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Etape 2 : Narbonne/Portel-des-Corbières 24,9km le 26 septembre 2014

Publié le par gibirando

Pour les raisons déjà invoquées dans mon récit, ce diaporama (comme les 2 autres) est agrémenté de diverses reprises de la chanson "La Mer" (en anglais Beyond The Sea) de Charles Trenet et Léo Chauliac. Elles sont interprétées ici et dans l'ordre suivant par Gypsy Jazz Caravan (instrumental), Tatania Eva-Marie & Avalon Jazz Band (chant)Neville Worthington (guitare), Alfonso Gugliucci (piano jazz), Sacha Distel (chant) et Richard Clayderman (piano).

Etape 2 : Narbonne/Portel-des-Corbières 24,9km le 26 septembre 2014


 

- Narbonne – Portel-des-Corbières

 

- Vendredi 26 septembre 2014, 7h. J’ouvre les yeux. Le jour est tout juste entrain de poindre et par la fenêtre restée entrouverte, le grand néon du Novotel projette une lueur bleutée à l’intérieur de ma chambre. Je me rase puis me précipite sous la douche. Avec satisfaction, je constate que le sol a parfaitement séché et que plus aucune trace de l’inondation d’hier soir n’est perceptible. Seules les serviettes sont encore bien détrempées malgré un essorage intensif et un tentative de séchage nocturne sur le bord de la fenêtre. Je prépare et range soigneusement mon sac, jetant au passage tout ce qui me semble inutile, morceaux de cartes I.G.N et emballages divers notamment. Je récupère le chargeur et la batterie de mon appareil photo que j’ai pris soin de recharger toute la nuit. Je réussis à remplir mes deux camelbacks directement au lavabo de la chambre. Dans une, j’y ai ajouté ma « dope », simple poudre énergisante mais ô combien efficace quand un coup de mou apparaît. Je les fourre dans les poches latérales de mon sac à dos en prenant soin de vérifier que leurs robinets sont correctement fermés. Tout est fin prêt et je laisse mon sac à dos et mon appareil-photo sur le lit. Je sors de la chambre et part directement vers l’accueil où m’attend le petit déjeuner. Un seul homme est déjà entrain de se servir. Ce qu’il y a de bien avec le petit déjeuner du Formule 1, c’est que tout est à volonté, liquides et solides, à une condition toutefois : arriver bien avant qu’il y ait une cohue. C’est le cas et j’en profite au maximum car je sais que tout peut changer très vite. Dix minutes plus tard, c’est effectivement ce qui se passe quand un groupe de touristes et les cyclistes aperçus hier soir se ruent autour des cafetières, des jus de fruits et des panières de pains, de biscottes et de viennoiseries alors que moi j’en suis déjà à terminer bien tranquillement une double ration sur la terrasse. La note étant payée, il ne me reste plus qu’à retourner dans la chambre chercher mes affaires. 8h30, je quitte l’hôtel et reprend exactement l’itinéraire qui m’a vu arriver hier en fin d’après-midi. Le soleil n’est pas encore totalement levé mais la circulation routière est aussi compacte qu’hier. Je redouble de prudence mais la connaissance du parcours me permet de marcher bien plus vite et d’éviter les endroits les plus périlleux. Je rejoins le Chemin communal de l’Arboretum en moins de vingt minutes alors que hier après-midi j’en avais mis le double. Ayant analysé la carte I.G.N, je sais que cette route va m’emmener directement près de l’étang de Bages au lieu-dit le « Vieux Moulin du Rey » où se trouve l’Arboretum. Au début de la route et posé contre un grillage où je l’avais laissé, je retrouve un vieux morceau de bois flotté que j’avais trouvé hier matin au bord de l’étang de l’Ayrolle. Magnifiquement lustré, il m’avait longuement servi de bâton de marche pour terminer cette première étape. Je le récupère. Ici, le chemin est désormais tout en descente et pour démarrer cette étape ça me convient très bien.  Au moment, où je dépasse les dernières maisons de Saint-Paul, j’entends une puissante détonation et une perdrix vient tomber à une dizaine de mètres devant moi au beau milieu de la route. J’aperçois un chasseur qui descend en courant d’une petite colline et qui se précipite pour se saisir de l’oiseau qu’il met immédiatement dans sa gibecière. Je le hèle,  mais sans réaction il tourne les talons et repars sans le moindre regard dans ma direction pourtant toute proche. A-t-il vraiment pris conscience que j’étais là, à quelques mètres de portée de son fusil ? Je poursuis la route bitumée qui finalement se transforme à une large piste terreuse à hauteur du Vieux Moulin du Rey. Ici, au bord de ce chemin, deux amoureux dont on voit bien qu’ils se cachent, s’enlacent en « se dévorant » la bouche . Je les surprends dans leurs étreintes. L’homme étonné de ma présence si soudaine et si proche se retourne et me dévisage d’un méchant regard. La femme, elle, se tourne de l’autre côté pour que je ne vois pas son visage. Si « constat d’adultère » il y a, je n’en ai cure et passe mon chemin le plus naturellement du monde. Toutefois, ce « fait divers » m’a fait oublier que l’Arboretum était là, tout proche. Je m’en aperçois bien trop tard et seulement en arrivant sur la D.105 devant des panonceaux de randonnées qui indiquent « Pesquis » à 1,5 km et « Bages à pied » à 3,6 km. Le « Mouli dal Rey », lui, est déjà dépassé d’une centaine de mètres. Je me dis que ce sera l’occasion de revenir et je file vers les Pesquis,  petit hameau perché sur une butte au beau milieu de la garrigue. En coupant, la D.105, j’emprunte une étroite sente souvent caillouteuse qui s’élève dans le maquis. Sur la carte I.G.N, il y a bien une variante, mais comme elle emprunte la route asphaltée, j’aime autant l’oublier. Malgré, la faible élévation, je prends beaucoup de plaisir à cheminer cette petite colline car les vues sur les marais tout proches et l’étang de Bages sont très belles. Le sentier est jalonné de postes de chasse mais par bonheur, aujourd’hui, aucun chasseur ne les occupe. J’en profite pour marcher bien tranquille et prendre de nombreuses photos. Une crête plus haute que les autres offre des vues sur le vignoble et sur les Roches Grises, quartier sud de Narbonne dont l'extension sur la colline est d'une triste évidence. Les Pesquis et Bages sont souvent en ligne de mire mais les nombreux passereaux qui occupent le maquis et que je tente en vain de photographier me les font le plus souvent oublier. Le sentier débouche sur une petite route bitumée menant assez directement aux Pesquis. Au passage, je note la présence d’un casot convenablement taggué, d’un puits sans doute séculaire puis celle d’une vieille croix métallique aux pointes en forme de fleurs de lys. Aucune mention n’en indique l’origine alors je les fixe simplement dans mon numérique. J’arrive aux Pesquis dont je visite très rapidement la quasi-totalité des ruelles. Le village est bien fleuri et il n'y a que ça qui m’intéresse car pour le reste, le hameau est désert et rien d’autre de concret ne retient vraiment mon attention. Je le quitte bien plus vite qu’il ne faut de temps pour l’écrire. Le sentier continue de monter. Sur la gauche, une jolie construction toute ronde attire mon regard. J’y file car sur le moment, je pense à un abri de berger, du style « orri pyrénéen » mais non, il s’agit sans doute d’un vieux puits car une porte métallique en obture fermement l'accès. Au moment où je repars un petit bruant, vient se poser tout près de moi dans un buisson d’églantiers. Je le photographie mais il me quitte aussi vite qu’il est arrivé. Au même instant, dans le ciel, un épervier survole la colline dont j’atteins le sommet quelques minutes plus tard. Les passereaux y sont nombreux. Avec quelques fleurs bleues que je ne connais pas et qui tapissent le sol à un endroit bien précis, ils seront les seuls à freiner mon ardeur à arriver à Bages. Entre maquis, pinèdes et vignes, le chemin redescend sèchement en direction de l’étang. Ce dernier scintille magnifiquement du côté de Bages, dont le village haut perché se trouve désormais sur ma droite. Lorsque j’y parviens, les panonceaux directionnels m’offrent le choix entre continuer vers Peyriac-de-Mer ou visiter la cité. Estimant que je ne l’ai pas suffisamment visité lors de ma récente venue à la recherche d’un couchage, je fais le choix de réparer cette anomalie. Des flamants roses, eux, sont toujours là et quasiment au même endroit, côté Anse des Galères. De haut en bas, c’est-à-dire de son église Saint-Martin et de sa table d’orientation jusqu’au petit port en passant par ses étroites ruelles, sa maison des Arts et ses pontons, tout Bages y passe en un temps que je veux le plus court possible. Dans ce désir de tout découvrir, sans ne rien oublier,  mais en minimum de temps, j’ai conscience que prendre de nombreuses photos est une réelle mais inévitable contrainte si je veux conserver des souvenirs. Finalement, le temps que je viens de tenter de gagner avec cette découverte au pas de course, j’ai le sentiment de le perdre dans ma quête à retrouver l’itinéraire du Sentier du Golfe Antique (*). Je retrouve le balisage à un carrefour Chemin de Ceinture et village des Pêcheurs puis je sors définitivement de Bages par la rue d’Estarac. Là, sur la route, et malgré de nombreux passereaux qui mettent en éveil mon appareil-photo, je prends conscience que je ne suis pas venu pour me « taper du bitume ». Dès la première occasion qui m’est offerte, je descends vers les étangs, malgré un tracé différent dans mon GPS. Oui, voilà ce que je suis venu chercher et observer ! De jolis sentiers sableux à cheminer, mais surtout des aigrettes, des mouettes rieuses, des hérons par dizaine et des flamants roses par centaine dans leur biotope préféré. Sans doute ai-je dérogé à l’itinéraire du Sentier du Golfe Antique et à certaines règles en venant jusqu’ici ? Mais voilà où je suis bien ! Là, dans cette Nature que j’aime tant et au milieu des oiseaux. Entre mon désir de les approcher au mieux pour les observer et les photographier et celui de respecter leur vie paisible, j’essaie de trouver le meilleur et juste compromis possible. Peu importe si mes photos ne sont pas « top » ! Et quand une guérite d’observation se présente au bout d’une longue lagune face à un attroupement de flamants roses, je n’hésite pas une seconde à ramper sur des dizaines de mètres et au milieu des graminées, des salicornes et des soudes pour les approcher au mieux sans jamais les déranger. Le résultat est au-delà de mes espérances. Ils ne s’envolent pas, se contentant de tourner leurs têtes de tous les côtés car ayant sans doute pris conscience d’une présence bien trop proche. A l'instant où ils replongent leurs têtes dans leur plumage, je comprends que « la fin du match est sifflée » . Je repars en rampant comme je suis venu. Ayant obtenu ce que je voulais, je retrouve sans trop de problème le bon itinéraire peu avant une croix consacrée à Saint Paul. C’est le bien nommé chemin de Saint Paul filant direct vers Peyriac-de-Mer. Ce Paul de Narbonne, ce n'est qu'en rentrant que j'en découvrirai l'Histoire. Ici, au sortir des étangs, tout à brûler et qui plus est très récemment car seule une herbe verte mais encore rase a eu à peine le temps de repousser. Pins, oliviers, maquis, champs en jachères mais aussi tourbières et roselières, c’est un quasi désert, si tristement noirci et contrastant avec la haute et belle végétation verdoyante que je viens de traverser. Une vraie catastrophe !  