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Les Tours à signaux et la carrière de marbre de Badabanys depuis Villefranche-de-Conflent.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté  de la superbe voix du chanteur italo-brésilien Luke Silva dans 4 chansons en duo. Elles ont pour titre : "I Have Nothing" avec la chanteuse Serka"Skyfall" avec la chanteuse Leire"You Are The Reason" avec la chanteuse Elisa Astrid"Someone Like You" avec le chanteur Sungjoon

Les Tours à signaux et la carrière de marbre de Badabanys depuis Villefranche-de-Conflent.

Les Tours à signaux et la carrière de marbre de Badabanys depuis Villefranche-de-Conflent.

Pour agrandir les photos cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Quand j’ai décidé de cette randonnée consistant à monter vers « Les Tours de Badabanys depuis Villefranche-de-Conflent », je savais déjà ce qui m’attendait. En effet, lors d’une longue randonnée intitulée « Le Circuit des Minerais », j’avais déjà eu l’occasion de découvrir ces lieux amplement ruinés. Comme le dit si bien l’excellent site Internet consacré à l’Histoire des Pyrénées-Orientales : « Mentionnées dès 1081 et détruites après 1659 sur ordre de Vauban, les tours de Badabanys ne présentent plus aujourd'hui que leurs soubassements. Celui de la "Tour grosse", de dimensions imposantes, est fortement taluté. On distingue les vestiges de la chemise annulaire et du fossé. A la base de la tour, la citerne a contribué à l'appellation erronée de "Citerne de Vauban" que l'on donne à ces ruines, en concurrence avec celle, totalement fantaisiste, de "Camp romain". Un peu plus bas au Nord-Est, la "petite tour", également ruinée, a tiré parti du relief pour être protégée par un profond fossé. En 1346, Pierre IV d'Aragon, qui réorganise le fonctionnement de la grande tour (Elément essentiel à grand rayon d'action) ordonne la mise hors service de la petite tour ( Desserte locale de Villefranche en fond de vallée ) et en fait murer la porte. Le mot "Badabanys" est formé de "Bada" qui signifie "Guet" ou "vigie" et "Banys", "les bains", pour une référence à Vernet-les-Bains. Ces tours étaient donc vues comme les tours de surveillance des bains.». Voilà donc pour l’Histoire résumée et la toponymie de ce lieu où ne subsiste de ces tours à signaux que quelques murets fortement arasés voire carrément avachis et d’anciennes citernes dont seule celle de la grande tour est encore opérationnelle paraît-il. Pour en savoir un peu plus de ces deux tours, il suffit de suivre le lien suivant : https://inventaire.patrimoines.laregion.fr/dossier/IA66003717

Alors certes, il est intéressant de les visiter après en avoir appris l’Histoire mais d’autres attraits sont présents lors de cette randonnée que nous démarrons du lieu-dit Le Faubourg où nous avons trouvé une place pour ranger notre voiture. Il est à peine 10h40 quand nous traversons le pont Saint-André car c’est de l’autre côté de la N.116 que se trouve le panonceau de départ : « Corneilla-de-Conflent-Vernet-les-Bains ». En premier lieu, la longue montée en lacets offre des vues très captivantes. On y aperçoit de belles vues plongeantes sur la cité fortifiée de Villefranche-de-Conflent, mais  aussi vers le fort Libéria, vers Notre-Dame-de-Vie et une fois bien plus haut vers la chapelle Saint-Etienne de Campilles. Autant de sites historiques découverts lors d’autres balades. Une fois le plateau de Badabanys atteint, d’autres vues s’entrouvrent donc celle vers le pic du Canigou tout proche reste le clou du spectacle. Surtout s’il est enneigé. Ce jour-là disons qu’il était saupoudré. Côté Canalettes et vallée du Cady, le panorama vers le plateau d’Ambouilla n’est pas mal non plus. Personnellement, il me ramène à plusieurs superbes randonnées dont celle évoquée en exergue consistant à cheminer le long « Circuit des Minerais ». Puis enfin, comme nous l’avons fait ici, on peut partir découvrir l’ancienne carrière de marbre. Divers noms lui ont été attribués : carrière des Canalettes, de Badabanys voire de Corneilla-de-Conflent ou de la Provençale,  nom de la société l’ayant exploitée quelques années.  Elle est de nos jours abandonnée mais facilement accessible depuis les Tours de Badabanys par divers sentiers. On y aperçoit clairement deux niveaux d’extraction. Il semblerait que la qualité du marbre rouge cristallisé de blanc très fracturé n’ait pas été à la hauteur des espérances et ce d’autant que la couleur du minerai n’est pas homogène car on y trouve des calcaires jaunâtres ou gris-bleu. Cette carrière aurait donc servi presque essentiellement et temporairement à en extraire des granulats et des petits blocs servant à des parements. (sources personnelles Emmanuel Custodero). Sa visite permet de la découvrir sous des angles multiples puisque divers chemins et sentiers l’entourent dans sa globalité. Ainsi se termine les découvertes et il est temps soit d’aller pique-niquer comme nous l’avons fait nous-mêmes soit d’amorcer le retour par le même sentier en lacets. Il est mentionné dans les textes que ce chemin muletier d’une longueur de 1.600 m pour 1 m de large était qualifié de « stratégique » par le génie de sentiers et déclaré d’utilité publique par décret du 6 février 1886 (source inventaire.patrimoines.laregion.fr) . Si notre pique-nique s’est magnifiquement déroulé sur le ciment de la grande citerne Vauban, à l’instant de quitter les lieux, l’hélicoptère de la Sécurité Civile survolant le sentier de Notre-Dame de Vie nous a ramené à de bien pénibles souvenirs. Nous étions aux premières loges de ce sauvetage hélitreuillé en direct.  L’hélitreuillage d’une randonneuse nous a rappelé ceux que Dany et moi avions vécu lors de ce fameux « Cauchemar pour trois étoiles », aux Tres Estelles en 2004. Finalement, nous apprendrons sur l’Indépendant du lendemain qu’il ne s’agissait que d’un malaise vagal souvent plus spectaculaire et donc inquiétant que dangereux (*). J'ose espérer que ce fut le cas.  Ainsi, après cette scène peu réjouissante, le retour vers Villefranche-de-Conflent fut un peu moins agréable que la montée. J’en ai profité pour mettre mon appareil-photo à contribution pour recenser une faune le plus souvent aux abonnés absents et une flore surtout présente le long du canal d’irrigation de Bohère. Ainsi se termina cette courte balade dont seule la déclivité de 342m pourrait freiner ceux qui n’aiment pas les ascensions surtout si elles sont tourmentées. Comme expliquée ici, la distance parcourue a été de 6,5km environ incluant la visite des deux tours, la carrière de marbre et un bout du canal de Bohère. Les montées cumulées enregistrées ont été de 726m. Le point culminant enregistré à 790m est proche de celui figurant sur la carte IGN près de la Tour grosse à 793m. Carte IGN 2349ET Massif du Canigou top 25.

