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salanque

La Voie verte de l'Agly en VTT depuis Rivesaltes jusqu'au Barcarès.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la chanson "La Bicyclette", musique de Francis Lai et paroles de Pierre Barouh

jouée successivement par les groupes "Paris danse-t-il ?", "Djangology Quartet", "Zazapat" puis chantée par Yves Montand.

La Voie verte de l'Agly en VTT depuis Rivesaltes jusqu'au Barcarès.

La Voie verte de l'Agly en VTT depuis Rivesaltes jusqu'au Barcarès.

La Voie verte de l'Agly en VTT depuis Rivesaltes jusqu'au Barcarès.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. Cliquez 2 fois pour un plein écran.


 

Il m’arrive de faire du vélo. J’ai un V.T.T. Le plus souvent, c’est pour faire des courses. Enfin pas des courses cyclistes, non des emplettes et éviter de prendre la voiture. Je l’enfourche aussi pour partir dans la garrigue, appareil photo en bandoulière. J’aime bien. C’est bon pour la santé et c’est écologique. Mais si j’aime bien le vélo, en vélo, je n’aime pas « faire la roue ». Faire la roue au sens figuré bien sûr. Faire le paon.  Pour moi, « faire la roue », c’est crâner en vélo, c’est foncer, faire du chrono, descendre à tout berzingue sur des pentes caillouteuses ou boueuses comme j’en vois parfois « s’éclater » à cette discipline. C’est le cas échéant se mesurer aux autres pour montrer qu’on est le plus rapide. C’est plastronner. Je conçois, mais aujourd’hui, j’abomine. J’ai un peu pratiqué mais ce n’est plus ma « tasse de thé ». Enfin maintenant et vu mon âge, car bien évidemment, j’ai connu ça aussi quand j’étais un peu plus jeune. Il fut un temps où je courais derrière mon fils. Il est passionné de VTT. Je me souviens d’une mémorable traversée des Albères en VTT, depuis le Pic Néoulous jusqu’à Banyuls-sur-Mer. J’étais arrivé sur les rotules et ce d’autant que la veille, nous venions de finir une longue randonnée sur 2 jours autour du Pic des Tres Estelles. C’était en 2006. Aujourd’hui, avec 11 ans de plus, je serais bien incapable de répéter ce type de challenges. Alors bien sûr quand le projet m’est venu d’aller parcourir « la Voie verte de l’Agly » depuis Rivesaltes jusqu’au Barcarès,  en VTT et non pas à pied ; une fois n’est pas coutume ; loin de moi était l’idée de le faire en fonçant ou en cherchant à établir un record. Non, d’abord parce que je ne le pourrais pas, mais surtout parce que mes objectifs étaient tout autres et multiples. Mon premier était bien sûr d’aller découvrir ce qu’était réellement cette « Voie verte de l’Agly », filant de la commune si célèbre pour son muscat et son « Babau » jusqu’à la  Méditerranée. Si je fais abstraction du Canal de la Robine, déjà réalisée en VTT puis lors d'un périple pédestre de 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique, la seule  « voie verte »  que j’avais empruntée jusqu’à présent était celle entre Barbotan-les-Thermes et La Bastide d’Armagnac, une quinzaine de kilomètres que j’avais accompli à pied, enjambant ainsi et sans le savoir la frontière entre les départements du Gers et des Landes. Epreuve assez facile car essentiellement plane, se prêtant parfaitement à la marche à pied et à la flânerie, et ce d’autant que le soir venu, Dany qui effectuait sa cure annuelle à Barbotan était venue me rechercher en voiture au terme de cette belle expérience. C’était en 2006 et j’en gardais que de très bons souvenirs, à cause de la faune très présente ; oiseaux, papillons, chevreuils notamment ; et de la verdure quasi permanente et assez exceptionnelle que cet itinéraire d’une simplicité enfantine empruntait. Simplicité par le fait même que le tracé était une ancienne voie ferrée, donc facile à suivre, avec tous les aspects ludiques que cela comportait. Cette fois-ci et bien que le fil conducteur ne soit plus une voie ferrée mais le fleuve Agly, je n’espérais pas moins de découvertes et de plaisirs. Voilà quel était mon état d’esprit et le premier de mes objectifs. Mon second était de passer un bel après-midi au grand air avec arrêt goûter en cours de route.  Mon troisième était d’aller prendre un « pot » ou une glace à la plage, et plus si affinités avec la mer et la température de son eau. Ensuite, mes autres visées seraient fonction du bon vouloir de la nature. Aller photographier les oiseaux bien évidemment ; j’en espérais beaucoup à cause de la proximité de l’Agly ; ce fleuve dont j’ai toujours adoré les quelques rives parcourues. En randonnée j’entends, car je ne compte plus le nombre de sorties où son lit a servi d’écrin voire de perspectives à de jolies balades. Tapez "Agly" dans la rubrique "recherche" de mon blog et vous verrez les résultats. Long de 81 km,  sa source, en réalité une résurgence, naît au sein d’une petite grotte située au pied du mythique Pech de Bugarach. Elle est visible au bord de la D.14 entre le col de Linas et le hameau de Camps-sur-l’Agly. La rivière est ensuite alimentée par de nombreux ruisseaux secondaires, son débit s’amplifie, et tant bien que mal, elle se fraye un chemin dans les abyssales gorges karstiques de Galamus. Elle se calme quelque peu à Saint-Paul de Fenouillet, bouillonne à la Clue de la Fou, puis un peu cernée par une kyrielle de « serrats », elle zigzague longuement avant d’être en partie capté par l’aqueduc d’Ansignan puis carrément freinée puis bloquée par le barrage