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notre dame coral

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

Publié le par gibirando

Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements :

Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi : ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voudraient faire le contraire, et l'immense majorité de ceux qui ne veulent rien faire.

Confucius (551 av.JC-479 av.JC).

 

Bibliographie et cartographie :

(Vous trouverez ci-dessous le topo-guide et les cartes que j'ai utilisés lors de ce Tour du Vallespir. Les autres livres m'ont permis de m'imprégner de cette région et ainsi de mieux la comprendre sur le plan culturel. Concernant l'Histoire et la géographie du Vallespir, de nombreux sites Internet m'ont aidé dans ces domaines.)

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Canigou-Vallespir-Conflent- Le Guide Rando- Georges Véron- Rando Editions-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2349 ET Massif du Canigou

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2449 OT Céret Amélie-les-Bains Palalda-Vallée du Tech.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Promenade littéraire à travers le Vallespir - Recueil de textes et de poèmes- Michel Wallon - Les Presses- Littéraires-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Domenica ou la Vallée âpre- Roman- Marie Vallespir- Les Presses de l'Imprimerie du Vallespir-1959. Préface de Joseph Ribas. 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Mes Cahiers du Vallespir - Recueil Traduction de poèmes en catalan- Robert Gendre - Imprimerie Le Castellum-1975. Préface d'Abdon Poggi.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Ballades Catalanes- Recueil de poèmes et de photographies- Alain Taurinya- Michèle Maurin - Editions Magellan et Cie - 2002

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 -Mes jeunes années racontées par ma mère et moi - Essai de Charles Trenet et Marie-Louise Caussat-Trenet- Editions Robert Laffont-1978

 

Sites Internet :

 (Autant que c'est possible, j'essaie de faire en sorte que les liens fonctionnent, chose peu facile certains changeant de nom de domaine, d'autres disparaissant carrément.)

- http://clubdelittenim.wordpress.com/randonnees/

- http://cortsavisempre.free.fr/index.html

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Regions/Vallespir.php

- http://jeantosti.com/roussillon.htm

- http://lamanere-barrutet.com/

- http://pagesperso-orange.fr/casafr/vallespir/vallespir.htm

- http://www.amelie-les-bains.com/

- http://www.charles-trenet.net/

https://www.vallespir.com/

https://www.sudcanigo.com/item/damia-noell-chambres-dhotes/

http://www.haut-vallespir.fr/

- http://www.hotel-ausseil.com/

- http://www.la-clau.net/

- http://www.lamanere.fr/

- http://www.mairie-perpignan.fr/

- http://www.maisondupatrimoine-ceret.fr/

- http://www.mediterranees.net/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Montbolo

- http://www.notredameducoral.com/

https://www.vallespir-tourisme.fr/

- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1941_num_29_2_4312

- http://www.pratsdemollolapreste.com/

- http://www.pyrenees-orientales.pref.gouv.fr/

- http://www.reserves-naturelles.org/

- http://www.reynes.fr/html/vallespir.htm

- http://www.vallee-du-tech.com/

- http://www.ville-arles-sur-tech.fr/

- http://www.ville-saint-laurent-de-cerdans.fr/

 

Cette liste de sites Internet n'est pas exhaustive car j'ai également consulté des sites comme Wikipédia, Wiktionnaire, Généanet, Freelang ou Lexilogos et divers forums. Il y a certainement bien d'autres sites concernant le Vallespir, la Vallée du Tech, les villes et les lieux visités lors de cette randonnée. Que ceux qui les ont créés m'excusent de ne pas les citer mais il m'était bien sûr impossible de tous les mentionner dans ce récit. Tous les sites évoqués ci-dessus ont largement contribués soit à la préparation ou à la réalisation du Tour du Vallespir lui-même soit à la rédaction de ce récit. Pour ces raisons, je remercie très sincèrement les auteurs, les propriétaires et les webmestres de tous les sites compulsés.

 

Petit lexique classé dans un ordre d'apparition dans ce récit :

 

Le lexique ci-dessous n'a pas la prétention d'être complet. Il reprend la plupart des noms propres cités pour tenter de les décrire ou de les expliquer dans l'ordre chronologique où ils apparaissent dans ce récit. Grâce à ces explications, j'espère que le lecteur appréhendera mieux la géographie et l'histoire du Vallespir. J'ai volontairement oublié certains noms et j'aurais pu par exemple citer Céret qui est la sous-préfecture du département des P.O, considérée comme la capitale du Bas-Vallespir, mais son absence vient simplement que la ville n'est pas située sur le Tour du Vallespir.

 

Vallespir : Région vallonnée et montagneuse du département des Pyrénées-Orientales qui s'étire sur une quarantaine de kilomètres le long de la vallée du Tech. Le mot vient du latin " Vallis Asperi " qui signifie " vallée âpre " mais âpre au sens de difficile, rude, abrupt.

Vallée du Tech et l'aiguat de 1940 : Bassin versant d'environ 750 km2 le plus méridional de France. Le Tech, long de 85 km, est un fleuve côtier des Pyrénées-Orientales qui prend sa source, dans le massif du Costabonne, au Roc Colom à une altitude de 2.450 m environ. Ce bassin versant associe montagne et plaine, avant d'atteindre la Méditerranée au lieu-dit le Bocal du Tech. Par son débit qui peut-être parfois très exceptionnel (4000 m3/s), le Tech est une fleuve redoutable. Au fil des siècles, il a très souvent débordé laissant le Vallespir et toute la Catalogne exsangue. Les plus effroyables inondations, qu'ici on appelle " aiguat ", ont eu lieu en 552, 1224, 1763, 1842 et 1940. Le Haut-Vallespir ayant été l'épicentre de cette catastrophe d'octobre 1940, de nombreux habitants gardent encore en mémoire les images d'horreur et de désastre de ces crues monstrueuses : 300 personnes perdirent la vie en Catalogne dont 50 côté français, 60 immeubles furent emportés à Arles-sur-Tech et Amélie-les-Bains où la gare et le casino disparurent dans les flots, des dizaines d'habitation furent emportées à Prats-de-Mollo et dans de nombreux autres villages. Des éboulements gigantesques de plus de 50 mètres de hauteur barrèrent la vallée (La Baillanouse), 4 usines électriques et de nombreuses entreprises furent pulvérisées, les coulées à la fois liquides et solides se déversèrent dans les campagnes dévastant toutes les cultures et laissant dans les terres arables une incroyable accumulation de rochers, de cailloux et de sables inadaptée à l'agriculture future, les flots emportèrent de nombreux ponts et voies de communication. Ces précipitations diluviennes furent considérées par les météorologues comme une " anomalie fantastique " de la nature. Vous trouverez quelques témoignages de l'époque sur la page Internet suivante : http://pluiesextremes.meteo.fr/france-metropole/Aiguat-fantastique-sur-le-Roussillon.html

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - RemerciementsMes jeunes années : Les paroles de cette chanson sont de Charles Trénet et la musique de Marc Herrand, pianiste, arrangeur de talent et ancien ténor des Compagnons de la Chanson. Elle date de 1949 (encore une coïncidence puisque c'est l'année de ma naissance !) et la partition est parue aux Editions Raoul Breton. Charles Trenet l'a composée lors d'une tournée qu'il effectuait au Canada. Dans l'importante discographie de Trenet, cette chanson figure dans pas moins de 27 disques et albums. Elle est donc une chanson très importante du registre du poète et chanteur. Charles Trenet y évoque ses souvenirs de jeunesse quand il allait courir la montagne du côté du Vallespir, du Canigou ou de la Cerdagne qu'il aimait tant. En 1922, son père s'installe comme notaire à Perpignan, ville dont il est natif. Peu de temps après, il fait la connaissance d'Albert Bausil, un ami à son père. Albert Bausil, l'enfant du Canigou, le poète et écrivain, chantre inspiré du Roussillon, lui fait découvrir les arts et la culture catalane. Pour le petit garçon émerveillé au regard clair, cette rencontre est capitale et Albert Bausil devient son mentor, voire son Pygmalion. Sans cet homme, qui aura sur l'adolescent une influence capitale, il n'y aurait peut-être pas eu de "Fou chantant", mais rien qu'un petit architecte de province… Bausil accueille Charles dans son "Coq Catalan", un petit hebdomadaire littéraire, satirique et sportif. Le jeune poète y fera ses premières armes, des vers qui, déjà, respirent la liberté et l'amour de la vie avec enthousiasme. Cette chanson a été reprise par nombre d'autres chanteurs et surtout par de nombreuses chorales comme les Petits Chanteurs à la Croix de Bois par exemple. Mais les meilleurs interprètes de Trenet restent les Compagnons de la Chanson qui ont repris un grand nombre de textes du grand poète. En 1978, "Mes jeunes années racontées par mère et moi" est un livre autobiographique écrit à quatre mains par Charles Trenet et sa mère Marie-Louise Caussat-Trenet paru aux Editions Laffont.

(Personnellement, cette chanson, reste le souvenir et le symbole d'une jeunesse insouciante, éprise de liberté et d'amour de la vie et de la nature. Je me reconnais dans cette chanson et en la réentendant, elle est devenue tout naturellement un hymne à mon Tour du Vallespir). Cliquez sur l'image de la partition ci-dessus pour écouter la chanson.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Georges Véron : Ce grand pyrénéiste né dans la Sarthe en 1933 est mort en 2005. Professeur de biologie, il a d'abord pratiqué le football et l'athlétisme pendant plus de vingt ans avant de découvrir les Pyrénées. Quand il découvre la chaîne de montagnes, il en " tombe amoureux " et en fait rapidement sa passion. Il enchaîne les balades à un rythme qui lui vaut le surnom de " stakhanoviste de la montagne ". En 1968, il effectue la traversée des Pyrénées et réussit le pari d'aller de la mer Méditerranée à l'océan Atlantique par la haute montagne, en 41 étapes, uniquement à l'aide de cartes. Il devient ainsi le créateur de la Haute Randonnée Pyrénéenne, célèbre H.R.P qui traverse les Pyrénées par les chemins pédestres des plus hautes crêtes et des plus hauts cols. A partir de là, il va se consacrer presque exclusivement à la randonnée, à pied mais aussi en V.T.T. Membre du Club alpin français, collaborateur de la Fédération française de la randonnée pédestre, il participe à la création du célèbre G.R.10, longue randonnée de 850 kms qui part d'Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques et se termine à Banyuls-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales . En 1978, il enseigne à Tarbes, conseiller technique de l'association " Randonnées Pyrénéennes ", Georges Véron publie de nombreux ouvrages et une trentaine de guides de randonnées consacrés aux Pyrénées : 100 randonnées, 100 plus beaux sommets, itinéraires de VTT et chemins de Saint-Jacques de Compostelle, etc.… Avec son topo-guide Canigou, Vallespir, Conflent, il est le créateur du Tour du Vallespir.

Amélie-les-Bains : Autrefois, la ville s'est appelée les " Bains d'Arles ", nom provenant d'Els Banys (les bains) et d'Arles pour Arles-sur-Tech. Ce nom désignait un monastère qui était érigé à cet endroit. Le nom actuel date de 1840 et fut donné à la commune en hommage à la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, qui faisait de nombreux séjours aux Thermes. Vaste de 2943 hectares, située au cœur du Vallespir, au bord du Tech et de son affluent le Mondony, la commune est désormais composée de 2 autres villages qui ont été annexées : Palalda en 1942 et Montalba en 1962. La cité est une station thermale renommée depuis l'antiquité.

Montbolo : Cité située sur la rive gauche du Tech à 600 mètres d'altitude, on l'appelle couramment le " Balcon du Vallespir " tant son panorama est exceptionnel sur la plaine du Roussillon, le Canigou, la chaîne des Albères et la vallée du Tech. De son exposition plein sud, Montbolo reçoit un ensoleillement maximum en hiver et, en été cette chaleur est tempérée par la fraîcheur due à l'altitude. L'absence de toute activité industrielle contribue à une qualité de l'air remarquable et pour compléter ce cadre idyllique, l'alimentation en eau est assurée par des sources captées à plus de 1500 mètres d'altitude. Ce village est également connu pour sa procession de la " Rodella " qui se déroule chaque 30 juillet et dont l'origine païenne remonterait au début du christianisme. Depuis l'église Saint-André de Montbolo, cette procession consiste à se rendre par un sentier forestier à l'abbaye d'Arles-sur-Tech pour aller vénérer les reliques des saints Abdon et Sennen. Mais la particularité de ce pèlerinage est de descendre une croix chrétienne sur laquelle a été placé un grand cerceau fait d'un enroulement de cire d'abeille que l'on appelle " la Rodella ". Il existe également autour de cette " Rodella " une légende basée sur un texte historique de 1465 que vous pouvez découvrir sur les deux sites Internet suivants :

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Traditions/Rodella.php

https://www.labalma.fr/index.php/fr/camping-fr/fetes

Formentere ou Formentera : Col à 1.133 m d'altitude situé à la limite du Haut-Vallespir et des Aspres sur le chemin du Tour du Vallespir et l'ancienne voie ferrée minière. Non loin de ce col, il y a le hameau oublié de Formentere, ancienne gare minière qui a eu son heure de gloire au temps de l'exploitation des mines de fer autour du Massif du Canigou (Batère, les Manerots, La Pinouse, Rapaloum, etc.…). De Formentere, grâce à une ligne de câbles et de chariots de plus de 5 kilomètres, le minerai cuit était descendu par voie aérienne jusqu'à Arles-sur-Tech.

Batère : Lieu situé à cheval entre Vallespir, Aspres et Haut- Conflent connu pour sa tour médiévale du 13eme siècle construite à l'époque où les Rois de Majorque régnaient sur le Roussillon et la Cerdagne. Cette tour à signaux assurait la surveillance et la communication à l'aide de fumées le jour et de feux la nuit. Elle était certainement en liaison avec d'autres tours et châteaux du Vallespir (Montbolo, Corsavy, Cos, Mir, Palalda, Cabrens) et les tours d'autres régions comme la Tour de la Massane ou bien celle de la Madeloc. Mais Batère est également connu pour ses anciennes mines de fer, fer apprécié depuis la nuit de temps (200 avant JC). Ces mines étaient les plus importantes du département, elles alimentaient un nombre incalculable de forges. Les mines fonctionnèrent jusqu'en 1994 donnant à toute la région un essor économique considérable. En 1953, la société d'exploitation construisit à 1.540 m d'altitude un bâtiment pour les mineurs et leurs familles, ce bâtiment sert désormais de refuge et de gîte aux randonneurs de tout poil.

La tempête Klaus : Le 23 janvier 2009, Klaus est le nom donné à une tempête en cours de formation par l'Institut de Météorologie allemand en l'honneur d'un certain Klaus Schümann. Au départ, c'est le satellite Météosat qui va envoyer des images d'une dépression étonnante situé sur l'Atlantique Nord, profonde dépression qui va engendrer des vents d'une force exceptionnelle et d'une vitesse inouïe. Cette tempête a principalement touché le sud-ouest de la France, la principauté d'Andorre, le nord de l'Espagne et une partie de l'Italie entre le 23 et le 25 janvier 2009. Dans le sud de la France, nombreux sont ceux qui considèrent à juste titre comme plus dévastateur Lothar, la tempête de décembre 1999, mais ce n'est pas le cas du Vallespir et du Roussillon où Klaus a été bien plus violent. Le 24 janvier, les dégâts ont été considérables et en tous cas, évalués à 38 millions d'euros. Le département a été reconnu comme en état de catastrophe naturelle. Tous les records ont été battus : 216 km/h au Col d'Envalira, 193 km/h à Formiguères, 191 km/h pendant deux heures au Cap Béar, 184 km/h à Perpignan, record absolu de 1999 battu de plus 40 km/h. Les forêts de résineux (pins sylvestres et cèdres) du Vallespir ont été parmi les plus ravagées et l'importance des dégâts a été estimée avec des prises de vue aériennes. Au-delà des dégâts, le problème pour la filière bois, c'est que cette tempête Klaus est arrivée dans une conjoncture économique beaucoup plus mauvaise qu'en 1999.

Riuferrer : Affluent du Tech, le Riuferrer (la rivière du fer) est un torrent impétueux d'une longueur de 17,7 kms qui prend sa source dans le cirque du Faig au pied du Puig dels Tres Vents à une altitude de 2.300 m environ et se jette dans la Tech à Arles-sur-Tech. De nombreux pêcheurs parcourent ses rives pour ses excellentes truites.

La Coumelade : Affluent du Tech, la Coumelade est une rivière qui prend sa source sur le versant sud de la crête des Tres Vents à 2.570 mètres d'altitude et qui, après avoir parcouru 15 kms, se jette dans le Tech au hameau Le Tech. Dans sa partie torrent, elle appréciait des adeptes de la descente en canyon.

Saint-Guillem de Combret : Situé dans la vallée de la Coumelade, le minuscule hameau est essentiellement connu pour son ermitage dont l'histoire commence au 9eme siècle. A cette époque, une chapelle dédiée à Sainte-Magdeleine de Combret avait été construite par un certain " Guillem ". Guillem offrait, sans aucune compensation, gîtes et couverts à tous les pèlerins qui partaient de Saint-Michel de Cuxa pour se rendre à Saint-Jacques de Compostelle par le col d'Ares et l'Espagne. Guillem était si apprécié de tous les voyageurs et le lieu si prisé, qu'après sa mort tout le monde l'appela Saint-Guillem malgré qu'il n'ait jamais été canonisé. Aujourd'hui la chapelle et ses dépendances sont connues sous le nom de Saint-Guillem de Combret. Le hameau dispose d'un refuge non gardé. Malgré quelques restaurations, la chapelle a peu changé au fil des siècles, elle mesure 15 mètres de long pour 4 mètres de large et est de style roman. Sa cloche très ancienne est exceptionnelle et est à l'origine d'une légende prétendant que Guillem l'aurait modelée de ses propres doigts car il en reste, paraît-il, encore l'empreinte sur le métal. Le 22 juillet de chaque année, les habitants du village Le Tech, de Prats de Mollo et d'autres villages alentours effectuent un pèlerinage.

La Parcigoule : C'est une rivière de 9 kms de longueur, affluent du Tech qui prend sa source à une altitude de 1.920 mètres au lieu-dit Les Estables. Elle rejoint le Tech au hameau de Saint-Sauveur entre Prats-de-Mollo et la Preste. Le bassin de la Parcigoule présente la particularité d'avoir été une des vallées les plus déboisées et dépeuplées du Vallespir, tout d'abord à cause des nombreuses forges qui utilisaient intensément son bois puis à cause des crues répétitives (aiguat) d'octobre 1940 puis d'avril 1942. Un reboisement et des barrages ont été aménagés pour stabiliser et protéger la vallée.

Joseph de la Trinxeria : né en 1637 à Prats-de-Mollo, commune d'Espagne à l'époque, il s'insurgea contre la gabelle, cette célèbre taxe sur le sel, abolie depuis 1292 mais qui venait d'être réhabilitée en 1661 par Louis XIV après l'annexion de la Catalogne du Nord (Roussillon, Vallespir, Conflent, Cerdagne, Capcir) au royaume de France par le Traité des Pyrénées de 1659. En 1666, indigné d'avoir été surtaxé par les Gabelous, ces préposés chargés de la récolte, il leva une armée d'Angelets et tint tête pendant quelques années à toutes les troupes envoyées contre lui. Ces nombreuses victoires lui apportèrent un énorme prestige et nombreux furent ceux qui se rallièrent à sa cause. Il devint rapidement un héros dans le Vallespir tout entier et bien au-delà encore dans toute la Catalogne. C'est en partie à cause de ces révoltés que Louis XIV fit construire par Vauban, le Fort Lagarde de Prats-de-Mollo à partir de 1677. Quelques années plus tard, Joseph de la Trinxeria qui n'avait pas renié ses origines, devint officier des armées d'Espagne et se battit contre le royaume de France aux côtés des Miquelets. Il ne cessa jamais de se battre sur de nombreux fronts et termina sa vie comme colonel en 1689. Il mourut en 1694.

Prats-de-Mollo - La Preste : Avec une superficie de presque 12.000 hectares, cette commune est la plus étendue du département des Pyrénées-Orientales. Située au bord du Tech à 735 mètres d'altitude, elle dispose d'un patrimoine historique exceptionnel : Eglise gothique Saintes Juste et Ruffine, Fort Lagarde et fortifications construites par Vauban, Tour de Mir, nombreuses chapelles, etc.… Il faut dire qu'au regard de sa situation géographique, Prats fût tout au long de son histoire le théâtre de soubresauts franco-espagnols incessants. Longtemps tournée vers l'agriculture, l'élevage, la sylviculture et quelques industries locales (textiles, espadrilles, etc.…), la cité vit désormais du tourisme et des Thermes de la Preste, bourg rattaché à Prats mais éloigné de huit kilomètres à une altitude de 1.130 mètres. Le mot " Prats " signifie " prés " mais deux versions s'opposent quant à l'origine du mot " Mollo ", certains le traduisant par " mouillé " d'autres avançant qu'il signifie " grosse pierre" en catalan. Alors " prés mouillés " ou " prés bornés ", les deux définitions ont leur logique tant la cité a été souvent la scène de crues mémorables mais aussi un bourg toujours borné ou limité par une frontière mouvante et parfois incertaine. Il faut savoir en effet que malgré le Traité des Pyrénées de 1659 signé entre le roi de France Louis XIV et Philippe IV, roi d'Espagne, le véritable tracé de la frontière entre la province du Roussillon et l'Espagne ne fût déterminé et borné que deux siècles plus tard en 1866 avec le Traité de Bayonne entre l'Empereur Napoléon III et la reine Isabelle II d'Espagne. De par leur situation géographique ambiguë et instable, c'est dire si les Pratéens ont longtemps été indécis et désorientés quant à leur citoyenneté réelle. Alors n'est-il pas un peu logique qu'ils aient été avant tout catalans avant d'être espagnols ou français ? En raison de son milieu, de son relief varié et de ses richesses naturelles remarquables (flore, faune et géologique) la commune a été classée " Réserve Naturelle " en 1986.

La tour de Mir : Situé à 1.540 m d'altitude et datant du 13eme siècle, comme la tour de Batère, la tour de Mir était chargé d'émettre des signaux pour assurer les communications avec d'autres tours comme celle de La Guardia, une autre tour de Prats-de-Mollo où a été érigé ensuite le Fort Lagarde. A cette époque où les catalans se lancent dans de nombreuses conquêtes tout autour de la Méditerranée, la tour de Mir présente l'avantage d'être à la fois tournée vers la mer et vers l'intérieur des terres, car plus particulièrement affectée à la surveillance de Col d'Arès, passage obligé vers des territoires intérieurs comme le royaume d'Aragon notamment. De son piton rocheux, on aperçoit très distinctement le château et les tours de Cabrens, elles-mêmes en liaison avec la Tour de Batère et ainsi de suite jusqu'aux tours des Albères et du Roussillon. La tour de Mir est située sur le chemin du Tour du Vallespir.

La Retirada : Le mot " Retirada " signifie " retraite " en espagnol mais il désigne plus particulièrement l'exode humanitaire que des milliers de républicains espagnols vécurent à partir de janvier 1939. En deux semaines, c'est 100.000 réfugiés qui passent la frontière au col d'Arès pour fuir la dictature de Général Franco dont l'alliance avec le régime nazi d'Hitler inquiète l'Europe toute entière. Le 31 janvier, le ministre de l'intérieur Albert Sarraut vient à Prats-de-Mollo pour organiser ces arrivées massives. Il fait construire 4 camps d'hébergement dans la vallée du Tech. Tout est bon pour accueillir les réfugiés et affronter ce glacial et cinglant hiver. Le 13 février, la frontière est officiellement fermée et gardée par les soldats de Franco. Mais ce sont environ 500.000 personnes, pleines d'un espoir d'un avenir meilleur qui arrivèrent en France par de multiples passages frontaliers. Mais pour ces réfugiés, internés dans des camps ceinturés de fils barbelés, cette espérance fût le plus souvent déçue, car ils avaient fuit l'arbitraire, la torture et la terreur instaurée par le régime totalitaire espagnol pour ne trouver en France que privation de liberté, dans des conditions généralement pitoyables pour ne pas dire inhumaines.

Notre-Dame du Coral : Il s'agit d'une chapelle longue de 23 mètres et large de 7 mètres qui a été construite sur un éperon rocheux à 1.091 m d'altitude dans un cadre de verdure exceptionnel. On pense qu'à l'origine, au 9eme siècle, il s'agissait d'un simple sanctuaire (petite chapelle ou oratoire) qui servait de lieu de prières. Puis comme souvent, un village, ici Miralles, se développa autour de cette chapelle. La légende prétend qu'une statue de bois représentant la vierge Marie provenant de cette chapelle ait été dissimulée dans un tronc d'arbre, puis retrouvée plus tard. Cette trouvaille aurait été l'occasion d'un engouement populaire qui amena la construction de la nouvelle église paroissiale de Miralles. C'est ainsi que Notre Dame du Coral est apparue, bâtie sur les restes de la chapelle primitive, pour servir d'église aux habitants du village. Dans les textes historiques, Sancta Maria de Coral apparaît à partir de l'an 1267 comme appartenant à l'abbaye de Camprodon (Espagne). Mais au fil des siècles, et selon les mouvements de la frontière, le site eut divers propriétaires religieux, privés ou publics. Mais les occupants de la chapelle ont été le plus souvent des ermites forains qui voyageaient en quête de charité et d'oboles. A présent, la chapelle et certaines de ses dépendances servent de refuge avec gîtes, restaurant, tables et chambres d'hôtes. L'étymologie de " Coral " est très discutée mais la plus probable est que ce nom viendrait simplement de " corail " comme la couleur rouge de certaines roches que l'on trouve dans le secteur en montant par exemple vers le col de Malrems ou le Pla de la Muga.

Lamanère : C'est un village du Vallespir situé à 777 mètres d'altitude et à vol d'oiseau vers le sud à moins de 3 kms de la frontière espagnole. Entourée de montagnes et de collines avec les Baga de la Sadella et de la Bordellat (1.554 m) au sud, le Mont Nègre (1.425 m) à l'est, le Roque de Cap de Ca et la serra de Cabrens (1.326 m) au Nord, le Puig de las Coubines et El Tossal (1.281m) à l'ouest et nichée au fond d'une verdoyante vallée à la jonction de plusieurs rivières et ruisseaux (Lamanère, Taix, etc.…) elle est la commune la plus méridionale de l'hexagone. Riche de divers minerais (fer, or, plomb argentifère, cuivre) qui y furent exploitaient en leurs temps, son nom proviendrait du catalan " La Menera " signifiant " La Minière ". Grâce à ses paysages magnifiques et variés, elle est un lieu propice à de nombreuses activités de plein air (randonnées, VTT, baignades, canyonning, etc.…). Mais de par son emplacement géographique très isolé, on ne connaît pas grand-chose de son histoire, si ce n'est qu'elle a longtemps était dépendante de la commune de Serralongue où régnaient au Moyen-Âge les seigneurs de Cabrens. Mais Lamanère, c'est aussi une rivière, affluent du Tech, longue de 15,7 kms, qui elle-même est alimentée par d'innombrables petits ruisseaux affluents.

Les Estanouses : Minuscule hameau perdu du Haut-Vallespir situé au pied des tours de Cabrens, non loin des villages de Lamanère et de Serralongue à une altitude de 1.019 mètres. Il y a encore quelques années (2004 ou 2005), on pouvait le traverser en empruntant une des variantes du Tour du Vallespir. Aujourd'hui, ce chemin est barré car il est devenu un domaine privé, et si j'en crois mes recherches Internet, faisant chambres et tables d'hôtes pour accueillir les touristes.

Cabrens : La seigneurie de Serralongue, commune du Vallespir, est gouvernée dès le 11eme siècle par les " seigneurs de Cabrenç " en référence aux chèvres qui peuplaient les collines et qui étaient les seuls animaux à pouvoir grimper jusqu'à leur château. Le premier seigneur fût Oriol de Cortsavi mais la dynastie des Cabrens composée de diverses familles au gré des alliances et des successions eut une immense influence sur une grande partie du Vallespir et régna fort longtemps et au moins jusqu'en 1792, date à laquelle l'état français créa les communes et où le dernier seigneur Abden Senen de Ros, baron de Cabrens s'expatria en Espagne. Aujourd'hui le site de Cabrens est surtout connu pour ses trois tours, objectifs de randonnées à partir de Lamanère ou de Serralongue. Situées au faîte d'une crête rocheuse, les trois tours sont en réalité les ruines du château construit en 1086 par les seigneurs de Cabrens, celles d'un donjon adjoint au 11eme siècle qui aurait fait office de geôles et enfin celle d'une tour à signaux du 14eme siècle qui communiquait avec de nombreuses autres tours du Vallespir (Mir, Batère et Cos). Au regard de sa position géographique dominante, l'ensemble devait constituer une forteresse quasi imprenable.

Saint-Laurent-de-Cerdans : Le village daterait du 11eme siècle, date à laquelle des moines de l'abbaye d'Arles-sur-Tech aurait construit une église dédiée à Saint-Laurent, martyr du 3eme siècle. Le terme " Cerdans " apparaît au 12eme siècle avec le nom d'un mas (Manso de Cerdanis). Mais ce nom lui-même proviendrait du nom d'un peuple des montagnes de la région, descendant des Ibères qu'on appelait " Les Cérêtes ". Ce peuple serait aussi à l'origine des noms de la ville de Céret et de la région de Cerdagne. La ville construite à l'intersection de plusieurs cours d'eau (la Quére, le Saint-Laurent, la Bilvera, etc.…) est entourée de plusieurs " serrats ", petites chaînes de montagnes (Cogull, Montner, Provadona, Capell, Garsa, etc.…) dont la plupart dépassent les 1.000 mètres d'altitude. Elle fût un lieu de passage, d'échanges et surtout de contrebande avec l'Espagne tout au long des époques. Pendant très longtemps, la prospérité de la cité a reposé sur les industries liées au fer avec de nombreuses forges alentours qui ont données leurs noms à des lieux-dits (la Forge del Mig, la Forge d'en Bosc, la Forge d'Avall, etc.…), au bois (exploitation du châtaignier encore très présent dans les forêts de nos jours) mais l'industrie la plus originale a été celle de la fabrication d'espadrilles que l'on appelle ici " vigatanes " et qui, bien sûr, a été étroitement liée aux fabriques de tissus. Ces deux dernières activités artisanales sont encore bien présentes aujourd'hui au travers des sociétés " Vallespir Sandales " et " Les Toiles du Soleil ". Grâce à son riche patrimoine historique, culturel et naturel et au tout proche domaine hôtelier de Falgos pourvu de son terrain de golf de 18 trous, le village vit désormais au rythme du tourisme.

