• Etape 3 - Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes - 27 km

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    3eme étape : Sournia - Caudiès-de-Fenouillèdes  

    27 km - Dénivelé 812 m – Montées cumulées 1.954 m 

    Point culminant 1.158 m après la Maison forestière de Gatespa.

     

    -Une « vadrouille sans la trouille ».

     

    Ce matin-là, la première chose que j’ai faite en ouvrant les yeux, c’est de tirer la tenture de la fenêtre de ma chambre pour regarder dehors. Une fois encore, j’étais déçu car à travers les grands arbres du camping, je ne voyais qu’un ciel laiteux mais comme je ne voulais pas rester dans cette incertitude, j’ai pris sur moi de me lever aussitôt et d’aller voir dehors comment se présentait la météo. Depuis la terrasse, le ciel paraissait d’un bleu d’une pureté intense vers le nord mais vers le sud, le ciel semblait blanc et voilé. Mais comme ce voile continuait à m’intriguer et que de grands sapins bouchaient l’essentiel de ma vue, je suis parti en caleçon faire le tour du camping pour trouver une ouverture et vérifier tout ça plus précisément. Quand je suis revenu au mobil-home, j’étais ravi de ce ciel sans aucun nuage que je venais de voir. La journée s’annonçait sous les meilleurs auspices et j’étais heureux. En regardant la météo à la télé, j’étais d’autant plus content car selon les prévisions, ce beau temps allait s’installer pour plusieurs jours et en tous cas pour les trois derniers jours qui restaient à parcourir. Ma trouille d’une mauvaise météo était terminée, le beau temps que j’attendais depuis le départ semblait enfin là et comment ne pas être joyeux alors que se présentait à nous la plus longue étape de ce Tour des Fenouillèdes qui devait nous emmener à Caudiès. Avec Jérôme, nous étions d’accord sur ce point même si nous ne l’étions pas sur la distance exacte à parcourir. J’avais tracé à de multiples reprises le parcours sur mon logiciel CartoExploreur et j’étais arrivé à la conclusion que cette étape était longue d’au moins 27 kilomètres voire plus. Lui, avec sa méthode, trouvait comme toujours un peu moins que moi. A vrai dire, cela n’était pas d’une importance capitale mais il y avait quand même un impératif, c’était d’arriver à la Mairie de Caudiès avant 18 heures. En tous cas, c’était l’heure maximale qui m’avait été fixée par la secrétaire de la mairie pour récupérer les clés du gîte communal que j’avais réservé. Aussi, après avoir déjeuner très vite, fait notre toilette, ranger nos lits et nos sacs à dos, il n’était que 8h15 quand nous avons quitté le camping, direction l’ouest de Sournia en passant par la monumentale église paroissiale. A vrai dire, je n’étais pas vraiment inquiet de cet horaire fixé car de toutes les étapes du Tour des Fenouillèdes, c’était de très loin celle que je connaissais le mieux et je savais que cet impératif était parfaitement réalisable, à une condition expresse : ne pas traîner en route et surtout n’avoir aucun incident de parcours. Je savais que ce parcours serait très « roulant » grâce aux nombreuses pistes forestières que nous allions emprunter. Nous nous sommes arrêtés brièvement à l’épicerie de Sournia afin de compléter notre pique-nique pour midi et nous avons pris très vite la direction du G.R.36 qui démarre devant la gendarmerie. Cet itinéraire du G.R.36 qui est commun avec celui du Tour du Fenouillèdes sur quelques kilomètres, je l’avais déjà parcouru quelques dizaines de fois, soit pour me rendre à Rabouillet par la belle forêt domaniale soit pour partir à la découverte de cet hêtre remarquable de la forêt du Vivier qu’ici on appelle le « Fajas d’en Baillette ». Grâce à la multitude de pistes qui jalonnent ces forêts du Vivier, de Sournia, de Rabouillet et de Boucheville, il m’était même arrivé d’inventer quelques agréables circuits car au printemps, j’ai toujours bien aimé venir ici pour découvrir la renaissance de cette magnifique nature que nous allions côtoyer aujourd’hui. Jérôme se souvenait y être passé en VTT. C’est donc sans souci, que nous avons emprunté ce petit sentier longeant très souvent d’anciennes terrasses dans ce joli lieu dénommé les « Causses ». Le sentier filait en grimpant vers Prats-de-Sournia, les prés bien nommés et ce n’est qu’à partir d’ici que le mot romain « Fenolietensis » signifiant « foin » pourrait éventuellement prendre enfin tout son sens. Ici, il y a effectivement