de Caramany. Là, on en maîtrise son débit lors des crues, mais le plus souvent, on la laisse tranquille, et de ce fait,  la rivière poursuit sa course assez paisiblement jusqu’à la mer, irriguant au passage d’innombrables terres et villages plus ou moins limitrophes : Rasiguères, Planèzes, Latour-de-France, Estagel, Cases-de-Pène, Espira, Rivesaltes, Claira, St-Laurent-de-la-Salanque, Torreilles, Le Barcarès, pour ne citer que les plus proches. Ces 5 derniers villages sont ceux que l’on peut découvrir sur la Voie verte, à condition de faire le choix de la quitter. Je n’ai pas prévu de le faire car une journée entière serait sans doute nécessaire. Après avoir programmé Rivesaltes et le Cami Saint Martin sur mon G.P.S de voiture, il n’est pas encore 14h quand je gare ma voiture au bord de ce chemin. Je sors le vélo du coffre de la voiture et j’harnache immédiatement mon petit sac à dos. Aujourd’hui, il est ultra léger et son contenu se résume à un camelback avec 2 litres d’eau fraîche, quelques biscuits, une pomme, une orange, deux barres de céréales et tout le menu matériel indispensable à une virée proche de la civilisation : papiers d’identité,  porte-monnaie, carte bancaire et téléphone portable. Les cloches de l’église de Rivesaltes résonnent. Il est 14h tapantes et me voilà déjà entrain de pédaler direction Le Barcarès. Je n’ai pas fait 100 mètres qu’une ribambelle de passereaux s’envolent d’un champ et viennent se percher sur des câbles électriques. Des alouettes lulu, reconnaissables à leurs pattes avec leur griffe postérieure démesurée. L’appareil photo entre en action et moi, je marche déjà à côté de mon vélo car les oiseaux se succèdent presque sans interruption. « A ce rythme-là, j’arrive à Barcarès dans trois jours » me dis-je ! Je décide de ne plus m’arrêter jusqu’à atteindre l’Agly. Mais la rivière est déjà là, toute proche, coupée par un passage à gué qui se trouve sur ma droite. Je m’y dirige. Des oiseaux sont là aussi dans de grands arbres, mais avec un ballet incessant de voitures, ils ne tiennent pas en place. Je repars. La signalisation de la «Voie verte» » est parfaitement présente et après un passage sous l’autoroute « la Catalane » et quelques coudes et tunnels permettant d'esquiver la Nationale 9, j’arrive enfin sur cette fameuse « Voie verte ». Quasi rectiligne, son revêtement est un enrobé très lisse. Je me dis que ça va être un vrai plaisir que d’y rouler dessus, et ce d’autant, que la voie est large de 3 ou 4 mètres, et parfaitement sécurisée grâce à de solides rambardes en bois qui l’encadrent de chaque côté.  L’Agly est là, sur la droite. Un panneau vient d’annoncer la couleur : «Voie verte de l’Agly – Rivesaltes – Le Barcarès – Commune de Rivesaltes – 13 km – Conseil Général ». Merci à lui. Quelques mètres plus loin, un autre panneau explique que cette voie est en réalité une digue permettant d’améliorer le lit de la rivière lors des crues et de préserver la qualité écologique de ce milieu sensible. J’approuve. Sur la gauche, il y a des vignobles puis le centre commercial de Claira apparaît. Un groupe de coureurs me dépasse sans coup férir. Des sprinteurs qui « font la roue » et se la suce, comme on dit dans le jargon cycliste. Moi, la seule chose qu’il m’arrive déjà de sucer, c’est la canule du tuyau de mon « camelback » d’où jaillit une eau glacée, toujours bienvenue car il fait déjà très chaud. Je suis souvent sur mes deux jambes, hésitant entre photographier des corvidés qui occupent les vignes, et des cormorans le lit de la rivière. Les corvidés s’envolent et assez paradoxalement s’approche de la rivière. Des corneilles. Guère plus loin, c’est un héron. Très craintif. A mon approche, il s’envole, malgré les précautions que j’ai prises pour tenter de me dissimuler. Les cormorans sont les plus présents. Je dépasse une jeune femme qui marche à pied. A cause de mes arrêts aussi imprévus que fréquents, nous nous dépassons à tour de rôle. Au bout d’un instant,  intriguée par mon « manège », la conversation s’installe car curieuse, elle se demande ce que je peux bien photographier. Sur l’écran de l’appareil, je lui montre les oiseaux que je viens de capter et elle paraît très étonnée de la puissance du zoom. Elle travaille au centre commercial et rentre chez elle à pied, habitant près du village de Claira. Je suppose qu’elle travaille chez un parfumeur car malgré la chaleur, elle est très bien maquillée et embaume sa présence d’une agréable fragrance. Je repars. Les vignes ont laissé la place à d’immenses vergers magnifiquement fleuris. Blancs ou roses, les champs se succèdent parfois entrecoupés de nouveaux vignobles. Sur ma droite, j’aperçois une jolie chapelle. J’y file et pour cela, sors de la «Voie verte». Mon bout de carte I.G.N m’apprend qu’il s’agit de la Capella Sant-Père ou Saint-Pierre. Elle est fermée mais pour ma satisfaction et celui de mon appareil photo, de nombreux pinsons en occupent les grands pins qui l’entourent. Je réussis une seule photo. Je repars, non sans avoir photographiés d’amusants tags peints sur un « casot » qui se trouve au bord de la voie. Les oiseaux se succèdent mais ce ne sont pas toujours ceux que j’avais escomptés. J’avais imaginé un peu plus d’oiseaux « aquatiques » au fil du parcours mais après le héron, je vais me contenter de deux aigrettes et de quelques colverts. Le retour sera plus singulier. Mais