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Le Dernier Bastion Cathare (Quéribus) au départ de Maury

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons et musiques du groupe français Era. Elles ont pour titre "Sentence", "Ameno", "Divano", "Flowers of The Sea" et "Enea Volare (Les Visiteurs)"

Le Dernier Bastion Cathare (Quéribus) au départ de Maury

Le Dernier Bastion Cathare (Quéribus) au départ de Maury

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Voilà déjà plusieurs années que j’avais l’idée et l’envie de parcourir ce circuit pédestre qui au départ de Maury s’intitule « Le Dernier Bastion cathare ». Sans raison apparente, je finissais toujours par l’oublier. L’oublier, c’était oublier de l’inscrire sur mes tablettes, c’est-à-dire un petit calepin où je note d’éventuelles futures randonnées quand je les découvre au fil de mes lectures ou de mes recherches sur le terrain, dans des topos ou sur Internet. Ici, ce fut souvent le cas et notamment chaque fois que j’eue l’occasion d’emprunter cette route si belle qui va de Maury à Cucugnan. J’ai toujours su qu’une partie du parcours de ce « Dernier Bastion cathare » passait par là, sous la route et parallèle à cette dernière. Si la route est belle, c’est surtout grâce aux panoramas merveilleux vers le Massif du Canigou et le pays Fenouillèdes qui s’y dévoilent. Chaque fois que je le pouvais, je m’arrêtais au bord de la route pour regarder ce spectacle d’un Canigou magnifiquement habillé de blanc sur le lavis d’un firmament bleuté. Et là, je me disais « penses à la faire un jour cette randonnée ! ».  En ce 2 novembre 2022, me voilà enfin prêt à la faire, malheureusement en solitaire, la distance étant trop longue pour les hanches actuellement douloureuses de Dany. Sans doute pas la meilleure saison pour l’accomplir selon mes motivations et mes desseins mais l’envie de marcher est là et j’en ai assez de la remettre à plus tard. Il est 9h45 quand sans aucun problème je range ma voiture à gauche du parking de la cave coopérative de Maury. A gauche, car s’il m’arrive d’être un ardent client de leur fameux vin doux naturel, aujourd’hui ce ne sera pas le cas car j’ai encore un petit stock de divers vins en réserve. Alors je ne veux pas gêner la clientèle. Alors qu’assis sur le banc d’un arrêt de bus, je chausse mes nouvelles chaussures de marche ; les précédentes ayant finies récemment et prématurément leur vie autour de la Tour del Far ; voilà qu’une Fauvette a déjà décidé de mettre tous mes sens en éveil. Peu farouche, c’est avec une vitesse folle qu’elle s’égaye autour d’une jardinière puis virevolte d’arbre en arbre, revient, repart pour finalement sautiller sur le sol sans doute en quête de graines à se mettre dans le bec. J’ai bien essayé de la photographier à diverses reprises mais suis peu convaincu de la qualité de mes photos. La fauvette est partie et il est temps pour moi de faire pareil. Tant bien que mal, je redescends l’avenue Jean Jaurès en essayant de me fier à mon bout de carte IGN au format A4. Le tracé mentionné m’entraîne vers la Maison du Terroir mais finalement je trouve le balisage jaune entre ce qui ressemble à un foyer municipal et le jardin d’enfants. J’atterris sur le chemin de Saint-Roch filant entre le stade et le cimetière d’un côté et la chapelle éponyme de l’autre. La chapelle paraissant fermée, je n’insiste pas. Sur les cartes de Maury, le chemin de Saint-Roch devient le chemin de Mas Coumes mais je continue car l’itinéraire est unique et donc très simple. Unique certes mais bitumé pendant quelques temps encore. Dès lors que cet aspect unique disparaît, je ne saurais trop conseiller de marcher avec un tracé enregistré dans un GPS, cela évite de s’égarer sur un mauvais chemin, plutôt nombreux au fur et à mesure que l’on s’éloigne du village. C’est ce que je fais, vérifiant à chaque intersection où se situe la suite quand le balisage n’est pas immédiatement visible. Côté plaisirs photographiques, la sortie du village m’offre quelques fleurs à recenser mais pour être franc ce n’est pas la panacée. La saison