Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

cascade

Les Cascades Saint-Vincent et des Anglais à Vernet-les-Bains.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de la musique "The Cascades" du compositeur et pianiste américain Scott Joplin. Elle est ici interprétée successivement par Adrian Holovaty (guitare), Gabriele Lampietro (piano), Rhode Island Saxophone Quartet (saxophones) et enfin par Scott Joplin lui-même. 

Les Cascades Saint-Vincent et des Anglais à Vernet-les-Bains.

Les Cascades Saint-Vincent et des Anglais à Vernet-les-Bains.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

A Vernet-le-Bains, marcher vers les « Cascades Saint-Vincent (*) et des Anglais (**) » est une petite balade « incontournable » de notre beau département des Pyrénées-Orientales. Voilà de très nombreuses années que je n’y étais pas retourné. 20 ans ? 25 ans ? 30 ans ? Plus ? Franchement, je ne saurais le dire. D’ailleurs, je n’en garde que des bribes de souvenirs, avec bien sûr les superbes chutes d’eau mais surtout toutes ces passerelles qui permettent de franchir les très nombreuses difficultés. Je me souviens aussi d’y être aller en famille et d’y avoir amené mes deux enfants. Quels âges avaient-il alors ? 10 ans ? 13 ans ? 15 ans ? Là aussi, la mémoire me fait défaut, mais quoiqu’ il advienne, c’était il y a très longtemps. Une chose dont je me souviens parfaitement, c’était la mauvaise qualité du sentier plutôt difficile à cheminer en raison de la configuration du terrain. Je me souviens aussi qu’il y avait de merveilleux mimosas fleuris et de jolies stalactites de glace dans toutes les cascades. C’était donc en hiver. Aussi savoir que j’allais y retourner des années plus tard, avec cette fois-ci deux de mes trois petits-enfants était pour moi une joie intérieure intense. Pour Dany aussi.

Le 11 août au matin, il est 8h40 quand nous quittons Urbanya, où nous séjournons, direction Vernet-les-Bains. Nous partons avec l’idée d’aller à la rencontre de la fraîcheur mais à vrai dire déjà un peu inquiets car une épaisse chape nuageuse monte dans la vallée d’Urbanya. Elle arrive clairement d’en bas, c’est-à-dire où nous devons nous rendre. Cela ne présage rien de bon. Mon gendre Jean-Christophe, grâce à une application, a repéré le départ sur son smartphone et je n’ai qu’à le suivre en voiture. 1h plus tard, nous arrivons sur le vaste parking dédié au départ vers les cascades. Parking vaste certes mais déjà excessivement rempli à cette heure si matinale. Enfin, malgré cette affluence inattendue, nous trouvons deux places pour nos voitures respectives. La chance est avec nous car les autres véhicules qui continuent d’arriver semblent bien plus embêter que nous pour se garer. La chance aussi et le bonheur en sus de voir un ciel purgé de tout nuage. Le temps de s’équiper, de nous chausser correctement, d’harnacher nos sacs à dos et nous voilà partis sur « les chapeaux de roue ». Chapeaux dont je l’avoue, je ne me coiffe qu’assez rarement quand je marche seul, étant plutôt « enjôleur de Nature » qu’« enjoliveur ». Oui, à 71 ans mon « train » préféré est plutôt celle du « sénateur » que du « pilote automobile ». Pourtant un premier panonceau annonce la couleur : « Sentier des Cascades – Cascade des Anglais 3h A/R » auquel vient s’ajouter un second préconisant la prudence sur un terrain très accidenté et exposé à des conditions climatiques « sévères ». Mais peu de personnes les lisent. Enfin, à voir le rythme de démarrage de mes 5 comparses, ils ne les ont pas lus et aujourd’hui il va m’être difficile de flâner comme je le fais en solitaire. Pourtant, et par habitude, je reste toujours aux aguets de ce que la Nature me propose. C’est plus fort que moi. Alors, tout au long du parcours, je vais essayer de trouver un compromis ; que je ne vais jamais vraiment trouver ; et ce d’autant que les randonneurs sont excessivement nombreux aujourd’hui. Ce compromis consiste à ne pas me faire larguer tout en essayant de ne rien louper de ce que la Nature offre à mon regard et à mon appareil-photo. A cela, j’y rajoute la prudence qui s’impose en raison du Covid. Apparemment, le Covid qui sévit encore un peu ne fait plus peur à personne. Le masque a été oublié par tous et les gestes barrières aussi, sauf pour quelques-uns dont je fais partie et qui essaient de conserver une certaine distanciation dans les endroits les plus fréquentés. Enfin, en cette circonstance de pandémie, soyons tout de même honnêtes et ne reprochons pas aux autres ce que nous faisons nous-mêmes. C’est-à-dire « Vivre ! » et avoir envie de « Vivre ! ».

