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Le Circuit du Patrimoine de Baho depuis Saint-Estève

Publié le par gibirando

 Ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques interprétées par Richard Clayderman avec la voix de Gay Marshall extraites de l'album Desperado. Elles ont pour titre : "Desperado" , "Indigo Bay", "Un Hôtel Au Bout Du Monde"  "Super Dreaming Day" et "Flamingo Road".

Le Circuit du Patrimoine de Baho depuis Saint-Estève

Le Circuit du Patrimoine de Baho depuis Saint-Estève

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Lundi 11 janvier 2021, 7h. Voilà comment est né ce « Circuit pédestre du Patrimoine de Baho ». Ce matin, comme souvent, je me suis levé tôt puis j’ai un peu flemmardé devant mon ordinateur. Je suis seul car depuis 2 jours Dany est partie garder les petits-enfants à Gruissan. Il fait un temps superbe et je me dis « pourquoi ne pas aller faire une randonnée pédestre ? » puis aussitôt « mais où aller sans voiture et en partant du domicile ? ». Avec ces conditions plutôt réduites, j’ai vite fait le tour. « Partir sans but dans la garrigue stéphanoise ? »  « Sans but, très peu pour moi ! ». « Aller photographier les oiseaux ? » « Pourquoi pas, bien que cette activité me soit déjà régulière mais le plus souvent en VTT ». « Allez visiter un village pas trop loin ? » « Oui, mais lequel puisque j’ai déjà découvert Baixas et Peyrestortes lors d’une balade que j’avais intitulée « Le Chemin des Amandiers sauvages » ? « Que me reste-t-il à voir non loin de Saint-Estève ? » A bien y réfléchir « Seulement Baho ! ». Je me replonge dans mon ordinateur et trouve une balade de 6 km dans le village de Baho et sur ses hauteurs. Ne connaissant pas de tout Baho, or mis les adresses de quelques amis, je tape « Histoire de Baho » dans Google recherche. Là, d’emblée je tombe sur plusieurs sites présentant l’Histoire et surtout son vieux patrimoine. Ils sont bien présentés et incitatifs à la découverte de la cité car il y a beaucoup de photos. Un autre site m’apprend que le village est mentionné dans les textes depuis 976 et a été édifié puis fortifié autour de son église Saint-Vincent et Saint-Jean avec les caractéristiques d’une architecture ressemblant à celle d’une « cellera ». Ayant beaucoup lu à propos de l’Histoire du Roussillon, je sais que les « celleras » sont ces fameux « celliers » médiévaux propres à la Catalogne et au Roussillon où étaient entreposés les récoltes, lesquels peu à peu étaient devenus d’abord des lieux vénérés à défendre car de nombreuses « bouches » en dépendaient. Puis carrément confrontés aux convoitises, ces « celleras » étaient devenus des hameaux fortifiés puis des villages où des seigneurs régnaient sur leurs serfs leur assurant protection et fermage. Tout cela me suffit déjà pour me donner envie d’y aller voir. Sur Internet, les sites concernant le patrimoine de Baho étant plutôt nombreux, je n’ai aucune difficulté à lister ce qu’il y a à voir, à noter des lieux, des adresses et ce d’autant que ce patrimoine est globalement visible et donc observable sur un petit périmètre. Un coup d’œil sur la carte IGN me permet de voir que Baho, comme je l’avais déjà observé à Saint-Estève lors d’une balade que j’avais intitulée  « Le Circuit de l’Eau », est entouré et veiné d’un réseau fluvial relativement important. Outre le Rec ou Canal de Vernet et Pia que j’ai bien l’intention de suivre en partie pour aller vers Baho, il y a pléthore de ruisseaux, recs et agouilles.  Je me dis qu’il y a là aussi un patrimoine à découvrir et je dessine mon parcours en tenant compte de ça. Là aussi, m’intéressant à l’Histoire de ces canaux, j’ai lu que les plus anciens dataient du 11eme siècle. Pour tout le reste, hors de Saint-Estève et de Baho, je me dis que la Nature m’offrira ce qu’elle peut, sachant que photographier la flore et la faune est devenu si nécessaire pour moi au cours de n’importe quelle balade ! Le patrimoine de Baho et une Nature à photographier, les objectifs sont arrêtés et me conviennent. Je programme le parcours prévu sur mon logiciel CartoExploreur et l’enregistre dans mon vieux GPS. Je cours à la boulangerie la plus proche, achète une baguette, confectionne 3 sandwichs avec ce que j’ai dans le frigo, prends une bouteille d’eau et voilà mon petit sac à dos prêt à être harnaché. Il est déjà 10h30 quand je sors de la maison mais après tout rien ne presse. Le ciel est toujours aussi merveilleux, et Place du 14 juillet, les quelques palmiers sous lesquels je passe pour me diriger vers la partie ancienne de Saint-Estève me laissent presque imaginer un voyage en une terre lointaine. Oui, je suis heureux de marcher sous ce beau ciel bleu. Si j’emprunte l’avenue du Général de Gaulle direction Baho, comme prévu et pour éviter au maximum l’asphalte, à hauteur de la petite rue Arago, je longe immédiatement le canal de Vernet et Pia. Du fait de son assèchement, le canal attire énormément de passereaux dans son lit. Merles, Moineaux, rougequeues noirs, pouillots et bergeronnettes et de rares mésanges constituent l’essentiel de l’avifaune présente tout au long du canal. En contrepartie et on peut le regretter, on constate qu’il sert trop souvent de dépotoir. C’est ainsi que j’y aperçois beaucoup de déchets en plastiques et ça va d’un simple sac, à des bouteilles et à des résidus de toiles de serres. Je vais même y voir un écran d’ordinateur et deux gros caissons. Au niveau de l’écluse du ruisseau de la Boule, deux bergeronnettes peu farouches trottinent sur le pont mais c’est surtout dans le ruisseau que mon attention se porte. Là, un grèbe castagneux va me faire tourner en bourrique. C’est probablement un juvénile, ce qui ne l’empêche nullement de savoir déjà pêcher. A chaque fois que j’essaie de le cadrer et de faire une mise au point sur lui, il plonge ressortant parfois plus loin au milieu des roseaux. Je me dis qu’il va falloir que j’aie beaucoup de patience si je veux le photographier correctement. Finalement et alors que je me suis donné une demi-heure pour y parvenir, il me faudra seulement la moitié car à un moment, je le vois ressortir tout près du déversoir de l’écluse avec dans le bec une grosse grenouille. Il ingurgite sa proie encore vivante à une vitesse incroyable. Finalement, et sans doute parce qu’il a le ventre plein, il s’assagit et devient moins farouche. J’ai tout le loisir de la photographier même si son obstination à rester au milieu des roseaux ne me rend pas la tâche facile. Je repars et continue de longer le canal. Je sais qu’il va me falloir le quitter à hauteur du pont de la D.616 car plus loin son itinéraire se termine dans une propriété privée à hauteur du Mas Serrat. Un haut grillage empêche tout passage. C’est soit ça, soit passer par la déchetterie avec encore un peu plus de bitume et un peu plus de distance. C’est ainsi que par là, je rejoins plus rapidement le carrefour puis continue vers Baho par l’ancien chemin de Pézilla puis par celui de la Trémie. Ici, rien de notable or mis quelques passereaux puis juste devant moi une Buse variable sans doute affamée qui course une Tourterelle. Alors que je photographie cette scène tant bien que mal, la Tourterelle réussit à s’extraire de ce piège en volant en rase-mottes et entre les arbres. Baho est là et le premier sujet patrimonial se présente sous les traits d’un très joli oratoire dédié à la Vierge Marie au début de la rue des Rouges-Gorges. Une rue au nom assez paradoxal aujourd’hui puisque si je parviens à photographier encore des oiseaux, il s’agit ici de Pouillots et d’Etourneaux sansonnets essentiellement. Je poursuis la rue des Rouges-Gorges pour finalement m’arrêter à hauteur d’une école primaire y découvrant une stèle commémorant la Révolution Française. Je reviens sur mes pas et retrouve le canal de Vernet à Pia puis je continue dans la rue du Moulin Sainte-Anne. Le patrimoine plus ou moins ancien se dévoile peu à peu : le château d’eau, une très vieille plaque indiquant que la « mendicité est interdite dans les Pyrénées-Orientales », un lavoir, un autre canal et une agouille puis c’est la place de la Fontaine, avec sa fontaine bien sûr, mais aussi son clocher-tour, son fort, son Arbre de la Liberté, énorme platane au tronc et au houppier impressionnants car planté en 1839 et enfin un joli trompe-l’oeil. Les photos se succèdent mais c’est loin d’être fini car un passage est franchi permettant d’accéder à la partie la plus ancienne de la cité avec son fort, son église Saint-Vincent et ses étroites venelles typiques de ce