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boucheville

Le Tour de la Pelade (1.173 m) depuis Fenouillet (La Coume) 502 m.

Publié le par gibirando

Diaporama sur la chanson "Budapest" de George Ezra, tirée de son album "Wanted on voyage"

 Le Tour de la Pelade (1.173 m) depuis Fenouillet (La Coume) 502 m.

Le Tour de la Pelade (1.173 m) depuis Fenouillet (La Coume) 502 m.


 

Fenouillet, vendredi 19 février, 10 heures. Je suis à pied d’œuvre pour démarrer une nouvelle randonnée dans ce secteur des Fenouillèdes que j’adore. Enfin, je l’adore surtout quand il fait beau, ce qui est loin d’être le cas ce matin-là. La balade prévue aujourd’hui s’intitule «le Tour de la Pelade (*) » et je n’en connais pour l’instant que quelques panonceaux indicatifs qui se trouvent ici dans les hameaux de Fenouillet que sont Les Nautes, les Andrigotes et les Bordes. J’ai croisé ces panonceaux à de multiples occasions et en venant ici sans tracé G.P.S préparatoire, j’ai la quasi certitude qu’il s’agit d’une balade parfaitement balisée.  La suite va rapidement me prouver que je me trompe ! Il fait un temps exécrable avec un ciel bas chargé de gros nuages menaçants. Sur la route D.117 qui m’a amené jusqu’ici, j’ai même eu quelques gouttes de pluie et à diverses reprises, j’ai envisagé de faire demi-tour tant le temps me paraissait bien trop pourri pour randonner. Deux raisons m’ont amené à changer d’idée. : Tout d’abord les prévisions de Météo France qui annonce une « bonne » tramontane et un ciel bleu pour la journée quand au deuxième motif, je me souviens d’une météo quasi identique que j’avais eu ici même en me lançant dans l’ascension du Pech des Escarabatets, voilà 3 ans. Le temps s’était finalement arrangé et j’avais eu un ciel magnifiquement bleu et purgé de tout nuage pour le restant de la journée. En laissant ma voiture à la Coume, j’espère qu’il en sera de même aujourd’hui. J’endosse mon sac à dos et tout en filant vers les Bordes, je me dis qu’on verra bien ce qu’il adviendra. De toute manière, le premier objectif est d’abord de trouver la suite de l’itinéraire de ce « Tour de la Pelade ». D’ailleurs, le panonceau indicatif est déjà là parmi bien d ‘autres et si j’en crois le petit trait de peinture jaune qui l'enrichit, le parcours devrait être balisé de cette couleur-là. Je traverse rapidement le hameau sous le regard apathique de deux chats, un rouquin et un noir. Ils me rappellent étrangement Tarzan et Milie, deux compagnons adorables mais très caractériels et très indépendants que j’ai perdu de façon tragique ces dernières années.  Je me laisse distraire par ces deux chats, lesquels, sont plutôt sociables car ils se laissent approcher et caresser.  Est-ce à cause de cet instant de distraction mais j’en suis déjà à chercher le balisage jaune sans aucun résultat ? Il semble inexistant. Il y a bien un petit sentier partant à droite dans un pré mais je ne trouve aucune trace de peinture jaune. En tous cas, si le balisage a existé, il semble avoir totalement disparu et je ne vois rien nulle part. Je fais demi-tour, reviens sur mes pas mais toujours en vain. Je me décide à poursuivre vers le col de Tulla, les deux directions semblant les mêmes. Je suis déjà sur la piste DFCI F38 bis qui est commune avec le Tour des Fenouillèdes. Cette piste est balisée de jaune et rouge comme tout bon G.R.P (Sentier de Grande Randonnée de Pays). Je poursuis encore. Peu après, une autre piste forestière part sur la droite et c’est un peu « au pif » que je me décide à la prendre. Enfin, quand je dis « au pif », ce n’est pas tout à fait vrai. Si je poursuis tout droit, je sais parfaitement où je vais : au col de Tulla. Cette direction, je l’ai prise à de multiples reprises et l’an dernier par exemple quand j’étais venu avec comme objectif le « Refuge du Gai Sourire ». Si je prends la piste à droite, c’est que je ne vois pas d’autre alternative à ce « Tour de la Pelade ». En effet, si je ne connais pas exactement ce « Tour de la Pelade » dans le détail, je ne suis pas ignorant du lieu lui-même et je sais que cette « Pelade »  a un autre nom sur la carte I.G.N : « le Serrat de l’Ase (**) ». Or, ce « serrat », je sais parfaitement où il se trouve. Il s’agit de cette colline pelée que l’on aperçoit depuis Fenouillet et son hameau principal de La Vilasse.  Seule inconnue à toutes mes réflexions : où se trouve le chemin  qu’il faut gravir si l’on veut réaliser ce « Tour de la Pelade » ?  La piste tout en sous-bois m’amène vers le lieu-dit la Soula de la Coume où je découvre une superbe villa isolée. La piste, que je pense privée, semble se poursuivre uniquement vers la villa et de toute manière aucun balisage jaune  n’étant présent, je décide de faire demi-tour. J’ai déjà perdu beaucoup trop de temps. La tramontane a forci et comme de grands pans de ciel bleu commencent à se dévoiler, je me dis pourquoi ne pas essayer de faire ce « Tour de la Pelade » à l’envers ? On verra bien. Je ne connais pas ce « Tour de la Pelade » mais je peux aisément imaginer une partie du parcours car je connais un peu cette montagne dominée successivement par les pechs de Fraissinet et celui des Escarabatets. Quand au Serrat de l’Ase, si je n’en connais qu’une infime partie que j’ai découverte par le haut, je me dis que c’est l’occasion rêvée de le découvrir dans son intégralité et par là même de trouver le bon itinéraire que je ne trouve pas ici aux Bordes.  Alors me voilà une nouvelle fois parti vers le gîte et le col de Tulla. Peu à peu, le temps se met au beau et je suis ravi de marcher dans ces décors toujours aussi majestueux même si je les connais par cœur. Je domine le verdoyant ravin de Tulla et tout autour de moi la merveilleuse et épaisse forêt domaniale de Boucheville m’enserre dans sa sombre frondaison.  De toute manière, il y a toujours quelque chose à découvrir ou à photographier : un paysage, une fleur, un passereau, un lézard. Connaissant parfaitement l’itinéraire, je ne lézarde pas. Juste avant le gîte, je rencontre deux jeunes gens bien occupés à baliser le sentier mais eux ne sont là que pour le V.T.T et pas pour le pédestre. D’ailleurs les interrogeant, sur ce « fameux » Tour de la Pelade que je veux accomplir, ils me disent ne pas le connaître et c’est bien plus tard que je vais comprendre pourquoi ! Il est impossible à réaliser en V.T.T ! Le chat noir du gîte que je retrouve à chacune de mes venues vient se frotter dans mes jambes mais au moment de repartir, il fait le choix de rester avec les deux jeunes baliseurs. Normal, je le délaisse à chaque fois ! Une fois encore, le gîte de Tulla est désert même si cette fois-ci, je tente mais en vain d’en pousser la porte. Elle est fermée. Je poursuis jusqu’au col. Tout est calme. La faune est absente et la flore aussi et je ne peux m’empêcher de comparer cette désolation avec la profusion que j’avais connue l’an dernier en venant me balader jusqu’au Refuge de Gai Sourire. Mais c’était début mars et si le nombre de jours n’est pas très important, il a du être suffisant pour que se mette en place tout un biotope, absent aujourd’hui. A l’époque, j’avais photographié de nombreuses grives, craves à bec rouge, pinsons, un écureuil, et même un vautour percnoptère au Refuge de Gai Sourire. Au col, des chevaux gambadaient dans les prés. Mais aujourd’hui rien de tout ça, alors je poursuis sans trop m’arrêter et file vers la direction indiquée par un panneau de bois comme étant celle d’Aigues-Bonnes. Je connais bien ce large chemin, filant à droite. Un sentier plus étroit en prend très vite le relais,  monte vers le col de Fraissinet et redescend vers Aigues-Bonnes. D’Aigues-Bonnes, je n’aurais aujourd’hui qu’une ample vue aérienne sur son joli vallon verdoyant et boisé car du col de Fraissinet, je vais monter vers le pech éponyme.  Dans cette montée, les passereaux et notamment les mésanges laissent enfin entendre leurs chants même si leurs déplacements constants ne permettent aucune photo. Seul un gobe-mouche gris consent à une photo. L’élévation ajoutée à la présence d’un vautour fauve que je veux absolument photographier m’obligent à une flânerie forcée.  Du col de Tulla, je mets 35 minutes pour atteindre le col de Fraissinet à l’altitude toujours si singulière mais à la fois plurielle de 1.111 mètres. Il faut dire que les derniers mètres très verglacés et à l’ombre d’immenses sapins nécessitent une grande prudence ou bien des crampons que je n’ai pas dans mon sac. La suite de la montée vers le pic de Fraissinet (1.173 m) est du même acabit mais peu à peu le sol verglacé s’estompe et laisse la place à un terrain plus bourbeux car les espaces ensoleillés sont plus nombreux. Il faut dire aussi que les sangliers s’en sont donnés à cœur joie et ont copieusement labouré une grande partie du large chemin.  Ce n’est qu’une fois au sommet que je retrouve une pelouse rase et sèche où que je peux enfin oublier toute vigilance exagérée. Derrière moi et malgré la « bonne » tramontane qui souffle, le Pech des Escarabatets dévoile un dôme boisé mais figé, car entièrement blanchi par le givre.  Là, au sommet du Fraissinet, je pars un peu à droite puis un peu à gauche, mais toujours en bordure de la crête, histoire de profiter pleinement des vues aériennes et des immenses panoramas qui se dévoilent à 360°. Ici pour découvrir un maximum de paysages, il faut s’en donner un peu la peine sinon les grands arbres bouchent constamment la vue. Comme je le fais très souvent, je m’assieds aux endroits les plus propices puis bien tranquillement et avec les jumelles, je recense et fait un inventaire de tous les lieux où j’ai pu traîner mes godillots. La suite du parcours va constamment se dérouler ainsi, en zigzaguant. Vers le nord et l’est, j’arrive à égrener une bonne dizaine de lieux, du Bugarach jusqu’au Pech Auroux en passant par le Roc Paradet et d’autres endroits bien plus proches comme la forêt des Fanges, le château des Maures, le Vallon d’Aigues-Bonnes, le Chemin du Facteur, le Couillade de Ventefarine ou parfois très lointains comme la Tour del Far ou le Château de Quéribus. Vers le sud et bien que les vues soient bien plus amples encore, le nombre de sites chevauchés est plus limité et se résume au Roc des 40 Croix, au pic Dourmidou, au Sarrat Naout et à l’éternel Canigou, ici souverain de l’horizon une fois encore. Certes, je dois en oublier mais en tous cas, s’il y a une balade que je ne peux pas « zapper » c’est ce fabuleux Tour des Fenouillèdes réalisé avec mon fils en 2011. Ici,  à droite comme à gauche, du côté de Boucheville comme de la Boulzane, de très nombreux lieux me reviennent en mémoire : la  longue forêt de Boucheville, Caudiès, les Gorges de Saint-JaumeNotre-Dame de Laval  et les châteaux vicomtaux de Fenouillet sont les exemples les plus visibles et les plus proches de ces souvenirs qui ressurgissent. Il est 13 heures et si mon goût excessif de la contemplation et de la photographie me fait oublier le déjeuner, heureusement mon estomac, lui, n’observe rien et crie famine. Alors je stoppe et m’assieds sur la pelouse face au Canigou. Je prends néanmoins la précaution de me mettre à l’abri de la tramontane qui passe au dessus de ma tête et de quelques petits buis dans lesquels je me suis lové. Alors que j’en suis à peine au début de ma grosse salade, un vrai spectacle ornithologique commence. Les principaux acteurs sont deux couples de passereaux mais pas n’importe lesquels. Deux Gros Becs des sapins et deux Mésanges Huppées.  Mâles et femelles se sont donnés le mot pour rejouer chacun de leur côté des scènes ressemblant à un Roméo et Juliette céleste. Le tout sur une musique entêtante de plusieurs pinsons qui eux en sont encore à chercher une âme soeur. Gros becs et mésanges se poursuivent, volent de branches en branches, s’arrêtent pour se bécoter un peu, semblent vouloir s’accoupler puis ils repartent dans de nouveaux tourbillons toujours plus magistraux. Les Gros Becs dans les faites d’immenses sapins et les Mésanges Huppées dans des petits pins tout chétifs ou bien sur la pelouse. Pas facile de les photographier dans leurs circonvolutions amoureuses si rapides. Alors que depuis mon départ, trois volatiles seulement, sous la forme d’un geai, d’un gobe-mouches et d’un vautour, sont venus s’enregistrer dans mon numérique, voilà que tout à coup, plusieurs oiseaux viennent jouer les stars devant mon objectif. C’est presque inespéré mais la suite de ma marche sur le Serrat de l’Ase puis un plus tard lors de mon arrivée me prouve que d’autres passereaux sont déjà là aussi.  Ils sont déjà là mais apparemment ils n’acceptent un bon de sortie que contre un chaud soleil, un ciel azur et un vent modéré. Après le déjeuner, je poursuis ma descente du Serrat de l’Ase au plus près de la crête. Elle domine le Vallon d’Aigues-Bonnes et la jolie forêt domaniale de Boucheville. Plus j’avance et plus la dénomination « Pelade » prend sa juste et pleine signification.  Une végétation très rase sur un terrain très sec, souvent pelé mais  de plus en plus caillouteux au fil de la descente. D’ici, rien ou presque n’arrête le regard. La vision porte très facilement jusqu’à la mer que l’on entrevoit à l’horizon. De lui-même, le sentier quitte le bord de la falaise et bifurque vers le centre de la colline. Là, quelques chèvres, que de loin j’ai aperçu très éparses, se regroupent et viennent dans ma direction comme un seul homme. Elles s’arrêtent à trois mètres de moi comme pour mieux m’observer. Je ne change rien à mon allure et je file droit sur elles mais au moment où je vais traverser la petite troupe, elles s’éloignent de quelques mètres tout en continuant à me scruter. Ayant remarqué que trois chèvres ne se sont pas levées et sont restées totalement inertes, je pars vers la plus proche car sur l’instant j’ai pensé qu’elles pouvaient être mortes. Mais non, elles dorment ou alors elles sont épuisées car leur respiration est très lente mais néanmoins visible. Toutes ont une panse énorme et je suis quasiment convaincu qu’elles attendent de mettre bas d’un instant à l’autre d’où peut être cette lassitude que j’imagine. Les autres caprins m’ont suivi dans ma démarche vers leur congénère couché et quand je pars en voir une deuxième puis une troisième, ils continuent de me suivre mais en restant toujours à une distance respectable. Dans mon esprit, j’ai désormais la crainte énorme que se renouvelle la triste expérience que j’ai connue à Urbanya lors de la balade au Sarrat de Marsac et aux Cortalets et que dans leur entêtement, les chèvres me suivent dans ma descente jusqu’à La Coume. Mais non, finalement et une fois rassuré sur l’état des trois chèvres couchées, je m’éloigne sans problème et les autres restent plantées là à me regarder partir pendant de longues minutes. Je suis d’autant plus soulagé que le chemin devient de plus en plus aride et caillouteux et qu’il me faut être attentif à la suite de l’itinéraire. J’aperçois quelques cairns sur ma gauche, en bordure de la falaise, alors je pars voir mais je constate aussitôt que ceux qui suivent reviennent vers le centre de la croupe, alors je continue de les suivre jusqu’à me retrouver au milieu d’une végétation devenant de plus en plus touffue mais plutôt basse.  Elle est essentiellement composée de petits buis, de buissons de thyms et de rares chênes verts, tous plus rabougris les uns que les autres. Là, je prends immédiatement conscience que j’ai atteint la limite la plus praticable de « la Pelade » dont j’ai eu la sordide idée de vouloir faire le « tour ». Je suis en surplomb de la commune de Fenouillet dont j’aperçois tout le détail et chacun des hameaux, mais surtout de grands pylônes à haute tension. Il n’y a plus véritablement de chemin devant moi. En tous cas, j’ai beau scruter le paysage le plus proche se trouvant à mes pieds, je n’en vois pas. Ici, la caillasse blanche car calcaire est reine et elle forme des éboulis, petits et grands, qui dégueulent de toutes parts sur les flancs de la colline malmenant la végétation à ces endroits-là.  La végétation se raréfie sous la forme de quelques buissons ligneux. Je n’ai pas fait trois mètres dans ce dédale incertain de pierriers et de broussailles que j’ai déjà trébuché sur un caillou m’envoyant ainsi valser dans un buisson de buis dont le bois sec et dur comme de l’acier m’arrache la face dorsale de la main droite. La plaie est plutôt superficielle mais je pisse le sang et malgré ma trousse à pharmacie j’ai un mal fou à arrêter ce saignement. Il me faut un bon quart d’heure avant d’y parvenir et encore que partiellement car le petit pansement finit par être rapidement gorgé d’hémoglobine. Force est de reconnaître que les comprimés que je prends chaque matin pour fluidifier mon sang sont efficaces au delà de mon aspiration.  La première décision que je prends est d’enlever mon appareil photo du tour du cou pour l’enfouir dans mon sac à dos. Ça me parait plus sage au regard de la configuration du terrain et de la nécessité que j’ai d’utiliser mes pieds mais aussi mes mains pour descendre cette longue arête rocheuse biscornue se dessinant devant moi. Heureusement, j’arrive à retrouver quelques cairns qui ont été disposés à bon escient et ma descente en est nettement facilitée même si une grande attention est constamment de mise. Vigilance pour ne pas choir et vigilance pour trouver le prochain cairn.  Finalement après avoir contourné le premier pylône à haute tension par la droite puis atteint le second, je retrouve une étroite sente. Une sente pas vraiment bonne car toujours aussi abrupte et ravinée mais en tous cas bien moins dangereuse qu’ont pu l’être tous ces éperons rocheux qu’il m’avait fallu chevauché jusqu’ici. D’ailleurs, ce sentier s’améliore très vite au fil de la descente et débouche par bonheur sur un large chemin souple car herbeux à souhait. Au bout de ce chemin, je ne suis pas vraiment surpris de  me retrouver en surplomb de la belle villa découverte ce matin à la Soula de la Coume, là même où un peu plus bas, j’ai arrêté ma course pour faire demi-tour. Le Tour de la Pelade était donc bien ici ? Je me dis que c’est un peu idiot d’avoir arrêté trop tôt mais d’un autre côté, je ne regrette pas de l’avoir fait à l’envers même si je pense qu’il doit être bien plus facile de gravir la Pelade que de la descendre, mon écorchure sanguinolente à la main droite est là pour me prouver que j’ai sans doute raison. Il ne me reste plus qu’à rejoindre ma voiture mais là, je n’ai plus aucune anxiété. Seuls quelques passereaux m’arrêtent dans cette entreprise parce que je cherche constamment à les photographier. Enfin quelques-uns vont faire les frais de ces arrêts et ce n’est pas plus mal car mes jambes réclament eux aussi un peu de répit. J’ai réussi mon challenge : boucler ce « Tour de la Pelade » que je ne connaissais pas.  Enfin, je suppose que c’est le nom du tour que je viens d’accomplir ! Les hameaux des Bordes et de la Coume sont déserts et je n’y trouve personne pour me renseigner. Je vais bien essayer de me rendre à la Mairie de Fenouillet pour en avoir la certitude, mais je trouve porte close. Mais en réalité, peu importe son nom !  En finalité, je ne regrette absolument rien malgré les difficultés rencontrées car une fois encore j’ai pris un immense plaisir à marcher, à découvrir et à contempler ce merveilleux pays des Fenouillèdes et la nature qui en fait sa richesse. Toutefois, il faut bien admettre quelques évidences : Ce Tour pédestre de la Pelade, que je vous conte ici et que par méconnaissance j’ai accompli à l’envers, n’est pas vraiment balisé et encore moins répertorié dans un aucun topo-guide. Il est donc sans doute réservé qu’à quelques initiés, bergers, chevriers, chasseurs, gens du cru et à un degré moindre à quelques rares animateurs de randonnées avertis. En tous cas, dans un sens ou dans l’autre, il ne faut pas appréhender un peu d’escalade pour l’accomplir. Confidences pour confidences et le connaissant un peu mieux désormais, j’aurais presque tendance à dire tant mieux qu’il reste si confidentiel car il est très « âpre » et si peu évident à gravir dans sa partie la plus difficile où se trouve les pylônes EDF. D’ailleurs, j’en suis encore à me demander s’il n’y aurait pas plusieurs sentes montant vers cette « Serrat de l’Ase » ? Si certains de mes lecteurs le savent, je suis toujours preneur d’autres passages ou tracés plus faciles. Telle qu’accomplie ici, la balade est longue de 10,9 km. Le point culminant à 1.173 m est le Pech de Fraissinet et la ligne de départ à la Coume étant à 502 m, le dénivelé est de 670 m. Les montées cumulées sont plus parlantes et se chiffrent à 1.165 mètres. Carte I.G.N 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