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La Serre du Bosc del Prior (828 m) depuis Corneilla-de-Conflent (548 m)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est enjolivé de la chanson "Vénus"  écrite par Ed Marshall et Peter De Angelis, successivement interprétée ici par les excellents Frankie Avalon, Les Compagnons de la Chanson, Johnny Tillotson, Gloria Lasso, The Lettermen, Johnny Mathis.

La Serre du Bosc del Prior (828 m) depuis Corneilla-de-Conflent (548 m)

La Serre du Bosc del Prior (828 m) depuis Corneilla-de-Conflent (548 m)


Avec Dany, mon épouse, on marche ensemble depuis de longues années. Un peu moins désormais à cause de ses problèmes articulaires. En randonnée, je la connais par cœur. Je sais ce qu’elle aime et je sais aussi ce qu’elle n’aime pas. Malgré ça, il m’arrive parfois d’être très embêté dans les challenges qu’elle me fixe. C’est le cas en cette magnifique journée d’automne. Nous sommes début novembre. L’envie de marcher est là, mais elle m’a fixé dans la balade qu’elle est prête à faire, les contours suivants : pas trop loin, c'est-à-dire pas trop de route à faire en voiture depuis Urbanya où nous résidons, pas plus d’une dizaine de kilomètres à marcher, un dénivelé le plus modeste possible et la connaissant, je sais que c’est environ 300 mètres au maximum, et enfin et surtout de beaux panoramas à observer, de préférence à l’heure du pique-nique. Rien que ça ! Ce n’est plus un challenge c’est une prouesse, un défi qu’elle me demande ! Alors, je reprends un à un les éléments. Pas trop loin, ça exclut automatiquement toutes les régions autre que le Conflent. La Cerdagne et le Capcir où depuis Urbanya nous allons marcher habituellement sont bien trop loin. Les autres régions du département équivaudraient à rentrer à notre domicile. Il faut donc que je cherche ou que j’invente une randonnée d’une dizaine de kilomètres et de 300 mètres de dénivelé maximum dans le Conflent. Marcher à Urbanya ? Non, les dénivelés sont bien trop costauds à moins de refaire des balades déjà faites des dizaines de fois. De beaux panoramas ? Il n’y a pas d’inquiétude à avoir car dans le Conflent, je connais peu de randonnée où le Canigou ne soit pas la toile de fond. Alors, je me mets à chercher sur la carte I.G.N et le Conflent uniquement, et à force de la scruter, figurez-vous que je finis par trouver la randonnée presque idéale. En regardant la carte cadastrale sur Géoportail, je l’ai naturellement intitulé la « Serre du Bosc del Prior » car l’itinéraire emprunte une longue crête qui s’appelle « la Serre » circulant dans un bois au joli nom de « Bosc del Prior », le « Bois du Prieur ». Cette balade démarrant depuis le très beau village de Corneilla-de-Conflent et filant jusqu’à celui de Fillols, au pied du Canigou, tout semble réuni pour en faire la randonnée rêvée de Dany. Avec l’itinéraire tel que je l’imagine sur mon logiciel CartoExploreur tout rentre parfaitement dans le moule. Un premier tracé succinct me donne une boucle de 10,800 km de distance et de 280 mètres de dénivelé. Si je rajoute une visite de Fillols, on ne devrait pas dépasser les 12 km et les 300 m de dénivelé. En ce 7 novembre 2015, il n’est pas encore 10h quand nous démarrons de Corneilla-de-Conflent. Personnellement, j’ai découvert ce village, très récemment, lors d’une agréable randonnée sur le Circuit des Minerais au mois de mai dernier. Revenir ici, m’enchante car j’ai immédiatement aimé ce village paisible avec son imposante et merveilleuse église Sainte-Marie dont malheureusement, je ne connais toujours pas l’intérieur. Il y a également une tour moyenâgeuse. Après quelques photos souvenirs de ces deux monuments, nous nous mettons vraiment en route. Au centre du village, mon GPS m’indique une altitude de 540 mètres. Derrière l’église, je constate qu’une affiche explique quelques balades et parmi elles, il y en a une, « le Circuit Roman », dont le tracé est sensiblement similaire au mien sauf le retour depuis Fillols. Quand à la partie intitulée « la Serre », moi, je l’ai prévue au retour alors que là, elle amène le randonneur directement vers Fillols. Je prends une photo de l’affiche et du circuit, ça peut toujours servir. Dany est partie devant, car moi je traîne déjà. Il faut dire que d’emblée, un oiseau plutôt étrange est venu provoquer mon goût immodéré pour l’ornithologie et la photo. Un oiseau que je ne connais pas en tous cas et dont j’apprendrais le nom qu’après l’avoir rechercher sur Internet : un Capucin bec de plomb (Lonchura malabarica) dont la lecture de son statut en France m’apprend qu’il ne serait présent que dans la région PACA et jamais vu dans les Pyrénées-Orientales sauf en cage. Alors migration nouvelle ou échappé d’une volière ? L’avenir nous le dira ! Au départ, le sentier reprend à l’identique celui du P.R Circuit des Minerais. Il n’y a donc pas de difficultés, le balisage jaune est bien présent et il suffit de le suivre. Tout en montant, les paysages se dévoilent sur Corneilla, sur le Vallon du Cady, sur le Massif du Canigou, sur le pic des Tres Estelles et sur la Serre de Badebany plus connu sous le nom de Canalettes à cause de son incroyable sous-sol. Dany paraît ravie même si l’essentiel du dénivelé est là, sur cette portion de la boucle imaginée. La déclivité est plutôt douce et tout va bien pour l’instant. Contempler la flore, la faune et les paysages sous un soleil radieux suffit à notre bonheur commun. Moi, j’y rajoute le plaisir de la photographie.  