beaucoup de prés mais si les prés sont toujours agréables à découvrir ou à cheminer, l’essentiel des décors était plutôt derrière nous, aussi n’était-il pas inutile de se retourner très souvent pour profiter des vastes panoramas qui s’offraient enfin à nos regards. Au premier plan, on apercevait le village de Campoussy. Au loin, on découvrait l’aride Serre de Sournia où l’on devinait les chemins parcourus hier. Sur les sommets, on retrouvait le Pic de Bau et son pylône TV et bien sûr, comme presque toujours, le seigneur Canigou pointait le bout de son pic étonnamment dépourvu de neige aujourd’hui. Comme souvent depuis le début, Jérôme avait pris un peu d’avance sur ce bon dénivelé et c’était un peu dommage car il était passé sans voir un joli chevreuil qui broutait tranquillement au beau milieu d’un vaste pré. J’ai eu beau courir pour le rattraper et tenter de le prévenir mais dans cette bruyante cavale, le chevreuil m’avait déjà entendu et il avait pris « la poudre d’escampette ». Heureusement, j’avais eu le temps de le photographier avant qu’il ne détale et en outre, ce n’était que partie remise car dans le champ suivant séparé du premier par une simple haie, un deuxième chevreuil était également entrain de brouter. Avec Jérôme, nous nous sommes arrêtés tous les deux pour le contempler et le photographier mais le chevreuil avait déjà levé la tête et avait deviné notre présence. Il nous avait flairé et dès qu’il a constaté qu’on l’observait, il a détalé à tout berzingue faisant d’étranges bonds par dessus les buissons comme le font les gazelles d’Afrique. Puis, en arrivant à la lisière d’un bois, il s’est arrêté net et s’est mis à nous observer. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis dit qu’il était peut être surpris de ne pas avoir encore entendu la détonation d’un fusil. Par bonheur pour lui, nous n’étions que des chasseurs d’images. La vision de ces jolis chevreuils dans la quiétude de cette aube si agréable a été pour moi un véritable enchantement et restera longtemps gravée comme un de mes meilleurs souvenirs de ce Tour des Fenouillèdes. Après une ferme que nous avons laissé sur la gauche, nous avons atteint un petit chemin vicinal bitumé qui va de Prats-de-Sournia vers la forêt communale du Vivier. Bien que l’asphalte ne soit jamais l’idéal pour le véritable randonneur, ici nous n’y avons pas trop pensé, d’abord car de beaux panoramas s’entrouvraient de tous côtés mais surtout parce que nous revoyons une grande partie du chemin déjà parcouru. Au loin, on distinguait vers l’est, notre ligne de départ avec le minuscule hameau de Trilla que l’on devinait à peine. Dans la même direction, les sarrats olivâtres gravis le premier jour se détachaient dans un ciel azur. Au sud, la Serre de Sournia chevauchée hier apparaissait désormais dans son intégralité. Alors que j’étais plongé dans mes pensées et mes contemplations, Jérôme avait surpris, au milieu d’un pré en jachères, un renard roux sans doute occupé à chasser. Nous avons juste eu le temps de nous cacher derrière un rideau de ronces pour l’observer mais le « goupil » avait déjà flairé notre présence et le voilà dès lors qu’il dressait droit ses oreilles, reniflant l‘air ambiant et scrutant les alentours en quête d’un indice qu’il n’arrivait pas à maîtriser. Rassuré, il a replongé le museau dans les hautes herbes sans doute pour déloger un petit rongeur de son terrier. Mais son sens olfactif l’a très rapidement rappelé à l’ordre. Son sens visuel a pris le relais et il a commencé à tout scruter en notre direction jusqu’à deviner où nous étions, pourtant cachés derrière un muret lui-même surmonté d’un épais treillis de ronces. Dès qu’il nous a aperçu, il s’est mis à détaler et a disparu dans un bosquet. Jérôme avait néanmoins réussi à le photographier convenablement mais moi, je n’avais qu’une photo trouble remplie d’herbes folles avec deux oreilles et un arrière-train qui décampaient. En atteignant la superbe forêt, le bitume a enfin laissé la place à une vraie piste forestière que l’on a ensuite très rapidement quitté au profit d’un bref mais rude raidillon qui s’est mis à grimper vers le col de Benta Fride (965 m). Là, un sentier plus ou moins large file en contrebas d’une clôture plantée sur la ligne de crêtes. J’ai demandé à Jérôme de me suivre et de grimper avec moi de quelques mètres vers cette clôture et ainsi en cheminant cette crête, nous avons