• Le Moulin de Ribaute depuis Duilhac-sous-Peyrepertuse


    Ce diaporama est agrémenté de 4 versions de la chanson "Les Moulins de Mon Coeur", musique de Michel Legrand et paroles d'Eddy Marnay, chanson écrite initialement en anglais et s'intitulant "The Windmills of Your Mind" pour la bande originale du film "L'Affaire Thomas Crown (The Thomas Crown Affair)" réalisé par Norman Jewison avec dans les rôles principaux Steve McQueen et Faye Dunaway. Ces versions sont successivement interprétées par Michel Legrand (chant/piano), Ernesto Cortazar (piano) puis par Dany Brillant et Viktor Laslo (chant) et enfin par Slimane (chant).
    LE-MOULIN-DE-RIBAUTE

    Le Moulin de Ribaute depuis Duilhac-sous-Peyrepertuse

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    En lisant le titre de cet article et si vous ne connaissez pas "le Moulin de Ribaute", vous vous direz : « super, nous allons balader et visiter un moulin ! ». Eh bien au risque de vous décevoir, ce ne sera pas vraiment le cas. En effet, le Moulin de Ribaute était un ancien moulin à eau ayant appartenu aux habitants de Duilhac-sous-Peyrepertuse permettant de moudre du blé sans que cette population ait à payer des taxes à un quelconque seigneur. Dans des temps plus reculés, ces droits seigneuriaux étaient si fréquents qu’on les appelait des « banalités » alors il faut le reconnaître, le cas de ce Moulin de Ribaute est si rare et si exceptionnel qu’il mérite bien d’être signalé. Et si je parle de ce moulin au passé c’est parce que de nos jours, vous n’entendrez ni le doux murmure de l’eau entraînant une roue à aubes, ni le crépitement des grains de blé passant sous les meulières. De ce moulin pas « banal » pour un sou, il ne reste que quelques vestiges c’est à dire de simples murs de pierres ruinés et deux meules qui gisent à terre dont une brisée. Mais ne soyez pas déçus pour autant car s’il y a une chose dont je suis certain c’est que vous ne serez ni chagrinés par cette petite balade et encore moins par le cadre enchanteur au sein duquel a été édifié ce moulin. Ce décor enchanteur se situe dans une portion des Gorges du Verdouble, gorges qui auraient déjà fait l’objet de quelques reportages télévisées. Le coin est donc relativement connu si j’en crois ce que j’ai pu en lire sur le Net. Bon personnellement, avant de m’y rendre pour cette petite randonnée, je ne le connaissais pas alors je me suis dit que je ne devais certainement pas être le seul dans ce cas. Cette escapade commence donc à Duilhac-sous-Peyrepertuse, petit village audois très pittoresque qui, à lui tout seul, mérite déjà qu’on s’y attarde et je ne parle pas bien sûr du château de Peyrepertuse, sa forteresse médiévale archi-connue qui le surplombe et dont les visites se chiffrent chaque année en plusieurs milliers de visiteurs. D’ailleurs, pour des yeux habitués, la « Citadelle du Vertige », comme on l’appelle ici, est déjà bien visible du point de départ de notre balade. Ce point de départ se situe au village même en bordure de la D.14 non loin de l’Hostellerie du Vieux Moulin et devant un immense platane. De toute manière, un grand panneau décrivant la randonnée au Moulin de Ribaute est planté là, au bord de la route. Un large chemin descend vers des jardins potagers encore bien fleuris en ce début octobre. Dès le premier virage et en enjambant le ruisseau de la Fontaine, une marque de peinture jaune sur un mur nous rassure quant à  l’exactitude de la direction à suivre. Ce balisage jaune, on va le rencontrer sans cesse et d’ailleurs au moindre doute, d’autres signes comme des panonceaux directionnels et indicatifs et quelques cairns viennent opportunément nous confirmer le chemin à emprunter pour réaliser cette petite boucle. Le large chemin s’élève progressivement au dessus des dernières cultures et il ne se rétrécie qu’au moment d’entrer dans un sous-bois de chênes verts où il semble vouloir s’éloigner définitivement de la civilisation. Non, malheureusement la civilisation n’a pas totalement disparue de cette épaisse végétation car c’était sans compter sur quelques insensibles à la cause écologique qui ont laissé dans ce joli maquis de nombreuses « bagnoles » rouillées et d’horribles amas de ferrailles divers et variés. Effrayé non pas par ces ramassis métalliques mais par nos gros godillots, une petite couleuvre évite nos crampons et se jette dans le premier arbre creux venu. Duilhac s’éloigne