Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

oiseaux

Le Village des Pêcheurs à Canet-plage (étang de Canet-St-Nazaire)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons autour des pêcheurs et des poissons. Elles ont pour titre et interprète : "Le Rêve du Pecheur" par Laurent Voulzy, "Le Pêcheur" par Jean Bertola, paroles de Georges Brassens, "La Cabane du Pêcheur" par Francis Cabrel"Un Petit Poisson, Un Petit Oiseau" par Juliette Gréco, paroles de Gérard Bourgeois / Jean Max Riviere.

Le Village des Pêcheurs à Canet-plage (étang de Canet-St-Nazaire)

Le Village des Pêcheurs à Canet-plage (étang de Canet-St-Nazaire)

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Ne soyez pas surpris si je vous présente « Le Village des Pêcheurs à Canet-Plage » ; commune de Canet-en Roussillon ; comme une randonnée à part entière. Claudiquant encore depuis mes douleurs simultanées aux deux genoux évoquées lors de la dernière randonnée faite le 13 novembre 2023 au « Château de Padern et au prieuré de Molhet depuis Padern », cette courte boucle au bord de l’étang de Canet constituait une tentative de reprise. Si j’emploie volontairement le mot « tentative », c’est parce que les douleurs étaient toujours là et qu’il me faudra encore attendre des infiltrations de gel d’acide hyaluronique. Ces infiltrations interviendront le 15 janvier 2024, c’est-à-dire le lendemain de cette balade  et ce n’est que 10 jours plus tard que j’ai pu enfin retrouver la plénitude de mes moyens physiques. Ce jour-là, nous ne sommes donc que le 14 janvier et quand avec Dany, nous garons la voiture sur le parking du village des Pêcheurs, j’ignore ce dont je vais être capable car certes j’ai un peu moins mal mais je boite encore un peu. L’envie de marcher est là, celle d’aller à la rencontre de la Nature aussi mais je pars dans l’inconnu. Finalement, je n’arriverais pas accomplir la totalité du parcours que j’avais prévu initialement, c’est-à-dire parvenir jusqu’à la limite du camping Mar Estang.  Je me suis donc contenter d’une boucle allant de l’observatoire aux oiseaux de La Dossa jusqu’à l’extrémité de La Muntanya Alta soit 3km environ seulement selon les mesures prises sur Géoportail et les quelques divagations réalisées. Et comme le dit si bien cette expression bien connue « à chaque jour suffit sa peine ». Oui, j’ai été plutôt satisfait et ce d’autant que j’ai fini ce parcours pas plus mal que je l’avais commencé. De surcroît, une jolie petite faune avec pas mal d’oiseaux et quelques fleurs ont été là pour satisfaire ma passion de la photographie naturaliste. Quoi demander de plus quand on sort de plusieurs semaines de privation pédestre et que la marche est devenue si essentielle à mon bien-être ?

A part ça, voilà ce que l’on peut lire à propos de cet endroit si agréable sur le site touristique du Net qui lui est consacré :  Bien visibles sur le bord de l’étang de Canet, les 10 cabanes en bois, cannes de Provence et sanils (roseaux que l’on trouve au bord des étangs) forment “le village de pêcheurs”. Réhabilitées en 1993 et fréquemment restaurées, les cabanes des pêcheurs sont isolées contre la pluie, le vent et les chaleurs de l’été. Elles ne sont plus utilisées comme lieu d’habitation par les pêcheurs mais principalement comme lieu de stockage de matériels de pêche. Le site fait encore vivre une poignée de pêcheurs qui attrapent notamment de l’anguille et des loups (bars)de mer. Depuis 5 ans, le crabe bleu (espèce invasive venue d’Amérique du Nord)  a fait son apparition perturbant l’écosystème de la lagune. Les pêcheurs essayent de réduire sa concentration sur l’étang en le pêchant massivement. Pendant la période estivale, visitez la cabane d’exposition, ouverte au public du 1er juin au 30 septembre du mardi au dimanche de 9h à 19h. Le reste de l’année, profitez de panneaux explicatifs, véritables outils pédagogiques, pour visiter le village. Au fil des saisons, on peut y découvrir plus de 246 espèces végétales et 200 espèces d’oiseaux migrateurs. Parmi elles, on trouve des flamants roses, mais aussi la talève sultane (une jolie poule sauvage car d’un magnifique bleu outremer foncé), le foulque macroule, le butor étoilé ou encore le héron pourpré. De mi-février à mi-août pendant la nidification, on y observe plusieurs espèces venant faire leurs nids. De février à mai et d’août à octobre, on y voit aussi de nombreux oiseaux migrateurs comme le Crabier Chevelu. En période hivernale, la Grande Aigrette et le Martin-pêcheur y sont très présents. Quant à l’étang de Canet – Saint-Nazaire lui-même, voilà l’essentiel de ce que l’on peut lire à son propos sur le site Internet du Conservatoire du Littoral : localisé sur la frange maritime de la plaine du Roussillon dans le département des Pyrénées-Orientales, à 10 km à l’Est de Perpignan et à 25 km au Nord de la frontière espagnole, cette position géographique confère à cet étang une importance écologique mais aussi touristique. Les 1 100 ha appartenant au Conservatoire du littoral, dans la lagune et sur ses berges, font partie du site Natura 2000 « complexe lagunaire de Canet – Saint Nazaire » qui s’étend sur 1 872 ha et quatre communes (Canet-en-Roussillon, Saint-Nazaire, Saint-Cyprien et Alenya).Ce complexe lagunaire est l’élément le plus méridional qui subsiste actuellement en France du grand ensemble lagunaire de la côte du Languedoc-Roussillon. Il est proche du terme de son évolution naturelle, caractérisée par un isolement de plus en plus marqué avec la mer et par la prépondérance des apports d’eau douce venant de son bassin versant s’étendant sur 260km² (Wilke et Boutière, 1997). La surface couverte par l’eau est d’environ 4,8 km² et sa profondeur n’excède pas 1 m. Le complexe lagunaire peut être défini comme une lagune d’origine sédimentaire marine. Il est séparé de la mer par un lido sableux interrompu par un chenal (le grau des Basses) et est alimenté en permanence par de l’eau douce, provenant de plusieurs cours d’eau à régime torrentiel méditerranéen qui drainent son bassin versant. La surface en eau de l'étang a diminué de moitié depuis 1750. Les scénarii les plus pessimistes envisagent un comblement possible en une seule crue du Réart. Aujourd'hui, l'homme essaye de ralentir ce processus grâce à une gestion cohérente à l'échelle du bassin versant. Cette lagune lisse dans laquelle se reflète la silhouette du Canigou est un lieu d’observation de la Nature unique et magique

Partager cet article
Repost0

Le Château de Padern et le prieuré de Molhet depuis Padern

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 6 morceaux de musique interprétés par la violoniste virtuose américaine Anne Akiko Meyers. Ils ont pour titre : "Emmanuel" de Michel Colombier"Love Theme" d'Ennio et Andrea Morricone"Gabriel's Oboe" d'Ennio Morricone, ces 3 morceaux avec The London Symphony Orchestra conduit par Keith Lockhart"Over The Rainbow" de Harold Arlen et Yip Harburg accompagné au piano par Yosuke Yamashita"When You Wish upon a Star" de Ned Washington et par Leigh Harline avec The London Symphony Orchestra conduit par Keith Lockhart puis "Air" de Jean-Sébastien Bach accompagné à la guitare par Jason Vieaux

Le Château de Padern et le prieuré de Molhet depuis Padern

Le Château de Padern et le prieuré de Molhet depuis Padern

Pour agrandir les photos cliquez dessus, 2 fois pour un plein écran.


 

Quand cette idée m’est venue d’aller marcher vers Padern pour visiter son château puis le prieuré de Molhet, mon intention était de faire une randonnée bien plus longue que celle que je vous présente ici. En effet, à cet instant, rien ne me laissait présager que mes deux genoux commenceraient à me faire souffrir simultanément. Malgré les douleurs certaines mais encore supportables, l’envie de partir marcher était bien là et finalement de cette balade que j’ai intitulée « Le Château de Padern et le prieuré de Molhet depuis Padern »,  je fus pleinement satisfait des kilomètres accomplis plutôt convenablement. Je le fus moins quelques jours plus tard quand les douleurs au genou gauche s’amplifièrent au point de ne plus supporter ni garder la station debout. A cet instant, j’ignorais que ces douleurs m’immobiliseraient presque 2 mois et se termineraient seulement grâce à des infiltrations d’acide hyaluronique sous forme de gel dans les deux genoux. Un vrai parcours « médical » du combattant pour finalement retrouver tous mes moyens physiques antérieurs. Voilà une des raisons qui me font garder en mémoire cette agréable balade. Par bonheur, il y a eu bien d’autres raisons, et notamment la faune et la flore très présentes ce jour-là, auxquelles on peut rajouter les merveilleuses couleurs chaudes de l’automne. La faune, avec notamment un nombre étonnant d’oiseaux d’espèces différentes comme je n’en avais plus vu depuis très longtemps. Tous ces oiseaux me mirent du baume au cœur, tant je sais pour le constater moi-même que de nombreuses espèces sont en forte régression. Certes, ceux qui s’intéressent à l’avifaune savent que les Corbières sont un axe migratoire majeur entre l’Europe occidentale et l’Afrique, mais sans doute ai-je eu la chance de tomber ce jour-là dans la période la plus propice à des passages, avec notamment des rassemblements de passereaux donc certains parfois très impressionnants. Quant à la flore, elle m’étonna elle aussi par le nombre de clichés pris en ce 13 novembre 2023. A part ce préambule, il faut tout de même préciser que les Histoires avec un grand « H » du château de Padern (*) et du prieuré de Molhet (**), aussi réduites soient-elles,  sont bien plus intéressantes que la seule vision que l’on a aujourd’hui des 2 édifices. En effet, de ces deux objectifs de la journée, il ne reste plus grand-chose hormis quelques pans de murs amplement ruinés.  On a donc un mal fou à se faire une idée précise de ces 2 édifices moyenâgeux et seule la lecture préalable de leurs Histoires respectives vient combler cette difficulté. C’est donc avec plusieurs lectures historiques trouvées sur le Net que j’arrive à Padern en ce 13 novembre. Pour être franc, je ne connais rien de Padern hormis le fait que j’y suis venu deux fois pour gravir deux fois la Montagne de Tauch et plus spécialement ce sommet qui a pour nom « Pech de Fraysse ». La première fois, c’était il y a très longtemps et en couple, et si je m’en souviens encore très bien, c’est parce que nous étions partis en randonnée « la fleur au fusil » au point que pris par la nuit tombante, nous étions revenus à Padern en courant pendant une longue partie de la descente. Par bonheur, à cette époque, les sentiers avaient été très praticables et nous avions la jeunesse pour nous.  Cette course est toujours restée dans nos mémoires car unique lors d’une randonnée. La deuxième fois, c’est tout seul et en octobre 2009 pour une nouvelle montée vers « La Tour des Géographes et le Pech de Fraysse », mais avec une longue galère à cause d’une végétation expansive et agressive qui avait envahi très longuement tous les sentiers, et notamment ceux du départ. A l’époque, le GR36A n’existait pas encore et j’ai failli faire demi-tour à diverses reprises avant de me raviser et de tomber sur des chemins enfin praticables. Aujourd’hui, plus rien de tout ça et seulement une « gentille » petite ruelle qui s’élève d’abord vers une chapelle dédiée à Saint-Roch (***) puis vers le château. Elle est si gentille que je peux prendre tout mon temps à photographier des fleurs sauvages ou pas. La chapelle est fermée mais un peu de lecture dans une vitrine permet d’en apprendre l’essentiel. Quant au château, l’accès aux ruines est interdit à cause des risques de chute de pierres, mais je passe outre le temps d’une visite la plus rapide possible, et ce,  afin que cet objectif du jour ne puisse pas être absent de mon reportage photos . C’est donc avec une grande attention que je reste le plus loin possible des différents murs que je pressens les plus incertains. Pas d’oiseaux au début, hormis quelques moineaux dans la montée mais dès l’arrivée à hauteur du château, ça s’envole dans tous les sens. Fauvettes, rougequeues, pinsons, serins, chardonnerets,  verdiers, tariers, linottes, étourneaux et bruants sont les plus observés tout au long du parcours, même si les immortaliser sur photos reste un défi constant peu évident à satisfaire. Pour cela et parce que la randonnée est courte, je décide de me « mettre en planque » une bonne dizaine de fois, de préférence sous des arbres desséchés, usant le plus souvent de mes divers appeaux. Bien qu’aidé par le nombre impressionnant de volatiles et la chance étant quelquefois avec moi, ces stratagèmes s’avèrent finalement satisfaisants avec diverses espèces magnifiquement photographiées. Quant au circuit pédestre lui-même, s’il est assez simple et balisée, j’ai tout de même utilisé mon GPS pendant un bon bout de temps avant qu’il ne me lâche à cause d’une chute malencontreuse qui a « mis en rade » son capteur de satellites. La fin est donc un peu plus difficile et ce d’autant qu’une partie du chemin emprunté peu avant a été défoncée par un bulldozer. La perte préoccupante de mon GPS me faisant oublier que mon appareil-photo fonctionne encore très bien, il y a peu de photos de cette fin presque totalement réalisée au sein d’une vaste pinède. Les pinsons y sont pourtant nombreux. La délivrance arrive quand le château est de nouveau visible. Ne connaissant toujours pas le village de Padern, je décide de le découvrir en le traversant d’ouest en est dans sa partie haute puis dans le sens inverse dans sa partie la plus basse, c’est-à-dire tout au long de la route principale D.14. Je pourrais presque dire « une route fleurie », tant j’ai recensé encore un bon nombre de fleurs dans cette dernière portion de mon parcours. Finalement, je constate qu’une partie, la plus active, de la commune est traversée par cette route. On y trouve la mairie, un gite d’étape communal, un café des sports ainsi qu’un bistrot « la P’tite Ardoise » faisant aussi épicerie et restaurant.  Ainsi se termina cette balade où pour mon plus grand bonheur la Nature fut agréablement présente et bien visible. Telle que réalisée et expliquée ici et selon mon tracé sur carte IGN, je l’estime à environ 7,9km environ. Je n’ai pris aucune mesure mais ce chiffre m’est donné par mon vieux logiciel CartoExploreur. Il me donne également les montées cumulées qui seraient de 532m. Quant au dénivelé, il est de 250m entre le point le plus haut à 447 m à l’intersection non loin du Roc de Mouillet et le plus bas à 197m au village. Carte IGN 2447OT Tuchan – Massif des Corbières top 25.

(*) Le château de Padern :  Si en l’an 899, le roi Charles le Simple fait don de Padern à l'Abbaye de Lagrasse , l’Histoire nous dit assez peu de choses du château lui-même. Le lieu aurait déjà été occupé par les Romains et de ce fait Padern aurait peut-être pour origine le mot latin « Paternus », signifiant « paternel ». En réalité, la véritable origine du nom serait «  Paterni ». La plus ancienne mention de ce nom connue jusqu’à présent est Padernum en 805. (source http://belcaire.over-blog.com/ ). Bien que de nos jours, le château soit situé sur le Sentier Cathare, lors de la fameuse « Croisade contre les Albigeois » ; qui a duré 20 ans, de 1209 à 1229 ; il n’a pas eu pour les intéressés la même attraction que les autres châteaux dits « cathares » du secteur  comme PeyrepertuseQuéribus ou de Termes, même si harcelés certains comme  Chabert de Barbaira ou Guillaume de Peyrepertuse sont venus s’y réfugier. Perché sur un promontoire rocheux et escarpé dominant la commune, on ne connaît pas la date exacte de son édification. On sait simplement qu’il servait à surveiller les vallées du Verdouble et du Torgan. La première mention d’une fortification en ce lieu date de 1026. Puis il faut attendre le 12eme siècle où il est fait état d’une « forcia »,  dont les textes moyenâgeux nous disent qu’il s’agit d’une fortification de second plan car plus réduite qu’un vrai château-fort. A cette époque, Padern est sous le contrôle de l’abbaye de Lagrasse. Dans un texte,  un contentieux entre le seigneur des Termes et l'abbaye de Lagrasse est évoqué. A cette époque, ce seigneur serait le chevalier croisé Alain de Roucy (1172-1221), lieutenant de Simon de Montfort, et seigneur du château des Termes depuis 1215. Ce dernier aurait détourné les revenus de certaines possessions au détriment de l’abbaye dont ceux du château de Padern, d’où le contentieux évoqué. En 1219, Padern est cité lors du troisième siège de Toulouse dans «  la  Chanson de la Croisade Albigeoise ».  Quand en 1242, le chevalier Chabert de Barbaira met la main sur le château de Quéribus, en réalité c’est toute la région qui passe sous son contrôle y compris Padern et son château. Quand en 1255, le célèbre chevalier faydit perd Quéribus assiégé par Olivier de Termes, en réalité il perd tout lors de cette reddition sauf la vie. Il est donc contraint de restituer tous les biens et territoires au roi Louis IX dit Saint-Louis. Padern revient logiquement dans le giron de l’abbaye de Lagrasse,  qui devient carrément  propriétaire du château de 1283 à 1579 suite à une transaction avec le procureur du roi Philippe III de France dit le Hardi, 2eme fils de Saint-Louis. En 1579, un certain Pierre de Vic, seigneur originaire de Catalogne, achète le fortin féodal et lui apporte d’importantes améliorations afin de le rendre plus confortable. En 1706, Blaise II de Vic recède l’édifice à l’abbaye de Lagrasse, mais avec la révolution de 1789 les temps deviennent difficiles pour tous les religieux.  Tous les biens de l’église sont confisqués et déclarés « biens nationaux »,  et ce changement entraîne un désintérêt pour le château de Padern, dont le sort est définitivement voué à l’abandon. A partir de 1939, la commune de Padern demande la démolition du château, dont la présence délabrée en surplomb du village est jugée très dangereuse pour certaines habitations. Mais d’importants désaccords se font jour : « qui doit le démolir ? » « Le génie militaire ? », « l’Etat ? » ou « une entreprise privée spécialisée ? ». Des études sont faites mais le projet de démolition végète. En 1944, le château est inscrit par arrêté ministériel du 3 février sur l'inventaire des sites dont la conservation présente un intérêt général, y compris ses abords. Un nouveau décret du 14 février 2017, plus général, car englobant tous les édifices historiques et patrimoniaux des communes d’une immense zone intitulée « le Pech de Bugarach et la crête nord du synclinal du Fenouillèdes » permet au château de Padern de conserver son inscription et ainsi son statut d’édifice protégé. De nos jours, une pancarte en interdit l’accès pour risques de chute de pierres selon un arrêté municipal du 19 avril 2004. Si vous bravez cette interdiction, c’est  à vos risques et périls et seule votre responsabilité est engagée, tout ceci n’excluant pas la prudence si vous passez outre cette interdiction. Evitez les jours de grands vents, observez les murs et tenez-vous le plus loin possible de ceux qui vous paraissent incertains en terme de solidité. Hormis tout ça, les descriptions complètes du château sont rares alors j’ai tenté de faire un condensé de ce que j’ai trouvé : une cour, une entrée, une haute enceinte polygonale crénelée ; en petit appareil irrégulier ; un donjon très remanié, un brin de tour ronde avec des restes d’escaliers, une meurtrière ou deux, des logis, les vestiges de latrines,  un niche voutée creusée dans un mur et agrémentée d’un orifice donnant sur l’extérieur laissant pensé à l’évacuation d’une petite pile évier et enfin au fond d’une pièce, un machicoulis rectangulaire donnant sur le vide, système de protection permettant d’ébouillanter les ennemis pour certains,   vide-ordures pour d’autres mais moi je pense qu’il a pu servir aux deux. Pour plus de détails encore à propos de Padern et de son château, je vous propose la lecture du remarquable site Internet : http://belcaire.over-blog.com/article-padern-village-des-corbieres-120427888.html

 

(**) Prieuré de Molhet : Depuis Padern et en direction du château de Quéribus, on accède aux ruines du prieuré de Molhet (ou Mouillet) par le Sentier  Cathare. Il est dédié à Saint-Martin et situé sur un escarpement rocheux. La partie la plus visible est le prieuré ruiné lui-même mais un hameau aux maisons très arrasées est également perceptible.  Je vous propose de cliquer sur le lien suivant https://chateauruine.fr/11-prieure-fortifie-molhet-padern.html où force détails vous sont très bien donnés tant sur son Histoire que sur sa présentation sur le terrain.