profité des panoramas s’entrouvrant magnifiquement vers le Sud et parfois même vers le Nord à l’occasion de quelques trouées dans cette luxuriante forêt. Nous en avons profité un long moment avant de retrouver le véritable sentier car je  connaissais parfaitement ce secteur et je savais que la suite serait moins attrayante car trop souvent en sous-bois. J’adorais ce tronçon du G.R.36 car j’avais toujours pris plaisir à arpenter ce sentier herbeux et verdoyant encadré de hautes fougères, de genêts et de pins même si je savais que le mois de  septembre n’était pas la meilleure des saisons pour le faire. Ici, il ne faut pas hésiter à quitter de quelques mètres le vrai chemin pour  monter sur la crête et l’on embrasse des panoramas grandioses sur une immense partie du pays Fenouillèdes. Je l’ai fait à quelques reprises découvrant en cette occasion d’énormes champignons, sans doute des bolets. Jérôme avait pris pas mal d’avance et avait surpris un cervidé qui dormait dans les fougères mais ce dernier avait détalé si vite que Jérôme n’avait pas été capable de me dire s’il s’agissait d’un chevreuil ou bien d’un cerf. En tous cas, ce fut le dernier mammifère sauvage que nous avons vu sur ce Tour. Peu après, nous avons délaissé le G.R.36 qui partait par la droite vers les jolis hameaux du Vivier, de Saint-Martin et de Fosse et désormais, il nous suffisait de suivre le GRP Tour des Fenouillèdes de nouveau balisé en jaune et rouge. Peu avant le col de l’Espinas (1.020 m), le chemin a commencé à se transformer en petites montagnes russes mais à l’occasion de vastes lopins de terre qui avaient été défrichés, on avait de très jolies vues vers le Canigou et les longs massifs que formaient le Coronat, le Madres et le Dourmidou. Au loin, au dessus de ces massifs du piémont, les Pyrénées commençaient à étirer leur longue chaîne montagneuses faite de très hauts pics encore un peu blanchis des neiges de l’avant-veille. Après le col de l’Espinas, le chemin est devenu plus large et la déclivité plus raide. Ici, je me souvenais parfaitement de ce coin car à la fin de l’hiver, les sous-bois étaient toujours magnifiquement recouverts de superbes jonquilles jaunes. Après cette dernière montagne russe, nous avons atteint le col Bas (1.035 m) où une aire de pique-nique tombait à point nommé. Nous y avons pris un peu de repos le temps d’une brève pause consacrée à manger quelques fruits secs, une compote et une barre de céréales. Ici, se terminait la forêt communale du Vivier et un panonceau de l’ONF nous en annonçait clairement une nouvelle : la Forêt communale de Rabouillet. Autant être honnêtes, nous ne faisions aucune différence et une seule chose changeait vraiment, c’était la nature du chemin que nous allions emprunter jusqu’au col de Tulla. Ici, nous avons repris une piste forestière DFCI un peu plus monotone que l’itinéraire suivi jusqu’à présent. Aussi, sur ce chemin au doux dénivelé qui nous amenait vers la Font de Coulom et la Maison forestière de Gatespa, il nous semblait important de profiter de chaque fenêtre que la haute forêt nous offrait pour regarder vers les Corbières et le Pech du Bugarach. A 12h20, nous étions à Gatespa où une jolie aire de pique-nique semblait n’attendre que nous. Le lieu était si charmant et si reposant que l’on s’y attardât bien après le repas.  Une fois le pique-nique terminé, Jérôme est parti avec son GPS en quête de la suite du parcours car ici, la piste forestière s’arrêtait en un cul-de-sac et en outre le balisage jaune et rouge semblait avoir disparu. Il y avait bien une autre piste qui descendait mais elle semblait partir à contresens et de toute manière sur notre morceau de carte IGN, il n’y avait clairement aucune piste à prendre à cet endroit. Pendant ce temps, je suis parti à la découverte des alentours et attiré par de magnifiques petits fruits ressemblant à s’y méprendre à des groseilles, j’ai bien failli me laisser prendre au piège de la tentation et de la gourmandise. Je ne connaissais pas cette plante mais une chose était sûre, les feuilles ne ressemblaient en rien à celles d’un groseillier et c’est ça qui m’a permis de résister à l’attrait de ces fruits bien trop tentants. J’ai supposé qu’il s’agissait peut-être des fruits d’un chèvrefeuille des bois ou bien ceux d’une morelle douce-amère mais je n’en avais aucune certitude car des plantes présentant des drupes rouges, je savais qu’il y en avait beaucoup. Du coup, j’ai ravalé ma salive et une photographie de cette plante m’a paru amplement suffisante et intéressante à faire. Au bout d’un moment, Jérôme est revenu en disant qu’il avait enfin retrouvé le balisage et un petit sentier peu évident qui filait en sous-bois. Nous avons aussitôt plié bagages.  