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Quand j’ai décidé de cette randonnée consistant à monter vers « Les Tours de Badabanys depuis Villefranche-de-Conflent », je savais déjà ce qui m’attendait. En effet, lors d’une longue randonnée intitulée « Le Circuit des Minerais », j’avais déjà eu l’occasion de découvrir ces lieux amplement ruinés. Comme le dit si bien l’excellent site Internet consacré à l’Histoire des Pyrénées-Orientales : « Mentionnées dès 1081 et détruites après 1659 sur ordre deVauban, les tours de Badabanys ne présentent plus aujourd'hui que leurs soubassements. Celui de la "Tour grosse", de dimensions imposantes, est fortement taluté. On distingue les vestiges de la chemise annulaire et du fossé. A la base de la tour, la citerne a contribué à l'appellation erronée de "Citerne de Vauban" que l'on donne à ces ruines, en concurrence avec celle, totalement fantaisiste, de "Camp romain". Un peu plus bas au Nord-Est, la "petite tour", également ruinée, a tiré parti du relief pour être protégée par un profond fossé. En 1346,Pierre IV d'Aragon, qui réorganise le fonctionnement de la grande tour (Elément essentiel à grand rayon d'action) ordonne la mise hors service de la petite tour ( Desserte locale deVillefrancheen fond de vallée ) et en fait murer la porte. Le mot "Badabanys" est formé de "Bada" qui signifie "Guet" ou "vigie" et "Banys", "les bains", pour une référence à Vernet-les-Bains. Ces tours étaient donc vues comme les tours de surveillance des bains.». Voilà donc pour l’Histoire résumée et la toponymie de ce lieu où ne subsiste de ces tours à signaux que quelques murets fortement arasés voire carrément avachis et d’anciennes citernes dont seule celle de la grande tour est encore opérationnelle paraît-il. Pour en savoir un peu plus de ces deux tours, il suffit de suivre le lien suivant : https://inventaire.patrimoines.laregion.fr/dossier/IA66003717
Alors certes, il est intéressant de les visiter après en avoir appris l’Histoire mais d’autres attraits sont présents lors de cette randonnée que nous démarrons du lieu-dit Le Faubourg où nous avons trouvé une place pour ranger notre voiture. Il est à peine 10h40 quand nous traversons le pont Saint-André car c’est de l’autre côté de la N.116 que se trouve le panonceau de départ : « Corneilla-de-Conflent-Vernet-les-Bains ». En premier lieu, la longue montée en lacets offre des vues très captivantes. On y aperçoit de belles vues plongeantes sur la cité fortifiée de Villefranche-de-Conflent, mais aussi vers le fort Libéria, vers Notre-Dame-de-Vie et une fois bien plus haut vers la chapelle Saint-Etienne de Campilles. Autant de sites historiques découverts lors d’autres balades. Une fois le plateau de Badabanys atteint, d’autres vues s’entrouvrent donc celle vers le pic du Canigou tout proche reste le clou du spectacle. Surtout s’il est enneigé. Ce jour-là disons qu’il était saupoudré. Côté Canalettes et vallée du Cady, le panorama vers le plateau d’Ambouilla n’est pas mal non plus. Personnellement, il me ramène à plusieurs superbes randonnées dont celle évoquée en exergue consistant à cheminer le long « Circuit des Minerais ». Puis enfin, comme nous l’avons fait ici, on peut partir découvrir l’ancienne carrière de marbre. Divers noms lui ont été attribués : carrière des Canalettes, de Badabanys voire de Corneilla-de-Conflent ou de la Provençale, nom de la société l’ayant exploitée quelques années. Elle est de nos jours abandonnée mais facilement accessible depuis les Tours de Badabanys par divers sentiers. On y aperçoit clairement deux niveaux d’extraction. Il semblerait que la qualité du marbre rouge cristallisé de blanc très fracturé n’ait pas été à la hauteur des espérances et ce d’autant que la couleur du minerai n’est pas homogène car on y trouve des calcaires jaunâtres ou gris-bleu. Cette carrière aurait donc servi presque essentiellement et temporairement à en extraire des granulats et des petits blocs servant à des parements. (sources personnelles Emmanuel Custodero). Sa visite permet de la découvrir sous des angles multiples puisque divers chemins et sentiers l’entourent dans sa globalité. Ainsi se termine les découvertes et il est temps soit d’aller pique-niquer comme nous l’avons fait nous-mêmes soit d’amorcer le retour par le même sentier en lacets. Il est mentionné dans les textes que ce chemin muletier d’une longueur de 1.600 m pour 1 m de large était qualifié de « stratégique » par le génie de sentiers et déclaré d’utilité publique par décret du 6 février 1886 (source inventaire.patrimoines.laregion.fr) . Si notre pique-nique s’est magnifiquement déroulé sur le ciment de la grande citerne Vauban, à l’instant de quitter les lieux, l’hélicoptère de la Sécurité Civile survolant le sentier de Notre-Dame de Vie nous a ramené à de bien pénibles souvenirs. Nous étions aux premières loges de ce sauvetage hélitreuillé en direct. L’hélitreuillage d’une randonneuse nous a rappelé ceux que Dany et moi avions vécu lors de ce fameux « Cauchemar pour trois étoiles », aux Tres Estelles en 2004. Finalement, nous apprendrons sur l’Indépendant du lendemain qu’il ne s’agissait que d’un malaise vagal souvent plus spectaculaire et donc inquiétant que dangereux (*). J'ose espérer que ce fut le cas. Ainsi, après cette scène peu réjouissante, le retour vers Villefranche-de-Conflent fut un peu moins agréable que la montée. J’en ai profité pour mettre mon appareil-photo à contribution pour recenser une faune le plus souvent aux abonnés absents et une flore surtout présente le long du canal d’irrigation de Bohère. Ainsi se termina cette courte balade dont seule la déclivité de 342m pourrait freiner ceux qui n’aiment pas les ascensions surtout si elles sont tourmentées. Comme expliquée ici, la distance parcourue a été de 6,5km environ incluant la visite des deux tours, la carrière de marbre et un bout du canal de Bohère. Les montées cumulées enregistrées ont été de 726m. Le point culminant enregistré à 790m est proche de celui figurant sur la carte IGN près de la Tour grosse à 793m. Carte IGN 2349ET Massif du Canigou top 25.
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Avec cette randonnée que j’ai intitulée « Le Chemin de la Rigole et le Salin de l’île Saint-Martin depuis Gruissan », je veux rendre à « Perlimpinpin ce qui appartient à Perlimpinpin ». Car c’est bien grâce lui ou tout du moins à son site Internet que j’ai pu faire cette balade. Ce lien vous permettra de découvrir son offre de balade. Alors certes je ne connais pas cette personne, je ne connais pas les motivations qui ont été les siennes à inventer cette boucle pédestre mais personnellement j’y ai immédiatement pressenti qu’il y avait matière à me régaler. Et si vous venez régulièrement voir mes randos sur mon blog, vous savez que « me régaler » c’est certes marcher dans la Nature mais c’est surtout marcher dans la Nature avec comme objectif des découvertes. Découvertes florales, fauniques, patrimoniales et que sais-je encore ! Or là, je pressentais qu’il y aurait de la Nature à découvrir mais peut-être pas que ? En ce 26 août 2022, il est 9h passé quand je démarre du centre du vieux Gruissan où habite ma fille, direction le Chemin de la Rigole. Ce chemin qui coupe transversalement toute l’île Saint-Martin est très facile à trouver puisqu’il se trouve sur la gauche de la D.32 filant vers Mandirac. C’est donc dans cette direction que je connais bien que je commence à marcher déjà en quête des premiers sujets de la Nature qui veulent bien s’offrir à mon appareil-photo. Ces derniers arrivent sous les traits de quelques fleurs et d’oiseaux dès lors que j’atteins les premières berges de l’Etang de Gruissan et le canal du Grazel. Rien de bien exceptionnel mais c’est déjà ça de pris et je me dis que bien d’autres occasions de photographier la Nature se présenteront. Autant l’avouer, je n’imaginais pas si bien penser et surtout si vite, car dès le Chemin de la Rigole atteint, les passereaux se font nombreux. Chardonnerets, pinsons, serins, rougequeues, fauvettes sont bien là. Tous ne se laissent pas photographier facilement mais la quantité et les variétés sont là, le chemin est long et je me dis que mon application à rester concentrer et ma patience viendront inévitablement compenser la vivacité de tous ces oiseaux à vouloir se défiler. Pour mon plus grand bonheur, il va en être ainsi de temps en temps, même si le seul inconvénient est de ne guère avancer. En randonnée, être aux aguets pour tenter de photographier des passereaux a ce désagrément de faire très souvent du surplace ! C’est donc entre deux poses et quelques photos que je juge réussies qu’enfin je me décide à marcher vraiment. Dans ce cas précis, le mot « flâner » est bien mieux approprié. Enfin, j’avance quand même un peu et c’est bien là l’essentiel. Sur ma gauche, un petit fossé asséché explique sans doute le mot « rigole » donné à ce chemin. Est-il en partie une dérivation du ruisseau de Saint-Martin mentionné sur la carte IGN ? C’est probable car les deux paraissent rectilignes ! Outre les oiseaux, quelques libellules et papillons m’offrent d’autres occasions de quelques péripéties photographiques, une petit brise marine s’étant levée gênant assez souvent mes mises au point surtout quand il s’agit de faire des macros. Finalement, je mets presque 2 heures pour atteindre le petit hameau de Saint-Martin, là où se trouve apparemment un domaine viticole. Si je dis ça, c’est parce qu’en arrivant dans ce joli lieu, je découvre que les vendanges sont désormais mécaniques, un énorme engin égrainant les ceps de vigne à une vitesse inégalable et avec une ingéniosité remarquable. Les raisins tombent dans un godet qu’il suffit d’amener à la cave. Un seul homme suffit à faire tout ça. Je ne peux m’empêcher de penser « que sont devenues nos vendanges d’antan et surtout tous les vendangeurs seront-ils un jour remplacés par un minimum de robots ? ». Sur la droite du chemin et au sommet d’un dôme, une vieille bâtisse ruinée attise ma curiosité m’offrant ainsi quelques beaux panoramas sur l’étang d’Ayrolle et bien plus loin encore. Peu après, c’est le site archéologique qui se présente, ce dernier étant mitoyen avec le domaine vinicole. Quelques pancartes qu’il est bon de lire expliquent avec force détail l’Histoire de ces nombreux vestiges. Certains de ces détails m’apportent de réels éclaircissements me ramenant ainsi en 2014 et aux 3 jours au cours desquels j’avais cheminé le Sentier du Golfe Antique sans trop concevoir la réelle signification de cette dénomination, peu de choses palpables jalonnant le parcours. La suite du parcours étant une peu plus hasardeuse, j’ai le tort de ne pas allumer mon GPS où j’ ai enregistré le tracé. Du coup, après la découverte de la carrière rougeâtre de Graniès et de blockhaus, je continue la route bitumée bien trop loin avant de réaliser mon erreur. Finalement quand j’allume mon GPS celui m’oriente vers le canal d’Ayrolle que j’ai bien trop dépassé. Bien que dans ce secteur, la carte IGN ne soit pas bien bavarde en terme de noms de lieux, j’ai suffisamment lu de choses avant de venir pour savoir que ce chenal a pour nom « Canal des Allemands ». Sont-ils les créateurs de ce canal ? Je n’ai rien trouvé qui le mentionne mais l'Histoire retient qu'ils ont beaucoup construit à Gruissan pour se protéger. En tous cas, et à juste titre, certaines cartes géographiques continuent à mentionner le Blockhaus de Graniès comme s’agissant d’un « monument historique » faisant partie du patrimoine gruissanais. Il domine ce fameux canal des Allemands menant au hameau des pêcheurs d’Ayrolle. C’est donc au début de ce canal que mon cheminement m’entraine. Là, des hirondelles rustiques font le spectacle, rasant aussi bien l’eau du canal que la végétation qui l’encadre. Alors que je papote un peu avec un pêcheur réparant ses filets, je m’aperçois que les hirondelles viennent constamment se poser sur les cordages amarrant les bateaux. Il ne m’en faut pas plus pour me décider à prendre un en-cas ici, assis sur un ponton. Outre les hirondelles, les moineaux sont très nombreux à occuper les tamaris bordant le canal. C’est donc en mangeant mon en-cas que je continue à me livrer à ma passion pour la photo ornithologique avant de poursuivre vers le petit port de pêche. Même si un panneau annonce la couleur « Port de pêche de l’Ayrolle », il faut être aveugle pour ne pas comprendre qu’ici toute la vie tourne autour de cette activité. Autour de ce petit abri, des monceaux de filets s’entassent un peu partout. Il y a aussi des cordages, des piquets et quelques bidons et bien évidemment de multiples barques soit sur les quais soit carrément amarrées. L’ensemble est entouré de quelques cabanes en bois hétéroclites dans leur forme. Voilà ce qu’est le port d’Ayrolle. Or mis quelques touristes venus en voiture, le hameau est tranquille et même plutôt désert. Supposant que les pêcheurs sont soit au travail soit entrain de se reposer de leur dur labeur, je déambule au plus près de tous ces cabanons au nom le plus souvent poétiques ou fantaisistes : « Mon Plaisir », « l’Hacienda », « Île de rêve », « l’Abri-Côtier ». En constatant que l’effigie de Che Guevara côtoie une croix occitane, j’en suis à penser que les gens du cru sont plutôt anticonformistes voire indociles ou insoumis . Oui, ici pas d’académisme, les filets de pêche ne prennent pas que du poissons mais aussi toutes les convenances bien trop rigides. Ça se sent comme ça sent le poisson et l’iode. Mon bout de carte IGN en main, je continue en longeant l’étang, direction le tombolo séparant ce dernier du Salin et permettant de rejoindre la plage dite « sauvage de la Vieille-Nouvelle ». La plage, j’en suis encore loin, mais avant même d’atteindre le début du tombolo, le mot « sauvage » se justifie de diverses façons. C’est d’abord une Aigrette se régalant d’une grosse anguille qu’elle avale d’un trait. Puis ce sont les quelques bâtisses qui avaient servi à l’exploitation du sel qui ne sont plus que vestiges ouverts à tous les vents. Il y a bien encore des étiers, des écluses et des batardeaux mais je me demande si tout cela fonctionne encore ? Dans une des ruines, j’ y surprends une tarente. Alors que le tombolo file rectiligne et que je m’attendais à voir et à photographier de nombreux oiseaux, les seuls que j’aperçois sont soit des goélands plutôt communs par ici soit des oiseaux isolés bien trop lointains pour être