peu importe, j’aime tous les oiseaux. Coucous geai et huppe fasciée seront les plus beaux car les plus originaux à photographier mais il y aura aussi des serins, un troglodyte, des chardonnerets, des pinsons, des pouillots, des pipits, des alouettes et des bruants, tous plus chantants les uns que les autres mais pas toujours faciles à immortaliser. La patience est de mise et le vélo est parfois encombrant. Il va en être ainsi sur tout le trajet, aller et retour. Un couple de colverts joue dans la flaque boueuse que les pluies des jours précédents ont laissé en bordure d’une vigne. Ma présence les indiffère, tant ils sont en permanence le bec dans la boue à chercher pitance, surtout la femelle, le mâle est plus enclin à me surveiller du coin de l’oeil. A cet endroit, d’autres colverts préfèrent l’Agly tout comme un ragondin qui traversera le fleuve lors du retour. C’est le seul que je verrais.  De nombreux cyclistes continuent de me doubler et j’en vois même un, ultra rapide, qui est déjà sur le chemin du retour. Un champion sans doute, qui m’a doublé dès le départ du Cami Saint-Martin et le voilà déjà dans l’autre sens.  Puis c’est autour d’une jolie « championne » de me dépasser. Surgissant dans mon dos, je ne l’ai même pas vu arriver. A une vitesse incroyable, elle me dépasse sur des rollers, écouteurs d’un baladeur sur les oreilles. Elle patine magnifiquement bien et d’une manière chaloupée, eurythmique et régulière. Sa superbe silhouette et son mini short blanc très moulant ne sont pas étrangers à autant d’harmonie. Le Barcarès, 8,3 km indique un panonceau. Rivesaltes 6,7 km. Je file jusqu’aux indications suivantes et m’arrête peu après pour le goûter. Joli prétexte car à cet endroit, un étroit sentier descend vers la rivière dont les alluvions forment des grèves de sables et de graviers relativement accessibles. Accessibles mais bien trop béantes pour qu’un photographe animalier puisse y trouver un vrai bonheur. Malgré ça et par chance, je réussis à y photographier un troglodyte mignon et un rougequeue noir jouant sur des tas de bois flottés et une aigrette garzette perchée au sommet d’un grand arbre, mais je prends le temps de goûter au calme et à mes biscuits. Claira, Saint-Laurent-de-la-Salanque, Torreilles, les jolies communes roussillonnaises vont se succéder de part et d’autres de la voie. Elles sont peu éloignées et à seulement quelques coups de pédale de la «Voie verte»  mais comme je continue à flâner à outrance, j’estime qu’il ne serait pas raisonnable d’aller m’y perdre et ce d’autant, qu’outre les oiseaux, il y a toujours quelque chose à découvrir sur ce parcours : flore et papillons par exemple. Et quand ce n’est pas le cas, je n’hésite pas à laisser mon vélo contre la balustrade pour descendre sur les berges de l’Agly, toujours en quête de l’avifaune qui occupe sa végétation et les roselières notamment. A hauteur de Saint-Laurent-de-la-Salanque, des travaux m’obligent à emprunter un pont sur la D.11 et à basculer sur l’autre rive du fleuve. La piste est moins lisse et donc beaucoup moins roulante que la «Voie verte» mais elle m’offre d’autres paysages, d’autres foyers d’intérêts.  Ici, les champs sont beaucoup plus consacrés au maraîchage et notamment à la culture de l’artichaut ou de la salade. Autres cultures, autres oiseaux, avec des corbeaux, des pies, des étourneaux et des pigeons. Bien trop loin pour les photographier correctement, un groupe de choucas occupent d’imposantes ruines du côté de Torreilles. Au retour, je vais avoir la chance de photographier un héron garde-bœufs non loin de là, volatile solitaire plutôt rare et sans doute était attiré par les atouts gastronomiques d’un labourage récent. Au pont suivant, celui sur la D.81, la «Voie verte» devient à nouveau libre. Je m’y dirige. Les travaux sont là sous la forme de deux grandes pelles mécaniques qui débroussaillent les berges de l’Agly et arrachent notamment les cannes de Provence, plantes envahissantes qui freinent son écoulement. Quel n’est pas mon étonnement de voir que de nombreux cyclistes et marcheurs sont passés outre l’interdiction et côtoient les engins sans trop de prudence. La mer n’est plus très loin et trois éléments m’en apportent l’intime conviction. Le lit de l’Agly qui s’est bien agrandi et un peu plus loin à hauteur du Mas de la Torre, les premiers palmiers et les premiers goélands lesquels accompagnés des mouettes rieuses occupent une grève au milieu même de l’Agly. Dans quelques recoins du fleuve, chaque espèce semble avoir trouvé le biotope qui lui convient : les cormorans d’un côté, les foulques de l’autre et les goélands et les mouettes au milieu. Surprise de ma présence, une poule d’eau plonge pour rejoindre les roselières. Je n’en verrai que deux mais celle-ci, la première, échappe à mon objectif photo. Au retour, une deuxième sera plus conciliante. Un panneau mentionnant le dernier kilomètre transforme ma conviction en certitude. L’embouchure de l’Agly est là, très large mais presque quasiment obstruée par un long bras de sable. En quête d’un frugal repas, quelques mouettes rieuses arpentent les rives de ce bras et l’autre berge du fleuve. Mon insistance à vouloir les photographier les vont s’enfuir vers d’autres rivages. Sur la gauche, les premiers campings. Ici, j’ignore pourquoi, les poteaux des balustrades qui encadrent la «Voie verte» servent de nids et de repaires à d’innombrables « tarentes de Mauritanie ». Chaque poteau a sa tarente voire plusieurs. Petites, moyennes ou grandes, il y en a bien plus que de baigneurs sur la plage. Si les seconds sont moins nombreux, les deux espèces aiment le soleil et leur couleur bronze est déjà quasiment similaire.  