Au lieu-dit Cabanels, je retrouve quelques aspects déjà découverts au mois de mai dernier : murets en pierres sèches, ruines, terrasses et autres vestiges agropastoraux, postes de chasse et orris. La météo est superbe et le ciel est même un peu trop opalin en raison des fortes différences de températures entre la nuit et le jour. Cette brume laiteuse s’estompe peu à peu et il fait déjà bien chaud. Un temps idéal pour randonner mais un peu moins pour prendre des photos, la luminosité n’étant pas suffisamment parfaite. En moins d’une heure, nous avons atteint le Roc Ample, intersection de chemins à 704 mètres d’altitude. Dix minutes plus tard, nous voilà devant les enclos de La Collade où de nombreuses « gasconnes » en sont déjà à se prélasser en mâchonnant leurs dernières ripailles. Le fourrage était bon, le soleil est presque au zénith et l’herbe est tendre, alors elles en profitent pour se reposer avant la prochaine traite ou peut être l’abattoir. Lait ou viande, je ne sais pas ce qui les attend vraiment. Nous repartons sans tarder car pour Dany et moi, cette vision d’un cheptel ou d’un seul animal nous laisse toujours dans la perplexité, tant l’on sait la dimension du gaspillage dans l’alimentation contemporaine. Le parcours étant désormais nouveau pour moi, je rallume mon G.P.S et sort de ma poche mon bout de carte où se trouve le tracé enregistré. A cette intersection, il y a quatre directions et celle que nous devons prendre est la piste qui file vers le nord-est. Elle contourne le lieu-dit « Font de la Berjoan ». Ici, mon G.P.S ne captant pas bien les satellites, nous empruntons la bonne piste qu’après quelques longs instants d’hésitations. Quelques ramasseurs de champignons, têtes baissées et culs en l’air, sont bien trop occupés à chercher leurs joyaux champêtres, de gros cèpes en l’occurrence, pour perdre du temps à nous indiquer le bon chemin. Quelques mètres plus loin et au regard de nos pas hésitants, une très gentille demoiselle s’approche de nous et nous confirme que nous sommes bien sur la piste menant à Fillols. La piste est large et la haute forêt de pins sylvestres, sapins et autres cèdres de l’Atlas bien agréable à cheminer. Elle devient d’autant plus agréable que très vite un ample panorama s’entrouvre sur un vaste plateau bosselé et boisé et sur le pic du Canigou et toute sa partie nord-ouest de son massif si fracturé. En effet, vu d’ici, les flancs du massif sont une succession ininterrompue de ravins et de protubérances rocheuses ou boisées. L’automne a déjà largement coloré tous ces paysages. Des couleurs chaudes. Aussi chaudes pour le plaisir de nos yeux que la météo du jour sur nos têtes.  Il n’est pas encore midi quand nous atteignons la chapelle ruinée de Saint-Pierre de Fillols. Face au Canigou et dominant Fillols, ce sont les abords herbeux et ensoleillés de cette vieille chapelle romane qui vont faire office d’aire de pique-nique improvisée. Assis directement sur l’herbe et dos contre un mur de l’église, nous allons y rester une bonne heure à casser la croûte et à nous reposer en écoutant les chants entêtants mais ô combien apaisants de nombreux oiseaux qui ont élus domicile dans un immense chêne tout proche. Après cette longue pause, nous partons visiter Fillols où l’essentiel de la vie semble tourbillonner autour de sa belle église Saint Félix. Là, une fois Fillols découvert, retour vers Saint-Pierre puis montée assez sévère mais très courte vers des pylônes qui s’élèvent au dessus de la Serre. Sur ce large layon sableux au milieu de la belle forêt du Bosc del Prior, une fois la pente gravie, le chemin se stabilise puis chevauche de tous petits mamelons avant de redescendre vers la Collade. Ici et comme je l’avais supposé en imaginant le tracé de cette balade, les vues sont superbes mais rarement à 360 degrés. Vers le nord, les pins empêchent le plus souvent toute vision. Dommage. En tous cas, Dany continue d’être aux anges et c’est bien là l’essentiel. Il faut dire que les vues sur Corneilla et tout le Conflent en général y sont somptueuses. Moi, je suis également enchanté, car sur cette crête, les papillons à photographier y sont encore plutôt nombreux malgré la saison automnale déjà bien avancée. Il est vrai que la plupart du temps, ils sont complètement "escagassés" comme on dit dans mon beau pays de Provence. Ils ont fait de la résistance pour parvenir vivant en novembre mais à quel prix le plus souvent ? Gagnent-ils quelques semaines de vie à cause du réchauffement climatique ? En retrouvant la Collade et son enclos à bétail, j’ai la conviction d’avoir déjà atteint mon but : celui d’avoir su trouver une belle et facile randonnée pour le bonheur de Dany ! Désormais, il ne reste plus qu’à redescendre vers Corneilla-de-Conflent, ancienne capitale et résidence d’hiver des comtes de Cerdagne. Dix siècles sont passés mais décidément, il faut bien admettre que nos gouvernants anciens n’étaient pas si idiots que ça. Ils savaient où il faisait bon vivre. Ils savaient s’entourer d’hommes ingénieux pour construire de superbes édifices dont certains ont réussi à traverser le temps. Ils savaient ce qui était bon pour leur peuple et ce qui ne l’était pas ! Pas vraiment comme aujourd’hui, il faut bien l’avouer ! Telle que nous l’avons réalisée, visite de Fillols incluse, cette balade est longue de 13,4 km. Le dénivelé est de 280 m et les montées cumulées de 765 m. Une balade idéale à faire en toutes saisons. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

