• Etape 1 : Port-la-Nouvelle/Narbonne 28,4km le 25 septembre 2014

    Pour les raisons déjà invoquées dans mon récit, ce diaporama (comme les 2 autres) est agrémenté de diverses reprises de la chanson "La Mer" (en anglais Beyond The Sea) de Charles Trenet et Léo Chauliac. Elles sont interprétées ici et dans l'ordre suivant par Maximo Spodek (Instrumental/piano) Bobby Darin (chant), Antonio de Lucena (guitare espagnole) Sergey Brazhnik (instrumental), Nina Louise (chant) et Robbie Williams (chant).

    Etape 1 : Port-la-Nouvelle/Narbonne 28,4km le 25 septembre 2014


    - Port-la-Nouvelle – Narbonne

     

    - Jeudi 25 septembre 2014, 7h30. Je roule direction Port-la-Nouvelle. Mon sac à dos est parfaitement bouclé et posé sur le siège arrière. En principe, rien ne manque et j’ai même pensé à prendre mon petit baladeur MP3. En 2009, tout à fait par hasard, mais de manière très appropriée, « Mes jeunes années » de Charles Trenet avaient délicieusement bercé toutes les étapes de mon Tour du Vallespir. Alors que je roulais vers Amélie-les-Bains, j’avais entendu cette chanson à la radio et elle était restée là dans un coin de ma tête tout au long du parcours. Pour la toute première fois, j'avais écouté et quasiment retenu toutes les paroles, des paroles dont je devinais qu'elles seraient en corrélation avec les moments que j'allais vivre. Entre gaieté et tendresse ou chagrin et douceur, avec cette chanson que ma mère avait souvent fredonnée, j’avais beaucoup pensé à elle, malade d’Alzheimer, et plus globalement à tous les êtres chers que j’avais perdus. J’ai toujours considéré qu’il y avait eu beaucoup d’injustices dans la maladie et le décès de ceux que j’avais tant aimé : mon frère et mon père partis bien trop jeunes et ma mère avec cette terrible maladie. Marcher en pensant beaucoup à eux m’avait énormément aidé dans mes réflexions et mes pensées après le contrecoup d’une retraite que je trouvais parfois insatisfaisante mais qu’en réalité, j’avais sans doute beaucoup trop idéalisée avant de la prendre. Je me suis souvenu de tous ces moments forts qui m’avaient fait prendre conscience de la chance que j’avais d’être vivant et de faire beaucoup de choses que j’aimais. J’adore les chansons poétiques de Trenet et  cette année, je pars avec une multitude de versions de « La Mer » mais il y a une raison à cela. En effet, quand on lit l’histoire de cette chanson, on apprend que Trenet aurait écrit les paroles de la chanson en 1943 alors que voyageant avec son pianiste Léo Chauliac et son ami le chanteur Laurent Gerbeau, il regardait la mer et l’étang de Thau par la fenêtre du train qui l’amenait de Paris à Perpignan. A cette époque Trenet a 30 ans et a déjà un énorme succès. Or, quand on approfondit le sujet, on apprend qu’en réalité, il avait déjà couchées ces mots-là sur un poème alors qu’il n’avait que 17 ou 18 ans. Or, à cette époque, il est plus coutumier de voyages entre Narbonne et Perpignan ; où il fréquente notamment le journaliste Albert Bausil ; et donc de visions des étangs de l’Aude que de celui de Thau. Il est donc fort probable que les paroles lui étaient inspirées par l’étang de Bages-Sigean et la mer du côté de Port-la-Nouvelle. Je me suis mis à penser que « le golfe clair » qu’il évoque, c’est peut-être un peu ce « Golfe Antique » que je pars découvrir alors j’ai voulu partir avec des versions bien différentes de cette chanson. Finalement, il y a tellement de reprises de toutes sortes avec des instruments et des sonorités si disparates qu’on a parfois l’impression d’écouter des chansons et des musiques bien dissemblables. C'est donc en découvrant cette diversité que j'ai eu envie de partir avec toutes ces versions. Les écouteurs de mon baladeur MP3 dans les oreilles, c'est en écoutant les premières versions que je roule en longeant l’étang de Salses-Leucate. Les golfes clairs sont déjà là. En réalité, les étangs sont encore bien sombres mais un flamboyant soleil rouge s’élève peu à peu au dessus de la ligne d’horizon. Le jour se lève du côté du Barcarès et de Leucate. Je m’arrête pour quelques photos. Les toutes premières mais il y en aura plus de mille pendant ces 3 jours. J’arrive à Fitou. Je m’arrête quelques minutes juste le temps d’acheter deux viennoiseries dans un « point chaud ». Je repars. Au loin, le soleil rouge a disparu derrière les falaises de La Franqui. Un peu plus loin, il surgit de nouveau mais semble s’être arrêté dans son ascension et paraît comme suspendu. Il voudrait bien jeter mille feux allant du rouge écarlate au jaune vif en passant par de nombreuses nuances orangées mais un voile de chaleur opaque paraît l’en empêcher. C’est sans doute un signe du grand beau temps qui s’annonce mais la tramontane annoncée est déjà bien là. Au dessus de ce rougeoiement, le ciel est d’un magnifique bleu acier. Aux Cabanes de la Palme, je tourne à droite et emprunte la petite D.709. Elle longe l’étang et les salins de La Palme mais Port-la-Nouvelle est vite là. Je me dirige directement vers sa zone portuaire, à l’endroit même où le canal de la Robine fait la jonction avec le chenal menant à la passe et à la haute mer. L’horizon est cendré et le soleil a toujours autant de mal à percer cette muraille brumeuse. Les nombreux petits bateaux du port de plaisance tanguent sur une onde relativement agitée par une violente tramontane. Enfin, je dis « tramontane » en me fiant aux informations de Météo France, mais c’est peut-être le vent qu’ici les audois appellent « cers » ? Ce ne serait qu'un problème de dénomination ai-je oui dire ?  