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escarabatets

Le Refuge du Gai Sourire (1.076m) et le Ravin de Tulla depuis Fenouillet (443 m)

Publié le par gibirando

 Ce diaporama est agrémenté de plusieurs morceaux de musique et chansons contenant le mot "Smile", c'est à dire "Sourire. Leurs titres et interprètes sont : "The Shadow Of Your Smile" par Sonny Stitt (saxo), "Smile" par Rickie Lee Jones (chant), "Can't Smile Without You" par Barry Manilow (chant), "The Shadow Of Your Smile" par Astrud Gilberto (chant) et Stan Getz (saxo), "Smile" par Nat King Cole (chant) et "The Shadow Of Your Smile" par Frank Sinatra (chant).

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GAISOURIREIGN
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Gai Sourire ou plus exactement le Refuge du Gai Sourire. La première fois que j’ai vu ce nom-là sur une carte IGN, je me suis dit « quel joli nom pour un refuge ! » puis dans la foulée, j’ai pensé « qu’il doit être agréable d’aller si réfugier ». Alors bien sûr rien ne s’y oppose car un refuge de montagne c’est fait pour ça. Mais, car il y a un « mais » et même plusieurs, c’est que si vous souhaitez vous y rendre en groupe, voire à quelques-uns et éventuellement envisager d’y passer une nuit, je vous le déconseille très fortement. En effet, le terme de refuge est ici quelque peu galvaudé car Gai Sourire n’est qu’une toute petite cabane O.N.F de quelques mètres carrés seulement, c'est-à-dire un simple abri forestier. Si à cette toute petite surface, on enlève la place prise par la cheminée et celle occupée par une petite table et deux bancs scellés au sol autant dire que l’espace vacant se réduit presque à celui d’un placard à balais.  Il n’y a donc aucun bat-flanc ni aucun lit, et si vous êtes seul, peut être pourrez-vous vous glisser dans un sac de couchage derrière la porte et encore, j’exagère à peine.  Moi, j’y suis allé à plusieurs reprises mais vous l’aurez bien compris, jamais pour y dormir. La première fois, c’était presque par pure curiosité que j’étais parti de Gincla pour une petite balade jusqu’au refuge. La deuxième fois, en 2011, je l’avais redécouvert lors de Mon Tour des Fenouillèdes effectué avec mon fils et enfin la troisième fois, c’est le jour de cette longue randonnée au départ de Fenouillet que je vous raconte ici. Alors quel intérêt d’y aller me direz-vous ? Pour s’y réchauffer un instant lors d’une balade hivernale mais pas que et je vais y venir.

10 h du matin, je suis à La Vilasse et sur le parking qui jouxte l’église et la mairie de Fenouillet. La Vilasse est le principal noyau d’habitations, car comme j’avais déjà eu l’occasion de vous le dire lors du circuit des 3 châteaux, la commune de Fenouillet est éclatée en de multiples petits hameaux assez dispersés. J’emprunte la petite route qui descend en direction des Nautes, je passe devant un puits, quitte la route et poursuit le chemin qui continue de descendre. Je suis sur le G.R.36 ou tout du moins sur une de ses multiples variantes passant dans le secteur et qui en permettent la découverte. Juste après un petit crucifix, je tourne à droite et retrouve la route bitumée au lieu-dit le Moulin. Les Nautes sont à gauche mais comme à cet endroit il y a pléthore de panonceaux indicatifs de randonnées, le nôtre bien évidemment fait partie du lot : « GRP TFEN » avec un balisage jaune et rouge ce qui signifie « GRP Tour du Fenouillèdes ». Un autre panonceau un peu plus vieux est plus explicite « Gîte d’étape - GRP Fenouillèdes » mais sans balisage celui-ci. On poursuit jusqu’aux proches Andrigotes en ignorant tous les autres panneaux rencontrés et on monte par un court raidillon vers le hameau des Bordes. Ici, sur la cocasse « 7eme Avenue », si tout comme moi, vous avez des relations privilégiées avec la gent animale, vous vous laisserez distraire par un cortège de chiens qui viendront vous faire des fêtes et vous réclamer des câlins. Et très souvent, comme quelques chats ne sont pas en reste, moi j’y passe toujours un certain temps à n’oublier