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Le Circuit pédestre de la Capoulade près de Gruissan

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de le très jolie musique "Planet" du pianiste virtuose Sofiane PamartLa Capoulade près de Gruissan

La Capoulade près de Gruissan

Cliquez sur les photos pour les agrandir. 2 fois pour un plein écran.

 


 

En ce 18 octobre 2019, je dois aller récupérer ma petite-fille Eulalie chez ses parents qui habitent Gruissan. Mais comme elle sort de l’école à 17 heures et que rien ne presse, j’ai plusieurs heures à tuer. J’ai donc décidé de partir beaucoup plus tôt vers l’Aude et Gruissan et de combler la majeure partie de l’après-midi en effectuant une boucle qui s’intitule « La Capoulade ». Pour moi, cette petite randonnée pédestre présente de très nombreux avantages : Elle est très proche de Gruissan, elle est donnée pour une modeste distance de 6 km et le temps de 1h45 et surtout elle côtoie l’étang de Gruissan sur une belle portion, ce qui me permet d’espérer la vision de très nombreux oiseaux. Quand je dis « vision », il faut entendre « photos ornithologiques » et donc passion à assouvir en plus de celle de marcher. Il y a 2 ans, en septembre 2017, j’avais réalisé « le Sentier thématique tour de l’étang de Gruissan » et malgré un temps exécrable, j’avais été ravi des oiseaux aperçus. D’ailleurs, ce jour-là, c’est la mauvaise météo avec un petit crachin intermittent mais très désagréable qui m’avait empêché d’enchaîner le tour de l’étang et la Capoulade. J’avais remis à plus tard cette dernière et courte boucle, espérant un temps plus clément. Aujourd’hui, j’y suis et  malgré quelques nuages gris passagers, le temps est bien meilleur. Ce n’est pas un grand soleil mais la température est douce et idéale pour marcher. Seule une luminosité imparfaite me fait redouter un reportage photos imparfait lui aussi. Venant de l’écluse de Mandirac et juste après le pont éponyme, il est 14h15 quand je gare ma voiture sur un terre-plein à l’intersection de la D.32 et d’un chemin menant aux Pujols, lieu-dit situé sur l’île Saint-Martin. Je connais un peu l’endroit pour y avoir déjà randonné. En face, j’aperçois déjà le pont métallique qui enjambe le Canal de Sainte-Marie et je sais que le départ est juste après. Alors que je traverse la route, quelle n’est pas surprise d’apercevoir deux cigognes dans un fossé contigu. Elles sont un peu loin de moi mais tant pis je m’essaie à quelques photos.  En zoomant sur elles et en les observant, j’ai comme le sentiment qu’elles sont affamées et cherchent pitance. D’ailleurs, j’en vois une se saisir d’une grenouille. J’essaie de m’approcher mais elles m’ont vu et s’envolent aussitôt au dessus des roselières. Je traverse la route puis le pont métallique et le panonceau « Capoulade » est là, sans autre mention que la distance qui m’attends : 6.000 mètres. Ce dernier matérialise à la fois le départ et l’arrivée du circuit. Sur ma droite, la Capoulade, petit massif calcaire et boisé culminant à des hauteurs d’une cinquantaine de mètres et de l’autre des marais envahi par un végétation impénétrable de joncs et de rares plantes essentiellement maritimes. Si mon départ est d’emblée ponctué par quelques photos de fleurs et d’insectes ; papillons et libellules presque essentiellement ; quelle n’est pas ma surprise d’enchaîner un bel oiseau posé sur un jonc mais surtout, au bout d’une centaine de mètres de me faire attaquer par une magnifique couleuvre de Montpellier d’un bon mètre vingt de longueur. Je la surprends sur ma droite entrain de sortir d’une petite cavité