(*) Le toponyme « pelade » est très commun dans toute la partie sud de la France. Il signifie la plupart du temps un « terrain de montagne pelé ou dénudé », pâturé le plus souvent par des troupeaux d’ovins ou de caprins. J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer une jolie balade au Pic de la Pelade, sommet aride situé près du Massif du Madres entre Capcir et Conflent. Les mots « pelada », « pellado », « pelates », « pelat(s) » ont la même origine et signification.

(**) Serrat de l’Ase : le Serrat de l’Ase est cette colline pelée dominant Fenouillet. Serrat au même titre que Serre, Sarrat ou Sierra est une crête ou une colline. « L’Ase » ou « Aze » dans la toponymie catalane ou occitane c’est « l’âne ». On retrouve cette dénomination dans le pic bien connu du Cambre d’Aze.

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Le Refuge du Gai Sourire (1.076m) et le Ravin de Tulla depuis Fenouillet (443 m)

Publié le par gibirando

 Ce diaporama est agrémenté de plusieurs morceaux de musique et chansons contenant le mot "Smile", c'est à dire "Sourire. Leurs titres et interprètes sont : "The Shadow Of Your Smile" par Sonny Stitt (saxo), "Smile" par Rickie Lee Jones (chant), "Can't Smile Without You" par Barry Manilow (chant), "The Shadow Of Your Smile" par Astrud Gilberto (chant) et Stan Getz (saxo), "Smile" par Nat King Cole (chant) et "The Shadow Of Your Smile" par Frank Sinatra (chant).

LE-REFUGE-DU-GAI-SOURIRE

GAISOURIREIGN
Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

Gai Sourire ou plus exactement le Refuge du Gai Sourire. La première fois que j’ai vu ce nom-là sur une carte IGN, je me suis dit « quel joli nom pour un refuge ! » puis dans la foulée, j’ai pensé « qu’il doit être agréable d’aller si réfugier ». Alors bien sûr rien ne s’y oppose car un refuge de montagne c’est fait pour ça. Mais, car il y a un « mais » et même plusieurs, c’est que si vous souhaitez vous y rendre en groupe, voire à quelques-uns et éventuellement envisager d’y passer une nuit, je vous le déconseille très fortement. En effet, le terme de refuge est ici quelque peu galvaudé car Gai Sourire n’est qu’une toute petite cabane O.N.F de quelques mètres carrés seulement, c'est-à-dire un simple abri forestier. Si à cette toute petite surface, on enlève la place prise par la cheminée et celle occupée par une petite table et deux bancs scellés au sol autant dire que l’espace vacant se réduit presque à celui d’un placard à balais.  Il n’y a donc aucun bat-flanc ni aucun lit, et si vous êtes seul, peut être pourrez-vous vous glisser dans un sac de couchage derrière la porte et encore, j’exagère à peine.  Moi, j’y suis allé à plusieurs reprises mais vous l’aurez bien compris, jamais pour y dormir. La première fois, c’était presque par pure curiosité que j’étais parti de Gincla pour une petite balade jusqu’au refuge. La deuxième fois, en 2011, je l’avais redécouvert lors de Mon Tour des Fenouillèdes effectué avec mon fils et enfin la troisième fois, c’est le jour de cette longue randonnée au départ de Fenouillet que je vous raconte ici. Alors quel intérêt d’y aller me direz-vous ? Pour s’y réchauffer un instant lors d’une balade hivernale mais pas que et je vais y venir.

