à l’archéologue Jean Abelanet. Un chapitre signé Aymat Catafau intitulé « Toponymies « arabes » des Pyrénées catalanes : histoire ou légende ? » fait un inventaire exhaustif et illustratif de tous les toponymes rencontrées dans les Pyrénées catalanes. En voici le lien : https://books.openedition.org/pupvd/4272#resume. Que faut-il retenir de ce texte par rapport au cas particulier qui nous intéresse, à savoir ce « Cimetière des Maures » à Estagel ? Tout d’abord que s’agissant d’un hommage à Jean Abelanet, ce sont d’abord ses écrits qui sont mis en exergue et servent de base de travail. Notons néanmoins que dans la plupart des lieux cités, trois à quatre critères reviennent presque sans cesse : a) des observations archéologiques très proches y ont très souvent été recensées (dolmens, menhirs, roches gravées ou ornées, etc…). b) Les toponymes « arabes » seraient presque toujours expliqués par une légende locale, ici c’est celle de Roland. c) la mention « maures » fait toujours référence à des souvenirs douloureux et à ce propos, voici ce qu’a écrit Jean Abelanet « Quoi qu’il en soit, nous constatons que la toponymie catalane a été fortement marquée par les événements malheureux du VIIIe siècle. [...] la mémoire collective gardera un souvenir tellement terrible de ces années sombres que le nom des Maures restera associé à tout lieu, tour, fortification, grotte, tombeau, d’origine inexpliquée ou inquiétante. ». Il n’est pas le seul chercheur, loin s’en faut, à émettre cet avis. d) Enfin, il a été très souvent observé que les toponymes en question étaient des lieux de passage, des lieux élevés, voire carrément perchés, où la vue portait loin, où l’embuscade restait possible. Ici, à Estagel, si les trois derniers critères s’avèrent justes et présents, aucun vestige archéologique pouvant accréditer la toponymie en question n’a été formellement identifié dans ce secteur. Ce qui fait dire à Jean Abelanet, qu’il y en aurait peut-être le long du Verdouble, mais dans l’immédiat, aucune trouvaille archéologique n’est venue soutenir cette appréciation. Comme l’admet Aymat Catafau, ces quelques éléments pour expliquer une toponymie sont de nature à rendre l’historien plutôt sceptique. Les historiens ont donc cherché et se sont aperçus que la plupart de ces noms de lieux étaient plutôt récents et que dans de très rares cas seulement, ils étaient de « l’époque héroïque contre les Maures », c'est-à-dire d’une période allant du VIIe au IXe siècle, période plus souvent intitulée de présence sarrasine. Alors ne faut-il pas chercher ailleurs les explications à ce nom ? Comme je l’ai noté plus avant, cette colline a été exploitée pour ses mines de marbre mauresque (Louis Companyo), idem pour celle de Glorianes, où là-bas c’était l’or qui était recherché, or en catalan un cimetière s’écrit « cementiri », en espagnol, « cementirio », en occitan « cementèri» et en latin « coemeterium ». Un lieu où l’on concasse des pierres est une « cimentière » ou une « cimenterie », ayant pour origine le latin « caementum » dont la définition en français est « pierre à bâtir », « moellon » ou « pierre concassée ». Alors bien sûr, une « cimentière » ou une « cimenterie » était la plupart du temps, un lieu où l’on concassait des pierres pour en faire du ciment. Le ciment tel qu’on l’entendait autrefois et qui n’est pas celui que l’on trouve en sac de nos jours. Ici, au « Cimetière des Maures », les pierres à concasser ou à bâtir, ce n’est pas ce qu’il manque ! Il n’ y a d’ailleurs que ça : des pierres ! Pierres sous forme de minerais que l’on exploite depuis très longtemps (depuis quand exactement ?), pierres amoncelées anarchiquement et pierres élevées en édifices divers et variés. Comme on le voit, les mots sont proches les uns des autres, tant dans la manière de les écrire que dans leur phonétique, alors les scribes du passé n’auraient-ils pas commis une erreur de transcription ? Ne se sont-ils pas mélangé les crayons entre l’occitan et le catalan, dont un secteur où la frontière n’a eu de cesse de bouger au fil des siècles, des envahisseurs et des occupants. Il paraît que l’Histoire est bourrée d’erreurs de ce type ? D’ailleurs, quand dans « Google recherche », on s’amuse à taper « cimentière », les résultats continuent d’être orientés en priorité vers « cimetière ». N’est-ce pas un signe ? Le « cimetière » ne serait-il pas en réalité « une cimentière » ou une « cimenterie » et les Maures ne seraient-ils pas là seulement à cause de la qualité du marbre que l’on y a découvert au fil du temps, c'est-à-dire du « marbre dit mauresque » ou « marbre des Maures » ? Le « Cimetière des Maures » serait en réalité la « Cimentière ou la Cimenterie des Maures ». Roland et la légende des Maures prennent un sacré coup de Durandal derrière la tête mais cette idée d’erreur topographique n’est-elle pas une piste à creuser ? Cette thèse pourrait même être avalisée par une référence donnée par Jean Abelanet lui-même quand il cite « une « Notice sur les marbres d’Estagel », Bulletin Philomatique de Perpignan, n°1, 1834 ». En effet, en parlant d’Estagel et du lieu-dit « Pota d’en Rolland » évoqué, M.Fauvelle écrit ceci « C’est dans cette dernière localité que je crois la plus convenable pour l’exploitation en grand, d’abord parce que la rivière Verdouble au lieu appelé Pota d’en Rolland vient couper à pic les roches de marbre dans une profondeur de plus de 100 mètres l’on peut donc, dans ce lit de la rivière voir les marbres et juger de leur qualité avec plus d’avantages que si l’on avait pratiqué une excavation, ensuite, si jamais une exploitation a lieu sur ce point, la rivière qui ne tarit jamais servira de moteur pour les scieries, et les blocs, quelque énormes qu’on les suppose, pourront être débités en table dans la carrière même ». Notons que cet écrit date de 1834 et que « l’Histoire naturelle du département des Pyrénées-Orientales » de Louis Companyo date des années 1861 à 1864 et qu’entre ces deux périodes, des carrières ont vu le jour sur ce secteur du Verdouble. En tous cas, les vieilles cartes des Cassini du 18eme siècle, pas plus que les cartes d’Etat major de 1820-1866 ne mentionnent ce « Cimetière des Maures », n’est-ce pas là un signe qu’il faut chercher une réalité toponymique bien plus proche de nous et en rapport avec une activité qui aurait vu le jour entre 1834 et 1864 ? Alors rapport à Roland et aux Maures certes, mais le mot « cimetière » continue d’être un mystère à éclaircir.
C) Edifices en pierres sèches : Si il y a une certitude, c’est que tous les édifices que l’on aperçoit au « cimetière des Maures » et à la Serre de la Girouneille, qui est sa continuité collinaire, sont les résultats soit d’épierrements colossaux soit de pierres provenant des pierriers naturels. Je note d’ailleurs qu’il y a quasiment les mêmes, en face, sur l’autre versant de la vallée de l’Agly et sur les Monts d’Estagel, de l’autre côté du Verdouble. Plus globalement, et même si tout le midi de la France est concerné, il faut noter que cette partie de la Vallée de l’Agly est très exceptionnellement truffée d’édifices en pierres sèches. Je l’avais déjà noté lors de ma balade à « La Tourèze mystérieuse » depuis Latour-de-France, encore que la comparaison soit osée, puisque les cabanes ; « capitelles » et « orris » ; très nombreuses là-bas, sont quasiment inexistantes ici. Il y a sans doute une raison à cela et comme les capitelles ou les orris sont des habitats, je me dis que seule la très proche proximité de l’Agly et d’Estagel est peut-être la cause de cette quasi absence ici. Ajoutons que le « Cimetière des Maures » est bien plus accidenté et pentu que la Tourèze, et voilà certainement le motif de ces habitats moins nombreux. En réalité, concernant ces édifices de pierres, il y a, selon les historiens qui se sont penchés sur le sujet, deux thèses en présence. La première est que les enclos qui clôturent les parcelles seraient d’un usage uniquement local (Elie Malé). Ici, à Estagel et selon la tradition orale, ces parcelles étaient apparemment plantées de vignes. La deuxième thèse, est, qu’au Moyen-âge, Estagel étant sous la dépendance de l’Abbaye de Lagrasse (Aude), ces parcelles clôturées étaient « des lieux de concentration des transhumants », c'est-à-dire qu’elles étaient là pour accueillir temporairement les immenses troupeaux en route pour des pacages bien plus hauts et donc bien plus verts (Anny de Pous). Cette dernière thèse est difficilement admissible, d’abord parce l’organisation d’une telle transhumance de passages sur ces parcelles n’est étayée par aucun écrit et qu’ensuite, on voit mal des gens du cru s’engageaient dans des épierrement colossaux et dans des élévations titanesques, qui ont sans doute pris des années et des années, pour une activité dans laquelle ils ne sont pas pleinement intéressés, sauf à être payés pour le faire, ce qui, bien évidemment, reste toujours possible. Les deux thèses s’affrontent donc avec leurs avantages et leurs inconvénients. Quand on part jeter un coup d’œil aux parcelles clôturées du « Cimetière des Maures » et de la Serre de la Girouneille, on a beaucoup de mal à croire que l’on ait cru bon de planter de la vigne dans des lieux aussi ingrats et pentus et ce d’autant que la Vallée de l’Agly est là, à leurs pieds, bien plus fertile. Si cette théorie d’éventuelles cultures peut être aisément acceptée aux endroits où l’on aperçoit des terrasses, quel était l’intérêt d’y élever des clôtures aussi gigantesques tout autour ? L’instinct de propriété ? A quel prix ! Il faut donc chercher ailleurs, que dans la seule culture de la vigne, la réalité de ces ensembles architecturaux en pierres sèches. Il parait plus logique de penser que ces collines recelaient un grand nombre d’activités différentes : les cabanes étaient des abris pour se protéger des intempéries et ranger du matériel, les terrasses étaient plantées de différentes cultures, vignes sans doute mais aussi vergers, oliveraies, amanderaies, céréales, légumineuses selon la qualité des terres et leur hydrographie mais étaient à même d’accueillir des ruchers, les enclos étaient probablement là pour regrouper les troupeaux d’ovins ou de caprins et les sécuriser d’éventuels prédateurs nocturnes, les murs de soutènement permettaient de régulariser les pentes et de protéger les cultures en question des éventuels agresseurs naturels, tels que les sangliers ou autres cervidés, etc……En tous cas, rien dans ces activités agraires et pastorales ; or mis celle de l’exploitation minière ; ne permettent d’expliquer cette appellation de « Cimetière des Maures ». Une ou plusieurs de ces parcelles étaient-elles destinées à y ensevelir des morts ? C’est une hypothèse bien peu crédible et surtout qui n’a été étayée par une aucune découverte allant dans ce sens. Le mystère demeure et le charme de la découverte reste entier. N’est-ce pas mieux ainsi ?