photographiés correctement. Finalement, les premières surprises naturalistes se présentent sous les traits de multiples criquets souvent très différents par leurs coloris. A cause de cette petite brise qui souffle toujours, ils ne tiennent pas en place et les immortaliser correctement devient un jeu de patience. Pour l’instant, les volatiles sont plutôt rares et quand enfin j’en aperçois en nombre c’est pour constater qu’ils sont faux. Oui, je me laisse leurrer par un grand rassemblement de canards noirs et en résine, probablement laissés là en guise de pièges par des « tartarins du magret ». Finalement, je retrouverais ces leurres à plusieurs endroits du Salin constatant qu’il y en a un peu partout. Les premiers et seuls oiseaux marins en nombre sont des échasses blanches. Feu farouches, je prends beaucoup de plaisir à les observer en quête d’une nourriture qu’elles semblent trouver uniquement dans le salin. D’autres oiseaux vont suivre mais toujours solitaires. Finalement, quand j’atteins la plage, c’est pour constater qu’elle n’est dans l’immédiat qu’une immense zone encroûtée de sel blanc. Il me faut donc traverser cette zone pour atteindre le bord de l’eau. Ici, il n’y a personne au bord de l’eau. Aucun fan de la baignade ou du bronzage. Seuls quelques « fous » de la glisse aquatique s’adonnent à leur passion. Oui, ici le vent souffle si souvent et si fort que les véliplanchistes et autres kitesurfeurs ont décrété que l’endroit serait « un spot ». Spot pour eux mais pas de « pot » pour moi qui avait décidé de déjeuner au plus près du bord de l’eau et même de me baigner. Je me sauve et repars vers le salin. En fin de compte, il me faut encore pas mal marcher sur une large piste sans véritable découverte ; or mis de nombreux bois flottés et quelques déchets que la mer a rejeté, avant d’atteindre le lieu-dit « Ancien Grau du Grazel ». Là, sur ce nouveau tombolo séparant les salins, je déambule, vérifiant si des oiseaux sont éventuellement présents. Mais or mis quelques goélands et d’autres faux canards, il n’y a rien d’autres pour l’instant. Il y a bien des flamants roses mais encore trop loin pour tirer de belles photos. Je fais donc le choix de piqueniquer au bord du canalet se dirigeant vers la mer. Là, je suis à l’abri du vent pour piqueniquer et de surcroit, l’eau est si limpide que je peux faire « trempette », m’enlevant ainsi toute la poussière sableuse que j’emmagasine depuis mon départ. De plus, criquets, libellules colorés jaunes, rouges et bleues et quelques passereaux et papillons occupent ce secteur. Quand je repars, je fais le choix de rester au plus près de la digue séparant le Salin de la plage car c’est bien là que la faune ; petite ou grande ; est la plus présente. Normal, c’est là aussi que la végétation est la plus dense et la plus diverse et ce d’autant ; que quelques petites poches d’eau ; marais en miniature ; retiennent quelques passereaux. De l’autre côté de la digue, les flamants roses sont là, accompagnés d’autres échasses blanches. Tout bien considéré, il y a tellement de choses à voir et à photographier que je ne vois pas ni le temps passé ni la distance parcourue. A l’approche du canal du Grazel, l’encroutement salin du sol se fait plus présent. Quelques trous dans le sable sont carrément remplis de gros sel. Certes, nous ne sommes plus au temps de la gabelle, époque où le sel était à la fois un impôt et une monnaie d’échange, mais je me dis qu’il suffirait d’avoir un seau pour le remplir aisément de fleurs de sel sans être contraint d’aller l’acheter si cher à la boutique du Salin. Désormais, c’est la canal du Grazel que je longe pour en terminer, mais toujours aux aguets, un œil vers le Salin et un œil sur la canal. Photos d’oiseaux, de coquillages, de crabes mais également de poissons, dont des loups, des muges et des alevins, viennent s’ajouter pour mon plus grand bonheur dans la mémoire de mon appareil-photo. Au sein de lotissements de maisons, automatiquement moins riches sur le plan faunique, la fin du parcours m’entraîne vers le vieux Gruissan et sa tour Barberousse. Je continue de flâner dans les ruelles, constamment observateur de la vie de la cité et fureteur de découvertes. C’est jour de fête, des orchestres jouent dans les ruelles, je n’ai pas envie de rentrer malgré les 9 heures passées sur mes deux jambes. Demain, mes guibolles se souviendront de ce Chemin de le Rigole même si pour l’instant j’en rigole. Je l’avoue, je n’ai rien mesuré de cette randonnée, estimant que le plaisir ne se mesurait pas alors faisons confiance à Perlimpinpin qui nous indique une distance de 12km7 et 73m de dénivelé positif. Personnellement et compte tenu de mes quelques divagations volontaires ou pas, il faudrait sans doute rajouter un ou deux kilomètres de plus ! Carte IGN 2546 OT Narbonne Top 25.
Ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques interprétées par Richard Clayderman avec la voix de Gay Marshall extraites de l'album Desperado. Elles ont pour titre : "Desperado" , "Indigo Bay", "Un Hôtel Au Bout Du Monde" "Super Dreaming Day" et "Flamingo Road".
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Lundi 11 janvier 2021, 7h. Voilà comment est né ce « Circuit pédestre du Patrimoine de Baho ». Ce matin, comme souvent, je me suis levé tôt puis j’ai un peu flemmardé devant mon ordinateur. Je suis seul car depuis 2 jours Dany est partie garder les petits-enfants à Gruissan. Il fait un temps superbe et je me dis « pourquoi ne pas aller faire une randonnée pédestre ? » puis aussitôt « mais où aller sans voiture et en partant du domicile ? ». Avec ces conditions plutôt réduites, j’ai vite fait le tour. « Partir sans but dans la garrigue stéphanoise ? »« Sans but, très peu pour moi ! ». « Aller photographier les oiseaux ? »« Pourquoi pas, bien que cette activité me soit déjà régulière mais le plus souvent en VTT ». « Allez visiter un village pas trop loin ? »« Oui, mais lequel puisque j’ai déjà découvert Baixas et Peyrestortes lors d’une balade que j’avais intitulée « Le Chemin des Amandiers sauvages » ?« Que me reste-t-il à voir non loin de Saint-Estève ? » A bien y réfléchir « Seulement Baho ! ». Je me replonge dans mon ordinateur et trouve une balade de 6 km dans le village de Baho et sur ses hauteurs. Ne connaissant pas de tout Baho, or mis les adresses de quelques amis, je tape « Histoire de Baho » dans Google recherche. Là, d’emblée je tombe sur plusieurs sites présentant l’Histoire et surtout son vieux patrimoine. Ils sont bien présentés et incitatifs à la découverte de la cité car il y a beaucoup de photos. Un autre site m’apprend que le village est mentionné dans les textes depuis 976 et a été édifié puis fortifié autour de son église Saint-Vincent et Saint-Jean avec les caractéristiques d’une architecture ressemblant à celle d’une « cellera ». Ayant beaucoup lu à propos de l’Histoire du Roussillon, je sais que les « celleras » sont ces fameux « celliers » médiévaux propres à la Catalogne et au Roussillon où étaient entreposés les récoltes, lesquels peu à peu étaient devenus d’abord des lieux vénérés à défendre car de nombreuses « bouches » en dépendaient. Puis carrément confrontés aux convoitises, ces « celleras » étaient devenus des hameaux fortifiés puis des villages où des seigneurs régnaient sur leurs serfs leur assurant protection et fermage. Tout cela me suffit déjà pour me donner envie d’y aller voir. Sur Internet, les sites concernant le patrimoine de Baho étant plutôt nombreux, je n’ai aucune difficulté à lister ce qu’il y a à voir, à noter des lieux, des adresses et ce d’autant que ce patrimoine est globalement visible et donc observable sur un petit périmètre. Un coup d’œil sur la carte IGN me permet de voir que Baho, comme je l’avais déjà observé à Saint-Estève lors d’une balade que j’avais intitulée « Le Circuit de l’Eau », est entouré et veiné d’un réseau fluvial relativement important. Outre le Rec ou Canal de Vernet et Pia que j’ai bien l’intention de suivre en partie pour aller vers Baho, il y a pléthore de ruisseaux, recs et agouilles. Je me dis qu’il y a là aussi un patrimoine à découvrir et je dessine mon parcours en tenant compte de ça. Là aussi, m’intéressant à l’Histoire de ces canaux, j’ai lu que les plus anciens dataient du 11eme siècle. Pour tout le reste, hors de Saint-Estève et de Baho, je me dis que la Nature m’offrira ce qu’elle peut, sachant que photographier la flore et la faune est devenu si nécessaire pour moi au cours de n’importe quelle balade ! Le patrimoine de Baho et une Nature à photographier, les objectifs sont arrêtés et me conviennent. Je programme le parcours prévu sur mon logiciel CartoExploreur et l’enregistre dans mon vieux GPS. Je cours à la boulangerie la plus proche, achète une baguette, confectionne 3 sandwichs avec ce que j’ai dans le frigo, prends une bouteille d’eau et voilà mon petit sac à dos prêt à être harnaché. Il est déjà 10h30 quand je sors de la maison mais après tout rien ne presse. Le ciel est toujours aussi merveilleux, et Place du 14 juillet, les quelques palmiers sous lesquels je passe pour me diriger vers la partie ancienne de Saint-Estève me laissent presque imaginer un voyage en une terre lointaine. Oui, je suis heureux de marcher sous ce beau ciel bleu. Si j’emprunte l’avenue du Général de Gaulle direction Baho, comme prévu et pour éviter au maximum l’asphalte, à hauteur de la petite rue Arago, je longe immédiatement le canal de Vernet et Pia. Du fait de son assèchement, le canal attire énormément de passereaux dans son lit. Merles, Moineaux, rougequeues noirs, pouillots et bergeronnettes et de rares mésanges constituent l’essentiel de l’avifaune présente tout au long du canal. En contrepartie et on peut le regretter, on constate qu’il sert trop souvent de dépotoir. C’est ainsi que j’y aperçois beaucoup de déchets en plastiques et ça va d’un simple sac, à des bouteilles et à des résidus de toiles de serres. Je vais même y voir un écran d’ordinateur et deux gros caissons. Au niveau de l’écluse du ruisseau de la Boule, deux bergeronnettes peu farouches trottinent sur le pont mais c’est surtout dans le ruisseau que mon attention se porte. Là, un grèbe castagneux va me faire tourner en bourrique. C’est probablement un juvénile, ce qui ne l’empêche nullement de savoir déjà pêcher. A chaque fois que j’essaie de le cadrer et de faire une mise au point sur lui, il plonge ressortant parfois plus loin au milieu des roseaux. Je me dis qu’il va falloir que j’aie beaucoup de patience si je veux le photographier correctement. Finalement et alors que je me suis donné une demi-heure pour y parvenir, il me faudra seulement la moitié car à un moment, je le vois ressortir tout près du déversoir de l’écluse avec dans le bec une grosse grenouille. Il ingurgite sa proie encore vivante à une vitesse incroyable. Finalement, et sans doute parce qu’il a le ventre plein, il s’assagit et devient moins farouche. J’ai tout le loisir de la photographier même si son obstination à rester au milieu des roseaux ne me rend pas la tâche facile. Je repars et continue de longer le canal. Je sais qu’il va me falloir le quitter à hauteur du pont de la D.616 car plus loin son itinéraire se termine dans une propriété privée à hauteur du Mas Serrat. Un haut grillage empêche tout passage. C’est soit ça, soit passer par la déchetterie avec encore un peu plus de bitume et un peu plus de distance. C’est ainsi que par là, je rejoins plus rapidement le carrefour puis continue vers Baho par l’ancien chemin de Pézilla puis par celui de la Trémie. Ici, rien de notable or mis quelques passereaux puis juste devant moi une Buse variable sans doute affamée qui course une Tourterelle. Alors que je photographie cette scène tant bien que mal, la Tourterelle réussit à s’extraire de ce piège en volant en rase-mottes et entre les arbres. Baho est là et le premier sujet patrimonial se présente sous les traits d’un très joli oratoire dédié à la Vierge Marie au début de la rue des Rouges-Gorges. Une rue au nom assez paradoxal aujourd’hui puisque si je parviens à photographier encore des oiseaux, il s’agit ici de Pouillots et d’Etourneaux sansonnets essentiellement. Je poursuis la rue des Rouges-Gorges pour finalement m’arrêter à hauteur d’une école primaire y découvrant une stèle commémorant la Révolution Française. Je reviens sur mes pas et retrouve le canal de Vernet à Pia puis je continue dans la rue du Moulin Sainte-Anne. Le patrimoine plus ou moins ancien se dévoile peu à peu : le château d’eau, une très vieille plaque indiquant que la « mendicité est interdite dans les Pyrénées-Orientales », un lavoir, un autre canal et une agouille puis c’est la place de la Fontaine, avec sa fontaine bien sûr, mais aussi son clocher-tour, son fort, son Arbre de la Liberté, énorme platane au tronc et au houppier impressionnants car planté en 1839 et enfin un joli trompe-l’oeil. Les photos se succèdent mais c’est loin d’être fini car un passage est franchi permettant d’accéder à la partie la plus ancienne de la cité avec son fort, son église Saint-Vincent et ses étroites venelles typiques de ce qu’était parfois « une cellera ». Un ludique panonceau en conte l’Histoire en catalan et en français. « 1700 » annonce une gravure au dessus du porche. Ma curiosité m’entraîne dans deux « carreros », c'est-à-dire dans des impasses. Dans la deuxième, celle de Saint-Vincent, j’y découvre par chance la fameuse gravure « 1663 » à même une façade, gravure mentionné sur le Net mais jamais vu en photo. Je suis ravi de cette trouvaille. Ici, dans ce secteur de la « cellera », on ne peut pas ne pas remarquer que de nombreuses façades ont été bâties avec des galets de rivière mais aussi avec ses fameuses briques rouges que l’on appelle « cayroux », ces matériaux étant bien sûr typiques de l’architecture catalane et ce depuis des lustres. Il en est ainsi de l’église mais aussi de l’ancienne mairie, puisque je vais constater un peu plus tard qu’un bâtiment très moderne tient cet office désormais. Les plaques des rues toutes en faïence sont joliment décorées et parfois il y en a même deux, une en catalan et une deuxième en français. Je continue de flâner tout autour de cette partie la plus ancienne découvrant des nouveautés non inventoriés sur Internet et notamment sur des linteaux de portes et des façades : bas-reliefs, monogrammes, datations et quelques très vieilles plaques publicitaires d’assurances laissant penser qu’il fut