(***) La chapelle Saint-Roch de Padern : L'église de Padern, autrefois paroisse de l'ancien diocèse de Narbonne, à la collation de l'abbé de Lagrasse, passera ensuite à la succursale du diocèse de Carcassonne, doyenné de Tuchan. En 1321, un bref du pape Jean XXII unit à la manse abbatiale du monastère de Lagrasse, le prieuré de Saint-Pierre de Padern (source Facebook).  Pour l’atteindre, il faut grimper à pied à travers les ruelles du village, passer devant une maisonnette qui aurait servi jadis de poste de douane et juste après parmi les amandiers et les cyprès, se dresse cette modeste chapelle romane. Selon Jean Gouzy, elle a été bâtie entre 1348 et 1375. Sur le plan architectural, la chapelle présente une abside semi-circulaire romane et une petite fenêtre à ébrasement intérieur. Les autres ouvertures datent du XIXe siècle. Dans le chœur une table d’autel gothique en marbre. Le bénitier est roman. L’édifice a connu de nombreuses périodes de restauration (1991, 2000, 2022). La chapelle dédiée à Saint-Roch de Montpellier a été construite à une période durant laquelle sévissait la peste dans la région. La grande peste noire qui a ravagé l’Europe au milieu du XIVe siècle était fort redoutée et le culte de Saint-Roch s’est développé à cette époque. La légende rapporte que Saint-Roch, natif d’une riche famille de Montpellier où il apprit la médecine,  s’est consacré aux soins des malades. De retour de pèlerinage à Rome, il soigne les pestiférés et contracte lui-même la peste. Il se cache dans une grotte où il est assisté par un chien qui lui apporte chaque jour du pain et le soigne. A partir de cette histoire, sans doute légendaire, Saint-Roch est représenté avec son bâton et son chapeau de pèlerin, une plaie à sa jambe en compagnie de son chien.  Le 16 août, Padern fête traditionnellement la Saint-Roch. Une messe a été célébrée comme à l’accoutumée dans la petite chapelle érigée en haut du village. Le prêtre rappelle la légende de Saint-Roch, en désignant le vitrail coloré qui figure dans la chapelle : le saint est représenté avec son bâton de marche et sa coquille Saint Jacques attribut des pèlerins dont il est le saint patron. (Source l’Indépendant).

Partager cet article
Repost0

Les Plans d'eau de Millas

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 2 musiques du compositeur canadien Howard Shore extraites de la bande sonore du film "The Lord of The Rings- The Shire" (en français "Le Seigneur des Anneaux"). Elles ont pour titre : "The Breaking of the Fellowship" et "Samwise the Brave".

Les Plans d'eau de Millas

Les Plans d'eau de Millas

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

 


  

Au même titre que les lacs de Villeneuve-de-la-Raho et que celui des Bouzigues à Saint-Féliu d’Avall ; que j’ai déjà eu l’occasion de vous présenter dans mon blog ; les plans d’eau de Millas sont un agréable lieu de balade et de détente. Au lieu-dit « Bois de la Ville » et dans un décor très verdoyant, ces 4 lacs bien distincts ; mais reliés entre eux ; alimentés par la Têt et quelques ruisseaux secondaires, occupent environ 4 hectares. Je n’ai pas mesuré mais en faire leur tour est je pense d’une distance d’environ 3km. Certains diront qu’il s’agit d’une longue promenade et d’autres d’une courte randonnée. Quel que soit la définition de ce tour pédestre, tous les marcheurs, promeneurs et autres amoureux de la Nature y trouveront leur compte. Bien sûr, il y a aussi des pêcheurs, mais en apprenant qu’ils étaient le plus souvent contraints de relâcher leurs prises, j’ai apprécié à sa juste mesure cette décision de bons sens et de sagesse. Ils sont les premiers à bénéficier de cette mesure « No Kill » car les poissons grossissent et les prises sont automatiquement de plus en plus respectables et donc plus belles au fil du temps. Pour avoir discuté avec plusieurs d’entre eux, on y trouve selon les lacs un peu de tous les poissons d’eau douce et ça va du petit gardon jusqu’au gros brochet en passant par de la truite arc-en-ciel, du black-bass, du rotengle, de la brême, de la perche, du chevesne et bien sûr de la carpe dépassant parfois les 10kg. J’en oublie sûrement. De surcroît, la chaîne alimentaire est respectée car gros et petits poissons se mangent entre eux, quant aux nombreux oiseaux pêcheurs, ils ont l’assurance de manger à leur faim, tout comme les poissonniers du secteur ! Oui, ces plans d’eau sont devenus des « spots » très réputés pour les pêcheurs sportifs ou du dimanche, quant à moi, j’y amène de la famille, des amis, j’y vais régulièrement m’y dégourdir les jambes joignant le plaisir de marcher à celui de ma passion pour la photo ornithologique. Tout comme les poissons, les oiseaux peuvent y être d’une grande diversité. On y rencontre certes la plupart des oiseaux pêcheurs comme le Grand cormoran, la Grèbe huppée, les hérons, l’Aigrette et des martins-pêcheurs mais aussi la plupart de tous les oiseaux dits aquatiques : canards,  poules d’eau, foulques, oies et parfois même des cygnes. Des pontons, des aires et des îlots ont été aménagés un peu partout afin que cette avifaune soit sédentaire soit migratrice trouve un repos protecteur.  Quant aux passereaux, si on y trouve les inévitables moineaux et bergeronnettes, il faut être curieux de tout ce qui vole pour s’apercevoir très rapidement que là aussi, les espèces sont multiples mais varient selon la météo ou/et les saisons, d’où l’intérêt d’y retourner régulièrement. Jeux d’enfants, aire de pique-nique, modélisme aquatique, « food truck » parfois, manifestations diverses et variées viennent compléter l’aspect convivial de ces plans d’eau bourrés de fraîcheur. Notons qu’outre ce tour des plans d’eau, il existe à Millas un « parcours pédestre de l’eau ». Un grand panneau le présente au départ de la présente balade mais vous le trouverez également sur le Net en suivant le lien ci-après : https://cdt66.media.tourinsoft.eu/upload/Le-parcours-d-eau-de-Millas.pdf A faire donc ! N’oublions pas  aussi que sur la commune de Millas, on recense pas moins de 3 zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), c’est dire l’intérêt que l’on porte ici aux milieux naturels et à la biodiversité. Observons cette biodiversité, protégeons-là car elle a trop tendance à disparaître ! Carte IGN 2448OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

Partager cet article
Repost0

La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques de Mark Isham extraites de la bande sonore du film "A River Runs Through It (Et Au Milieu Coule Une Rivière)" de Robert Redford avec Brad Pitt. Elles ont pour titres : "Haunted by Waters" , "A River Runs Through It", "The Moment that Could Not Last", "A Summer of Lumber and Fishing", "In the Half-Light of the Canyon" et "Swing Me High; Swing Me Low".

 

La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Voilà déjà pas mal de temps que je réfléchissais à faire cette boucle pédestre que j’ai finalement intitulée « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt/Rodes/Casesnoves ». Deux randonnées (*) faites antérieurement m’avaient incité à me lancer dans ce que je considérais un peu ; mais par méconnaissance ; comme une aventure. Puis en fin de compte, c’est en regardant la vidéo de mon confrère Mickaël de « PO Express – La Route des Catalans » que je me suis aperçu que cette « aventure » n’était que très modestement périlleuse. Certes quelques passages en bordure de la Têt ne sont pas des autoroutes ; il faut parfois se tenir à une corde (voir photo) ; mais néanmoins ils restent accessibles à tout marcheur digne de ce nom, et ce pour peu que l’on soit prudent et surtout pas distrait. Sur sa vidéo, Mickaël la propose au départ du hameau de Casesnoves et dans le sens contraire des aiguilles d’une montre quand on regarde la carte IGN, mais ceci n’est qu’un détail de peu d’importance. En ce 27 octobre, j’ai décidé que notre point de départ serait le petit parking qui est peu éloigné de la bien connue boulangerie du Couvent à la sortie ouest d’Ille-sur-Têt. Ce petit parking est mitoyen du canal qu’il va nous falloir suivre comme un premier fil d’Ariane, et ce jusqu’à atteindre les berges de la Têt. Ce canal, vous le voyez écrit Rec d’Illa ( ou canal d’Ille) sur la carte IGN et ce dernier est également parallèle au canal de Thuir. C’est donc entre ces deux canaux que démarre cette randonnée. Or mis le beau temps, la fraîcheur et la paisibilité du canal, quelques fenêtres s’ouvrant sur des vergers, et de nombreux oiseaux pas toujours faciles à immortaliser, il n’y a pour l’instant rien de folichon dans cette « promenade de santé » matinale à l’ombre d’arbres dont certains sont des géants. Il faut attendre quelques décamètres pour qu’avec la Fontaine Saint Jules et son agréable aire de pique-nique, bien connue des Illois, la monotonie soit rompue. Un peu plus loin, c’est une petite baraque agrémentée d’une plaque en hommage à des travailleurs étrangers qui fournit un second prétexte à un arrêt presque inattendu. Pas d’indication sur ce groupe de travailleurs étrangers, or mis les dates de 1940 à 1943 et derrière la baraque, un chariot métallique sur des rails tels qu’on devait en trouver dans toutes les mines, carrières et autres chantiers du département à cette époque. Finalement, c’est guidé par ma curiosité et en finissant cette randonnée qu’il m’a fallu chercher sur Internet les raisons de cet hommage (**). Plus loin, des travailleurs, en chair et en en os, sont là à réparer le canal en bordure de la Têt. Par obligation, nous dévions notre trajectoire, trajectoire qui par bonheur peut s’effectuer sur des passerelles métalliques qui ont été disposées à cet effet et donc à bon escient. Si le canal est encore là, il disparaît assez souvent creusé à même la roche pour réapparaître un peu plus loin. Toujours aux aguets de tout ce qui bouge, je m’aperçois que plusieurs martins-pêcheurs empruntent ces corridors aquatiques et rocheux. Ils y disparaissent eux-aussi mais toujours dans le sens contraire de l’eau qui s’y écoule. Et comme nous longeons la Têt et que bien d’autres oiseaux y sont présents, il ne m’en faut pas plus pour demander à Dany de stopper le temps nécessaire à quelques photos ornithologiques. Finalement et pris dans cet engrenage « passionnel » pour la photo animalière, nous allons stopper presque une heure. J’ai bien fait de m’arrêter à cet endroit car si le canal continue encore un peu, il s’arrête définitivement peu après et l’itinéraire longeant la Têt avec lui. Finalement, et alors que Dany m’ a attendu sagement, je suis ravi des quelques photos que j’ai pu prendre planqué au bord du fleuve. Martin-pêcheur, cincle plongeur, bergeronnettes, fauvette et même un Grand cormoran en plein vol sont venus garnir la mémoire de mon appareil-photo. Un large chemin s’élève un peu et atterrit au milieu d’un verger. Alors que je suis sur le point d’analyser le tracé enregistré dans mon GPS, un petit groupe de marcheurs arrivent m’indiquant la suite de l’itinéraire. Ce dernier part à droite en direction d’un petit casot blanc où l’on retrouve le balisage jaune et un autre canal. Finalement, je reconnais les lieux pour y être venu mais en sens inverse lors d'une balade aux Gorges de la Guillera et au château de Rodes. C’est le Rec ou canal de Corbère qui longe et domine la Têt dans les superbes Gorges de la Guillera, avec notamment les vestiges du pont-aqueduc d’en Labau dont quelques piles et arches sont encore parfaitement visibles et ce malgré leur ancienneté. En effet, l’Histoire nous apprend que la plus ancienne mention est de 1337. En réalité, quand on aperçoit ces vestiges, on n’imagine pas que les canaux que nous avons suivi sont les témoignages hydrauliques encore éloquents de cette époque où des prouesses techniques incroyables étaient mises en œuvre pour irriguer la plaine et amener l’eau jusqu’au Palais des Rois de Majorque à Perpignan. Nombreux canaux, aqueducs et moulins ont longtemps fonctionné tout au long de la Têt y compris dans les secteurs les plus étroits, les plus rocheux et les plus encaissés comme ici. Souvent emportés par des crues, fallait-il du cœur à l’ouvrage pour que ce système complexe se remette à fonctionner correctement. A partir d’ici, je connais bien les lieux et je sais déjà que la partie de cette boucle que je considérais comme la plus compliquée est derrière nous. Si mon intention bien arrêtée est d’ignorer Rodes et son château que nous connaissons déjà fort bien, plus rien ne presse et malgré notre long arrêt au bord de la Têt, la flânerie demeure possible. Aussi dès que les Gorges de la Guillera se terminent et que l’on franchit le pont sur la Têt au lieu-dit « Station d’épuration », un banc arrive très à propos pour le déjeuner. Une grosse demi-heure plus tard, on se remet en route, direction les anciennes carrières de granit que j’ai longuement visitée en janvier 2019 lors d’une balade intitulée « Le Circuit de la Montagne brûlée depuis Rodès (le Sentier des Carrières et du village médiéval de Ropidera) ». Il est vrai que j’y avais aperçu des Hirondelles des rochers en grand nombre, cela ajoutant à ma curiosité première pour le patrimoine. Aujourd’hui, et de surcroît avec Dany, il n’est bien sûr pas question de retourner dans cette « galère » tant j’avais eu de mal à atteindre les bâtiments envahis par une végétation épineuse et urticante. Le sentier qui monte allégrement et joliment en surplomb de la Têt et de ses gorges, avec des vues admirables sur Rodès, sur la vallée et sur le Massif du Canigou suffira à notre bonheur. Je connais bien les goûts de Dany et je sais qu’elle prend du plaisir à cheminer ce sentier qui s’élève en douceur. Elle ne connait pas les lieux, lesquels aux flancs de ces gorges encaissées, laissent entrevoir de beaux et amples panoramas. Il va en être ainsi jusqu’à atteindre le point culminant à 350m d’altitude où une intersection se présente avec d’un côté la direction de Montalba-le-Château et de l’autre le hameau de Casesnoves qui n’est d’ailleurs pas indiqué sur le panonceau directionnel, d’où l’intérêt d’avoir un tracé GPS ou au pire une carte IGN. Si les paysages lointains continuent à apparaître, ils sont moins époustouflants, d’abord parce que le chemin descend vers une partie de la vallée de la Têt moins encaissée, mais aussi parce qu’une végétation de maquis et quelques magmas rocheux granitiques obstruent la vue assez souvent. Finalement, ce n’est plus tant les paysages qui captivent nos regards mais des visions plus imprévisibles comme deux vautours fauves planant au-dessus de la vallée, une corneille noire ou bien encore une énorme migration de grues cendrées dont c’est d’abord les cris stridents qui attirent notre attention. Quel beau spectacle que ces oiseaux volant en formation et en V multiples avec cette lubie et cette boussole directrice de rallier l’Afrique via l’Espagne ! D’ailleurs, leur boussole fonctionne-t-elle si correctement que ça ? Comme je l’avais déjà observé lors d’une autre balade intitulée « Le Sentier de découvertes et d’agrément de Néfiach », mais avec des cigognes, ces grues semblent parfois déboussolées ! Celles qui mènent le groupe changent tout à coup de direction, ce qui bien entendu paraît très perturbant pour l’ensemble. Elles semblent faire demi-tour mais en moins d’une minute, elles paraissent retrouver la « bonne » direction ! Ont-elles rencontré un élément perturbateur ou bien est-ce une façon d’attendre les éventuelles retardataires comme des cyclistes échappés attendent le peloton ? Elles disparaissent et ma question restera sans réponse. En définitive quand le hameau de Casesnoves se présente, avec son église Saint Sauveur fermée, ses ruines mitoyennes et sa tour médiévale sans grand intérêt de prime abord, nous avons conscience que l’essentiel de cette jolie balade a été observé. Pour qui connaît un peu l’Histoire de Casesnoves, si l’église a été parfaitement restaurée, aucune information n’évoque l’étonnante affaire de ses fresques murales qui ont pourtant défrayé la chronique dans les années 50 et je trouve que c’est un peu dommage. Les visiteurs qui viennent ici auraient peut-être envie de savoir ce qu’il s’est passé mais de savoir aussi que ses fresques sont désormais dans l’ancien hospice Saint-Jacques devenu Centre d’Art Sacré d’Ille-sur-Têt. Par le fait même que tout ou presque a été vu, la fin de cette balade est plutôt monotone même si sur notre gauche et de temps à autre les célèbres Orgues laissent entrevoir quelques-uns de leurs jolis « tuyaux » de blocaille sédimentaire. En fin de compte, ce qui va donner un peu de piment à la fin de cette randonnée, c’est de se tromper de rue pour rejoindre notre voiture, laissée près de l’ancien couvent cistercien. Après avoir un peu tourné en rond dans Ille-sur-Têt, finalement c’est bien le chemin des Neuf Fontaines puis celui de la Sini qu’il nous a fallu prendre pour en terminer. Avec pas mal de bitume pour finir, mais en suivant un canal, l’arrivée s’effectue en passant sous la N.116. Après une distance que j’estime à environ une douzaine de kilomètres, notre voiture est là ! Si la fin est un peu fastidieuse, ce n’est pas du tout cela que nous garderons de cette magnifique balade  mais les canaux, la Têt, une avifaune très présente, de jolis paysages, de beaux panoramas et un patrimoine à découvrir.  Carte IGN 2448OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

 

(*) Le Circuit de la Montagne brûlée depuis Rodès (le Sentier des Carrières et du village médiéval de Ropidera) et Les Gorges de la Guillera et le château de Rodès (308 m) depuis Rodès (203 m)

(**) En effet, après les inondations cataclysmiques d’octobre 1940 qui dévastèrent les deux tiers des Pyrénées-Orientales, il fallut reconstruire, réparer les énormes dégâts causés par les crues gigantesques des cours d’eau roussillonnais. Les GTE récemment créés furent mis à contribution. Le GTE 412 était commandé par le capitaine d’aviation André Herry. Francisco Rodríguez Barroso, ancien officier de l’armée républicaine, qui devait connaître suffisamment de français parlé et écrit le seconda dans sa tâche, assurant comme tous les étrangers exerçant ce type de fonctions dans les GTE, des fonctions de secrétariat. Le 412e GTE était divisé en quatre sections de 50 hommes dont la direction était assurée par l’un d’entre eux désigné pour ses aptitudes et compétences. Le 412e GTE fut employé à la réparation des nombreux canaux d’irrigation du secteur, indispensables à l’agriculture, et à la restauration des berges de la Têt, du Boulès son affluent, et du Gimenell, sous-affluent. Lorsque, en juin 1943, ces objectifs furent atteints, le 412e GTE fut transféré à Decazeville (Aveyron) où ses hommes furent employés dans les mines de charbon.

Partager cet article
Repost0

Voyez près des étangs....Voyez ces oiseaux blancs....ou 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique

Publié le par gibirando

Voyez près des étangs....Voyez ces oiseaux blancs....ou 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique 

Voyez près des étangs....Voyez ces oiseaux blancs....ou 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique

(Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.)

 

Préambule : Une organisation peu évidente.

Etape 1 : Port-la-Nouvelle/Narbonne 28,4km le 25 septembre 2014

Etape 2 : Narbonne/Portel-des-Corbières 24,9km le 26 septembre 2014

Etape 3 : Portel-des-Corbières/Port-la-Nouvelle 23,7km le 27 septembre 2014

(Cliquez sur les étapes ci-dessus pour les visionner et en lire le récit)


 Préambule : Une organisation peu évidente.

POURQUOI CE SENTIER DU GOLFE ANTIQUE (*) ?

