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La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques de Mark Isham extraites de la bande sonore du film "A River Runs Through It (Et Au Milieu Coule Une Rivière)" de Robert Redford avec Brad Pitt. Elles ont pour titres : "Haunted by Waters" , "A River Runs Through It", "The Moment that Could Not Last", "A Summer of Lumber and Fishing", "In the Half-Light of the Canyon" et "Swing Me High; Swing Me Low".

 

La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Voilà déjà pas mal de temps que je réfléchissais à faire cette boucle pédestre que j’ai finalement intitulée « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt/Rodes/Casesnoves ». Deux randonnées (*) faites antérieurement m’avaient incité à me lancer dans ce que je considérais un peu ; mais par méconnaissance ; comme une aventure. Puis en fin de compte, c’est en regardant la vidéo de mon confrère Mickaël de « PO Express – La Route des Catalans » que je me suis aperçu que cette « aventure » n’était que très modestement périlleuse. Certes quelques passages en bordure de la Têt ne sont pas des autoroutes ; il faut parfois se tenir à une corde (voir photo) ; mais néanmoins ils restent accessibles à tout marcheur digne de ce nom, et ce pour peu que l’on soit prudent et surtout pas distrait. Sur sa vidéo, Mickaël la propose au départ du hameau de Casesnoves et dans le sens contraire des aiguilles d’une montre quand on regarde la carte IGN, mais ceci n’est qu’un détail de peu d’importance. En ce 27 octobre, j’ai décidé que notre point de départ serait le petit parking qui est peu éloigné de la bien connue boulangerie du Couvent à la sortie ouest d’Ille-sur-Têt. Ce petit parking est mitoyen du canal qu’il va nous falloir suivre comme un premier fil d’Ariane, et ce jusqu’à atteindre les berges de la Têt. Ce canal, vous le voyez écrit Rec d’Illa ( ou canal d’Ille) sur la carte IGN et ce dernier est également parallèle au canal de Thuir. C’est donc entre ces deux canaux que démarre cette randonnée. Or mis le beau temps, la fraîcheur et la paisibilité du canal, quelques fenêtres s’ouvrant sur des vergers, et de nombreux oiseaux pas toujours faciles à immortaliser, il n’y a pour l’instant rien de folichon dans cette « promenade de santé » matinale à l’ombre d’arbres dont certains sont des géants. Il faut attendre quelques décamètres pour qu’avec la Fontaine Saint Jules et son agréable aire de pique-nique, bien connue des Illois, la monotonie soit rompue. Un peu plus loin, c’est une petite baraque agrémentée d’une plaque en hommage à des travailleurs étrangers qui fournit un second prétexte à un arrêt presque inattendu. Pas d’indication sur ce groupe de travailleurs étrangers, or mis les dates de 1940 à 1943 et derrière la baraque, un chariot métallique sur des rails tels qu’on devait en trouver dans toutes les mines, carrières et autres chantiers du département à cette époque. Finalement, c’est guidé par ma curiosité et en finissant cette randonnée qu’il m’a fallu chercher sur Internet les raisons de cet hommage (**). Plus loin, des travailleurs, en chair et en en os, sont là à réparer le canal en bordure de la Têt. Par obligation, nous dévions notre trajectoire, trajectoire qui par bonheur peut s’effectuer sur des passerelles métalliques qui ont été disposées à cet effet et donc à bon escient. Si le canal est encore là, il disparaît assez souvent creusé à même la roche pour réapparaître un peu plus loin. Toujours aux aguets de tout ce qui bouge, je m’aperçois que plusieurs martins-pêcheurs empruntent ces corridors aquatiques et rocheux. Ils y disparaissent eux-aussi mais toujours dans le sens contraire de l’eau qui s’y écoule. Et comme nous longeons la Têt et que bien d’autres oiseaux y sont présents, il ne m’en faut pas plus pour demander à Dany de stopper le temps nécessaire à quelques photos ornithologiques. Finalement et pris dans cet engrenage « passionnel » pour la photo animalière, nous allons stopper presque une heure. J’ai bien fait de m’arrêter à cet endroit car si le canal continue encore un peu, il s’arrête définitivement peu après et l’itinéraire