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Ne soyez pas surpris si je vous présente « Le Village des Pêcheurs à Canet-Plage » ; commune de Canet-en Roussillon ; comme une randonnée à part entière. Claudiquant encore depuis mes douleurs simultanées aux deux genoux évoquées lors de la dernière randonnée faite le 13 novembre 2023 au « Château de Padern et au prieuré de Molhet depuis Padern », cette courte boucle au bord de l’étang de Canet constituait une tentative de reprise. Si j’emploie volontairement le mot « tentative », c’est parce que les douleurs étaient toujours là et qu’il me faudra encore attendre des infiltrations de gel d’acide hyaluronique. Ces infiltrations interviendront le 15 janvier 2024, c’est-à-dire le lendemain de cette balade et ce n’est que 10 jours plus tard que j’ai pu enfin retrouver la plénitude de mes moyens physiques. Ce jour-là, nous ne sommes donc que le 14 janvier et quand avec Dany, nous garons la voiture sur le parking du village des Pêcheurs, j’ignore ce dont je vais être capable car certes j’ai un peu moins mal mais je boite encore un peu. L’envie de marcher est là, celle d’aller à la rencontre de la Nature aussi mais je pars dans l’inconnu. Finalement, je n’arriverais pas accomplir la totalité du parcours que j’avais prévu initialement, c’est-à-dire parvenir jusqu’à la limite du camping Mar Estang. Je me suis donc contenter d’une boucle allant de l’observatoire aux oiseaux de La Dossa jusqu’à l’extrémité de La Muntanya Alta soit 3km environ seulement selon les mesures prises sur Géoportail et les quelques divagations réalisées. Et comme le dit si bien cette expression bien connue « à chaque jour suffit sa peine ». Oui, j’ai été plutôt satisfait et ce d’autant que j’ai fini ce parcours pas plus mal que je l’avais commencé. De surcroît, une jolie petite faune avec pas mal d’oiseaux et quelques fleurs ont été là pour satisfaire ma passion de la photographie naturaliste. Quoi demander de plus quand on sort de plusieurs semaines de privation pédestre et que la marche est devenue si essentielle à mon bien-être ?
A part ça, voilà ce que l’on peut lire à propos de cet endroit si agréable sur le site touristique du Net qui lui est consacré : Bien visibles sur le bord de l’étang de Canet, les 10 cabanes en bois, cannes de Provence et sanils (roseaux que l’on trouve au bord des étangs) forment “le village de pêcheurs”. Réhabilitées en 1993 et fréquemment restaurées, les cabanes des pêcheurs sont isolées contre la pluie, le vent et les chaleurs de l’été. Elles ne sont plus utilisées comme lieu d’habitation par les pêcheurs mais principalement comme lieu de stockage de matériels de pêche. Le site fait encore vivre une poignée de pêcheurs qui attrapent notamment de l’anguille et des loups (bars)de mer. Depuis 5 ans, le crabe bleu (espèce invasive venue d’Amérique du Nord) a fait son apparition perturbant l’écosystème de la lagune. Les pêcheurs essayent de réduire sa concentration sur l’étang en le pêchant massivement. Pendant la période estivale, visitez la cabane d’exposition, ouverte au public du 1er juin au 30 septembre du mardi au dimanche de 9h à 19h. Le reste de l’année, profitez de panneaux explicatifs, véritables outils pédagogiques, pour visiter le village. Au fil des saisons, on peut y découvrir plus de 246 espèces végétales et 200 espèces d’oiseaux migrateurs. Parmi elles, on trouve des flamants roses, mais aussi la talève sultane (une jolie poule sauvage car d’un magnifique bleu outremer foncé), le foulque macroule, le butor étoilé ou encore le héron pourpré. De mi-février à mi-août pendant la nidification, on y observe plusieurs espèces venant faire leurs nids. De février à mai et d’août à octobre, on y voit aussi de nombreux oiseaux migrateurs comme le Crabier Chevelu. En période hivernale, la Grande Aigrette et le Martin-pêcheur y sont très présents. Quant à l’étang de Canet – Saint-Nazaire lui-même, voilà l’essentiel de ce que l’on peut lire à son propos sur le site Internet du Conservatoire du Littoral : localisé sur la frange maritime de la plaine du Roussillon dans le département des Pyrénées-Orientales, à 10 km à l’Est de Perpignan et à 25 km au Nord de la frontière espagnole, cette