qu’était parfois « une cellera ». Un ludique panonceau en conte l’Histoire en catalan et en français. « 1700 » annonce une gravure au dessus du porche. Ma curiosité m’entraîne dans deux « carreros », c'est-à-dire dans des impasses. Dans la deuxième, celle de Saint-Vincent, j’y découvre par chance la fameuse gravure « 1663 » à même une façade, gravure mentionné sur le Net mais jamais vu en photo. Je suis ravi de cette trouvaille. Ici, dans ce secteur de la « cellera », on ne peut pas ne pas remarquer que de nombreuses façades ont été bâties avec des galets de rivière mais aussi avec ses fameuses briques rouges que l’on appelle « cayroux », ces matériaux étant bien sûr typiques de l’architecture catalane et ce depuis des lustres. Il en est ainsi de l’église mais aussi de l’ancienne mairie, puisque je vais constater un peu plus tard qu’un bâtiment très moderne tient cet office désormais. Les plaques des rues toutes en faïence sont joliment décorées et parfois il y en a même deux, une en catalan et une deuxième en français. Je continue de flâner tout autour de cette partie la plus ancienne découvrant des nouveautés non inventoriés sur Internet et notamment sur des linteaux de portes et des façades : bas-reliefs, monogrammes, datations et quelques très vieilles plaques publicitaires d’assurances laissant penser qu’il fut une époque où il était prépondérant de mentionner que l’on était bien assurer.  Il est temps de ressortir la « liste patrimoniale » de ma poche pour faire le point de ce que j’ai vu et pas vu. Je coche ce que j’ai déjà photographié et descend la rue Nationale en quête de 2 oratoires votifs nichés à même les façades de deux maisons. Elles se font face mais petit problème une niche est vide de sa statuette de la Vierge alors que je me souviens très bien l’avoir vu en photo sur Internet. Bien qu’un peu déçu, je les photographie toutes les deux me disant « qu’il fut un temps où la chrétienté était une valeur primordiale pour bon nombres de citoyens ! » Ce n’est plus le cas ! Je pars musarder dans des ruelles adjacentes pas toujours intéressantes « patrimonialement » parlant, mais y découvrant néanmoins une troisième niche pieuse. Il est plus de midi et je me dis que le temps est passé très vite. Je remonte la rue Nationale car j’ai prévu d’aller manger mes sandwichs dans le parc Jeanne de Guardia. Hors mis son titre de noblesse que me laisse imaginer la particule « de », j’ignore qui est cette dame et malgré mes recherches sur le Net avant de venir, je n’ai rien trouvé à son propos. Je me dis que c’est dommage. Outre l’aspect agréable et reposant du lieu, le parc laisse entrevoir les vestiges d’une étrange colonne, espèce de « vis sans fin» en marbre ou en granit et juste à côté ce qui ressemble aux vestiges d’un vieux moulin ou d’un puits condamné. Guidé par ma curiosité, une fois encore, je me dis « il faudra que tu cherches une explication ! » Je déjeune de mes sandwichs dans une solitude sans nom et seulement au son des voitures qui passent derrière moi dans la rue Nationale. Au fond de moi, je me dis « quel dommage et quelle tristesse que cette pandémie de Covid ! » puis « elle a tout tué y compris la vie divertissante d’un parc pour enfants ! » Un parc pour enfants transformé en désert, oui je trouve ça très triste. Il est temps de finir ma visite de Baho par les petites ruelles non encore explorées. Là aussi, je n’y vois personne et les ruelles sont désertes mais il est vrai que c’est l’heure du déjeuner. Devant la belle et moderne mairie, je fais un dernier point de ma liste et constate avec satisfaction que j’ai photographié la totalité du patrimoine que j’y avais mentionné. Il est temps de terminer. Je file en direction du cimetière car je sais que les autres « canaux » que j’ai prévu de longer sont par là-bas. C’est donc vers l’avenue des Corbières que je me dirige. Je passe devant le monumental calvaire, dernier patrimoine non encore vu ni photographié. Là commence l’avenue des Corbières que je connais bien pour y voir des amis. Le cimetière n’est guère plus loin. Au sein ce dernier, je suis d’abord attiré  par le Monuments aux Morts où la plaque commémorative indique entre autres victimes, un De Guardia Jean, ce qui tend à prouver qu’il s’agit d’une famille implantée depuis très longtemps à Baho. Puis, je me contente de quelques caveaux imposants car à vrai dire ce n’est pas ma partie patrimoniale préférée. Je ressors du cimetière en partant à gauche, le contourne en empruntant une première allée toujours à gauche puis une autre à droite longeant un fossé. En réalité, si je regarde mon bout de carte, il s’agit d’un ruisseau du nom de Rec del Viver. Si le fossé est quasiment à sec, un groupe de pinsons l’occupe et à mon approche, il s’envole dans de grands feuillus qui le dominent. Quelques spécimens se laissent gentiment photographier. Idem un peu plus loin avec des serins dont un seul, d’un jaune flamboyant, se laisse photographier. Un mâle. Après être passé derrière les jardins de jolies villas, je n’ai pas d’autres choix que de suivre un sentier filant à gauche entre le mur des dernières maisons,  un autre fossé et une haute haie de ronciers. Je ne le sais pas encore mais ce sentier m’entraîne hors de la ville et vers la route bitumée du Chemin de Latour. La haie retenant plusieurs fauvettes, je mets en quête de tenter de les photographier. Mais la tâche est ardue et dès lors que je sais que j’en ai une, je me remets en route. Là, c’est déjà la campagne et carrément la fin des dernières maisons. D’ailleurs un dernier fossé encadre l’ensemble des derniers lotissements. Un coup d’œil sur la carte IGN me permet de savoir qu’il s’agit de « l’Agulla del Pla » à la fois bétonné et souterrain par endroits. Je quitte définitivement Baho par le chemin de Baixas, laissant d’ailleurs l’asphalte à la première occasion en continuant tout droit dans la garrigue. Un sentier permet de s’élever sur un petit plateau dénommé Pla des Forques. Après avoir cheminé une pinède, j’en retrouve une autre de l’autre côté de la D.616, route qu’il faut traverser avec beaucoup d’attention car les voitures y roulent vite. Là, il faut poursuivre le Chemin d’En Destros bitumé menant vers un passage à gué sur le ruisseau de la Boule et la ruine imposante du mas Cramat. Voilà très longtemps que je ne suis plus venu par ici et je me souviens d’un temps très lointain où mon fils ; un gamin à l’époque ; venait y jouer avec ses copains. Je visite le mas en ruines en quête d’une information quand à son Histoire et à sa destinée mais je ne trouve aucun élément évocateur. Je laisse l’asphalte et emprunte un chemin se dirigeant vers le lieu-dit Cau de la Guille. Ici, quelques petits passereaux jouent entre garrigue et vignes. Ils me stoppent un bon moment. Je repars.  Là, je l’avoue, je marche sans trop savoir ce qui m’attend. Finalement, je finis par comprendre que l’itinéraire que je poursuis ne fait que le tour de cet immense vignoble. De ce fait et dès la première occasion qui m’est offerte je le quitte en enjambant un nouvelle fois le ruisseau de la Boule, qui par bonheur est là aussi complètement asséché à cet endroit. Me voilà de nouveau devant une autre grande parcelle plantée de vignes qu’il me faut traverser. J’observe les lieux et finis par les reconnaître. Je sais où je suis. Je sais aussi qu’en traversant ce vignoble, le chemin que j’emprunte est le plus court menant à Saint-Estève et donc chez moi. Je ne rentre pas immédiatement profitant de la dernière pinède du Bois Joli et d’un banc, lequel bien à propos, me permet de terminer un reliquat de casse-croûte et de prendre un peu de repos. Cette pause est d‘autant plus agréable qu’un rouge-gorge, des rouges-queues noirs et une bergeronnette ont apparemment envie de se laisser « tirer le portrait » et ce, sans être trop farouches. Ainsi se termine cette magnifique journée que j’ai remplie au-delà de mes espérances matinales. Il est 15 h heures et je connais un peu mieux Baho et son patrimoine. Il ne me reste plus qu’à approfondir son Histoire. Internet sera-t-il là pour m’aider ? Y a t il des ouvrages qui l’évoquent ? Je me promets de chercher. Quand à la Nature, si pour moi elle continue à être un livre ouvert, je sais déjà que je ne pourrais jamais le lire entièrement. Telle que racontée ici en en partant de mon domicile, cette balade a été longue de 11 km environ, flâneries dans Baho incluses. Les montées cumulées sont dérisoires car de 65 mètres environ. Carte IGN 2548 OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.