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Calce, 16 octobre 2017, 9h15. Grand ciel bleu et soleil radieux pour cette nouvelle randonnée sur des sentiers s’intitulant « Sur les pas des bergers ». Il s’agit d’une balade de 7 km faisant la liaison entre les villages de Calce et d’Estagel, soit 14 km si l’on décide de faire l’aller puis le retour par le même itinéraire. Je n’aime pas trop les allers-retours, même quand ils sont parfaitement balisés, alors j’ai transformé la balade du jour en un circuit de ma composition moyennant quelques centaines de mètres sur le bitume puis dans le lit d’un ruisseau asséché. J’ai intitulé ma balade « le Circuit des Coumes et sur les pas des bergers » à la fois pour garder l’intitulé initial, mais « coumes » parce que pour l’essentiel, les sentiers déambulent au sein de ces petites « combes », soit dans leur fond soit à leurs sommets voire entre les deux quand l’itinéraire nécessite de passer de l’une à l’autre : Coume d’En Soucail, Coume de la Yère, Coume Majou, Coume d’En Garrigou, Coume d’En Carman, Coume d’En Ville, Coume des Boucs, Coumeilles d’En Barrencs, voilà toutes celles que l’on trouve sur la carte IGN. Si elles justifient amplement la dénomination, il y en a bien d’autres même si le mot « coume » ne figure pas toujours dans leurs désignations. Vous l’avez bien compris, ces petites dépressions représentent les principaux décors arpentés et que l’oronymie les aient affublé du mot « coume », « ravin », « rec » ou bien encore « torrent », elles ne sont ni plus ni moins que des petites vallées le plus souvent desséchées et donc arides, en tous cas dans ce secteur des Pyrénées-Orientales. Quand aux objectifs, il faut aller les chercher dans les deux villages que sont Calce et Estagel(voir leur toponymie **). Les deux cités ont un patrimoine plutôt riche et parfois même illustre, patrimoine le plus souvent lié à leur Histoire séculaire. En tous cas, et même si l’Histoire et les édifices patrimoniaux ne vous intéressent pas au plus haut point, les deux communes ne manquent pas d’originalité et une visite au sein de leurs ruelles reste bien agréable, surtout quand il fait beau. Une fois encore, j’ai lu pas mal de choses à propos des deux cités et du secteur en général et c’est avec ce « bagage documentaire » que je démarre ma balade. Autant l’avouer, ce fardeau est beaucoup moins lourd que mon sac à dos, car contrairement aux « coumes », moi je transporte de l’eau..... et un copieux casse-croûte. Pour le reste et comme toujours je fais mienne la citation d’Henri de Monfreid« N'ayez jamais peur de la vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres espérances. Le reste vous sera donné de surcroît ». Même si force est d’admettre que mon aventure est moins flamboyante et moins exotique que celle de Monfreid, lui c’était la Mer Rouge et la Corne de l’Afrique, moi c’est le maquis du Ribéral, je compte sur le hasard, la chance ou la destinée pour m’apporter ce surcroît et remplir le plus agréablement possible les quelques kilomètres qu’il va me falloir cheminer au sein de cette garrigue typiquement méditerranéenne. Ce surcroît, je l’imagine déjà sous les traits d’une découverte inattendue, d’un oiseau, d’un papillon ou d’une fleur. A Calce, je viens de garer ma voiture non loin de la mairie. Une étrange plaque signalétique m’interpelle : « La mendicité est interdite dans les Pyrénées-Orientales ». Je ne sais pas si la plaque a encore sa raison d’être mais aujourd’hui j’ai bien l’intention de « tendre une main » vers ma part de « bonnes choses ». Bien-être, satisfactions, bonheurs, plaisirs, détente, ravissement, contemplation…..je n’imagine pas une seule seconde que tous ces « bons mots » ne viennent pas vers moi gracieusement. Je démarre, traverse le beau village et file directement vers le nord et les « Coumos », même si je sais déjà que ce n’est pas le plus court chemin pour rejoindre « Sur les pas des bergers ». En tous cas, connaissant un peu le secteur pour avoir accompli la balade « le Roc Redoun et les Coumos de la Quirro », je sais déjà que les vues seront belles et surtout que je ne reviendrais pas par là. C’est là l’essentiel. Faire une vraie boucle, ne pas faire deux fois le même parcours et être en contemplation. Et même si la distance est un peu plus longue je m’en fiche. Bien vu si j’ose dire car d'emblée je peux me livrer à ma passion pour la photo. Oiseaux, papillons et beaux paysages sont rapidement au rendez-vous. Au sud, la Plaine du Roussillon, Força Réal, le Canigou et les Albères et au nord, la Tour del Far, la Montagne de Tauch et les Corbières maritimes. La météo merveilleuse et sans vent m’aide à cet enchantement. Quand j’aperçois des oiseaux, je me mets en planque et utilise mes appeaux si nécessaire. Je flâne sans souci sur de larges pistes et à cause de leur multiplication, ma seule petite contrainte est de surveiller le tracé que j’ai enregistré dans mon GPS. Ce dernier rejoint ma poche quand le panonceau « Sur les pas des bergers » se présente. Voilà enfin le balisage jaune qu’il me faut suivre. La large piste continue, s’élève dans la maquis jusqu’au lieu-dit Bente Farine, toponymie plutôt répandue dans le midi. Cette toponymie, j’ai déjà eu l’occasion de la développer à quelques reprises et notamment lors de deux autres balades à la Couillade de Ventefarine du côté de Fosse puis au Moulin de Ribaute du côté de Duilhac. Sur la droite, cette modeste apogée offre de jolies vues vers la Tour del Far et le domaine de Jau, où le château couleurs brique et ocre contraste au sein d’une verdoyante pinède. Ici, et droit devant commence une succession de collines arrondies et de ravins et quand je regarde au loin, elle semble se perdre en pays Fenouillèdes. Les fameuses coumes sont là, bien visibles, comme des tranchées creusées sans aucune cohérence. Le chemin redescend jusqu’au pied du Serrat d’En Bouguadé, petit mamelon que l’itinéraire évite. Un petit pré constitue un collet entre cette colline et Bente Farine mais également entre deux coumes à gauche et à droite : la Coume de la Yère et le Ravin del Capounat. A l’instant même où j’y parviens, une compagnie de perdrix rouges décolle telle une escadrille. Les volatiles planent et atterrissent comme un seul homme au fond de la Coume de la Yère. Au bout du pré et sur un petit fronton de roches concassées, une quantité incroyable de tarentes de Maurétanie se chauffent au soleil. Sur la gauche, deux lézards des murailles font bande à part. Alors que je m’approche doucement pour photographier tous ces « sauriens », qu’elle n’est pas ma surprise de constater que ces roches où les tarentes se reposent sont d’une incroyable originalité. Certaines sont joliment cannelées en relief telles des représentations graphiques mais la plus grande partie sont comme poinçonnées, burinées et tailladées de milliers de trous et de traits avec un canevas d’une telle régularité qu’il ne parait pas très naturel. Pourtant c’est bien la nature, et elle seule, qui a créé ces sculptures abstraites faites de petits trous et de stries comme si un pointeau invariablement résistant était passé par là. En ramassant une pierre gisant à terre, je constate que ces signes sont peu profonds et donc très superficiels. Il y en a parfois à l’intérieur même d’une coupe longitudinale. J’ y aperçois aussi de minuscules cristaux brillants, probablement du calcite ou du quartz. D’autres présentent de fines rayures comme on peut en voir dans une pomme vermoulue. Est-ce les traces fossiles de microorganismes marins ? Je ne saurais le dire mais j’en ai bien l’impression et seul l’aspect plutôt saillant de ces signes me laisse perplexe. C’est bien la première fois que j’aperçois une telle géologie à laquelle je suis dans l’incapacité de donner un nom. En tous cas, tous ces signes anguleux ne ressemblent pas à des nids d’abeilles alvéolaires créés par une érosion éolienne ou hydraulique comme on en voit parfois. Si c’est l’érosion qui a stylisé ce chef d’œuvre minéral, force est de reconnaître qu’elle a du talent. J’en prend plusieurs photos avec le désir d’en savoir un peu plus et de voir si je trouve une équivalence sur Internet en effectuant des recherches (*). Est-ce à cause de cette géologie particulière et dans l’espoir d’en trouver d’autres mais je décide sans trop réfléchir de grimper au modeste sommet du Serrat d’En Bouguadé, situé à 346 mètres d’altitude ? Il est vrai aussi qu’avant d’accomplir cette balade, je viens de finir la lecture des « Capbreus du roi Jacques II de Majorque (1292-1294) » et notamment le « capbreu d’Estagel » où l’on évoque ce sommet. Double raison pour y monter ? Cette gentille ascension me permet de découvrir quelques fleurs nouvelles parmi lesquelles l’Erodium fétide qu’on appelle aussi Bec de grue des pierriers. Cette plante protégée a des noms disgracieux mais ses fleurs sont belles avec de jolis pétales roses striés de minuscules veinules rouge sang. Des papillons ne s’y trompent pas et leur tournent autour, mais sans jamais s’y poser. La fétidité de la plante les ferait-elle fuir ? Au sommet du serrat, un pylône à haute tension déploie ces câbles en direction de la plaine. Assis sur le support en béton d’un de ses pieds, j’observe ces grandioses panoramas qui s’étirent devant moi jusqu’à la mer. Quel beau spectacle ! En suivant des yeux ces filins métalliques, luisant sous les rayons du soleil, je ne peux m’empêcher de les comparer aux fils en nylon de cannes à pêche géantes qu’un pêcheur titanesque aurait calées. Je quitte le pylône et pars quelques instants pour cheminer la crête dans l’espoir d’y trouver un vestige quelconque, pastoral, médiéval ou autre. Non, il n’y a rien d’autres que de la caillasse et de merveilleux panoramas à 360 degrés. J’ai bien vu une capitelle mais en contrebas. Je me souviens de la traduction du « capbreu d’Estagel » où à propos du Serrat d’En Bouguadé, il était écrit « tout autour, se déploie un paysage vallonné de coteaux, de bois et de garrigues, qui a favorisé la culture de la vigne et le développement des activités pastorales » et même si les activités pastorales ne sont pas visibles aujourd’hui, j’imagine assez aisément que des troupeaux d’ovins et de caprins aient pu fréquenter tous ces vallons. Les bergers de Calce quittaient ces coumes arides pour se rendre à Estagel et dans la Vallée de l’Agly où ils avaient l’assurance que leurs bêtes trouveraient des herbages plus verts et de quoi s’abreuver. Voilà l’explication quand au nom de ce parcours que j’accompli aujourd’hui. Pour le reste et sept siècles plus tard tout est encore là : coteaux, bois, garrigues et vignobles constituent les principaux décors. Quand aux vues sur le vallée de l’Agly depuis le Serrat d’En Bouguadé, elles sont telles qu’on peut aisément concevoir que ces crêtes que je chemine aient servi de mirador naturel pour des garnisons royales ou seigneuriales au temps jadis. Elles étaient probablement la réciprocité de la Tour del Far que j’aperçois en face, tour chère aux rois de Majorque qui ont été en Roussillon des lanceurs d’alerte bien avant l’heure. Le temps d’une photo-souvenir et je redescends tout schuss et sans trop de prudence au milieu de la garrigue car le sentier que j’avais délaissé est désormais encore plus bas. J’y retrouve le balisage jaune dans une courte descente complètement défoncée car amplement ravinée. De violentes eaux pluviales sont passées par là et quand le sentier se remet à être bon, la végétation a grandi et s’est épaissie comme par miracle. L’eau a fait son œuvre, bienfaisante pour les plantes mais érosive pour la terre. Le sentier se fraye un chemin dans un labyrinthe végétal où les oiseaux semblent se complaire : vignes oubliées et presque enfouies sous des genêts démesurés, ronciers, clématites des haies et salsepareilles aux tiges échevelées, cette végétation détonne avec la garrigue ligneuse cheminée jusqu’à présent. A l’instant même où le chemin s’élargit de nouveau, quelques grenadiers aux fruits rouges se présentent. Je cueille un beau fruit et tente d’en manger quelques graines mais elles manquent de jus et de douceur, alors j’abandonne. Un large chemin prend le relais du sentier et longe la Coume Major, combe asséchée mais plutôt ample comme son nom l’indique. Ici les pins se font plus présent. Pris par ma passion de la photo ornithologique, car ici les passereaux sont encore très nombreux, je perds mon bout de carte IGN, oublie de regarder les panonceaux et finalement quand je m’aperçois de tous ces déboires, ils me contraignent à rebrousser chemin et à quelques décamètres supplémentaires. Finalement, après avoir pesté, je ressors de tout ça plutôt satisfait. J’ai retrouvé le bon itinéraire traversant la combe, mon bout de carte qui était tombé de ma poche et en sus quelques petits oiseaux sont entrés dans mon appareil photo, parfois attirés il est vrai par mes appeaux. J’ai perdu un peu de temps mais je suis ravi et pourrais presque dire « Souris ! Le p’tit oiseau est entré ! ». Si je me fie au dernier panonceau, Estagel n’est plus très loin à seulement 1,4 km et à 25 minutes. Au lieu-dit Los Cassaneils, le sentier file désormais en balcon au dessus de la ravine. Au sein d’un décor de pinèdes et de maquis, de jolies vues s’entrouvrent, au loin vers Latour-de-France et bien plus près sur les premières toitures rouges d’Estagel. Finalement le sentier retrouve le lit graveleux du ruisseau asséché. C’est le Torrent de la Grave. Ce dernier entre directement dans la ville en se transformant en un canal bétonné. Grâce à un escalier métallique, j’en rejoins aisément sa berge droite. La suite m’entraîne vers la chapelle Saint Vincent que je ne connais pas et que j’ai bien envie de découvrir. Dans les ruelles et par manque de précision, mon GPS se perd un peu, mais finalement l’itinéraire est assez simple et bien indiqué. La jolie chapelle de style très « majorquin » est là, mais close malheureusement. Désormais, j’en ai pris l’habitude car par peur des vols ou des vandales, elles le sont presque toutes dans le département. Alors j’en fais simplement le tour en prenant quelques photos. Chapelle préromane amplement remaniée au fil des siècles, elle a été un ermitage au 17eme siècle avais-je lu à son propos. Briques rouges, galets de rivière et pierres du terroir en constituent son ossature. Son clocher-mur baroque en forme de poire avec ses clochetons blottis dans une arcade est assez typique de nombreuses églises catalanes. Son préau avec ses arcades est beaucoup plus original et lui donne l’aspect d’un petit cloître. Avec son théâtre en plein air, l’endroit constitue une agréable aire de pique-nique. Il y a même un barbecue. J’y déjeune sous la curiosité d’un rouge-queue noir et de quelques moineaux que mes tranches de pain de mie intéressent au plus haut point. Comme aurait dit une amie catalane : « Eh ben Rosette ! »Elle n’aurait pas eu tort, car au rythme où ils mangent les bouts de pain que je leur offre, de mes sandwichs-triangles il ne va plus que me rester la rosette. Après cette pause déjeuner amplement consacrée à observer des oiseaux, je file vers le centre-ville et comme j’ai tout mon temps, je m’assieds à la terrasse d’un café. François Arago, l’enfant et héraut d’Estagel me tourne le dos mais si je me fie à ce que je viens de lire sur la stèle de sa statue, je ne vais pas lui en tenir rigueur. Les seules mentions « suffrage universel » et « abolition de l’esclavage » engendrent mon respect. Je trouve qu’il y a foule pour la saison mais sans doute que le beau temps n’est pas étranger à cette affluence dans les rues, les bistrots et les restaurants. Je file visiter la vieille ville et entre par le porche de la tour de l’horloge. Ici, je retrouve une « cellera » médiévale telle qu’on en rencontre beaucoup en Catalogne et Roussillon. Lieu de protection pour les biens et les personnes et d’entreposages pour les denrées, les fameux celliers, il est le noyau central et la partie la plus ancienne du village. Ses vieilles maisons le plus souvent très hautes sont en cercle de chaque côté de venelles étroites et l’ensemble est presque toujours encadré de fortifications. Parfois pour passer d’une maison à l’autre, il y a une passerelle aérienne cloisonnée ou pas. L’église avec une placette où se réunissaient les villageois est généralement l’épicentre. Ici à Estagel, l’église est dédiée à Saint-Vincent et Saint-Étienne et comme j’ai la chance qu’elle soit ouverte, j’y entre. L’église est vraiment superbe avec plusieurs retables. Le plus monumental est celui du maître-autel, mais d’autres chapelles sont magnifiquement ornées également. Il y a de jolies fresques de divers styles, de beaux vitraux et un petit buffet d’orgue admirablement décoré. L’édification de l’église aurait commencé en 1319 affirme une pierre gravée mais or mis une cuve baptismale, il ne reste plus rien d’autre de cette époque. Apparemment deux jeunes filles effectuent un reportage. Une prend des notes et l’autre des photos, alors je visite l’église et prends des photos tout en essayant de ne pas trop les déranger