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Le Chemin de l'Ourriet (1.359 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando

Diaporama sur une musique de Josh Kirsch intitulée "Morning Stroll"

Le Chemin de l'Ourriet (1.359 m) depuis Urbanya (856 m)

Le Chemin de l'Ourriet (1.359 m) depuis Urbanya (856 m)


 

J’ai longtemps hésité avant de mettre ce « Chemin de l’Ourriet (*) » sur mon blog, un court tronçon s’effectuant hors sentier. Puis, en effectuant des recherches toponymiques sur les noms « Orriet » et « Ourriet » (*), j’ai constaté que d’autres randonneurs, et notamment des clubs, l’avaient mis bien avant moi sur Internet, il est vrai avec des variantes ou des circuits qui ne sont pas exactement les mêmes que le mien. Toujours est-il qu’inévitablement, ils étaient passés à l’endroit même où le sentier, sur 200 à 300 mètres, se perd quelque peu dans la nature. La nature justement, parlons-en ! Ici à Urbanya, elle est d’une richesse incroyable et si finalement, je me suis décidé à inscrire celle balade sur mon blog, ce n’est pas uniquement à cause de la raison invoquée ci-dessus, mais parce que cette année, la faune a été au rendez-vous comme jamais je ne l’avais vu auparavant. Imaginez qu’au cours de cette modeste balade printanière, j’ai réussi à voir, mais surtout à photographier, deux cerfs, un chevreuil, des hardes de sangliers par deux fois, sans compter des rhinolophes (chauves-souris), une vipère aspic, un lézard vert, une quantité incroyable de papillons et de nombreux oiseaux, tout ça dans un rayon de quelques kilomètres seulement. J’ai voulu vous en faire profiter. L’an dernier, tout près du lieu-dit l’Orriet (*), lors d’une balade intitulée le « Chemin des Frênes » ou « Cami de les Freixes », j’avais même photographié un chat sauvage. Ce dernier chassait au bord de la rivière puis il s’est caché  derrière un rocher quand il m’a aperçu, mais malgré ça, j’avais pu noter qu’il s’agissait d’un chat haret, chat domestique, redevenu sauvage selon le phénomène que l’on appelle le « marronnage ». Une faune sauvage extraordinaire au milieu d’une flore qui ne l’est pas moins, voilà les principales raisons m’ayant amené à inscrire cette randonnée sur mon blog. Cette  boucle, j’avais pourtant eu l’occasion de la réaliser en toutes saisons mais autant le dire, mes deux préférées restent l’automne et surtout le printemps. Le printemps à cause d’une flore incroyablement variée,  luxuriante et colorée, de la présence d’une faune mammifère moins apeurée car la chasse est fermée et l’automne en raison de cette explosion de couleurs au moment où les feuillus entament leur fanaison. L’inconvénient de l’automne reste la chasse, avec des animaux moins visibles car ils auront tendance à fuir vers des espaces plus paisibles sauf pour les cervidés en période de rut où l’on aura l’occasion d’entendre le « fameux » brame. A Urbanya et si vous arrivez par la route ; le départ s’effectuera du grand parking faisant face à l’église. Là, direction la mairie et sa rue qu’il vous faut remonter puis poursuivre tout droit par le chemin de las Planés. Ce dernier chemin démarre devant un pont et au suivant, il faut prendre un étroit sentier qui, sur la droite, entre dans un sombre sous-bois. En contrebas et sur le gauche, il y a toujours la rivière Urbanya que l’on a côtoyé depuis le début et sur la droite, il y a de hauts murs en pierres sèches qu’il faut longer quelques temps. Voilà, vous êtes sur le « Chemin de l’Ourriet ». Ce chemin, il va vous falloir le suivre en restant toujours sur l’itinéraire le plus évident. Quand les hauts murets de soutènement des terrasses disparaissent, le chemin coupe un petit ruisseau, le Correc del Menter. Là, il faut enjamber une clôture et continuer sur un large chemin creux. Il file légèrement à gauche en s’élevant doucement. Il est encadré de petits murets en pierres sèches en partie effondrés. Sur votre droite, il y a de grands pierriers, résultats des épierrements effectués dans le vaste verger se trouvant sur votre gauche. C’est dans ce champ que j’ai eu la magique jubilation de surprendre une première harde de sangliers. Ils étaient enfouis dans les hautes herbes et je ne voyais que le dos des adultes les plus énormes. Je suis resté plus de 10 minutes assis sur le muret à les observer et à les photographier paisiblement. Le plus gros est même passé sous mes pieds et à moins d’un mètre de moi sans me voir. Il était si près que sur la photo que j’ai prise, on aperçoit seulement un œil et une partie de son groin. A bout d’un long moment, un sanglier m’a aperçu, il