de calcaire. Mais comme elle me surprend autant que j’ai pu la surprendre, alors que je fais un pas en arrière, elle détale dans l’herbe et dans mon dos. Dans ces conditions, pas facile de la photographier malgré la dextérité dont je pense faire preuve. Appareil-photo enclenché, je m’avance alors vers elle mais cette fois-ci au lieu de détaler, elle s’avance vers moi, dressée sur sa queue, la gueule grande ouverte et en émettant des petits « pffi » très saccadés et rapides mais suffisamment dissuasifs pour que je recule une seconde fois mais de 2 ou 3 pas cette fois-ci. Malgré cette reculade, j’ai conscience d’avoir appuyé plusieurs fois sur le déclencheur. La couleuvre, elle, consciente de l’effet qu’elle a eu, file dans les roselières où elle disparaît. Ma première réaction est de m’éloigner de quelques mètres car si j’ai déjà aperçu des couleuvres de Montpellier à 4 ou 5 reprises lors de mes sorties, c’est bien la toute première fois que j’en vois une se dresser tel un cobra et faire preuve d’autant d’aplomb. Ma deuxième réaction est de regarder sur l’écran de mon appareil si j’ai des photos réussies. La plupart sont troubles car l’excès de mouvements leur a été fatal. Une seule semble à peu près correcte. Je repars en redoublant de vigilance et en me disant « je verrais bien à la maison ! ». Par bonheur, le chemin s’élargit, entre dans une pinède habitait par des pinsons, longe une vigne, s’éloignant ainsi pour quelques temps des marais. Dès lors que le chemin retrouve la proximité des joncs, je me remets presque automatiquement en mode « surveillance » et ce d’autant que le calcaire de la colline, avec ses nombreuses petites cavités karstiques, le côtoie lui aussi. Mais ce mode « surveillance » ne dure pas longtemps d’abord parce que ma curiosité reprend le dessus et puis surtout parce que de temps à autres des paysages s’entrouvrent ressemblant comme deux gouttes d’eau à des aquarelles de Turner. Alors je profite au maximum de cette douceur de vivre. Un mirador m’offre l’occasion de voir plus loin au dessus des marécages et j’ai la chance avec moi car des oiseaux les occupent. Un soleil liquoreux, quelques nuages entre des gris et des bleus dans un ciel opalescent, quelques rares couleurs plus chaudes, des ruines, une maison ocre aux volets bleus se cachant dans une végétation pas encore automnale, les perspectives et les mouvements sont là, mais je serais bien incapable d’en expliquer les raisons car je suis seul au monde et tout paraît immobile. Après avoir constater que les pins d’Alep avaient amplement remplacé les cultures en terrasses de jadis, je suis arrivé au lieu-dit Les Cabanes de Gruissan. En grandes parties ruinées, les maisons ne m’attirent que parce que j’y aperçois de nombreux passereaux. Des rouges-queues noirs sont bien présents sur les toitures et les murs mais bien d’autres oiseaux aussi occupent des arbres complètement dénudés ou bien de grands cyprès. Même de loin, je les aperçois super bien ! Je tente de les photographier puis je me dis que j’ai un peu de temps devant moi pour me mettre en planque, utiliser mes appeaux et voir si quelques photos moins lointaines de tous ces volatiles sont possibles. Je trouve presque le coin idéal dans une ruine sans toiture au dessus de laquelle quelques arbres sont complètement desséchés. Guère plus loin, un grand cyprès a des airs de sentinelle. J’utilisent deux appeaux presque simultanément et attends. Un appeau est dédié aux pinsons et aux chardonnerets et l’autre un peu passe-partout est plutôt fait pour les « petits oiseaux ». Enfin, ça c’est ce qui est marqué