Je ne peux m’empêcher de penser à toute cette faune que l’on ne voit que de manière impromptue, brusque et épisodique parfois. A cet instant précis, c’est l’exemple des fauvettes qui me vient à l’esprit car j’en ai vu beaucoup depuis mon départ sans pour autant réussir à en photographier une seule ! Oui, que deviennent-elles quand un incendie tel que celui-ci les surprend dans leur milieu ? Par bonheur, le bon chemin de Saint Paul, non pas en bitume mais bétonné, se poursuit vers Peyriac-de-Mer dans une zone marécageuse que l’incendie semble avoir épargnée. Le vent a cessé et c’est l’occasion rêvée pour écouter « la Mer » dans différentes versions pas toujours aussi réussies que l’originale. « La Mer » en version reggae ou ukulélé, ce ne sont pas celles que je préfère ! Je crois savoir qu’elle fait partie des chansons françaises les plus reprises au monde alors on trouve un peu de tout !  Finalement, j’entre dans la commune de Peyriac par les lieux-dits L’Horte et l’Oppidum du Moulin où un panneau d’information m’apprend que les Romains étaient présents, des pièces de monnaie ayant été retrouvées. Puis c’est la Saline, l’étang du Sel Fort et du Doul avec leurs pontons que je connais déjà très bien pour y être venu randonner en 2010 lors d’une balade intitulée « Les Boucles de Peyriac-de-Mer ». Je m’y lance à nouveau avec l’idée d’y photographier quelques oiseaux. Une aigrette, quelques goélands et des foulques sont immortalisés.  Il est presque 13h, or mis les graines juteuses de deux grenades et quelques raisins grapillés, je n’ai pratiquement rien mangé depuis l’hôtel et comme un banc face à l’étang est là bien à propos, j’estime que c’est l’endroit rêvé pour déjeuner. Une petite salade toute prête et un gâteau de riz viennent tout juste apaiser ma faim. Je mange sous le regard d’un goéland planté sur un piquet. Il m’observe avec insistance et finit par s’approcher de moi. Je lui offre quelques pâtes de ma salade qu’il accepte bien volontiers. Quand je repars, il s’envole vers son piquet, sans doute un peu déçu de la modicité de mes offrandes. Le village est désert et seule la placette principale Joseph Aubin Fabre est animée grâce à la présence de restaurants dont les tables en terrasses sont bien occupées. Je m’installe à l’une d’entre-elles et commande un café mais également un jambon-beurre dont je précise la taille et à emporter. Dix minutes plus tard je repars. Je visite la partie du centre-ville que je n’avais pas eu le temps de visiter en 2010.  Je suis vraiment tout seul à arpenter les jolies ruelles. Je sors de Peyriac de la même manière, en solitaire et avec un peu ce sentiment qui me poursuit d’être le seul « bipède » capable de marcher. Il va en être ainsi jusqu’à Portel-des-Corbières où je vais déambuler sur des chemins comme si j’étais le seul être humain sur cette planète. Par bonheur, quelques oiseaux, lézards et papillons bien vivants vont me distraire, accepter ma présence et celle de mon appareil-photo. Si le parcours est très bien balisé, toujours en jaune et rouge, il s’immisce dans des décors suffisamment variés pour ne pas être trop ennuyeux. Quand le chemin le devient, je cherche des prétextes à quelques photos. Cette marche solitaire, et donc forcément sauvageonne, s’estompe un peu quand une habitation ou un domaine viticole se fait jour. Ici, des domaines viticoles, il y en a plusieurs. Sous un soleil de plomb et la poussière des chemins asséchant mon gosier, les châteaux Fabre-Cordon et du Grand Sabo sont de bien jolis noms qui donnent des idées de breuvage. Au regard des magnifiques paysages de vignobles que je traverse, ma tête d’ignorant des choses du vin vagabonde et n’éprouve aucune difficulté à imaginer les merveilleux nectars se cachant derrière ces enseignes apparemment nobiliaires. « Dégustation » il est écrit et si je n’étais pas si raisonnable, j’irais voir de quoi il retourne. Mais non, ça ne serait pas sérieux de déguster, d’apprécier et de ne pas acheter car je ne me vois pas me trimballer ne serait-ce qu’avec un « bipack » ou un « tripack » de bouteilles ! Devant le portail d’une très belle villa, le buste d’un empereur romain vient me rappeler que je marche sur un sentier dit « antique » et à bien y réfléchir c’est pour l’instant le seul objet représentatif de cette période que j’aperçois. Encore est-il de plâtre et pas vraiment sculpté ! Serais-je sur la bien connue « Via Domitia ou Voie domitienne » ou bien encore sur l’Héracléenne dont je sais leur présence commune par ici  ? Rien ne le mentionne mais ce n’est pas impossible au regard de ce que j’ai lu  à leur propos et de leurs trajets qui selon les historiens traversaient la Gaule dite « narbonnaise ». A voir ! En tous cas et peu après le château du Grand Sabo un grand menhir apparaît au bord du chemin. Simple pierre dressée ou vrai menhir ? Rien ne le dit. En tous cas, ce n’est pas une borne milliaire romaine car sa forme n’est pas celle d’une colonne burinée. A vérifier ! L’itinéraire est toujours bien balisé et quand une incertitude se présente, mes bouts de carte et au pire mon tracé GPS viennent à ma rescousse. Je n’hésite pas à les consulter au moindre croisement non balisé ou bien quand plusieurs possibilités se présentent. Finalement, c’est toujours tout droit sur un chemin que l’IGN mentionne comme étant « des Charbonniers ». Je décide de garder mon GPS allumé pour être sûr de prendre le bon chemin et surtout celui le plus court. Non pas que je sois en retard par rapport à mes hôtes mais je ne veux surtout pas l’être. Il n’est que 15h45 quand le panneau signalétique « Portel-des-Corbières » apparaît et malgré ma flânerie je suis content d’arriver. Les premières maisons sont là à quelques centaines de mètres mais j’attends un peu avant d’appeler Monsieur Noguero pour le prévenir de mon arrivée. C’est bien plus tôt que prévu, je ne veux pas le déranger et je vais marcher encore, bonne raison pour me faire une idée du village. Finalement, je m’aperçois que je risque d’errer dans le village fort longtemps si j’attends 17 heures comme prévu initialement. Il est 16h10 et je me décide à l’appeler lui disant que si c’est trop tôt je peux attendre. Il me répond qu’il arrive et effectivement 5 minutes après il est là. Très sympathique et chaleureux, à l’image identique de son épouse que j’avais eu au téléphone. Nous voilà partis vers le quai de la Berre où se trouve le gîte. Gîte est en réalité un mot peu approprié au regard des autres gîtes pour randonneurs où j’ai eu l’occasion de loger. Ici, je qualifierais le lieu d’appartement de très beau standing où tout est clean et d’une belle modernité. J’adore et franchement je me dis que j’ai peut être été incorrect de discuter le tarif d’une nuitée. Mais comment savoir ? Je m’installe, mais à vrai dire avec mon seul sac à dos, l’installation est vite bâclée. Il est tôt et je décide de partir visiter la partie la plus ancienne du village mais aussi d’aller trouver à manger pour ce soir et un peu pour demain. Par un pur hasard et parce que le gite est juste à côté, je commence par m’évader dans la rivière La Berre grandement asséchée à cette période de l’année. J’y trouve un terrain de jeu idéal car seulement occupée par une flore étonnante car foisonnante mais aussi par des bergeronnettes, chardonnerets, serins et autres pinsons qui trouvent ici le gîte et le couvert. Ils viennent s’abreuver dans les quelques poches d’eau subsistantes. Quand aux choucas des tours, ils logent à même les parois rocheuses et les hauts murs qui encadrent la rivière près du pont de Tamaroque. Dans cette vision agréable que j’ai de découvrir les lieux, les plus à plaindre sont les poissons, le plus souvent petits mais parfois très gros, qui vont et viennent comme des âmes en peine, emprisonnés qu’ils sont dans ces flaques d’eau qui n’auront de cesse de se restreindre si de grosses pluies n’interviennent pas très vite.  Après avoir joué plus d’une heure dans les gravières et sur les galets de la Berre, visité un peu la ville et fait quelques courses mes jambes commencent à ressentir les kilomètres d’hier et ceux d’aujourd’hui. L’heure est venue de les laisser se reposer un peu. Je passe la soirée à feuilleter quelques livres et magazines mais surtout  à lire un recueil de poèmes s’intitulant « Une porte dans les Corbières » d’un certain Robert Vila où bien évidemment la cité de Portel tient une place centrale. Un pur régal pour l’amoureux des poésies que je suis (mais livre introuvable sur le Net !). Je ne peux m’empêcher de faire des photos de la quasi-totalité du livre tant j’aurais sans doute l’envie de le relire une fois rentré à la maison. C’est sur ces jolis mots que se termine cette journée de marche dans des décors bien différents d’hier mais surtout très contrastés. Oui, ce Sentier du Golfe Antique a cet intérêt de changer de décors au fil de son cheminement. Savoir si demain il en sera encore ainsi ? C’est l’immense avantage de la randonnée pédestre que de ne pas savoir comment sera le chemin du lendemain ?  Ne pas savoir de quoi demain sera fait n’est pas angoissant quand il s’agit de randonner.