une époque où il était prépondérant de mentionner que l’on était bien assurer. Il est temps de ressortir la « liste patrimoniale » de ma poche pour faire le point de ce que j’ai vu et pas vu. Je coche ce que j’ai déjà photographié et descend la rue Nationale en quête de 2 oratoires votifs nichés à même les façades de deux maisons. Elles se font face mais petit problème une niche est vide de sa statuette de la Vierge alors que je me souviens très bien l’avoir vu en photo sur Internet. Bien qu’un peu déçu, je les photographie toutes les deux me disant « qu’il fut un temps où la chrétienté était une valeur primordiale pour bon nombres de citoyens ! » Ce n’est plus le cas ! Je pars musarder dans des ruelles adjacentes pas toujours intéressantes « patrimonialement » parlant, mais y découvrant néanmoins une troisième niche pieuse. Il est plus de midi et je me dis que le temps est passé très vite. Je remonte la rue Nationale car j’ai prévu d’aller manger mes sandwichs dans le parc Jeanne de Guardia. Hors mis son titre de noblesse que me laisse imaginer la particule « de », j’ignore qui est cette dame et malgré mes recherches sur le Net avant de venir, je n’ai rien trouvé à son propos. Je me dis que c’est dommage. Outre l’aspect agréable et reposant du lieu, le parc laisse entrevoir les vestiges d’une étrange colonne, espèce de « vis sans fin» en marbre ou en granit et juste à côté ce qui ressemble aux vestiges d’un vieux moulin ou d’un puits condamné. Guidé par ma curiosité, une fois encore, je me dis « il faudra que tu cherches une explication ! » Je déjeune de mes sandwichs dans une solitude sans nom et seulement au son des voitures qui passent derrière moi dans la rue Nationale. Au fond de moi, je me dis « quel dommage et quelle tristesse que cette pandémie de Covid ! » puis « elle a tout tué y compris la vie divertissante d’un parc pour enfants ! » Un parc pour enfants transformé en désert, oui je trouve ça très triste. Il est temps de finir ma visite de Baho par les petites ruelles non encore explorées. Là aussi, je n’y vois personne et les ruelles sont désertes mais il est vrai que c’est l’heure du déjeuner. Devant la belle et moderne mairie, je fais un dernier point de ma liste et constate avec satisfaction que j’ai photographié la totalité du patrimoine que j’y avais mentionné. Il est temps de terminer. Je file en direction du cimetière car je sais que les autres « canaux » que j’ai prévu de longer sont par là-bas. C’est donc vers l’avenue des Corbières que je me dirige. Je passe devant le monumental calvaire, dernier patrimoine non encore vu ni photographié. Là commence l’avenue des Corbières que je connais bien pour y voir des amis. Le cimetière n’est guère plus loin. Au sein ce dernier, je suis d’abord attiré par le Monuments aux Morts où la plaque commémorative indique entre autres victimes, un De Guardia Jean, ce qui tend à prouver qu’il s’agit d’une famille implantée depuis très longtemps à Baho. Puis, je me contente de quelques caveaux imposants car à vrai dire ce n’est pas ma partie patrimoniale préférée. Je ressors du cimetière en partant à gauche, le contourne en empruntant une première allée toujours à gauche puis une autre à droite longeant un fossé. En réalité, si je regarde mon bout de carte, il s’agit d’un ruisseau du nom de Rec del Viver. Si le fossé est quasiment à sec, un groupe de pinsons l’occupe et à mon approche, il s’envole dans de grands feuillus qui le dominent. Quelques spécimens se laissent gentiment photographier. Idem un peu plus loin avec des serins dont un seul, d’un jaune flamboyant, se laisse photographier. Un mâle. Après être passé derrière les jardins de jolies villas, je n’ai pas d’autres choix que de suivre un sentier filant à gauche entre le mur des dernières maisons, un autre fossé et une haute haie de ronciers. Je ne le sais pas encore mais ce sentier m’entraîne hors de la ville et vers la route bitumée du Chemin de Latour. La haie retenant plusieurs fauvettes, je mets en quête de tenter de les photographier. Mais la tâche est ardue et dès lors que je sais que j’en ai une, je me remets en route. Là, c’est déjà la campagne et carrément la fin des dernières maisons. D’ailleurs un dernier fossé encadre l’ensemble des derniers lotissements. Un coup d’œil sur la carte IGN me permet de savoir qu’il s’agit de « l’Agulla del Pla » à la fois bétonné et souterrain par endroits. Je quitte définitivement Baho par le chemin de Baixas, laissant d’ailleurs l’asphalte à la première occasion en continuant tout droit dans la garrigue. Un sentier permet de s’élever sur un petit plateau dénommé Pla des Forques. Après avoir cheminé une pinède, j’en retrouve une autre de l’autre côté de la D.616, route qu’il faut traverser avec beaucoup d’attention car les voitures y roulent vite. Là, il faut poursuivre le Chemin d’En Destros bitumé menant vers un passage à gué sur le ruisseau de la Boule et la ruine imposante du mas Cramat. Voilà très longtemps que je ne suis plus venu par ici et je me souviens d’un temps très lointain où mon fils ; un gamin à l’époque ; venait y jouer avec ses copains. Je visite le mas en ruines en quête d’une information quand à son Histoire et à sa destinée mais je ne trouve aucun élément évocateur. Je laisse l’asphalte et emprunte un chemin se dirigeant vers le lieu-dit Cau de la Guille. Ici, quelques petits passereaux jouent entre garrigue et vignes. Ils me stoppent un bon moment. Je repars. Là, je l’avoue, je marche sans trop savoir ce qui m’attend. Finalement, je finis par comprendre que l’itinéraire que je poursuis ne fait que le tour de cet immense vignoble. De ce fait et dès la première occasion qui m’est offerte je le quitte en enjambant un nouvelle fois le ruisseau de la Boule, qui par bonheur est là aussi complètement asséché à cet endroit. Me voilà de nouveau devant une autre grande parcelle plantée de vignes qu’il me faut traverser. J’observe les lieux et finis par les reconnaître. Je sais où je suis. Je sais aussi qu’en traversant ce vignoble, le chemin que j’emprunte est le plus court menant à Saint-Estève et donc chez moi. Je ne rentre pas immédiatement profitant de la dernière pinède du Bois Joli et d’un banc, lequel bien à propos, me permet de terminer un reliquat de casse-croûte et de prendre un peu de repos. Cette pause est d‘autant plus agréable qu’un rouge-gorge, des rouges-queues noirs et une bergeronnette ont apparemment envie de se laisser « tirer le portrait » et ce, sans être trop farouches. Ainsi se termine cette magnifique journée que j’ai remplie au-delà de mes espérances matinales. Il est 15 h heures et je connais un peu mieux Baho et son patrimoine. Il ne me reste plus qu’à approfondir son Histoire. Internet sera-t-il là pour m’aider ? Y a t il des ouvrages qui l’évoquent ? Je me promets de chercher. Quand à la Nature, si pour moi elle continue à être un livre ouvert, je sais déjà que je ne pourrais jamais le lire entièrement. Telle que racontée ici en en partant de mon domicile, cette balade a été longue de 11 km environ, flâneries dans Baho incluses. Les montées cumulées sont dérisoires car de 65 mètres environ. Carte IGN 2548 OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.
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Urbanya, 5 août 2020. Il est 6h30. Assis sur le canapé avec mon plateau repas sur les genoux, je déjeune devant la TV comme je le fais parfois. Si je dis parfois, c’est parce qu’assez souvent je déjeune plutôt sur la terrasse, surtout quand il fait très beau comme c’est le cas aujourd’hui. En réalité, aujourd’hui, rien n’est comme d’habitude. Mon sac à dos est déjà prêt et je m’apprête à partir pour une balade qui doit m’amener au « Roc et au Bac de Torrelles (*) ». Voilà déjà plusieurs jours que je me prépare à cette longue randonnée sans doute pas facile pour mes vieilles jambes. Il y a 6 ans déjà, en août 2014, je m’étais rendu dans ce secteur de la montagne conflentoise pour une randonnée que j’avais intitulée « Le Canal d’Urbanya ». Si j’ai envie d’y retourner, ce n’est plus pour le canal que je connais désormais mais parce qu’à l’époque, ce Bac de Torrelles, je l’avais décrit comme un « sanctuaire ornithologique ». En effet, j’y avais aperçu tant d’espèces différentes de passereaux que c’était le seul vocable que j’avais trouvé pour décrire ce lieu de rassemblement avien. A l’époque, le zoom de mon appareil-photo ne m’avait pas permis de photographier tous ces oiseaux comme je l’aurais voulu. D’ailleurs, autant l’avouer, on ne photographie jamais les oiseaux comme on le veut ! Depuis, j’ai changé d’appareil et j’ai donc envie d’y retourner. Ça c’est la première raison. La deuxième, c’est que je constate d’années en années qu’il y a de moins en moins de passereaux à Urbanya et dans ses alentours. Je sais que cette situation est générale mais je ne me fais pas à cette idée de voir disparaitre les oiseaux et plus globalement la faune quelle qu’elle soit. Ici à Urbanya, je marche quand même beaucoup, je fais constamment ce constat et je veux aller voir s’il se vérifie également à une altitude plus élevée. Comme vous l’aurez compris, je veux consacrer l’essentiel de cette longue excursion à photographier les oiseaux mais par expérience je sais qu’il n’y aura pas que ça ! Comme toujours, le plaisir de marcher sera là et les occasions de découvrir bien d’autres choses aussi. Voilà pour les objectifs.
Alors que je me lève du canapé et regarde vers la porte d’entrée, je suis intrigué, car au travers de la vitre et du rideau qui la protège, je crois voir un chat que je ne connais pas. Il est entrain de manger dans la coupelle des deux chats que nous gardons. Les deux nôtres sont Kiwwie, la chatte de ma fille, et Flip le chat du vacher Philippe. Tous les deux sont très noirs et celui-ci est roux. En réalité, et alors que je m’approche de la porte, je constate qu’il ne s’agit pas d’un chat mais d’un renard sans doute très affamé. Il est d’un roux plutôt clair. Par bonheur, mon appareil-photo est posé sur un meuble, je m’en saisis et peux immortaliser cette image insolite d’un renard mangeant sur le balcon. Il est temps que je parte car l’itinéraire que j’ai programmé est long, difficile et probablement incertain, car en 6 ans, les parties hors-pistes, hors chemins et hors sentiers balisés risquent d’avoir quelque peu évolué défavorablement. Dans nos montagnes, les débroussaillages ne sont plus ce qu’ils étaient il y a quelques années. Je le constate régulièrement sans pour autant me l’expliquer. De plus, photographier les oiseaux nécessitent que je m’attarde très souvent, et bien évidemment, cet état de fait est peu compatible quand il y a une longue distance à parcourir. Enfin, à partir du pic Lloset (1.371 m), j’ai décidé d’éviter les pistes et d’enchaîner avec le pic de la Moscatosa (1.457m) et le Roc de Peirafita (1.535 m) en montant direct puis en longeant les clôtures. Si je connais bien tous ses modestes sommets, je sais qu’il faut très peu de temps pour que la végétation reprenne ses droits. Je ne crois pas si bien dire ! Un bisou à Dany et je démarre. Il est 7h tapantes. Le vallon d’Urbanya est encore à moitié dans la pénombre. Dès les premiers mètres, une couleuvre à échelons arrête mes pas. Elle est immobile contre un mur. J’ai tout loisir de la photographier. Je la titille du bout de mon bâton de marche mais elle semble insensible. Finalement et alors que je m’y attends le moins, elle part se réfugier entre les pierres d’un muret. Je démarre vraiment. Un peu plus haut, quelques papillons et surtout plusieurs oiseaux m’arrêtent encore me faisant déjà mentir quant à leur raréfaction. Je l’avoue, je suis indécis quant à cette balade et au reportage que je dois en faire. D’un côté, j’ai une envie folle de photographier un maximum d’oiseaux et de l’autre, ma crainte est que si j’y parviens, mon reportage soit contraire à ce que je constate le plus souvent, c’est-à-dire une forte diminution de leur contingent. Cette longue montée vers le pic Lloset, je la connais bien. J’en connais chaque secteur et sais où je peux éventuellement photographier chaque espèce d’oiseaux. Si les moineaux, les rouges-queues noirs et les merles ne dédaignent pas les habitations et donc la proximité de l’homme, les épineux sont les repaires des fauvettes, tariers et autres accenteurs. Les bruants et les traquets ont une nette préférence pour des buissons plus élevés, style hauts genêts et buissons à baies. Les pinsons, les gobe-mouches et les bouvreuils préfèrent les arbres légèrement plus hauts sans distinction. Les mésanges sont plus sélectives selon les espèces, certaines préférant les feuillus et d’autres les résineux. Idem pour les roitelets. Les pics, les geais et les sitelles sont plus enclins à faire leurs nids au faîte des arbres les plus hauts d’une forêt. Encore que cette règle soit constamment contredite car aucun oiseau ne rechigne à évoluer parterre s’il y trouve une nourriture à son goût. La nourriture parlons-en, car il y a des insectivores, des frugivores, des granivores et des omnivores. Ces derniers que l’on peut également qualifier d’opportunistes sont les mieux préparés pour affronter des conditions climatiques contraires à leurs habitudes. Ajoutons à ces différents aspects, le fait que certains oiseaux sont seulement visibles à certaines altitudes, d’autres préfèrent la proximité de secteurs rocheux, d’autres vivent dans des zones humides, d’autres ne sortent que la nuit, etc… Oui, rien n’est jamais simple quand on veut photographier les oiseaux, mais je sais surtout qu’il faut marcher avec discrétion, silence et bien sûr constamment aux aguets. C’est donc en essayant de respecter au mieux toutes ces conditions que je m’élève vers le pic Lloset. Après la ferme de Philippe, la chance est avec moi sous les traits d’un chevreuil que je réveille mais qui finalement s’arrête pour me regarder avant de rebondir de nouveau. Cet arrêt lui aurait été fatal si j’avais été chasseur. Cette fois, il s’en tire à bon compte et aura sa « bobine » dans mon diaporama. En cette saison, la végétation étant fournie quel que soit l’étage montagnard, le nombre d’observations d’oiseaux et la chance de réaliser une belle photo sont des paramètres que l’on ne peut pas maîtriser mais seulement favoriser en respectant du mieux possible les conditions précitées. C’est ce que je fais avec plus ou moins de bonheur sans négliger le reste de la faune mais également la flore que j’aime à recenser en toutes saisons car je ne suis jamais à l’abri d’une agréable surprise. C'est le cas notamment avec une campanule blanche jamais vue jusqu'à présent et une mauve alcée plutôt rare par ici. Il est 9h20 quand j’atteins la crête à proximité du pic Lloset. J’estime à une quinzaine le nombre de clichés d’oiseaux, sans pour autant en connaître la qualité. Si un tiers est réussi je serais satisfait. Le clou de cette montée étant toutefois un deuxième magnifique chevreuil qui s’est immobilisé longuement sur la piste à une trentaine de mètres de moi me laissant toute latitude pour l’immortaliser. Ici, je délaisse la piste qui continue à droite, enjambe la clôture et me dirige vers le tout nouveau pylône dont j’ai appris qu’il avait été installé par Bouygues pour développer son réseau mobiles. Je le rejoins et poursuis tout droit en direction du pic de la Moscatosa. 