sur les emballages. En tous cas, les effets sont si spontanés que j’en suis même à me demander si les appeaux y sont pour quelque chose ou bien si plus simplement les oiseaux se complaisent ici ? Je ne vais pratiquement plus les utiliser et pourtant les passereaux vont et viennent sur les lieux et parfois même en de grandes nuées. C’est le cas des chardonnerets notamment. Mais serins, verdiers, linottes et pouillots sont de passage aussi. A mon grand plaisir, je reste presque une heure à photographier de nombreuses espèces mais malheureusement un groupe de randonneurs bruyants arrive faisant fuir cette avifaune si diverse. Me voilà contraint de sortir de ma cachette mais malgré tout très satisfait de cet arrêt aux Cabanes de Gruissan, même si pendant ce laps de temps quelques moustiques se sont évertués, mais en vain, à tenter de me faire déguerpir. Comme on le dit chez moi à Marseille, je repars content mais avec quelques grosses « bouffigues ». Les randonneurs toujours bruyants, eux, partent dans le sens opposé et ça me convient aussi, bien que je comprenne aisément que la convivialité et le partage soient présents dans une sortie en groupe.  Ici, le sentier se redresse et quitte la proximité des marais en entrant dans une pineraie. Par la force des choses et parce que cet entracte ornithologique si fabuleux était inespéré, la suite du parcours devient plus monotone. Cette monotonie se transforme même en consternation quand au loin, du côté de Capitoul et de son château viticole, j’aperçois les vignobles et les pinèdes saignés à blanc par des bulldozers et des camions de chantier. En zoomant avec mon numérique, je constate que le chantier en question consiste en la construction d’un vaste lotissement de petites maisons qui seront probablement  réservé à une clientèle touristique. En regardant ce désastre environnemental, je me dis « est-ce bien utile et raisonnable pour le plaisir de quelques uns et l’appétit financier de quelques autres de construire de pareils centres de vacances au sein même d’un site protégé, celui des Auzils, et d’un parc régional de la Narbonnaise auxquels les pouvoirs publics ont eu le culot d’ajouter le qualificatif de naturel ? » « Pourquoi laissent-ils faire ça ? » « Que deviendra la Nature quand inexorablement ces zones touristiques s’étendront sans vergogne parce que le but recherché sera de gagner de plus en plus d’argent ? ». Voilà quelles sont mes pensées. Je continue. Le sentier alternant pins, garrigues et vignobles, il devient moins uniforme et donc moins rébarbatif, et ce d’autant que quelques fleurs, papillons, criquets et oiseaux aiguisent une fois encore ma curiosité. Il est encore moins ennuyeux dès lors que des panoramas aériens s’entrouvrent vers l’île Saint-Martin et l’étang de Campignol. Près d’un poste de chasse en pierres sèches donnant sur ces magnifiques paysages, j’ai le sentiment d’être au point culminant de cette courte boucle. Au loin, j’aperçois ma voiture que j’ai garée sur le terre-plein mais comme une autre véhicule est désormais garé juste à côté, je ne suis qu’à moitié rassuré. Je pensais que l’endroit choisi était plutôt isolé et ce n’est pas le cas. Je repars, éliminant immédiatement cette mauvaise pensée irraisonnée. Peu de temps après, le regard surplombe l’étang de Gruissan avec en toile de fond, la vieille cité dominée par la Tour Barberousse. Là, un mauvais layon très raviné descend vers une intersection. Le hameau de la Capoulade est là et je vois que je peux l’atteindre par un étroit sentier filant à droite. J’y file et l’atteins très rapidement. Entourée de