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prats mollo

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

Publié le par gibirando

Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements :

Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi : ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voudraient faire le contraire, et l'immense majorité de ceux qui ne veulent rien faire.

Confucius (551 av.JC-479 av.JC).

 

Bibliographie et cartographie :

(Vous trouverez ci-dessous le topo-guide et les cartes que j'ai utilisés lors de ce Tour du Vallespir. Les autres livres m'ont permis de m'imprégner de cette région et ainsi de mieux la comprendre sur le plan culturel. Concernant l'Histoire et la géographie du Vallespir, de nombreux sites Internet m'ont aidé dans ces domaines.)

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Canigou-Vallespir-Conflent- Le Guide Rando- Georges Véron- Rando Editions-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2349 ET Massif du Canigou

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-Carte IGN Top 25 2449 OT Céret Amélie-les-Bains Palalda-Vallée du Tech.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Promenade littéraire à travers le Vallespir - Recueil de textes et de poèmes- Michel Wallon - Les Presses- Littéraires-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Domenica ou la Vallée âpre- Roman- Marie Vallespir- Les Presses de l'Imprimerie du Vallespir-1959. Préface de Joseph Ribas. 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Mes Cahiers du Vallespir - Recueil Traduction de poèmes en catalan- Robert Gendre - Imprimerie Le Castellum-1975. Préface d'Abdon Poggi.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Ballades Catalanes- Recueil de poèmes et de photographies- Alain Taurinya- Michèle Maurin - Editions Magellan et Cie - 2002

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 -Mes jeunes années racontées par ma mère et moi - Essai de Charles Trenet et Marie-Louise Caussat-Trenet- Editions Robert Laffont-1978

 

Sites Internet :

 (Autant que c'est possible, j'essaie de faire en sorte que les liens fonctionnent, chose peu facile certains changeant de nom de domaine, d'autres disparaissant carrément.)

- http://clubdelittenim.wordpress.com/randonnees/

- http://cortsavisempre.free.fr/index.html

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Regions/Vallespir.php

- http://jeantosti.com/roussillon.htm

- http://lamanere-barrutet.com/

- http://pagesperso-orange.fr/casafr/vallespir/vallespir.htm

- http://www.amelie-les-bains.com/

- http://www.charles-trenet.net/

https://www.vallespir.com/

https://www.sudcanigo.com/item/damia-noell-chambres-dhotes/

http://www.haut-vallespir.fr/

- http://www.hotel-ausseil.com/

- http://www.la-clau.net/

- http://www.lamanere.fr/

- http://www.mairie-perpignan.fr/

- http://www.maisondupatrimoine-ceret.fr/

- http://www.mediterranees.net/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Montbolo

- http://www.notredameducoral.com/

https://www.vallespir-tourisme.fr/

- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1941_num_29_2_4312

- http://www.pratsdemollolapreste.com/

- http://www.pyrenees-orientales.pref.gouv.fr/

- http://www.reserves-naturelles.org/

- http://www.reynes.fr/html/vallespir.htm

- http://www.vallee-du-tech.com/

- http://www.ville-arles-sur-tech.fr/

- http://www.ville-saint-laurent-de-cerdans.fr/

 

Cette liste de sites Internet n'est pas exhaustive car j'ai également consulté des sites comme Wikipédia, Wiktionnaire, Généanet, Freelang ou Lexilogos et divers forums. Il y a certainement bien d'autres sites concernant le Vallespir, la Vallée du Tech, les villes et les lieux visités lors de cette randonnée. Que ceux qui les ont créés m'excusent de ne pas les citer mais il m'était bien sûr impossible de tous les mentionner dans ce récit. Tous les sites évoqués ci-dessus ont largement contribués soit à la préparation ou à la réalisation du Tour du Vallespir lui-même soit à la rédaction de ce récit. Pour ces raisons, je remercie très sincèrement les auteurs, les propriétaires et les webmestres de tous les sites compulsés.

 

Petit lexique classé dans un ordre d'apparition dans ce récit :

 

Le lexique ci-dessous n'a pas la prétention d'être complet. Il reprend la plupart des noms propres cités pour tenter de les décrire ou de les expliquer dans l'ordre chronologique où ils apparaissent dans ce récit. Grâce à ces explications, j'espère que le lecteur appréhendera mieux la géographie et l'histoire du Vallespir. J'ai volontairement oublié certains noms et j'aurais pu par exemple citer Céret qui est la sous-préfecture du département des P.O, considérée comme la capitale du Bas-Vallespir, mais son absence vient simplement que la ville n'est pas située sur le Tour du Vallespir.