mais on prend le temps de se retourner pour admirer le village coloré et pyramidal qui s’élève sur fond  de « Quille » verdâtre. La « Quille », c’est cette longue chaîne rocheuse formant derrière nous un proche horizon allant du Grau de Maury jusqu’au Pla du Brézou et qui culmine, l’air de rien, à 964 mètres d’altitude. Une autre balade en perspective ? On tombe sur un calvaire mais notre itinéraire n’en est pas vraiment un même si quelques menus tracas nous obligent à redoubler de vigilance. En effet,  sous nos pieds, le terrain devient plus caillouteux à l’approche du Col de la Croix Dessus (403 m) et dans le ciel, après moultes circonvolutions lointaines, un grand rapace noir au ventre blanc a décidé de nous angoisser en passant juste au dessus de nos têtes. De ce fait, nos yeux hésitent entre les difficultés du sentier et la proximité inquiétante de ce grand vautour tournoyant sans cesse. Au col, on retrouve la D.14 et on découvre une croix métallique au dessus d’un tertre ce qui explique sans doute la toponymie de ce lieu. Déjà un panonceau attire notre regard nous indiquant un itinéraire qui part en épingle à cheveux. Un premier coup d’œil sur la carte IGN pour constater que le chemin file en direction d’une colline répondant au doux nom de « Vente Farine ». Me dirigeant vers un ancien moulin à blé, ce nom m’interpelle d’autant que je me souviens l’avoir déjà aperçu lors d’une autre randonnée. De retour à la maison, j’ai cherché un peu et j’ai retrouvé une Couillade de Ventefarine non loin du « Sentier des Hauts de Taïchac » à Saint-Martin de Fenouillet. En cherchant encore, j’ai compris que ce toponyme que l’on écrit aussi « Bente Farine » était assez présent dans de nombreuses régions françaises même si je n’ai peut-être pas réussi à en trouver une signification absolument incontestable. En effet, les explications historiques restent plutôt vagues certains supposant qu’il s’agissait d’un lieu où était situé un moulin à vent, d’autres un endroit où souffle un vent violent et d’autres enfin le surnom donné à un meunier. En tous cas, une chose est sûre c’est celle désignant un lieu où il était question de « vent » et de « farine »,  alors l’explication la plus plausible est clairement celle qui signifie « qui évente le son de la farine ». On retrouve cette étymologie dans d’autres contrées et par exemple le village provençal de Ventabren (Venta-bren) signifierait la même chose c'est-à-dire un lieu où s’effectue le blutage, opération de tamisage consistant à séparer ces deux constituants du blé que sont l’enveloppe et le grain. « Vente ou Bente farine » serait dont un endroit où l’on éventait la farine pour la séparer du son tout simplement. Mais revenons à notre mou….lin de Ribaute. Le sentier descend un peu, semble vouloir revenir vers Duilhac puis bifurque à droite et s’aplanit quelque peu au sein de vieilles ruines et d’une végétation de plus en plus arbustive. Ici on retrouve tous les arbrisseaux communs aux Corbières : chênes verts et kermès, cistes cotonneux et de Montpellier, genêts, cornouillers, nerpruns, filaires, salsepareilles, baguenaudiers,  etc…et j’en oublie. Dans ce décor totalement verdoyant, rares sont les plantes qui exhibent d’autres nuances de couleurs. Mais il y en a néanmoins quelques unes : les asters à feuilles de sedum avec leurs superbes fleurs mauves en étoiles serties d’un cœur jaune, quelques séneçons d’un jaune citron éclatant et les fruits rouges des Osyris blancs et des pistachiers lentisques. En se retournant, la haute colline de Peyrepertuse semble encore un peu plus découpée et désormais les remparts se détachent dans un ciel bleu purgé de tout nuage.  Le sentier finit par atteindre une plate-forme rocheuse que l’on va longer dans une descente très caillouteuse mais glissante à la fois car faite d’une argile rouge. En s’approchant du bord de ce plateau, on prend conscience que l’on est au sommet d’une haute falaise dominant de profondes gorges mais une abondante végétation ôte toute sensation de hauteur et éclipse la rivière.  De l’autre côté du ravin, le massif de l’Anayrac déploie sa toison olivâtre où émergent quelques barres rocheuses blanchâtres.  Il en est de même sur l’autre versant de l’interminable vallon, côté Serrat du Bac. Quelques mètres plus bas, la rivière Verdouble si chère à Claude Nougaro apparaît enfin dès lors que l’on arrive en surplomb du petit barrage de Ribaute.