s’est figé, s’est mis à grogner, les grognements se sont amplifiés et la harde s’est mis en branle puis a détalé. Là, ce fut un grand spectacle car outre les cinq ou six gros que j’avais pu discerner, c’est plus d’une trentaine de sangliers de toutes les tailles qui se carapataient. Les hautes herbes se couchaient et je voyais détaler toute une marmaille de marcassins de tous âges et aux pelages rayés d’une multitude de bariolages différents. Les plus gros étaient devant, puis les autres suivaient presque par ordre de taille. Les marcassins étaient les derniers et slalomaient dans les couloirs formés par les adultes, probablement à la recherche de leur mère dont ils avaient un mal fou à suivre l’effluve dans cette débandade. Ils partaient en direction de la rivière et dans de hautes fougères où finalement ils ont tous disparu. Je me suis remis en route avec des sentiments partagés, car j’étais à la fois très heureux d’avoir assisté pour la première fois à une telle scène et attristé de les avoir effrayé dans leurs ripailles. Quelques mètres plus loin, j’ai encore aperçu deux gigantesques sangliers dans une pinède sans pouvoir les photographier correctement. Comme je les avais quelque peu suivi dans la forêt, je suis parti en direction d’un orri dont je savais que certaines chauves-souris l’occupent en principe, dès les premiers beaux jours. Effectivement, une dizaine de Petits Rhinolophes (Rhinolophus hipposideros) étaient là, pendus au plafond de la cabane. A ma vue, quelques uns se sont enfuis par la porte, mais la plupart, ceux les plus éloignés de l’entrée, n’ont pas bougé. Je me suis assis dans l’orri pour les photographier et malgré la pénombre, j’ai réussi à prendre quelques convenables photos. Je suis reparti pour rejoindre l’itinéraire du Chemin de l’Orriet que j’avais quitté et là, c’est un beau lézard vert, un mâle, bleu et vert, qui m’arrêta une fois encore au niveau d’un amoncellement de branchages. Décidément, je n’arrivais pas à avancer, j’étais encore tout près d’Urbanya mais je ne m’en inquiétais pas pour autant car j’avais toute une longue après-midi devant moi. J’ai traversé le boueux Correc de l’Espinas, le sentier s’est quelque peu élevé et je suis sorti à l’air libre me retrouvant immédiatement au milieu d’un maquis très fleuri mais un peu clairsemé. Si la végétation était clairsemée, elle n’était pas déserte pour autant, mais ici, les animaux étaient plus petits, plus grouillants et surtout plus aériens. Une variété incroyable de papillons et d’insectes de toutes sortes s’était donnée rendez-vous dans une flore magnifiquement colorée. Les senteurs des genêts les enivraient puis ils se dispersaient sur les autres fleurs si multiformes et si multicolores. Tout ce monde merveilleux était un frein à ma randonnée mais à vrai dire, je m’en foutais un peu car en réalité j’étais là pour ça. Découvrir et observer la Nature avec un grand « N » ! Les paysages s’entrouvraient de tous côtés mais le plus beau des panoramas se trouvait dans mon dos et sans cesse, je devais me retourner pour en profiter pleinement. Dans la même ligne de mire biscornue que formait le ravin, il y avait le Mont Coronat puis le Canigou. Ce ravin, c’était la Vallée des Seigneurs,  c'est-à-dire une longue dépression zigzaguant de l’endroit ou je me trouvais, et même bien plus haut, jusqu’à Ria.  Une multitude de cours d’eau descendant des montagnes avait creusé tout autant de dépressions. Les montagnes, elles, étaient toutes travesties de larges faîtages verdâtres avec un nombre de nuances  de vert carrément incalculable. Dans ce décor incroyablement verdoyant, les arbres fruitiers aux fleurs blanches jouaient magnifiquement les intrus. Avant d’arriver à proximité du lieu-dit l’Orriet, à l’endroit même où se trouve un mas en partie éventré, je suis descendu vers la rivière Urbanya. A cet endroit,  je savais que j’y trouverais quelques cuvettes d’une eau limpide et suffisamment profondes pour un bain sans doute très rafraîchissant à cette époque de l’année. Mais peu importe, il faisait chaud, j’avais envie de me baigner et en plus l’eau froide ne m’a jamais trop dérangée. Je savais aussi que ces cuvettes seraient les dernières car ici la rivière Urbanya s’écarte et laisse la place à son affluent le Correc du Coll del Torn, beaucoup moins torrentueux. Je suis descendu, ai pris mon bain dans le plus simple appareil, suis resté un quart d’heure à profité du soleil puis j’ai repris ma balade beaucoup plus fringant qu’auparavant. Après le mas de l’Orriet, or mis un rapace chassant dans le « correc » mais que je n’ai