Ce diaporama est agrémenté d'une musique de Fábio Lopes intitulée "Bendizei Nosso Deus" en français "Bénissez notre Dieu"
Appelons-le « le Site du Parc Naturel des Dosses » puisque c’est ainsi qu’au sein d’une zone Natura 2000 plus large (complexe lagunaire de Salses-Leucate), cet endroit accueille les visiteurs. C’est d’ailleurs sous cette dénomination-là que j’ai découvert ce circuit pédestre sur le site Internet Visorando. Une découverte un peu par hasard et que j’avais très peu analysée quand nous y sommes allés pour la toute première fois. En effet, en ce 13 décembre 2020, je m’étais contenté d’enregistrer le tracé dans mon GPS. Quand à Dany, elle avait prévu un copieux pique-nique et je m’étais dit que tout ça devrait suffire à remplir cette journée déjà bien avancée car il est déjà 11h15 quand nous quittons la maison direction Le Barcarès et plus spécialement le quartier des Capitelles. Bien m’en a pris puisque je n’avais pas prévu que la marée serait très haute et qu’une partie des Dosses Gros serait inaccessible car coupée par un chenal, lequel relié à l’étang avait sectionné la presqu’île en deux. Nous avons donc pique-niqué puis effectué un petit circuit (en bleu sur la carte IGN). Une balade néanmoins plus longue que le sentier d’interprétation qui est proposé et qui est vraiment très court, même si son côté ludique est incontestable, surtout pour les plus jeunes. De cette agréable sortie, j’ai néanmoins retenu la présence de très nombreux oiseaux même si quand on est deux à marcher, les photographier correctement reste plus aléatoire. J’avais donc prévu d’y retourner en solo et en ce 22 décembre les prévisions météo semblent parfaites pour ce faire. D’ailleurs, je quitte le domicile sous un soleil radieux. Soleil radieux qui malheureusement s’estompe alors que je file vers Le Barcarès et Leucate. Quand j’arrive devant l’entrée du parc, une brume épaisse chapeaute tout et l’on ne voit pas à 5 mètres. J’attends sur le parking en papotant avec une chauffeur de bus qui tire sur sa clope comme une malade en attendant de reprendre sa tournée. Parfois, je me demande si c’est la brume qui m’entoure ou si c’est un nuage de fumée. L’odeur ne laisse planer aucun doute malgré le masque que j’ai cru bon de mettre. Peu à peu, la brume disparaît. La chauffeuse de bus, elle, a disparu depuis un bon quart d’heures. Le processus de « désembrumage » semble s’accélérer. Il est 9 heures, je suis seul et je décide de démarrer en me fiant au premier circuit que j’avais enregistré le 13 décembre. D’emblée, les passereaux sont très nombreux. Seuls ou en rassemblements. Pinsons, chardonnerets, bruants décollent du sol en groupes homogènes. Je réussis quelques photos. Farouches, de très nombreuses pies s’enfuient devant moi. Une Grande Aigrette s’envole, je vais la retrouver peu après. Au sommet d’un arbre dénudé, une Aigrette garzette moins farouche accepte gentiment mes photos. Guère plus loin, dans un autre chenal, c’est un Héron cendré qui se laisse immortaliser car trop occupé à pêcher. Je me dis que cette journée ornithologique s’annonce « magistrale » car sans être trop aux aguets, j’ai déjà réussi quelques superbes photos. Finalement, j’atteins cette fameuse petite passe où nous n’avions pas pu traverser à cause des eaux trop hautes. Aujourd’hui, il y a juste un filet d’eau très facile à enjamber et ce d’autant mieux que deux parpaings ont été disposés pour faciliter encore un peu plus le passage. Je passe aisément le filet d’eau me demandant quand même si au retour je pourrais encore le traverser ? Je prends le risque car au pire je me dis que je serais quitte pour me déchausser et relever mon pantalon. Plusieurs sentes partent en éventail. Je fais le choix de longer le bord droit de la presqu’île au plus près de la berge. Une petite sente sableuse le permet. J’ignore si je fais le bon choix mais je n’y vois rien de folichon or mis une fauvette et quelques passereaux qui s’envolent de la grève. Connaissant bien les oiseaux, je reste néanmoins sur le sentier le plus emprunté car j’ai toujours la crainte de marcher sur un nid, bien que la période ne soit pas trop à la nidification. Ne sait-on jamais ! De très nombreux trous sans doute creusés par des volatiles m’incitent à cette prudence. Si je connais bien les trous creusés par les oiseaux leur permettant de se débarrasser des parasites et que l’on appelle « les bains de poussière », ici et creusés dans le sable coquillier, je me demande pourquoi il y en a autant ? Et ce d’autant que je ne vois jamais aucun oiseau les occupant. En effet, ce sable-là, très humide de surcroît, émet très peu de poussière quand on le fouille. Finalement sur ce secteur, le premier sujet intéressant est un héron cendré que j’aperçois au milieu des pins, planté là sur un tapis de griffes de sorcières étonnamment rouges. Je l’approche en zigzaguant au milieu des petits pins qui désormais se présentent devant moi. Il est maintenant à bonne distance pour le zoom de mon appareil-photo. Finalement, il est correctement dans la boîte. Je le laisse tranquille en m’écartant de sa vision mais une pie s’envole et il s’envole lui aussi. Je le vois partir se poser plus loin sur la berge que je viens de longer. J’arrive à l’extrémité de la presqu’île devant un nouveau chenal à la profondeur très variable. A un endroit, je peux traverser car il n’y a que quelques millimètres d’eau. D’ailleurs de nombreuses moules et huîtres composant de petits blocs amalgamés sont là dont certains quasiment hors de l’eau. Je traverse mais trouve préférable de jeter un coup d’œil sur mon bout de carte avant de continuer. Il s’agit d’un petit îlot indépendant du reste de la presqu’île non prévu sur le tracé que j’ai enregistré dans mon GPS. L’extrémité de cet îlot se terminant presque au pont de la Corrège, j’estime que c’est trop loin et je laisse tomber l’idée de partir à sa découverte. Ce coup d’œil sur mon bout de carte avec une ligne en diagonale qui la traverse me rappelle que je viens de franchir une frontière invisible, celle entre les départements des Pyrénées-Orientales et de l’Aude. Du petit îlot, je me contente de visiter cette partie sud où je me trouve, surprenant néanmoins un joli petit limicole, du style « chevalier ». Je retraverse et continue le tour de la presqu’île en longeant désormais sa berge gauche. Ici, l’étang est aussi plat qu’un miroir et comme le Massif du Canigou enneigé s’y reflète magnifiquement, comment ne pas tomber sous le charme de ce merveilleux décor ? Je reste longuement scotché là seulement troublé de temps à autre par un goéland ou quelques mouettes rieuses qui viennent se poser sur le miroir. Je continue de flâner sans trop d’espoir de surprendre le moindre volatile car ici je ne peux pas être plus à découvert. Aussi qu’elle n’est pas ma surprise de voir s’envoler à quelques mètres de moi une grosse colonie de pigeons ramiers. Ils sortent des graminées et des laîches et s’élèvent dans le ciel dans un fracas de battements d’ailes aussi bruyants qu’inattendus. Le silence qui avait prédominé revient et je les regarde s’éloigner vers le nord. Il est déjà 11h30 et deux grosses buses en béton qui gisent sur la grève et qui vont me servir de banc m’incitent à déjeuner ici face au Canigou et à cet immobile mais grandiose psyché. Derrière moi, de l’autre côté de l’étang, les Corbières maritimes se détachent dans un ciel livide. En zoomant vers elles, je suis très surpris de voir ce qui me semble être le dôme bosselé du pech de Bugarach. A mes pieds, à quelques centimètres sous la surface, les coquillages et les petits galets multicolores qui scintillent ressemblent à des pièces de monnaie, à des écus et à des Louis d’or. On pourrait presque imaginer que le roi Crésus serait venu ici et aurait trouver le lieu si beau qu’il aurait décidé d’y déverser son Pactole. Devant moi, et sans doute à cause d’une capéchade, filet typique des étangs du Midi, de temps en temps, le miroir se déride sous l’effet sans doute de quelques poissons qui n’apprécient pas le piège qu’on leur a tendu. Le pique-nique terminé, je reprends le sentier. Il quitte le bord de l’étang, traverse la presqu’île et se dirige vers la passe traversée à sec un peu plus tôt. Cette traversée me laisse l’occasion de quelques nouvelles photos de l’avifaune dont les espèces les mieux représentées sont le rougequeue noir et la pie bavarde. Toutefois et dès lors qu’une sente sableuse le permet, je m’écarte du chemin principal pour partir visiter une roselière ou un grau situés sur ma droite. Quelques limicoles semblent s’y complaire. La passe étant toujours asséchée, je traverse sans problème et continue le circuit tel qu’enregistré dans mon GPS. Toutefois et ayant le sentiment que les passereaux sont beaucoup plus nombreux dans cette partie-là de la presqu’île, je pars souvent à leur rencontre, mais en prenant toujours soin de rester sur des portions sableuses praticables. Approches peu aisées et pas toujours satisfaisantes en terme de photos réussies. Malgré ça, je ne suis pas mécontent du résultat car au regard du grand nombre d’oiseaux que j’aperçois, les « déperditions » sont normales. Si les passereaux sont souvent en groupe (bruants, moineaux, pinsons et chardonnerets), les oiseaux marins sont très souvent solitaires voire à deux ou trois individus se cachant le plus souvent dans des petits bras remplis d’eau où poussent les soudes et les salicornes. Finalement, ces zigzags et ces allers-retours permanents entre le bord de l’étang et l’intérieur de la presqu’île se terminent près de deux petites jetées formant un chenal. Je ne peux plus aller plus loin. Un coup d’œil sur mon bout de carte m’indique que de l’autre côté du chenal il s’agit d’« els Dossos Petits », « les Dosses Petites ». L’extrémité de la première jetée est occupée par un pêcheur qui lance ses lignes à l’entrée de la passe. M’interdisant de l’ennuyer car j’ai longtemps eu moi-même cette passion de la pêche à la canne ou au lancer, je m’éloigne vers la gauche d’abord en direction de petits marais occupés par des Aigrettes et des Cisticoles puis vers une bâtisse dont ma vieille carte IGN indique « Arènes ». En réalité et pour avoir lu quelques infos avant de venir, ce n’était pas des arènes qu’il y avait ici dans les années 80 mais un petit Delphinarium aujourd’hui disparu. Effectivement quand j’entre dans ce dédale complètement abandonné à la végétation, toutes les structures sont cassées : bassins, estrades, bâtiments, embarcations. Désormais les seules spectatrices de ce parc d’attractions d’un autre temps sont deux tourterelles comme « statufiées » sur une vieille antenne TV et quelques fauvettes et pouillots assez peu craintifs mais comme toujours très aptes à se mouvoir rapidement. Je traverse ce désastre écologique et immobilier sans trop m’appesantir sauf quand j’aperçois un oiseau que j’estime pouvoir photographier. Ayant contourné les « Arènes » et arrivant sur une route bitumée ; l’avenue des Dosses ; je prends soudain conscience que cette balade tire à sa fin même si l’arrivée est encore à bonne distance. Au fil de cette balade, la météo a beaucoup évolué et surtout peu favorablement. Parfois, le ciel est devenu laiteux quant ce n’est pas carrément « laineux » à cause de longues écharpes blanchâtres et parfois grisâtres qui s’étirent un peu partout autour de moi. C’est donc dans ce glacis digne des plus belles aquarelles que je termine cette merveilleuse balade encore et toujours sous les signes des oiseaux. Les oiseaux, je les affectionne bien et aujourd’hui, ils avaient apparemment décidé de me rendre cette affection. Ici, il était écrit que cette affection ils me la rendraient jusqu’au bout puisque je finis mon casse-croûte sur une table de pique-nique avec des étourneaux au dessus de moi, un rougequeue noir qui s’invite sur une table à côté de la mienne et une mouette qui n’a de « rieuse » que le nom, mais laquelle bien sympathiquement vient se jucher sur une barrière à quelques mètres de moi. Il est 16h30 et malgré ce joli « trip » aviaire qui n’en finit plus, je me dis qu’il est temps que je rentre. N’ayant pas enregistré de « backway » dans mon GPS, j’estime le parcours réalisé ce 22 décembre entre 7 ou 9 kilomètres en y incluant mes errements. Cartes IGN 2547 OT Durban-Corbières – Leucate – Plages du Roussillon et 2548 OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.
Ce qu’il faut savoir du site naturel des Dosses : Rattachée à un cordon littoral très urbanisé, la presqu'île des Dosses était jadis composée de deux îlots: Dosse Gros et Dosse Petit. Durant les années 1970, d'importants travaux d'aménagement du littoral ont été mis en œuvre afin de capter le flux touristique s'échappant vers l'Espagne, d'endiguer le développement excessif de la côte d'Azur et de répondre à la crise viticole. Au niveau du Barcarès, le creusement des bassins du port, les travaux de construction ont généré des remblais qui ont été déposés autour des îlots existants, créant ainsi, la presqu’île artificielle des Dosses. Aujourd’hui, activités touristiques et traditionnelles se côtoient sans oublier celles liées à la préservation du milieu naturel. Fruit de la rencontre entre l'homme et la nature, cette presqu'île est devenue, au fil du temps, un espace naturel caractéristique du milieu lagunaire. Offrant un paysage unique avec en fond la chaîne des Corbières et le massif du Canigou, le Site Naturel Départemental des Dosses constitue également un refuge de la biodiversité avec plus de 300 variétés végétales et 50 espèces d'oiseaux, dont plusieurs sont protégées. L’histoire et la géographie des Dosses font de ce site un lieu unique, composé de nombreux écosystèmes variés. Cette presqu'île, constituée de dunes et terrains sableux à débris coquilliers, offre un cadre propice au foisonnement et à l’épanouissement de la vie animale et végétale. Certaines espèces présentes sont protégées. Ce site sensible présente à la fois les caractéristiques des milieux humides péri-lagunaires et des milieux dunaires. (Extrait du site https://www.journees-du-patrimoine.com).
Au bord de l’Étang de Salses-Leucate et situé dans la station touristique du Barcarès, ce site naturel de près de 150 hectares offre un paysage unique sur la chaîne des Corbières et le massif du Canigó. Fruit de la rencontre entre l'homme et la nature, cette presqu'île est un espace sensible caractéristique du milieu lagunaire. Quelques 200 espèces végétales et 50 espèces d’oiseaux y sont présentes. Cet espace naturel permet ainsi de découvrir la richesse de la biodiversité d'une zone à la fois humide et aride. Dans sa volonté de préserver et valoriser les sites naturels départementaux, le Département a aménagé un sentier d'interprétation innovant, agrémenté de plusieurs panneaux interactifs pour explorer l'histoire, le paysage, la biodiversité du site des Dosses, et bien plus encore... Les panneaux interprétatifs ont été conçus en partenariat avec plusieurs structures spécialiste du territoire concerné, de la nature ou de la pédagogie (RIVAGE, GOR, LABELBLEU) Des animations scolaires sont proposés toute l'année. (Extrait du site Association LabelBleu).