 

 

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Le Circuit des Minerais depuis Villefranche-de-Conflent

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté avec des musiques d'Ennio Morricone extraites de la fameuse trilogie des films dits "western spaghetti" de Sergio Leone : "Pour une poignée de dollars", "Et pour quelques dollars de plus" et "Le Bon, la Brute et le Truand" 

Comme je le fais régulièrement, ce circuit pédestre au départ de Villefranche-de-Conflent, je l’ai d’abord imaginé sur la carte I.G.N et de ce fait, j’ignorais totalement qu’il existait et qu’il avait été appelé le « Circuit des Minerais ». Je ne l’ai su qu’à mon retour et je m’en explique à la fin de cet article. En tous cas, sur la carte I.G.N, ce tour pédestre n’avait pas de nom et même si je n’avais aucune prétention d’une quelconque paternité, en analysant le parcours, si j’avais dû lui en donner un, je l’aurais certainement appelé les « Balcons des Trois Vallées » En effet, et même si le nom de « Circuit des Minerais » n’est pas inapproprié, les mines étant nombreuses, je le trouve assez réducteur car il n’y a pas que ça à découvrir et le patrimoine historique est également très important. Cet intitulé de « Balcons des Trois Vallées » m’aurait paru judicieux car l’essentiel de l’itinéraire s’effectue sur des crêtes dominant respectivement les vallées de la Têt, du Cady et de la Rotja. Ces principales crêtes ont pour noms « Canalettes », « Badebany », « Serrat d’en Parot » et « Ambouilla » et toutes ont pour point commun de dominer une de ces trois vallées quand ce n’est pas les trois en même temps comme c’est le cas du Massif des Canalettes dès lors que l’on atteint son sommet. Il est vrai que ce dernier massif comme celui d’Ambouilla sont bien plus connus pour la magnificence de leurs grottes souterraines que pour leur pinacle. Personnellement, j’ai fixé le point de départ à Villefranche-de-Conflent, c'est-à-dire quasiment à la confluence des trois rivières, confluence dont on connaît l’importance puisque la plupart des historiens et des géographes sont d’accord pour dire qu’elle aurait engendrée le nom même de cette région c'est-à-dire le mot « Conflent ». Quand j’ai imaginé cette boucle, nous étions en hiver et je m’étais dit que ce serait bien de la garder pour le printemps et une belle journée anticyclonique. Une journée où j’aurais le bonheur de marcher sous un beau ciel bleu et un soleil éclatant. Le 26 mai, en regardant les prévisions météo, j’ai le sentiment que cette journée est peut être pour demain. Alors je prépare mon sac à dos et effectivement, le lendemain matin, la belle journée annoncée par Météo France est bien là. 8h15, je quitte Urbanya où je passe quelques jours entre restauration de ma petite maison, lecture, farniente et petites balades consacrées à de la photographie animalière ou floristique quand ce n’est pas à  la recherche de roches gravées néolithiques que l’on m’a signalées sommairement et que je cherche encore et en vain pour la plupart d’entre-elles. Dany, elle, est partie chez notre fille, en région parisienne et je n’ai donc aucun impératif ni aucune contrainte dans mon emploi du temps. Je suis donc libre comme l’air et j’adore la randonnée pédestre quand il en est ainsi. Avoir tout le temps devant moi, voilà ce que je préfère lorsque je marche ! Enfin, les mots « flâner » ou « vagabonder » conviennent bien mieux que « marcher » car je ne me fixe aucun délai pour arriver. 9h15, après quelques achats alimentaires dans un supermarché de Prades, en prévision de mon pique-nique, je gare ma voiture au Faubourg, quartier ouest et extra-muros de la cité fortifiée de Villefranche. Je traverse le Pont Saint André car je sais que le départ est là, de l’autre côté de la Nationale 116. Ici, le Massif des Canalettes dresse majestueusement sa paroi rocheuse et boisée et quand on est à ses pieds, on est toujours un peu impressionné par sa haute stature paraissant presque infranchissable. Enfin, c’est le cas pour moi car c’est la première fois que je viens y balader. Pourtant, si la sente monte régulièrement, le plus souvent c’est à l’ombre bien agréable des sous-bois d’immenses résineux et en de longues sinuosités rendant ainsi l’ascension bien plus endurable. Il y a même assez souvent des portions bien planes permettant de reprendre son souffle. Parfois, quelques fenêtres s’ouvrent sur le défilé de la Têt et sur son autre versant et c’est l’occasion de faire des pauses pour contempler les superbes vues plongeantes sur le vallon et Villefranche. Sur l’autre flanc du vallon, on n’oublie pas d’admirer la forêt domaniale du Coronat, l’étonnante chapelle Notre Dame de Vie et le monumental Fort Libéria. Au plus haut de la crête, on devine le clocher de la petite chapelle Saint-Etienne de Campilles, objectif d’une belle balade précédemment expliquée. On la découvre bien mieux une fois la grimpette complètement terminée. Pour moi, cette ascension est également synonyme de découvertes de la flore et de la faune de cette belle forêt et je vais mettre exactement 1h15 pour arriver au sommet. On notera que c’est le temps donné sur le petit panonceau du départ pour atteindre Corneilla-de-Conflent, c’est dire si ma flânerie est plus qu'excessive mais fleurs, oiseaux et papillons me ralentissent constamment. Maintenant, je comprends bien mieux pourquoi tous les grands naturalistes et botanistes des siècles précédents sont venus traîner leurs guêtres dans ces collines du Conflent. Au sommet, les panoramas s’entrouvrent merveilleusement et notamment vers l’ouest, vers les hauts sommets du Conflent et de Cerdagne et les hautes collines des Garrotxes. Vers le sud, le Massif du Canigou et celui des Tres Estelles saturent parfaitement l’horizon. Les panonceaux de randonnées sont nombreux et proposent quelques curiosités : Grande et Petite Tour de Badabanys, carrière de marbre et bien sûr, la direction que je dois suivre vers Corneilla-de-Conflent. Aucun panonceau n’indique le nom d’un quelconque « Circuit des Minerais ». J’ai le temps et je veux