pas réussi à photographier, plus rien ne m’a arrêté. Je suis donc arrivé au Correc de Gimelles et c’est dans ce sous-bois bourbeux que commence la partie hors sentier évoquée au début de cet article. Le chemin a existé mais les vieux murets qui l’encadrent, encore visibles par endroits, ont été chamboulés par une végétation ayant repris ses droits. J’ai donc fait le choix de suivre la « caminole » (**) la plus visible. Elle suit le correc mais tout en montant, il faut s’en écarter d’une dizaine de mètres vers la droite puis se faufiler tant bien que mal au milieu de quelques roches et d’une végétation ligneuse et donc acerbe. On est donc soulagé d’atteindre une large piste herbeuse. Cette piste sépare les lieux-dits « El Rocater » de celui de « Martiac ». Ce lieu-dit « Martiac », j’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer dans ma balade au « Canal d’Urbanya » pour vous dire qu’il s’agissait sans doute des « Mollères de Martisag », petit territoire d’élevage qui avait fait l’objet d’un acte de donation entre le seigneur Guillem-Bernard de Paracolls et les templiers du Mas Deu. C’était le 16 juin 1186. Ce document a la particularité d’être la première évocation écrite d’Urbanya. De nos jours, cette contrée est essentiellement forestière mais je me suis promis d’aller voir s’il y avait encore quelques vestiges de cette séculaire occupation templière. En tous cas, en arrivant sur cette piste, j’ai eu l’énorme bonheur d’y apercevoir un chevreuil en contrebas et comme il n’était pas spécialement ni agité ni apeuré, j’ai eu tout le loisir de le photographier entrain de brouter. Etonnamment, il n’a jamais relevé la tête même au moment de s’enfuir. Les papillons et les oiseaux étaient également nombreux mais la plus belle émotion fut ces deux jeunes daguets que j’ai surpris au milieu de fougères desséchées. Eux aussi, j’ai eu le temps de les photographier mais ils m’ont vite repéré et aussitôt ils se sont enfuis. Je me suis assis sur l’herbe tendre du chemin pour manger quelques biscuits car de cet endroit, je dominais magnifiquement le vallon d’Urbanya avec pour horizon, un grandiose Massif du Canigou où s’accrochaient quelques neiges tenaces. Après ce court entracte, je suis reparti et peu après, j’ai failli mettre le pied sur une vipère, laquelle, étrangement, semblait dormir dans une flaque d’eau qu’un ru avait formé au milieu du chemin. Ici, de l’eau, il en coulait de toutes parts car les pluies des quelques jours précédents avaient rempli de nombreuses petites  « fonts » habituellement asséchées. Le chemin s’est longuement poursuivi en balcon puis j’ai fini par atteindre le col de Les Bigues que je connaissais désormais très bien car il y a ici une entrée donnant sur le Domaine de Cobazet. Ici, il y a plusieurs alternatives pour redescendre sur Urbanya et j’ai choisi le sentier dit des Escocells. Le ciel s’était quelque peu ennuagé et comme la luminosité était moins bonne, j’étais moins enclin à prendre des photos. De ce fait, mon allure est devenue soudain plus alerte. Dans le ravin du Correc du Serrat de Las Bigues, à l’endroit même où se trouve un obscur petit bois de noisetiers, j’ai surpris des marcassins. Ils avançaient vers moi mais avec la truffe constamment au ras du sol et par conséquent, ils ne m’avaient pas repéré. Je me suis assis tranquillement pour les photographier mais je pestais car le bois était si sombre que je n’arrivais pas à faire une mise au point satisfaisante du capteur de mon appareil photo. D’un autre côté, il n’était pas question d’enclencher le flash au risque de les voir s’enfuir. J'étais bien embêté. Ils étaient à seulement 3 ou 4 mètres de moi, à fourrager la terre de leur groin quand tout à coup la mère est arrivée. Elle ne m’a pas vu non plus mais tout en fouinant elle aussi, elle est descendue dans le lit du ravin. Ses rejetons la suivaient docilement et malgré les piètres prises de vues que je prenais, au fond de moi, je me disais que j’avais beaucoup de chance d’assister à un si beau et si rare spectacle. Assis où j’étais, je les ai finalement perdu de vue mais en me relevant, j’ai mis le pied sur une branche sèche et le « crac » qui s’en est suivi les a fait détaler. Etrangement, au lieu de partir à l’opposé, j’ai vu la petite harde arriver vers moi avec la laie qui ouvrait la course et les marcassins qui péniblement tenter de la suivre. A ma vue, elle a stoppé net, est restée pétrifiée une poignée de secondes puis elle est repartie en direction d’une lande très épaisse de prunelliers et de cistes dans laquelle la petite troupe s’est engouffrée