longeant la Têt avec lui. Finalement, et alors que Dany m’ a attendu sagement, je suis ravi des quelques photos que j’ai pu prendre planqué au bord du fleuve. Martin-pêcheur, cincle plongeur, bergeronnettes, fauvette et même un Grand cormoran en plein vol sont venus garnir la mémoire de mon appareil-photo. Un large chemin s’élève un peu et atterrit au milieu d’un verger. Alors que je suis sur le point d’analyser le tracé enregistré dans mon GPS, un petit groupe de marcheurs arrivent m’indiquant la suite de l’itinéraire. Ce dernier part à droite en direction d’un petit casot blanc où l’on retrouve le balisage jaune et un autre canal. Finalement, je reconnais les lieux pour y être venu mais en sens inverse lors d'une balade aux Gorges de la Guillera et au château de Rodes. C’est le Rec ou canal de Corbère qui longe et domine la Têt dans les superbes Gorges de la Guillera, avec notamment les vestiges du pont-aqueduc d’en Labau dont quelques piles et arches sont encore parfaitement visibles et ce malgré leur ancienneté. En effet, l’Histoire nous apprend que la plus ancienne mention est de 1337. En réalité, quand on aperçoit ces vestiges, on n’imagine pas que les canaux que nous avons suivi sont les témoignages hydrauliques encore éloquents de cette époque où des prouesses techniques incroyables étaient mises en œuvre pour irriguer la plaine et amener l’eau jusqu’au Palais des Rois de Majorque à Perpignan. Nombreux canaux, aqueducs et moulins ont longtemps fonctionné tout au long de la Têt y compris dans les secteurs les plus étroits, les plus rocheux et les plus encaissés comme ici. Souvent emportés par des crues, fallait-il du cœur à l’ouvrage pour que ce système complexe se remette à fonctionner correctement. A partir d’ici, je connais bien les lieux et je sais déjà que la partie de cette boucle que je considérais comme la plus compliquée est derrière nous. Si mon intention bien arrêtée est d’ignorer Rodes et son château que nous connaissons déjà fort bien, plus rien ne presse et malgré notre long arrêt au bord de la Têt, la flânerie demeure possible. Aussi dès que les Gorges de la Guillera se terminent et que l’on franchit le pont sur la Têt au lieu-dit « Station d’épuration », un banc arrive très à propos pour le déjeuner. Une grosse demi-heure plus tard, on se remet en route, direction les anciennes carrières de granit que j’ai longuement visitée en janvier 2019 lors d’une balade intitulée « Le Circuit de la Montagne brûlée depuis Rodès (le Sentier des Carrières et du village médiéval de Ropidera) ». Il est vrai que j’y avais aperçu des Hirondelles des rochers en grand nombre, cela ajoutant à ma curiosité première pour le patrimoine. Aujourd’hui, et de surcroît avec Dany, il n’est bien sûr pas question de retourner dans cette « galère » tant j’avais eu de mal à atteindre les bâtiments envahis par une végétation épineuse et urticante. Le sentier qui monte allégrement et joliment en surplomb de la Têt et de ses gorges, avec des vues admirables sur Rodès, sur la vallée et sur le Massif du Canigou suffira à notre bonheur. Je connais bien les goûts de Dany et je sais qu’elle prend du plaisir à cheminer ce sentier qui s’élève en douceur. Elle ne connait pas les lieux, lesquels aux flancs de ces gorges encaissées, laissent entrevoir de beaux et amples panoramas. Il va en être ainsi jusqu’à atteindre le point culminant à 350m d’altitude où une intersection se présente avec d’un côté la direction de Montalba-le-Château et de l’autre le hameau de Casesnoves qui n’est d’ailleurs pas indiqué sur le panonceau directionnel, d’où l’intérêt d’avoir un tracé GPS ou au pire une carte IGN. Si les paysages lointains continuent à apparaître, ils sont moins époustouflants, d’abord parce que le chemin descend vers une partie de la vallée de la Têt moins encaissée, mais aussi parce qu’une végétation de maquis et quelques magmas rocheux granitiques obstruent la vue assez souvent. Finalement, ce n’est plus tant les paysages qui captivent nos regards mais des visions plus imprévisibles comme deux vautours fauves planant au-dessus de la vallée, une corneille noire ou bien encore une