La famille Noëll : Le 23 janvier 1676, l'église de Saint-Laurent-de-Cerdans avait brûlé ainsi que quelques maisons voisines dont celle de la famille de Noëll. Au 18eme siècle, la destruction de ces documents anciens avait amené Abdon Noëll à solliciter du roi de France Louis XV la reconnaissance et la confirmation de sa qualité de noble et de ses titres. C'est en décembre 1766 qu'Abdon de Noëll reçut cette confirmation et ses nouvelles lettres de noblesse signée de Louis XV et du duc de Choiseul. Il fût nommé baron de Vilaro, petit hameau proche de Saint-Laurent. Notaire à Saint-Laurent-de-Cerdans, Abdon, le seigneur de Vilaro, âme de la Résistance du Vallespir, fût le plus connu de tous car en avril 1793 avec l'aide du général espagnol Antonio Ricardos, il évita le massacre programmée par la Convention Nationale de toute la population de Saint-Laurent-de-Cerdans. Quand on sait que cette guerre entre la France et l'Espagne, galvanisé par l'hostilité de la monarchie espagnole envers la République Française, commença pour empêcher l'organisation d'une simple procession, on comprend mieux l'attachement que les Laurentins avaient pour leurs traditions et leur liberté de culte. Ce culte de l'église et cette liberté sont encore fermement ancré de nos jours et on les retrouve à travers diverses manifestations.

Puis ce fût Jacques de Noëll qui, au 20eme siècle, grimpa l'échelle de la renommée, mais dans un autre registre, celui de la musique. Il fut un grand compositeur de musiques catalanes et de sardanes. Et comme ici en Vallespir, comme dans toute la Catalogne, la sardane est une danse et une musique sacrée, Jacques de Noëll fût un musicien très apprécié. Il y eut également Louis, archéologue apprécié, frère de Jacques mais mort trop jeune pour être resté dans l'Histoire. Mais tout au long des siècles, les de Noëll étaient surtout de riches aristocrates et des notables reconnus, certains étaient notaires, d'autres maîtres de forge ou propriétaires d'exploitations minières, d'autres propriétaires terriens. Malgré la perte de leurs titres de noblesse à la Révolution Française, les de Noëll gardèrent un certain prestige dans tout le Roussillon certains devenant des chefs d'entreprise reconnues, d'autres tentèrent l'aventure de la vie politique, beaucoup devenant maires de nombreuses communes. La bâtisse, maison de famille des de Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans avait été construite en 1606 et le premier occupant avait été un certain Damia (1560-1612) qui, au côté de Joseph de la Trinxeria, s'était révolté contre les effets néfastes du Traité des Pyrénées de 1659. Cette maison Damia Noëll a été rachetée, il y a quelques années, par un couple très sympathique Isabelle et Mario Lopes, qui en ont fait une table et des chambres d'hôtes absolument remarquables.

Pilon de Belmatx ou Belmaig : Ici en Catalogne, on prononce " Belmach ". Il s'agit d'un sommet du Vallespir avec une altitude somme toute modeste puisque élevée au dessus du niveau de la mer à 1.280 mètres seulement. Il est situé sur une longue crête rocheuse qui s'appelle la Serre de Montner et qui surplombe la cité d'Arles-sur-Tech. Mais sa renommée vient justement de la difficulté que l'on rencontre à le gravir à partir d'Arles-sur-Tech puisque c'est pas moins de 1.020 mètres de dénivelé qu'il faut accomplir sur un sentier très difficile car terreux et caillouteux et très souvent raviné. Pour y monter, il faut emprunter un tronçon du célèbre GR.10 jusqu'au Col de Paracolls et c'est certainement pour çà que cette randonnée s'inscrit très souvent comme une " incontournable " du département. Montagne mythique pour les Arlésiens, chaque printemps, un trail de 11 kilomètres, course réunissant des spécialistes de ce sport mais aussi de simples concurrents est organisée par l'association Arles-Belmaig. Est déclaré vainqueur du " Km Vertical Walsh " celui qui accomplit exactement les 1.000 mètres de dénivelé (environ 100 mètres avant le sommet) dans le laps de temps le plus court.

Arles-sur-Tech : Bien que n'ayant pas traversé cette ville lors de ce Tour du Vallespir, je l'ai eu très souvent devant mes yeux lors de la 1ere et de la dernière étape. Comment parler du Vallespir sans évoquer Arles-sur-Tech qui est certainement une des villes les plus anciennes de cette région puisqu'on a retrouvé des vestiges datant de la Préhistoire (dolmen). Comment parler d'Arles-sur-Tech sans parler de sa Sainte-Tombe et des saints Abdon et Sennen. En ce qui concerne la Sainte-Tombe et son fameux mystère, il s'agit d'un sarcophage de pierre du 3eme siècle qui est situé dans une courette de l'église et qui produit une quantité d'eau pure importante et " d'origine inconnue " (200 à 300 litres par an en moyenne, parfois beaucoup plus, jusqu'à 800 litres l'an). La thèse du miracle a bien évidemment été la première avancée, tandis que d'autres hypothèses ont vu le jour tout au long de l'histoire, relayées ces dernières années par des médias avides de sensationnel. Malgré un premier travail sérieux et concluant dans les années 60 et encore récemment, le panneau situé au dessus du sarcophage explique encore aujourd'hui que la Sainte Tombe n'ait pas livré son secret. Mais la théorie la plus souvent émise serait que le couvercle serait suffisamment poreux pour laisser pénétrer l'eau des pluies alors que le fond du sarcophage serait parfaitement imperméable. Quand à Abdon et Sennen, en l'an 960 un abbé se nommant Arnulfe aurait rapporté de Rome des reliques authentifiées comme étant celles de ces deux saints persans. Elles vaudront à Arles le surnom de "ville des Corps Saints". Ces deux Saints sont toujours vénérés à Arles. Mais autour de ces saints, il existe une légende qui se recoupe avec une autre légende du Vallespir, celle des " Simiots ", des êtres malfaisants, dévoreurs d'enfants, moitié félins et moitié singes qui vivaient dans les forêts et les montagnes du Vallespir. Je vous laisse le soin de prendre connaissance de ces légendes sur les excellents sites suivants :

https://www.sudcanigo.com/decouvrir/contes-et-legendes/

http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Legendes/Simiots.php

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdon_et_Sennen

 

Remerciements :

 

Je remercie très sincèrement toutes les personnes qui m'ont accueillies lors de mes différentes arrivées d'étapes : au Refuge de Batère, à l'hôtel Ausseil à Prats-de-Mollo et à Notre-Dame du Coral. Partout, je fus parfaitement reçu. Bien sûr, ma meilleure soirée mais la plus onéreuse aussi fût celle passée à la Maison Damia Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans, il est vrai en table et chambre d'hôtes d'une qualité remarquable. L'accueil d'Isabelle et Mario fût tel qu'ils méritent vraiment une mention spéciale. Je conseille vivement cet endroit à tous les randonneurs qui pourront se permettre de dépenser 78 euros pour une demi-pension. J'ai essentiellement marché en solitaire sur ce Tour du Vallespir mais je remercie les quelques personnes que j'ai rencontré au cours de ce voyage et qui, d'une manière ou d'une autre, l'ont rendu plus agréable ou plus facile : le vigile des Thermes d'Amélie qui ne m'a pas fait de difficulté pour garer ma voiture, l'homme qui faisait un footing avec son chien à Montbolo qui m'a aidé dans la direction à prendre, le couple qui craignait l'orage et qui voulait me prendre en voiture à la Tour de Batère, quelques clients et l'aimable groupe d'Epinal rencontré au refuge de Batère qui effectuaient le GR.10, le très chaleureux couple et leur fille que j'ai aidé à la cabane de la Devesa au dessus de Leca, l'homme qui m'a expliqué le plus court chemin à prendre au Fort Lagarde, la dame qui m'a expliqué où se trouvait l'hôtel Ausseil, les anonymes clients catalans et parisiens du restaurant Ausseil qui m'ont permis de passer une agréable soirée à Prats-de-Mollo et ce, malgré la terrible journée que j'avais vécue, la pharmacienne de Prats-de-Mollo qui a su parfaitement calmer mes brûlures d'orties, la gentille randonneuse rencontrée à Notre-Dame de Coral, les propriétaires du Domaine des Estanouses avec lesquels depuis je me suis lié d'amitié, le breton vététiste et le jeune couple de Tchèques, clients de la Maison Damia Noëll. Je remercie enfin ma femme qui m'a laissé partir seul, mes enfants de m'avoir offert un lecteur MP3, objet ô combien précieux qui m'a énormément aidé dans les instants les plus difficiles. Je remercie enfin Charles Trenet et ses interprètes Les Compagnons de la Chanson pour leur magnifique chanson " Mes jeunes années ", mélodie avec laquelle j'ai marché très souvent tout au long de cette randonnée. Quand j'éprouvais des difficultés, cette chanson était là pour me remonter moral et enthousiasme. Pour moi, cette chanson restera pour toujours comme un hymne à ces 6 jours passés en Vallespir. 6 jours " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

 

Divers :

 

Peu de temps après mon retour, le 24 août exactement, et en raison de la terrible et éprouvante épreuve que j'avais vécue dans la forêt du Miracle au dessus de Prats-de-Mollo, il m'a paru utile d'alerter les autorités pour que d'autres personnes ne tombent pas dans le même piège que les arbres couchés par la tempête Klaus du 24 janvier 2009 m'avaient tendu. J'ai donc adressé un e-mail à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération et au comité départemental de la Randonnée Pédestre pour les informer de la galère que j'avais éprouvée dans ce secteur du Tour du Vallespir situé peu après le Puig des Lloses en direction du Col du Miracle.

 

Le 14 septembre, c'est avec satisfaction que je recevais une réponse de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo dans laquelle elle m'informait avoir contacter Monsieur Joseph Dunyach, Président du club local de randonnée pédestre " Délit Ténim ". Ce dernier me répondait à travers une lettre jointe au message de Madame Baills.

 

Pour les remercier de m'avoir répondu et d'être intervenu ultérieurement dans ce secteur de Prats-de-Mollo, j'ai volontairement joint à ce récit nos différents échanges de messages.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Message adressé le 24 août 2009 à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération Française de Randonnée Pédestre et à son Comité départemental des Pyrénées-Orientales.

 

Monsieur le Maire de Prats de Mollo, Mesdames, Messieurs,

 

J'ai réalisé la semaine dernière la randonnée du Tour du Vallespir en 6 jours d'après le Guide Rando de Georges Véron : Canigou, Vallespir, Conflent paru chez Rando Editions. Randonnant beaucoup tout au long de l'année, j'avais eu l'occasion de remarquer que ce tour était plutôt bien balisé et que les panneaux indicateurs étaient nombreux. Je n'ai pas trouvé non plus sur Internet de contre-indications à effectuer ce tour. C'est donc en toute confiance mais muni néanmoins d'un GPS, d'un téléphone portable et des cartes IGN appropriées que je suis parti d'Amélie vers Batère le 1er jour, puis vers Saint-Guillem le 2eme jour, puis vers Prats de Mollo le 3eme jour, puis à Notre-Dame de Coral le 4eme jour, puis à St Laurent de Cerdans le 5eme et retour à Amélie le 6eme.

 

Tout s'était très bien passé jusqu'au Puig des Lloses (1.413 m) qui sauf erreur de ma part se trouve sur la commune de Prats de Mollo. A cet endroit, le balisage rouge et jaune propre au Tour du Vallespir ainsi que le panneau d'orientation m'indiquait de poursuivre vers la droite alors qu'un 2eme panneau me proposait de descendre à gauche vers Prats de Mollo par le col de Cavanelles. Effectuant bien sûr le Tour du Vallespir et ayant de toute manière ce tracé-là enregistré dans mon GPS, j'ai normalement poursuivi vers la droite d'autant que rien à cette intersection du Puig des Lloses ne pouvait me laisser supposer que cette portion du Tour du Vallespir dans laquelle j'allais m'engager était complètement impraticable.

 

J'ai 60 ans et je pense être un marcheur chevronné. Pourtant je ne vous cache pas qu'à cause des nombreux arbres décimés qui jonchent encore le sentier sur ce secteur depuis la tempête Klaus du 24 janvier dernier, j'ai eu à un moment le vague sentiment que j'était tombé dans un véritable traquenard. En effet, j'ai commencé à enjamber un premier arbre puis à passer sous un second, puis troisièmement à contourner un premier groupe d'arbres, puis je suis passé sous quelques autres arbres couchés puis au bout de 1,5 kms sans autre solution j'ai finalement quitté le chemin pour éviter un amoncellement qui me semblait de quelques mètres de large seulement (on constate en effet que le vent à suivi des couloirs plus ou moins larges) mais qui en réalité étaient absolument infranchissables. J'ai donc fini par me perdre dans cet immense labyrinthe d'arbres abattus et j'ai même pensé à un moment à appeler les secours depuis mon portable. Heureusement, que j'ai su garder mon sang-froid et grâce à mon GPS j'ai pu, après de multiples efforts, retrouver le sentier et j'ai réussi à rebrousser chemin pour en définitive rejoindre Prats par le col de Cavanelles.

 

Attention ce message que je vous adresse et cette histoire que je vous relate n'ont pas pour objet d'émettre un grief envers quiconque mais simplement à vous prévenir qu'à cet endroit après le Puig des Lloses, le tour du Vallespir est particulièrement dangereux et infranchissable. Mais peut-être le saviez-vous ? De mon côté, je sais pertinemment que la tempête Klaus a provoqué des dégâts considérables et que ce n'est pas en quelques mois que l'on peut effacer les cicatrices d'un tel désastre. Je pensai toutefois que dans la mesure où un chemin serait impraticable un simple petit panonceau d'interdiction aurait été mis en place. Ayant eu l'occasion de marcher dans les Landes et le Gers il y a quelques semaines, j'avais eu l'occasion d'apprécier ce type de pancartes sur de nombreux sentiers. J'ai donc été très étonné qu'au Puig des Lloses aucun panneau ne vienne prévenir le randonneur de cette dangerosité, d'autant qu'un autre chemin permet d'accéder à la commune de Prats dans d'excellentes conditions. En été où les randonneurs sont très nombreux à parcourir les chemins de notre beau département des PO, je pense que de simples petits panneaux d'interdiction et/ou de conseils en pareils endroits seraient d'une redoutable efficacité et éviteraient bien des désagréments comme ceux que j'ai connus.

 

Voilà, après tous ces déboires, et après trois heures d'errements, j'ai fini par arriver à Prats de Mollo avec seulement quelques égratignures, quelques bleus et les mollets douloureusement brûlés par les orties et griffés par les ronces.

 

Le lendemain avant de repartir, j'ai longuement réfléchi sur le sentier que j'allais prendre et plutôt que d'opter par la poursuite du Tour du Vallespir par la Tour de Mir et le col d'Arès dont je sais que le secteur est particulièrement boisé aussi, j'ai emprunté le chemin le plus court pour rejoindre l'ermitage de Notre Dame de Coral. Il s'agit du PR.12 qui passe au col de la Guille. Bien m'en a pris, puisqu'une fois arrivé à l'ermitage, j'appris par d'autres randonneurs, qui en revenaient, que les chemins de la Tour de Mir et du col d'Arès étaient eux aussi barrés par de nombreux arbres couchés. Je ne l'ai pas constaté par moi-même !

 

Voilà il m'a paru utile de vous apporter ce témoignage qui est tout frais. Comme je l'ai dit je ne fais aucun grief à personne d'autant que parmi les acteurs à qui j'adresse ce message, je ne sais pas qui est responsable des arbres couchés, du balisage présent ou absent, de la prévention à mettre en place en pareil cas, etc...

 

J'espère simplement que quelqu'un fera bon usage de ce message.

 

Recevez, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, mes respectueuses salutations.

 

Gilbert JULLIEN

Licencié à la FFRP sous le N° 0579504G

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Lettre réponse reçue de Monsieur Joseph Dunyach par l'intermédiaire de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo.

 

OFFICE DE TOURISME**

66230 PRATS DE MOLLO - LA PRESTE

 

DUNYACH Joseph

Président du club de randonnée FFRP " Delit Tenim "

Membre du Comité directeur départemental des PO

Responsable des Sentiers

Tel : 04.68.39.77.18

 

A Monsieur JULLIEN Gilbert

 

Monsieur,

 

Je viens de prendre connaissance de votre courrier du 25 Août au sujet des problèmes que vous avez rencontré sur le Tour du Vallespir. Ce courrier m'avait été communiqué par le Président départemental lors de la réunion du Comité Directeur du 31 août à Perpignan et je le classe parmi ceux qui font plaisir à lire car ils démontrent la qualité des randonneurs de la FFRP et leur soucis de parfaire notre terrain de jeu naturel.

Vous avez très bien exposé tous vos problèmes et je me sens un peu responsable de ce qui vous est arrivé car j'avais apposé un panneau de fermeture de sentiers à l'entrée du sentier au départ de Prats et je n'avais pas pensé aux randonneurs arrivant dans l'autre sens ce que je vais m'empresser de corriger en attendant l'ouverture que nous espérons prochaine de ce beau sentier sur le secteur du Miracle après le désastre de la tempête Klauss qui nous a donné bien des soucis.

Je profite de ce courrier pour vous informer que le Tour du Vallespir va être complètement finalisé car il fait partie du grand projet du Conseil Général à travers son entité " Canigou Grand Site ".

Si vous souhaitez recevoir les documents sur cet itinéraire vous pouvez nous communiquer vos coordonnées postales.

Pour ce qui est du secteur de la Tour du Mir, la situation est tout à fait normale.

J'ose espérer que ce courrier vous soulagera un peu de la galère que vous avez connu et je vous prie de m'en excuser encore une fois.

Je joins une copie de ce courrier au Président du Comité Départemental qui m'avait demandé de vous répondre en tant que responsable du secteur ainsi qu'à Monsieur le Maire de Prats de Mollo La Preste.

 

Recevez Monsieur mes sincères salutations et peut être au plaisir de se connaître un jour à Prats ou sur l'un de nos sentiers du Haut-Vallespir.

 

DUNYACH Joseph

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

Publié le par gibirando

Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements :

Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi : ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voudraient faire le contraire, et l'immense majorité de ceux qui ne veulent rien faire.

Confucius (551 av.JC-479 av.JC).

 

Bibliographie et cartographie :

(Vous trouverez ci-dessous le topo-guide et les cartes que j'ai utilisés lors de ce Tour du Vallespir. Les autres livres m'ont permis de m'imprégner de cette région et ainsi de mieux la comprendre sur le plan culturel. Concernant l'Histoire et la géographie du Vallespir, de nombreux sites Internet m'ont aidé dans ces domaines.)

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Canigou-Vallespir-Conflent- Le Guide Rando- Georges Véron- Rando Editions-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2349 ET Massif du Canigou

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2449 OT Céret Amélie-les-Bains Palalda-Vallée du Tech.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Promenade littéraire à travers le Vallespir - Recueil de textes et de poèmes- Michel Wallon - Les Presses- Littéraires-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Domenica ou la Vallée âpre- Roman- Marie Vallespir- Les Presses de l'Imprimerie du Vallespir-1959. Préface de Joseph Ribas. 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Mes Cahiers du Vallespir - Recueil Traduction de poèmes en catalan- Robert Gendre - Imprimerie Le Castellum-1975. Préface d'Abdon Poggi.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Ballades Catalanes- Recueil de poèmes et de photographies- Alain Taurinya- Michèle Maurin - Editions Magellan et Cie - 2002

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 -Mes jeunes années racontées par ma mère et moi - Essai de Charles Trenet et Marie-Louise Caussat-Trenet- Editions Robert Laffont-1978

 

Sites Internet :

 (Autant que c'est possible, j'essaie de faire en sorte que les liens fonctionnent, chose peu facile certains changeant de nom de domaine, d'autres disparaissant carrément.)

- http://clubdelittenim.wordpress.com/randonnees/

- http://cortsavisempre.free.fr/index.html

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Regions/Vallespir.php

- http://jeantosti.com/roussillon.htm

- http://lamanere-barrutet.com/

- http://pagesperso-orange.fr/casafr/vallespir/vallespir.htm

- http://www.amelie-les-bains.com/

- http://www.charles-trenet.net/

https://www.vallespir.com/

https://www.sudcanigo.com/item/damia-noell-chambres-dhotes/

http://www.haut-vallespir.fr/

- http://www.hotel-ausseil.com/

- http://www.la-clau.net/

- http://www.lamanere.fr/

- http://www.mairie-perpignan.fr/

- http://www.maisondupatrimoine-ceret.fr/

- http://www.mediterranees.net/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Montbolo

- http://www.notredameducoral.com/

https://www.vallespir-tourisme.fr/

- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1941_num_29_2_4312

- http://www.pratsdemollolapreste.com/

- http://www.pyrenees-orientales.pref.gouv.fr/

- http://www.reserves-naturelles.org/

- http://www.reynes.fr/html/vallespir.htm

- http://www.vallee-du-tech.com/

- http://www.ville-arles-sur-tech.fr/

- http://www.ville-saint-laurent-de-cerdans.fr/

 

Cette liste de sites Internet n'est pas exhaustive car j'ai également consulté des sites comme Wikipédia, Wiktionnaire, Généanet, Freelang ou Lexilogos et divers forums. Il y a certainement bien d'autres sites concernant le Vallespir, la Vallée du Tech, les villes et les lieux visités lors de cette randonnée. Que ceux qui les ont créés m'excusent de ne pas les citer mais il m'était bien sûr impossible de tous les mentionner dans ce récit. Tous les sites évoqués ci-dessus ont largement contribués soit à la préparation ou à la réalisation du Tour du Vallespir lui-même soit à la rédaction de ce récit. Pour ces raisons, je remercie très sincèrement les auteurs, les propriétaires et les webmestres de tous les sites compulsés.

 

Petit lexique classé dans un ordre d'apparition dans ce récit :

 

Le lexique ci-dessous n'a pas la prétention d'être complet. Il reprend la plupart des noms propres cités pour tenter de les décrire ou de les expliquer dans l'ordre chronologique où ils apparaissent dans ce récit. Grâce à ces explications, j'espère que le lecteur appréhendera mieux la géographie et l'histoire du Vallespir. J'ai volontairement oublié certains noms et j'aurais pu par exemple citer Céret qui est la sous-préfecture du département des P.O, considérée comme la capitale du Bas-Vallespir, mais son absence vient simplement que la ville n'est pas située sur le Tour du Vallespir.

 

Vallespir : Région vallonnée et montagneuse du département des Pyrénées-Orientales qui s'étire sur une quarantaine de kilomètres le long de la vallée du Tech. Le mot vient du latin " Vallis Asperi " qui signifie " vallée âpre " mais âpre au sens de difficile, rude, abrupt.

Vallée du Tech et l'aiguat de 1940 : Bassin versant d'environ 750 km2 le plus méridional de France. Le Tech, long de 85 km, est un fleuve côtier des Pyrénées-Orientales qui prend sa source, dans le massif du Costabonne, au Roc Colom à une altitude de 2.450 m environ. Ce bassin versant associe montagne et plaine, avant d'atteindre la Méditerranée au lieu-dit le Bocal du Tech. Par son débit qui peut-être parfois très exceptionnel (4000 m3/s), le Tech est une fleuve redoutable. Au fil des siècles, il a très souvent débordé laissant le Vallespir et toute la Catalogne exsangue. Les plus effroyables inondations, qu'ici on appelle " aiguat ", ont eu lieu en 552, 1224, 1763, 1842 et 1940. Le Haut-Vallespir ayant été l'épicentre de cette catastrophe d'octobre 1940, de nombreux habitants gardent encore en mémoire les images d'horreur et de désastre de ces crues monstrueuses : 300 personnes perdirent la vie en Catalogne dont 50 côté français, 60 immeubles furent emportés à Arles-sur-Tech et Amélie-les-Bains où la gare et le casino disparurent dans les flots, des dizaines d'habitation furent emportées à Prats-de-Mollo et dans de nombreux autres villages. Des éboulements gigantesques de plus de 50 mètres de hauteur barrèrent la vallée (La Baillanouse), 4 usines électriques et de nombreuses entreprises furent pulvérisées, les coulées à la fois liquides et solides se déversèrent dans les campagnes dévastant toutes les cultures et laissant dans les terres arables une incroyable accumulation de rochers, de cailloux et de sables inadaptée à l'agriculture future, les flots emportèrent de nombreux ponts et voies de communication. Ces précipitations diluviennes furent considérées par les météorologues comme une " anomalie fantastique " de la nature. Vous trouverez quelques témoignages de l'époque sur la page Internet suivante : http://pluiesextremes.meteo.fr/france-metropole/Aiguat-fantastique-sur-le-Roussillon.html

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - RemerciementsMes jeunes années : Les paroles de cette chanson sont de Charles Trénet et la musique de Marc Herrand, pianiste, arrangeur de talent et ancien ténor des Compagnons de la Chanson. Elle date de 1949 (encore une coïncidence puisque c'est l'année de ma naissance !) et la partition est parue aux Editions Raoul Breton. Charles Trenet l'a composée lors d'une tournée qu'il effectuait au Canada. Dans l'importante discographie de Trenet, cette chanson figure dans pas moins de 27 disques et albums. Elle est donc une chanson très importante du registre du poète et chanteur. Charles Trenet y évoque ses souvenirs de jeunesse quand il allait courir la montagne du côté du Vallespir, du Canigou ou de la Cerdagne qu'il aimait tant. En 1922, son père s'installe comme notaire à Perpignan, ville dont il est natif. Peu de temps après, il fait la connaissance d'Albert Bausil, un ami à son père. Albert Bausil, l'enfant du Canigou, le poète et écrivain, chantre inspiré du Roussillon, lui fait découvrir les arts et la culture catalane. Pour le petit garçon émerveillé au regard clair, cette rencontre est capitale et Albert Bausil devient son mentor, voire son Pygmalion. Sans cet homme, qui aura sur l'adolescent une influence capitale, il n'y aurait peut-être pas eu de "Fou chantant", mais rien qu'un petit architecte de province… Bausil accueille Charles dans son "Coq Catalan", un petit hebdomadaire littéraire, satirique et sportif. Le jeune poète y fera ses premières armes, des vers qui, déjà, respirent la liberté et l'amour de la vie avec enthousiasme. Cette chanson a été reprise par nombre d'autres chanteurs et surtout par de nombreuses chorales comme les Petits Chanteurs à la Croix de Bois par exemple. Mais les meilleurs interprètes de Trenet restent les Compagnons de la Chanson qui ont repris un grand nombre de textes du grand poète. En 1978, "Mes jeunes années racontées par mère et moi" est un livre autobiographique écrit à quatre mains par Charles Trenet et sa mère Marie-Louise Caussat-Trenet paru aux Editions Laffont.

(Personnellement, cette chanson, reste le souvenir et le symbole d'une jeunesse insouciante, éprise de liberté et d'amour de la vie et de la nature. Je me reconnais dans cette chanson et en la réentendant, elle est devenue tout naturellement un hymne à mon Tour du Vallespir). Cliquez sur l'image de la partition ci-dessus pour écouter la chanson.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Georges Véron : Ce grand pyrénéiste né dans la Sarthe en 1933 est mort en 2005. Professeur de biologie, il a d'abord pratiqué le football et l'athlétisme pendant plus de vingt ans avant de découvrir les Pyrénées. Quand il découvre la chaîne de montagnes, il en " tombe amoureux " et en fait rapidement sa passion. Il enchaîne les balades à un rythme qui lui vaut le surnom de " stakhanoviste de la montagne ". En 1968, il effectue la traversée des Pyrénées et réussit le pari d'aller de la mer Méditerranée à l'océan Atlantique par la haute montagne, en 41 étapes, uniquement à l'aide de cartes. Il devient ainsi le créateur de la Haute Randonnée Pyrénéenne, célèbre H.R.P qui traverse les Pyrénées par les chemins pédestres des plus hautes crêtes et des plus hauts cols. A partir de là, il va se consacrer presque exclusivement à la randonnée, à pied mais aussi en V.T.T. Membre du Club alpin français, collaborateur de la Fédération française de la randonnée pédestre, il participe à la création du célèbre G.R.10, longue randonnée de 850 kms qui part d'Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques et se termine à Banyuls-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales . En 1978, il enseigne à Tarbes, conseiller technique de l'association " Randonnées Pyrénéennes ", Georges Véron publie de nombreux ouvrages et une trentaine de guides de randonnées consacrés aux Pyrénées : 100 randonnées, 100 plus beaux sommets, itinéraires de VTT et chemins de Saint-Jacques de Compostelle, etc.… Avec son topo-guide Canigou, Vallespir, Conflent, il est le créateur du Tour du Vallespir.

Amélie-les-Bains : Autrefois, la ville s'est appelée les " Bains d'Arles ", nom provenant d'Els Banys (les bains) et d'Arles pour Arles-sur-Tech. Ce nom désignait un monastère qui était érigé à cet endroit. Le nom actuel date de 1840 et fut donné à la commune en hommage à la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, qui faisait de nombreux séjours aux Thermes. Vaste de 2943 hectares, située au cœur du Vallespir, au bord du Tech et de son affluent le Mondony, la commune est désormais composée de 2 autres villages qui ont été annexées : Palalda en 1942 et Montalba en 1962. La cité est une station thermale renommée depuis l'antiquité.

Montbolo : Cité située sur la rive gauche du Tech à 600 mètres d'altitude, on l'appelle couramment le " Balcon du Vallespir " tant son panorama est exceptionnel sur la plaine du Roussillon, le Canigou, la chaîne des Albères et la vallée du Tech. De son exposition plein sud, Montbolo reçoit un ensoleillement maximum en hiver et, en été cette chaleur est tempérée par la fraîcheur due à l'altitude. L'absence de toute activité industrielle contribue à une qualité de l'air remarquable et pour compléter ce cadre idyllique, l'alimentation en eau est assurée par des sources captées à plus de 1500 mètres d'altitude. Ce village est également connu pour sa procession de la " Rodella " qui se déroule chaque 30 juillet et dont l'origine païenne remonterait au début du christianisme. Depuis l'église Saint-André de Montbolo, cette procession consiste à se rendre par un sentier forestier à l'abbaye d'Arles-sur-Tech pour aller vénérer les reliques des saints Abdon et Sennen. Mais la particularité de ce pèlerinage est de descendre une croix chrétienne sur laquelle a été placé un grand cerceau fait d'un enroulement de cire d'abeille que l'on appelle " la Rodella ". Il existe également autour de cette " Rodella " une légende basée sur un texte historique de 1465 que vous pouvez découvrir sur les deux sites Internet suivants :

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Traditions/Rodella.php

https://www.labalma.fr/index.php/fr/camping-fr/fetes

Formentere ou Formentera : Col à 1.133 m d'altitude situé à la limite du Haut-Vallespir et des Aspres sur le chemin du Tour du Vallespir et l'ancienne voie ferrée minière. Non loin de ce col, il y a le hameau oublié de Formentere, ancienne gare minière qui a eu son heure de gloire au temps de l'exploitation des mines de fer autour du Massif du Canigou (Batère, les Manerots, La Pinouse, Rapaloum, etc.…). De Formentere, grâce à une ligne de câbles et de chariots de plus de 5 kilomètres, le minerai cuit était descendu par voie aérienne jusqu'à Arles-sur-Tech.