D’ailleurs ici, la vie est constamment présente avec bien évidemment cette eau de la rivière Saint-Vincent qui s’écoule si joliment en chantant voire parfois en hurlant selon les caprices des dénivellations. Cette rivière est vivante depuis si longtemps qu’elle a réussi à creuser de profondes gorges. Si aujourd’hui nous pouvons déambuler au fond de ces gorges, c’est grâce à l’ingéniosité de quelques hommes qui ont su créer ce sentier y élevant des passerelles, garde-fous et autres ponts de singe pour le plaisir du plus grand nombre.  La vie, elle se dévoile aussi avec une végétation exubérante dans laquelle la présence de quelques oiseaux, papillons, insectes et autres lézards ne semble intéresser que moi et mon appareil photo. Pas évident d’essayer de photographier la Nature au beau milieu d’une passerelle où des personnes se croisent dans un flot presque continuel. La vie, ce sont bien sûr les célèbres cascades. Celle de Saint-Vincent puis celle des Anglais où de nombreux visiteurs n’hésitent pas à parodier les pubs  « Ushuaïa » ou « Tahiti Douche », sans gel douche et dans une eau sans doute inférieure de très nombreux degrés. Oui, la vie est constamment présente au cours de cette courte mais si jolie balade, et sur le coup de midi, elle s’étale sur les roches granitiques sous les traits des très nombreux pique-niqueurs. Nous en faisons partie, car comment empêcher à des personnes qui adorent l’eau de prendre au moins un bain de pieds voire un bain tout court voire seulement un bain de soleil avant d’avoir envie de dévorer un ou plusieurs sandwichs ou une copieuse salade composée ? C’est notre cas et celui des petits-enfants en particulier. Nous adorons l’eau et manger. Deux plaisirs simples de la vie parmi quelques autres comme profiter du soleil sur une roche que ses rayons ont longuement tiédi. Manger ; raisonnablement bien sûr ; marcher, se baigner, se réchauffer au soleil, c’est l’assurance de vivre un peu plus longtemps. Alors pourquoi s’en priver dans le contexte actuel ? La vie, c’est aussi quelques truites apeurées qui zigzaguent entre nos jambes essayant d’échapper à ce prédateur qu’elles aperçoivent parfois une canne à pêche à la main. Aujourd’hui et pour leur bonheur, il n’y a pas de pêcheur, les prédateurs ne sont qu’imaginaires mais par contre des emmerdeurs qui viennent les réveiller au fond du lit de leur torrent préféré, il y en a beaucoup. Au fond de ces superbes et pittoresques gorges, difficiles d’imaginer qu’elles sont dominées par un seigneur des montagnes : notre mythique Canigou. Bien que le massif et son pic majeur soient invisibles, la rivière Saint-Vincent y commence sa vie, sa source étant située au lieu-dit Les Conques. La vie, c’est aussi laisser la place à d’autres visiteurs dès lors que le sentier se transforme en une cohue où marcher n’est plus un plaisir et devient seulement une galère. Oui, quand autour des célèbres cascades, cet instant commence à se produire, il est temps de rentrer. C’est ce que nous faisons avec tout de même un aller/retour qui aura duré 4h pique-nique et bains inclus. S’il est de coutume de dire que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, aujourd’hui, elle aura été pour nous une toute petite rivière bien agréable du nom de Saint-Vincent. Une rivière un peu paradoxale quand on sait que Saint-Vincent est surtout le patron des vignerons, c’est-à-dire du vin et non pas de l’eau. D’ailleurs et parmi de multiples dictons, je retiens celui-ci : « Prends garde à la Saint-Vincent, car si tu vois et tu sens, que le soleil est clair et beau, nous aurons plus de vin que d’eau ». Après tout pourquoi ne pas prévoir une bonne bouteille pour ce soir ? Horace n’a-t-il pas écrit que « le vin c’est la vie ». Quant à Alfred de Musset il a écrit « qu’importe le flacon pourvu qu’on est l’ivresse ». L’eau, la vie, la Nature, la famille et finir cette merveilleuse journée avec une bonne bouteille de vin, n’est-ce pas la meilleure manière de faire un pied de nez à ce coronavirus qui nous emmerde depuis déjà trop longtemps ? Cette balade a été longue de 4,1km A/R. Le dénivelé est de 251 m entre les 764 m d’altitude du parking et la cascade des Anglais à 1 015 m. Les montées cumulées ont été de 340 m. Sachez que le départ peut s’effectuer directement depuis Vernet-les-Bains devant l’Office de Tourisme situé place de la République. Il s’agit de la randonnée N°7 dont vous trouverez le dépliant en cliquant sur ce lien et dans ce cas précis, la distance sera de 7km A/R. Sachez qu’il existe également une possibilité de faire une randonnée en boucle en passant par le Col de Llavent puis le pic d’Alzina. Notez toutefois que le sentier des cascades est inaccessible du 30 septembre au 1er avril (arrêté municipal en vigueur).  Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