position géographique confère à cet étang une importance écologique mais aussi touristique. Les 1 100 ha appartenant au Conservatoire du littoral, dans la lagune et sur ses berges, font partie du site Natura 2000 « complexe lagunaire de Canet – Saint Nazaire » qui s’étend sur 1 872 ha et quatre communes (Canet-en-Roussillon, Saint-Nazaire, Saint-Cyprien et Alenya).Ce complexe lagunaire est l’élément le plus méridional qui subsiste actuellement en France du grand ensemble lagunaire de la côte du Languedoc-Roussillon. Il est proche du terme de son évolution naturelle, caractérisée par un isolement de plus en plus marqué avec la mer et par la prépondérance des apports d’eau douce venant de son bassin versant s’étendant sur 260km² (Wilke et Boutière, 1997). La surface couverte par l’eau est d’environ 4,8 km² et sa profondeur n’excède pas 1 m. Le complexe lagunaire peut être défini comme une lagune d’origine sédimentaire marine. Il est séparé de la mer par un lido sableux interrompu par un chenal (le grau des Basses) et est alimenté en permanence par de l’eau douce, provenant de plusieurs cours d’eau à régime torrentiel méditerranéen qui drainent son bassin versant. La surface en eau de l'étang a diminué de moitié depuis 1750. Les scénarii les plus pessimistes envisagent un comblement possible en une seule crue du Réart. Aujourd'hui, l'homme essaye de ralentir ce processus grâce à une gestion cohérente à l'échelle du bassin versant. Cette lagune lisse dans laquelle se reflète la silhouette du Canigou est un lieu d’observation de la Nature unique et magique
Sentier du Guetteur et du Pêcheur en 2017, Sentier du Berger en 2018, à Leucate-Village et sauf erreur de ma part, il ne restait plus qu’à partir découvrir « Le Sentier du Vigneron ». Quel beau métier ! En ce 2 novembre, le matin très tôt, et parce qu’il y a déjà un grand ciel bleu et un soleil qui semble vouloir réchauffer une merveilleuse aurore encore un peu fraîche, je me dis que cette journée qui s’annonce est probablement l’occasion rêvée. La balade étant très courte, je me dis aussi que lui consacrer un après-midi sera amplement suffisant. Alors, je propose à Dany que nous allions d’abord déguster quelques huîtres au Grau de Leucate puis nous enchaînerons avec la balade pédestre. Elle acquiesce avec un grand sourire car si le plaisir de sortir et de partir marcher ne lui fait jamais défaut, le fait d’y rajouter quelques huîtres ajoute à son enchantement. Le bonheur se lit déjà sur son visage. Il est donc 11h30 quand nous garons, non sans difficulté, notre voiture sur le parking terreux du Grau de Leucate où se trouvent les baraques chamarrées de tous les ostréiculteurs. Il y a déjà beaucoup de monde mais par chance, il reste encore une table libre sur la terrasse ensoleillée du Mas Bleu. C’est notre producteur préféré et le service est en général rapide et bien sympathique. Aujourd’hui, c’est encore le cas et les huîtres sont à la hauteur comme d’habitude. Avec cette belle météo et nos visages tournés vers le soleil, on se dit qu’il serait bien agréable de rester un peu plus longtemps assis à la terrasse mais une douzaine d’huîtres et deux verres de Picpoul de Pinet ça s’ingurgite très vite. Trop vite. C’est samedi, les touristes arrivent parfois de très loin, les emplacements au parking se font rares, des clients cherchent des tables et quoi de plus naturel que de libérer la nôtre au plus vite ? Nous quittons les lieux. Il n’est pas encore 13 h quand nous traversons Leucate-Village et garons notre voiture sur le parking Pierre Gonzales. Ici, le contraste est saisissant car tout est très calme. Il n’y a pas âme qui vive. Le début de la balade étant identique à celle du Guetteur, et sur une belle partie, avec à celle du Berger, on ne se pose guère de questions. Enfin si, on s’en pose deux ! La première question qui nous taraude, c’est de savoir si l’on va marcher droit à cause du Picpoul de Pinet, car « nets », nous ne le sommes plus trop ! Heureusement que nous n’avons bu que deux verres sinon bonjour les ……Enfin, vous connaissez la suite. La deuxième est combien de temps notre estomac va tenir le choc avec si peu à l’intérieur ? Il y a bien un petit paquet de biscuits