Sentier du Guetteur et du Pêcheur en 2017, Sentier du Berger en 2018, à Leucate-Village et sauf erreur de ma part, il ne restait plus qu’à partir découvrir « Le Sentier du Vigneron ». Quel beau métier ! En ce 2 novembre, le matin très tôt, et parce qu’il y a déjà un grand ciel bleu et un soleil qui semble vouloir réchauffer une merveilleuse aurore encore un peu fraîche, je me dis que cette journée qui s’annonce est probablement l’occasion rêvée. La balade étant très courte, je me dis aussi que lui consacrer un après-midi sera amplement suffisant. Alors, je propose à Dany que nous allions d’abord déguster quelques huîtres au Grau de Leucate puis nous enchaînerons avec la balade pédestre. Elle acquiesce avec un grand sourire car si le plaisir de sortir et de partir marcher ne lui fait jamais défaut, le fait d’y rajouter quelques huîtres ajoute à son enchantement. Le bonheur se lit déjà sur son visage. Il est donc 11h30 quand nous garons, non sans difficulté, notre voiture sur le parking terreux du Grau de Leucate où se trouvent les baraques chamarrées de tous les ostréiculteurs. Il y a déjà beaucoup de monde mais par chance, il reste encore une table libre sur la terrasse ensoleillée du Mas Bleu. C’est notre producteur préféré et le service est en général rapide et bien sympathique. Aujourd’hui, c’est encore le cas et les huîtres sont à la hauteur comme d’habitude. Avec cette belle météo et nos visages tournés vers le soleil, on se dit qu’il serait bien agréable de rester un peu plus longtemps assis à la terrasse mais une douzaine d’huîtres et deux verres de Picpoul de Pinet ça s’ingurgite très vite. Trop vite. C’est samedi, les touristes arrivent parfois de très loin, les emplacements au parking se font rares, des clients cherchent des tables et quoi de plus naturel que de libérer la nôtre au plus vite ? Nous quittons les lieux. Il n’est pas encore 13 h quand nous traversons Leucate-Village et garons notre voiture sur le parking Pierre Gonzales. Ici, le contraste est saisissant car tout est très calme. Il n’y a pas âme qui vive. Le début de la balade étant identique à celle du Guetteur, et sur une belle partie, avec à celle du Berger, on ne se pose guère de questions. Enfin si, on s’en pose deux ! La première question qui nous taraude, c’est de savoir si l’on va marcher droit à cause du Picpoul de Pinet, car « nets », nous ne le sommes plus trop ! Heureusement que nous n’avons bu que deux verres sinon bonjour les ……Enfin, vous connaissez la suite. La deuxième est combien de temps notre estomac va tenir le choc avec si peu à l’intérieur ? Il y a bien un petit paquet de biscuits qui dort dans l’unique sac à dos que nous avons emporté, mais il y a fort à parier qu’il ne dure pas l’après-midi. Avenue Francis Vals, place du Foyer, rue des Vignerons, rue du Cercle, nous nous retrouvons très vite devant le vieux moulin sans ailes, puis presque en moins de temps qu’il ne faut ici pour l’écrire dans cette jolie garrigue qui est propre au plateau de Leucate. Pourtant dieu sait si dès la garrigue venue, je suis parti dans une flânerie exagérée. Les passereaux sont très vite là et en grand nombre et je compte bien en immortaliser un maximum. Ce rythme-là ne convient pas toujours à Dany, mais tant pis, je ne veux pas manquer les occasions photographiques qui se présentent et elles sont d’emblée très nombreuses. J’essaie de me convaincre que l’après-midi entière risque d’être ainsi, avec probablement des oiseaux un peu partout, mais c’est plus fort que moi dès que j’en aperçois un il faut que je m’arrête pour tenter de le photographier. Entre deux arrêts, il faut que j’accélère le pas pour rattraper mon retard. Je sais que Dany marche souvent seule et que je fais preuve d’égoïsme mais je culpabilise aussi. Alors, de temps en temps et dès lors que je la rattrape, je compense quelques temps en restant à côté d’elle pour lui tenir compagnie. Mais pris par ma passion de la photo ornithologique, ça ne dure pas ! Voilà comment nos balades se transforment le plus souvent en une espèce de yoyo pédestre quasi permanent. Elle sait qu’il y aura d’autres balades avec moins de photos animalières à prendre et très gentiment elle se fait une raison. Le problème avec les petits passereaux, qu’on appelle « passériformes », c’est que quand on les aperçoit ou qu’on les voit se poser, on ignore souvent auquel on a à faire. Alors ce n’est qu’en prenant la photo et parfois même en zoomant que l’on peut mettre un nom sur le volatile choisi. Et encore pas toujours tant certains se ressemblent ! A partir de ce constat, il faut nécessairement prendre de très nombreuses photos si on veut avoir la certitude que les espèces différentes seront diverses et variées. Avec 150 espèces régulièrement présentes en France, plus celles qui sont succeptibles de passer et donc de s’arrêter lors de leur migration, l’éventail de possibilités reste plutôt ouvert. Sans compter tous les autres taxons possibles. Aujourd’hui, sur ce plateau de Leucate, les passereaux sont très présents et parfois en d’intéressants rassemblements. Phénomène migratoire ? Je ne sais pas ! En tous cas, je m’arrête souvent. Si Dany prend souvent de l’avance, par bonheur, le balisage est bon et les panonceaux « Sentier du Vigneron » bien présents à chaque intersection. On ne peut pas s’égarer. Or mis les oiseaux, les décors restent beaux. Après le Vieux moulin et la Fontaine du Loin, il faut marcher encore pas mal de temps, pour découvrir un autre vestige patrimonial. Il se présente au lieu-dit Les Breisses avec les murs ruinés d’une vieille bergerie. Entre les deux, toujours ces étonnants murets en pierres sèches si typiques du plateau leucatois. Si les pierres trouées sont le plus souvent de taille correcte et portables par un seul homme, il arrive parfois qu’on en découvre d’assez phénoménales. Quoi qu’il en soit, en crapahutant constamment entre ces murets qui nous encadrent, on ne peut pas ne pas penser aux travaux colossaux qu’ils ont du engendrer. Au milieu de ces vestiges d’antan, la modernité n’est pas absente. On la découvre sous la forme des nombreuses balises jalonnant le sentier : les panonceaux directionnels classiques bien sûr mais aussi de très nombreuses plaques de plâtres en relief interprétant cette vie passée que certes l’on peut imaginer mais jamais sous tous ses multiples aspects : le travail de la vigne et de bien d’autres cultures, la carrière et les pierres percées, la parcellisation, les épierrements et les défrichages, les bergeries, les outillages, j’en passe et des meilleures. Enfin, quelques « feuilles de vigne » en métal galvanisé et fixées au sommet de piquets nous expliquent qu’ici on cultive avec fierté différents cépages. A fil du cheminement, Mourvèdre, Grenache gris et Carignan répondent présents. La bergerie ruinée ayant été largement découverte lors du « Sentier du Berger », nous faisons l’impasse d’une nouvelle visite. Peu de temps après la bergerie, et au lieu-dit « Pelat », les chemins se séparent. On délaisse celui qui était commun au Berger et au Vigneron, pour ne garder que ce dernier. A partir d’ici, le chemin devient tout nouveau. Enfin presque et pas tout ! Souvenez-vous que je vous ai déjà raconté que nous venions ici sur ce plateau il y a déjà fort longtemps. Avec nos deux enfants tout d’abord pour qu’ils y trouvent des terrains de jeux à la taille de leur vitalité. Nous y venions aussi pour ramasser des amandes ou des asperges et c’était l’occasion d’un peu de marche et de quelques heures passées en plein air. Au bon air ! Avec Dany, le soir venu, nous y venions parfois en amoureux, juste pour rêvasser avec vue nocturne sur les plages depuis la falaise. Alors si le chemin pédestre est en partie nouveau, tout ne l’est pas et certains endroits nous parlent encore. Si les passereaux demeurent encore très nombreux et notamment les pinsons, les chardonnerets et quelques solitaires rouges-queues noirs, d’autres oiseaux un peu plus gros se présentent au fil du cheminement sous le feu nourri de mon téléobjectif. C’est le cas de pies bavardes, de quelques étourneaux, d’une buse variable et de deux surprenantes aigrettes perchées au sommet d’une série de cyprès. Elles s’enfuient en nous voyant mais elles sont déjà magnifiquement enregistrées dans « ma boite ». Quelques cabanons parfaitement planqués derrière des murets ou dans de verdoyantes pinèdes, nous rappellent que « pour vivre heureux, il vaut mieux vivre cachés ». Des bienheureux ont adopté ce proverbe. L’itinéraire continue d’être toujours aussi agréable, d’abord parce que c’est beau, mais aussi parce que nous sommes seuls au monde au milieu des oiseaux et que seuls leurs chants se font entendre. On ne peut que regretter que cet itinéraire évite la falaise et donc le bord de mer pourtant peu éloigné. C’est d’ailleurs le seul sentier parmi les trois parcourant le plateau, mais est-ce vraiment un défaut ? Vignes rouges de saison, végétation aux nombreuses nuances de verts, feuillages jaunes ou orangés attestant l’automne , le tout sur fond de ciel bleu, voilà aussi une des raisons qui nous font aimer ce parcours. Sauf que pour finir, ce beau ciel bleu est entrain de se couper en deux. Vers le nord, d’énormes nuages gris approchent à grands pas et nous obligent à presser les nôtres. Speeder, j’ai horreur de ça ! Enfin et pour l’instant, il ne pleut pas et c’est déjà pas mal. J’observe mon bout de carte I.G.N et note que le circuit représentant quasiment un triangle équilatéral, ils nous restent encore un bon tiers du parcours à accomplir soit environ 2,5 km. Je regarde aussi les noms de lieux car j’aime bien découvrir s’ils s’y cachent des énigmes voire carrément des mystères ? Leur toponymie (*) m'intéresse. Carpy, Champs du puits, Montplaisir, Palus, Codecas, certains toponymes sont évocateurs d’autres pas du tout. « Il faudra que je pense à les analyser ! » Finalement et parce qu’on ne s’arrête plus guère et qu’il ne pleut toujours pas, les premières maisons de Leucate-Village sont vite là. Sous le ciel gris, les façades multicolores ont bien ternies. Les étroites ruelles ont perdues ce qui faisait leur charme. Le clocher blanc et gris de l’église apparaît surtout gris. Son horloge indique 15h20. Je n’en reviens pas tant je garde l’impression d’avoir marché bien plus longtemps. Enfin, une chose est sûre : « Sur ce Sentier du Vigneron », nous n’avons pas tourné en rond ! » Et pour cause « c’est un triangle ! » Mais ça je vous l’ai déjà dit. Au départ du point d’informations touristiques se trouvant place Pierre Gonzales, cette balade est donnée pour 6,8 km. Personnellement, j’ai accompli 300 m de mieux. Les montées cumulées de 93 m sont très très modestes. Le dénivelé de 30 m n’en parlons pas ! Enfin si pour être complet ! Départ à 29 m d’altitude et point culminant à 59 m au lieu-dit Les Cabanes de Carpy. Faisable en toutes saisons, ce petit parcours est à éviter de préférence les jours où soufflent des vents violents : tramontane, cers ou marinade. Carte IGN 2547 OT Durban-Corbières - Leucate Top 25.
(*) Toponymies des principaux lieux-dits sur le plateau de Leucate :
Je tiens à préciser que les toponymes que je mentionne ci-après ne sont que des hypothèses personnelles et ce, malgré qu’elles s’appuient le plus souvent sur des critères de toponymistes bien plus qualifiés que moi. Autant que ce faire peut, j’indique mes sources lorsqu’elles je n’ai aucun doute quant à leur provenance. Afin de ne pas démultiplier le nombre de toponymes, je me suis cantonné volontairement à ceux que le « Sentier du Vigneron » traverse ou côtoie.
Le Plat : Plat, Plà, Plâ, Plaa, Plata, Platè, Platur, Plan, Planal, Planè, Planece, Planejo, Planell, Planeso, Planet, Planay, Planéto, Planeza, Planèze, Plani, Planil, Planiol, Planisse, Planistrel, Planitre, Plano, tous ces noms ont un dénominateur commun : leur platitude, c'est-à-dire le fait qu’il soit sans relief du latin « planus ». Il n’y donc aucune difficulté à indiquer que ces différents toponymes indiquent un endroit plat en français. Alors bien évidemment, selon les lieux, leurs surfaces, les dialectes, on trouve en français diverses significations. Ça va de la simple surface ou parcelle plane à une esplanade, ou bien à un terrain plat un peu plus grand, ou bien carrément à un plateau plus ou moins vaste, long, large, ou bien étroit ou bien encore à une plaine voire à un terrain de montagne plat ou bien encore à une zone de pacage plate.
Codeca ou Codecas : Ne s’agissant pas d’un nom de famille, on peut d’emblée écarter cette hypothèse. Il faut donc imaginer autre chose et peut-être le fait que ce toponyme mérite d’être coupé en deux : « code » et « ca ». Dans le Midi, tous les toponymistes sont d’accord pour dire que le toponyme « còde » parfois « còda», c’est un « caillou », un « galet », une « pierre » voire une « roche ». Il définit clairement la nature d’un sol avec pour origine commune le latin « cos ». Selon les lieux et les dialectes, on trouve aussi « codou », « codo », « cadou », « cotoul » ou encore « Codol » ou « Codule ». Quand au mot « ca », on peut y trouver diverses significations : « ça » par exemple signifiant « ici ». Ou bien encore la racine préceltique « ka », « kar » « gar » ou « ca » signifiant également une « pierre », ce qui ferait du nom « codeca », un toponyme pléonastique comme il en existe de très nombreux. Enfin, on peut également imaginer que ce « ca » ou « cas » soit la transformation du suffixe « ssa » ou « asse » ou « ace », lesquels très souvent ont un côté péjoratif : grand ou petit, fort ou faible, gros ou maigre, etc…Toutes les suppositions sont donc permises mais la traduction française qui pourrait être la plus satisfaisante est le mot « caillasse ». Les « Codecas » du plateau de Leucate seraient donc des « caillasses ». Il faut bien admettre qu’au regard de toutes les pierres que l’on trouve ici dans ce secteur, cette explication conviendrait fort bien.
Palus : Ici aussi la plupart des linguistes semblent d’accord quand à la signification de ce nom, et pour cause, le latin « palus » est un « marais ». Il s’agit très clairement d’un « marais » voire d’un simple « terrain boueux ». « Palu » au singulier et donc « Palus » au pluriel. Il faut donc vérifier si l’endroit a été ou est encore un tant soit peu marécageux. Ce toponyme, on le retrouve dans de nombreuses langues et dialectes régionaux : Apalus, Palud ou Palude (vieux français), Palue, Palun, Palunari, Palunatho et par exemple « Palus » en Saintonge. En français, le mot « palustre » du latin « paluster » a conservé le souvenir de ce passé, tout comme les mots « paludisme » et « paludéen ».
Breisses : Là encore, ce toponyme ne pose aucune difficulté et tout le monde est d’accord pour le traduire en « sorcières ». « Breisses », « bruèis » ou « bruèissa » en occitan selon l’accent, « Bruixes » et « bruixas » et « bruixots » en catalan, « brujas » et « brujos » en espagnol et « bruxos » en portugais.
Carpy :A priori, avec son « Y » le toponyme « Carpy » paraît peu évident. On le trouve néanmoins comme nom de famille, même s’il n’est pas spécialement très répandu et si les variantes « Charpy » et « Carpin » le sont beaucoup plus. Selon le site Généanet « Carpy » serait encore porté dans l'Indre-et-Loire mais les plus anciennes mentions se situeraient dans les Côtes-d'Armor. Il faut donc peut-être le transformer un peu si on veut obtenir d’autres suppositions. Parmi les transformations que l’on peut imaginer, celle de remplacer le « Y » final par un « I » est la plus évidente. A partir du mot « carpi », on peut très facilement imaginer qu’il s’agissait d’un lieu planté de charmes ou bien encore d’un endroit où l’on élevait des carpes. En effet, le mot de vieux français « carpier » désignait ces deux endroits. Apparemment, l’endroit se prêtant mal à un élevage de carpes, la plantation de charmes paraît plus plausible. encore qu’un texte de Guillaume Eppe évoquant « une gravure inédite du château de Leucate datant de 1630 » mentionne « qu’une dépression au lieu-dit Carpy sert de retenue d’eau au Rec Piusel dont l’accès sur l’étang est barré par un mur ». Alors s’agit-il du même Carpy et donc du même lieu ? Le nôtre étant très éloigné du château, on peut en douter. L’idée d’une plantation de charmes est reprise sur les sites généalogiques et se présente en Corse dans les toponymes « Carpineto » et « Carpino ». Dans le Gers, en « Carpou » et en Italie avec « Carpini » et « Carpino »’ car ayant pour origine le latin « carpinus ». Notons toutefois qu’en Gascogne, un « carpado » est une culture en terrasses et qu’en Corse le mot « carpione » est un bois provenant de l’équarrissage de pins. Restons sous le charme.
Champs du puits : Voilà un toponyme qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer. De tout temps, l’eau a été un gros souci sur le plateau de Leucate car la seule source connue suffisament importante était celle dite de la Fontaine de Loin. Elle a été pendant très longtemps la seule à alimenter les Leucatois. Il n’y a pas à proprement parler de ruisseaux et si des petites mares peuvent être présentes d’ici de là, elles se remplissent essentiellement lors de fortes précipitations pluviales. Le reste du temps, et pour l’usage des hommes, c’est le système consistant à la récupération des eaux des pluies qui a fonctionné. Il semblerait donc que ce « champ » en ayant bénéficié d’un puits soit une exception. Ce puits existe-t-il encore ? A vérifier !
Montplaisir : Je pourrais presque dire que « mon plaisir » a été immense. Plaisir de marcher sur ce plateau, plaisir d’élaborer ce reportage, plaisir d’écrire, plaisir de me lancer dans les enquêtes de tous ces toponymes. Oui, quelqu’un a-t-il trouvé tout comme moi son plaisir suffisamment grand au point de donner ce nom à ce lieu-dit ? Pourquoi pas ! Il est vrai que l’endroit est très légèrement supérieur en altitude (55/56 m) à sa périphérie mais de là, à dire qu’il s’agit d’un « mont », il y a une limite que je ne franchirais pas. Je pencherais donc plutôt pour une cacographie de « mon plaisir » en « Montplaisir ».