grotesques clôtures, car si facile à enjamber, je n’y découvre rien de vraiment folichon : deux caravanes, des matériels agricoles, une serre et puis surtout plantées sur une petite butte, quelques vieilles bâtisses ramassées sur elle-même entouré de vignobles et de champs labourés. Sans doute, une ferme dont je n’ose pas m’approcher. Primo parce que je n'y ai pas été invité, secundo car je ne vois personne et que règne un étrange silence, et tertio parce que malgré le silence ambiant, j’ai toujours peur qu’un molosse ne déboule sur moi comme cela m’est déjà arrivé à plusieurs reprises. Seuls quelques moineaux sympas se laissent tirer le portrait.  La clôture, aussi ridicule soit-elle, me semble électrifiée et signifie sans doute « vous n’êtes pas le bienvenu ». Alors je fais le choix de repartir par le même sentier sans m’éterniser. Je retrouve l’intersection dont quelques cyprès qui l’occupent en son centre sont les terrains de jeu de nombreuses mésanges bleues. Après un quart d’heures passé à tenter d’en immortaliser au moins une, force est de reconnaître que  le seul « bleu » ici c’est moi. « Bleu » de la photographie ! Dans le ciel, des oiseaux passant en « V » me font vite oublier cette vicissitude.  Ici une large piste m’entraîne vers le lieu-dit Saint-Laurent. A partir de là et jusqu’au bord de l’étang de Gruissan, or mis une mésange bleue que je réussis enfin à surprendre photographiquement parlant, le cheminement devient plus ennuyeux, d’abord parce que le ciel s’ennuage de plus en plus, colorant complémentent de gris l’infime partie qu’il restait du ciel bleu, et puis surtout parce que je n’y réalise que peu de découvertes intéressantes. La flore présente a déjà été vue, quand à la faune, elle se résume à une instable fauvette et à des tariers qui ne le sont pas moins, tous, ayant décidé de me « faire tourner en bourrique ». Quelques pinsons espiègles s’éloignent de moi en jouant « à saute-amandiers » et « à saute-oliviers ». « Je ne vais quand même pas refaire le chemin en sens inverse parce que quelques passereaux sont fantasques ! » me dis-je. Après avoir traversé un vignoble, je retrouve le bord de l’étang. Ce que j’y découvre me rappelle pour beaucoup « le Sentier thématique tour de l’étang de Gruissan » réalisé en 2017. Même flamants, hérons, aigrettes, goélands, et mêmes cormorans. J’y ajoute en sus les mêmes tariers-pâtres que je réussis enfin à immortaliser. Dans ce bestiaire ornithologique quasiment identique, seuls quelques foulques macroules, un surprenant huîtrier-pie et un cisticole des joncs viennent m’offrir un peu de nouveautés. C’est sur toutes ces photos que va se terminer ma balade ? Il n’est que 17 h mais comme le soleil s’engloutit dans un brume opaque, le ciel paraît crépusculaire.  J’enjambe la passerelle métallique et file vers ma voiture. Sur le terre-plein faisant office de parking, huppe dressée, un cochevis semble me dire « et moi, tu ne me prends pas en photo ? ». En me voyant, il se met à courir vers le marais mais s’arrête juste avant dans les salicornes. Je l’ajuste, appui sur le déclencheur mais sa huppe est déjà tombée. Il s’envole. Plus loin, dans l’étang de Campignol, un Grand héron est absorbé dans sa partie de pêche. Même en me voyant, il hésite à s’envoler. Sans doute que la pêche est trop bonne ? Je tente une dernière approche. Il s’envole. J’ai fait le vide dans le secteur. Il ne me reste plus qu’à aller chercher Eulalie chez ses parents. Telle que décrite ici, cette balade a été longue de 7,1km pour des montées cumulées très modestes de 154 m. Carte IGN 2546 OT Narbonne Top 25.