 

Vallespir : Région vallonnée et montagneuse du département des Pyrénées-Orientales qui s'étire sur une quarantaine de kilomètres le long de la vallée du Tech. Le mot vient du latin " Vallis Asperi " qui signifie " vallée âpre " mais âpre au sens de difficile, rude, abrupt.

Vallée du Tech et l'aiguat de 1940 : Bassin versant d'environ 750 km2 le plus méridional de France. Le Tech, long de 85 km, est un fleuve côtier des Pyrénées-Orientales qui prend sa source, dans le massif du Costabonne, au Roc Colom à une altitude de 2.450 m environ. Ce bassin versant associe montagne et plaine, avant d'atteindre la Méditerranée au lieu-dit le Bocal du Tech. Par son débit qui peut-être parfois très exceptionnel (4000 m3/s), le Tech est une fleuve redoutable. Au fil des siècles, il a très souvent débordé laissant le Vallespir et toute la Catalogne exsangue. Les plus effroyables inondations, qu'ici on appelle " aiguat ", ont eu lieu en 552, 1224, 1763, 1842 et 1940. Le Haut-Vallespir ayant été l'épicentre de cette catastrophe d'octobre 1940, de nombreux habitants gardent encore en mémoire les images d'horreur et de désastre de ces crues monstrueuses : 300 personnes perdirent la vie en Catalogne dont 50 côté français, 60 immeubles furent emportés à Arles-sur-Tech et Amélie-les-Bains où la gare et le casino disparurent dans les flots, des dizaines d'habitation furent emportées à Prats-de-Mollo et dans de nombreux autres villages. Des éboulements gigantesques de plus de 50 mètres de hauteur barrèrent la vallée (La Baillanouse), 4 usines électriques et de nombreuses entreprises furent pulvérisées, les coulées à la fois liquides et solides se déversèrent dans les campagnes dévastant toutes les cultures et laissant dans les terres arables une incroyable accumulation de rochers, de cailloux et de sables inadaptée à l'agriculture future, les flots emportèrent de nombreux ponts et voies de communication. Ces précipitations diluviennes furent considérées par les météorologues comme une " anomalie fantastique " de la nature. Vous trouverez quelques témoignages de l'époque sur la page Internet suivante : http://pluiesextremes.meteo.fr/france-metropole/Aiguat-fantastique-sur-le-Roussillon.html

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - RemerciementsMes jeunes années : Les paroles de cette chanson sont de Charles Trénet et la musique de Marc Herrand, pianiste, arrangeur de talent et ancien ténor des Compagnons de la Chanson. Elle date de 1949 (encore une coïncidence puisque c'est l'année de ma naissance !) et la partition est parue aux Editions Raoul Breton. Charles Trenet l'a composée lors d'une tournée qu'il effectuait au Canada. Dans l'importante discographie de Trenet, cette chanson figure dans pas moins de 27 disques et albums. Elle est donc une chanson très importante du registre du poète et chanteur. Charles Trenet y évoque ses souvenirs de jeunesse quand il allait courir la montagne du côté du Vallespir, du Canigou ou de la Cerdagne qu'il aimait tant. En 1922, son père s'installe comme notaire à Perpignan, ville dont il est natif. Peu de temps après, il fait la connaissance d'Albert Bausil, un ami à son père. Albert Bausil, l'enfant du Canigou, le poète et écrivain, chantre inspiré du Roussillon, lui fait découvrir les arts et la culture catalane. Pour le petit garçon émerveillé au regard clair, cette rencontre est capitale et Albert Bausil devient son mentor, voire son Pygmalion. Sans cet homme, qui aura sur l'adolescent une influence capitale, il n'y aurait peut-être pas eu de "Fou chantant", mais rien qu'un petit architecte de province… Bausil accueille Charles dans son "Coq Catalan", un petit hebdomadaire littéraire, satirique et sportif. Le jeune poète y fera ses premières armes, des vers qui, déjà, respirent la liberté et l'amour de la vie avec enthousiasme. Cette chanson a été reprise par nombre d'autres chanteurs et surtout par de nombreuses chorales comme les Petits Chanteurs à la Croix de Bois par exemple. Mais les meilleurs interprètes de Trenet restent les Compagnons de la Chanson qui ont repris un grand nombre de textes du grand poète. En 1978, "Mes jeunes années racontées par mère et moi" est un livre autobiographique écrit à quatre mains par Charles Trenet et sa mère Marie-Louise Caussat-Trenet paru aux Editions Laffont.