(*) Pourquoi Golfe Antique ? : Dans l’antiquité, les étangs de Bages-Sigean, de l’Ayrolle et de Gruissan étaient reliés entre eux et formaient un golfe en relation avec la mer. Le massif de la Clape était une île au milieu de ce golfe où se déversait l’Aude nommée alors « l’Atax ». Les alluvions de l’ Aude ont comblés ce golfe. L’étang de Bages-Sigean était longé par un grand axe de communication entre l’Espagne et l’Italie axe qui reliait les oppida. Hannibal partant à la conquête de Rome, emprunta cette voie (voie héracléenne) qui fut modernisée par les romains et rebaptisée « Via Domitia ». Dans ce golfe, Narbonne (en réalité Narbo Martius) était un port au commerce maritime très important. (Source Site du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre de l’Aude / CDRP11). Rajoutons que de nombreuses preuves de cette activité maritime ont été retrouvées à divers endroits autour de l’étang actuel de Bages-Sigean (La Nautique, Mandirac, Sainte-Lucie, île Saint-Martin, Peyriac-de-Mer, etc...). Le seul aspect « antique » est d’ailleurs encore plus ancien que la présence des Romains puisqu’il est acquis que d’autres peuples les ont précédés autour du golfe comme les Elysiques mais également les Ligures et les Volques Tectosages à un degré moindre.

 

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Voyez près des étangs....Voyez ces oiseaux blancs....ou 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique

Publié le par gibirando

Voyez près des étangs....Voyez ces oiseaux blancs....ou 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique 

Voyez près des étangs....Voyez ces oiseaux blancs....ou 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique

(Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.)

 

Préambule : Une organisation peu évidente.

Etape 1 : Port-la-Nouvelle/Narbonne 28,4km le 25 septembre 2014

Etape 2 : Narbonne/Portel-des-Corbières 24,9km le 26 septembre 2014

Etape 3 : Portel-des-Corbières/Port-la-Nouvelle 23,7km le 27 septembre 2014

(Cliquez sur les étapes ci-dessus pour les visionner et en lire le récit)


 Préambule : Une organisation peu évidente.

POURQUOI CE SENTIER DU GOLFE ANTIQUE (*) ?

 