tout voir, alors je pars vers la gauche, visiter la Petite Tour de Badabanys. Une petite pancarte en raconte brièvement l’Histoire : « Soubassement et citerne, tour à signaux, mise hors service en 1346 par Pierre IV d’Aragon ». Toute une Histoire semble-t-il, mais bien trop brève à mon goût ! Après cette courte visite, je repars vers la Grande Tour qui n’est qu’à une centaine de mètres de la Petite. Là, il est mentionné : « Chemise annulaire, fossé et citerne, tour à signaux, détruite après 1659 par Vauban ». Pour des explications historiques plus approfondies, il me faudra voir si Internet est un peu plus bavard. Je pars avec l’idée d’aller vers la carrière de marbre mais ici à la Grande Tour, aucun balisage clair et précis n’y mène vraiment et seul un balisage jaune bien présent file vers Corneilla. D’un autre côté, je n’ai pas trop envie de rebrousser chemin une fois de plus. Alors après être descendu sur un large chemin, il faut que je me rende à l’évidence, je me suis sans doute un peu trop éloigné de la carrière de marbre. Alors je sors mon G.P.S dans lequel j’ai pris soin d’enregistrer les coordonnées. Bien m’en a pris car j’ai déjà dépassé la bifurcation qui mène à la carrière. Alors, je fais demi-tour, coupe parfois au milieu de la garrigue et finalement arrive devant un petit cirque rocheux entouré par endroits d’une clôture en grande partie arrachée.  Cette fois, dans ce terrain bien dégagé et en raison du grand beau temps, mon vieux G.P.S a fait preuve d’une précision « horlogère » et m’a amené sans problème jusqu’à la « fameuse » carrière de marbre dite de Villefranche. Car c’est bien ici que l’on a extrait et buriné la quasi-totalité de tous ces blocs qui ont fait la réputation du marbre rose de toute cette contrée. Une réputation bien au-delà des frontières du département même si ce dernier a bénéficié en premier de cette richesse. A titre d’exemples et pour ne citer que les lieux les plus connus, on retrouve de ce marbre rose dans presque tous les grands édifices religieux : à Serrabonne, à Marcevol, à Saint-Michel de Cuxa, à Elne, à Perpignan et bien évidemment à Villefranche. Il faut savoir qu’au 18eme siècle, il y avait 9 carrières de marbre rose en activité tout autour de Villefranche. Ici, au pied de la mine à ciel ouvert, il suffit de se baisser pour trouver encore quelques fragments de minerais rouges marbrés de blanc. D’autres découvertes m’attendent et je ne m’éternise pas sur le site, qui au demeurant est entouré de grillages et paraît donc soit dangereux soit interdit au public soit les deux. Je reprends le sentier, qui très rapidement se transforme en piste. Depuis cette piste, toujours en descente, le regard embrasse magnifiquement Corneilla-de-Conflent et la Vallée du Cady. Plus loin, on aperçoit Vernet-les-Bains, au pied du pic du Canigou encore un peu enneigé. Quel fabuleux spectacle ! J’en oublie les raccourcis de l’itinéraire et emprunte la piste dans sa totalité mais ce n’est pas bien grave car cette absence m’offre des vues supplémentaires et inespérées sur le Massif du Coronat, Fuilla, le vallon de la Rotja et au loin sur le pic des Tres Estelles et les autres hauts sommets de la crête frontière. Finalement, j’atteins le superbe dolmen dit de Cobartorat que les historiens ont daté du chalcolithique c'est-à-dire de 2000 ans avant J-.C. Je le fige sur quelques photos. Je cherche une pierre gravée de cupules mais en vain. Là, plutôt que de descendre directement vers Corneilla, je décide de poursuivre vers la vieille chapelle ruinée de Saint-Clèment de la Serra. Outre la chapelle, je veux également partir visiter les anciens fours à fer aujourd’hui abandonnés mais dont j’ai appris que quelques amoureux du site avaient ressuscité les anciens logis des ouvriers en de jolies maisons secondaires. En atteignant la chapelle du Xeme siècle, ou du moins ce qu’il en reste, il faut bien admettre qu’elle a un certain cachet. Plus de toiture et donc à ciel ouvert, ce qui n’empêche pas de nombreux fervents de la Vierge de continuer à lui rendre hommage en laissant quelques statuettes, croix, photos ou autres breloques en signe d’amour et de reconnaissance. Bien qu’incroyant, je trouve ça très touchant de savoir que des gens viennent jusqu’ici, sur cette crête, pour honorer leur croyance et leur foi. On notera au passage la belle arcade en marbre rose qui faisait office de portail. Après la chapelle et en arrivant devant un panonceau indiquant Vernet-les-Bains par le « Centre Equestre » et le « col de Sahorre », j’ignore ces deux itinéraires et emprunte une minuscule sente qui file et descend à main gauche. Quelques mètres plus bas, cette sente débouche sur un chemin herbeux plus large qui mène directement aux vieux fours à fer ayant appartenu à Albert Rougier, entrepreneur en chemins de fer miniers au début du 20eme siècle. Ici, au temps jadis, on grillait le minerai de fer dans six fours distincts. Là, avec tout le respect que l’on doit à la propriété privée, je visite ce lieu historique aujourd’hui appelé « Mas Forge » mais ô combien magnifiquement aménagé en un petit paradis dissimulé dans un cadre de verdure resplendissant. Si l’on a longtemps grillé du fer aujourd’hui, on grille surtout de la « boutifarre ». Après cette visite, je rebrousse chemin et descend vers le Mas Camo. L’heure du pique-nique a sonné depuis longtemps et les rives raffraîchissantes du torrent Cady arrivent à bon escient. Je vais y rester une heure près du radier, à manger un peu bien sûr, mais surtout à photographier oiseaux, papillons et autres lézards qui occupent amplement le lit du petit torrent de montagne. Je quitte à regrets ce monde faunique mais le parcours est encore long même si la prochaine étape n’est plus très loin. Cette étape, c’est Corneilla-de-Conflent, dont l’Histoire nous apprend qu’au temps de Guilfred le Velu, elle était devenue assez paradoxalement l’ancienne capitale des comtes de Cerdagne. Elle le resta un siècle mais gardera très longtemps une certaine aura au même titre que des cités bien plus importantes qu’elle