qui dort dans l’unique sac à dos que nous avons emporté, mais il y a fort à parier qu’il ne dure pas l’après-midi. Avenue Francis Vals, place du Foyer, rue des Vignerons, rue du Cercle, nous nous retrouvons très vite devant le vieux moulin sans ailes, puis presque en moins de temps qu’il ne faut ici pour l’écrire dans cette jolie garrigue qui est propre au plateau de Leucate. Pourtant dieu sait si dès la garrigue venue, je suis parti dans une flânerie exagérée. Les passereaux sont très vite là et en grand nombre et je compte bien en immortaliser un maximum. Ce rythme-là ne convient pas toujours à Dany, mais tant pis, je ne veux pas manquer les occasions photographiques qui se présentent et elles sont d’emblée très nombreuses. J’essaie de me convaincre que l’après-midi entière risque d’être ainsi, avec probablement des oiseaux un peu partout, mais c’est plus fort que moi dès que j’en aperçois un il faut que je m’arrête pour tenter de le photographier. Entre deux arrêts, il faut que j’accélère le pas pour rattraper mon retard. Je sais que Dany marche souvent seule et que je fais preuve d’égoïsme mais je culpabilise aussi. Alors, de temps en temps et dès lors que je la rattrape, je compense quelques temps en restant à côté d’elle pour lui tenir compagnie. Mais pris par ma passion de la photo ornithologique, ça ne dure pas ! Voilà comment nos balades se transforment le plus souvent en une espèce de yoyo pédestre quasi permanent. Elle sait qu’il y aura d’autres balades avec moins de photos animalières à prendre et très gentiment elle se fait une raison. Le problème avec les petits passereaux, qu’on appelle « passériformes », c’est que quand on les aperçoit ou qu’on les voit se poser, on ignore souvent auquel on a à faire. Alors ce n’est qu’en prenant la photo et parfois même en zoomant que l’on peut mettre un nom sur le volatile choisi. Et encore pas toujours tant certains se ressemblent ! A partir de ce constat, il faut nécessairement prendre de très nombreuses photos si on veut avoir la certitude que les espèces différentes seront diverses et variées. Avec 150 espèces régulièrement présentes en France, plus celles qui sont succeptibles de passer et donc de s’arrêter lors de leur migration, l’éventail de possibilités reste plutôt ouvert. Sans compter tous les autres taxons possibles. Aujourd’hui, sur ce plateau de Leucate, les passereaux sont très présents et parfois en d’intéressants rassemblements. Phénomène migratoire ? Je ne sais pas ! En tous cas, je m’arrête souvent. Si Dany prend souvent de l’avance, par bonheur, le balisage est bon et les panonceaux « Sentier du Vigneron » bien présents à chaque intersection. On ne peut pas s’égarer. Or mis les oiseaux, les décors restent beaux. Après le Vieux moulin et la Fontaine du Loin, il faut marcher encore pas mal de temps, pour découvrir un autre vestige patrimonial. Il se présente au lieu-dit Les Breisses avec les murs ruinés d’une vieille bergerie. Entre les deux, toujours ces étonnants murets en pierres sèches si typiques du plateau leucatois. Si les pierres trouées sont le plus souvent de taille correcte et portables par un seul homme, il arrive parfois qu’on en découvre d’assez phénoménales. Quoi qu’il en soit, en crapahutant constamment entre ces murets qui nous encadrent, on ne peut pas ne pas penser aux travaux colossaux qu’ils ont du engendrer. Au milieu de ces vestiges d’antan, la modernité n’est pas absente. On la découvre sous la forme des nombreuses balises jalonnant le sentier : les panonceaux directionnels classiques bien sûr mais aussi de très nombreuses plaques de plâtres en relief interprétant cette vie passée que certes l’on peut imaginer mais jamais sous tous ses multiples aspects : le travail de la vigne et de bien d’autres cultures, la carrière et les pierres percées, la parcellisation, les épierrements et les défrichages, les bergeries, les outillages, j’en passe et des meilleures. Enfin, quelques « feuilles de vigne » en métal galvanisé et fixées au sommet de piquets nous expliquent qu’ici on cultive avec fierté différents cépages. A fil du cheminement, Mourvèdre, Grenache gris et Carignan répondent présents. La bergerie ruinée ayant été largement découverte