dans leurs tâches. En sortant de l’église, je pars me renseigner à l’office de tourisme à propos du cimetière wisigothique mais force est de reconnaître que les renseignements que l’on me donne n’incitent pas à une visite : « site sur la route de Montner mais envahi par les herbes folles et donc difficile à trouver quand on ne connaît pas l’endroit ». Voilà les renseignements que je recueille. Je ne connais pas l’endroit, je ne possède pas ses coordonnées GPS alors je laisse tomber la visite de la nécropole du vieux peuple germanique. Il est donc temps de me remettre en route vers Calce. Selon mon tracé, je souhaite éviter au maximum la route bitumée même si je sais qu’une bonne partie sera inévitable un peu plus tard. Je fais le choix de la rue Dugommier puis de la rue Fournalau. Les deux m’entraînent dans les hauteurs vers un lotissement de villas nouvelles. Je suis très vite hors de la ville mais la départementale D.1 est très vite là elle aussi. Je retrouve les paysages de vignobles, de jachères, de maquis et de pinèdes tels que je les ai traversés ce matin. La D.1 longe le torrent de la Grave et à la première occasion qui m’est offerte, j’abandonne son asphalte au profit des sédiments secs du ruisseau. J’ai bon espoir que le lit du ravin soit propice à une faune plus présente. Une fois encore la chance est avec moi, et même si les oiseaux sont bien présents mais difficiles à photographier, j’y découvre un énorme et superbe lézard ocellé. Je dis « chance » mais en réalité, le fait d’être constamment aux aguets pour photographier les oiseaux entraîne ce type de situation. Des lézards ocellés, j’en ai déjà croisé quatre ou cinq fois au cours de balades mais celui-ci est de très loin le plus phénoménal de tous. Très large, avec de grosses ocelles bleues sur sa robe verte, il mesure au moins 50 cm de long. Il est posé sur des galets, au milieu même du ruisseau, et seules ses mâchoires bougent comme s’il mâchouillait un trop copieux festin. En réalité, ses yeux bougent aussi mais ça je ne le vois que sur le gros plan de la photo que je suis entrain de prendre. Je suis à sept ou huit mètres de lui, mais avec il est vrai un amoncellement de branchages qui nous séparent l’un de l’autre. En tous cas, soit il ne me voit pas, soit la distance lui paraît suffisante pour qu’il ne s’en inquiète pas. Pourtant le roulement perpétuel de ses yeux m’indique qu’il est sans cesse sur ses gardes. J’évite de bouger car je suppose que sa taille est directement proportionnelle à la faculté qu’il a à réagir au moindre mouvement qui pourrait l’alerter d’un danger. Après quelques photos, je me décide néanmoins à avancer et là, avec un bond prodigieux et à une vitesse incroyable, il se retourne et détale dans les enrochements gauches de la rivière. Voilà où se trouve sa tanière mais inutile d’attendre qu’il en ressorte car j’ai déjà quelques photos bien enregistrées. Je continue dans le ruisseau sans trop de difficultés mais sur un sol présentant pourtant des alluvions disparates : sables, graviers, galets, et roches. Le plus ennuyeux n’est pas cette disparité minérale mais surtout la quantité de bois et de branchages de toutes sortes qu’il me faut parfois enjamber. Mais j’y parviens malgré tout. Finalement un pont se présente devant moi et il est temps que je quitte le lit du ruisseau. Je le fais d’autant plus volontiers que c’est le seul endroit où il y a encore de l’eau. Très peu il est vrai et qui ne m’empêcherait pas d’avancer mais surtout verdâtre et envahie par une multitude d’insectes redoutables. Moustiques, guêpes et surtout un gros frelon, tous se servent de cette minuscule mare comme d’un abreuvoir. Ma venue semble les contrarier alors je grimpe le talus sans trop réfléchir et me retrouve sur le pont. Ce pont constitue l’intersection où il me faut définitivement quitter la D.1. Je quitte le torrent de la Grave pour le Rec d’en Cruels qui est son affluent, asséché lui aussi bien sûr. « Grave », « Cruels », le novice en toponymie qui verrait ces noms-là sur mon bout de carte pourrait avoir un peu d’appréhension, pourtant, ici le nom « Grave » fait référence au sol graveleux du torrent, c'est-à-dire à du sable, à du gravier et en français, on retrouve une homologie dans le mot « grève ». Quand au nom « Cruels », j’ai cherché quelle pouvait être sa vraie signification. Venant du catalan, il y a d’abord diverses traductions qui pourraient l’expliquer : « cruel », « acerbe », « dur », « âpre », « clos », « fermé ». Plusieurs toponymistes s’accordent à penser que s’agissant d’un nom de lieu, le mot « cruels » peut être lié à un instant de cruauté s’étant déroulé à cet endroit comme une bataille par exemple. Mais ici même, aucune bataille n’est restée dans l’Histoire. Enfin, je n’ai rien trouvé de tel sur le Net. Par contre concernant ce lieu même, des linguistes catalans pensent que le nom aurait pour origine le mot occitan « clausel » signifiant un « clos » c'est-à-dire un petit lopin de terre cultivé entouré d’un muret ou d’une haie et que le vrai nom catalan du rec serait « Rec d’En Crauel »(extrait de l’ouvrage : Actes del Quinzè Col-loqui Internacional de Llengua et Literatura Catalanes –Lleida 2009 – Publicacions de l’Abada de Montserrat). Le nom « Crauels » aurait donc été mal rédigé par les cartographes pour finalement devenir « cruels ». Rappelons qu’ici un rec peut avoir lui aussi plusieurs significations : canal d’irrigation construit par l’homme, rigole naturelle ou pas, voire ravin. Ici, le problème c’est qu’il y a tout cela en même temps : une rigole devenant petit ravin et se terminant par un profond fossé aménagé de pierres sèches par l’homme. En tous cas, les petits lopins de terre sont bien là et le vignoble occupe une bonne partie de cette intersection puis tout autour la garrigue reprend ses droits. Il faut ignorer le chemin qui monte à droite d’une ruine et continuer tout droit. L’asphalte devient d’abord mauvais bitume puis il est ensuite remplacé par un large chemin terreux. Il grimpe en suivant les courbes du rec se trouvant à main gauche. Le rec coupe les collines en deux. Sur la gauche, il y en a une où apparaissent plusieurs postes de chasse sur pilotis, et sur la droite, l’autre colline a pour nom la « Grava ». Cette dernière, il faut la gravir. Je prête donc attention à trouver un étroit sentier qui va me le permettre. Il est situé finalement à la côte de 167 mètres. Dès qu’il se présente, je n’hésite pas à quitter le large chemin au profit de cet étroit sentier. Il est parfois bien raviné mais je sais qu’il est le seul moyen commode de réaliser la boucle programmée. Il monte hardiment jusqu’à une crête, avec 60 mètres de dénivelé environ mais sur une courte distance qui n’excède pas 400 mètres. Cette crête offre de nouvelles vues admirables à 360 degrés. Il faut dire que la rase végétation ne fait aucunement obstacle à l’émerveillement. Derniers témoins d’un vieil incendie, les branches les plus hautes sont celles de squelettes noircis émergeant d’une végétation olivâtre plutôt rabougrie. Ici, plus qu’ailleurs, les « coumes » trouvent une réelle justification au nom de cette balade car elles sont visibles en grand nombre et de tous côtés. Quand la crête se termine, le sentier se termine aussi. Je retrouve une intersection et un chemin plus large. Il faut partir vers celui de gauche et poursuivre. Quelques vieux murets, abris et orris en pierres sèches attestent de l’activité pastorale passée. Ici, je ne suis déjà plus « Sur les pas de bergers » mais c’est tout comme. Finalement, au lieu-dit Camp de les Feixes, cet itinéraire atterrit sur la D.18 et pour rejoindre Calce, je ne peux plus guère éviter l’asphalte. Je ne peux le faire qu’à proximité la plus limitrophe du village quand sur la gauche de nouveaux chemins permettent de quitter la route. Avec cette arrivée-là, je bénéficie de belles vues aériennes sur le village. Est-ce cette imminence citadine mais les passereaux de la garrigue se font soudain plus nombreux ? Plutôt isolés jusqu’à présent, ici les oiseaux sont visibles en de grands rassemblements. Les approcher n’est pas moins facile. Le village est là alors j’en fais une visite autour de son vieux château du XIIeme siècle. Il est fermé mais un panonceau en relate son Histoire de manière très résumée. Je retrouve néanmoins des noms déjà entrevus et cités dans maintes et maintes balades : les rois de Majorque, les chevaliers du Temple, les seigneurs du Vivier, la famille de So. Ainsi se termine cette studieuse mais jolie randonnée. Avant de rejoindre ma voiture, je jette un dernier coup d’œil à cette plaque mentionnant que « La mendicité est interdite dans les Pyrénées-Orientales ». Force est de reconnaître que la main que j’ai tendue aujourd’hui, je n’ai eu aucun mal à la remplir de bonnes fortunes. Fortunes peu nourrissantes pour l’estomac certes mais fortunes pour ma bobine. Je me dis que la mendicité c’est aussi la charité. « Charité bien ordonnée commence par soi-même » dit un célèbre proverbe. Ce proverbe est juste aussi et je me dis que si j’ai bien profité de ma journée, c’est peut-être parce que j’avais fait en sorte de bien l’ordonner ! Telle qu’expliquée ici, cette balade est longue de 17 km environ. J’en exclus mes égarements, montée vers le Serrat d’En Bouguadé, perte de carte et errements dans Estagel car au total et selon mon GPS, j’ai parcouru 19,3 km pour des montées cumulées de 895 mètres. Le modeste dénivelé de 274 m est peu significatif, le point le plus bas étant Estagel à 72 m et le plus haut au sommet du Serrat d’En Bouguadé à 346 m. Carte IGN 2448 OT Thuir- Ille-sur-Têt Top 25.
(*) Roches trouées et striées au pied du Serrat d’en Bouguadé : Autant l’avouer, j’ai pas mal galéré dans mes recherches sur le Net pour trouver une équivalence aux roches rencontrées au pied du Serrat d’en Bouguadé. J’ai trouvé seulement 2 photos (voir ci-dessous) à peu près ressemblantes provenant d’un site de recherche en langue anglaise (Discover The World's Research). La publication jointe aux photos est extraite du « Journal of the Linnean Society (The Linnean Society of London) ». Elle a été écrite collectivement par divers chercheurs. Photos et textes m’ont néanmoins confortés dans l’idée qui était la mienne à savoir que ces trous et stries ont bien été créé par des micro-organismes aquatiques. Ces chercheurs indiquent qu’il s’agirait de Serpulidés ou Serpules qui sont des vers annélides vivant dans un tube calcaire. Ils précisent même qu’il s’agit de Polychètes. A propos de la photo la plus proche des roches rencontrées, ils évoquent « Semivermilia crenata » ce qui confirme, si besoin, qu’il s’agit bien de vers marins, puisque cette espèce vit le plus souvent dans des grottes sous-marines. Sur le site « Cosmovisions.com », il est mentionné que « les Serpules sont fréquentes à l'état fossile. La forme de leurs tubes est très variable, ronde, anguleuse, aplatie; ils sont courbés ou enroulés de façons diverses », cette précision pouvant expliquer cette fossilisation originale et l’aspect anguleux des orifices observés. J’ai également appris qu’en pédologie, science qui étudie la formation et l’évolution des sols, l’aspect saillant des signes sur la roche que je soulevais est appelé « structure prismatique ». Les chercheurs du site « Discover The World's Research » les évoquent aussi. Il semblerait que les petits cristaux brillants que l’on aperçoit dans la roche soit du calcite ou de l’aragonite, leurs couleurs étant très variables comme j’ai pu le constater moi-même. On peut donc raisonnablement imaginer que ces roches soient d’anciens dépôts sédimentaires marins et que la mer et une faune occupaient amplement les lieux, il y a plusieurs milliers d’années. Voilà ce que je peux dire à propos de ces roches mais bien évidemment n’étant qu’un néophyte en géologie, tout ce que j’écris reste à vérifier et à démontrer. Si des spécialistes lisent ce texte et veulent apporter leur contribution, je suis preneur.
Les 2 premières photos sont celles que j'ai trouvées sur le Net et la 3eme est la mienne.
** Toponymies de Calce et Estagel :Concernant Calce la première mention retrouvé date de 843 sous les formes « Calcenum » et « Caucenum ». Par la suite, les scribes hésitent entre les graphies « Cauce », « Calcia » (castrum de Calcia, 1312), « Calsa », « Calça ». Toutes ces formes renvoient à la même origine, le latin « calx », « calcis » (= la chaux). Le toponyme, si l'on en croit la mention « Calcenum », viendrait de l'adjectif bas-latin « calcenus » ; la forme « Calcia » vient pour sa part de l'adjectif féminin « calcea ». Calce est l'équivalent du français « causse », utilisé pour désigner un terrain calcaire.. Concernant Estagel, la première mention remonte à l’an 959 (950 ?), sous la forme villa « Stagello », puis « Estagellum » en 978. L'étymologie semble renvoyer au latin, avec le mot « statio » (= station, lieu de séjour) suivi du suffixe -ellum. Le terme « estatiellum » a pu désigner un relais, une auberge sur la route du Roussillon au Fenouillèdes. Autre hypothèse, le latin « staticum » = demeure. (Extrait du site « Toutes les communes des Pyrénées-Orientales » de Jean Tosti)
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Il m’arrive de faire du vélo. J’ai un V.T.T. Le plus souvent, c’est pour faire des courses. Enfin pas des courses cyclistes, non des emplettes et éviter de prendre la voiture. Je l’enfourche aussi pour partir dans la garrigue, appareil photo en bandoulière. J’aime bien. C’est bon pour la santé et c’est écologique. Mais si j’aime bien le vélo, en vélo, je n’aime pas « faire la roue ». Faire la roue au sens figuré bien sûr. Faire le paon. Pour moi, « faire la roue », c’est crâner en vélo, c’est foncer, faire du chrono, descendre à tout berzingue sur des pentes caillouteuses ou boueuses comme j’en vois parfois « s’éclater » à cette discipline. C’est le cas échéant se mesurer aux autres pour montrer qu’on est le plus rapide. C’est plastronner. Je conçois, mais aujourd’hui, j’abomine. J’ai un peu pratiqué mais ce n’est plus ma « tasse de thé ». Enfin maintenant et vu mon âge, car bien évidemment, j’ai connu ça aussi quand j’étais un peu plus jeune. Il fut un temps où je courais derrière mon fils. Il est passionné de VTT. Je me souviens d’une mémorable traversée des Albères en VTT, depuis le Pic Néoulous jusqu’à Banyuls-sur-Mer. J’étais arrivé sur les rotules et ce d’autant que la veille, nous venions de finir une longue randonnée sur 2 jours autour du Pic des Tres Estelles. C’était en 2006. Aujourd’hui, avec 11 ans de plus, je serais bien incapable de répéter ce type de challenges. Alors bien sûr quand le projet m’est venu d’aller parcourir « la Voie verte de l’Agly » depuis Rivesaltes jusqu’au Barcarès, en VTT et non pas à pied ; une fois n’est pas coutume ; loin de moi était l’idée de le faire en fonçant ou en cherchant à établir un record. Non, d’abord parce que je ne le pourrais pas, mais surtout parce que mes objectifs étaient tout autres et multiples. Mon premier était bien sûr d’aller découvrir ce qu’était réellement cette « Voie verte de l’Agly », filant de la commune si célèbre pour son muscat et son « Babau » jusqu’à la Méditerranée. Si je fais abstraction du Canal de la Robine, déjà réalisée en VTT puis lors d'un périple pédestre de 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique, la seule « voie verte » que j’avais empruntée jusqu’à présent était celle entre Barbotan-les-Thermes et La Bastide d’Armagnac, une quinzaine de kilomètres que j’avais accompli à pied, enjambant ainsi et sans le savoir la frontière entre les départements du Gers et des Landes. Epreuve assez facile car essentiellement plane, se prêtant parfaitement à la marche à pied et à la flânerie, et ce d’autant que le soir venu, Dany qui effectuait sa cure annuelle à Barbotan était venue me rechercher en voiture au terme de cette belle expérience. C’était en 2006 et j’en gardais que de très bons souvenirs, à cause de la faune très présente ; oiseaux, papillons, chevreuils notamment ; et de la verdure quasi permanente et assez exceptionnelle que cet itinéraire d’une simplicité enfantine empruntait. Simplicité par le fait même que le tracé était une ancienne voie ferrée, donc facile à suivre, avec tous les aspects ludiques que cela comportait. Cette fois-ci et bien que le fil conducteur ne soit plus une voie ferrée mais le fleuve Agly, je n’espérais pas moins de découvertes et de plaisirs. Voilà quel était mon état d’esprit et le premier de mes objectifs. Mon second était de passer un bel après-midi au grand air avec arrêt goûter en cours de route. Mon troisième était d’aller prendre un « pot » ou une glace à la plage, et plus si affinités avec la mer et la température de son eau. Ensuite, mes autres visées seraient fonction du bon vouloir de la nature. Aller photographier les oiseaux bien évidemment ; j’en espérais beaucoup à cause de la proximité de l’Agly ; ce fleuve dont j’ai toujours adoré les quelques rives parcourues. En randonnée j’entends, car je ne compte plus le nombre de sorties où son lit a servi