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Les Cascades Saint-Vincent et des Anglais à Vernet-les-Bains.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la musique "The Cascades" du compositeur et pianiste américain Scott Joplin. Elle est ici interprétée successivement par Adrian Holovaty (guitare), Gabriele Lampietro (piano), Rhode Island Saxophone Quartet (saxophones) et enfin par Scott Joplin lui-même. 

Les Cascades Saint-Vincent et des Anglais à Vernet-les-Bains.

Les Cascades Saint-Vincent et des Anglais à Vernet-les-Bains.

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A Vernet-le-Bains, marcher vers les « Cascades Saint-Vincent (*) et des Anglais (**) » est une petite balade « incontournable » de notre beau département des Pyrénées-Orientales. Voilà de très nombreuses années que je n’y étais pas retourné. 20 ans ? 25 ans ? 30 ans ? Plus ? Franchement, je ne saurais le dire. D’ailleurs, je n’en garde que des bribes de souvenirs, avec bien sûr les superbes chutes d’eau mais surtout toutes ces passerelles qui permettent de franchir les très nombreuses difficultés. Je me souviens aussi d’y être aller en famille et d’y avoir amené mes deux enfants. Quels âges avaient-il alors ? 10 ans ? 13 ans ? 15 ans ? Là aussi, la mémoire me fait défaut, mais quoiqu’ il advienne, c’était il y a très longtemps. Une chose dont je me souviens parfaitement, c’était la mauvaise qualité du sentier plutôt difficile à cheminer en raison de la configuration du terrain. Je me souviens aussi qu’il y avait de merveilleux mimosas fleuris et de jolies stalactites de glace dans toutes les cascades. C’était donc en hiver. Aussi savoir que j’allais y retourner des années plus tard, avec cette fois-ci deux de mes trois petits-enfants était pour moi une joie intérieure intense. Pour Dany aussi.