comme dans du beurre, alors que la végétation aurait été sans doute blessante car piquante à l’extrême pour n’importe quel humain. Le reste de la descente fut plus monotone. Le ciel était devenu blafard et les décors sur le vallon avaient beaucoup perdu de leur charme que j’avais connu si verdoyant et si lumineux toute l’après-midi. J’ai retrouvé le village, les oiseaux qui me sont familiers  puis Dany et nos chats sur la terrasse de notre petite maison. Avec, un enthousiasme sans doute exubérant, je me suis mis à lui raconter tout ce que j’avais fait, vu et photographié. Elle avait du mal à me croire et s’est contentée de me dire « tu exagères ! ». « Non, je te jure, je n’exagère pas et tu verras quand j’aurais terminé mon diaporama de photos ! ». Voilà, le diaporama est terminé, elle a eu la faveur de le voir la première et a été enthousiasmée elle aussi. La nature est superbe à Urbanya mais elle pourrait être encore plus belle et sans doute beaucoup moins craintive et inversement visible si la période de chasse n’était pas aussi longue. C’est mon point de vue mais ça ne sera sans doute pas celui de mes « amis » les chasseurs. Ils participent aux débroussaillements des chemins et je les en remercie, enfin quand le chemin en question les intéresse vraiment mais ça ne semble pas être le cas après le lieu-dit l’Orriet. Cette balade, telle qu’expliquée ici,  a été longue de 8,160 km. Le dénivelé est de 503 mètres entre le point le plus bas à Urbanya, à 856 m et le plus haut à 1.359 m au col de Les Bigues. Les montées cumulées se sont élevées à 807 mètres. Jamais sur une aussi courte distance et sur un si petit périmètre, je n’avais photographié autant d’espèces différentes de fleurs et d’animaux : une cinquantaine de fleurs, une vingtaine de papillons, une quinzaine d’oiseaux plus toutes les autres créatures incluant des mammifères, des reptiles, des batraciens et autres insectes….et encore faut-il que je sois conscient de tout ce qui est passé inaperçu à ma perspicacité. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

 

(*) Orriet et Ourriet : Quand on s’intéresse à la géographie et à la cartographie, on sait que les cartes, plans et autres cadastres peuvent présenter un grand nombre d’imprécisions. Et même si les moyens de repérage et de mesures géographiques, satellitaires notamment, sont de plus en plus précis, l’Histoire, elle, quand elle est erronée est difficilement modifiable. Je parle ici de l’Histoire des noms des lieux figurant sur ces documents, discipline devenue science au cours du 19eme et qu’on appelle la toponymie. La toponymie basée le plus souvent sur une étymologie très ancienne et populaire sera toujours nébuleuse. C’est le cas ici à Urbanya avec ce « Chemin de l’Ourriet » que l’on trouve ainsi écrit sur la carte cadastrale alors que la carte I.G.N, elle, mentionne le lieu-dit « Orriet », sans « U », à l’endroit même où passe ce chemin. Alors quel nom est le bon ? Qui a commis une erreur ? Les géographes ou les géomètres-experts du cadastre ? Est-ce vraiment une erreur ? Il est presque impossible de répondre à toutes ces questions sauf à faire des recherches et à trouver des documents sans doute très anciens fournissant une mention, une explication, une précision voire nous orientant vers une éventuelle hypothèse. Et encore. Ici, concernant les deux noms  « Orriet et Ourriet », le mystère n’est pas prêt de s’éclaircir. Tous les toponymistes sont d’accord pour affirmer que l’« Orriet » est le diminutif de l’ « orri », nom pouvant indifféremment signifier un abri de berger en pierres sèches ou au sens un peu plus large, un lieu de pâturage pour ovins et caprins. Les lieux de pâturages ont été très nombreux dans les montagnes tout autour d’Urbanya et les abris de berger le sont encore. Mais « Orriet » c’est également un nom de famille, peu répandu il est vrai, mais surtout présent dans le département du Finistère. Toutefois, en cherchant dans les sites Internet de généalogie, j’ai trouvé un acte de mariage de 1708 à Céret concernant une certaine Thérésa Orriet. Cette famille Orriet possédait-elle un bien à Urbanya ? Rien ne le dit. Le patronyme « Ourriet » avec deux « R » existe aussi, guère plus répandu, dans l’est de la France principalement, mais je n’ai pas retrouvé d’actes dans le 66 et pas plus pour « Ouriet » avec un seul « R » pourtant nettement plus courant dans toute la France. Voilà ce que l’on peut dire de ces deux noms mais il faut reconnaître que les recherches pourraient être beaucoup plus poussées, encore faudrait-il s’en donner la peine. Je préfère marcher !