    On l'appelle le Verdouble                                    Toi le pêcheur en eau trouble
    La rivière qui déroule                                         Elle n'est pas faite pour toi
    Ses méandres sur les pierres                               Le moindre poisson te double
    La rivière des hautes Corbières                            Et te glisse entre les doigts
     
    Mais si tu aimes la chanson                                  Il scintille le Verdouble
    De son hameçon                                               Mais le cours de son argent
    Elle te servira comme un échanson                         Ni les dollars, ni les roubles
    Les flots fous, les flots flous                               Ne te le paieront comptant
    De ses fraîches flammes

    Pas la peine que tu te mouilles                     Mais tu seras riche à millions de ronds dans l'eau
    A percer ses coffres-forts                                 Il suffit d'un plongeon d'une gente dame
    C'est dans l'
    oeil de ses grenouilles                         Et si tu bois le bouillon, pars à vau-l'eau
    Que sont ses pépites d'or                                  Noyé dans un baiser, ce n'est pas un drame
     
    Ô, ô mon eau, ma belle eau, ma bonne eau                Dans les gorges du Verdouble
    Fais-moi flotter en haut de ta divine ronde               Sur un lit de cailloux blancs     
    Ô ô ô, ô mon eau, radieuse radio                           J'ai composé ces vers doubles
    Passe-moi en canot stéréo sur tes ondes                  Que j'espère ressemblants
     
    Si aux eaux de mon Verdouble
    Tu préfères l'océan
    C'est facile, tu les ouble
    Tu les oublies simplement.                
     

    (Paroles: Claude Nougaro. Musique: Laurent Vernerey)