par la taille. Il suffit d’arriver devant l’église Sainte Marie de Corneilla pour prendre conscience de ce prestigieux passé. Une superbe église avec un clocher du XIeme siècle de style lombard et un portail richement décoré de magnifiques sculptures et orné de colonnes. Pour le reste, l’église étant fermée, je vous laisse le soin de lire l’Histoire du village que vous trouverez dans le remarquable site Internet consacré à l’Histoire du Roussillon. Après de multiples photos, je quitte Corneilla, direction le Serrat d’En Parot où je me suis promis de découvrir un autre dolmen. Là, au moment de quitter Corneilla, un panonceau indicatif de trois randonnées attire l’objectif de mon numérique mais pas spécialement mon attention au niveau des inscriptions qui y sont mentionnées : « Circuit des minerais, circuit roman, circuit des Ambouillas ». Je ne retiens qu’une chose : les Ambouillas, car je sais que c’est la bonne direction à suivre. Une petite sente descend vers un ruisseau, le traverse par un passerelle de bois puis remonte et devient chemin creux car encadré de hauts murets en pierres sèches. Tout en montant, Corneilla apparaît magnifiquement comme niché dans un joli cadre de verdure. Le chemin creux se poursuit au milieu de grands champs en friches, entre dans un sous-bois jalonné de nombreux vestiges de l’agropastoralisme d’antan et finalement il aboutit dans un paysage de maquis où la végétation se résume à quelques pins chétifs et à quelques buissons de rosiers sauvages et de genêts. A 704 mètres d’altitude, le Roc Ample est atteint et un panonceau se présente on ne peu plus explicite : Villefranche-de-Conflent 4,3 km. Un chiffre qui je l’avoue me paraîtra un peu fantaisiste mais il est vrai qu’après le cortal en ruines de Los Baxès où je me suis arrêté pour finir mon casse-croûte, je suis parti vers le Serrat d’en Parot et le « fameux » dolmen dont j’avais appris l’existence en lisant un bouquin sur l’archéologie roussillonnaise. Par bonheur, j’ai réussi à me procurer ses coordonnées que j’ai trouvées sur Internet. Alors, je pars dans sa direction mais avec le souci constant de ne pas sortir des chemins, sentiers ou autres pistes battues car ici la garrigue est plutôt cuisante avec de nombreux buissons épineux. C’est ainsi que je me retrouve d’abord devant un grand enclos au lieu-dit la Collade puis sur une bonne piste traversant le « serrat ». Là, les vues sur la Plaine de la Têt et vers le Canigou sont superbes mais mon G.P.S me pousse à abandonner la piste et m’oriente dans une garrigue où paissent de nombreux bovins. Par bonheur, je trouve la dolmen non loin d’une citerne enfouie mais ici pas de bovins et uniquement cette vieille sépulture néolithique au milieu de quelques ronciers. Il est bien moins beau que celui de Cobartorat mais c’est tout de même un vrai dolmen avec il est vrai un petit air penché. Quelques photos et me voilà déjà en route sur l’itinéraire de Villefranche que je n’ai eu aucun mal à retrouver. Un panonceau m’en indique d’ailleurs le temps pour parvenir à la cité fortifiée : 1h35. Connaissant bien cette portion du chemin pour y être venu et l’avoir expliqué dans une autre balade intitulé la « Trancade d’Ambouilla », je suis d’accord avec ce délai restant pour atteindre la cité de Vauban, mais à une condition indispensable : que rien ne vienne contrarier la marche en avant. Or, ici, les découvertes sont légions et on peut très facilement mettre le double pour peu que l’on veuille tout voir et s’y attarder : carrière de talc et mines de manganèse, deux superbes points de vue panoramiques, une bergerie romane en pierres sèches exceptionnelle sans compter la Redoute des Ambouillas dont une visite reste toujours possible. Alors personnellement, j’ai déjà découvert tout ça et je vais me contenter d’un seul point de vue, le plus proche et de la carrière de talc car le sentier y passe tout près. Le point de vue n’est qu’à quelques mètres du sentier et permet d’incroyables vues sur  Villefranche, Fort Libéria, les massifs des Canalettes et du Coronat et la Vallée du Cady. Il ne faut pas s’en priver ! Je poursuis par la Trancade d’Ambouilla et effectivement au bout d’1h30, j’arrive à Villefranche devant un panonceau que cette fois, je vais trouver plutôt étrange car après Corneilla c’est la deuxième fois de la journée que je le rencontre : « Circuit des Minerais ». Ma balade se termine par la traversée de Villefranche car il me faut rejoindre ma voiture mais ce panonceau va néanmoins rester dans ma tête et en rentrant chez moi, je vais taper dans Google « Circuit des minerais » et là, qu’elle n’est pas ma surprise de retrouver très sensiblement le parcours que j’avais imaginé et que je viens d’accomplir. Un document PDF de l’Office de Tourisme de Vernet-les-bains en explique l’itinéraire pédestre dans le détail : « Randonnée N°2 –durée 4h45 -5h15 -10,6 km- balisage jaune ou blanc et jaune avec un départ de l’église de Corneilla ». La seule petite différence avec ma boucle à moi se situe au dolmen de Cobartorat où personnellement au lieu de descendre vers Corneilla, j’ai poursuivi vers la chapelle Saint Clément de la Serra et les fours à fer abandonnés. Enfin, et seulement parce que je tenais à le voir, je suis parti découvrir le dolmen du Serrat d’En Parot. Ma balade est donc un peu plus longue et quand j’en mesure la distance accomplie, je trouve 18,400 km pour des montées cumulées de 1.300 mètres. Le dénivelé de 365 m est peu significatif et le point culminant de cette balade est situé au sommet du Serrat d’En Parot à 794 mètres d’altitude, tout près du dolmen. Il faut noter toutefois que la Grande Tour de Badebany est située, elle,  à 793 mètres. Ce Circuit des Minerais « bonifié » peut être accompli en toutes saisons mais nécessite un bon équipement de randonnée. J’avoue qu’il y avait très longtemps que je n’avais pas réalisé un circuit pédestre avec tant de choses à découvrir qu’elles soient patrimoniales, faunistiques ou floristiques, alors un conseil : faites-le ! Carte I.G.N 2349 ET Massif du Canigou Top 25. 