(**) Caminole : C’est la sente tracée par le troupeau.

 

 

 

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Le Tour des Cabanes (916 m) depuis Prats-de-Sournia (634 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques de films extraites d'une compilation YouTube intitulée "Best Epic Soundtracks From Movies". Elles ont pour titres : "Ballerina" de Klaus Badelt, "Into the Woods : Promenons-nous dans les bois" de Stephen Sondheim , "The Boss Baby" de Steve Mazzaro et Hans Zimmer et "Macbeth" de Jed Kursel
LE-TOUR-DES-CABANES
TOURCABANESIGN
Pour agrandir les photos cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

Il y a un peu plus d’un an de cela, j’avais fait dans ce blog, la description d’une balade au départ de Salses-le-Château qui s’intitulait « le Cami dels Orris ». Lors de la rédaction de cet article, j’avais un peu ronchonné me plaignant de ne pas avoir rencontré sur cet itinéraire, sauf à sortir longuement des sentiers, de vrais orris, ces anciennes cabanes pastorales construites en pierres sèches par encorbellements. Et bien, j’avais tort de me plaindre car si j’en crois la description faite dans l’Encyclopédie libre Wikipédia, initialement l’ « orri » pyrénéen n’était pas une construction mais le lieu même où s’effectuait le pâturage. Il semble que peu à peu, on donna le nom d’orris à cette cabane que les bergers catalans ont très longtemps appelée « barraca ». Cette dernière servait d’habitation aux gardiens des troupeaux alors que les « cortals » hébergeaient les animaux. A vrai dire selon les régions, cette cabane de pierres sèches prit des noms bien différents et d’ailleurs, leurs formes et leurs destinations ne l’étaient pas moins. Quand à la technique mise en œuvre pour les édifier, elle fut sensiblement la même un peu partout. Ainsi, en Occitanie, le terme de « capitelle » s’étendit dans tout le Midi bien au-delà de la région nîmoise où l’appellation avait vu le jour. Si le sujet vous intéresse, il y a sur Internet de nombreux sites qui lui sont consacrés. Parmi eux, je vous conseille d’aller sur l’Encyclopédie Wikipédia où une longue et superbe étude est dédiée à la « cabane en pierre sèche » et pour les «  Cabanes en pierres sèches des Pyrénées-Orientales » en particulier, je vous renvoie vers l’excellent site de l’historien Jean Tosti ou bien à celui de Prats-de-Sournia où l’on évoque les cabanes de la balade décrite ici.  Les trois articles fourmillent d’explications et sont truffés de nombreux liens vers d’autres sites également très intéressants. Quand vous aurez lu ces trois articles et quelques liens, vous en saurez bien plus que n’importe qui sur le sujet.  Bien que je ne sois pas certain que les Salséens aient créer le « Cami dels Orris » pour partir balader au sein d’anciennes estives, voilà je rectifie le tir et fais un petit « mea culpa » concernant cette balade. Aujourd’hui, dans cette randonnée au départ de Prats-de-Sournia,vous l’avez bien compris, il va être encore question de pastoralisme mais cette fois-ci, il n’y aura aucune ambiguïté et aucune raison de râler : la randonnée s’appelle le « Tour des cabanes », on y rencontre de nombreuses cabanes en pierres sèches et les concepteurs de ce circuit ont même fait l’effort de défricher la forêt pour faire sortir de l’ombre certaines « barracas » qui étaient enfouies depuis des lustres sous la végétation. C’est dire si ici le titre de cette randonnée est amplement justifié. Sur certains sites, vous trouverez cette même balade sous le nom de « Sentier panoramique des Cabanes » tout un programme, ou bien encore sous la dénomination de « Sentier des grandes cabanes des Fenouillèdes ». A Prats-de-Sournia, le démarrage s’effectue Rue de Corbières où plusieurs panneaux de randonnées sont placardés, là contre le mur, au début de la ruelle qui monte en direction de la vieille tour-clocher. En réalité, une ancienne tour à signaux ou tour-farahon qui veille sur le village depuis le XIeme siècle et à laquelle on a adjoint