 

Fin août 2014. Depuis quelques semaines, les jambes me démangent et j’ai bien envie d’aller faire une longue et belle randonnée de quelques jours. L’été tire à sa fin. Je prends de la bouteille et je me dis que les plus belles années sont sans doute derrière moi. Oh pas 10 jours de marche mais 4 à 5 jours seraient l’idéal ! Oui, mais que faire ? De toute manière, cette année, quoi que je fasse, ça sera sans doute encore en solitaire. Dany a de gros problèmes aux hanches et il est presque impensable qu’elle puisse enchaîner plusieurs jours de marche successifs. Mon fils Jérôme n’est pas libre cette année et de toute manière, je n’ai rien programmé pour qu’il puisse venir avec moi comme nous l’avions fait en 2011 sur le Tour des Fenouillèdes et en 2013 sur le Tour du Capcir. D’un autre côté, partir seul ne me fait pas peur, je l’ai fait en 2007 et en 2009, en effectuant respectivement et pendant 6 jours le Tour du Coronat puis celui du Vallespir. J’en garde des souvenirs impérissables et merveilleux mais à bien y réfléchir, il en est ainsi pour toutes les randonnées que j’ai pu faire sur plusieurs jours et que ce soit en solitaire ou pas : G.R.10GR.30 Tour des Lacs et de puys d’AuvergneTour du Haut-Jura ou Chemin de Stevenson. Oui mais que faire ? Un morceau du Saint-Jacques de Compostelle ? Non, je me connais trop bien et pour moi ou c’est tout ou ce n’est rien ! En plus, l’aspect « pèlerinage » ne m’attire pas vraiment. Je ne suis pas croyant et je n’ai pas besoin de ça pour que ma tête s’évade. Elle s’évade toute seule où que j’aille marcher pourvu qu’il y ait des découvertes et quand je dis « découvertes », ça englobe tout ce qui est beau,  historique ou qui aiguisera ma curiosité, c'est-à-dire paysages, panoramas, richesses patrimoniales, fauniques ou floristiques. Je suis plutôt bon public. En outre, cette année, ma préférence irait en priorité à une balade qui ne m’éloignerait pas trop du domicile. J’interroge Internet. Je ne trouve rien qui me captive dans le département des Pyrénées-Orientales. Il y a bien le Tour du Canigou à faire de diverses manières, chemins du piémont ou bien par les crêtes les plus hautes, mais j’ai le sentiment que je connais tout ça par cœur et en plus la saison et la logistique à mettre en place me semblent un peu trop tardives. On est déjà en septembre et il faudrait que je réserve gîtes et refuges et j’ai l’impression que c’est déjà un peu trop tard pour m’engager dans toutes ces démarches. Le faire avec tente, sac de couchage, tapis de sol et tout ce qui s’ensuit, c'est-à-dire en bivouaquant ou en dormant dans des refuges non gardés et donc avec un gros portage, je n’y pense même pas ! Alors, je me rabats sur les départements limitrophes. L’Ariège me plairait bien et notamment le Tour du Biros que j’ai eu l’occasion de croiser lors d’un bref séjour dans le Couserans mais là, je retombe dans les mêmes travers que le Tour du Canigou et des refuges à réserver. Dans l’Aude, il y a bien le Sentier Cathare qui m’attire et auquel je pense depuis plusieurs années mais c’est au moins 10 à 12 jours à consacrer. Trop long pour le faire en solitaire et qui plus est en septembre. Voilà où en sont mes réflexions quand tout à coup en continuant à chercher, je tombe sur un site touristique audois mentionnant le GRP Sentier du Golfe Antique (*). Un site peu explicite à vrai dire mais qui brièvement m’indique que cette balade peut être accomplie en 4 à 5 jours et qu’elle consiste à faire le tour des étangs audois à proximité de NarbonneBages et Sigean. 4 à 5 Jours, c’est déjà ce que je recherche et en plus ce n’est pas très loin de chez moi. Les principales conditions semblent réunies et là, je me mets à feuilleter toutes les pages qui sur Internet parlent du parcours. En réalité, elles ne sont pas légions (pas très normal pour un golfe qui se veut antique et en premier lieu romain !) et je n’en sors pas grand-chose de concret or mis le fait que cette longue boucle de plus de 75 km semble un peu plus connue de quelques vététistes qui eux, bien évidemment, ne la font pas en cinq jours mais dans la journée pour la plupart d’entre eux voire en deux jours pour les plus indolents.  Alors, je file à la bibliothèque voir si dans des bouquins ou topo-guides consacrés à l’Aude, on en parle un peu. Rien ! Mais non rien ! Alors puisque personne n’en parle, c’est décidé, je vais y aller voir par moi-même et de préférence, je vais  attendre qu’un bel anticyclone se présente sur plusieurs jours. Après tout, je suis à la retraite, pas vraiment pressé et à faire une balade autant que ce soit avec un grand beau temps.  Cette attente,  je la mettrais à profit pour parfaire l’organisation.

 

Organisation du parcours :

 

1- Ma première mission : analyser le parcours sur le Net. Il est indiqué qu’il démarre de Narbonne et qu’il est long d’environ 75 km. Ça ne me pose aucun problème ! Je vais donc diviser cette distance par 4 et comme il n’y a sans doute aucune déclivité d’importance car la plupart du temps, le parcours passe au niveau de la mer, je vais l’accomplir en 4 jours pour des étapes qui ne devraient pas excéder 17 à 18 km. Jusque là tout va bien.

2- Ma deuxième mission : analyser le parcours et être à même d’imaginer les 4 étapes sur mon logiciel CartoExploreur, c'est-à-dire sur la carte I.G.N, équivalente aux cartes papier au format Top 25 que l’on trouve dans les meilleures librairies. A priori, rien n’est plus facile car le parcours du Sentier du Golfe Antique y est magnifiquement « surligné » en rouge et je peux en suivre très facilement le tracé qui passe par des villes que je connais pour la plupart d’entre-elles. En effet,  Bages, Peyriac-de-Mer, Sigean et Port-la-Nouvelle sont des cités que je connais un peu pour y être passé. Le parcours passe tout près de Narbonne et les principaux sites qui en parlent en ont fait leur ligne de départ. Quand au Canal de la Robine, à diverses reprises, j’ai eu l’occasion de le réaliser à vélo et parfois un peu à pied jusqu’à la savoureuse presqu'île de Sainte-Lucie. Une seule commune me surprend singulièrement car un peu éloignée des étangs et en plus, c’est la seule que je ne connais pas, c’est Portel-des-Corbières. A bien y réfléchir, un petit tour dans les Corbières ne sera sans doute pas pour me déplaire car elle devrait me changer des autres étapes plus maritimes. Mais une deuxième pensée plus sérieuse me chiffonne : Il y a bien eu un topo-guide évoquant ce Sentier du Golfe Antique mais il est désormais épuisé et donc introuvable. Je l’ai cherché partout mais constamment en vain. Mais en plus, j’ai fini par apprendre qu’il n’évoquait pas le tracé du tour que j’envisage mais plusieurs petites balades d’une journée dans divers lieux autour du golfe. Pourquoi cela ? Je me souviens que je m’étais posé une question sensiblement identique à l’instant d’organiser le Tour des Fenouillèdes. Il existait bien un tracé et de nombreuses balises sur le terrain mais pas de topo-guide l’évoquant. Je connais la suite et j’avais beaucoup galéré pour parvenir à l’organiser. Vous aurez donc noté que lors de cette analyse et par expérience, j’en suis à imaginer les 4 étapes et non pas encore à les programmer. Là, je l’avoue un gros problème se pose très rapidement à moi, uniquement en regardant la carte. En effet, Narbonne, Bages, Peyriac, Portel, Sigean et à un degré moindre Port-la-Nouvelle sont des cités toutes proches les unes des autres. En tous cas sur cette partie nord-ouest-sud de la boucle, elles sont toutes par les routes départementales, à moins de 10 km les unes des autres et je me dis qu’il y aura sans doute pléthores de possibilités d’hébergements et de ravitaillements. Mais de l’autre côté, c'est-à-dire à l’est et au dessus de Port-la-Nouvelle, c’est presque le grand vide. Si ce n’est pas le vide absolu, le parcours longe le Canal de la Robine puis bifurque en direction des rives de l’étang de Bages et c’est par ce long itinéraire sinueux à souhait que l’on rejoint La Nautique puis Narbonne Sud. Quand avec ce tracé, je mesure la distance qui sépare Port-la-Nouvelle de Narbonne, j’arrive à une étape assez incroyable de plus de 30 km, à  moins d’aller tout droit vers Narbonne à l’écluse de Mandirac. Cette dernière solution plus courte ne me plaît pas car la distance que je gagne je la perds le lendemain pour aller du centre de Narbonne à Bages avec de surcroît beaucoup de ville et de bitume. Avec l’autre solution, le problème est qu’avec cette seule portion, on en est déjà à 40% de la boucle totale du Sentier du Golfe Antique. Je suis devant ce dilemme. En conséquence, l’idéal serait de trouver un hébergement sur ce tronçon ?

3- Ma troisième mission : Trouver un hébergement non loin du Canal de la Robine. En imaginant que je vais partir de Narbonne ou bien de Port-la-Nouvelle, je n’ai trouvé sur Internet qu’une seule adresse d’hébergement sur ce tronçon passant par le Canal de la Robine. Cet hébergement se trouve au lieu-dit « Le Petit Tournebelle » et me paraît assez parfait puisqu’il coupe pratiquement la distance en deux étapes de longueurs similaires non loin de l'écluse de Mandirac. Seul petit problème quand j’appelle au numéro de téléphone mentionné, personne ne répond jamais ! Alors, je prends ma voiture et je file là-bas illico-presto. Et là, je tombe dans un coin assez fabuleux au bord de la Robine mais surtout au milieu de rizières, de près verdoyants et de zones humides où s’ébattent chevaux et taureaux et surtout, où une quantité incroyable d’oiseaux petits et grands occupent les lieux ou leurs plus proches alentours. Chaque marais, chaque pré, chaque zone humide paraît posséder sa propre espèce. La plupart de ces oiseaux semblent peu farouches et je pense que cela tient au fait qu’ils se plaisent dans ces biotopes sans doute parfaits pour eux. Un petit paradis pour le photographe animalier amateur que je suis : cigognes, étourneaux par milliers, hérons cendrés, aigrettes, petits limicoles, martin-pêcheurs, rapaces, etc.…Faire la liste des oiseaux que j’ai vus ce jour-là serait bien trop long. Si j’ai mon appareil-photo avec moi, aujourd’hui le sujet le plus important est de trouver une chambre alors l’appareil est là uniquement pour la photo exceptionnelle. Je poursuis vers le groupe de maisons constituant « Le Petit Tournebelle ». Là, un gros problème se présente quand j’arrive au domaine car le propriétaire m’indique immédiatement qu’il ne fait plus gîte et ne reçoit plus aucune personne de passage. Alors, j’insiste un peu et quand je lui demande la simple location d’une chambre seule pour une seule nuit et pour une seule personne, et même en appuyant sur le fait que je suis disposé à me passer de draps et d’un petit déjeuner, j’essuie également un refus. Alors, je n’insiste pas plus et je repars à la fois préoccupé d’avoir fait « chou blanc » mais d’un autre côté ravi par toute cette avifaune que j’ai aperçue. Une chose est certaine, si tous les étangs que je vais sans doute côtoyer fourmillent d’une telle faune aviaire, je vais véritablement prendre mon pied sur ce Sentier du Golfe Antique ! Voilà mon état d’esprit qui est très loin du découragement mais à bien y réfléchir, je n’ai pas encore fait le moindre pas en avant dans mon organisation ! Alors, puisque je suis là, je prends la décision de regarder immédiatement ailleurs si un hébergement est possible.

4- Quatrième mission : Trouver d’autres hébergements. Avant de quitter « le Petit Tournebelle », j’ai de nouveau analysé la carte I.G.N et pendant un instant, j’ai envisagé d’aller dormir à Gruissan. Malheureusement, la distance à parcourir aller et retour pour rejoindre le tracé du Sentier du Golfe Antique m’en a immédiatement dissuadé. Beaucoup trop longue ! Alors, j’ai filé vers le Petit et le Grand Mandirac puis vers le Port de la Nautique mais aucune location n’y était proposée. Il y a bien sur la carte un camping au lieu-dit les Mimosas mais là, je retombe dans l’inconvénient du portage d’une tente et du barda qui va avec ou au pire d'un sac de couchage. Je décide de partir vers Bages. Bages est un magnifique village au pied de l’étang mais qui malheureusement, paraît déjà endormi après les affluences estivales. Quand j’arrive au pied du village, côté étang, une jeune dame très gentille est entrain d’ouvrir et d’installer sa petite « camionnette » faisant office de sandwicherie ambulante. Il est presque midi et j’ai faim. Je lui commande un coca et un gros sandwich avec frites et steak haché. Elle m’annonce 10 minutes d’attente que je comprends aisément car elle s’installe à peine et j’en profite pour partir au bord de l’étang pour faire quelques jolies photos, le temps étant radieux. Quand je reviens, tout est prêt. Tout en mangeant, nous bavardons un peu. Elle m’indique être là plusieurs jours par semaine. Je note l’information au cas où. Je lui demande si elle connaît un gîte pouvant m’accueillir pour une nuit lui expliquant mon idée de venir un peu plus tard pour randonner sur le Sentier du Golfe Antique. Je suis passablement surpris car elle me dit ne pas connaître ce sentier dont elle n’a jamais entendu parlé. Elle poursuit en m’indiquant que le mieux est que je monte vers le haut du vieux village et que je m’adresse auprès des restaurants, me précisant qu’elle est sûre qu’il y en a au moins un qui loue des chambres. Alors, je la remercie et mais avant de monter vers le haut du village, j’analyse le bas. Sur la devanture d’un local, il y a bien une pancarte mentionnant la location de chambres mais le commerce paraît vide.  En désespoir de cause, je me décide à monter. Les ruelles sont toutes désertes. Tout en montant, je regarde si des chambres ne sont pas à louer. Je trouve deux adresses louant des chambres mais quand je tape à leur porte, les deux semblent fermées car personne ne répond. Je passe devant la vitrine du petit Office du Tourisme mais il est fermé lui aussi. Le premier restaurateur rencontré me répond qu’il ne loue pas de chambres et semble plus préoccupé et déçu par le fait que je ne sois pas un éventuel client car il est déjà midi passé et aucun client ne s’est encore présenté. En sortant, je regarde la carte et les menus et constate que les prix sont plutôt dans des fourchettes que je considère hautes.  Je continue de monter. Les ruelles sont toujours aussi désertes et finalement j’aboutis en haut près de l’église. De là, les vues sur l’étang sont superbes. Au loin, j’aperçois la Nautique et de nombreuses voiles colorées qui filent sur le miroir bleuté tout juste ondulé par une brise légère. Il y a aussi des flamants roses. Je prends quelques photos panoramiques car les oiseaux sont trop loin. De toute manière, je me dis qu’ils seront peut être encore là si toutefois je venais à revenir. Je poursuis ma quête dans le centre de Bages. J’arrive sur une belle placette où toute l’activité du village semble s’être concentrée.  Deux restaurants avec de petites terrasses sont ouverts et quelques touristes ont déjà pris place pour déjeuner. Je regarde les menus et les cartes et les prix me paraissent assez élevés là aussi. Le premier restaurateur auquel je m’adresse, me confirme qu’il loue bien des chambres au prix de 85 euros. Quand je lui demande ce que cela inclut, il me répond : « la chambre » et devant mon regard sans doute très interrogateur, il rajoute « pour une nuit ». Alors quand je lui réponds « merci » et que je tourne les talons, il rajoute « pour le petit déjeuner, on le sert ici au restaurant et c’est en sus ! ». Si je tourne les talons, c’est parce que je me refuse à payer une simple chambre dans une maison au prix de celle dans un trois étoiles où il y a d’autres services et une douche notamment.  J’estime que 50 à 60 euros est un prix raisonnable et je suis prêt à l’accepter si après une visite des lieux la chambre me convient. Je traverse la placette en direction de l’autre bar-restaurant et quand je pose la même question à un aimable serveur, ce dernier me précise de m’adresser à une boutique vendant toiles, tableaux et diverses œuvres d’art se trouvant dans une ruelle toute proche. La boutique est là et je suis reçu aimablement par une gentille dame qui me précise qu’elle loue bien des chambres mais pour une période d’une semaine au minimum. Alors, une nouvelle fois j’insiste et je lui raconte même un « petit » mensonge en lui disant que je n’ai besoin que d’une seule nuit car j’accomplis un repérage pour un groupe de randonneurs qui reviendra certainement marcher à Bages pendant plusieurs jours au printemps prochain. Alors, j’ai le sentiment qu’elle paraît intéressée et qu’elle va un peu céder mais quand elle m’annonce la nuit à 90 euros, je comprends bien que le prix qu’elle me fixe est surtout dissuasif. Alors devant ma surprise, elle rajoute « vous savez pour une seule nuit ça me donne autant de travail que pour plusieurs car il faut que je lave les draps et la taie d’oreiller ! » Alors, je lui dis : « vous savez, je n’ai pas besoin de draps et je viendrais avec mon sac de couchage si nécessaire » et là, je ne sais pas si elle le fait exprès et elle rajoute « bon d’accord, je vous la ferais à 80 euros car j’aurais toujours la taie d’oreiller à laver ! ». Je lui réponds « Vous savez, je peux me passer d’oreiller et je peux vous offrir 60 euros ». « Je suis désolée, je ne peux pas descendre en dessous de 80 euros » me répond-elle. Voyant bien qu’il est difficile de trouver un terrain d’entente, je lui dis carrément que c’est trop cher pour moi. Alors, elle me raccompagne jusqu’à la porte de la boutique. Je quitte Bages, fortement déçu de constater que même hors saison, les prix d’une simple chambre soient si prohibitifs car je m’attendais à une fourchette de 45 à 60 euros. Je me souviens que sur le Tour du Vallespir puis sur celui du Coronat ou sur celui du Capcir, je n’avais pas payé ce prix-là pour une nuit dans une chambre d’hôtes avec souper et petit déjeuner inclus. J’ai du mal à comprendre. Je n’ai pas avancé d’un pouce dans l’organisation de ce Sentier du Golfe Antique et très étrangement, ça me rappelle la galère que j’avais vécu pour organiser le Tour des Fenouillèdes.

5- Cinquième mission : prendre des décisions et conclure. Quand je rentre à la maison, j’en suis à me demander si ce Sentier du Golfe Antique est réalisable tel que je veux l'entreprendre ? N'est-ce pas là la raison qu'il ait été « coupé en tranches » dans le topo-guide ? Première constatation, il faut que j’oublie l’idée de faire cette boucle en 4 jours et 3 jours me paraissent plus raisonnables même si les distances vont prendre un sacré coup de « rallonge ». Si je ne veux pas me trimballer un quelconque bivouac, l’étape Narbonne – Port-la-Nouvelle ou vice-versa devra être réalisée dans la journée. Après tout, ça fera une étape d’au moins 30 km mais c’est là la seule solution. A bien y réfléchir, il n’y a aucun dénivelé et le coup est donc parfaitement jouable. Les autres étapes, soit plus de 45 km, seront à partager en deux de préférence. Je change mon fusil d’épaule et je prends la décision de démarrer de Port-la-Nouvelle car j’ai la certitude qu’il sera plus facile de trouver un hébergement à Narbonne. Je sais que les hôtels « bon marché » du style Formule 1, BB Hôtel ou autres ne manquent pas. Les draps et les taies d’oreillers sont aussi propres qu’ailleurs et jamais je ne paierais 80 euros la nuit. Je regarde un peu les plannings de réservation sur Internet et de nombreuses places sont encore disponibles quelque soit les semaines à venir. C’est un « bon point » et j’arrête là ma première étape. A partir de là, la deuxième étape devient plutôt évidente et deux communes me semblent appropriées à me recevoir au soir du deuxième jour : Peyriac-de-Mer ou Portel-des-Corbières. Quand j’interroge Internet, aucune location, aucun gîte, aucun hôtel, aucune chambre d’hôtes n’apparaît pour la commune de Peyriac-de-Mer. J’en suis très étonné car je pensais que la cité était plutôt touristique mais c’est ainsi. A Portel, en sondant Internet, les opportunités ne sont pas pléthores mais il y a un grand hôtel et diverses « adresses » louant des chambres. J’envoie un mail sur le site de la mairie et là,  surprise, quelques heures plus tard, je reçois un très gentil message avec une petite liste exhaustive de tous les hébergeurs présents sur la commune. Il n’y a pas de prix mais au fond de moi, je me dis que « ce serait bien le diable » si je ne trouvais rien de concret et de raisonnable. Il ne me reste plus qu’attendre mon « bel anticyclone » et si je trouve un hébergeur raisonnable à Portel, « Mon Sentier du Golfe Antique » sera bouclé mais à faire en 3 jours. Les semaines de septembre défilent. Le temps n’est pas mirobolant avec de nombreux passages nuageux sur le Languedoc-Roussillon même si la pluie n’est pas souvent de la partie. Je tiens absolument à partir avec du beau temps. Le dimanche 21 septembre, Météo France annonce une fin de semaine très ensoleillée sur tout le pourtour méditerranéen mais avec il est vrai une « bonne » tramontane. Je sais que la tramontane c’est la condition essentielle pour qu’un ciel bleu et un grand soleil soient de la partie. Je me laisse encore deux jours avant de réserver car dans les prévisions de Météo France j’ai très souvent observé un décalage dans le temps. Si mardi matin, les prévisions restent identiques, c’est décidé, je me lance dans l’aventure à partir de jeudi de préférence, voire de vendredi ou samedi selon les possibilités d’hébergement. J’attends le mardi matin avec anxiété et en croisant les doigts en espérant que la météo ne va pas changer du tout au tout comme cela arrive quelquefois. Le mardi matin, je « tombe du lit » et me jette sur mon ordinateur pour regarder les prévisions : les informations restent toujours les mêmes et il va faire « super beau » à partir de jeudi même si les rafales de vent venant du nord sont annoncées un peu plus violentes qu’initialement. J’allume la télé pour avoir une confirmation et les premières informations annoncent toujours une fin de semaine magnifiquement ensoleillée sur tout le midi de la France. Je me lance. Vers 10 heures, je commence par la liste que m’a gentiment envoyée la mairie de Portel. Ma préférence va à l’hôtel Relais de Tamaroque dont j’ai eu un aperçu le prix d’une nuitée en demi-pension sur le Net. Je téléphone mais malheureusement tout est complet pendant plusieurs jours. Je commence la liste des locations de chambres en prenant les téléphones dans l’ordre indiqué.  Au premier et au deuxième appel, personne ne répond et je me dis que ça commence plutôt mal. Au troisième appel, une dame m’indique qu’elle ne loue pas pour une seule nuit et avant même que je puisse insister, elle raccroche. Décidemment, je n’ai pas de chance et encore une fois, je me demande si je vais pouvoir partir. Heureusement, le quatrième appel va être le bon, même si l’entame de notre conversation me laisse peu d’espoir. En effet, la gentille dame qui me répond ; Mme Noguero en l'occurence ; me précise qu’elle ne loue pas pour une seule nuit mais pour au minimum une semaine. Puis elle se ravise et m’indique qu’elle loue parfois pour les deux jours d'un week-end au prix de 120 euros. Je lui dis que j’ai besoin d’une chambre mais pour le vendredi soir seulement. Elle a l’air embarrassée mais paraît plus compréhensive et elle me répond que ce n’est pas possible car à partir du samedi, elle a un couple de clients qui arrive en fin de matinée. J’insiste en lui disant que si nécessaire, je décamperais très tôt le samedi matin. Elle m’écoute et semble plus ouverte que toutes les personnes auxquelles j’ai parlé jusqu’à présent. Elle écoute mon projet d’accomplir le Sentier du Golfe Antique. Elle semble comprendre mon désarroi de ne rien trouver sur le parcours. Elle semble compatir mais veut conclure en m’annonçant la nuitée à 80 euros. Elle aussi semble avoir « la toquade » de la taie d’oreiller à laver. Alors, j’insiste encore en lui disant que je trouve que c’est un peu cher pour mes finances et que ce n’est pas très logique si un week-end pour deux est à 120 euros. J’abats mon dernier atout en lui disant que je me passerais du petit déjeuner dont je sais qu’il est obligatoire et finalement elle craque en acceptant la nuitée à 60 euros. Je suis ravi de cet accord même si au fond de moi, je trouve encore le montant un peu élevé car c’est le prix d’une chambre dans un hôtel deux ou trois étoiles avec un petit déjeuner souvent copieux inclus. Je lui propose de lui envoyer un acompte mais elle refuse aimablement me précisant qu’elle me fait entièrement confiance.  Je lui laisse mon nom et toutes mes coordonnées en lui précisant que je serais à Portel vendredi soir entre 17 et 19 heures mais que de toute manière, je l’appellerais en arrivant au village. Quand je raccroche, je suis enchanté et désormais, j’ai la quasi certitude que je vais réaliser ce Sentier du Golfe Antique. Toutefois, il me reste une dernière tâche à accomplir : trouver et réserver une chambre à Narbonne pour jeudi soir. Sur Internet et sur le site des hôtels Formule 1, il ne me faut que quelques minutes pour trouver cette chambre au modeste prix de 49 euros. Voilà, l’organisation n’a pas été simple mais j’y suis parvenu pour une fourchette financière globale à peu près raisonnable et il ne me reste plus qu’à préparer mes affaires mais ça je sais faire et je suis même rodé.