Guardiole et Guardiolle : J’ai déjà eu l’occasion de m’expliquer sur ce toponyme lors d’une autre balade pédestre : « Le Chemin des Amandiers sauvages » : Saint-Estève – Baixas – Peyrestortes ». Voilà ce que j’avais écrit à propos des Guardioles : « D'après André Pégorier et son glossaire des noms de lieux en France, le mot "gardiola" ou "gardiole" pourraient avoir plusieurs significations : borne destinée à marquer une limite, pâturage réservé ou lieu de guet. Issu de l'occitan « gardar », verbe garder, plus globalement le mot "guardiole" a pour diminutif le mot "guardia", qui désigne au départ un poste de garde (germanique wardja) ». Le plateau de Leucate ayant toujours été un haut-lieu du pastoralisme, une zone de pâturage réservée et gardée paraît fort probable, tout comme un poste de garde, les guerres qui ont souvent sévies pouvant justifier cette possibilité ».
Leucate : Le nom de Leucate vient du grec ancienλευκός(leukós) qui signifie « blancheur », « blanc ». En occitanlanguedocien on écrit Leucata et on prononce [lew'katɔ], [law'katɔ] ou même [lɔw'katɔ] selon les variantes dialectales. (Wikipédia).
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Quand à quelques jours de son opération du genou ; prothèse totale du genou droit ; Dany m’a annoncé qu’elle voulait faire une petite balade pédestre, j’ai d’abord été étonné, puis, le choix de ce « Sentier du Berger à Leucate » est venu à moi comme une évidence. Il est vrai que les agréables et récents « Sentier du Guetteur », puis celui « du Pêcheur », que je venais d’effectuer ici même, étaient encore tout frais dans ma mémoire. Je lui ai soumis l’idée, lui précisant simplement qu’il faudrait qu’elle fasse attention car ce sentier est parfois caillouteux voire rocheux par endroits. Elle acquiesça. Mais afin qu’elle prenne pleinement conscience de ce qui l’attendait, j’ai même rajouté qu’il serait un peu idiot qu’elle se fasse une entorse du genou avant même que la chirurgie ait le temps de lui en poser un tout neuf. Elle accepta l’idée de ce « Sentier du Berger » et comme la journée du lendemain s’annonçait très belle, il ne restait plus qu’à préparer un pique-nique et nos sacs à dos. Si ma venue sur la falaise de Leucate était relativement récente, je me demandais depuis combien de temps Dany n’y était plus venue ? Je me souvenais d’un temps où nous venions régulièrement avec les enfants. Pour eux, le plateau de Leucate était un terrain de jeu presque illimité. Les seules limites réelles étaient les murets en pierres sèches mais notre curiosité et notre vitalité nous les faisaient très souvent enjamber ou contourner. Nous ne nous approchions du bord de la falaise que pour aller pêcher ou se baigner à la Plagette et le reste du temps nous prenions la précaution de rester bien à l’intérieur du plateau. C’est d’ailleurs là que nous avons commencé à cueillir des amandes douces et à ramasser des asperges sauvages. Pour nous, c’était devenu un agréable passe-temps et pour les enfants, un jeu ludique. Pour les amandes, la difficulté résidait à trouver les bons arbres aux amandes douces au milieu de cette profusion d’arbres aux amandes amères. A la fin, nous connaissions trois ou quatre « bons » amandiers et là, le challenge était de venir cueillir les amandes avant que d’autres cueilleurs ne soient passés avant nous. Autant vous dire que ce n’était jamais gagné d’avance, car les gens du coin connaissaient les bons arbres encore bien mieux que nous, mais une petite poignée d’amandes douces suffisaient très souvent à notre bonheur. Elles finissaient très souvent dans la frangipane d'une galette, même quand la période des rois était passée. Avec Dany, ils nous arrivaient aussi de venir seuls. Après une soirée au resto, nous venions au bord de la falaise en voiture. Assis, le nez levé vers les étoiles et face à l’immensité du ciel et de la mer, nous papotions de tout et de rien. C’était l’occasion de se retrouver sans les enfants, en tête à tête, dans un cadre majestueux et idyllique. Quand la nuit était complètement noire, seules les lumières de la Franqui et des autres stations balnéaires audoises les plus proches nous apportaient un semblant de clarté. Grâce à ces lumières, le golfe du Lion dessinait sa courbe parfaite jusqu’à disparaître dans un insondable horizon. Nous nous bécotions un peu et plus d’une fois, la voiture terminait sa course dans un chemin abandonné. Nous étions jeunes, un peu « dingos » à vrai dire, et ces récréations amoureuses mettaient du piquant dans nos vies, qui sans cela, auraient été probablement trop routinières. En tous cas et pour rien au monde, serrés l’un contre l’autre, nous n’aurions changé l’exiguïté de l’habitacle de la voiture contre un lit de trois mètres de large dans le plus grand et le plus beau des palaces. Oui, à cette époque, il fallait que nous soyons un peu fous pour passer une partie de la nuit sur ce plateau de Leucate ! Voilà les souvenirs fabuleux que je me remémorais de cet endroit où nous allions déambuler dès demain. De ce « Sentier du Berger » que nous allions réaliser, nous n’en connaissions pas les contours, mais la plupart des chemins du plateau n’avaient plus aucun secret pour nous, tant nous les avions arpenter à la recherche d’amandes, d’asperges ou de tranquillité. A l’époque, ce sentier balisé existait-il d’ailleurs ? Rien n’est moins sûr ! Nous n’avions jamais vu ni aucun berger ni aucun mouton. A l’époque, le seul « berger » à avoir de l’intérêt à nos yeux était celui de l’étoile. Quand la nuit était noire, l’étoile du Berger fixait nos regards et nous rendait la pareille de son œil scintillant sur nos ardeurs de jeunesse. Rien n’a vraiment changé de nos jours, les murets et les amandiers sont toujours là et nous aussi, sauf que nous avons pris 30, 35, 40 ans de mieux. Je suppose que si nous sommes encore là après toutes ces années, c’est que les sentiments très forts que nous avons toujours partagés sont encore là eux aussi ? Le lendemain 17 mars. 10h30. Nous voilà sur le parking Pierre Gonzales et devant l’office du tourisme, prêts à démarrer. La place, elle, est bien jolie car c’est la toute première fois que je la vois lancer ses jets d’eau en rafraîchissantes arabesques. Près du point d’information, un panonceau annonce la couleur : « Sentier du Berger – 7 km ». Aujourd'hui, je n’ai rien préparé ou si peu. Je n’ai lu qu’un petit dépliant trouvé sur le Net. Ce qu’il dit du sentier est très succinct : « Cette boucle dans les sillons du berger permet de comprendre la vocation pastorale du plateau et de rejoindre un point de vue remarquable sur le littoral », mais il est néanmoins très intéressant car truffé d’informations sur les découvertes à y faire. Des plaques commentées jalonnent le parcours, apprend-t-on en sus. Je connais bien le démarrage car c’est exactement le même que pour le « Sentier du Guetteur ». Descente de l’avenue Francis Vals puis direction Le Foyer. Là, je retrouve l’amusant panonceau du « sentier de randonnées pour les Nuls ». On se dirige ensuite vers le chemin Neuf et son moulin où j’aperçois un magnifique couple de huppes fasciées. Posées une sur l’autre, la situation laisse apparemment supposer qu’elles n’attendent pas la nuit étoilée pour se lancer dans leurs ébats amoureux. Elles n’ont pas de voiture mais un grand cyprès semble avoir la même destination. Dany qui ne s’intéresse pas autant que moi à l’avifaune, et qui de ce fait, ne flâne pas autant que moi, les fait s’enfuir. Je peste sur l’instant car la photo d’un tel accouplement aurait été inédite pour moi, mais grâce à cette fuite, je réussis à les photographier séparément. Nous laissons les dernières maisons derrière nous et descendons dans le vallon où se trouve la Fontaine du Loin. Seule ressource en eau potable du village pendant très longtemps, elle tire son nom de la distance qu’il fallait accomplir pour aller chercher son eau. L’itinéraire remonte sur le plateau et c’est là qu’il diffère avec celui du Guetteur. Les fameuse plaques « commentées » ne le sont pas vraiment, mais on finit par comprendre que chaque relief de plâtre représente une activité du temps jadis voire une perspective paysagère. Celle représentant une roue de charrette venant en complément du balisage jaune qu’il nous faut suivre. Les chemins encadrés de murets circulent entre de petites parcelles plantées de vignes, d’amandiers ou d’oliviers. Plus rares sont celles en jachère. Chaque petite parcelle ou presque dispose de son casot ou de son petit cabanon, ce dernier est le plus souvent planqué dans le lieu le plus ombragé. Les amandiers sont déjà en fleurs et de nombreuses fauvettes semblent s’y complaire. C’est l’occasion rêvée pour les photographier car avec elles, et le reste du temps, une photo n’est jamais facile. Ce qu’il y a de bien dans ces parcelles, c’est que la plupart sont encore amplement cernées de haies sauvages, de taillis, de boqueteaux et parfois même de petites pinèdes. Cet environnement si particulier retient une faune sédentaire et en attire une autre plus voyageuse. Les deux créent une biodiversité remarquable dont le plateau peut s’enorgueillir. On regrette simplement l’asphalte des chemins, plus adapté aux pneus des voitures qu’à nos chaussures de randonneurs. Mais ne soyons pas étroits d’esprit, car comme on l’a vu, la voiture a parfois son utilité. Gisant sur la route avec la tête écrasée, une couleuvre de Montpellier l’a traversé au mauvais moment. Finalement, au lieu-dit « Les Breisses » (les sorcières), le macadam disparaît et laisse la place à un vrai sentier pédestre. Ce dernier, plutôt pierreux, file et parvient à la ruine d’une ancienne bergerie. Enfin, c’est ce que signale une nouvelle balise de plâtre et ce que prétend mon bout de carte I.G.N. La bergerie pourrait ressembler à une vraie demeure si sa toiture était encore là et si une ou deux fenêtres avaient trouvé grâce aux yeux de ceux qui l’ont édifiée. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Pourtant, son pignon présente une belle entrée en arceau et son intérieur est composé deux grandes pièces distinctes. Or mis la porte, on note comme seules ouvertures sur l’extérieur, de petites embrasures dont certaines ressemblent plus à des meurtrières militaires qu’à de vraies fenêtres permettant à l’air de circuler. Sans doute, était-ce suffisant pour l’aération et priorité était donnée à la sécurité du troupeau ? Cette absence d’ouverture n’aurait-elle pas un rapport avec cette légende qui prétend que les nuits de pleine lune, des sorcières, assises sur leur balai, rodaient en ces lieux ? Il se dit que nos anciens croyaient parfois en ces sornettes ? Il est vrai qu’à bien y réfléchir, à quoi aurait pu servir un balai dans un endroit aussi impossible à balayer sinon qu’à planer ? La suite du sentier devient plus caillouteuse et nous emmène au lieu-dit « Pelat » où le « Sentier du Vigneron », jusqu’à présent commun avec celui du « Berger », part dans une autre direction. J’imagine que la toponymie « Pelat » a une relation probable avec la tonsure des moutons, c'est-à-dire la « pelade », à moins qu’il s’agisse d’un lieu plus « pelé » parmi les autres ? Quoi qu’il en soit, il définit quelque chose de « chauve », de « dénudé ». Au bout d’une longue et vaste vigne se terminant à la lisière d’une pinède, on entrevoit enfin ce qu’est le pastoralisme sur ce plateau. Cris d’un berger, aboiements de chiens, sons des clochettes et quelques furtives chèvres sont les signes d’une pastoralité vraisemblablement renaissante. Pas de moutons apparemment, mais la scène se passe loin de nous. Une biquette égarée erre sur la route et les cris parvenant jusqu’à nous sont probablement ceux du chevrier dans le but d’un rassemblement escompté, mais sans doute très difficile, tant ce plateau est un dédale à tout point de vue. Labyrinthes de murets, de chemins et de végétation, tout ici converge à un égarement presque inévitable. Les chèvres ne font pas exception. Si le berger ou le chevrier doit connaître tout ça par cœur, les chèvres, guidées par leur désir de brouter, n’ont sans doute que faire de cette savante expérience de leur mentor. On se désintéresse de la chèvre pour regarder vers le ciel car à l’instant même un joli rassemblement d’oiseaux noirs à la tête claire le traverse, direction nord-est, c'est-à-dire vers la mer. Oies sauvages, grues ou grands cormorans ? Ici difficile de dire de quelle espèce il s’agit, tant les oiseaux volent haut en altitude. Avec leur vol plutôt lourd, fait d’incessants battements d’ailes, je parierais plutôt pour de grands cormorans. Les oiseaux volent en « V », en plusieurs même, mais ces « V » se disloquent peu à peu et quand ils s’éloignent, le rassemblement équivaut à un désordre sans nom que ma fille n’aurait pas renié. Ils disparaissent de notre vue et on poursuit le sentier devenant de plus en plus caillouteux. J’ai lu sur le dépliant que le Cap des Trois Frères était un repère pour les oiseaux migrateurs et en voilà une jolie et éclatante démonstration. Un nouveau carreau de plâtre stylisé de pierres trouées et de vagues annonce la proximité de la falaise. Elle est là et le Cap des Trois Frères pas très loin sur notre gauche. C’est d’ailleurs à gauche qu’il faut poursuivre le « Sentier du Berger » comme l’indique un panonceau directionnel. 3,7 km mentionne-t-il en sus. C’est la distance qu’il nous reste à parcourir. On se dit qu’on a tout le temps de flâner et c’est ce que l’on fait d’ailleurs. Sauf qu’il faut prendre garde à d’autres personnes qui ne pensent pas comme nous. C’est le cas de deux vététistes qui déboulent et nous évitent d’extrême justesse et par je ne sais quel miracle. On les voit s’arrêter plus loin à hauteur du rocher de la Sorcière. Apparemment, ils sont intrigués par la témérité de deux hommes juchés dessus. Les deux hommes se photographient mutuellement, ensemble et parfois seul avec une perche à selfies. J’ai toujours entendu dire que cet endroit, comme bien d’autres ici, était dangereux car des éboulements y survenaient et il est vrai que le bas de la falaise atteste de ces derniers. Mais depuis combien de temps cette falaise était-elle rongée par l’érosion, la pluie, la mer, le vent et le temps ? Véritable mille feuilles comme on peut le voir du bas de la falaise, de la côte ou de la mer, elle daterait du Pliocène, c'est-à-dire entre 2 et 5 millions d’années. Alors il a du en débouler des rochers depuis ! Non, cette falaise est tout simplement dangereuse car elle est haute de 30 mètres et qu’un moindre faux-pas peut être fatal, surtout les jours de très forte tramontane où il n’est pas recommandé de trop s’approcher du bord. Alors ces hommes sont-ils téméraires, inconscients du danger ou sûr d’eux ? Je me souviens d’un temps où je descendais derrière ce rocher et à flanc de falaises pour aller pêcher au Cap des Trois Frères ou à l’Anse du Paradis qui se trouvent en contrebas. Pêche de jour parfois, mais pêche de nuit très souvent aussi. Je n’ai jamais vu aucun rocher tomber, mais oui, j’étais à la fois téméraire et inconscient, et aujourd’hui, je ne vais pas reprocher à d’autres ce que je faisais moi-même étant bien plus jeune. Je n’ai jamais pensé à l’idée de faire un faux-pas, c’est aussi simple que ça. Aujourd’hui, point de pêcheurs à la canne à la pointe du Cap des Trois Frères, mais d’autres pêcheurs hors pairs que sont des cormorans et des goélands Je les prends en photos. Dany, elle, s’affaire à trouver un coin pour pique-niquer, suffisamment loin du bord de la falaise dont elle a peur, mais néanmoins confortable. Les sous-bois de la pinède tapissés de ramilles feraient bien son affaire mais la plupart servent de W.C aux nombreux visiteurs de passage. Du coup, cette quête se transforme à poursuivre le « Sentier du Berger » jusqu’à hauteur de l’Anse du Paradis où l’itinéraire quitte la falaise et amorce le retour vers Leucate Village. Par chance, cet éloignement de la falaise offre d’autres possibilités de pique-nique et Dany finit par trouver l’alcôve idéale avec ramilles et ombrages sous un pin que les vents du nord ont sévèrement couché. J’y découvre de nombreuses ophrys, minuscules orchidées parmi lesquelles je crois savoir qu’il y a une qui est très rare, car endémique à la Catalogne et aux Corbières, la bien nommée Ophrys de Catalogne. J’ignore si c’est celle-ci, mais je suppose qu’il me faudrait beaucoup de chance pour qu’il en soit ainsi. En tous cas, pendant que Dany se repose, je profite de cette découverte pour partir voir si d’autres fleurs sont présentes aux alentours. C’est comme cela que je découvre quelques iris nains blottis dans une espèce de pelouse caillouteuse se trouvant derrière un vieux casot ruiné. Mauves, jaunes et blancs, ils sont disséminés mais poussent toujours entre les interstices de rochers. Après ces nouvelles photos, je retourne pique-niquer en essayant de retrouver au mieux le parcours que j’ai emprunté pour arriver jusqu’ici. Pas si évident, car si l’éloignement est modeste, tous les décors se ressemblent mais finalement j’y parviens, après la brève inquiétude d’un égarement redouté. Couchée sur une feuille de papier-bulles avec le sac à dos en guise d’oreiller, Dany s’est assoupie. Je la laisse à ses songes et décider de l’instant où il faudra redémarrer. Nous repartons. Alors que nous avons accompli seulement quelques dizaines de mètres, voilà de nouvelles fleurs très belles avec la présence sur un vaste périmètre de Narcisses douteux. Blanches avec un port bien dressé, elles attirent quelques papillons et notamment des Piérides du Réséda qu’on appelle plus communément les « Marbré de vert ». Le sentier alterne bonnes portions ombragées sous les pineraies et parties plus caillouteuses avec toujours l’omniprésence de ces pierres trouées propres à ce plateau. Certaines très lourdes et plutôt hautes sont plantées dans le sol comme de petit menhirs. Bien que très modeste, la faible élévation finit par offrir de magnifiques vues à presque 360 degrés. C’est ainsi qu’apparaissent au loin le phare, la tour météo et le sémaphore puis l’étang de Salses-Leucate avec pour toile de fond les Albères et les Corbières maritimes. Au delà, un ciel voilé de blanc et parfois même nuageux empêche de voir plus loin. L’arrivée sur le village est superbement progressive et aérienne. J’y photographie magnifiquement un couple de coucous geais, migrateurs précoces, mais oiseaux peu craintifs que j’aperçois régulièrement au cours de mes balades pédestres, et ce depuis quelques années. Cet oiseau est assez bruyant et notamment en période d’accouplement et c’est ainsi qu’il se fait remarquer. Quand à son côté peu craintif, il est probablement en relation avec son origine migratrice africaine, qui est le sud du Sahara, où il n’a sans doute que peu de prédateurs. Ici, son aire de répartition principale est la Plaine du Roussillon mais il semble s’adapter à d’autres reliefs un peu plus hauts comme le piémont des Corbières, des Albères, des Aspres, du Bas-Conflent ou du pays Fenouillèdes. Il se dit que sa présence, parfois prématurée, serait directement liée aux développements des chenilles et notamment des chenilles processionnaires. Autre particularité de ce très bel oiseau, la femelle est un redoutable parasite pour les pies bavardes dont elle squatte temporairement les nids pour y déposer ses propres oeufs. Elle se décharge ainsi de la contrainte de la couvaison. La balade se termine avec ces belles images et celles de nombreux rouges-queues noirs et étourneaux peu farouches eux aussi. Jolis oiseaux, de belles fleurs, quelques papillons et des criquets, ce plateau de Leucate réserve de bien belles trouvailles pour qui sait les observer ou les découvrir. Le photographe averti, lui, n’aura aucun mal à appréhender ces richesses. Le printemps n’est plus très loin et la Nature s’éveille déjà à l’aube d’une nouvelle saison. Les premières ruelles de Leucate sont là et descendent en direction du centre-ville. Je propose à Dany une rapide visite de ce dernier ainsi qu’un détour par les ruines du château, mais pour aujourd’hui le « Sentier du Berger » semble suffire à son bonheur. Elle refuse. Occasion rêvée sans doute pour revenir une autre fois à Leucate, histoire de se remémorer une fois encore les agréables souvenirs d’un temps où nous étions plus jeunes. Une jeunesse parfois turbulente, quand nous venions avec les enfants, parfois empreinte d’un peu de folie quand nous venions seuls, mais toujours riche en émotions. Erasme qui s’y connaissait en folie a écrit « C’est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous » Aujourd’hui a été une journée de pire folie ! Nous avons été très sages ! Cette balade telle qu’expliquée ici a été longue de 7,8 km, errements photographiques non inclus. Dénivelé insignifiant et montées cumulées 140 m. Carte I.G.N 2547 OT Durban – Corbières – Leucate – Plages du Roussillon Top 25.