une horloge beaucoup plus tard. Bien évidemment, un panonceau indique très clairement notre petite balade « 2h30 – 7,5 kms- Tour des Cabanes ». Un peu plus haut, on emprunte, le Rue de la Chapelle qui s’élève au dessus d’un grand lavoir puis, en prêtant attention au balisage jaune, on poursuit la route bitumée qui sort du village. Selon les informations que j’ai pu recueillir, on serait sur le raccordement d’une ancienne voie romaine et médiévale, un axe très important qui reliait Limoux à Prades est que les anciens avaient appelé « Lo Camin dè Caudiès ». Les premiers panoramas apparaissent sur la droite de l’itinéraire. Des prés verdoyants descendent en pente douce en direction de la départementale D.7 que l’on voit un peu plus bas. Juste en dessous la D.7, entouré de champs et de bois, un petit lac bleu se révèle. Au loin, les Corbières barrent l’horizon. Sur notre gauche, alertées par le bruit de nos pas, quelques brebis font les curieuses derrière une clôture. Accompagnées de leurs agnelets, elles bêlent, faisant un raffut de tous les diables. Elles pensent sans doute que nous sommes les geôliers qui vont les délivrer de leur prison grillagée, leur permettant ainsi d’aller gambader dans les prés et les forêts toutes proches. Bien que les marques de peinture jaune disparaissent un instant, on poursuit l’asphalte sans s’occuper d’autres chemins incertains. Enfermé dans un petit enclos et tout seul dans son pré exigu, un pauvre veau joue les Edmond Dantès et comme s’il avait honte de sa méprisable condition, il baisse la tête quand on s’approche de lui. Ici, on prend conscience que le pastoralisme n’est pas un vain mot, d’ailleurs, ne sommes-nous pas sur l’ancien chemin de transhumance qu’ici en Fenouillèdes, l’on appelait « tira » ou « carrerasse ». Même si ce pastoralisme s’appelle désormais élevage et est cerné de barrières, j’ose espérer que cette absence de liberté des ovins et bovins n’est due qu’à la froideur de la saison. C’est l’hiver, mais un hiver un peu fou, car après les neiges des derniers jours, aujourd’hui il fait très doux et Prats-de-Sournia s’enfuit derrière nous sous un ciel bleu immaculé. Peu de temps après, la route s’enfonce dans la forêt et le premier « orri » apparaît sur la gauche. A un passage canadien, la voie carrossable goudronnée laisse la place à une piste forestière DFCI. Enfoncée dans un tertre, une nouvel orri apparaît. A droite de la piste, on longe une source captée protégée par un grillage.  Plus haut, pendant un court instant, les arbres disparaissent et les vues s’entrouvrent sur une superbe Canigou enneigé et sur la lisière de la forêt communale du Vivier. On atteint le col de Guza où quelques ruines plus imposantes laissent supposer d’une ancienne activité rurale plus intense. La piste s’élève encore et si les bois sont encore bien présents sur son flanc droit, de vastes panoramas se dévoilent sur ses autres côtés. Les bergeries en ruines aux toits effondrés et les cabanes se succèdent. Juste devant nous, le Canigou plus merveilleux que jamais se dresse à l’horizon. Plus l’on avance sur cette piste désormais bien enneigée aux endroits ombragés, plus les vues grandioses s’entrouvrent sur le Bas-Fenouillèdes et bien plus loin encore sur le Roussillon. Ici, on comprend mieux pourquoi, on considère très souvent Prats-de-Sournia comme étant le seul véritable « Balcon des Fenouillèdes ». De plus, ce lieu-dit où nous nous trouvons s’appelle « Los Agradanos » que l’on traduira tout simplement en  « lieu agréable », « agrada » signifiant « agréable » et « anos », lieu.  