La plage est là, presque sans fin, sur la droite et sur la gauche, quasiment vide mais ponctuée par des barres d’immeubles de loin en loin. Quelque rares « lézards » occupent les dunes.  Dans un premier temps, je file vers le centre de Barcarès mais les quelques terrasses des bars ouverts sont déjà bien bondées. Je n’ai pas envie ni d’attendre ni d’aller jusqu’au port, alors en désespoir de cause j’abdique, fais demi-tour  et tente d’oublier la bière ou la glace un instant convoitées. Parfois, je me surprend à autant de volonté vis-à-vis de cette « maudite » gourmandise qui me poursuit depuis mon enfance et enrobe de couenne mon épiderme. « Mais non, tu n’es pas gros, tu as simplement la peau épaisse ! » comme l’exclamait un ami cher qui me voulait du bien et se voulait rassurant. Aujourd’hui, aucune raison de prendre un gramme supplémentaire ! Absents de la plage, les touristes sont bien trop présents dans le centre de Barcarès malgré une saison estivale encore bien éloignée. Pas vraiment tous des vacanciers sans doute mais le beau temps et le chaud soleil a également fait sortir quelques roussillonnais de leurs « pieux », comme les tarentes des leurs. Je repars vers le delta de l’Agly, me déchausse et file dans l’eau pour un bain de pied. Il est si raffraichissant que je me contente de ça aujourd’hui. Il faut dire que je suis le seul fou à vouloir tenter cette expérience. Je repars vers la « Voie verte ». Un rouge-queue noir sautille sur les rambardes et les ganivelles. Exagérément joueur, il semble disposé à une partie de cache-cache dont je n’ai pas vraiment envie, car lui courir derrière, vélo en main, n’est pas la meilleure façon pour se livrer à la photo ornithologique. Je n’insiste pas d’autant que j’estime que le temps du retour est arrivé. A l’instant même où je repars vers Rivesaltes, une jeune cavalière juchée sur un magnifique pur-sang me coupe le chemin. Sur mon vélo minable, je joue au « chevalier galant » et la laisse passer non sans lui avoir demandé l’autorisation de la photographier. Elle acquiesce. La jeune fille à une belle prestance malgré son très jeune âge. Monture superbe et amazone pleine d’assurance, voilà sans doute les plus beaux clichés de la journée. Ils pourraient presque suffire à mon bonheur d’avoir accompli cette « Voie verte » de l’Agly ». Que dire du retour sinon que pris par le temps, je vais appuyer un peu plus sur les pédales sur les portions les plus monotones, mais jamais au point de « faire la roue ». Oiseaux, papillons, chèvres, chevaux, paysages, tout est encore prétexte à mon penchant pour la flânerie et il est 18h30 quand j’atteins le passage à gué de Rivesaltes, près du centre équestre Saint-Martin. Le soleil déjà au ponant mais encore bien éclatant vient coucher quelques rayons dans le lit de la rivière. Un pêcheur lance son leurre sur ce drap étincelant. Il mouline et le fil qu’il ramène en douceur donne l’impression que l’étoffe scintillante va s’effilocher en des millions d’étoiles. Mais non, rien ne se passe. Le fil bredouille, au sens propre et au sens figuré, et coupe simplement la lumière. Rien d’autre ne bouge sauf quelques ramiers et cormorans qui s’envolent à tire d’ailes et à tour de rôle. Ils planent dans de courtes circonvolutions et reviennent se poser sur leurs lignes de départ respectives, grands arbres pour les premiers ou berges de la rivière pour les seconds. Je profite de ces belles images. A l’extrémité d’une branche, et sans doute au sortir d’un bain, une alouette lulu vient faire sécher ses ailes. Elle s’ébroue, gratte du bec son plumage et sors de ce toilettage toute ébouriffée. Finalement, elle reprend sa position bien au soleil. J’ai tout le loisir de l’immortaliser. Un peu plus loin, juché dans un platane, un choucas semble m’observer de son regard sévère. Mains non, il regarde dans le vide et se laisse photographier sans bouger. Quelles visions merveilleuses de la nature ! Quelles images reposantes qu’il me faut quitter à regrets ! Cette balade en VTT est allée bien au-delà de mes desseins. Une fois encore, j’ai eu de la chance car l’avifaune a été plus que présente et le grand beau temps de ce jour de printemps a facilité les photographies. Passereaux, corvidés, échassiers et oiseaux marins ont pu être immortisalisés. Je suis ravi car c’était l’objectif le plus incertain. Aller et retour, cette balade cycliste a été longue d’environ 30 km. Il faut y rajouter un ou deux kilomètres qui m’ont amené dans le centre de Barcarès. Je l’ai accompli en 4h50, arrêts inclus. Ils ont été nombreux, très nombreux et mon temps n’est donc pas une référence fiable. Un peu plus de 6 km/h, le temps d’un marcheur correct, pas d’un extra-pédestre. Si vous « faites la roue », vous pouvez aisément en mettre 3 ou 4 fois moins ! Mais quel dommage de foncer et de ne pas profiter de cette nature et de toutes ces découvertes qui vous seront offertes ! Si vous désirez des renseignements complémentaires concernant cette « Voie Verte de l’Agly » et ses prolongements, il existe un site Internet bien documenté : :