10 h du matin, je suis à La Vilasse et sur le parking qui jouxte l’église et la mairie de Fenouillet. La Vilasse est le principal noyau d’habitations, car comme j’avais déjà eu l’occasion de vous le dire lors du circuit des 3 châteaux, la commune de Fenouillet est éclatée en de multiples petits hameaux assez dispersés. J’emprunte la petite route qui descend en direction des Nautes, je passe devant un puits, quitte la route et poursuit le chemin qui continue de descendre. Je suis sur le G.R.36 ou tout du moins sur une de ses multiples variantes passant dans le secteur et qui en permettent la découverte. Juste après un petit crucifix, je tourne à droite et retrouve la route bitumée au lieu-dit le Moulin. Les Nautes sont à gauche mais comme à cet endroit il y a pléthore de panonceaux indicatifs de randonnées, le nôtre bien évidemment fait partie du lot : « GRP TFEN » avec un balisage jaune et rouge ce qui signifie « GRP Tour du Fenouillèdes ». Un autre panonceau un peu plus vieux est plus explicite « Gîte d’étape - GRP Fenouillèdes » mais sans balisage celui-ci. On poursuit jusqu’aux proches Andrigotes en ignorant tous les autres panneaux rencontrés et on monte par un court raidillon vers le hameau des Bordes. Ici, sur la cocasse « 7eme Avenue », si tout comme moi, vous avez des relations privilégiées avec la gent animale, vous vous laisserez distraire par un cortège de chiens qui viendront vous faire des fêtes et vous réclamer des câlins. Et très souvent, comme quelques chats ne sont pas en reste, moi j’y passe toujours un certain temps à n’oublier personne. Là, aux Bordes, on retrouve un nouveau panonceau « GRP TFEN » avec la mention « Col de Tulla ». Cet itinéraire vers le gîte de Tulla (Tuilla) et le col éponyme, on ne va plus le lâcher. Après la sortie du hameau, on fera toute de même attention à ne pas prendre une mauvaise piste qui part à gauche en direction des anciennes mines de feldspath puis un peu plus loin, il faudra délaisser la piste principale au profit d’un étroit sentier qui monte dans des chênes verts. Ici, la signalisation consiste en un simple poteau car le panonceau que j’ai connu semble avoir disparu. Une fois sur ce sentier, impossible de s’égarer car il n’y en a pas d’autres. Tout en montant, on découvre les ruines d’anciens cortals enfouis dans une dense végétation. Cette végétation change au fur et à mesure que l’on s’élève. Les chênes verts se dispersent et sont remplacés par des arbres plus imposants, hêtres et bouleaux notamment. Peu de temps après, les pins et d’autres résineux prennent peu à peu leurs places. En contrebas, le chant d’un étroit ruisseau se fait entendre, c’est celui du Ravin de Tulla dont on va découvrir un peu plus haut la source boueuse à proximité d’une petite cuve métallique.  Ce ruisseau, combiné à celui de la Bène et à quelques autres que l’on aura l’occasion d’enjamber dans la journée se rejoignent au fond du vallon que l’on a dominé depuis le départ. A Fenouillet, tous ces cours d’eau se jettent dans le Noir Ruisseau. Outre le Refuge de Gai Sourire, cette balade consiste aussi à faire le tour de ce profond ravin. Le Noir Ruisseau et quelques autres eaux souterraines ont joliment creusé les Gorges de Saint-Jaume que j’ai déjà eu l’occasion de décrire dans ce blog. Le sentier, essentiellement en sous-bois, alterne des portions très rocailleuses et d’autres plus moelleuses, les pierres étant agréablement remplacées par des ramilles ou des tapis de feuilles puis il débouche dans une petite prairie d’estives entourée d’une superbe forêt. Le beau gîte de Tulla surgit juste après dans son magnifique cadre verdoyant. Dieu sait si j’y suis passé très souvent devant ce beau bâtiment et pourtant je n’ai jamais osé pousser sa porte. Sans doute parce que je n’avais rien à y faire à l’intérieur mais surtout pour ne pas déranger inutilement les propriétaires de ce lieu si paisible. Par contre, je suis devenu le meilleur ami de leur chat noir et quand je le quitte, il me suit comme un petit chien jusqu’en direction du col. Alors, voyant que je ne lui prête plus attention, il se met à miauler comme je n’ai jamais entendu aucun autre chat le faire. C’est une espèce de hurlement de détresse, enfin c’est ce que je pense tant ce cri est angoissant et stressant. En arrivant au splendide col de Tulla avec sa belle forêt et ses jolies prairies, le silence est quasiment revenu et seuls les gazouillis d’innombrables oiseaux se font entendre. Quelques grives décollent des pelouses et s’enfuient en criant. Un couple de pigeons ramier s’envole à tire-d’aile sorti de nulle part. Une volée de pinsons décolle en éventail, se disperse et les passereaux disparaissent dans les pins sylvestres. Plus loin et en contrebas, un cheval solitaire me regarde et ne réagit pas à de nombreux craves à bec rouge qui jacassent autour de lui alors que je m’approche pour les photographier. Sur un pré, un écureuil roux me regarde avec ses yeux malicieux mais lui, ne semble avoir aucune crainte que je le photographie, occupé qu’il est à grignoter un pignon. Ouf ! Quel bonheur, ils sont tous plus ou moins enregistrés de mon appareil photo ! Il est 12 heures et le refuge du Gai Sourire n’étant plus très loin, je garde le programme prévu à savoir celui de déjeuner sur son aire de pique-nique où des tables et des bancs m’attendent. Ici, je me repose un instant sur l’herbe, le temps d’engloutir une barre de céréales et quelques fruits secs puis je repars en direction du col de l’Espinas comme l’indique un panonceau. De toute façon, je connais bien l’itinéraire qui file au refuge et en plus c’est toujours celui du Tour des Fenouillèdes que j’avais effectué dans l’autre sens voilà 4 ans. Ici, une mauvaise route en asphalte prend le relais en direction du col de la Bène mais on oublie très vite ce bitume sommaire car de beaux paysages commencent à se dessiner entre les troncs des arbres gigantesques. Peu à peu, les arbres se retirent et des panoramas époustouflants se font jour. Voilà, mon véritable objectif du jour ! Plus que le Refuge du Gai Sourire lui-même, voilà l’authentique but de cette balade. Je reste là, scotché au bord de la route, pendant de longues minutes, sortant mes jumelles du fond de mon sac à dos pour les ajuster et observer cette prodigieuse apparition. Cette vision, elle s’envole depuis cette superbe forêt de Boucheville, domine le ravin de Tulla et une immense partie du pays Fenouillèdes, longe la vallée de la Boulzane et l’interminable chaîne des Corbières, survole le Roussillon pour plonger dans la Méditerranée. 60 kilomètres à vol d’oiseau et en un seul regard dont je ne me lasse pas. Je vais y revenir. Quelques minutes plus tard, j’arrive au col de la Bène avec ses hêtres séculaires et colossaux, son aire de pique-nique et son minuscule refuge dont je cherche encore en vain l’origine de son joli nom « du Gai Sourire ». Cette expression un peu désuète de « gai sourire », on pourrait la croire pléonastique mais pourtant de grands écrivains comme Balzac ou Daudet l’ont largement utilisée dans leurs oeuvres. Le temps d’une courte visite du refuge, de quelques photos et je m’installe pour déjeuner. Face à moi, sur le tronc d’un grand hêtre, je retrouve des initiales gravées en 2007. Elles sont un peu plus creusées et un peu plus épaisses….un peu comme moi sans doute ! Au moment où je quitte le refuge et son esplanade, un grand rapace blanc survole la cime des hêtres ne me laissant guère de temps pour le photographier. Mais dans la foulée, un deuxième surgit et je parviens à le capter. Les volatiles disparaissent dans l’épaisse canopée mais une fois à la maison qu’elle ne fut pas ma surprise de savoir que j’avais photographié un vautour percnoptère dont j’ignorais la présence dans le pays Fenouillèdes. Je fais demi-tour, profitant au passage des panoramas déjà expliqués.  Mais avant de parvenir au col de Tulla, j’emprunte la piste DFCI F.39, long itinéraire tout en zigzag qui doit m’amener jusqu’au col de Boire. Là, commence une nonchalante descente essentiellement en forêt avec néanmoins quelques belles ouvertures sur les ravins en contrebas et les sommets forestiers alentours : roc de Boucheville, d’En Peillofo, Sarrat Naout. Si vous n’aimez pas les longues marches en forêt, ce retour vers Fenouillet, vous le trouverez certainement fastidieux mais moi, j’adore car j’ai toujours les sens en éveil. Pour moi, ce type de balade, c’est « L’appel de la forêt » de Jack London et avec mon appareil photo autour du cou, je deviens Buck, le chien qui hume la nature. Je suis constamment à guetter la moindre découverte et une fois encore, la nature va me réserver de bien belles surprises avec quelques mésanges colorées peu craintives que j’arrive à faire venir en soufflant dans mon appeau. Un peu après, deux pinsons juvéniles se baignant dans une flaque font le spectacle, puis c’est un joli chevreuil broutant en contrebas de la piste que je surprends en zoomant mais pas pour très longtemps car lui aussi m’a flairé.  Dans les espaces ensoleillés, les premiers papillons sont déjà de sortie avec de magnifiques Paons de jour et des Vulcains mais aussi quelques Aurores et Soucis qui ne se posent jamais. Enfin, je surprends un superbe coucou geai à proximité du Prat del Rey. Un couple de ces magnifiques oiseaux que j’ai également aperçu en vol,  semble s’être installés à proximité du nid d’une pie bavarde que j’ai photographié dans un pré. Il faut savoir que la femelle coucou geai a pour habitude de déposer ses œufs dans le nid d’une femelle corvidé la laissant ainsi s’occuper de ses rejetons. Entre ces nombreuses leçons de sciences naturelles grandeur nature, le reste de l’itinéraire a été largement rempli avec de beaux paysages : vues vers les pechs de Fraissinet et des Escarabatets, sur cette Pelade que j'aperçois parfois et dont j'envisage de faire son tour, sur Fenouillet, sur la vallée de la Boulzane, sur le Pech de Bugarach et bien évidemment sur les principaux décors arpentés du jour : ravins encaissés avec tout autour l’immensité de cette ancienne et merveilleuse forêt royale de Boucheville. Après le col de Boire et son insolite borne 51 (ça ne s’invente pas !) où j’ai profité de biens jolis panoramas pour finir mon casse-croûte, j’ai délaissé les pistes principales. D’abord celle allant vers la Source des Verriers (un 51 ça va, trois bonjour les dégâts !)  puis celle se dirigeant vers le col del Mas au profit de la piste DFCI F.39bis descendant vers Fenouillet. Finalement peu avant d’arriver au Roc de la Martine, j’ai abandonné cette piste et j’ai emprunté un étroit sentier balisé en jaune qui descendait direct vers  le lieu-dit « Lou Prat del Rey ». Entre des haies de pins, de buis, de bruyères et de chênes verts, après avoir longé puis enjambé un limpide petit ruisseau, l’étroit sentier m’a amené sur un large chemin creux se faufilant au milieu de grandes prairies. Ici, du haut de ses ruines, le Castell Sabarda domine ce cadre clair et verdoyant puis s’est au tour du château Saint-Pierre d’apparaître mais les maisons de Fenouillet sont déjà là. Il est exactement 17h45 quand j’arrive au parking de la Vilasse et cette longue et belle flânerie de 22 à 23 km environ a duré 7h45. Le dénivelé a été de 633 m, le refuge du Gai Sourire représentant le point culminant à 1.076 m d’altitude et le Moulin des Nautes à 443 m le point le plus bas. Quand aux montées cumulées, elles sont de 2.200 mètres environ sur le parcours décrit. En raison des nombreuses pistes sillonnant cette contrée, vous pourrez organiser et adapter votre randonnée selon votre guise. Attention néanmoins à bien rester sur des chemins fréquentés certains peu utilisés pouvant être embroussaillés voire carrément impraticables. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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Etape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 km

Publié le par gibirando

Etape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 km
Etape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 kmEtape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 kmEtape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 km

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. Puis possibilité de les regarder en diaporama.