lors du « Sentier du Berger », nous faisons l’impasse d’une nouvelle visite. Peu de temps après la bergerie, et au lieu-dit « Pelat », les chemins se séparent. On délaisse celui qui était commun au Berger et au Vigneron, pour ne garder que ce dernier. A partir d’ici, le chemin devient tout nouveau. Enfin presque et pas tout ! Souvenez-vous que je vous ai déjà raconté que nous venions ici sur ce plateau il y a déjà fort longtemps. Avec nos deux enfants tout d’abord pour qu’ils y trouvent des terrains de jeux à la taille de leur vitalité. Nous y venions aussi pour ramasser des amandes ou des asperges et c’était l’occasion d’un peu de marche et de quelques heures passées en plein air. Au bon air ! Avec Dany, le soir venu, nous y venions parfois en amoureux, juste pour rêvasser avec vue nocturne sur les plages depuis la falaise. Alors si le chemin pédestre est en partie nouveau, tout ne l’est pas et certains endroits nous parlent encore. Si les passereaux demeurent encore très nombreux et notamment les pinsons, les chardonnerets et quelques solitaires rouges-queues noirs, d’autres oiseaux un peu plus gros se présentent au fil du cheminement sous le feu nourri de mon téléobjectif. C’est le cas de pies bavardes, de quelques étourneaux, d’une buse variable et de deux surprenantes aigrettes perchées au sommet d’une série de cyprès. Elles s’enfuient en nous voyant mais elles sont déjà magnifiquement enregistrées dans « ma boite ». Quelques cabanons parfaitement planqués derrière des murets ou dans de verdoyantes pinèdes, nous rappellent que « pour vivre heureux, il vaut mieux vivre cachés ». Des bienheureux ont adopté ce proverbe. L’itinéraire continue d’être toujours aussi agréable, d’abord parce que c’est beau, mais aussi parce que nous sommes seuls au monde au milieu des oiseaux et que seuls leurs chants se font entendre. On ne peut que regretter que cet itinéraire évite la falaise et donc le bord de mer pourtant peu éloigné. C’est d’ailleurs le seul sentier parmi les trois parcourant le plateau, mais est-ce vraiment un défaut ? Vignes rouges de saison, végétation aux nombreuses nuances de verts, feuillages jaunes ou orangés attestant l’automne , le tout sur fond de ciel bleu, voilà aussi une des raisons qui nous font aimer ce parcours. Sauf que pour finir, ce beau ciel bleu est entrain de se couper en deux. Vers le nord, d’énormes nuages gris approchent à grands pas et nous obligent à presser les nôtres. Speeder, j’ai horreur de ça ! Enfin et pour l’instant, il ne pleut pas et c’est déjà pas mal. J’observe mon bout de carte I.G.N et note que le circuit représentant quasiment un triangle équilatéral, ils nous restent encore un bon tiers du parcours à accomplir soit environ 2,5 km. Je regarde aussi les noms de lieux car j’aime bien découvrir s’ils s’y cachent des énigmes voire carrément des mystères ? Leur toponymie (*) m'intéresse. Carpy, Champs du puits, Montplaisir, Palus, Codecas, certains toponymes sont évocateurs d’autres pas du tout. « Il faudra que je pense à les analyser ! » Finalement et parce qu’on ne s’arrête plus guère et qu’il ne pleut toujours pas, les premières maisons de Leucate-Village sont vite là. Sous le ciel gris, les façades multicolores ont bien ternies. Les étroites ruelles ont perdues ce qui faisait leur charme. Le clocher blanc et gris de l’église apparaît surtout gris. Son horloge indique 15h20. Je n’en reviens pas tant je garde l’impression d’avoir marché bien plus longtemps. Enfin, une chose est sûre : « Sur ce Sentier du Vigneron », nous n’avons pas tourné en rond ! » Et pour cause « c’est un triangle ! » Mais ça je vous l’ai déjà dit. Au départ du point d’informations touristiques se trouvant place Pierre Gonzales, cette balade est donnée pour 6,8 km. Personnellement, j’ai accompli 300 m de mieux. Les montées cumulées de 93 m sont très très modestes. Le dénivelé de 30 m n’en parlons pas ! Enfin si pour être complet ! Départ à 29 m d’altitude et point culminant à 59 m au lieu-dit Les Cabanes de Carpy. Faisable en toutes saisons, ce petit parcours est à éviter de préférence les jours où soufflent des vents violents : tramontane, cers ou marinade. Carte IGN 2547 OT Durban-Corbières - Leucate Top 25.