3 oiseaux sortent des graminées et vont se jucher dans les grands sapins dominant la piste. Je m’y dirige. Il s’agit de grives musiciennes et c’est avec bonheur que je parviens à photographier la plus visible qui a fait le choix de se poser vers le bas du sapin le plus proche. Rien de notable jusqu’au pic de la Moscatosa or mis quelques papillons et un imposant criquet du nom d’Ephippigère des vignes. Si la faune et la flore agrémentent ma randonnée, les paysages grandioses vers les massifs du Canigou, du Coronat et du Madres ne sont pas en reste. Je ne m’en lasse pas. Vers le nord, la vision approximative mais lointaine que j’ai du Roc de Torrelles ne me décourage pas. Il est tôt et j’ai la journée devant moi. Rien de notable non plus dans la descente très boisée du pic de la Moscatosa or mis de nombreux papillons dans les rares parties en clairière et donc moins ombragées. Il suffit de longer la clôture pour rejoindre un chemin qui monte vers le Roc de Peirafita. Ici, et comme je le craignais, la végétation a repris ses droits. Depuis 2014, aucun débroussaillement n’a été entrepris et les genêts s’étant puissamment développés en hauteur et en largeur, ils forment une barrière presque infranchissable. Si je dis « presque », c’est parce qu’à force d’insister dans les trois directions envisageables, je finis par trouver une vieille clôture faite de gros pieux et de fils de fer. Dès lors que je la franchis, tout redevient normal. Très vite, les genêts laissent la place à un nouvelle forêt de résineux où s’égayent d’innombrables pinsons. Finalement, j’atteins la clairière où le Correc de la Pinosa et le canal d’Urbanya font une jonction. Il est 11h30. Dans ce lieu isolé, la présence d’une imposante pelle mécanique m’interpelle. Pas pour longtemps, car dès lors que j’emprunte le petit sentier longeant le canal, je comprends très vite que l’engin est là pour le réhabiliter. Je ne sais pas si ce travail est compliqué mais je ne vois pas dans cette nouvelle rigole une grosse différence avec celle que j’avais suivie en 2014. Bien au contraire. Elle est un peu plus large certes mais l’eau n’y circule pas plus mais surtout le sentier qui suivait le séculaire canal qui était plane et rectiligne, n’est désormais qu’une masse informe faite de glaise, de grosses pierres et de mottes de carex. Les parties encore planes et régulières sont rares et quand ce n’est pas le cas, l’emprunter équivaut à cheminer de petites montagnes russes inconfortables car peu stables voire carrément glissantes et « casses-gueules ». Au fur et à mesure que j’avance, mon constat est toujours le même : l’eau n’y circule pas mieux et pas plus. En tous cas pas aujourd’hui. Pourtant le printemps a été relativement pluvieux. Pour atteindre le Bac de Torrelles, à l’endroit même où ce lieu-dit devient une zone humide, je mets le double de temps par rapport à 2014 et ce, sans que les oiseaux en soient vraiment les responsables, même si leur présence est constamment là. Dans cet enchevêtrement peu aisé à arpenter, ma seule satisfaction est de voir des oiseaux. Il est midi et si les oiseaux sont certes présents, je ne retrouve pas ni en nombres d’espèces ni en nombre tout court, le « sanctuaire ornithologique » de 2014 ! Je détiens la preuve que l’avifaune se raréfie à tous les étages montagnards. Indifférent à ma présence, une Buse variable traverse le petit vallon du bac sans s’arrêter, ce qui signifie peut-être que son garde à manger est situé ailleurs. A l’ombre d’un grand pin à crochets et face au Canigou, je stoppe pour piqueniquer. Alors que j’ai d’abord choisi cet endroit comme étant le plus sec possible, en quelques minutes, il devient un bel et inattendu observatoire. Pinsons, tariers, fauvettes, accenteurs, mésanges, pouillots, bruants, gobe-mouches et linottes tournoient autour de moi et de cet « arbre de vie » de manière inespérée. Tous ne se laissent pas photographier facilement mais peu importe je suis satisfait de les observer. Pour preuve, dès lors que le piquenique est terminé et que je pars patauger dans les tourbières, tout devient plus compliqué car les passereaux se font plus discrets. Je me rattrape un peu avec la flore discrète de cette zone humide. 13h15, Il est temps de me mettre en route vers le Roc de Torrelles. Je continue à suivre le ruisseau de Torrelles jusqu’à ce qu’il devienne un étroit mais fougueux torrent descendant dans le vallon. J’allume mon GPS pour en retrouver le tracé que j’y ai enregistré. Ici, ce tracé est censé suivre des pointillés c’est-à-dire un sentier que j’ai observé sur la carte IGN, mais malheureusement même en respectant ce dernier il n’y a rien de concret sur le terrain. La carte IGN de mon logiciel CartoExploreur datant de 1997, elle est devenue obsolète et depuis, les pins ont tout envahi. Je comprends immédiatement qu’il ne faut pas que je continue dans cette voie et surtout qu’il faut que j’arrive à m’extraire de cette partie trop boisée. Je m’élève un peu et finis par trouver un semblant de sentier. Il se faufile dans un bois moins dense et surtout il finit par apparaître comme un vrai sentier, certes pas fréquenté du tout par les hommes et uniquement par des animaux, mais peu importe, il est bien visible sur cette pelouse faite de très bas genêts et de fétuques. Dans les Pyrénées, ces petits sentiers sont parfois appelés « caminoles », quant à ces graminées, il s’agit du très présent « gispet » (Festuca eskia ou flavescens). Le « gispet » pousse en mottes. Autant dire que cheminer ce sentier tout bosselé est aussi compliqué sinon plus que les monticules de glaise du canal. Mais mon objectif final, c’est-à-dire la crête du Bac de Torrelles étant toute proche, je ne désespère pas de l’atteindre. De plus, l’endroit étant fréquenté par plusieurs Becs croisés des sapins et quelques fauvettes huppées, le temps passe plus vite. En 30 minutes, c’est chose faite, sauf que j’ai loupé le Roc de Torrelles que j’aperçois juste en contrebas à une centaine de mètres. Un coup d’œil sur mon GPS et je ne suis pas à 1.745 m d’altitude comme l’indique mon bout de carte IGN mais bien 91 m plus haut à 1.836 m exactement sur un éperon rocheux sans nom. Une fois encore peu importe car mon objectif était d’abord d’atteindre cette ligne de crête où les vues s’entrouvrent de manière incroyablement grandiose sur la vallée de Nohèdes et tous ses alentours. Sur ma droite, l’horizon lointain est constitué d’un petit bout de la chaine pyrénéenne qui se détache au-dessus du col du Portus. Plus près le Puig d’Escoutou et le Pic Pelade, déjà gravis en d’autres occasions. En dessous, le Pic de la Creu avec à son pied l’Estany del Clot à peine perceptible. Devant moi, le Mont Coronat, dont j’ai une représentation encore jamais vue sous cet angle, et surtout plus imposante et massive que toutes celles aperçues jusqu’à à ce jour. Au loin, la Méditerranée, l’éternel et majestueux Canigou. Sur ma gauche le pic de Portepas. Enfin autant d'endroits plus ou moins faciles que j'ai déjà cheminés un jour mais également une grande partie du parcours effectué ce matin (Lloset, Moscatosa, Peirafita). Juste au-dessus le Roc de l’Aigle et ses 1.931 m que j’avais envisagé un instant de gravir avant de me raviser car j’estimais qu’il ne m’apporterait rien de plus si ce n’est une déclivité supplémentaire. Bien m’en a pris car après m’être octroyé une demi-heure de repos, me voilà déjà sur le chemin du retour. Est-ce la répétition de ce sentier très bosselé mais je n’ai pas fait 100 m qu’une violente douleur surgit dans l’aine côté gauche ? Ma jambe gauche est quasiment paralysée, je ne peux la tendre ni poser le pied à terre. Je m’allonge sur l’herbe, bois une grande gorgée d’eau et attend 5 minutes. La douleur s’estompe puis disparaît. Je repars avec une inquiétude certaine. A juste titre, car 30 m plus loin c’est autour de l’aine droite avec une douleur similaire. Re-repos, nouvelle gorgée d’eau et je repars une deuxième fois pour 100 m de mieux. Nouvelles douleurs mais cette fois dans les deux aines simultanément. C’est quoi ces douleurs ressemblant à des tendinites ? Là, je me dis que je suis mal barré, tout seul et nulle part au milieu de la montagne même si mon smartphone dort au fond de ma poche. J’y jette néanmoins un coup d’œil et comme je m’y attends souvent en pareil cas, seuls les appels d’urgence sont joignables. Pourtant une amie vient de m’appeler par erreur 20 minutes auparavant. C’est incompréhensible et c’est bien la peine d’avoir pris un forfait Bouygues, ce même Bouygues qui vient d’installer un pylône au pic Lloset à quelques kilomètres à vol d’oiseau me dis-je ! J’essaie de positiver en oubliant un éventuel appel au secours, de garder mon sang-froid et m’allonge une nouvelle fois. Plus longtemps cette fois-ci. 15 bonnes minutes. Les gorgées d’eau se succèdent et par bonheur, j’ai encore de l’eau en quantité suffisante. Les aliments également. Les douleurs disparaissent très vite une fois encore mais je fais le choix d’attendre quelques minutes de plus. Un Bec croisé femelle vient se poser à quelques mètres de moi et m’observe comme pour me défier. Je n’oublie pas que je suis là en partie à cause de lui. Je le photographie puis redémarre. Plus prudemment que jamais, posant mes pieds bien à plat autant que c’est possible. Les douleurs ne reviennent pas. L’heure a tourné, tourne encore mais il n’est que 14h15 quand je retrouve la rivière de Torrelles. Je me dis que si les douleurs ne reviennent plus, j’ai largement le temps de retourner à Urbanya, même à cloche-pied. Je fais le choix de transformer ma flânerie habituelle en un « train de sénateur » que j’espère « thérapeutique ». J’ai l’âge pour ça ! Je fais également le choix de ne plus sortir de l’itinéraire normal même pour photographier la faune. Ça c’est plus difficile et ce d’autant plus que pour la première fois, j’aperçois deux lézards au Bac de Torrelles. Probablement des « vivipares » au regard de leur aspect plus ramassé que celui du Lézard des murailles. Je ne résiste pas à les suivre pour tenter de les photographier. Un seul aura le privilège de faire partie de mon bestiaire. Idem pour un Bruant fou qui sort de son bain et vient se sécher au soleil sur une branche dénudée. Ce sont mes derniers écarts et dès lors que les tourbières puis que le canal d’Urbanya se présentent, je ne peux plus guère faire le fou. Ici la prudence est de mise si je ne veux pas retrouver ces douleurs qui m’étaient jusqu’à présent inconnues. Je réveille un dernier cervidé mais celui-ci échappe à mon appareil-photo me laissant juste son arrière-train comme ultime souvenir. Je termine le canal sans problème et je fais le choix de continuer à descendre en suivant le Correc de la Pinosa. Je sais que c’est la manière la plus courte pour couper le Bac éponyme et retrouver la piste forestière la plus proche et surtout la plus praticable. Celle de la Fajosa. A 15h40, c’est chose faite. Définitivement rassuré, je finis mon casse-croûte au bord de la rivière Urbanya tout près de la jolie citerne DFCI. Immanquablement, cette citerne me rappelle mon Tour du Coronat effectué en 2007. Joliment peinte en vert avec des dessins d’animaux, sanglier et cerf notamment, à l’époque c’était la toute première que je la voyais. La suite et la fin sont presque sans intérêt tant j’avais fait du Roc et du Bac de Torrelles mes objectifs majeurs. Sans les embroussaillements nombreux, sans les difficultés répétitives en longeant le canal puis sur les gispets, sans mes douleurs aux aines et avec une avifaune aussi présente qu’en 2014, j’y aurais sans doute passé une heure voire une heure et demi de plus. Quantitativement, j’ai vu moins de passereaux mais plus d’espèces même si certaines n’ont pas été observées. C’est le cas de pipits, de roitelets, de grimpereaux, de pies-grièches et d’alouettes aperçus en 2014. C’est aussi le cas des bruants proyers qu’à l’époque j’avais vu en grand nombre sur la crête des pics Lloset et Moscatosa. C’est donc avec un sentiment mitigé que je termine ce vagabondage « perso ». Si j’écris « vagabondage perso », c’est parce que ce parcours n’est pas une vraie randonnée même si en terme de décors, il mérite largement que tout randonneur y consacre une belle journée. Pour moi, cette journée se termine en une sorte d’apothéose ornithologique. En effet, alors que je rejoins ma petite maison, des milliers d’hirondelles des fenêtres ont choisi le ciel d’Urbanya et surtout les grands frênes et noyers qui sont juste devant ma maison comme étapes à leur long voyage qui va les entraîner sans doute vers l’Afrique sub-saharienne. En conclusion, et même si la raréfaction des passereaux que j’appréhendais était fondée, je vais garder ces belles images très encourageantes de milliers d’hirondelles tournoyant dans le ciel d’Urbanya. Il est 17h50. J’ai été sur les sentiers pendant 7h50. Telle qu’expliquée ici, la distance parcourue a été de 19,5 km pour des montées cumulées de 1.458 m. Le dénivelé a été de 961 m entre le point le plus bas à ma maison d’Urbanya à 875 m d’altitude et la ligne de crête atteinte au-dessus du Roc de Torrelles à 1.836 m. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.
(*) Toponymie et étymologie du nom « Torrelles » : Il semble que cette toponymie ne pose guère de difficulté. C’est ainsi que la page de Wikipédia consacrée à la commune de Torreilles on peut lire ceci : « Ce nom apparaît dès 956 sous la forme Turrilias. Du xe au xiie siècle, cette graphie coexiste avec Torrelias. En 1122, on trouve aussi la forme actuelle en catalan, Torrelles.