Le 11 août au matin, il est 8h40 quand nous quittons Urbanya, où nous séjournons, direction Vernet-les-Bains. Nous partons avec l’idée d’aller à la rencontre de la fraîcheur mais à vrai dire déjà un peu inquiets car une épaisse chape nuageuse monte dans la vallée d’Urbanya. Elle arrive clairement d’en bas, c’est-à-dire où nous devons nous rendre. Cela ne présage rien de bon. Mon gendre Jean-Christophe, grâce à une application, a repéré le départ sur son smartphone et je n’ai qu’à le suivre en voiture. 1h plus tard, nous arrivons sur le vaste parking dédié au départ vers les cascades. Parking vaste certes mais déjà excessivement rempli à cette heure si matinale. Enfin, malgré cette affluence inattendue, nous trouvons deux places pour nos voitures respectives. La chance est avec nous car les autres véhicules qui continuent d’arriver semblent bien plus embêter que nous pour se garer. La chance aussi et le bonheur en sus de voir un ciel purgé de tout nuage. Le temps de s’équiper, de nous chausser correctement, d’harnacher nos sacs à dos et nous voilà partis sur « les chapeaux de roue ». Chapeaux dont je l’avoue, je ne me coiffe qu’assez rarement quand je marche seul, étant plutôt « enjôleur de Nature » qu’« enjoliveur ». Oui, à 71 ans mon « train » préféré est plutôt celle du « sénateur » que du « pilote automobile ». Pourtant un premier panonceau annonce la couleur : « Sentier des Cascades – Cascade des Anglais 3h A/R » auquel vient s’ajouter un second préconisant la prudence sur un terrain très accidenté et exposé à des conditions climatiques « sévères ». Mais peu de personnes les lisent. Enfin, à voir le rythme de démarrage de mes 5 comparses, ils ne les ont pas lus et aujourd’hui il va m’être difficile de flâner comme je le fais en solitaire. Pourtant, et par habitude, je reste toujours aux aguets de ce que la Nature me propose. C’est plus fort que moi. Alors, tout au long du parcours, je vais essayer de trouver un compromis ; que je ne vais jamais vraiment trouver ; et ce d’autant que les randonneurs sont excessivement nombreux aujourd’hui. Ce compromis consiste à ne pas me faire larguer tout en essayant de ne rien louper de ce que la Nature offre à mon regard et à mon appareil-photo. A cela, j’y rajoute la prudence qui s’impose en raison du Covid. Apparemment, le Covid qui sévit encore un peu ne fait plus peur à personne. Le masque a été oublié par tous et les gestes barrières aussi, sauf pour quelques-uns dont je fais partie et qui essaient de conserver une certaine distanciation dans les endroits les plus fréquentés. Enfin, en cette circonstance de pandémie, soyons tout de même honnêtes et ne reprochons pas aux autres ce que nous faisons nous-mêmes. C’est-à-dire « Vivre ! » et avoir envie de « Vivre ! ».

D’ailleurs ici, la vie est constamment présente avec bien évidemment cette eau de la rivière Saint-Vincent qui s’écoule si joliment en chantant voire parfois en hurlant selon les caprices des dénivellations. Cette rivière est vivante depuis si longtemps qu’elle a réussi à creuser de profondes gorges. Si aujourd’hui nous pouvons déambuler au fond de ces gorges, c’est grâce à l’ingéniosité de quelques hommes qui ont su créer ce sentier y élevant des passerelles, garde-fous et autres ponts de singe pour le plaisir du plus grand nombre.  La vie, elle se dévoile aussi avec une végétation exubérante dans laquelle la présence de quelques oiseaux, papillons, insectes et autres lézards ne semble intéresser que moi et mon appareil photo. Pas évident d’essayer de photographier la Nature au beau milieu d’une passerelle où des personnes se croisent dans un flot presque continuel. La vie, ce sont bien sûr les célèbres cascades. Celle de Saint-Vincent puis celle des Anglais où de nombreux visiteurs n’hésitent pas à parodier les pubs  « Ushuaïa » ou « Tahiti Douche », sans gel douche et dans une eau sans doute inférieure de très nombreux degrés. Oui, la vie est constamment présente au cours de cette courte mais si jolie balade, et sur le coup de midi, elle s’étale sur les roches granitiques sous les traits des très nombreux pique-niqueurs. Nous en faisons partie, car comment empêcher à des personnes qui adorent l’eau de prendre au moins un bain de pieds voire un bain tout court voire seulement un bain de soleil avant d’avoir envie de dévorer un ou plusieurs sandwichs ou une copieuse salade composée ? C’est notre cas et celui des petits-enfants en particulier. Nous adorons l’eau et manger. Deux plaisirs simples de la vie parmi quelques autres comme profiter du soleil sur une roche que ses rayons ont longuement tiédi. Manger ; raisonnablement bien sûr ; marcher, se baigner, se réchauffer au soleil, c’est l’assurance de vivre un peu plus longtemps. Alors pourquoi s’en priver dans le contexte actuel ? La vie, c’est aussi quelques truites apeurées qui zigzaguent entre nos jambes essayant d’échapper à ce prédateur qu’elles aperçoivent parfois une canne à pêche à la main. Aujourd’hui et pour leur bonheur, il n’y a pas de pêcheur, les prédateurs ne sont qu’imaginaires mais par contre des emmerdeurs qui viennent les réveiller au fond du lit de leur torrent préféré, il y en a beaucoup. Au fond de ces superbes et pittoresques gorges, difficiles d’imaginer qu’elles sont dominées par un seigneur des montagnes : notre mythique Canigou. Bien que le massif et son pic majeur soient invisibles, la rivière Saint-Vincent y commence sa vie, sa source étant située au lieu-dit Les Conques. La vie, c’est aussi laisser la place à d’autres visiteurs dès lors que le sentier se transforme en une cohue où marcher n’est plus un plaisir et devient seulement une galère. Oui, quand autour des célèbres cascades, cet instant commence à se produire, il est temps de rentrer. C’est ce que nous faisons avec tout de même un aller/retour qui aura duré 4h pique-nique et bains inclus. S’il est de coutume de dire que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, aujourd’hui, elle aura été pour nous une toute petite rivière bien agréable du nom de Saint-Vincent. Une rivière un peu paradoxale quand on sait que Saint-Vincent est surtout le patron des vignerons, c’est-à-dire du vin et non pas de l’eau. D’ailleurs et parmi de multiples dictons, je retiens celui-ci : « Prends garde à la Saint-Vincent, car si tu vois et tu sens, que le soleil est clair et beau, nous aurons plus de vin que d’eau ». Après tout pourquoi ne pas prévoir une bonne bouteille pour ce soir ? Horace n’a-t-il pas écrit que « le vin c’est la vie ». Quant à Alfred de Musset il a écrit « qu’importe le flacon pourvu qu’on est l’ivresse ». L’eau, la vie, la Nature, la famille et finir cette merveilleuse journée avec une bonne bouteille de vin, n’est-ce pas la meilleure manière de faire un pied de nez à ce coronavirus qui nous emmerde depuis déjà trop longtemps ? Cette balade a été longue de 4,1km A/R. Le dénivelé est de 251 m entre les 764 m d’altitude du parking et la cascade des Anglais à 1 015 m. Les montées cumulées ont été de 340 m. Sachez que le départ peut s’effectuer directement depuis Vernet-les-Bains devant l’Office de Tourisme situé place de la République. Il s’agit de la randonnée N°7 dont vous trouverez le dépliant en cliquant sur ce lien et dans ce cas précis, la distance sera de 7km A/R. Sachez qu’il existe également une possibilité de faire une randonnée en boucle en passant par le Col de Llavent puis le pic d’Alzina. Notez toutefois que le sentier des cascades est inaccessible du 30 septembre au 1er avril (arrêté municipal en vigueur).  Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