d’écrin voire de perspectives à de jolies balades. Tapez "Agly" dans la rubrique "recherche" de mon blog et vous verrez les résultats. Long de 81 km, sa source, en réalité une résurgence, naît au sein d’une petite grotte située au pied du mythique Pech de Bugarach. Elle est visible au bord de la D.14 entre le col de Linas et le hameau de Camps-sur-l’Agly. La rivière est ensuite alimentée par de nombreux ruisseaux secondaires, son débit s’amplifie, et tant bien que mal, elle se fraye un chemin dans les abyssales gorges karstiques de Galamus. Elle se calme quelque peu à Saint-Paul de Fenouillet, bouillonne à la Clue de la Fou, puis un peu cernée par une kyrielle de « serrats », elle zigzague longuement avant d’être en partie capté par l’aqueduc d’Ansignan puis carrément freinée puis bloquée par le barrage de Caramany. Là, on en maîtrise son débit lors des crues, mais le plus souvent, on la laisse tranquille, et de ce fait, la rivière poursuit sa course assez paisiblement jusqu’à la mer, irriguant au passage d’innombrables terres et villages plus ou moins limitrophes : Rasiguères, Planèzes, Latour-de-France, Estagel, Cases-de-Pène, Espira, Rivesaltes, Claira, St-Laurent-de-la-Salanque, Torreilles, Le Barcarès, pour ne citer que les plus proches. Ces 5 derniers villages sont ceux que l’on peut découvrir sur la Voie verte, à condition de faire le choix de la quitter. Je n’ai pas prévu de le faire car une journée entière serait sans doute nécessaire. Après avoir programmé Rivesaltes et le Cami Saint Martin sur mon G.P.S de voiture, il n’est pas encore 14h quand je gare ma voiture au bord de ce chemin. Je sors le vélo du coffre de la voiture et j’harnache immédiatement mon petit sac à dos. Aujourd’hui, il est ultra léger et son contenu se résume à un camelback avec 2 litres d’eau fraîche, quelques biscuits, une pomme, une orange, deux barres de céréales et tout le menu matériel indispensable à une virée proche de la civilisation : papiers d’identité, porte-monnaie, carte bancaire et téléphone portable. Les cloches de l’église de Rivesaltes résonnent. Il est 14h tapantes et me voilà déjà entrain de pédaler direction Le Barcarès. Je n’ai pas fait 100 mètres qu’une ribambelle de passereaux s’envolent d’un champ et viennent se percher sur des câbles électriques. Des alouettes lulu, reconnaissables à leurs pattes avec leur griffe postérieure démesurée. L’appareil photo entre en action et moi, je marche déjà à côté de mon vélo car les oiseaux se succèdent presque sans interruption. « A ce rythme-là, j’arrive à Barcarès dans trois jours » me dis-je ! Je décide de ne plus m’arrêter jusqu’à atteindre l’Agly. Mais la rivière est déjà là, toute proche, coupée par un passage à gué qui se trouve sur ma droite. Je m’y dirige. Des oiseaux sont là aussi dans de grands arbres, mais avec un ballet incessant de voitures, ils ne tiennent pas en place. Je repars. La signalisation de la «Voie verte» » est parfaitement présente et après un passage sous l’autoroute « la Catalane » et quelques coudes et tunnels permettant d'esquiver la Nationale 9, j’arrive enfin sur cette fameuse « Voie verte ». Quasi rectiligne, son revêtement est un enrobé très lisse. Je me dis que ça va être un vrai plaisir que d’y rouler dessus, et ce d’autant, que la voie est large de 3 ou 4 mètres, et parfaitement sécurisée grâce à de solides rambardes en bois qui l’encadrent de chaque côté. L’Agly est là, sur la droite. Un panneau vient d’annoncer la couleur : «Voie verte de l’Agly – Rivesaltes – Le Barcarès – Commune de Rivesaltes – 13 km – Conseil Général ». Merci à lui. Quelques mètres plus loin, un autre panneau explique que cette voie est en réalité une digue permettant d’améliorer le lit de la rivière lors des crues et de préserver la qualité écologique de ce milieu sensible. J’approuve. Sur la gauche, il y a des vignobles puis le centre commercial de Claira apparaît. Un groupe de coureurs me dépasse sans coup férir. Des sprinteurs qui « font la roue » et se la suce, comme on dit dans le jargon cycliste. Moi, la seule chose qu’il m’arrive déjà de sucer, c’est la canule du tuyau de mon « camelback » d’où jaillit une eau glacée, toujours bienvenue car il fait déjà très chaud. Je suis souvent sur mes deux jambes, hésitant entre photographier des corvidés qui occupent les vignes, et des cormorans le lit de la rivière. Les corvidés s’envolent et assez paradoxalement s’approche de la rivière. Des corneilles. Guère plus loin, c’est un héron. Très craintif. A mon approche, il s’envole, malgré les précautions que j’ai prises pour tenter de me dissimuler. Les cormorans sont les plus présents. Je dépasse une jeune femme qui marche à pied. A cause de mes arrêts aussi imprévus que fréquents, nous nous dépassons à tour de rôle. Au bout d’un instant, intriguée par mon « manège », la conversation s’installe car curieuse, elle se demande ce que je peux bien photographier. Sur l’écran de l’appareil, je lui montre les oiseaux que je viens de capter et elle paraît très étonnée de la puissance du zoom. Elle travaille au centre commercial et rentre chez elle à pied, habitant près du village de Claira. Je suppose qu’elle travaille chez un parfumeur car malgré la chaleur, elle est très bien maquillée et embaume sa présence d’une agréable fragrance. Je repars. Les vignes ont laissé la place à d’immenses vergers magnifiquement fleuris. Blancs ou roses, les champs se succèdent parfois entrecoupés de nouveaux vignobles. Sur ma droite, j’aperçois une jolie chapelle. J’y file et pour cela, sors de la «Voie verte». Mon bout de carte I.G.N m’apprend qu’il s’agit de la Capella Sant-Père ou Saint-Pierre. Elle est fermée mais pour ma satisfaction et celui de mon appareil photo, de nombreux pinsons en occupent les grands pins qui l’entourent. Je réussis une seule photo. Je repars, non sans avoir photographiés d’amusants tags peints sur un « casot » qui se trouve au bord de la voie. Les oiseaux se succèdent mais ce ne sont pas toujours ceux que j’avais escomptés. J’avais imaginé un peu plus d’oiseaux « aquatiques » au fil du parcours mais après le héron, je vais me contenter de deux aigrettes et de quelques colverts. Le retour sera plus singulier. Mais peu importe, j’aime tous les oiseaux. Coucous geai et huppe fasciée seront les plus beaux car les plus originaux à photographier mais il y aura aussi des serins, un troglodyte, des chardonnerets, des pinsons, des pouillots, des pipits, des alouettes et des bruants, tous plus chantants les uns que les autres mais pas toujours faciles à immortaliser. La patience est de mise et le vélo est parfois encombrant. Il va en être ainsi sur tout le trajet, aller et retour. Un couple de colverts joue dans la flaque boueuse que les pluies des jours précédents ont laissé en bordure d’une vigne. Ma présence les indiffère, tant ils sont en permanence le bec dans la boue à chercher pitance, surtout la femelle, le mâle est plus enclin à me surveiller du coin de l’oeil. A cet endroit, d’autres colverts préfèrent l’Agly tout comme un ragondin qui traversera le fleuve lors du retour. C’est le seul que je verrais. De nombreux cyclistes continuent de me doubler et j’en vois même un, ultra rapide, qui est déjà sur le chemin du retour. Un champion sans doute, qui m’a doublé dès le départ du Cami Saint-Martin et le voilà déjà dans l’autre sens. Puis c’est autour d’une jolie « championne » de me dépasser. Surgissant dans mon dos, je ne l’ai même pas vu arriver. A une vitesse incroyable, elle me dépasse sur des rollers, écouteurs d’un baladeur sur les oreilles. Elle patine magnifiquement bien et d’une manière chaloupée, eurythmique et régulière. Sa superbe silhouette et son mini short blanc très moulant ne sont pas étrangers à autant d’harmonie. Le Barcarès, 8,3 km indique un panonceau. Rivesaltes 6,7 km. Je file jusqu’aux indications suivantes et m’arrête peu après pour le goûter. Joli prétexte car à cet endroit, un étroit sentier descend vers la rivière dont les alluvions forment des grèves de sables et de graviers relativement accessibles. Accessibles mais bien trop béantes pour qu’un photographe animalier puisse y trouver un vrai bonheur. Malgré ça et par chance, je réussis à y photographier un troglodyte mignon et un rougequeue noir jouant sur des tas de bois flottés et une aigrette garzette perchée au sommet d’un grand arbre, mais je prends le temps de goûter au calme et à mes biscuits. Claira, Saint-Laurent-de-la-Salanque, Torreilles, les jolies communes roussillonnaises vont se succéder de part et d’autres de la voie. Elles sont peu éloignées et à seulement quelques coups de pédale de la «Voie verte» mais comme je continue à flâner à outrance, j’estime qu’il ne serait pas raisonnable d’aller m’y perdre et ce d’autant, qu’outre les oiseaux, il y a toujours quelque chose à découvrir sur ce parcours : flore et papillons par exemple. Et quand ce n’est pas le cas, je n’hésite pas à laisser mon vélo contre la balustrade pour descendre sur les berges de l’Agly, toujours en quête de l’avifaune qui occupe sa végétation et les roselières notamment. A hauteur de Saint-Laurent-de-la-Salanque, des travaux m’obligent à emprunter un pont sur la D.11 et à basculer sur l’autre rive du fleuve. La piste est moins lisse et donc beaucoup moins roulante que la «Voie verte» mais elle m’offre d’autres paysages, d’autres foyers d’intérêts. Ici, les champs sont beaucoup plus consacrés au maraîchage et notamment à la culture de l’artichaut ou de la salade. Autres cultures, autres oiseaux, avec des corbeaux, des pies, des étourneaux et des pigeons. Bien trop loin pour les photographier correctement, un groupe de choucas occupent d’imposantes ruines du côté de Torreilles. Au retour, je vais avoir la chance de photographier un héron garde-bœufs non loin de là, volatile solitaire plutôt rare et sans doute était attiré par les atouts gastronomiques d’un labourage récent. Au pont suivant, celui sur la D.81, la «Voie verte» devient à nouveau libre. Je m’y dirige. Les travaux sont là sous la forme de deux grandes pelles mécaniques qui débroussaillent les berges de l’Agly et arrachent notamment les cannes de Provence, plantes envahissantes qui freinent son écoulement. Quel n’est pas mon étonnement de voir que de nombreux cyclistes et marcheurs sont passés outre l’interdiction et côtoient les engins sans trop de prudence. La mer n’est plus très loin et trois éléments m’en apportent l’intime conviction. Le lit de l’Agly qui s’est bien agrandi et un peu plus loin à hauteur du Mas de la Torre, les premiers palmiers et les premiers goélands lesquels accompagnés des mouettes rieuses occupent une grève au milieu même de l’Agly. Dans quelques recoins du fleuve, chaque espèce semble avoir trouvé le biotope qui lui convient : les cormorans d’un côté, les foulques de l’autre et les goélands et les mouettes au milieu. Surprise de ma présence, une poule d’eau plonge pour rejoindre les roselières. Je n’en verrai que deux mais celle-ci, la première, échappe à mon objectif photo. Au retour, une deuxième sera plus conciliante. Un panneau mentionnant le dernier kilomètre transforme ma conviction en certitude. L’embouchure de l’Agly est là, très large mais presque quasiment obstruée par un long bras de sable. En quête d’un frugal repas, quelques mouettes rieuses arpentent les rives de ce bras et l’autre berge du fleuve. Mon insistance à vouloir les photographier les vont s’enfuir vers d’autres rivages. Sur la gauche, les premiers campings. Ici, j’ignore pourquoi, les poteaux des balustrades qui encadrent la «Voie verte» servent de nids et de repaires à d’innombrables « tarentes de Mauritanie ». Chaque poteau a sa tarente voire plusieurs. Petites, moyennes ou grandes, il y en a bien plus que de baigneurs sur la plage. Si les seconds sont moins nombreux, les deux espèces aiment le soleil et leur couleur bronze est déjà quasiment similaire. La plage est là, presque sans fin, sur la droite et sur la gauche, quasiment vide mais ponctuée par des barres d’immeubles de loin en loin. Quelque rares « lézards » occupent les dunes. Dans un premier temps, je file vers le centre de Barcarès mais les quelques terrasses des bars ouverts sont déjà bien bondées. Je n’ai pas envie ni d’attendre ni d’aller jusqu’au port, alors en désespoir de cause j’abdique, fais demi-tour et tente d’oublier la bière ou la glace un instant convoitées. Parfois, je me surprend à autant de volonté vis-à-vis de cette « maudite » gourmandise qui me poursuit depuis mon enfance et enrobe de couenne mon épiderme. « Mais non, tu n’es pas gros, tu as simplement la peau épaisse ! » comme l’exclamait un ami cher qui me voulait du bien et se voulait rassurant. Aujourd’hui, aucune raison de prendre un gramme supplémentaire ! Absents de la plage, les touristes sont bien trop présents dans le centre de Barcarès malgré une saison estivale encore bien éloignée. Pas vraiment tous des vacanciers sans doute mais le beau temps et le chaud soleil a également fait sortir quelques roussillonnais de leurs « pieux », comme les tarentes des leurs. Je repars vers le delta de l’Agly, me déchausse et file dans l’eau pour un bain de pied. Il est si raffraichissant que je me contente de ça aujourd’hui. Il faut dire que je suis le seul fou à vouloir tenter cette expérience. Je repars vers la « Voie verte ». Un rouge-queue noir sautille sur les rambardes et les ganivelles. Exagérément joueur, il semble disposé à une partie de cache-cache dont je n’ai pas vraiment envie, car lui courir derrière, vélo en main, n’est pas la meilleure façon pour se livrer à la photo ornithologique. Je n’insiste pas d’autant que j’estime que le temps du retour est arrivé. A l’instant même où je repars vers Rivesaltes, une jeune cavalière juchée sur un magnifique pur-sang me coupe le chemin. Sur mon vélo minable, je joue au « chevalier galant » et la laisse passer non sans lui avoir demandé l’autorisation de la photographier. Elle acquiesce. La jeune fille à une belle prestance malgré son très jeune âge. Monture superbe et amazone pleine d’assurance, voilà sans doute les plus beaux clichés de la journée. Ils pourraient presque suffire à mon bonheur d’avoir accompli cette « Voie verte » de l’Agly ». Que dire du retour sinon que pris par le temps, je vais appuyer un peu plus sur les pédales sur les portions les plus monotones, mais jamais au point de « faire la roue ». Oiseaux, papillons, chèvres, chevaux, paysages, tout est encore prétexte à mon penchant pour la flânerie et il est 18h30 quand j’atteins le passage à gué de Rivesaltes, près du centre équestre Saint-Martin. Le soleil déjà au ponant mais encore bien éclatant vient coucher quelques rayons dans le lit de la rivière. Un pêcheur lance son leurre sur ce drap étincelant. Il mouline et le fil qu’il ramène en douceur donne l’impression que l’étoffe scintillante va s’effilocher en des millions d’étoiles. Mais non, rien ne se passe. Le fil bredouille, au sens propre et au sens figuré, et coupe simplement la lumière. Rien d’autre ne bouge sauf quelques ramiers et cormorans qui s’envolent à tire d’ailes et à tour de rôle. Ils planent dans de courtes circonvolutions et reviennent se poser sur leurs lignes de départ respectives, grands arbres pour les premiers ou berges de la rivière pour les seconds. Je profite de ces belles images. A l’extrémité d’une branche, et sans doute au sortir d’un bain, une alouette lulu vient faire sécher ses ailes. Elle s’ébroue, gratte du bec son plumage et sors de ce toilettage toute ébouriffée. Finalement, elle reprend sa position bien au soleil. J’ai tout le loisir de l’immortaliser. Un peu plus loin, juché dans un platane, un choucas semble m’observer de son regard sévère. Mains non, il regarde dans le vide et se laisse photographier sans bouger. Quelles visions merveilleuses de la nature ! Quelles images reposantes qu’il me faut quitter à regrets ! Cette balade en VTT est allée bien au-delà de mes desseins. Une fois encore, j’ai eu de la chance car l’avifaune a été plus que présente et le grand beau temps de ce jour de printemps a facilité les photographies. Passereaux, corvidés, échassiers et oiseaux marins ont pu être immortisalisés. Je suis ravi car c’était l’objectif le plus incertain. Aller et retour, cette balade cycliste a été longue d’environ 30 km. Il faut y rajouter un ou deux kilomètres qui m’ont amené dans le centre de Barcarès. Je l’ai accompli en 4h50, arrêts inclus. Ils ont été nombreux, très nombreux et mon temps n’est donc pas une référence fiable. Un peu plus de 6 km/h, le temps d’un marcheur correct, pas d’un extra-pédestre. Si vous « faites la roue », vous pouvez aisément en mettre 3 ou 4 fois moins ! Mais quel dommage de foncer et de ne pas profiter de cette nature et de toutes ces découvertes qui vous seront offertes ! Si vous désirez des renseignements complémentaires concernant cette « Voie Verte de l’Agly » et ses prolongements, il existe un site Internet bien documenté : :
Enfin, si vous voulez connaître toutes les "voies vertes" de France, le mieux est de vous rendre sur le site de l'Encyclopédie Wikipédia en cliquant ici.