énorme migration de grues cendrées dont c’est d’abord les cris stridents qui attirent notre attention. Quel beau spectacle que ces oiseaux volant en formation et en V multiples avec cette lubie et cette boussole directrice de rallier l’Afrique via l’Espagne ! D’ailleurs, leur boussole fonctionne-t-elle si correctement que ça ? Comme je l’avais déjà observé lors d’une autre balade intitulée « Le Sentier de découvertes et d’agrément de Néfiach », mais avec des cigognes, ces grues semblent parfois déboussolées ! Celles qui mènent le groupe changent tout à coup de direction, ce qui bien entendu paraît très perturbant pour l’ensemble. Elles semblent faire demi-tour mais en moins d’une minute, elles paraissent retrouver la « bonne » direction ! Ont-elles rencontré un élément perturbateur ou bien est-ce une façon d’attendre les éventuelles retardataires comme des cyclistes échappés attendent le peloton ? Elles disparaissent et ma question restera sans réponse. En définitive quand le hameau de Casesnoves se présente, avec son église Saint Sauveur fermée, ses ruines mitoyennes et sa tour médiévale sans grand intérêt de prime abord, nous avons conscience que l’essentiel de cette jolie balade a été observé. Pour qui connaît un peu l’Histoire de Casesnoves, si l’église a été parfaitement restaurée, aucune information n’évoque l’étonnante affaire de ses fresques murales qui ont pourtant défrayé la chronique dans les années 50 et je trouve que c’est un peu dommage. Les visiteurs qui viennent ici auraient peut-être envie de savoir ce qu’il s’est passé mais de savoir aussi que ses fresques sont désormais dans l’ancien hospice Saint-Jacques devenu Centre d’Art Sacré d’Ille-sur-Têt. Par le fait même que tout ou presque a été vu, la fin de cette balade est plutôt monotone même si sur notre gauche et de temps à autre les célèbres Orgues laissent entrevoir quelques-uns de leurs jolis « tuyaux » de blocaille sédimentaire. En fin de compte, ce qui va donner un peu de piment à la fin de cette randonnée, c’est de se tromper de rue pour rejoindre notre voiture, laissée près de l’ancien couvent cistercien. Après avoir un peu tourné en rond dans Ille-sur-Têt, finalement c’est bien le chemin des Neuf Fontaines puis celui de la Sini qu’il nous a fallu prendre pour en terminer. Avec pas mal de bitume pour finir, mais en suivant un canal, l’arrivée s’effectue en passant sous la N.116. Après une distance que j’estime à environ une douzaine de kilomètres, notre voiture est là ! Si la fin est un peu fastidieuse, ce n’est pas du tout cela que nous garderons de cette magnifique balade  mais les canaux, la Têt, une avifaune très présente, de jolis paysages, de beaux panoramas et un patrimoine à découvrir.  Carte IGN 2448OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

 

(*) Le Circuit de la Montagne brûlée depuis Rodès (le Sentier des Carrières et du village médiéval de Ropidera) et Les Gorges de la Guillera et le château de Rodès (308 m) depuis Rodès (203 m)

(**) En effet, après les inondations cataclysmiques d’octobre 1940 qui dévastèrent les deux tiers des Pyrénées-Orientales, il fallut reconstruire, réparer les énormes dégâts causés par les crues gigantesques des cours d’eau roussillonnais. Les GTE récemment créés furent mis à contribution. Le GTE 412 était commandé par le capitaine d’aviation André Herry. Francisco Rodríguez Barroso, ancien officier de l’armée républicaine, qui devait connaître suffisamment de français parlé et écrit le seconda dans sa tâche, assurant comme tous les étrangers exerçant ce type de fonctions dans les GTE, des fonctions de secrétariat. Le 412e GTE était divisé en quatre sections de 50 hommes dont la direction était assurée par l’un d’entre eux désigné pour ses aptitudes et compétences. Le 412e GTE fut employé à la réparation des nombreux canaux d’irrigation du secteur, indispensables à l’agriculture, et à la restauration des berges de la Têt, du Boulès son affluent, et du Gimenell, sous-affluent. Lorsque, en juin 1943, ces objectifs furent atteints, le 412e GTE fut transféré à Decazeville (Aveyron) où ses hommes furent employés dans les mines de charbon.