(*) La cascade Saint-Vincent ainsi que la rivière éponyme doivent leur nom à un petit hameau du nom de Saint-Vincent de Campllong où au XIème siècle a été édifiée une chapelle romane. Si je dis hameau c’est parce que selon les textes on y dénombrait 4 feux en 1348. Selon les spécialistes, cette chapelle aurait été directement édifiée avec des galets de la rivière toute proche. A ce jour, il ne reste de cette chapelle que quelques vestiges situés sur une parcelle privée. De ces vestiges, seuls restent des murs latéraux de sa nef et son abside semi-circulaire (Source Balades Romanes). Selon l’historien Pierre Ponsich, ce lieu puis son église auraient été la possession des moines de Saint-André d’Eixalada avant sa disparition puis ensuite celle des moines de Saint-Michel de Cuxa, ce qui permettrait de dire que le hameau est bien plus ancien. La rivière, d’une dizaine de kilomètres de long, affluent de la rivière Cady, prend sa source au lieu-dit Les Conques sur le flanc ouest du pic du Canigou. Comme la plupart des torrents de montagne, elle sort régulièrement de son lit engendrant des crues provoquant de multiples dégâts tout au long de son parcours. Les plus importantes crues ont été celles de 1940 ou de 1992. Lors de l’Aïguat de 1940, on estime à 500.000 m3 le volume de matériaux déversés par le Saint Vincent au sein de la vallée qui abrite Vernet-les-Bains (Source « Un contrat de rivière pour la Têt »). Le 6 mai 1943, les Gorges Saint-Vincent ont été inscrites à l’Inventaire des sites à protéger, l’Etat estimant qu’elles représentaient un intérêt général du point de vue scientifique, pittoresque et artistique, historique ou légendaire. Avec ses 532 ha, c’est le site inscrit le plus imposant en terme de superficie du département des Pyrénées-Orientales.

(**) La cascade des Anglais : Voici ce que l’on peut lire dans un texte du toponymiste Robert Aymard paru en 2008 aux Editions Caliban sous le titre « Pyrénées, un millénaire de présence anglais » :  « A l’autre bout de la chaîne (sous-entendu Pyrénées), je relève à Vernet-les-Bains une Cascade des Anglais. Ce nom vient de ce que, à la suite de la guérison par ses eaux thermales du fils du pacha Mehmet Ali en 1846, les Anglais affluèrent, par train direct depuis Londres. Rudyard Kipling y séjourna en 1910 et y écrivit notamment : "Pourquoi neige-t-il à Vernet ?". De plus, Vernet s’enorgueillit du seul monument célébrant l’Entente cordiale » , monument de Gustave Violet. Si la vie à Vernet-les-Bains d’Ibrahim Pacha,  fils de Mehmet vous intéresse, voici un lien où vous trouverez tous les détails de son séjour : http://ancienegypte.fr/iouf_khonsou/ibrahim_pacha.htm

Concernant les Anglais, et à partir de cette année 1846, Vernet n’eut de cesse d’essayer d’attirer une clientèle étrangère aisée. Les thermes deviennent propriété d’un banquier de Lisbonne le comte de Burnay et la direction est confiée à un allemand Emile Kiechle « précurseur de la mise en marché moderne ». Pendant la Belle Époque, l’aristocratie française et espagnole fréquentent Vernet-les-Bains en été, la clientèle britannique y vient plutôt en hiver. Grâce à d’importants travaux de restauration dans de très nombreux hôtels, Vernet-les-Bains s’étoffe et devient une station thermale « chic », de réputation mondiale mais surtout anglaise. C’est la Belle Epoque où toutes les stations thermales pyrénéennes sont au sommet de leur gloire. La venue de plusieurs personnalités anglaises de renom contribue à cet essor. Il en est ainsi de Rudyard Kipling, écrivain anglais certes mais surtout prix Nobel de littérature en 1907. Il séjourne à Vernet en 1910,  1911, 1912, 1914 et 1926 accompagnant son épouse Carrie Balestier souffrant d’arthrite. Bien d’autres aristocrates sont là aussi comme lord Frederick Roberts, commandant des forces anglaises contre les Boers en Afrique du Sud. Le premier ministre Arthur Balfour, le ministre de la guerre Kitchener, la princesse Battenberg, fille de la reine Victoria, lord Neville Chamberlain. Oui, les Anglais deviennent omniprésents à Vernet adorant le thermalisme et ses eaux sulfureuses, la douceur du climat, le plus souvent hivernale pour eux, leur séjour au pied du Canigou et les nombreuses possibilités d’excursions que ce massif leur offre. Parmi ces dernières, celle qui consiste à suivre les gorges du Saint-Vincent pour aller admirer les cascades. La dernière accessible, la plus grande des cascades finira par porter leur nom.