Je fais le tour d’un pâté de maisons mais finalement et pour me garer, je trouve une place idéale sur un parking en bordure d’un petit canal et non loin de la gendarmerie. Ce petit canal, ici on l’appelle le Canalet et on voit immédiatement qu’il n’est pas récent car avec ses bateaux rangés au bord du quai, il a conservé son vieil aspect « cabanes de pêcheurs ».  Je n’ai guère le temps de m’y appesantir. Avant de chausser mes godillots et d’harnacher mon sac à dos, j’observe les lieux et regarde si le canal de la Robine est facilement atteignable depuis ce parking. Une grande passerelle est là, elle enjambe le canal et en plus, un balisage jaune et rouge indique clairement un itinéraire pédestre. En tous cas, il s’agit bien d’un « GRP Tour du Pays » et j’ai la conviction d’être déjà sur le Sentier du Golfe Antique (*) même si ici, aucun panonceau explicite ne m’en apporte la certitude. Je grimpe au sommet de la passerelle. Le canal de la Robine semble joignable et je retourne à la voiture. 8h20, me voilà sur la rive droite du canal de la Robine. Depuis le parking et pour en  arriver là, il m’a fallu emprunter plusieurs passerelles. Une fois dessus, une fois de dessous et ainsi de suite, mais finalement le balisage est plutôt bien indiqué et j’y suis parvenu. Au sommet de la dernière passerelle, le canal de la Robine ne m’a pas impressionné malgré une rectitude saisissante et une extrémité se perdant dans un horizon lointain et nébuleux. Il est vrai que j'ai déjà accompli La Robine en vélo lors d'un aller-retour jusqu'à Narbonne. De plus, je connais bien ce tronçon jusqu’à l’écluse de Sainte-Lucie même si je ne l’ai jamais accompli à pieds mais toujours en voiture au moins jusqu’au parking. Les morceaux de cartes pour la journée sont dans une poche de mon short et celui qui a cours dans une autre. J’aime bien l’avoir sous la main pour connaître les noms des lieux où je vais passer. Une forte tramontane souffle déjà mais comme elle devrait être signe de beau temps, je ne m’en plains pas. Or mis que j’ai déjà été contraint d’ôter mon baladeur de mes oreilles et d’arrêter « la Mer » ou plutôt « Beyond The Sea » magnifiquement chantée par Robbie Williams. Enfin, pour l’instant, elle n’est pas un inconvénient sauf qu’après quelques mètres à peine accomplis, elle semble encore forcir et mes yeux se mettent à larmoyer. Voilà un vrai inconvénient car alors que mon appareil photo numérique est déjà bien entré en action, je suis contraint de freiner mes ardeurs de ce coté-là aussi. Si des milliers de goélands ayant élus domicile dans les « Tables Salantes » ont eu le privilège des premiers clichés, je ne peux plus me permettre de tout photographier « à l'emporte-pièces ». Oui, ce vent si fort est un réel désagrément car j’ai également décidé de répertorier les plantes et les fleurs maritimes en les photographiant car je ne les connais pratiquement pas. Elles viendront grossir mon herbier photographique au côté des nombreuses fleurs des montagnes et des champs. Quelques oiseaux les occupent mais la puissance du vent empêche toute mise au point parfaite pour d’éventuelles photos. Je commence à pester un peu et ce d’autant que je m’aperçois que le vent soulève également une fine bruine d’embruns poissant parfois mon téléobjectif. Entre mes yeux qui larmoient, un ciel cotonneux derrière moi qui décroit la luminosité et ces embruns, forcément mes premières photos ne seront pas géniales. Un magnifique bateau filant au gré du canal ou un train s’éloignant vers Narbonne sur l’autre berge du canal complétent mes prises de vue avant mon arrivée à l’écluse de Sainte-Lucie. Des bateaux et des trains, il y en aura bien d’autres. Si ici les trains vont très vite à cause des lignes droites, les bateaux offrent l’avantage de quelques échanges rapides avec les occupants et au moins des bonjours toujours très sympathiques.  Ici, les premiers panonceaux indicatifs me renseignent sur quelques distances : derrière moi, Port-la-Nouvelle à 3 km. Devant, l’écluse de Mandirac à 10 km et Narbonne à 17,7 km, sous entendu par le canal de la Robine. Toujours aucune information quant au G.R.P Sentier du Golfe Antique. Ici, le canal formant un virage, ses eaux sont plus calmes et quelques colverts en profitent pour caboter placidement au fil du courant. Quelques poissons mouchetant la surface créent de multiples ronds sur le miroir verdâtre. De nombreux pins parasols inclinent leurs branches et forment une jolie haie ombragée bien à l’abri de la tramontane.  J’en profite pour m’arrêter un instant auprès d’un pêcheur. Il vient tout juste  d’arriver et n’a encore rien pris. Tout en bavardant, le sentiment qu’il me laisse et qu’il est surtout là pour profiter de cette belle journée qui s’annonce et comme on dit pour mouiller le fil.  