 

Derniers préparatifs :

 

Je ressors mon sac de 40 litres qui dormait depuis un an dans le grenier et que j’avais étrenné lors du Tour du Capcir l’an dernier. Ma liste de ce qu’il faut emporter est là dans le tiroir de mon bureau. Elle date de mon Tour du Vallespir et dormait gentiment dans l’attente d’une nouvelle longue balade. Je la consulte et en fait rapidement l’inventaire. En définitive, il ne me manque que peu de choses et presque essentiellement de la « bouffe », au moins pour le premier jour. Demain après midi, j’irais au supermarché chercher tout ça. J’enregistre le tracé des trois étapes dans mon G.P.S et imprime les différents tronçons de la carte I.G.N sur des feuilles au format A4. Je n’ai pas la carte I.G.N Top 25 appropriée mais elle ne me semble pas utile sur cet itinéraire bien mentionné. Les chances de s’égarer sur ce parcours sont infimes et surtout sans grand risque et de ce fait, les 6 ou 7 morceaux de cartes imprimées me semblent amplement suffisants. Selon les tracés rapides que j’ai effectués avec  mon logiciel CartoExploreur, les trois étapes sont respectivement longues de 26, 22 et 21 km, ces distances n’étant qu’approximatives et surtout elles n’incluent pas les différents errements dont je sais déjà qu’ils seront nombreux et notamment après les arrivées. Je me connais. Mais en réalité, les distances m’importent peu et ce d’autant que les dénivelés et les montées cumulées sont très modestes et n’ont rien de comparables avec les derniers tours que j’ai pu accomplir. Ça me convient très bien ainsi.

 

C’est parti !

 

(*) Pourquoi Golfe Antique ? : Dans l’antiquité, les étangs de Bages-Sigean, de l’Ayrolle et de Gruissan étaient reliés entre eux et formaient un golfe en relation avec la mer. Le massif de la Clape était une île au milieu de ce golfe où se déversait l’Aude nommée alors « l’Atax ». Les alluvions de l’ Aude ont comblés ce golfe. L’étang de Bages-Sigean était longé par un grand axe de communication entre l’Espagne et l’Italie axe qui reliait les oppida. Hannibal partant à la conquête de Rome, emprunta cette voie (voie héracléenne) qui fut modernisée par les romains et rebaptisée « Via Domitia ». Dans ce golfe, Narbonne (en réalité Narbo Martius) était un port au commerce maritime très important. (Source Site du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre de l’Aude / CDRP11). Rajoutons que de nombreuses preuves de cette activité maritime ont été retrouvées à divers endroits autour de l’étang actuel de Bages-Sigean (La Nautique, Mandirac, Sainte-Lucie, île Saint-Martin, Peyriac-de-Mer, etc...). Le seul aspect « antique » est d’ailleurs encore plus ancien que la présence des Romains puisqu’il est acquis que d’autres peuples les ont précédés autour du golfe comme les Elysiques mais également les Ligures et les Volques Tectosages à un degré moindre.

Partager cet article
Repost0

La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l'écluse de Mandirac.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 5 musiques du groupe "Secret Garden" extraites de leur album "Winter Poem". Elles ont pour titres : "Make A Wish", "Song For A New Beginning", "Frozen In Time", "Song At The End Of The Day" et "Lament For A Frozen Flower".

 La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l'écluse de Mandirac.

La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l'écluse de Mandirac.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

C’est parce que j’avais en partie parcouru les lieux en 2014 lors d’un « GPR Sentier du Golfe Antique » en 3 jours, que j’ai imaginé cette boucle pédestre que j’ai intitulée « La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l’écluse de Mandirac ». D’abord le secteur m’avait bien plu mais j’avais le sentiment d’y être passé trop vite. Trop vite, car ce jour-là c’était la première étape allant de Port-la-Nouvelle à Narbonne et qu’il m’avait fallu parcourir une bonne trentaine de kilomètres.  Au-delà de ce premier aspect, il y en avait eu un second encore plus important à mes yeux : les Oiseaux. Certes, j’en avais vu beaucoup, mais là aussi j’étais resté avec un sentiment d’inachevé sur la plan photographique ! Inachevé car je n'avais pas pris suffisamment mon temps et que mon appareil-photo n'était pas vraiment performant pour des photos animalières. J’avais donc envie d’y retourner avec cet espoir de faire beaucoup mieux. En ce 22 octobre, il est 12h30 quand je gare ma voiture à proximité de l’écluse de Mandirac située sur le canal de La Robine. La météo est mitigée car faite de gros nuages blancs et gris qu’un bon petit cers pousse du nord-ouest vers le sud-est, mais j’ai bon espoir que ça s’arrange. En tous cas, j’ai la quasi-certitude qu’il ne pleuvra pas.  Je viens à peine de couper le moteur qu’un train passe à toute vitesse sur la voie ferrée mitoyenne faisant s’envoler une Aigrette et un Héron cendré. Par chance, mon appareil-photo est sur le siège passager et si je loupe l’Aigrette, le Héron passant juste devant mon pare-brise, je peux l’immortaliser en plein vol. Je démarre, direction Tournebelle-le-Neuf et le Grand Tournebelle en longeant plein sud et pour l’instant le Canal de la Robine. En 7 ans, j’ai le sentiment que beaucoup de choses ont changé et pas en bien. Le petit Café de pays faisant restaurant et qui organisait d’agréables soirées musicales est délabré et est ouvert aux quatre vents, les abords de la gare de Gruissan-Tournebelle paraîssent beaucoup moins bien entretenus même si sur la façade un grand graffiti plus joli est venu remplacé quelques tags qui étaient très moches. J’ai appris que la Ligue de Protection des Oiseaux de l'Aude en avait fait son siège. Depuis mon départ, j’ai vu des déchets parsemés de tous côtés alors que de grands conteneurs poubelles sont là sur le parking près de l’écluse. J’essaie donc d’oublier ces tristes aspects et de me concentrer sur ce que je suis venu faire, c’est-à-dire tenter d’observer ce qui est encore beau, c’est-à-dire la Nature. Juste avant d’arriver au Grand Tournebelle, elle se présente sous les traits d’un Ragondin qui fouine l’herbe de la berge et quelques secondes plus tard c’est une Gallinule poule d’eau qui se dépêche de traverser la Robine. Quelques mètres plus loin c’est dans le petit canal du domaine  du Grand Tournebelle que je surprends un Martin-pêcheur. Puis le passage à niveau de la voie ferrée est là et même si les barrières sont levées, je le traverse avec la prudence qui s’impose. Depuis que j’ai laissé ma voiture, trois trains sont déjà passés. Un peu plus loin, dans un pré, juste à côté de la voie ferrée quelques chevaux blancs ; sans doute des « Camargue », nous rappelle les similitudes qu’il y a entre le delta de l’Aude et celui du Rhône. Les deux fleuves sont à l’origine de la création de leurs étangs et marécages respectifs. D’ailleurs peu de gens le savent mais le canal de la Robine emprunte en partie l’ancien lit de l’Aude, mais ça c’était au temps où les Romains avaient fait de Narbonne le deuxième port de commerce de la Méditerranée après ceux mitoyens d’Ostie et de Portus Augusti qui étaient ceux de Rome. De plus et même si les productions ne sont pas comparables en volume, il y a bien un riz de Mandirac comme il y a un riz de Camargue. Les comparaisons ne s’arrêtent pas là puisqu’on peut y observer quasiment les mêmes oiseaux, raison de ma présence. Aigrettes, hérons et canards colverts sont les premiers visibles mais comme ici les roselières sont très hautes mais également infranchissables car très denses, il me faut trouver des talus pour apercevoir les marais et les oiseaux qui les habitent. Il va en être quasiment ainsi jusqu’au lieu-dit Saint-Louis. Une fois franchi le passage à niveau, les seuls talus étant les ballasts de la voie ferrée, il vaut mieux éviter d’y grimper totalement. D’abord parce que les pierres qui les composent sont peu faciles à gravir mais surtout parce que c’est très dangereux. Ici les trains sont relativement nombreux à circuler et de surcroît ils roulent « à fond la caisse » sur cette longue ligne droite parallèle à La Robine. Alors j’essaie de trouver un juste milieu et surtout d’autres endroits moins périlleux. Finalement et compte tenu des difficultés, je n’ai pas trop à me plaindre des photos ornithologiques qui viennent remplir la carte mémoire de mon appareil-photo.  Dans ma quête à vouloir photographier tous les volatiles, ma plus grand difficulté est de surprendre les passereaux pourtant plutôt nombreux. Le cers, fait parfois de rafales assez violentes, incite tous les oiseaux à se laisser tomber dans les roseaux. Parfois, les rassemblements de passereaux sont si importants qu’ils donnent l’impression de pierres tombant du ciel. Malgré quelques photos, j’ai conscience qu’il me faudra faire preuve de patience et trouver des endroits bien plus propices à leur observation. Dans l’immédiat, je me fais une raison. Au lieu-dit Saint-Louis, je surprends quelques colverts dans le canal Le Canelou mais leur côté sauvage les fait s’enfuir dans les roseaux en me voyant. Après avoir emprunter la passerelle qui enjambe le canal, en apercevoir les deux ou trois habitations constituant le lieu-dit, j’ai le même sentiment que j’ai eu à Mandirac. L’endroit me paraît bien plus sordide et sale qu’en 2014. D’ailleurs, une des villas avec sa toiture amplement défoncée, ses rideaux roulants et ses fenêtres cassées, ses canisses fracassées et sa terrasse sens dessus dessous me paraît totalement saccagée. On dirait qu’une tornade est passée par là, à moins que ce soit les actes de terribles vandales ? Dans le doute et malgré son aspect désert, je m’abstiens de l’approcher et ce, malgré plusieurs fauvettes qui en occupent le jardin et que je veux à tout prix photographier. Comme elles ont la bougeotte, j’utilise mon appeau et attends de voir si elles viennent à moi.  Après cette séquence peu réussie, je poursuis ma route qui peu après devient rectiligne et bitumée. Elle file tout droit vers le Petit Castelou. Mais j’oublie vite l’asphalte car ici quelques arbres morts et donc dénudés accueillent des passereaux et c’est donc beaucoup plus facile pour moi d’en immortaliser quelques-uns. Un rapace s’envole d’un marais et s’amuse à jouer avec le vent. Il me laisse le plaisir de le photographier. Si l’arrivée au Petit Castelou est encore synonyme d’oiseaux et notamment de quelques limicoles non encore aperçus, les véritables « clous du spectacle » de la longue ligne droite qui se présente à nouveau sont des flamands roses en grand nombre, plusieurs Hérons, un groupe de magnifiques cigognes blanches passant juste au-dessus de ma tête mais surtout un superbe papillon Petit Monarque que le vent semble clouer sur l’herbe. Voilà un papillon que je n’avais jamais vu ni photographié jusqu’à présent et que je croise deux fois en quelques semaines dans des secteurs très éloignés l’un de l’autre, mais surtout que tout oppose. Le premier à « la Chapelle Sainte Marguerite de Nabilles », au-dessus de Conat et donc dans le Haut-Conflent à 865m d’altitude, c’était le 19 septembre, et le second ici un mois plus tard au bord de l’étang de Bages-Sigean. Quels contrastes de paysages et de biotopes pour un papillon migrateur censé venir d’Afrique via l’Espagne ! Après ces agréables spectacles, il est temps pour moi d’allumer mon GPS et d’en observer le tracé que j’y ai enregistré.  En effet, je ne veux pas louper le petit sentier qui doit m’amener vers Le Grand Castelou, ce qui m’obligerai à quelques kilomètres supplémentaires et de surcroît sur l’asphalte. Finalement, la bifurcation n’est pas très loin et se présente sur ma gauche mitoyenne d’une martellière, vanne métallique laissant passer les eaux selon les besoins. J’y retrouve avec un peu d’étonnement les balises jaunes et rouges propres au GRP Sentier du Golfe Antique.  Sans doute une variante dont je sais qu’elles sont plutôt nombreuses car si ce GRP est long de 75km et peut s’effectuer en plusieurs jours comme je l’ai réalisé moi-même, il est aussi constitué d’un réseau d’une douzaine de petits parcours pédestres individuels. Un petit ponton permet d’enjamber l’étier et le sentier est là qui traverse l’ancienne saline aujourd’hui largement envahie par les soudes, les salicornes, les lavandes de mer, les roseaux et autres plantes rustiques des marais. Si les passereaux y sont également plutôt nombreux, ils continuent de disparaitre au sol dans cette dense végétation.  Finalement comme j’abandonne l’idée de les photographier dès lors qu’ils disparaissent dans les roseaux, les grands bâtiments du domaine du Grand Castelou, gérés désormais par le Conservatoire du Littoral, sont vite là. Les bâtiments étant désertés de toute présence humaine, je me laisse aller à une visite improvisée mais vite découragée car les portes sont autant murées que l’endroit est vide. Un panonceau indiquant « un sentier de randonnée du Grand Castelou », je me laisse tenter avant de lire qu’il y a deux itinéraires, le premier assez réduit car de 2km autour des bâtiments, et le second de 4 km empruntant en très grande partie celui que je viens d’accomplir autour de la Saline de Mandirac. De ce fait et une aire de pique-nique avec des tables et des bancs arrivant bien à propos, je m’y arrête histoire de me reposer un peu et de goûter de quelques biscuits. Grand bien m’en prend de m’arrêter à cet endroit car au-dessus de l’aire de pique-nique de grands arbres totalement effeuillés vont servir d’aire de repos à de nombreux passereaux de passage. Je vais rester là plus d’une heure n’ayant qu’à siffler dans mes appeaux, attendre que les oiseaux arrivent et prenant un énorme plaisir à photographier chardonnerets, pinsons, serins et autres linottes mélodieuses.  C’est sur cette bonne note que je quitte le Grand Castelou, certes un peu de déçu d’avoir trouvé l’endroit désœuvré alors que j’avais imaginé que son acquisition par le Conservatoire du Littoral lui donnerait une autre vie aussi active que l’avaient été les précédentes. Il ne me reste qu’à refermer cette boucle mais là, j’hésite entre ressortir par le nord du domaine, direction le Grand Mandirac, ou bien vers l’est par des chemins qui traversent le domaine mais dont je n’ai aucune certitude qu’au bout ils enjambent la voie ferrée. Après réflexion, c’est la première solution qui me paraît la plus sage. Nouveaux chevaux blancs, quelques fleurs et d’autres oiseaux me font une fois encore oublier que je marche sur des voies asphaltées, voies asphaltées toutefois plutôt dangereuses dès que je sors du domaine. Ici, peu de bas-côtés pour satisfaire les piétons et la prudence doit être de mise. Au Grand Mandirac, juste après le passage à niveau, je retrouve  sur ma gauche les grandes bâtisses du 19eme siècle similaires à celles du Grand Castelou. Ces maisons de maître sont les témoins d’un âge d’or de la viticulture mais également de quelques essais plus ou moins convaincants de la culture du riz et de bien d’autres légumes ou céréales. Mais au-delà de cet aspect patrimonial, c’est surtout le chantier de charpenterie de marine qui m’intéresse. Comme j’y passe régulièrement devant en voiture sans jamais m’arrêter, je profite de cette occasion qui m’est donnée pour m’y attarder. Un homme est là et m’informe gentiment sur le chantier en cours. Après cette découverte, la dernière longue ligne en direction de l’écluse m’attend. A pied, elle est aussi risquée que celle qui m’a amené ici au sortir du Grand Castelou. Les voitures y sont nombreuses car Mandirac reste un raccourci certain et donc très emprunté entre Gruissan et le sud de Narbonne.  La route est assez étroite, les voitures y roulent parfois très vite et il est donc préférable de marcher en ayant constamment un œil devant soi et un autre derrière. Finalement, c’est entier que j’arrive devant la Maison de l’écluse, chance qu’un pauvre petit ragondin n’a pas eu. De cette crêpe de peau, de poils et de chair sanglante jonchant la route, seule la queue ronde et dure, encore pratiquement intacte, laisse imaginer qu’il a pu y avoir derrière cette représentation macabre un petit animal au cœur battant. Le pire dans cette vision d’horreur, c’est qu’en m’approchant de la confluence que forme ici le Canelou avec la Robine, j’y aperçois un autre ragondin qui semble faire « les cent pas » dans l’eau verdâtre du minuscule canal.  Il va et vient, faisant des longueurs d’une dizaine de mètres, et surtout il me laisse pensé à quelqu’un qui attend avec impatience et en vain le retour de quelqu’un d’autre. Attend-il l’âme en peine son conjoint que je viens de voir sur la route bien plus plat qu’une limande ? Compte tenu de la proximité des deux faits, je l’imagine aisément car même ma présence penchée sur la balustrade du Canelou ne change rien à ses longueurs natatoires. Je préfère quitter les lieux et m’en éloigner très vite tant ces deux scènes que je viens de voir m’ont terriblement attristées, et ce d’autant que je sais qu’ici les ragondins sont très mal vus et carrément chassés car ils occasionnent pas mal de dégâts dans les berges des canaux et les cultures. En 2014, j’avais constaté la présence de plusieurs pièges le long de La Robine.  Je traverse l’écluse et file vers l’ancienne école. Si sous certains aspects, elle me rappelle l’école primaire telle que j’ai pu la connaître, seuls quelques moineaux qui l’occupent trouvent un réel intérêt à mes yeux. Quelques voitures arrêtées un peu plus loin sur la route de Gruissan me rappellent mon passage ici en 2014. Seraient-elles encore là pour les même raisons ? Oui, c’est bien le cas, mais avec beaucoup moins de cigognes qu’il y a 7 ans, car cette fois-ci, il n’y en a que deux et beaucoup plus éloignées. Malgré ces derniers volatiles immortalisés et mon envie de continuer à photographier la Nature, il faut que je me rende à l’évidence, cette balade est bien finie !  Globalement je suis satisfait de ce long après-midi. Les oiseaux observés ont été très nombreux même si je sais que les photos n’auront pas toujours la belle qualité espérée à cause d’une météo variable et donc pas toujours idéale en terme de luminosité et de l'éloignement de certains volatiles. Telle que racontée ici, cette boucle a été longue de 9,2km avec bien évidemment une déclivité inexistante. Carte IGN Top 25.