(*) La cascade Saint-Vincent ainsi que la rivière éponyme doivent leur nom à un petit hameau du nom de Saint-Vincent de Campllong où au XIème siècle a été édifiée une chapelle romane. Si je dis hameau c’est parce que selon les textes on y dénombrait 4 feux en 1348. Selon les spécialistes, cette chapelle aurait été directement édifiée avec des galets de la rivière toute proche. A ce jour, il ne reste de cette chapelle que quelques vestiges situés sur une parcelle privée. De ces vestiges, seuls restent des murs latéraux de sa nef et son abside semi-circulaire (Source Balades Romanes). Selon l’historien Pierre Ponsich, ce lieu puis son église auraient été la possession des moines de Saint-André d’Eixalada avant sa disparition puis ensuite celle des moines de Saint-Michel de Cuxa, ce qui permettrait de dire que le hameau est bien plus ancien. La rivière, d’une dizaine de kilomètres de long, affluent de la rivière Cady, prend sa source au lieu-dit Les Conques sur le flanc ouest du pic du Canigou. Comme la plupart des torrents de montagne, elle sort régulièrement de son lit engendrant des crues provoquant de multiples dégâts tout au long de son parcours. Les plus importantes crues ont été celles de 1940 ou de 1992. Lors de l’Aïguat de 1940, on estime à 500.000 m3 le volume de matériaux déversés par le Saint Vincent au sein de la vallée qui abrite Vernet-les-Bains (Source « Un contrat de rivière pour la Têt »). Le 6 mai 1943, les Gorges Saint-Vincent ont été inscrites à l’Inventaire des sites à protéger, l’Etat estimant qu’elles représentaient un intérêt général du point de vue scientifique, pittoresque et artistique, historique ou légendaire. Avec ses 532 ha, c’est le site inscrit le plus imposant en terme de superficie du département des Pyrénées-Orientales.

(**) La cascade des Anglais : Voici ce que l’on peut lire dans un texte du toponymiste Robert Aymard paru en 2008 aux Editions Caliban sous le titre « Pyrénées, un millénaire de présence anglais » :  « A l’autre bout de la chaîne (sous-entendu Pyrénées), je relève à Vernet-les-Bains une Cascade des Anglais. Ce nom vient de ce que, à la suite de la guérison par ses eaux thermales du fils du pacha Mehmet Ali en 1846, les Anglais affluèrent, par train direct depuis Londres. Rudyard Kipling y séjourna en 1910 et y écrivit notamment : "Pourquoi neige-t-il à Vernet ?". De plus, Vernet s’enorgueillit du seul monument célébrant l’Entente cordiale » , monument de Gustave Violet. Si la vie à Vernet-les-Bains d’Ibrahim Pacha,  fils de Mehmet vous intéresse, voici un lien où vous trouverez tous les détails de son séjour : http://ancienegypte.fr/iouf_khonsou/ibrahim_pacha.htm