A quelques mètres de l’aire de pique-nique, le départ du sentier était difficile à deviner et vraiment incertain, caché qu’il était par divers branchages dissimulant eux-mêmes les premiers coups de peinture du balisage. Quand nous avons commencé à suivre ce sentier, le balisage continua à être peu clair et peu évident à trouver dans ce sous-bois et nous en avons conclu que le sentier était sans doute peu pratiqué. Il l’en a été ainsi encore quelques temps alors Jérôme a conservé son GPS allumé. En prêtant beaucoup d’attention, ce minuscule sentier en sous-bois a néanmoins fini par atteindre un layon dont on voyait clairement que son défrichage était plutôt récent. Le layon montait sous de grands sapins dans un terrain tourbeux et a fini par déboucher à un collet à l’intersection de plusieurs pistes. Sans nous en douter, nous venions d’atteindre la plus haute élévation de cette journée à 1.158 mètres d’altitude mais surtout le point culminant de ce Tour du Fenouillèdes. Du bord du chemin et dans l’espace très étroit que formaient deux grands arbres, j’ai aperçu un bout de vallée et quelques habitations et j’ai essayé mais en vain de deviner quelle était cette commune. J’ai pensé à Fosse ou bien à Fenouillet mais il a fallu que je sorte la carte IGN pour comprendre que c’était plus simplement Caudiès-de-Fenouillèdes que je distinguais que très partiellement. Bien que je n’en ai pas fait part à Jérôme, ce constat de voir la ligne d’arrivée encore aussi éloignée a eu pour effet de me couper un peu les jambes mais tout en marchant, j’essayais de me raisonner. Après tout ce n’était pas la première fois que j’accomplissais une si longue distance et j’en avais même parcouru de bien plus longues. Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés au refuge de Gai Sourire mais nous n’y sommes pas restés très longtemps. Le temps de quelques photos-souvenirs et d’une visite du refuge non gardé que nous faisions presque machinalement mais surtout par curiosité et nous avons repris notre chemin. Il est vrai que depuis notre départ, or mis quelques orris, casots ou mas délabrés, c’était la toute première fois que nous trouvions enfin un bâtiment à visiter, ouvert à tous. Peu après, nous sommes restés scotchés un bon moment au bord du chemin devant les vues époustouflantes qui tout à coup se sont entrouvertes. Plus aucun arbre ne gênait la vision et nous étions assez sidérés car on apercevait au loin la Méditerranée mais nous avions aussi de superbes vues aériennes sur la forêt de Boucheville, sur le Ravin de Tulla et beaucoup plus loin sur la Vallée de la Boulzane encadrée par les blanches Corbières et la longue serre du Synclinal de Saint-Paul. Vers 14h30, nous avons atteint le col de Tulla et ses prés verdoyants ont été si tentants que nous n’avons pas pu résister à l’envie de nous y vautrer en faisant une halte. Après tout, le ciel était bleu, le soleil rayonnant comme jamais et il ne nous restait au gros maximum qu’une dizaine de kilomètres à accomplir et qui plus est toujours en descente. Nous avions encore quatre heures trente pour les parcourir. De plus, je connaissais parfaitement ces lieux et ce chemin, j’aurais presque pu le sillonner les yeux fermés tant j’y étais venu très souvent user mes godillots du côté des Gorges de Saint-Jaume, du Pech de Fraissinet ou dans le Vallon d’Aigues-Bonnes. Sauf accident ou incident toujours possible, je n’avais aucun doute quand à notre arrivée avant 18 heures à Caudiès-de-Fenouillèdes. Nous avons donc pris notre temps et en avons profité pour manger quelques friandises, ôtant nos chaussures pour faire dégonfler nos pieds et nous reposant pendant une bonne demi-heure. Puis nous avons repris la route avec cette fois-ci, la ferme intention de ne plus nous arrêter. Mais c’est bien connu et les hommes politiques le savent mieux que quiconque, les promesses n’engagent que ceux qui les disent et dès le magnifique gîte de Tulla atteint, un gentil cabri en liberté a retenu toute notre attention et celui de nos numériques. Il en a été de même en arrivant à Fenouillet où les petits hameaux des