(*) Toponymies des principaux lieux-dits sur le plateau de Leucate :
Je tiens à préciser que les toponymes que je mentionne ci-après ne sont que des hypothèses personnelles et ce, malgré qu’elles s’appuient le plus souvent sur des critères de toponymistes bien plus qualifiés que moi. Autant que ce faire peut, j’indique mes sources lorsqu’elles je n’ai aucun doute quant à leur provenance. Afin de ne pas démultiplier le nombre de toponymes, je me suis cantonné volontairement à ceux que le « Sentier du Vigneron » traverse ou côtoie.
Le Plat : Plat, Plà, Plâ, Plaa, Plata, Platè, Platur, Plan, Planal, Planè, Planece, Planejo, Planell, Planeso, Planet, Planay, Planéto, Planeza, Planèze, Plani, Planil, Planiol, Planisse, Planistrel, Planitre, Plano, tous ces noms ont un dénominateur commun : leur platitude, c'est-à-dire le fait qu’il soit sans relief du latin « planus ». Il n’y donc aucune difficulté à indiquer que ces différents toponymes indiquent un endroit plat en français. Alors bien évidemment, selon les lieux, leurs surfaces, les dialectes, on trouve en français diverses significations. Ça va de la simple surface ou parcelle plane à une esplanade, ou bien à un terrain plat un peu plus grand, ou bien carrément à un plateau plus ou moins vaste, long, large, ou bien étroit ou bien encore à une plaine voire à un terrain de montagne plat ou bien encore à une zone de pacage plate.
Codeca ou Codecas : Ne s’agissant pas d’un nom de famille, on peut d’emblée écarter cette hypothèse. Il faut donc imaginer autre chose et peut-être le fait que ce toponyme mérite d’être coupé en deux : « code » et « ca ». Dans le Midi, tous les toponymistes sont d’accord pour dire que le toponyme « còde » parfois « còda», c’est un « caillou », un « galet », une « pierre » voire une « roche ». Il définit clairement la nature d’un sol avec pour origine commune le latin « cos ». Selon les lieux et les dialectes, on trouve aussi « codou », « codo », « cadou », « cotoul » ou encore « Codol » ou « Codule ». Quand au mot « ca », on peut y trouver diverses significations : « ça » par exemple signifiant « ici ». Ou bien encore la racine préceltique « ka », « kar » « gar » ou « ca » signifiant également une « pierre », ce qui ferait du nom « codeca », un toponyme pléonastique comme il en existe de très nombreux. Enfin, on peut également imaginer que ce « ca » ou « cas » soit la transformation du suffixe « ssa » ou « asse » ou « ace », lesquels très souvent ont un côté péjoratif : grand ou petit, fort ou faible, gros ou maigre, etc…Toutes les suppositions sont donc permises mais la traduction française qui pourrait être la plus satisfaisante est le mot « caillasse ». Les « Codecas » du plateau de Leucate seraient donc des « caillasses ». Il faut bien admettre qu’au regard de toutes les pierres que l’on trouve ici dans ce secteur, cette explication conviendrait fort bien.
Palus : Ici aussi la plupart des linguistes semblent d’accord quand à la signification de ce nom, et pour cause, le latin « palus » est un « marais ». Il s’agit très clairement d’un « marais » voire d’un simple « terrain boueux ». « Palu » au singulier et donc « Palus » au pluriel. Il faut donc vérifier si l’endroit a été ou est encore un tant soit peu marécageux. Ce toponyme, on le retrouve dans de nombreuses langues et dialectes régionaux : Apalus, Palud ou Palude (vieux français), Palue, Palun, Palunari, Palunatho et par exemple « Palus » en Saintonge. En français, le mot « palustre » du latin « paluster » a conservé le souvenir de ce passé, tout comme les mots « paludisme » et « paludéen ».
Breisses : Là encore, ce toponyme ne pose aucune difficulté et tout le monde est d’accord pour le traduire en « sorcières ». « Breisses », « bruèis » ou « bruèissa » en occitan selon l’accent, « Bruixes » et « bruixas » et « bruixots » en catalan, « brujas » et « brujos » en espagnol et « bruxos » en portugais.