 

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Le Tour des Cabanes (916 m) depuis Prats-de-Sournia (634 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques de films extraites d'une compilation YouTube intitulée "Best Epic Soundtracks From Movies". Elles ont pour titres : "Ballerina" de Klaus Badelt, "Into the Woods : Promenons-nous dans les bois" de Stephen Sondheim , "The Boss Baby" de Steve Mazzaro et Hans Zimmer et "Macbeth" de Jed Kursel
LE-TOUR-DES-CABANES
TOURCABANESIGN
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Il y a un peu plus d’un an de cela, j’avais fait dans ce blog, la description d’une balade au départ de Salses-le-Château qui s’intitulait « le Cami dels Orris ». Lors de la rédaction de cet article, j’avais un peu ronchonné me plaignant de ne pas avoir rencontré sur cet itinéraire, sauf à sortir longuement des sentiers, de vrais orris, ces anciennes cabanes pastorales construites en pierres sèches par encorbellements. Et bien, j’avais tort de me plaindre car si j’en crois la description faite dans l’Encyclopédie libre Wikipédia, initialement l’ « orri » pyrénéen n’était pas une construction mais le lieu même où s’effectuait le pâturage. Il semble que peu à peu, on donna le nom d’orris à cette cabane que les bergers catalans ont très longtemps appelée « barraca ». Cette dernière servait d’habitation aux gardiens des troupeaux alors que les « cortals » hébergeaient les animaux. A vrai dire selon les régions, cette cabane de pierres sèches prit des noms bien différents et d’ailleurs, leurs formes et leurs destinations ne l’étaient pas moins. Quand à la technique mise en œuvre pour les édifier, elle fut sensiblement la même un peu partout. Ainsi, en Occitanie, le terme de « capitelle » s’étendit dans tout le Midi bien au-delà de la région nîmoise où l’appellation avait vu le jour. Si le sujet vous intéresse, il y a sur Internet de nombreux sites qui lui sont consacrés. Parmi eux, je vous conseille d’aller sur l’Encyclopédie Wikipédia où une longue et superbe étude est dédiée à la « cabane en pierre sèche » et pour les «  Cabanes en pierres sèches des Pyrénées-Orientales » en particulier, je vous renvoie vers l’excellent site de l’historien Jean Tosti ou bien à celui de Prats-de-Sournia où l’on évoque les cabanes de la balade décrite ici.  Les trois articles fourmillent d’explications et sont truffés de nombreux liens vers d’autres sites également très intéressants. Quand vous aurez lu ces trois articles et quelques liens, vous en saurez bien plus que n’importe qui sur le sujet.  Bien que je ne sois pas certain que les Salséens aient créer le « Cami dels Orris » pour partir balader au sein d’anciennes estives, voilà je rectifie le tir et fais un petit « mea culpa » concernant cette balade. Aujourd’hui, dans cette randonnée au départ de Prats-de-Sournia,vous l’avez bien compris, il va être encore question de pastoralisme mais cette fois-ci, il n’y aura aucune ambiguïté et aucune raison de râler : la randonnée s’appelle le « Tour des cabanes », on y rencontre de nombreuses cabanes en pierres sèches et les concepteurs de ce circuit ont même fait l’effort de défricher la forêt pour faire sortir de l’ombre certaines « barracas » qui étaient enfouies depuis des lustres sous la végétation. C’est dire si ici le titre de cette randonnée est amplement justifié. Sur certains sites, vous trouverez cette même balade sous le nom de « Sentier panoramique des Cabanes » tout un programme, ou bien encore sous la dénomination de « Sentier des grandes cabanes des Fenouillèdes ». A Prats-de-Sournia, le démarrage s’effectue Rue de Corbières où plusieurs panneaux de randonnées sont placardés, là contre le mur, au début de la ruelle qui monte en direction de la vieille tour-clocher. En réalité, une ancienne tour à signaux ou tour-farahon qui veille sur le village depuis le XIeme siècle et à laquelle on a adjoint une horloge beaucoup plus tard. Bien évidemment, un panonceau indique