Batère : Lieu situé à cheval entre Vallespir, Aspres et Haut- Conflent connu pour sa tour médiévale du 13eme siècle construite à l'époque où les Rois de Majorque régnaient sur le Roussillon et la Cerdagne. Cette tour à signaux assurait la surveillance et la communication à l'aide de fumées le jour et de feux la nuit. Elle était certainement en liaison avec d'autres tours et châteaux du Vallespir (Montbolo, Corsavy, Cos, Mir, Palalda, Cabrens) et les tours d'autres régions comme la Tour de la Massane ou bien celle de la Madeloc. Mais Batère est également connu pour ses anciennes mines de fer, fer apprécié depuis la nuit de temps (200 avant JC). Ces mines étaient les plus importantes du département, elles alimentaient un nombre incalculable de forges. Les mines fonctionnèrent jusqu'en 1994 donnant à toute la région un essor économique considérable. En 1953, la société d'exploitation construisit à 1.540 m d'altitude un bâtiment pour les mineurs et leurs familles, ce bâtiment sert désormais de refuge et de gîte aux randonneurs de tout poil.

La tempête Klaus : Le 23 janvier 2009, Klaus est le nom donné à une tempête en cours de formation par l'Institut de Météorologie allemand en l'honneur d'un certain Klaus Schümann. Au départ, c'est le satellite Météosat qui va envoyer des images d'une dépression étonnante situé sur l'Atlantique Nord, profonde dépression qui va engendrer des vents d'une force exceptionnelle et d'une vitesse inouïe. Cette tempête a principalement touché le sud-ouest de la France, la principauté d'Andorre, le nord de l'Espagne et une partie de l'Italie entre le 23 et le 25 janvier 2009. Dans le sud de la France, nombreux sont ceux qui considèrent à juste titre comme plus dévastateur Lothar, la tempête de décembre 1999, mais ce n'est pas le cas du Vallespir et du Roussillon où Klaus a été bien plus violent. Le 24 janvier, les dégâts ont été considérables et en tous cas, évalués à 38 millions d'euros. Le département a été reconnu comme en état de catastrophe naturelle. Tous les records ont été battus : 216 km/h au Col d'Envalira, 193 km/h à Formiguères, 191 km/h pendant deux heures au Cap Béar, 184 km/h à Perpignan, record absolu de 1999 battu de plus 40 km/h. Les forêts de résineux (pins sylvestres et cèdres) du Vallespir ont été parmi les plus ravagées et l'importance des dégâts a été estimée avec des prises de vue aériennes. Au-delà des dégâts, le problème pour la filière bois, c'est que cette tempête Klaus est arrivée dans une conjoncture économique beaucoup plus mauvaise qu'en 1999.

Riuferrer : Affluent du Tech, le Riuferrer (la rivière du fer) est un torrent impétueux d'une longueur de 17,7 kms qui prend sa source dans le cirque du Faig au pied du Puig dels Tres Vents à une altitude de 2.300 m environ et se jette dans la Tech à Arles-sur-Tech. De nombreux pêcheurs parcourent ses rives pour ses excellentes truites.

La Coumelade : Affluent du Tech, la Coumelade est une rivière qui prend sa source sur le versant sud de la crête des Tres Vents à 2.570 mètres d'altitude et qui, après avoir parcouru 15 kms, se jette dans le Tech au hameau Le Tech. Dans sa partie torrent, elle appréciait des adeptes de la descente en canyon.

Saint-Guillem de Combret : Situé dans la vallée de la Coumelade, le minuscule hameau est essentiellement connu pour son ermitage dont l'histoire commence au 9eme siècle. A cette époque, une chapelle dédiée à Sainte-Magdeleine de Combret avait été construite par un certain " Guillem ". Guillem offrait, sans aucune compensation, gîtes et couverts à tous les pèlerins qui partaient de Saint-Michel de Cuxa pour se rendre à Saint-Jacques de Compostelle par le col d'Ares et l'Espagne. Guillem était si apprécié de tous les voyageurs et le lieu si prisé, qu'après sa mort tout le monde l'appela Saint-Guillem malgré qu'il n'ait jamais été canonisé. Aujourd'hui la chapelle et ses dépendances sont connues sous le nom de Saint-Guillem de Combret. Le hameau dispose d'un refuge non gardé. Malgré quelques restaurations, la chapelle a peu changé au fil des siècles, elle mesure 15 mètres de long pour 4 mètres de large et est de style roman. Sa cloche très ancienne est exceptionnelle et est à l'origine d'une légende prétendant que Guillem l'aurait modelée de ses propres doigts car il en reste, paraît-il, encore l'empreinte sur le métal. Le 22 juillet de chaque année, les habitants du village Le Tech, de Prats de Mollo et d'autres villages alentours effectuent un pèlerinage.

La Parcigoule : C'est une rivière de 9 kms de longueur, affluent du Tech qui prend sa source à une altitude de 1.920 mètres au lieu-dit Les Estables. Elle rejoint le Tech au hameau de Saint-Sauveur entre Prats-de-Mollo et la Preste. Le bassin de la Parcigoule présente la particularité d'avoir été une des vallées les plus déboisées et dépeuplées du Vallespir, tout d'abord à cause des nombreuses forges qui utilisaient intensément son bois puis à cause des crues répétitives (aiguat) d'octobre 1940 puis d'avril 1942. Un reboisement et des barrages ont été aménagés pour stabiliser et protéger la vallée.

Joseph de la Trinxeria : né en 1637 à Prats-de-Mollo, commune d'Espagne à l'époque, il s'insurgea contre la gabelle, cette célèbre taxe sur le sel, abolie depuis 1292 mais qui venait d'être réhabilitée en 1661 par Louis XIV après l'annexion de la Catalogne du Nord (Roussillon, Vallespir, Conflent, Cerdagne, Capcir) au royaume de France par le Traité des Pyrénées de 1659. En 1666, indigné d'avoir été surtaxé par les Gabelous, ces préposés chargés de la récolte, il leva une armée d'Angelets et tint tête pendant quelques années à toutes les troupes envoyées contre lui. Ces nombreuses victoires lui apportèrent un énorme prestige et nombreux furent ceux qui se rallièrent à sa cause. Il devint rapidement un héros dans le Vallespir tout entier et bien au-delà encore dans toute la Catalogne. C'est en partie à cause de ces révoltés que Louis XIV fit construire par Vauban, le Fort Lagarde de Prats-de-Mollo à partir de 1677. Quelques années plus tard, Joseph de la Trinxeria qui n'avait pas renié ses origines, devint officier des armées d'Espagne et se battit contre le royaume de France aux côtés des Miquelets. Il ne cessa jamais de se battre sur de nombreux fronts et termina sa vie comme colonel en 1689. Il mourut en 1694.

Prats-de-Mollo - La Preste : Avec une superficie de presque 12.000 hectares, cette commune est la plus étendue du département des Pyrénées-Orientales. Située au bord du Tech à 735 mètres d'altitude, elle dispose d'un patrimoine historique exceptionnel : Eglise gothique Saintes Juste et Ruffine, Fort Lagarde et fortifications construites par Vauban, Tour de Mir, nombreuses chapelles, etc.… Il faut dire qu'au regard de sa situation géographique, Prats fût tout au long de son histoire le théâtre de soubresauts franco-espagnols incessants. Longtemps tournée vers l'agriculture, l'élevage, la sylviculture et quelques industries locales (textiles, espadrilles, etc.…), la cité vit désormais du tourisme et des Thermes de la Preste, bourg rattaché à Prats mais éloigné de huit kilomètres à une altitude de 1.130 mètres. Le mot " Prats " signifie " prés " mais deux versions s'opposent quant à l'origine du mot " Mollo ", certains le traduisant par " mouillé " d'autres avançant qu'il signifie " grosse pierre" en catalan. Alors " prés mouillés " ou " prés bornés ", les deux définitions ont leur logique tant la cité a été souvent la scène de crues mémorables mais aussi un bourg toujours borné ou limité par une frontière mouvante et parfois incertaine. Il faut savoir en effet que malgré le Traité des Pyrénées de 1659 signé entre le roi de France Louis XIV et Philippe IV, roi d'Espagne, le véritable tracé de la frontière entre la province du Roussillon et l'Espagne ne fût déterminé et borné que deux siècles plus tard en 1866 avec le Traité de Bayonne entre l'Empereur Napoléon III et la reine Isabelle II d'Espagne. De par leur situation géographique ambiguë et instable, c'est dire si les Pratéens ont longtemps été indécis et désorientés quant à leur citoyenneté réelle. Alors n'est-il pas un peu logique qu'ils aient été avant tout catalans avant d'être espagnols ou français ? En raison de son milieu, de son relief varié et de ses richesses naturelles remarquables (flore, faune et géologique) la commune a été classée " Réserve Naturelle " en 1986.

La tour de Mir : Situé à 1.540 m d'altitude et datant du 13eme siècle, comme la tour de Batère, la tour de Mir était chargé d'émettre des signaux pour assurer les communications avec d'autres tours comme celle de La Guardia, une autre tour de Prats-de-Mollo où a été érigé ensuite le Fort Lagarde. A cette époque où les catalans se lancent dans de nombreuses conquêtes tout autour de la Méditerranée, la tour de Mir présente l'avantage d'être à la fois tournée vers la mer et vers l'intérieur des terres, car plus particulièrement affectée à la surveillance de Col d'Arès, passage obligé vers des territoires intérieurs comme le royaume d'Aragon notamment. De son piton rocheux, on aperçoit très distinctement le château et les tours de Cabrens, elles-mêmes en liaison avec la Tour de Batère et ainsi de suite jusqu'aux tours des Albères et du Roussillon. La tour de Mir est située sur le chemin du Tour du Vallespir.

La Retirada : Le mot " Retirada " signifie " retraite " en espagnol mais il désigne plus particulièrement l'exode humanitaire que des milliers de républicains espagnols vécurent à partir de janvier 1939. En deux semaines, c'est 100.000 réfugiés qui passent la frontière au col d'Arès pour fuir la dictature de Général Franco dont l'alliance avec le régime nazi d'Hitler inquiète l'Europe toute entière. Le 31 janvier, le ministre de l'intérieur Albert Sarraut vient à Prats-de-Mollo pour organiser ces arrivées massives. Il fait construire 4 camps d'hébergement dans la vallée du Tech. Tout est bon pour accueillir les réfugiés et affronter ce glacial et cinglant hiver. Le 13 février, la frontière est officiellement fermée et gardée par les soldats de Franco. Mais ce sont environ 500.000 personnes, pleines d'un espoir d'un avenir meilleur qui arrivèrent en France par de multiples passages frontaliers. Mais pour ces réfugiés, internés dans des camps ceinturés de fils barbelés, cette espérance fût le plus souvent déçue, car ils avaient fuit l'arbitraire, la torture et la terreur instaurée par le régime totalitaire espagnol pour ne trouver en France que privation de liberté, dans des conditions généralement pitoyables pour ne pas dire inhumaines.

Notre-Dame du Coral : Il s'agit d'une chapelle longue de 23 mètres et large de 7 mètres qui a été construite sur un éperon rocheux à 1.091 m d'altitude dans un cadre de verdure exceptionnel. On pense qu'à l'origine, au 9eme siècle, il s'agissait d'un simple sanctuaire (petite chapelle ou oratoire) qui servait de lieu de prières. Puis comme souvent, un village, ici Miralles, se développa autour de cette chapelle. La légende prétend qu'une statue de bois représentant la vierge Marie provenant de cette chapelle ait été dissimulée dans un tronc d'arbre, puis retrouvée plus tard. Cette trouvaille aurait été l'occasion d'un engouement populaire qui amena la construction de la nouvelle église paroissiale de Miralles. C'est ainsi que Notre Dame du Coral est apparue, bâtie sur les restes de la chapelle primitive, pour servir d'église aux habitants du village. Dans les textes historiques, Sancta Maria de Coral apparaît à partir de l'an 1267 comme appartenant à l'abbaye de Camprodon (Espagne). Mais au fil des siècles, et selon les mouvements de la frontière, le site eut divers propriétaires religieux, privés ou publics. Mais les occupants de la chapelle ont été le plus souvent des ermites forains qui voyageaient en quête de charité et d'oboles. A présent, la chapelle et certaines de ses dépendances servent de refuge avec gîtes, restaurant, tables et chambres d'hôtes. L'étymologie de " Coral " est très discutée mais la plus probable est que ce nom viendrait simplement de " corail " comme la couleur rouge de certaines roches que l'on trouve dans le secteur en montant par exemple vers le col de Malrems ou le Pla de la Muga.

Lamanère : C'est un village du Vallespir situé à 777 mètres d'altitude et à vol d'oiseau vers le sud à moins de 3 kms de la frontière espagnole. Entourée de montagnes et de collines avec les Baga de la Sadella et de la Bordellat (1.554 m) au sud, le Mont Nègre (1.425 m) à l'est, le Roque de Cap de Ca et la serra de Cabrens (1.326 m) au Nord, le Puig de las Coubines et El Tossal (1.281m) à l'ouest et nichée au fond d'une verdoyante vallée à la jonction de plusieurs rivières et ruisseaux (Lamanère, Taix, etc.…) elle est la commune la plus méridionale de l'hexagone. Riche de divers minerais (fer, or, plomb argentifère, cuivre) qui y furent exploitaient en leurs temps, son nom proviendrait du catalan " La Menera " signifiant " La Minière ". Grâce à ses paysages magnifiques et variés, elle est un lieu propice à de nombreuses activités de plein air (randonnées, VTT, baignades, canyonning, etc.…). Mais de par son emplacement géographique très isolé, on ne connaît pas grand-chose de son histoire, si ce n'est qu'elle a longtemps était dépendante de la commune de Serralongue où régnaient au Moyen-Âge les seigneurs de Cabrens. Mais Lamanère, c'est aussi une rivière, affluent du Tech, longue de 15,7 kms, qui elle-même est alimentée par d'innombrables petits ruisseaux affluents.

Les Estanouses : Minuscule hameau perdu du Haut-Vallespir situé au pied des tours de Cabrens, non loin des villages de Lamanère et de Serralongue à une altitude de 1.019 mètres. Il y a encore quelques années (2004 ou 2005), on pouvait le traverser en empruntant une des variantes du Tour du Vallespir. Aujourd'hui, ce chemin est barré car il est devenu un domaine privé, et si j'en crois mes recherches Internet, faisant chambres et tables d'hôtes pour accueillir les touristes.

Cabrens : La seigneurie de Serralongue, commune du Vallespir, est gouvernée dès le 11eme siècle par les " seigneurs de Cabrenç " en référence aux chèvres qui peuplaient les collines et qui étaient les seuls animaux à pouvoir grimper jusqu'à leur château. Le premier seigneur fût Oriol de Cortsavi mais la dynastie des Cabrens composée de diverses familles au gré des alliances et des successions eut une immense influence sur une grande partie du Vallespir et régna fort longtemps et au moins jusqu'en 1792, date à laquelle l'état français créa les communes et où le dernier seigneur Abden Senen de Ros, baron de Cabrens s'expatria en Espagne. Aujourd'hui le site de Cabrens est surtout connu pour ses trois tours, objectifs de randonnées à partir de Lamanère ou de Serralongue. Situées au faîte d'une crête rocheuse, les trois tours sont en réalité les ruines du château construit en 1086 par les seigneurs de Cabrens, celles d'un donjon adjoint au 11eme siècle qui aurait fait office de geôles et enfin celle d'une tour à signaux du 14eme siècle qui communiquait avec de nombreuses autres tours du Vallespir (Mir, Batère et Cos). Au regard de sa position géographique dominante, l'ensemble devait constituer une forteresse quasi imprenable.

Saint-Laurent-de-Cerdans : Le village daterait du 11eme siècle, date à laquelle des moines de l'abbaye d'Arles-sur-Tech aurait construit une église dédiée à Saint-Laurent, martyr du 3eme siècle. Le terme " Cerdans " apparaît au 12eme siècle avec le nom d'un mas (Manso de Cerdanis). Mais ce nom lui-même proviendrait du nom d'un peuple des montagnes de la région, descendant des Ibères qu'on appelait " Les Cérêtes ". Ce peuple serait aussi à l'origine des noms de la ville de Céret et de la région de Cerdagne. La ville construite à l'intersection de plusieurs cours d'eau (la Quére, le Saint-Laurent, la Bilvera, etc.…) est entourée de plusieurs " serrats ", petites chaînes de montagnes (Cogull, Montner, Provadona, Capell, Garsa, etc.…) dont la plupart dépassent les 1.000 mètres d'altitude. Elle fût un lieu de passage, d'échanges et surtout de contrebande avec l'Espagne tout au long des époques. Pendant très longtemps, la prospérité de la cité a reposé sur les industries liées au fer avec de nombreuses forges alentours qui ont données leurs noms à des lieux-dits (la Forge del Mig, la Forge d'en Bosc, la Forge d'Avall, etc.…), au bois (exploitation du châtaignier encore très présent dans les forêts de nos jours) mais l'industrie la plus originale a été celle de la fabrication d'espadrilles que l'on appelle ici " vigatanes " et qui, bien sûr, a été étroitement liée aux fabriques de tissus. Ces deux dernières activités artisanales sont encore bien présentes aujourd'hui au travers des sociétés " Vallespir Sandales " et " Les Toiles du Soleil ". Grâce à son riche patrimoine historique, culturel et naturel et au tout proche domaine hôtelier de Falgos pourvu de son terrain de golf de 18 trous, le village vit désormais au rythme du tourisme.

La famille Noëll : Le 23 janvier 1676, l'église de Saint-Laurent-de-Cerdans avait brûlé ainsi que quelques maisons voisines dont celle de la famille de Noëll. Au 18eme siècle, la destruction de ces documents anciens avait amené Abdon Noëll à solliciter du roi de France Louis XV la reconnaissance et la confirmation de sa qualité de noble et de ses titres. C'est en décembre 1766 qu'Abdon de Noëll reçut cette confirmation et ses nouvelles lettres de noblesse signée de Louis XV et du duc de Choiseul. Il fût nommé baron de Vilaro, petit hameau proche de Saint-Laurent. Notaire à Saint-Laurent-de-Cerdans, Abdon, le seigneur de Vilaro, âme de la Résistance du Vallespir, fût le plus connu de tous car en avril 1793 avec l'aide du général espagnol Antonio Ricardos, il évita le massacre programmée par la Convention Nationale de toute la population de Saint-Laurent-de-Cerdans. Quand on sait que cette guerre entre la France et l'Espagne, galvanisé par l'hostilité de la monarchie espagnole envers la République Française, commença pour empêcher l'organisation d'une simple procession, on comprend mieux l'attachement que les Laurentins avaient pour leurs traditions et leur liberté de culte. Ce culte de l'église et cette liberté sont encore fermement ancré de nos jours et on les retrouve à travers diverses manifestations.

Puis ce fût Jacques de Noëll qui, au 20eme siècle, grimpa l'échelle de la renommée, mais dans un autre registre, celui de la musique. Il fut un grand compositeur de musiques catalanes et de sardanes. Et comme ici en Vallespir, comme dans toute la Catalogne, la sardane est une danse et une musique sacrée, Jacques de Noëll fût un musicien très apprécié. Il y eut également Louis, archéologue apprécié, frère de Jacques mais mort trop jeune pour être resté dans l'Histoire. Mais tout au long des siècles, les de Noëll étaient surtout de riches aristocrates et des notables reconnus, certains étaient notaires, d'autres maîtres de forge ou propriétaires d'exploitations minières, d'autres propriétaires terriens. Malgré la perte de leurs titres de noblesse à la Révolution Française, les de Noëll gardèrent un certain prestige dans tout le Roussillon certains devenant des chefs d'entreprise reconnues, d'autres tentèrent l'aventure de la vie politique, beaucoup devenant maires de nombreuses communes. La bâtisse, maison de famille des de Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans avait été construite en 1606 et le premier occupant avait été un certain Damia (1560-1612) qui, au côté de Joseph de la Trinxeria, s'était révolté contre les effets néfastes du Traité des Pyrénées de 1659. Cette maison Damia Noëll a été rachetée, il y a quelques années, par un couple très sympathique Isabelle et Mario Lopes, qui en ont fait une table et des chambres d'hôtes absolument remarquables.

Pilon de Belmatx ou Belmaig : Ici en Catalogne, on prononce " Belmach ". Il s'agit d'un sommet du Vallespir avec une altitude somme toute modeste puisque élevée au dessus du niveau de la mer à 1.280 mètres seulement. Il est situé sur une longue crête rocheuse qui s'appelle la Serre de Montner et qui surplombe la cité d'Arles-sur-Tech. Mais sa renommée vient justement de la difficulté que l'on rencontre à le gravir à partir d'Arles-sur-Tech puisque c'est pas moins de 1.020 mètres de dénivelé qu'il faut accomplir sur un sentier très difficile car terreux et caillouteux et très souvent raviné. Pour y monter, il faut emprunter un tronçon du célèbre GR.10 jusqu'au Col de Paracolls et c'est certainement pour çà que cette randonnée s'inscrit très souvent comme une " incontournable " du département. Montagne mythique pour les Arlésiens, chaque printemps, un trail de 11 kilomètres, course réunissant des spécialistes de ce sport mais aussi de simples concurrents est organisée par l'association Arles-Belmaig. Est déclaré vainqueur du " Km Vertical Walsh " celui qui accomplit exactement les 1.000 mètres de dénivelé (environ 100 mètres avant le sommet) dans le laps de temps le plus court.

Arles-sur-Tech : Bien que n'ayant pas traversé cette ville lors de ce Tour du Vallespir, je l'ai eu très souvent devant mes yeux lors de la 1ere et de la dernière étape. Comment parler du Vallespir sans évoquer Arles-sur-Tech qui est certainement une des villes les plus anciennes de cette région puisqu'on a retrouvé des vestiges datant de la Préhistoire (dolmen). Comment parler d'Arles-sur-Tech sans parler de sa Sainte-Tombe et des saints Abdon et Sennen. En ce qui concerne la Sainte-Tombe et son fameux mystère, il s'agit d'un sarcophage de pierre du 3eme siècle qui est situé dans une courette de l'église et qui produit une quantité d'eau pure importante et " d'origine inconnue " (200 à 300 litres par an en moyenne, parfois beaucoup plus, jusqu'à 800 litres l'an). La thèse du miracle a bien évidemment été la première avancée, tandis que d'autres hypothèses ont vu le jour tout au long de l'histoire, relayées ces dernières années par des médias avides de sensationnel. Malgré un premier travail sérieux et concluant dans les années 60 et encore récemment, le panneau situé au dessus du sarcophage explique encore aujourd'hui que la Sainte Tombe n'ait pas livré son secret. Mais la théorie la plus souvent émise serait que le couvercle serait suffisamment poreux pour laisser pénétrer l'eau des pluies alors que le fond du sarcophage serait parfaitement imperméable. Quand à Abdon et Sennen, en l'an 960 un abbé se nommant Arnulfe aurait rapporté de Rome des reliques authentifiées comme étant celles de ces deux saints persans. Elles vaudront à Arles le surnom de "ville des Corps Saints". Ces deux Saints sont toujours vénérés à Arles. Mais autour de ces saints, il existe une légende qui se recoupe avec une autre légende du Vallespir, celle des " Simiots ", des êtres malfaisants, dévoreurs d'enfants, moitié félins et moitié singes qui vivaient dans les forêts et les montagnes du Vallespir. Je vous laisse le soin de prendre connaissance de ces légendes sur les excellents sites suivants :

https://www.sudcanigo.com/decouvrir/contes-et-legendes/

http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Legendes/Simiots.php

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdon_et_Sennen

 

Remerciements :

 

Je remercie très sincèrement toutes les personnes qui m'ont accueillies lors de mes différentes arrivées d'étapes : au Refuge de Batère, à l'hôtel Ausseil à Prats-de-Mollo et à Notre-Dame du Coral. Partout, je fus parfaitement reçu. Bien sûr, ma meilleure soirée mais la plus onéreuse aussi fût celle passée à la Maison Damia Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans, il est vrai en table et chambre d'hôtes d'une qualité remarquable. L'accueil d'Isabelle et Mario fût tel qu'ils méritent vraiment une mention spéciale. Je conseille vivement cet endroit à tous les randonneurs qui pourront se permettre de dépenser 78 euros pour une demi-pension. J'ai essentiellement marché en solitaire sur ce Tour du Vallespir mais je remercie les quelques personnes que j'ai rencontré au cours de ce voyage et qui, d'une manière ou d'une autre, l'ont rendu plus agréable ou plus facile : le vigile des Thermes d'Amélie qui ne m'a pas fait de difficulté pour garer ma voiture, l'homme qui faisait un footing avec son chien à Montbolo qui m'a aidé dans la direction à prendre, le couple qui craignait l'orage et qui voulait me prendre en voiture à la Tour de Batère, quelques clients et l'aimable groupe d'Epinal rencontré au refuge de Batère qui effectuaient le GR.10, le très chaleureux couple et leur fille que j'ai aidé à la cabane de la Devesa au dessus de Leca, l'homme qui m'a expliqué le plus court chemin à prendre au Fort Lagarde, la dame qui m'a expliqué où se trouvait l'hôtel Ausseil, les anonymes clients catalans et parisiens du restaurant Ausseil qui m'ont permis de passer une agréable soirée à Prats-de-Mollo et ce, malgré la terrible journée que j'avais vécue, la pharmacienne de Prats-de-Mollo qui a su parfaitement calmer mes brûlures d'orties, la gentille randonneuse rencontrée à Notre-Dame de Coral, les propriétaires du Domaine des Estanouses avec lesquels depuis je me suis lié d'amitié, le breton vététiste et le jeune couple de Tchèques, clients de la Maison Damia Noëll. Je remercie enfin ma femme qui m'a laissé partir seul, mes enfants de m'avoir offert un lecteur MP3, objet ô combien précieux qui m'a énormément aidé dans les instants les plus difficiles. Je remercie enfin Charles Trenet et ses interprètes Les Compagnons de la Chanson pour leur magnifique chanson " Mes jeunes années ", mélodie avec laquelle j'ai marché très souvent tout au long de cette randonnée. Quand j'éprouvais des difficultés, cette chanson était là pour me remonter moral et enthousiasme. Pour moi, cette chanson restera pour toujours comme un hymne à ces 6 jours passés en Vallespir. 6 jours " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

 

Divers :

 

Peu de temps après mon retour, le 24 août exactement, et en raison de la terrible et éprouvante épreuve que j'avais vécue dans la forêt du Miracle au dessus de Prats-de-Mollo, il m'a paru utile d'alerter les autorités pour que d'autres personnes ne tombent pas dans le même piège que les arbres couchés par la tempête Klaus du 24 janvier 2009 m'avaient tendu. J'ai donc adressé un e-mail à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération et au comité départemental de la Randonnée Pédestre pour les informer de la galère que j'avais éprouvée dans ce secteur du Tour du Vallespir situé peu après le Puig des Lloses en direction du Col du Miracle.

 

Le 14 septembre, c'est avec satisfaction que je recevais une réponse de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo dans laquelle elle m'informait avoir contacter Monsieur Joseph Dunyach, Président du club local de randonnée pédestre " Délit Ténim ". Ce dernier me répondait à travers une lettre jointe au message de Madame Baills.

 

Pour les remercier de m'avoir répondu et d'être intervenu ultérieurement dans ce secteur de Prats-de-Mollo, j'ai volontairement joint à ce récit nos différents échanges de messages.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Message adressé le 24 août 2009 à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération Française de Randonnée Pédestre et à son Comité départemental des Pyrénées-Orientales.

 

Monsieur le Maire de Prats de Mollo, Mesdames, Messieurs,

 

J'ai réalisé la semaine dernière la randonnée du Tour du Vallespir en 6 jours d'après le Guide Rando de Georges Véron : Canigou, Vallespir, Conflent paru chez Rando Editions. Randonnant beaucoup tout au long de l'année, j'avais eu l'occasion de remarquer que ce tour était plutôt bien balisé et que les panneaux indicateurs étaient nombreux. Je n'ai pas trouvé non plus sur Internet de contre-indications à effectuer ce tour. C'est donc en toute confiance mais muni néanmoins d'un GPS, d'un téléphone portable et des cartes IGN appropriées que je suis parti d'Amélie vers Batère le 1er jour, puis vers Saint-Guillem le 2eme jour, puis vers Prats de Mollo le 3eme jour, puis à Notre-Dame de Coral le 4eme jour, puis à St Laurent de Cerdans le 5eme et retour à Amélie le 6eme.

 

Tout s'était très bien passé jusqu'au Puig des Lloses (1.413 m) qui sauf erreur de ma part se trouve sur la commune de Prats de Mollo. A cet endroit, le balisage rouge et jaune propre au Tour du Vallespir ainsi que le panneau d'orientation m'indiquait de poursuivre vers la droite alors qu'un 2eme panneau me proposait de descendre à gauche vers Prats de Mollo par le col de Cavanelles. Effectuant bien sûr le Tour du Vallespir et ayant de toute manière ce tracé-là enregistré dans mon GPS, j'ai normalement poursuivi vers la droite d'autant que rien à cette intersection du Puig des Lloses ne pouvait me laisser supposer que cette portion du Tour du Vallespir dans laquelle j'allais m'engager était complètement impraticable.