personne. Là, aux Bordes, on retrouve un nouveau panonceau « GRP TFEN » avec la mention « Col de Tulla ». Cet itinéraire vers le gîte de Tulla (Tuilla) et le col éponyme, on ne va plus le lâcher. Après la sortie du hameau, on fera toute de même attention à ne pas prendre une mauvaise piste qui part à gauche en direction des anciennes mines de feldspath puis un peu plus loin, il faudra délaisser la piste principale au profit d’un étroit sentier qui monte dans des chênes verts. Ici, la signalisation consiste en un simple poteau car le panonceau que j’ai connu semble avoir disparu. Une fois sur ce sentier, impossible de s’égarer car il n’y en a pas d’autres. Tout en montant, on découvre les ruines d’anciens cortals enfouis dans une dense végétation. Cette végétation change au fur et à mesure que l’on s’élève. Les chênes verts se dispersent et sont remplacés par des arbres plus imposants, hêtres et bouleaux notamment. Peu de temps après, les pins et d’autres résineux prennent peu à peu leurs places. En contrebas, le chant d’un étroit ruisseau se fait entendre, c’est celui du Ravin de Tulla dont on va découvrir un peu plus haut la source boueuse à proximité d’une petite cuve métallique.  Ce ruisseau, combiné à celui de la Bène et à quelques autres que l’on aura l’occasion d’enjamber dans la journée se rejoignent au fond du vallon que l’on a dominé depuis le départ. A Fenouillet, tous ces cours d’eau se jettent dans le Noir Ruisseau. Outre le Refuge de Gai Sourire, cette balade consiste aussi à faire le tour de ce profond ravin. Le Noir Ruisseau et quelques autres eaux souterraines ont joliment creusé les Gorges de Saint-Jaume que j’ai déjà eu l’occasion de décrire dans ce blog. Le sentier, essentiellement en sous-bois, alterne des portions très rocailleuses et d’autres plus moelleuses, les pierres étant agréablement remplacées par des ramilles ou des tapis de feuilles puis il débouche dans une petite prairie d’estives entourée d’une superbe forêt. Le beau gîte de Tulla surgit juste après dans son magnifique cadre verdoyant. Dieu sait si j’y suis passé très souvent devant ce beau bâtiment et pourtant je n’ai jamais osé pousser sa porte. Sans doute parce que je n’avais rien à y faire à l’intérieur mais surtout pour ne pas déranger inutilement les propriétaires de ce lieu si paisible. Par contre, je suis devenu le meilleur ami de leur chat noir et quand je le quitte, il me suit comme un petit chien jusqu’en direction du col. Alors, voyant que je ne lui prête plus attention, il se met à miauler comme je n’ai jamais entendu aucun autre chat le faire. C’est une espèce de hurlement de détresse, enfin c’est ce que je pense tant ce cri est angoissant et stressant. En arrivant au splendide col de Tulla avec sa belle forêt et ses jolies prairies, le silence est quasiment revenu et seuls les gazouillis d’innombrables oiseaux se font entendre. Quelques grives décollent des pelouses et s’enfuient en criant. Un couple de pigeons ramier s’envole à tire-d’aile sorti de nulle part. Une volée de pinsons décolle en éventail, se disperse et les passereaux disparaissent dans les pins sylvestres. Plus loin et en contrebas, un cheval solitaire me regarde et ne réagit pas à de nombreux craves à bec rouge qui jacassent autour de lui alors que je m’approche pour les photographier. Sur un pré, un écureuil roux me regarde avec ses yeux malicieux mais lui, ne semble avoir aucune crainte que je le photographie, occupé qu’il est à grignoter un pignon. Ouf ! Quel bonheur, ils sont tous plus ou moins enregistrés de mon appareil photo ! Il est 12 heures et le refuge du Gai Sourire n’étant plus très loin, je garde le programme prévu à savoir celui de déjeuner sur son aire de pique-nique où des tables et des bancs m’attendent. Ici, je me repose un instant sur l’herbe, le temps d’engloutir une barre de céréales et quelques fruits secs puis je repars en direction du col de l’Espinas comme l’indique un panonceau. De toute façon, je connais bien l’itinéraire qui file au refuge et en plus c’est toujours celui