De nos jours, en catalan, le nom de la commune est Torrelles de la Salanca.
Étymologie
La Torre désigne bien sûr une tour ou un ouvrage défensif, mais aussi par extension toute maison rurale dotée d'une tour de refuge. Le suffixe latin -ellu (que l'on retrouve aussi dans le nom de Saleilles, à proximité) est un diminutif. Mis au pluriel sous la forme Les Torrelles, le nom peut alors désigner un ensemble de petites fermes équipées de tours défensives ou de refuge.
Sur son site Internet et toujours à propos de Torreilles, l’historien Jean Tosti confirme plus précisément cette idée en indiquant qu’« on a affaire à des petites tours (en français tourelles), sans doute un groupe de petites fermes ayant chacune son propre système défensif.
Dans son ouvrage « La colonisation agricole romaine à travers les toponymes des Pyrénées Orientales », Henri Guiter nous apprend que plus avant (de métairies romaines proches de la côte méditerranéenne) se trouvaient des ouvrages de signalisation ou de protection du rivage « Torrilias en 898 provenant de Turriculas ». Outre les définitions précitées, le Dicolatin nous apprend que le mot « Turricula » désigne un « pigeonnier ». De ce latin « turricula », le français en a tiré l’adjectif « turriculé » qui signifie « qui a l’aspect d’une petite tour » en évoquant des coquillages.
Notons enfin que lorsque on tape « torrelles » dans Google recherche, le premier site qui se présente est dédié à des communes espagnoles situées toutes les deux en Catalogne et dans la province de Barcelone. Elles ont pour noms Torrelles de Foix et Torrelles de Llobregat. En espagnol « Torrellas ». Si dans l’étude rapide que j’ai réalisée de ces deux communes, rien ne précise l’origine de leur toponymie, notons que le blason de la première est constitué de 2 tours noires crénelées sur un fond bleu et que sur le blason de la seconde sont visibles 3 tours bleus toujours crénelées sur un fond jaune. De manière surprenante, ce blason est quasi similaire à celui de Torreilles que l’on peut trouver sur Wikipédia dans la page consacrée à l’Armorial des communes des Pyrénées-Orientales. Sans contestation aucune, le nom « torrelles » a bien pour origine de « petites tours défensives ». Nohèdes et Urbanya n’ont apparemment pas de blason.
Le Roc et le Bac de Torrelles étant situés sur la commune de Nohèdes, aucune indication dans l’Histoire de cette commune nous laisse supposer la présence de petites tours défensives voire de fermes équipées d’un système de protection. Néanmoins, en longeant le canal dit d’Urbanya, on peut constater la présence de murets, de cabanes et de cortals en pierres sèches. Il y en a quelques autres dans les proches alentours. S’agit-il là de ces fameuses « torrelles » désormais effondrées ou plus simplement de vestiges d'un pastoralisme d'antan ? La question reste posée ! Rappelons-nous toutefois que se protéger a toujours été un des besoins fondamentaux de l’Homme. Dès lors que ce dernier a su élever un habitat, ce besoin a été exprimé dans les diverses architectures : oppidum, castellum, turris sont des mots reflétant ce besoin constant quelque soit l’époque.
Enfin, si l’Histoire de Nohèdes vous intéresse vraiment, sachez qu’elle a été parfaitement contée et résumée par divers historiens. On y apprend par exemple qu’il y aurait eu un village plus important que celui de Nohèdes mais qu’il aurait disparu lors d’une catastrophe naturelle. Nos « torrelles » auraient-elles disparues à cette période elles aussi ? Voici les liens vers leurs sites Internet :
Ce diaporama est agrémenté de le très jolie musique "Planet" du pianiste virtuose Sofiane Pamart
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En ce 18 octobre 2019, je dois aller récupérer ma petite-fille Eulalie chez ses parents qui habitent Gruissan. Mais comme elle sort de l’école à 17 heures et que rien ne presse, j’ai plusieurs heures à tuer. J’ai donc décidé de partir beaucoup plus tôt vers l’Aude et Gruissan et de combler la majeure partie de l’après-midi en effectuant une boucle qui s’intitule « La Capoulade ». Pour moi, cette petite randonnée pédestre présente de très nombreux avantages : Elle est très proche de Gruissan, elle est donnée pour une modeste distance de 6 km et le temps de 1h45 et surtout elle côtoie l’étang de Gruissan sur une belle portion, ce qui me permet d’espérer la vision de très nombreux oiseaux. Quand je dis « vision », il faut entendre « photos ornithologiques » et donc passion à assouvir en plus de celle de marcher. Il y a 2 ans, en septembre 2017, j’avais réalisé « le Sentier thématique tour de l’étang de Gruissan » et malgré un temps exécrable, j’avais été ravi des oiseaux aperçus. D’ailleurs, ce jour-là, c’est la mauvaise météo avec un petit crachin intermittent mais très désagréable qui m’avait empêché d’enchaîner le tour de l’étang et la Capoulade. J’avais remis à plus tard cette dernière et courte boucle, espérant un temps plus clément. Aujourd’hui, j’y suis et malgré quelques nuages gris passagers, le temps est bien meilleur. Ce n’est pas un grand soleil mais la température est douce et idéale pour marcher. Seule une luminosité imparfaite me fait redouter un reportage photos imparfait lui aussi. Venant de l’écluse de Mandirac et juste après le pont éponyme, il est 14h15 quand je gare ma voiture sur un terre-plein à l’intersection de la D.32 et d’un chemin menant aux Pujols, lieu-dit situé sur l’île Saint-Martin. Je connais un peu l’endroit pour y avoir déjà randonné. En face, j’aperçois déjà le pont métallique qui enjambe le Canal de Sainte-Marie et je sais que le départ est juste après. Alors que je traverse la route, quelle n’est pas surprise d’apercevoir deux cigognes dans un fossé contigu. Elles sont un peu loin de moi mais tant pis je m’essaie à quelques photos. En zoomant sur elles et en les observant, j’ai comme le sentiment qu’elles sont affamées et cherchent pitance. D’ailleurs, j’en vois une se saisir d’une grenouille. J’essaie de m’approcher mais elles m’ont vu et s’envolent aussitôt au dessus des roselières. Je traverse la route puis le pont métallique et le panonceau « Capoulade » est là, sans autre mention que la distance qui m’attends : 6.000 mètres. Ce dernier matérialise à la fois le départ et l’arrivée du circuit. Sur ma droite, la Capoulade, petit massif calcaire et boisé culminant à des hauteurs d’une cinquantaine de mètres et de l’autre des marais envahi par un végétation impénétrable de joncs et de rares plantes essentiellement maritimes. Si mon départ est d’emblée ponctué par quelques photos de fleurs et d’insectes ; papillons et libellules presque essentiellement ; quelle n’est pas ma surprise d’enchaîner un bel oiseau posé sur un jonc mais surtout, au bout d’une centaine de mètres de me faire attaquer par une magnifique couleuvre de Montpellier d’un bon mètre vingt de longueur. Je la surprends sur ma droite entrain de sortir d’une petite cavité de calcaire. Mais comme elle me surprend autant que j’ai pu la surprendre, alors que je fais un pas en arrière, elle détale dans l’herbe et dans mon dos. Dans ces conditions, pas facile de la photographier malgré la dextérité dont je pense faire preuve. Appareil-photo enclenché, je m’avance alors vers elle mais cette fois-ci au lieu de détaler, elle s’avance vers moi, dressée sur sa queue, la gueule grande ouverte et en émettant des petits « pffi » très saccadés et rapides mais suffisamment dissuasifs pour que je recule une seconde fois mais de 2 ou 3 pas cette fois-ci. Malgré cette reculade, j’ai conscience d’avoir appuyé plusieurs fois sur le déclencheur. La couleuvre, elle, consciente de l’effet qu’elle a eu, file dans les roselières où elle disparaît. Ma première réaction est de m’éloigner de quelques mètres car si j’ai déjà aperçu des couleuvres de Montpellier à 4 ou 5 reprises lors de mes sorties, c’est bien la toute première fois que j’en vois une se dresser tel un cobra et faire preuve d’autant d’aplomb. Ma deuxième réaction est de regarder sur l’écran de mon appareil si j’ai des photos réussies. La plupart sont troubles car l’excès de mouvements leur a été fatal. Une seule semble à peu près correcte. Je repars en redoublant de vigilance et en me disant « je verrais bien à la maison ! ». Par bonheur, le chemin s’élargit, entre dans une pinède habitait par des pinsons, longe une vigne, s’éloignant ainsi pour quelques temps des marais. Dès lors que le chemin retrouve la proximité des joncs, je me remets presque automatiquement en mode « surveillance » et ce d’autant que le calcaire de la colline, avec ses nombreuses petites cavités karstiques, le côtoie lui aussi. Mais ce mode « surveillance » ne dure pas longtemps d’abord parce que ma curiosité reprend le dessus et puis surtout parce que de temps à autres des paysages s’entrouvrent ressemblant comme deux gouttes d’eau à des aquarelles de Turner. Alors je profite au maximum de cette douceur de vivre. Un mirador m’offre l’occasion de voir plus loin au dessus des marécages et j’ai la chance avec moi car des oiseaux les occupent. Un soleil liquoreux, quelques nuages entre des gris et des bleus dans un ciel opalescent, quelques rares couleurs plus chaudes, des ruines, une maison ocre aux volets bleus se cachant dans une végétation pas encore automnale, les perspectives et les mouvements sont là, mais je serais bien incapable d’en expliquer les raisons car je suis seul au monde et tout paraît immobile. Après avoir constater que les pins d’Alep avaient amplement remplacé les cultures en terrasses de jadis, je suis arrivé au lieu-dit Les Cabanes de Gruissan. En grandes parties ruinées, les maisons ne m’attirent que parce que j’y aperçois de nombreux passereaux. Des rouges-queues noirs sont bien présents sur les toitures et les murs mais bien d’autres oiseaux aussi occupent des arbres complètement dénudés ou bien de grands cyprès. Même de loin, je les aperçois super bien ! Je tente de les photographier puis je me dis que j’ai un peu de temps devant moi pour me mettre en planque, utiliser mes appeaux et voir si quelques photos moins lointaines de tous ces volatiles sont possibles. Je trouve presque le coin idéal dans une ruine sans toiture au dessus de laquelle quelques arbres sont complètement desséchés. Guère plus loin, un grand cyprès a des airs de sentinelle. J’utilisent deux appeaux presque simultanément et attends. Un appeau est dédié aux pinsons et aux chardonnerets et l’autre un peu passe-partout est plutôt fait pour les « petits oiseaux ». Enfin, ça c’est ce qui est marqué sur les emballages. En tous cas, les effets sont si spontanés que j’en suis même à me demander si les appeaux y sont pour quelque chose ou bien si plus simplement les oiseaux se complaisent ici ? Je ne vais pratiquement plus les utiliser et pourtant les passereaux vont et viennent sur les lieux et parfois même en de grandes nuées. C’est le cas des chardonnerets notamment. Mais serins, verdiers, linottes et pouillots sont de passage aussi. A mon grand plaisir, je reste presque une heure à photographier de nombreuses espèces mais malheureusement un groupe de randonneurs bruyants arrive faisant fuir cette avifaune si diverse. Me voilà contraint de sortir de ma cachette mais malgré tout très satisfait de cet arrêt aux Cabanes de Gruissan, même si pendant ce laps de temps quelques moustiques se sont évertués, mais en vain, à tenter de me faire déguerpir. Comme on le dit chez moi à Marseille, je repars content mais avec quelques grosses « bouffigues ». Les randonneurs toujours bruyants, eux, partent dans le sens opposé et ça me convient aussi, bien que je comprenne aisément que la convivialité et le partage soient présents dans une sortie en groupe. Ici, le sentier se redresse et quitte la proximité des marais en entrant dans une pineraie. Par la force des choses et parce que cet entracte ornithologique si fabuleux était inespéré, la suite du parcours devient plus monotone. Cette monotonie se transforme même en consternation quand au loin, du côté de Capitoul et de son château viticole, j’aperçois les vignobles et les pinèdes saignés à blanc par des bulldozers et des camions de chantier. En zoomant avec mon numérique, je constate que le chantier en question consiste en la construction d’un vaste lotissement de petites maisons qui seront probablement réservé à une clientèle touristique. En regardant ce désastre environnemental, je me dis « est-ce bien utile et raisonnable pour le plaisir de quelques uns et l’appétit financier de quelques autres de construire de pareils centres de vacances au sein même d’un site protégé, celui des Auzils, et d’un parc régional de la Narbonnaise auxquels les pouvoirs publics ont eu le culot d’ajouter le qualificatif de naturel ? » « Pourquoi laissent-ils faire ça ? » « Que deviendra la Nature quand inexorablement ces zones touristiques s’étendront sans vergogne parce quele but recherché sera de gagner de plus en plus d’argent ? ». Voilà quelles sont mes pensées. Je continue. Le sentier alternant pins, garrigues et vignobles, il devient moins uniforme et donc moins rébarbatif, et ce d’autant que quelques fleurs, papillons, criquets et oiseaux aiguisent une fois encore ma curiosité. Il est encore moins ennuyeux dès lors que des panoramas aériens s’entrouvrent vers l’île Saint-Martin et l’étang de Campignol. Près d’un poste de chasse en pierres sèches donnant sur ces magnifiques paysages, j’ai le sentiment d’être au point culminant de cette courte boucle. Au loin, j’aperçois ma voiture que j’ai garée sur le terre-plein mais comme une autre véhicule est désormais garé juste à côté, je ne suis qu’à moitié rassuré. Je pensais que l’endroit choisi était plutôt isolé et ce n’est pas le cas. Je repars, éliminant immédiatement cette mauvaise pensée irraisonnée. Peu de temps après, le regard surplombe l’étang de Gruissan avec en toile de fond, la vieille cité dominée par la Tour Barberousse. Là, un mauvais layon très raviné descend vers une intersection. Le hameau de la Capoulade est là et je vois que je peux l’atteindre par un étroit sentier filant à droite. J’y file et l’atteins très rapidement. Entourée de grotesques clôtures, car si facile à enjamber, je n’y découvre rien de vraiment folichon : deux caravanes, des matériels agricoles, une serre et puis surtout plantées sur une petite butte, quelques vieilles bâtisses ramassées sur elle-même entouré de vignobles et de champs labourés. Sans doute, une ferme dont je n’ose pas m’approcher. Primo parce que je n'y ai pas été invité, secundo car je ne vois personne et que règne un étrange silence, et tertio parce que malgré le silence ambiant, j’ai toujours peur qu’un molosse ne déboule sur moi comme cela m’est déjà arrivé à plusieurs reprises. Seuls quelques moineaux sympas se laissent tirer le portrait. La clôture, aussi ridicule soit-elle, me semble électrifiée et signifie sans doute « vous n’êtes pas le bienvenu ». Alors je fais le choix de repartir par le même sentier sans m’éterniser. Je retrouve l’intersection dont quelques cyprès qui l’occupent en son centre sont les terrains de jeu de nombreuses mésanges bleues. Après un quart d’heures passé à tenter d’en immortaliser au moins une, force est de reconnaître que le seul « bleu » ici c’est moi. « Bleu » de la photographie ! Dans le ciel, des oiseaux passant en « V » me font vite oublier cette vicissitude. Ici une large piste m’entraîne vers le lieu-dit Saint-Laurent. A partir de là et jusqu’au bord de l’étang de Gruissan, or mis une mésange bleue que je réussis enfin à surprendre photographiquement parlant, le cheminement devient plus ennuyeux, d’abord parce que le ciel s’ennuage de plus en plus, colorant complémentent de gris l’infime partie qu’il restait du ciel bleu, et puis surtout parce que je n’y réalise que peu de découvertes intéressantes. La flore présente a déjà été vue, quand à la faune, elle se résume à une instable fauvette et à des tariers qui ne le sont pas moins, tous, ayant décidé de me « faire tourner en bourrique ». Quelques pinsons espiègles s’éloignent de moi en jouant « à saute-amandiers » et « à saute-oliviers ». « Je ne vais quand même pas refaire le chemin en sens inverse parce que quelques passereaux sont fantasques ! » me dis-je. Après avoir traversé un vignoble, je retrouve le bord de l’étang. Ce que j’y découvre me rappelle pour beaucoup « le Sentier thématique tour de l’étang de Gruissan » réalisé en 2017. Même flamants, hérons, aigrettes, goélands, et mêmes cormorans. J’y ajoute en sus les mêmes tariers-pâtres que je réussis enfin à immortaliser. Dans ce bestiaire ornithologique quasiment identique, seuls quelques foulques macroules, un surprenant huîtrier-pie et un cisticole des joncs viennent m’offrir un peu de nouveautés. C’est sur toutes ces photos que va se terminer ma balade ? Il n’est que 17 h mais comme le soleil s’engloutit dans un brume opaque, le ciel paraît crépusculaire. J’enjambe la passerelle métallique et file vers ma voiture. Sur le terre-plein faisant office de parking, huppe dressée, un cochevis semble me dire « et moi, tu ne me prends pas en photo ? ». En me voyant, il se met à courir vers le marais mais s’arrête juste avant dans les salicornes. Je l’ajuste, appui sur le déclencheur mais sa huppe est déjà tombée. Il s’envole. Plus loin, dans l’étang de Campignol, un Grand héron est absorbé dans sa partie de pêche. Même en me voyant, il hésite à s’envoler. Sans doute que la pêche est trop bonne ? Je tente une dernière approche. Il s’envole. J’ai fait le vide dans le secteur. Il ne me reste plus qu’à aller chercher Eulalie chez ses parents. Telle que décrite ici, cette balade a été longue de 7,1km pour des montées cumulées très modestes de 154 m. Carte IGN 2546 OT Narbonne Top 25.