Fin août 2014. Depuis quelques semaines, les jambes me démangent et j’ai bien envie d’aller faire une longue et belle randonnée de quelques jours. L’été tire à sa fin. Je prends de la bouteille et je me dis que les plus belles années sont sans doute derrière moi. Oh pas 10 jours de marche mais 4 à 5 jours seraient l’idéal ! Oui, mais que faire ? De toute manière, cette année, quoi que je fasse, ça sera sans doute encore en solitaire. Dany a de gros problèmes aux hanches et il est presque impensable qu’elle puisse enchaîner plusieurs jours de marche successifs. Mon fils Jérôme n’est pas libre cette année et de toute manière, je n’ai rien programmé pour qu’il puisse venir avec moi comme nous l’avions fait en 2011 sur le Tour des Fenouillèdes et en 2013 sur le Tour du Capcir. D’un autre côté, partir seul ne me fait pas peur, je l’ai fait en 2007 et en 2009, en effectuant respectivement et pendant 6 jours le Tour du Coronat puis celui du Vallespir. J’en garde des souvenirs impérissables et merveilleux mais à bien y réfléchir, il en est ainsi pour toutes les randonnées que j’ai pu faire sur plusieurs jours et que ce soit en solitaire ou pas : G.R.10GR.30 Tour des Lacs et de puys d’AuvergneTour du Haut-Jura ou Chemin de Stevenson. Oui mais que faire ? Un morceau du Saint-Jacques de Compostelle ? Non, je me connais trop bien et pour moi ou c’est tout ou ce n’est rien ! En plus, l’aspect « pèlerinage » ne m’attire pas vraiment. Je ne suis pas croyant et je n’ai pas besoin de ça pour que ma tête s’évade. Elle s’évade toute seule où que j’aille marcher pourvu qu’il y ait des découvertes et quand je dis « découvertes », ça englobe tout ce qui est beau,  historique ou qui aiguisera ma curiosité, c'est-à-dire paysages, panoramas, richesses patrimoniales, fauniques ou floristiques. Je suis plutôt bon public. En outre, cette année, ma préférence irait en priorité à une balade qui ne m’éloignerait pas trop du domicile. J’interroge Internet. Je ne trouve rien qui me captive dans le département des Pyrénées-Orientales. Il y a bien le Tour du Canigou à faire de diverses manières, chemins du piémont ou bien par les crêtes les plus hautes, mais j’ai le sentiment que je connais tout ça par cœur et en plus la saison et la logistique à mettre en place me semblent un peu trop tardives. On est déjà en septembre et il faudrait que je réserve gîtes et refuges et j’ai l’impression que c’est déjà un peu trop tard pour m’engager dans toutes ces démarches. Le faire avec tente, sac de couchage, tapis de sol et tout ce qui s’ensuit, c'est-à-dire en bivouaquant ou en dormant dans des refuges non gardés et donc avec un gros portage, je n’y pense même pas ! Alors, je me rabats sur les départements limitrophes. L’Ariège me plairait bien et notamment le Tour du Biros que j’ai eu l’occasion de croiser lors d’un bref séjour dans le Couserans mais là, je retombe dans les mêmes travers que le Tour du Canigou et des refuges à réserver. Dans l’Aude, il y a bien le Sentier Cathare qui m’attire et auquel je pense depuis plusieurs années mais c’est au moins 10 à 12 jours à consacrer. Trop long pour le faire en solitaire et qui plus est en septembre. Voilà où en sont mes réflexions quand tout à coup en continuant à chercher, je tombe sur un site touristique audois mentionnant le GRP Sentier du Golfe Antique (*). Un site peu explicite à vrai dire mais qui brièvement m’indique que cette balade peut être accomplie en 4 à 5 jours et qu’elle consiste à faire le tour des étangs audois à proximité de NarbonneBages et Sigean. 4 à 5 Jours, c’est déjà ce que je recherche et en plus ce n’est pas très loin de chez moi. Les principales conditions semblent réunies et là, je me mets à feuilleter toutes les pages qui sur Internet parlent du parcours. En réalité, elles ne sont pas légions (pas très normal pour un golfe qui se veut antique et en premier lieu romain !) et je n’en sors pas grand-chose de concret or mis le fait que cette longue boucle de plus de 75 km semble un peu plus connue de quelques vététistes qui eux, bien évidemment, ne la font pas en cinq jours mais dans la journée pour la plupart d’entre eux voire en deux jours pour les plus indolents.  Alors, je file à la bibliothèque voir si dans des bouquins ou topo-guides consacrés à l’Aude, on en parle un peu. Rien ! Mais non rien ! Alors puisque personne n’en parle, c’est décidé, je vais y aller voir par moi-même et de préférence, je vais  attendre qu’un bel anticyclone se présente sur plusieurs jours. Après tout, je suis à la retraite, pas vraiment pressé et à faire une balade autant que ce soit avec un grand beau temps.  Cette attente,  je la mettrais à profit pour parfaire l’organisation.

 

Organisation du parcours :

 

1- Ma première mission : analyser le parcours sur le Net. Il est indiqué qu’il démarre de Narbonne et qu’il est long d’environ 75 km. Ça ne me pose aucun problème ! Je vais donc diviser cette distance par 4 et comme il n’y a sans doute aucune déclivité d’importance car la plupart du temps, le parcours passe au niveau de la mer, je vais l’accomplir en 4 jours pour des étapes qui ne devraient pas excéder 17 à 18 km. Jusque là tout va bien.

2- Ma deuxième mission : analyser le parcours et être à même d’imaginer les 4 étapes sur mon logiciel CartoExploreur, c'est-à-dire sur la carte I.G.N, équivalente aux cartes papier au format Top 25 que l’on trouve dans les meilleures librairies. A priori, rien n’est plus facile car le parcours du Sentier du Golfe Antique y est magnifiquement « surligné » en rouge et je peux en suivre très facilement le tracé qui passe par des villes que je connais pour la plupart d’entre-elles. En effet,  Bages, Peyriac-de-Mer, Sigean et Port-la-Nouvelle sont des cités que je connais un peu pour y être passé. Le parcours passe tout près de Narbonne et les principaux sites qui en parlent en ont fait leur ligne de départ. Quand au Canal de la Robine, à diverses reprises, j’ai eu l’occasion de le réaliser à vélo et parfois un peu à pied jusqu’à la savoureuse presqu'île de Sainte-Lucie. Une seule commune me surprend singulièrement car un peu éloignée des étangs et en plus, c’est la seule que je ne connais pas, c’est Portel-des-Corbières. A bien y réfléchir, un petit tour dans les Corbières ne sera sans doute pas pour me déplaire car elle devrait me changer des autres étapes plus maritimes. Mais une deuxième pensée plus sérieuse me chiffonne : Il y a bien eu un topo-guide évoquant ce Sentier du Golfe Antique mais il est désormais épuisé et donc introuvable. Je l’ai cherché partout mais constamment en vain. Mais en plus, j’ai fini par apprendre qu’il n’évoquait pas le tracé du tour que j’envisage mais plusieurs petites balades d’une journée dans divers lieux autour du golfe. Pourquoi cela ? Je me souviens que je m’étais posé une question sensiblement identique à l’instant d’organiser le Tour des Fenouillèdes. Il existait bien un tracé et de nombreuses balises sur le terrain mais pas de topo-guide l’évoquant. Je connais la suite et j’avais beaucoup galéré pour parvenir à l’organiser. Vous aurez donc noté que lors de cette analyse et par expérience, j’en suis à imaginer les 4 étapes et non pas encore à les programmer. Là, je l’avoue un gros problème se pose très rapidement à moi, uniquement en regardant la carte. En effet, Narbonne, Bages, Peyriac, Portel, Sigean et à un degré moindre Port-la-Nouvelle sont des cités toutes proches les unes des autres. En tous cas sur cette partie nord-ouest-sud de la boucle, elles sont toutes par les routes départementales, à moins de 10 km les unes des autres et je me dis qu’il y aura sans doute pléthores de possibilités d’hébergements et de ravitaillements. Mais de l’autre côté, c'est-à-dire à l’est et au dessus de Port-la-Nouvelle, c’est presque le grand vide. Si ce n’est pas le vide absolu, le parcours longe le Canal de la Robine puis bifurque en direction des rives de l’étang de Bages et c’est par ce long itinéraire sinueux à souhait que l’on rejoint La Nautique puis Narbonne Sud. Quand avec ce tracé, je mesure la distance qui sépare Port-la-Nouvelle de Narbonne, j’arrive à une étape assez incroyable de plus de 30 km, à  moins d’aller tout droit vers Narbonne à l’écluse de Mandirac. Cette dernière solution plus courte ne me plaît pas car la distance que je gagne je la perds le lendemain pour aller du centre de Narbonne à Bages avec de surcroît beaucoup de ville et de bitume. Avec l’autre solution, le problème est qu’avec cette seule portion, on en est déjà à 40% de la boucle totale du Sentier du Golfe Antique. Je suis devant ce dilemme. En conséquence, l’idéal serait de trouver un hébergement sur ce tronçon ?

3- Ma troisième mission : Trouver un hébergement non loin du Canal de la Robine. En imaginant que je vais partir de Narbonne ou bien de Port-la-Nouvelle, je n’ai trouvé sur Internet qu’une seule adresse d’hébergement sur ce tronçon passant par le Canal de la Robine. Cet hébergement se trouve au lieu-dit « Le Petit Tournebelle » et me paraît assez parfait puisqu’il coupe pratiquement la distance en deux étapes de longueurs similaires non loin de l'écluse de Mandirac. Seul petit problème quand j’appelle au numéro de téléphone mentionné, personne ne répond jamais ! Alors, je prends ma voiture et je file là-bas illico-presto. Et là, je tombe dans un coin assez fabuleux au bord de la Robine mais surtout au milieu de rizières, de près verdoyants et de zones humides où s’ébattent chevaux et taureaux et surtout, où une quantité incroyable d’oiseaux petits et grands occupent les lieux ou leurs plus proches alentours. Chaque marais, chaque pré, chaque zone humide paraît posséder sa propre espèce. La plupart de ces oiseaux semblent peu farouches et je pense que cela tient au fait qu’ils se plaisent dans ces biotopes sans doute parfaits pour eux. Un petit paradis pour le photographe animalier amateur que je suis : cigognes, étourneaux par milliers, hérons cendrés, aigrettes, petits limicoles, martin-pêcheurs, rapaces, etc.…Faire la liste des oiseaux que j’ai vus ce jour-là serait bien trop long. Si j’ai mon appareil-photo avec moi, aujourd’hui le sujet le plus important est de trouver une chambre alors l’appareil est là uniquement pour la photo exceptionnelle. Je poursuis vers le groupe de maisons constituant « Le Petit Tournebelle ». Là, un gros problème se présente quand j’arrive au domaine car le propriétaire m’indique immédiatement qu’il ne fait plus gîte et ne reçoit plus aucune personne de passage. Alors, j’insiste un peu et quand je lui demande la simple location d’une chambre seule pour une seule nuit et pour une seule personne, et même en appuyant sur le fait que je suis disposé à me passer de draps et d’un petit déjeuner, j’essuie également un refus. Alors, je n’insiste pas plus et je repars à la fois préoccupé d’avoir fait « chou blanc » mais d’un autre côté ravi par toute cette avifaune que j’ai aperçue. Une chose est certaine, si tous les étangs que je vais sans doute côtoyer fourmillent d’une telle faune aviaire, je vais véritablement prendre mon pied sur ce Sentier du Golfe Antique ! Voilà mon état d’esprit qui est très loin du découragement mais à bien y réfléchir, je n’ai pas encore fait le moindre pas en avant dans mon organisation ! Alors, puisque je suis là, je prends la décision de regarder immédiatement ailleurs si un hébergement est possible.