Apparemment « prendre du poisson » lui semble secondaire. Je repars. Le virage se termine et là, très soudainement la violence de la tramontane me fait courber l’échine. Je comprends immédiatement que je marche plein nord et qu'ici le vent est plus fort que nulle par ailleurs. Je recommence à larmoyer et plus rien n'arrête ces larmes-là. Je m'arrête, essuies mes yeux, repars et ainsi de suite. Je quitte la large piste au profit d’une étroite sente filant sur la droite en bordure des étangs pensant être plus à l’abri du vent. Il n’en est rien. De l’autre côté du canal et dans la colline, je reconnais plusieurs grands bâtiments visités lors d’une jolie balade à la presqu’’île de Sainte-Lucie. Au bord du chemin, une vieille borne en bois indique 15 km. Je sais que pour moi, elle est sans intérêt car elle doit sans indiquer Narbonne par le canal de La Robine. A cause de la violence du vent, je regarde plus souvent sur les côtés que droit devant et quand c’est le cas, le moindre élément devient un repère à atteindre. Un pin parasol isolé, un cycliste arrêté, un buisson plus haut qu’un autre, un vieux bâtiment, un bateau qui s'éloigne tout est bon pour me fixer un objectif à rejoindre. Sur l’autre berge, le domaine Sainte-Lucie appartenant au Conservatoire du Littoral est là avec ses vastes bâtiments et ses bateaux de bois. Plusieurs sont là en cours de restauration. Un imposant, amarré à la rive et l’autre telle une carcasse, avec sa coque au sec et en cours de réparation. En son temps et comme l’indique un grand panneau, il y avait paraît-il une « Maison des Etangs » avec visite guidée de l’île, sentier botanique, musée et centre documentaire. Je me demande si tout ça fonctionne encore et je me dis qu’il aurait été bien mieux que le Sentier du Golfe Antique passe en ce lieu plutôt que sur l’autre rive. Après Sainte-Lucie et son Roc Saint-Antoine, plus rien ne freine la tramontane et avançait face à ce vent très puissant devient une véritable épreuve. Ici, le chemin ne forme qu’une étroite langue de terre de quelques mètres entre les eaux du vaste étang de l’Ayrolle sur la droite et celui beaucoup plus modeste du Charlot sur la gauche. Il faut dire que l’étang du Charlot n’est séparé de celui de Sigean que par la voie ferrée. Aujourd’hui, j’ai le vague sentiment que le « Charlot » c’est moi et si je m’arrête souvent ce n’est pas pour rire mais bien au contraire pour arrêter de larmoyer et assécher l’objectif de mon appareil-photo presque autant que mes yeux. A cause du vent et de ces larmes, je n’arrive pas à progresser comme je le voudrais. Dès que mes yeux s’arrêtent de pleurer, je repars et j’en profite le plus rapidement possible pour prendre quelques photos car il y a en bordure du chemin de nombreuses fleurs que je ne connais pas même si certaines ont de vraies ressemblances avec des fleurs plus communes. Il est vrai que j’ai une réelle méconnaissance pour les fleurs maritimes. Il est 10h30 quand j’arrive à la Maison Cantonnière de l’Ardillon. Si elle est amplement ruinée et sans grand intérêt de nos jours, je me souviens avoir lu qu’elle servait bien évidemment à loger les cantonniers chargés de l’entretien du canal, des ouvrages et des tombolos, mais aussi d’auberge pour les bateliers au temps où les travaux de halage se trouvaient immobiliser à cause de la puissance des vents. Souvent très chargées et dont très lourdes, les barges de transport, les pinardiers comme on les appelait, restaient plaquées contre la berge par les vents. Contraints de rester ainsi immobilisés, les bateliers attendaient ici des conditions météo plus favorables avant de repartir. Peu après, la tramontane ayant fléchi, j’en profite pour zigzaguer entre le chemin longeant La Robine et la grève de l’étang de l’Ayrolle avec l’espoir d’éventuelles découvertes. C’est là au bord de la grève que je photographie un groupe de goélands et quelques rares limicoles qui s'abritent sur les versants les moins ventés des tombolos. Pendant que les goléands se reposent, les limicoles déjeunent en plongeant leurs longs becs dans les bancs d’algues vertes que le courant à rejeter sur la berge. A me voyant, ils s’éloignent de quelques centaines de mètres. Il y a aussi quelques papillons mais souvent peu visibles car le plus souvent plaqués au sol ou planqués dans la végétation. Ils savent sans doute que leur envol est synonyme de risque d’être emportés par le vent au-dessus des flots. Je mets à profit cet arrêt photos pour prendre une barre de céréale puis je repars. Au fur et à mesure que j’avance, le vent faiblit et j’en suis ravi car mes yeux arrêtent automatiquement de larmoyer. A hauteur des Salins de Campignol puis de l’Ancienne Douane, la langue de terre s’élargit soudain et prend des vrais airs de petite Camargue, avec sur la gauche de nombreux taureaux et sur la droite, une multitude d’oiseaux marins : mouettes, aigrettes, cormorans, limicoles et goélands. Quelques chevaux blancs dans un enclos et un groupe de flamants roses qui s'abritent du vent viennent conforter cette similitude avec la zone humide du Delta du Rhône. Le canal de la Robine devient plus ombragé avec de grands arbres même si les roseaux sont encore très nombreux. Ces derniers sont désormais là pour consolider les berges que la navigation et les ragondins n’ont de cesse de saper.  