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Le Circuit de Força Réal (507 m) depuis Montner (125 m)

Publié le par gibirando

 
Ce diaporama est agrémenté de la musique "Romance pour violon No.2 In F Major Op.50" composée par Ludwig Van Beethoven interprétée par la violoniste japonaise Takako Nishizaki
 
L'ERMITAGE-DE-FORCA-REAL
FORCAREALIGN
 

En Roussillon, tout le monde connaît Força Réal, ce piton rocheux à 507 mètres d’altitude, isolé   et planté-là au beau milieu de la plaine, par on ne sait quel mystère géologique. Tout le monde sait reconnaître le lieu, souvent visible et facilement identifiable de très loin, constituant d’ailleurs pendant très longtemps un amer pour les navires croisant près de nos côtes méditerranéennes,  à peu près tout le monde connaît le nom et sait le traduire en « Force Royale », moins nombreuses sont les personnes qui en connaissent l’origine et son Histoire et peut-être plus rares encore sont celles qui s’y sont rendues, même en voiture. Quand aux gens qui l’ont gravi à pied, elles ne doivent pas être légion. Pourtant cette balade est loin d’être inintéressante. Elle est de surcroît plutôt facile car très bien balisée à partir de Montner.  Bien sûr, à moins de connaître l’identité du détenteur de la clé de l’ermitage, on y monte essentiellement pour les panoramas à 360 degrés. C’est déjà très bien tant les vues de toutes parts sont extraordinaires. Pourtant, en se donnant un peu de peine et en cherchant tout autour, d’autres découvertes sont possibles et je ne parle pas seulement du ludique sentier botanique de  Força Réal qui vient enjoliver ce circuit. Non, il y a d’autres trouvailles, et ces trouvailles, je les ai découvertes en poussant jusqu’au col de la Bataille et même un peu plus loin en direction de Caladroy. Voilà ce qu’écrivait Victor Aragon en 1859 en préambule à sa « Notice historique, religieuse et topographique sur Força Réal » : « La montagne qui emprunte son nom à l’ancienne forteresse dont les débris font deviner l’enceinte sur son plus haut mamelon, domine la plaine féconde du Ribéral que le touriste, parvenu au sommet rocheux de Força Réal, peut admirer dans sa vaste étendue. De ce point culminant le Roussillon se montre à lui presque tout entier ; le regard l’embrasse dans le double horizon de la mer et des Pyrénées, cadre immense, rempli par les tableaux variés des vallées de l’Agly, de la Têt et du Tech, qui se déroulent parallèlement des montagnes vers la Salanca. Les détails infinis de ce riche paysage ne peuvent échapper à l’observateur curieux, et l’on comprend que les divers dénominateurs de la contrée aient établi sur la cîme de la montagne un poste d’observation, dont la consigne devait être de prémunir les habitants de la plaine contre les dangers d’une invasion subite. Força Réal était, sans doute alors, comme il est aujourd’hui, le point de mire des Roussillonnais du Ribéral ; mais de nos jours ce n’est plus vers la forteresse que les regards se tournent ; c’est vers la Chapelle protectrice, sortie, tout porte à le croire, des ruines du Castell depuis longtemps disparu ». Ici, en quelques lignes, c’est quasiment Força Réal qui est résumé. Le fondement même de son nom « forçia » provenant du latin « fortia » signifiant « fort » ou « forteresse » qui, bien sûr, accolé au mot « réal » laisse imaginer l’origine royale du château fort en question. La beauté et l’amplitude des panoramas et sa géographie que l’on découvre depuis son pinacle. Les raisons de l’édification d’un château fort sur ce sommet. L’évolution au fil du temps de ce lieu emblématique du Roussillon où une chapelle est venue remplacer les vestiges du château et d’une tour à signaux qui avait également été érigée au XIIe siècle semble-t-il. Enfin, vous noterez que dans ce préambule, rien n’est dit qu’en à la date la plus lointaine de l’édification de ce Castell. Je vous laisserais le soin de lire intégralement l’ouvrage de Victor Aragon accessible sur Google mais si certains historiens ont pu y voir l’œuvre des Romains, lui penche plutôt pour une origine aragonaise et voilà ce qu’il écrit avec sagesse et circonspection : « Tenons donc pour certain, autant qu’il peut y avoir de certitude en cette matière, que Força Réal est d’origine Aragonaise et remonte à la fin du XIIe ou au commencement du XIIIe siècle ». Il explique avec force détails, les raisons de l’attribution de ces constructions aux Rois d’Aragon de la Maison de Barcelone.  La suite du récit retrace l’histoire de Força Réal au fil des siècles, une histoire, il faut bien le dire, essentiellement militaire, où la montagne eut à subir sans cesse les assauts répétés des différents conquérants et envahisseurs du Roussillon. Même si du château fort et de la tour à signaux ne subsistaient que quelques ruines depuis déjà presque un siècle, il semble que les derniers assaillants de Força Réal furent les troupes du Général espagnol Ricardos qui, en 1793, fortes de 25.000 hommes furent tenu en échec pendant deux mois par une armée française pourtant très réduite de 4.000 hommes seulement. Sans doute, ces soldats avaient-ils puisé leur foi, leur vaillance et leur force sur ce sommet où avait été érigée une chapelle construite sur l’emplacement de la tour à signaux quelques années auparavant (1693/1708). Malheureusement, la chapelle souffrit de ces guerres successives et elle fut elle aussi en partie ruinée par les militaires.  Un peu plus tard, la chapelle devint un ermitage dédié à la Vierge, puis un lieu de pèlerinages et de cérémonies qu’elle est encore de nos jours.  