Partager cet article
Repost0

Le Tour du Lac de Villeneuve-de-la Raho

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons interprétées par Phil Collins. Elles ont pour titre : "In The Air Tonight", "Against All Odds" et "Another Day In Paradise".

Le Tour du Lac de Villeneuve-de-la Raho

Le Tour du Lac de Villeneuve-de-la Raho

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

La plupart d’entre vous qui vont compulser et lire ce reportage seront surpris de trouver « le Tour du Lac de Villeneuve-de-la-Raho (*) »  dans mon blog. Pourtant, et je vais m’en expliquer, il y a plusieurs raisons à cela. La première et la principale est la suivante : Il y a quelques années et alors que je venais de démarrer la création de mon blog et que j’en étais seulement à une vingtaine de « randonnées expliquées », une dame qui passait ses vacances dans un camping de Taxo-les-Pins m’avait envoyé le message suivant : « Bonjour, Fidèle de votre site Internet, je suis du nord mais depuis 2 ans je viens passer mes vacances d’été dans un camping de Taxo. Je marche très souvent avec vous grâce à vos jolies vidéos. Je marche virtuellement car suite à une intervention chirurgicale et à de gros problèmes respiratoires que je rencontre depuis,  il m’est impossible de marcher lorsqu’il y a la moindre élévation. Seriez-vous à même de m’indiquer 2 ou 3 circuits dans le département où je pourrais marcher sans cette crainte qu’il y ait des pentes à gravir mais avec la possibilité de rencontrer d’autres personnes afin que je puisse me sentir en sécurité. Merci infiniment. Cordialement. Michelle.» Alors pour être franc, j’avais été très embêté pour lui fournir une réponse avec ces critères-là. Primo parce que je n’avais aucune balade pédestre sans déclivité parmi mes « randonnées expliquées », et que secundo même en cherchant, je ne voyais pas ce que je pouvais lui répondre, après tout pour marcher sur des portions planes ce n’est pas les endroits qui manquent. Comme seule réponse, mais en y mettant les formes, je m’étais contenté de lui dire de se renseigner auprès d’un club de randonnées. Deux années plus tard, elle m’envoya le message suivant : « Bonjour Gilbert, Vous auriez pu me le dire qu’il existait deux parcours pédestres autour du lac de Villeneuve-de-la-Raho. Un petit et un grand, tous les 2 bien plats et avec toujours beaucoup de monde. Je suppose que vous deviez le savoir ? Je suis très heureuse car depuis presque un mois je vais y marcher régulièrement et en plus je m’y suis fait quelques amies. Bonne continuation pour votre blog. Bien cordialement. Michelle de Taxo. Alors bien évidemment, comment lui répondre que je ne connaissais pas le lac de Villeneuve-de-la-Raho ? Bien sûr que je le connaissais ! Bien sûr que je savais que l’on pouvait en faire le tour ! Bien sûr que je savais que tout y est plat ! Bien sûr que je savais qu’il y a toujours de nombreux marcheurs ! Que pouvais-je lui répondre d’autre si ce n’est la vérité et que j’étais confus de ne pas y avoir pensé ? C’est ce que je fis avec un brin d’excuses car en outre je sentais bien dans son message qu’il y avait une pointe de reproche. Ainsi s’arrêtèrent nos échanges mais cette anecdote est toujours restée là dans un coin de ma tête. Alors bien évidemment quand nous sommes sortis du second confinement avec cette possibilité de pouvoir nous échapper 3 heures et à 20 km du domicile, et qu’avec Dany nous venions de décider de partir marcher à Villeneuve-de-la-Raho, cette anecdote m’est revenue comme un boomerang. « Pourquoi ne pas y aller et faire un reportage ? Pourquoi ne pas y aller et faire comme je le fais souvent désormais, c’est-à-dire me consacrer principalement à photographier la faune et les oiseaux plus spécialement ? » Je sais qu’ils y sont parfois nombreux. J’en avais fait le constat quelques mois auparavant. A tous ces desseins, je me disais qu'il y avait peut-être « d'autres Michelle » que ce parcours pouvait intéresser ?  L’idée ne m’a plus quitté et quand je fus là-bas, j'étais très comptant de me lancer dans ce reportage et de plus, jamais je n’aurais imaginé qu’il y ait tant d’oiseaux ! Les 3 heures devinrent 5 et demi, mais par bonheur avec l’attestation sur smartphone la « tricherie » modificatrice fut facile à corriger. Alors voilà toutes les raisons qui m’ont amené à ce reportage  : cette « fameuse » Michelle de Taxo, sans doute le parcours de marche le plus fréquenté et de  très loin du département, ma passion pour les oiseaux et enfin cette opportunité d’y aller au sortir du confinement. Alors bien sûr, je ne vais pas vous faire l’affront de vous expliquer comment on fait le tour du lac de Villeneuve-de-la Raho. Dans un sens ou dans un autre, rien n’est plus simple. Il suffit d’y aller et depuis le parking de suivre le mouvement. Un  mouvement perpétuel de marcheurs, de coureurs, de cyclistes et de bien d’autres activités qui ne s’arrête que la nuit. Enfin je crois ! Merci à Dany qui une fois encore a accepté de marcher le plus souvent seule me faisant l’immense plaisir d’assouvir ma passion de la photo ornithologique sans rouméguer ! Sans elle, jamais il n’y aurait eu autant d’oiseaux dans ce reportage. Ce jour-là, le ciel était mitigé avec un grand ciel bleu au dessus de Villeneuve mais plus laiteux en direction du Canigou magnifiquement enneigé. La lumière était donc un peu bizarre mais pour mes photos, la luminosité était amplement suffisante. Nous avons accompli la grande boucle mais alors que Dany continuait son bonhomme de chemin, moi, après la petite retenue écologique, je suis parti m’égarer dans les vignes car j’avais constaté que les passereaux y étaient très nombreux. Sur ces buttes et plateaux qui dominent le lac, ils se déplaçaient des vignes vers des bois de pins et de cyprès et vice-versa. J’ai donc passé pas mal de temps sur ces hauteurs et n’en suis parti qu’à l’instant où j’ai estimé que les principales  espèces que j’avais vu avaient été photographiées au moins une fois correctement. Ce reportage est donc le reflet de ce que ce que j’ai pu voir au fil du parcours ce jour-là (et quelques mois auparavant) : faune et surtout avifaune, un peu de flore, paysages et mais également les activités qui y sont pratiquées. Autant l’avouer, ce fut pour moi un pur bonheur ! Le grand circuit que nous avons accompli est long de 7,3km mais au sud et en montant dans les vignobles j’ai dû facilement accomplir 1km de mieux, peut-être même plus  à courir derrière les oiseaux ….Eh oui, que voulez-vous, enfant, ma mère ne m’a jamais appris à voler, pourtant mon nom a bien 2 « L » ! Carte IGN 2548 OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.

(*) Le lac de Villeneuve-de-la Raho en bref : C'est un lac qui a été créé en 1977 sur le site d'une dépression naturelle dont le nom était « Etang de Barria ». Etang asséché en 1854. Il appartient au Conseil Général des Pyrénées-Orientales qui en assure la gestion. Il est alimenté par le Canal de Perpignan. Il est composé de 3 retenues distinctes : une retenue touristique ou balnéaire avec une plage où la baignade est autorisée lors des périodes où elle est surveillée, une retenue principale qui est la plus grande et une retenue écologique réservée à la faune et à l'avifaune. L'ensemble occupe 231 ha pour un volume d'eau moyen de 18 millions de m3. Si initialement il a été créé pour irriguer les cultures, il est aujourd'hui le pôle touristique le plus important du département. De très nombreuses activités de loisirs y sont autorisées attirant un très grand nombre de visiteurs. A ce jour, de nombreux autres projets sont dans les cartons : l'aménagement d'un terrain de golf à proximité et un futur apport d'eau supplémentaire grâce à une liaison avec le lac de barrage de Vinça en sont les principaux. On peut le considérer comme un véritable lac de barrage puisque sur son flanc est, un digue artificielle de terres et de rochers a été construite, qu'une prise d'eau est active ainsi que divers déversoirs. 

Partager cet article
Repost0

Le Roc et le Bac de Torrelles (1.745 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando

 Ce diaporama est agrémenté avec des musiques du DJ Michael Maretimo extraites de sa compilation intitulée "Spring Lounge 2019".

Le Roc et le Bac de Torrelles (1.745 m) depuis Urbanya (856 m)

Le Roc et le Bac de Torrelles (1.745 m) depuis Urbanya (856 m)

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. Cliquez 2 fois pour un plein écran.

 


 

Urbanya, 5 août 2020. Il est 6h30. Assis sur le canapé avec mon plateau repas sur les genoux, je déjeune devant la TV comme je le fais parfois. Si je dis parfois, c’est parce qu’assez souvent je déjeune plutôt sur la terrasse, surtout quand il fait très beau comme c’est le cas aujourd’hui. En réalité, aujourd’hui, rien n’est comme d’habitude. Mon sac à dos est déjà prêt et je m’apprête à partir pour une balade qui doit m’amener au « Roc et au Bac de Torrelles (*) ». Voilà déjà plusieurs jours que je me prépare à cette longue randonnée sans doute pas facile pour mes vieilles jambes. Il y a 6 ans déjà, en août 2014, je m’étais rendu dans ce secteur de la montagne conflentoise pour une randonnée que j’avais intitulée « Le Canal d’Urbanya ». Si j’ai envie d’y retourner, ce n’est plus pour le canal que je connais désormais mais parce qu’à l’époque, ce Bac de Torrelles, je l’avais décrit comme un « sanctuaire ornithologique ». En effet, j’y avais aperçu tant d’espèces différentes de passereaux que c’était le seul vocable que j’avais trouvé pour décrire ce lieu de rassemblement avien. A l’époque, le zoom de mon appareil-photo ne m’avait pas permis de photographier tous ces oiseaux comme je l’aurais voulu. D’ailleurs, autant l’avouer, on ne photographie jamais les oiseaux comme on le veut !  Depuis, j’ai changé d’appareil et j’ai donc envie d’y retourner. Ça c’est la première raison. La deuxième, c’est que je constate d’années en années qu’il y a de moins en moins de passereaux à Urbanya et dans ses alentours. Je sais que cette situation est générale mais je ne me fais pas à cette idée de voir disparaitre les oiseaux et plus globalement la faune quelle qu’elle soit.  Ici à Urbanya, je marche quand même beaucoup, je fais constamment ce constat et je veux aller voir s’il se vérifie également à une altitude plus élevée. Comme vous l’aurez compris, je veux consacrer l’essentiel de cette longue excursion à photographier les oiseaux mais par expérience je sais qu’il n’y aura pas que ça ! Comme toujours, le plaisir de marcher sera là et les occasions de découvrir bien d’autres choses aussi. Voilà pour les objectifs.