http://www.af3v.org/-Fiche-VVV-.html?voie=179

Enfin, si vous voulez connaître toutes les "voies vertes" de France, le mieux est de vous rendre sur le site de l'Encyclopédie Wikipédia en cliquant ici.

Carte I.G.N 2548 OT Perpignan - Plages du RoussillonTop 25.

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Le Circuit de la Soulsoure depuis Saint-Hippolyte-de-la Salanque

Publié le par gibirando


Diaporama sur la chanson "La Mer" de Charles Trenet, jouée par Biréli Lagrène (extrait de son album Gipsy Project)

Le Circuit de la Soulsoure depuis Saint-Hippolyte-de-la Salanque

 Le Circuit de la Soulsoure depuis Saint-Hippolyte-de-la Salanque

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A l’origine, la Soulsoure, Solsora (*) sur les cartes était le nom d’une modeste agouille (carte cadastrale) et celui d’une petite zone marécageuse située entre la cité de Saint-Hippolyte et l’étang de Salses-Leucate. L’agouille traversait le site et de ce fait, l’appellation était commune. L’agouille a été aménagée en canal et a pris le nom de son célèbre concepteur Pierre-Paul Riquet. C’est une vieille histoire dont l’origine date de 1686 (**). Aujourd’hui la Soulsoure, c’est surtout le nom d’une bande littorale de 49 ha protégée par un plan de gestion dans lequel un grand nombre d’institutions et d’acteurs sont parties prenantes. Plus simplement, il s’agit d’une vaste zone humide ayant un intérêt écologique et environnemental primordial. Le circuit pédestre que je vous propose ici est bien connu des marcheurs, promeneurs et coureurs hippolytains mais si vous devez y aller aussi, sachez qu’il nécessite un respect capital du milieu dans lequel vous aurez à circuler. Eux le savent mais les visiteurs pas toujours. Si ça vous chante, vous pourrez l'allonger à votre guise car les chemins sont nombreux tant vers l’intérieur des terres que vers l’étang de Salses. Vers l’étang, vous pourrez l’agrandir en partant vers le nord-ouest et vers Salses en direction du hameau de Garrieux par exemple. Vers le nord-est, vous serez un peu plus limité à cause de la presqu’île de La Coudalère. Dans cette dernière direction, le terrain militaire dit de Saint-Laurent-de-la Salanque constituera une contrainte qu’il vous faudra impérativement contourner ou précéder (comme nous l’avons fait) pour revenir vers la ligne de départ. La deuxième contrainte est bien évidemment l’Etang de Salses lui-même mais ça je suppose que dès lors que vous aurez regardé le tracé sur la carte I.G.N, vous aurez compris qu’aller au-delà de cette limite, c’est la garantie d’une baignade certaine ! Si l’été, ça ne pose pas ou peu de problème, en janvier, l’idée même d’un simple bain de pieds peut être mal perçu. C’est pourtant ce que nous avons failli connaître au cours de cette balade. Oui, vous l’aurez  compris, l’objectif principal de cette balade est de longer une belle partie de la bordure de cet étang et autant que possible de profiter de cet environnement insolite et sauvage. Flore et faune vous y attendent  mais les deux sont fragiles. Nous, en raison du temps que nous voulions y consacrer, on s’est cantonné à une partie somme toute modeste mais suffisante pour avoir un très bel aperçu de ce que peut être cette Soulsoure. Il y a donc eu le plaisir de marcher avec comme horizon, un horizon changeant et parfois même une absence d’horizon car ici quand il est fait beau mais un peu brumeux, le ciel et l’eau se confondent assez souvent et seuls d’étroits rubans plus sombres encadrent ce paysage tout bleu. Ces rubans sont la terre, avec sur la gauche quelques collines du côté de Salses, les Corbières maritimes, et sur la droite, cette longue et fine langue que constitue la presqu’île lagunaire sableuse de Barcarès-Leucate. Plus près, c’est le blanc qui prédomine avec les barres d’immeubles et les marinas du Barcarès.  Marcher est un agréable plaisir mais le faire en y insérant quelques découvertes, c’est bien mieux. Tel était notre deuxième objectif : découvrir ! En la matière, il y a bien sûr les décors, les paysages,  l’occupation et l’activité humaine, plus globalement la vie du lieu, sa flore et sa faune mais je ne vais pas vous raconter d’histoires car je suppose que vous commencez à me connaître et parmi ces découvertes il y en a une qui justifie notre présence ici : l’avifaune ! En effet, cette zone comme la plupart de tous les étangs méditerranéens est un haut-lieu de l’ornithologie. Certains oiseaux ne font qu’y passer le temps de s’alimenter et de prendre un peu de repos, d’autres y sont sédentaires et enfin, il y a ceux  qui y restent le temps de la reproduction. Venir ici sans pouvoir assouvir ma passion de la photo ornithologique en particulier et animalière en général aurait donc été un sacrilège !  