La végétation se diversifie et se densifie en même temps. Je ne sens pratiquement plus la tramontane et mes yeux en sont comblés.  A la fin des Salins de Campignol, ma curiosité a aller visiter les lieux fait se soulever des milliers d’étourneaux sansonnets qui dormaient bien tranquilles dans un pré. Aussitôt, cette étonnante nuée prend des allures de nuages mouvants formant de bien belles arabesques dans un ciel azur purgé de tous nuages. Sur les eaux de la Robine, bien plus calmes ici, je surprends un ragondin sur la berge. Le temps d’une seule photo, il plonge puis nage en direction d’un groupe de colverts puis disparait dans les roseaux. Depuis quelques centaines de mètres, les colverts sont nombreux et semblent se complaire aux endroits où les berges sont taraudées. Un rapace s’envole au-dessus des platanes, ce qui m’empêche de l’immortaliser correctement et surtout de le répertorier. Je le reverrais un peu plus tard mais sans la certitude qu’il s’agisse du même. Quelques grandes bâtisses agrémentées de tours se présentent sur la droite. Je suppose qu’elles ont un rapport avec les salins ou les rizières. Finalement, ce n'est qu'en regardant ma carte que je comprends que je suis à hauteur du Petit Tournebelle. Les maisons de Tournebelle apparaissent au travers de la végétation. Bien que ne l’ayant jamais vu sous cet angle, je reconnais aisément le domaine où j’avais tenté en vain de trouver une location. Mon morceau de carte I.G.N m’apprend qu’il y a également le Grand Tournebelle et Tournebelle le Neuf, tous deux sur la gauche du canal. Un peu plus loin, et comme un étonnant mirage, le magnifique Domaine du Petit Mandirac apparaît, comme posé sur les immenses prés verdoyants et devant les collines de La Clape. Ici, dans les prés humides ; des  rizières je suppose ; et leurs nombreux chenaux, je retrouve quelques oiseaux aperçus lors de ma récente venue. Au travers des roseaux, j'aperçois aussi des taureaux et des chevaux en quasi-liberté. Je suis ravi d'observer toute cette vie. L’écluse de Mandirac est en vue mais comme il est déjà 12h15, je décide de stopper dans l’herbe, sous les platanes et juste devant un bien beau navire pour déjeuner. Depuis Port-la-Nouvelle et mon démarrage ce matin, je n’ai que quelques fruits secs et une barre de céréales dans le ventre. Il est vrai qu’à Fitou, deux pains au chocolat étaient venus compléter mon habituel petit déjeuner. De toute manière, quand je marche, rien ne m’est jamais suffisant et une « bonne » salade et deux petits pots de riz au lait sont les bienvenus.  Pendant que je mange et me repose en écoutant « La Mer » dans différentes reprises sur mon baladeur, je constate que les oiseaux sont bien plus nombreux par ici que je ne l’aurais supposé. Je pensais que la proximité des habitations était une entrave à leur présence. Il semble qu’il n’en soit rien. Sur la droite du canal, je vois de nombreuses cigognes survolaient les prés humides ainsi que quelques aigrettes et hérons cendrés et j’ai le sentiment que tout ce petit monde volant se pose dans les très proches alentours. Malgré cette stimulante présence, je me dis qu’un bon repos est primordial. L’étape est encore très longue et il faut que je prenne le temps pour chaque chose. Je me repose une heure puis repars. L’écluse est là et sur la droite, juste derrière la vieille école, de nombreuses cigognes continuent de faire le spectacle. Plusieurs voitures ont stoppé en bordure d’un grand pré et leurs occupants se sont tous mués en photographes animaliers. Il faut dire que des dizaines de cigognes sont juste là, au bout d’un pré, à quelques centaines de mètres à peine. Je voudrais bien que tous ces touristes partent pour prendre position mais quand une voiture s’en va, elle est immédiatement remplacée par une autre. Alors, je prends quelques photos comme je le peux et sans prendre le temps nécessaire. Au moment de poursuivre, j’aperçois un superbe héron cendré dans le pré face à l’école. Le temps d’une photo et le voilà déjà passant au-dessus de ma tête et filant se poser sur les grands arbres du Petit Mandirac. Je me dirige vers le domaine pour m’en approcher au maximum. Alors que je marche au bord de l’étroite D.32, je constate que de nombreux autres limicoles ont élus domicile dans tous les prés alentours. Assez étrangement ils s’envolent en me voyant alors que les voitures passant sur la route ne semblaient pas les perturber.  Je jette un coup d’œil vers les grands arbres du Petit Mandirac et le héron est toujours là. Alors, je m’en approche encore et je réussis à le photographier plutôt correctement malgré la bougeotte dont il fait preuve.  