du Tour des Fenouillèdes que j’avais effectué dans l’autre sens voilà 4 ans. Ici, une mauvaise route en asphalte prend le relais en direction du col de la Bène mais on oublie très vite ce bitume sommaire car de beaux paysages commencent à se dessiner entre les troncs des arbres gigantesques. Peu à peu, les arbres se retirent et des panoramas époustouflants se font jour. Voilà, mon véritable objectif du jour ! Plus que le Refuge du Gai Sourire lui-même, voilà l’authentique but de cette balade. Je reste là, scotché au bord de la route, pendant de longues minutes, sortant mes jumelles du fond de mon sac à dos pour les ajuster et observer cette prodigieuse apparition. Cette vision, elle s’envole depuis cette superbe forêt de Boucheville, domine le ravin de Tulla et une immense partie du pays Fenouillèdes, longe la vallée de la Boulzane et l’interminable chaîne des Corbières, survole le Roussillon pour plonger dans la Méditerranée. 60 kilomètres à vol d’oiseau et en un seul regard dont je ne me lasse pas. Je vais y revenir. Quelques minutes plus tard, j’arrive au col de la Bène avec ses hêtres séculaires et colossaux, son aire de pique-nique et son minuscule refuge dont je cherche encore en vain l’origine de son joli nom « du Gai Sourire ». Cette expression un peu désuète de « gai sourire », on pourrait la croire pléonastique mais pourtant de grands écrivains comme Balzac ou Daudet l’ont largement utilisée dans leurs oeuvres. Le temps d’une courte visite du refuge, de quelques photos et je m’installe pour déjeuner. Face à moi, sur le tronc d’un grand hêtre, je retrouve des initiales gravées en 2007. Elles sont un peu plus creusées et un peu plus épaisses….un peu comme moi sans doute ! Au moment où je quitte le refuge et son esplanade, un grand rapace blanc survole la cime des hêtres ne me laissant guère de temps pour le photographier. Mais dans la foulée, un deuxième surgit et je parviens à le capter. Les volatiles disparaissent dans l’épaisse canopée mais une fois à la maison qu’elle ne fut pas ma surprise de savoir que j’avais photographié un vautour percnoptère dont j’ignorais la présence dans le pays Fenouillèdes. Je fais demi-tour, profitant au passage des panoramas déjà expliqués.  Mais avant de parvenir au col de Tulla, j’emprunte la piste DFCI F.39, long itinéraire tout en zigzag qui doit m’amener jusqu’au col de Boire. Là, commence une nonchalante descente essentiellement en forêt avec néanmoins quelques belles ouvertures sur les ravins en contrebas et les sommets forestiers alentours : roc de Boucheville, d’En Peillofo, Sarrat Naout. Si vous n’aimez pas les longues marches en forêt, ce retour vers Fenouillet, vous le trouverez certainement fastidieux mais moi, j’adore car j’ai toujours les sens en éveil. Pour moi, ce type de balade, c’est « L’appel de la forêt » de Jack London et avec mon appareil photo autour du cou, je deviens Buck, le chien qui hume la nature. Je suis constamment à guetter la moindre découverte et une fois encore, la nature va me réserver de bien belles surprises avec quelques mésanges colorées peu craintives que j’arrive à faire venir en soufflant dans mon appeau. Un peu après, deux pinsons juvéniles se baignant dans une flaque font le spectacle, puis c’est un joli chevreuil broutant en contrebas de la piste que je surprends en zoomant mais pas pour très longtemps car lui aussi m’a flairé.  Dans les espaces ensoleillés, les premiers papillons sont déjà de sortie avec de magnifiques Paons de jour et des Vulcains mais aussi quelques Aurores et Soucis qui ne se posent jamais. Enfin, je surprends un superbe coucou geai à proximité du Prat del Rey. Un couple de ces magnifiques oiseaux que j’ai également aperçu en vol,  semble s’être installés à proximité du nid d’une pie bavarde que j’ai photographié dans un pré. Il faut savoir que la femelle coucou geai a pour habitude de déposer ses œufs dans le nid d’une femelle corvidé la laissant ainsi s’occuper de ses rejetons. Entre ces nombreuses leçons de sciences naturelles grandeur nature, le