    Pour écouter le chanson, cliquez ici


    Un petit lac expose son miroir verdoyant et limpide où quelques poissons de toutes tailles musardent non loin de la surface. Le sentier passe à gauche de cortals en ruines et arrive à une intersection de chemins. Celui pour retourner vers Duilhac part à droite et passe devant les bergeries en question. Mais pour l’instant, l’heure du pique-nique a déjà sonné et comme des bancs et des tables de bois ont été aménagées à cet effet sur une vaste esplanade ce sont autant d’invitations à nous y installer. En ce début d’octobre, les touristes sont plutôt rares et si le silence n’est pas absolu, nous mangeons néanmoins dans la tranquillité et le calme que seuls le gazouillis des oiseaux et le clapotis du ruisseau viennent agréablement briser. De temps en autres, cette douce quiétude est interrompue par quelques tous proches jappements. Ces aboiements proviennent de deux chiens joueurs que nous allons découvrir dès le pique-nique terminé en même temps que ces merveilleuses cascades, toboggans, vasques et autres cuvettes naturelles que le Verdouble a su créer au sein de ce magnifique décor de calcaire. Pour cela, il nous aura fallu enjamber le mince filet d’eau du Rec de Riben pour nous diriger vers le petit barrage où une passerelle de bois permet de rejoindre les ruines du Moulin de Ribaute. Derrière ce dernier, un étroit sentier permet d’accéder au lit du Verdouble et à ses trésors d’architecture que ses eaux vives ont mis des siècles à sculpter. Avec un peu d’imagination et si vous observez bien la rivière, vous n’aurez pas de mal à distinguer que Dame Nature a eu la délicate attention de ciseler la tête d’un meunier coiffé de son bonnet blanc. Etonnant non ? Grâce à leur pureté et leur couleur menthe à l’eau, chaque petite poche d’eau, chaque petite alvéole, chaque cavité plus profonde ou chaque « marmite de géant » sont autant d'appels du pied à vouloir tremper nos fesses ou à « piquer une tête ».  Dommage que l’été soit déjà si loin ! Les deux gentils chiens l’ont bien compris, ils n’ont cure de la saison, de l’interdiction de se baigner et n’attendent qu’un bâton ou un geste de leurs maîtres pour profiter pleinement de ces piscines cristallines. Ici chaque rocher plat ou poli par les eaux est un sofa de pierre que le meilleur des designers n’aurait pas pu imaginer. D’ailleurs, certains artistes ont été inspirés par ce lieu et ces rochers et ont cru bon d’y laisser quelques dessins insolites. Sur ces rochers, on y prend un peu de repos, on y réalise quelques féeriques photos et on peut même y grimper en remontant par la gauche le cours de la rivière pour une découverte un peu plus approfondie des gorges. On quitte à regrets ce petit paradis des Corbières en empruntant l’itinéraire qui passe devant les bergeries en ruines et suis le lit du Rec de Riben. Sans souci, il va nous ramener à Duilhac en longeant de vieilles vignes, d’anciennes terrasses et traversant des prés oubliés où la nature et la végétation ont largement repris leurs droits. Sur la fin, de belles vues se dévoilent sur les Hautes-Corbières, Peyrepertuse et Duilhac. Ici,  l’altitude étant moins élevée que celle du village, ce dernier prend des airs de « paesellu » corse.  Pour qui connaît un peu la Corse, cette vue de Duilhac est singulière et on aurait vite fait de penser que l’on a été téléporté tant la ressemblance avec quelques villages de l’Ile de Beauté est remarquable. Avec moins de 7 kilomètres, visite des vasques du Verdouble incluse, et son dénivelé plutôt modeste de 130 mètres seulement, cette magnifique randonnée est la balade familiale par excellence. On la terminera par une visite de Duilhac en pensant surtout à ne pas oublier d’aller goûter à l’eau fraîche de sa fontaine ornée d’un vers de Ronsard : "Quiconque en boira, qu'amoureux il devienne ».  Les plus vaillants pourront y adjoindre un aller-retour jusqu’à Peyrepertuse à partir de Duilhac quant aux plus téméraires et aux plus sportifs, ici on les appelle les « Sauta-rocs" ou "Saute-rochers", il y aurait, paraît-il, une boucle réalisable enchaînant le Moulin de Ribaute, les Gorges du Verdouble, Rouffiac-des-Corbières, le château de Peyrepertuse et retour à Duilhac. N’ayant jamais réalisé ce long circuit et n’en connaissant pas les difficultés, je me garderais bien de vous le décrire et donc de vous le conseiller. Enfin pour les plus étourdis, je précise que ce Ribaute-là se trouve bien à proximité de Duilhac-sous-Peyrepertuse et qu’il ne faut donc pas le confondre avec la commune de Ribaute également située dans l’Aude mais sur les rives de l’Orbieu.  Carte IGN 2447 OT Tuchan – Massif des Corbières Top 25.

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  • Commentaires

    1
    L
    Mardi 10 Juillet 2018 à 11:39

    Les gorges du Verdouble/cascades de Duilhac sont-elle facilement accessibles ?, combien de temps de marche faut-il compter entre le moment où l'on garre sa voiture et cette eau ?

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