très clairement notre petite balade « 2h30 – 7,5 kms- Tour des Cabanes ». Un peu plus haut, on emprunte, le Rue de la Chapelle qui s’élève au dessus d’un grand lavoir puis, en prêtant attention au balisage jaune, on poursuit la route bitumée qui sort du village. Selon les informations que j’ai pu recueillir, on serait sur le raccordement d’une ancienne voie romaine et médiévale, un axe très important qui reliait Limoux à Prades est que les anciens avaient appelé « Lo Camin dè Caudiès ». Les premiers panoramas apparaissent sur la droite de l’itinéraire. Des prés verdoyants descendent en pente douce en direction de la départementale D.7 que l’on voit un peu plus bas. Juste en dessous la D.7, entouré de champs et de bois, un petit lac bleu se révèle. Au loin, les Corbières barrent l’horizon. Sur notre gauche, alertées par le bruit de nos pas, quelques brebis font les curieuses derrière une clôture. Accompagnées de leurs agnelets, elles bêlent, faisant un raffut de tous les diables. Elles pensent sans doute que nous sommes les geôliers qui vont les délivrer de leur prison grillagée, leur permettant ainsi d’aller gambader dans les prés et les forêts toutes proches. Bien que les marques de peinture jaune disparaissent un instant, on poursuit l’asphalte sans s’occuper d’autres chemins incertains. Enfermé dans un petit enclos et tout seul dans son pré exigu, un pauvre veau joue les Edmond Dantès et comme s’il avait honte de sa méprisable condition, il baisse la tête quand on s’approche de lui. Ici, on prend conscience que le pastoralisme n’est pas un vain mot, d’ailleurs, ne sommes-nous pas sur l’ancien chemin de transhumance qu’ici en Fenouillèdes, l’on appelait « tira » ou « carrerasse ». Même si ce pastoralisme s’appelle désormais élevage et est cerné de barrières, j’ose espérer que cette absence de liberté des ovins et bovins n’est due qu’à la froideur de la saison. C’est l’hiver, mais un hiver un peu fou, car après les neiges des derniers jours, aujourd’hui il fait très doux et Prats-de-Sournia s’enfuit derrière nous sous un ciel bleu immaculé. Peu de temps après, la route s’enfonce dans la forêt et le premier « orri » apparaît sur la gauche. A un passage canadien, la voie carrossable goudronnée laisse la place à une piste forestière DFCI. Enfoncée dans un tertre, une nouvel orri apparaît. A droite de la piste, on longe une source captée protégée par un grillage.  Plus haut, pendant un court instant, les arbres disparaissent et les vues s’entrouvrent sur une superbe Canigou enneigé et sur la lisière de la forêt communale du Vivier. On atteint le col de Guza où quelques ruines plus imposantes laissent supposer d’une ancienne activité rurale plus intense. La piste s’élève encore et si les bois sont encore bien présents sur son flanc droit, de vastes panoramas se dévoilent sur ses autres côtés. Les bergeries en ruines aux toits effondrés et les cabanes se succèdent. Juste devant nous, le Canigou plus merveilleux que jamais se dresse à l’horizon. Plus l’on avance sur cette piste désormais bien enneigée aux endroits ombragés, plus les vues grandioses s’entrouvrent sur le Bas-Fenouillèdes et bien plus loin encore sur le Roussillon. Ici, on comprend mieux pourquoi, on considère très souvent Prats-de-Sournia comme étant le seul véritable « Balcon des Fenouillèdes ». De plus, ce lieu-dit où nous nous trouvons s’appelle « Los Agradanos » que l’on traduira tout simplement en  « lieu agréable », « agrada » signifiant « agréable » et « anos », lieu.  