 

J'ai 60 ans et je pense être un marcheur chevronné. Pourtant je ne vous cache pas qu'à cause des nombreux arbres décimés qui jonchent encore le sentier sur ce secteur depuis la tempête Klaus du 24 janvier dernier, j'ai eu à un moment le vague sentiment que j'était tombé dans un véritable traquenard. En effet, j'ai commencé à enjamber un premier arbre puis à passer sous un second, puis troisièmement à contourner un premier groupe d'arbres, puis je suis passé sous quelques autres arbres couchés puis au bout de 1,5 kms sans autre solution j'ai finalement quitté le chemin pour éviter un amoncellement qui me semblait de quelques mètres de large seulement (on constate en effet que le vent à suivi des couloirs plus ou moins larges) mais qui en réalité étaient absolument infranchissables. J'ai donc fini par me perdre dans cet immense labyrinthe d'arbres abattus et j'ai même pensé à un moment à appeler les secours depuis mon portable. Heureusement, que j'ai su garder mon sang-froid et grâce à mon GPS j'ai pu, après de multiples efforts, retrouver le sentier et j'ai réussi à rebrousser chemin pour en définitive rejoindre Prats par le col de Cavanelles.

 

Attention ce message que je vous adresse et cette histoire que je vous relate n'ont pas pour objet d'émettre un grief envers quiconque mais simplement à vous prévenir qu'à cet endroit après le Puig des Lloses, le tour du Vallespir est particulièrement dangereux et infranchissable. Mais peut-être le saviez-vous ? De mon côté, je sais pertinemment que la tempête Klaus a provoqué des dégâts considérables et que ce n'est pas en quelques mois que l'on peut effacer les cicatrices d'un tel désastre. Je pensai toutefois que dans la mesure où un chemin serait impraticable un simple petit panonceau d'interdiction aurait été mis en place. Ayant eu l'occasion de marcher dans les Landes et le Gers il y a quelques semaines, j'avais eu l'occasion d'apprécier ce type de pancartes sur de nombreux sentiers. J'ai donc été très étonné qu'au Puig des Lloses aucun panneau ne vienne prévenir le randonneur de cette dangerosité, d'autant qu'un autre chemin permet d'accéder à la commune de Prats dans d'excellentes conditions. En été où les randonneurs sont très nombreux à parcourir les chemins de notre beau département des PO, je pense que de simples petits panneaux d'interdiction et/ou de conseils en pareils endroits seraient d'une redoutable efficacité et éviteraient bien des désagréments comme ceux que j'ai connus.

 

Voilà, après tous ces déboires, et après trois heures d'errements, j'ai fini par arriver à Prats de Mollo avec seulement quelques égratignures, quelques bleus et les mollets douloureusement brûlés par les orties et griffés par les ronces.

 

Le lendemain avant de repartir, j'ai longuement réfléchi sur le sentier que j'allais prendre et plutôt que d'opter par la poursuite du Tour du Vallespir par la Tour de Mir et le col d'Arès dont je sais que le secteur est particulièrement boisé aussi, j'ai emprunté le chemin le plus court pour rejoindre l'ermitage de Notre Dame de Coral. Il s'agit du PR.12 qui passe au col de la Guille. Bien m'en a pris, puisqu'une fois arrivé à l'ermitage, j'appris par d'autres randonneurs, qui en revenaient, que les chemins de la Tour de Mir et du col d'Arès étaient eux aussi barrés par de nombreux arbres couchés. Je ne l'ai pas constaté par moi-même !

 

Voilà il m'a paru utile de vous apporter ce témoignage qui est tout frais. Comme je l'ai dit je ne fais aucun grief à personne d'autant que parmi les acteurs à qui j'adresse ce message, je ne sais pas qui est responsable des arbres couchés, du balisage présent ou absent, de la prévention à mettre en place en pareil cas, etc...

 

J'espère simplement que quelqu'un fera bon usage de ce message.

 

Recevez, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, mes respectueuses salutations.

 

Gilbert JULLIEN

Licencié à la FFRP sous le N° 0579504G

 

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Lettre réponse reçue de Monsieur Joseph Dunyach par l'intermédiaire de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo.

 

OFFICE DE TOURISME**

66230 PRATS DE MOLLO - LA PRESTE

 

DUNYACH Joseph

Président du club de randonnée FFRP " Delit Tenim "

Membre du Comité directeur départemental des PO

Responsable des Sentiers

Tel : 04.68.39.77.18

 

A Monsieur JULLIEN Gilbert

 

Monsieur,

 

Je viens de prendre connaissance de votre courrier du 25 Août au sujet des problèmes que vous avez rencontré sur le Tour du Vallespir. Ce courrier m'avait été communiqué par le Président départemental lors de la réunion du Comité Directeur du 31 août à Perpignan et je le classe parmi ceux qui font plaisir à lire car ils démontrent la qualité des randonneurs de la FFRP et leur soucis de parfaire notre terrain de jeu naturel.

Vous avez très bien exposé tous vos problèmes et je me sens un peu responsable de ce qui vous est arrivé car j'avais apposé un panneau de fermeture de sentiers à l'entrée du sentier au départ de Prats et je n'avais pas pensé aux randonneurs arrivant dans l'autre sens ce que je vais m'empresser de corriger en attendant l'ouverture que nous espérons prochaine de ce beau sentier sur le secteur du Miracle après le désastre de la tempête Klauss qui nous a donné bien des soucis.

Je profite de ce courrier pour vous informer que le Tour du Vallespir va être complètement finalisé car il fait partie du grand projet du Conseil Général à travers son entité " Canigou Grand Site ".

Si vous souhaitez recevoir les documents sur cet itinéraire vous pouvez nous communiquer vos coordonnées postales.

Pour ce qui est du secteur de la Tour du Mir, la situation est tout à fait normale.

J'ose espérer que ce courrier vous soulagera un peu de la galère que vous avez connu et je vous prie de m'en excuser encore une fois.

Je joins une copie de ce courrier au Président du Comité Départemental qui m'avait demandé de vous répondre en tant que responsable du secteur ainsi qu'à Monsieur le Maire de Prats de Mollo La Preste.

 

Recevez Monsieur mes sincères salutations et peut être au plaisir de se connaître un jour à Prats ou sur l'un de nos sentiers du Haut-Vallespir.

 

DUNYACH Joseph

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

Publié le par gibirando

Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements :

Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi : ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voudraient faire le contraire, et l'immense majorité de ceux qui ne veulent rien faire.

Confucius (551 av.JC-479 av.JC).

 

Bibliographie et cartographie :

(Vous trouverez ci-dessous le topo-guide et les cartes que j'ai utilisés lors de ce Tour du Vallespir. Les autres livres m'ont permis de m'imprégner de cette région et ainsi de mieux la comprendre sur le plan culturel. Concernant l'Histoire et la géographie du Vallespir, de nombreux sites Internet m'ont aidé dans ces domaines.)

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Canigou-Vallespir-Conflent- Le Guide Rando- Georges Véron- Rando Editions-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2349 ET Massif du Canigou

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2449 OT Céret Amélie-les-Bains Palalda-Vallée du Tech.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Promenade littéraire à travers le Vallespir - Recueil de textes et de poèmes- Michel Wallon - Les Presses- Littéraires-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Domenica ou la Vallée âpre- Roman- Marie Vallespir- Les Presses de l'Imprimerie du Vallespir-1959. Préface de Joseph Ribas. 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Mes Cahiers du Vallespir - Recueil Traduction de poèmes en catalan- Robert Gendre - Imprimerie Le Castellum-1975. Préface d'Abdon Poggi.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Ballades Catalanes- Recueil de poèmes et de photographies- Alain Taurinya- Michèle Maurin - Editions Magellan et Cie - 2002

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 -Mes jeunes années racontées par ma mère et moi - Essai de Charles Trenet et Marie-Louise Caussat-Trenet- Editions Robert Laffont-1978

 

Sites Internet :

 (Autant que c'est possible, j'essaie de faire en sorte que les liens fonctionnent, chose peu facile certains changeant de nom de domaine, d'autres disparaissant carrément.)

- http://clubdelittenim.wordpress.com/randonnees/

- http://cortsavisempre.free.fr/index.html

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Regions/Vallespir.php

- http://jeantosti.com/roussillon.htm

- http://lamanere-barrutet.com/

- http://pagesperso-orange.fr/casafr/vallespir/vallespir.htm

- http://www.amelie-les-bains.com/

- http://www.charles-trenet.net/

https://www.vallespir.com/

https://www.sudcanigo.com/item/damia-noell-chambres-dhotes/

http://www.haut-vallespir.fr/

- http://www.hotel-ausseil.com/

- http://www.la-clau.net/

- http://www.lamanere.fr/

- http://www.mairie-perpignan.fr/

- http://www.maisondupatrimoine-ceret.fr/

- http://www.mediterranees.net/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Montbolo

- http://www.notredameducoral.com/

https://www.vallespir-tourisme.fr/

- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1941_num_29_2_4312

- http://www.pratsdemollolapreste.com/

- http://www.pyrenees-orientales.pref.gouv.fr/

- http://www.reserves-naturelles.org/

- http://www.reynes.fr/html/vallespir.htm

- http://www.vallee-du-tech.com/

- http://www.ville-arles-sur-tech.fr/

- http://www.ville-saint-laurent-de-cerdans.fr/

 

Cette liste de sites Internet n'est pas exhaustive car j'ai également consulté des sites comme Wikipédia, Wiktionnaire, Généanet, Freelang ou Lexilogos et divers forums. Il y a certainement bien d'autres sites concernant le Vallespir, la Vallée du Tech, les villes et les lieux visités lors de cette randonnée. Que ceux qui les ont créés m'excusent de ne pas les citer mais il m'était bien sûr impossible de tous les mentionner dans ce récit. Tous les sites évoqués ci-dessus ont largement contribués soit à la préparation ou à la réalisation du Tour du Vallespir lui-même soit à la rédaction de ce récit. Pour ces raisons, je remercie très sincèrement les auteurs, les propriétaires et les webmestres de tous les sites compulsés.

 

Petit lexique classé dans un ordre d'apparition dans ce récit :

 

Le lexique ci-dessous n'a pas la prétention d'être complet. Il reprend la plupart des noms propres cités pour tenter de les décrire ou de les expliquer dans l'ordre chronologique où ils apparaissent dans ce récit. Grâce à ces explications, j'espère que le lecteur appréhendera mieux la géographie et l'histoire du Vallespir. J'ai volontairement oublié certains noms et j'aurais pu par exemple citer Céret qui est la sous-préfecture du département des P.O, considérée comme la capitale du Bas-Vallespir, mais son absence vient simplement que la ville n'est pas située sur le Tour du Vallespir.

 

Vallespir : Région vallonnée et montagneuse du département des Pyrénées-Orientales qui s'étire sur une quarantaine de kilomètres le long de la vallée du Tech. Le mot vient du latin " Vallis Asperi " qui signifie " vallée âpre " mais âpre au sens de difficile, rude, abrupt.

Vallée du Tech et l'aiguat de 1940 : Bassin versant d'environ 750 km2 le plus méridional de France. Le Tech, long de 85 km, est un fleuve côtier des Pyrénées-Orientales qui prend sa source, dans le massif du Costabonne, au Roc Colom à une altitude de 2.450 m environ. Ce bassin versant associe montagne et plaine, avant d'atteindre la Méditerranée au lieu-dit le Bocal du Tech. Par son débit qui peut-être parfois très exceptionnel (4000 m3/s), le Tech est une fleuve redoutable. Au fil des siècles, il a très souvent débordé laissant le Vallespir et toute la Catalogne exsangue. Les plus effroyables inondations, qu'ici on appelle " aiguat ", ont eu lieu en 552, 1224, 1763, 1842 et 1940. Le Haut-Vallespir ayant été l'épicentre de cette catastrophe d'octobre 1940, de nombreux habitants gardent encore en mémoire les images d'horreur et de désastre de ces crues monstrueuses : 300 personnes perdirent la vie en Catalogne dont 50 côté français, 60 immeubles furent emportés à Arles-sur-Tech et Amélie-les-Bains où la gare et le casino disparurent dans les flots, des dizaines d'habitation furent emportées à Prats-de-Mollo et dans de nombreux autres villages. Des éboulements gigantesques de plus de 50 mètres de hauteur barrèrent la vallée (La Baillanouse), 4 usines électriques et de nombreuses entreprises furent pulvérisées, les coulées à la fois liquides et solides se déversèrent dans les campagnes dévastant toutes les cultures et laissant dans les terres arables une incroyable accumulation de rochers, de cailloux et de sables inadaptée à l'agriculture future, les flots emportèrent de nombreux ponts et voies de communication. Ces précipitations diluviennes furent considérées par les météorologues comme une " anomalie fantastique " de la nature. Vous trouverez quelques témoignages de l'époque sur la page Internet suivante : http://pluiesextremes.meteo.fr/france-metropole/Aiguat-fantastique-sur-le-Roussillon.html

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - RemerciementsMes jeunes années : Les paroles de cette chanson sont de Charles Trénet et la musique de Marc Herrand, pianiste, arrangeur de talent et ancien ténor des Compagnons de la Chanson. Elle date de 1949 (encore une coïncidence puisque c'est l'année de ma naissance !) et la partition est parue aux Editions Raoul Breton. Charles Trenet l'a composée lors d'une tournée qu'il effectuait au Canada. Dans l'importante discographie de Trenet, cette chanson figure dans pas moins de 27 disques et albums. Elle est donc une chanson très importante du registre du poète et chanteur. Charles Trenet y évoque ses souvenirs de jeunesse quand il allait courir la montagne du côté du Vallespir, du Canigou ou de la Cerdagne qu'il aimait tant. En 1922, son père s'installe comme notaire à Perpignan, ville dont il est natif. Peu de temps après, il fait la connaissance d'Albert Bausil, un ami à son père. Albert Bausil, l'enfant du Canigou, le poète et écrivain, chantre inspiré du Roussillon, lui fait découvrir les arts et la culture catalane. Pour le petit garçon émerveillé au regard clair, cette rencontre est capitale et Albert Bausil devient son mentor, voire son Pygmalion. Sans cet homme, qui aura sur l'adolescent une influence capitale, il n'y aurait peut-être pas eu de "Fou chantant", mais rien qu'un petit architecte de province… Bausil accueille Charles dans son "Coq Catalan", un petit hebdomadaire littéraire, satirique et sportif. Le jeune poète y fera ses premières armes, des vers qui, déjà, respirent la liberté et l'amour de la vie avec enthousiasme. Cette chanson a été reprise par nombre d'autres chanteurs et surtout par de nombreuses chorales comme les Petits Chanteurs à la Croix de Bois par exemple. Mais les meilleurs interprètes de Trenet restent les Compagnons de la Chanson qui ont repris un grand nombre de textes du grand poète. En 1978, "Mes jeunes années racontées par mère et moi" est un livre autobiographique écrit à quatre mains par Charles Trenet et sa mère Marie-Louise Caussat-Trenet paru aux Editions Laffont.

(Personnellement, cette chanson, reste le souvenir et le symbole d'une jeunesse insouciante, éprise de liberté et d'amour de la vie et de la nature. Je me reconnais dans cette chanson et en la réentendant, elle est devenue tout naturellement un hymne à mon Tour du Vallespir). Cliquez sur l'image de la partition ci-dessus pour écouter la chanson.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Georges Véron : Ce grand pyrénéiste né dans la Sarthe en 1933 est mort en 2005. Professeur de biologie, il a d'abord pratiqué le football et l'athlétisme pendant plus de vingt ans avant de découvrir les Pyrénées. Quand il découvre la chaîne de montagnes, il en " tombe amoureux " et en fait rapidement sa passion. Il enchaîne les balades à un rythme qui lui vaut le surnom de " stakhanoviste de la montagne ". En 1968, il effectue la traversée des Pyrénées et réussit le pari d'aller de la mer Méditerranée à l'océan Atlantique par la haute montagne, en 41 étapes, uniquement à l'aide de cartes. Il devient ainsi le créateur de la Haute Randonnée Pyrénéenne, célèbre H.R.P qui traverse les Pyrénées par les chemins pédestres des plus hautes crêtes et des plus hauts cols. A partir de là, il va se consacrer presque exclusivement à la randonnée, à pied mais aussi en V.T.T. Membre du Club alpin français, collaborateur de la Fédération française de la randonnée pédestre, il participe à la création du célèbre G.R.10, longue randonnée de 850 kms qui part d'Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques et se termine à Banyuls-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales . En 1978, il enseigne à Tarbes, conseiller technique de l'association " Randonnées Pyrénéennes ", Georges Véron publie de nombreux ouvrages et une trentaine de guides de randonnées consacrés aux Pyrénées : 100 randonnées, 100 plus beaux sommets, itinéraires de VTT et chemins de Saint-Jacques de Compostelle, etc.… Avec son topo-guide Canigou, Vallespir, Conflent, il est le créateur du Tour du Vallespir.

Amélie-les-Bains : Autrefois, la ville s'est appelée les " Bains d'Arles ", nom provenant d'Els Banys (les bains) et d'Arles pour Arles-sur-Tech. Ce nom désignait un monastère qui était érigé à cet endroit. Le nom actuel date de 1840 et fut donné à la commune en hommage à la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, qui faisait de nombreux séjours aux Thermes. Vaste de 2943 hectares, située au cœur du Vallespir, au bord du Tech et de son affluent le Mondony, la commune est désormais composée de 2 autres villages qui ont été annexées : Palalda en 1942 et Montalba en 1962. La cité est une station thermale renommée depuis l'antiquité.

Montbolo : Cité située sur la rive gauche du Tech à 600 mètres d'altitude, on l'appelle couramment le " Balcon du Vallespir " tant son panorama est exceptionnel sur la plaine du Roussillon, le Canigou, la chaîne des Albères et la vallée du Tech. De son exposition plein sud, Montbolo reçoit un ensoleillement maximum en hiver et, en été cette chaleur est tempérée par la fraîcheur due à l'altitude. L'absence de toute activité industrielle contribue à une qualité de l'air remarquable et pour compléter ce cadre idyllique, l'alimentation en eau est assurée par des sources captées à plus de 1500 mètres d'altitude. Ce village est également connu pour sa procession de la " Rodella " qui se déroule chaque 30 juillet et dont l'origine païenne remonterait au début du christianisme. Depuis l'église Saint-André de Montbolo, cette procession consiste à se rendre par un sentier forestier à l'abbaye d'Arles-sur-Tech pour aller vénérer les reliques des saints Abdon et Sennen. Mais la particularité de ce pèlerinage est de descendre une croix chrétienne sur laquelle a été placé un grand cerceau fait d'un enroulement de cire d'abeille que l'on appelle " la Rodella ". Il existe également autour de cette " Rodella " une légende basée sur un texte historique de 1465 que vous pouvez découvrir sur les deux sites Internet suivants :

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Traditions/Rodella.php

https://www.labalma.fr/index.php/fr/camping-fr/fetes

Formentere ou Formentera : Col à 1.133 m d'altitude situé à la limite du Haut-Vallespir et des Aspres sur le chemin du Tour du Vallespir et l'ancienne voie ferrée minière. Non loin de ce col, il y a le hameau oublié de Formentere, ancienne gare minière qui a eu son heure de gloire au temps de l'exploitation des mines de fer autour du Massif du Canigou (Batère, les Manerots, La Pinouse, Rapaloum, etc.…). De Formentere, grâce à une ligne de câbles et de chariots de plus de 5 kilomètres, le minerai cuit était descendu par voie aérienne jusqu'à Arles-sur-Tech.

Batère : Lieu situé à cheval entre Vallespir, Aspres et Haut- Conflent connu pour sa tour médiévale du 13eme siècle construite à l'époque où les Rois de Majorque régnaient sur le Roussillon et la Cerdagne. Cette tour à signaux assurait la surveillance et la communication à l'aide de fumées le jour et de feux la nuit. Elle était certainement en liaison avec d'autres tours et châteaux du Vallespir (Montbolo, Corsavy, Cos, Mir, Palalda, Cabrens) et les tours d'autres régions comme la Tour de la Massane ou bien celle de la Madeloc. Mais Batère est également connu pour ses anciennes mines de fer, fer apprécié depuis la nuit de temps (200 avant JC). Ces mines étaient les plus importantes du département, elles alimentaient un nombre incalculable de forges. Les mines fonctionnèrent jusqu'en 1994 donnant à toute la région un essor économique considérable. En 1953, la société d'exploitation construisit à 1.540 m d'altitude un bâtiment pour les mineurs et leurs familles, ce bâtiment sert désormais de refuge et de gîte aux randonneurs de tout poil.

La tempête Klaus : Le 23 janvier 2009, Klaus est le nom donné à une tempête en cours de formation par l'Institut de Météorologie allemand en l'honneur d'un certain Klaus Schümann. Au départ, c'est le satellite Météosat qui va envoyer des images d'une dépression étonnante situé sur l'Atlantique Nord, profonde dépression qui va engendrer des vents d'une force exceptionnelle et d'une vitesse inouïe. Cette tempête a principalement touché le sud-ouest de la France, la principauté d'Andorre, le nord de l'Espagne et une partie de l'Italie entre le 23 et le 25 janvier 2009. Dans le sud de la France, nombreux sont ceux qui considèrent à juste titre comme plus dévastateur Lothar, la tempête de décembre 1999, mais ce n'est pas le cas du Vallespir et du Roussillon où Klaus a été bien plus violent. Le 24 janvier, les dégâts ont été considérables et en tous cas, évalués à 38 millions d'euros. Le département a été reconnu comme en état de catastrophe naturelle. Tous les records ont été battus : 216 km/h au Col d'Envalira, 193 km/h à Formiguères, 191 km/h pendant deux heures au Cap Béar, 184 km/h à Perpignan, record absolu de 1999 battu de plus 40 km/h. Les forêts de résineux (pins sylvestres et cèdres) du Vallespir ont été parmi les plus ravagées et l'importance des dégâts a été estimée avec des prises de vue aériennes. Au-delà des dégâts, le problème pour la filière bois, c'est que cette tempête Klaus est arrivée dans une conjoncture économique beaucoup plus mauvaise qu'en 1999.

Riuferrer : Affluent du Tech, le Riuferrer (la rivière du fer) est un torrent impétueux d'une longueur de 17,7 kms qui prend sa source dans le cirque du Faig au pied du Puig dels Tres Vents à une altitude de 2.300 m environ et se jette dans la Tech à Arles-sur-Tech. De nombreux pêcheurs parcourent ses rives pour ses excellentes truites.

La Coumelade : Affluent du Tech, la Coumelade est une rivière qui prend sa source sur le versant sud de la crête des Tres Vents à 2.570 mètres d'altitude et qui, après avoir parcouru 15 kms, se jette dans le Tech au hameau Le Tech. Dans sa partie torrent, elle appréciait des adeptes de la descente en canyon.

Saint-Guillem de Combret : Situé dans la vallée de la Coumelade, le minuscule hameau est essentiellement connu pour son ermitage dont l'histoire commence au 9eme siècle. A cette époque, une chapelle dédiée à Sainte-Magdeleine de Combret avait été construite par un certain " Guillem ". Guillem offrait, sans aucune compensation, gîtes et couverts à tous les pèlerins qui partaient de Saint-Michel de Cuxa pour se rendre à Saint-Jacques de Compostelle par le col d'Ares et l'Espagne. Guillem était si apprécié de tous les voyageurs et le lieu si prisé, qu'après sa mort tout le monde l'appela Saint-Guillem malgré qu'il n'ait jamais été canonisé. Aujourd'hui la chapelle et ses dépendances sont connues sous le nom de Saint-Guillem de Combret. Le hameau dispose d'un refuge non gardé. Malgré quelques restaurations, la chapelle a peu changé au fil des siècles, elle mesure 15 mètres de long pour 4 mètres de large et est de style roman. Sa cloche très ancienne est exceptionnelle et est à l'origine d'une légende prétendant que Guillem l'aurait modelée de ses propres doigts car il en reste, paraît-il, encore l'empreinte sur le métal. Le 22 juillet de chaque année, les habitants du village Le Tech, de Prats de Mollo et d'autres villages alentours effectuent un pèlerinage.

La Parcigoule : C'est une rivière de 9 kms de longueur, affluent du Tech qui prend sa source à une altitude de 1.920 mètres au lieu-dit Les Estables. Elle rejoint le Tech au hameau de Saint-Sauveur entre Prats-de-Mollo et la Preste. Le bassin de la Parcigoule présente la particularité d'avoir été une des vallées les plus déboisées et dépeuplées du Vallespir, tout d'abord à cause des nombreuses forges qui utilisaient intensément son bois puis à cause des crues répétitives (aiguat) d'octobre 1940 puis d'avril 1942. Un reboisement et des barrages ont été aménagés pour stabiliser et protéger la vallée.

Joseph de la Trinxeria : né en 1637 à Prats-de-Mollo, commune d'Espagne à l'époque, il s'insurgea contre la gabelle, cette célèbre taxe sur le sel, abolie depuis 1292 mais qui venait d'être réhabilitée en 1661 par Louis XIV après l'annexion de la Catalogne du Nord (Roussillon, Vallespir, Conflent, Cerdagne, Capcir) au royaume de France par le Traité des Pyrénées de 1659. En 1666, indigné d'avoir été surtaxé par les Gabelous, ces préposés chargés de la récolte, il leva une armée d'Angelets et tint tête pendant quelques années à toutes les troupes envoyées contre lui. Ces nombreuses victoires lui apportèrent un énorme prestige et nombreux furent ceux qui se rallièrent à sa cause. Il devint rapidement un héros dans le Vallespir tout entier et bien au-delà encore dans toute la Catalogne. C'est en partie à cause de ces révoltés que Louis XIV fit construire par Vauban, le Fort Lagarde de Prats-de-Mollo à partir de 1677. Quelques années plus tard, Joseph de la Trinxeria qui n'avait pas renié ses origines, devint officier des armées d'Espagne et se battit contre le royaume de France aux côtés des Miquelets. Il ne cessa jamais de se battre sur de nombreux fronts et termina sa vie comme colonel en 1689. Il mourut en 1694.

Prats-de-Mollo - La Preste : Avec une superficie de presque 12.000 hectares, cette commune est la plus étendue du département des Pyrénées-Orientales. Située au bord du Tech à 735 mètres d'altitude, elle dispose d'un patrimoine historique exceptionnel : Eglise gothique Saintes Juste et Ruffine, Fort Lagarde et fortifications construites par Vauban, Tour de Mir, nombreuses chapelles, etc.… Il faut dire qu'au regard de sa situation géographique, Prats fût tout au long de son histoire le théâtre de soubresauts franco-espagnols incessants. Longtemps tournée vers l'agriculture, l'élevage, la sylviculture et quelques industries locales (textiles, espadrilles, etc.…), la cité vit désormais du tourisme et des Thermes de la Preste, bourg rattaché à Prats mais éloigné de huit kilomètres à une altitude de 1.130 mètres. Le mot " Prats " signifie " prés " mais deux versions s'opposent quant à l'origine du mot " Mollo ", certains le traduisant par " mouillé " d'autres avançant qu'il signifie " grosse pierre" en catalan. Alors " prés mouillés " ou " prés bornés ", les deux définitions ont leur logique tant la cité a été souvent la scène de crues mémorables mais aussi un bourg toujours borné ou limité par une frontière mouvante et parfois incertaine. Il faut savoir en effet que malgré le Traité des Pyrénées de 1659 signé entre le roi de France Louis XIV et Philippe IV, roi d'Espagne, le véritable tracé de la frontière entre la province du Roussillon et l'Espagne ne fût déterminé et borné que deux siècles plus tard en 1866 avec le Traité de Bayonne entre l'Empereur Napoléon III et la reine Isabelle II d'Espagne. De par leur situation géographique ambiguë et instable, c'est dire si les Pratéens ont longtemps été indécis et désorientés quant à leur citoyenneté réelle. Alors n'est-il pas un peu logique qu'ils aient été avant tout catalans avant d'être espagnols ou français ? En raison de son milieu, de son relief varié et de ses richesses naturelles remarquables (flore, faune et géologique) la commune a été classée " Réserve Naturelle " en 1986.

La tour de Mir : Situé à 1.540 m d'altitude et datant du 13eme siècle, comme la tour de Batère, la tour de Mir était chargé d'émettre des signaux pour assurer les communications avec d'autres tours comme celle de La Guardia, une autre tour de Prats-de-Mollo où a été érigé ensuite le Fort Lagarde. A cette époque où les catalans se lancent dans de nombreuses conquêtes tout autour de la Méditerranée, la tour de Mir présente l'avantage d'être à la fois tournée vers la mer et vers l'intérieur des terres, car plus particulièrement affectée à la surveillance de Col d'Arès, passage obligé vers des territoires intérieurs comme le royaume d'Aragon notamment. De son piton rocheux, on aperçoit très distinctement le château et les tours de Cabrens, elles-mêmes en liaison avec la Tour de Batère et ainsi de suite jusqu'aux tours des Albères et du Roussillon. La tour de Mir est située sur le chemin du Tour du Vallespir.

La Retirada : Le mot " Retirada " signifie " retraite " en espagnol mais il désigne plus particulièrement l'exode humanitaire que des milliers de républicains espagnols vécurent à partir de janvier 1939. En deux semaines, c'est 100.000 réfugiés qui passent la frontière au col d'Arès pour fuir la dictature de Général Franco dont l'alliance avec le régime nazi d'Hitler inquiète l'Europe toute entière. Le 31 janvier, le ministre de l'intérieur Albert Sarraut vient à Prats-de-Mollo pour organiser ces arrivées massives. Il fait construire 4 camps d'hébergement dans la vallée du Tech. Tout est bon pour accueillir les réfugiés et affronter ce glacial et cinglant hiver. Le 13 février, la frontière est officiellement fermée et gardée par les soldats de Franco. Mais ce sont environ 500.000 personnes, pleines d'un espoir d'un avenir meilleur qui arrivèrent en France par de multiples passages frontaliers. Mais pour ces réfugiés, internés dans des camps ceinturés de fils barbelés, cette espérance fût le plus souvent déçue, car ils avaient fuit l'arbitraire, la torture et la terreur instaurée par le régime totalitaire espagnol pour ne trouver en France que privation de liberté, dans des conditions généralement pitoyables pour ne pas dire inhumaines.