Le départ de la balade s’effectue depuis Saint-Hippolyte. Nous trouvons une place où nous garer à proximité de la très imposante église Saint-Michel avec son superbe clocher et nous remontons le boulevard de la Marine, nous passons devant le tout autant imposant « castell » médiéval qui fait l’angle avec la rue Jeanne d’Arc. Marine, Jeanne d’Arc, j’en suis à me demander de quel bord politique est  la commune ? Enfin, peu importe, aujourd’hui le seul front à retenir est le front de mer, enfin celui de l’étang et nous en sommes encore à chercher la cave vinicole qui est la vraie ligne de départ de cette boucle. Nous n’avons pas prévu de visiter le village, qui mérite sans doute un détour plus conséquent au regard de l’Histoire que j’ai pu en lire sur le Net. Voilà l’avenue Paul Riquet que nous recherchons. La cave est là. Nous poursuivons tout droit. Le canal est déjà là. Tout droit lui aussi. Droit comme un « I ». Nous le longeons sur sa berge gauche. Sur sa berge droite, de grands cyprès servent de miradors à une palanquée de grandes Aigrettes tandis que de nombreux étourneaux et tourterelles ont trouvé refuge sur les câbles électriques. Les moineaux semblent avoir une nette préférence pour les tamaris où ils se cachent. Des occasions presque inespérées d’engranger les premières photos ornithologiques. Si la présence des aigrettes s’explique par l’abondance de petits poissons dans le canal, des mulets apparemment, celle des autres volatiles reste plus mystérieuse. Nous poursuivons. Un gros ragondin fait sa toilette. Une première passerelle se présente mais nous en faisons l’impasse car mon bout de carte m’en indique une deuxième un peu plus loin. Les cyprès ont quasiment disparu et ont laissé la place à de grands peupliers blancs et à quelques pins. Les premiers sont effeuillés et quelques oiseaux ont élu domicile au plus haut de leur faîte. En raison des branchages faisant obstacle, ils sont impossibles à photographier. Les Grandes Aigrettes au bec jaune laissent la place à quelques aigrettes garzettes au bec noir et à une multitude de petits passereaux : serins, rouges-queues, gobe-mouches, verdiers, chardonnerets, bruants.  Un grand bonheur pour moi de voir tous ces oiseaux alors que nous en sommes à peine à la partie que j’imaginais comme la moins intéressante du parcours. Je ne peux malheureusement pas les photographier tous convenablement. Voilà la deuxième passerelle. Elle fait office d’écluse. Cette fois, il faut traverser et longer la berge opposée. Les grands peupliers disparaissent et laissent la place à une plus grande variété arbustive avec des cannes, des peupliers plus modestes dans leur taille et quelques autres essences. Dans le canal, les roselières se font plus présentes. Elles servent de repères aux gallinules poules d’eau. Une étrange créature vient crever la surface, je la prends en photo mais très vite elle replonge dans les profondeurs du canal. Tortue ? Poisson carnassier ? Serpent ? Je ne saurais jamais ! La photo reste incertaine mais je parierais bien pour un poisson carnassier ou une grosse tortue d’eau. L’étang approche et avec lui, apparaissent les premiers cabanons et les premières barques de la Fount del Port. Très étonnant, ces quelques pieds de vignes au milieu même du canal.  Quelle jolie manière de mettre de l’eau dans son vin  ou l’inverse !  Une pancarte Natura 2000 présente et explique ce qu’est le « complexe lagunaire de Salses-Leucate » et rajoute qu’il est un « site européen majeur pour la conservation de la biodiversité ». Un grand cormoran dort sur un piquet planté à plusieurs mètres du rivage mais mon insistance à vouloir le photographier semble le réveiller. Il bat lourdement des ailes comme quelqu’un qui étire ses bras après un profond sommeil puis il s’envole en rasant la surface. Désormais, nous longeons le bord même de l’étang en marchant sur un épais tapis d’algues sèches mais fortement imbibées par les pluies des jours précédents. Nous pataugeons et de ce fait, nous sommes contraints de rallier le chemin principal. A regret car quelques échasses occupent les portions sableuses. Le chemin est encadré de ganivelles, ces palissades dont l’utilité est double : freiner les vents de sable et encadrer les déplacements humains. Mais là aussi, les orages de la veille ont créée quelques grandes flaques d'eau pas toujours facile à franchir. Seul privilège à cette entorse obligée, la découverte d’un vraie « barraca », maison traditionnelle du pêcheur construite avec les roseaux du coin et le bois flotté. On continue tant bien que mal jusqu'à atteindre une passerelle sur l’agouille Ventouse. Mais les choses se compliquent car des employés qui travaillent au débroussaillage nous indiquent que nous ne pourrons pas aller plus loin, les eaux de l’agouille ont débordé et ont envahi les chemins adjacents. Nous faisons demi-tour avec dans la tête la quasi certitude que la balade est déjà terminée. On retourne au bord de l’étang et continuons au plus près de l’eau en suivant un jeune homme qui promène son chien. Eux sont carrément dans l’eau ; le chien jusqu’au poitrail et l’homme jusqu’aux mollets, et nous sur la berge mais sans le vouloir, ils nous montrent un itinéraire que nous n’aurions jamais découvert. En effet, nous arrivons à l’embouchure de l’agouille Ventouse où un amoncellement de branchages, de roseaux et d’algues a créé un pont si épais et si solide que nous le chevauchons sans trop de crainte. En tous cas, nous