reste de l’itinéraire a été largement rempli avec de beaux paysages : vues vers les pechs de Fraissinet et des Escarabatets, sur cette Pelade que j'aperçois parfois et dont j'envisage de faire son tour, sur Fenouillet, sur la vallée de la Boulzane, sur le Pech de Bugarach et bien évidemment sur les principaux décors arpentés du jour : ravins encaissés avec tout autour l’immensité de cette ancienne et merveilleuse forêt royale de Boucheville. Après le col de Boire et son insolite borne 51 (ça ne s’invente pas !) où j’ai profité de biens jolis panoramas pour finir mon casse-croûte, j’ai délaissé les pistes principales. D’abord celle allant vers la Source des Verriers (un 51 ça va, trois bonjour les dégâts !)  puis celle se dirigeant vers le col del Mas au profit de la piste DFCI F.39bis descendant vers Fenouillet. Finalement peu avant d’arriver au Roc de la Martine, j’ai abandonné cette piste et j’ai emprunté un étroit sentier balisé en jaune qui descendait direct vers  le lieu-dit « Lou Prat del Rey ». Entre des haies de pins, de buis, de bruyères et de chênes verts, après avoir longé puis enjambé un limpide petit ruisseau, l’étroit sentier m’a amené sur un large chemin creux se faufilant au milieu de grandes prairies. Ici, du haut de ses ruines, le Castell Sabarda domine ce cadre clair et verdoyant puis s’est au tour du château Saint-Pierre d’apparaître mais les maisons de Fenouillet sont déjà là. Il est exactement 17h45 quand j’arrive au parking de la Vilasse et cette longue et belle flânerie de 22 à 23 km environ a duré 7h45. Le dénivelé a été de 633 m, le refuge du Gai Sourire représentant le point culminant à 1.076 m d’altitude et le Moulin des Nautes à 443 m le point le plus bas. Quand aux montées cumulées, elles sont de 2.200 mètres environ sur le parcours décrit. En raison des nombreuses pistes sillonnant cette contrée, vous pourrez organiser et adapter votre randonnée selon votre guise. Attention néanmoins à bien rester sur des chemins fréquentés certains peu utilisés pouvant être embroussaillés voire carrément impraticables. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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Le Pech dels Escarabatets (1.342 m) depuis Fenouillet (500 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques du compositeur japonais Joe Hisaishi et elles ont pour titre "Kiki's Delivery Service", "The Wind Rises" et "Il Porco Rosso", musiques créées pour des films d'animation du studio Ghibli dont les titres en français sont : "Kiki la petite sorcière""Le vent se lève" et "Le Cochon rouge". Ici, les musiques ont été extraites d'un concert à Paris en 2017 et Joe Hisaishi dirigeait l'Orchestre et le Choeur Lamoureux

LE-PECH-DELS-ESCARABATETS

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Si allier une très longue balade en forêt à un authentique effort physique ne vous rebute pas, cette randonnée au Pech dels Escarabatets est faite pour vous.  Le Pech dels Escarabatets est avec ses 1.342 mètres d’altitude le sommet le plus élevé de la forêt de Boucheville, et de ce fait, il est légèrement plus haut que la Sarrat Naout (1.310 m), plus haut sommet des Fenouillèdes que nous avions découvert l’an dernier. Si les deux sommets se trouvent dans cette ancienne forêt royale, le  Pech dels Escarabatets, lui, n’est déjà plus, ni dans les Pyrénées-Orientales, ni dans le Pays Fenouillèdes mais dans le Canton d’Axat et donc dans l’Aude. Vous noterez également qu’il dépasse de 112 mètres son célèbre voisin, le mystique Pech de Bugarach, décrit comme étant le plus haut sommet des Corbières, qui lui ne culmine qu’à 1.230 mètres d’altitude. Le Pech dels Escarabatets est donc un peu à part, car situé entre la chaîne des Corbières et celle des Pyrénées, sur la ligne même de la frontière entre l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Vu de loin, il représente le pinacle d’une montagne massive et calcaire intitulée le Roc Long, roc dominant quelques hameaux très pittoresques comme Puilaurens, Lapradelle, Gincla et Salvezines