Alors que je me lève du canapé et regarde vers la porte d’entrée, je suis intrigué, car au travers de la vitre et du rideau qui la protège, je crois voir un chat que je ne connais pas. Il est entrain de manger dans la coupelle des deux chats que nous gardons. Les deux nôtres sont Kiwwie, la chatte de ma fille, et Flip le chat du vacher Philippe. Tous les deux sont très noirs et celui-ci est roux. En réalité, et alors que je m’approche de la porte, je constate qu’il ne s’agit pas d’un chat mais d’un renard sans doute très affamé. Il est d’un roux plutôt clair. Par bonheur, mon appareil-photo est posé sur un meuble, je m’en saisis et peux immortaliser cette image insolite d’un renard mangeant sur le balcon. Il est temps que je parte car l’itinéraire que j’ai programmé est long, difficile et probablement incertain, car en 6 ans, les parties hors-pistes, hors chemins et hors sentiers balisés risquent d’avoir quelque peu évolué défavorablement. Dans nos montagnes, les débroussaillages ne sont plus ce qu’ils étaient il y a quelques années. Je le constate régulièrement sans pour autant me l’expliquer. De plus, photographier les oiseaux nécessitent que je m’attarde très souvent, et bien évidemment, cet état de fait est peu compatible quand il y a une longue distance à parcourir. Enfin, à partir du pic Lloset (1.371 m), j’ai décidé d’éviter les pistes et d’enchaîner avec le pic de la Moscatosa (1.457m) et le Roc de Peirafita (1.535 m) en montant direct puis en longeant les clôtures. Si je connais bien tous ses modestes sommets, je sais qu’il faut très peu de temps pour que la végétation reprenne ses droits. Je ne crois pas si bien dire ! Un bisou à Dany et je démarre. Il est 7h tapantes. Le vallon d’Urbanya est encore à moitié dans la pénombre. Dès les premiers mètres, une couleuvre à échelons arrête mes pas. Elle est immobile contre un mur. J’ai tout loisir de la photographier. Je la titille du bout de mon bâton de marche mais elle semble insensible. Finalement et alors que je m’y attends le moins, elle part se réfugier entre les pierres d’un muret. Je démarre vraiment. Un peu plus haut, quelques papillons et surtout plusieurs oiseaux m’arrêtent encore me faisant déjà mentir quant à leur raréfaction. Je l’avoue, je suis indécis quant à cette balade et au reportage que je dois en faire. D’un côté, j’ai une envie folle de photographier un maximum d’oiseaux et de l’autre, ma crainte est que si j’y parviens, mon reportage soit contraire à ce que je constate le plus souvent, c’est-à-dire une forte diminution de leur contingent. Cette longue montée vers le pic Lloset, je la connais bien. J’en connais chaque secteur et sais où je peux éventuellement photographier chaque espèce d’oiseaux. Si les moineaux, les rouges-queues noirs et les merles ne dédaignent pas les habitations et donc la proximité de l’homme, les épineux sont les repaires des fauvettes, tariers et autres accenteurs. Les bruants et les traquets ont une nette préférence pour des buissons plus élevés, style hauts genêts et buissons à baies. Les pinsons, les gobe-mouches et les bouvreuils préfèrent les arbres légèrement plus hauts sans distinction. Les mésanges sont plus sélectives selon les espèces, certaines préférant les feuillus et d’autres les résineux. Idem pour les roitelets. Les pics, les geais et les sitelles sont plus enclins à faire leurs nids au faîte des arbres les plus hauts d’une forêt. Encore que cette règle soit constamment contredite car aucun oiseau ne rechigne à évoluer parterre s’il y trouve une nourriture à son goût. La nourriture parlons-en, car il y a des insectivores, des frugivores, des granivores et des omnivores. Ces derniers que l’on peut également qualifier d’opportunistes sont les mieux préparés pour affronter des conditions climatiques contraires à leurs habitudes.  Ajoutons à ces différents aspects, le fait que certains oiseaux sont seulement visibles à certaines altitudes, d’autres préfèrent la proximité de secteurs rocheux, d’autres vivent dans des zones humides, d’autres ne sortent que la nuit, etc… Oui, rien n’est jamais simple quand on veut photographier les oiseaux, mais je sais surtout qu’il faut marcher avec discrétion, silence et bien sûr constamment aux aguets. C’est donc en essayant de respecter au mieux toutes ces conditions que je m’élève vers le pic Lloset. Après la ferme de Philippe, la chance est avec moi sous les traits d’un chevreuil que je réveille mais qui finalement s’arrête pour me regarder avant de rebondir de nouveau. Cet arrêt lui aurait été fatal si j’avais été chasseur. Cette fois, il s’en tire à bon compte et aura sa « bobine » dans mon diaporama. En cette saison, la végétation étant fournie quel que soit l’étage montagnard, le nombre d’observations d’oiseaux et la chance de réaliser une belle photo sont des paramètres que l’on ne peut pas maîtriser mais seulement favoriser en respectant du mieux possible les conditions précitées. C’est ce que je fais avec plus ou moins de bonheur sans négliger le reste de la faune mais également la flore que j’aime à recenser en toutes saisons car je ne suis jamais à l’abri d’une agréable surprise. C'est le cas notamment avec une campanule blanche jamais vue jusqu'à présent et une mauve alcée plutôt rare par ici. Il est 9h20 quand j’atteins la crête à proximité du pic Lloset. J’estime à une quinzaine le nombre de clichés d’oiseaux, sans pour autant en connaître la qualité. Si un tiers est réussi je serais satisfait. Le clou de cette montée étant toutefois un deuxième magnifique chevreuil qui s’est immobilisé longuement sur la piste à une trentaine de mètres de moi me laissant toute latitude pour l’immortaliser. Ici, je délaisse la piste qui continue à droite, enjambe la clôture et me dirige vers le tout nouveau pylône dont j’ai appris qu’il avait été installé par Bouygues pour développer son réseau mobiles. Je le rejoins et poursuis tout droit en direction du pic de la Moscatosa. 3 oiseaux sortent des graminées et vont se jucher dans les grands sapins dominant la piste. Je m’y dirige. Il s’agit de grives musiciennes et c’est avec bonheur que je parviens à photographier la plus visible qui a fait le choix de se poser vers le bas du sapin le plus proche. Rien de notable jusqu’au pic de la Moscatosa or mis quelques papillons et un imposant criquet du nom d’Ephippigère des vignes. Si la faune et la flore agrémentent ma randonnée, les paysages grandioses vers les massifs du Canigou, du Coronat et du Madres ne sont pas en reste. Je ne m’en lasse pas. Vers le nord, la vision approximative mais lointaine que j’ai du Roc de Torrelles ne me décourage pas. Il est tôt et j’ai la journée devant moi. Rien de notable non plus dans la descente très boisée du pic de la Moscatosa or mis de nombreux papillons dans les rares parties en clairière et donc moins ombragées. Il suffit de longer la clôture pour rejoindre un chemin qui monte vers le Roc de Peirafita. Ici, et comme je le craignais, la végétation a repris ses droits. Depuis 2014, aucun débroussaillement n’a été entrepris et les genêts s’étant puissamment développés en hauteur et en largeur, ils forment une barrière presque infranchissable. Si je dis « presque », c’est parce qu’à force d’insister dans les trois directions envisageables, je finis par trouver une vieille clôture faite de gros pieux et de fils de fer. Dès lors que je la franchis, tout redevient normal. Très vite, les genêts laissent la place à un nouvelle forêt de résineux où s’égayent d’innombrables pinsons. Finalement, j’atteins la clairière où le Correc de la Pinosa et le canal d’Urbanya font une jonction. Il est 11h30. Dans ce lieu isolé, la présence d’une imposante pelle mécanique m’interpelle. Pas pour longtemps, car dès lors que j’emprunte le petit sentier longeant le canal, je comprends très vite que l’engin est là pour le réhabiliter. Je ne sais pas si ce travail est compliqué mais je ne vois pas dans cette nouvelle rigole une grosse différence avec celle que j’avais suivie en 2014. Bien au contraire. Elle est un peu plus large certes mais l’eau n’y circule pas plus mais surtout le sentier qui suivait le séculaire canal qui était plane et rectiligne, n’est désormais qu’une masse informe faite de glaise, de grosses pierres et de mottes de carex. Les parties encore planes et régulières sont rares et quand ce n’est pas le cas, l’emprunter équivaut à cheminer de petites montagnes russes inconfortables car peu stables voire carrément glissantes et « casses-gueules ». Au fur et à mesure que j’avance, mon constat est toujours le même :  l’eau n’y circule pas mieux et pas plus. En tous cas pas aujourd’hui. Pourtant le printemps a été relativement pluvieux.  Pour atteindre le Bac de Torrelles, à l’endroit même où ce lieu-dit devient une zone humide, je mets le double de temps par rapport à 2014 et ce, sans que les oiseaux en soient vraiment les responsables, même si leur présence est constamment là. Dans cet enchevêtrement peu aisé à arpenter, ma seule satisfaction est de voir des oiseaux. Il est midi et si les oiseaux sont certes présents, je ne retrouve pas ni en nombres d’espèces ni en nombre tout court, le « sanctuaire ornithologique » de 2014 ! Je détiens la preuve que l’avifaune se raréfie à tous les étages montagnards. Indifférent à ma présence, une Buse variable traverse le petit vallon du bac sans s’arrêter, ce qui signifie peut-être que son garde à manger est situé ailleurs. A l’ombre d’un grand pin à crochets et face au Canigou, je stoppe pour piqueniquer. Alors que j’ai d’abord choisi cet endroit comme étant le plus sec possible, en quelques minutes, il devient un bel et inattendu observatoire. Pinsons, tariers, fauvettes, accenteurs, mésanges, pouillots, bruants, gobe-mouches et linottes tournoient autour de moi et de cet « arbre de vie » de manière inespérée. Tous ne se laissent pas photographier facilement mais peu importe je suis satisfait de les observer. Pour preuve, dès lors que le piquenique est terminé et que je pars patauger dans les tourbières, tout devient plus compliqué car les passereaux se font plus discrets. Je me rattrape un peu avec la flore discrète de cette zone humide. 13h15, Il est temps de me mettre en route vers le Roc de Torrelles. Je continue à suivre le ruisseau de Torrelles jusqu’à ce qu’il devienne un étroit mais fougueux torrent descendant dans le vallon. J’allume mon GPS pour en retrouver le tracé que j’y ai enregistré. Ici, ce tracé est censé suivre des pointillés c’est-à-dire un sentier que j’ai observé sur la carte IGN, mais malheureusement même en respectant ce dernier il n’y a rien de concret sur le terrain. La carte IGN de mon logiciel CartoExploreur datant de 1997, elle est devenue obsolète et depuis, les pins ont tout envahi. Je comprends immédiatement qu’il ne faut pas que je continue dans cette voie et surtout qu’il faut que j’arrive à m’extraire de cette partie trop boisée. Je m’élève un peu et finis par trouver un semblant de sentier. Il se faufile dans un bois moins dense et surtout il finit par apparaître comme un vrai sentier, certes pas fréquenté du tout par les hommes et uniquement par des animaux, mais peu importe, il est bien visible sur cette pelouse faite de très bas genêts et de fétuques. Dans les Pyrénées, ces petits sentiers sont parfois appelés « caminoles », quant à ces graminées, il s’agit du très présent « gispet » (Festuca eskia ou flavescens). Le « gispet » pousse en mottes. Autant dire que cheminer ce sentier tout bosselé est aussi compliqué sinon plus que les monticules de glaise du canal. Mais mon objectif final, c’est-à-dire la crête du Bac de Torrelles étant toute proche, je ne désespère pas de l’atteindre. De plus, l’endroit étant fréquenté par plusieurs Becs croisés des sapins et quelques fauvettes huppées, le temps passe plus vite.  En 30 minutes, c’est chose faite, sauf que j’ai loupé le Roc de Torrelles que j’aperçois juste en contrebas à une centaine de mètres. Un coup d’œil sur mon GPS et je ne suis pas à 1.745 m d’altitude comme l’indique mon bout de carte IGN mais bien 91 m plus haut à 1.836 m exactement sur un éperon rocheux sans nom. Une fois encore peu importe car mon objectif était d’abord d’atteindre cette ligne de crête où les vues s’entrouvrent de manière incroyablement grandiose sur la vallée de Nohèdes et tous ses alentours.  Sur ma droite, l’horizon lointain est constitué d’un petit bout de la chaine pyrénéenne qui se détache au-dessus du col du Portus. Plus près le Puig d’Escoutou et le Pic Pelade, déjà gravis en d’autres occasions. En dessous, le Pic de la Creu avec à son pied l’Estany del Clot à peine perceptible. Devant moi, le Mont Coronat, dont j’ai une représentation encore jamais vue sous cet angle, et surtout plus imposante et massive que toutes celles aperçues jusqu’à à ce jour. Au loin, la Méditerranée, l’éternel et majestueux Canigou. Sur ma gauche le pic de Portepas. Enfin autant d'endroits plus ou moins faciles que j'ai déjà cheminés un jour mais également une grande partie du parcours effectué ce matin (Lloset, Moscatosa, Peirafita). Juste au-dessus le Roc de l’Aigle et ses 1.931 m que j’avais envisagé un instant de gravir avant de me raviser car j’estimais qu’il ne m’apporterait rien de plus si ce n’est une déclivité supplémentaire. Bien m’en a pris car après m’être octroyé une demi-heure de repos, me voilà déjà sur le chemin du retour. Est-ce la répétition de ce sentier très bosselé mais je n’ai pas fait 100 m qu’une violente douleur surgit dans l’aine côté gauche ? Ma jambe gauche est quasiment paralysée, je ne peux la tendre ni poser le pied à terre. Je m’allonge sur l’herbe, bois une grande gorgée d’eau et attend 5 minutes. La douleur s’estompe puis disparaît. Je repars avec une inquiétude certaine. A juste titre, car 30 m plus loin c’est autour de l’aine droite avec une douleur similaire. Re-repos, nouvelle gorgée d’eau et je repars une deuxième fois pour 100 m de mieux. Nouvelles douleurs mais cette fois dans les deux aines simultanément. C’est quoi ces douleurs ressemblant à des tendinites ? Là, je me dis que je suis mal barré, tout seul et nulle part au milieu de la montagne même si mon smartphone dort au fond de ma poche. J’y jette néanmoins un coup d’œil et comme je m’y attends souvent en pareil cas, seuls les appels d’urgence sont joignables. Pourtant une amie vient de m’appeler par erreur 20 minutes auparavant. C’est incompréhensible et c’est bien la peine d’avoir pris un forfait Bouygues, ce même Bouygues qui vient d’installer un pylône au pic Lloset à quelques kilomètres à vol d’oiseau me dis-je ! J’essaie de positiver en oubliant un éventuel appel au secours, de garder mon sang-froid et m’allonge une nouvelle fois. Plus longtemps cette fois-ci. 15 bonnes minutes. Les gorgées d’eau se succèdent et par bonheur, j’ai encore de l’eau en quantité suffisante. Les aliments également. Les douleurs disparaissent très vite une fois encore mais je fais le choix d’attendre quelques minutes de plus. Un Bec croisé femelle vient se poser à quelques mètres de moi et m’observe comme pour me défier. Je n’oublie pas que je suis là en partie à cause de lui. Je le photographie puis redémarre.  Plus prudemment que jamais, posant mes pieds bien à plat autant que c’est possible. Les douleurs ne reviennent pas. L’heure a tourné, tourne encore mais il n’est que 14h15 quand je retrouve la rivière de Torrelles. Je me dis que si les douleurs ne reviennent plus, j’ai largement le temps de retourner à Urbanya, même à cloche-pied. Je fais le choix de transformer ma flânerie habituelle en un « train de sénateur » que j’espère « thérapeutique ». J’ai l’âge pour ça ! Je fais également le choix de ne plus sortir de l’itinéraire normal même pour photographier la faune. Ça c’est plus difficile et ce d’autant plus que pour la première fois, j’aperçois deux lézards au Bac de Torrelles. Probablement des « vivipares » au regard de leur aspect plus ramassé que celui du Lézard des murailles. Je ne résiste pas à les suivre pour tenter de les photographier. Un seul aura le privilège de faire partie de mon bestiaire. Idem pour un Bruant fou qui sort de son bain et vient se sécher au soleil sur une branche dénudée. Ce sont mes derniers écarts et dès lors que les tourbières puis que le canal d’Urbanya se présentent, je ne peux plus guère faire le fou. Ici la prudence est de mise si je ne veux pas retrouver ces douleurs qui m’étaient jusqu’à présent inconnues. Je réveille un dernier cervidé mais celui-ci échappe à mon appareil-photo me laissant juste son arrière-train comme ultime souvenir. Je termine le canal sans problème et je fais le choix de continuer à descendre en suivant le Correc de la Pinosa. Je sais que c’est la manière la plus courte pour couper le Bac éponyme et retrouver la piste forestière la plus proche et surtout la plus praticable. Celle de la Fajosa. A 15h40, c’est chose faite. Définitivement rassuré, je finis mon casse-croûte au bord de la rivière Urbanya tout près de la jolie citerne DFCI. Immanquablement, cette citerne me rappelle mon Tour du Coronat effectué en 2007.  Joliment peinte en vert avec des dessins d’animaux, sanglier et cerf notamment, à l’époque c’était la toute première que je la voyais. La suite et la fin sont presque sans intérêt tant j’avais fait du Roc et du Bac de Torrelles mes objectifs majeurs. Sans les embroussaillements nombreux, sans les difficultés répétitives en longeant le canal puis sur les gispets, sans mes douleurs aux aines et avec une avifaune aussi présente qu’en 2014, j’y aurais sans doute passé une heure voire une heure et demi de plus. Quantitativement, j’ai vu moins de passereaux mais plus d’espèces même si certaines n’ont pas été observées. C’est le cas de pipits, de roitelets, de grimpereaux, de pies-grièches et d’alouettes aperçus en 2014.  C’est aussi le cas des bruants proyers qu’à l’époque j’avais vu en grand nombre sur la crête des pics Lloset et Moscatosa. C’est donc avec un sentiment mitigé que je termine ce vagabondage « perso ». Si j’écris « vagabondage perso », c’est parce que ce parcours n’est pas une vraie randonnée même si en terme de décors, il mérite largement que tout randonneur y consacre une belle journée. Pour moi, cette journée se termine en une sorte d’apothéose ornithologique. En effet, alors que je rejoins ma petite maison, des milliers d’hirondelles des fenêtres ont choisi le ciel d’Urbanya et surtout les grands frênes et noyers qui sont juste devant ma maison comme étapes à leur long voyage qui va les entraîner sans doute vers l’Afrique sub-saharienne. En conclusion, et même si la raréfaction des passereaux que j’appréhendais était fondée, je vais garder ces belles images très encourageantes de milliers d’hirondelles tournoyant dans le ciel d’Urbanya. Il est 17h50. J’ai été sur les sentiers pendant 7h50. Telle qu’expliquée ici, la distance parcourue a été de 19,5 km pour des montées cumulées de 1.458 m. Le dénivelé a été de 961 m entre le point le plus bas à ma maison d’Urbanya à 875 m d’altitude et la ligne de crête atteinte au-dessus du Roc de Torrelles à 1.836 m. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.

(*) Toponymie et étymologie du nom « Torrelles » : Il semble que cette toponymie ne pose guère de difficulté. C’est ainsi que la page de Wikipédia consacrée à la commune de Torreilles on peut lire ceci : « Ce nom apparaît dès 956 sous la forme Turrilias. Du xe au xiie siècle, cette graphie coexiste avec Torrelias. En 1122, on trouve aussi la forme actuelle en catalan, Torrelles.

De nos jours, en catalan, le nom de la commune est Torrelles de la Salanca.

Étymologie

La Torre désigne bien sûr une tour ou un ouvrage défensif, mais aussi par extension toute maison rurale dotée d'une tour de refuge. Le suffixe latin -ellu (que l'on retrouve aussi dans le nom de Saleilles, à proximité) est un diminutif. Mis au pluriel sous la forme Les Torrelles, le nom peut alors désigner un ensemble de petites fermes équipées de tours défensives ou de refuge.

Sur son site Internet et toujours à propos de Torreilles, l’historien Jean Tosti confirme plus précisément cette idée en indiquant qu’« on a affaire à des petites tours (en français tourelles), sans doute un groupe de petites fermes ayant chacune son propre système défensif.

Dans son ouvrage « La colonisation agricole romaine à travers les toponymes des Pyrénées Orientales »Henri Guiter nous apprend que plus avant (de métairies romaines proches de la côte méditerranéenne) se trouvaient des ouvrages de signalisation ou de protection du rivage « Torrilias en 898 provenant de Turriculas ». Outre les définitions précitées, le Dicolatin nous apprend que le mot « Turricula » désigne un « pigeonnier ».  De ce latin « turricula », le français en a tiré l’adjectif « turriculé » qui signifie « qui a l’aspect d’une petite tour » en évoquant des coquillages.

Notons enfin que lorsque on tape « torrelles » dans Google recherche, le premier site qui se présente est dédié à des communes espagnoles situées toutes les deux en Catalogne et dans la province de Barcelone. Elles ont pour noms Torrelles de Foix et Torrelles de Llobregat. En espagnol « Torrellas ». Si dans l’étude rapide que j’ai réalisée de ces deux communes, rien ne précise l’origine de leur toponymie, notons que le blason de la première est constitué de 2 tours noires crénelées sur un fond bleu et que sur le blason de la seconde sont visibles 3 tours bleus toujours crénelées sur un fond jaune. De manière surprenante, ce blason est quasi similaire à celui de Torreilles que l’on peut trouver sur Wikipédia dans la page consacrée à l’Armorial des communes des Pyrénées-Orientales. Sans contestation aucune, le nom « torrelles » a bien pour origine de « petites tours défensives ». Nohèdes et Urbanya n’ont apparemment pas de blason.

Le Roc et le Bac de Torrelles étant situés sur la commune de Nohèdes, aucune indication dans l’Histoire de cette commune nous laisse supposer la présence de petites tours défensives voire de fermes équipées d’un système de protection. Néanmoins, en longeant le canal dit d’Urbanya, on peut constater la présence de murets, de cabanes et de cortals en pierres sèches.  Il y en a quelques autres dans les proches alentours. S’agit-il là de ces fameuses « torrelles » désormais effondrées ou plus simplement de vestiges d'un pastoralisme d'antan ? La question reste posée ! Rappelons-nous toutefois que se protéger a toujours été un des besoins fondamentaux de l’Homme. Dès lors que ce dernier a su élever un habitat, ce besoin a été exprimé dans les diverses architectures : oppidum, castellum, turris sont des mots reflétant ce besoin constant quelque soit l’époque.

Enfin, si l’Histoire de Nohèdes vous intéresse vraiment, sachez qu’elle a été parfaitement contée et résumée par divers historiens. On y apprend par exemple qu’il y aurait eu un village plus important que celui de Nohèdes mais qu’il aurait disparu lors d’une catastrophe naturelle. Nos « torrelles » auraient-elles disparues à cette période elles aussi ?  Voici les liens vers leurs sites Internet :

 

Partager cet article
Repost0

Le Chemin des Amandiers sauvages : Saint-Estève - Baixas - Peyrestortes

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques du compositeur gréco-américain Chris Spheeris extraites de sa compilation "The Relaxing Music". Elles ont respectivement pour titre : Lanotte (avec Paul Voudouris), Mediterraneo, Juliette et Psyche.

Le Chemin des Amandiers sauvages : Saint-Estève - Baixas - Peyrestortes

Le Chemin des Amandiers sauvages : Saint-Estève - Baixas - Peyrestortes

Cliquez sur les photos pour les agrandir, 2 fois pour un plein écran


 