Concernant les Anglais, et à partir de cette année 1846, Vernet n’eut de cesse d’essayer d’attirer une clientèle étrangère aisée. Les thermes deviennent propriété d’un banquier de Lisbonne le comte de Burnay et la direction est confiée à un allemand Emile Kiechle « précurseur de la mise en marché moderne ». Pendant la Belle Époque, l’aristocratie française et espagnole fréquentent Vernet-les-Bains en été, la clientèle britannique y vient plutôt en hiver. Grâce à d’importants travaux de restauration dans de très nombreux hôtels, Vernet-les-Bains s’étoffe et devient une station thermale « chic », de réputation mondiale mais surtout anglaise. C’est la Belle Epoque où toutes les stations thermales pyrénéennes sont au sommet de leur gloire. La venue de plusieurs personnalités anglaises de renom contribue à cet essor. Il en est ainsi de Rudyard Kipling, écrivain anglais certes mais surtout prix Nobel de littérature en 1907. Il séjourne à Vernet en 1910,  1911, 1912, 1914 et 1926 accompagnant son épouse Carrie Balestier souffrant d’arthrite. Bien d’autres aristocrates sont là aussi comme lord Frederick Roberts, commandant des forces anglaises contre les Boers en Afrique du Sud. Le premier ministre Arthur Balfour, le ministre de la guerre Kitchener, la princesse Battenberg, fille de la reine Victoria, lord Neville Chamberlain. Oui, les Anglais deviennent omniprésents à Vernet adorant le thermalisme et ses eaux sulfureuses, la douceur du climat, le plus souvent hivernale pour eux, leur séjour au pied du Canigou et les nombreuses possibilités d’excursions que ce massif leur offre. Parmi ces dernières, celle qui consiste à suivre les gorges du Saint-Vincent pour aller admirer les cascades. La dernière accessible, la plus grande des cascades finira par porter leur nom.

Partager cet article
Repost0

Le Serrat de l'Homme et la Cascade à Urbanya

Publié le par gibirando

Diaporama sur "Les feuilles mortes", paroles de Jacques Prévert et musique de Joseph Kosma

jouée à l'harmonica par Zolta49 et Zazapat

Le Serrat de l'Homme et la Cascade à Urbanya

Le Serrat de l'Homme et la Cascade à Urbanya

Cliquez sur les photos pour les agrandir. 2 fois pour avoir un plein écran.


 