Bordes puis des Nautes et enfin les pittoresques châteaux médiévaux qui se font face ont freiné nos ardeurs pour quelques photos supplémentaires. Un peu plus bas encore, les rafraîchissantes Gorges de Saint-Jaume, que Jérôme ne connaissait pas, nous ont arrêtés une fois de plus pour quelques photos souvenirs. Nous avons flâner dans ces gorges le temps de la découverte puis il en a été de même en arrivant à la belle chapelle de Notre-Dame de Laval. Plutôt que de poursuivre le G.R.36, nous sommes ressortis de ce magnifique lieu par l’ancien chemin des processions et sa superbe porte dite Notre-Dame de Douna Pa. Pour y être déjà venu, je me souvenais avoir lu que depuis l’oratoire situé au bord de la D.9 jusqu’à la porte, la procession des fidèles s’effectuait sur les genoux et je me disais que même en descente, j’aurais eu du mal à faire de même. Malgré nos jambes qui commençaient à se faire lourdes, c’était un peu comme si nos têtes se refusaient à terminer cette étape tant il y avait de choses à découvrir. Un œil sur la montre et quand c’était nécessaire, les deux sur ce qu’il y avait à observer, tel était notre adage. En approchant de Caudiès, deux petits ânons très dociles ont fait les frais de cette flânerie très exagérée et ont clôturé notre album photos de cette merveilleuse journée. Puis, plus rien ne retenant notre attention, le village est arrivé très vite et nous avons prêté attention à une épicerie et à un petit bistrot qui faisait également snack, brasserie et restaurant. Il était exactement 17h15 quand nous nous sommes présentés à la jolie mairie pour récupérer les clés du gîte communal. Après avoir établi un modeste chèque de 20 euros représentant une nuitée pour nous deux, la souriante secrétaire nous a accompagné jusqu’à la petite maison de village qui faisait office de gîte. Les pièces étaient très spacieuses avec une grande cuisine parfaitement équipée et aménagée et elle disposait en plus d’une belle table de salle à manger. La chambre plus spartiate était séparée de la cuisine par un petit escalier mais ce qui était important à nos yeux c’était qu’il y avait deux lits de 90 très confortables et surtout assez loin l’un de l’autre, à cause des éventuels ronflements. Il y avait également une salle de bain avec une douche, un lavabo et un WC et une fois encore, tout cela suffisait très amplement à nos modestes exigences et à notre « humble » confort. Le rapport qualité prix était plus que parfait et pour être honnête ; nous n’en espérions pas tant. Jérôme s’est empressé de prendre une douche et j’en ai profité pour faire le tour de la partie la plus ancienne du village où se trouvait le gîte. Quand je suis revenu, j’ai pris la douche à mon tour et nous avons passé les heures restantes à nous reposer et à bouquiner avant de partir à la recherche d’un restaurant. En réalité, la recherche a été de très courte durée et pour tout dire le premier restaurant a été le bon dans tous les sens du terme. C’était le Café Rivière, celui là même que nous avions aperçu en arrivant et qu’une pancarte à l’entrée de Caudiès nous avait décrit comme faisant snack et également restaurant. Ici, la patronne semblait tout faire elle-même et en plus, elle le faisait bien. Elle se démenait du bar, à la cuisine et au service, prenant même le temps de discuter gentiment avec ses clients et franchement pour la somme modique de 16,50 euros par personne, pichet de vin et service compris, elle a gagné très allégrement les cinq étoiles de notre reconnaissance. Le souper a été parfait et une fois terminé, nous sommes immédiatement rentrés au gîte où Jérôme a terminé la soirée à bouquiner pendant que j’ai analysé pour la énième fois l’étape du lendemain. Hors mis, mon genou droit qui de temps en temps se bloquait un peu, j’était plutôt en forme et je commençais à prendre goût à cette longue balade. De ce fait, j’avais du mal à me faire à l’idée que demain était déjà l’avant dernière étape et cette idée me rendait triste car je trouvais que ce Tour des Fenouillèdes était passé bien trop vite. Deux à trois jours de balades supplémentaires auraient été l’idéal, à condition bien sûr qu’ils se déroulent avec une météo aussi clémente que celle d’aujourd’hui. En tous cas, les prévisions pour demain étaient annoncées ainsi et j’étais très heureux de cette nouvelle « Vadrouille sans la trouille ». 

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