automnale n’est pas propice à une profusion florale et il va en être ainsi jusqu’à l’arrivée. Par bonheur, les oiseaux sont très nombreux même si jamais faciles à immortaliser. Quelques criquets, libellules et papillons viendront compléter ce bestiaire. A ce bestiaire, deux surprises vraiment spéciales sont à évoquer. La première surprise est charmante. Elle se présente alors que je fais le choix de pique-niquer à l’ombre d’une pinède quasiment à l’aplomb de Quéribus et du lieu-dit « Roque del Castel ». Alors que je suis assis au bord du chemin observant un parapentiste survolant le Grau de la Serre, c’est un écureuil roux que je vois arriver sur ma droite. Certain qu’il a déjà remarqué ma présence, je note que son comportement ne change guère. Il est vrai que la distance qui nous sépare lui permet d’estimer que je ne suis pas vraiment une menace. Je me lève pour mieux l’observer mais en tentant de garder mon flegme. Il ne semble pas apeuré et j’ai tout loisir de prendre de lui une quinzaine de jolies photos. Il disparaît dans un grand pin.  La deuxième surprise, plus surprenante que la première, se présente alors que j’entame la redescente vers Maury entre les lieux-dits « Clot de l’Escale » et « La Mouillère ». Assez loin et au-dessus d’un bosquet d’arbres, je vois apparaître un gros oiseau blanc que je prends d’abord pour un goéland. Il s’élève dans le ciel, semble venir vers moi mais par malchance, il change de direction se plaçant exactement dans le même alignement que le soleil. De ce fait, je le perds de vue pendant quelques instants et ne peut pas le photographier. Quand je le revois, je constate qu’il a de nouveau changé de direction et par malchance que je suis exactement à son aplomb.  Je prends une photo quasiment au jugé et c’est le seul cliché que j’aurais de lui car malgré un vol qui paraît lourd de prime abord, il est déjà bien loin pour en prendre une seconde convenablement. Là aussi, c’est en analysant la photo à l’aide des applications « Seek » et « Lens » que j’aurais la confirmation qu’il s’agit bien d’un surprenant Pélican blanc. Grâce à son vol « aux ailes cassées », d’autres sites me confirmeront cette espèce. Sans doute s’agissait-il d’un individu isolé en partance pour une longue migration vers l’Afrique subsaharienne, principal lieu de refuge où ses congénères passent l’hiver. Outre, ces jolies et étonnantes surprises, il est utile d’évoquer ce circuit assez simple car bien balisé jusqu’au lieu-dit Les Roubials, même si un tracé enregistré dans un GPS me paraît nécessaire. Là, aux Roubials, l’itinéraire du « Dernier Bastion cathare » paraît s’emmêler ou être commun avec un ou deux autres circuits dit d’interprétation et/ou de découverte. Plus bas des panonceaux me confirmeront ces circuits (Roubials et Amorioles). Je ne peux donc affirmer avoir pris totalement le bon chemin du « Dernier Bastion cathare » à l’approche de Maury car quelques pupitres consacrés à la flore étaient là au bord du sentier au lieu-dit « Serre des Roumani ». Finalement, je suis arrivé en surplomb d’une petite pièce d’eau et d’une aire de pique-nique, aire vers laquelle je me suis dirigé pour ensuite rejoindre Maury par le chemin de Prat puis par la rue Anatole France.  Là, j’ai débouché rue du 14 juillet tout près de la cave coopérative. Enfin et pour terminer, il me paraît essentiel de parler du château de Quéribus, ce fameux dernier bastion cathare qui a donné son nom à ce parcours pédestre et de trail. Très vite après le départ, alors que l’on est encore sur le chemin du Mas Coumes, on l’aperçoit perché au sommet de son piton rocheux. Tel un phare sans rayon lumineux, il paraît guider nos pas tout au long de son approche. Il faut constamment l’observer avec précision pour s’apercevoir qu’il paraît changer de physionomie et parfois carrément de structure alors que le parcours semble tourner autour de lui. Seule sa façade nord reste toujours invisible. Ce constat se confirme sur des photos en rapproché où l’on a parfois le sentiment d’avoir à faire à des édifices différents selon les angles de vue et