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Ne quittons pas les étangs. Après celui de Gruissan, voilà celui de Salses. De Leucate plus exactement car les deux dénominations Salses et Leucate sont justes. En effet, cette balade commence à Leucate-Village et s'intitule le « Sentier du Pêcheur ». Le petit étang de Gruissan ayant une superficie de 1,45 km2 et celui de Leucate de 54 km2, cette fois, par question bien évidemment d’en faire le tour complet, même si les objectifs sont strictement les mêmes. D'ailleurs quels sont-ils exactement ? Le patrimoine historique tout d'abord puis prendre du plaisir à marcher tout en découvrant la Nature. Ici paradoxalement, sur ce « Sentier du Pêcheur », les poissons ne seront pas concernés, en tous cas si peu. Priorité aux oiseaux, car pour moi, il s’agit d’abord de réaliser une balade ornithologique. Les oiseaux des étangs bien sûr et tout le reste quand il se présente. Montrer ce qu'il y a au bord du chemin, c'est aussi un plaisir que j'ai toujours envie de partager. Comme pour le « Sentier du Guetteur » effectué récemment, le démarrage s'effectue depuis la place Pierre Gonzales. Ciel azur et parfaitement pur, rayons du soleil juste tièdes et pas de vent, pour un 16 novembre, c’est une météo merveilleuse qui m’y accueille. Un vaste parking est là. Il y a aussi un point d'information touristique mais je l’ai toujours trouvé fermé. Enfin peu importe, ce n'est pas là l'essentiel, et ce d'autant plus que des panonceaux directionnels sont bien présents juste à côté. Le « Sentier du Pêcheur » est là parmi les autres. Il indique 7,2 km. Le château, lui, est à 600 m seulement et dans le même sens. Je file au bout du parking et emprunte la rue de la Vigne. Au sommet d’un amandier, des étourneaux attirent déjà l’objectif de mon numérique. Leur plumage sombre et brillant tranche dans ce lavis céleste si parfaitement bleu. L’itinéraire passe devant la maison de retraite « Le Château ». Le vrai, lui, ou du moins ce qu’il en reste, est déjà là sur la gauche de la rue de l’Aire. Je délaisse très vite la large voie pour une étroite sente qui y monte plus directement. Des moineaux se coursent dans des cyprès et des amandiers. Un peu plus haut, en arrivant au pied du château, c’est un couple de roitelets huppés qui capte mon attention. Des roitelets dans un château, quoi de plus normal me direz-vous ? Je m’assieds en surplomb d’un grand cèdre pour tenter de les photographier. Bingo ! Apparemment, le cèdre est leur terrain de jeux favori. Jeux de l’amour, je ne sais pas ? Mais du hasard pour moi en tous cas, tant ils se coursent, ne tiennent pas en place et sont difficiles à immortaliser. Il faut dire qu’il y a plusieurs cèdres et qu’ils aiment y batifoler de l’un à l’autre. Il me faut plus d’une demi-heure et un peu de chance pour avoir une ou deux photos à peu près correctes. Etourneaux, moineaux et roitelets sont déjà dans la boîte et le moment est venu de consacrer un peu de temps au patrimoine leucatois. Chapelle et château restent à découvrir et si le tour de la chapelle aux trois croix s’effectue très rapidement, il n’en va pas de même du château et des nombreux panonceaux explicatifs qu’il faut lire. Lire et observer, il faut parfois faire les deux simultanément. De ce modeste pinacle, le château est un monumental champ de ruines qui n’a plus rien de comparable avec le croquis architectural le présentant sur un des panneaux sous la forme d’une étoile à huit branches. On a du mal à imaginer qu’une telle dévastation ait été possible et quand on apprend que la destruction du château a été volontaire et effectuée à l’explosif, on comprend mieux l’image qu’il nous offre. Toutes les branches de l’étoile ont disparu et le reste aussi. En 1661, le château coûte trop cher et les Etats du Languedoc préconise sa démolition. En 1663, Louis XIV donne son accord et le château est démoli en 1664 par un maître maçon s’appelant François Carcassonne. Quel boulot et quel sacrilège pour un bâtisseur que de se voir confier une besogne aussi méprisable ! Si de nos jours, nous détruisions tous les monuments coûtant trop chers à entretenir, il ne resterait que peu de choses de notre patrimoine historique. Adieu certains châteaux de la Renaissance, adieu certaines cathédrales médiévales et Notre-Dame de Paris notamment, dont la toiture va peut-être être restaurée grâce à des fonds d’une souscription « made in U.S.A ». Je quitte le sommet et fait le tour de l’ensemble des vestiges. Plus je m’avance dans ce patrimoine saccagé et plus je me dis quel dommage ! On comprend surtout que les gouvernants de l’époque n’aient pas voulu que ce château tombe entre les mains de leurs ennemis et c’est la seule explication admissible à cette désintégration totale. Il vrai que sous Louis XIV, nombreux sont les catalans tout proches qui se désolent d’avoir été obligés de se rallier de force par le Traité des Pyrénées de 1659. La « Guerre des Faucheurs » est terminée mais les rancoeurs entre catalans, espagnols et français sont encore fortement ancrées. Faut-il que le risque de voir nos adversaires s’emparer du château ait été jugé si angoissant pour que d’une simple signature sur un document et avec quelques bâtons de dynamite, on ait cru bon de balayer un lieu si chargé d’actes de bravoure. Cette bravoure est désormais symbolisée par la statue de Françoise de Cézelly et c’est par là que je termine ma visite. J’ai déjà eu l’occasion de conter son extraordinaire épopée (voir le « Sentier du Guetteur ») et ce spectacle de désolation n’en n’est que plus révoltant. Par bonheur, des rouges-queues noirs et des mésanges bleues sont là pour me distraire et me faire oublier ces ruines. La suite de l’itinéraire est parfaitement indiquée car un nouveau panneau « Sentier du Pêcheur-6,7 km » se présente. Le sentier entre dans une pinède mais presque aussitôt ma curiosité se laisse à nouveau entraîner vers un autre monument que je distingue à peine à travers les branches. Je délaisse le sentier et m’y dirige tant bien que mal. Finalement, il s’agit d’un tombeau monumental ceint d’une haute clôture et clos par un portail qu’il l’est tout autant. Il est plutôt éloigné du cimetière que j’aperçois au bout d’une longue allée située dans mon dos. J’imagine qu’il s’agit de notables de la ville. J’emprunte cette allée. Non loin du cimetière, au lieu-dit « Courbatières » un autre panonceau « Sentier du Pêcheur- 6,5 km » m’assure de la bonne direction à poursuivre. Je suis désormais dans la garrigue mais sur un chemin bitumé. Premières fleurs, premiers papillons puis c’est une fauvette qui joue avec mes nerfs. A l’instant même où je m’apprête à la photographier plutôt correctement, je sursaute en entendant cette exclamation interrogative « mais que photographiez-vous ? » C’est une jeune et jolie joggeuse qui est arrivée dans mon dos qui me pose cette question. Je lui réponds bien sûr et ainsi vont s’enchaîner d’autres questions et somme toute, une agréable conversation qui va durer presque une heure. Pendant cette heure, nous allons nous présenter puis tenter de nous connaître, mais surtout nous allons faire le tour du monde, voyager d’un bout à l’autre de la Terre et sur plusieurs continents. Elle est en vacances actuellement et les partage entre Toulouse et Leucate. Elle travaille dans l’humanitaire et a été amenée à visiter de très nombreux pays. A chaque pays qu’elle évoque, elle rajoute « vous connaissez ? » Et bien évidemment, je ne connais pas ! Il y en n’a déjà pas mal malgré son jeune âge que j’estime à 35 ans environ, à peine plus peut être ? Alors pour faire mon intéressant, je lui parle des pays étrangers ou lointains que j’ai eu le plaisir de découvrir. Il y en a moins bien sûr, mais pour blaguer, je lui dis « vous connaissez ? » Et elle ne connaît pas ou si rarement. Apparemment, les pays où l’humanitaire est nécessaire ne sont pas les mêmes que ceux où l’on part en vacances. Finalement, il n’y a que quelques pays pour nous rapprocher. Nos souvenirs se croisent sur ces pays-là. On se renvoie nos pérégrinations respectives comme deux tennismen se renvoient une balle. On se donne des envies de voyages mutuellement, conscients de ne pas avoir tout vu même dans ces pays-là. Les voyages se poursuivent dans nos têtes respectives mais à une vitesse telle que les arrêts sur images deviennent quasiment impossibles. Alors je change de conversation. Je lui parle de ma passion de la randonnée pédestre et elle m’avoue être candide en ce domaine. J’évoque mes autres passions ; nature, mer, montagnes, photo et informatique. Ça a l’air de l’intéresser. Je lui parle de mon blog « randos » et elle me promet d’aller le découvrir au plus vite. Je lui donne le nom de mon site : « Mes Belles Randonnées Expliquées ». Finalement, le temps passe et l’ordre du jour ne semble jamais s’épuiser. Je lui dis que le footing en solitaire est un très bon début à la randonnée pédestre. Effort solitaire et trouver du bonheur à courir dans la Nature sont d’excellents prémices à partir marcher en montagne ou ailleurs. Je crois comprendre qu’elle prend cette appréciation comme une éventuelle suggestion, alors gentiment, j’insiste pour lui faire comprendre que ce n’est pas le cas. Elle a sensiblement l’âge de ma fille et avec tout ce qui ce passe, je ne peux pas m’empêcher de la mettre en garde dans le fait de courir seule dans un endroit si isolé comme celui où nous nous trouvons. De surcroît, je considère que de m’avoir accoster comme elle l’a fait n’est peut-être pas très prudent. Elle me remercie de mes conseils me disant qu’elle les trouve très pertinents mais d’un autre côté, « me cloue le bec » en me disant que des risques, elle en a couru de biens pires dans son travail d’urgentiste humanitaire. Elle rajoute qu’elle avait parfaitement compris que je photographiais la Nature et que de ce fait, je lui paraissais plutôt « clean ». Je me vois forcé de la croire. Je la remercie pour ce charmant échange. On se sépare. Elle repart en courant et moi en marchant. La fauvette n’est plus là mais j’ai espoir qu’elle soit déjà dans mon numérique. Voilà déjà plus de 2 heures que j’ai démarré cette balade et il est déjà midi et demi. Pour la rassurer, je téléphone à Dany comme je le fais à chaque fois que je pars randonner tout seul. Je lui explique mon insolite rencontre avec la joggeuse et le retard que j’ai pris à réaliser ce circuit. Nous discutons quelques minutes puis elle me souhaite « bonne balade ». Je raccroche. L’ai-je rassurée ? Je ne sais pas. Je file vers l’étang et seuls quelques oiseaux et des tags sous un pont arrêtent mon envie d’y parvenir pour me poser et prendre un premier en-cas. J’atteins une crique très tranquille. Le petit golfe est clair. Au bord, l’eau y est transparente. Il y a quelques bateaux au mouillage et d’autres au sec, une baraque rouillée, des roseaux mouillés, des filets de pêches entrain de sécher et quelques oiseaux blancs. Ici tout me rappelle les paroles de « La Mer » de Trenet et il ne manque que les blancs moutons. Il faut dire que l’artiste avait choisi le tout proche et similaire étang de Thau comme source d’inspiration à sa chanson fétiche. En longeant le bord, je continue à marcher jusqu’à l’extrémité de la anse. Là, derrière la pointe, une petite brise venant du nord fait frémir la surface de l’eau. Les voilà les « blancs moutons » de la « bergère d’azur », ici plutôt grisâtre. Ma présence semble déranger un couple de goélands et leurs cris puissants viennent rompre ce silence si agréable. Abstraction faite des décibels très supérieurs, on dirait des bébés que l’on a privés de leur biberon. Je fais demi-tour. Le silence revient. Je m’attable à la terrasse d’un cabanon désert. Un sandwich - triangle fait office d’en-cas. Je garde tout le reste, salade, dessert et fruits pour un peu plus tard. Je profite du calme pour observer des rouges-queues noirs, des rouges-gorges ainsi que des lézards jouant dans les jardinets voisins. Il faut dire que les lieux ne servent plus de jardins potagers depuis très longtemps. Ils sont de véritables capharnaüms où objets divers et variés s’entassent et semblent vivre une fin de vie au grand soleil : rafiots, remorques rouillées, empilements de filets, pneus, barriques, pieux, fanions et autres bouées colorées servent de cache à cette faune volante et rampante que je tente de photographier. Après cet entracte, je repars, en marchant toujours au plus près de la lagune. Côté étang, il y a les oiseaux marins divers et variés, et plus à l’intérieur, une belle variété de passereaux. Alors, je marche le plus souvent en zigzaguant entre les deux. Finalement, j’en oublie presque le « Sentier du Pêcheur » mais mes hésitations incessantes m’offrent des panoramas que je n’aurais sans doute pas vus en y restant dessus. En effet, l’itinéraire file à l’intérieur de pineraies plutôt touffues et je préfère nettement le bord de l’étang. Après une moisson de photos de l’avifaune présente, je fais définitivement le choix de marcher au plus près de la grève. Ici, la grève, c’est le plus souvent un épais matelas d’algues sèches voire de petits buissons de soude ou de salicornes. Quand le goémon n’est pas sec, mes godillots s’enfoncent et il me faut réagir et sauter au plus vite pour ne pas les voir se remplir d’une eau juteuse et verdâtre. A l’instant même où j’atteins la pointe extrême des Courbatières et que je suis entrain de photographier une Aigrette garzette, qu’elle n’est pas ma surprise de constater qu’un « chat sauvage » observe le même volatile encore plus intensément que moi. Le matou ne m’a pas vu. Pas de doute, le chat guette fixement l’oiseau pour en faire son déjeuner. Le voilà qui sort des roseaux, s’avance en rampant sur le sable d’une large plage. Il est désormais à découvert. Il s’aplatit au maximum pour se faire discret mais il est encore très loin de l’échassier et son instinct inné de la difficulté l’alerte déjà d’un autre danger. Ce danger, c’est moi. Il hésite à se relever mais tournant sa tête dans tous les sens, il finit par me repérer. Il hésite toujours mais l’oiseau est encore loin et je représente un risque. Il se relève, retourne vers les roseaux, s’arrête et m’observe intensément. L’aigrette est là, toujours aussi impassible, mais le chat continue à me regarder toujours aussi fixement. Effet de surprise ? Qu’attend-il de moi exactement ? Que je bouge sans doute ? J’en profite pour le photographier. Il a presque tout du « chat sauvage ». Il est assez massif mais guère plus gros qu’un chat domestique. Il a une grosse tête et des oreilles bien droites et surtout des rayures sombres identiques à celle que l’on peut observer chez le « félis silvestris », le chat sauvage forestier de nos montagnes pyrénéennes. Sauf qu’il est fortement improbable que celui-ci en soit véritablement un. Il s’agit plus sûrement d’un chat haret, chat sauvage certes mais issu du marronnage. En tous cas, celui-ci est très loin de toute habitation et sa gestuelle vis-à-vis de l’aigrette ne laisse planer aucun doute quand à ses intentions belliqueuses. Il chasse pour manger, car si le jeu était sa seule visée, il s’attaquerait probablement à une créature plus petite et présentant moins de risques. Si l’étang est son domaine, il doit savoir que le bec de l’aigrette est un poignard. Je me décide à bouger. Il s’enfuit dans les roseaux et doit me maudire de lui avoir fait louper son plat du jour. Le mien, je n’ai qu’à le tirer de mon sac à dos et c’est chose faite quelques minutes plus tard quand une table et un banc se présente au milieu d’un pré dominant l’étang. A l’ombre d’un grand pin, je ne pouvais espérer meilleur emplacement pour déjeuner et meilleur observatoire pour les oiseaux qui passent et s’arrêtent parfois : Aigrette garzette, Grande Aigrette, Héron cendré, Goélands, Mouettes rieuses, Grèbe huppée et des passereaux et limicoles pas toujours évidents à identifier ou à photographier. La suite de la balade est du même acabit. Je retrouve le « Sentier du Pêcheur » et histoire de me donner bonne conscience, j’effectue en sens inverse et très rapidement la partie que je n’ai pas accomplie. Trop enfoui au milieu des pins ou du maquis, rien de ce « rebrousse-chemin » ne me fait regretter mon itinéraire perso. Je rebrousse chemin de nouveau jusqu’à atteindre l’anse plus ample de la Caramoun et un petit cap pointu. D’autres oiseaux occupent les salicornes ou la berge. J'y passe beaucoup de temps planqué. Quelques personnes s’y promènent. Pour d’autres, pas de doute, il s’agit bien d’un lieu de rendez-vous. Il faut dire que ce cap est accessible en voiture. Je ne suis plus seul pour la toute première fois depuis la joggeuse de ce matin. Je m’empresse de quitter le cap pour des lieux moins fréquentés. Le lac est un miroir qui commence à se teinter d’or. Le soleil décline déjà et plutôt rapidement. Je suis indécis, entre l’acte de finir cette balade et de ne rien louper de ce spectacle admirable. Je prends de nombreuses photos puis continue l’itinéraire. Plus monotone, il m’entraîne loin de l’étang mais en direction de la ligne d’arrivée. Sur la droite, la « Grotte des Fées » se présente, entourée d’un haut grillage. J’en fais le tour sans jamais ne rien voir de cet aven. Alors que je suis sur le point de repartir, je constate qu’il y a un énorme trou au bas du grillage, lequel à cet endroit-là a été largement soulevé. Je m’y glisse sans aucune difficulté. L’aven est là à mes pieds, avec plusieurs boyaux dont un est plutôt facile d’accès au prima abord. J’ y descends, conscient de braver une interdiction mais lucide aussi que ma curiosité excessive prenne une fois encore le pas sur ma raison. Je finis par me rendre compte que c’est d’autant plus irréfléchi qu’il n’y a rien d’intéressant et en tous cas, rien qui n’étanche ma soif de découverte. Je prends quelques photos, mais autant que je me souvienne, car c’est plutôt récent, elles sont probablement identiques à celles que j’ai vues sur le site Wikipédia. J’ai lu pas mal de choses à son propos et bien évidemment tout cela n’a plus de raison d’être, sauf à descendre encore plus profondément, ce que les archéologues et les spéléos ont sans doute tenter de faire depuis très longtemps déjà. Je n’y pense pas une seule seconde et au contraire, l’aven plus profond qui se trouve à mes pieds me fout les jetons. Je crois savoir qu'il y a de l'eau. J’en m’en éloigne tout en me disant que si j’avais malencontreusement glissé dedans, personne n’aurait peut être eu l’idée de venir me chercher au fin fond de ce gouffre. Ouf ! Me voilà à l’air libre ! Il n’y avait pas de fées dans cette grotte ! Les seules « enchanteresses » de la journée auront été cette balade et la gentille joggeuse qui avait envie de converser. Ces pensées suffisent à mon bonheur et si la grotte est là au bord du chemin, rien n’oblige à y descendre. Un conseil : N’y allez pas ! Je poursuis l’itinéraire toujours dans un décor de garrigues mais les cabanons isolés puis les premières villas se font plus nombreuses. Au loin, un bout de l’étang et le Canigou se révèlent sous un soleil blondissant. Je presse le pas car mon idée est de voir le soleil se coucher sur l’étang. L’itinéraire se complique dès lors qu’il faut franchir la départementale D.627. J’allume mon G.P.S et compulse ma carte I.G.N. Je trouve aisément le passage en zigzags qui m’amène sous le pont. Sous l’ouvrage, d’autres tags, dont certains plutôt amusants, accaparent une fois encore mon attention et celle de mon appareil-photo. Leucate-Village est là mais je suis au sud et ma voiture est au nord-est. Alors, je me laisse guider par le tracé enregistré dans mon G.P.S. Premiers lotissements, piscine, complexe sportif, rue rectiligne. Je débouche sur la rue principale. La rue Francis Vals. Je la connais bien et il ne me reste plus qu’à la remonter jusqu’au parking Pierre Gonzales. J’accélère encore le pas pour ne rien manquer du coucher du soleil. Même le jolie centre-ville ne ralentit pas mon ardeur. Le ciel est encore très bleu mais quelques nuages rosissent déjà. Ma voiture est là. J’y jette mon sac à dos sur le siège arrière et file en direction de la Franqui. Finalement, je m’arrête à la sortie de Leucate sur la vaste esplanade d’un camping. Quel spectacle ! Quelle métamorphose que ce ciel changeant de couleurs en quelques secondes et sans que l’œil humain ait le temps suffisant d’en enregistrer toutes les beautés et toutes les nuances : bleus, gris, ocres, jaunes, bruns, oranges, rouges. Seules mes nombreuses photos révéleront cette splendeur si incroyable. Le temps presse et je suis bien trop loin de l’étang. Je reprends la route, direction Le Barcarès cette fois. Je stoppe au bord de l’étang. Le ciel rougeoie. Un obscur Massif du Canigou se détache dans cet horizon incandescent mais éphémère car trop rapidement changeant. Ce soir, le Canigou, Seigneur des Pyrénées ou Olympe des Catalans, justifie pleinement tous les superlatifs qu’on lui attribue habituellement. L’étang ressemble à une couche de braises lisse et sans défaut. Seule l’image inversée de la Montagne sacrée vient assombrir cette belle et écarlate verrière. Ce « fond d’écran » flamboyant n’est pas sans me rappeler ceux de mon ami Bruno Carrias, pêcheur d’images dont la passion est de photographier le pic du Canigou depuis la Provence ou Marseille, distante de plus de 250 km. Images encore plus insolites car souvent qualifiées de « mirages » ou de « miraculeuses », quand on sait que la terre est ronde et que depuis Notre-Dame de La Garde à Marseille, le sommet du Canigou est censé être sous l’eau à 120m de profondeur. Cet incroyable phénomène optique par réfraction atmosphérique de la lumière n’est pas récent puisque déjà observé en 1808 par le baron Von Zach, mais alors qu’est que c’est beau ! Sur ce « Sentier du Pêcheur » assez perso, la pêche a été bonne. Rien d’alimentaire bien sûr, mais si nourrissant sur le plan des plaisirs simples. Des plaisirs simples à la portée de tous. Telle qu’effectuée et expliquée ici, à savoir, visite détaillée du château, entorse au tracé originel, plus ce dernier en sus avec un aller/retour au niveau du lieu-dit Devès, cette balade a été longue d’environ 10 à 11 km. Le temps pour l’effectuer est si ridicule que j’aime autant ne pas vous l'annoncer ! Carte I.G.N 2547OT Durban – Corbières – Leucate.
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En 2009, j’avais proposé dans mon blog, une courte promenade consistant à cheminer la « Falaise de Leucate » selon une boucle de ma composition. Depuis, la commune de Leucate a fait des efforts en traçant et en balisant plusieurs sentiers de randonnées. C’est ainsi que l’on trouve un « Sentier du Vigneron », un « Sentier du Berger », un « Sentier du Pêcheur » et enfin un « Sentier du Guetteur » que je vous propose ici, avec il est vrai, de nombreuses libertés que j'ai prises par rapport au tracé originel. Bien que ce dernier sentier soit celui qui ressemble le plus à ma « promenade », puisqu’il chemine le bord de la falaise, je l’ai néanmoins choisi en priorité. Pourquoi me direz-vous ? D’abord parce que j’ai trouvé une version en boucle plus longue qui m’a bien plu et qui démarre depuis l’Office de tourisme se trouvant au village. Mais ce n’est pas là le seul motif. En effet, le mot « guetteur » a soulevé en moi de vraies interrogations et je me suis demandé pourquoi on avait attribué ce nom-là à cet itinéraire ? Alors, j’ai compulsais tous les sites Internet évoquant cette balade, j’ai cherché et trouvé le dépliant parlant de ce sentier, et là ô surprise, pas le début d’une moindre explication ! Enfin si peu ! De ce fait, ça n’a fait qu’amplifier ma curiosité légendaire et je me suis dit « il faut que tu saches avant d’y aller » ! En effet, on sait tous ce qu’est un vigneron, un berger ou un pêcheur, on connaît ces métiers-là et leurs activités, même sans jamais les avoir pratiquées, mais force est de reconnaître que la fonction de « guetteur » soulève un tas de questions. D’abord parce que le mot « guetteur » a inévitablement plusieurs synonymes que sont les mots « soldat », « gardien », « garde », « vigile », « sentinelle », « factionnaire », « veilleur », « surveillant », « planton », « douanier » « observateur » et j’en oublie sans doute beaucoup d'autres. Alors, ici à Leucate et sur la falaise qu’y est-il ce guetteur ? Que guette-il ? Où se trouve-il ? « Quels sont les besoins, les dangers ou les menaces qui nécessitent une telle présence ? » Et si je mets volontairement toutes ces questions au présent, le passé pourrait tout aussi bien être employé. Enfin, voilà les quelques questions auxquelles j’avais envie de répondre avant de partir marcher et d’y aller voir. Le 21 septembre, j'ai lu le bouquin de Jacques Hiron« Il était une fois Leucate » (*) et je l’ai complété par la lecture de nombreux sites Internet et finalement je crois comprendre pourquoi le sentier s’appelle ainsi. La météo s'annonce exceptionnelle et je me dis qu'il ne faut pas louper cette occasion. Je pars et arrive à Leucate où je gare ma voiture à l’entrée du village, mais côté sud, côté direction Leucate Plage et Port-Leucate, car je sais que ma boucle se terminera par là. Mais ce n’est pas la seule raison. J’ai envie de découvrir le village que je ne connais pas et je me dis pourquoi ne pas le faire avant d’entamer ce Sentier du Guetteur dont le vrai départ est à l’entrée nord, devant l’Office du Tourisme comme déjà indiqué. J’emprunte la rue principale, la plus directe remontant vers le nord du village, mais parfois je me laisse entraîner dans de charmantes petites ruelles. Finalement, j’arrive au centre, là même où se trouve la jolie mairie, la belle église la statue de Françoise de Cézelly (**), le monument aux morts, de jolies fontaines et divers commerces. Ces deux places mitoyennes me paraissent suffisamment sympathiques pour que j’y déambule, tourne tout autour puis finalement je m’installe à la terrasse d’un bistrot pour prendre un « café ». Je fais le choix d’un « expresso » bien que ce terme n’ait aucun rapport avec le rythme de marche que j’ai l’intention de m’imposer. Non franchement, je ne suis pas pressé. Je connais bien le secteur de la falaise, les chemins qui y mènent et leurs longueurs et je sais déjà que la journée sera amplement suffisante pour accomplir la boucle programmée. En effet, pendant très longtemps, ce plateau et cette falaise de Leucate ont été des lieux où mes passions se sont exercées et puis nous y venions très souvent avec les enfants car pour eux tout était prétexte à trouver aisément des terrains de jeux. Les murets servaient de cache et de labyrinthes, les cabanons vides de cabanes et puis nous avions le sentiment de les former à aimer la Nature. Ici, pour des yeux d’enfants tout est vite démesuré et pour leurs petits cœurs guillerets trouver des attractions était plutôt facile. Enfin, il y avait la mer. Voilà aujourd’hui ce que je connais du plateau de Leucate, c'est-à-dire des évocations personnelles lointaines mais en réalité peu de choses sur le plan patrimonial et naturaliste. Or c’est bien ça que j’ai envie de découvrir aujourd’hui. Je quitte le bistrot, direction le château dont un panonceau vient de m’indiquer la direction. Autant l’avouer, il y a quelques semaines et jusqu’à l’instant de lire son Histoire, j’ignorais encore qu’il y avait eu un château et une héroïne à Leucate mais aujourd’hui avec cet acquit, j’ai le sentiment d’être mon propre guide. Une fois de plus ma curiosité m’entraîne sur des chemins non programmés initialement. Quand j’arrive à proximité du château, ou tout du moins de ce qu’il en reste, c'est-à-dire un monceau de ruines, je constate que le « Sentier du Pêcheur » y passe juste à côté, alors ayant bien l’intention de l’accomplir un jour, je me dis « à quoi bon perdre du temps aujourd’hui à des découvertes que je ferais un jour prochain ! ». Ce n’est jamais de gaieté de cœur que je quitte des édifices à découvrir, mais là je n’hésite pas une seule seconde car j’imagine déjà que d’autres découvertes seront au programme. Elles n’attendent que moi et je m’en persuade. J’arrive devant l’Office de Tourisme. Enfin c’est juste un point d’information. Il est fermé. A côté se trouvent un vaste parking et la Maison du vignoble. Je fais une courte visite à cette maison puis je retourne lire le panonceau indicatif approprié : « Sentier du Guetteur – vers la Franqui 5,8 km – vers le phare 5,5 km ». J’ai bien l’intention de voir les deux. Je redescends la rue principale en essayant de suivre un balisage de couleur jaune. C’est la rue Francis Vals. Un socialiste lui aussi mais qui n’a rien à voir avec le Manuel aux deux « L ». A hauteur d’une première rue qui file à gauche, une pancarte mentionne de manière amusante « sentier de randonnées pour les nuls ». Aujourd’hui, j’accepte volontiers cette dénomination et m’engage dans cette direction. Il semble que ce soit la rue du Cercle devenant peu après le chemin du Moulin. Ces voies m’entraînent très vite hors du village. L’ancien moulin à vent est là. Il a perdu ses ailes. C’est le moulin du chemin Neuf où jadis les habitants apportaient leurs grains de céréales qu’ils avaient récoltés pour les faire moudre puis ils revenaient chercher leur farine pour faire leur pain. Il y avait trois moulins au village. Je pousse un petit portail pour le découvrir de