où l’on exploite diverses carrières de feldspath, d’albite et de bien d’autres minerais. Bien évidemment, m’intéressant à la toponymie du nom de lieux, j’ai voulu savoir ce que signifiait le mot « Escarabatets » et qu’elle en était l’origine et là surprise, en cherchant, je ne l’ai pas trouvé tel quel dans la langue occitane, comme on aurait pu le supposer, mais dans un vieux dictionnaire catalan de 1839 intitulé « Diccionari Catalá-Castellá-Llatí-Frances-Italiá, Volume 1 » imprimé à Barcelone par Joseph Torner. On y apprend très clairement qu’un « escarabatet » est un « petit scarabée »  mais qu’il est surtout le diminutif du mot « escarabat » signifiant « scarabée ». Alors bien sûr, en effectuant des recherches sur le mot catalan  « escarabat », on peut trouver selon les dictionnaires des traductions quelque peu différentes comme les mots « scarabée », « hanneton », « cafard », « blatte », « lucane cerf-volant » ou enfin plus globalement « coléoptère ». En vieux français, le mot « escarbot » a la même origine et quand on sait qu’il est donné à un coléoptère vivant essentiellement dans le fumier, on imagine sans mal qu’il s’agit de cet insecte qu’on appelle plus communément « bousier » ou parfois « fouille-merde » et plus rarement « hister ». Cet animal dont il existe d’innombrables espèces, on le trouve bien évidemment en grand nombre dans les zones de pâturage riches en excréments d’animaux comme c’est le cas ici tout autour du massif du Roc Long. Enfin, traduit en français, le Pech dels Escarabatets devient presque naturellement le Pech des Carabatets et là, on est bien obligé de penser à la « Carabe », cet autre petit coléoptère doré (Carabus auratus). On peut donc imaginer que c’est dans cette direction de l’Escarbot ou du Carabe doré qu’il faut chercher l’origine du nom donné à ce pech. Enfin, quelques recherches dans la langue d’oc m’ont permis d’apprendre que le « scarabée occitan » pouvait s’écrire indifféremment « escaravat » ou « escarabat ». Ouf ! L’honneur occitan est sauf ! J’ai démarré cette balade depuis le village de Fenouillet (P.O) et plus précisément du lieu-dit la Coume où j’ai laissé ma voiture. Si vous avez déjà réalisé la balade de mon blog que j’ai intitulé le « Pech de Fraissinet », sachez qu’il s’agit d’une balade quasi-similaire car les deux sommets sont très proches l’un de l’autre. Néanmoins, pour rendre celle d’aujourd’hui un peu plus originale, je l’ai gratifiée de deux différences significatives : primo, j’ai effectué celle-ci en sens inverse et secundo, j’ai complètement délaissé le Pech de Fraissinet pour me concentrer uniquement sur le Pech dels Escarabatets qui, sur une journée, se suffit à lui-même. Bien évidemment, je précise que ce n’est que par choix personnel que j’ai effectué cette randonnée dans ce sens mais que s’agissant d’une boucle rien n’interdit de la faire dans l’autre. Alors que Météo France m’avait prédit un temps ensoleillé, c’est sous un ciel très plombé que j’ai démarré du lieu-dit la Coume, direction Aigues-Bonnes. Ici, j’ai emprunté la piste DFCI N°F28 qui, au départ, n’est ici ni plus ni moins que le Sentier Cathare, balisé en jaune et bleu. Ce Sentier Cathare, dès la côte 535, on le délaisse très vite au profit d’une autre piste qui s’élève sur la gauche. On est toujours sur la piste DFCI N°F28. Tout en grimpant, je peste contre Météo France qui m’avait annoncé du soleil dès ce matin. Je ronchonne contre ce ciel bas et grisâtre bouchant toutes les vues lointaines. Heureusement, les panoramas lointains ne sont pas légion depuis cette piste qui désormais monte en lacets. En contrebas, j’aperçois seulement le verdoyant vallon d’Aigues-Bonnes, habituellement si merveilleux mais aujourd’hui bien triste et sans relief, voilé qu’il est d’une légère brume opaque. Un point positif néanmoins : il ne pleut pas !  