L’église de Prats vient de sonner les douze coups de midi et comme, nous avons démarré très tard cette balade, l’heure du déjeuner est déjà arrivée. Etant persuadé que nous ne trouverons sans doute pas plus bel endroit pour pique-niquer, on arrête là notre flânerie. Tout au loin, à l’horizon, la mer scintille tout comme les neiges du Canigou que nous apercevons juste à notre droite. A gauche et droit devant, les paysages ne sont qu’une succession anarchique de collines et de vallons. Dans cet incroyable dédale, on y reconnaît néanmoins quelques élévations notoires de notre département comme Força Réal, le Roc Redoun, la Tour del Far, Quéribus ou bien encore le Pic de Vergès, pour ne citer que les plus reconnaissables. Le pique-nique terminé, nous reprenons la piste mais pas pour très longtemps car un panonceau  avec la mention « 4,5 kms - Tour des Cabanes » se présente indiquant d’emprunter à droite un petit sentier qui se faufile entre une haie de hauts buis. La sente s’élève et parvient finalement à une drôle de cabane avec deux entrées l’une à côté de l’autre, un peu comme si le bâtisseur avait voulu faire de cet orri, un appartement T2 façon pierres sèches. Si la première pièce est plutôt réduite et était sans doute destinée à l’usage personnel du berger et à quelques très jeunes agneaux que l’on séparait du troupeau par précaution, la seconde est très longue et spacieuse et devait certainement accueillir le cheptel. Ici, on y a « pelé » les ovins jusque dans les années 60 et quand on sait que cette cabane et le pâquis qui l’entoure ont pour nom « Pellado », on n’a pas de mal à imaginer pourquoi. Si depuis le palier de cet orri, les panoramas sont superbes mais quasiment similaires à ceux décrits ci-dessus on notera tout de même un aperçu des toits rouges et de la tour-clocher de Prats. Est-ce voulu et y avait-il un système de communication entre les orris et le village, je ne saurais vous le dire ? Après cette belle découverte, la pente s’accentue en direction des bois de la Pinouse. On atteint très rapidement un vaste plateau où les grands buis disparaissent et laissent la place à une végétation plus basse faite de genévriers, de genêts à balais et de cistes à feuilles de laurier. Quelques pins à crochets disséminés révèlent la proximité de la forêt. Les indications quant à notre balade se font plus présentes. La couche de neige, elle aussi, se fait plus tangible et surtout plus épaisse et en prêtant attention, on y découvre dans la poudreuse inviolée de nombreuses empreintes d’animaux. L’itinéraire file vers une clôture que l’on longe vers la droite pour atteindre le croisement de plusieurs pistes et chemins. Au loin, droit devant, le Bugarach a le « Pech »   neigeux et en le voyant ainsi, je me dis que nous, nous avons la chance d’avoir encore la « pêche ». Nous sommes début mars 2013, le 21 décembre 2012 est déjà bien loin derrière nous et aucune fin du monde n’est arrivée. A moins, que comme certains le supposent, nous soyons passés dans un autre monde sans nous en rendre compte, rien n’a vraiment changé depuis fin 2012. Pourtant, ici, à 916 mètres d’altitude, point culminant de notre balade, c’est effectivement un autre monde, un monde de silence et de bien-être, un monde de quiétude dont l’épaisseur de neige et sa pureté ne font que renforcer le sentiment. Ici à la croisée de chemins de nouvelles pancartes se présentent : « Tour des Cabanes – 3,3 kms » et à « 10 mn – Arbre remarquable – Le Vivier ». Concernant cet arbre, il s’agit du fameux hêtre à la circonférence et à la hauteur impressionnante que l’on appelle le « Fajas d’en Baillette » et que j’ai déjà eu l’occasion de vous présenter dans mon blog lors d’une jolie randonnée intitulée « le Circuit de Sournia des Terres Noires ». Aujourd’hui, la neige aidant, nous en faisant l’impasse et poursuivons notre « Tour des Cabanes » qui part à l’opposé sur un large chemin dont la ligne de mire n’est ni plus ni moins que sa majesté le Canigou. Un souverain très argenté qui va peu à peu sinon s’éclipser des regards tout du moins s’estomper au profit d’une longue ligne de crêtes et de hauts sommets également enneigés qui en est la continuité : ce sont les Pyrénées. Le chemin finit par atteindre le tracé du GR.36 et du GRP Tour des Fenouillèdes balisé en jaune et rouge où on retrouve très vite le bitume. Un tracé que je connais par cœur et pour lequel, j’ai encore de nombreux et excellents