plus près. Force est de reconnaître qu’on ne peut pas y entrer comme dans un moulin car les portes sont barricadées d’épaisses grilles. Deux pierres meulières trouées comme du gruyère jonchent le sol. Il y en a une rafistolée et l’autre carrément brisée en plusieurs morceaux. Quand on connaît un peu la géologie du plateau de Leucate, constitué d’une dalle lacustre calcaire, on n’a aucun mal à comprendre qu’elles proviennent du secteur, voire de la falaise où se superposent plusieurs couches plus ou moins dures, résultats de différents dépôts sédimentaires. D’ailleurs, il suffit de regarder les murets qui encadrent le parcours et l’on y voit les mêmes pierres trouées. Ici la pierre c’est le matériau de base depuis que l’homme sait les utiliser pour bâtir. Je continue et au lieu-dit Codecas, de nouveaux panonceaux m’envoient dans la bonne direction. Le sentier se rétrécit et descend dans ce qui ressemble à un petit vallon. Il n’y a pas d’eau mais un puits y trône en plein milieu. Au premier coup d’œil, il ressemble à un cachot avec lui aussi de solides grilles. Il y a une aire de pique-nique et un cabanon planqué sous des bougainvilliers magnifiquement fleuris. C’est le lieu-dit la Fontaine de Loin, ainsi appelée car elle était loin du village et pendant très longtemps ce fut le seul point d’eau douce des Leucatois. Je poursuis et atterrit rapidement sur l’asphalte d’une route. Je connais bien cette route ou plutôt ces routes au pluriel car comme déjà indiqué, je les empruntais pour venir pêcher ou bien quand nous venions en famille soit pour nous baigner soit pour nous promener au grand air. Selon les saisons, c’était parfois l’occasion de ramasser des asperges sauvages ou bien de cueillir des amandes. A force, nous avions fini par connaître les bons arbres, ceux là mêmes où les fruits ne sont pas amers. Aujourd’hui les amandes sont encore très nombreuses sur les arbres mais j’ai tout oublié de cet agréable passé. Je m’essaie à en manger deci delà mais elles ont toutes cette saveur amère et finalement j’abandonne cette idée. Après tout, je ne suis pas venu ici pour garder un goût amer de cette balade ! Les intersections et les chemins étant nombreux, j’allume mon G.P.S où j’ai pris soin d’enregistrer le tracé choisi. Il m’indique la bonne direction mais une fois encore, absorbé par ma passion de la photo ornithologique, je m’égare. Il faut dire qu’il y a des oiseaux à profusion et dont certains en rassemblements très importants : chardonnerets, serins, verdiers, pinsons, grives, alouettes, bruants, moineaux, pies-grièches, rouges-queues, rouges-gorges, fauvettes sans compter les hirondelles qui volètent en grande quantité. Le divertissement de ces dernières consiste à prendre les routes enchâssées de hauts murets pour des couloirs aériens. Elles y descendent en piquée, se frôlant souvent et donnant parfois l’impression qu’un télescopage paraît inévitable. Quand elles arrivent à quatre ou cinq vers moi, c’est assez impressionnant, car j’ai le sentiment qu’elles attendent le tout dernier instant pour m’éviter. Mais non, elles ont un don pour s’éviter entre elles, éviter les obstacles de toutes sortes et reprendre de la hauteur. A force de courir derrière des oiseaux, il est temps que je prenne moi aussi un peu de hauteur et revienne aux « fondamentaux », c'est-à-dire au Sentier du Guetteur. Je sors mon GPS de la poche et constate que je ne suis plus nulle part. Le « waypoint » me signale comme étant hors tracé enregistré. Je fais demi-tour car après tout, les chemins sont tous identiques et j’imagine que des oiseaux il y en a un peu partout. C’est le cas. Murets, cabanons, amandiers, haies, vignes, cyprès et quelques pinèdes composent ce beau paysage à la fois rude mais plein de douceur. Les fleurs sauvages sont plutôt rares et se résument à quelques pissenlits et aux sempiternelles brassicacées que l’on rencontre dans les vignobles et les haies. Finalement, j’atteins la falaise et bien que je connaisse l’endroit par cœur, je ne peux m’empêcher de rester en extase devant cette incroyable vue plongeante sur la plage de la Franqui. La plage des Coussoules. Je décide de me reposer un peu. A l’instant même où je me défais de mon sac à dos pour le poser sur un muret qu’elle n’est pas ma surprise de constater que je vais le déposer sur une couleuvre de Montpellier. Elle est là, juste à la hauteur de ma taille, immobile au soleil, verte, jaune et luisante. Elle m’observe sans bouger de ses grands yeux noirs fixes et presque hypnotiques. Stupéfait sur l’instant, je ne bouge plus moi non plus et dans une deuxième temps j’ai beau être réactif à vouloir la photographier, elle échappe en partie à mon objectif. Elle file. Alors, je grimpe sur le muret et me lance à sa poursuite. Par bonheur, après avoir traversé des buissons plutôt touffus, elle file sur l’herbe et des ramilles de pins et finit par s’immobiliser derrière une branche où elle a sans doute le sentiment d’être en sécurité. Je suis à quatre ou cinq mètres d’elle et en zoomant, je réussis à la photographier convenablement. « Plus grand serpent d’Europe pouvant atteindre 2 mètres et même les dépasser parfois ? » avais-je lu à son propos ? Mais celle-ci est plutôt petite et frêle. Elle n’atteint pas un mètre et est plutôt filiforme. Je ne la vois pas dévorer un lapin comme j’ai pu le lire. Après quelques photos, je la laisse à sa frayeur de m’avoir rencontré et je pars en contemplation en bordure de la falaise où je m’assieds face à ce panorama tricolore. Il est bleu, vert et blanc cassé. Les bleus bien différents du ciel, de la mer et de l’étang, le vert des pins qui descendent en cascade jusqu’à la mer et le blanc cassé de la plage formant une courbe quasi parfaite jusqu’à l’horizon. Il n’y a rien d’autres mais c’est très beau. Une barre de céréales, trois gorgées d’eau et je continue en direction de la Franqui en empruntant un large escalier. A cet endroit même, mes lectures m’ont appris qu’il y avait eu un fort, celui de la Basse-Franqui dont Henry de Monfreid dans son livre « le Cap des Trois Frères (***) indique qu’il aurait été construit sous Napoléon. Militairement, ce petit fortin n’eut que peu d’importance. Par contre, de ce coin si paisible aujourd’hui, il écrit que « ce lieu de la Basse-Franqui fut le théâtre de sanglants combats entre Français et Espagnols lorsque Schomberg gouvernait le Languedoc ». C’était en 1637 et ce fait militaire est resté dans l’Histoire sous le nom de « Bataille de Leucate », car bien évidemment le château du village était en première ligne et pour nos ennemis, c’était l’objectif premier dont il fallait s’emparer. Les Espagnols disposaient de la forteresse de Salses et de 12.000 fantassins et les Français du château de Leucate et d’une centaine d’hommes seulement. L’équilibre des forces semblait précaire pour les Français et pourtant ils tinrent le choc plusieurs jours, puis s’organisèrent peu à peu en recevant de multiples renforts. La commune fut complètement anéantie par les troupes espagnoles mais finalement les Français l’emportèrent. En 1659, c’est le Traité des Pyrénées et le château perdant toute utilité, il est démoli sur ordre du roi Louis XIV en 1665. On peut le regretter car or mis la crainte qu’il retombe un jour entre les mains de nos ennemis, on ne voit pas trop où se trouve l’intérêt d’une telle démolition pour ne pas dire un tel saccage. Pourtant le véritable fait d’armes du château date de 1589 et on le doit à Françoise de Cézelly (**). Il faut avoir lu son Histoire pour comprendre pourquoi elle continue à être une héroïne pour les Leucatois. C’est leur Jeanne d’Arc ! Il ne reste plus rien de ce petit fort de la Basse-Franqui qui fut transformé plus tard en une redoute occupée par des douaniers. Aujourd’hui cette anse qui a servi depuis toujours de lieu de mouillage et de débarquement est plutôt calme. Seuls deux fous de windsurf glissent comme des malades poussés qu’ils sont par une bonne brise venant du large. Je descends l’escalier, tout en essayant de voir si j’aperçois un quelconque vestige. Je ne vois rien. Ma principale intention est d’aller voir si il y a des oiseaux à l’étang. Ensuite, j’ai prévu de me baigner puis de pique-niquer avant de poursuivre sur la falaise. Je n’ai pas prévu la visite de la station balnéaire mais une fois encore ma curiosité m’entraîne dans des méandres improvisés. Petite chapelle Notre Dame de la Mer, Villa Amélie où naquit Henri de Monfreid, nombreuses villas en espaliers au pied de la falaise avec toujours des architectures surprenantes de toutes apparences, allant de la maison du pêcheur au chalet en passant par les maisons de maître, d’imposants hôtels ou de très belles résidences comme le Belvédère par exemple. Ici les styles architecturaux se mélangent et « la Belle Epoque » côtoie « l’Art Déco » et bien d'autres styles parfois rococos. Toutes ces belles maisons sont entourées de charmants jardins avec souvent de grands pins parasol, des palmiers et des plantations exotiques. Finalement, après cette longue errance, j’arrive sur le ponton longeant la superbe plage des Coussoules. Elle est aussi belle vu d’en bas qu’elle ne l’était depuis la falaise. Une fois encore, mes lectures Internet m’ont appris qu’elle avait été classée 4eme plus belle plage de France par le label Pavillon Bleu sur des critères bien évidemment de propreté et de commodités qui vont avec. Bien que la saison estivale soit terminée, ça semble mérité. Toutes ces découvertes de la Franqui étaient plutôt imprévues même si j’avais lu pas mal de choses avant de venir ici. Dans l’immédiat, direction l’étang et le grau faisant sa jonction avec la mer. Aujourd’hui, le grau est fermé et seul un étroit chenal parallèle à la mer tente en vain de faire le lien. Les oiseaux sont peu nombreux mais il y a néanmoins des goélands, des mouettes rieuses et une aigrette entrain de pêcher. Il faut quand même pas mal marcher pour les photographier, mais je suis venu pour ça. Parmi les goélands, dont la plupart sont des « leucophées » et ont comme toujours un bec jaune, large et un peu recourbé, il y a étrangement mais séparé des autres, un couple au bec orangé bien plus pointu. Je dis étrange car c’est bien la première fois que j’en photographie de la sorte. J’apprendrais plus tard qu’il s’agit de goélands railleurs dont l’espèce a tendance à disparaître car il n’y aurait plus que 2000 couples dans toute l’Europe. Des petits poissons, probablement des mulets, sont pris au piège des basses eaux et la surface de l’étang scintille constamment de ces bancs frétillants. Il y a également de nombreux crabes verdâtres, des cranquets comme on les appelle ici. Dès que j’approche, ils ouvrent leurs pinces. Quelque peu rassurés, ils cherchent à s’éloigner ou à s’enterrer dans le sable. L’aigrette garzette, avec son bec long et puissant, a peu d’effort à faire pour se régaler de toute cette « parillade ». Les goélands semblent préférer les bivalves, petites coques ou tellines aux coquilles très fragiles. Si je pouvais, je resterais des heures à observer et à photographier tous ces animaux où l’on constate que la survie est la destinée de tous les instants. Manger sans se faire manger, voilà le leitmotiv. La chaîne alimentaire s’étire sous mes yeux. Pour moi aussi, il est temps d’aller manger et comme j’ai prévu un petit bain avant le pique-nique, je file vers la digue brises-lames en longeant le bord de la plage. La baignade se résume à une courte trempette car l’eau est beaucoup plus fraîche que je ne l’avais supposée. Le pique-nique englouti, je poursuis le sentier au pied de la falaise car je sais qu’il existe une possibilité pour rejoindre sa corniche. Mon énergie vagabonde dont Sylvain Tesson fait l'éloge et mes errements continuels ne me font pas perdre de vue que je suis venu accomplir le Sentier du Guetteur. Je le rejoins juste avant le Fort de la Haute-Franqui qui est de loin le plus beau monument de ce parcours. Ancien fanal et ancien fortin, il a été restauré à l’identique sur les vestiges d’un ancien fort qui aurait construit sous Louis XIV en 1711. Il faut dire qu’il est le seul survivant des trois principaux forts qui étaient là pour surveiller cette côte leucatoise. Henry de Monfreid, dans son livre « le Cap des Trois Frères » (***) l’appelle le Fort Rouge et l’historien Jacques Hiron dans son remarquable livre « Il était une fois Leucate (*) » explique que cette appellation serait en rapport avec l’argile ferrugineuse rouge faisant tache sur le reste de la falaise blanche à cet endroit-là, juste en dessous du monument. Il nous dit aussi qu’il était parfois dénommé « Redoute », mot que l’on retrouve dans Wikipédia ou sur les cartes IGN de Géoportail. Certains l’ont appelé « Temple » à cause de l’originalité de son architecture de style « grec antique » ou bien encore « Fort Cerbellon » du nom d’un commandant espagnol pendant le siège de 1637. Encore que ce dernier fort, certains historiens le situent plutôt du côté des étangs. Bien que son origine soulève certaines interrogations, car grecs, romains, espagnols et napoléoniens ont été parfois supposés comme les éventuels architectes, voilà déjà de belles explications à la dénomination « guetteur » que je cherchais à comprendre. Ce n’est pas la seule comme on le verra plus loin mais de tout temps, la falaise de Leucate a été un lieu stratégique pour surveiller la mer. En tous cas, ce fortin a depuis très longtemps, et avec certitude depuis 1779, était là pour assurer une surveillance maritime. Je le photographie sous toutes les coutures tant il est beau puis je continue, pas toujours sur le chemin mais le plus souvent au plus près de la falaise. Je retrouve les sentiers que j’empruntais jadis pour aller pêcher au Cap des Frères (***) ou dans l’Anse du Paradis. Pêches du bord ou parties de chasse sous-marine ont très souvent empli mon temps libre et la Falaise de Leucate était un de mes coins préférés. Ici les sentiers ne sont jamais faciles mais je me souviens en avoir emprunter des carrément très risqués. Ici au cap et dans l’Anse du Paradis, il y en avait trois pour rejoindre la rive dont deux étaient vraiment très périlleux. Tel un cabri, je descendais à flanc de falaises sur d’étroits balcons abrupts avec tout mon attirail parfois très lourd, ceinture de plomb de 9 kilos et tout le reste quand la chasse en apnée était au programme. Aujourd’hui avec 25 ou 30 ans de recul, je prends soudain conscience de la témérité mais surtout de l’inconscience guidant mes pas pour assouvir mes passions et pêcher quelques poissons. Un faux-pas et s'en était terminé ! De nos jours, sur les parties les plus dangereuses, des ganivelles ont été installées