4- Quatrième mission : Trouver d’autres hébergements. Avant de quitter « le Petit Tournebelle », j’ai de nouveau analysé la carte I.G.N et pendant un instant, j’ai envisagé d’aller dormir à Gruissan. Malheureusement, la distance à parcourir aller et retour pour rejoindre le tracé du Sentier du Golfe Antique m’en a immédiatement dissuadé. Beaucoup trop longue ! Alors, j’ai filé vers le Petit et le Grand Mandirac puis vers le Port de la Nautique mais aucune location n’y était proposée. Il y a bien sur la carte un camping au lieu-dit les Mimosas mais là, je retombe dans l’inconvénient du portage d’une tente et du barda qui va avec ou au pire d'un sac de couchage. Je décide de partir vers Bages. Bages est un magnifique village au pied de l’étang mais qui malheureusement, paraît déjà endormi après les affluences estivales. Quand j’arrive au pied du village, côté étang, une jeune dame très gentille est entrain d’ouvrir et d’installer sa petite « camionnette » faisant office de sandwicherie ambulante. Il est presque midi et j’ai faim. Je lui commande un coca et un gros sandwich avec frites et steak haché. Elle m’annonce 10 minutes d’attente que je comprends aisément car elle s’installe à peine et j’en profite pour partir au bord de l’étang pour faire quelques jolies photos, le temps étant radieux. Quand je reviens, tout est prêt. Tout en mangeant, nous bavardons un peu. Elle m’indique être là plusieurs jours par semaine. Je note l’information au cas où. Je lui demande si elle connaît un gîte pouvant m’accueillir pour une nuit lui expliquant mon idée de venir un peu plus tard pour randonner sur le Sentier du Golfe Antique. Je suis passablement surpris car elle me dit ne pas connaître ce sentier dont elle n’a jamais entendu parlé. Elle poursuit en m’indiquant que le mieux est que je monte vers le haut du vieux village et que je m’adresse auprès des restaurants, me précisant qu’elle est sûre qu’il y en a au moins un qui loue des chambres. Alors, je la remercie et mais avant de monter vers le haut du village, j’analyse le bas. Sur la devanture d’un local, il y a bien une pancarte mentionnant la location de chambres mais le commerce paraît vide.  En désespoir de cause, je me décide à monter. Les ruelles sont toutes désertes. Tout en montant, je regarde si des chambres ne sont pas à louer. Je trouve deux adresses louant des chambres mais quand je tape à leur porte, les deux semblent fermées car personne ne répond. Je passe devant la vitrine du petit Office du Tourisme mais il est fermé lui aussi. Le premier restaurateur rencontré me répond qu’il ne loue pas de chambres et semble plus préoccupé et déçu par le fait que je ne sois pas un éventuel client car il est déjà midi passé et aucun client ne s’est encore présenté. En sortant, je regarde la carte et les menus et constate que les prix sont plutôt dans des fourchettes que je considère hautes.  Je continue de monter. Les ruelles sont toujours aussi désertes et finalement j’aboutis en haut près de l’église. De là, les vues sur l’étang sont superbes. Au loin, j’aperçois la Nautique et de nombreuses voiles colorées qui filent sur le miroir bleuté tout juste ondulé par une brise légère. Il y a aussi des flamants roses. Je prends quelques photos panoramiques car les oiseaux sont trop loin. De toute manière, je me dis qu’ils seront peut être encore là si toutefois je venais à revenir. Je poursuis ma quête dans le centre de Bages. J’arrive sur une belle placette où toute l’activité du village semble s’être concentrée.  Deux restaurants avec de petites terrasses sont ouverts et quelques touristes ont déjà pris place pour déjeuner. Je regarde les menus et les cartes et les prix me paraissent assez élevés là aussi. Le premier restaurateur auquel je m’adresse, me confirme qu’il loue bien des chambres au prix de 85 euros. Quand je lui demande ce que cela inclut, il me répond : « la chambre » et devant mon regard sans doute très interrogateur, il rajoute « pour une nuit ». Alors quand je lui réponds « merci » et que je tourne les talons, il rajoute « pour le petit déjeuner, on le sert ici au restaurant et c’est en sus ! ». Si je tourne les talons, c’est parce que je me refuse à payer une simple chambre dans une maison au prix de celle dans un trois étoiles où il y a d’autres services et une douche notamment.  J’estime que 50 à 60 euros est un prix raisonnable et je suis prêt à l’accepter si après une visite des lieux la chambre me convient. Je traverse la placette en direction de l’autre bar-restaurant et quand je pose la même question à un aimable serveur, ce dernier me précise de m’adresser à une boutique vendant toiles, tableaux et diverses œuvres d’art se trouvant dans une ruelle toute proche. La boutique est là et je suis reçu aimablement par une gentille dame qui me précise qu’elle loue bien des chambres mais pour une période d’une semaine au minimum. Alors, une nouvelle fois j’insiste et je lui raconte même un « petit » mensonge en lui disant que je n’ai besoin que d’une seule nuit car j’accomplis un repérage pour un groupe de randonneurs qui reviendra certainement marcher à Bages pendant plusieurs jours au printemps prochain. Alors, j’ai le sentiment qu’elle paraît intéressée et qu’elle va un peu céder mais quand elle m’annonce la nuit à 90 euros, je comprends bien que le prix qu’elle me fixe est surtout dissuasif. Alors devant ma surprise, elle rajoute « vous savez pour une seule nuit ça me donne autant de travail que pour plusieurs car il faut que je lave les draps et la taie d’oreiller ! » Alors, je lui dis : « vous savez, je n’ai pas besoin de draps et je viendrais avec mon sac de couchage si nécessaire » et là, je ne sais pas si elle le fait exprès et elle rajoute « bon d’accord, je vous la ferais à 80 euros car j’aurais toujours la taie d’oreiller à laver ! ». Je lui réponds « Vous savez, je peux me passer d’oreiller et je peux vous offrir 60 euros ». « Je suis désolée, je ne peux pas descendre en dessous de 80 euros » me répond-elle. Voyant bien qu’il est difficile de trouver un terrain d’entente, je lui dis carrément que c’est trop cher pour moi. Alors, elle me raccompagne jusqu’à la porte de la boutique. Je quitte Bages, fortement déçu de constater que même hors saison, les prix d’une simple chambre soient si prohibitifs car je m’attendais à une fourchette de 45 à 60 euros. Je me souviens que sur le Tour du Vallespir puis sur celui du Coronat ou sur celui du Capcir, je n’avais pas payé ce prix-là pour une nuit dans une chambre d’hôtes avec souper et petit déjeuner inclus. J’ai du mal à comprendre. Je n’ai pas avancé d’un pouce dans l’organisation de ce Sentier du Golfe Antique et très étrangement, ça me rappelle la galère que j’avais vécu pour organiser le Tour des Fenouillèdes.