Je m’aperçois que je me suis bien éloigné de l’écluse et de l’itinéraire du Sentier du Golfe Antique. Là, je prends soudain conscience que si je fais ça à chaque bel oiseau aperçu, ce n’est pas ce soir que j’arriverais à Narbonne. Je reviens vers l’écluse dont je fige quelques photos de ses principaux points d’intérêts : école, canal, écluse elle-même, péniches y manoeuvrant, joli monument malheureusement taggué et vandalisé mentionnant un « parcours naturel des étangs » et enfin la maison de l’écluse. L’école, désormais, siége du « Narbonne Aviron Club », si j’en crois un panneau, me rappelle étrangement l’école primaire de mon enfance quand à la petite stèle fixée au dessus de la Maison de l’écluse, elle me rappelle à mon bon souvenir en indiquant de manière très précise les 13.038 mètres que j’ai déjà effectués depuis Port-la-Nouvelle. 13 km à enlever au 28 ou 29 de mon tracé estimatif jusqu’à l’hôtel, il m’en reste encore 17 à 18 à accomplir. D’autres panonceaux plus rassurants sont là indiquant Port la Nautique à 7,8 km et Saint Louis à 2,5 km. Alors, je repars avec la bonne résolution de beaucoup moins flâner que je ne l’ai fait ici à Mandirac. J’ai d’autant moins l’idée de flâner qu’il me faut redescendre le canal de la Robine sur l’autre rive jusqu’au Grand Tournebelle faisant face au Petit et c’est au bas mot, 1.600 mètres à refaire dans l’autre sens. Je passe devant le Café de Pays, dont je sais qu’il est très apprécié des Narbonnais en raison des soirées musicales qui y sont régulièrement organisées. Aujourd’hui, il est fermé ou peut être même jusqu’à la saison prochaine ? Je ne sais pas ? Je laisse sur la droite la petite gare de « Gruissan –Tournebelle » et je poursuis. Quelques bateaux électriques et une petite péniche passent sur le canal et me distraient un instant car les gens qui les occupent sont très souvent bien sympathiques et apparemment heureux que l’on s’intéresse à eux, ne seraient-ce que quelques instants. Je le suis tout autant de rompre un peu ma solitude. Surprise sur la berge, une poule d’eau s’enfuie en courant et saute dans le canal. Elle a échappé à ma perspicacité. A Tournebelle, je retrouve quelques chevaux camarguais puis c’est le passage à niveau qu’il me faut franchir avec sa célèbre mais frémissante pancarte « un train peu en cacher un autre ». Malgré les barrières levées et le feu au vert, je regarde bien à gauche puis bien à droite, avant de m’engager, sait-on jamais ! Rien à l’horizon, j’enjambe la voie ferrée. De l’autre côté et sur quelques centaines de mètres seulement, un large chemin file désormais  entre les roselières et les grosses pierres du ballast de la voie ferrée puis il bifurque en direction des marais. Alors que je marche sur ce chemin, deux trains vont se succéder à toute vitesse et je me dis que j’ai bien fait d’être très prudent au passage à niveau. Désormais, le chemin est devenu herbeux et il est essentiellement encadré de grands roseaux. Chaque fenêtre sur les marais est l’occasion de distinguer et de tenter de photographier quelques oiseaux. Toujours les mêmes. Petits limicoles, aigrettes, goélands, colverts, cormorans et mouettes sont les plus visibles. Quand je m’approche de trop près, tous ces volatiles effrayés s’envolent dans les airs dans une belle anarchie et parfois même en poussant des cris stridents. A ces moments-là, j’ai toujours le sentiment d’avoir rompu leur tranquillité et peut-être même un peu plus. Leur bien-être. A cause de la tramontane que j’observe de nouveau, il n’est pas toujours facile de me poser et de photographier correctement tous ces oiseaux. Alors, je n’insiste pas plus que ça et j’arrive très rapidement au petit hameau de Saint Louis. Enfin, hameau est un bien grand mot car il y a plus de bateaux dans le petit canal que de maisons sur ses rives. En réalité, je décrirais Saint Louis comme un merveilleux petit oasis posé sur le Canelou et au milieu des roselières pour quelques amoureux de la pêche en étangs. Si j’en crois ma carte I.G.N, le Canelou est un tout petit canal alimenté par la Robine et faisant la jonction avec l’étang de Bages. Un petite passerelle me permet de le traverser. Peu après et de l’autre côté, quelques panonceaux de randonnées sont assez contradictoires et m’indiquent des lieux similaires à atteindre mais avec des distances quelque peu différentes. Toujours rien concernant le G.R.P Sentier du Golfe Antique mais Port la Nautique à pied est indiqué à 5,3 km. Une autre mention indique la « Chaussée de Mandirac » à 2,5 km mais je n’ai rien sur la carte I.G.N avec ce nom-là. J’en déduis qu’il s’agit d’une variante menant au Grand Castelou puis au Grand Mandirac car un autre itinéraire y est surligné en pointillés. J’hésite car dans cette direction, j’ai le choix entre une route bitumée et un petit sentier longeant le Canelou. J’emprunte le petit sentier mais force est de constater qu’il n’est pas vraiment bien débroussaillé. Alors, je fais demi-tour et sors mon G.P.S pour la toute première fois. Il m’indique de prendre la route bitumée. Je suis clairement sur le bon itinéraire car après un virage vers la gauche, une autre route bitumée prend aussitôt le relais de la première. Cette longue ligne droite m’emmène vers le Petit Castelou. Le parcours est un peu lassant car long et rectiligne et surtout sur l’asphalte mais heureusement quelques ouvertures sur les marais et des canaux y circulant sont l’occasion de plusieurs photos. Je surprends un magnifique martin-pêcheur et des grands cormorans. Au bord du chemin, les libellules sont si nombreuses quelles sont l’opportunité de quelques belles macros. Il y en a des jaunes et des rouges mais aussi des bleues. Ici, je croise les deux premiers vrais randonneurs de la journée avec gros sacs à dos et « bons » godillots.  