et c’est très bien ainsi. Le Cap Leucate est là avec son sémaphore, bâtiment moderne de 1990 mais dont l’Histoire nous apprend qu’il a été construit comme les 55 autres méditerranéens au 19eme siècle à l’initiative de Napoléon et sur la base de l’invention de Claude Chappe, qui est le vrai précurseur des sémaphores modernes. Aujourd’hui, il est reste 19 sur tout le pourtour méditerranéen, Corse incluse où il y en a 7, tous gérés par la Marine Nationale en liaison avec le FOSIT (Formation Opérationnelle de Surveillance et d'Information Territoriale). Un site Internet dédié m’a appris que les surveillants sont tout bonnement appelés « guetteurs ». Guetteurs sémaphoriques pour être plus précis et les distinguer des guetteurs se trouvant à bord de bateaux. Dans une chambre dite de « veille » et munis de puissantes jumelles, ils scrutent la mer et son horizon en permanence. Ils peuvent voir jusqu’à 24 km de distance. Ils sont une dizaine à se relayer, 24 h sur 24 et 7 jours sur 7 avec un tas de missions dont voici la liste non exhaustive : surveillance des espaces maritimes mais également terrestre et aérien dans leur périmètre de veille, surveillance et contrôle de la navigation, prévention des pollutions, surveillance des pêches, détection des incendies, surveillance des sites archéologiques et des épaves, observations météorologiques, tout cela en liaison avec les spécialistes concernés comme le Cross, Snsm, Météo France, les pompiers et bien d’autres organismes publics ou privés et autres instances militaires. Le sémaphore se visite lors des Journées du Patrimoine. Voilà une fois de plus ce que j’ai lu avant cette balade et je tiens définitivement mon explication. Le Sentier des Guetteurs au pluriel aurait peut être été plus approprié mais enfin c’est tout de même très bien de rendre hommage à une profession dont la mission est de surveiller la France et de nous protéger. Il ne me reste plus qu’à boucler ma boucle. J’arrive au dessus de la Plagette où je garde là aussi de nombreux bons souvenirs. Plage aux eaux turquoises encore très tranquille il y a 20 ou 30 ans, nous y venions régulièrement avec les enfants. Il faut dire qu’à l’époque, cette plage était pour eux un magnifique terrain de jeu car outre les bains de mer, il y avait cette dune très pentue qui leur servait de toboggan naturel. Ils passaient autant de temps à dévaler la dune avec des roulés-boulés qu’à se baigner. Les géologues les appellent « dune suspendue », curiosité géologique plutôt rare surtout en Languedoc-Roussillon où elle est la seule. D’ailleurs, il en est de même pour la falaise, la seule de la région avec un accès direct sur la mer. De nos jours, la dune a pratiquement disparu et il se dit que parmi les facteurs de cette disparition que sont le ravinement de la falaise, l’érosion éolienne et le déclin de certaines plantes retenant le sable, le piétinement humain aurait sa part non négligeable. Mes enfants ont donc une petite part de culpabilité. Il est vrai que depuis leurs venues, cette Plagette a acquis une grande notoriété et dès les premiers beaux jours, elle est souvent bondée malgré la pénibilité qu’il y a à y descendre. Il est vrai qu’elle constitue aussi un petit « spot » pour les férus du parapente et pour tous ceux qui ont envie de voir « le bas d’en haut » en passant leur baptême dans cette discipline. Enfin d’encore plus haut que les 52 mètres que constitue la hauteur de la falaise. Moi, contrairement à Dutronc, je n’ai jamais rêvé d’être « une hôtesse de l’air », alors je descends vers cette Plagette où la mer n’a jamais réussi à effacer mes souvenirs. Et comme la géologie m’intéresse un peu, je vais surtout passer mon temps à photographier des fossiles dans ce travertin qui s’écroule peu à peu de la corniche et laisse apparaître une mine incroyable de ces reliques des temps anciens. Faluns ou lumachelles en grande quantité, ici je ne sais pas trop quel est le bon terme ? J’ai le sentiment qu’il y a les deux. Je reste un amateur intéressé par la géologie, mais peu éclairé scientifiquement. En effet, voilà un domaine où les noms scientifiques ou latins sont légions et les connaître tous est carrément mission impossible. Les retenir, pensez donc ! Ici, il y a des fossiles marins un peu partout. En tous cas, il y en a de nombreux qui ressemblent à ce que j’ai pu voir sous l’eau au temps où je plongeais : madrépores, bivalves, algues, coraux, bryozoaires, vers marins et éponges par exemple mais j’avoue que je ne connais pas les noms latins ou scientifiques de toute cette Nature engluée dans le calcaire. Pourtant, je sais qu'ils ont tous des noms qui les différencient. Après ces découvertes, qui en réalité n’en sont pas vraiment ; tant de fois je suis venu ici ; je remonte, passe devant le restaurant, le phare, pars visiter des blockhaus et l’ancien emplacement d’un radar allemand car après tout, tous ces monuments, vestiges et matériels avaient tous des missions identiques : guetter, surveiller et prévenir. Seul l’ancien Fort des Mattes datant de 1742, le fameux troisième fort de cette falaise ne livre aucun secret. Il a été rasé et je ne retrouve rien de son emplacement. Malgré tout, force est de reconnaître que ce Sentier du Guetteur mérite bien son nom. Sur cette falaise, l’action de « guetter » a été quasiment exclusive et si par hasard, il y en a eu d’autres, elles ont toutes étaient supplantées. La voiture est encore loin alors je finis le reste de mon casse-croûte avec vue sur Leucate Plage et les autres plages dont je devine la terminaison dans la déclinaison des Albères et la pointe du Cap de Creus. Pour quelques instants encore, je continue d’être un guetteur de beaux panoramas. Quelle superbe balade ! J’emprunte le chemin du Phare, longeant le hameau de Malagaïto, mais avant de rejoindre le village, je termine du côté des étangs, à la fois à cause des oiseaux qui y sont nombreux mais aussi pour me faire une petite idée de ce que sera le Sentier du Pêcheur que j’envisage d’accomplir un jour prochain. Parmi les oiseaux aperçus, il y a d’étranges étourneaux à tête blanche encore jamais vus, en tous cas d’une si éclatante blancheur. J’apprendrais qu’il s’agit d’adolescents, individus encore juvéniles dont le passage à l’âge adulte est imminent. Décidément, c’est un vrai bonheur que d’en apprendre tous les jours et parfois je me dis qu’on ne devrait jamais passer à l’âge adulte, ni vieillir tant il y a encore de merveilleuses choses à découvrir ! Adolescent j’ai été, adolescent je reste avec mon regard. Un « Certain Regard », c’est le joli nom d’une enseigne aperçue dans le centre de Leucate. Une dénomination que je fais mienne. Selon mon G.P.S et telle qu’expliquée ici, errements compris, j’ai parcouru une distance de 13,8 km, mais attention, si j’en crois les différents panonceaux, le seul « Sentier du Guetteur » est bien plus court et puis les versions sont assez nombreuses, alors à vous de voir comme je l’ai fait moi-même. En tous cas, quel que soit l’itinéraire, cette balade est formidablement belle et si en sus vous avez le bonheur d’une belle journée ensoleillée, je vous le promets, « vous serez comblé ! » Attention néanmoins à éviter un jour de forte tramontane, elle souffle parfois très très fort au sommet de la falaise ! Alors prudence si c’est le cas. Chaussures à tiges hautes recommandées et boissons suffisantes en cas de grosse canicule. Carte I.G.N 2547 OT Durban – Corbières – Leucate- Plages du Roussillon Top 25.
(*) « Il était une fois Leucate » est un livre de Jacques Hiron, romancier, journaliste, historien, auteur de bandes dessinées et scénariste comme il aime à se présenter lui-même sur son site Internet. Si vous voulez tout connaître de Leucate, son livre est vraiment incontournable. Enfin, moi qui voulais en connaître un maximum sur Leucate avant de me lancer dans cette balade, je n’ai pas pu le contourner et je n’ai eu qu’à me féliciter de ce choix tant ce bouquin est une véritable mine d’informations. La première version du livre est parue en 1998 à l’Edition du Cap Leucate mais il semble que d’autres éditions avec des mises à jour sont parues depuis. Celle que j’ai pu me procurer date de 2005. La plupart des mentions historiques ou patrimoniales citées dans mon article ont été extraites de ce livre.
(**) Françoise de Cézelly: Il est impossible d’évoquer l’Histoire de Leucate sans parler de Françoise de Cézelly, l’héroïne du village dont le destin fut pris en tenailles entre préserver la vie de son époux fait prisonnier par les Espagnols ou défendre coûte que coûte le fort de Leucate et sauver ainsi de très nombreux Leucatois. Elle n’hésita pas une seconde à faire le second choix. C’était en 1589 et nous sommes en pleine guerre des religions entre catholiques et protestants. Les Ligueurs catholiques n’ayant pas voulu reconnaître le protestant Henri IV comme roi de France sont alliés aux Espagnols. Leurs armées conjointes attaquent le château pour tenter de s’en emparer car ils le considèrent comme stratégique dans la défense de la frontière et dans leur désir de s’étendre vers le nord. Pour plus de détails sur cette Histoire et sur Françoise de Cézelly, il existe de nombreux sites Internet qui la relatent. Le site de la mairie de Leucate en donne un bon résumé. Une phrase extraite d’une lettre qu’elle écrivit aux consuls de Narbonne le 21 août 1589 résume bien son désarroi au regard de la guerre à laquelle elle est confrontée bien malgré elle : « C’est le temps désespéré que pour bien faire, il faut perdre la vie ». Après être tombée dans l’oubli, Leucate décide de lui rendre hommage. Au fil du temps, plusieurs statues seront été érigées et la première d’entre-elles est sujette à une histoire de clés de la ville. La voici. Le 16 août 1899, les autorités leucatoises inaugurent une statue en bronze de l’héroïne, œuvre du sculpteur Paul Ducuing. Statue identique à celle que l’on peut voir de nos jours sur la place du village. On y voit la jeune femme en situation de combattante brandir haut les clés de la cité, ces clés étant bien évidemment représentatives de sa vaillance à défendre coûte que coûte les Leucatois en 1589. Jusqu’à un jour maudit de 1942, cette statue de bronze est la fierté de tous les Leucatois. A cette époque Leucate dépend directement du régime de Vichy car la commune se situe en zone libre. Le bronze est un matériau très recherché car une fois fondu, il est utilisé à la fabrication d’armements en faveur des Allemands. De ce fait, la plupart des statues de bronze tombent de leur piédestal afin d’être fondues. Celle de Françoise de Cézelly n’échappe pas à la règle. C’est une entreprise de Perpignan qui se charge de sa dépose le 28 avril 1942. Suite à une mauvaise manoeuvre, la main gauche tenant les clefs de la ville se brise, se sépare du reste de la statue et tombe par terre. Un villageois ramasse la main et la remet au secrétaire de mairie de l’époque, Léo Teisseire. Grâce à ce réflexe providentiel, les clés évitent de partir à la fonderie. Une fois encore, Françoise de Cézelly n’a pas remis les clefs de la ville à l’ennemi. Tout un symbole qui ne fait que renforcer sa fabuleuse destinée. Depuis, cette main de Françoise de Cézelly tenant les clés de la ville est fièrement exposée à la mairie de la ville. Françoise de Cézelly repose à l’église Saint-Paul de Narbonne à côté de son époux Jean de Boursiez de Barri. On notera que le nom « Cézelly » figurant sur les statues de Leucate est parfois écrit de manières différentes sur des textes et sur Internet : « Cezelli » « Cézelli » voire « Cézely » ou encore « Céselly ». J’ai donc procédé à de rapides recherches sur plusieurs sites généalogiques et il apparaît assez clairement que « Cézelly » serait le plus souvent usité et notamment dans la région de Montpellier dont l’héroïne était originaire. A cause de transcriptions manuscrites sur les actes anciens, ce type d’erreurs était coutumier, ceci expliquant sans doute les diverses versions que l’on retrouve encore de nos jours.
(***) Le Cap des Trois Frères est le nom d’un cap situé sur la falaise entre la Franqui et Leucate Plage. De par sa situation, il permet à l’anse de la Basse-Franqui d’être quelque peu abritée du vent d’est et des violents coups de mer venant de cette direction. De ce fait, cette baie a été de tout temps, depuis les Phéniciens en passant par les Grecs et les Romains jusqu’au 20eme siècle, le seul endroit de tout le Languedoc-Roussillon où les bateaux pouvaient venir jeter l’ancre pour s’y mettre en sécurité. Par voie de conséquence, les naufrages y ont été nombreux et la falaise était par évidence un observatoire rêvé sur la circulation maritime. De nos jours, cette baie est idéale pour les fans de glisse sur l’eau et depuis de longues années, la commune de Leucate/la Franqui accueille le «Mondial du vent », manifestation qui est devenue un événement majeur dans les disciplines que sont le windsurf et le kitesurf. Les avis divergent sur son nom « des Trois Frères ». Certains disent qu’il viendrait des trois petits îlots qui composaient son extrémité. La mer les aurait quelque peu émiettés depuis. D’autres affirment que c’est le nom d’un bateau qui aurait fait naufrage à cet endroit-là, d’autres qu’il y aurait eu un naufrage dans lequel trois frères auraient réchappé par miracle à la mort. Enfin, il y a une version plus légendaire liée à une sorcière, raison pour laquelle ce cap est également appelé le Rocher de la Sorcière. Ce rocher n’est pas imaginaire comme on peut le voir sur mon diaporama, mais vu de la mer, cette sorcière est encore plus ressemblante et impressionnante. Cette légende est lisible en cliquant sur le lien suivant : l’Enjambée leucatoise. Le Cap des Trois Frères, c’est aussi le titre d’un livre de 1959 d’Henry de Monfreid dans lequel l’auteur raconte sa petite enfance à la Franqui. Pour moi, ce cap est synonyme de pêches. Pêches du bord, de jour ou de nuit, mais également parties de chasses sous-marines. Comme toujours quand on évoque des parties de pêches, on ne garde en mémoire que les plus belles, les plus fabuleuses, celles qui très souvent ont engendrées des photos ou des tableaux comme on dit dans le jargon du pêcheur. Pourtant, il y a eu aussi des bredouilles et là c’était vraiment rageant car venir jusqu’au cap pour rien n’était jamais une sinécure. D’ailleurs, remonter la falaise avec plusieurs kilos de loups, mulets, sars, oblades, rougets, limandes ou seiches ne l’était pas moins mais la satisfaction d’une belle pêche me faisait oublier les difficultés. Vous pouvez retrouver quelques unes de ces belles pêches sur un diaporama que j’ai créé et que j’ai intitulé « Souvenirs halieutiques ».