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Le Circuit de l'Eau de Saint-Estève

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la musique de Johann Pachelbel, extraite de l'album "Forest Garden"

Le Circuit de l'Eau de Saint-Estève

Le Circuit de l'Eau de Saint-Estève

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AVERTISSEMENT : Avant de vous lancer dans ce circuit de ma composition, je vous conseille vivement de lire cet article car des difficultés voire des impossibilités peuvent se présenter au fil du parcours. Il est donc impératif de faire un repérage et notamment au niveau du Correc de la Bola. Il est évident que comme pour toutes mes autres randonnées, je décline toutes responsabilités en cas d'incident ou d'égarement.

Avec ce « Circuit de l’Eau de Saint-Estève », je réalise enfin un de mes desseins. Depuis 1978 que j’habite la commune, j’avais le désir d’inventer une balade pédestre qui réunisse et satisfasse plusieurs de mes centres d’intérêts. Je ne voulais pas tomber dans le travers d’un circuit au sein de la garrigue ou dans les vignes avec comme seuls objectifs suivre des murets en pierres sèches ou observer des paysages ruraux et des panoramas lointains.  Non, je voulais réunir plusieurs de mes passions. Passion pour l’eau et toute la vie naturelle qu’elle est capable d'enfanter, d’attirer et de maintenir. Passion bien sûr pour mes centres d’intérêts que sont la marche, la photo, l’ornithologie et la Nature plus globalement, et enfin passion pour ma commune, son centre historique mais aussi ses alentours que je n’ai eu de cesse d’arpenter à pied ou à vélo. Inutile de préciser que vous ne trouverez ce circuit dans aucun guide de randonnées, qu’il n’est recensé par aucun organisme, office touristique, administration ou collectivité locale, qu’il n’est pas balisé, ni même indiqué et qu’il est strictement personnel. D’ailleurs, je mets en garde le lecteur dans la nécessité que la « Boule » soit à zéro pour accomplir ce circuit tel qu’expliqué ici. La « Boule » ou « Correc de la Bola » sur la carte I.G.N, c’est le principal ruisseau qui sépare les communes de Saint-Estève et de Baho, et quand je dis « à zéro », c’est l’obligation qu’il soit asséché car il nous faudra le traverser à un moment donné. Loin s’en faut, ce « Correc de la Bola » n’est pas le seul cours d’eau que nous cheminerons mais les autres ne poseront pas de problèmes de franchissement. D’ailleurs amusez-vous à regarder une carte I.G.N de cette région roussillonnaise du Ribéral et vous y verrez énormément de « bleus ». Ces lignes bleutées sont des « correcs », des « recs », des béals, des ravins, des « agullas ou agouilles », des canaux, des ruisseaux, des fossés, des buses, des chenaux, j’en passe et des meilleurs. Le meilleur le plus proche étant bien sûr le fleuve « Têt », car toutes les eaux du secteur finissent par y affluer. Tous ces aménagements naturels ou artificiels sont là avec un but principal : « que l’eau s’écoule ». Qu’elle s’écoule surtout de manière satisfaisante et sans causer de dégâts aux populations et à leurs biens. Les autres attraits de l’eau de surface sont l’irrigation et son pouvoir de pénétration à rejoindre les eaux souterraines, celles que l’on consomme chez soi. Avec les dérèglements climatiques et toutes les inondations que l’on voit « fleurir » un peu partout, les communes sont désormais très attentives aux ruissellements et aux déplacements des eaux de surfaces que l’on appelle parfois et assez paradoxalement « eaux superficielles ». Tu parles de superficialité ! Que l’eau présente des signes de débordements et voilà les mairies en état d’alerte. Celle de Saint-Estève ne fait pas exception à la règle et la vigilance est de mise dès que les pluies s’annoncent diluviennes. Paradoxalement, cette balade, que j’ai déjà accomplie à plusieurs reprises, je la démarre devant un lieu où l’eau n’est pas une priorité, sauf à y mettre un peu de Ricard dedans : « le Bar le Concorde » sur la D.616. On traverse la route et on est directement confronté à un petit canal. Ce canal, c’est le « Rec del Vernet de Pià », canal d’irrigation qui récupère diverses eaux sur le territoire du Soler pour terminer sa course à Pià après avoir traversé le quartier perpignanais du Vernet. Long de 18km, c’est  probablement à ces deux derniers lieux qu’il doit son nom. Avec son petit air « moderne » car amplement bétonné, on a du mal à imaginer qu’il date du 10eme siècle (l’an 900 selon les archives départementales) et irrigue toute la région depuis ce temps-là. Il a même fait tourner quantités de moulins aujourd’hui disparus. On le suit en passant derrière les premières maisons de la rue Arago puis on le poursuit en restant constamment sur sa rive gauche. Assez souvent, on regrettera les détritus en tous genres qui l’encombrent ou flottent au fil de son lit. L’eau n’a pas de déchets par nature et l’être humain est seul responsable de ce que l’on trouve désormais dans toutes les eaux, que ce soit dans les mers ou dans les rivières. Un travail civique reste encore à faire et les associations responsables des canaux se désolent d’autant d’incivisme et d’irresponsabilité, et ce d’autant qu’elles manquent de moyens et de solutions efficaces. Lotissements de villas sur la droite, jardins potagers sur la gauche, le centre de Saint-Estève s’éloigne mais nous aurons l’occasion d’y revenir au retour. On remarque au passage les quelques vannes qui permettent d’irriguer les jardins maraîchers, les serres et autres vergers. Les décors changent très vite. Sur la droite, le club de tennis et ses terrains et sur la gauche, toujours de vastes champs potagers et des exploitations agricoles. Ces exploitations maraîchères deviennent la règle. Le canal, lui, est encadré d’immenses arbres. Platanes, peupliers et bouleaux multiséculaires offrent un ombrage agréable à ce début de balade. Pour certains, la vie s’est terminée sous la scie de tronçonneuses et leurs souches encore présentes permettent d’évaluer leur âge. Ceux-ci sont morts mais certains font de la résistance et voient leur énorme pied bourgeonner. Pour moi, ce canal, ces grands arbres et ces biotopes bien différents sont synonymes d’une avifaune composite très intéressante. Il serait bien trop long de faire une liste des oiseaux visibles dans ce secteur mais les pigeons, tourterelles, moineaux, merles, pies, mésanges, étourneaux, bergeronnettes et rouges-queues noirs sont de très loin les plus visibles et donc les plus communs. A l’approche du « Correc de la Bola », ce biotope change encore. Les cyprès, ronciers, roseaux, cannes de Provence et autres joncs viennent remplacer les grands feuillus. D’autres oiseaux y trouvent le bonheur : fauvettes, rousserolles et pouillots par exemple. Le canal et le sentier débouchent sur un gué qui enjambe la « Boule ». A la fois pont et aqueduc, un système d’écluse équipée d’une vanne permet une éventuelle dérivation des eaux du canal vers le ruisseau.  