Voilà déjà pas mal de temps que je voulais partir à la découverte des communes de Baixas et de Peyrestortes que je ne connaissais pas, et ce malgré leur grande proximité de mon domicile. Faire ça à pied et en partant de chez moi, c'est-à-dire de Saint-Estève, me semblait donc un challenge intéressant. D’autant plus intéressant, que pour moi, la distance d’une quinzaine de kilomètres environ devenait un véritable défi. Défi car voilà déjà trop longtemps que mes dernières randonnées me tenaient à l’écart d’une telle distance. Restait donc à choisir le meilleur moment de l’année pour ce faire. Pratiquant régulièrement le VTT dans le maquis stéphanois, ce choix vint à moi très rapidement et comme une évidence : février bien sûr, époque où tous les amandiers sauvages (***) se parent de milliers de fleurs blanches ou roses. A cette beauté florale, et pour le passionné ornithologique que je suis, j’avais espoir que les passereaux soient déjà bien présents. J’espérais qu’entre les nombreux oiseaux désormais sédentaires et ceux dans la migration est un simple « court ou moyen courrier », l’addition des deux m’offrirait un agréable foisonnement dont je tirerais profit sur le plan photographique. Mes objectifs étaient clairs. Il ne me restait plus qu’à trouver le chemin, c'est-à-dire le « Chemin des Amandiers sauvages ». A vrai dire, ce ne fut pas le plus difficile car mes pérégrinations habituelles en VTT ont été là pour m’aider. Un minimum de bitume serait le mieux même si je savais à l’avance qu’il y en aurait quelquefois et parfois même beaucoup trop à mon goût. Mais comment éviter l’asphalte quand le but principal d’une randonnée pédestre est de partir à la découverte de villages ? Le 23 février au matin, toutes les conditions sont réunies : le ciel est d’un bleu d’une pureté incroyable, aucun nuage n’est visible quelque soit l’horizon où je me tourne et les rayons du soleil sont juste tièdes. Un temps idéal pour partir marcher. Pour couronner le tout, je suis seul à la maison car Dany vient de partir en Inde avec un groupe d’amies yoguistes. Seuls mes deux vieux chats risquent de languir mon absence de quelques heures. 10h, je sors de chez moi harnaché d’un petit sac à dos contenant un pique-nique composé d’une salade et de quelques fruits, d’un petit paquet de galettes et deux gourdes d’eau. En guise de troisième œil et de deuxième cerveau,  mon appareil photo numérique pend déjà autour de mon coup. Il est là pour ce reportage, pour les oiseaux aussi, mais plus globalement pour que je n’oublie rien de ce que je vais voir. Je devine déjà que les jolies révélations seront au rendez-vous de cette longue balade presque printanière. L’avenue de Rivesaltes, l’étang et son beau théâtre, la clinique de la Pinède, le centre éducatif « le Trèfle à quatre feuilles », la clinique Supervaltech, sur un cheminement pourtant quasiment rectiligne, il me faut presque trois quarts d’heures pour sortir de Saint-Estève. Force est de reconnaître que la commune est une cité à oiseaux et les volatiles y sont pour beaucoup dans ce délai nécessaire pour m’éloigner de la commune. L’étang en fixe certains mais ce n’est pas la seule raison. Ici, on trouve de tout : moineaux, tourterelles, pies bavardes, pigeons bisets ou ramiers mais aussi colverts, goélands, mouettes, cormorans. Les étourneaux sont de très loin les plus nombreux. Entre ceux qui sont sédentaires et ceux qui migrent encore, les rassemblements sont parfois très impressionnants. On finit par ne plus savoir s’ils descendent vers le sud ou remontent déjà vers le nord. Il y en a énormément et notamment sur une période qui s’étale de septembre à mars. Devant la clinique Supervaltech, un arbre aux bourgeons pointus ; sans doute un peuplier ou un saule ; attire une quantité incroyable d’oiseaux d’espèces différentes. Est-ce l’arbre ou bien une petite source contiguë se terminant par une flaque qui les attire ? Je ne sais pas. En tous cas, sur la carte IGN, le lieu s’intitule l’Estany et un peu plus loin l’Estanyolet. L’eau n’est donc pas là par hasard. La flaque sert de baignoire à quelques étourneaux, pinsons et bergeronnettes et j’y vois même une grenouille mais raide morte. En un quart d’heures, j’ai déjà immortalisé une bonne demi-douzaine de volatiles différents. Je suis donc ravi car je sais que les passereaux de nos campagnes sont en nette diminution et ce début de balade est un signe très encourageant.  La garrigue est atteinte et assez paradoxalement les premiers grands arbres en fleurs sont de splendides mimosas. Le chemin à suivre, je l’ai tracé sur la carte I.G.N puis enregistré dans mon G.P.S, mais je sais déjà qu’il y aura quelques imprécisions ou différences par rapport à celui que je connais voire que j’imagine quand je me retrouverais du côté de Baixas ou de Peyrestortes. Avant de partir, j’ai regardé sur Internet tout ce qu’il y aurait à découvrir dans les deux cités et j’ai même lu un peu leur Histoire, manière de partir avec un minimum de bagages et d’observer leur patrimoine avec un regard un peu moins idiot. Ma crainte ? Que les églises, principaux monuments historiques à visiter, soient fermées. Je n’en suis pas là pour l’instant et c’est un chemin rectiligne et plat qui dans l'immédiat s’offre à moi. De tous côtés, des vignobles ou des champs en jachères avec sur ma gauche  et comme toile de fond un merveilleux Canigou enneigé. Les amandiers en fleurs sont plus loin et je commence à les distinguer sur les premières élévations se trouvant alentours. Depuis mon départ, la température s’est élevée de plusieurs degrés et la chaleur est telle que le ciel s’est quelque peu embrumé. Sur cet agréable chemin, seul un casot envahi par une multitude de déchets de toutes sortes vient ternir ce décor quasi parfait. Alors que Saint-Estève est équipée d’une très pratique déchetterie, je me demande comment des personnes peuvent être à la fois si sales, si peu responsables et si indifférentes écologiquement parlant. Je continue. Le chemin zigzague un peu puis redevient rectiligne dès lors qu’il longe un petit fossé se trouvant à main droite. Des centaines de passereaux s’enfuient des vignes et des haies qui les encadrent. Je reconnais quelques chardonnerets, fauvettes,  bruants, alouettes et surtout des pinsons. Ils s’envolent et vont se poser beaucoup plus loin dans les pinèdes ou par terre dans d’autres vignes plus éloignées. Dans ces conditions, vouloir les photographier relève de l’exploit. J’y parviens parfois avec beaucoup de chance mais pas toujours parfaitement. L’itinéraire se complique un peu en longeant une parcelle récemment labourée mais je reconnais bien les lieux et plus haut, je retrouve le petit sentier traversant une vigne puis une garrigue plantée de graminées, de cistes, de genêts et de pistachiers lentisques. Quelques amandiers et des pinèdes verdoyantes complètent ce beau tableau  et ce, malgré de nombreux pins parasités par des nids de chenilles processionnaires. Je retrouve un chemin plus large débouchant sur une voie asphaltée. Je sais déjà que ce bitume va m’accompagner jusqu’à Baixas mais qu’il est évitable en marchant sur les bas-côtés.  C’est ce que je fais la plupart du temps. Dans l’immédiat, je m’arrête à cette intersection pour marquer une pause et manger une barre de céréales. J’en profite pour regarder mon bout de carte IGN et m’intéressant à la toponymie des lieux, j’essaie de trouver des explications pas toujours évidentes aux lieux-dits que j’y découvre : El Morterar, El Pilo Roig, les Franqueses, la Coma de la Mort, les Guardioles et les Templiers (*) Si les Templiers ne posent aucun problème et si la Coma de la Mort signifie la « Combe de la Mort » et n’a rien à voir avec le mot français « coma » signifiant « mort cérébrale », les autres noms méritent des recherches. Plus loin, c’est un seau plein de cartouches usagées qui heurte ma sensibilité. J’espère que chaque cartouche, ce n’est pas un animal de moins dans cette Nature si belle.  Les chasseurs sont là, pas très loin de moi sur un chemin perpendiculaire au mien. J’ai le sentiment qu’ils sont plus là à papoter que pour tuer du gibier. Tant mieux ! En traversant un petit passage à gué, quelle n’est pas ma surprise d’apercevoir un joli rapace. Il s’envole en me voyant mais choisit d’aller se poser un peu plus loin au sommet d’une butte argileuse. Caché dans des hautes herbes, il pense être à l’abri des regards mais en zoomant avec mon appareil photo, je l’aperçois parfaitement. C’est un faucon pèlerin, plutôt reconnaissable au plumage clair sur son cou et son ventre mais sombre partout ailleurs. J’essaie de m’approcher au maximum mais avec sa vue perçante, il a vite compris mon manège.  A 30 mètres de distance, c’est déjà trop pour lui.  Il s’envole. Baixas est là et le chemin débouche sur la route principale, la D.614. Je me dirige vers le centre historique. Seuls, de grands cœurs rouges accrochés deci delà freinent mon envie d’aller le découvrir. Il faut dire que chaque cœur contient la citation d’un homme célèbre sur le thème de l’Amour avec un grand « A ». Victor Hugo, Serge Gainsbourg et Saint-Exupéry sont sur mon chemin mais je suppose que Baixas tout entier bat à l’heure du grand Amour, ces cœurs rouges étant probablement les indices d’une Saint-Valentin qui perdure dans le temps. Quelle belle initiative ! Le cœur historique du village est là avec son imposante église de la Nativité de Notre-Dame, malheureusement fermée comme je l’appréhendais. Alors en désespoir de cause j’y flâne tout autour, empruntant les nombreuses portes. Portes ouvertes de nos jours mais que j’imagine aisément hermétiques au Moyen-Âge dans cette enceinte qui se voulait protectrice. De très vieux murs, certains très hauts et quelques tours rondes en pierres de pays et cairoux sont les témoins de cette fortification médiévale qui ne s’ouvrait qu’en montrant « patte blanche » et selon les besoins. D’après ce que j’ai lu du patrimoine, chaque porte à un nom et le nom apporte une explication voire un début d’explications : Saint-Joseph, de l’Hôtel de Ville, du Sacré-Cœur, de Narbonne, etc…. Ici, les ruelles partent un peu dans tous les sens et ne composent pas ce colimaçon que l’on connaît souvent dans certaines séculaires « celleras » roussillonnaises. Du coup, ressortir du village se transforme en un petit labyrinthe tortueux mais suffisamment intéressant car quelques découvertes restent encore à faire : jolies demeures, la cave la Baixanenque et un canal en font partie. Après avoir déambulé dans diverses ruelles, c’est la rue des Fours à Chaux qui me ramène sur le tracé de mon GPS avec la rue d’Espira. Puis c’est l’Hôtel-restaurant la Demeure Catalane avec son étonnante et immaculée Vierge Marie couronnée. Les bras tendus, elle accueille les clients depuis le bord d’une toiture. Quelques mètres plus loin, c’est le stade. Peu après, une croix en fer posée au sommet d’une stèle démontre, si nécessaire, que Baixas est une ville de tradition chrétienne. Au regard des nombreuses statuettes de la Vierge ou de saints, j’en étais déjà convaincu.  Ici, difficile d’éviter le bitume et même le chemin de traverse qui m’entraîne vers Peyrestortes en est revêtu. Un bel amandier tout blanc en matérialise l’intersection. Ici, un coup d’œil sur mon bout de carte I.G.N me laisse une fois de plus interrogateur des noms que j’y aperçois. Comme souvent dans le département les noms sont « hispanisés » voire « catalanisés ». El Ginestar et les Arènes sont de remarquables exemples de vieilles toponymies que l’on peut trouver sur la carte sans pour autant en comprendre la signification. Ici, pas de plantations de genêts ou si peu pour expliquer « Ginestar » et encore moins d’arènes telles qu’on peut les imaginer. Y en a-t-il eu ? Je l’ignore mais quand on sait que le mot « arènes » peut aussi signifier un endroit sableux ou une sablière, tout reste possible. Devant mes yeux et sur ce terroir plutôt plat, j’aperçois soit des parcelles de vignes soit des plantations nouvelles agrémentées d’innombrables piquets, l’ensemble, largement découpé par des chemins en terre, s’étire jusqu’aux collines les plus proches. Ces collines aux décors assez disparates forment une espèce de cuvette au fond de laquelle je me trouve. Au sommet de ces modestes collines, j’aperçois sur ma gauche les bâtiments des carrières de calcaire et sur ma droite, une végétation plutôt fournie où si les pins dominent, les amandiers en fleurs ne sont pas les moins présents. Ici, mais toujours posées à terre, les alouettes sont les plus nombreuses. Elles jouent avec mes nerfs en courant entre les ceps des vignes. Il me faut attendre qu’une d’entre-elles se perche sur un piquet pour tenter de la photographier correctement. Malgré ça, la difficulté demeure car elles ne tiennent pas en place. Baixas s’éloigne derrière moi mais Peyrestortes n’est pas encore visible. En réalité, elle ne le sera qu’à partir du moment où j’y rentrerais. Dans l’immédiat, j’ai rejoint la D.614 que je poursuis sur une piste cyclable jusqu’à une passerelle métallique verte. Sous ce pont circule un petit ruisseau intitulé « Correc de la Coma Clara ». Juste après le pont, il faut traverser la route et emprunter un large chemin qui se transforme en un étroit sentier contournant une haute haie de roseaux. De nombreuses fauvettes semblent y trouver un biotope à leur goût. Au lieu-dit Costa Rossa, le chemin s’élargit de nouveau tout en longeant sur sa gauche un premier lotissement de maisons puis il enjambe un petit passage à gué. Peyrestortes est déjà là mais sans doute dans sa partie la plus moderne car de grands travaux ; bâtiments et rues ; sont en cours de réalisation. La rue de la Révolution Française puis la rue Massenet et sa vieille porte médiévale fortifiée me ramènent vers l’église Saint-Jean l’Evangéliste mais surtout vers des années plus en adéquation avec mes objectifs de recherche. Le vieux village mérite quelques investigations mais une fois encore l’église est fermée et ma visite se termine bien plus vite que je ne l’aurais souhaitée. Elle se résume à faire le tour de l’église puis à longer les remparts de l’ancien château. Ai-je tout vu du vieux patrimoine ? Je n’en sais trop rien car tout le reste me semble d’époque plutôt moderne. Je me décide à quitter le village par l’itinéraire prévu, c'est-à-dire par la route de l’Aéroport car je sais déjà que je vais y trouver le monument le plus illustre du village, à savoir un petit obélisque commémorant la victoire de la Bataille de Peyrestortes du 17 septembre 1793 (**). Après de nombreuses photos de ce monument, je continue vers Saint-Estève par la D.5. Toutefois, je me dis que si bataille il y a eu ici, peut-être restent-ils des vestiges ? Un coup d’œil sur ma carte pour constater que le ravin de la Llabanère ; qui a donné son nom à l’aéroport ; est en contrebas, non loin désormais de l’aérogare et de la tour de contrôle. Or, je sais que ce ravin a été le lieu des plus violents combats en corps à corps. Les soldats devaient donc se diriger vers ce ravin en provenance des alentours. Si vestiges il y a, ne seraient-ils pas sur l’élévation où je me trouve et même un peu plus haut ?  Je me décide à grimper cette petite colline. J’y erre pendant presque une demi-heure mais je ne trouve en tout et pour tout qu’une casemate envahie d’innombrables détritus. Qu’est-ce au juste ? Une soute à munitions ? Un bunker ? Date-t-elle de 1793 ? Je ne sais pas et rien ne l’indique. Toutefois, certaines parties en béton armé me paraissent de conception bien trop récente. Une fois encore, je constate que les gens sont incroyablement sales et irresponsables car outre ces détritus-là, je découvre un immense dépotoir juste à côté à la croisée de plusieurs chemins. Mon chemin pour un retour vers Saint-Estève fait partie de ceux-là. Je grimpe au sein d’une pinède et retrouve au sommet une large piste que je connais bien pour y venir parfois en VTT. Près d’un réservoir, des ramasseurs d’asperges sauvages sont à pied d’œuvre. Ils n’ont pas grand-chose et juste de quoi faire une petite omelette. Nous papotons un peu et je repars. De mon côté, ce retour est synonyme de quête ornithologique. Ici aussi, les oiseaux sont très nombreux mais la végétation trop dense et la tramontane qui s’est un peu levée ne sont pas idéales pour la photographie. De ce fait, j’accélère le pas dans ces instants un peu démoralisants car vides en découvertes. Je retrouve le bitume au lieu-dit Puig de l’Aliga. L’asphalte signifie coups d’accélérateur supplémentaires qui ne sont freinés que lorsque j’aperçois des oiseaux. Ils continuent à être très nombreux et le plus souvent en de très grands rassemblements qui ne facilitent pas les prises de vue. Pinsons et linottes sont ici les plus présents. Après le lieu-dit « Coma del Ferriol », j’amorce une petite descente vers celui dénommé « Coma de la Baneci ». Ici, la descente s’entrouvre sur de vastes panoramas et je prends soudain conscience qu’il me faut être patient et endurant car Saint-Estève est encore bien loin. Par bonheur, l’asphalte se termine au bas de la descente et je retrouve de larges chemins en terre circulant entre les vignobles. Une fois encore, pinsons, chardonnerets, alouettes et pour la première fois des corneilles ralentissent mon envie d’en terminer. Après quelques zigzags, voilà enfin une ligne droite m’amenant vers la clinique Supervaltech. Le bâtiment est rapidement là et les nombreux passereaux aperçus ce matin aussi. Ils volètent toujours entre les mimosas, les arbres effeuillés et la flaque d’eau et ce, malgré un jeune homme jouant avec un drone non loin de là.  Je m’arrête et observe cet étrange oiseau pendant quelques minutes. Avec son fuselage de plastique et ses 4 hélices, cet oiseau-là est d’un aspect plutôt froid. Il est 16h30 et il me reste un bon kilomètre et demi à parcourir pour arriver chez moi. Seuls des amandiers en fleurs au bord de l’étang, un goéland impassible perché sur un pylône, un grand cormoran s’amusant à plonger retiennent mon appareil photo. L’étang est un magnifique miroir bleuté. Je m’assieds sur un banc et je reste scotché de longues  minutes à le regarder. Je me décide à rentrer chez moi. Allongés sur la pelouse de mon jardin, mes 2 chats roupillent en plein soleil. Ils ne font pas cas de ma présence. Les ayant délaissés toute la journée, me font-ils la gueule ? Je ne sais, mais je comprends leur envie de profiter de ce chaud soleil de février ! Telle que je l’ai accomplie et expliquée ici, cette balade a été longue de 18,830 km,  cette distance incluant mes visites et mes errances. On peut donc faire plus court : 15 à 16 km sans doute. Sur ce terrain plutôt plat, chiffrer un dénivelé ou des montées cumulées serait ridicule puisque l’altitude la plus élevée se trouve à 100 m au lieu-dit les Templiers à Baixas et la plus basse à 37 m à Peyrestortes. Ayant trouvé portes closes aux églises de ces deux villages mais ayant bien envie de découvrir leur intérieur, je me suis promis d’y retourner un jour de messe et ce, malgré mon peu d'enthousiasme pour les religions en général. Apparemment, il n’y en aurait que le dimanche et peut-être pas toujours ? A vérifier. Carte IGN 2548 OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.

 

(*) Les principaux toponymes du secteur : L’Estanyol est un étang. L’Estanyolet un « tout petit » étang ou une mare. Le Piló Roig : Le Piló est une pierre ou un bâton dressé qui était là pour marquer le passage d’un col, le plus souvent en altitude (Renada Laura Portet). En français, ce mot a été naturellement traduit en « Pilon » ou « Pylône ». De nos jours, le mot se confond le plus souvent avec l’élévation voire avec le sommet lui-même. Le Pilon de Belmaig ou Belmatx au dessus d’Arles-sur-Tech par exemple. Le Piló Roig, c’est donc le « pilon rouge ». Les Franqueses se traduisent en « franchises ». Au Moyen-Âge, il s’agissait de privilèges et notamment d’exonérations d’impôts ou de taxes. Il y avait des « chartes » de « franquesas » recensant ces privilèges. On peut supposer qu’ici, les terres de ce lieu-dit ou les biens situés dessus étaient dispensés d’une certaine fiscalité obligatoire ailleurs. El Morterar : la traduction française de ce mot catalan est « mortier ». Pilon, mortier, on n’en sort pas ! Il manque plus que l’aïoli ! La traduction française du même mot « espagnol » est « fossé ».Les deux significations sont donc possibles. S’il s’agit d’un mortier, une question reste en suspens : S’agissait-il du contenu ou du contenant ? Les Guardioles : D'après André Pégorier et son glossaire des noms de lieux en France, le mot "gardiola" ou "gardiole" pourraient avoir plusieurs significations : borne destinée à marquer une limite, pâturage réservé ou lieu de guet. Issu de l'occitan « gardar », verbe garder, plus globalement le mot "guardiole" a pour diminutif le mot "guardia", qui désigne au départ un poste de garde (germanique wardja). Le Puig de l’Aliga : Selon les régions et leurs dialectes, le mot « Aliga » peut avoir une signification différente. Lieu planté d’alisiers en Midi-Pyrénées, bourbier (agua) en Provence et en Gascogne. Ici, il est plus probable qu’il s’agisse d’un « aigle » catalan variante d’Aguila. (Ernest Nègre). Le Puig de l’Aliga serait le puy ou le pic de l’Aigle.

 

(**) La bataille de Peyrestortes du 17 septembre 1793, son obélisque et la guerre du Roussillon : Evoquer en détail cette bataille, des historiens l’ont déjà fait avant moi et si parfaitement qu'il serait prétentieux de m'y essayer. Plusieurs sites Internet la relatent, certains avec force détails, d'autres plus succinctement. Quelques liens sont proposés à la fin de ce paragraphe. Toutefois, peu de personnes le savent mais cette victoire eut une influence primordiale sur la suite de la guerre dite du Roussillon mais que les historiens appellent parfois plus largement des Pyrénées, de la Convention, franco-espagnole ou de Catalogne. En effet, les espagnols en déroute arrêtèrent leurs attaques contre Perpignan mais surtout ils prirent un sacré coup au moral et ce, y compris dans les rangs de leurs plus hauts gradés. Il est vrai que pour cette seule bataille, il y eut 1.100 tués (300 côté français et 800 côté espagnol). Concernant l’obélisque de la Llabanère, outre une longue inscription mentionnant son élévation par souscription publique et ses principaux initiateurs, ce monument inauguré le 6 mars 1898 rend hommage aux vainqueurs de cette bataille de Peyrestortes avec la mention suivante « À la mémoire de l'armée des Pyrénées-Orientales qui combattirent à Peyrestortes sous la conduite des conventionnels Cassaynes, Fabre et des généraux d'Aoust Goguet ». Concernant le contexte de cette guerre, si la France dut faire face à un front espagnol de 1793 à 1795, il s’agit en réalité d’un seul et même conflit plus large intitulé « guerre de la Première Coalition » dont l’élément déterminant et déclencheur a été l’exécution du roi Louis XVI. Ce conflit a vu de nombreux empires et royaumes européens se liguer contre la France des révolutionnaires. Malgré la victoire définitive contre l’Espagne en 1795, la France révolutionnaire puis républicaine restera en guerre pendant 10 ans de 1792 à 1802. En 1799, Bonaparte arrive et se mue en Napoléon 1er en 1804. Ici commencent une nouvelle Histoire et de nouvelles guerres et batailles qui vont durer 10 ans de plus.

Sites internet : 

http://www.prats.fr/pratsv2/dotclear/index.php?post/2007/08/08/20-17-septembre-1793-la-bataille-de-peyrestortes

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Peyrestortes

http://www.histoireeurope.fr/RechercheLocution.php?Locutions=Bataille+de+Peyrestortes

(***) L'amandier : A son propos, voilà ce qu"écrit Jacques Brosse (1922-2008), naturaliste  dans son livre "Les arbres de France - Histoire et légendes" paru aux Editions Plon en 1987. Pour lire, cliquez sur la photo ci-dessous.

Le Chemin des Amandiers sauvages : Saint-Estève - Baixas - Peyrestortes

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Le Sentier du Pêcheur depuis Leucate-Village

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la chanson "La Mer" de Charles Trenet. En anglais "Beyond the Sea". Elle est interprétée ici par divers chanteurs et musiciens dans l'ordre suivant : Robbie Williams (chant), Acker Bilk (clarinette), Biréli Lagrène (guitare), Bobby Darin (chant), Charles Trenet (chant)

Le Sentier du Pêcheur depuis Leucate-Village

Le Sentier du Pêcheur à Leucate

Cliquez sur les photos pour les agrandir. 2 fois pour un plein écran.