L’église de Prats vient de sonner les douze coups de midi et comme, nous avons démarré très tard cette balade, l’heure du déjeuner est déjà arrivée. Etant persuadé que nous ne trouverons sans doute pas plus bel endroit pour pique-niquer, on arrête là notre flânerie. Tout au loin, à l’horizon, la mer scintille tout comme les neiges du Canigou que nous apercevons juste à notre droite. A gauche et droit devant, les paysages ne sont qu’une succession anarchique de collines et de vallons. Dans cet incroyable dédale, on y reconnaît néanmoins quelques élévations notoires de notre département comme Força Réal, le Roc Redoun, la Tour del Far, Quéribus ou bien encore le Pic de Vergès, pour ne citer que les plus reconnaissables. Le pique-nique terminé, nous reprenons la piste mais pas pour très longtemps car un panonceau  avec la mention « 4,5 kms - Tour des Cabanes » se présente indiquant d’emprunter à droite un petit sentier qui se faufile entre une haie de hauts buis. La sente s’élève et parvient finalement à une drôle de cabane avec deux entrées l’une à côté de l’autre, un peu comme si le bâtisseur avait voulu faire de cet orri, un appartement T2 façon pierres sèches. Si la première pièce est plutôt réduite et était sans doute destinée à l’usage personnel du berger et à quelques très jeunes agneaux que l’on séparait du troupeau par précaution, la seconde est très longue et spacieuse et devait certainement accueillir le cheptel. Ici, on y a « pelé » les ovins jusque dans les années 60 et quand on sait que cette cabane et le pâquis qui l’entoure ont pour nom « Pellado », on n’a pas de mal à imaginer pourquoi. Si depuis le palier de cet orri, les panoramas sont superbes mais quasiment similaires à ceux décrits ci-dessus on notera tout de même un aperçu des toits rouges et de la tour-clocher de Prats. Est-ce voulu et y avait-il un système de communication entre les orris et le village, je ne saurais vous le dire ? Après cette belle découverte, la pente s’accentue en direction des bois de la Pinouse. On atteint très rapidement un vaste plateau où les grands buis disparaissent et laissent la place à une végétation plus basse faite de genévriers, de genêts à balais et de cistes à feuilles de laurier. Quelques pins à crochets disséminés révèlent la proximité de la forêt. Les indications quant à notre balade se font plus présentes. La couche de neige, elle aussi, se fait plus tangible et surtout plus épaisse et en prêtant attention, on y découvre dans la poudreuse inviolée de nombreuses empreintes d’animaux. L’itinéraire file vers une clôture que l’on longe vers la droite pour atteindre le croisement de plusieurs pistes et chemins. Au loin, droit devant, le Bugarach a le « Pech »   neigeux et en le voyant ainsi, je me dis que nous, nous avons la chance d’avoir encore la « pêche ». Nous sommes début mars 2013, le 21 décembre 2012 est déjà bien loin derrière nous et aucune fin du monde n’est arrivée. A moins, que comme certains le supposent, nous soyons passés dans un autre monde sans nous en rendre compte, rien n’a vraiment changé depuis fin 2012. Pourtant, ici, à 916 mètres d’altitude, point culminant de notre balade, c’est effectivement un autre monde, un monde de silence et de bien-être, un monde de quiétude dont l’épaisseur de neige et sa pureté ne font que renforcer le sentiment. Ici à la croisée de chemins de nouvelles pancartes se présentent : « Tour des Cabanes – 3,3 kms » et à « 10 mn – Arbre remarquable – Le Vivier ». Concernant cet arbre, il s’agit du fameux hêtre à la circonférence et à la hauteur impressionnante que l’on appelle le « Fajas d’en Baillette » et que j’ai déjà eu l’occasion de vous présenter dans mon blog lors d’une jolie randonnée intitulée « le Circuit de Sournia des Terres Noires ». Aujourd’hui, la neige aidant, nous en faisant l’impasse et poursuivons notre « Tour des Cabanes » qui part à l’opposé sur un large chemin dont la ligne de mire n’est ni plus ni moins que sa majesté le Canigou. Un souverain très argenté qui va peu à peu sinon s’éclipser des regards tout du moins s’estomper au profit d’une longue ligne de crêtes et de hauts sommets également enneigés qui en est la continuité : ce sont les Pyrénées. Le chemin finit par atteindre le tracé du GR.36 et du GRP Tour des Fenouillèdes balisé en jaune et rouge où on retrouve très vite le bitume. Un tracé que je connais par cœur et pour lequel, j’ai encore de