-Une « vadrouille sans la trouille ».

Ce matin-là, la première chose que j’ai fait en ouvrant les yeux, c’est de tirer la tenture de la fenêtre de ma chambre pour regarder dehors. Une fois encore, j’étais déçu car à travers les grands arbres du camping, je ne voyais qu’un ciel laiteux mais comme je ne voulais pas rester dans cette incertitude, j’ai pris sur moi de me lever aussitôt et d’aller voir dehors comment se présentait la météo. Depuis la terrasse, le ciel paraissait d’un bleu d’une pureté intense vers le nord mais vers le sud, le ciel semblait blanc et voilé. Mais comme ce voile continuait à m’intriguer et que de grands sapins bouchaient l’essentiel de ma vue, je suis parti en caleçon faire le tour du camping pour trouver une ouverture et vérifier tout ça plus précisément. Quand je suis revenu au mobil-home, j’étais ravi de ce ciel sans aucun nuage que je venais de voir. La journée s’annonçait sous les meilleurs auspices et j’étais heureux. En regardant la météo à la télé, j’étais d’autant plus content car selon les prévisions, ce beau temps allait s’installer pour plusieurs jours et en tous cas pour les trois derniers jours qui restaient à parcourir. Ma trouille d’une mauvaise météo était terminée, le beau temps que j’attendais depuis le départ semblait enfin là et comment ne pas être joyeux alors que se présentait à nous la plus longue étape de ce Tour des Fenouillèdes qui devait nous emmener à Caudiès. Avec Jérôme, nous étions d’accord sur ce point même si nous ne l’étions pas sur la distance exacte à parcourir. J’avais tracé à de multiples reprises le parcours sur mon logiciel CartoExploreur et j’étais arrivé à la conclusion que cette étape était longue d’au moins 27 kilomètres voire plus. Lui, avec sa méthode, trouvait comme toujours un peu moins que moi. A vrai dire, cela n’était pas d’une importance capitale mais il y avait quand même un impératif, c’était d’arriver à la Mairie de Caudiès avant 18 heures. En tous cas, c’était l’heure maximale qui m’avait été fixée par la secrétaire de la mairie pour récupérer les clés du gîte communal que j’avais réservé. Aussi, après avoir déjeuner très vite, fait notre toilette, ranger nos lits et nos sacs à dos, il n’était que 8h15 quand nous avons quitté le camping, direction l’ouest de Sournia en passant par la monumentale église paroissiale. A vrai dire, je n’étais pas vraiment inquiet de cet horaire fixé car de toutes les étapes du Tour des Fenouillèdes, c’était de très loin celle que je connaissais le mieux et je savais que cet impératif était parfaitement réalisable, à une condition expresse : ne pas traîner en route et surtout n’avoir aucun incident de parcours. Je savais que ce parcours serait très « roulant » grâce aux nombreuses pistes forestières que nous allions emprunter. Nous nous sommes arrêtés brièvement à l’épicerie de Sournia afin de compléter notre pique-nique pour midi et nous avons pris très vite la direction du G.R.36 qui démarre devant la gendarmerie. Cet itinéraire du G.R.36 qui est commun avec celui du Tour du Fenouillèdes sur quelques kilomètres, je l’avais déjà parcouru quelques dizaines de fois, soit pour me rendre à Rabouillet par la belle forêt domaniale soit pour partir à la découverte de cet hêtre remarquable de la forêt du Vivier qu’ici on appelle le « Fajas d’en Baillette ». Grâce à la multitude de pistes qui jalonnent ces forêts du Vivier, de Sournia, de Rabouillet et de Boucheville, il m’était même arrivé d’inventer quelques agréables circuits car au printemps, j’ai toujours bien aimé venir ici pour découvrir la renaissance de cette magnifique nature que nous allions côtoyer aujourd’hui. Jérôme se souvenait y être passé en VTT. C’est donc sans souci, que nous avons emprunté ce petit sentier longeant très souvent d’anciennes terrasses dans ce joli lieu dénommé les « Causses ». Le sentier filait en grimpant vers Prats-de-Sournia, les prés bien nommés et ce n’est qu’à partir d’ici que le mot romain « Fenolietensis » signifiant « foin » pourrait éventuellement prendre enfin tout son sens. Ici, il y a effectivement beaucoup de prés mais si les prés sont toujours agréables à découvrir ou à cheminer, l’essentiel des décors était plutôt derrière nous, aussi n’était-il pas inutile de se retourner très souvent pour profiter des vastes panoramas qui s’offraient enfin à nos regards. Au premier plan, on apercevait le village de Campoussy. Au loin, on découvrait l’aride Serre de Sournia où l’on devinait les chemins parcourus hier. Sur les sommets, on retrouvait le Pic de Bau et son pylône TV et bien sûr, comme presque toujours, le seigneur Canigou pointait le bout de son pic étonnamment dépourvu de neige aujourd’hui. Comme souvent depuis le début, Jérôme avait pris un peu d’avance sur ce bon dénivelé et c’était un peu dommage car il était passé sans voir un joli chevreuil qui broutait tranquillement au beau milieu d’un vaste pré. J’ai eu beau courir pour le rattraper et tenter de le prévenir mais dans cette bruyante cavale, le chevreuil m’avait déjà entendu et il avait pris « la poudre d’escampette ». Heureusement, j’avais eu le temps de le photographier avant qu’il ne détale et en outre ce n’était que partie remise car dans le champ suivant séparé du premier par une simple haie, un deuxième chevreuil était également entrain de brouter. Avec Jérôme, nous nous sommes arrêtés tous les deux pour le contempler et le photographier mais le chevreuil avait déjà levé la tête et avait deviné notre présence. Il nous avait flairé et dès qu’il a constaté qu’on l’observait, il a détalé à tout berzingue faisant d’étranges bonds par dessus les buissons comme le font les gazelles d’Afrique. Puis, en arrivant à la lisière d’un bois, il s’est arrêté net et s’est mis à nous observer. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis dit qu’il était peut être surpris de ne pas avoir encore entendu la détonation d’un fusil. Par bonheur pour lui, nous n’étions que des chasseurs d’images. La vision de ces jolis chevreuils dans la quiétude de cette aube si agréable a été pour moi un véritable enchantement et restera longtemps gravée comme un de mes meilleurs souvenirs de ce Tour des Fenouillèdes. Après une ferme que nous avons laissé sur la gauche, nous avons atteint un petit chemin vicinal bitumé qui va de Prats-de-Sournia vers la forêt communale du Vivier. Bien que l’asphalte ne soit jamais l’idéal pour le véritable randonneur, ici nous n’y avons pas trop pensé, d’abord car de beaux panoramas s’entrouvraient de tous côtés mais surtout parce que nous revoyons une grande partie du chemin déjà parcouru. Au loin, on distinguait vers l’est, notre ligne de départ avec le minuscule hameau de Trilla que l’on devinait à peine. Dans la même direction, les sarrats olivâtres gravis le premier jour se détachaient dans un ciel azur. Au sud, la Serre de Sournia chevauchée hier apparaissait désormais dans son intégralité. Alors que j’étais plongé dans mes pensées et mes contemplations, Jérôme avait surpris, au milieu d’un pré en jachères, un renard roux sans doute occupé à chasser. Nous avons juste eu le temps de nous cacher derrière un rideau de ronces pour l’observer mais le « goupil » avait déjà flairé notre présence et le voilà dès lors qu’il dressait droit ses oreilles, reniflant l‘air ambiant et scrutant les alentours en quête d’un indice qu’il n’arrivait pas à maîtriser. Rassuré, il a replongé le museau dans les hautes herbes sans doute pour déloger un petit rongeur de son terrier. Mais son sens olfactif l’a très rapidement rappelé à l’ordre. Son sens visuel a pris le relais et il a commencé à tout scruter en notre direction jusqu’à deviner où nous étions, pourtant cachés derrière un muret lui-même surmonté d’un épais treillis de ronces. Dès qu’il nous a aperçu, il s’est mis à détaler et a disparu dans un bosquet. Jérôme avait néanmoins réussi à le photographier convenablement mais moi, je n’avais qu’une photo trouble remplie d’herbes folles avec deux oreilles et un arrière-train qui décampaient. En atteignant la superbe forêt, le bitume a enfin laissé la place à une vraie piste forestière que l’on a ensuite très rapidement quitté au profit d’un bref mais rude raidillon qui s’est mis à grimper vers le col de Benta Fride (965 m). Là, un sentier plus ou moins large file en contrebas d’une clôture plantée sur la ligne de crêtes. J’ai demandé à Jérôme de me suivre et de grimper avec moi de quelques mètres vers cette clôture et ainsi en cheminant cette crête, nous avons profité des panoramas s’entrouvrant magnifiquement vers le Sud et parfois même vers le Nord à l’occasion de quelques trouées dans cette luxuriante forêt. Nous en avons profité un long moment avant de retrouver le véritable sentier car je  connaissais parfaitement ce secteur et je savais que la suite serait moins attrayante car trop souvent en sous-bois. J’adorais ce tronçon du G.R.36 car j’avais toujours pris plaisir à arpenter ce sentier herbeux et verdoyant  encadré de hautes fougères, de genêts et de pins même si je savais que le mois de  septembre n’était pas la meilleure des saisons pour le faire. Ici, il ne faut pas hésiter à quitter de quelques mètres le vrai chemin pour  monter sur la crête et l’on embrasse des panoramas grandioses sur une immense partie du pays Fenouillèdes. Je l’ai fait à quelques reprises découvrant en cette occasion d’énormes champignons, sans doute des bolets. Jérôme avait pris pas mal d’avance et avait surprit un cervidé qui dormait dans les fougères mais ce dernier avait détalé si vite que Jérôme n’avait pas été capable de me dire s’il s’agissait d’un chevreuil ou bien d’un cerf. En tous cas, ce fut le dernier mammifère sauvage que nous avons vu sur ce Tour. Peu après, nous avons délaissé le G.R.36 qui partait par la droite vers les jolis hameaux du Vivier, de Saint-Martin et de Fosse et désormais, il nous suffisait de suivre le GRP Tour des Fenouillèdes de nouveau balisé en jaune et rouge. Peu avant le col de l’Espinas (1.020 m), le chemin a commencé à se transformer en petites montagnes russes mais à l’occasion de vastes lopins de terre qui avaient été défrichés, on avait de très jolies vues vers le Canigou et les longs massifs que formaient le Coronat, le Madres et le Dourmidou. Au loin, au dessus de ces massifs du piémont, les Pyrénées commençaient à étirer leur longue chaîne montagneuses faite de très hauts pics encore un peu blanchis des neiges de l’avant-veille. Après le col de l’Espinas, le chemin est devenu plus large et la déclivité plus raide. Ici, je me souvenais parfaitement de ce coin car à la fin de l’hiver, les sous-bois étaient toujours magnifiquement recouverts de superbes jonquilles jaunes. Après cette dernière montagne russe, nous avons atteint le col Bas (1.035 m) où une aire de pique-nique tombait à point nommé. Nous y avons pris un peu de repos le temps d’une brève pause consacrée à manger quelques fruits secs, une compote et une barre de céréales. Ici, se terminait la forêt communale du Vivier et un panonceau de l’ONF nous en annonçait clairement une nouvelle : la Forêt communale de Rabouillet. Autant être honnêtes, nous ne faisions aucune différence et une seule chose changeait vraiment, c’était la nature du chemin que nous allions emprunter jusqu’au col de Tulla. Ici, nous avons repris une piste forestière DFCI un peu plus monotone que l’itinéraire suivi jusqu’à présent. Aussi, sur ce chemin au doux dénivelé qui nous amenait vers la Font de Coulom et la Maison forestière de Gatespa, il nous semblait important de profiter de chaque fenêtre que la haute forêt nous offrait pour regarder vers les Corbières et le Pech du Bugarach. A 12h20, nous étions à Gatespa où une jolie aire de pique-nique semblait n’attendre que nous. Le lieu était si charmant et si reposant que l’on s’y attardât bien après le repas.  