A Urbanya, quand j’ai réalisé cette courte balade que j’ai intitulé « le Serrat de l’Homme », ça faisait exactement 3 semaines que j’étais tombé lors de la randonnée précédente sur les « Chemins d’Adrienne ». Mes multiples plaies commençaient à se cicatriser, mes gros hématomes sur tout le corps à changer de couleur. Ils étaient successivement passés du rouge vif à un bleu violacé puis à un bleu acier et maintenant ils étaient d’un jaune grisâtre vraiment disgracieux.  La hanche droite, sur laquelle j’étais tombée, présentait une volumineuse bosse mais peu douloureuse.  Désormais, seule ma cheville droite me faisait souffrir et très étonnamment, cette douleur n’était apparue que 4 à 5 jours après ma chute. Il est vrai qu’après ce phénoménal plongeon dont j’étais sorti indemne par je ne sais quel miracle, le tennis de table que je pratique deux jours par semaine n’était peut être pas la meilleure thérapie pour se requinquer. Ma cheville doublait de volume au moindre effort puis semblait reprendre sa taille normale lors de chaque période de repos. Plus tard, je compris qu’elle dégonflait mais qu’en réalité cette diminution n’était qu’à chaque fois qu’un peu plus partielle. Ce dégonflement n’était qu’un leurre et peu à peu cette douleur se transforma en une entorse monstrueuse nécessitant l’arrêt brutal de toute activité. Cet arrêt allait d’autant plus devenir nécessaire qu’une autre chute allait survenir quelques jours après cette balade. Chute, un nouvelle fois peu glorieuse puisque dans les escaliers alors que j’avais les semelles de mes chaussures mouillées. Chute, une fois encore sur le côté droit du corps, de la tête et des jambes, c'est-à-dire sur les parties qui avaient déjà bien « trinquées ». Nouveaux gros hématomes, nouveaux bleus et l’entorse s’amplifia un peu plus encore nécessitant une radio, une échographie, des séances de kiné et d’ostéopathie. Gadin.com comme certains m’avaient appelé lors d’un séjour « raquettes » à cause de ma passion pour l’informatique et parce que je tombais plus souvent que les autres, à cause de mon étourderie, parait-il, prenait enfin tout son sens.  Pourtant, l’étourdi que je suis et qui tombe assez souvent pour cette raison n’était pas en cause cette fois-ci. Non, cette fois, la fatalité s’y était mise aussi.  Mais voilà, aujourd’hui je n’en étais pas encore là. Le beau temps était de la partie, la montagne à quelques foulées, les couleurs de l’automne incroyablement chatoyantes et merveilleuses, la faune toujours aussi présente et l’envie de marcher intacte, plus forte que jamais, et d’autant plus forte quand on sent que l’incapacité voire l’interdiction ne sont pas très loin. Mais c’est bien connu « le savoir parle et la sagesse écoute » et comme chez moi, la sagesse n'écoute pas toujours, je n’en fais souvent qu’à ma tête. Alors que faire en ce lundi 31 octobre, jour de grand beau temps ?  J’ai mis une chevillière sur ma cheville malade, j’ai enfilé mes godillots de marche par dessus et je suis parti sur le chemin de Saint-Jacques, ligne de départ de multiples randonnées urbanyesques (*) que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer dans mon blog. Là, à la fin du bitume et devant le garage fait de briques et de broques mais surtout de tôles et qui abrite une vieille « deuche », au lieu de partir à gauche comme je le fais toujours, j’ai pris à droite. Un petit sentier démarre et se poursuit en balcon au dessus du vallon de la rivière Urbanya. Je connais bien ce chemin. Il file sur la solana vers l’extrémité du Serrat de l’Homme, colline aride envahie presque essentiellement par les genêts, les romarins, les ronciers et les cistes à feuilles de laurier. Si l’on poursuit ce sentier, il se termine au fond d’un profond ravin verdoyant où plusieurs « correcs » se rejoignent : correc de Narguilles, du Bac de Vallurs et de Vallurs (Baillours), ce dernier étant un affluent majeur de la rivière Urbanya, surtout quand il pleut. Pour être franc, je n’ai jamais trouvé de continuité à ce sentier finissant au  fond de ce vallon même si j’ai acquis la quasi certitude qu’en des temps plus anciens, il devait être encore bien plus long, plusieurs cortals perdus dans la garrigue étant la preuve évidente d’une vie pastorale passée. Rejoignait-il d’autres sentiers se trouvant plus haut ? La dense végétation de nos jours ne permet pas de le dire.  J’ai parfois tenté de rejoindre ces cortals mais sans jamais y parvenir, une végétation ligneuse et urticante a tout envahi et ne serait-ce qu’essayer se transforme très vite en un parcours pire que celui d’un téméraire combattant. Aujourd’hui, ce n’est pas avec ma « patte folle » que je vais essayer et d’ailleurs, je n’ai pas même prévu de descendre dans ce vallon. Non, j’ai décidé de m’arrêter avant la descente puis de remonter vers la crête sommitale du Serrat de l’Homme afin d’effectuer une boucle. Deux sentiers peu évidents que j’avais repérés précédemment me laissent supposer que cette boucle est possible. De la terrasse de ma maison, j’ai vu par deux fois un groupe de cervidés l’emprunter et rejoindre la crête. Voilà mon objectif. Alors bien sûr, je ne suis ni un cabri ni un cerf, surtout aujourd’hui, et ici tout s’effectue hors des sentiers battus et donc sans balisage. Mais c’est l’automne et je sais déjà que la balade va être vraiment superbe. Avec sa grandiose forêt et son ample vallée, les décors sont somptueux et les couleurs de l’automne sont au rendez-vous grâce à une multitude d’essences bien différentes. C’est juste la bonne époque, celle où l’automne colore la nature sans encore trop la