Si une passerelle et le canal continuent vers Baho, une autre passerelle offre la possibilité de remonter le cours de la Boule.  C’est cette option qu’il faut choisir même si un aller-retour vers Baho reste toujours possible et parfois très intéressant car ce tronçon étant moins emprunté, les oiseaux aquatiques y trouvent un milieu plus tranquille et donc mieux adapté à leur nidification. Affluent de la Têt, la « Boule » est un petit ruisseau naturel qui a été aménagé avec un haut enrochement permettant la régulation de son cours lors de crues éventuelles. Assez souvent, il est asséché partiellement voire totalement. Il faut remonter le ruisseau, traverser la D.616 et le poursuivre toujours sur sa rive gauche. Après la D.616, un élargissement de la Boule a été opéré très récemment, ce qui permet de le longer assez facilement. Cet élargissement ajouté à la faible profondeur du ruisseau et à la présence de roseaux, joncs et autres cannes de Provence est propice à une avifaune parfois bien différente. C’est ainsi que j’ai eu l’occasion de photographier plusieurs échassiers comme des aigrettes, des hérons ou bien encore de petits limicoles mais aussi de très colorés martins-pêcheurs. Il faut dire que ce ruisseau accueille divers batraciens et insectes dont se régalent de très nombreux oiseaux. Dès lors que les premières maisons apparaissent de l’autre côté du ruisseau, il faut envisager de le traverser. Si le niveau de l’eau ne le permet pas, il n’y aura pas d’autre solution que de rebrousser chemin et d’interrompre la balade car aucun passage piétonnier n’est présent. Si le ruisseau est asséché, il faut utiliser avec prudence les enrochements les plus saillants comme des marches, marches certes rudimentaires mais il n’y a pas d’autre alternative que de grimper par là en s’aidant des mains et des pieds. Si vous n’avez la dextérité suffisante ou si vous ne pouvez pas vous faire aider, renoncez à le faire et n’allez pas plus loin. Si vous y parvenez, vous débouchez sur une allée rectiligne bordant quelques luxueuses villas. C’est une courte portion terminale du Chemin des Aloès. Il faut l’emprunter en partant à gauche. Quelques mètres plus loin, il faut prendre à droite et monter une autre allée. Dès son début, elle est barrée de deux rambardes. Cette allée clôture la dernière maison et s’élève vers le lieu-dit « Cau de la Guilla ». Elle débouche sur un large chemin rectiligne, avec sur la droite une haie de cyprès et un profond fossé très souvent asséché, et sur la gauche des champs en jachères et des vignobles. Il faut marcher jusqu’à la terminaison de ces vignobles puis en arrivant sur une route bitumée, il faut tourner à droite direction La Pinède. Le fossé se poursuit à gauche dans la pinède jusqu’au cimetière sud. Le fossé se termine et se perd dans une buse de ciment mais on le retrouve à droite face à l’entrée du cimetière. Ici, on a le choix entre marcher au sein de la pinède ou bien longer la large piste contiguë au fossé, les deux itinéraires étant parallèles et séparés par une nouvelle haie de très hauts cyprès. C’est cette dernière option que je choisis en général car les cyprès sont très souvent favorables à l’hébergement de pinsons, serins et autres chardonnerets, quand au maquis qui se trouve côté « Mas de la Garrigue », il est susceptible d’accueillir une avifaune encore plus diversifiée : petits rapaces, coucous-geai, pies et tous les petits passereaux aimant se retrouver dans les landes broussailleuses. C’est ici que j’ai aperçu la très rare Fauvette à lunettes sans jamais réussir à la photographier correctement. La pinède, elle, a très longtemps abrité une quantité incroyable d’écureuils roux mais un peu moins depuis quelques temps.  Ce circuit se prolonge par le parcours sportif puis rejoint la D.45 et enfin l’étang. Lieu de fraîcheur festif,  de loisirs,  sportif et de détente, on y trouve le « Théâtre de l’Etang » et le complexe médical de la Pinède. Pour moi, l’étang est surtout synonyme d’avifaune certes mais de faune tout court. La plupart d’entre vous n’y verront que des moineaux, colverts, cormorans et autres mouettes rieuses mais quand on s’intéresse à la Nature stéphanoise en général comme je le fais depuis plusieurs années, on peut y distinguer une incroyable quantité d’espèces bien différentes. Cela va du très visible ragondin au discret Martin-pêcheur en passant par bien d’autres passereaux, poissons, écrevisses, serpents et autres tortues. Certaines espèces ne sont pas là innocemment et ont été introduites par des aquariophiles irresponsables et insouciants qui voulaient se séparer d’un animal devenu trop encombrant. C’est le cas de l’écrevisse de Louisiane visible sur les grèves de sable ou bien de la tortue de Floride que l’on peut voir sur les rochers les jours de fortes chaleurs. Les deux belles américaines sont invasives et donc nuisibles pour les autres espèces. L’eau de l’étang se déverse dans le « Correc de la Corregada » et c’est ce ruisseau qu’il nous faut suivre désormais. Ce correc marque la limite actuelle de la zone industrielle de la Mirande et un sentier le longe parallèlement sur la droite. Pour moi, ce tronçon est probablement l’endroit où j’ai photographié le plus grand nombre d’oiseaux migrateurs bien différents. Il serait bien trop long de tous les lister ici mais ça va de la Gallinule