Une fois le pique-nique terminé, Jérôme est parti avec son GPS en quête de la suite du parcours car ici, la piste forestière s’arrêtait en un cul-de-sac et en outre le balisage jaune et rouge semblait avoir disparu. Il y avait bien une autre piste qui descendait mais elle semblait partir à contresens et de toute manière sur notre morceau de carte IGN, il n’y avait clairement aucune piste à prendre à cet endroit. Pendant ce temps, je suis parti à la découverte des alentours et attiré par de magnifiques petits fruits ressemblant à s’y méprendre à des groseilles, j’ai bien failli me laisser prendre au piège de la tentation et de la gourmandise. Je ne connaissais pas cette plante mais une chose était sûre, les feuilles ne ressemblaient en rien à celles d’un groseillier et c’est ça qui m’a permis de résister à l’attrait de ces fruits bien trop tentants. J’ai supposé qu’il s’agissait peut-être des fruits d’un chèvrefeuille des bois ou bien ceux d’une morelle douce-amère mais je n’en avais aucune certitude car des plantes présentant des drupes rouges, je savais qu’il y en avait beaucoup. Du coup, j’ai ravalé ma salive et une photographie de cette plante m’a paru amplement suffisante et intéressante à faire. Au bout d’un moment, Jérôme est revenu en disant qu’il avait enfin retrouvé le balisage et un petit sentier peu évident qui filait en sous-bois. Nous avons aussitôt plié bagages.  A quelques mètres de l’aire de pique-nique, le départ du sentier était difficile à deviner et vraiment incertain, caché qu’il était par divers branchages dissimulant eux-mêmes les premiers coups de peinture du balisage. Quand nous avons commencé à suivre ce sentier, le balisage continua à être peu clair et peu évident à trouver dans ce sous-bois et nous en avons conclu que le sentier était sans doute peu pratiqué. Il l’en a été ainsi encore quelques temps alors Jérôme a conservé son GPS allumé. En prêtant beaucoup d’attention, ce minuscule sentier en sous-bois a néanmoins fini par atteindre un layon dont on voyait clairement que son défrichage était plutôt récent. Le layon montait sous de grands sapins dans un terrain tourbeux et a fini par déboucher à un collet à l’intersection de plusieurs pistes. Sans nous en douter, nous venions d’atteindre la plus haute élévation de cette journée à 1.158 mètres d’altitude mais surtout le point culminant de ce Tour du Fenouillèdes. Du bord du chemin et dans l’espace très étroit que formaient deux grands arbres, j’ai aperçu un bout de vallée et quelques habitations et j’ai essayé mais en vain de deviner quelle était cette commune. J’ai pensé à Fosse ou bien à Fenouillet mais il a fallu que je sorte la carte IGN pour comprendre que c’était plus simplement Caudiès-de-Fenouillèdes que je distinguais que très partiellement. Bien que je n’en ai pas fait part à Jérôme, ce constat de voir la ligne d’arrivée encore aussi éloignée a eu pour effet de me couper un peu les jambes mais tout en marchant, j’essayais de me raisonner. Après tout ce n’était pas la première fois que j’accomplissais une si longue distance et j’en avais même parcouru de bien plus longues. Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés au refuge de Gai Sourire mais nous n’y sommes pas restés très longtemps. Le temps de quelques photos-souvenirs et d’une visite du refuge non gardé que nous faisions presque machinalement mais surtout par curiosité et nous avons repris notre chemin. Il est vrai que depuis notre départ, or mis quelques orris, casots ou mas délabrés, c’était la toute première fois que nous trouvions enfin un bâtiment à visiter, ouvert à tous. Peu après, nous sommes restés scotchés un bon moment au bord du chemin devant les vues époustouflantes qui tout à coup se sont entrouvertes. Plus aucun arbre ne gênait la vision et nous étions assez sidérés car on apercevait au loin la Méditerranée mais nous avions aussi de superbes vues aériennes sur la forêt de Boucheville, sur le Ravin de Tulla et beaucoup plus loin sur la Vallée de la Boulzane encadrée par les blanches Corbières et la longue serre du Synclinal de Saint-Paul. Vers 14h30, nous avons atteint le col de Tulla et ses prés verdoyants ont été si tentants que nous n’avons pas pu résister à l’envie de nous y vautrer en faisant une halte. Après tout, le ciel était bleu, le soleil rayonnant comme jamais et il ne nous restait au gros maximum qu’une dizaine de kilomètres à accomplir et qui plus est toujours en descente. Nous avions encore quatre heures trente pour les parcourir. De plus, je connaissais parfaitement ces lieux et ce chemin, j’aurais presque pu le sillonner les yeux fermés tant j’y étais venu très souvent user mes godillots du côté des Gorges de Saint-Jaume, du Pech de Fraissinet ou dans le Vallon d’Aigues-Bonnes. Sauf accident ou incident toujours possible, je n’avais aucun doute quand à notre arrivée avant 18 heures à Caudiès-de-Fenouillèdes. Nous avons donc pris notre temps et en avons profité pour manger quelques friandises, ôtant nos chaussures pour faire dégonfler nos pieds et nous reposant pendant une bonne demi-heure. Puis nous avons repris la route avec cette fois-ci, la ferme intention de ne plus nous arrêter. Mais c’est bien connu et les hommes politiques le savent mieux que quiconque, les promesses n’engagent que ceux qui les disent et dès le magnifique gîte de Tulla atteint, un gentil cabri en liberté a retenu toute notre attention et celui de nos numériques. Il en a été de même en arrivant à Fenouillet où les petits hameaux des Bordes puis des Nautes et enfin les pittoresques châteaux médiévaux qui se font face ont freiné nos ardeurs pour quelques photos supplémentaires. Un peu plus bas encore, les rafraîchissantes Gorges de Saint-Jaume, que Jérôme ne connaissait pas, nous ont arrêtés une fois de plus pour quelques photos souvenirs. Nous avons flâner dans ces gorges le temps de la découverte puis il en a été de même en arrivant à la belle chapelle de Notre-Dame de Laval. Plutôt que de poursuivre le G.R.36, nous sommes ressortis de ce magnifique lieu par l’ancien chemin des processions et sa superbe porte dite Notre-Dame de Douna Pa. Pour y être déjà venu, je me souvenais avoir lu que depuis l’oratoire situé au bord de la D.9 jusqu’à la porte, la procession des fidèles s’effectuait sur les genoux et je me disais que même en descente, j’aurais eu du mal à faire de même. Malgré nos jambes qui commençaient à se faire lourdes, c’était un peu comme si nos têtes se refusaient à terminer cette étape tant il y avait de choses à découvrir. Un œil sur la montre et quand c’était nécessaire, les deux sur ce qu’il y avait à observer, tel était notre adage. En approchant de Caudiès, deux petits ânons très dociles ont fait les frais de cette flânerie très exagérée et ont clôturé notre album photos de cette merveilleuse journée. Puis, plus rien ne retenant notre attention, le village est arrivé très vite et nous avons prêté attention à une épicerie et à un petit bistrot qui faisait également snack, brasserie et restaurant. Il était exactement 17h15 quand nous nous sommes présentés à la jolie mairie pour récupérer les clés du gîte communal. Après avoir établi un modeste chèque de 20 euros représentant une nuitée pour nous deux, la souriante secrétaire nous a accompagné jusqu’à la petite maison de village qui faisait office de gîte. Les pièces étaient très spacieuses avec une grande cuisine parfaitement équipée et aménagée et elle disposait en plus d’une belle table de salle à manger. La chambre plus spartiate était séparée de la cuisine par un petit escalier mais ce qui était important à nos yeux c’était qu’il y avait deux lits de 90 très confortables et surtout assez loin l’un de l’autre, à cause des éventuels ronflements. Il y avait également une salle de bain avec une douche, un lavabo et un WC et une fois encore, tout cela suffisait très amplement à nos modestes exigences et à notre « humble » confort. Le rapport qualité prix était plus que parfait et pour être honnête ; nous n’en espérions pas tant. Jérôme s’est empressé de prendre une douche et j’en ai profité pour faire le tour de la partie la plus ancienne du village où se trouvait le gîte. Quand je suis revenu, j’ai pris la douche à mon tour et nous avons passé les heures restantes à nous reposer et à bouquiner avant de partir à la recherche d’un restaurant. En réalité, la recherche a été de très courte durée et pour tout dire le premier restaurant a été le bon dans tous les sens du terme. C’était le Café Rivière, celui là même que nous avions aperçu en arrivant et qu’une pancarte à l’entrée de Caudiès nous avait décrit comme faisant snack et également restaurant. Ici, la patronne semblait tout faire elle-même et en plus, elle le faisait bien. Elle se démenait du bar, à la cuisine et au service, prenant même le temps de discuter gentiment avec ses clients et franchement pour la somme modique de 16,50 euros par personne, pichet de vin et service compris, elle a gagné très allégrement les cinq étoiles de notre reconnaissance. Le souper a été parfait et une fois terminé, nous sommes immédiatement rentrés au gîte où Jérôme a terminé la soirée à bouquiner pendant que j’ai analysé pour la énième fois l’étape du lendemain. Hors mis, mon genou droit qui de temps en temps se bloquait un peu, j’était plutôt en forme et je commençais à prendre goût à cette longue balade. De ce fait, j’avais du mal à me faire à l’idée que demain était déjà l’avant dernière étape et cette idée me rendait triste car je trouvais que ce Tour des Fenouillèdes était passé bien trop vite. Deux à trois jours de balades supplémentaires auraient été l’idéal, à condition bien sûr qu’ils se déroulent avec une météo aussi clémente que celle d’aujourd’hui. En tous cas, les prévisions pour demain étaient annoncées ainsi et j’étais très heureux de cette nouvelle « Vadrouille sans la trouille ».