Carte I.G.N 2548 OT Perpignan - Plages du RoussillonTop 25.
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Le « Sentier des Oiseaux » d’Ansignan est, pour peu qu’on veuille s’en donner la peine, un vrai sentier de découverte des oiseaux. Donné pour une heure à peine de marche sur le panonceau de départ, nous en avons passé presque trois et de ce fait, nous avons aperçu plus d’une vingtaine d’oiseaux bien différents pour une dizaine de spécimens photographiés. C’est ainsi que nous avons pu voir des oiseaux aussi hétéroclites que des corbeaux, des cormorans, un ramier, une buse et bien sûr de très nombreux passereaux. Tous n’ont pas pu être photographiés car la photographie ornithologique est une activité difficile qui réclame qu’on y consacre du temps, beaucoup de patience et du silence et il faut un peu de chance aussi. Il aurait donc fallu y passer le double voir le triple du temps que nous y avons destiné et bien évidemment sortir le plus souvent possible de l’itinéraire conseillé. La lecture des nombreux panneaux prend également pas mal de temps mais elle est, sinon indispensable, du moins souhaitable si l’on décide d’accomplir ce sentier. Mais bon, peu importe le temps passé et les résultats obtenus, car au départ cette courte balade avait de multiples objectifs. Primo et toujours à cause de ma cheville douloureuse, je ne pouvais guère marcher plus longtemps même si l’envie était là, secundo toujours cette passion pour la photographie des volatiles bien sûr et tertio encore et toujours ma curiosité avec le désir d’y amener un jour mes petits-enfants si la balade s’annonçait ludique comme je l’avais imaginé. En raison du pont-aqueduc romain, je savais que les oiseaux ne pouvaient pas y être le seul pôle d’intérêts. Ludique, elle l’a donc vraiment été et j’ai décidé d’y amener mes petits-enfants qui étaient présents pour les vacances de Pâques. Mon article et le diaporama qui l’accompagne sont donc scindés en 2 parties. Une première balade qui a été réalisée le 29 décembre 2016 et l’autre, avec les petits bouts de choux et leurs parents le 7 avril dernier. Si l’on veut réellement découvrir et photographier les oiseaux qui fréquentent ce joli coin de l’Agly, il est préférable d’y venir seul car le l’intérêt que l’on porte à la gente volatile n’est pas le même pour tout le monde et la plupart de randonneurs se contenteront sans doute de lire les panneaux explicatifs sans pour autant regarder autour d’eux les oiseaux habitant les lieux. Vouloir les photographier est un autre degré supplémentaire dans la difficulté. Quand au bruit, ce n’est pas la meilleure manière de les approcher et bien évidemment quand on est seul, on en fait peu ou pas et en tous cas nettement moins que lorsqu’on est en groupe. En outre, y venir avec des enfants équivaut à une cours de récréation totalement antinomique si le but recherché est la photographie ornithologique. Le départ s’effectue du lieu-dit le Moulin situé au sud-est d’Ansignan à 1,5 km du centre du village. Un parking et une aire de pique-nique vous y accueillent avec de nombreux panneaux expliquant de manière didactique et donc intéressante le « Monde fascinant de la Nature et des Oiseaux ». Si les enfants s’intéressent à ces premiers panneaux, la balade est déjà sur de bons rails. Vous pourrez donc agréablement jumeler la petite balade-découverte et un pique-nique et si les tables de cette aire sont déjà prises, sachez que d’autres tables sont également à votre disposition à proximité même du Moulin dans un superbe coin ombragé et verdoyant car encore bien plus près de la rivière Agly. Comme le balisage est parfait, l’itinéraire est d’une grande simplicité. Il emprunte un tout petit tronçon du Tour du Fenouillèdes se terminant à l’aqueduc romain. Pour moi, ce tour est cher à ma mémoire et synonyme de très bons souvenirs pour l’avoir accompli en intégralité, en 5 jours et avec mon fils en 2011. Ce court tronçon faisait partie de notre dernière étape entre St-Paul de Fenouillet et Trilla. Une étape qu’au départ nous avions pensé facile mais qui au demeurant avait été la plus « casse-pattes » des cinq. De ce fait, l’eau fraîche de l’aqueduc avait fait office de « thermes » opportuns pour soulager nos pieds endoloris. Après tout les Romains étaient bien les inventeurs des deux types d’ouvrages ! Après l’aqueduc romain, le sentier revient vers la ligne de départ en longeant la rive droite de Agly alors que le Tour du Fenouillèdes, lui, continue encore, et se poursuit en direction d’Ansignan dont une visite est toujours possible, sous condition de faire une petite entorse à l’itinéraire du Sentier des Oiseaux. Le village d'Ansignan est joliment perché sur une colline dominant le petit vallon mais à seulement 500 mètres de l’aqueduc. A l’aqueduc, un panneau résume l’histoire de ce magnifique ouvrage remanié à de multiples reprises, remaniements ayant engendrés de nombreuses versions historiques jamais formellement attestées pour la plupart d’entre-elles mais permettant néanmoins son fonctionnement présent. Le jour de notre deuxième visite, nous avons constaté de visu qu’il fonctionnait toujours et irriguait parfaitement le potager d’un charmant monsieur qui nous a rapidement expliqué le trajet alambiqué mais ô combien ingénieux et fonctionnel de l’eau. Les enfants, eux, ont bien évidemment adoré la partie tunnel de l’aqueduc et les différentes arches qui sont autant de cachettes leur permettant de disparaître de nos regards pendant quelques instants. Si on les avait laissé faire, je pense qu’ils auraient aimé encore plus jouer les équilibristes sur sa partie la plus aérienne. En général, les enfants aiment les élévations et se mouiller les pieds et l’enfant de 68 ans que je suis encore n’est jamais le dernier à prendre plaisir à ces espiègles distractions. De toute évidence, la balade plaît aux enfants mais également aux adultes car on peut aisément retrouver à la fois la vie rurale actuelle mais se projeter dans celle d’antan. Les deux doivent être très ressemblantes et seuls quels fûts en plastique, tuyaux en PVC et grillages sont là pour en illustrer les dissemblances dans la manière de régenter les jardins potagers actuels. Quelques gentils chevaux, poneys et autres ânes dans leur enclos donnent une touche champêtre à ce parcours et on imagine aisément que cette vision bucolique devait être la même il y a quelques siècles auparavant. L’Histoire raconte que de nombreux vestiges ont disparu emportés par les siècles et sans doute les crues de l’Agly. Le village romain qui était irrigué était situé au lieu-dit Le Moulin, non loin de la ligne de départ. Les restes d’un pont sont encore visibles. Ils sont situés à la confluence de l’Agly et de la Désix. Si les enfants ont du mal à tenir la concentration pendant cette heure de balade, et c’est normal, j’ai quand même acquis la certitude que mon petit-fils de 8 ans avait retenu quelques leçons : il sait désormais ce qu’est une Pie grièche à tête rousse ou une Fauvette mélanocéphale. Il sait aussi qu’un aqueduc est un pont permettant de capter et de conduire de l’eau pour irriguer des jardins. Il sait que celui d’Ansignan était initialement romain. Il sait que certains habitants des Fenouillèdes sont appelés « lézards » (ceux de Felluns), à cause de leur goût immodéré pour la sieste. Il sait aussi qu’il est très fort à la course et nous l’a prouvé en battant sa mère à plate couture. Son père est encore meilleur que lui mais pour combien de temps ? Il sait aussi que le grand-père que je suis est super fort à la pétanque et que quand il s’agit de se lancer dans des parties acharnées, il n’est pas le dernier. Il a si bien retenu cette dernière leçon que depuis il m’a battu : 13 à 12 et donc sur le fil mais ça reste une très belle victoire dont il a toutes les raisons d’être fier ! Ma petite fille Eulalie, elle, a fini la boucle sur les épaules de son père, mais je pense que c’est plus par « cagne » que pour une réelle fatigue. Cette dernière journée sur le Sentier des Oiseaux a donc été bien différente de la première : moins d’oiseaux aperçus et photographiés mais une jolie balade quand même, couronnée d’un agréable pique-nique, d’opiniâtres parties de pétanque et d'une visite du barrage de Caramany. Moins d’oiseaux mais plus de bonheurs et les deux sont tellement plus beaux quand ils ne sont pas en cage ! Cette balade est donnée pour 3km et sans aucune déclivité (30 m seulement). Carte I.G.N 2348 ET Prades- Saint-Paul-de Fenouillet - Top 25.
Ce diaporama est enjolivé avec des musiques de Joyce Cooling extraites de son album "Playing It Cool". Elles ont pour titre : "Imagine that" et "Savannah".
La personne qui vient à Caramany faire cette randonnée « Autour du Grand Rocher » sans connaître l’étymologie de la cité risque de se demander de quel « grand rocher » il s’agit. En effet, si le village est perché à l’humble altitude de 250 mètres entre deux pitons rocheux tout aussi modestes que sont le Mont Redon (394 m) et la Bade (313 m), l’intitulé de cette balade peut donc laisser songeur le randonneur mal informé. C’est en tous cas, la réflexion que j’ai eu quand, il y a quelques années, je suis venu faire cette belle randonnée pédestre pour la première fois. A l’époque, j’ignorais que Caramany tirait son origine de l’élément « kar » signifiant « pierre » et du latin « magnus » signifiant « grand » et que par extension, cette « grande pierre » était appliquée à tout rocher fortifié et par ricochet à un grand château fort. D’ailleurs, on retrouve « ker » dans d’autres langues comme la celte ou la bretonne où ce seul préfixe signifie « colline fortifiée », « forteresse », « château », « citadelle », etc…etc…. Ici, au fil du temps, les « kar magnus » ou « ker magna » ont fini par donner Karamay en 1211, Karamanho en 1242, Caramain en 1261, Caramayn en 1304 et Caramany en 1395. Sur les cartes Cassini, on trouve Caramaing et en occitan, le village devient Caramanh mais c’est la graphie catalane « Caramany » qui est restée la plus usitée. (Source : Wikipédia) Une fois toutes ces précisions bien arrêtées, on n’est guère plus avancé car en réalité, on ne va n’y faire le tour d’un grand rocher et encore bien moins celui de l’ancien château médiéval, ça serait bien trop facile. Alors que viens-t-on faire au juste ici ? Et bien, il faut admettre que si le village mérite bien le détour et j’en conseille d’ailleurs la visite sans nécessité d’en faire le tour, le principal attrait de cette balade reste le lac de barrage sur l’Agly. Un barrage dont la construction puis la mise en eau s’est faite avec des soubresauts au sens figuré et au sens propre. Au sens figuré quand les archéologues mirent à jour une vingtaine de sites historiques s’étalant du Néolithique au Moyen Âge dans la zone inondable mais au sens propre aussi quand un séisme de 5,3 sur l’échelle de Richter eut lieu le 18 février 1996 au moment même où le remplissage arrivait presque à son terme. Tout ça sans parler du vignoble dont une grande partie a du être sacrifiée voir replantée dans des zones moins humides. Avec la présence du lac, c’est donc une balade plutôt rafraîchissante que l’on va accomplir, dans un cadre qui ne l’est pas toujours et notamment aux heures les plus chaudes de l’été. Pour moi, grâce à mon appareil photo muni d’un bel objectif, ce lac signifie de voir des oiseaux et à ce titre, je dois dire que je n’ai pas été déçu tant la chance a été avec moi ce jour-là. Le départ s’effectue devant la cave coopérative vinicole où un panneau indiquant la balade est bien présent au même titre que quelques autres comme le « Balcon de la Pêche », le « Balcon du Lac » ou celui des Fenouillèdes. Si ce panneau indique très clairement de partir vers le village, nous, nous sommes partis à l’opposé en direction du lac. Ne voyez aucun malice à cela car si l’on a fait ce choix, c’est simplement que la fois précédente où nous avions réalisé cette randonnée, nous l’avions faite dans le sens préconisé. Alors bien sûr, comme il s’agit d’une boucle, il n’y a pas réellement un « bon sens » pour faire cette balade et que ce soit dans une direction ou dans l’autre, l’essentiel sera de trouver son chemin puis de revenir à la cave et à son véhicule. Pour nous le GPS était dans la poche pour nous y aider. Si vous n’avais pas ce petit appareil bien pratique, il vous faudra suivre le balisage jaune propre à ce P.R. ainsi que les panonceaux signalétiques indiquant « le Grand Rocher ». De toute manière et dans les deux cas, le début et la fin se terminent par de l’asphalte toujours un peu désagréable à cheminer et même un peu fastidieux, il faut bien l’avouer. L’avantage du sens contraire à celui préconisé, c’est que l’on garde la visite de Caramany pour la fin et même comme un agréable dessert si l’on décide de finir la balade à l’excellente Auberge du Grand Rocher, à condition bien sûr qu’elle soit ouverte. Il faut donc se renseigner au préalable. Mais pour l’instant, nous n’en sommes pas là et nous, à une stèle en mémoire au premier coup de pioche de la construction du barrage, on a quitté d’emblée l’itinéraire pour rejoindre le bord du lac où quelques oiseaux m’attendaient sagement pour quelques jolies photos. Bien sûr, rien ne vous obligera à faire de même et il suffira que vous restiez sur la petite route car à la fin du bitume, il suffit de suivre la piste DFCI N°F67 qui file à gauche et tout droit et qui, peu à peu, s’élève au dessus du lac. Il va en être ainsi sur un peu moins de 2 kilomètres, toujours de manière rectiligne et sur la piste qui est parallèle à la berge méridionale du lac. Avant un virage en épingle où se trouve un point d’eau DFCI et quelques panonceaux indicatifs, on aura rencontré un grand panneau décrivant les différents vestiges archéologiques désormais immergés mais découverts avant la mise en eau du barrage. Au virage, les vues sur le lac se font plus grandioses et je prends plaisir et tout mon temps à photographier quelques oiseaux qui ont élus domicile sur le miroir bleuté ou sur ses berges. Tout en montant car le dénivelé devient plus conséquent, se dévoilent de magnifiques paysages : Vers le bout du lac en direction d’Ansignan et de son aqueduc romain émerge la très reconnaissable Serre de Vergés déjà gravie, encore plus loin le Pech du Bugarach laisse entrevoir son originale bosse pachydermique légèrement blanchie par quelques flocons de neiges tombés ces derniers jours. Toujours à l’horizon mais dans la direction opposée, c’est le Pic Aubeil également gravi au cours d’une jolie boucle autour de Bélesta que l’on aperçoit. Devant, c’est le débonnaire Roc de Lansac qui étale quelques boqueteaux de chênes verts, la garrigue de ses « camps » oubliés et quelques vignobles descendant jusqu’aux rives du lac. Dans ce superbe décor, quelques ocres parcelles se reflètent sur la surface qu’elles assombrissent de leurs grandes silhouettes. Ces grandes formes sombres contrastent avec le bleu outremer qui prédomine ici dans ce panorama aérien absolument exceptionnel. Sur les berges opposées, couleur ivoire, quelques oiseaux arpentent les paisibles plagettes. La large piste continue de monter en virages, elle se stabilise puis monte encore et au fil de cette modeste ascension, la végétation change. Les chênes verts laissent la place à quelques pins, cèdres et autres chênes blancs. On poursuit le balisage jaune mais on se fie aussi à la signalétique « Grand Rocher » qu’il faut bien sûr emprunter en sens inverse à celui fléché. L’heure du pique-nique ayant sonné, on s’installe au pied d’un haut mirador non sans en avoir gravi au préalable les quelques marches afin de profiter des extraordinaires et époustouflantes vues embrassant l’aval du lac et le village de Caramany. Peu après cette pause, la vue sur le lac s’évanouit et au bord du chemin, les décors changent. Au milieu des petits vignobles aux sables ocreux, les cabanes, casots et « feixes » en pierres sèches se succèdent. Sur la droite, le long Serrat du Roc Rouge étire sa haute croupe boisée et bosselée. Le chemin descend parfois dans de minuscules ravines pour mieux les remonter quelques enjambées plus loin. A partir d’ici et en raison du grand nombre de chemins et de pistes partant en tous sens, il faut prêter bien plus attention au balisage ou bien marcher avec la carte IGN à la main ou mieux encore avec un GPS au tracé préenregistré. Ravin de Camarère, Llèbretous, Péménard, voilà les noms des quelques lieux-dits que l’on trouve sur la carte et que l’on va côtoyer à l’approche de Caramany. La fin, plutôt sinueuse, devient plus laborieuse car le village est parfois droit devant dans la ligne de mire puis on s’en éloigne pour mieux y revenir semble-t-il, mais non, on s’en éloigne à nouveau puis on y revient comme à presque le toucher avant de s’en écarter de nouveau et d’en faire un grand tour en laissant sur la droite les vestiges d’un vieux moulin à vent sur les contreforts du Mont Redon. Ici l’intitulé de la balade « Autour du Grand Rocher » prend tout son sens car le village était tout près puis l’éloignement devient de plus en plus significatif et la nouvelle approche par son côté sud-est et sur l’asphalte est tel qu’on aurait presque pu l’appeler « autour du pot » tant on ne voit pas la ligne d’arrivée survenir. Après maints et maints « atermoiements », on atteint finalement la D.21 et les premières maisons. Le village est là à quelques pas et désormais on retrouve le plaisir de la marche et de la découverte en arpentant quelques agréables ruelles. Si le village peut être vite traversé, il faut néanmoins en visiter l’essentiel de son patrimoine architectural avant d’en ressortir en poursuivant encore la D.21 pour rejoindre la cave vinicole et son parking où l’on a laissé la voiture. Selon le tracé enregistré dans mon GPS, la distance accomplie a été longue de 14km900 pour un très modeste dénivelé de 208 mètres mais des montées cumulées de 1.198 mètres, le point culminant étant à 385 mètres d’altitude. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.