nombreux et excellents souvenirs très vivaces pour l’avoir accompli avec mon fils en septembre 2011. Si depuis notre T2 en pierres sèches, les cabanes avaient disparu, ici sur cet itinéraire tout en descente, il en surgit de nouvelles ainsi que de gros amoncellements de pierres qui laissent imaginer des travaux de défrichages et d’épierrements titanesques dont seuls nos ancêtres avaient la secrète énergie. D’ailleurs, il suffit d’observer les bas-côtés de la route pour constater qu’ici les arbres ont quasiment disparu laissant la place à de petits prés ou à des champs plus vastes que quelques haies salutaires pour la faune viennent entrecouper. Ne cherchons pas plus loin, la dénomination du village. Sournia n’est pas très loin et ses prés ou « prats » ont été très justement baptisés même si deux villages distincts ont finalement vu le jour. Ici, l’élevage est bien présent comme le prouve ce joli troupeau de gasconnes que nous apercevons près du Serrat de la Carrette et à l’approche du petit dôme d’« Al Carmeill ». Bien que le sommet de cette petite éminence ne soit pas sur l’itinéraire du retour, je vous conseille ce petit détour. D’abord, parce qu’il ne faut que quelques minutes pour atteindre « Al Carmeill », qui selon la toponymie signifierait « petit rocher », « car » signifiant « rocher » et le diminutif « eill », petit, puis parce qu’il y a une table d’orientation ludique et très originale et enfin parce que depuis son pinacle, on embrasse de biens jolis paysages à 360°. Moi, j’ai pris plaisir à revoir une « bonne » portion du tracé du Tour des Fenouillèdes que nous avions, mon fils et moi, démarré de Trilla, via Eus, Sournia, Caudiès et Saint-Paul. J’y ai également aperçu quelques objectifs de balades comme Campoussy, Séquières et quelques autres encore. Enfin, il y a l’oratoire avec sa croix de mission dont l’histoire raconte qu’une première croix de bois aurait été érigée en 1638 pour que s’arrêtent les mauvais sorts qui s’abattaient sans cesse sur le village. L’oratoire maçonné actuel, lui, est beaucoup plus récent et daterait du début du XXeme siècle. Depuis, l’édifice, on y voit Prats sous un angle aérien très ravissant. Le village n’est d’ailleurs plus très loin et par la route qui file en balcon de la dépression de Fount Barbix, il ne faut que quelques minutes pour l’atteindre. A l’entrée, vous noterez une petite chapelle au lieu-dit du Pré des Supplices. On ne terminera pas cette balade sans une courte visite de Prats-de-Sournia avec ses agréables ruelles dallées, sa placette centrale dite Place de la Fraternité décorée d’une magnifique fresque, ses jolies façades ornées et fleuries, sa tour-farahon et sa belle église dédiée à Saint Félix dont le superbe mur clocher mérite à lui seul le détour. A propos de cette église, je vous conseille le site de Jean Tosti consacré à l’histoire de Prats-de-Sournia ou bien celui des Fenouillèdes. Concernant les cabanes, vous aurez sans doute noter que toutes celles rencontrées avaient leurs entrées à l’opposé du cers, ce vent violent, sec et froid soufflant comme notre tramontane du nord-ouest de l’Aude. Enfin, pour prendre conscience de l’importance qu’avaient ces « cabanes » au temps jadis, je vous rappelle que non loin de là et tout près du village de Fosse, il y a un hameau dit des « Cabanes ». Bien que donné pour 7,5 kilomètres, j’ai personnellement enregistré dans mon GPS un distance d’environ 8,8 kilomètres pour le circuit effectué et tel que présenté ici. Cette distance inclus le petit aller-retour à Al Carmeill, une courte visite du village et deux ou trois escapades rapides de l’itinéraire principal. Le dénivelé est plutôt modeste et en tous cas inférieur à 300 mètres, le départ se situant à 634 mètres d’altitude devant la cave coopérative où on a laissé notre voiture et le point culminant à 916 mètres à la croisée du chemin menant à l’Arbre remarquable. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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