A Montner, j’ai laissé ma voiture devant la coopérative vinicole puis me dirigeant vers le centre du village, j’ai emprunté la bien nommée rue de Força Réal. J’y ai remarqué un autre panneau indiquant la piste DFCI N° F140. De l’autre côté de la rue, un petit panonceau jaune au dessus d’une fontaine indiquait la direction à suivre «  Circuit Montner – Força Réal ». Une autre balade intitulée le « Chemin de Véronique », déjà expliquée dans ce blog, était également mentionnée. Un peu plus haut, je me suis engagé dans la rue de la Marinade sous l’œil incrédule de deux jolis matous puis j’ai poursuivi la piste DFCI F140 où d’ailleurs un balisage jaune était déjà bien présent. J’ai suivi ce balisage sans difficulté d’abord au milieu de quelques belles villas puis très rapidement sur un itinéraire traversant des vignobles. Plus j’ai avancé et plus le chemin devenait campagnard car verdoyant et bordé d’une magnifique flore en cette belle journée de printemps. La végétation explosait. Après les derniers jours gris et pluvieux, les oiseaux avaient retrouvé le goût de chanter.  Habituellement, si difficiles à photographier, aujourd’hui, ils avaient décidé d’être sympas avec moi et de « prendre la pose » sur les nombreux piquets soutenant les vignes. J’ai même vu deux perdrix rouges courir au milieu des ceps de vignes. Une bifurcation s’est présentée : «Circuit Montner – Força Réal – 3 h ». Flânerie et errements obliges, j’ai mis plus du double mais peu importe, j’adore ça surtout quand je marche seul car j’estime que cette solitude recherchée et non endurée est un privilège. A plusieurs, j’agace tout le monde avec mes arrêts et mes photos à répétition, ce que je peux comprendre.   Droit devant, une colline aux douces formes arrondies et très boisée se détachait dans le ciel bleu. Le randonneur novice aurait pu penser qu’il s’agissait de Força Réal mais au regard de la carte IGN, il n’en était rien et c’était simplement un petit « serrat » du nom de Bach de la Beille. Après, quelques zigzags au milieu des vignes et quelques rampes à la « bonne » déclivité, alternant terre mais également bitume, l’itinéraire est passé à droite de cette colline. Ici, dans la montée, la végétation verdoyante a été peu à peu remplacée par un maquis plus méditerranéen. Sur la droite, le Massif du Canigou et plus loin, la chaîne pyrénéenne ont pointé leurs superbes cimes enneigées. Derrière, l’horizon était barré d’une longue chaîne calcaire qui s’étirait à l’infini : les Corbières. A mes pieds, un patchwork de parcelles agricoles aux formes géométriques disparates partageait l’espace avec quelques bosquets verdâtres. Le tout était ponctué de petits villages blancs aux toitures rouges : Montner bien sûr, mais aussi Latour-de-France et Estagel. A la côte 398, j’ai enfin atteint un premier collet. En réalité, il s’agissait d’une simple plateforme dominant le vallon de la Jasse del Roc servant de marchepied avant la dernière montée vers Força Réal dont j’apercevais déjà l’extrémité du haut pylône de l’antenne TV.  Tout en montant, des panoramas sur une succession des collines bleuâtres se sont entrouverts vers l’est. Finalement, j’ai croisé une première pancarte explicative « Séneçon de Harvey » et quelques secondes plus tard, j’ai coupé la route D.38 montant à Força Réal.  Je venais de découvrir par hasard ce « Sentier botanique et de découverte de Força Réal ». Ici, pour mon plus grand plaisir, l’itinéraire s’est poursuivi tout naturellement sur ce sentier. C’était d’autant plus agréable, que ce sentier était commun avec ma balade et celui montant vers la chapelle que j’ai finalement atteint quelques minutes plus tard. Tout ce que j’avais lu de la magnificence des panoramas était vrai. Seuls, quelques gros nuages venant de la mer empêchaient une vision plus lointaine vers la Méditerranée et les Albères. Vers tous les autres points cardinaux, un grand ciel clair, pur et bleu permettait d’extraordinaires regards de tous côtés. Après avoir fait le tour du superbe ermitage, je suis parti vers le pylône TV, histoire de ne rien manquer de Força Réal. Un Canadair passa à la hauteur du pylône puis disparut, sans doute en provenance de la haute montagne car je n’apercevais aucun feu aux proches alentours. Mon appareil numérique bien rempli de nombreux clichés, je me suis remis en route en direction d’abord du Col del Bou (322 m) puis de celui de la Bataille (265 m). Là, dans la descente, la promenade était presque obligatoire car j’étais toujours sur le Sentier Botanique et tous les  dix mètres, il y avait une pancarte décrivant une nouvelle plante locale. Finalement, il me fallut une heure et quart pour parcourir les 4 kilomètres séparant le sommet de Força Réal du col de la Bataille, c’est dire si je m’étais arrêté plus que de raison. Là, une jolie esplanade avait été aménagée pour arrêter les touristes. Un grand panneau vantait les mérites du Haut-Roussillon, un autre expliquait très brièvement la toponymie de Força Réal puis un autre encore, celui de ce col où l’on pouvait lire « le nom de ce col apparaît dans les archives dès 1293. Il fait référence aux duels judiciaires des temps féodaux ».  Malgré l’intérêt que je portais à ce lieu, je n’étais pas venu jusqu’ici pour cela mais pour deux petites tombes qui se trouvaient quelques mètres plus loin en bordure de la D.38. La vision de ces deux pierres tombales crayeuses et identiques plantées-là, à quelques mètres d’une vigne aurait eu quelque chose d’insolite pour ne pas dire d’irrationnel si je n’avais pas connu la sordide histoire de ce père et de sa fille horriblement assassinés ici même le 10 juillet 1893. Un fait divers qui avait défrayé la chronique dans l’Indépendant de l’époque. Je pouvais lire sur les deux tombes « Ci-gît Trousseu Jacques DCD le 10 juillet 1893 âgé de 66 ans » puis sur l’autre « Ci-gît Trousseu Hortance DCD le 10 juillet 1893 âgée de 23 ans ». Bien sûr, ma curiosité aurait pu sembler macabre mais j’avoue que je n’avais pas cette vision des choses car connaissant un peu l’histoire je vivais plutôt cet instant comme un recueillement. D’ailleurs les mentions sur les tombes ne se terminaient-elles pas par « P.P.L » ou « P.P.E » signifiant « Priez pour lui » ou « Priez pour elle » ? C’était d’autant moins funèbre que ma balade ne s’arrêtait pas là mais continuait en direction de Caladroy où j’étais bien décidé à aller découvrir la « Peyre Drète » et les ruines de son imposante bergerie.  Je poursuivis donc la D.38 jusqu’à un faux menhir entouré d’un « faux » tumulus et là, je pris la piste de droite qui, au travers des vignes, m’entraîna vers ces vestiges. Toujours dans le livre de Victor Aragon, j’avais lu d’étranges choses sur cette « Peyre Drète » désormais brisée et couchée sur le sol : « On le voit, ce n’est pas sans raison que ces hauteurs où se sont livrés tant de combats, gardent, comme témoin mémorable de ces luttes, maintenant oubliées, la pierre druidique, symbole de victoire, élevé depuis des siècles non loin du Coll de la Batalla. » puis il rajoute en annotation :«les hommes de guerre qui, depuis les temps les plus reculés, ont sillonné ce pays et bivouaqué  peut-être autour du men-hir de Caladroer, respectèrent tous ce monument celtique, idôle des Druides et Trophée de Victoire, qui jaillissait du sol à une hauteur de seize pieds et s’y enfonce à une profondeur présumée égale. Pourquoi faut-il que ce curieux monolythe ait été cassé en deux par le fait d’un moderne vandale ou d’une déplorable incurie ? J’ai eu le chagrin de le voir gisant à terre et insoucieusement abandonné. Il serait digne du nouveau propriétaire de Caladroër de faire restaurer la pierre druidique la plus remarquable, à coup sûr, qui existe dans nos contrées ». Bien sûr, Victor Aragon fait allusion à cette « pierre droite » dont certains historiens prétendent qu’elle a longtemps servi de borne ou de limite entre certains territoires comme les diocèses d’Alet et d’Elne et ce, depuis le XIIe siècle. C’était au temps des premiers Rois d’Aragon puis un peu plus tard ceux de Majorque régnant sur le Roussillon. Ce menhir, désormais couché et brisé, est situé en bordure des vignes, sur un petit promontoire, juste après la bergerie qu’on laisse sur la droite. Après la découverte de cette grande pierre pleine d’histoires dont de nombreuses avec un grand « H », il ne me restait plus qu’à partir visiter l’ancienne bergerie mais un vigneron que je venais de croiser m’en dissuadât affirmant que déambuler dans ces ruines était bien trop risqué. Un panonceau « Danger - Défense d’entrer » me convainc définitivement d’y renoncer. Je me suis donc contenté de la regarder et de la photographier de loin. Il ne me restait plus qu’à retourner au col de la Bataille où après avoir emprunté une petite route vicinale asphaltée, j’ai retrouvé le « Circuit Montner - Força Réal ». Là, dans un champ, je pris le temps de m’arrêter sous des amandiers pour déjeuner. Quand je suis reparti, mon sac à dos s’était allégé de mon casse-croûte mais en contrepartie, il s’était bien plus alourdi de quelques kilos d’excellentes amandes séchées à point. Malgré l’asphalte, l’itinéraire du retour vers Montner fut très agréable. Le vignoble et les terres labourées permettaient de jolies visions lointaines de tous côtés et notamment vers Força Réal où la quasi totalité des nuages avait disparu. A l’approche du village, l’asphalte laissa la place à un chemin creux,  herbeux rafraîchissant et souple à souhaits et encore plus plaisant à cheminer. A l’entrée de Montner, de vieux puits, un coup à gauche et un coup à droite du Ruisseau de la Foun aiguisèrent une dernière fois ma curiosité. Mais il était temps d’en finir car avec mon sac à dos chargé d’amandes et sous un chaud soleil d’avril, la dernière montée vers le haut du village fut plutôt laborieuse. J’avais erré et flâné un peu plus de 6 heures pour parcourir 18 kilomètres sur un dénivelé plutôt modeste de 390 mètres environ mais des montées cumulées de 815 mètres. Bien sûr, rien ne vous obligera à parcourir le même circuit que le mien et en vous en tenant à celui intitulé « Circuit de Montner – Força Réal » vous pourrez raccourcir la distance d’un peu plus de 4 kilomètres. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

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