Notre-Dame du Coral : Il s'agit d'une chapelle longue de 23 mètres et large de 7 mètres qui a été construite sur un éperon rocheux à 1.091 m d'altitude dans un cadre de verdure exceptionnel. On pense qu'à l'origine, au 9eme siècle, il s'agissait d'un simple sanctuaire (petite chapelle ou oratoire) qui servait de lieu de prières. Puis comme souvent, un village, ici Miralles, se développa autour de cette chapelle. La légende prétend qu'une statue de bois représentant la vierge Marie provenant de cette chapelle ait été dissimulée dans un tronc d'arbre, puis retrouvée plus tard. Cette trouvaille aurait été l'occasion d'un engouement populaire qui amena la construction de la nouvelle église paroissiale de Miralles. C'est ainsi que Notre Dame du Coral est apparue, bâtie sur les restes de la chapelle primitive, pour servir d'église aux habitants du village. Dans les textes historiques, Sancta Maria de Coral apparaît à partir de l'an 1267 comme appartenant à l'abbaye de Camprodon (Espagne). Mais au fil des siècles, et selon les mouvements de la frontière, le site eut divers propriétaires religieux, privés ou publics. Mais les occupants de la chapelle ont été le plus souvent des ermites forains qui voyageaient en quête de charité et d'oboles. A présent, la chapelle et certaines de ses dépendances servent de refuge avec gîtes, restaurant, tables et chambres d'hôtes. L'étymologie de " Coral " est très discutée mais la plus probable est que ce nom viendrait simplement de " corail " comme la couleur rouge de certaines roches que l'on trouve dans le secteur en montant par exemple vers le col de Malrems ou le Pla de la Muga.

Lamanère : C'est un village du Vallespir situé à 777 mètres d'altitude et à vol d'oiseau vers le sud à moins de 3 kms de la frontière espagnole. Entourée de montagnes et de collines avec les Baga de la Sadella et de la Bordellat (1.554 m) au sud, le Mont Nègre (1.425 m) à l'est, le Roque de Cap de Ca et la serra de Cabrens (1.326 m) au Nord, le Puig de las Coubines et El Tossal (1.281m) à l'ouest et nichée au fond d'une verdoyante vallée à la jonction de plusieurs rivières et ruisseaux (Lamanère, Taix, etc.…) elle est la commune la plus méridionale de l'hexagone. Riche de divers minerais (fer, or, plomb argentifère, cuivre) qui y furent exploitaient en leurs temps, son nom proviendrait du catalan " La Menera " signifiant " La Minière ". Grâce à ses paysages magnifiques et variés, elle est un lieu propice à de nombreuses activités de plein air (randonnées, VTT, baignades, canyonning, etc.…). Mais de par son emplacement géographique très isolé, on ne connaît pas grand-chose de son histoire, si ce n'est qu'elle a longtemps était dépendante de la commune de Serralongue où régnaient au Moyen-Âge les seigneurs de Cabrens. Mais Lamanère, c'est aussi une rivière, affluent du Tech, longue de 15,7 kms, qui elle-même est alimentée par d'innombrables petits ruisseaux affluents.

Les Estanouses : Minuscule hameau perdu du Haut-Vallespir situé au pied des tours de Cabrens, non loin des villages de Lamanère et de Serralongue à une altitude de 1.019 mètres. Il y a encore quelques années (2004 ou 2005), on pouvait le traverser en empruntant une des variantes du Tour du Vallespir. Aujourd'hui, ce chemin est barré car il est devenu un domaine privé, et si j'en crois mes recherches Internet, faisant chambres et tables d'hôtes pour accueillir les touristes.

Cabrens : La seigneurie de Serralongue, commune du Vallespir, est gouvernée dès le 11eme siècle par les " seigneurs de Cabrenç " en référence aux chèvres qui peuplaient les collines et qui étaient les seuls animaux à pouvoir grimper jusqu'à leur château. Le premier seigneur fût Oriol de Cortsavi mais la dynastie des Cabrens composée de diverses familles au gré des alliances et des successions eut une immense influence sur une grande partie du Vallespir et régna fort longtemps et au moins jusqu'en 1792, date à laquelle l'état français créa les communes et où le dernier seigneur Abden Senen de Ros, baron de Cabrens s'expatria en Espagne. Aujourd'hui le site de Cabrens est surtout connu pour ses trois tours, objectifs de randonnées à partir de Lamanère ou de Serralongue. Situées au faîte d'une crête rocheuse, les trois tours sont en réalité les ruines du château construit en 1086 par les seigneurs de Cabrens, celles d'un donjon adjoint au 11eme siècle qui aurait fait office de geôles et enfin celle d'une tour à signaux du 14eme siècle qui communiquait avec de nombreuses autres tours du Vallespir (Mir, Batère et Cos). Au regard de sa position géographique dominante, l'ensemble devait constituer une forteresse quasi imprenable.

Saint-Laurent-de-Cerdans : Le village daterait du 11eme siècle, date à laquelle des moines de l'abbaye d'Arles-sur-Tech aurait construit une église dédiée à Saint-Laurent, martyr du 3eme siècle. Le terme " Cerdans " apparaît au 12eme siècle avec le nom d'un mas (Manso de Cerdanis). Mais ce nom lui-même proviendrait du nom d'un peuple des montagnes de la région, descendant des Ibères qu'on appelait " Les Cérêtes ". Ce peuple serait aussi à l'origine des noms de la ville de Céret et de la région de Cerdagne. La ville construite à l'intersection de plusieurs cours d'eau (la Quére, le Saint-Laurent, la Bilvera, etc.…) est entourée de plusieurs " serrats ", petites chaînes de montagnes (Cogull, Montner, Provadona, Capell, Garsa, etc.…) dont la plupart dépassent les 1.000 mètres d'altitude. Elle fût un lieu de passage, d'échanges et surtout de contrebande avec l'Espagne tout au long des époques. Pendant très longtemps, la prospérité de la cité a reposé sur les industries liées au fer avec de nombreuses forges alentours qui ont données leurs noms à des lieux-dits (la Forge del Mig, la Forge d'en Bosc, la Forge d'Avall, etc.…), au bois (exploitation du châtaignier encore très présent dans les forêts de nos jours) mais l'industrie la plus originale a été celle de la fabrication d'espadrilles que l'on appelle ici " vigatanes " et qui, bien sûr, a été étroitement liée aux fabriques de tissus. Ces deux dernières activités artisanales sont encore bien présentes aujourd'hui au travers des sociétés " Vallespir Sandales " et " Les Toiles du Soleil ". Grâce à son riche patrimoine historique, culturel et naturel et au tout proche domaine hôtelier de Falgos pourvu de son terrain de golf de 18 trous, le village vit désormais au rythme du tourisme.

La famille Noëll : Le 23 janvier 1676, l'église de Saint-Laurent-de-Cerdans avait brûlé ainsi que quelques maisons voisines dont celle de la famille de Noëll. Au 18eme siècle, la destruction de ces documents anciens avait amené Abdon Noëll à solliciter du roi de France Louis XV la reconnaissance et la confirmation de sa qualité de noble et de ses titres. C'est en décembre 1766 qu'Abdon de Noëll reçut cette confirmation et ses nouvelles lettres de noblesse signée de Louis XV et du duc de Choiseul. Il fût nommé baron de Vilaro, petit hameau proche de Saint-Laurent. Notaire à Saint-Laurent-de-Cerdans, Abdon, le seigneur de Vilaro, âme de la Résistance du Vallespir, fût le plus connu de tous car en avril 1793 avec l'aide du général espagnol Antonio Ricardos, il évita le massacre programmée par la Convention Nationale de toute la population de Saint-Laurent-de-Cerdans. Quand on sait que cette guerre entre la France et l'Espagne, galvanisé par l'hostilité de la monarchie espagnole envers la République Française, commença pour empêcher l'organisation d'une simple procession, on comprend mieux l'attachement que les Laurentins avaient pour leurs traditions et leur liberté de culte. Ce culte de l'église et cette liberté sont encore fermement ancré de nos jours et on les retrouve à travers diverses manifestations.

Puis ce fût Jacques de Noëll qui, au 20eme siècle, grimpa l'échelle de la renommée, mais dans un autre registre, celui de la musique. Il fut un grand compositeur de musiques catalanes et de sardanes. Et comme ici en Vallespir, comme dans toute la Catalogne, la sardane est une danse et une musique sacrée, Jacques de Noëll fût un musicien très apprécié. Il y eut également Louis, archéologue apprécié, frère de Jacques mais mort trop jeune pour être resté dans l'Histoire. Mais tout au long des siècles, les de Noëll étaient surtout de riches aristocrates et des notables reconnus, certains étaient notaires, d'autres maîtres de forge ou propriétaires d'exploitations minières, d'autres propriétaires terriens. Malgré la perte de leurs titres de noblesse à la Révolution Française, les de Noëll gardèrent un certain prestige dans tout le Roussillon certains devenant des chefs d'entreprise reconnues, d'autres tentèrent l'aventure de la vie politique, beaucoup devenant maires de nombreuses communes. La bâtisse, maison de famille des de Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans avait été construite en 1606 et le premier occupant avait été un certain Damia (1560-1612) qui, au côté de Joseph de la Trinxeria, s'était révolté contre les effets néfastes du Traité des Pyrénées de 1659. Cette maison Damia Noëll a été rachetée, il y a quelques années, par un couple très sympathique Isabelle et Mario Lopes, qui en ont fait une table et des chambres d'hôtes absolument remarquables.

Pilon de Belmatx ou Belmaig : Ici en Catalogne, on prononce " Belmach ". Il s'agit d'un sommet du Vallespir avec une altitude somme toute modeste puisque élevée au dessus du niveau de la mer à 1.280 mètres seulement. Il est situé sur une longue crête rocheuse qui s'appelle la Serre de Montner et qui surplombe la cité d'Arles-sur-Tech. Mais sa renommée vient justement de la difficulté que l'on rencontre à le gravir à partir d'Arles-sur-Tech puisque c'est pas moins de 1.020 mètres de dénivelé qu'il faut accomplir sur un sentier très difficile car terreux et caillouteux et très souvent raviné. Pour y monter, il faut emprunter un tronçon du célèbre GR.10 jusqu'au Col de Paracolls et c'est certainement pour çà que cette randonnée s'inscrit très souvent comme une " incontournable " du département. Montagne mythique pour les Arlésiens, chaque printemps, un trail de 11 kilomètres, course réunissant des spécialistes de ce sport mais aussi de simples concurrents est organisée par l'association Arles-Belmaig. Est déclaré vainqueur du " Km Vertical Walsh " celui qui accomplit exactement les 1.000 mètres de dénivelé (environ 100 mètres avant le sommet) dans le laps de temps le plus court.

Arles-sur-Tech : Bien que n'ayant pas traversé cette ville lors de ce Tour du Vallespir, je l'ai eu très souvent devant mes yeux lors de la 1ere et de la dernière étape. Comment parler du Vallespir sans évoquer Arles-sur-Tech qui est certainement une des villes les plus anciennes de cette région puisqu'on a retrouvé des vestiges datant de la Préhistoire (dolmen). Comment parler d'Arles-sur-Tech sans parler de sa Sainte-Tombe et des saints Abdon et Sennen. En ce qui concerne la Sainte-Tombe et son fameux mystère, il s'agit d'un sarcophage de pierre du 3eme siècle qui est situé dans une courette de l'église et qui produit une quantité d'eau pure importante et " d'origine inconnue " (200 à 300 litres par an en moyenne, parfois beaucoup plus, jusqu'à 800 litres l'an). La thèse du miracle a bien évidemment été la première avancée, tandis que d'autres hypothèses ont vu le jour tout au long de l'histoire, relayées ces dernières années par des médias avides de sensationnel. Malgré un premier travail sérieux et concluant dans les années 60 et encore récemment, le panneau situé au dessus du sarcophage explique encore aujourd'hui que la Sainte Tombe n'ait pas livré son secret. Mais la théorie la plus souvent émise serait que le couvercle serait suffisamment poreux pour laisser pénétrer l'eau des pluies alors que le fond du sarcophage serait parfaitement imperméable. Quand à Abdon et Sennen, en l'an 960 un abbé se nommant Arnulfe aurait rapporté de Rome des reliques authentifiées comme étant celles de ces deux saints persans. Elles vaudront à Arles le surnom de "ville des Corps Saints". Ces deux Saints sont toujours vénérés à Arles. Mais autour de ces saints, il existe une légende qui se recoupe avec une autre légende du Vallespir, celle des " Simiots ", des êtres malfaisants, dévoreurs d'enfants, moitié félins et moitié singes qui vivaient dans les forêts et les montagnes du Vallespir. Je vous laisse le soin de prendre connaissance de ces légendes sur les excellents sites suivants :

https://www.sudcanigo.com/decouvrir/contes-et-legendes/

http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Legendes/Simiots.php

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdon_et_Sennen

 

Remerciements :

 

Je remercie très sincèrement toutes les personnes qui m'ont accueillies lors de mes différentes arrivées d'étapes : au Refuge de Batère, à l'hôtel Ausseil à Prats-de-Mollo et à Notre-Dame du Coral. Partout, je fus parfaitement reçu. Bien sûr, ma meilleure soirée mais la plus onéreuse aussi fût celle passée à la Maison Damia Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans, il est vrai en table et chambre d'hôtes d'une qualité remarquable. L'accueil d'Isabelle et Mario fût tel qu'ils méritent vraiment une mention spéciale. Je conseille vivement cet endroit à tous les randonneurs qui pourront se permettre de dépenser 78 euros pour une demi-pension. J'ai essentiellement marché en solitaire sur ce Tour du Vallespir mais je remercie les quelques personnes que j'ai rencontré au cours de ce voyage et qui, d'une manière ou d'une autre, l'ont rendu plus agréable ou plus facile : le vigile des Thermes d'Amélie qui ne m'a pas fait de difficulté pour garer ma voiture, l'homme qui faisait un footing avec son chien à Montbolo qui m'a aidé dans la direction à prendre, le couple qui craignait l'orage et qui voulait me prendre en voiture à la Tour de Batère, quelques clients et l'aimable groupe d'Epinal rencontré au refuge de Batère qui effectuaient le GR.10, le très chaleureux couple et leur fille que j'ai aidé à la cabane de la Devesa au dessus de Leca, l'homme qui m'a expliqué le plus court chemin à prendre au Fort Lagarde, la dame qui m'a expliqué où se trouvait l'hôtel Ausseil, les anonymes clients catalans et parisiens du restaurant Ausseil qui m'ont permis de passer une agréable soirée à Prats-de-Mollo et ce, malgré la terrible journée que j'avais vécue, la pharmacienne de Prats-de-Mollo qui a su parfaitement calmer mes brûlures d'orties, la gentille randonneuse rencontrée à Notre-Dame de Coral, les propriétaires du Domaine des Estanouses avec lesquels depuis je me suis lié d'amitié, le breton vététiste et le jeune couple de Tchèques, clients de la Maison Damia Noëll. Je remercie enfin ma femme qui m'a laissé partir seul, mes enfants de m'avoir offert un lecteur MP3, objet ô combien précieux qui m'a énormément aidé dans les instants les plus difficiles. Je remercie enfin Charles Trenet et ses interprètes Les Compagnons de la Chanson pour leur magnifique chanson " Mes jeunes années ", mélodie avec laquelle j'ai marché très souvent tout au long de cette randonnée. Quand j'éprouvais des difficultés, cette chanson était là pour me remonter moral et enthousiasme. Pour moi, cette chanson restera pour toujours comme un hymne à ces 6 jours passés en Vallespir. 6 jours " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

 

Divers :

 

Peu de temps après mon retour, le 24 août exactement, et en raison de la terrible et éprouvante épreuve que j'avais vécue dans la forêt du Miracle au dessus de Prats-de-Mollo, il m'a paru utile d'alerter les autorités pour que d'autres personnes ne tombent pas dans le même piège que les arbres couchés par la tempête Klaus du 24 janvier 2009 m'avaient tendu. J'ai donc adressé un e-mail à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération et au comité départemental de la Randonnée Pédestre pour les informer de la galère que j'avais éprouvée dans ce secteur du Tour du Vallespir situé peu après le Puig des Lloses en direction du Col du Miracle.

 

Le 14 septembre, c'est avec satisfaction que je recevais une réponse de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo dans laquelle elle m'informait avoir contacter Monsieur Joseph Dunyach, Président du club local de randonnée pédestre " Délit Ténim ". Ce dernier me répondait à travers une lettre jointe au message de Madame Baills.

 

Pour les remercier de m'avoir répondu et d'être intervenu ultérieurement dans ce secteur de Prats-de-Mollo, j'ai volontairement joint à ce récit nos différents échanges de messages.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Message adressé le 24 août 2009 à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération Française de Randonnée Pédestre et à son Comité départemental des Pyrénées-Orientales.

 

Monsieur le Maire de Prats de Mollo, Mesdames, Messieurs,

 

J'ai réalisé la semaine dernière la randonnée du Tour du Vallespir en 6 jours d'après le Guide Rando de Georges Véron : Canigou, Vallespir, Conflent paru chez Rando Editions. Randonnant beaucoup tout au long de l'année, j'avais eu l'occasion de remarquer que ce tour était plutôt bien balisé et que les panneaux indicateurs étaient nombreux. Je n'ai pas trouvé non plus sur Internet de contre-indications à effectuer ce tour. C'est donc en toute confiance mais muni néanmoins d'un GPS, d'un téléphone portable et des cartes IGN appropriées que je suis parti d'Amélie vers Batère le 1er jour, puis vers Saint-Guillem le 2eme jour, puis vers Prats de Mollo le 3eme jour, puis à Notre-Dame de Coral le 4eme jour, puis à St Laurent de Cerdans le 5eme et retour à Amélie le 6eme.

 

Tout s'était très bien passé jusqu'au Puig des Lloses (1.413 m) qui sauf erreur de ma part se trouve sur la commune de Prats de Mollo. A cet endroit, le balisage rouge et jaune propre au Tour du Vallespir ainsi que le panneau d'orientation m'indiquait de poursuivre vers la droite alors qu'un 2eme panneau me proposait de descendre à gauche vers Prats de Mollo par le col de Cavanelles. Effectuant bien sûr le Tour du Vallespir et ayant de toute manière ce tracé-là enregistré dans mon GPS, j'ai normalement poursuivi vers la droite d'autant que rien à cette intersection du Puig des Lloses ne pouvait me laisser supposer que cette portion du Tour du Vallespir dans laquelle j'allais m'engager était complètement impraticable.

 

J'ai 60 ans et je pense être un marcheur chevronné. Pourtant je ne vous cache pas qu'à cause des nombreux arbres décimés qui jonchent encore le sentier sur ce secteur depuis la tempête Klaus du 24 janvier dernier, j'ai eu à un moment le vague sentiment que j'était tombé dans un véritable traquenard. En effet, j'ai commencé à enjamber un premier arbre puis à passer sous un second, puis troisièmement à contourner un premier groupe d'arbres, puis je suis passé sous quelques autres arbres couchés puis au bout de 1,5 kms sans autre solution j'ai finalement quitté le chemin pour éviter un amoncellement qui me semblait de quelques mètres de large seulement (on constate en effet que le vent à suivi des couloirs plus ou moins larges) mais qui en réalité étaient absolument infranchissables. J'ai donc fini par me perdre dans cet immense labyrinthe d'arbres abattus et j'ai même pensé à un moment à appeler les secours depuis mon portable. Heureusement, que j'ai su garder mon sang-froid et grâce à mon GPS j'ai pu, après de multiples efforts, retrouver le sentier et j'ai réussi à rebrousser chemin pour en définitive rejoindre Prats par le col de Cavanelles.

 

Attention ce message que je vous adresse et cette histoire que je vous relate n'ont pas pour objet d'émettre un grief envers quiconque mais simplement à vous prévenir qu'à cet endroit après le Puig des Lloses, le tour du Vallespir est particulièrement dangereux et infranchissable. Mais peut-être le saviez-vous ? De mon côté, je sais pertinemment que la tempête Klaus a provoqué des dégâts considérables et que ce n'est pas en quelques mois que l'on peut effacer les cicatrices d'un tel désastre. Je pensai toutefois que dans la mesure où un chemin serait impraticable un simple petit panonceau d'interdiction aurait été mis en place. Ayant eu l'occasion de marcher dans les Landes et le Gers il y a quelques semaines, j'avais eu l'occasion d'apprécier ce type de pancartes sur de nombreux sentiers. J'ai donc été très étonné qu'au Puig des Lloses aucun panneau ne vienne prévenir le randonneur de cette dangerosité, d'autant qu'un autre chemin permet d'accéder à la commune de Prats dans d'excellentes conditions. En été où les randonneurs sont très nombreux à parcourir les chemins de notre beau département des PO, je pense que de simples petits panneaux d'interdiction et/ou de conseils en pareils endroits seraient d'une redoutable efficacité et éviteraient bien des désagréments comme ceux que j'ai connus.

 

Voilà, après tous ces déboires, et après trois heures d'errements, j'ai fini par arriver à Prats de Mollo avec seulement quelques égratignures, quelques bleus et les mollets douloureusement brûlés par les orties et griffés par les ronces.

 

Le lendemain avant de repartir, j'ai longuement réfléchi sur le sentier que j'allais prendre et plutôt que d'opter par la poursuite du Tour du Vallespir par la Tour de Mir et le col d'Arès dont je sais que le secteur est particulièrement boisé aussi, j'ai emprunté le chemin le plus court pour rejoindre l'ermitage de Notre Dame de Coral. Il s'agit du PR.12 qui passe au col de la Guille. Bien m'en a pris, puisqu'une fois arrivé à l'ermitage, j'appris par d'autres randonneurs, qui en revenaient, que les chemins de la Tour de Mir et du col d'Arès étaient eux aussi barrés par de nombreux arbres couchés. Je ne l'ai pas constaté par moi-même !

 

Voilà il m'a paru utile de vous apporter ce témoignage qui est tout frais. Comme je l'ai dit je ne fais aucun grief à personne d'autant que parmi les acteurs à qui j'adresse ce message, je ne sais pas qui est responsable des arbres couchés, du balisage présent ou absent, de la prévention à mettre en place en pareil cas, etc...

 

J'espère simplement que quelqu'un fera bon usage de ce message.

 

Recevez, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, mes respectueuses salutations.

 

Gilbert JULLIEN

Licencié à la FFRP sous le N° 0579504G

 

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Lettre réponse reçue de Monsieur Joseph Dunyach par l'intermédiaire de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo.

 

OFFICE DE TOURISME**

66230 PRATS DE MOLLO - LA PRESTE

 

DUNYACH Joseph

Président du club de randonnée FFRP " Delit Tenim "

Membre du Comité directeur départemental des PO

Responsable des Sentiers

Tel : 04.68.39.77.18

 

A Monsieur JULLIEN Gilbert

 

Monsieur,

 

Je viens de prendre connaissance de votre courrier du 25 Août au sujet des problèmes que vous avez rencontré sur le Tour du Vallespir. Ce courrier m'avait été communiqué par le Président départemental lors de la réunion du Comité Directeur du 31 août à Perpignan et je le classe parmi ceux qui font plaisir à lire car ils démontrent la qualité des randonneurs de la FFRP et leur soucis de parfaire notre terrain de jeu naturel.

Vous avez très bien exposé tous vos problèmes et je me sens un peu responsable de ce qui vous est arrivé car j'avais apposé un panneau de fermeture de sentiers à l'entrée du sentier au départ de Prats et je n'avais pas pensé aux randonneurs arrivant dans l'autre sens ce que je vais m'empresser de corriger en attendant l'ouverture que nous espérons prochaine de ce beau sentier sur le secteur du Miracle après le désastre de la tempête Klauss qui nous a donné bien des soucis.

Je profite de ce courrier pour vous informer que le Tour du Vallespir va être complètement finalisé car il fait partie du grand projet du Conseil Général à travers son entité " Canigou Grand Site ".

Si vous souhaitez recevoir les documents sur cet itinéraire vous pouvez nous communiquer vos coordonnées postales.

Pour ce qui est du secteur de la Tour du Mir, la situation est tout à fait normale.

J'ose espérer que ce courrier vous soulagera un peu de la galère que vous avez connu et je vous prie de m'en excuser encore une fois.

Je joins une copie de ce courrier au Président du Comité Départemental qui m'avait demandé de vous répondre en tant que responsable du secteur ainsi qu'à Monsieur le Maire de Prats de Mollo La Preste.

 

Recevez Monsieur mes sincères salutations et peut être au plaisir de se connaître un jour à Prats ou sur l'un de nos sentiers du Haut-Vallespir.

 

DUNYACH Joseph

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral - Saint-Laurent-de-Cerdans - 27 kms

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms5eme étape : Vendredi 21 août 2009.

Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

Soudain, la route bifurque. On prend à gauche. On monte en lacets. Et puis, le long des précipices béants, on file sur Saint-Laurent-de-Cerdans, vers la frontière espagnole. Les bois croulent de tous côtés. La cassure du schiste les arrête net au bord de la route. On n'aperçoit plus rien que ce filet de route grise au milieu d'une mer de verdure ensoleillée. Extrait du recueil " Visages de mon pays". Ludovic Massé (1900-1982) Ecrivain et poète français.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms ARCHANGES ET DEMON :

 

Hier soir, après avoir quitté la fenêtre, je me suis couché et je me suis mis à lire " Dalva ". Mais il me fut très difficile de me concentrer sur la lecture, car en permanence, revenaient, devant mes yeux, les affres de ce petit mulot ballotté par les trois matous. Avant de m'endormir, j'ai pris soin de badigeonner d' " Urticium " mes jambes et mes bras et la lecture finit par me donner ce petit " coup de massue " que les brûlures encore présentes et les pensées aussi sombres que les trois chats empêchaient jusqu'à présent. Dans la nuit, à deux autres reprises, j'ai été obligé de renouveler les applications de crème que j'ai confortées avec les petits granules car de très désagréables picotements m'ont réveillé. 

Il est 7 heures et autant dire que ce n'est pas la grande forme ce matin. Et pourtant, il va bien falloir que je les parcoure ces 26 kilomètres inscrits au programme du jour. Une fois encore, dans ce secteur extrêmement boisé, j'espère que mon " complice " Klaus m'aura laissé un étroit passage. En tous cas, grâce au gérant, je sais que le chemin est praticable au moins jusqu'à Lamanère. Je pars me jeter sous une douche froide. Et comme je n'y pense pas avant, une nouvelle fois l'eau glacée mets le feu à toutes ces petites rougeurs qui pullulent sur ma peau. La plaie au genou suppure de plus en plus et je renouvelle le pansement d'éosine. Malgré le bien que ça pourrait certainement lui faire, j'hésite à laisser la blessure au grand air car j'ai la crainte de me griffer ou de me cogner au cours de l'étape. Il est 7h30, et une fois encore, je me retrouve tout seul dans la Bergerie avec cet insupportable rongeur empaillé qui me dévisage. 7h30, c'est l'heure décidée, hier soir, d'un commun accord avec le jeune gérant. Hormis le café au lait, tout est prêt sur la table : pain, croissant, beurre, confitures, et comme je ne veux pas partir trop tard pour cette longue étape, j'apprécie d'autant plus cette ponctualité. On m'apporte un broc de lait chaud et un autre de café dans lequel j'arrive à me confectionner deux gros bols de café au lait que je prends néanmoins le temps d'apprécier.

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J'ai quitté Notre-Dame, direction Lamanère, devant moi le boisé Puig de Las Coubines dévoile son aspect pyramidal. Mon appareil-photo commence à dysfonctionner mais je vais le constater que bien plus tard.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral  - Saint-Laurent-de-Cerdans - 27 kms

Sur le chemin, un joli oratoire dédié à la Vierge Marie et une date : 1500 !

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J'arrive à Lamanère près de la station d'épuration, par bonheur inodore, et à l'aire de pique-nique. Le temps d'un petit en-cas et je repars dans les ruelles en quête de la bonne direction.

8h15, je viens de récupérer mon panier-repas et harnaché de mon sac, je suis sur le parvis de la jolie chapelle. Sur l'herbe du parc, les matous sont déjà pied d'œuvre, en quête d'un oiseau, d'un campagnol ou d'un autre mulot. Je laisse ces redoutables chasseurs à leur petit déjeuner et repars par le chemin par lequel je suis arrivé hier après-midi. J'arrive à l'intersection qui descend vers Lamanère, et je poursuis la descente. Dix minutes plus tard, par une petite passerelle en bois, je traverse la Bernadeille, mince torrent au modique débit. Ici, surplombant le ruisseau, il y a un très joli oratoire restauré, dédié à la Vierge Marie et une étonnante date inscrite : 1500 ! L'essentiel de ma marche s'effectue dans de sombres sous-bois qui dominent sur ma gauche le ravin du Coral. Mais, de temps en temps, une fenêtre s'ouvre sur le mont à la fois rocailleux et boisé du Puig de Las Coubines (1.253 m). Toujours presque en descente, le sentier se rapproche peu à peu de la ravine, puis à l'approche de Lamanère, il fait un angle droit et je chemine en balcon au dessus du torrent de la Lamanère. Le petit village le plus méridional de l'hexagone est là, de l'autre côté du torrent, avec pour magnifique toile de fond, la verdoyante et oblongue montagne de la Baga de Bordellat. Le sentier débouche sur une piste qui descend vers la rivière et vers ce que je crois être un petit étang mais qui s'avère être en réalité un bassin de décantation de la station d'épuration du village.

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J'ai trouvé la Carrer de la Font de Dalt, (en français, la rue de la Fontaine d'en Haut), cette étroite ruelle cimentée qui s'élève me remet dans le droit chemin.

Il est 9h30, à côté du bassin de décantation, il y a une agréable aire de pique-nique bien propre et surtout aucune odeur nauséabonde alors je m'installe pour manger quelques fruits secs avant de repartir vers le village. Dans les petites ruelles, je ne trouve pas immédiatement le chemin qui monte vers les " Tours de Cabrens " où plutôt vers les Estanouses, petit lieu-dit qui selon ma carte IGN se situe sur le Tour du Vallespir. Pourtant, combien de fois y suis-je monter à ces immanquables tours ? Je sors mon GPS car les quelques personnes, qui me regardent passer, repasser, puis passer à nouveau, et qui discutent au beau milieu de la rue, n'ont pas l'air disposés à me venir en aide. La voilà, elle est enfin là, la petite venelle, cette " carrer ", comme ils disent ici. Comment ai-je pu la louper, cette Carrer de la Font de Dalt (fontaine du haut) montant vers les tours, avec ce balisage bien présent et les nombreux panneaux indicatifs accrochés à ce mur ? Sans doute étais-je distrait par le lumineux hameau dans son cadre d'émeraude et sa jolie rivière qui y coule au milieu ! Il est 10 heures quand je m'éloigne de Lamanère par une allée cimentée qui grimpe hardiment. Premier dénivelé, premières souffrances et premières grandes gorgées d'eau. Je m'arrête à la fois pour reprendre mon souffle et pour admirer les jolies maisons avec leurs vertes pelouses et leurs jardins fleuris. Je m'amuse d'un joli cadre peint dans lequel il est écrit : " attention au chat ". Je souris car je suppose que ce cadre aurais mieux trouvé sa place dans le parc de Notre-Dame du Coral, ainsi, les petits mulots auraient pu le lire !