réussissons à franchir l’agouille large de presque 3 mètres sans nous mouiller les pieds. On continue en alternant, les passages sur le rivage ou entre les ganivelles au gré de leur praticabilité. D’autres oiseaux apparaissent : passereaux des roseaux mais aussi des goélands, des mouettes rieuses et quelques autres limicoles. Un petit régal pour moi. La marche devient plus simple même si pour éviter une zone vraiment inondée, elle nous oblige à entrer dans une propriété privée sur quelques dizaines de mètres. Après cette courte infraction, nous voilà désormais sur une portion littorale bien plus praticable. Petits ou grands, les oiseaux de étangs se succèdent : hérons, chevaliers, passereaux. Nous passons devant une villa et quelques minutes plus tard débouchons sur une grande esplanade. Devant nous, le fameux terrain militaire, à droite une route asphaltée et à gauche un immense ponton en ciment donnant sur les flots. J'apprendrais plus tard que ce ponton construit en 1924 et mis en service en 1927 servit de base pour les hydravions du célèbre ingénieur Pierre-Georges Latécoère. Carte  à l’appui, j’explique à Dany que l’heure est arrivée de faire un choix : soit prolonger la balade en continuant le littoral puis en faisant le tour du terrain militaire soit prendre la route qui part à droite et qui doit nous ramener à Saint-Hippolyte. Plus pragmatique que moi, elle me réponds que c’est surtout l’heure du déjeuner qui est déjà arrivée et elle file aussi sec vers l’extrémité du ponton, seule « aire de pique-nique » digne de ce nom à ses yeux. Assise au bord du ponton, les pieds ballants au dessus de l’eau, la voilà qui s’installe et se met à manger sa salade face à l’immensité de l’étang. Je fais de même sous le regard inquiet d’un grèbe huppé qui lui aussi est entrain de déjeuner. Enfin, lui en est tout juste à tenter de le pêcher par des apnées successives, longues et de plus en plus éloignées de nous. Avec beaucoup de difficulté, je tente bien évidemment de le photographier. Face à nous l’étang bleuté et au loin sur notre gauche, un Massif du Canigou excessivement enneigé qui vient de surgir des nuages comme un diable à ressort jaillit de sa boîte. Enfoui qu’il était sous de gros cumulonimbus, nous ne l’avions pas remarqué. Après ce frugal déjeuner, je continue à m’adonner au plaisir de la photo pendant que Dany en profite pour un peu de repos sous un soleil suffisamment tiède pour tomber dans une agréable torpeur. Ici, de nombreux passereaux occupent les salicornes, les soudes et autres plantes halophiles poussant à profusion. Quelle n’est pas ma surprise de découvrir pour la toute première fois le si joli « Gorge bleue à miroir ». Il est temps de repartir. Dany a opté pour la formule la plus courte c'est-à-dire celle qui ne fait pas le tour du terrain militaire. Nous prenons la route bitumée D.11h jusqu’à l’entrée du dit terrain. Bien évidement, le fait même de quitter le bord de l’étang rend cette balade moins captivante. Les oiseaux y sont moins nombreux. Seuls quelques étranges tags sur un transfo électrique abandonné, le tableau d’une Vierge Marie jeté dans des décombres qui n'ont rien à faire là et quelques chèvres jouant sur les palettes d’un capharnaüm  retiennent l’attention de mon appareil photo. Voir les fossés transformés en dépotoirs et de jeunes cabris et leurs mères juchées sur des palettes et gambader au milieu de bouteilles de gaz me rend plutôt « furax ». Nous arrivons devant la grille du terrain militaire et il nous faut quitter l’asphalte. Ici, nous tournons à droite à hauteur d’une métairie au style résolument catalan, en pierres et « cayroux ». Un chemin y file derrière puis se poursuit de manière évidente tout en zigzaguant. Finalement l’itinéraire devient quasiment rectiligne. Si vous n’avez pas pris la précaution d’un tracé G.P.S, il vous faudra suivre le chemin le plus emprunté. Vous ne pouvez guère vous tromper car c’est à la fois celui qui dispose d’un maximum d’ornières et le plus bourbeux à la fois, les deux allant ensemble à cause de l’activité agricole permanente et des pluies des jours précédents sur un terrain argileux peu perméable. Il traverse des champs en friches, d’autres envahis d’immenses serres plus ou moins abandonnées mais surtout, il pénètre ce qui fait la richesse du pays salanquais, c'est-à-dire le maraîchage,  les vergers, les vignobles et l’élevage équin ou ovin. Tout au bout, ce chemin débouche sur la départementale D.11, laquelle à droite retourne vers le centre de Saint-Hippolyte. Nous retrouvons notre voiture après 3h30 sur ce « Circuit de la Soulsoure ». La balade se termine après une dizaine de kilomètres parcourus, le « trackback », c'est-à-dire le tracé de mon G.P.S enregistré en marchant, m’annonçant 10,099 km, pour un dénivelé quasiment nul de 3 mètres maxi. J’ai photographié une bonne vingtaine d’oiseaux d’espèces bien différentes mais ce chiffre, il faudrait le multiplier par trois pour obtenir un recensement fidèle des oiseaux réellement aperçus au cours de la balade. Carte I.G. N 2548 OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.