 


 

Ne quittons pas les étangs. Après celui de Gruissan, voilà celui de Salses. De Leucate plus exactement car les deux dénominations Salses et Leucate sont justes. En effet, cette balade commence à Leucate-Village et s'intitule le « Sentier du Pêcheur ». Le petit étang de Gruissan ayant une superficie de 1,45 km2 et celui de Leucate de 54 km2, cette fois, par question bien évidemment d’en faire le tour complet, même si les objectifs sont strictement les mêmes. D'ailleurs quels sont-ils exactement ? Le patrimoine historique tout d'abord puis prendre du plaisir à marcher tout en découvrant la Nature. Ici paradoxalement, sur ce « Sentier du Pêcheur », les poissons ne seront pas concernés, en tous cas si peu. Priorité aux oiseaux, car pour moi, il s’agit d’abord de réaliser une balade ornithologique. Les oiseaux des étangs bien sûr et tout le reste quand il se présente. Montrer ce qu'il y a au bord du chemin, c'est aussi un plaisir que j'ai toujours envie de partager. Comme pour le « Sentier du Guetteur » effectué récemment, le démarrage s'effectue depuis la place Pierre Gonzales. Ciel azur et parfaitement pur, rayons du soleil juste tièdes et pas de vent, pour un 16 novembre, c’est une météo merveilleuse qui m’y accueille. Un vaste parking est là. Il y a aussi un point d'information touristique mais je l’ai toujours trouvé fermé. Enfin peu importe, ce n'est pas là l'essentiel, et ce d'autant plus que des panonceaux directionnels sont bien présents juste à côté. Le « Sentier du Pêcheur » est là parmi les autres. Il indique 7,2 km. Le château, lui, est à 600 m seulement et dans le même sens. Je file au bout du parking et emprunte la rue de la Vigne. Au sommet d’un amandier, des étourneaux attirent déjà l’objectif de mon numérique. Leur plumage sombre et brillant tranche dans ce lavis céleste si parfaitement bleu. L’itinéraire passe devant la maison de retraite « Le Château ». Le vrai, lui, ou du moins ce qu’il en reste, est déjà là sur la gauche de la rue de l’Aire. Je délaisse très vite la large voie pour une étroite sente qui y monte plus directement. Des moineaux se coursent dans des cyprès et des amandiers. Un peu plus haut, en arrivant au pied du château, c’est un couple de roitelets huppés qui capte mon attention. Des roitelets dans un château, quoi de plus normal me direz-vous ? Je m’assieds en surplomb d’un grand cèdre pour tenter de les photographier. Bingo ! Apparemment, le cèdre est leur terrain de jeux favori. Jeux de l’amour, je ne sais pas ? Mais du hasard pour moi en tous cas, tant ils se coursent, ne tiennent pas en place et sont difficiles à immortaliser. Il faut dire qu’il y a plusieurs cèdres et qu’ils aiment y batifoler de l’un à l’autre. Il me faut plus d’une demi-heure et un peu de chance pour avoir une ou deux photos à peu près correctes. Etourneaux, moineaux et roitelets sont déjà dans la boîte et le moment est venu de consacrer un peu de temps au patrimoine leucatois. Chapelle et château restent à découvrir et si le tour de la chapelle aux trois croix s’effectue très rapidement, il n’en va pas de même du château et des nombreux panonceaux explicatifs qu’il faut lire. Lire et observer, il faut parfois faire les deux simultanément. De ce modeste pinacle, le château est un monumental champ de ruines qui n’a plus rien de comparable avec le croquis architectural le présentant sur un des panneaux sous la forme d’une étoile à huit branches. On a du mal à imaginer qu’une telle dévastation ait été possible et quand on apprend que la destruction du château a été volontaire et effectuée à l’explosif, on comprend mieux l’image qu’il nous offre. Toutes les branches de l’étoile ont disparu et le reste aussi.  En 1661, le château coûte trop cher et les Etats du Languedoc préconise sa démolition. En 1663, Louis XIV donne son accord et le château est démoli en 1664 par un maître maçon s’appelant François Carcassonne. Quel boulot et quel sacrilège pour un bâtisseur que de se voir confier une besogne aussi méprisable ! Si de nos jours, nous détruisions tous les monuments coûtant trop chers à entretenir, il ne resterait que peu de choses de notre patrimoine historique. Adieu certains châteaux de la Renaissance, adieu certaines cathédrales médiévales et Notre-Dame de Paris notamment, dont la toiture va peut-être être restaurée grâce à des fonds d’une souscription « made in U.S.A ». Je quitte le sommet et fait le tour de l’ensemble des vestiges. Plus je m’avance dans ce patrimoine saccagé et plus je me dis quel dommage ! On comprend surtout que les gouvernants de l’époque n’aient pas voulu que ce château tombe entre les mains de leurs ennemis et c’est la seule explication admissible à cette désintégration totale. Il vrai que sous Louis XIV, nombreux sont les catalans tout proches qui se désolent d’avoir été obligés de se rallier de force par le Traité des Pyrénées de 1659. La « Guerre des Faucheurs » est terminée mais les rancoeurs entre catalans, espagnols et français sont encore fortement ancrées. Faut-il que le risque de voir nos adversaires s’emparer du château ait été jugé si angoissant pour que d’une simple signature sur un document et avec quelques bâtons de dynamite, on ait cru bon de balayer un lieu si chargé d’actes de bravoure. Cette bravoure est désormais symbolisée par la statue de Françoise de Cézelly et c’est par là que je termine ma visite. J’ai déjà eu l’occasion de conter son extraordinaire épopée (voir le « Sentier du Guetteur ») et ce spectacle de désolation n’en n’est que plus révoltant. Par bonheur, des rouges-queues noirs et des mésanges bleues sont là pour me distraire et me faire oublier ces ruines. La suite de l’itinéraire est parfaitement indiquée car un nouveau panneau « Sentier du Pêcheur-6,7 km » se présente. Le sentier entre dans une pinède mais presque aussitôt ma curiosité se laisse à nouveau entraîner vers un autre monument que je distingue à peine à travers les branches. Je délaisse le sentier et m’y dirige tant bien que mal. Finalement, il s’agit d’un tombeau monumental ceint d’une haute clôture et clos par un portail qu’il l’est tout autant. Il est plutôt éloigné du cimetière que j’aperçois au bout d’une longue allée située dans mon dos. J’imagine qu’il s’agit de notables de la ville. J’emprunte cette allée. Non loin du cimetière, au lieu-dit « Courbatières » un autre panonceau « Sentier du Pêcheur- 6,5 km » m’assure de la bonne direction à poursuivre. Je suis désormais dans la garrigue mais sur un chemin bitumé. Premières fleurs, premiers papillons puis c’est une fauvette qui joue avec mes nerfs. A l’instant même où je m’apprête à la photographier plutôt correctement, je sursaute en entendant cette exclamation interrogative « mais que photographiez-vous ? » C’est une jeune et jolie joggeuse qui est arrivée dans mon dos qui me pose cette question. Je lui réponds bien sûr et ainsi vont s’enchaîner d’autres questions et somme toute, une agréable conversation qui va durer presque une heure. Pendant cette heure, nous allons nous présenter puis tenter de nous connaître, mais surtout nous allons faire le tour du monde, voyager d’un bout à l’autre de la Terre et sur plusieurs continents. Elle est en vacances actuellement et les partage entre Toulouse et Leucate. Elle travaille dans l’humanitaire et a été amenée à visiter de très nombreux pays. A chaque pays qu’elle évoque, elle rajoute « vous connaissez ? » Et bien évidemment, je ne connais pas ! Il y en n’a déjà pas mal malgré son jeune âge que j’estime à 35 ans environ, à peine plus peut être ? Alors pour faire mon intéressant, je lui parle des pays étrangers ou lointains que j’ai eu le plaisir de découvrir. Il y en a moins bien sûr, mais pour blaguer, je lui dis « vous connaissez ? » Et elle ne connaît pas ou si rarement. Apparemment, les pays où l’humanitaire est nécessaire ne sont pas les mêmes que ceux où l’on part en vacances. Finalement, il n’y a que quelques pays pour nous rapprocher. Nos souvenirs se croisent sur ces pays-là. On se renvoie nos pérégrinations respectives comme deux tennismen se renvoient une balle. On se donne des envies de voyages mutuellement, conscients de ne pas avoir tout vu même dans ces pays-là. Les voyages se poursuivent dans nos têtes respectives mais à une vitesse telle que les arrêts sur images deviennent quasiment impossibles. Alors je change de conversation. Je lui parle de ma passion de la randonnée pédestre et elle m’avoue être candide en ce domaine. J’évoque mes autres passions ; nature, mer, montagnes, photo et informatique. Ça a l’air de l’intéresser. Je lui parle de mon blog « randos » et elle me promet d’aller le découvrir au plus vite. Je lui donne le nom de mon site : « Mes Belles Randonnées Expliquées ». Finalement, le temps passe et l’ordre du jour ne semble jamais s’épuiser. Je lui dis que le footing en solitaire est un très bon début à la randonnée pédestre. Effort solitaire et trouver du bonheur à courir dans la Nature sont d’excellents prémices à partir marcher en montagne ou ailleurs. Je crois comprendre qu’elle prend cette appréciation comme une éventuelle suggestion, alors gentiment, j’insiste pour lui faire comprendre que ce n’est pas le cas. Elle a sensiblement l’âge de ma fille et avec tout ce qui ce passe, je ne peux pas m’empêcher de la mettre en garde dans le fait de courir seule dans un endroit si isolé comme celui où nous nous trouvons. De surcroît, je considère que de m’avoir accoster comme elle l’a fait n’est peut-être pas très prudent. Elle me remercie de mes conseils me disant qu’elle les trouve très pertinents mais d’un autre côté, « me cloue le bec » en me disant que des risques, elle en a couru de biens pires dans son travail d’urgentiste humanitaire. Elle rajoute qu’elle avait parfaitement compris que je photographiais la Nature et que de ce fait, je lui paraissais plutôt « clean ». Je me vois forcé de la croire. Je la remercie pour ce charmant échange. On se sépare. Elle repart en courant et moi en marchant. La fauvette n’est plus là mais j’ai espoir qu’elle soit déjà dans mon numérique. Voilà déjà plus de 2 heures que j’ai démarré cette balade et il est déjà midi et demi. Pour la rassurer, je téléphone à Dany comme je le fais à chaque fois que je pars randonner tout seul. Je lui explique mon insolite rencontre avec la joggeuse et le retard que j’ai pris à réaliser ce circuit. Nous discutons quelques minutes puis elle me souhaite « bonne balade ». Je raccroche. L’ai-je rassurée ? Je ne sais pas. Je file vers l’étang et seuls quelques oiseaux et des tags sous un pont arrêtent mon envie d’y parvenir pour me poser et prendre un premier en-cas. J’atteins une crique très tranquille. Le petit golfe est clair. Au bord, l’eau y est transparente. Il y a quelques bateaux au mouillage et d’autres au sec, une baraque rouillée, des roseaux mouillés, des filets de pêches entrain de sécher et quelques oiseaux blancs.  Ici tout me rappelle les paroles de « La Mer » de Trenet et il ne manque que les blancs moutons. Il faut dire que l’artiste avait choisi le tout proche et similaire étang de Thau comme source d’inspiration à sa chanson fétiche. En longeant le bord, je continue à marcher jusqu’à l’extrémité de la anse. Là, derrière la pointe, une petite brise venant du nord fait frémir la surface de l’eau. Les voilà les « blancs moutons » de la « bergère d’azur », ici plutôt grisâtre. Ma présence semble déranger un couple de goélands et leurs cris puissants viennent rompre ce silence si agréable. Abstraction faite des décibels très supérieurs, on dirait des bébés que l’on a privés de leur biberon. Je fais demi-tour. Le silence revient. Je m’attable à la terrasse d’un cabanon désert. Un sandwich - triangle fait office d’en-cas. Je garde tout le reste, salade, dessert et fruits pour un peu plus tard. Je profite du calme pour observer des rouges-queues noirs, des rouges-gorges ainsi que des lézards jouant dans les jardinets voisins. Il faut dire que les lieux ne servent plus de jardins potagers depuis très longtemps. Ils sont de véritables capharnaüms où objets divers et variés s’entassent et semblent vivre une fin de vie au grand soleil : rafiots, remorques rouillées, empilements de filets, pneus, barriques, pieux, fanions et autres bouées colorées servent de cache à cette faune volante et rampante que je tente de photographier. Après cet entracte, je repars, en marchant toujours au plus près de la lagune. Côté étang, il y a les oiseaux marins divers et variés, et plus à l’intérieur, une belle variété de passereaux. Alors, je marche le plus souvent en zigzaguant entre les deux. Finalement, j’en oublie presque le « Sentier du Pêcheur » mais mes hésitations incessantes m’offrent des panoramas que je n’aurais sans doute pas vus en y restant dessus. En effet, l’itinéraire file à l’intérieur de pineraies plutôt touffues et je préfère nettement le bord de l’étang. Après une moisson de photos de l’avifaune présente, je fais définitivement le choix de marcher au plus près de la grève. Ici, la grève, c’est le plus souvent un épais matelas d’algues sèches voire de petits buissons de soude ou de salicornes. Quand le goémon n’est pas sec, mes godillots s’enfoncent et il me faut réagir et sauter au plus vite pour ne pas les voir se remplir d’une eau juteuse et verdâtre. A l’instant même où j’atteins la pointe extrême des Courbatières et que je suis entrain de photographier une Aigrette garzette, qu’elle n’est pas ma surprise de constater qu’un « chat sauvage » observe le même volatile encore plus intensément que moi. Le matou ne m’a pas vu. Pas de doute, le chat guette fixement l’oiseau pour en faire son déjeuner. Le voilà qui sort des roseaux, s’avance en rampant sur le sable d’une large plage. Il est désormais à découvert. Il s’aplatit au maximum pour se faire discret mais il est encore très loin de l’échassier et son instinct inné de la difficulté l’alerte déjà d’un autre danger. Ce danger, c’est moi. Il hésite à se relever mais tournant sa tête dans tous les sens, il finit par me repérer. Il hésite toujours mais l’oiseau est encore loin et je représente un risque. Il se relève, retourne vers les roseaux, s’arrête et m’observe intensément. L’aigrette est là, toujours aussi impassible, mais le chat continue à me regarder toujours aussi fixement. Effet de surprise ? Qu’attend-il de moi exactement ? Que je bouge sans doute ? J’en profite pour le photographier. Il a presque tout du « chat sauvage ». Il est assez massif mais guère plus gros qu’un chat domestique. Il a une grosse tête et des oreilles bien droites et surtout des rayures sombres identiques à celle que l’on peut observer chez le « félis silvestris », le chat sauvage forestier de nos montagnes pyrénéennes. Sauf qu’il est fortement improbable que celui-ci en soit véritablement un. Il s’agit plus sûrement d’un chat haret, chat sauvage certes mais issu du marronnage. En tous cas, celui-ci est très loin de toute habitation et sa gestuelle vis-à-vis de l’aigrette ne laisse planer aucun doute quand à ses intentions belliqueuses. Il chasse pour manger, car si le jeu était sa seule visée, il s’attaquerait probablement à une créature plus petite et présentant moins de risques. Si l’étang est son domaine, il doit savoir que le bec de l’aigrette est un poignard. Je me décide à bouger. Il s’enfuit dans les roseaux et doit me maudire de lui avoir fait louper son plat du jour. Le mien, je n’ai qu’à le tirer de mon sac à dos et c’est chose faite quelques minutes plus tard quand une table et un banc se présente au milieu d’un pré dominant l’étang.  A l’ombre d’un grand pin, je ne pouvais espérer meilleur emplacement pour déjeuner et meilleur observatoire pour les oiseaux qui passent et s’arrêtent parfois : Aigrette garzette, Grande Aigrette, Héron cendré, Goélands, Mouettes rieuses, Grèbe huppée et des passereaux et limicoles pas toujours évidents à identifier ou à photographier. La suite de la balade est du même acabit. Je retrouve le « Sentier du Pêcheur » et histoire de me donner bonne conscience, j’effectue en sens inverse et très rapidement la partie que je n’ai pas accomplie. Trop enfoui au milieu des pins ou du maquis, rien de ce « rebrousse-chemin » ne me fait regretter mon itinéraire perso. Je rebrousse chemin de nouveau jusqu’à atteindre l’anse plus ample de la Caramoun et un petit cap pointu. D’autres oiseaux occupent les salicornes ou la berge. J'y passe beaucoup de temps planqué. Quelques personnes s’y promènent. Pour d’autres, pas de doute, il s’agit bien d’un lieu de rendez-vous. Il faut dire que ce cap est accessible en voiture. Je ne suis plus seul pour la toute première fois depuis la joggeuse de ce matin. Je m’empresse de quitter le cap pour des lieux moins fréquentés. Le lac est un miroir qui commence à se teinter d’or. Le soleil décline déjà et plutôt rapidement. Je suis indécis, entre l’acte de finir cette balade et de ne rien louper de ce spectacle admirable. Je prends de nombreuses photos puis continue l’itinéraire. Plus monotone, il m’entraîne loin de l’étang mais en direction de la ligne d’arrivée. Sur la droite, la « Grotte des Fées » se présente, entourée d’un haut grillage. J’en fais le tour sans jamais ne rien voir de cet aven. Alors que je suis sur le point de repartir, je constate qu’il y a un énorme trou au bas du grillage, lequel à cet endroit-là a été largement soulevé. Je m’y glisse sans aucune difficulté. L’aven est là à mes pieds, avec plusieurs boyaux dont un est plutôt facile d’accès au prima abord. J’ y descends, conscient de braver une interdiction mais lucide aussi que ma curiosité excessive prenne une fois encore le pas sur ma raison. Je finis par me rendre compte que c’est d’autant plus irréfléchi qu’il n’y a rien d’intéressant et en tous cas, rien qui n’étanche ma soif de découverte. Je prends quelques photos, mais autant que je me souvienne, car c’est plutôt récent, elles sont probablement identiques à celles que j’ai vues sur le site Wikipédia. J’ai lu pas mal de choses à son propos et bien évidemment tout cela n’a plus de raison d’être, sauf à descendre encore plus profondément, ce que les archéologues et les spéléos ont sans doute tenter de faire depuis très longtemps déjà. Je n’y pense pas une seule seconde et au contraire, l’aven plus profond qui se trouve à mes pieds me fout les jetons. Je crois savoir qu'il y a de l'eau. J’en m’en éloigne tout en me disant que si j’avais malencontreusement glissé dedans, personne n’aurait peut être eu l’idée de venir me chercher au fin fond de ce gouffre. Ouf ! Me voilà à l’air libre !  Il n’y avait pas de fées dans cette grotte ! Les seules « enchanteresses » de la journée auront été cette balade et la gentille joggeuse qui avait envie de converser. Ces pensées suffisent à mon bonheur et si la grotte est là au bord du chemin, rien n’oblige à y descendre. Un conseil : N’y allez pas !  Je poursuis l’itinéraire toujours dans un décor de garrigues mais les cabanons isolés puis les premières villas se font plus nombreuses. Au loin, un bout de l’étang et le Canigou se révèlent sous un soleil blondissant. Je presse le pas car mon idée est de voir le soleil se coucher sur l’étang. L’itinéraire se complique dès lors qu’il faut franchir la départementale D.627. J’allume mon G.P.S et compulse ma carte I.G.N. Je trouve aisément le passage en zigzags qui m’amène sous le pont. Sous l’ouvrage, d’autres tags, dont certains plutôt amusants, accaparent une fois encore mon attention et celle de mon appareil-photo. Leucate-Village est là mais je suis au sud et ma voiture est au nord-est. Alors, je me laisse guider par le tracé enregistré dans mon G.P.S. Premiers lotissements, piscine, complexe sportif, rue rectiligne. Je débouche sur la rue principale. La rue Francis Vals. Je la connais bien et il ne me reste plus qu’à la remonter jusqu’au parking Pierre Gonzales. J’accélère encore le pas pour ne rien manquer du coucher du soleil. Même le jolie centre-ville ne ralentit pas mon ardeur. Le ciel est encore très bleu mais quelques nuages rosissent déjà. Ma voiture est là. J’y jette mon sac à dos sur le siège arrière et file en direction de la Franqui. Finalement, je m’arrête à la sortie de Leucate sur la vaste esplanade d’un camping. Quel spectacle !  Quelle métamorphose que ce ciel changeant de couleurs en quelques secondes et sans que l’œil humain ait le temps suffisant d’en enregistrer toutes les beautés et toutes les nuances : bleus, gris, ocres, jaunes, bruns, oranges, rouges. Seules mes nombreuses photos révéleront cette splendeur si incroyable. Le temps presse et je suis bien trop loin de l’étang. Je reprends la route, direction Le Barcarès cette fois. Je stoppe au bord de l’étang. Le ciel rougeoie. Un obscur Massif du Canigou se détache dans cet horizon incandescent mais éphémère car trop rapidement changeant. Ce soir, le Canigou, Seigneur des Pyrénées ou Olympe des Catalans, justifie pleinement tous les superlatifs qu’on lui attribue habituellement. L’étang ressemble à une couche de braises lisse et sans défaut. Seule l’image inversée de la Montagne sacrée vient assombrir cette belle et écarlate verrière. Ce « fond d’écran » flamboyant n’est pas sans me rappeler ceux de mon ami Bruno Carrias, pêcheur d’images dont la passion est de photographier le pic du Canigou depuis la Provence ou Marseille, distante de plus de 250 km. Images encore plus insolites car souvent qualifiées de « mirages » ou de « miraculeuses », quand on sait que la terre est ronde et que depuis Notre-Dame de La Garde à Marseille, le sommet du Canigou est censé être sous l’eau à 120m de profondeur. Cet incroyable phénomène optique par réfraction atmosphérique de la lumière n’est pas récent puisque déjà observé en 1808 par le baron Von Zach, mais alors qu’est que c’est beau ! Sur ce « Sentier du Pêcheur » assez perso, la pêche a été bonne. Rien d’alimentaire bien sûr, mais si nourrissant sur le plan des plaisirs simples. Des plaisirs simples à la portée de tous. Telle qu’effectuée et expliquée ici, à savoir, visite détaillée du château, entorse au tracé originel, plus ce dernier en sus avec un aller/retour au niveau du lieu-dit Devès, cette balade a été longue d’environ 10 à 11 km. Le temps pour l’effectuer est si ridicule que j’aime autant ne pas vous l'annoncer ! Carte I.G.N 2547OT Durban – Corbières – Leucate.

 

 

 

Partager cet article
Repost0