(Personnellement, cette chanson, reste le souvenir et le symbole d'une jeunesse insouciante, éprise de liberté et d'amour de la vie et de la nature. Je me reconnais dans cette chanson et en la réentendant, elle est devenue tout naturellement un hymne à mon Tour du Vallespir). Cliquez sur l'image de la partition ci-dessus pour écouter la chanson.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Georges Véron : Ce grand pyrénéiste né dans la Sarthe en 1933 est mort en 2005. Professeur de biologie, il a d'abord pratiqué le football et l'athlétisme pendant plus de vingt ans avant de découvrir les Pyrénées. Quand il découvre la chaîne de montagnes, il en " tombe amoureux " et en fait rapidement sa passion. Il enchaîne les balades à un rythme qui lui vaut le surnom de " stakhanoviste de la montagne ". En 1968, il effectue la traversée des Pyrénées et réussit le pari d'aller de la mer Méditerranée à l'océan Atlantique par la haute montagne, en 41 étapes, uniquement à l'aide de cartes. Il devient ainsi le créateur de la Haute Randonnée Pyrénéenne, célèbre H.R.P qui traverse les Pyrénées par les chemins pédestres des plus hautes crêtes et des plus hauts cols. A partir de là, il va se consacrer presque exclusivement à la randonnée, à pied mais aussi en V.T.T. Membre du Club alpin français, collaborateur de la Fédération française de la randonnée pédestre, il participe à la création du célèbre G.R.10, longue randonnée de 850 kms qui part d'Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques et se termine à Banyuls-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales . En 1978, il enseigne à Tarbes, conseiller technique de l'association " Randonnées Pyrénéennes ", Georges Véron publie de nombreux ouvrages et une trentaine de guides de randonnées consacrés aux Pyrénées : 100 randonnées, 100 plus beaux sommets, itinéraires de VTT et chemins de Saint-Jacques de Compostelle, etc.… Avec son topo-guide Canigou, Vallespir, Conflent, il est le créateur du Tour du Vallespir.

Amélie-les-Bains : Autrefois, la ville s'est appelée les " Bains d'Arles ", nom provenant d'Els Banys (les bains) et d'Arles pour Arles-sur-Tech. Ce nom désignait un monastère qui était érigé à cet endroit. Le nom actuel date de 1840 et fut donné à la commune en hommage à la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, qui faisait de nombreux séjours aux Thermes. Vaste de 2943 hectares, située au cœur du Vallespir, au bord du Tech et de son affluent le Mondony, la commune est désormais composée de 2 autres villages qui ont été annexées : Palalda en 1942 et Montalba en 1962. La cité est une station thermale renommée depuis l'antiquité.

Montbolo : Cité située sur la rive gauche du Tech à 600 mètres d'altitude, on l'appelle couramment le " Balcon du Vallespir " tant son panorama est exceptionnel sur la plaine du Roussillon, le Canigou, la chaîne des Albères et la vallée du Tech. De son exposition plein sud, Montbolo reçoit un ensoleillement maximum en hiver et, en été cette chaleur est tempérée par la fraîcheur due à l'altitude. L'absence de toute activité industrielle contribue à une qualité de l'air remarquable et pour compléter ce cadre idyllique, l'alimentation en eau est assurée par des sources captées à plus de 1500 mètres d'altitude. Ce village est également connu pour sa procession de la " Rodella " qui se déroule chaque 30 juillet et dont l'origine païenne remonterait au début du christianisme. Depuis l'église Saint-André de Montbolo, cette procession consiste à se rendre par un sentier forestier à l'abbaye d'Arles-sur-Tech pour aller vénérer les reliques des saints Abdon et Sennen. Mais la particularité de ce pèlerinage est de descendre une croix chrétienne sur laquelle a été placé un grand cerceau fait d'un enroulement de cire d'abeille que l'on appelle " la Rodella ". Il existe également autour de cette " Rodella " une légende basée sur un texte historique de 1465 que vous pouvez découvrir sur les deux sites Internet suivants :

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Traditions/Rodella.php

https://www.labalma.fr/index.php/fr/camping-fr/fetes

Formentere ou Formentera : Col à 1.133 m d'altitude situé à la limite du Haut-Vallespir et des Aspres sur le chemin du Tour du Vallespir et l'ancienne voie ferrée minière. Non loin de ce col, il y a le hameau oublié de Formentere, ancienne gare minière qui a eu son heure de gloire au temps de l'exploitation des mines de fer autour du Massif du Canigou (Batère, les Manerots, La Pinouse, Rapaloum, etc.…). De Formentere, grâce à une ligne de câbles et de chariots de plus de 5 kilomètres, le minerai cuit était descendu par voie aérienne jusqu'à Arles-sur-Tech.