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Je laisse Lamanère, son décor verdoyant, ses jolies maisons aux jardins fleuris par une sente bien balisée où virevoltent des papillons multicolores. Les Tours de Cabrens apparaissent très hautes au détour du chemin mais qu'importe puisque je vais au hameau des Estanouses qui lui est situé dessous beaucoup plus bas !

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En montant, j'aperçois les Estanouses, ce minuscule hameau par lequel le Tour du Vallespir devrait normalement passer si j'en crois ma carte IGN, mais désormais c'est un domaine privé gardait par des archanges et deux dobermans. Mais il y a aussi "un démon" qui va me faire monter par les Tours de Cabrens, ces tours minuscules que j'aperçois tout là-haut !

Je rentre dans un petit bois de chênes, coupe une première piste. Le balisage jaune et rouge du Tour du Vallespir est bien présent et une petite pancarte en ardoise me conforte sur la direction à suivre : " Tours de Cabrens-Pla Castell-Estanouses ". La pente s'accentue, j'entre dans un deuxième bois. A sa sortie, je traverse aussitôt une autre piste. Bien qu'encore très éloignées, deux des trois Tours de Cabrens sont parfaitement visibles au sommet de la haute colline. Mais je ne m'en inquiète pas car de toute manière, je sais que je n'aurais pas y monter. Un autre panneau est là maintenant, au bord d'un sentier terreux : " Les Torres Cabrenç ". J'ai retrouvé une foulée et une respiration régulière, malgré la pente qui s'est amplifiée très sérieusement. Le sentier terreux se termine d'abord par un bois de petits feuillus puis dans des prés de hautes fougères. Ici, les bas-côtés très fleuris du chemin sont des terrains propices à bons nombres d'insectes mais surtout aux abeilles et aux papillons. Des papillons, je n'en ai jamais vu autant depuis mon départ, même sur la piste du Col de Formentere où pourtant il y en avait déjà beaucoup qui tournaient autour de moi. Au fil de mes randonnées et en les photographiant, j'ai appris à les reconnaître : Piérides, Argus, Vulcains, Tabacs d'Espagne, Petites Tortues, Nacrés, Théclas, Ecailles martrées, Apollons, Citrons, à chacun de mes pas c'est un cortège de papillons multicolores qui s'élèvent. Il y en a tellement dans les prés, dans les haies et sur le chemin que parfois quant ils s'envolent, autour de moi ça ressemble à ces milliers de confettis colorés ou à ces petits papiers brillants que l'on jette lors de grandes manifestations. Je rejoins une autre piste plane qui, selon mon GPS doit me faire passer devant le lieu-dit les " Estanouses ". Je m'avance, pas de problème le GPS me situe sur le tracé. Je fait quelques dizaines de mètres et là, je me retrouve devant une clôture où trônent de jolies statuettes d'archanges et de colombes aux ailes déployées et un grand portail ouvert : " Domaine des Estanouses ". Collé sur un pilier, il y a bien un petit cadre avec un chien dessiné, style Doberman mais rien qui annonce une éventuelle méchanceté ni la raison d'être craintif. Et quand je m'approche, bien au contraire, il y a sur la gauche, une caméra avec ces quelques mots amusants : " Souriez, vous êtes filmés ! ". Je reste planté là, indécis quant à la conduite que je dois tenir. D'un côté, j'ai une peur bleue des Dobermans avec un affreux souvenir d'enfance d'une folle course poursuite entre un énorme molosse de cette race et moi perché sur un Solex. De cette " chevauchée fantastique ", j'avais réussi à en sortir sain et sauf, grâce au propriétaire qui, sur un puissant et simple sifflement, avait réussi à stopper net son chien, au moment même où ce dernier était sur le point de me rattraper pour me croquer un mollet. D'un autre côté, je me dis que les propriétaires doivent certainement avoir, à la fois de l'humour avec ce " Souriez, vous êtes filmés ", et une grande amabilité pour exposer ainsi sur leur mur ces chérubins et ces colombes, symboles de douceur et de paix. Je me décide et j'entre, j'ai confiance dans les hommes, un peu moins dans les Dobermans mais après tout, et selon mes cartes, je suis bien sur le GRP Tour du Vallespir et je n'ai pas d'autres solutions que celle-là. Je fais une trentaine de mètres, arrive devant de belles maisons où tout est calme et silencieux. Je m'arrête, troublé par ce silence et m'apprête à poursuivre la piste avec mon GPS à la main, quand tout à coup, en provenance des villas, deux dobermans descendent vers moi en vociférant.

Je reste pétrifié. Voilà que ma triste expérience se renouvelle, mais cette fois ils sont deux, et je n'ai aucune chance car je n'ai pas de Solex pour fuir mais un sac de 18 kilos qui ruine toute éventualité d'escapade. Heureusement une fois encore, je vais m'en sortir, car du haut d'une terrasse, une femme se met à hurler et les chiens s'immobilisent à deux mètres de moi. Ils continuent de grogner, mais comme j'ai de la mémoire, je raccourcis aussitôt mon bâton télescopique et leur tends une main amicale dont je ne sais pas, s'ils vont la dévorer ou la lécher. Entre temps et alors que les " cerbères " se sont calmés, un homme est également sorti sur la terrasse et m'interpelle en criant :

- Que voulez-vous ?

- Je veux aller au Pla de Castell !

- Non, ce n'est plus possible par là, le chemin est fermé depuis quatre ans !

- Mais comment est-il fermé ?

- Vous êtes sur une propriété privée et le chemin n'a plus été défriché !

- Mais par où puis-je y aller ?

- Il faut que vous montiez aux Tours !

Je suis si surpris que je lui pose cette question vraiment idiote :

- Quelles tours ? Celles de Cabrens ?

Et il me répond brutalement :

- Vous en connaissez d'autres ici ?

Et il ajoute :

-Il y a un chemin qui passe juste en dessous des tours !

Je crois qu'à cette idée d'avoir à escalader les Tours de Cabrens, je suis encore plus terrifié que j'ai pu l'être devant les Dobermans. Je les connais trop bien ces tours à signaux de Cabrens pour y être monté à quelques reprises mais jamais avec un sac à doc de 18 kilos ! Un gros dénivelé sur une distance très courte et jamais un replat pour souffler. Comme si cette étape n'était pas suffisamment longue ! Je ne bouge plus. Je suis groggy et je regarde bouche bée cet homme qui vient de me donner un véritable coup de gourdin sur la tête. Et tout en le regardant, je ne sais pas pourquoi, j'ai un mal fou à le croire. Pourquoi, ce chemin n'aurait-il pas été débroussaillé ? D'accord, il est chez lui, mais ne préfère-t-il pas empêcher tout passage de randonneurs sur son domaine ? Je continue à le regarder et je me dis que je me suis bien trompé sur son compte : " Il vous reçoit avec des anges mais en réalité, lui c'est un vrai démon ! ". Lui m'observe aussi et semble s'interroger sur la conduite que je vais adopter. Mais il a le beau rôle avec ses deux chiens de garde qui maintenant se sont couchés à mes pieds. Alors ai-je le choix ? Même si je ne lui montre pas, je repars furieux tout en marmonnant : " Voilà ça m'apprendra à avoir trop confiance dans les hommes ! "

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Après avoir terriblement souffert dans la montée vers le Tours de Cabrens, j'arrive à la première. Elle date du XIVeme siècle. D'ici, malgré quelques nuages, j'ai des vues splendides sur une grande partie du chemin parcouru. Je décide de déjeuner mais des énergumènes exagérément bruyants vont me faire fuir. Au bord la falaise, j'aperçois un autre démon ! Il est très beau !

Et c'est vrai, peut-être je crois trop en l'homme et pas suffisamment dans les Dobermans. Après tout, ils sont très gentils ces chiens-là quand ils sont bien dressés ! Sur la piste, je retrouve un autre panneau " Torrés de Cabrenç " et un petit sentier que je poursuis mais il s'agit d'un simple raccourci qui m'emmène sur une autre piste un peu plus haut. Il est 11 heures, l'heure a tourné et aujourd'hui, j'ai le sentiment de ne pas avoir beaucoup avancé. Mais bon, d'un autre côté, je ne suis pas en super forme et je me dis qu'il n'est pas utile que je me " brûle " en me dépêchant inutilement. Aussi, je continue de monter à mon rythme qui, je l'avoue, n'est pas bien rapide aujourd'hui. Je coupe un maigre ruisseau, la piste se termine et devient sentier à l'entrée d'un sous-bois. La déclivité s'intensifie mais une tour se rapproche. Je raccourcis mon bâton que je plante plus fermement pour me hisser sans avoir à faire trop d'efforts avec mes jambes. Mais c'est peine perdue, car le poids du sac qui m'entraîne en arrière contrebalance cette vaine manœuvre. Heureusement, j'ai dans ma poche et à portée de main, mon petit tube de " dope ". Habituellement, et cela depuis mon départ, un sachet de gel énergétique me fait amplement la journée mais aujourd'hui j'en ai quelque peu abusé et c'est sûr, cette fois il ne terminera pas cette étape. A la fin du sous-bois, une nouvelle piste apparaît. Je regarde mon GPS plus par curiosité que par nécessité, car ici je n'ai plus de tracé. Entre mon entrée et ma sortie de ce petit sous-bois, j'ai fait quoi ? 200 mètres, 250 mètres, mais l'altitude, elle a progressé de 63 mètres. Je comprends mieux mon essoufflement. Une vingtaine de mètres plus loin, dans la courbe d'un virage, un balisage me renvoie dans les bois par une pente escarpée. Je regarde ma carte IGN et constate qu'il s'agit d'un raide raccourci qui monte à la première tour. Je l'ignore et poursuit par la piste encore une fois plus " roulante " comme disent les cyclistes. Un homme est entrain de redescendre, lui en direction de Serralongue. Nous bavardons un peu, de tout et de rien mais surtout de mon Tour du Vallespir dont il semble dire que c'est pure folie que je le fasse seul. En disant cela, il fait certainement allusion à mon âge et sans doute a-t-il en partie raison. Aussi, je ne le contrarie pas mais je fais mien ce proverbe : " Un fou qui marche va plus loin qu'un sage qui reste assis ". Mais la bible ne dit-elle pas aussi : " La voie qu'emprunte le fou est droite à ses yeux, mais il est sage d'écouter les conseils ". Alors un partout et la balle au centre. Je continue la piste et je finis par arriver devant la première des tours. Ancienne tour à signaux qui date vraisemblablement du XIVeme siècle, elle servait à communiquer avec d'autres tours ou bien avec des châteaux ou des forteresses du Vallespir et du Roussillon. Elle a magnifiquement été restaurée. Il est midi et je m'installe à une table de l'aire de pique-nique aménagée devant la tour. D'autres randonneurs sont déjà là, installés et calmes mais d'autres arrivent et tournent autour de moi comme de bruyants frelons en quête d'un emplacement idéal, qu'apparemment ils n'arrivent pas à trouver. Gesticulant, criant et braillant même, ils semblent se moquer éperdument de tout ce qui les entoure. J'arrête là mon pique-nique pour m'éloigner de ces énergumènes excités mais surtout irrespectueux vis-à-vis des autres et de la quiétude qu'en général on vient chercher dans un tel lieu. Je pars d'abord derrière la tour puis longe le bord de la haute falaise en direction de la deuxième. Sur ma gauche, un panorama superbe me laisse entrevoir une toute petite portion du chemin parcouru aujourd'hui, mais droit devant moi, j'ai une ample et admirable vision des hauteurs que j'ai gambadées depuis Formentere. Avec les jumelles, j'essaie de retrouver plus précisément les endroits et les crêtes où j'ai pu marcher les jours précédents. Mais dans cet horizon lointain et légèrement voilé par quelques nuages blancs, retrouver ces contrées n'est pas si évident. Mais, j'aperçois néanmoins le refuge blanc de Batère, le dôme aplati et reconnaissable du pic de la Souque et je devine les vertes prairies des cols de l'Estagnol et de Serre-Vernet. Après ce bref intermède, je continue à longer la falaise et suis maintenant en surplomb de la maison du " démon " : Les Estanouses sont là à mes pieds, vaste et magnifique domaine avec piscine. J'observe la piste que j'avais commencé à emprunter, elle semble se poursuivre bien après les habitations puis elle s'enfonce dans la forêt où je perds sa trace. J'imagine que je ne saurais jamais comment se termine cette piste. Après tout, le démon n'en est peut-être pas un et mon ressentiment m'a fait perdre la raison ? Mais s'il n'est pas démon, qu'est-il alors ? Un homme serviable qui m'a simplement indiqué un chemin ? Alors archange ou démon ? Mais pour travestir un proverbe bien connu : " chassez le surnaturel, il revient au galop ". Car au moment où je tourne la tête, un nouvel être surnaturel chasse l'autre. Mais celui là est de pierre et je ne vois plus que lui dans la falaise. Une tête parfaite vue de profil et taillée dans cette paroi rocheuse par cette talentueuse " Dame Nature " ou par ce sculpteur fou qu'on appelle l'Univers. Je reste d'abord subjugué par ce visage étrange que j'aperçois à Cabrens pour la première fois alors que j'y suis monté à diverses reprises.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral  - Saint-Laurent-de-Cerdans - 27 kms

Je reste complètement subjugué par ce profil presque parfait taillé dans la paroi rocheuse par "Dame Nature " ou par ce sculpteur fou qu'on appelle l'Univers.

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Dans l'ordre d'apparition : la 1ere tour du 14eme siècle puis la 2eme tour du 13eme siècle en surplomb de la falaise et des Estanouses que j'aperçois tout en bas, puis enfin, les ruines du château du 11eme siècle où je vais pouvoir enfin déjeuner en paix avec une vision parfaite sur le Pla de Castell et l'itinéraire parcouru ce matin.

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Au pied des Tours, je trouve un panonceau " Tour du Vallespir " près d'une vieille ferme envahie par les lierres. Le Pla de Castell est peuplé de papillons. Après avoir souffert toute la matinée, je peux enfin souffler et me fier aux nombreux panneaux pour suivre sagement le chemin. Il arrive dans un Colorado miniature !

Alors vision due à la fatigue, imagination débordante ou effets de la lumière selon le temps, l'ensoleillement à une heure du jour bien particulière ? Je m'empresse de prendre une photo, puis une deuxième en rapproché. Mais au moment où je vérifie les photos sur le petit écran de mon numérique, ce dernier a l'air de foirer au niveau de la pixellisation et comme je l'ai depuis peu de temps, je n'en connais pas tous les réglages à mettre en œuvre pour réparer ce mauvais fonctionnement. Mais au fait, pourquoi se met-il soudain à " déconner " ici, devant cette sculpture étonnante ? Me jetterait-il un sort ce mauvais génie ?

Je m'empresse de regarder les photos antérieures. Non, plusieurs photos présentent les mêmes symptômes depuis hier apparemment et peu après mon départ de Prats-de-Mollo. Alors mon numérique a-t-il souffert de mes péripéties dans la forêt du Miracle ou bien l'ai-je mouillé sans m'en apercevoir ? Je suis un peu dégoûté, je l'avoue, mais je vais faire avec, car les mauvaises photos ne sont pas systématiques non plus et je me dis que je pourrais peut-être les corriger avec un logiciel de retouche. Comme je suis un peu perturbé par cet incident qui m'agace, et peut-être aussi par cette fabuleuse figure surnaturelle que je viens de voir, du coup, je finis par en oublier cette deuxième tour que l'on appelle la médiane. Au lieu d'y monter, je passe dessous et j'ai juste le temps de la prendre en photo, et cette photo-là, semble bonne. Je me dis que ce petit écart d'itinéraire n'est pas bien grave. En effet, je connais déjà cette tour, avec ses murs de 5 mètres de large, elle a, paraît-il, servie de prison et est plus ancienne d'un siècle (XIIIeme) que la précédente. Mais surtout, je suis sur une sente, difficile certes, mais bien balisée en jaune. Dans un court dédale de rochers et de petits chênes, la sente finit par remonter vers la troisième tour construite à l'extrême limite de la crête rocheuse. On l'appelle tour, mais en réalité, il s'agit des ruines d'un vieux château du XIeme, dont il ne reste qu'une infime partie de la voûte de l'antique donjon et quelques murailles qui dominent le Pla de Castell et son écrin de verdure. Tranquille cette fois, je m'arrête là pour finir mon déjeuner que quelques nigauds avaient interrompus. Il est 13 heures et après avoir remonté le temps en longeant cette crête, il me faut maintenant la redescendre de l'autre côté et c'est loin d'être une sinécure. Abrupte et glissante plus qu'il ne faudrait, je descends le plus souvent en m'accrochant aux arbres quand ce n'est pas sur le cul. Ici, comme je l'ai déjà fait dans les gros pierriers de Serre-Vernet, je redouble d'attention pour éviter une chute qui pourrait avoir des conséquences dramatiques. Je mets 25 minutes pour atteindre le plat et un petit panonceau où je retrouve le GRP Tour du Vallespir. Je suis surpris de trouver ici ce panonceau mais en consultant les copies du topo-guide, je constate soudain que Véron inscrivait les Tours de Cabrens comme une alternative aux autres chemins. Panonceau ô combien encourageant, car il est inscrit : " Falgos " et c'est bien par là-bas que je dois aller. Je longe les ruines d'une vieille ferme encombrée par les lierres et envahie d'une foisonnante végétation. Ici aussi, les papillons sont nombreux et fantaisistes dans leurs circonvolutions et quand j'arrive au joli carrefour du Pla de Castell, je constate avec bonheur que mon GPS a retrouvé le tracé enregistré. Ce bonheur s'ajoute à celui d'apercevoir le panneau : " Pla de la Muga ". Je file à main gauche par la large piste que je quitte immédiatement, toujours à gauche, à un nouveau panneau : " Tour du Vallespir-Coustouges ". Je ne me rends pas à Coustouges car à ma connaissance il n'existe plus aucune possibilité ni de couchage ni de ravitaillement, mais le véritable Tour du Vallespir passe par ce village frontalier dont les Romains avaient déjà fait de ce lieu, un passage obligé vers ce qu'ils appelaient Hispania, c'est-à-dire l'Espagne. Cette voie, c'était la Via Vallespirani, ancêtre très proche du chemin que j'emprunte aujourd'hui et qui allait au Col d'Ares.

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Après le Pla de Castell, j'arrive au Pla de la Muga dans cet étrange " Colorado miniature " où les couleurs des roches et des sables vont du rouge ocre au rouge bordeaux. Mais c'est quoi au juste ces roches ?

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Pas toujours évident à suivre, le chemin circule au milieu de ces roches rouges et atterrit en Espagne devant cette stèle où il est écrit : " Ici née la Muga ". La Muga est une rivière qui se jette dans le golfe de Roses. Pourtant ici tout est sec et rien de laisse à penser qu'il y a la source d'un fleuve de 65 kilomètres de long !

L'étroite sente se faufile dans un petit bois de pins et débouche sur d'étranges et magnifiques dunes de sables rouges. Ici on voit parfaitement ce travail d'érosion que le vent et surtout l'eau ont façonné sur cette terre qui va de l'ocre rouge au rouge bordeaux. Dunes et vagues de sable que l'on croirait mouvantes mais aussi petites pierres dures et gros rochers érodés ressemblant à des scories ou à d'étranges bombes volcaniques. Alors c'est quoi, ces bizarres formations géologiques rouges que l'on trouve par ici ? Les dépôts des éruptions des proches volcans de la Garrotxa ? Grâce à de petits cairns, je déambule et grimpe dans ce Colorado miniature. Mais entre le chemin à prendre et l'ornière centrale et principale, l'écart est très étroit pour monter au Pla de la Muga. Je finis par m'éloigner du tracé du GPS et me retrouve devant une stèle où il est marqué en catalan : " Ici né la Muga 1216,49 m - Fête de l'Albera Viva 9-6-1996 " et où s'ajoutent les noms d'une douzaine de villages français et espagnols des alentours. Mais je suis surpris car ici tout est sec aujourd'hui et aucune source ne jaillit. Pourtant je crois savoir que la Muga est longue puisqu'elle s'écoule le long de la frontière, puis dans l'Emporda pour finir sa course dans le golfe de Roses du côté d'Empuriabrava. (Renseignements pris sur Internet à mon retour, la rivière Muga est longue de 65 kilomètres et pour un fleuve dont la source semble asséchée en été, je trouve que c'est plutôt pas mal !) J'observe ma carte IGN pour regarder où je suis exactement et retrouver le sentier. Je n'ai jamais été aussi prêt de la frontière, puisque si j'en crois la carte, je l'ai même franchie devant cette stèle. Mais si la Muga se jette dans le golfe de Roses, moi, il me faut partir sans traîner vers un autre golf, celui à 18 trous du domaine de Falgos.

Je retrouve le sentier dans les pins tout proches. Il se poursuit rectiligne vers le nord sur un chemin de sable blanc au milieu d'une lumineuse hêtraie et de quelques châtaigniers. Puis, soudain ce sentier se transforme en une large piste ensoleillée et colorée qui fait un angle droit, part plein sud et serpente au milieu des petits feuillus et des bruyères roses. J'apprécie ces chemins sableux et souples où je peux rattraper les atermoiements de mes flâneries et de mes divagations. Animés de papillons multicolores et de sauterelles aux ailes bleutées, ornés et parfumés de milles fleurs, colorés par les mauves véroniques, les bruyères roses et les baies rouges des sorbiers des oiseaux qui me font une haie, ce chemin qui ne fait que descendre est une vraie " autoroute du soleil " pour mes jambes fatiguées. Alors est-ce la fatigue, la précipitation ou bien mon insouciance, mais une fois encore, je me trompe pour filer droit vers le pic de la Massanes (1.114 m). Et quand je regarde mon GPS puis ma carte, une fois encore j'ai parcouru quelques centaines de mètres pour rien. Je suis allé tout droit au lieu de poursuivre la piste à gauche qui descend vers Falgos. Heureusement, je n'ai fait que trois cent ou quatre cent mètres et faire demi-tour n'est pas bien grave.

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Après cette brève incursion en Espagne, j'ai retrouvé le Tour du Vallespir et un agréable sentier qui doit m'amener à Saint-Laurent-de-Cerdans

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Ce chemin coloré de mauves véroniques, de bruyères roses et par les baies rouges des sorbiers des oiseaux est animé de papillons multicolores. Pour mes jambes fatiguées, c'est une vraie " autoroute du soleil ". Parfois, je marche aussi en sous-bois et je finis par arriver au golf de Falgos.

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La lassitude plus une déprimante route goudronnée, une fois encore tout devient une excuse à des arrêts photos, de jolis papillons, les " écailles chinées " surtout. Après 7 kms, j'enjambe le ruisseau de Coustouges et entre dans Saint-Laurent. Mais je n'en ai pas fini, il reste encore plus d'1,5 km à parcourir pour arriver à la Maison Noëll !

Mais je me dis aussi qu'il faut que je redouble d'attention car l'étape est suffisamment longue sans que j'en rajoute inutilement. Il est 15 heures passé, et comme j'ai un petit creux à l'estomac, je profite de cette étourderie, de la tranquillité du lieu et de l'herbe tendre du chemin pour finir mon panier repas très copieux aujourd'hui. Après cet en-cas, je repars toujours au même rythme ma descente vers Falgos au travers d'une hêtraie, des pinèdes et de hautes haies de genêts. Mais quand j'aboutis sur la route qui monte au Domaine de Falgos et descend vers Saint-Laurent de Cerdans, il n'est pas encore 16 heures et mes pensées sont prises en tenaille entre deux sentiments : d'un côté, je suis heureux d'être arrivé là, à quelques kilomètres de l'arrivée car je sais que j'en ai fini avec les hauteurs pour aujourd'hui, et de l'autre, je suis sous le coup d'une grosse désillusion car je pensai trouver un joli sentier fleuri pour rejoindre Saint-Laurent et je ne trouve qu'une route goudronnée qui serpente au milieu des schistes. Et quand je regarde ma carte IGN, cette route qui doit m'amener dans le centre historique de Saint-Laurent de Cerdans, je l'estime à environ 7 à 8 kilomètres. Ma déception est d'autant plus grande que c'est par obligation que je dois rejoindre cette ville, car à l'origine le vrai Tour du Vallespir passait par Coustouges. Mais depuis quelques années, il n'y a plus de possibilité de couchage et quand j'ai organisé mon parcours, je n'ai rien trouvé à Coustouges, ni refuge, ni gîte, ni chambres d'hôtes, ni hôtel. C'est donc par résignation que je me suis rabattu sur Saint-Laurent-de-Cerdans car le Tour du Vallespir y passe à quelques kilomètres au pied du Mont Capell (1.194 m).

Alors, avec encore tous ces kilomètres à parcourir, autant dire que ma journée est loin d'être finie !

Comme je le fais souvent en pareil cas, je prends un train de sénateur et tout devient une excuse à faire des photos. Mais ici, il n'y a pas grand-chose à photographier, pas de vastes panoramas, ni de beaux paysages, ni d'amples forêts ou de vertes prairies, mais qu'une triste et tortueuse route de bitume gris encastrée dans la roche. Alors, une fois encore je me rabats sur ces " malheureux " papillons. Mais ici, il y a une chose très étrange : les papillons sont magnifiques mais il y en a pratiquement qu'une seule variété et ce sont les reconnaissables " Ecailles chinées ou Callimorphe ". On peut les confondre avec les " Ecailles martres " qui sont ressemblantes bien que leurs zébrures noires et blanches ne soient pas tout à fait identiques. Je prends bien quelques exemplaires de ces étonnants papillons en photo avec leur ailes contrastées pour moitié oranges et pour moitié zébrées lorsqu'elles sont ouvertes, mais comme il y en a des milliers au bord de la route sur les épilobes, les chardons, les véroniques en épi, les fleurs d'origan et même les fleurs d'orties, j'en ai vite fait le tour. Mais si ces papillons ont la particularité de marauder aussi bien le jour que la nuit, il ne faut pas que je fasse pareil, car si je continue à vadrouiller de la sorte c'est bien à la nuit tombante que je vais arriver.

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Avec cette hilarante station météo du Wendland, les Laurentins prouvent qu'ils ont de l'humour !

17 h, j'arrive sur un pont où coule une rivière, à l'intersection de plusieurs routes. Il y en a une qui va à Coustouges, une autre à Vilaroja et celle que je dois emprunter vers Saint-Laurent. Dix minutes plus tard, j'entre dans le joli bourg où je m'arrête quelques instants sur un banc pour manger et me désaltérer un peu car j'avoue en avoir marre de cette route goudronnée. A quelques mètres du banc, il y a un trépied où est accrochée une chaîne, et au bout de la chaîne, un gros pavé est suspendu.

Intrigué, je m'approche et je prends en photo cette hilarante station météo du Wendland. Aussi, en traversant la Quera et entrant dans la ville, je me dis : " C'est bien, au moins ici les habitants ont de l'humour ! ". Et c'est vrai que les gens m'ont l'air bien sympathiques. Ici, tout le monde me salue, les passants, les retraités qui jardinent, les badauds, les hommes, les femmes, les jeunes, les vieux. Et quand, je demande mon chemin pour trouver la rue de la Sort, on se met en quatre pour m'expliquer. Du coup, hormis l'effort d'y grimper car la pente est rude, je n'ai aucun problème pour trouver la Rue de la Poste et l'église paroissiale que l'on m'a gentiment indiquées comme repères. Je suis même surpris par tant de prévenance car cherchant encore mon chemin et la Rue de la Sort, un jeune homme brun très sympathique s'approche et me demande :

-Vous avez l'air perdu, je peux vous aider ?

-Oui, je cherche à me rendre au numéro 4 de la rue de la Sort, chez Monsieur Mario Lopes.

-Je suis Monsieur Lopes, suivez-moi, je vais vous y accompagner.

-Je suis Gilbert Jullien. Enchanté Monsieur Lopes, mais vous alliez dans l'autre sens !

-Oui, j'allais chercher mon enfant à la garderie.

-Alors, ne vous dérangez pas, je vais vous attendre ici.

-Non, écoutez ma femme est à la maison et c'est simple pour y aller. Prenez tout droit, puis tournez à gauche dans la première petite ruelle. C'est la rue de la Sort. Mais au lieu de sonner au numéro 4, allez au numéro 6.

-Merci, c'est compris, j'y vais de ce pas.

-A tout à l'heure.

-A tout à l'heure.

Le jeune homme repart et une minute après, je suis dans une étroite venelle, devant la petite porte d'une haute maison de village. Une jeune femme très gaie m'ouvre. Je me présente. Isabelle, me dit-elle, avant de me faire très spontanément la bise. Nous montons quelques escaliers qui débouchent sur une grande salle à manger. La demeure me paraît immense, mais elle est surtout magnifique et je ne me prive pas de le lui dire. Avec la volubilité qui semble la caractériser et son agréable accent portugais chantant, Isabelle se met à m'expliquer en détail les origines de cette splendide maison de maître : Elle s'appelle Damia Noëll et fût construite en 1606 et habitée pendant plusieurs siècles par une richissime famille de bourgeois qui s'appelait Noëll. Le premier occupant s'appelait Damia d'où le nom de la maison d'hôtes désormais. (Pour la petite histoire, j'appris sur Internet que ce Damia avait combattu aux côtés de Josep de la Trinxeria et est resté dans l'Histoire de la Catalogne comme un farouche opposant au Traité des Pyrénées et à l'instauration de la gabelle en Vallespir.) Il y a quelques années, les héritiers de la famille Noëll ont décidé de vendre la maison après le décès d'une de leurs grand-mères qui avait vécue dans cette grande bâtisse pendant de longues années et qui ne l'avait plus réellement entretenue. Isabelle et Mario la rachetèrent pour en faire une table et des chambres d'hôtes car ils avaient, depuis longtemps, l'ardent désir de se lancer dans cette activité. Et, quand Isabelle m'amène sur la terrasse extérieure construite en grosses pierres de taille, je reste complètement émerveillé par ce côté-là de la maison. Autant la façade côté ruelle est modeste et ne paye pas de mine, autant ce côté-là est remarquable, avec cette terrasse qui domine une partie du village, la rivière Saint-Laurent, de grands jardins en espaliers et qui est face aux collines et au Mont Capell.