5- Cinquième mission : prendre des décisions et conclure. Quand je rentre à la maison, j’en suis à me demander si ce Sentier du Golfe Antique est réalisable tel que je veux l'entreprendre ? N'est-ce pas là la raison qu'il ait été « coupé en tranches » dans le topo-guide ? Première constatation, il faut que j’oublie l’idée de faire cette boucle en 4 jours et 3 jours me paraissent plus raisonnables même si les distances vont prendre un sacré coup de « rallonge ». Si je ne veux pas me trimballer un quelconque bivouac, l’étape Narbonne – Port-la-Nouvelle ou vice-versa devra être réalisée dans la journée. Après tout, ça fera une étape d’au moins 30 km mais c’est là la seule solution. A bien y réfléchir, il n’y a aucun dénivelé et le coup est donc parfaitement jouable. Les autres étapes, soit plus de 45 km, seront à partager en deux de préférence. Je change mon fusil d’épaule et je prends la décision de démarrer de Port-la-Nouvelle car j’ai la certitude qu’il sera plus facile de trouver un hébergement à Narbonne. Je sais que les hôtels « bon marché » du style Formule 1, BB Hôtel ou autres ne manquent pas. Les draps et les taies d’oreillers sont aussi propres qu’ailleurs et jamais je ne paierais 80 euros la nuit. Je regarde un peu les plannings de réservation sur Internet et de nombreuses places sont encore disponibles quelque soit les semaines à venir. C’est un « bon point » et j’arrête là ma première étape. A partir de là, la deuxième étape devient plutôt évidente et deux communes me semblent appropriées à me recevoir au soir du deuxième jour : Peyriac-de-Mer ou Portel-des-Corbières. Quand j’interroge Internet, aucune location, aucun gîte, aucun hôtel, aucune chambre d’hôtes n’apparaît pour la commune de Peyriac-de-Mer. J’en suis très étonné car je pensais que la cité était plutôt touristique mais c’est ainsi. A Portel, en sondant Internet, les opportunités ne sont pas pléthores mais il y a un grand hôtel et diverses « adresses » louant des chambres. J’envoie un mail sur le site de la mairie et là,  surprise, quelques heures plus tard, je reçois un très gentil message avec une petite liste exhaustive de tous les hébergeurs présents sur la commune. Il n’y a pas de prix mais au fond de moi, je me dis que « ce serait bien le diable » si je ne trouvais rien de concret et de raisonnable. Il ne me reste plus qu’attendre mon « bel anticyclone » et si je trouve un hébergeur raisonnable à Portel, « Mon Sentier du Golfe Antique » sera bouclé mais à faire en 3 jours. Les semaines de septembre défilent. Le temps n’est pas mirobolant avec de nombreux passages nuageux sur le Languedoc-Roussillon même si la pluie n’est pas souvent de la partie. Je tiens absolument à partir avec du beau temps. Le dimanche 21 septembre, Météo France annonce une fin de semaine très ensoleillée sur tout le pourtour méditerranéen mais avec il est vrai une « bonne » tramontane. Je sais que la tramontane c’est la condition essentielle pour qu’un ciel bleu et un grand soleil soient de la partie. Je me laisse encore deux jours avant de réserver car dans les prévisions de Météo France j’ai très souvent observé un décalage dans le temps. Si mardi matin, les prévisions restent identiques, c’est décidé, je me lance dans l’aventure à partir de jeudi de préférence, voire de vendredi ou samedi selon les possibilités d’hébergement. J’attends le mardi matin avec anxiété et en croisant les doigts en espérant que la météo ne va pas changer du tout au tout comme cela arrive quelquefois. Le mardi matin, je « tombe du lit » et me jette sur mon ordinateur pour regarder les prévisions : les informations restent toujours les mêmes et il va faire « super beau » à partir de jeudi même si les rafales de vent venant du nord sont annoncées un peu plus violentes qu’initialement. J’allume la télé pour avoir une confirmation et les premières informations annoncent toujours une fin de semaine magnifiquement ensoleillée sur tout le midi de la France. Je me lance. Vers 10 heures, je commence par la liste que m’a gentiment envoyée la mairie de Portel. Ma préférence va à l’hôtel Relais de Tamaroque dont j’ai eu un aperçu le prix d’une nuitée en demi-pension sur le Net. Je téléphone mais malheureusement tout est complet pendant plusieurs jours. Je commence la liste des locations de chambres en prenant les téléphones dans l’ordre indiqué.  Au premier et au deuxième appel, personne ne répond et je me dis que ça commence plutôt mal. Au troisième appel, une dame m’indique qu’elle ne loue pas pour une seule nuit et avant même que je puisse insister, elle raccroche. Décidemment, je n’ai pas de chance et encore une fois, je me demande si je vais pouvoir partir. Heureusement, le quatrième appel va être le bon, même si l’entame de notre conversation me laisse peu d’espoir. En effet, la gentille dame qui me répond ; Mme Noguero en l'occurence ; me précise qu’elle ne loue pas pour une seule nuit mais pour au minimum une semaine. Puis elle se ravise et m’indique qu’elle loue parfois pour les deux jours d'un week-end au prix de 120 euros. Je lui dis que j’ai besoin d’une chambre mais pour le vendredi soir seulement. Elle a l’air embarrassée mais paraît plus compréhensive et elle me répond que ce n’est pas possible car à partir du samedi, elle a un couple de clients qui arrive en fin de matinée. J’insiste en lui disant que si nécessaire, je décamperais très tôt le samedi matin. Elle m’écoute et semble plus ouverte que toutes les personnes auxquelles j’ai parlé jusqu’à présent. Elle écoute mon projet d’accomplir le Sentier du Golfe Antique. Elle semble comprendre mon désarroi de ne rien trouver sur le parcours. Elle semble compatir mais veut conclure en m’annonçant la nuitée à 80 euros. Elle aussi semble avoir « la toquade » de la taie d’oreiller à laver. Alors, j’insiste encore en lui disant que je trouve que c’est un peu cher pour mes finances et que ce n’est pas très logique si un week-end pour deux est à 120 euros. J’abats mon dernier atout en lui disant que je me passerais du petit déjeuner dont je sais qu’il est obligatoire et finalement elle craque en acceptant la nuitée à 60 euros. Je suis ravi de cet accord même si au fond de moi, je trouve encore le montant un peu élevé car c’est le prix d’une chambre dans un hôtel deux ou trois étoiles avec un petit déjeuner souvent copieux inclus. Je lui propose de lui envoyer un acompte mais elle refuse aimablement me précisant qu’elle me fait entièrement confiance.  Je lui laisse mon nom et toutes mes coordonnées en lui précisant que je serais à Portel vendredi soir entre 17 et 19 heures mais que de toute manière, je l’appellerais en arrivant au village. Quand je raccroche, je suis enchanté et désormais, j’ai la quasi certitude que je vais réaliser ce Sentier du Golfe Antique. Toutefois, il me reste une dernière tâche à accomplir : trouver et réserver une chambre à Narbonne pour jeudi soir. Sur Internet et sur le site des hôtels Formule 1, il ne me faut que quelques minutes pour trouver cette chambre au modeste prix de 49 euros. Voilà, l’organisation n’a pas été simple mais j’y suis parvenu pour une fourchette financière globale à peu près raisonnable et il ne me reste plus qu’à préparer mes affaires mais ça je sais faire et je suis même rodé.

 

Derniers préparatifs :

 

Je ressors mon sac de 40 litres qui dormait depuis un an dans le grenier et que j’avais étrenné lors du Tour du Capcir l’an dernier. Ma liste de ce qu’il faut emporter est là dans le tiroir de mon bureau. Elle date de mon Tour du Vallespir et dormait gentiment dans l’attente d’une nouvelle longue balade. Je la consulte et en fait rapidement l’inventaire. En définitive, il ne me manque que peu de choses et presque essentiellement de la « bouffe », au moins pour le premier jour. Demain après midi, j’irais au supermarché chercher tout ça. J’enregistre le tracé des trois étapes dans mon G.P.S et imprime les différents tronçons de la carte I.G.N sur des feuilles au format A4. Je n’ai pas la carte I.G.N Top 25 appropriée mais elle ne me semble pas utile sur cet itinéraire bien mentionné. Les chances de s’égarer sur ce parcours sont infimes et surtout sans grand risque et de ce fait, les 6 ou 7 morceaux de cartes imprimées me semblent amplement suffisants. Selon les tracés rapides que j’ai effectués avec  mon logiciel CartoExploreur, les trois étapes sont respectivement longues de 26, 22 et 21 km, ces distances n’étant qu’approximatives et surtout elles n’incluent pas les différents errements dont je sais déjà qu’ils seront nombreux et notamment après les arrivées. Je me connais. Mais en réalité, les distances m’importent peu et ce d’autant que les dénivelés et les montées cumulées sont très modestes et n’ont rien de comparables avec les derniers tours que j’ai pu accomplir. Ça me convient très bien ainsi.