Batère : Lieu situé à cheval entre Vallespir, Aspres et Haut- Conflent connu pour sa tour médiévale du 13eme siècle construite à l'époque où les Rois de Majorque régnaient sur le Roussillon et la Cerdagne. Cette tour à signaux assurait la surveillance et la communication à l'aide de fumées le jour et de feux la nuit. Elle était certainement en liaison avec d'autres tours et châteaux du Vallespir (Montbolo, Corsavy, Cos, Mir, Palalda, Cabrens) et les tours d'autres régions comme la Tour de la Massane ou bien celle de la Madeloc. Mais Batère est également connu pour ses anciennes mines de fer, fer apprécié depuis la nuit de temps (200 avant JC). Ces mines étaient les plus importantes du département, elles alimentaient un nombre incalculable de forges. Les mines fonctionnèrent jusqu'en 1994 donnant à toute la région un essor économique considérable. En 1953, la société d'exploitation construisit à 1.540 m d'altitude un bâtiment pour les mineurs et leurs familles, ce bâtiment sert désormais de refuge et de gîte aux randonneurs de tout poil.

La tempête Klaus : Le 23 janvier 2009, Klaus est le nom donné à une tempête en cours de formation par l'Institut de Météorologie allemand en l'honneur d'un certain Klaus Schümann. Au départ, c'est le satellite Météosat qui va envoyer des images d'une dépression étonnante situé sur l'Atlantique Nord, profonde dépression qui va engendrer des vents d'une force exceptionnelle et d'une vitesse inouïe. Cette tempête a principalement touché le sud-ouest de la France, la principauté d'Andorre, le nord de l'Espagne et une partie de l'Italie entre le 23 et le 25 janvier 2009. Dans le sud de la France, nombreux sont ceux qui considèrent à juste titre comme plus dévastateur Lothar, la tempête de décembre 1999, mais ce n'est pas le cas du Vallespir et du Roussillon où Klaus a été bien plus violent. Le 24 janvier, les dégâts ont été considérables et en tous cas, évalués à 38 millions d'euros. Le département a été reconnu comme en état de catastrophe naturelle. Tous les records ont été battus : 216 km/h au Col d'Envalira, 193 km/h à Formiguères, 191 km/h pendant deux heures au Cap Béar, 184 km/h à Perpignan, record absolu de 1999 battu de plus 40 km/h. Les forêts de résineux (pins sylvestres et cèdres) du Vallespir ont été parmi les plus ravagées et l'importance des dégâts a été estimée avec des prises de vue aériennes. Au-delà des dégâts, le problème pour la filière bois, c'est que cette tempête Klaus est arrivée dans une conjoncture économique beaucoup plus mauvaise qu'en 1999.

Riuferrer : Affluent du Tech, le Riuferrer (la rivière du fer) est un torrent impétueux d'une longueur de 17,7 kms qui prend sa source dans le cirque du Faig au pied du Puig dels Tres Vents à une altitude de 2.300 m environ et se jette dans la Tech à Arles-sur-Tech. De nombreux pêcheurs parcourent ses rives pour ses excellentes truites.

La Coumelade : Affluent du Tech, la Coumelade est une rivière qui prend sa source sur le versant sud de la crête des Tres Vents à 2.570 mètres d'altitude et qui, après avoir parcouru 15 kms, se jette dans le Tech au hameau Le Tech. Dans sa partie torrent, elle appréciait des adeptes de la descente en canyon.