On se salue d’un simple signe de la tête et sans aucune parole. Je suppose qu’ils sont étrangers mais quelques mètres plus loin, je me dis qu’ils ont du penser la même chose de moi. Où vont-ils ? Je ne le saurais jamais ? En tous cas, ils seront les premiers et derniers vrais randonneurs rencontrés sur ce Sentier du Golfe Antique, chose assez étonnante quand même sur une distance de 75km !  Les premières maisons du Petit Castelou sont atteintes puis c’est de nouveau une longue ligne droite bitumée en direction du centre équestre, jouxtant le camping des Mimosas. Ici, pas grand-chose à fixer sur mon numérique or mis de rares papillons et quelques hérons ou aigrettes se planquant dans les salins et les roselières. Alors tout en marchant et pour passer le temps, je lis mon morceau de carte I.G.N et je découvre les noms insolites de ces endroits en bordure de marais où se côtoient curieux cabanons et jolies villas : « Bikini », « Gutenberg », « St Raphaël », « St Joseph » ou « Ste Rose ». J’en suis à me demander quelles sont les origines de ces noms si hétéroclites et qui n’ont rien de particulièrement « occitans ». Le centre équestre est là avec bien évidemment ses jolis chevaux mais surtout avec d’étonnants lamas. Je les fige sur quelques photos. Ici, de nombreuses hirondelles rustiques ont élu domicile et certaines peu farouches se posent devant moi sur les fils d’une clôture. La route tourne et file droit en direction de l’étang au dessus duquel je distingue très haut dans le ciel quelques grandes voiles chamarrées. Ce sont celles de quelques virtuoses du surfskiting.  Désormais, je marche en bordure même de l’étang et au milieu de plusieurs canaux et sur ce tronçon que j’avais un peu appréhendé à la simple vue de la carte I.G.N,  tout se passe au mieux car soit le sol est sec, soit des passerelles en permettent le passage aux endroits les plus humides. Ici, je décide de quitter momentanément l’itinéraire car je constate que de nombreux passereaux semblent avoir élus domiciles dans les salicornes : bergeronnettes printanières, cochevis et gravelots surtout. Mais un seul gravelot va occuper tout mon temps. A quelques mètres de moi, il a décidé d’effectuer un étrange manège. Il semble faire celui qui est blessé alors que quelques secondes auparavant il sautillait magnifiquement. Cette scène se renouvelant plusieurs, je comprends qu'il s'agit d'un artifice. Plus tard, j’apprendrais qu'il s'agit d'un stratagème et que les gravelots agissent ainsi pour éloigner les importuns de leur nichée.  Peu après la dernière passerelle, une pancarte amplement massacrée par des plombs de chasse indique un « Sentier du littoral de Mandirac à Montplaisir ». Je trouve l’état de cette pancarte très affligeant mais surtout surprenant alors que je viens de côtoyer diverses pancartes de la Fédération de Chasse indiquant que la Nature est fragile et la chasse interdite. Je me dis qu’interdire la chasse crée apparemment des frustrations. J’arrive à Port la Nautique mais avant de traverser la cité, j’en profite quelques minutes pour me déchausser et tremper mes pieds dans l’eau fraîche de l’étang. Faire désenfler mes pieds bouffis et endoloris par les kilomètres déjà parcourus n’est pas un luxe. Je vais même les laisser tremper bien plus longtemps que je ne l’avais imaginé en me déchaussant, d’abord parce que ça fait du bien mais aussi parce que des enfants jouant dans des canoës ont des éclats de rire communicatifs et salutaires à ma solitude. J’aurais même bien piqué une tête si le fond de l’étang avait été un peu plus profond et plus praticable. Mais, ici, il n’y a que des galets et quelques centimètres d’eau. Alors je repars et traverse La Nautique par la seule rue possible. Elle est encadrée de superbes villas sur la droite et du complexe portuaire sur la gauche. Je visite un peu ce dernier puis sort carrément du village. Un étroit sentier m'entraîne dans une pinède mais alors que je me crois un peu égaré, l'étang est là en contrebas.  Guère plus loin, c’est le paradis des véliplanchistes et je suis assez effaré par le nombre de camping-cars qui occupent les esplanades en bordure de l’étang. Toute cette civilisation animée et bruyante ne m’incite pas à m’éterniser mais d’un autre côté, il ne faut pas que je me laisse distraire car je dois trouver le chemin le plus court qui doit m’amener à Narbonne sud et surtout à l’hôtel Formule 1.  