son exposition à la lumière du jour. C’est un aspect très intéressant de ce circuit de randonnée même si mon grand regret s’est passé à l’opposé avec un Massif du Canigou le plus souvent ennuagé. Enfin et sans vouloir refaire l’Histoire ; beaucoup d’autres l’ayant fait bien mieux que je ne pourrais le faire ici ; rappelons en un bref résumé que le château de Quéribus était déjà là au moins 2 siècles avant même l’épisode cathare et cette fameuse « Croisade contre les Albigeois ». La première mention du château apparaissant en 1021 dans le testament de Bernard Ier Bernard Taillefer, comte de Besalú  alors que le siège de Quéribus par les troupes du roi de France Saint-Louis pour déloger le faydit « hérétique » et cathare Chabert de Barbaira a lieu en mai 1255. Bernard Taillefer est catalan sans doute comme l’origine du château alors que Chabert de Barbaira et tous les cathares sont généralement occitans. Si l’appellation de « Dernier Bastion cathare » semble être reconnu par les historiens, le château de Niort-en-Sault fut vraiment le dernier château dit « cathare » à tomber entre les mains du roi de France Louis IX en août 1255. La famille de Niort était-elle aussi hérétique que celle des autres châteaux tombés précédemment ?  L’Histoire est plus compliquée que ça. Il faut la lire mais la question reste en suspens ! En tous cas, Quéribus semble bien être le dernier château occupé comme refuge par des cathares endurcis à être tombé dans l’escarcelle du roi Saint-Louis. Par contre l’appellation de « château cathare ou du pays cathare » peut logiquement être considérée comme erronée car jamais aucun cathare n’a vécu à Quéribus, qui n’a été comme quelques autres châteaux « catalans » qu’un refuge protecteur alors que les « Parfaits Bonhommes » étaient constamment pourchassés par les troupes du roi et les chevaliers à la solde du pape.  C’est sur ces précisions que je termine le récit de cet agréable circuit de randonnée. Telle qu’expliquée ici, la distance parcourue a été de 13,4km pour des montées cumulées de 725m et un dénivelé de 197m entre le point le plus bas (147m à Maury) et le plus haut (345m à l’intersection des chemins près du lieu-dit Clot de l’Escale). Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

 

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Le Château de Quéribus (655 m) depuis Cucugnan (270 m)

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques du duo "Secret Garden" extraites de leur album "White Stones". Elles ont pour titre "Poème""Steps" et "Moving".
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« Tenez, chaussez vite ces sandales, car les chemins ne sont pas beaux de reste…Voilà qui est bien… Maintenant, cheminez droit devant vous ». Voilà ce qu’Alphonse Daudet fait dire à Saint-Pierre s’adressant à l’abbé Martin, le Curé de Cucugnan dans les fameuses « Lettres de mon Moulin ». Autant vous le dire et même si cette balade au célèbre Château de Quéribus démarre de l’illustre village de Cucugnan et que les chemins ne sont pas spécialement beaux, je ne vous conseille pas de mettre des sandales mais un équipement bien mieux adapté, style de bonnes chaussures de randonnées bien montantes avec de bons et gros crampons. Pour le reste, outre que je connaissais déjà le célébrissime château de Quéribus mais pas cette jolie balade qui y mène, c’est presque une autre raison qui m’a incité à venir à Cucugnan en ce début du mois d’octobre. En effet, il y a quelques mois et alors que j’écoutais une émission sur France Inter dédiée au pain, j’ai entendu l’écrivain Jean-Philippe de Tonnac  (Dictionnaire universel du pain-2010) affirmer que le meilleur boulanger de France était celui de Cucugnan. Il expliqua rapidement pourquoi et ses arguments furent si convaincants qu’inévitablement j’eus envie de venir vérifier par moi-même cette affirmation. Alors, bien sûr cette idée me trottait déjà dans la tête depuis un bon moment et j’ai trouvé l’idée intéressante d’allier cette découverte du boulanger de Cucugnan à une randonnée au départ du village. Voilà comment cette randonnée