 

Lien vers Etape 2 

Lien vers étape 4 

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Le Circuit de Fosse par la Couillade de Ventefarine

Publié le par gibirando

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( N.B : J'ai commis une erreur sur la photo où j'ai mentionné un Euprocte des Pyrénées (Calotriton asper). Selon un spécialiste du Muséum d'Histoire Naturelle qui m'a contacté, il s'agit d'un Crapaud épineux (Bufo spinosus).
Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques interprétées au piano par Ludovico Einaudi. Elles ont pour titre "Primavera", "Other Nature" (Trio Whitefree avec Robert Lippok et Ronald Lippok ) et "Divenire".
LE-CIRCUIT-DE-FOSSE"
Voir taille réelle

Même si j’en fais une description plutôt précise, je suis enclin à dire que ce circuit de Fosse par la Couillade de Ventefarine, vous pourrez sans problème l’aménager à votre guise. En effet, les pistes forestières, chemins et autres sentiers y sont si nombreux que vous aurez l’embarras du choix quand à la boucle et à la distance que vous aurez décidé de parcourir. Moi, c’est une version plutôt longue (17 km) que je vous propose car une fois encore, nous avions ce jour-là, Dany et moi,  des « fourmis dans les jambes » et j’avais donc décrété que nous remplirions cette journée de novembre, qui selon la météo, s’annonçait si belle. Elle le fut, avec un ciel plutôt bleu, même si quelques rares cirrus et cirrostratus avaient décidé d’être de la partie, histoire d’enrober cette agréable balade d’un halo blanchâtre et de ternir un peu mes photos avec un moins de luminosité qu’à l’habitude. Mais les « fourmis » de nos jambes ne furent pas la seule raison à allonger inconsidérément cette boucle et surtout, à emprunter longuement le bitume dès le départ de Fosse. En effet, dans ma mémoire d’autres animaux étaient encore bien présents car il y a quelques années, alors que je randonnais dans ce secteur entre Saint-Martin-de-Fenouillet et Fosse, j’avais constaté un nombre incalculable de salamandres et de tritons dans les quelques fossés et poches d’eau qui jouxtent la petite route entre les deux hameaux. Je ne sais pas si les fortes pluies des jours précédents y étaient pour quelque chose mais dans une même poche d’eau, j’avais aperçu des dizaines de ces amphibiens urodèles. Ce jour-là, n’ayant pas d’appareil photo, je n’avais pas pu immortalisé cette vision assez insolite de nombreuses salamandres et tritons dans un même trou d’eau. En réalité, s’il s’agissait bien de Salamandres communes (salamandra salamandra), les tritons aperçus étaient sans doute des Euproctes des Pyrénées (Calotriton asper) reconnaissables à leur peau marron verdâtre très rugueuse. Comme il venait également de pleuvoir quelques jours avant cette randonnée, c’est avec la ferme intention de photographier cette scène assez rarissime et étrange que j’avais décidé d’emprunter sensiblement le même parcours et donc longuement le bitume en direction de Saint-Martin-de-Fenouillet. Il faut l’avouer, le résultat ne fut pas à la hauteur de mes espérances mais je suppose que les conditions climatiques, ensoleillement, hygrométrie, hydrométrie, températures de l’air et des eaux, etc… ne furent sans doute pas exactement les mêmes que la première fois. Ceci expliquant cela. Toutefois, la déception ne fut pas totale non plus car j’ai néanmoins pu photographier une Salamandre commune dans un fossé non loin du bord de la route. Malheureusement cette salamandre fut bien plus preste que moi et je n’eus pas le temps de prendre un second cliché en rapproché qu’elle avait déjà rejoint les profondeurs de la poche d’eau. Si cette salamandre fut le seul amphibien vivant que j’eus l’occasion de photographier ce jour-là, le bitume, lui, était suffisamment jonché de nombreux cadavres de salamandres et d’euproctes pour me confirmer la réalité d’une certaine abondance de ces animaux dans ce secteur des Fenouillèdes. Il faut simplement espérer que la circulation routière ne soit pas trop meurtrière et qu’au cours de leurs activités le plus souvent nocturnes de nombreux animaux soient épargnés afin que leur existence et surtout leur espèce se perpétuent. Pourtant, il faut reconnaître que cette petite route vicinale que nous avons cheminée est vraiment peu fréquentée car tout au long des 2.500 parcourus sur l’asphalte, nous n’avons pas vu un seul véhicule. Quand au village, nous n’y avons croisé personne non plus. Je suppose que ces amphibiens arrivent sur cette route, depuis la toute proche Matassa, rivière dont le débit est régulier tout au long de l’année. Si bien évidemment, les salamandres et autres tritons ne vous intéressent pas vraiment, vous aurez intérêt à rester sur les chemins de randonnées pour rejoindre au plus vite la Couillade de Ventefarine. Pour cela, vous aurez quitté Fosse en partant vers l’est et vous aurez eu le choix entre deux itinéraires bien plus courts et rapides que le mien. Soit un petit sentier matérialisé par une pancarte « Cauciel », P.R. balisé en jaune, qui, à la sortie de Fosse, part immédiatement à gauche en direction de Ventefarine, soit vous emprunterez le G.R.36 (balisage blanc et rouge) c'est-à-dire la route bitumée sur 1.200 mètres environ jusqu’à un premier panonceau indiquant Le Vivier et Saint-Martin. Quelques mètres plus loin, vous aurez à nouveau le choix entre deux autres itinéraires, soit le G.R.36 qui continue vers l’est ou mieux, un autre petit chemin qui rejoint le Sentier d’interprétation géologique des Hauts de Taïchac que nous avons pris nous-mêmes un peu plus tard. Peu après l’ancien four à chaux, il faut simplement prêter attention à un croisement qui part nord-ouest en direction de la Couillade de Ventefarine pour ne pas poursuivre inutilement le sentier d’interprétation. Comme toutes les diverses curiosités remarquables présentes sur les cartes, ce lieu-dit de la Couillade de Ventefarine est symbolisé sur la carte IGN par une étoile rouge à  cinq branches. Aussi quand vous l’aurez atteint sans doute vous poserez vous la question de savoir qu’elle est vraiment cette curiosité ? Y êtes-vous passé à côté sans la voir ? A-t-elle disparue à jamais ? Il y a bien sûr depuis ce sommet de cette longue crête de la Roque des vues admirables sur l’interminable synclinal de Saint-Paul, la Vallée de la Boulzane, les Corbières et le mythique Pech de Bugarach mais rien qui ne justifie vraiment que les géographes y aient campé une étoile à cet endroit-là sur leurs cartes. Si tous les topographes se mettaient à dessiner des étoiles rouges pour chaque beau panorama rencontré, les cartes en seraient complètement remplies et on ne verrait plus que ça ! Alors, la Couillade de Ventefarine, c’est quoi exactement ? Le mot « couillade » n’est pas un mot ou un nom très utilisé dans le langage courant. Pourtant amusez-vous à le taper dans Google et vous verrez qu’il y a plus de 3.500 sites comportant ce mot mais assez peu si on y adjoint le mot « Ventefarine ». Si vous analysez les résultats, vous constaterez qu’une immense majorité de ces 3.500 sites concernent les Pyrénées ou les Corbières mais par contre, je n’ai trouvé aucune explication historique ni aucun commentaire concernant notre objectif du jour. Quand à la toponymie du mot « couillade », elle est relativement facile à trouver et tout le monde semble à peu près d’accord pour la transcrire comme étant « un large col herbeux ». Elle serait donc la version occitane de notre « collade » ou « collada » catalane. Quand au nom propre « Ventefarine », j’ai déjà eu l’occasion de vous en donner une interprétation lors d’une récente randonnée au « Moulin de Ribaute » et je l’avais traduit comme étant le nom d’un lieu où l’on séparait la farine du son, opération que l’on appelle « blutage ». Il semble que je n’en étais pas très loin car selon l’historien Jean Tosti, il s’agirait plutôt de l’opération de « vannage » qui consistait à séparer les grains des restes de pailles et des poussières diverses. Cette opération nécessitant un vent favorable, on avait pris l’habitude de l’effectuer sur une colline où une aire bien ventée était présente (Le temps de la moisson site Internet de Jean Tosti). C’est ainsi que l’on trouve encore de nombreux « Ventefarine » ou « Bentefarine »  dans notre beau département (Vinca, Duilhac, Estagel, Néfiach, Maury, etc…) mais également en Ariège et bien plus loin aussi puisqu’on en trouve dans la France entière. Enfin, on peut imaginer que ce mot ait été une transformation du mot «ventarinada» qui en occitan signifie une bouffée de vent. Alors, bien sûr, un fois le circuit accompli, vous me direz que sur cette crête, vous n’y avez rencontré ni « col herbeux » ni « aire de vannage ou de battage du blé » ?  En êtes-vous bien sûr ? Il faut bien sûr se projeter de nombreuses années voire siècles en arrière mais en cherchant un peu au bord du sentier, on trouve assez facilement une vaste zone plane et les pierres taillées et écroulées d’une vieille ruine près d’un petit monticule rocheux. C’est la Couillade de Ventefarine. Bien sûr, cet emplacement où s’effectuait le « vannage » est aujourd’hui largement envahi par les chênes verts mais ces quelques ruines ensevelies sous la végétation sont les restes certains d’un vrai patrimoine historique. De plus, cet endroit est le seul de toute la colline à avoir un accès avec l’autre versant donnant sur le vallon de la Boulzane que l’on atteint grâce à un sentier aujourd’hui seulement connu des commandos qui viennent s’entraîner ici lors de marches nocturnes. A l’époque, il est presque certain que les paysans des deux versants de la Roque venaient y battre leur blé. La Couillade, c’était un vrai col ! Après cette découverte, il faut poursuivre le sentier en restant sur celui situé au plus haut et au plus près de la crête. Dans le cas contraire, vous redescendrez directement à Fosse mais quand on veut faire un circuit, ce n’est pas vraiment l’idéal ! Il s’agit d’un étroit sentier pas toujours merveilleusement débroussaillé mais praticable car le plus souvent emprunté par les chasseurs et les ramasseurs de champignons du coin. Vous y rencontrerez quelques vieilles bornes du temps où l’on confiait les levés topographiques aux Officiers d’Etat-major. A l’occasion de quelques trouées, de belles vues se dévoilent des deux côtés de la ligne de crêtes. Le Canigou et les Pyrénées d’un côté et de l’autre, le Bugarach et les Corbières. Ce petit sentier finit par atteindre une pinède où une large piste file à droite toujours au milieu des pins. Ici, pendant que Dany ramassait sur les talus quelques excellents lactaires délicieux, moi, je me suis mis à courir derrière un petit écureuil roux qui a finalement accepté mon appareil photo trop occupé qu’il était à finir de grignoter une pomme de pins. Ici, au bord de cette piste, on y remarque aussi une sinistre pancarte mentionnant l’étrange disparition du dénommé Sébastien Pous le 29  mai 2008. Agé de 84 ans, l’ancien maire de Fosse s’est littéralement volatilisé et le mystère reste entier car on ne l’a jamais plus revu. Ah ! Si les écureuils pouvaient parler ! Quelques mètres plus loin, on retrouve une variante du G.R.36 et une autre pancarte indiquant la direction du Col del Mas qu’il faut suivre sur 400 mètres environ jusqu’à une autre intersection de chemins : sur la droite, le Col del Mas et sur la gauche, pour un retour plus rapide vers Fosse par le G.R.36 si vous le souhaitez. Au Col del Mas, on traverse la D.9 et l’on poursuit tout droit en empruntant une large piste qui monte et laisse entrevoir de jolies vues sur la commune de Fenouillet, ses châteaux médiévaux, sur le verdoyant Vallon d’Aigues-Bonnes, le Pech de Fraissinet et la Serre de la Quière. Entre maquis et bois de résineux, on poursuit cette piste DFCI F39 jusqu’à rencontrer un nouveau panneau de randonnée indiquant la Source des Verriers, Ici, on ignore la direction de cette jolie balade déjà expliquée dans ce blog pour emprunter à gauche le large chemin herbeux qui file au milieu de prés très souvent plantés d’une multitude de champignons et notamment d’énormes Agarics des jachères (Agaricus arvensis). Ces Rosés des prés qui exhalent un fort parfum d’anis et que l’on rencontre surtout à l’automne ne sont pas les meilleurs champignons du monde car souvent un peu spongieux quand ils sont trop gros, mais ils s’adaptent merveilleusement et très facilement à de multiples sauces ou recettes de cuisine. Le sentier rectiligne descend, laisse entrevoir des vues panoramiques lointaines et finit par atteindre une nouvelle jonction de chemins. Une fois encore, on ignore l’itinéraire de la Source des Verriers qui file vers Vira et on lui préfère la piste DFCI F43 qui part à gauche en direction des Cabanes. Le chemin zigzague un peu, laisse sur la gauche un grand hangar en bois et on atteint très vite le hameau. Partie basse du village de Fosse puisqu’on y trouve la mairie, la traversée des Cabanes est très rapide car à vrai dire, il n’y a pas grand-chose à visiter. Il suffit de rejoindre le haut du village que l’on aperçoit au pied de l’oblongue « serre » et notre magnifique balade automnale autour de Fosse se termine quelques minutes plus tard. Le parcours effectué est long de 17 kilomètres environ pour un dénivelé très modeste dépassant à peine les 200 mètres mais comme indiqué en avant-propos, vous pourrez raccourcir ce circuit et l’adapter à votre guise. Certaines parties étant un peu embroussaillées et d’autres caillouteuses, bonnes chaussures de marche et pantalons longs sont vivement recommandés. Enfin si l'Histoire de Fosse vous intéresse, je vous conseille la lecture des quelques bulletins municipaux que la commune a édités. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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Aux Portes de Boucheville (838 m) depuis Vira (604 m)

Publié le par gibirando


 
Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons interprétées par Claude Nougaro et extraites de son album posthume "La Note Bleue". Elles ont pour titre : Les Chenilles, Autour de Minuit, l'Espérance en l'Homme.