roussir. Dans quelques semaines, il sera déjà trop tard. Les feuilles se mettront à tomber et l’hiver pointera le bout de son nez rouge. Aujourd’hui, je regrette simplement ce ciel un peu opalin et un manque de luminosité dû à une évaporation de l’humidité nocturne. Le sentier tout en balcon au début offre des vues plongeantes sur le ravin de la rivière Urbanya et comme ce ravin se creuse au fur et à mesure de la progression, le plaisir de marcher va crescendo. Il faut d’ailleurs prêter attention où l’on mets les pieds car le sentier est très étroit et parfois assez âpre et certains à-pics réclament prudence. Quelques piquets et une ficelle font office de garde-fou mais attention, en réalité,  ils ne protègent rien. Au bout de ce vallon, que les écrivains appellent « des seigneurs », à cause des multiples châtelains ayant régné sur le secteur, le Canigou finit par surgir dans toute sa splendeur. A l’instant même où le sentier amorce la descente, il faut se décider à rebrousser chemin puis très vite, le but est d’atteindre un premier mamelon qui se trouve sur la droite. Sur la carte I.G.N, il est mentionné à la côte 929. Au début, il vous faudra zigzaguer dans le végétation, vous aider un peu de vos mains pour gravir quelques rocs peu élevés mais on y arrive sans trop de peine, l’essentiel est d’avoir toujours, un pantalon long en toile, de préférence assez solide, un tee-shirt ou un sweet à manches longues, et des bonnes chaussures à tiges hautes, la finalité étant d’éviter de s’écorcher la peau aux nombreuses ronces et prunelliers qui encadrent les passages. Assez vite, vous rejoindrez le meilleur itinéraire puis la côte 973. Là, le parcours est déjà bon et vous cheminerez la crête du Serrat de l’Homme avant de rejoindre le sentier habituel, prolongement du Chemin de Saint-Jacques. Depuis le centre d’Urbanya, cette balade est plutôt courte, moins de 4 km, mais comme elle correspond bien à mon aptitude du moment et de ce fait, j’en ai été très satisfait, d’autant que quelques oiseaux et papillons ainsi qu’un fugace chevreuil sont venus s’enregistrer dans mon numérique. Sans ma chute sur les Chemins d’Adrienne et ce problème à la cheville droite, jamais sans doute, je n’aurais inventé cette balade que les cervidés et les chasseurs sont les seuls à emprunter régulièrement. C’est d’ailleurs grâce à eux, et parfois à quelques bovins, ovins et chevaux en liberté, que le sentier au plus haut du Serrat de l’Homme existe sans doute. J’ai cherché à savoir pourquoi dans nos belles Pyrénées-Orientales, nous trouvions très souvent des lieux-dits intitulés « de l’Home » en catalan et « de l’Homme » en français et je crois avoir trouvé un début d’explication dans le beau roman d’Armand Lanoux « Le berger des abeilles ». Voilà ce qu’il en dit alors que les principaux personnages du roman viennent de découvrir un homme mort dans la montagne à proximité du Canigou : « Un inconnu, on l’appelle « Homme ! » Comme en castillan « Hombre ! »…Tout individu est responsable de l’espèce…… C’est la forme jaillissante de l’humanisme. Voici, par cette rencontre, la Canigou installé dans son symbolisme immémorial. Les lieux-dits « Correc de l’Homme » ou « Serrat de l’Homme mort » et bien d’autres témoignent. L’Homme est le géant. Le Canigou est la montagne de l’Homme ». L’archéologue Jean Abélanet dans son livre « Lieux et Légendes du Roussillon et des Pyrénées Catalanes » recensent, lui, une quantité incroyables de lieux-dits de l’ «Homme » mais la plupart sont « morts » et ont laissé leurs noms aux endroits où leurs proches avaient pris l’habitude de commémorer leur décès naturel ou accidentel : Coll, Pas, Puig, Serrat, Camp, Roc, Creu, Font, Pic, Rec, Correc,  ce qui n’est pas le cas ici à Urbanya où il s’agirait plutôt d’un inconnu apparemment. Le Serrat de l’Homme serait donc le Serrat de l’Inconnu. Le Canigou n’est pas très loin. À quelques kilomètres seulement à vol d’oiseau. Je l’aperçois. Magnifique. Grand seigneur. Suis-je l’Homme ? Suis-je l’inconnu ? En tous cas, je ne suis pas encore l’Homme Mort et seulement un homme qui aime la montagne, un peu claudiquant aujourd’hui. Un « coix » ! Un diable boiteux ! Bien connu en Catalogne depuis Lesage. Depuis le départ devant la mairie, cette balade est longue de 3,8 km pour des montées cumulées de 385 mètres et un dénivelé de 117 mètres. Si vous la trouvez trop courte, ce que je peux comprendre, je vous propose d’aller faire un tour à la cascade, lieu très raffraîchissant, bien connu des enfants urbanyains, qui l’été, n’hésitent pas à aller s’y baigner. Toutes proportions gardées, elle est un peu notre « Tahiti douche ». Pour cela, il vous suffit d’emprunter la rue de la Mairie, de poursuivre le Cami de Las Planes puis de continuer toujours tout droit en suivant le cours de la rivière, un coup à droite et un coup à gauche. Peu après le deuxième pont, le bitume laisse la place à un large chemin de terre qui se terminera 700 mètres plus en amont sur un rustique et petit pont de bois. La cascade, haute de 6 à 7 mètres et que l’on entend chuter, est là, sur votre gauche. L’eau est constamment fraîche mais pour moi c’est toujours un plaisir que d’y aller m’y baigner les jours de grand soleil. Après cette belle découverte et grâce à un petit sentier, le retour vers Urbanya peut s’effectuer sur la rive gauche de la rivière et vous aurez ainsi parcouru 2 kilomètres de mieux. Carte I.G.N 2348 ET Prades- Saint-Paul-de Fenouillet - Top 25.

(*) Autres balades réalisées à partir du Chemin de St-Jacques d'Urbanya :

 

 

 

 

Enregistrer

Partager cet article
Repost0