Ce diaporama est agrémenté de la musique de Johann Pachelbel, extraite de l'album "Forest Garden"
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AVERTISSEMENT : Avant de vous lancer dans ce circuit de ma composition, je vous conseille vivement de lire cet article car des difficultés voire des impossibilités peuvent se présenter au fil du parcours. Il est donc impératif de faire un repérage et notamment au niveau du Correc de la Bola. Il est évident que comme pour toutes mes autres randonnées, je décline toutes responsabilités en cas d'incident ou d'égarement.
Avec ce « Circuit de l’Eau de Saint-Estève », je réalise enfin un de mes desseins. Depuis 1978 que j’habite la commune, j’avais le désir d’inventer une balade pédestre qui réunisse et satisfasse plusieurs de mes centres d’intérêts. Je ne voulais pas tomber dans le travers d’un circuit au sein de la garrigue ou dans les vignes avec comme seuls objectifs suivre des murets en pierres sèches ou observer des paysages ruraux et des panoramas lointains. Non, je voulais réunir plusieurs de mes passions. Passion pour l’eau et toute la vie naturelle qu’elle est capable d'enfanter, d’attirer et de maintenir. Passion bien sûr pour mes centres d’intérêts que sont la marche, la photo, l’ornithologie et la Nature plus globalement, et enfin passion pour ma commune, son centre historique mais aussi ses alentours que je n’ai eu de cesse d’arpenter à pied ou à vélo. Inutile de préciser que vous ne trouverez ce circuit dans aucun guide de randonnées, qu’il n’est recensé par aucun organisme, office touristique, administration ou collectivité locale, qu’il n’est pas balisé, ni même indiqué et qu’il est strictement personnel. D’ailleurs, je mets en garde le lecteur dans la nécessité que la « Boule » soit à zéro pour accomplir ce circuit tel qu’expliqué ici. La « Boule » ou « Correc de la Bola » sur la carte I.G.N, c’est le principal ruisseau qui sépare les communes de Saint-Estève et de Baho, et quand je dis « à zéro », c’est l’obligation qu’il soit asséché car il nous faudra le traverser à un moment donné. Loin s’en faut, ce « Correc de la Bola » n’est pas le seul cours d’eau que nous cheminerons mais les autres ne poseront pas de problèmes de franchissement. D’ailleurs amusez-vous à regarder une carte I.G.N de cette région roussillonnaise du Ribéral et vous y verrez énormément de « bleus ». Ces lignes bleutées sont des « correcs », des « recs », des béals, des ravins, des « agullas ou agouilles », des canaux, des ruisseaux, des fossés, des buses, des chenaux, j’en passe et des meilleurs. Le meilleur le plus proche étant bien sûr le fleuve « Têt », car toutes les eaux du secteur finissent par y affluer. Tous ces aménagements naturels ou artificiels sont là avec un but principal : « que l’eau s’écoule ». Qu’elle s’écoule surtout de manière satisfaisante et sans causer de dégâts aux populations et à leurs biens. Les autres attraits de l’eau de surface sont l’irrigation et son pouvoir de pénétration à rejoindre les eaux souterraines, celles que l’on consomme chez soi. Avec les dérèglements climatiques et toutes les inondations que l’on voit « fleurir » un peu partout, les communes sont désormais très attentives aux ruissellements et aux déplacements des eaux de surfaces que l’on appelle parfois et assez paradoxalement « eaux superficielles ». Tu parles de superficialité ! Que l’eau présente des signes de débordements et voilà les mairies en état d’alerte. Celle de Saint-Estève ne fait pas exception à la règle et la vigilance est de mise dès que les pluies s’annoncent diluviennes. Paradoxalement, cette balade, que j’ai déjà accomplie à plusieurs reprises, je la démarre devant un lieu où l’eau n’est pas une priorité, sauf à y mettre un peu de Ricard dedans : « le Bar le Concorde » sur la D.616. On traverse la route et on est directement confronté à un petit canal. Ce canal, c’est le « Rec del Vernet de Pià », canal d’irrigation qui récupère diverses eaux sur le territoire du Soler pour terminer sa course à Pià après avoir traversé le quartier perpignanais du Vernet. Long de 18km, c’est probablement à ces deux derniers lieux qu’il doit son nom. Avec son petit air « moderne » car amplement bétonné, on a du mal à imaginer qu’il date du 10eme siècle (l’an 900 selon les archives départementales) et irrigue toute la région depuis ce temps-là. Il a même fait tourner quantités de moulins aujourd’hui disparus. On le suit en passant derrière les premières maisons de la rue Arago puis on le poursuit en restant constamment sur sa rive gauche. Assez souvent, on regrettera les détritus en tous genres qui l’encombrent ou flottent au fil de son lit. L’eau n’a pas de déchets par nature et l’être humain est seul responsable de ce que l’on trouve désormais dans toutes les eaux, que ce soit dans les mers ou dans les rivières. Un travail civique reste encore à faire et les associations responsables des canaux se désolent d’autant d’incivisme et d’irresponsabilité, et ce d’autant qu’elles manquent de moyens et de solutions efficaces. Lotissements de villas sur la droite, jardins potagers sur la gauche, le centre de Saint-Estève s’éloigne mais nous aurons l’occasion d’y revenir au retour. On remarque au passage les quelques vannes qui permettent d’irriguer les jardins maraîchers, les serres et autres vergers. Les décors changent très vite. Sur la droite, le club de tennis et ses terrains et sur la gauche, toujours de vastes champs potagers et des exploitations agricoles. Ces exploitations maraîchères deviennent la règle. Le canal, lui, est encadré d’immenses arbres. Platanes, peupliers et bouleaux multiséculaires offrent un ombrage agréable à ce début de balade. Pour certains, la vie s’est terminée sous la scie de tronçonneuses et leurs souches encore présentes permettent d’évaluer leur âge. Ceux-ci sont morts mais certains font de la résistance et voient leur énorme pied bourgeonner. Pour moi, ce canal, ces grands arbres et ces biotopes bien différents sont synonymes d’une avifaune composite très intéressante. Il serait bien trop long de faire une liste des oiseaux visibles dans ce secteur mais les pigeons, tourterelles, moineaux, merles, pies, mésanges, étourneaux, bergeronnettes et rouges-queues noirs sont de très loin les plus visibles et donc les plus communs. A l’approche du « Correc de la Bola », ce biotope change encore. Les cyprès, ronciers, roseaux, cannes de Provence et autres joncs viennent remplacer les grands feuillus. D’autres oiseaux y trouvent le bonheur : fauvettes, rousserolles et pouillots par exemple. Le canal et le sentier débouchent sur un gué qui enjambe la « Boule ». A la fois pont et aqueduc, un système d’écluse équipée d’une vanne permet une éventuelle dérivation des eaux du canal vers le ruisseau. Si une passerelle et le canal continuent vers Baho, une autre passerelle offre la possibilité de remonter le cours de la Boule. C’est cette option qu’il faut choisir même si un aller-retour vers Baho reste toujours possible et parfois très intéressant car ce tronçon étant moins emprunté, les oiseaux aquatiques y trouvent un milieu plus tranquille et donc mieux adapté à leur nidification. Affluent de la Têt, la « Boule » est un petit ruisseau naturel qui a été aménagé avec un haut enrochement permettant la régulation de son cours lors de crues éventuelles. Assez souvent, il est asséché partiellement voire totalement. Il faut remonter le ruisseau, traverser la D.616 et le poursuivre toujours sur sa rive gauche. Après la D.616, un élargissement de la Boule a été opéré très récemment, ce qui permet de le longer assez facilement. Cet élargissement ajouté à la faible profondeur du ruisseau et à la présence de roseaux, joncs et autres cannes de Provence est propice à une avifaune parfois bien différente. C’est ainsi que j’ai eu l’occasion de photographier plusieurs échassiers comme des aigrettes, des hérons ou bien encore de petits limicoles mais aussi de très colorés martins-pêcheurs. Il faut dire que ce ruisseau accueille divers batraciens et insectes dont se régalent de très nombreux oiseaux. Dès lors que les premières maisons apparaissent de l’autre côté du ruisseau, il faut envisager de le traverser. Si le niveau de l’eau ne le permet pas, il n’y aura pas d’autre solution que de rebrousser chemin et d’interrompre la balade car aucun passage piétonnier n’est présent. Si le ruisseau est asséché, il faut utiliser avec prudence les enrochements les plus saillants comme des marches, marches certes rudimentaires mais il n’y a pas d’autre alternative que de grimper par là en s’aidant des mains et des pieds. Si vous n’avez la dextérité suffisante ou si vous ne pouvez pas vous faire aider, renoncez à le faire et n’allez pas plus loin. Si vous y parvenez, vous débouchez sur une allée rectiligne bordant quelques luxueuses villas. C’est une courte portion terminale du Chemin des Aloès. Il faut l’emprunter en partant à gauche. Quelques mètres plus loin, il faut prendre à droite et monter une autre allée. Dès son début, elle est barrée de deux rambardes. Cette allée clôture la dernière maison et s’élève vers le lieu-dit « Cau de la Guilla ». Elle débouche sur un large chemin rectiligne, avec sur la droite une haie de cyprès et un profond fossé très souvent asséché, et sur la gauche des champs en jachères et des vignobles. Il faut marcher jusqu’à la terminaison de ces vignobles puis en arrivant sur une route bitumée, il faut tourner à droite direction La Pinède. Le fossé se poursuit à gauche dans la pinède jusqu’au cimetière sud. Le fossé se termine et se perd dans une buse de ciment mais on le retrouve à droite face à l’entrée du cimetière. Ici, on a le choix entre marcher au sein de la pinède ou bien longer la large piste contiguë au fossé, les deux itinéraires étant parallèles et séparés par une nouvelle haie de très hauts cyprès. C’est cette dernière option que je choisis en général car les cyprès sont très souvent favorables à l’hébergement de pinsons, serins et autres chardonnerets, quand au maquis qui se trouve côté « Mas de la Garrigue », il est susceptible d’accueillir une avifaune encore plus diversifiée : petits rapaces, coucous-geai, pies et tous les petits passereaux aimant se retrouver dans les landes broussailleuses. C’est ici que j’ai aperçu la très rare Fauvette à lunettes sans jamais réussir à la photographier correctement. La pinède, elle, a très longtemps abrité une quantité incroyable d’écureuils roux mais un peu moins depuis quelques temps. Ce circuit se prolonge par le parcours sportif puis rejoint la D.45 et enfin l’étang. Lieu de fraîcheur festif, de loisirs, sportif et de détente, on y trouve le « Théâtre de l’Etang » et le complexe médical de la Pinède. Pour moi, l’étang est surtout synonyme d’avifaune certes mais de faune tout court. La plupart d’entre vous n’y verront que des moineaux, colverts, cormorans et autres mouettes rieuses mais quand on s’intéresse à la Nature stéphanoise en général comme je le fais depuis plusieurs années, on peut y distinguer une incroyable quantité d’espèces bien différentes. Cela va du très visible ragondin au discret Martin-pêcheur en passant par bien d’autres passereaux, poissons, écrevisses, serpents et autres tortues. Certaines espèces ne sont pas là innocemment et ont été introduites par des aquariophiles irresponsables et insouciants qui voulaient se séparer d’un animal devenu trop encombrant. C’est le cas de l’écrevisse de Louisiane visible sur les grèves de sable ou bien de la tortue de Floride que l’on peut voir sur les rochers les jours de fortes chaleurs. Les deux belles américaines sont invasives et donc nuisibles pour les autres espèces. L’eau de l’étang se déverse dans le « Correc de la Corregada » et c’est ce ruisseau qu’il nous faut suivre désormais. Ce correc marque la limite actuelle de la zone industrielle de la Mirande et un sentier le longe parallèlement sur la droite. Pour moi, ce tronçon est probablement l’endroit où j’ai photographié le plus grand nombre d’oiseaux migrateurs bien différents. Il serait bien trop long de tous les lister ici mais ça va de la Gallinule poule-d’eau à la Grive musicienne en passant par des coucous-geai et une variété incroyable de rapaces et de passereaux très originaux. Originaux car assez souvent, on ne s’attend pas à les trouver ici. Il est probable que ce lieu entre Torremilla et La Mirande soit un lieu de passage propice à la migration car les d’oiseaux s’y distinguent parfois en de très grands rassemblements. En tous cas, cette « Plaine de Torremilla » est inscrite à l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) comme une Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF). Assez sauvage, on y rencontre de nombreux papillons et j’y ai même aperçu ce qui m’a semblé être une loutre et plus sûrement un lièvre, des lapins de garenne et deux magnifiques faisans. Il est vrai que ce jour-là, jour de chasse, j’entendais les détonations toutes proches des fusils et que je n’ai pas donné cher du plumage de ces deux superbes volatiles. Après les derniers bâtiments industriels et les dernières villas, il faut continuer à longer la « Corregada ». Le ruisseau devient plus tortueux mais le sentier qui le longe existe toujours mais devient plus incertain car la plupart du temps embroussaillé. Il se faufile dans une steppe de graminées, de fenouil et hauts genêts. D’ailleurs, le correc disparaît lui aussi dans une végétation exubérante où les joncacées, buissons, boqueteaux et grands arbres se partagent l’espace. Une fois encore, une extraordinaire avifaune y trouve un environnement favorable et ce malgré l’aspect « dépotoir » que le ruisseau présente parfois tout au long de son parcours. Plus loin, le sentier se transforme en un large chemin. Sur la gauche, un étrange paysage ocre de dépressions, de tertres et de falaises d’argiles se dessine. Ces zones temporairement mouillées accueillent une faune et une flore remarquables et parfois très difficiles à distinguer, en raison même de cet aspect humide passager et parfois très éphémère. C’est le cas de l’ Oedicnème criard, un oiseau rare et désormais très menacé d’extinction. C’est le cas aussi d’une étonnante et minuscule crevette au doux nom de Tanymastix stagnalis, étonnante car si elle vit dans l’eau, elle doit son existence à la sécheresse ambiante où ses œufs sont capables de survivre très longtemps et au repos dans l'attente d'une pluie bienfaitrice. Ici, et de ce fait, on regrettera que des fans de VTT, moto-cross, quads et autres buggies y trouvent des terrains de jeux à la hauteur de leur passion pour la vitesse et les montagnes russes. Cet endroit est pourtant le lieu de nidification du plus beau de nos oiseaux de France, le sublime et fragile Guêpier d’Europe. La femelle coucou-geai y niche aussi mais a pour habitude de parasiter le nid d’une pie bavarde afin de lui confier ses œufs, la pie devenant ainsi et involontairement une mère adoptive malgré elle. Ce lieu mériterait donc qu’on le protège et qu’on en réglemente l’accès à tous ces fous du guidon et du volant, et ce d’autant que ce lieu sert trop souvent aussi de décharge sauvage à ciel ouvert. Sur la droite et droit devant, les décors sont bien différents avec de grands espaces consacrés à des panneaux photovoltaïques, à des serres agricoles, à des oliveraies et à des vergers. Dès lors que l’on aperçoit les voies routières de l’autoroute La Catalane et de la Nationale 9, il est temps de penser à revenir vers Saint-Estève en empruntant le Chemin dit d’Estagel et du Vernet. Devant le Mas éponyme, on délaisse définitivement la Corregada qui part se perdre dans Perpignan tout proche. La boucle se referme pour ces eaux-là mais pour nous le chemin est encore long jusqu’au « Bar le Concorde ». Première longue ligne droite jusqu’au lieu-dit Mas Romeu. Malgré l’asphalte de cette route, l’eau n’est pas perdue pour autant. Il y a toujours des fossés d’évacuation des eaux pluviales. En outre, le Mas Romeu est un vaste domaine agricole entouré et traversé d’eaux grâce à un système d’irrigation. On tourne à gauche en direction de l’entrée de Saint-Estève et de son carrefour sur la D.616, le but étant de rejoindre la ligne de départ en retrouvant le « canal del Vernet à Pià ». Le canal traversant diverses propriétés privées, on n’a pas d’autre choix que d’entrer dans Saint-Estève en longeant la D.616 et Saint-Mamet puis on emprunte le rue François Mitterrand afin de le retrouver plus loin. Au passage de Saint-Mamet, rien n’interdit de faire un petit détour pour partir à la découverte de la belle chapelle éponyme. Elle date de 1750 mais a été remarquablement restaurée. Au bout de la rue Mitterand, le canal est à nouveau là, sur la droite. Ponts en briques rouges et barrages à vannes jalonnent son parcours. Sous l’ombrage des platanes et des palmiers, le centre-ville arrive vite, avec sa belle mairie, récemment rénovée et avec son clocher civil rococo et couleur jaune d’œuf. Il y a un centre ancien avec de jolies ruelles et de vieilles portes en arcades mais c’est surtout l’église paroissiale Saint-Etienne qui mérite un détour. Elle le mérite d’autant plus qu’elle est le seul vestige encore en bon état de l’ancienne abbaye fondée au IXeme siècle mais aujourd’hui disparue. Ancienne abbatiale, elle a subi de profondes transformations au fil des siècles et notamment son clocher et sa façade. C’est bien ici qu’il faut chercher l’origine de son nom catalan et médiéval de « Sant Esteve del Monestir » c’est à dire « Saint-Etienne du Monastère ». L’église n’est pas très loin de la rue Arago et donc de la ligne d’arrivée. Cette balade telle qu’expliquée ici a été longue de 13 km environ. Moi, dans ce reportage, et pour découvrir un autre itinéraire, je me suis retrouvé dans une propriété privée. Alors bien sûr, ne le faites pas ! Si vous avez trouvé cette balade bien trop longue et qu’une petite soif se présente à l’arrivée, vous avez toujours la possibilité d’aller vous désaltérer au « Bar le Concorde ». Vous y trouverez moyennant finances bien d’autres boissons bien plus rafraîchissantes que les eaux de ce circuit, pourtant très agréable ! Carte I.G.N 2548 OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.
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A l’origine, la Soulsoure, Solsora (*) sur les cartes était le nom d’une modeste agouille (carte cadastrale) et celui d’une petite zone marécageuse située entre la cité de Saint-Hippolyte et l’étang de Salses-Leucate. L’agouille traversait le site et de ce fait, l’appellation était commune. L’agouille a été aménagée en canal et a pris le nom de son célèbre concepteur Pierre-Paul Riquet. C’est une vieille histoire dont l’origine date de 1686(**). Aujourd’hui la Soulsoure, c’est surtout le nom d’une bande littorale de 49 ha protégée par un plan de gestion dans lequel un grand nombre d’institutions et d’acteurs sont parties prenantes. Plus simplement, il s’agit d’une vaste zone humide ayant un intérêt écologique et environnemental primordial. Le circuit pédestre que je vous propose ici est bien connu des marcheurs, promeneurs et coureurs hippolytains mais si vous devez y aller aussi, sachez qu’il nécessite un respect capital du milieu dans lequel vous aurez à circuler. Eux le savent mais les visiteurs pas toujours. Si ça vous chante, vous pourrez l'allonger à votre guise car les chemins sont nombreux tant vers l’intérieur des terres que vers l’étang de Salses. Vers l’étang, vous pourrez l’agrandir en partant vers le nord-ouest et vers Salses en direction du hameau de Garrieux par exemple. Vers le nord-est, vous serez un peu plus limité à cause de la presqu’île de La Coudalère. Dans cette dernière direction, le terrain militaire dit de Saint-Laurent-de-la Salanque constituera une contrainte qu’il vous faudra impérativement contourner ou précéder (comme nous l’avons fait) pour revenir vers la ligne de départ. La deuxième contrainte est bien évidemment l’Etang de Salses lui-même mais ça je suppose que dès lors que vous aurez regardé le tracé sur la carte I.G.N, vous aurez compris qu’aller au-delà de cette limite, c’est la garantie d’une baignade certaine ! Si l’été, ça ne pose pas ou peu de problème, en janvier, l’idée même d’un simple bain de pieds peut être mal perçu. C’est pourtant ce que nous avons failli connaître au cours de cette balade. Oui, vous l’aurez compris, l’objectif principal de cette balade est de longer une belle partie de la bordure de cet étang et autant que possible de profiter de cet environnement insolite et sauvage. Flore et faune vous y attendent mais les deux sont fragiles. Nous, en raison du temps que nous voulions y consacrer, on s’est cantonné à une partie somme toute modeste mais suffisante pour avoir un très bel aperçu de ce que peut être cette Soulsoure. Il y a donc eu le plaisir de marcher avec comme horizon, un horizon changeant et parfois même une absence d’horizon car ici quand il est fait beau mais un peu brumeux, le ciel et l’eau se confondent assez souvent et seuls d’étroits rubans plus sombres encadrent ce paysage tout bleu. Ces rubans sont la terre, avec sur la gauche quelques collines du côté de Salses, les Corbières maritimes, et sur la droite, cette longue et fine langue que constitue la presqu’île lagunaire sableuse de Barcarès-Leucate. Plus près, c’est le blanc qui prédomine avec les barres d’immeubles et les marinas du Barcarès. Marcher est un agréable plaisir mais le faire en y insérant quelques découvertes, c’est bien mieux. Tel était notre deuxième objectif : découvrir ! En la matière, il y a bien sûr les décors, les paysages, l’occupation et l’activité humaine, plus globalement la vie du lieu, sa flore et sa faune mais je ne vais pas vous raconter d’histoires car je suppose que vous commencez à me connaître et parmi ces découvertes il y en a une qui justifie notre présence ici : l’avifaune ! En effet, cette zone comme la plupart de tous les étangs méditerranéens est un haut-lieu de l’ornithologie. Certains oiseaux ne font qu’y passer le temps de s’alimenter et de prendre un peu de repos, d’autres y sont sédentaires et enfin, il y a ceux qui y restent le temps de la reproduction. Venir ici sans pouvoir assouvir ma passion de la photo ornithologique en particulier et animalière en général aurait donc été un sacrilège ! Le départ de la balade s’effectue depuis Saint-Hippolyte. Nous trouvons une place où nous garer à proximité de la très imposante église Saint-Michel avec son superbe clocher et nous remontons le boulevard de la Marine, nous passons devant le tout autant imposant « castell » médiéval qui fait l’angle avec la rue Jeanne d’Arc. Marine, Jeanne d’Arc, j’en suis à me demander de quel bord politique est la commune ? Enfin, peu importe, aujourd’hui le seul front à retenir est le front de mer, enfin celui de l’étang et nous en sommes encore à chercher la cave vinicole qui est la vraie ligne de départ de cette boucle. Nous n’avons pas prévu de visiter le village, qui mérite sans doute un détour plus conséquent au regard de l’Histoire que j’ai pu en lire sur le Net. Voilà l’avenue Paul Riquet que nous recherchons. La cave est là. Nous poursuivons tout droit. Le canal est déjà là. Tout droit lui aussi. Droit comme un « I ». Nous le longeons sur sa berge gauche. Sur sa berge droite, de grands cyprès servent de miradors à une palanquée de grandes Aigrettes tandis que de nombreux étourneaux et tourterelles ont trouvé refuge sur les câbles électriques. Les moineaux semblent avoir une nette préférence pour les tamaris où ils se cachent. Des occasions presque inespérées d’engranger les premières photos ornithologiques. Si la présence des aigrettes s’explique par l’abondance de petits poissons dans le canal, des mulets apparemment, celle des autres volatiles reste plus mystérieuse. Nous poursuivons. Un gros ragondin fait sa toilette. Une première passerelle se présente mais nous en faisons l’impasse car mon bout de carte m’en indique une deuxième un peu plus loin. Les cyprès ont quasiment disparu et ont laissé la place à de grands peupliers blancs et à quelques pins. Les premiers sont effeuillés et quelques oiseaux ont élu domicile au plus haut de leur faîte. En raison des branchages faisant obstacle, ils sont impossibles à photographier. Les Grandes Aigrettes au bec jaune laissent la place à quelques aigrettes garzettes au bec noir et à une multitude de petits passereaux : serins, rouges-queues, gobe-mouches, verdiers, chardonnerets, bruants. Un grand bonheur pour moi de voir tous ces oiseaux alors que nous en sommes à peine à la partie que j’imaginais comme la moins intéressante du parcours. Je ne peux malheureusement pas les photographier tous convenablement. Voilà la deuxième passerelle. Elle fait office d’écluse. Cette fois, il faut traverser et longer la berge opposée. Les grands peupliers disparaissent et laissent la place à une plus grande variété arbustive avec des cannes, des peupliers plus modestes dans leur taille et quelques autres essences. Dans le canal, les roselières se font plus présentes. Elles servent de repères aux gallinules poules d’eau. Une étrange créature vient crever la surface, je la prends en photo mais très vite elle replonge dans les profondeurs du canal. Tortue ? Poisson carnassier ? Serpent ? Je ne saurais jamais ! La photo reste incertaine mais je parierais bien pour un poisson carnassier ou une grosse tortue d’eau. L’étang approche et avec lui, apparaissent les premiers cabanons et les premières barques de la Fount del Port. Très étonnant, ces quelques pieds de vignes au milieu même du canal. Quelle jolie manière de mettre de l’eau dans son vin ou l’inverse ! Une pancarte Natura 2000 présente et explique ce qu’est le « complexe lagunaire de Salses-Leucate » et rajoute qu’il est un « site européen majeur pour la conservation de la biodiversité ». Un grand cormoran dort sur un piquet planté à plusieurs mètres du rivage mais mon insistance à vouloir le photographier semble le réveiller. Il bat lourdement des ailes comme quelqu’un qui étire ses bras après un profond sommeil puis il s’envole en rasant la surface. Désormais, nous longeons le bord même de l’étang en marchant sur un épais tapis d’algues sèches mais fortement imbibées par les pluies des jours précédents. Nous pataugeons et de ce fait, nous sommes contraints de rallier le chemin principal. A regret car quelques échasses occupent les portions sableuses. Le chemin est encadré de ganivelles, ces palissades dont l’utilité est double : freiner les vents de sable et encadrer les déplacements humains. Mais là aussi, les orages de la veille ont créée quelques grandes flaques d'eau pas toujours facile à franchir. Seul privilège à cette entorse obligée, la découverte d’un vraie « barraca », maison traditionnelle du pêcheur construite avec les roseaux du coin et le bois flotté. On continue tant bien que mal jusqu'à atteindre une passerelle sur l’agouille Ventouse. Mais les choses se compliquent car des employés qui travaillent au débroussaillage nous indiquent que nous ne pourrons pas aller plus loin, les eaux de l’agouille ont débordé et ont envahi les chemins adjacents. Nous faisons demi-tour avec dans la tête la quasi certitude que la balade est déjà terminée. On retourne au bord de