au Château de Quéribus pris naissance puis fut programmée et je dois le dire, je ne fus déçu ni par le boulanger encore moins par ses produits ni par la balade, même si ma curiosité et ma gourmandise me jouèrent un mauvais tour puisque après avoir vidé mon porte-monnaie chez le fameux boulanger, je me suis retrouvé comme un idiot au pied du château n’ayant plus sur moi ni les 5,50 euros indispensables à une visite pour une personne ni aucun autre moyen de paiement. Bien que connaissant déjà le château, ce fut néanmoins dommage car ce droit d’entrée au château incluait également le spectacle « Le sermon du curé de Cucugnan » au théâtre Achille Mir que j’aurais bien aimé voir car il me rappelait Fernandel mais surtout mon enfance et le temps où ma mère nous lisait les "Lettres de mon Moulin". Peu de gens le savent mais ce conte est à l’origine une histoire véridique dont l’instigateur fut l’abbé Ruffié, le vrai curé de Cucugnan qui en 1858 pour faire revenir ses ouailles infidèles à l’église n’avait rien trouvé de mieux que de leur raconter ce récit où après avoir fait voyage au paradis puis au purgatoire, il leur avait dit avoir trouvé en enfer tous les défunts cucugnanais. C’est peu après que les choses se compliquèrent car on dit que plusieurs auteurs auraient voulu s’attribuer la paternité de cette histoire. Il y a un certain Blanchot de Brenas qui affirme être passé à Cucugnan, avoir entendu les homélies de l’Abbé Ruffié et avoir été le premier à publier ce récit en 1858-1859 sous le titre "Avec mon ami Félix" une série de 11 articles épistolaires dans la revue La France littéraire, Artistique et Scientifique, qu'on trouve souvent référencé sous le faux titre "Voyage dans les Corbières". Mais un petit problème surgit car un certain Hercule Birat, poète narbonnais a écrit en 1855 une histoire semblable intitulée « le Sermon du Père Bourras » publiée en 1860 dans un recueil de poèmes « Poésies narbonnaises ». Il faut reconnaître qu’il était très fort Hercule puisque avant même que l’abbé Ruffié imagine cette histoire, il l’avait déjà rédigée sur la base d’une histoire identique également vraie mais qui venait d’un autre village audois ! En 1867, tiré de l’article de Blanchot de Brenas, c’est Joseph Roumanille, écrivain et un des fondateurs du Félibrige qui publia une adaptation en langue provençale «Lou Curat de Cucugnan dans l'Armana Prouvençau» qu’Alphonse Daudet n’a fait que reprendre à son compte en la traduisant en français dans « les Lettres de mon moulin » en 1869. Achille Mir, lui en fît, une version occitane en 1884. Voilà, tout ça pour dire que certains de ces écrivains s’accusèrent de plagiat mais que la vérité n’a jamais véritablement émergé. Bon, il faut convenir que la plupart d’entre eux eurent un succès plutôt intime et gardèrent un obscur anonymat. Seul Daudet, avec les « Lettres de mon moulin » tira son épingle de jeu et devint vraiment célèbre. Mais oublions un peu l’histoire de ce curé et retournons voir mon objectif N°1 du jour, notre « cher » boulanger. De toute manière, si j’en crois la légende qui court ici à Cucugnan, curé et boulanger n’auraient jamais fait bon ménage. Allez savoir pourquoi ? Pourtant Alphonse Daudet avait autant d’intérêt pour les uns et les autres puisqu’en évoquant le récit de Roumanille, il dit : «C’est de la fine fleur de farine provençale qu’on va vous servir cette fois…» puis en commençant sa propre histoire et en parlant de l’abbé Martin : «L’abbé Martin était curé de Cucugnan. Bon comme le pain, franc comme l’or», les deux auraient donc du s’entendre. Enfin, c’est du passé et revenons désormais au présent ! En entrant dans l’originale échoppe de Roland Feuillas ; c’est comme ça qu’il se nomme notre boulanger du Cucugnan, j’ai immédiat annoncé la couleur en lui disant : « Bonjour Monsieur, j’ai oui dire à la radio que vous étiez le meilleur boulanger de France, c’est vrai ça ? » et le boulanger me rétorqua très modestement : « si vous croyez toutes les sottises qui se disent à la radio ! » puis il rajouta dans la foulée : «  c’était sur quelle radio ? ». Quand je lui dis France Inter, la réponse eut l’air de le satisfaire mais il eut néanmoins une moue dubitative. Il prit le temps de nous expliquer comment il réalisait son pain avec des blés cultivés le plus naturellement du monde, par ses propres soins, dans des champs remplis d’insectes, sans pesticide ni rien d’autres, réalisant ainsi des farines inimitables et ce fut sa manière à lui de nous vendre son pain. Un bon pain dont il devait attendre sans doute la fin de la cuisson de sa première fournée car étonnamment ses rayonnages étaient plutôt vides à cette heure déjà bien avancée de la journée. Mais peu importe, il y avait néanmoins une grosse miche au grand épeautre qui, très rapidement, est venue alourdir mon sac à dos. Comme le pique-nique du midi était déjà au fond de mon sac, j’avais conscience qu’il me faudrait attendre ce soir pour savoir si Jean-Philippe de Tonnac avait dit vrai. A mes yeux, ce seul maître à bord des « Maîtres de mon Moulin » de Cucugnan serait-il le meilleur boulanger de France ? Je ne le saurais que dans quelques heures en étalant une excellente terrine ou bien quelques anchois ou bien plus simplement un peu de beurre sur une tranche de ce pain rare et peut-être inégalable. Voilà, notre premier dessein de Cucugnan s’était réalisé et il était temps de partir vers notre second objectif de la journée, le château de Quéribus. Nous le fîmes avec une grosse meringue parfumée aux amandes craquante à souhaits et nous profitâmes de cet entracte gourmand pour visiter tranquillement le village. Son moulin à vent au doux nom d’Omer, les vestiges ruinés de son Forteda de Cucuniano, son église avec sa vierge enceinte dédiée originalement à un couple de deux martyrs orientaux Saint-Julien et Sainte-Basilisse, sa minuscule roseraie poétique et sécrète et ses jolies ruelles aux façades colorées….Voilà comment depuis le parking jouxtant la « Table du curé » à l‘ouest du village, nous nous retrouvâmes à l’est marchant par erreur sur le « Sentier de la Fontaine Vieille ». Cela faisait déjà plus d’une heure que nous avions abandonné notre voiture et après ce bref égarement nous primes enfin au bas du vivant village le bon itinéraire qui enjambe la D.14. Ce chemin traverse des vignes en direction d’un grand oratoire que l’on délaisse quelques mètres avant d’y arriver au profit d’une route bitumée qui file à droite vers Quéribus. Mentionnant le château de Quéribus et un balisage à suivre de couleurs jaune et bleu, un panneau est planté là confirmant la bonne direction à prendre. Nous sommes sur le Sentier Cathare. Après 500 mètres, on quitte l’asphalte de cette petite route rurale au profit d’un large chemin terreux qui longe puis franchit le petit ruisseau de Granan. Peu après, on ne peut pas éviter sur la gauche une grosse flèche peinte sur une pancarte qui nous indique de délaisser le présent chemin au profit d’un étroit et ocre sentier qui grimpe abruptement dans le maquis. Copieusement raviné par les eaux pluviales, ce sentier très raide, sableux ou gravilllonneux et parfois carrément caillouteux n’est pas beau de reste comme aurait dit Saint-Pierre et devient au fil de la déclivité de plus en plus difficile à cheminer. Ce pénible sentier nous entraîne sur des crêtes parfaitement dénommées « les Costes ».  En réalité, l’unique beauté de ce sentier est de passer de l’ocre jaune au rouge presque grenat alternant les marnes sableuses, les poudingues agglomérés au sein d’un paysage essentiellement calcaire. En raison de toutes les difficultés du terrain, chaque replat est le bienvenu pour reprendre son souffle et profiter d’un superbe panorama qui s’entrouvre sur Cucugnan, le vallon du Verdouble et les collines environnantes : la Serre du Bac, la Serre de la Maureille, le Bois de Devès avec ses étranges strates rocheuses en forme de trois étriers, Peyrepertuse et sa forteresse, la montagne de Tauch, etc….Pour l’instant, le château de Quéribus reste invisible. Plus haut, le regard bascule sur l’autre versant : la bergerie de Granan blottie au fond du vallon, la colossale Serre de la Quille et