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Après un grand détour par l’île de Madère et la fabuleuse mais difficile traversée de ses plus hautes cimes que sont le Pico do Arieiro (1.818 m) et le Pico Ruivo (1.862 m), redescendons un peu sur terre avec ces Monts d'Estagel dont la découverte constitue une toute petite randonnée que je qualifierais presque d’entraînement. Redescendre sur terre si j’ose m’exprimer ainsi, au sens propre avec cette nouvelle balade qui va culminer à 185 mètres d’altitude et au sens figuré car les plaisirs du voyage et de l’aventure seront sans commune mesure avec ceux que nous avons connu sur la Perle de l’Atlantique. Eh bien oui que voulez-vous, on ne peut pas toujours être en voyage aux Tropiques et partir randonner sous d’autres cieux très lointains. Eh bien oui que voulez-vous, il faut d’abord s’entretenir un peu si l’on veut ensuite avoir une forme suffisante pour gravir de plus hauts sommets. L’hiver est souvent la période la plus propice à ces courtes randonnées de remises en forme où l’on va pouvoir balader tout en faisant fonctionner son souffle et donc son cœur de manière optimale. Je suis toujours à la recherche de ces petits circuits de randonnées pas trop loin de chez moi de préférence et qu’on les effectue en les appelant « marche cardio » ou « cardio training », le printemps venu, il en restera toujours quelque chose si on répète ces séances bien régulièrement. Une condition tout de même, j’aime bien ces petites balades à condition d’être toujours dans la découverte, c'est-à-dire que j’aime bien en changer pour éviter la lassitude. Cette fois-ci, nous avions jeté notre dévolu sur un petit panonceau jaune que nous avions aperçu invariablement et depuis quelques temps déjà à la sortie d’Estagel. Ce panneau de randonnée était juste après le pont sur l’Agly, direction Maury mais si on le voyait déjà depuis quelques temps, nous ignorions ce qu’il pouvait bien indiquer. Il faut dire qu’à l’endroit où ce panonceau est placé, en plein virage, il est très difficile de s’arrêter sans prendre le risque de créer un accident car en général, les voitures reprennent de la vitesse dès la sortie du village.
Ce jour-là, avant de partir vers Estagel, j’ai jeté un coup d’œil rapide à la carte IGN sur Géoportail et je n’ai noté aucun tracé de randonnée dans ce secteur. C’est donc en aveugles que nous sommes partis, que nous avons laissé notre voiture devant la gare du village et que nous avons fait les quelques mètres qui nous séparaient de l’énigmatique panonceau. Une fois devant celui-ci, le mystère est resté presque entier car il était écrit : « Les Monts d’Estagel – 8 km » et même en dépliant ma carte IGN, je n’étais guère plus avancé. Il y avait bien un Mont d’Estagel et quelques chemins qui semblaient tourner autour mais rien de concret quant à une éventuel tracé du style P.R. (Petite randonnée). Nous étions sur le point de démarrer la balade quand Dany me fit remarquer que sur le panonceau était dessiné un minuscule vélo ainsi que le fameux balisage propre aux circuits locaux de VTT avec un triangle et deux cercles de couleur jaune. Alors fallait-il pour autant ne pas faire cette balade ? Non, c’était une boucle de 8 kilomètres comme une autre, enfin nous l’espérions, et je ne voyais rien qui s’opposait à la transformer en une randonnée pédestre. Bien sûr, nous comptions respecter le balisage que nous espérions suffisamment clair et présent pour ne pas s’égarer en cours de route. C’est ainsi que dès le départ, nous avons traversé la voie ferrée à un passage à niveau avec signal automatique et devant ce qui semblait être la maison d’un artiste mais sans doute plus sûrement celle du gardien de ce même passage à niveau. En effet, quelques jolies sculptures en bois ou en pierres étaient là, posées à même le sol et laissaient présager que le cheminot était également un excellent sculpteur à ses heures perdues. Au moment où nous avons franchi la voie avec la prudence recommandée et comme si un signal était nécessaire à matérialiser notre départ, un magnifique coq se mit soudain à chanter. Un large chemin tourna à gauche et s’éleva en suivant la voie ferrée, voie qui elle-même était parallèle à la D.117 que l’on apercevait légèrement en contrebas. Sur la carte IGN, le lieu-dit s'appelle Le Pal, toponyme plutôt répandu dans nos belles Pyrénées. Il peut signifier "poteau" ou "pente", ce qui ici laisse la porte ouverte aux deux possibilités. Après 2 kilomètres environ sur ce chemin parallèle à la D.117, on retrouve le bitume de la D.611 qui, elle, file vers Tautavel près d’un autre passage à niveau. On la traverse. Tout en parcourant ce tronçon, nous avons eu l’occasion d’entrevoir de très jolies vues sur les premières collines des Fenouillèdes, sur le Massif du Canigou et sur les Corbières. Sur la droite, les flancs du Mont d’Estagel laisse entrevoir d’innombrables terrasses ainsi qu’un grand nombre de vieux et colossaux murets de pierres sèches et également quelques orris. Ils sont les témoignages d’anciennes cultures et d’un pastoralisme aujourd’hui disparus. Dans cette colline hostile où la garrigue et de nombreux pins ont désormais entièrement repris leurs droits, on imagine avec peine qu’agriculture et élevage aient pu exister au siècle précédent. Nous avons poursuivi la D.611 et juste après le virage et une pancarte « Domaine Mas Camps », nous avons emprunté un large chemin qui montait à gauche et arrivait au sommet d’une butte près d’un mas. Cette portion du chemin semblant être privée car on y croise un nombre incalculable de voitures, nous avons bien sûr respecté les lieux en ne s’y attardant pas et en marchant en silence. Le chemin est redescendu un peu, a rejoint un tunnel au dessus duquel passe la voie ferrée et nous avons retrouvé le balisage qui avait quelque peu disparu. Dorénavant, la voie ferrée n’était plus en dessous mais légèrement au dessus. Tout en longeant la voie ferrée, le large chemin a fini pas se rétrécir en atteignant une vigne. Nous l’avons traversé en restant sur la gauche pour aboutir sur l’asphalte d’une petite route vicinale qui montait vers la droite. Malgré la déclivité, ici a commencé la portion la plus « roulante » de cette boucle et c’était l’occasion rêvée de faire un peu du « cardio training » en accélérant le pas. Nous avons poursuivi cette route qui filait plein nord en prêtant attention au balisage jaune toujours présent mais parfois peu évident à voir. Au bout de quelques centaines de mètres, après un bref raidillon, l’asphalte a laissé la place à une piste terreuse. Sans trop s’en rendre compte, nous nous sommes élevés et les vues se sont un peu plus entrouvertes sur des panoramas plus lointains où l’on pouvait distinguer les collines de Força Réal mais où le Canigou remplissait le paysage et restait le seigneur de l’horizon. Désormais, la large piste se faufilait entre vignes, casots, pinèdes et terrains en friches. Après une « bonne » montée, l’itinéraire s’est stabilisé et a même fini par s’aplanir complètement au milieu du vignoble. Ici, nos regards se sont tournés vers les petits pechs des Corbières, vers le château de Quéribus et la longue Serre de la Quille. Après quelques zigzags aux milieux des vignes, le chemin bordé de quelques amandiers fleuris est reparti vers le sud puis il est redescendu pour retrouver la D.611 allant vers Tautavel. Là, nous avons tourné à droite tout en traversant la départementale pour rester sur la partie gauche de la route et on a continué à descendre sur 300 à 400 mètres environ jusqu’à rencontrer une combe excessivement caillouteuse qui montait à gauche dans la colline. L’itinéraire était bien là et ce goulet « tord-chevilles », il faut reconnaître qu’il n’est pas très commode à grimper sans de bonnes chaussures de marche. J’étais sur le point d’écrire « tord-chevilles » et « crève-pneus » mais j’ai rapidement réalisé que les vététistes devaient ici, par la force des choses, faire un inévitable portage sur l’épaule tant le sentier est pierreux et donc impraticable à vélo. Au sommet de ce rude raidillon, heureusement très court, l’itinéraire est parti à gauche en suivant un grand muret de pierres sèches puis il est entré dans un bois de chênes verts et de pins et a filé sur la piste la plus évidente dans une végétation de type maquis. Sur ce secteur du chemin, de temps à autres, quelques fenêtres s’ouvraient, sur le Pech de Bugarach étonnamment bien enneigé au regard de sa modeste altitude, sur les carrières de Tautavel et le mamelon de la Tour del Far. A l’approche d’Estagel, la piste terreuse s’est transformée en une route carrossable bitumée. Elle surplombe sur sa gauche la rivière du Verdouble, elle même dominée sur son autre rive par une petite colline qu’on appelle le Cimetière des Maures. Soudain, au détour d’un virage, Estagel a commencé à apparaître et le joli village n’a plus cessé de se déployer au fur et à mesure que nous descendions vers lui. On a retrouvé encore plus magnifiquement qu’au départ les panoramas déjà aperçus :, les petits « serrats » qui encadrent l’Agly, la colline de Força Réal, celle dite La Tourèze mystérieuse et le Massif du Canigou notamment. L’itinéraire a fini par arriver en surplomb de la gare et si la boucle a tiré à sa fin, il fallait encore rejoindre la voiture. Il a fallu pour cela traverser la voie ferrée devant la maison de l’artiste et rejoindre la gare par l’itinéraire pris à l’aller. Telle que décrite, cette boucle est longue de 9 kilomètres environ et nécessite quand même de bonnes chaussures de randonnée avec de préférence une tige haute pour le passage très caillouteux au sein de la combe qui monte vers le Mont d’Estagel. Le dénivelé de 110 mètres environ est très modeste et permet de garder un effort quasi constant si on veut faire du cardio. En été, il faudra penser à prendre de l’eau car le gros du parcours se fait essentiellement sur des pistes jamais ombragées. Enfin, sachez que ce circuit est disponible dans la collection « Les Petits Guides Rando Pyrénées-Roussillon » sur un fascicule quasi introuvable aujourd’hui qui s’intitule « 20 randonnées VTT en Fenouillèdes » édité par le Conseil Général des Pyrénées-Orientales. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-surTêt – Top 25.