l’étang et continuons au plus près de l’eau en suivant un jeune homme qui promène son chien. Eux sont carrément dans l’eau ; le chien jusqu’au poitrail et l’homme jusqu’aux mollets, et nous sur la berge mais sans le vouloir, ils nous montrent un itinéraire que nous n’aurions jamais découvert. En effet, nous arrivons à l’embouchure de l’agouille Ventouse où un amoncellement de branchages, de roseaux et d’algues a créé un pont si épais et si solide que nous le chevauchons sans trop de crainte. En tous cas, nous réussissons à franchir l’agouille large de presque 3 mètres sans nous mouiller les pieds. On continue en alternant, les passages sur le rivage ou entre les ganivelles au gré de leur praticabilité. D’autres oiseaux apparaissent : passereaux des roseaux mais aussi des goélands, des mouettes rieuses et quelques autres limicoles. Un petit régal pour moi. La marche devient plus simple même si pour éviter une zone vraiment inondée, elle nous oblige à entrer dans une propriété privée sur quelques dizaines de mètres. Après cette courte infraction, nous voilà désormais sur une portion littorale bien plus praticable. Petits ou grands, les oiseaux de étangs se succèdent : hérons, chevaliers, passereaux. Nous passons devant une villa et quelques minutes plus tard débouchons sur une grande esplanade. Devant nous, le fameux terrain militaire, à droite une route asphaltée et à gauche un immense ponton en ciment donnant sur les flots. J'apprendrais plus tard que ce ponton construit en 1924 et mis en service en 1927 servit de base pour les hydravions du célèbre ingénieur Pierre-Georges Latécoère. Carte à l’appui, j’explique à Dany que l’heure est arrivée de faire un choix : soit prolonger la balade en continuant le littoral puis en faisant le tour du terrain militaire soit prendre la route qui part à droite et qui doit nous ramener à Saint-Hippolyte. Plus pragmatique que moi, elle me réponds que c’est surtout l’heure du déjeuner qui est déjà arrivée et elle file aussi sec vers l’extrémité du ponton, seule « aire de pique-nique » digne de ce nom à ses yeux. Assise au bord du ponton, les pieds ballants au dessus de l’eau, la voilà qui s’installe et se met à manger sa salade face à l’immensité de l’étang. Je fais de même sous le regard inquiet d’un grèbe huppé qui lui aussi est entrain de déjeuner. Enfin, lui en est tout juste à tenter de le pêcher par des apnées successives, longues et de plus en plus éloignées de nous. Avec beaucoup de difficulté, je tente bien évidemment de le photographier. Face à nous l’étang bleuté et au loin sur notre gauche, un Massif du Canigou excessivement enneigé qui vient de surgir des nuages comme un diable à ressort jaillit de sa boîte. Enfoui qu’il était sous de gros cumulonimbus, nous ne l’avions pas remarqué. Après ce frugal déjeuner, je continue à m’adonner au plaisir de la photo pendant que Dany en profite pour un peu de repos sous un soleil suffisamment tiède pour tomber dans une agréable torpeur. Ici, de nombreux passereaux occupent les salicornes, les soudes et autres plantes halophiles poussant à profusion. Quelle n’est pas ma surprise de découvrir pour la toute première fois le si joli « Gorge bleue à miroir ». Il est temps de repartir. Dany a opté pour la formule la plus courte c'est-à-dire celle qui ne fait pas le tour du terrain militaire. Nous prenons la route bitumée D.11h jusqu’à l’entrée du dit terrain. Bien évidement, le fait même de quitter le bord de l’étang rend cette balade moins captivante. Les oiseaux y sont moins nombreux. Seuls quelques étranges tags sur un transfo électrique abandonné, le tableau d’une Vierge Marie jeté dans des décombres qui n'ont rien à faire là et quelques chèvres jouant sur les palettes d’un capharnaüm retiennent l’attention de mon appareil photo. Voir les fossés transformés en dépotoirs et de jeunes cabris et leurs mères juchées sur des palettes et gambader au milieu de bouteilles de gaz me rend plutôt « furax ». Nous arrivons devant la grille du terrain militaire et il nous faut quitter l’asphalte. Ici, nous tournons à droite à hauteur d’une métairie au style résolument catalan, en pierres et « cayroux ». Un chemin y file derrière puis se poursuit de manière évidente tout en zigzaguant. Finalement l’itinéraire devient quasiment rectiligne. Si vous n’avez pas pris la précaution d’un tracé G.P.S, il vous faudra suivre le chemin le plus emprunté. Vous ne pouvez guère vous tromper car c’est à la fois celui qui dispose d’un maximum d’ornières et le plus bourbeux à la fois, les deux allant ensemble à cause de l’activité agricole permanente et des pluies des jours précédents sur un terrain argileux peu perméable. Il traverse des champs en friches, d’autres envahis d’immenses serres plus ou moins abandonnées mais surtout, il pénètre ce qui fait la richesse du pays salanquais, c'est-à-dire le maraîchage, les vergers, les vignobles et l’élevage équin ou ovin. Tout au bout, ce chemin débouche sur la départementale D.11, laquelle à droite retourne vers le centre de Saint-Hippolyte. Nous retrouvons notre voiture après 3h30 sur ce « Circuit de la Soulsoure ». La balade se termine après une dizaine de kilomètres parcourus, le « trackback », c'est-à-dire le tracé de mon G.P.S enregistré en marchant, m’annonçant 10,099 km, pour un dénivelé quasiment nul de 3 mètres maxi. J’ai photographié une bonne vingtaine d’oiseaux d’espèces bien différentes mais ce chiffre, il faudrait le multiplier par trois pour obtenir un recensement fidèle des oiseaux réellement aperçus au cours de la balade. Carte I.G. N 2548 OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.
(*) La Solsora : En français le Soulsoure est le nom de la « Soude commune », en latin « Salsola soda », le mot « salsona » ayant pour origine le nominatif « salsus » signifiant « salé ». Il s’agit d’une plante halophyte et succulente dont on tire depuis des siècles le fameux carbonate de soude ou carbonate de sodium par combustion de ses cendres, élément essentiel dans la fabrication du verre et du savon.
(**) Le canal Paul Riquet de Saint-Hippolyte : En 1666, sous le règne de Louis XIV et grâce à un édit de Colbert, commencent les premiers travaux du « canal royal du Languedoc ». Sous la férule de Pierre-Paul Riquet, les travaux durent une quinzaine d’années et sont motivés par le souhait de faciliter le commerce, du blé notamment. En 1789, les révolutionnaires lui donnent le nom de « canal du Midi ». Bien plus tard, entre 1838 et 1858 et après le creusement définitif du « canal de la Garonne », l’ensemble devient le « canal des Deux-Mers ». Si l’idée de relier la Méditerranée à l’Atlantique date de l’antiquité mais a sans cesse été reprise au fil des différentes couronnes, on peut citer Auguste, Néron, Charlemagne, François 1er, Charles IX ou encore Henri IV, deux siècles auront presque été nécessaires pour parvenir réellement à concrétiser ce projet d’une voie navigable entre les deux mers. Entre ces deux dates, une multitude d’autres projets de canaux secondaires seront imaginées par divers ingénieurs au gré des intérêts commerciaux, des guerres à répétition, des signatures de traités, des périodes de paix, des nouveaux conflits, de nouveaux accords, etc, etc....Si certains verront le jour, l’insuffisance de finances et le désintérêt soudain pour un projet qui paraissait essentiel quelques années auparavant sont les principales causes de nombreux avortements. Il en est ainsi de ce qui devait être le canal du Roussillon dont Vauban était le promoteur. Quand on évoque Vauban, on pense inévitablement stratégie et systèmes de défense et bien évidemment l’idée de relier le Roussillon au canal royal du Languedoc par un autre canal est d’abord militaire. Nous sommes en 1686 et il faut se rappeler que le comté du Roussillon vient d’être annexé au royaume de France par le traité des Pyrénées de 1659, au même titre que d’autres régions pyrénéennes espagnoles comme le Vallespir, le Capcir, le Conflent et une partie du comté de la Cerdagne, pour ne citer que les plus proches de Saint-Hippolyte. Cette région essentiellement d’origine catalane est dans une période de grande instabilité et pour Vauban, les aspects sûreté et sécurité sont primordiaux. Il est important de réprimer le moindre antagonisme, la moindre opposition, de faire face à d’éventuelles représailles venant du royaume d’Espagne. C’est ainsi qu’en 1686 est creusé le canal de la Robine dont le prolongement après Port-la-Nouvelle doit rejoindre l’étang de La Palme puis celui de Salses-Leucate, lequel une fois traversé reliera Perpignan par un canal démarrant à proximité du village de Saint-Hippolyte. Les agouilles étant nombreuses dans le secteur, on peut supposer que les ingénieurs ont utilisé une petit cours d’eau voire une source existante débouchant au lieu-dit la Font del Port (la Fontaine ou la Source du Port en français) : la Solsora (*) sans doute. Il faut se souvenir que depuis toujours les salines étaient nombreuses à proximité de Saint-Hippolyte dont l’appellation Sant Hipolit de la Salanca, nous rappelle que les « salanques » c'est-à-dire les « Terres Salées » étaient habituelles dans ce secteur. Voilà donc le principal projet du canal dit du Roussillon tel qu’il est repris par l’ingénieur Antoine Niquet après la mort de Riquet en 1680 et même si d’autres ébauches (vers Rivesaltes et l’Agly, Canet et Port-Vendres, les Fenouillèdes et les Corbières) ont été un temps envisagées, la plupart restent soit trop peu rationnelles soit carrément utopiques. Les travaux de ce canal du Roussillon commencent un peu partout et le creusement du canal de Saint-Hippolyte débute en 1691 mais par absence de budgets et diverses autres raisons (risque de guerre devenu caduc avec l’Espagne, opposition des héritiers Riquet, désintérêts commerciaux dus aux progrès routiers et maritimes, etc…) la plupart de toutes ces entreprises ne seront jamais menées jusqu’à leur terme. Il faut noter que le canal de Saint-Hippolyte prendra le nom de Riquet alors que ce dernier est déjà mort depuis 1680 quand commencent les travaux en 1691. On peut donc supposer qu’il s’agit d’un hommage, d’un souhait ou d’une exigence des héritiers car il a été le premier à coucher sur le papier, l’idée même d’un canal reliant l’étang à la commune. Après deux ans de creusement, le projet est abandonné mais la liaison entre le village à l’étang est terminée. Ce tronçon de canal n’aura jamais l’usage initial qui était militaire ni commercial mais, puisqu’il court jusqu’à l’étang, il va permettre d’assainir l’intérieur des terres en proies aux marécages et aux inondations régulières diminuant ainsi les nombreux risques liés aux maladies infectieuses qui en découlent depuis toujours, tant pour l’homme que pour la faune. En effet, avec le canal et les autres agouilles Capdal, Ventouse, du Trial et leurs réseaux, les eaux de sources et de pluies peuvent désormais être drainées vers l’étang. L’Etat français cédera le canal à la commune qui diminuera sa taille, aménagera ses berges et sera chargée de son entretien et de sa protection. Voilà un condensé des différentes lectures que j’ai pu faire sur le sujet mais si vous voulez l’approfondir, je vous conseille la lecture du livre de Gilbert Larguier « Découvrir l’Histoire du Roussillon XIIe-XXe siècle » parue aux Presses Universitaires de Perpignan en 2010, on y évoque beaucoup le Canal du Roussillon et un peu ce tronçon hippolytain.
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Cette fois, j’ai laissé mes godillots de marche au placard, j’ai chaussé mes baskets et j’ai enfourché mon VTT pour une belle journée ensoleillée et sans vent sur le Canal de la Robine (*) (ou Roubine sur certaines cartes), site classé par l’Unesco au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Bien sûr, les 17 kilomètres qui séparent Port la Nouvelle, où plus précisément l’île de Sainte-Lucie (réserve naturelle) à Narbonne sont parfaitement réalisables à pied y compris pour les plus téméraires qui voudraient se lancer dans un fastidieux aller-retour. Mais le chemin qui longe le canal est un véritable plaisir pour les « cyclistes du dimanche » comme moi : la piste est très roulante, il n’y a pas de côtes à franchir, aucun dénivelé important et tout en promenant, l’aller-retour se réalise très facilement sur une courte journée. De plus, les paysages sans cesse renouvelés dans des décors d’une grande douceur (photo) permettent d’oublier très rapidement la distance. Outre le canal où l’on peut observer une faune et une flore diverse et variée, les habitations, les bateaux, les trains, les étangs, les marais salants, les écluses, les rizières ferons de ce parcours un véritable « chemin du bien-être et de la découverte ». Quelques coups de pédale supplémentaires mais sans contrainte et le bout de ce chemin du bonheur sera Narbonne pour une visite indispensable de la belle ville audoise. Alors n’hésitez plus, montez sur votre vélo et faites tourner les roues vers cette fortune que représente le Canal de la Robine. Seuls quelques moustiques et une forte tramontane pourraient contrarier vos desseins ! Carte IGN 2546 OT Narbonne Top 25.
(*) En juin 2008 quand j'ai réalisé cet aller-retour en VTT sur le canal de la Robine, j'ignorais qu'ensuite je tomberais follement amoureux de ce secteur de l'Aude. Si amoureux que depuis j'ai éprouvé le besoin de faire le Tour du Golfe Antique en 3 jours, de parcourir dans tous les sens l'Île de Sainte-Lucie et de partir à la découverte de La Saline de Mandirac et du Grand Castelou. Oui, paysages naturels, faune et flore, tout était là pour me faire aimer ce canal et ses alentours.