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Vous allez certainement vous dire que je ne quitte plus le pays Fenouillèdes car après l'époustouflant Pic de Vergès, le retour dans le temps à la Tour de Lansac, me voilà désormais au ravissant hameau de Vira pour une petite balade qui s'appelle "Aux portes de Boucheville". Autant le reconnaître, ce jour-là, Dany et moi, nous n'étions pas vraiment partis  là-bas dans cette grandiose et superbe forêt de Boucheville pour faire une véritable randonnée car notre objectif principal était d’abord d'aller cueillir du houx pour préparer le marché de Noël de notre village. Le résultat de cette agréable cueillette étant de constituer de jolis bouquets au profit de l'Association des Chats d'Oc de Saint-Estève, association qui avec beaucoup de persévérance et de courage vient en aide à nos animaux de compagnie depuis de nombreuses années. Le temps très doux de ce joli jour de décembre et l’occasion faisant le larron, nous avons donc joint l'utile à l'agréable. Et quand, je dis agréable, cet aspect-là des choses n'a pas consisté seulement à marcher, à pique-niquer et à ramasser du houx car il y a eu d'autres moments bien délicieux au cours de cette petite balade. En premier lieu, quand nous avons laissé notre véhicule à l’entrée du hameau, un gentil chien est venu d’emblée nous faire des fêtes. Allez savoir pourquoi, nous l’avons presque immédiatement appelé « Virus ». Sans doute, à cause du nom du village « Vira » mais aussi peut-être parce qu’il était collant et aussi difficile à se débarrasser qu’une maladie virale. Virus a commencé par nous suivre jusqu’à la place principale où, depuis que j’avais effectué une jolie boucle à la « Source des Verriers », je savais à l’avance que je trouverais d’autres panonceaux de randonnées. Effectivement, trois panneaux sont là pour donner le départ vers la Source des Verriers, le Sentier botanique de Vira et enfin notre randonnée du jour : « Aux Portes de Boucheville – 5,3 km – 1h50 – dénivelé 230 m ». Bizarrement et avant même que l’on emprunte le bon itinéraire, notre ami Virus, à la fois canin et câlin est déjà là à attendre dans la bonne direction comme s’il savait déjà quelle balade nous avons choisie. En tous cas, lui est bien décidé à venir en balade avec nous et quant on passe devant « La Claire Fontaine » en empruntant le « Chemin des Pradillets », Virus a déjà pris 20 mètres d’avance et il nous attends assis sagement sur son arrière-train avec un petit air qui semble vouloir dire : « Eh les amis, il faudrait voir à accélérer un peu le pas ! » Arrivé près d’un bel oratoire, il a déjà tourné à droite et il va en être ainsi tout au long du parcours car s’il y a une réelle évidence, c’est celle de constater que Virus connaît pas cœur cet itinéraire « Aux Portes de Boucheville ». Il faut reconnaître qu’en suivant Virus, Dany et moi ne trouvons pas utile de suivre les marques peintes en jaune pourtant parfaitement présentes et visibles. Virus, lui, suit son propre balisage jaune, celui de ses traces d’urine qu’il laisse à tous bouts de champ et à intervalles réguliers en levant la patte. Le chemin s’élève bien vite et laisse entrevoir des vues magnifiques sur Vira mais aussi bien plus loin, vers les blanches Corbières et les 1.230 mètres de son point culminant le Pech de Bugarach, véritable mastodonte de calcaire vu d’ici. Mais étonnamment, c’est un autre sommet, le Sarrat Naout qui semble bien moins haut qui attire nos regards. Pourtant, point culminant lui aussi mais des Fenouillèdes cette fois, avec ses 1.310 mètres de hauteur, le Sarrat Naout n’a rien à envier au Bugarach et il domine remarquablement le paysage de son dôme roussâtre qui se dévoile au bout du sentier. Plus loin, c’est le Pech de Fraissinet qui découvre sa protubérance pelée telle une grande baleine à bosse qui flotterait sur un immense océan végétal. Après les pluies torrentielles des derniers jours, les abords du chemin sont de véritables champignonnières naturelles mais dommage car la plupart des champignons sont soit déjà véreux soit dangereux et inconsommables. Avec deux gros lactaires délicieux et deux gros bolets dont un excellent « bleuissant » trouvés dans la forêt, nous aurons plus de chance en début d’après-midi mais l’heure du pique-nique est déjà venue au grand dam de Virus qui se demande bien pourquoi tout à coup on s’arrête. Lui qui sans cesse marche avec 20 ou 30 mètres d’avance mais reviens aussitôt vers nous quand il nous perd de vue, accomplissant ainsi plusieurs fois le parcours, cette fois, il ne comprend pas cette halte impromptue. Il aboie, part en courant puis revient, dodeline de la tête comme pour nous dire : « eh que faites-vous, il faut y aller, c’est par là ! ». Puis il s’arrête et nous regarde de son air désabusé, surpris de nous voir nous installer sur la pelouse d’une clairière ensoleillée. Mais quand on sort les casse-croûtes, Virus n’est pas si bête que ça  et il comprend vite que s’il veut sa part de la collation, il a tout intérêt à venir s’allonger entre nous deux. Mais Virus, même en jouant les mendiants avec ses faux airs de chien battu, est bien difficile à contenter car quand on lui tend un morceau de notre sandwich, il délaisse le pain et préfère sans contestation aucune le jambon, le saucisson et le pâté. L’après-midi, nous reprenons la piste forestière qui zigzague dans une belle hêtraie où les vestiges de quelques cortals finissent de tomber en ruines. Si les hêtres déjà bien dégarnis de leurs feuilles sont les plus nombreux, quelques derniers feuillages d’autres essences luttent encore pour le titre de la plus belle couleur d’automne. Quand aux quelques pins et autres conifères, ils sont parfois les terrains de jeux de quelques écureuils joueurs, malicieux et très difficiles à photographier. Pour trouver du houx aux superbes boules rouges que nous sommes venus chercher, il nous faudra néanmoins sortir un peu des sentiers battus. Virus, lui, continue à nous montrer la route et s’agace de nos volte-face incessantes quand on se met en quête de chercher des champignons ou bien du houx ou quand je cours avec mon numérique derrière un écureuil. Puis, Virus repart de la plus belle des manières et semble apprécier quand on retrouve le parcours dont il connaît l’itinéraire aussi bien que le bout de sa « truffe ». A l’approche d’un joli chalet de bois, Virus part dans le pré comme s’il connaissait très bien les lieux mais ce dernier étant vide de tout occupant, il se ravise et reprend la course en avant de sa « folle » chevauchée dans la descente qui mène directement vers l’aire de pique-nique et le sentier botanique tout proche. Situé à moins de 200 mètres, on peut aisément coupler la découverte du sentier botanique de Vira à cette courte randonnée. A cette intersection de plusieurs chemins et après avoir retrouver le bitume sur quelques centaines de mètres, on va très rapidement le délaisser à nouveau en s’élevant parallèlement à la route forestière qui arrive directement de la Source des Verriers et descend vers le village. Nous, du village, on va en avoir une ultime et magnifique vue aérienne sur ce dernier tronçon du parcours qui, au travers d’un chemin parfois haut ou parfois creux, encadré qu’il est de terrasses de pierres sèches, nous emmène illico à Vira. Au village, Virus retrouve un petit dogue, bon pote à lui semble-t-il et ils vont finir ensemble et sans problèmes nos restes de casse-croûtes.  Mais quand l’heure de reprendre la route a sonné, c’est avec un petit pincement au cœur que nous regardons Virus courir derrière notre voiture en aboyant comme s’il voulait nous dire : « Revenez, ne partez pas, revenez !!! ». Ah, si nous n’avions pas tant de chats et si tu n’avais pas un gentil maître qui te laisse tout le loisir de gambader, nous aurions bien aimé t’adopter affectueux et attachant Virus ! Et puis Virus, il faudra bien que tu continues à montrer le chemin à tous ces futurs randonneurs qui viendront effectuer cette jolie randonnée qui figure en bonne place dans le guide « 34 randonnées en Agly-Verdouble » ? Pause pique-nique et recherches incluses, nous avons mis trois heures pour accomplir cet agréable circuit « Aux Portes de Boucheville ». Il s’adresse à tout le monde et peut-être l’occasion d’une agréable sortie familiale où jeunes et moins jeunes y trouveront leur compte. Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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Un Tour du Bonheur

Publié le par gibirando

J’aime mes enfants par dessous tout et j’aime la randonnée car c’est mon passe-temps favori. Alors comment, dans mon journal mensuel, pourrais-je passer sous silence ce merveilleux Tour pédestre des Fenouillèdes qu’en ce mois de septembre je viens d’accomplir avec mon fils. Quand il m’a annoncé qu’il voulait partir marcher avec moi, j'ai été d'abord très surpris car il préfère nettement le VTT mais j’étais tellement heureux que j’ai mis tout en œuvre pour que ce tour que j’avais inscrit dans mes tablettes depuis fort longtemps se réalise et croyez-moi, même s’il  ne fut pas très facile à organiser, car il faut le dire ce pays des Fenouillèdes est incontestablement le parent pauvre du département des Pyrénées-Orientales, il était hors de question pour moi que nous ne l’accomplissions pas ensemble. Le Fenouillèdes, terre occitane oubliée ou ignorée des catalans depuis le traité des Pyrénées de 1659, il suffit pour s’en convaincre, de compulser Pyrénées-Orientales - L’Encyclopédie Illustrée du Pays Catalan où seulement deux pages sont consacrées à cette belle région sur les 302 pages que comporte ce gros ouvrage. Pour se convaincre de cette indifférence et de cette ignorance quasi générale, il suffit de vouloir parcourir ce tour, pourtant parfaitement balisé par les comités associatifs pédestres, pour constater qu’aucun topo-guide n’a encore été édité ni par la Fédération Française de Randonnée Pédestre ni par aucun autre éditeur. Quand à l’organisation, si dans les communes les plus importantes que sont Saint-Paul-de-Fenouillet, Caudiès-de-Fenouillèdes et Sournia, on trouve assez aisément le gîte et le couvert, il y a, en terme d’hébergements, quasiment un grand vide dans la partie est de ce tour sur une immense portion qui va de Saint-Paul à Sournia, c'est-à-dire depuis Lesquerde à Eus en passant par Ansignan, Trilla, Tarerach, Marcevol et Arboussols. C’est d'ailleurs, je pense, la raison essentielle pour laquelle ce tour n’a pas été édité et reste peu fréquenté et que nous-mêmes avons été contraints de camper lors de la première étape qui nous a amené de Trilla à Eus. J’ai d’autant plus du mal à comprendre ce désintéressement pour les Fenouillèdes et cette désaffection pour ce magnifique tour pédestre que cette région regorge de richesses naturelles, architecturales et patrimoniales exceptionnelles. Pour n’évoquer que les sites les plus remarquables rencontrés ou aperçus sur l’itinéraire et sans parler des excellents vignobles que l’on côtoie au fil du parcours, Rivesaltes et Maury pour ne citer que les plus connus, il y a le superbe Prieuré de Marcevol, la localité d’Eus, élu plus beau village de France, de nombreux jolis hameaux oubliés dont ceux de Comes et de Campeau par exemple , ces étonnants amas de mégalithes naturels du Parc Naturel Régional des Pyrénées-Catalanes, les admirables forêts domaniales du Fenouillèdes, de Boucheville et du Moyen-Agly, les merveilleuses gorges de Saint-Jaume et de Galamus avec son ermitage Saint-Antoine, les belles vallées de la Désix, de la Boulzane et de l’Agly pour ne parler que des principales rivières, les ruines d’innombrables mas pastoraux et de nombreux châteaux dont ceux de Fenouillet, l’ admirable église Notre-Dame de Laval à Caudiès, les étonnantes échines géologiques calcaires que sont le synclinal de Saint-Paul s’étirant sur plus de 30 kilomètres et les Corbières avec ses pechs et notamment celui monumental et mystique de Bugarach, le surprenant chapitre de Saint-Paul avec son insolite clocher heptagonal et enfin peut-être le plus merveilleux et emblématique joyau architectural de la région avec le splendide pont-aqueduc romain d’Ansignan dans un état de conservation exceptionnel et encore en état de fonctionnement malgré son grand âge de plus de 17 siècles. Voilà quelques unes des principales merveilles que vous pourrez découvrir si vous êtes un jour amenés à réaliser ce tour dans son intégralité. Mais le Fenouillèdes, ce n’est pas seulement cela, ce sont des hommes qui ont su façonner un pays très tourmenté fait d’une succession de collines et de multiples ravins, des hommes qui ont réussis à élever de charmants villages dans les coins les plus reculés, des hommes qui malgré les occupations, les invasions successives (romains, wisigoths, musulmans, francs, espagnols, etc.…) et un passé parfois tumultueux comme les guerres entre cathares et catholiques sont restés accueillants et ont réussi à en faire un pays où il fait bon vivre. Même si en raison d’une mauvaise météo, les deux premiers jours n’ont pas été très propices à une flânerie pédestre,  sur ce Tour des Fenouillèdes, ce bien-être, Jérôme et moi avons eu l’occasion de le goûter tout au long de ces 5 jours. Alors, je ne sais pas ce que Jérôme en pense mais pour moi, ce périple de 120 kilomètres avec lui, restera très longtemps un vrai Tour du Bonheur.
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La Source des Verriers (782 m) depuis Vira (610 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est enjolivé de 5 tubes du célèbre chanteur et musicien de rock Chuck Berry. Elles ont pour titre : "You Never Can Tell", "Roll Over Beethoven", "Carol", "No Particular Place To Go" et "Maybellene"