enfin le Grau de Maury et son échancrure qui laisse entrevoir une infime partie du pays Fenouillèdes et de la chaîne pyrénéenne. Quand la déclivité s’amenuise enfin, le château de Quéribus est là à quelques encablures. Le donjon apparaît dans sa majestueuse puissance, perché sur son étroit éperon rocheux, il fut en 1255 le dernier bastion de la résistance cathare à tomber face aux soldats de Saint-Louis. Dégageant une incroyable force et un prodigieux sentiment de sécurité, il suffit de jeter un seul regard vers les hauts remparts pour comprendre pourquoi il servit au fil des siècles de place forte et de refuge à une multitude de locataires divers et variés. L’histoire de ce fortin, c’est presque à elle toute seule l’Histoire de nos régions catalano-occitano-pyrénéo-roussillonnaise bien trop longue à raconter ici. Ma bourse étant aussi vide que si un « trabucayre » m’avait détroussé, c’est de loin que nous avons admiré le château et nous avons profité de cet imprévu pour consacrer un peu plus de temps à pique-niquer dans un pré aménagé à cet effet.  Cette agréable aire de pique-nique avec de jolies tables et bancs de bois jouxte les installations, buvette, boutique et sanitaires qui se trouvent à l’entrée du château. Nous étions arrivés par le haut du parking mais pour repartir, nous avons emprunté la piste qui passe entre un emplacement réservé aux poubelles et les latrines aménagées dans de jolis chalets de bois. Cette large piste se faufile dans la garrigue mais s’entrouvre de temps à autre sur de lointains panoramas où dans le bleu opaque de l’horizon, on peut imaginer la Méditerranée au dessus de nombreuses collines. Ce chemin nous emmène sans problème au lieu-dit la Fagette où des panonceaux on ne peut plus clairs nous demandent de quitter le Sentier Cathare qui file vers Padern au profit d’un P.R au balisage jaune qui va vers Cucugnan. La piste est toujours aussi large mais désormais elle descend et il va en être ainsi jusqu’à l’arrivée. Au moment où elle amorce un premier virage en épingles en cheveux, il n’est pas inutile de la quitter quelques instants pour s’approcher avec prudence du bord de la falaise de la Grosse Roque. De ce mirador naturel, on embrasse merveilleusement le vaste vallon de Cucugnan garni d’une incroyable mosaïque de champs et de vignobles aux couleurs chamarrées entourant le village. Effrayé par notre présence inopinée, un circaète Jean-le-Blanc, reconnaissable à son plumage essentiellement clair et strié, pousse un cri strident puis s’éloigne de la falaise. Au loin, le Bugarach pointe le bout de son pech dans une dentelure de la Quille. Plus que jamais, les remparts blancs de Peyrepertuse se confondent avec les calcaires de la « serre » qui les soutiennent. Après cet intermède, l’itinéraire poursuit encore sa descente, amorce un large virage, passe sous la haute paroi de la Grosse Roque puis file vers Cucugnan que l’on aperçoit au bout de la piste. On finit par retrouver l’asphalte d’une voie beaucoup mieux carrossable qui se fraye un chemin entre un maquis typiquement méditerranéen, quelques champs en jachère et de jolis vignobles aux vives couleurs d’automnes où quelques beaux raisins restent à grapillonner. C’est donc avec les doigts collants et les lèvres sucrées de ces mielleux raisins que nous retrouvons l’oratoire aperçu au départ puis entrons dans Cucugnan. Et si nous reprenions le Sentier de la Fontaine Vieille, histoire de nous laver un peu les mains ? Cette boucle réalisée est longue d’une douzaine de kilomètres et il faut y rajouter environ un kilomètre si on fait l’aller-retour jusqu’au château car bien entendu ce dernier, qu’il ne faut pas manquer de visiter, reste le but essentiel de cette randonnée. Les altitudes étant respectivement de 270 mètres au bas de Cucugnan et de 650 mètres au château de Quéribus, c’est sur un dénivelé somme toute modeste d’environ 380 mètres qu’il faudra s’élever. Qui a dit que Quéribus était un véritable nid d’aigles ?Carte IGN 2447 OT Tuchan – Massif des Corbières Top 25.

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