 

(*) La Solsora : En français le Soulsoure est le nom de la « Soude commune », en latin « Salsola soda », le mot « salsona » ayant pour origine le nominatif « salsus » signifiant « salé ». Il s’agit d’une plante halophyte et succulente dont on tire depuis des siècles le fameux carbonate de soude ou carbonate de sodium par combustion de ses cendres, élément essentiel dans la fabrication du verre et du savon.

(**) Le canal Paul Riquet de Saint-Hippolyte : En 1666, sous le règne de Louis XIV et grâce à un édit de Colbert,  commencent les premiers travaux du « canal royal du Languedoc ». Sous la férule de Pierre-Paul Riquet, les travaux durent une quinzaine d’années et sont motivés par le souhait de faciliter le commerce, du blé notamment. En 1789, les révolutionnaires lui donnent le nom de « canal du Midi ». Bien plus tard, entre 1838 et 1858 et après le creusement définitif du « canal de la Garonne », l’ensemble devient le « canal des Deux-Mers ». Si l’idée de relier la Méditerranée à l’Atlantique date de l’antiquité mais a sans cesse été reprise au fil des différentes couronnes, on peut citer Auguste, Néron, Charlemagne, François 1er, Charles IX ou encore Henri IV, deux siècles auront presque été nécessaires pour parvenir réellement à concrétiser ce projet d’une voie navigable entre les deux mers. Entre ces deux dates, une multitude d’autres projets de canaux secondaires seront imaginées par divers ingénieurs au gré des intérêts commerciaux, des guerres à répétition, des signatures de traités, des périodes de paix, des nouveaux conflits, de nouveaux accords, etc, etc....Si certains verront le jour, l’insuffisance de finances et le désintérêt soudain pour un projet qui paraissait essentiel quelques années auparavant sont les principales causes de nombreux avortements. Il en est ainsi de ce qui devait être le canal du Roussillon dont Vauban était le promoteur. Quand on évoque Vauban, on pense inévitablement stratégie et systèmes de défense et bien évidemment l’idée de relier le Roussillon au canal royal du Languedoc par un autre canal est d’abord militaire. Nous sommes en 1686 et il faut se rappeler que le comté du Roussillon vient d’être annexé au royaume de France par le traité des Pyrénées de 1659, au même titre que d’autres régions pyrénéennes espagnoles comme le Vallespir, le Capcir, le Conflent et une partie du comté de la Cerdagne, pour ne citer que les plus proches de Saint-Hippolyte. Cette région essentiellement d’origine catalane est dans une période de grande instabilité et pour Vauban, les aspects sûreté et sécurité sont primordiaux. Il est important de réprimer le moindre antagonisme, la moindre opposition, de faire face à d’éventuelles représailles venant du royaume d’Espagne. C’est ainsi qu’en 1686 est creusé le canal de la Robine dont le prolongement après Port-la-Nouvelle doit rejoindre l’étang de La Palme puis celui de Salses-Leucate, lequel une fois traversé reliera Perpignan par un canal démarrant à proximité du village de Saint-Hippolyte. Les agouilles étant nombreuses dans le secteur, on peut supposer que les ingénieurs ont utilisé une petit cours d’eau voire une source existante débouchant au lieu-dit la Font del Port (la Fontaine ou la Source du Port en français) : la Solsora (*) sans doute. Il faut se souvenir que depuis toujours les salines étaient nombreuses à proximité de Saint-Hippolyte dont l’appellation Sant Hipolit de la Salanca, nous rappelle que les « salanques » c'est-à-dire les « Terres Salées » étaient habituelles dans ce secteur. Voilà donc le principal projet du canal dit du Roussillon tel qu’il est repris par l’ingénieur Antoine Niquet après la mort de Riquet en 1680 et même si d’autres ébauches (vers Rivesaltes et l’Agly, Canet et Port-Vendres, les Fenouillèdes et les Corbières) ont été un temps envisagées, la plupart restent soit trop peu rationnelles soit carrément utopiques. Les travaux de ce canal du Roussillon commencent un peu partout et le creusement du canal de Saint-Hippolyte débute en 1691 mais par absence de budgets et diverses autres raisons (risque de guerre devenu caduc avec l’Espagne, opposition des héritiers Riquet, désintérêts commerciaux dus aux progrès routiers et maritimes, etc…) la plupart de toutes ces entreprises ne seront jamais menées jusqu’à leur terme. Il faut noter que le canal de Saint-Hippolyte prendra le nom de Riquet alors que ce dernier est déjà mort depuis 1680 quand commencent les travaux en 1691. On peut donc supposer qu’il s’agit d’un hommage, d’un souhait ou d’une exigence des héritiers car il a été le premier à coucher sur le papier, l’idée même d’un canal reliant l’étang à la commune. Après deux ans de creusement, le projet est abandonné mais la liaison entre le village à l’étang est terminée. Ce tronçon de canal n’aura jamais l’usage initial qui était militaire ni commercial mais, puisqu’il court jusqu’à l’étang, il va permettre d’assainir l’intérieur des terres en proies aux marécages et aux inondations régulières diminuant ainsi les nombreux risques liés aux maladies infectieuses qui en découlent depuis toujours, tant pour l’homme que pour la faune. En effet, avec le canal et les autres agouilles Capdal, Ventouse, du Trial et leurs réseaux, les eaux de sources et de pluies peuvent désormais être drainées vers l’étang. L’Etat français cédera le canal à la commune qui diminuera sa taille, aménagera ses berges et sera chargée de son entretien et de sa protection. Voilà un condensé des différentes lectures que j’ai pu faire sur le sujet mais si vous voulez l’approfondir, je vous conseille la lecture du livre de Gilbert Larguier « Découvrir l’Histoire du Roussillon XIIe-XXe siècle » parue aux Presses Universitaires de Perpignan en 2010, on y évoque beaucoup le Canal du Roussillon et un peu ce tronçon hippolytain.

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