Ici, dès que je quitterai le Sentier du Golfe Antique, il me faudra délaisser mon morceau de carte I.G.N et le remplacer par l’image d’un plan Mappy que j’ai également imprimé. Il est très succinct mais je sais qu’il risque de m’être bien utile pour parvenir au but ultime que constitue l’hôtel. Après les camping-cars, l’itinéraire coupe le Pointe de Brunet mais comme là aussi, je vois quelques passereaux en bordure de l’étang, je choisis l’option de suivre la côte longeant l’Anse des Galères. Une étroite sente et quelques oiseaux m’entraînent au milieu des tourbières de sphaignes mais heureusement l’été et sa sécheresse sont passés par là et je les franchis sans encombre. En définitive, je retrouve l’itinéraire dominé par les installations sportives d’un camping puis par celle du quartier de Sainte Cécile. Derrière moi et de l’autre côté de l’étang, Bages se révèle au loin dans une brume de chaleur.  Un rapace s’envole et se pose dans la basse végétation. Il s’envole de nouveau dès que j’approche. Ici, j’apprécie un peu l’ombrage d’un large chemin qui se faufile au milieu des tamaris et des épilobes en fleurs. Je garde mon G.P.S allumé car je sais que l’intersection où je dois quitter le Sentier du Golfe Antique n’est plus très loin. Finalement, j’atteins ce carrefour et constate qu’une étroite sente grimpe sur le droite d’abord dans une dense végétation puis dans une colline où galets et argile s’amalgament en une blocaille ocre. La petite sente débouche sur l’asphalte d’une large route qui monte en direction du quartier du Petit Quatourze. Pendant quelques minutes, mon G.P.S, trop imprécis à cet instant, me fait quitter le bitume et m’envoie sur un large chemin herbeux mais dans un cul de sac se terminant à l’orée d’un petit bois. Ici, coule un étroit ruisseau, aujourd’hui en grande partie bien asséché. Au fond, j’y découvre avec étonnement plusieurs écrevisses mortes que le peu d’eau et sans doute sa température bien trop élevée ont fini de décimer. De l’autre côté d’un haut talus se terminant par un grand grillage, j’entends le bruit continuel de nombreux véhicules qui passent. Je me déleste de mon sac et de mon appareil-photo et y monte, non par simple curiosité, mais pour avoir une idée d’où je me trouve exactement. Tout en haut, je n’ai qu’une vue très restreinte et seulement en surplomb du complexe autoroutier. Je redescends et reprend l’asphalte de la large route. A hauteur du quartier de Saint-Paul, un groupe de vététistes vétérans m’interpelle et me demande comment rejoindre au plus vite le bord de l’étang. Je leur indique la petite sente qui m’a permis d’arriver ici sur le bitume. Après Saint-Paul et ses superbes villas, la route s’aplanit et sur la droite, les vues s’entrouvrent sur le vignoble narbonnais. En arrivant à son extrémité, je découvre le  nom de la petite route que je viens de cheminer : Chemin communal de l’Arboretum. Elle se termine près d’un pont sous lequel passe l’autoroute. Ici, mon G.P.S est sensé rentrer en action sans faire trop d’erreur mais il faut reconnaître qu’un G.P.S de randonnées, qui plus est un peu désuet comme le mien, ce n’est pas vraiment la panacée pour atteindre un petit objectif dans une ville aussi importante que Narbonne. Alors, je m’aperçois très vite qu’il ne m’est pas vraiment utile et je l’éteins. Je ne marche plus qu’avec mon plan Mappy sous les yeux. Malgré ça, force est de reconnaître que dans ce secteur de la ville rien n’a été fait pour aider le piéton que je suis. Carrefours, voies rapides et bretelles à répétitions, le plus souvent peu ou pas de trottoirs, sont autant d’obstacles qu’il me faut franchir avec la plus grande des prudences. Parfois, voitures et camions ne passent qu’à quelques centimètres de moi. Leurs coups de klaxon qui parfois arrivent dans mon dos ajoutent à mes craintes. Je redouble d’attention mais je ne suis pas rassuré pour autant. D’un autre côté, la vigilance ne doit pas me faire oublier que dès demain matin, il me faudra reprendre le même itinéraire, alors je note quelques repères comme les cinémas ou le nom de diverses enseignes que je croise. Il est pile 18h quand j’entre dans l’enceinte de l’hôtel Formule 1 à la fois ravir d'en finir et d'être arrivé sans encombre. De nombreux cyclistes sont là sur le parking à bavarder. Sur la terrasse, quelques étrangers sirotent une boisson et papotent dans une langue que je ne parviens pas à reconnaître. Sans doute des hollandais ou des européens de l’est. A l’accueil, je suis immédiatement reçu par un aimable jeune homme. Il m’indique que la réservation a été parfaitement enregistrée et que par rapport au prix d’Internet, je n’aurais que la taxe de séjour en sus. Par carte bancaire, je règle la note incluant cette taxe et le petit déjeuner. Il me remet plusieurs étiquettes avec le code permettant d’accéder à la chambre. Pour avoir logé à quelques reprises dans un hôtel Formule 1, je sais par avance que je n’aurais aucune mauvaise surprise. Je dépose mon sac, que je vide dans sa totalité, afin d’avoir tout sous la main. Première besogne, prendre une douche. Je me déshabille et c’est en slip, la serviette autour de la taille et avec ma trousse de toilette sous le bras que je pars illico-presto en direction des douches situées au bout du couloir. Après la trentaine de kilomètres parcourus, le plus souvent sous le soleil et dans la poussière que le vent