J’aime mes enfants par dessous tout et j’aime la randonnée car c’est mon passe-temps favori. Alors comment, dans mon journal mensuel, pourrais-je passer sous silence ce merveilleux Tour pédestre des Fenouillèdes qu’en ce mois de septembre je viens d’accomplir avec mon fils. Quand il m’a annoncé qu’il voulait partir marcher avec moi, j'ai été d'abord très surpris car il préfère nettement le VTT mais j’étais tellement heureux que j’ai mis tout en œuvre pour que ce tour que j’avais inscrit dans mes tablettes depuis fort longtemps se réalise et croyez-moi, même s’il ne fut pas très facile à organiser, car il faut le dire ce pays des Fenouillèdes est incontestablement le parent pauvre du département des Pyrénées-Orientales, il était hors de question pour moi que nous ne l’accomplissions pas ensemble. Le Fenouillèdes, terre occitane oubliée ou ignorée des catalans depuis le traité des Pyrénées de 1659, il suffit pour s’en convaincre, de compulser Pyrénées-Orientales - L’Encyclopédie Illustrée du Pays Catalan où seulement deux pages sont consacrées à cette belle région sur les 302 pages que comporte ce gros ouvrage. Pour se convaincre de cette indifférence et de cette ignorance quasi générale, il suffit de vouloir parcourir ce tour, pourtant parfaitement balisé par les comités associatifs pédestres, pour constater qu’aucun topo-guide n’a encore été édité ni par la Fédération Française de Randonnée Pédestre ni par aucun autre éditeur. Quand à l’organisation, si dans les communes les plus importantes que sont Saint-Paul-de-Fenouillet, Caudiès-de-Fenouillèdes et Sournia, on trouve assez aisément le gîte et le couvert, il y a, en terme d’hébergements, quasiment un grand vide dans la partie est de ce tour sur une immense portion qui va de Saint-Paul à Sournia, c'est-à-dire depuis Lesquerde à Eus en passant par Ansignan, Trilla, Tarerach, Marcevol et Arboussols. C’est d'ailleurs, je pense, la raison essentielle pour laquelle ce tour n’a pas été édité et reste peu fréquenté et que nous-mêmes avons été contraints de camper lors de la première étape qui nous a amené de Trilla à Eus. J’ai d’autant plus du mal à comprendre ce désintéressement pour les Fenouillèdes et cette désaffection pour ce magnifique tour pédestre que cette région regorge de richesses naturelles, architecturales et patrimoniales exceptionnelles. Pour n’évoquer que les sites les plus remarquables rencontrés ou aperçus sur l’itinéraire et sans parler des excellents vignobles que l’on côtoie au fil du parcours, Rivesaltes et Maury pour ne citer que les plus connus, il y a le superbe Prieuré de Marcevol, la localité d’Eus, élu plus beau village de France, de nombreux jolis hameaux oubliés dont ceux de Comes et de Campeau par exemple , ces étonnants amas de mégalithes naturels du Parc Naturel Régional des Pyrénées-Catalanes, les admirables forêts domaniales du Fenouillèdes, de Boucheville et du Moyen-Agly, les merveilleuses gorges de Saint-Jaume et de Galamus avec son ermitage Saint-Antoine, les belles vallées de la Désix, de la Boulzane et de l’Agly pour ne parler que des principales rivières, les ruines d’innombrables mas pastoraux et de nombreux châteaux dont ceux de Fenouillet, l’ admirable église Notre-Dame de Laval à Caudiès, les étonnantes échines géologiques calcaires que sont le synclinal de Saint-Paul s’étirant sur plus de 30 kilomètres et les Corbières avec ses pechs et notamment celui monumental et mystique de Bugarach, le surprenant chapitre de Saint-Paul avec son insolite clocher heptagonal et enfin peut-être le plus merveilleux et emblématique joyau architectural de la région avec le splendide pont-aqueduc romain d’Ansignan dans un état de conservation exceptionnel et encore en état de fonctionnement malgré son grand âge de plus de 17 siècles. Voilà quelques unes des principales merveilles que vous pourrez découvrir si vous êtes un jour amenés à réaliser ce tour dans son intégralité. Mais le Fenouillèdes, ce n’est pas seulement cela, ce sont des hommes qui ont su façonner un pays très tourmenté fait d’une succession de collines et de multiples ravins, des hommes qui ont réussis à élever de charmants villages dans les coins les plus reculés, des hommes qui malgré les occupations, les invasions successives (romains, wisigoths, musulmans, francs, espagnols, etc.…) et un passé parfois tumultueux comme les guerres entre cathares et catholiques sont restés accueillants et ont réussi à en faire un pays où il fait bon vivre. Même si en raison d’une mauvaise météo, les deux premiers jours n’ont pas été très propices à une flânerie pédestre, sur ce Tour des Fenouillèdes, ce bien-être, Jérôme et moi avons eu l’occasion de le goûter tout au long de ces 5 jours. Alors, je ne sais pas ce que Jérôme en pense mais pour moi, ce périple de 120 kilomètres avec lui, restera très longtemps un vrai Tour du Bonheur.
Après quelques belles randonnées hors des sentiers battus, je reviens avec cette « Tourèze Mystérieuse » à des chemins bien plus empruntés par les marcheurs de notre belle région. En effet, je qualifierais presque d’incontournable, cette jolie et énigmatique balade qui part de l’historique et charmant village de Latour-de-France et qui figure d’ailleurs en très bonne place dans le guide « Les Pyrénées-Orientales ….à pied » édité par la Fédération Française de Randonnée Pédestre. Si vous démarrez cette excursion dans la Tourèze sans savoir pourquoi on y a adjoint l’adjectif « mystérieux », la réponse à cette interrogation vous sautera aux yeux comme une évidence dès lors que vous aurez mis un pied dans cette étendue de garrigues. C’est en tous cas, ce que j’ai vécu la première fois où je m’y suis rendu. Bon, comprendre la présence de l’adjectif « mystérieux » dans le titre de cette jolie balade, ne vous donnera pas pour autant les réponses à toutes les questions que vous vous poserez tout au long du parcours et il est fort probable que le mystère restera presque entier une fois la ligne d’arrivée franchie. Située au nord de Latour-de-France et dominant une courte portion de la Vallée de l’Agly, dans cette modeste colline, dont l’altitude de 424 mètres atteint son apogée à la Sarrat del Coude, le mystère se fera jour sous la forme d’une multitude d’amoncèlements de pierres sèches qui jalonnent le sentier et qu’on découvre au fil des 13 kilomètres que composent le parcours. Ce qui est un peu dommage, c’est que tout au long de cette boucle qui est pourtant un P.R (randonnée de pays), aucun panonceau ludique ne vient éclairer notre lanterne sur l’origine de ces innombrables et colossaux tas de pierres et sur la quarantaine (paraît-il !) de capitelles que l’on peut découvrir dans cet étrange paysage plutôt aride. Cette boucle démarre devant la cave coopérative vinicole où un panneau annonce la direction et la couleur jaune du balisage : « 13 km-4h-dénivelé 250 m ». A hauteur du Monument aux Morts, on délaisse la rue du Général de Gaulle pour emprunter la rue de la Capeillette, petite ruelle qui nous amène directement au bord de l’Agly que l’on enjambe par un large radier. La Tourèze est cette longue colline qui ondule et s’élève depuis la gauche où l’on distingue de grands piliers électriques à haute tension. Si la Tourèze est à gauche et devant soi, l’itinéraire, lui, file à droite et parallèle au fleuve par une large piste d’abord bitumée puis terreuse qui traverse quelques vignes et terrains en friches. Elle passe devant un ranch, espèce de blockhaus essentiellement fait de moellons de ciment où plusieurs chiens montent ardemment la garde puis le chemin débouche rapidement sur la départementale 9 au pied de ce qui ressemble à un immense hangar désaffecté. Le balisage jaune nous demande de tourner à gauche et de poursuivre la D.9 sur environ 350 mètres puis un petit panonceau nous recommande de grimper à droite dans la colline par un large chemin immédiatement rocailleux qui file plein nord puis tourne vers le nord-ouest tout en continuant à s’élever au milieu d’ultimes vignobles. Ce qui étonne le randonneur, ce sont bien sûr, ces premiers amas de blocs rocheux qui bordent le chemin sur la gauche. Comment sont-ils arrivés là ? Rien ne le dit ou ne le laisse deviner mais ici, compte tenu de leurs masses, on imagine mal qu’ils aient pu être manipulés par l’homme sans l’aide d’une machine robuste et moderne. Là, les panoramas se dévoilent déjà sur le vallon de l’Agly et à l’horizon vers le sud et l’est, vers Montner et Força Réal, au dessus vers le Canigou, vers Estagel et ses carrières blanches toutes proches et plus loin vers le mamelon pointu de la Tour del Far. Le vignoble disparait rapidement et laisse la place à une garrigue typiquement méditerranéenne : buis, cistes, romarins, genévriers, nerpruns, baguenaudiers, chênes kermès et verts, camélées, etc.… Quelques mètres plus loin, avec des pierres devenues soudain plus petites et sur la droite une première capitelle, dans nos têtes les premières interpellations apparaissent. A l’ombre d’une agréable mais trop courte pinède de pins parasols, le sentier se rétrécie et file désormais sous un cagnard brûlant dans un incroyable décor austère où les rochers, les cailloux, les pavés deviennent les « pierres angulaires » d'incalculables et monumentaux édifices soulevant quatre principales interrogations : « Qui, quand, pourquoi, comment ? » Si l’on connaît plus ou moins, l’usage d’une capitelle : cabane à encorbellements de pierres sèches mais parfois de marbre comme ici dans la Tourèze où l’agriculteur rangeait ses outils et s’abritait en cas d’intempéries, par contre pour ces longues masses parfois difformes de pierres de plusieurs mètres de largeur et parfois, de hauteurs, pour le randonneur lambda, le mystère reste entier. Est-ce des clôtures, des coupe-vents, des terrasses, des enceintes délimitant des parcelles, des accotements, des murs de protection ou de défense, des passages ou tout ça en même temps ? On peut laisser aller son imagination en raison de la diversité de ces empilements. Un dénominateur commun néanmoins : l’ordonnancement de ces pierres dont on voit parfaitement qu’elles ne sont pas arrivées là de manière désordonnée. Au gré de notre pérégrination, on pense trouver quelques pistes : au sol, quelques poteaux rongés par le temps finissent de pourrir à côté d’un ancien transformateur électrique, un poste de chasse apparait au sein d’un énorme amas de pierres, une longue cabane de parpaings envahie par les ronces et les nids de guêpes domine une « coume », un muret avec une chicane ressemble à une muraille fortifiée, des stries dans des roches calcaires dues aux frottements de roches plus dures peuvent laisser supposer qu’on marche ici sur le site d’un ancien glacier ce qui pourrait expliquer ces amoncellements de pierres comme étant le dépôt final d’anciennes moraines, un panneau de bois de l’Association du Massif de la Tourèze nous demande de respecter le site, une date 1842 a été taillée au fronton d’une capitelle mais indique-t-elle l'époque de sa construction, etc.… Non décidemment, tous ces éléments bien différents n’apportent aucune réponse concrète et ne représentent même pas le début d’un soupçon d’indices. Plus on avance et moins on a de réponses aux questions que l’on se pose. Alors, en désespoir de cause, on finit par penser que ces gigantesques tas de pierres sont comme tombés de ciel. Alors, la « Tourèze Mystérieuse », ancien résidence d’extra-terrestres ou site divin ? Comme on finit par se lasser de tous ces mystères et qu’on en deviendrait presque stupide ou « parano », on préfère passer son temps à observer les superbes panoramas qui se dévoilent un peu de tous côtés. Après tout, une randonnée c’est surtout fait pour ça, non ? On aperçoit le Canigou et le début des Pyrénées, les Fenouillèdes et les Corbières mais le plus beau reste incontestablement cette vue somptueuse et aérienne que l’on a de Latour-de-France depuis le bord de la colline. Les capitelles de plus en plus belles ou insolites continuent à nous faire sortir du sentier puis sans y prêter garde, on se retrouve tout à coup au pied d’une « Tour Eiffel » miniature qui n’est autre que l’immense pylône électrique à haute tension que l’on avait aperçu depuis le radier sur l’Agly. Ici, à 394 mètres d’altitude, on délaisse pour un temps les tas de pierres pour des amas de poutres métalliques moins occultes et on atteint le point culminant de notre balade avant de redescendre au fond d’un thalweg tout en filant plein nord. On coupe le fond de la « coume » au milieu des buplèvres où les papillons sont légions, attirés qu’ils sont par les fleurs jaunes de ses superbes arbustes ligneux mais aussi par un peu d’humidité dans ce monde d’une extrême sécheresse. Le sentier remonte jusqu’au prochain pylône électrique et là, il tourne à droite et contourne la Sarrat del Coude pour redescendre dans la Coume d’En Mouche. Là, en descendant cette ravine, plusieurs murettes en ruines et quelques tas de pierres rouges au sein d’un inextricable maquis finissent de remettre une dernière couche aux mystères de la Tourèze. Le sentier atterrit au Col del Loup (199 m) au milieu d'un vignoble soigné et rectiligne. Alors que Latour-de-France apparaît magnifiquement vers l’est, un petit panonceau jaune indique l’évidente direction et la distance de 2 kilomètres restant à parcourir. Pour finir, on prête attention aux derniers coups de peinture jaune sur les pierres du chemin et on rejoint très facilement Latour-de-France près de l’aire de pique-nique qui jouxte les rives de l’Agly que l’on entend chanter en se rapprochant du village. On enjambe le fleuve par le pont qui rejoint le bourg au pied des vieux remparts. Le balisage se poursuit vers le château et l’église et permet de découvrir quelques facettes du vieux village que l’on peut aisément compléter en flânant dans les jolies et ancestrales ruelles. On rejoint la cave coopérative et notre véhicule avec sans doute un peu d’amertume de n’avoir pas pu élucider, au moins en partie, « les mystères de la Tourèze ». Alors en arrivant chez moi, je me suis empressé d’aller voir sur Internet tous ce que l’on avait pu écrire sur cette contrée et il faut avouer qu’il n’y a pas pléthores d’articles. J’y ai, malgré tout, trouvé une étude très intéressante qui présente l’avantage de s’adosser à des recherches locales et historiques menées très sérieusement par l’archéologue Jean-Pierre Comps. En résumé, mais je vous conseille d’aller voir le site :
il dit que la Tourèze aurait été défrichée et dépierrée par les paysans les plus pauvres de la vallée de l’Agly que l’on appelait déjà journaliers. C'est-à-dire que ces hommes vendaient leur travail à des propriétaires que ces terres incultes n’intéressaient pas vraiment. Ces paysans, à la fois bergers pastoraux et agriculteurs travaillaient cette étendue de garrigues pour en faire des terres arables et des lieux de pâturages avec l’immense espoir d’en acquérir quelques fragments de parcelles. Et comme pour ces pauvres gens, les surfaces cultivables avaient une valeur inestimable car c’était leur unique moyen de subsistance, ils ont pris soin de ranger méthodiquement toutes ces pierres extraites manuellement de leurs terrains pour en faire des parements, des murets, des amoncellements, des clôtures, des cabanes, des abris, des terrasses, etc.…. A partir de là, on peut penser que le mystère de la Tourèze a été ainsi résolu puisque cette petite colline aurait été au fil des siècles une incroyable région pastorale où le défrichage et le dépierrage faisaient partie intégrante du quotidien de nos admirables ancêtres. Mais ne reste-t-il pas un dernier vrai mystère qui, celui-ci, ne sera jamais élucidé ? Celui de savoir où ces paysans puisaient cet invraisemblable courage et cette prodigieuse force pour arriver à vivre de cette terre excessivement pénible et escarpée ? Cette théorie paraît la plus plausible mais comme ce n’est pas la seule ceci explique sans doute l’absence de panonceaux tout au long de cette belle balade. Si vous vous intéressez à ce thème, je vous conseille d’aller visiter les sites Internet suivant :
Cette randonnée est réalisable toute l’année mais en période estivale, il faut s’assurer que la massif est praticable et il est fortement conseillé de ne pas oublier en sus de l’équipement usuel, de bonnes chaussures de marche, de l’eau à profusion, des lunettes de soleil et une crème solaire. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt – Top 25.