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Quelques photos de Saint-Laurent-de-Cerdans au moment où j'arrive dans le village. J'enjambe la rivière Quera, et j'entre dans un village qui respire la fête.

Mais avec mon sac à dos sur les épaules et mon bâton et mon bob encore à la main, je crois qu'Isabelle a dû se rendre compte que j'étais impatient de rejoindre ma chambre. Oh non, Isabelle ne m'ennuyait pas avec ces vieilles histoires de la famille Noëll, bien au contraire, mais la lassitude devait se lire sur mon visage tiré ! Elle semble confuse mais je l'en excuse car j'ai parfaitement vu qu'elle vivait avec passion cette antique maison et le fait de contribuer à l'embellir et à vouloir la faire revivre. Mais, elle a compris aussi que j'étais fatigué et c'est tout à son honneur. Par d'immenses escaliers en bois vernis, elle m'accompagne à l'étage supérieur où se trouve ma chambre. Une chambre magnifique avec un vrai grand lit, avec des draps tout blancs, recouvert d'un admirable couvre-lit brodé et de vrais oreillers. En y entrant, je ne peux m'empêcher de me dire que cette chambre me change de tout ce que j'ai pu connaître sur ce Tour du Vallespir. En 3 jours, je suis passé de la simple paillasse de Saint-Guillem avec lézard, souris et poussière à volonté à une chambre " princière ". Mais dans une longue randonnée comme celle-là, c'est bien toutes ces petites choses diverses et variées qui créent l'aventure et tout naturellement, je prends plaisir à ces diversités.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral  - Saint-Laurent-de-Cerdans - 27 kmsoSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral  - Saint-Laurent-de-Cerdans - 27 kms

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Une vue aérienne du village puis la ruelle avant d'arriver à la Maison Noëll. Un instant de détente dans la merveilleuse chambre que l'on m'a allouée. De superbes panoramas sur le Mont Capell et les " serrats " que j'aperçois depuis la magnifique terrasse ou depuis ma fenêtre.

Après une bienfaisante douche dans une vraie cabine avec des robinets mitigeurs comme à la maison, j'ai aspiré à un petit peu de repos que j'ai une fois encore rempli avec " Dalva ". Mais, je sais que l'on m'attend pour un apéritif de bienvenu à 19 heures tapantes. Je connais le principe de la chambre d'hôtes où tous les convives se retrouvent pour des repas en commun et à une table unique, parfois en présence des propriétaires. Dans le canapé du salon, Mario me présente d'abord sa petite famille. Avec beaucoup de simplicité, tout le monde me fait la bise. Avec la même passion qu'Isabelle, Mario m'explique comment il en est venu à acheter cette maison de maître et la conversation va bon train sur l'histoire des Noëll. Il me parle surtout d'Abdon, le seigneur de Vilaro, âme de la Résistance du Vallespir au temps de la Révolution Française qui fût le plus connu de tous. Nous en sommes là, quand un autre client nous rejoint, venu de Bretagne et passionné de VTT. Alors nous partons nous installer sur la belle terrasse, nous buvons une bière, puis les bavardages s'animent. Mario nous offre un excellent muscat et d'autres convives nous rejoignent. Il s'agit de tchèques. Un couple plutôt timide qui passe leurs vacances dans la région. Ils arrivent tout droit de Bruxelles où ils travaillent au Parlement Européen. Ils parlent très bien le français, en tout cas beaucoup mieux qu'ils ont l'air de le penser et surtout bien mieux que nous pouvons parler le tchèque tous autant que nous sommes ! L'heure du souper arrive et nous partons tous nous installer à la grande table de la salle à manger. Trop occupés en cuisine à préparer les excellents plats que nous devons manger, Isabelle et Mario ne soupent pas avec nous. Mais si nous regrettons leur absence à table, nous n'avons pas à regretter leur présence derrière les fourneaux car ce repas est en tous points remarquable : une craquante salade de chèvre chaud, un gros " galet " grillé, poisson de Méditerranée et un savoureux et copieux " pijama espagnol ", dessert fait d'un flan à l'œuf, d'une boule de glace à la vanille accompagnée d'une demi pèche et d'une demi poire au sirop, le tout agrémenté d'une sauce au chocolat. Entre deux plats, la sympathique Isabelle nous rejoint et viens s'enquérir de l'intérêt que nous portons à ses plats, Mario, lui, est le plus souvent près de nous a harmoniser les débats, et de ce fait, leurs absences au repas n'ont aucune conséquence sur la qualité de nos conversations qui sont agréables et chaleureuses. Chacun se met à raconter à tour de rôle, comment il vit sa passion. Le jeune breton, c'est le VTT qu'il chevauche à sillonner le Vallespir depuis quelques jours. Les tchèques plus passionnées par les visites des musées et le patrimoine roussillonnais parlent avec ferveur du Musée d'Art Moderne de Céret. Et moi, je parle bien sûr des randonnées et de ce Tour du Vallespir que je suis entrain d'accomplir. Cette soirée est une des plus agréables que j'ai passé depuis fort longtemps et quand, nous partons nous coucher, nous avons tous l'air heureux. Nous nous séparons un peu à regrets, et surtout par respect vis-à-vis d'Isabelle et Mario. Nous quittons tous Saint-Laurent-de-Cerdans dès demain matin, mais pour nos hôtes, de nouveaux clients arrivent et comme beaucoup de choses sont à prévoir, ils vont devoir se lever tôt. Une fois encore malgré une évidente lassitude, je ne peux pas m'endormir immédiatement. Cette amicale veillée entre copains d'un jour dans un cadre reposant à souhait m'a fait prendre conscience des difficiles conditions dans lesquelles j'ai vécues depuis cinq jours. Si la solitude de ces derniers jours ne m'a pas véritablement pesée, rencontrer d'autres gens, dialoguer avec eux, partager leur passion et la mienne ont été des instants de vrai bonheur. Je suis assez lucide pour savoir que ce séjour passé ici restera comme un des moments forts de mon aventure. A la veille de terminer mon périple, je m'aperçois que l'âpreté de ces hauteurs, elles ont été merveilleusement matérielles et physiques, par les montagnes, les crêtes et les collines que j'ai escaladé assez souvent en peinant, mais que j'ai, comme toujours, découvert avec ravissement une fois les sommets atteints. Mais en y regardant de plus près, ces hauteurs ont été âpres psychiquement par la solitude que j'ai vécue, les souffrances que j'ai endurées et les réflexions qu'elles ont suscitées en moi. Mais est-ce fini ? Non, il reste encore l'étape de demain ! Mais en partant faire cette randonnée, n'étais-je pas prévenu que ce Tour du Vallespir m'amènerait vers des sommets de bonheurs insoupçonnés mais parfois aussi " sur les hauteurs d'une vallée âpre ".

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L'église de Saint-Laurent-de-Cerdans

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A la nuit tombante, vue sur le Mont Capell depuis la fenêtre de ma chambre.

 

De Notre-Dame de Coral à la Maison Noëll

 

J'avais quitté la belle, j'avais quitté la Vierge,

Par un souple chemin que longeait le Coral.

Je tenais mon bâton comme l'on tient un cierge,

Notre-Dame s'enfuyait sous un ciel idéal.

 

Un cadre de verdure entourait le hameau,

La Baga Bordellat, on ne peut plus oblongue

Où la claire rivière coulait sous les ormeaux,

Et les Tours de Cabrens veillaient la Serre longue.

 

Quand le village fut loin qu'on appelle Lamanère,

Un portail au milieu barrait tout le chemin,

Un horrible démon me fit perdre mes nerfs

M'obligeant à m'enfuir sans lui tendre la main.

 

Des archanges sur un mur m'indiquèrent la route

Qui montait rudement en direction des tours,

Âprement est le mot sur lequel j'arc-boute,

Loin de moi cette idée de faire demi-tour.

 

Un visage était là sculpté dans la falaise,

Grand seigneur de Cabrens comme était le tyran,

Les deux avaient le don de mettre mal à l'aise,

Les anges, les démons et un vieux vétéran.

 

Mais que l'on soit démon, beau génie ou bien ange,

Et que la peur se tient au creux de l'estomac,

Sur le sort, l'essentiel est d'avoir sa revanche,

Ma première est de voir d'amples panoramas.

 

Rouge était le sentier et ocre était la terre,

A la source asséchée où je perds mon latin,

Saint-Laurent qui attend la fin de mon calvaire,

A la Maison Noëll, près d'un petit fortin.

 

Isabelle, Mario accueillerent la troupe,

Avec leurs cœurs en or et leur sourire en coin,

L'amitié, la chaleur envahit tout le groupe,

Avant que le matin envoie tout ça au loin.

 

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Cliquez sur l'archange et le démon pour passer à l'étape suivante

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Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms5eme étape : Vendredi 21 août 2009.

Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

Soudain, la route bifurque. On prend à gauche. On monte en lacets. Et puis, le long des précipices béants, on file sur Saint-Laurent-de-Cerdans, vers la frontière espagnole. Les bois croulent de tous côtés. La cassure du schiste les arrête net au bord de la route. On n'aperçoit plus rien que ce filet de route grise au milieu d'une mer de verdure ensoleillée. Extrait du recueil " Visages de mon pays". Ludovic Massé (1900-1982) Ecrivain et poète français.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms ARCHANGES ET DEMON :

 

Hier soir, après avoir quitté la fenêtre, je me suis couché et je me suis mis à lire " Dalva ". Mais il me fut très difficile de me concentrer sur la lecture, car en permanence, revenaient, devant mes yeux, les affres de ce petit mulot ballotté par les trois matous. Avant de m'endormir, j'ai pris soin de badigeonner d' " Urticium " mes jambes et mes bras et la lecture finit par me donner ce petit " coup de massue " que les brûlures encore présentes et les pensées aussi sombres que les trois chats empêchaient jusqu'à présent. Dans la nuit, à deux autres reprises, j'ai été obligé de renouveler les applications de crème que j'ai confortées avec les petits granules car de très désagréables picotements m'ont réveillé. 

Il est 7 heures et autant dire que ce n'est pas la grande forme ce matin. Et pourtant, il va bien falloir que je les parcoure ces 26 kilomètres inscrits au programme du jour. Une fois encore, dans ce secteur extrêmement boisé, j'espère que mon " complice " Klaus m'aura laissé un étroit passage. En tous cas, grâce au gérant, je sais que le chemin est praticable au moins jusqu'à Lamanère. Je pars me jeter sous une douche froide. Et comme je n'y pense pas avant, une nouvelle fois l'eau glacée mets le feu à toutes ces petites rougeurs qui pullulent sur ma peau. La plaie au genou suppure de plus en plus et je renouvelle le pansement d'éosine. Malgré le bien que ça pourrait certainement lui faire, j'hésite à laisser la blessure au grand air car j'ai la crainte de me griffer ou de me cogner au cours de l'étape. Il est 7h30, et une fois encore, je me retrouve tout seul dans la Bergerie avec cet insupportable rongeur empaillé qui me dévisage. 7h30, c'est l'heure décidée, hier soir, d'un commun accord avec le jeune gérant. Hormis le café au lait, tout est prêt sur la table : pain, croissant, beurre, confitures, et comme je ne veux pas partir trop tard pour cette longue étape, j'apprécie d'autant plus cette ponctualité. On m'apporte un broc de lait chaud et un autre de café dans lequel j'arrive à me confectionner deux gros bols de café au lait que je prends néanmoins le temps d'apprécier.

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J'ai quitté Notre-Dame, direction Lamanère, devant moi le boisé Puig de Las Coubines dévoile son aspect pyramidal. Mon appareil-photo commence à dysfonctionner mais je vais le constater que bien plus tard.

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Sur le chemin, un joli oratoire dédié à la Vierge Marie et une date : 1500 !

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J'arrive à Lamanère près de la station d'épuration, par bonheur inodore, et à l'aire de pique-nique. Le temps d'un petit en-cas et je repars dans les ruelles en quête de la bonne direction.

8h15, je viens de récupérer mon panier-repas et harnaché de mon sac, je suis sur le parvis de la jolie chapelle. Sur l'herbe du parc, les matous sont déjà pied d'œuvre, en quête d'un oiseau, d'un campagnol ou d'un autre mulot. Je laisse ces redoutables chasseurs à leur petit déjeuner et repars par le chemin par lequel je suis arrivé hier après-midi. J'arrive à l'intersection qui descend vers Lamanère, et je poursuis la descente. Dix minutes plus tard, par une petite passerelle en bois, je traverse la Bernadeille, mince torrent au modique débit. Ici, surplombant le ruisseau, il y a un très joli oratoire restauré, dédié à la Vierge Marie et une étonnante date inscrite : 1500 ! L'essentiel de ma marche s'effectue dans de sombres sous-bois qui dominent sur ma gauche le ravin du Coral. Mais, de temps en temps, une fenêtre s'ouvre sur le mont à la fois rocailleux et boisé du Puig de Las Coubines (1.253 m). Toujours presque en descente, le sentier se rapproche peu à peu de la ravine, puis à l'approche de Lamanère, il fait un angle droit et je chemine en balcon au dessus du torrent de la Lamanère. Le petit village le plus méridional de l'hexagone est là, de l'autre côté du torrent, avec pour magnifique toile de fond, la verdoyante et oblongue montagne de la Baga de Bordellat. Le sentier débouche sur une piste qui descend vers la rivière et vers ce que je crois être un petit étang mais qui s'avère être en réalité un bassin de décantation de la station d'épuration du village.

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J'ai trouvé la Carrer de la Font de Dalt, (en français, la rue de la Fontaine d'en Haut), cette étroite ruelle cimentée qui s'élève me remet dans le droit chemin.

Il est 9h30, à côté du bassin de décantation, il y a une agréable aire de pique-nique bien propre et surtout aucune odeur nauséabonde alors je m'installe pour manger quelques fruits secs avant de repartir vers le village. Dans les petites ruelles, je ne trouve pas immédiatement le chemin qui monte vers les " Tours de Cabrens " où plutôt vers les Estanouses, petit lieu-dit qui selon ma carte IGN se situe sur le Tour du Vallespir. Pourtant, combien de fois y suis-je monter à ces immanquables tours ? Je sors mon GPS car les quelques personnes, qui me regardent passer, repasser, puis passer à nouveau, et qui discutent au beau milieu de la rue, n'ont pas l'air disposés à me venir en aide. La voilà, elle est enfin là, la petite venelle, cette " carrer ", comme ils disent ici. Comment ai-je pu la louper, cette Carrer de la Font de Dalt (fontaine du haut) montant vers les tours, avec ce balisage bien présent et les nombreux panneaux indicatifs accrochés à ce mur ? Sans doute étais-je distrait par le lumineux hameau dans son cadre d'émeraude et sa jolie rivière qui y coule au milieu ! Il est 10 heures quand je m'éloigne de Lamanère par une allée cimentée qui grimpe hardiment. Premier dénivelé, premières souffrances et premières grandes gorgées d'eau. Je m'arrête à la fois pour reprendre mon souffle et pour admirer les jolies maisons avec leurs vertes pelouses et leurs jardins fleuris. Je m'amuse d'un joli cadre peint dans lequel il est écrit : " attention au chat ". Je souris car je suppose que ce cadre aurais mieux trouvé sa place dans le parc de Notre-Dame du Coral, ainsi, les petits mulots auraient pu le lire !

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Je laisse Lamanère, son décor verdoyant, ses jolies maisons aux jardins fleuris par une sente bien balisée où virevoltent des papillons multicolores. Les Tours de Cabrens apparaissent très hautes au détour du chemin mais qu'importe puisque je vais au hameau des Estanouses qui lui est situé dessous beaucoup plus bas !

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En montant, j'aperçois les Estanouses, ce minuscule hameau par lequel le Tour du Vallespir devrait normalement passer si j'en crois ma carte IGN, mais désormais c'est un domaine privé gardait par des archanges et deux dobermans. Mais il y a aussi "un démon" qui va me faire monter par les Tours de Cabrens, ces tours minuscules que j'aperçois tout là-haut !

Je rentre dans un petit bois de chênes, coupe une première piste. Le balisage jaune et rouge du Tour du Vallespir est bien présent et une petite pancarte en ardoise me conforte sur la direction à suivre : " Tours de Cabrens-Pla Castell-Estanouses ". La pente s'accentue, j'entre dans un deuxième bois. A sa sortie, je traverse aussitôt une autre piste. Bien qu'encore très éloignées, deux des trois Tours de Cabrens sont parfaitement visibles au sommet de la haute colline. Mais je ne m'en inquiète pas car de toute manière, je sais que je n'aurais pas y monter. Un autre panneau est là maintenant, au bord d'un sentier terreux : " Les Torres Cabrenç ". J'ai retrouvé une foulée et une respiration régulière, malgré la pente qui s'est amplifiée très sérieusement. Le sentier terreux se termine d'abord par un bois de petits feuillus puis dans des prés de hautes fougères. Ici, les bas-côtés très fleuris du chemin sont des terrains propices à bons nombres d'insectes mais surtout aux abeilles et aux papillons. Des papillons, je n'en ai jamais vu autant depuis mon départ, même sur la piste du Col de Formentere où pourtant il y en avait déjà beaucoup qui tournaient autour de moi. Au fil de mes randonnées et en les photographiant, j'ai appris à les reconnaître : Piérides, Argus, Vulcains, Tabacs d'Espagne, Petites Tortues, Nacrés, Théclas, Ecailles martrées, Apollons, Citrons, à chacun de mes pas c'est un cortège de papillons multicolores qui s'élèvent. Il y en a tellement dans les prés, dans les haies et sur le chemin que parfois quant ils s'envolent, autour de moi ça ressemble à ces milliers de confettis colorés ou à ces petits papiers brillants que l'on jette lors de grandes manifestations. Je rejoins une autre piste plane qui, selon mon GPS doit me faire passer devant le lieu-dit les " Estanouses ". Je m'avance, pas de problème le GPS me situe sur le tracé. Je fait quelques dizaines de mètres et là, je me retrouve devant une clôture où trônent de jolies statuettes d'archanges et de colombes aux ailes déployées et un grand portail ouvert : " Domaine des Estanouses ". Collé sur un pilier, il y a bien un petit cadre avec un chien dessiné, style Doberman mais rien qui annonce une éventuelle méchanceté ni la raison d'être craintif. Et quand je m'approche, bien au contraire, il y a sur la gauche, une caméra avec ces quelques mots amusants : " Souriez, vous êtes filmés ! ". Je reste planté là, indécis quant à la conduite que je dois tenir. D'un côté, j'ai une peur bleue des Dobermans avec un affreux souvenir d'enfance d'une folle course poursuite entre un énorme molosse de cette race et moi perché sur un Solex. De cette " chevauchée fantastique ", j'avais réussi à en sortir sain et sauf, grâce au propriétaire qui, sur un puissant et simple sifflement, avait réussi à stopper net son chien, au moment même où ce dernier était sur le point de me rattraper pour me croquer un mollet. D'un autre côté, je me dis que les propriétaires doivent certainement avoir, à la fois de l'humour avec ce " Souriez, vous êtes filmés ", et une grande amabilité pour exposer ainsi sur leur mur ces chérubins et ces colombes, symboles de douceur et de paix. Je me décide et j'entre, j'ai confiance dans les hommes, un peu moins dans les Dobermans mais après tout, et selon mes cartes, je suis bien sur le GRP Tour du Vallespir et je n'ai pas d'autres solutions que celle-là. Je fais une trentaine de mètres, arrive devant de belles maisons où tout est calme et silencieux. Je m'arrête, troublé par ce silence et m'apprête à poursuivre la piste avec mon GPS à la main, quand tout à coup, en provenance des villas, deux dobermans descendent vers moi en vociférant.

Je reste pétrifié. Voilà que ma triste expérience se renouvelle, mais cette fois ils sont deux, et je n'ai aucune chance car je n'ai pas de Solex pour fuir mais un sac de 18 kilos qui ruine toute éventualité d'escapade. Heureusement une fois encore, je vais m'en sortir, car du haut d'une terrasse, une femme se met à hurler et les chiens s'immobilisent à deux mètres de moi. Ils continuent de grogner, mais comme j'ai de la mémoire, je raccourcis aussitôt mon bâton télescopique et leur tends une main amicale dont je ne sais pas, s'ils vont la dévorer ou la lécher. Entre temps et alors que les " cerbères " se sont calmés, un homme est également sorti sur la terrasse et m'interpelle en criant :

- Que voulez-vous ?

- Je veux aller au Pla de Castell !

- Non, ce n'est plus possible par là, le chemin est fermé depuis quatre ans !

- Mais comment est-il fermé ?

- Vous êtes sur une propriété privée et le chemin n'a plus été défriché !

- Mais par où puis-je y aller ?

- Il faut que vous montiez aux Tours !

Je suis si surpris que je lui pose cette question vraiment idiote :

- Quelles tours ? Celles de Cabrens ?

Et il me répond brutalement :

- Vous en connaissez d'autres ici ?

Et il ajoute :

-Il y a un chemin qui passe juste en dessous des tours !

Je crois qu'à cette idée d'avoir à escalader les Tours de Cabrens, je suis encore plus terrifié que j'ai pu l'être devant les Dobermans. Je les connais trop bien ces tours à signaux de Cabrens pour y être monté à quelques reprises mais jamais avec un sac à doc de 18 kilos ! Un gros dénivelé sur une distance très courte et jamais un replat pour souffler. Comme si cette étape n'était pas suffisamment longue ! Je ne bouge plus. Je suis groggy et je regarde bouche bée cet homme qui vient de me donner un véritable coup de gourdin sur la tête. Et tout en le regardant, je ne sais pas pourquoi, j'ai un mal fou à le croire. Pourquoi, ce chemin n'aurait-il pas été débroussaillé ? D'accord, il est chez lui, mais ne préfère-t-il pas empêcher tout passage de randonneurs sur son domaine ? Je continue à le regarder et je me dis que je me suis bien trompé sur son compte : " Il vous reçoit avec des anges mais en réalité, lui c'est un vrai démon ! ". Lui m'observe aussi et semble s'interroger sur la conduite que je vais adopter. Mais il a le beau rôle avec ses deux chiens de garde qui maintenant se sont couchés à mes pieds. Alors ai-je le choix ? Même si je ne lui montre pas, je repars furieux tout en marmonnant : " Voilà ça m'apprendra à avoir trop confiance dans les hommes ! "

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Après avoir terriblement souffert dans la montée vers le Tours de Cabrens, j'arrive à la première. Elle date du XIVeme siècle. D'ici, malgré quelques nuages, j'ai des vues splendides sur une grande partie du chemin parcouru. Je décide de déjeuner mais des énergumènes exagérément bruyants vont me faire fuir. Au bord la falaise, j'aperçois un autre démon ! Il est très beau !

Et c'est vrai, peut-être je crois trop en l'homme et pas suffisamment dans les Dobermans. Après tout, ils sont très gentils ces chiens-là quand ils sont bien dressés ! Sur la piste, je retrouve un autre panneau " Torrés de Cabrenç " et un petit sentier que je poursuis mais il s'agit d'un simple raccourci qui m'emmène sur une autre piste un peu plus haut. Il est 11 heures, l'heure a tourné et aujourd'hui, j'ai le sentiment de ne pas avoir beaucoup avancé. Mais bon, d'un autre côté, je ne suis pas en super forme et je me dis qu'il n'est pas utile que je me " brûle " en me dépêchant inutilement. Aussi, je continue de monter à mon rythme qui, je l'avoue, n'est pas bien rapide aujourd'hui. Je coupe un maigre ruisseau, la piste se termine et devient sentier à l'entrée d'un sous-bois. La déclivité s'intensifie mais une tour se rapproche. Je raccourcis mon bâton que je plante plus fermement pour me hisser sans avoir à faire trop d'efforts avec mes jambes. Mais c'est peine perdue, car le poids du sac qui m'entraîne en arrière contrebalance cette vaine manœuvre. Heureusement, j'ai dans ma poche et à portée de main, mon petit tube de " dope ". Habituellement, et cela depuis mon départ, un sachet de gel énergétique me fait amplement la journée mais aujourd'hui j'en ai quelque peu abusé et c'est sûr, cette fois il ne terminera pas cette étape. A la fin du sous-bois, une nouvelle piste apparaît. Je regarde mon GPS plus par curiosité que par nécessité, car ici je n'ai plus de tracé. Entre mon entrée et ma sortie de ce petit sous-bois, j'ai fait quoi ? 200 mètres, 250 mètres, mais l'altitude, elle a progressé de 63 mètres. Je comprends mieux mon essoufflement. Une vingtaine de mètres plus loin, dans la courbe d'un virage, un balisage me renvoie dans les bois par une pente escarpée. Je regarde ma carte IGN et constate qu'il s'agit d'un raide raccourci qui monte à la première tour. Je l'ignore et poursuit par la piste encore une fois plus " roulante " comme disent les cyclistes. Un homme est entrain de redescendre, lui en direction de Serralongue. Nous bavardons un peu, de tout et de rien mais surtout de mon Tour du Vallespir dont il semble dire que c'est pure folie que je le fasse seul. En disant cela, il fait certainement allusion à mon âge et sans doute a-t-il en partie raison. Aussi, je ne le contrarie pas mais je fais mien ce proverbe : " Un fou qui marche va plus loin qu'un sage qui reste assis ". Mais la bible ne dit-elle pas aussi : " La voie qu'emprunte le fou est droite à ses yeux, mais il est sage d'écouter les conseils ". Alors un partout et la balle au centre. Je continue la piste et je finis par arriver devant la première des tours. Ancienne tour à signaux qui date vraisemblablement du XIVeme siècle, elle servait à communiquer avec d'autres tours ou bien avec des châteaux ou des forteresses du Vallespir et du Roussillon. Elle a magnifiquement été restaurée. Il est midi et je m'installe à une table de l'aire de pique-nique aménagée devant la tour. D'autres randonneurs sont déjà là, installés et calmes mais d'autres arrivent et tournent autour de moi comme de bruyants frelons en quête d'un emplacement idéal, qu'apparemment ils n'arrivent pas à trouver. Gesticulant, criant et braillant même, ils semblent se moquer éperdument de tout ce qui les entoure. J'arrête là mon pique-nique pour m'éloigner de ces énergumènes excités mais surtout irrespectueux vis-à-vis des autres et de la quiétude qu'en général on vient chercher dans un tel lieu. Je pars d'abord derrière la tour puis longe le bord de la haute falaise en direction de la deuxième. Sur ma gauche, un panorama superbe me laisse entrevoir une toute petite portion du chemin parcouru aujourd'hui, mais droit devant moi, j'ai une ample et admirable vision des hauteurs que j'ai gambadées depuis Formentere. Avec les jumelles, j'essaie de retrouver plus précisément les endroits et les crêtes où j'ai pu marcher les jours précédents. Mais dans cet horizon lointain et légèrement voilé par quelques nuages blancs, retrouver ces contrées n'est pas si évident. Mais, j'aperçois néanmoins le refuge blanc de Batère, le dôme aplati et reconnaissable du pic de la Souque et je devine les vertes prairies des cols de l'Estagnol et de Serre-Vernet. Après ce bref intermède, je continue à longer la falaise et suis maintenant en surplomb de la maison du " démon " : Les Estanouses sont là à mes pieds, vaste et magnifique domaine avec piscine. J'observe la piste que j'avais commencé à emprunter, elle semble se poursuivre bien après les habitations puis elle s'enfonce dans la forêt où je perds sa trace. J'imagine que je ne saurais jamais comment se termine cette piste. Après tout, le démon n'en est peut-être pas un et mon ressentiment m'a fait perdre la raison ? Mais s'il n'est pas démon, qu'est-il alors ? Un homme serviable qui m'a simplement indiqué un chemin ? Alors archange ou démon ? Mais pour travestir un proverbe bien connu : " chassez le surnaturel, il revient au galop ". Car au moment où je tourne la tête, un nouvel être surnaturel chasse l'autre. Mais celui là est de pierre et je ne vois plus que lui dans la falaise. Une tête parfaite vue de profil et taillée dans cette paroi rocheuse par cette talentueuse " Dame Nature " ou par ce sculpteur fou qu'on appelle l'Univers. Je reste d'abord subjugué par ce visage étrange que j'aperçois à Cabrens pour la première fois alors que j'y suis monté à diverses reprises.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral  - Saint-Laurent-de-Cerdans - 27 kms

Je reste complètement subjugué par ce profil presque parfait taillé dans la paroi rocheuse par "Dame Nature " ou par ce sculpteur fou qu'on appelle l'Univers.

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Dans l'ordre d'apparition : la 1ere tour du 14eme siècle puis la 2eme tour du 13eme siècle en surplomb de la falaise et des Estanouses que j'aperçois tout en bas, puis enfin, les ruines du château du 11eme siècle où je vais pouvoir enfin déjeuner en paix avec une vision parfaite sur le Pla de Castell et l'itinéraire parcouru ce matin.

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Au pied des Tours, je trouve un panonceau " Tour du Vallespir " près d'une vieille ferme envahie par les lierres. Le Pla de Castell est peuplé de papillons. Après avoir souffert toute la matinée, je peux enfin souffler et me fier aux nombreux panneaux pour suivre sagement le chemin. Il arrive dans un Colorado miniature !

Alors vision due à la fatigue, imagination débordante ou effets de la lumière selon le temps, l'ensoleillement à une heure du jour bien particulière ? Je m'empresse de prendre une photo, puis une deuxième en rapproché. Mais au moment où je vérifie les photos sur le petit écran de mon numérique, ce dernier a l'air de foirer au niveau de la pixellisation et comme je l'ai depuis peu de temps, je n'en connais pas tous les réglages à mettre en œuvre pour réparer ce mauvais fonctionnement. Mais au fait, pourquoi se met-il soudain à " déconner " ici, devant cette sculpture étonnante ? Me jetterait-il un sort ce mauvais génie ?