Par bonheur, au fur et à mesure que je m’élève dans cette magnifique forêt domaniale de Boucheville, le plafond nuageux monte avec moi. Quand vers 11h30, je m’arrête pour manger un en-cas sur l’aire de pique-nique d’un refuge métallique, j’aperçois mes premiers coins de ciel bleu, promesses d’un temps idéal que j’ai tant espéré depuis mon départ. D’ailleurs, quelques rayons de soleil faisant leur apparition,  les nombreux petits oiseaux de la forêt qui étaient restés silencieux jusqu’à présent, se mettent soudain à entamer un incroyable concert de gazouillis divers et variés. J’en profite pour en photographier quelques uns, mais comme toujours très difficilement. A l’approche du col de Fraissinet (1.111 m), mes espoirs vont peu à peu se concrétiser pour finalement se transformer en réalité. Sous un ciel incroyablement bleu et pur, je m’avance dans la dernière ligne droite montant vers le Pech dels Escarabatets. Ce matin, cette belle météo était si inespérée que je m’arrête à chaque instant pour contempler, observer et photographier toutes ses vues extraordinaires qui commencent à s’entrouvrir : les Corbières, le Pech de Bugarach, Caudiès-de-Fenouillèdes, la vallée de la Boulzane, le merveilleux vallon d’Aigues-Bonnes. Mais sur ce chemin désormais plus caillouteux qui grimpe bien hardiment vers le pech, le plus beau reste à venir. Dans la montée, l’itinéraire se sépare en deux. Tout droit, un étroit sentier excessivement caillouteux semble se poursuivre plus haut dans un bois de conifères en se faufilant entre de petits bosquets. A gauche, un chemin plus large continue en balcon sur l’autre versant du massif et je choisis cette option. Quelques mètres plus loin et droit devant, une lucarne s’ouvre effectivement entre les arbres sur une belle montagne enneigée : Le Massif du Madres me semble-t-il. Puis, la lucarne devient fenêtre pour se muer en une vaste corniche où des panoramas à couper le souffle éclatent littéralement. Au loin, presque derrière moi, une étendue presque sans limite où les Pyrénées-Orientales finissent par se perdre dans les grisailles que j’ai connues ce matin. A mes pieds, le Pech de Fraissinet et l’immensité de la magnifique forêt de Boucheville où trône le Sarrat Naout. Au dessus, l’inévitable et majestueux seigneur Canigou superbement couronné d’argent. Puis, tout autour, c’est une longue ronde de sommets plus ou moins bleutés ou enneigés se perdant dans un horizon presque infini : Mont Coronat, Madres, Dourmidou, Pech Pedré, Montagne de la Crabixa, forêts de Resclause et d’En Malo, Pic d’Estable, Pyrénées Audoises et Ariégeoises et j’en oublie en route. Finalement, la piste se termine soudain sur un incroyable abîme. Je suis au bord même des hautes falaises du Roc Long et le Pech dels Escarabatets se profile à droite et encore bien au dessus de moi, à 400 ou 500 mètres de distance selon une rapide estimation. Ici, un bon dénivelé reste à gravir mais il n’y a plus de sentier et seulement quelques rochers plus ou moins plats à franchir, plantés de ci delà de quelques rares buissons rabougris et d’une végétation très rase. Par bonheur, ces rochers plats et cette végétation plutôt basse sont assez facile à cheminer, ce qui n’empêche aucunement d’avancer avec la vigilance indispensable et conseillée sur un tel terrain. La fin, à travers une végétation plus dense faite essentiellement de petits buis et de quelques pins est plus compliquée mais une fois le sommet atteint, toutes les difficultés sont très rapidement oubliées. Selon l’I.G.N, le sommet à 1.342 mètres serait matérialisé par une borne que je n’ai pas trouvée mais grâce à mon GPS, j’ai repéré l’altitude maximale non loin d’une pancarte effacée par le temps et enfouie dans les buis. Pour le reste, la crête sommitale est composée d’un plateau fait de petits dos d’âne où éboulis, pelouses et conifères se partagent l’espace. Bien évidemment, comme sur tout sommet de ce type, avec à-pics et falaises très abruptes, la plus grande prudence reste de mise.  