 
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Il y a encore quelques mois, j’ignorais tout de ce joli circuit qui mène à la Source des Verriers. Pourtant dieu sait si bien des fois j’avais arpenté cette magnifique forêt de Boucheville ! Du Vivier à Fenouillet ou de Sournia à Rabouillet ou bien de Caudiès jusqu’à Gincla en passant par le vallon d’Aigues-Bonnes, les Gorges de Saint-Jaume, le Pech de Fraissinet, les cols de Tulla, de Benta Fride ou de l’Espinas, sincèrement, je pensais en avoir fait le tour de cette belle et envoûtante forêt. Mais voilà, on ne connaît jamais tout et comme le dit l’adage : « les voies de la Providence sont impénétrables » mais il faut croire que celles de la forêt de Boucheville ne le sont pas ! Ici, en l’occurrence, le mot « Providence » avait pour synonyme le mot « don ». En effet, cet agréable circuit, je l’ai découvert pour la  première fois dans un petit guide intitulé « 34 randonnées en Agly-Verdouble » édité par le Conseil Général des P.O. Ce petit guide, si tout le monde peut se le procurer au prix de 8 euros dans tous les Offices de Tourisme des Fenouillèdes moi, j’ai eu le délicieux privilège qu’il me soit offert gracieusement par un club de randonnée. Et pas n’importe quel club !!! Le Club de Randonnée Pédestre du Foyer Rural d’Auriac du Périgord. Voilà pour la Providence ! C’est déjà très inhabituel qu’un club du Périgord offre un guide de randonnée à un roussillonnais mais qu’à travers ce guide, de surcroit catalan, le roussillonnais d’adoption que je suis découvre de nouveaux tracés, là  on pourrait  penser que si les voies de la Providence sont impénétrables celles pour découvrir cette jolie randonnée l’étaient presque tout autant.  Mais quand je vous aurai dit que c’est grâce à ce blog que vous êtes entrain de compulser que ce « fabuleux contact » s’est noué, là vous serez sans doute moins surpris puisque l’objectif principal d’un blog est tout de même de tisser des liens entre amis ou blogueurs ayant des centres d’intérêts analogues. Voilà pour la petite histoire rocambolesque qui m’a amené en ce beau jour d’été à faire cette belle balade. Quant à la grande Histoire, celle avec un grand « H »,  le guide ne dit pas grand-chose de cette Source des Verriers, si ce n’est qu’il y avait aux temps anciens, une verrerie à cet emplacement actuel de la forêt royale de Boucheville. Il faut savoir qu’au Moyen Âge, c’était monnaie courante que les verreries s’installent au beau milieu d’une forêt. En effet, les verriers érigeaient très souvent leur cabane et leurs ateliers en pleine forêt car ils y trouvaient, en plus du combustible et de l’eau, à peu près tout les minéraux et matériaux entrant dans la composition du verre : minéraux siliceux (sables ou grès), les colorants minéraux (divers oxydes comme l’oxyde de fer par exemple) les fondants (calcaires, potasse des cendres végétales) mais aussi les pierres nécessaires pour édifier les fours, l’argile pour les maçonner et modeler les creusets où ils fondaient le verre. En outre, grâce à la chasse, à la pêche et à la cueillette, les verriers tiraient de la forêt la majeure partie de leur subsistance. Un peu plus tard, à partir du 15eme siècle, il faut savoir que les fabriques de verre ont été le plus souvent l’apanage d’aristocrates car souffler le verre était le seul métier manuel qu’un gentilhomme pouvait exercer sans déroger aux règles de la monarchie et de la noblesse. De cette Source des Verriers, outre la résurgence et le nom qui figure sur un panonceau, il ne subsiste rien et le lieu actuel ne vaut le déplacement qu’à cause d’une agréable aire de pique-nique au sein d’une pinède ombragée au milieu de laquelle coule mélodieusement le petit ruisseau de Boucheville. Le démarrage de cette randonnée se fait depuis la place principale de Vira où un explicite panneau « Source des Verriers-13,5km-dénivelé 320m » donne le signal de départ. Vira est une petite commune paisible des P.O, d’une trentaine d’habitants  blottie au cœur de la forêt domaniale de Boucheville. S’agissant d’un P.R., le balisage est peint d’un seul trait jaune qu’il faudra suivre tout au long de cette boucle qui emprunte pour l’essentiel de larges pistes de Défense de le Forêt contre les Incendies (DFCI).  On quitte Vira en tournant d’abord le dos à la forêt et on emprunte la rue de l’Ouratory (oratoire).  On abandonne rapidement le bitume pour un large chemin herbeux qui passe devant l’oratoire et son crucifix. A l’ombre des noisetiers, le chemin s’élève au dessus de quelques jolies villas puis s’aplanit jusqu’à couper une étroite route goudronnée qui s’élève jusqu’à une intersection où un panneau vous signale par le biais d’un gentil « patou » que l’on entre dans une zone de pâturage. On prend à gauche la piste terreuse DFCI qui descend sous une ferme et l’on aboutit à une prairie en friches où les vues portent très loin vers la longue chaîne des Corbières. On laisse les pistes qui partent à droite et à gauche jalonnées de poteaux électriques et on traverse la prairie sur une vingtaine de mètres toujours en descente jusqu’à couper une petite sente peu visible en raison des hautes herbes. Heureusement, un poteau avec une marque jaune a été planté là au milieu de la garrigue et il indique clairement l’itinéraire à suivre. L’étroit sentier descend dans un obscur sous-bois de feuillus composé principalement de chênes verts, de buis et de hautes bruyères. En suivant le balisage jaune, on arrive sur un petit pont en pierres sur lequel on enjambe le maigre ruisseau de Boucheville. Juste après le pont, on arrive à une combe verdoyante et à un nouveau croisement où un panonceau jaune vous indique « Source des Verriers-Vira 11,9 km-4h10 ». Considérez qu’à partir d’ici, vous avez accompli la partie la plus « tortueuse » du circuit et qu’il vous reste la plus facile. En effet, si vous suivez bien les abondants petits panonceaux « Sources des Verriers » qui jalonnent le chemin (ils sont vraiment très nombreux !) et le balisage jaune en évitant de prendre les sentiers barrés d’une croix, vous rejoindrez l’arrivée à Vira sans aucune difficulté. Vous empruntez tour à tour une piste au milieu d’un maquis typiquement méditerranéen puis, vous vous rapprochez peu à peu de la forêt de Boucheville sur un doux dénivelé qui va vous donner l’occasion d’observer très tranquillement des panoramas de toute beauté. Au loin, le Pech de Bugarach se dresse et se détache dans un horizon plutôt rectiligne. Un peu plus tard, c’est le Pech de Fraissinet qui soulève sa croupe à la fois aride et très boisée dans la ligne de mire du chemin. Plus haut, vous dominez le ravin de Tulla et Fenouillet avec des vues superbes sur la commune et les ruines de son château médiéval. En toile de fond, la vallée de la Boulzane, Caudiès-de-Fenouillèdes et le Pech du Bugarach qui dresse désormais son « étrave » tel un immense navire dans la houle des Corbières. Tout en grimpant dans cette nature généreuse où une flore et une faune exceptionnelles semblent cohabiter radieusement, peut-être aurez-vous la chance d’observer, comme je l’ai fait, un joli petit chevreuil (photo) sautillant au milieu des genêts et des fougères ou bien un florilège d’oiseaux et de papillons multicolores qui virevoltent allégrement autour de vous. Au panneau vous annonçant le col de Boïre à 150 mètres, je vous conseille de faire une petite entorse à ce circuit et de partir vers le col. En effet, depuis ce passage des vues époustouflantes se dévoilent sur une grande partie de la forêt de Boucheville, le vallon et le col de Tulla et le Pech de Fraissinet. D’ailleurs, les chasseurs du coin ne s’y sont pas trompés, eux qui ont installés leurs hauts miradors en surplomb de l’immense dépression. En reprenant le circuit, la piste se stabilise jusqu'au Col de l'Ours puis redescend jusqu’à aboutir à une route en bitume non loin de l’aire de pique-nique du Pont des Verriers. Ce petit pont enjambe le ruisseau de Boucheville déjà entrevu ce matin. En été, on entend un faible glouglou mais c’est celui de ce petit ru boueux car si la Source des Verriers est encore là à quelques dizaines de mètres au dessus de la route, elle est engloutie sous deux plaques de fonte posées sur des puits en ciment qui laissent à penser que l’eau qui était utilisée autrefois par les verriers est désormais captée à d’autres fins sans doute plus rationnelles que celle de la fabrication du verre. A partir de la Source des Verriers et pour rejoindre Vira, la fin du circuit presque essentiellement sur l’asphalte est des plus rébarbatives. Heureusement qu’il y a encore quelques jolis points de vues sur le village, la forêt, la plaine du Roussillon et les Corbières, un ludique circuit botanique avec plus d’une vingtaine d’essences commentées et pour finir, un agréable sentier tout en balcon sur Vira. Ces quelques découvertes viennent atténuer ce dénouement plutôt monotone. Au départ, la boucle est donnée pour 4h45, arrêts non inclus sans doute. Moi, comme toujours j’ai flâné à outrance et j’ai marché 6h40 arrêts inclus ce qui pour une torride et accablante journée du mois d’août est finalement très correct. Au départ, on a beau se dire que la forêt de Boucheville se prête parfaitement à une randonnée estivale qui va être fraîche et ombragée, il ne faut pas s’y tromper, on marche tout de même souvent au soleil même si les parties en sous-bois sont également bien présentes. Mais me direz-vous, quoi de plus normal que de randonner sous un grand ciel bleu azur en plein mois d’août ! En été, casquette ou chapeau, lunettes de soleil et crème anti-UV sont fortement recommandées, en sus de l’équipement habituel ; mais surtout n’oubliez pas de partir avec de l’eau en quantité suffisante. Je suis parti avec seulement deux litres et sur la fin, j’en ai manqué terriblement. Déshydraté, en arrivant à Vira, je me suis jeté la tête la première dans la vasque de la Claire Fontaine et ensuite, je suis resté de longues minutes à m’asperger. C’est dire si j’avais eu chaud et soif. Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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Le Pech de Fraissinet (1.173 m) à partir du village de Fenouillet

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de la chanson de Gilbert Bécaud "Seul Sur Son Etoile" Paroles de Maurice Vidalin et musique de Gilbert Bécaud.

Le départ s'effectue à partir de Fenouillet, village pittoresque avec une Histoire très riche.  Pour preuve, les ruines séculaires des châteaux Castel Sabarda et Saint-Pierre. Le circuit démarre en direction des Nautès, emprunte une portion du Tour du Fenouillèdes jusqu'au Col de Tulla. Suivez le balisage jaune. En montant les senteurs de cistes laissent peu à peu la place aux parfums de résineux. Au col, suivez le panneau Aigues-Bonnes. Très vite, un étroit sentier grimpe à droite dans le bois en direction du Pech. Sans le savoir, vous jouez les équilibristes sur le fil de la frontière qui sépare l'Aude des Pyrénées-Orientales. Si vous avez la chance d'arriver au sommet par grand beau temps, un splendide panorama à 360° s'offre à vous. A l'ouest, les premiers sommets pyrénéens, Mont Coronat, Madres, Dourmidou. Vers l'est, le Pech de Bugarach, vers le sud, les vastes et longues vallées de la Boulzane et de l'Agly. A vos pieds, d'un côté et de l'autre, les épaisses forêts domaniales de Boucheville et d'Aigues-Bonnes (photo). Après, cette escapade jusqu'au blanc calcaire du pech, il suffit de redescendre la verte piste forestière qui zigzague au milieu des sapins, pins sylvestres, hêtres et autres feuillus. Vous finissez par atteindre un vallon paradisiaque et le sentier cathare. Laissez Aigues-Bonnes à gauche et après 4 bonnes heures de marche vous retrouverez Fenouillet. Carte IGN Prades-St Paul de Fenouillet 2348ET Top 25.

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