Je m'empresse de regarder les photos antérieures. Non, plusieurs photos présentent les mêmes symptômes depuis hier apparemment et peu après mon départ de Prats-de-Mollo. Alors mon numérique a-t-il souffert de mes péripéties dans la forêt du Miracle ou bien l'ai-je mouillé sans m'en apercevoir ? Je suis un peu dégoûté, je l'avoue, mais je vais faire avec, car les mauvaises photos ne sont pas systématiques non plus et je me dis que je pourrais peut-être les corriger avec un logiciel de retouche. Comme je suis un peu perturbé par cet incident qui m'agace, et peut-être aussi par cette fabuleuse figure surnaturelle que je viens de voir, du coup, je finis par en oublier cette deuxième tour que l'on appelle la médiane. Au lieu d'y monter, je passe dessous et j'ai juste le temps de la prendre en photo, et cette photo-là, semble bonne. Je me dis que ce petit écart d'itinéraire n'est pas bien grave. En effet, je connais déjà cette tour, avec ses murs de 5 mètres de large, elle a, paraît-il, servie de prison et est plus ancienne d'un siècle (XIIIeme) que la précédente. Mais surtout, je suis sur une sente, difficile certes, mais bien balisée en jaune. Dans un court dédale de rochers et de petits chênes, la sente finit par remonter vers la troisième tour construite à l'extrême limite de la crête rocheuse. On l'appelle tour, mais en réalité, il s'agit des ruines d'un vieux château du XIeme, dont il ne reste qu'une infime partie de la voûte de l'antique donjon et quelques murailles qui dominent le Pla de Castell et son écrin de verdure. Tranquille cette fois, je m'arrête là pour finir mon déjeuner que quelques nigauds avaient interrompus. Il est 13 heures et après avoir remonté le temps en longeant cette crête, il me faut maintenant la redescendre de l'autre côté et c'est loin d'être une sinécure. Abrupte et glissante plus qu'il ne faudrait, je descends le plus souvent en m'accrochant aux arbres quand ce n'est pas sur le cul. Ici, comme je l'ai déjà fait dans les gros pierriers de Serre-Vernet, je redouble d'attention pour éviter une chute qui pourrait avoir des conséquences dramatiques. Je mets 25 minutes pour atteindre le plat et un petit panonceau où je retrouve le GRP Tour du Vallespir. Je suis surpris de trouver ici ce panonceau mais en consultant les copies du topo-guide, je constate soudain que Véron inscrivait les Tours de Cabrens comme une alternative aux autres chemins. Panonceau ô combien encourageant, car il est inscrit : " Falgos " et c'est bien par là-bas que je dois aller. Je longe les ruines d'une vieille ferme encombrée par les lierres et envahie d'une foisonnante végétation. Ici aussi, les papillons sont nombreux et fantaisistes dans leurs circonvolutions et quand j'arrive au joli carrefour du Pla de Castell, je constate avec bonheur que mon GPS a retrouvé le tracé enregistré. Ce bonheur s'ajoute à celui d'apercevoir le panneau : " Pla de la Muga ". Je file à main gauche par la large piste que je quitte immédiatement, toujours à gauche, à un nouveau panneau : " Tour du Vallespir-Coustouges ". Je ne me rends pas à Coustouges car à ma connaissance il n'existe plus aucune possibilité ni de couchage ni de ravitaillement, mais le véritable Tour du Vallespir passe par ce village frontalier dont les Romains avaient déjà fait de ce lieu, un passage obligé vers ce qu'ils appelaient Hispania, c'est-à-dire l'Espagne. Cette voie, c'était la Via Vallespirani, ancêtre très proche du chemin que j'emprunte aujourd'hui et qui allait au Col d'Ares.

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Après le Pla de Castell, j'arrive au Pla de la Muga dans cet étrange " Colorado miniature " où les couleurs des roches et des sables vont du rouge ocre au rouge bordeaux. Mais c'est quoi au juste ces roches ?

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Pas toujours évident à suivre, le chemin circule au milieu de ces roches rouges et atterrit en Espagne devant cette stèle où il est écrit : " Ici née la Muga ". La Muga est une rivière qui se jette dans le golfe de Roses. Pourtant ici tout est sec et rien de laisse à penser qu'il y a la source d'un fleuve de 65 kilomètres de long !

L'étroite sente se faufile dans un petit bois de pins et débouche sur d'étranges et magnifiques dunes de sables rouges. Ici on voit parfaitement ce travail d'érosion que le vent et surtout l'eau ont façonné sur cette terre qui va de l'ocre rouge au rouge bordeaux. Dunes et vagues de sable que l'on croirait mouvantes mais aussi petites pierres dures et gros rochers érodés ressemblant à des scories ou à d'étranges bombes volcaniques. Alors c'est quoi, ces bizarres formations géologiques rouges que l'on trouve par ici ? Les dépôts des éruptions des proches volcans de la Garrotxa ? Grâce à de petits cairns, je déambule et grimpe dans ce Colorado miniature. Mais entre le chemin à prendre et l'ornière centrale et principale, l'écart est très étroit pour monter au Pla de la Muga. Je finis par m'éloigner du tracé du GPS et me retrouve devant une stèle où il est marqué en catalan : " Ici né la Muga 1216,49 m - Fête de l'Albera Viva 9-6-1996 " et où s'ajoutent les noms d'une douzaine de villages français et espagnols des alentours. Mais je suis surpris car ici tout est sec aujourd'hui et aucune source ne jaillit. Pourtant je crois savoir que la Muga est longue puisqu'elle s'écoule le long de la frontière, puis dans l'Emporda pour finir sa course dans le golfe de Roses du côté d'Empuriabrava. (Renseignements pris sur Internet à mon retour, la rivière Muga est longue de 65 kilomètres et pour un fleuve dont la source semble asséchée en été, je trouve que c'est plutôt pas mal !) J'observe ma carte IGN pour regarder où je suis exactement et retrouver le sentier. Je n'ai jamais été aussi prêt de la frontière, puisque si j'en crois la carte, je l'ai même franchie devant cette stèle. Mais si la Muga se jette dans le golfe de Roses, moi, il me faut partir sans traîner vers un autre golf, celui à 18 trous du domaine de Falgos.

Je retrouve le sentier dans les pins tout proches. Il se poursuit rectiligne vers le nord sur un chemin de sable blanc au milieu d'une lumineuse hêtraie et de quelques châtaigniers. Puis, soudain ce sentier se transforme en une large piste ensoleillée et colorée qui fait un angle droit, part plein sud et serpente au milieu des petits feuillus et des bruyères roses. J'apprécie ces chemins sableux et souples où je peux rattraper les atermoiements de mes flâneries et de mes divagations. Animés de papillons multicolores et de sauterelles aux ailes bleutées, ornés et parfumés de milles fleurs, colorés par les mauves véroniques, les bruyères roses et les baies rouges des sorbiers des oiseaux qui me font une haie, ce chemin qui ne fait que descendre est une vraie " autoroute du soleil " pour mes jambes fatiguées. Alors est-ce la fatigue, la précipitation ou bien mon insouciance, mais une fois encore, je me trompe pour filer droit vers le pic de la Massanes (1.114 m). Et quand je regarde mon GPS puis ma carte, une fois encore j'ai parcouru quelques centaines de mètres pour rien. Je suis allé tout droit au lieu de poursuivre la piste à gauche qui descend vers Falgos. Heureusement, je n'ai fait que trois cent ou quatre cent mètres et faire demi-tour n'est pas bien grave.

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Après cette brève incursion en Espagne, j'ai retrouvé le Tour du Vallespir et un agréable sentier qui doit m'amener à Saint-Laurent-de-Cerdans

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Ce chemin coloré de mauves véroniques, de bruyères roses et par les baies rouges des sorbiers des oiseaux est animé de papillons multicolores. Pour mes jambes fatiguées, c'est une vraie " autoroute du soleil ". Parfois, je marche aussi en sous-bois et je finis par arriver au golf de Falgos.

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La lassitude plus une déprimante route goudronnée, une fois encore tout devient une excuse à des arrêts photos, de jolis papillons, les " écailles chinées " surtout. Après 7 kms, j'enjambe le ruisseau de Coustouges et entre dans Saint-Laurent. Mais je n'en ai pas fini, il reste encore plus d'1,5 km à parcourir pour arriver à la Maison Noëll !

Mais je me dis aussi qu'il faut que je redouble d'attention car l'étape est suffisamment longue sans que j'en rajoute inutilement. Il est 15 heures passé, et comme j'ai un petit creux à l'estomac, je profite de cette étourderie, de la tranquillité du lieu et de l'herbe tendre du chemin pour finir mon panier repas très copieux aujourd'hui. Après cet en-cas, je repars toujours au même rythme ma descente vers Falgos au travers d'une hêtraie, des pinèdes et de hautes haies de genêts. Mais quand j'aboutis sur la route qui monte au Domaine de Falgos et descend vers Saint-Laurent de Cerdans, il n'est pas encore 16 heures et mes pensées sont prises en tenaille entre deux sentiments : d'un côté, je suis heureux d'être arrivé là, à quelques kilomètres de l'arrivée car je sais que j'en ai fini avec les hauteurs pour aujourd'hui, et de l'autre, je suis sous le coup d'une grosse désillusion car je pensai trouver un joli sentier fleuri pour rejoindre Saint-Laurent et je ne trouve qu'une route goudronnée qui serpente au milieu des schistes. Et quand je regarde ma carte IGN, cette route qui doit m'amener dans le centre historique de Saint-Laurent de Cerdans, je l'estime à environ 7 à 8 kilomètres. Ma déception est d'autant plus grande que c'est par obligation que je dois rejoindre cette ville, car à l'origine le vrai Tour du Vallespir passait par Coustouges. Mais depuis quelques années, il n'y a plus de possibilité de couchage et quand j'ai organisé mon parcours, je n'ai rien trouvé à Coustouges, ni refuge, ni gîte, ni chambres d'hôtes, ni hôtel. C'est donc par résignation que je me suis rabattu sur Saint-Laurent-de-Cerdans car le Tour du Vallespir y passe à quelques kilomètres au pied du Mont Capell (1.194 m).

Alors, avec encore tous ces kilomètres à parcourir, autant dire que ma journée est loin d'être finie !

Comme je le fais souvent en pareil cas, je prends un train de sénateur et tout devient une excuse à faire des photos. Mais ici, il n'y a pas grand-chose à photographier, pas de vastes panoramas, ni de beaux paysages, ni d'amples forêts ou de vertes prairies, mais qu'une triste et tortueuse route de bitume gris encastrée dans la roche. Alors, une fois encore je me rabats sur ces " malheureux " papillons. Mais ici, il y a une chose très étrange : les papillons sont magnifiques mais il y en a pratiquement qu'une seule variété et ce sont les reconnaissables " Ecailles chinées ou Callimorphe ". On peut les confondre avec les " Ecailles martres " qui sont ressemblantes bien que leurs zébrures noires et blanches ne soient pas tout à fait identiques. Je prends bien quelques exemplaires de ces étonnants papillons en photo avec leur ailes contrastées pour moitié oranges et pour moitié zébrées lorsqu'elles sont ouvertes, mais comme il y en a des milliers au bord de la route sur les épilobes, les chardons, les véroniques en épi, les fleurs d'origan et même les fleurs d'orties, j'en ai vite fait le tour. Mais si ces papillons ont la particularité de marauder aussi bien le jour que la nuit, il ne faut pas que je fasse pareil, car si je continue à vadrouiller de la sorte c'est bien à la nuit tombante que je vais arriver.

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Avec cette hilarante station météo du Wendland, les Laurentins prouvent qu'ils ont de l'humour !

17 h, j'arrive sur un pont où coule une rivière, à l'intersection de plusieurs routes. Il y en a une qui va à Coustouges, une autre à Vilaroja et celle que je dois emprunter vers Saint-Laurent. Dix minutes plus tard, j'entre dans le joli bourg où je m'arrête quelques instants sur un banc pour manger et me désaltérer un peu car j'avoue en avoir marre de cette route goudronnée. A quelques mètres du banc, il y a un trépied où est accrochée une chaîne, et au bout de la chaîne, un gros pavé est suspendu.

Intrigué, je m'approche et je prends en photo cette hilarante station météo du Wendland. Aussi, en traversant la Quera et entrant dans la ville, je me dis : " C'est bien, au moins ici les habitants ont de l'humour ! ". Et c'est vrai que les gens m'ont l'air bien sympathiques. Ici, tout le monde me salue, les passants, les retraités qui jardinent, les badauds, les hommes, les femmes, les jeunes, les vieux. Et quand, je demande mon chemin pour trouver la rue de la Sort, on se met en quatre pour m'expliquer. Du coup, hormis l'effort d'y grimper car la pente est rude, je n'ai aucun problème pour trouver la Rue de la Poste et l'église paroissiale que l'on m'a gentiment indiquées comme repères. Je suis même surpris par tant de prévenance car cherchant encore mon chemin et la Rue de la Sort, un jeune homme brun très sympathique s'approche et me demande :

-Vous avez l'air perdu, je peux vous aider ?

-Oui, je cherche à me rendre au numéro 4 de la rue de la Sort, chez Monsieur Mario Lopes.

-Je suis Monsieur Lopes, suivez-moi, je vais vous y accompagner.

-Je suis Gilbert Jullien. Enchanté Monsieur Lopes, mais vous alliez dans l'autre sens !

-Oui, j'allais chercher mon enfant à la garderie.

-Alors, ne vous dérangez pas, je vais vous attendre ici.

-Non, écoutez ma femme est à la maison et c'est simple pour y aller. Prenez tout droit, puis tournez à gauche dans la première petite ruelle. C'est la rue de la Sort. Mais au lieu de sonner au numéro 4, allez au numéro 6.

-Merci, c'est compris, j'y vais de ce pas.

-A tout à l'heure.

-A tout à l'heure.

Le jeune homme repart et une minute après, je suis dans une étroite venelle, devant la petite porte d'une haute maison de village. Une jeune femme très gaie m'ouvre. Je me présente. Isabelle, me dit-elle, avant de me faire très spontanément la bise. Nous montons quelques escaliers qui débouchent sur une grande salle à manger. La demeure me paraît immense, mais elle est surtout magnifique et je ne me prive pas de le lui dire. Avec la volubilité qui semble la caractériser et son agréable accent portugais chantant, Isabelle se met à m'expliquer en détail les origines de cette splendide maison de maître : Elle s'appelle Damia Noëll et fût construite en 1606 et habitée pendant plusieurs siècles par une richissime famille de bourgeois qui s'appelait Noëll. Le premier occupant s'appelait Damia d'où le nom de la maison d'hôtes désormais. (Pour la petite histoire, j'appris sur Internet que ce Damia avait combattu aux côtés de Josep de la Trinxeria et est resté dans l'Histoire de la Catalogne comme un farouche opposant au Traité des Pyrénées et à l'instauration de la gabelle en Vallespir.) Il y a quelques années, les héritiers de la famille Noëll ont décidé de vendre la maison après le décès d'une de leurs grand-mères qui avait vécue dans cette grande bâtisse pendant de longues années et qui ne l'avait plus réellement entretenue. Isabelle et Mario la rachetèrent pour en faire une table et des chambres d'hôtes car ils avaient, depuis longtemps, l'ardent désir de se lancer dans cette activité. Et, quand Isabelle m'amène sur la terrasse extérieure construite en grosses pierres de taille, je reste complètement émerveillé par ce côté-là de la maison. Autant la façade côté ruelle est modeste et ne paye pas de mine, autant ce côté-là est remarquable, avec cette terrasse qui domine une partie du village, la rivière Saint-Laurent, de grands jardins en espaliers et qui est face aux collines et au Mont Capell.

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Quelques photos de Saint-Laurent-de-Cerdans au moment où j'arrive dans le village. J'enjambe la rivière Quera, et j'entre dans un village qui respire la fête.

Mais avec mon sac à dos sur les épaules et mon bâton et mon bob encore à la main, je crois qu'Isabelle a dû se rendre compte que j'étais impatient de rejoindre ma chambre. Oh non, Isabelle ne m'ennuyait pas avec ces vieilles histoires de la famille Noëll, bien au contraire, mais la lassitude devait se lire sur mon visage tiré ! Elle semble confuse mais je l'en excuse car j'ai parfaitement vu qu'elle vivait avec passion cette antique maison et le fait de contribuer à l'embellir et à vouloir la faire revivre. Mais, elle a compris aussi que j'étais fatigué et c'est tout à son honneur. Par d'immenses escaliers en bois vernis, elle m'accompagne à l'étage supérieur où se trouve ma chambre. Une chambre magnifique avec un vrai grand lit, avec des draps tout blancs, recouvert d'un admirable couvre-lit brodé et de vrais oreillers. En y entrant, je ne peux m'empêcher de me dire que cette chambre me change de tout ce que j'ai pu connaître sur ce Tour du Vallespir. En 3 jours, je suis passé de la simple paillasse de Saint-Guillem avec lézard, souris et poussière à volonté à une chambre " princière ". Mais dans une longue randonnée comme celle-là, c'est bien toutes ces petites choses diverses et variées qui créent l'aventure et tout naturellement, je prends plaisir à ces diversités.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral  - Saint-Laurent-de-Cerdans - 27 kmsoSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral  - Saint-Laurent-de-Cerdans - 27 kms

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Une vue aérienne du village puis la ruelle avant d'arriver à la Maison Noëll. Un instant de détente dans la merveilleuse chambre que l'on m'a allouée. De superbes panoramas sur le Mont Capell et les " serrats " que j'aperçois depuis la magnifique terrasse ou depuis ma fenêtre.

Après une bienfaisante douche dans une vraie cabine avec des robinets mitigeurs comme à la maison, j'ai aspiré à un petit peu de repos que j'ai une fois encore rempli avec " Dalva ". Mais, je sais que l'on m'attend pour un apéritif de bienvenu à 19 heures tapantes. Je connais le principe de la chambre d'hôtes où tous les convives se retrouvent pour des repas en commun et à une table unique, parfois en présence des propriétaires. Dans le canapé du salon, Mario me présente d'abord sa petite famille. Avec beaucoup de simplicité, tout le monde me fait la bise. Avec la même passion qu'Isabelle, Mario m'explique comment il en est venu à acheter cette maison de maître et la conversation va bon train sur l'histoire des Noëll. Il me parle surtout d'Abdon, le seigneur de Vilaro, âme de la Résistance du Vallespir au temps de la Révolution Française qui fût le plus connu de tous. Nous en sommes là, quand un autre client nous rejoint, venu de Bretagne et passionné de VTT. Alors nous partons nous installer sur la belle terrasse, nous buvons une bière, puis les bavardages s'animent. Mario nous offre un excellent muscat et d'autres convives nous rejoignent. Il s'agit de tchèques. Un couple plutôt timide qui passe leurs vacances dans la région. Ils arrivent tout droit de Bruxelles où ils travaillent au Parlement Européen. Ils parlent très bien le français, en tout cas beaucoup mieux qu'ils ont l'air de le penser et surtout bien mieux que nous pouvons parler le tchèque tous autant que nous sommes ! L'heure du souper arrive et nous partons tous nous installer à la grande table de la salle à manger. Trop occupés en cuisine à préparer les excellents plats que nous devons manger, Isabelle et Mario ne soupent pas avec nous. Mais si nous regrettons leur absence à table, nous n'avons pas à regretter leur présence derrière les fourneaux car ce repas est en tous points remarquable : une craquante salade de chèvre chaud, un gros " galet " grillé, poisson de Méditerranée et un savoureux et copieux " pijama espagnol ", dessert fait d'un flan à l'œuf, d'une boule de glace à la vanille accompagnée d'une demi pèche et d'une demi poire au sirop, le tout agrémenté d'une sauce au chocolat. Entre deux plats, la sympathique Isabelle nous rejoint et viens s'enquérir de l'intérêt que nous portons à ses plats, Mario, lui, est le plus souvent près de nous a harmoniser les débats, et de ce fait, leurs absences au repas n'ont aucune conséquence sur la qualité de nos conversations qui sont agréables et chaleureuses. Chacun se met à raconter à tour de rôle, comment il vit sa passion. Le jeune breton, c'est le VTT qu'il chevauche à sillonner le Vallespir depuis quelques jours. Les tchèques plus passionnées par les visites des musées et le patrimoine roussillonnais parlent avec ferveur du Musée d'Art Moderne de Céret. Et moi, je parle bien sûr des randonnées et de ce Tour du Vallespir que je suis entrain d'accomplir. Cette soirée est une des plus agréables que j'ai passé depuis fort longtemps et quand, nous partons nous coucher, nous avons tous l'air heureux. Nous nous séparons un peu à regrets, et surtout par respect vis-à-vis d'Isabelle et Mario. Nous quittons tous Saint-Laurent-de-Cerdans dès demain matin, mais pour nos hôtes, de nouveaux clients arrivent et comme beaucoup de choses sont à prévoir, ils vont devoir se lever tôt. Une fois encore malgré une évidente lassitude, je ne peux pas m'endormir immédiatement. Cette amicale veillée entre copains d'un jour dans un cadre reposant à souhait m'a fait prendre conscience des difficiles conditions dans lesquelles j'ai vécues depuis cinq jours. Si la solitude de ces derniers jours ne m'a pas véritablement pesée, rencontrer d'autres gens, dialoguer avec eux, partager leur passion et la mienne ont été des instants de vrai bonheur. Je suis assez lucide pour savoir que ce séjour passé ici restera comme un des moments forts de mon aventure. A la veille de terminer mon périple, je m'aperçois que l'âpreté de ces hauteurs, elles ont été merveilleusement matérielles et physiques, par les montagnes, les crêtes et les collines que j'ai escaladé assez souvent en peinant, mais que j'ai, comme toujours, découvert avec ravissement une fois les sommets atteints. Mais en y regardant de plus près, ces hauteurs ont été âpres psychiquement par la solitude que j'ai vécue, les souffrances que j'ai endurées et les réflexions qu'elles ont suscitées en moi. Mais est-ce fini ? Non, il reste encore l'étape de demain ! Mais en partant faire cette randonnée, n'étais-je pas prévenu que ce Tour du Vallespir m'amènerait vers des sommets de bonheurs insoupçonnés mais parfois aussi " sur les hauteurs d'une vallée âpre ".

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral  - Saint-Laurent-de-Cerdans - 27 kms

L'église de Saint-Laurent-de-Cerdans

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A la nuit tombante, vue sur le Mont Capell depuis la fenêtre de ma chambre.

 

De Notre-Dame de Coral à la Maison Noëll

 

J'avais quitté la belle, j'avais quitté la Vierge,

Par un souple chemin que longeait le Coral.

Je tenais mon bâton comme l'on tient un cierge,

Notre-Dame s'enfuyait sous un ciel idéal.

 

Un cadre de verdure entourait le hameau,

La Baga Bordellat, on ne peut plus oblongue

Où la claire rivière coulait sous les ormeaux,

Et les Tours de Cabrens veillaient la Serre longue.

 

Quand le village fut loin qu'on appelle Lamanère,

Un portail au milieu barrait tout le chemin,

Un horrible démon me fit perdre mes nerfs

M'obligeant à m'enfuir sans lui tendre la main.

 

Des archanges sur un mur m'indiquèrent la route

Qui montait rudement en direction des tours,

Âprement est le mot sur lequel j'arc-boute,

Loin de moi cette idée de faire demi-tour.

 

Un visage était là sculpté dans la falaise,

Grand seigneur de Cabrens comme était le tyran,

Les deux avaient le don de mettre mal à l'aise,

Les anges, les démons et un vieux vétéran.

 

Mais que l'on soit démon, beau génie ou bien ange,

Et que la peur se tient au creux de l'estomac,

Sur le sort, l'essentiel est d'avoir sa revanche,

Ma première est de voir d'amples panoramas.

 

Rouge était le sentier et ocre était la terre,

A la source asséchée où je perds mon latin,

Saint-Laurent qui attend la fin de mon calvaire,

A la Maison Noëll, près d'un petit fortin.

 

Isabelle, Mario accueillerent la troupe,

Avec leurs cœurs en or et leur sourire en coin,

L'amitié, la chaleur envahit tout le groupe,

Avant que le matin envoie tout ça au loin.

 

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Cliquez sur l'archange et le démon pour passer à l'étape suivante

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Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms5eme étape : Vendredi 21 août 2009.

Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

Soudain, la route bifurque. On prend à gauche. On monte en lacets. Et puis, le long des précipices béants, on file sur Saint-Laurent-de-Cerdans, vers la frontière espagnole. Les bois croulent de tous côtés. La cassure du schiste les arrête net au bord de la route. On n'aperçoit plus rien que ce filet de route grise au milieu d'une mer de verdure ensoleillée. Extrait du recueil " Visages de mon pays". Ludovic Massé (1900-1982) Ecrivain et poète français.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 5 : Notre-Dame de Coral (1.091m) - Saint-Laurent-de-Cerdans (724 m) 27 kms ARCHANGES ET DEMON :

 

Hier soir, après avoir quitté la fenêtre, je me suis couché et je me suis mis à lire " Dalva ". Mais il me fut très difficile de me concentrer sur la lecture, car en permanence, revenaient, devant mes yeux, les affres de ce petit mulot ballotté par les trois matous. Avant de m'endormir, j'ai pris soin de badigeonner d' " Urticium " mes jambes et mes bras et la lecture finit par me donner ce petit " coup de massue " que les brûlures encore présentes et les pensées aussi sombres que les trois chats empêchaient jusqu'à présent. Dans la nuit, à deux autres reprises, j'ai été obligé de renouveler les applications de crème que j'ai confortées avec les petits granules car de très désagréables picotements m'ont réveillé. 

Il est 7 heures et autant dire que ce n'est pas la grande forme ce matin. Et pourtant, il va bien falloir que je les parcoure ces 26 kilomètres inscrits au programme du jour. Une fois encore, dans ce secteur extrêmement boisé, j'espère que mon " complice " Klaus m'aura laissé un étroit passage. En tous cas, grâce au gérant, je sais que le chemin est praticable au moins jusqu'à Lamanère. Je pars me jeter sous une douche froide. Et comme je n'y pense pas avant, une nouvelle fois l'eau glacée mets le feu à toutes ces petites rougeurs qui pullulent sur ma peau. La plaie au genou suppure de plus en plus et je renouvelle le pansement d'éosine. Malgré le bien que ça pourrait certainement lui faire, j'hésite à laisser la blessure au grand air car j'ai la crainte de me griffer ou de me cogner au cours de l'étape. Il est 7h30, et une fois encore, je me retrouve tout seul dans la Bergerie avec cet insupportable rongeur empaillé qui me dévisage. 7h30, c'est l'heure décidée, hier soir, d'un commun accord avec le jeune gérant. Hormis le café au lait, tout est prêt sur la table : pain, croissant, beurre, confitures, et comme je ne veux pas partir trop tard pour cette longue étape, j'apprécie d'autant plus cette ponctualité. On m'apporte un broc de lait chaud et un autre de café dans lequel j'arrive à me confectionner deux gros bols de café au lait que je prends néanmoins le temps d'apprécier.

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J'ai quitté Notre-Dame, direction Lamanère, devant moi le boisé Puig de Las Coubines dévoile son aspect pyramidal. Mon appareil-photo commence à dysfonctionner mais je vais le constater que bien plus tard.

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Sur le chemin, un joli oratoire dédié à la Vierge Marie et une date : 1500 !

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J'arrive à Lamanère près de la station d'épuration, par bonheur inodore, et à l'aire de pique-nique. Le temps d'un petit en-cas et je repars dans les ruelles en quête de la bonne direction.

8h15, je viens de récupérer mon panier-repas et harnaché de mon sac, je suis sur le parvis de la jolie chapelle. Sur l'herbe du parc, les matous sont déjà pied d'œuvre, en quête d'un oiseau, d'un campagnol ou d'un autre mulot. Je laisse ces redoutables chasseurs à leur petit déjeuner et repars par le chemin par lequel je suis arrivé hier après-midi. J'arrive à l'intersection qui descend vers Lamanère, et je poursuis la descente. Dix minutes plus tard, par une petite passerelle en bois, je traverse la Bernadeille, mince torrent au modique débit. Ici, surplombant le ruisseau, il y a un très joli oratoire restauré, dédié à la Vierge Marie et une étonnante date inscrite : 1500 ! L'essentiel de ma marche s'effectue dans de sombres sous-bois qui dominent sur ma gauche le ravin du Coral. Mais, de temps en temps, une fenêtre s'ouvre sur le mont à la fois rocailleux et boisé du Puig de Las Coubines (1.253 m). Toujours presque en descente, le sentier se rapproche peu à peu de la ravine, puis à l'approche de Lamanère, il fait un angle droit et je chemine en balcon au dessus du torrent de la Lamanère. Le petit village le plus méridional de l'hexagone est là, de l'autre côté du torrent, avec pour magnifique toile de fond, la verdoyante et oblongue montagne de la Baga de Bordellat. Le sentier débouche sur une piste qui descend vers la rivière et vers ce que je crois être un petit étang mais qui s'avère être en réalité un bassin de décantation de la station d'épuration du village.

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J'ai trouvé la Carrer de la Font de Dalt, (en français, la rue de la Fontaine d'en Haut), cette étroite ruelle cimentée qui s'élève me remet dans le droit chemin.

Il est 9h30, à côté du bassin de décantation, il y a une agréable aire de pique-nique bien propre et surtout aucune odeur nauséabonde alors je m'installe pour manger quelques fruits secs avant de repartir vers le village. Dans les petites ruelles, je ne trouve pas immédiatement le chemin qui monte vers les " Tours de Cabrens " où plutôt vers les Estanouses, petit lieu-dit qui selon ma carte IGN se situe sur le Tour du Vallespir. Pourtant, combien de fois y suis-je monter à ces immanquables tours ? Je sors mon GPS car les quelques personnes, qui me regardent passer, repasser, puis passer à nouveau, et qui discutent au beau milieu de la rue, n'ont pas l'air disposés à me venir en aide. La voilà, elle est enfin là, la petite venelle, cette " carrer ", comme ils disent ici. Comment ai-je pu la louper, cette Carrer de la Font de Dalt (fontaine du haut) montant vers les tours, avec ce balisage bien présent et les nombreux panneaux indicatifs accrochés à ce mur ? Sans doute étais-je distrait par le lumineux hameau dans son cadre d'émeraude et sa jolie rivière qui y coule au milieu ! Il est 10 heures quand je m'éloigne de Lamanère par une allée cimentée qui grimpe hardiment. Premier dénivelé, premières souffrances et premières grandes gorgées d'eau. Je m'arrête à la fois pour reprendre mon souffle et pour admirer les jolies maisons avec leurs vertes pelouses et leurs jardins fleuris. Je m'amuse d'un joli cadre peint dans lequel il est écrit : " attention au chat ". Je souris car je suppose que ce cadre aurais mieux trouvé sa place dans le parc de Notre-Dame du Coral, ainsi, les petits mulots auraient pu le lire !

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Je laisse Lamanère, son décor verdoyant, ses jolies maisons aux jardins fleuris par une sente bien balisée où virevoltent des papillons multicolores. Les Tours de Cabrens apparaissent très hautes au détour du chemin mais qu'importe puisque je vais au hameau des Estanouses qui lui est situé dessous beaucoup plus bas !

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