Les vues ne sont pas à 360 degrés barrées qu’elles sont vers le nord et l’est par une rangée de hauts résineux mais néanmoins de nouveaux panoramas se font jour en sus de ceux déjà aperçus plus bas : vers le Pays de Sault, la Haute Vallée de l’Aude et les Corbières occidentales mais les visions les plus surprenantes sont ces incroyables vues aériennes sur les petits villages alentours :  Gincla tout en longueur avec ses maisons de chaque côté de la route, Salvezines et le Caunil et leurs surprenantes carrières en espaliers, Puilaurens et son joli château fort crénelé. Après ces jolies visions plongeantes, deux grands rapaces tournoyant dans le ciel, sont venus occupés l’espace opposé pendant quelques minutes. Des aigles sans doute. Après leur départ, j’ai, comme souvent en pareil cas, regardé longuement dans mes jumelles les coins de balades déjà accomplies comme le Sarrat Naout, le  Plat d’Estable, le pic Dourmidou ou le Madres par exemple, et ceux pouvant faire l’objet d’une randonnée prochaine. Je me fis la réflexion qu’il y avait encore tant de sentiers à parcourir et certainement de bien jolies choses à découvrir. Malgré cette agréable perspective, j’ai eu l’amère impression que l’heure que j’avais passée là-haut avait filée très vite et quand j’ai entamé l’itinéraire du retour, je l’ai presque fait à regrets. Pourtant, la randonnée était loin d’être terminée et pour rejoindre la Coume, quelques kilomètres restaient à parcourir. Pour redescendre vers le col de Fraissinet, j'ai repris cette fois, l’autre chemin, celui que je n’avais pas pris pour monter au pech. De ce fait, de nouvelles vues se dévoilèrent vers le nord, le Pech de Bugarach et les Corbières.  A partir du col et en prenant le petit sentier tout en descente vers le col de Tulla (932 m) tout devint routine car je connaissais par cœur la suite du parcours. Dans le bois, quelques oiseaux jouèrent à cache-cache avec le téléobjectif de mon appareil photo. Au col de Tulla, en empruntant le GRP Tour du Fenouillèdes, descendant vers Fenouillet, la routine se changea en agréables souvenirs de ce tour que j’avais accompli avec mon fils en septembre 2011. Pourtant tout était bien différent, la saison n’était pas la même et la végétation et la flore encore moins. Au gîte de Tulla, un chat noir très câlin prit la place du joli petit cabri que j’avais caressé, au même endroit, il y a un peu plus de deux ans maintenant. Avril 2013 ne pouvait pas ressembler à septembre 2011 mais malgré ça, j’arrivais à revivre cette portion d’étape du Tour du Fenouillèdes que nous avions accomplie de Sournia à Caudiès. Dans cette descente, je fis cependant une petite pause pour finir tout ce qui restait de comestible au fond de mon sac à dos. Allongé au soleil, je fis la pige à quelques beaux et placides lézards somnolant sur les roches chaudes.  En définitive, plongé dans mes rêveries ou très occupé avec mon numérique, je ne vis pas passer cette descente vers Fenouillet et ce fut tant mieux. En arrivant aux Bordes, trois petits chiens de berger vinrent me faire des fêtes et me sortirent définitivement de ma léthargie. Mais ce n’était pas bien grave car ma voiture était là à quelques mètres seulement. Mais au moment de la rejoindre, le plus ahurissant fut cette image d’un coléoptère au casque cendré plus clair que le reste du corps qui était noir. Il montait contre la façade d’une maison et j’eus tout le temps de le photographier. J’avais marché presque 8 heures sans avoir vu aucun « escarabatet » ni aucun « escarabat » ni aucun « escarbot » et ô surprise, le seul que je rencontrais, était là, à 50 mètres de la ligne de départ. En cherchant sur Internet, j’appris qu’il s’agissait d’un Capnode (Capnodis tenebrionis), insecte très nuisible car ravageur de l’arboriculture méditerranéenne. Telle qu’expliquée ici, cette randonnée est longue de 18 kilomètres environ. La Coume étant à 500 mètres d’altitude et le Pech dels Escarabatets à 1.342 mètres, le dénivelé est de 842 mètres. Les montées cumulées comme les descentes sont longues de 1.700 mètres environ, ce qui en fait une randonnée plutôt difficile où l’équipement du parfait randonneur s’avère indispensable. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

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