soulevait, j’apprécie à sa juste et pleine mesure cette douche ô combien bénéfique. J’en profite si longtemps et au point que j’entends quelques clients râler de l’autre côté de la porte. Je leur laisse enfin la place et retrouve la chambre. Je m’allonge sur le lit en regardant la télé et là, sans m’en rendre compte, je tombe dans une profonde et bienfaisante sieste. Il est 19h30 quand je me réveille et je décide d’aller manger dans le secteur. Mais décider n'est pas concrétiser. Ici où les hôtels sont très nombreux, je suis surpris de constater que les cafétérias et les restaurants sont absents ou bien apparemment fermés le soir. C'est donc en désespoir de cause que je suis contraint de marcher. L'interrogation de quelques passants m'oblige à me rendre dans un KFC (Kentucky Fried Chicken) plutôt éloigné. Je n'ai guère d'autres choix même si manger dans un « burger » ce n’est pas vraiment ce que je préfère. Quand je reviens à l’hôtel, c’est en premier lieu, pour constater que l’un de mes deux « camelbacks » qui était encore bien plein s’est complètement vidé sur le sol de la chambre et que j’y patauge allégrement dès la porte d’entrée. C’est d’autant plus désagréable que l’eau contenait un tonifiant à base de glucose et que ça colle un peu partout. Hors mis, les deux petites serviettes mises à disposition, je n’ai rien d’autre pour éponger et me voilà transformé en un véritable « technicien de surface » alors que je tombe déjà de fatigue et beaucoup de sommeil. Heureusement et c’est un bon point, le lit étant fermement fixé au sol, l’eau n’a pas réussi à s’y écouler dessous. Il n’y aura pas de dégâts des eaux à déclarer. Après une copieuse demi-heure d’épongeage et d’essorage des serviettes, je réussis à ôter les 2 litres d’eau qui s’étaient déployées sur tout le sol de la chambre. Il est presque 10 heures et je me dis que le plancher aura toute la nuit pour sécher. Je regarde un peu la télé mais rien ne retient mon attention alors sur l’écran de mon numérique, je visionne un peu les photos de la journée. Mes premières photos ne sont pas géniales, en partie à cause de la luminosité, mais aussi car la tramontane a souvent plaqué un peu de buée sur mon objectif. Mais comme je le savais déjà, je ne veux pas me prendre la tête avec ça pour l’instant, me disant qu’au moment venu de faire le reportage sur mon blog j’aurais tout le temps d’y penser. De tous ces écrans que je regarde, mon constat est toujours le même :  Morphée me tend déjà les bras !  La nuit sera calme et seule une envie pressante m’enverra rejoindre le couloir et les WC qui s’y trouvent sur le coup des 4 heures. Sur le sol, quelques traces d’humidité sont encore présentes. Par la fenêtre restée ouverte, j’aperçois la grande enseigne bleutée du Novotel tout proche. Elle me rappelle certains vieux souvenirs quant à la recherche d’un emploi j’étais venu m’installer à Narbonne. Ça n’avait duré qu’un mois, le temps d’une période d’essai que j’avais trouvée peu séduisante mais comme toutes les expériences, il y avait eu de l'agréable et du positif. De cette période professionnelle chahutant ma vie tout court, c’est ce seul aspect savoureux que je conserve encore au fond de moi. Au-dessus, le ciel est pur et paraît bien étoilé. J’ai la quasi certitude que demain il fera beau pour accomplir l’étape qui doit m’amener à Portel-des-Corbières. Je me rendors avec une pensée qui me turlupine : « Bon dieu, mais pourquoi ce sentier que je suis entrain d’accomplir l’a-t-on appelé du « Golfe Antique » ? Alors que d’habitude, je me tuyaute au maximum pour ne pas marcher idiot, cette fois je suis parti quasiment la tête vide !

    (*) Pourquoi Golfe Antique ? : Dans l’antiquité, les étangs de Bages-Sigean, de l’Ayrolle et de Gruissan étaient reliés entre eux et formaient un golfe en relation avec la mer. Le massif de la Clape était une île au milieu de ce golfe où se déversait l’Aude nommée alors « l’Atax ». Les alluvions de l’ Aude ont comblés ce golfe. L’étang de Bages-Sigean était longé par un grand axe de communication entre l’Espagne et l’Italie axe qui reliait les oppida. Hannibal partant à la conquête de Rome, emprunta cette voie (voie héracléenne) qui fut modernisée par les romains et rebaptisée « Via Domitia ». Dans ce golfe, Narbonne (en réalité Narbo Martius) était un port au commerce maritime très important. (Source Site du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre de l’Aude / CDRP11). Rajoutons que de nombreuses preuves de cette activité maritime ont été retrouvées à divers endroits autour de l’étang actuel de Bages-Sigean (La Nautique, Mandirac, Sainte-Lucie, île Saint-Martin, Peyriac-de-Mer, etc...). Le seul aspect « antique » est d’ailleurs encore plus ancien que la présence des Romains puisqu’il est acquis que d’autres peuples les ont précédés autour du golfe comme les Elysiques mais également les Ligures et les Volques Tectosages à un degré moindre. 

    Si vous souhaitez mieux connaître cet aspect "antique", je vous conseille de visionner la vidéo ci-dessous à propos de Narbonne :

     

     

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