Saint-Guillem de Combret : Situé dans la vallée de la Coumelade, le minuscule hameau est essentiellement connu pour son ermitage dont l'histoire commence au 9eme siècle. A cette époque, une chapelle dédiée à Sainte-Magdeleine de Combret avait été construite par un certain " Guillem ". Guillem offrait, sans aucune compensation, gîtes et couverts à tous les pèlerins qui partaient de Saint-Michel de Cuxa pour se rendre à Saint-Jacques de Compostelle par le col d'Ares et l'Espagne. Guillem était si apprécié de tous les voyageurs et le lieu si prisé, qu'après sa mort tout le monde l'appela Saint-Guillem malgré qu'il n'ait jamais été canonisé. Aujourd'hui la chapelle et ses dépendances sont connues sous le nom de Saint-Guillem de Combret. Le hameau dispose d'un refuge non gardé. Malgré quelques restaurations, la chapelle a peu changé au fil des siècles, elle mesure 15 mètres de long pour 4 mètres de large et est de style roman. Sa cloche très ancienne est exceptionnelle et est à l'origine d'une légende prétendant que Guillem l'aurait modelée de ses propres doigts car il en reste, paraît-il, encore l'empreinte sur le métal. Le 22 juillet de chaque année, les habitants du village Le Tech, de Prats de Mollo et d'autres villages alentours effectuent un pèlerinage.

La Parcigoule : C'est une rivière de 9 kms de longueur, affluent du Tech qui prend sa source à une altitude de 1.920 mètres au lieu-dit Les Estables. Elle rejoint le Tech au hameau de Saint-Sauveur entre Prats-de-Mollo et la Preste. Le bassin de la Parcigoule présente la particularité d'avoir été une des vallées les plus déboisées et dépeuplées du Vallespir, tout d'abord à cause des nombreuses forges qui utilisaient intensément son bois puis à cause des crues répétitives (aiguat) d'octobre 1940 puis d'avril 1942. Un reboisement et des barrages ont été aménagés pour stabiliser et protéger la vallée.

Joseph de la Trinxeria : né en 1637 à Prats-de-Mollo, commune d'Espagne à l'époque, il s'insurgea contre la gabelle, cette célèbre taxe sur le sel, abolie depuis 1292 mais qui venait d'être réhabilitée en 1661 par Louis XIV après l'annexion de la Catalogne du Nord (Roussillon, Vallespir, Conflent, Cerdagne, Capcir) au royaume de France par le Traité des Pyrénées de 1659. En 1666, indigné d'avoir été surtaxé par les Gabelous, ces préposés chargés de la récolte, il leva une armée d'Angelets et tint tête pendant quelques années à toutes les troupes envoyées contre lui. Ces nombreuses victoires lui apportèrent un énorme prestige et nombreux furent ceux qui se rallièrent à sa cause. Il devint rapidement un héros dans le Vallespir tout entier et bien au-delà encore dans toute la Catalogne. C'est en partie à cause de ces révoltés que Louis XIV fit construire par Vauban, le Fort Lagarde de Prats-de-Mollo à partir de 1677. Quelques années plus tard, Joseph de la Trinxeria qui n'avait pas renié ses origines, devint officier des armées d'Espagne et se battit contre le royaume de France aux côtés des Miquelets. Il ne cessa jamais de se battre sur de nombreux fronts et termina sa vie comme colonel en 1689. Il mourut en 1694.

Prats-de-Mollo - La Preste : Avec une superficie de presque 12.000 hectares, cette commune est la plus étendue du département des Pyrénées-Orientales. Située au bord du Tech à 735 mètres d'altitude, elle dispose d'un patrimoine historique exceptionnel : Eglise gothique Saintes Juste et Ruffine, Fort Lagarde et fortifications construites par Vauban, Tour de Mir, nombreuses chapelles, etc.… Il faut dire qu'au regard de sa situation géographique, Prats fût tout au long de son histoire le théâtre de soubresauts franco-espagnols incessants. Longtemps tournée vers l'agriculture, l'élevage, la sylviculture et quelques industries locales (textiles, espadrilles, etc.…), la cité vit désormais du tourisme et des Thermes de la Preste, bourg rattaché à Prats mais éloigné de huit kilomètres à une altitude de 1.130 mètres. Le mot " Prats " signifie " prés " mais deux versions s'opposent quant à l'origine du mot " Mollo ", certains le traduisant par " mouillé " d'autres avançant qu'il signifie " grosse pierre" en catalan. Alors " prés mouillés " ou " prés bornés ", les deux définitions ont leur logique tant la cité a été souvent la scène de crues mémorables mais aussi un bourg toujours borné ou limité par une frontière mouvante et parfois incertaine. Il faut savoir en effet que malgré le Traité des Pyrénées de 1659 signé entre le roi de France Louis XIV et Philippe IV, roi d'Espagne, le véritable tracé de la frontière entre la province du Roussillon et l'Espagne ne fût déterminé et borné que deux siècles plus tard en 1866 avec le Traité de Bayonne entre l'Empereur Napoléon III et la reine Isabelle II d'Espagne. De par leur situation géographique ambiguë et instable, c'est dire si les Pratéens ont longtemps été indécis et désorientés quant à leur citoyenneté réelle. Alors n'est-il pas un peu logique qu'ils aient été avant tout catalans avant d'être espagnols ou français ? En raison de son milieu, de son relief varié et de ses richesses naturelles remarquables (flore, faune et géologique) la commune a été classée " Réserve Naturelle " en 1986.