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Les Gorges de la Guillera et le château de Rodès (308 m) depuis Rodès (203 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de diverses musiques de films interprétées ici par le violoncelliste Stjepan Hauser. Elles ont pour titres : "La La Land" de Justin Hurwitz, "Once Upon A Time In The West" d'Ennio Morricone, " Playing Love (from "The Legend of 1900")" d'Ennio Morricone, "La Califfa (from "The Lady Caliph" d'Ennio Morricone et "Deborah's Theme (from "Once Upon a Time in America") d'Ennio Morricone
LE-CHATEAU-DE-RODES
 GORGESGUILLERAIGN
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Une balade aux Gorges de la Guillera et au château de Rodès constitue ce que j’appellerai une jolie promenade dominicale. Mais attention, ne voyait rien de péjoratif dans cette manière de décrire cette randonnée pédestre car or mis sa distance qui est plutôt modeste, pour le reste et pour qui veut se donner la peine de s’informer un peu, ce petit territoire de Rodès est d’une incroyable richesse historique. Une Histoire qui très étrangement va se perpétuer dans la durée depuis des temps immémoriaux jusqu’aux siècles derniers. Il est donc préférable de partir marcher avec ces quelques connaissances car au fil des découvertes qui jalonnent le parcours, on trouvera inévitablement beaucoup plus d’intérêts à les observer même si ce ne sont plus que des ruines dans la majorité des cas. D’ailleurs et pour information, la Mairie de Rodès organise et propose sur son site Internet des randonnées commentées. Tout démarre donc ici à Rodès, à l’entrée du village où un grand parking accueille les voitures. Au loin, les ruines du château dominent le village sur un tertre rocheux granitique et il faut savoir que c’est là-haut que se terminera cette jolie balade mais pas nos découvertes car les ruelles de Rodès incitent à une dernière promenade. Dans l’immédiat, direction la cité dont les façades blanches toutes tournées vers le seigneur Canigou mais surtout vers le soleil contrastent avec le vermillon des toitures.  D’emblée, avec un petit espace très ludique consacré à la géologie du Conflent en général et de Rodès en particulier, on entre dans le vif du sujet de l’Histoire. Il faut dire qu’ici et ce, depuis des lustres, les roches ont toujours eu une importance primordiale. D’ailleurs il semble que l’étymologie de Rodès vienne du latin « rota » signifiant « roue » et par ricochet « rocher en forme de meule ». Bien sûr, il y a eu la carrière de granit dont on aperçoit les grands vestiges sur les flancs de la Devèze, bien sûr comme un peu partout, les roches ont servi à construire de nombreux édifices religieux, militaires, pastoraux ou plus simplement d’habitations ou utiles mais on a également retrouvé dans le secteur de nombreux outils préhistoriques taillés dans le quartz du Roussillon prouvant que cette contrée a été l’objet d’une occupation immémoriale. En lisant l’Histoire de Rodes et plus particulièrement celle de sa carrière de granit, on apprendra que cette belle roche d’une qualité exceptionnelle a servi à paver les rues des grandes villes de l’hexagone et pour moi comme pour tous les gens de mon âge, on ne peut s’empêcher de penser que quelques-uns de ces pavés ont eu en mai 68 un usage ultime que les mineurs de Rodès n’auraient sans doute jamais imaginé. Après cette première découverte dont on regrettera que quelques panonceaux soient déjà bien fanés, on poursuit vers le centre du vieux village. Si les minerais ont eu leur importance que dire de l’eau quand on note au passage que la rue principale que l’on arpente est parallèle à un petit canal qui se trouve sur la gauche. Ce canal, alimenté près du barrage de Vinça par le fleuve Têt, c’est celui de Corbère, ancienne  construction royale datant du Xeme siècle et qui va pendant très longtemps être le fil conducteur de cette courte randonnée.  