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Il y a au moins une vingtaine d’années que je n’avais plus réalisé cette jolie boucle menant vers « la Serre du Scorpion depuis Fitou ». Certaines cartes la mentionnent en catalan en Serrat de l’Escorpiu. A l’époque, j’avais découvert cette balade au départ de Fitou sur un magazine dont le titre « Une randonnée qui décoiffe » m’avait interpellé. Bien sûr, le chroniqueur faisait allusion à la tramontane ou au cers qui soufflent souvent très fort sur ces hauteurs pourtant très modestes dominant magnifiquement les étangs de Leucate et de Salses. Depuis peu et à cause de ces deux vents violents venant du Nord, certaines sociétés de production d’énergie n’ont rien trouvé de mieux que d’installer un vaste parc éolien planté d’immenses « sèche-cheveux ». Alors si toutefois, ils vous prenaient l’envie de partir randonner avec les cheveux mouillés, ici au dessus de Fitou, croyez-moi, d’une manière ou d’une autre, ils sécheront très vite. Quand à vous Mesdames, il n’est pas recommandé d’y venir avec une « mise en plis tendance » ou une « permanente fashion victim » car vous risqueriez d’en revenir bien ébouriffées et faire cette randonnée de manière échevelée, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. En réalité et blague à part, dans cette garrigue parfumée aux senteurs de romarins, de thyms et de lavandes, cette randonnée à la Serre du Scorpion décoiffe toujours autant et quand ce n’est pas le cers, la tramontane ou même la marinade, ce sont désormais les éoliennes fraîchement installées qui se chargent de la ventilation dès le départ. Le départ de cette balade s’effectue non loin du lieu-dit « Cortal Marty ». Pour atteindre ce départ, on traverse Fitou par la D.50, direction Treilles puis peu de temps après avoir quitté Fitou, au carrefour Feuilla-Treilles-Opoul, on emprunte sur quelques dizaines de mètres l’étroite D.9 qui file à gauche vers Opoul. Le départ est là, sur la gauche presque en face d’une jolie capitelle qui se trouve un peu plus loin, sur le bas-côté droit de la route. Un petit terre-plein au départ du parcours permet de garer quelques véhicules sans gêner la circulation. On emprunte la piste déjà balisée en jaune qui monte en épingle à cheveux par rapport à la D.9. Ici, dès la première intersection de plusieurs chemins, si le randonneur a l’esprit autant imaginatif que Don Quichotte, il va croire qu’il voit lui aussi des géants à la place des immenses moulins blancs qui brassent l’espace et s’emparent du paysage de tous côtés. En effet, ici les éoliennes pullulent sur toutes les collines et j’avoue que je ne les trouve pas si moches que ça au regard de l’horreur et du risque qu’aurait pu représenté l’installation d’une centrale nucléaire que je n’ose imaginer. En tous cas, ces éoliennes si proches ont pour effet d’attirer les regards. Mais si le regard est attiré par les éoliennes, il l’est également par deux panonceaux indicatifs de randonnées aux intitulés un peu trop « bateaux » à mon goût : « De la garrigue au vignoble » et « A la découverte d’un pays ». Bien que ces deux P.R ne correspondent pas exactement à ma balade, dans l’immédiat, on va suivre très longtemps le second et finir bizarrement par les deux car leur itinéraire devient commun de Fitou jusqu’ici. Le chemin monte à droite vers Les Courtiels en direction du parc éolien le plus proche et d’une petite bâtisse toute en hauteur dont on peut penser qu’il s’agit d’un vieux poste de transformation électrique comme on en construisait au siècle précèdent. Un peu plus haut derrière les éoliennes, on remarque un haut pylône surmonté d’une plate-forme sommitale et selon l’Histoire de Fitou, il s’agirait d’un vieux phare de jalonnement aéronautique construit en 1927 qui, la nuit, guidait les avions de l’Aéropostale dans leur mission d’acheminement du courrier de Toulouse jusqu’à Dakar. Ici, le chemin passe entre deux impressionnantes éoliennes et sans vraiment sans douter, à 162 mètres d’altitude, on a déjà atteint le point culminant de notre balade. Au milieu d’une végétation rare et rase, les points de vues sont légions et ils dévoilent de magnifiques panoramas sur l’Etang de Leucate et son parc ostréicole. Au loin, c’est la Méditerranée qui agitent quelques reflets d’argent derrière la langue de terre que constituent les plages qui vont du Barcarès à Leucate. Un nouveau panonceau en partie arraché par les vents indique la marche à suivre en direction du Plat des Lugunals. Le sentier s’aplanit. La végétation formée d’arbustes et de plantes de type méditerranéen, toujours aussi basse, devient plus fournie. Etonnamment, on y trouve quelques pieds de graminées comme certains « carex » dont les graines ont du être emportées depuis la rive des étangs. Mais l’essentiel de la flore, ce sont toutes les plantes habituelles de la garrigue comme le chêne vert, le chêne kermès, l’amandier, le roncier, le genêt scorpion, le buis, le thym, le ciste, la lavande, le buplèvre ligneux, le pistachier lentisque, le genévrier, la camélée, le nerprun alaterne, le fenouil, l’oléastre ou olivier sauvage, etc.… ; mais en marchant ce que l’on remarque surtout, ce sont les nombreux romarins bleus ou blancs dont la deuxième floraison annuelle et automnale délivre la seule vraie touche de couleur dans cette flore plutôt uniforme et terne. Le chemin lui aussi se colore et devient parfois ocre ou parfois très rouge au moment même où le seigneur Canigou esquisse son haut sommet couleur de neiges dans un horizon grisâtre et incertain en ce doux mois de décembre. Sur la gauche, les Albères plongent leur longue chaîne bleutée dans une mer aux reflets dorés. Témoins d’un pastoralisme oublié et d’une agriculture disparue, de nombreux murets, des amoncellements de pierres sèches et plusieurs jolies capitelles qui n’ont rien à envier à celles que j’avais découvertes dans la « Tourèze Mystérieuse » ponctuent l’itinéraire. Il y aurait paraît-il plus de 200 capitelles sur le territoire de Fitou. En atteignant quelques vieux enclos puis un grand mas où quelques chiens bons gardiens mais pas vraiment méchants accueillent en aboyant le randonneur pédestre, ce dernier, s’il est insouciant ne saura pas qu’il vient en même temps d’atteindre notre objectif du jour « La Serre du Scorpion », et de franchir une frontière, celle qui sépare les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. Il faut dire qu’ici rien ne laisse présager une telle démarcation. Quand à la ligne de crêtes ou de collines escomptées que l’on peut imaginer en pensant à une « serre », ici tout est si plat et le vent souffle si fort qu’on en est même à se demander si ce n’est pas lui qui a fini par tout éroder et aplanir. Alors, sans doute, vous demanderez-vous pourquoi on appelle ce lieu la Serre du Scorpion ? En réalité, il s’agit bien d’une petite colline dont le sommet est un vaste plateau culminant à 137 mètres d’altitude et on en sera convaincu en amorçant un peu plus loin la longue descente qui petit à petit nous ramènera quasiment vers le niveau de la mer et un peu plus tard vers Fitou. Quand à l’intitulé de « scorpion », le lieu est connu pour abriter quelques Buthus Occitanus plus connus sous le nom de Scorpions Languedociens ou Scorpions Jaunes. Comme, il y a en France peu d’espèces de scorpions, celui-ci bien plus clair (jaune en général mais allant du clair très pâle presque blanc jusqu’à l’ocre) et surtout bien plus gros à la taille adulte (entre 6 et 10 cm de long des pinces à l’extrémité de la queue) ne pourra pas être confondu avec le petit scorpion noir (Euscorpius flavicaudis) que nous avons l’habitude de voir sur les murs de certaines de nos maisons du Midi. Son cousin, le Scorpion Languedocien lui ne vit pratiquement qu’au milieu de la garrigue et de préférence dans un environnement très rocailleux où il pourra très facilement vivre et se cacher sous un pierre plate où il creuse dans un sol meuble et plus ou moins profondément une tanière selon la saison. Comme il a une activité essentiellement printanière puis estivale et nocturne, pour le trouver, il vous faudra soit randonner la nuit et aux beaux jours de préférence soit avoir beaucoup de chance ou bien encore avoir l’oeil d’un véritable expert car en général, le Scorpion Languedocien vit dans un biotope particulier situé sur le versant ensoleillé de terrains favorables à son habitat où l’entrée de son terrier est très souvent soigneusement nettoyée de tout caillou et de tout déchet. C’est de cette manière que vous aurez le plus de chance d’en trouver en plein jour alors ne perdez pas de temps à le chercher en soulevant des pierres car vous risqueriez d’en lever quelques tonnes pour un piètre résultat. Si malgré ces recommandations et par curiosité, il vous prenait néanmoins l’envie de redresser quelques pierres plates, faites très attention et sachez que son habitat est sensiblement le même que celui des vipères aspic. Quant à la piqûre d’un Buthus Occitanus même si elle n’est pas mortelle, elle peut s’avérer très sérieuse tant son venin est toxique. Mais dans cette « serre » plutôt agréable à cheminer, laissons tranquille les quelques scorpions dont l’espèce est désormais menacée dans certaines régions par la raréfaction de son domaine et revenons-en à notre chemin. Il se met à zigzaguer tantôt vers l’ouest tantôt vers le sud et laisse sur la droite les vestiges d’un vieux mas délabré avec vues sur un petit vignoble lui aussi anéanti où quelques ceps desséchés finissent de se racornir au soleil. Peu après l’ombrage d’une jolie pinède, l’itinéraire fait un angle droit et part vers le nord-est, c'est-à-dire vers la gauche sur la piste DFCI C34Bis. Quasiment rectiligne et avec de jolies vues sur les éoliennes et le prélude des Corbières, cette piste nous amène au milieu de nouvelles pinèdes sur un plateau qui va peu à peu nous laisser entrevoir de jolies panoramas sur les étangs et la Méditerranée. Nous sommes au Plat de la Coum Servi que l’on va quitter rapidement en amorçant la descente décrite précédemment. Ici, le regard porte très loin vers Leucate, Port-la-Nouvelle et parfois bien plus loin encore vers Sète et son Mont Saint-Clair quand le temps est parait-il suffisamment lumineux pour cela. Parfois dans la descente, d’autres murets et d’autres capitelles bordent le parcours et on finit par atteindre un chemin plat devant une belle propriété au lieu-dit bien nommé « le Cortal des Garrigues ». On poursuit tout droit l’itinéraire qui coupe une route asphaltée et peu de temps après, on remarque sur la droite au sein même de la pinède que l’on longe, une étrange borne qui ressemble à s’y méprendre à celles découvertes près de Bélesta sur le P.R que j’avais eu l’occasion de décrire dans ce blog et qui s’intitule « A travers les âges ». Que fait-elle là ? J’avoue avoir trouvé peu de renseignements hors mis le fait qu’il s’agirait d’une borne militaire et que le nom de Fitou aurait pour origine le mot « fita » qui en latin signifierait « borne ». Toutefois et comme à Bélesta, il semble qu’ici aussi la frontière définie en 1258 par le Traité de Corbeil entre royaumes d’Aragon et de France soit très longtemps passée par là. Mais cette borne est d’autant plus surprenante qu’elle n’est pas la seule et pour en voir d’autres, il faut ici modifier quelque peu l’itinéraire original et monter à droite vers le Pech des Teissonières tout proche. Outre une borne cubique et deux autres bornes en forme d’obus presque similaires à celle de la pinède bien que plus petites, on découvre depuis ce Pech, de magnifiques panoramas de tous côtés : sur Fitou, Port Fitou, la côte audoise, les étangs, la mer, les Albères et plus banalement l’autoroute tout proche dont la circulation passe à nos pieds. Si vous aimez les grandes fresques murales faites de graffitis ici vous serez enchantés car un immense mur ayant sans doute servi autrefois à vanter les mérites du vignoble fitounais a été taggués pas deux artistes doués qui auraient pour noms Permy et Espry si j’en crois leurs originales signatures. En tous cas, de ces quelques lettres en blocs, je n’ai trouvé aucune signification et j’ai imaginé qu’ici, on aurait pu appeler cet art le « graf’fitou ». Après ces quelques trouvailles, on longe le haut du Pech puis le grillage qui le sépare par sécurité de l’espace autoroutier pour retrouver plus bas près d’un gros cairn le parcours préalablement abandonné. Peu après, on laisse sur la droite le « parcours sportif » et on poursuit le bitume jusqu’à Fitou que l’on aborde par le quartier des Fontanilles. Contrairement au tracé commun aux deux P.R « De la garrigue au vignoble » et « A la découverte d’un pays » qui file en direction du Pech Maurel au dessus du village parallèle au « Travers de la Roque », il m’a paru nettement préférable de traverser le village pour que les randonneurs qui ne le connaissent pas puissent en faire sa visite. Cet itinéraire me semble d’autant mieux qu’il ne perd aucune miette des autres panoramas à percevoir depuis l’autre chemin comme on le verra plus loin. Fitou recèle quelques découvertes très intéressantes esthétiquement et gastronomiquement parlant : tout d’abord son château du XIIeme siècle à l’Histoire très riche désormais transformé en musée et en tables d’hôtes, sa jolie chapelle Saint-Joseph avec son étonnante tour crénelée, son église Saint-Julien et Sainte-Basilisse magnifiquement restaurée, quelques restaurants estimés sans parler de toutes ses caves vinicoles particulières où le randonneur amateur de bons vins y trouvera son bonheur et l’embarras du choix. Notre visite de Fitou se terminant par l’Eglise Saint-Julien et Sainte-Basilisse, on emprunte sur quelques mètres la petite route asphaltée qui passe derrière le cimetière tout en prêtant attention à une sente qui file à main gauche et rejoint plus haut la piste qui monte vers le Pech Maurel. On retrouve nos deux P.R et une fois encore de magnifiques panoramas lointains se dévoilent de tous côtés mais ici ce qui surprend le plus, ce sont toutes ces murailles et ces amas de pierres sèches qui sillonnent le paysage en tous sens. On n’ose imaginer le travail d’épierrement et de défrichage que ces tas de cailloux ont du engendrer. Le Pech Maurel (145 m) et sa jolie table d’orientation sont vite atteints puis le chemin redescend en zigzaguant vers le Cortal Marty où on finit par retrouver son véhicule au bord de la D.9. Comptez environ 16 kilomètres pour cette balade sans réelle difficulté en incluant mes quelques variantes et la visite de Fitou qui emprunte de nombreuses et jolies petites ruelles. Au fait, moi je ne suis jamais revenu décoiffé de cette balade et savez-vous pourquoi ? Gel fixant ou calvitie ? Je vous laisse deviner ! Hi ! Hi ! Hi ! Carte IGN 2547 OT Durban – Corbières- Leucate – Plages du Roussillon Top 25.
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Leucate et La Franqui sont les capitales mondiales du vent. En 2010, pour la quatorzième année consécutive, les deux stations balnéaires accueilleront sur la belle plage de la Franqui, le Mondial du Vent du 10 au 18 avril. Qui sait, peut-être qu’un jour, les 2 belles petites cités organiseront le Mondial de la Randonnée Pédestre sur leur très belle falaise que je vous présente ici sous le titre "La Falaise de Leucate". J'aurais pu aussi bien écrire "La Falaise de la Franqui", tant les deux cités occupent ce plateau calcaire se terminant par d'incroyables parois verticales plongeant dans la Grande Bleue. D’ailleurs, si j’étais à la place des organisateurs, j’y penserai tout de suite car après tout, n’y a-il pas des randonneurs qui marchent aussi vite que le vent ? L’étymologie du nom Leucate, vient du grec « Leukos » qui signifie blanche comme les falaises que nous allons arpenter. Cette randonnée que je vous propose, peut démarrer du parking situé à côté de la colonie de vacances, du phare du Cap Leucate ou bien du sémaphore, les 2 sont mitoyens. Pour cela, de Leucate Plage, il faut prendre la D.29, direction Leucate Village. Là, il faut tourner à droite juste avant le hameau de Malagaïto et monter vers le quartier Saint-Pierre. Mais pas de problèmes, vous trouverez certainement car des panneaux indicateurs sont là juste à ce croisement. Après, selon votre humeur ou votre envie de marcher, vous choisirez vous-même le point de départ idéal : la colonie de vacances, le phare ou bien le sémaphore. La suite est d’une simplicité déconcertante car il suffit de longer la falaise de plus ou moins près. Mais dès que vous vous approcherez de trop près, surtout faites bien attention et redoublez de vigilance, spécialement si des enfants sont de la partie : Il peut y avoir des éboulements, la tramontane peut-être violente et ici, elle vous pousse vers le précipice, de plus le sentier est caillouteux et une culbute est vite arrivée. Vu la hauteur de la falaise, une chute est automatiquement dramatique et certainement fatale. Sachez tout de même qu’il existe sous le sémaphore, une très belle plagette accessible où, en été une baignade sera toujours possible. Pour le reste, il faut savoir qu’il y a un balisage jaune qui est présent et qui vous mènera jusqu’au dessus de la superbe plage de la Franqui. Le sémaphore est souvent le lieu de rendez-vous des parapentistes, le Cap des Trois Frères, celui des chasseurs sous-marins ou des pêcheurs et bien sûr, la plage de la Franqui, celui des « fous du vent et de la glisse ». Cette plage des Coussoules avec ses 8 kilomètres de long est le paradis des véliplanchistes, des skimboarders, windsurfers, funboarders, kite-surfers, fly-surfers, des chars à voiles, des cerfs-volants, des speed-sails, j’en passe et des meilleurs. Outre, la beauté du lieu, vous observerez les couleurs changeantes de la mer selon la saison, le temps et le vent. Elle peut passer d’un bleu acier à un bleu outremer ou d’un vert turquoise à un vert émeraude. Au bord de la blanche falaise, vous remarquerez un très bel édifice tout en pierres superbement restauré, il s’agit d’un fortin que l’on appelle La Redoute de la Haute Franqui et qui était un ancien fanal construit sous Louis XV servant à signaler la côte. Moi, en général, je fais demi-tour ici, mais si le cœur vous en dit, vous pourrez descendre jusqu’à la plage de la Franqui qui est accessible depuis la falaise. Pour le retour, vous pourrez prendre le même chemin qu’à l’aller ou mieux, revenir à travers les haies et ces petits murets de pierres sèches, qui clôturent très souvent des parcelles plantées de vignes ou d’amandiers, superbement fleuris au printemps. Je vous donne sur mon plan, un exemple d’un circuit facile à réaliser, sachant qu’il existe d’innombrables possibilités mais selon votre esprit d’aventures, un GPS pourra très vite s’avérer utile dans ce dédale de murets et ce labyrinthe de sentiers. Alors, si comme le grand navigateur et écrivain Henri de Monfreid, né ici, et qui a usé ces premiers godillots et fait ses premières armes d’aventurier au sein de ces très belles falaises, vous avez le goût de la découverte, n’hésitez plus à venir en ce lieu et rappelez-vous ce qu’il disait : « N'ayez jamais peur de la vie, N'ayez jamais peur de l'aventure, Faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres espérances. Le reste vous sera donné de surcroît ». Alors qu’attendez-vous ? Vous devriez être déjà partis ! Carte IGN 2547 OT Durban-Corbières-Leucate-Plages du Roussillon Top.25