poule-d’eau à la Grive musicienne en passant par des coucous-geai et une variété incroyable de rapaces et de passereaux très originaux. Originaux car assez souvent, on ne s’attend pas à les trouver ici. Il est probable que ce lieu entre Torremilla et La Mirande soit un lieu de passage propice à la migration car les d’oiseaux s’y distinguent parfois en de très grands rassemblements. En tous cas, cette « Plaine de Torremilla » est inscrite à l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) comme une Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF). Assez sauvage, on y rencontre de nombreux papillons et j’y ai même aperçu ce qui m’a semblé être une loutre et plus sûrement un lièvre, des lapins de garenne et deux magnifiques faisans. Il est vrai que ce jour-là, jour de chasse, j’entendais les détonations toutes proches des fusils et que je n’ai pas donné cher du plumage de ces deux superbes volatiles. Après les derniers bâtiments industriels et les dernières villas, il faut continuer à longer la « Corregada ». Le ruisseau devient plus tortueux mais le sentier qui le longe existe toujours mais devient plus incertain car la plupart du temps embroussaillé. Il se faufile dans une steppe de graminées, de fenouil et hauts genêts.  D’ailleurs, le correc disparaît lui aussi dans une végétation exubérante où les joncacées, buissons, boqueteaux et grands arbres se partagent l’espace. Une fois encore, une extraordinaire avifaune y trouve un environnement favorable et ce malgré l’aspect « dépotoir » que le ruisseau présente parfois tout au long de son parcours. Plus loin, le sentier se transforme en un large chemin. Sur la gauche, un étrange paysage ocre de dépressions, de tertres et de falaises d’argiles se dessine. Ces zones temporairement mouillées accueillent une faune et une flore remarquables et parfois très difficiles à distinguer, en raison même de cet aspect humide passager et parfois très éphémère. C’est le cas de l’ Oedicnème criard, un oiseau rare et désormais très menacé d’extinction. C’est le cas aussi d’une étonnante et minuscule crevette au doux nom de Tanymastix stagnalis, étonnante car si elle vit dans l’eau, elle doit son existence à la sécheresse ambiante où ses œufs sont capables de survivre très longtemps et au repos dans l'attente d'une pluie bienfaitrice. Ici, et de ce fait, on regrettera que des fans de VTT, moto-cross, quads et autres buggies y trouvent des terrains de jeux à la hauteur de leur passion pour la vitesse et les montagnes russes. Cet endroit est pourtant le lieu de nidification du plus beau de nos oiseaux de France, le sublime et fragile Guêpier d’Europe. La femelle coucou-geai y niche aussi mais a pour habitude de parasiter le nid d’une pie bavarde afin de lui confier ses œufs, la pie devenant ainsi et involontairement une mère adoptive malgré elle. Ce lieu mériterait donc qu’on le protège et qu’on en réglemente l’accès à tous ces fous du guidon et du volant, et ce d’autant que ce lieu sert trop souvent aussi de décharge sauvage à ciel ouvert. Sur la droite et droit devant, les décors sont bien différents avec de grands espaces consacrés à des panneaux photovoltaïques, à des serres agricoles, à des oliveraies et à des vergers. Dès lors que l’on aperçoit les voies routières de l’autoroute La Catalane et de la Nationale 9, il est temps de penser à revenir vers Saint-Estève en empruntant le Chemin dit d’Estagel et du Vernet. Devant le Mas éponyme, on délaisse définitivement la Corregada qui part se perdre dans Perpignan tout proche. La boucle se referme pour ces eaux-là mais pour nous le chemin est encore long jusqu’au « Bar le Concorde ». Première longue ligne droite jusqu’au lieu-dit Mas Romeu. Malgré l’asphalte de cette route, l’eau n’est pas perdue pour autant. Il y a toujours des fossés d’évacuation des eaux pluviales. En outre, le Mas Romeu est un vaste domaine agricole entouré et traversé d’eaux grâce à un système d’irrigation. On tourne à gauche en direction de l’entrée de Saint-Estève et de son carrefour sur la D.616, le but étant de rejoindre la ligne de départ en retrouvant le « canal del Vernet à Pià ». Le canal traversant diverses propriétés privées, on n’a pas d’autre choix que d’entrer dans Saint-Estève en longeant la D.616 et Saint-Mamet puis on emprunte le rue François Mitterrand afin de le retrouver plus loin.  Au passage de Saint-Mamet, rien n’interdit de faire un petit détour pour partir à la découverte de la belle chapelle éponyme. Elle date de 1750 mais a été remarquablement restaurée. Au bout de la rue Mitterand, le canal est à nouveau là, sur la droite. Ponts en briques rouges et barrages à vannes jalonnent son parcours.  Sous l’ombrage des platanes et des palmiers, le centre-ville arrive vite, avec sa belle mairie, récemment rénovée et avec son clocher civil rococo et couleur jaune d’œuf. Il y a un centre ancien avec de jolies ruelles et de vieilles portes en arcades mais c’est surtout l’église paroissiale Saint-Etienne qui mérite un détour. Elle le mérite d’autant plus qu’elle est le seul vestige encore en bon état de l’ancienne abbaye fondée au IXeme siècle mais aujourd’hui disparue. Ancienne abbatiale, elle a subi de profondes transformations au fil des siècles et notamment son clocher et sa façade. C’est bien ici qu’il faut chercher l’origine de son nom catalan et médiéval de « Sant Esteve del Monestir » c’est à dire « Saint-Etienne du Monastère ».  L’église n’est pas très loin de la rue Arago et donc de la ligne d’arrivée. Cette balade telle qu’expliquée ici a été longue de 13 km environ. Moi, dans ce reportage, et pour découvrir un autre itinéraire, je me suis retrouvé dans une propriété privée. Alors bien sûr, ne le faites pas ! Si vous avez trouvé cette balade bien trop longue et qu’une petite soif se présente à l’arrivée, vous avez toujours la possibilité d’aller vous désaltérer au « Bar le Concorde ». Vous y trouverez moyennant finances bien d’autres boissons bien plus rafraîchissantes que les eaux de ce circuit, pourtant très agréable !  Carte I.G.N 2548 OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.

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