On l’appelle ainsi car initialement, il servait à alimenter ce village puis un peu plus loin et pour les mêmes raisons, on l’appelle le canal royal de Thuir, et encore un peu loin et par le travail colossal et remarquable des hommes, il devient le canal de Perpignan. Je ne vais pas vous en conter l’entière Histoire ni vous en retracer l’étonnant parcours car ce n’est pas le but de ce blog et d’autres l’ont fait bien mieux que je ne pourrais le faire moi-même. Je vous renvoie donc aux sites en questions : Canal de Rodès, Canal de Corbère, Canal de Thuir, Canal de Perpignan et Ville de Vinça mais en se donnant la peine de chercher, il y en a encore quelques autres. A l’entrée du village, on perd un instant ce fil d’Ariane qu’est le canal mais un panneau de bois indique très clairement notre premier objectif : Gorges de la Guillera.  Selon les toponymistes, la « Guillera » serait un lieu fréquenté par la « guille » en l’occurrence le « renard » mais dans les Hautes-Pyrénées, la « guilera » avec un seul « L » est un « repaire ou nid d’aigle », ce qui correspondrait parfaitement à l’éperon rocheux qui les domine et où se trouve le château. On suit la direction indiquée et quand on retrouve le canal, par endroit cimenté par mesure de sécurité, on est définitivement sur le bon itinéraire. D’ailleurs, on quitte très vite le village et aussi rapidement, on en est déjà à suivre le canal qui file parallèle et en surplomb de la Têt. Ici, la Têt n’est pas le long fleuve tranquille que l’on connaît mais un torrent fougueux où l’on devine le bourdonnement des galets roulés par le courant en furie, où l’on entend ces mêmes flots se fracasser et rugir sur les roches polies et où l’on voit les vagues jaillir dès lors que le défilé se resserre. Car les Gorges de la Guillera, c’est bien cette partie-là du fleuve que l’on va cheminer en balcon sur quelques centaines de mètres avant qu’il ne retrouve son calme et son lit normal en aval du côté d’Ille-sur-Têt. Au passage, et dès lors qu’une fenêtre s’entrouvre au travers des chênes verts, on notera encore de nombreux vestiges à la fois de l’autre côté des gorges mais également au sein même du vallon avec notamment les ruines des ponts-aqueducs de la Roque Colomere et d’En Labau. Il faut savoir que le premier canal se trouvait initialement sur la rive gauche de la Têt où il alimentait le Moulin de Roupidère par une premier pont celui de Sant Pere qui se trouvait à  hauteur du barrage actuel de Vinça puis par ces ponts-aqueducs de la Roque Colomère et d’En Labau dont on attribue sans trop de certitude l’édification aux Sarrasins, l’eau ainsi acheminée traversait le fleuve et revenait sur la rive droite pour irriguer la Plaine du Roussillon et ses nombreux vergers. Selon des textes, à l’époque de Jacques II d'Aragon, Rodès avait déjà son propre canal. Là aussi, pour une Histoire plus complète, je vous renvoie vers des sites très intéressants concernant le village de Rodès lui-même. Un dernier regard sur ce qui reste du pont d’En Labau et notamment de son arche gracieuse et il est déjà temps de traverser le canal. Là, deux possibilités s’offrent aux randonneurs, poursuivre le canal et aller jusqu’au plan d’eau indiqué par les mentions « baignade et torrent » voire beaucoup plus loin jusqu’à la Fontaine Saint Jules, une autre jolie curiosité du coin où les Illois se réunissent pour des pique-niques champêtres ou bien tourner à droite, et grimper dans la colline pour se diriger vers le castell de Rodès. En raison du laps que nous avions à consacrer à cette balade, nous avons choisi l’option « baignade et torrent » et avons