 

C’est parti !

 

(*) Pourquoi Golfe Antique ? : Dans l’antiquité, les étangs de Bages-Sigean, de l’Ayrolle et de Gruissan étaient reliés entre eux et formaient un golfe en relation avec la mer. Le massif de la Clape était une île au milieu de ce golfe où se déversait l’Aude nommée alors « l’Atax ». Les alluvions de l’ Aude ont comblés ce golfe. L’étang de Bages-Sigean était longé par un grand axe de communication entre l’Espagne et l’Italie axe qui reliait les oppida. Hannibal partant à la conquête de Rome, emprunta cette voie (voie héracléenne) qui fut modernisée par les romains et rebaptisée « Via Domitia ». Dans ce golfe, Narbonne (en réalité Narbo Martius) était un port au commerce maritime très important. (Source Site du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre de l’Aude / CDRP11). Rajoutons que de nombreuses preuves de cette activité maritime ont été retrouvées à divers endroits autour de l’étang actuel de Bages-Sigean (La Nautique, Mandirac, Sainte-Lucie, île Saint-Martin, Peyriac-de-Mer, etc...). Le seul aspect « antique » est d’ailleurs encore plus ancien que la présence des Romains puisqu’il est acquis que d’autres peuples les ont précédés autour du golfe comme les Elysiques mais également les Ligures et les Volques Tectosages à un degré moindre.

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La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l'écluse de Mandirac.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 5 musiques du groupe "Secret Garden" extraites de leur album "Winter Poem". Elles ont pour titres : "Make A Wish", "Song For A New Beginning", "Frozen In Time", "Song At The End Of The Day" et "Lament For A Frozen Flower".

 La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l'écluse de Mandirac.

La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l'écluse de Mandirac.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