Carpy :A priori, avec son « Y » le toponyme « Carpy » paraît peu évident. On le trouve néanmoins comme nom de famille, même s’il n’est pas spécialement très répandu et si les variantes « Charpy » et « Carpin » le sont beaucoup plus. Selon le site Généanet « Carpy » serait encore porté dans l'Indre-et-Loire mais les plus anciennes mentions se situeraient dans les Côtes-d'Armor. Il faut donc peut-être le transformer un peu si on veut obtenir d’autres suppositions. Parmi les transformations que l’on peut imaginer, celle de remplacer le « Y » final par un « I » est la plus évidente. A partir du mot « carpi », on peut très facilement imaginer qu’il s’agissait d’un lieu planté de charmes ou bien encore d’un endroit où l’on élevait des carpes. En effet, le mot de vieux français « carpier » désignait ces deux endroits. Apparemment, l’endroit se prêtant mal à un élevage de carpes, la plantation de charmes paraît plus plausible. encore qu’un texte de Guillaume Eppe évoquant « une gravure inédite du château de Leucate datant de 1630 » mentionne « qu’une dépression au lieu-dit Carpy sert de retenue d’eau au Rec Piusel dont l’accès sur l’étang est barré par un mur ». Alors s’agit-il du même Carpy et donc du même lieu ? Le nôtre étant très éloigné du château, on peut en douter. L’idée d’une plantation de charmes est reprise sur les sites généalogiques et se présente en Corse dans les toponymes « Carpineto » et « Carpino ». Dans le Gers, en « Carpou » et en Italie avec « Carpini » et « Carpino »’ car ayant pour origine le latin « carpinus ». Notons toutefois qu’en Gascogne, un « carpado » est une culture en terrasses et qu’en Corse le mot « carpione » est un bois provenant de l’équarrissage de pins. Restons sous le charme.
Champs du puits : Voilà un toponyme qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer. De tout temps, l’eau a été un gros souci sur le plateau de Leucate car la seule source connue suffisament importante était celle dite de la Fontaine de Loin. Elle a été pendant très longtemps la seule à alimenter les Leucatois. Il n’y a pas à proprement parler de ruisseaux et si des petites mares peuvent être présentes d’ici de là, elles se remplissent essentiellement lors de fortes précipitations pluviales. Le reste du temps, et pour l’usage des hommes, c’est le système consistant à la récupération des eaux des pluies qui a fonctionné. Il semblerait donc que ce « champ » en ayant bénéficié d’un puits soit une exception. Ce puits existe-t-il encore ? A vérifier !
Montplaisir : Je pourrais presque dire que « mon plaisir » a été immense. Plaisir de marcher sur ce plateau, plaisir d’élaborer ce reportage, plaisir d’écrire, plaisir de me lancer dans les enquêtes de tous ces toponymes. Oui, quelqu’un a-t-il trouvé tout comme moi son plaisir suffisamment grand au point de donner ce nom à ce lieu-dit ? Pourquoi pas ! Il est vrai que l’endroit est très légèrement supérieur en altitude (55/56 m) à sa périphérie mais de là, à dire qu’il s’agit d’un « mont », il y a une limite que je ne franchirais pas. Je pencherais donc plutôt pour une cacographie de « mon plaisir » en « Montplaisir ».
Guardiole et Guardiolle : J’ai déjà eu l’occasion de m’expliquer sur ce toponyme lors d’une autre balade pédestre : « Le Chemin des Amandiers sauvages » : Saint-Estève – Baixas – Peyrestortes ». Voilà ce que j’avais écrit à propos des Guardioles : « D'après André Pégorier et son glossaire des noms de lieux en France, le mot "gardiola" ou "gardiole" pourraient avoir plusieurs significations : borne destinée à marquer une limite, pâturage réservé ou lieu de guet. Issu de l'occitan « gardar », verbe garder, plus globalement le mot "guardiole" a pour diminutif le mot "guardia", qui désigne au départ un poste de garde (germanique wardja) ». Le plateau de Leucate ayant toujours été un haut-lieu du pastoralisme, une zone de pâturage réservée et gardée paraît fort probable, tout comme un poste de garde, les guerres qui ont souvent sévies pouvant justifier cette possibilité ».
Leucate : Le nom de Leucate vient du grec ancienλευκός(leukós) qui signifie « blancheur », « blanc ». En occitanlanguedocien on écrit Leucata et on prononce [lew'katɔ], [law'katɔ] ou même [lɔw'katɔ] selon les variantes dialectales. (Wikipédia).