continuer à suivre le canal de Corbère, cette fois sur sa rive droite et cet itinéraire nous a entraîné au milieu des pêchers aux bourgeons déjà rougeâtres. En réalité, ce plan d’eau n’est ni plus ni moins qu’une plagette de galets en bordure de la Têt où les habitués aiment venir se rafraîchir les jours de canicule. Là, bien sûr, après cette nouvelle découverte, il faut rebrousser chemin et repartir vers Rodès. Ici, démarre la partie la plus pentue de la balade mais la déclivité est modeste et plutôt courte. Ici, et comme très souvent quand on monte, il y a une contrepartie à ce petit effort et les récompenses se sont tous ces superbes panoramas qui s’entrouvrent de toutes côtés : vers Ille-sur-Têt et la Vallée de la  Têt, vers Bouleternère et les collines de La Quere, del Ginebre et du Puig Soubiranne et enfin  le Massif du Canigou très lumineux en cette saison. Tout en montant, on ne manquera pas d’observer tout autour de nous, à la fois les séquelles de l’incendie d’août 2005, incendie si terrible qu’on finit par appeler ces collines alentours, la « Montagne brûlée » mais également tous ces orris, barracas, cortals et feixes en pierres sèches prouvant que cette contrée a vécu aux temps jadis d’une intense économie pastorale et agricole. D’ailleurs, à toute chose malheur est bon, car aussi terrible que fut cet incendie, il permit la mise à nue des paysages et fut en ce sens pour les archéologues roussillonnais, le début de révélations inattendues, qui purent découvrir ainsi de nombreux vestiges et objets d’un passé plus ou moins lointain. Si l’approche du château de Rodès est assez facile avec de très belles vues aériennes sur le village, son accès final est plutôt ardu et nécessite une grande prudence surtout si des enfants sont de la partie.  Cette forteresse date de l’ère carolingienne c'est-à-dire du XIeme siècle et a été construite par le comte de Cerdagne et du Conflent. Ce seigneur estima que le château de Domanova, situé non loin de là au village de Crozes, n’était pas suffisamment bien placé et c’est ainsi que celui de Rodès vit le jour et que le village se développa autour de ce fortin. Les deux villages cohabitèrent quelques temps puis celui de Crozes tomba en désuétude. Accolée aux ruines du château, il y avait également une chapelle dédiée à Saint Valentin dont on peut encore voir quelques vestiges. Une fois encore de très belles vues se font jour : vers l’amont de la Vallée de la Têt où l’on aperçoit le barrage de Vinça dont on distingue la haute voûte blanche, vers le Mont Coronat, vers le Massif du Madres et vers les prémices des Pyrénées qui malheureusement se perdaient dans un ciel excessivement laiteux le jour de notre venue. Une visite de ces vestiges nécessite attention et prudence tant l’éperon rocheux est un à-pic très impressionnant au dessus des gorges de la Guillera. Cette attention sera également de mise dans la descente finale vers Rodès car le sentier terreux se faufilant au milieu des agaves et des figuiers de Barbarie n’est pas toujours bien stabilisé. On terminera cette balade par une inévitable visite du village tant ses vieilles ruelles propres et fleuries incitent à la flânerie. Comme déjà indiqué ce court circuit constitue le but idéal d’une sortie familiale dominicale et même si les Gorges de la Guillera ont été sécurisées avec des garde-fous, on surveillera plus particulièrement les enfants tout en leur promulguant dès le départ des conseils de prudence et d’attention. Enfin, je ne saurais terminer cet article sans vous dire que Rodès organise chaque été une rando-jazz qui, sur le site des anciennes carrières de granit, est absolument à découvrir. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

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