Arrêts inclus et en flânant, il faut moins de trois heures pour effectuer cette jolie petite balade intitulée « le Chemin de Saint-Martin » que vous pouvez également retrouver dans le guide intitulé 34 randonnées en Agly-Verdouble. Elle démarre du pittoresque et historique village de Latour-de-France et sur un itinéraire parfaitement balisé et agencé de nombreux panonceaux, elle file vers la séculaire chapelle dédiée à Saint-Martin. Par endroit malheureusement bitumé, un large chemin ancestral court rectiligne au milieu des vignes et des prairies souvent clôturées de longs murets de pierres sèches. D’ailleurs, dans ce décor de garrigues plutôt aride, balayé de surcroît une grande partie de l’année par la tramontane, les hommes au fil des siècles ont défrichés et labourés les terres à tour de bras créant ainsi des amoncellements de pierres en tout genre. Décombres de nombreux cortals isolés ou ruines de minuscules hameaux oubliés, longues murettes servant à délimiter les parcelles, puits et canaux, beaux orris et jolies capitelles, vestiges de castells ou de chapelles, toutes ces pierres prouvent ô combien les activités agricoles, pastorales, martiales et religieuses ont été intenses au cours des siècles précédents. Les historiens savent peu de choses de ce vaste plateau granitique et de ce petit ravin des Canorgues qui domine la belle vallée de l’Agly, si ce n’est qu’ils ont été très longtemps occupés par des chanoines qui y cultivaient des vignes bien sûr, mais aussi des vergers et des champs de céréales. Ces mêmes chanoines ou peut-être d’autres écclésiastiques seraient sans doute les bâtisseurs et les premiers occupants de cette chapelle romane Saint-Martin qui daterait du 12 ou 13eme siècle. Jouxtant la chapelle, qui aurait longtemps servie d’habitation, subsiste encore une grande porte fortifiée et quelques ruines d’une très vieille enceinte laissant supposer qu’il s’agit des vestiges d’un ancien château féodal. Le départ s’effectue depuis l’aire de pique-nique de Latour-de-France où se trouve un panonceau indiquant la marche à suivre. Le village s’est longtemps appelé Triniac en référence à une tour de surveillance qui protégeait la cité et la frontière avant le traité des Pyrénées. Au 18eme siècle, la nouvelle graphie La Tour de France se met en place en souvenir de cette tour et par le fait même que le village ait été pendant très longtemps un ultime bastion de la France juste avant la frontière avec l’Espagne. Comme dans de nombreuses communes, la contraction de La Tour en Latour venant plus tard et tout naturellement par l’écriture. On quitte l’aire de pique-nique en franchissant le pont sur l’Agly et en remontant vers le village. Au panneau signalétique « Latour-de-France », on tourne à droite, on emprunte le « chemin Le Cros » puis à la fourche, on poursuit tout droit en délaissant sur la droite le « chemin de Sainte Eulalie » par lequel on terminera notre balade. Tout en montant, on laisse sur la gauche, un bâtiment ayant la forme d’un fortin mais il s’agit, semble-t-il, d’un réservoir d’eau. Puis le chemin rocailleux continuant à s’élever en longeant une longue murette de pierres sèches, il laisse entrevoir de beaux panoramas sur la commune mais aussi sur l’ample et longue vallée de l’Agly, les collines de Força Réal et celles de la Tour del Far. L’itinéraire quasi rectiligne jusqu’à la chapelle Saint-Martin alterne la souplesse d’un chemin herbeux, la dureté et le tranchant des gravillons et des cailloux et enfin pour finir les ornières d’une route qui fut en son temps goudronnée. Avec une signalétique parfaite à un carrefour de sentiers qu’on prend soin de lire, on atteint aisément la chapelle puis après cette visite, on revient sur ces pas jusqu’à ce croisement pour descendre par la gauche en direction de Planèzes que l’on aperçoit sur l’autre rive de l’Agly. On descend sur cette route asphaltée en prêtant attention qu’il faudra prendre un peu plus bas, un étroit sentier balisé en jaune qui file à main droite dans le ravin des Canorgues. On enjambe ce maigre ruisseau par un petit pont de bois et on poursuit ce tracé où l’on découvre deux superbes orris dont un se dresse légèrement à l’écart du sentier. Tout en descente avec de jolies vues sur le vallon, on finit par atteindre un canal d’irrigation qui file parallèle au sentier et rejoint quelques mètres plus loin une piste qui n’est autre que le chemin de Sainte Eulalie aperçu au départ. Ce large chemin se faufile au sein de rudimentaires cabanons où vignes, vergers, jardins potagers et pelouses resplendissent, sans doute irrigués par ce vieux canal d’arrosage. Si à notre époque, on autorise ces quelques prélèvements, il n’en a pas toujours été ainsi et il fut un temps où les rois faisaient valoir leurs droits de propriété sur les eaux ainsi canalisées. Ici dans ce terroir aux versants si arides, la gestion de l’eau a donc, de tout temps, revêtu une importance capitale et, de nos jours, elle est même devenu un enjeu économique crucial. Mais si l’eau est essentielle à la vie de Latour-de-France, le vin l’est tout autant. Alors je vous conseille de l’eau au départ de cette jolie randonnée et du vin à l’arrivée car il y en a de très bons ! Après 7 à 8 kilomètres de cette belle flânerie, on retrouve le « chemin Le Cros », Latour-de-France et le vaste parking de l’aire de pique-nique où l’on a laissé son véhicule. Bien que ne l’ayant jamais réalisé, sachez que l’on peut rallonger ce circuit par un détour au très beau château de Cuxous dont j’ignore si une visite est encore possible ayant lu sur Internet qu’il était destiné à être transformé en luxueuses chambres d’hôtes. Carte IGN 2448 OT Thuir - Ille-sur-Têt Top 25.
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Si au travers de ce reportage, j'ai voulu faire un condensé de plusieurs balades réalisées dans ce secteur, c'est parce qu'il y a ici entre Aude et Pyrénées-Orientales énormément de jolies choses à voir et bien sûr de nombreux sentiers pour y parvenir et les contempler. Et si je l'ai intitulé "Le Pech d'Auroux et les Gorges de Galamus", c'est parce que ces deux lieux représentent les éléments essentiels de cette pierre angulaire. Ce sont les clous du spectacle ! Et de surcroît, ils sont intégrés à une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). Alors bien évidemment, si les sentiers sont indispensables, ici on a presque l'embarras du choix : Tour du Fenouillèdes, Sentier Cathare mais aussi le GR.36 et de nombreux chemins de petites randonnées ou chemins de pays (PR) le plus souvent bien entretenus sont à disposition. Pour grimper au Pech d’Auroux (940m) puis découvrir les fabuleuses Gorges de Galamus que je vous propose dans ce descriptif, on ne déroge donc pas à cette règle car il y a de nombreux sentiers pour y parvenir. Bien sûr, le circuit que je vous propose (en noir sur ma carte) est le plus long mais il permet de tout apprécier sur une seule journée. Mais comme il existe bien d’autres possibilités, on peut aller au Pech d’Auroux sans visiter les Gorges de Galamus et vice-versa ! Sur ma carte, j’ai donc volontairement dessiné plusieurs tracés offrant ainsi une large palette de randonnées avec des variantes plus ou moins longues : le tracé bleu permet de revenir à la voiture après avoir escalader le Pech d’Auroux sans aller voir les gorges mais pris dans le sens inverse, il permet de surplomber les Gorges de Galamus et de partir à leur rencontre en évitant l’ascension du Pech d’Auroux. Quand au tracé en rouge, il permet une descente plus rapide vers les gorges (mais aussi plus scabreuse) que celle qui va vers le Moulin de Cubières. De toute manière, vous pourrez revenir randonner plusieurs fois sur ce site et quelque soit la saison, je suis prêt à vous garantir de belles découvertes panoramiques, floristiques, faunistiques et géologiques ! Pour le parcours principal, à Saint-Paul-de-Fenouillet prendre la D.7 en direction des gorges sur un peu moins de 3 kilomètres pour parvenir à un large virage où un chemin file à droite. A gauche de la route, des panonceaux indiquent qu’on est à la fois sur le GR.36, le Tour du Fenouillèdes et le Sentier Cathare. D’ailleurs, dès le départ, un grand panneau de bois balisé de marques blanches et rouges indique clairement la direction de « Peyrepertuse », fameuse forteresse cathare. Après avoir laissé sur votre droite la carcasse d’une voiture bleue au fond d’un fossé et sur votre gauche une petite vigne, la sente s’élève immédiatement dans une végétation typiquement méridionale. Au bout d’un quart heure, vous atteignez le col de Corbasse (419m) où les vues sont splendides sur la Vallée de l’Agly, Saint-Paul de Fenouillet et la Massif du Canigou. Excepté dans le sous-bois qui le précède, vous aurez peu d’ombre sur les 3,5 kilomètres et les 340 mètres de dénivelé qui mène au Pla de Brézou (665 m). Aussi quand vous l’aurez atteint, vous en apprécierez la fraîcheur et la sérénité qui s’en dégage. Traversez-le dans sa longueur pour aller découvrir les beaux paysages vers la vallée du Verdouble et Peyrepertuse. En effet, c’est de cette extrémité où paissent souvent quelques vaches paisibles, qu’il vous faudra repartir en sens inverse et suivre une sente qui file à droite du pla (panneau avec variante du GR, balisage rose également). Profitez aussi de cette belle prairie entourée de petits bois ombragés pour vous reposer et éventuellement vous restaurer un peu. Vous risquez d’en avoir besoin car si le « Pla de Brézou » se termine, un autre plat vous attend, un plat de résistance qui s’appelle le Pech d’Auroux (940 m) et que vous avez certainement remarqué sur votre droite en arrivant. Un grand dôme triangulaire boisé dominé d’une haute paroi rocheuse (photo). Pour y parvenir, la sente va rapidement se transformer en un court mais très escarpé raidillon de 275 mètres de dénivelé, où pour se hisser, vos mains seront parfois aussi utiles que vos pieds ! Le Pech d’Auroux est un merveilleux mirador à 360 degrés sur une grande partie des Pyrénées Catalanes et Ariégeoises, du Fenouillèdes et des Corbières. La suite est une longue descente avec souvent le Pech de Bugarach et les crêtes des hautes falaises de Galamus en ligne de mire. Tout cela jusqu’à une croisée de deux chemins : d’un côté la D.7 à 45 minutes (tracé en bleu), de l’autre Cubières et Galamus (tracé principal en noir). En prenant, cette dernière option, la sente se remet un peu à monter, redescend et rencontre une nouvelle intersection au Col das Souls. D’un côté et à gauche, la « descente rapide » vers les gorges (le tracé rouge sur ma carte) par une forte pente pas toujours évidente et se transformant en véritable toboggan après les pluies et tout droit « Cubières par le moulin », descente plus facile car plus praticable mais sur laquelle un peu plus bas il ne faut pas se laisser entraîner vers un large chemin qui file à droite. Dans les deux cas, vous partez découvrir les remarquables Gorges de Galamus. Sinueuses à l’excès, elles empruntent le limpide cours de l’Agly, sont dominées par la D.7, périlleuse ici car bordée d’un bas parapet, pas trop impressionnantes au début, elles se creusent au fur et à mesure puis se transforment en un véritable canyon quant on approche du séculaire ermitage Saint-Antoine. On accède à ce véritable nid d’aigle accroché à la paroi rocheuse et construit dans une grotte par un mince boyau creusé dans la roche. Ici les gorges deviennent abyssales et finissent par devenir si étroites et si profondes que le lit écumeux de l’Agly reste le plus souvent invisible. Paradis des canyonneurs ou des randonneurs en eau vive selon le débit de la rivière, les gorges sont très fréquentées à la bonne saison. Classé monument historique en 1927, l’ermitage mérite une ample visite, gratuite de surcroît. Le sentier le traverse et retrouve un peu plus loin son parking et la D.7. Encore un dernier petit effort, votre véhicule n’est plus très loin ! Pour cette boucle longue d’environ 19 kilomètres, comptez 6 à 7 heures de marche. Chaussez-vous convenablement et par une chaude journée, emportez beaucoup d’eau ! Carte IGN 2447 OT Tuchan Top 25.
C’est dans la Semaine du Roussillon que j’ai découvert pour la première fois cette longue et très belle randonnée intitulée le « Balcon de la Pêche ». Une fois sur le terrain, j’ai depuis acquis la certitude qu’aucun pêcheur n’ait jamais parcouru les 21 kilomètres de cette boucle pour aller pêcher ! Mais cette dénomination peut se justifier dans la mesure où de près ou de loin la présence d’eaux « pêcheuses » avec la Désix d’abord et l’Agly ensuite, est quasi-constante tout au long de l’itinéraire. Cette randonnée est d’une grande simplicité car elle est parfaitement balisée et ma présente explication n’est là que pour apporter un éclairage supplémentaire évitant ainsi quelques hésitations. Elle a pour point de départ le très beau village d’Ansignan, centre du Fenouillèdes, et universellement connu pour son remarquable aqueduc romain. Je vous en parlerai plus loin car nous terminerons la randonnée par là, faisant une courte mais indispensable entorse à ce bel itinéraire. Laissez votre véhicule sur le parking de la cave coopérative et retournez vers la rue principale (D.619) que vous empruntez vers la droite. Le balisage jaune est déjà bien présent et rapidement vous quittez par la gauche cette départementale 619 qui elle bifurque à droite. Vous passez sous une arcade romane et descendez une piste carrossable bordée de pins. A votre gauche, le vallon où coule paisiblement l’Agly apparaît. Le bitume s’évanouit rapidement et vous quittez la piste pour une étroite sente qui descend vers la Désix (panneau en bois ovale) que vous ne tardez pas à atteindre puis à enjamber par une digue bétonnée au niveau d’un plan d’eau. L’itinéraire se poursuit sur la D.9b puis sur la D.9 que vous abandonnez en partant vers la gauche une vingtaine de mètres après le pont (panonceau brisé mentionnant clairement le Balcon de la Pêche). Le chemin s’élève brusquement dans une forêt de chênes verts. Au bout de quelques minutes, vous longez une vigne et sur votre droite Ansignan disparaît au loin définitivement. La pente s’adoucie et la sente bordée de fougères naines devient plus agréable. Parallèle au Rec de la Llébre, elle surplombe son ravin. Une heure plus tard, vous arrivez sur un plateau à vocation agricole et vinicole, puis rapidement se sont les toitures du village de Trilla qui se profilent à l’horizon. Le balisage jaune vous entraîne devant la cave coopérative, la mairie et l’originale église puis il poursuit sa route dans la rue du Lavoir en direction de Trévillach et Sournia. Puis il quitte le village et continue longtemps sur l’asphalte jusqu’à un petit panonceau jaune « Balcon de la Pêche- Caramany 6 Km ». Un conseil : Même si vous répugnez à marcher longuement sur une route goudronnée, patientez jusqu’à trouver ce panonceau et ignorez tous les autres qu’ils s’agissent des panneaux dolmens, aqueduc ou autres ! A ce panneau, démarre une large piste forestière toujours parfaitement balisée et vous fuyez enfin le bitume non sans avoir observer la splendeur des paysages qui se dessinent à l’horizon : alors que Trilla s’éloigne sous le mamelon de la forêt domaniale du Vivier, le Bugarach dresse de manière inaccoutumée un Pech enneigé comme jamais au beau milieu d’oblongues Corbières qui barrent le reste du panorama. Cette piste vous la quitterez seulement en atteignant les rives du splendide lac du barrage de l’Agly. C’est dans cette longue descente où le lac est omniprésent que l’appellation « Balcon de la Pêche » prend toute sa signification ! La rive atteinte, vous serez par deux fois obligés de la quitter à cause des risques importants d’éboulements de roches. Une première fois, vous serez contraint de grimper brièvement dans le ravin de la Jonquié et une deuxième fois un peu plus longuement dans celui del Tury. N’ayez aucune crainte, ces itinéraires sont là aussi parfaitement indiqués et surtout ne prenez pas le risque de vous engager dans les « sens interdits ». Je me suis quelque peu avancé à le faire pour prendre quelques photos et croyez-moi ce n’est pas du « bidon » et les risques sont bien réels! D’ailleurs, cette dernière déviation obligée a aussi son bon côté car elle vous permettra de découvrir un joli dolmen de plus de 4000 ans ! Mais les découvertes ne s’arrêtent pas là et en retrouvant la D.9 qui monte vers Ansignan, n’oubliez pas d’aller voir le magnifique pont-aqueduc romain. Un panneau vous indique la voie à suivre et vraiment il mérite le détour : En parfait état de conservation malgré son age avancé (IIIeme siècle après Jésus-Christ), il présente 29 arches, mesure 170 mètres de long pour 15 mètres de hauteur au dessus de l’Agly. Belle particularité, il est creux dans sa partie la plus haute et ce tunnel permet d’enjamber aisément la rivière pour rejoindre Ansignan. Alors n’hésitez pas à aller à sa rencontre, vous n’aurez pas si souvent l’occasion de randonner dans les entrailles d’un vestige romain vieux de 17 siècles ! Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet et 2448 OT Thuir-Ille-sur-Têt Top 25.