C’est parce que j’avais en partie parcouru les lieux en 2014 lors d’un « GPR Sentier du Golfe Antique » en 3 jours, que j’ai imaginé cette boucle pédestre que j’ai intitulée « La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l’écluse de Mandirac ». D’abord le secteur m’avait bien plu mais j’avais le sentiment d’y être passé trop vite. Trop vite, car ce jour-là c’était la première étape allant de Port-la-Nouvelle à Narbonne et qu’il m’avait fallu parcourir une bonne trentaine de kilomètres.  Au-delà de ce premier aspect, il y en avait eu un second encore plus important à mes yeux : les Oiseaux. Certes, j’en avais vu beaucoup, mais là aussi j’étais resté avec un sentiment d’inachevé sur la plan photographique ! Inachevé car je n'avais pas pris suffisamment mon temps et que mon appareil-photo n'était pas vraiment performant pour des photos animalières. J’avais donc envie d’y retourner avec cet espoir de faire beaucoup mieux. En ce 22 octobre, il est 12h30 quand je gare ma voiture à proximité de l’écluse de Mandirac située sur le canal de La Robine. La météo est mitigée car faite de gros nuages blancs et gris qu’un bon petit cers pousse du nord-ouest vers le sud-est, mais j’ai bon espoir que ça s’arrange. En tous cas, j’ai la quasi-certitude qu’il ne pleuvra pas.  Je viens à peine de couper le moteur qu’un train passe à toute vitesse sur la voie ferrée mitoyenne faisant s’envoler une Aigrette et un Héron cendré. Par chance, mon appareil-photo est sur le siège passager et si je loupe l’Aigrette, le Héron passant juste devant mon pare-brise, je peux l’immortaliser en plein vol. Je démarre, direction Tournebelle-le-Neuf et le Grand Tournebelle en longeant plein sud et pour l’instant le Canal de la Robine. En 7 ans, j’ai le sentiment que beaucoup de choses ont changé et pas en bien. Le petit Café de pays faisant restaurant et qui organisait d’agréables soirées musicales est délabré et est ouvert aux quatre vents, les abords de la gare de Gruissan-Tournebelle paraîssent beaucoup moins bien entretenus même si sur la façade un grand graffiti plus joli est venu remplacé quelques tags qui étaient très moches. J’ai appris que la Ligue de Protection des Oiseaux de l'Aude en avait fait son siège. Depuis mon départ, j’ai vu des déchets parsemés de tous côtés alors que de grands conteneurs poubelles sont là sur le parking près de l’écluse. J’essaie donc d’oublier ces tristes aspects et de me concentrer sur ce que je suis venu faire, c’est-à-dire tenter d’observer ce qui est encore beau, c’est-à-dire la Nature. Juste avant d’arriver au Grand Tournebelle, elle se présente sous les traits d’un Ragondin qui fouine l’herbe de la berge et quelques secondes plus tard c’est une Gallinule poule d’eau qui se dépêche de traverser la Robine. Quelques mètres plus loin c’est dans le petit canal du domaine  du Grand Tournebelle que je surprends un Martin-pêcheur. Puis le passage à niveau de la voie ferrée est là et même si les barrières sont levées, je le traverse avec la prudence qui s’impose. Depuis que j’ai laissé ma voiture, trois trains sont déjà passés. Un peu plus loin, dans un pré, juste à côté de la voie ferrée quelques chevaux blancs ; sans doute des « Camargue », nous rappelle les similitudes qu’il y a entre le delta de l’Aude et celui du Rhône. Les deux fleuves sont à l’origine de la création de leurs étangs et marécages respectifs. D’ailleurs peu de gens le savent mais le canal de la Robine emprunte en partie l’ancien lit de l’Aude, mais ça c’était au temps où les Romains avaient fait de Narbonne le deuxième port de commerce de la Méditerranée après ceux mitoyens d’Ostie et de Portus Augusti qui étaient ceux de Rome. De plus et même si les productions ne sont pas comparables en volume, il y a bien un riz de Mandirac comme il y a un riz de Camargue. Les comparaisons ne s’arrêtent pas là puisqu’on peut y observer quasiment les mêmes oiseaux, raison de ma présence. Aigrettes, hérons et canards colverts sont les premiers visibles mais comme ici les roselières sont très hautes mais également infranchissables car très denses, il me faut trouver des talus pour apercevoir les marais et les oiseaux qui les habitent. Il va en être quasiment ainsi jusqu’au lieu-dit Saint-Louis. Une fois franchi le passage à niveau, les seuls talus étant les ballasts de la voie ferrée, il vaut mieux éviter d’y grimper totalement. D’abord parce que les pierres qui les composent sont peu faciles à gravir mais surtout parce que c’est très dangereux. Ici les trains sont relativement nombreux à circuler et de surcroît ils roulent « à fond la caisse » sur cette longue ligne droite parallèle à La Robine. Alors j’essaie de trouver un juste milieu et surtout d’autres endroits moins périlleux. Finalement et compte tenu des difficultés, je n’ai pas trop à me plaindre des photos ornithologiques qui viennent remplir la carte mémoire de mon appareil-photo.  Dans ma quête à vouloir photographier tous les volatiles, ma plus grand difficulté est de surprendre les passereaux pourtant plutôt nombreux. Le cers, fait parfois de rafales assez violentes, incite tous les oiseaux à se laisser tomber dans les roseaux. Parfois, les rassemblements de passereaux sont si importants qu’ils donnent l’impression de pierres tombant du ciel. Malgré quelques photos, j’ai conscience qu’il me faudra faire preuve de patience et trouver des endroits bien plus propices à leur observation. Dans l’immédiat, je me fais une raison. Au lieu-dit Saint-Louis, je surprends quelques colverts dans le canal Le Canelou mais leur côté sauvage les fait s’enfuir dans les roseaux en me voyant. Après avoir emprunter la passerelle qui enjambe le canal, en apercevoir les deux ou trois habitations constituant le lieu-dit, j’ai le même sentiment que j’ai eu à Mandirac. L’endroit me paraît bien plus sordide et sale qu’en 2014. D’ailleurs, une des villas avec sa toiture amplement défoncée, ses rideaux roulants et ses fenêtres cassées, ses canisses fracassées et sa terrasse sens dessus dessous me paraît totalement saccagée. On dirait qu’une tornade est passée par là, à moins que ce soit les actes de terribles vandales ? Dans le doute et malgré son aspect désert, je m’abstiens de l’approcher et ce, malgré plusieurs fauvettes qui en occupent le jardin et que je veux à tout prix photographier. Comme elles ont la bougeotte, j’utilise mon appeau et attends de voir si elles viennent à moi.  Après cette séquence peu réussie, je poursuis ma route qui peu après devient rectiligne et bitumée. Elle file tout droit vers le Petit Castelou. Mais j’oublie vite l’asphalte car ici quelques arbres morts et donc dénudés accueillent des passereaux et c’est donc beaucoup plus facile pour moi d’en immortaliser quelques-uns. Un rapace s’envole d’un marais et s’amuse à jouer avec le vent. Il me laisse le plaisir de le photographier. Si l’arrivée au Petit Castelou est encore synonyme d’oiseaux et notamment de quelques limicoles non encore aperçus, les véritables « clous du spectacle » de la longue ligne droite qui se présente à nouveau sont des flamands roses en grand nombre, plusieurs Hérons, un groupe de magnifiques cigognes blanches passant juste au-dessus de ma tête mais surtout un superbe papillon Petit Monarque que le vent semble clouer sur l’herbe. Voilà un papillon que je n’avais jamais vu ni photographié jusqu’à présent et que je croise deux fois en quelques semaines dans des secteurs très éloignés l’un de l’autre, mais surtout que tout oppose. Le premier à « la Chapelle Sainte Marguerite de Nabilles », au-dessus de Conat et donc dans le Haut-Conflent à 865m d’altitude, c’était le 19 septembre, et le second ici un mois plus tard au bord de l’étang de Bages-Sigean. Quels contrastes de paysages et de biotopes pour un papillon migrateur censé venir d’Afrique via l’Espagne ! Après ces agréables spectacles, il est temps pour moi d’allumer mon GPS et d’en observer le tracé que j’y ai enregistré.  En effet, je ne veux pas louper le petit sentier qui doit m’amener vers Le Grand Castelou, ce qui m’obligerai à quelques kilomètres supplémentaires et de surcroît sur l’asphalte. Finalement, la bifurcation n’est pas très loin et se présente sur ma gauche mitoyenne d’une martellière, vanne métallique laissant passer les eaux selon les besoins. J’y retrouve avec un peu d’étonnement les balises jaunes et rouges propres au GRP Sentier du Golfe Antique.  Sans doute une variante dont je sais qu’elles sont plutôt nombreuses car si ce GRP est long de 75km et peut s’effectuer en plusieurs jours comme je l’ai réalisé moi-même, il est aussi constitué d’un réseau d’une douzaine de petits parcours pédestres individuels. Un petit ponton permet d’enjamber l’étier et le sentier est là qui traverse l’ancienne saline aujourd’hui largement envahie par les soudes, les salicornes, les lavandes de mer, les roseaux et autres plantes rustiques des marais. Si les passereaux y sont également plutôt nombreux, ils continuent de disparaitre au sol dans cette dense végétation.  Finalement comme j’abandonne l’idée de les photographier dès lors qu’ils disparaissent dans les roseaux, les grands bâtiments du domaine du Grand Castelou, gérés désormais par le Conservatoire du Littoral, sont vite là. Les bâtiments étant désertés de toute présence humaine, je me laisse aller à une visite improvisée mais vite découragée car les portes sont autant murées que l’endroit est vide. Un panonceau indiquant « un sentier de randonnée du Grand Castelou », je me laisse tenter avant de lire qu’il y a deux itinéraires, le premier assez réduit car de 2km autour des bâtiments, et le second de 4 km empruntant en très grande partie celui que je viens d’accomplir autour de la Saline de Mandirac. De ce fait et une aire de pique-nique avec des tables et des bancs arrivant bien à propos, je m’y arrête histoire de me reposer un peu et de goûter de quelques biscuits. Grand bien m’en prend de m’arrêter à cet endroit car au-dessus de l’aire de pique-nique de grands arbres totalement effeuillés vont servir d’aire de repos à de nombreux passereaux de passage. Je vais rester là plus d’une heure n’ayant qu’à siffler dans mes appeaux, attendre que les oiseaux arrivent et prenant un énorme plaisir à photographier chardonnerets, pinsons, serins et autres linottes mélodieuses.  C’est sur cette bonne note que je quitte le Grand Castelou, certes un peu de déçu d’avoir trouvé l’endroit désœuvré alors que j’avais imaginé que son acquisition par le Conservatoire du Littoral lui donnerait une autre vie aussi active que l’avaient été les précédentes. Il ne me reste qu’à refermer cette boucle mais là, j’hésite entre ressortir par le nord du domaine, direction le Grand Mandirac, ou bien vers l’est par des chemins qui traversent le domaine mais dont je n’ai aucune certitude qu’au bout ils enjambent la voie ferrée. Après réflexion, c’est la première solution qui me paraît la plus sage. Nouveaux chevaux blancs, quelques fleurs et d’autres oiseaux me font une fois encore oublier que je marche sur des voies asphaltées, voies asphaltées toutefois plutôt dangereuses dès que je sors du domaine. Ici, peu de bas-côtés pour satisfaire les piétons et la prudence doit être de mise. Au Grand Mandirac, juste après le passage à niveau, je retrouve  sur ma gauche les grandes bâtisses du 19eme siècle similaires à celles du Grand Castelou. Ces maisons de maître sont les témoins d’un âge d’or de la viticulture mais également de quelques essais plus ou moins convaincants de la culture du riz et de bien d’autres légumes ou céréales. Mais au-delà de cet aspect patrimonial, c’est surtout le chantier de charpenterie de marine qui m’intéresse. Comme j’y passe régulièrement devant en voiture sans jamais m’arrêter, je profite de cette occasion qui m’est donnée pour m’y attarder. Un homme est là et m’informe gentiment sur le chantier en cours. Après cette découverte, la dernière longue ligne en direction de l’écluse m’attend. A pied, elle est aussi risquée que celle qui m’a amené ici au sortir du Grand Castelou. Les voitures y sont nombreuses car Mandirac reste un raccourci certain et donc très emprunté entre Gruissan et le sud de Narbonne.  La route est assez étroite, les voitures y roulent parfois très vite et il est donc préférable de marcher en ayant constamment un œil devant soi et un autre derrière. Finalement, c’est entier que j’arrive devant la Maison de l’écluse, chance qu’un pauvre petit ragondin n’a pas eu. De cette crêpe de peau, de poils et de chair sanglante jonchant la route, seule la queue ronde et dure, encore pratiquement intacte, laisse imaginer qu’il a pu y avoir derrière cette représentation macabre un petit animal au cœur battant. Le pire dans cette vision d’horreur, c’est qu’en m’approchant de la confluence que forme ici le Canelou avec la Robine, j’y aperçois un autre ragondin qui semble faire « les cent pas » dans l’eau verdâtre du minuscule canal.  Il va et vient, faisant des longueurs d’une dizaine de mètres, et surtout il me laisse pensé à quelqu’un qui attend avec impatience et en vain le retour de quelqu’un d’autre. Attend-il l’âme en peine son conjoint que je viens de voir sur la route bien plus plat qu’une limande ? Compte tenu de la proximité des deux faits, je l’imagine aisément car même ma présence penchée sur la balustrade du Canelou ne change rien à ses longueurs natatoires. Je préfère quitter les lieux et m’en éloigner très vite tant ces deux scènes que je viens de voir m’ont terriblement attristées, et ce d’autant que je sais qu’ici les ragondins sont très mal vus et carrément chassés car ils occasionnent pas mal de dégâts dans les berges des canaux et les cultures. En 2014, j’avais constaté la présence de plusieurs pièges le long de La Robine.  Je traverse l’écluse et file vers l’ancienne école. Si sous certains aspects, elle me rappelle l’école primaire telle que j’ai pu la connaître, seuls quelques moineaux qui l’occupent trouvent un réel intérêt à mes yeux. Quelques voitures arrêtées un peu plus loin sur la route de Gruissan me rappellent mon passage ici en 2014. Seraient-elles encore là pour les même raisons ? Oui, c’est bien le cas, mais avec beaucoup moins de cigognes qu’il y a 7 ans, car cette fois-ci, il n’y en a que deux et beaucoup plus éloignées. Malgré ces derniers volatiles immortalisés et mon envie de continuer à photographier la Nature, il faut que je me rende à l’évidence, cette balade est bien finie !  Globalement je suis satisfait de ce long après-midi. Les oiseaux observés ont été très nombreux même si je sais que les photos n’auront pas toujours la belle qualité espérée à cause d’une météo variable et donc pas toujours idéale en terme de luminosité et de l'éloignement de certains volatiles. Telle que racontée ici, cette boucle a été longue de 9,2km avec bien évidemment une déclivité inexistante. Carte IGN Top 25.

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