souvenirs très vivaces pour l’avoir accompli avec mon fils en septembre 2011. Si depuis notre T2 en pierres sèches, les cabanes avaient disparu, ici sur cet itinéraire tout en descente, il en surgit de nouvelles ainsi que de gros amoncellements de pierres qui laissent imaginer des travaux de défrichages et d’épierrements titanesques dont seuls nos ancêtres avaient la secrète énergie. D’ailleurs, il suffit d’observer les bas-côtés de la route pour constater qu’ici les arbres ont quasiment disparu laissant la place à de petits prés ou à des champs plus vastes que quelques haies salutaires pour la faune viennent entrecouper. Ne cherchons pas plus loin, la dénomination du village. Sournia n’est pas très loin et ses prés ou « prats » ont été très justement baptisés même si deux villages distincts ont finalement vu le jour. Ici, l’élevage est bien présent comme le prouve ce joli troupeau de gasconnes que nous apercevons près du Serrat de la Carrette et à l’approche du petit dôme d’« Al Carmeill ». Bien que le sommet de cette petite éminence ne soit pas sur l’itinéraire du retour, je vous conseille ce petit détour. D’abord, parce qu’il ne faut que quelques minutes pour atteindre « Al Carmeill », qui selon la toponymie signifierait « petit rocher », « car » signifiant « rocher » et le diminutif « eill », petit, puis parce qu’il y a une table d’orientation ludique et très originale et enfin parce que depuis son pinacle, on embrasse de biens jolis paysages à 360°. Moi, j’ai pris plaisir à revoir une « bonne » portion du tracé du Tour des Fenouillèdes que nous avions, mon fils et moi, démarré de Trilla, via Eus, Sournia, Caudiès et Saint-Paul. J’y ai également aperçu quelques objectifs de balades comme Campoussy, Séquières et quelques autres encore. Enfin, il y a l’oratoire avec sa croix de mission dont l’histoire raconte qu’une première croix de bois aurait été érigée en 1638 pour que s’arrêtent les mauvais sorts qui s’abattaient sans cesse sur le village. L’oratoire maçonné actuel, lui, est beaucoup plus récent et daterait du début du XXeme siècle. Depuis, l’édifice, on y voit Prats sous un angle aérien très ravissant. Le village n’est d’ailleurs plus très loin et par la route qui file en balcon de la dépression de Fount Barbix, il ne faut que quelques minutes pour l’atteindre. A l’entrée, vous noterez une petite chapelle au lieu-dit du Pré des Supplices. On ne terminera pas cette balade sans une courte visite de Prats-de-Sournia avec ses agréables ruelles dallées, sa placette centrale dite Place de la Fraternité décorée d’une magnifique fresque, ses jolies façades ornées et fleuries, sa tour-farahon et sa belle église dédiée à Saint Félix dont le superbe mur clocher mérite à lui seul le détour. A propos de cette église, je vous conseille le site de Jean Tosti consacré à l’histoire de Prats-de-Sournia ou bien celui des Fenouillèdes. Concernant les cabanes, vous aurez sans doute noter que toutes celles rencontrées avaient leurs entrées à l’opposé du cers, ce vent violent, sec et froid soufflant comme notre tramontane du nord-ouest de l’Aude. Enfin, pour prendre conscience de l’importance qu’avaient ces « cabanes » au temps jadis, je vous rappelle que non loin de là et tout près du village de Fosse, il y a un hameau dit des « Cabanes ». Bien que donné pour 7,5 kilomètres, j’ai personnellement enregistré dans mon GPS un distance d’environ 8,8 kilomètres pour le circuit effectué et tel que présenté ici. Cette distance inclus le petit aller-retour à Al Carmeill, une courte visite du village et deux ou trois escapades rapides de l’itinéraire principal. Le dénivelé est plutôt modeste et en tous cas inférieur à 300 mètres, le départ se situant à 634 mètres d’altitude devant la cave coopérative où on a laissé notre voiture et le point culminant à 916 mètres à la croisée du chemin menant à l’Arbre remarquable. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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