La tour de Mir : Situé à 1.540 m d'altitude et datant du 13eme siècle, comme la tour de Batère, la tour de Mir était chargé d'émettre des signaux pour assurer les communications avec d'autres tours comme celle de La Guardia, une autre tour de Prats-de-Mollo où a été érigé ensuite le Fort Lagarde. A cette époque où les catalans se lancent dans de nombreuses conquêtes tout autour de la Méditerranée, la tour de Mir présente l'avantage d'être à la fois tournée vers la mer et vers l'intérieur des terres, car plus particulièrement affectée à la surveillance de Col d'Arès, passage obligé vers des territoires intérieurs comme le royaume d'Aragon notamment. De son piton rocheux, on aperçoit très distinctement le château et les tours de Cabrens, elles-mêmes en liaison avec la Tour de Batère et ainsi de suite jusqu'aux tours des Albères et du Roussillon. La tour de Mir est située sur le chemin du Tour du Vallespir.

La Retirada : Le mot " Retirada " signifie " retraite " en espagnol mais il désigne plus particulièrement l'exode humanitaire que des milliers de républicains espagnols vécurent à partir de janvier 1939. En deux semaines, c'est 100.000 réfugiés qui passent la frontière au col d'Arès pour fuir la dictature de Général Franco dont l'alliance avec le régime nazi d'Hitler inquiète l'Europe toute entière. Le 31 janvier, le ministre de l'intérieur Albert Sarraut vient à Prats-de-Mollo pour organiser ces arrivées massives. Il fait construire 4 camps d'hébergement dans la vallée du Tech. Tout est bon pour accueillir les réfugiés et affronter ce glacial et cinglant hiver. Le 13 février, la frontière est officiellement fermée et gardée par les soldats de Franco. Mais ce sont environ 500.000 personnes, pleines d'un espoir d'un avenir meilleur qui arrivèrent en France par de multiples passages frontaliers. Mais pour ces réfugiés, internés dans des camps ceinturés de fils barbelés, cette espérance fût le plus souvent déçue, car ils avaient fuit l'arbitraire, la torture et la terreur instaurée par le régime totalitaire espagnol pour ne trouver en France que privation de liberté, dans des conditions généralement pitoyables pour ne pas dire inhumaines.

Notre-Dame du Coral : Il s'agit d'une chapelle longue de 23 mètres et large de 7 mètres qui a été construite sur un éperon rocheux à 1.091 m d'altitude dans un cadre de verdure exceptionnel. On pense qu'à l'origine, au 9eme siècle, il s'agissait d'un simple sanctuaire (petite chapelle ou oratoire) qui servait de lieu de prières. Puis comme souvent, un village, ici Miralles, se développa autour de cette chapelle. La légende prétend qu'une statue de bois représentant la vierge Marie provenant de cette chapelle ait été dissimulée dans un tronc d'arbre, puis retrouvée plus tard. Cette trouvaille aurait été l'occasion d'un engouement populaire qui amena la construction de la nouvelle église paroissiale de Miralles. C'est ainsi que Notre Dame du Coral est apparue, bâtie sur les restes de la chapelle primitive, pour servir d'église aux habitants du village. Dans les textes historiques, Sancta Maria de Coral apparaît à partir de l'an 1267 comme appartenant à l'abbaye de Camprodon (Espagne). Mais au fil des siècles, et selon les mouvements de la frontière, le site eut divers propriétaires religieux, privés ou publics. Mais les occupants de la chapelle ont été le plus souvent des ermites forains qui voyageaient en quête de charité et d'oboles. A présent, la chapelle et certaines de ses dépendances servent de refuge avec gîtes, restaurant, tables et chambres d'hôtes. L'étymologie de " Coral " est très discutée mais la plus probable est que ce nom viendrait simplement de " corail " comme la couleur rouge de certaines roches que l'on trouve dans le secteur en montant par exemple vers le col de Malrems ou le Pla de la Muga.

Lamanère : C'est un village du Vallespir situé à 777 mètres d'altitude et à vol d'oiseau vers le sud à moins de 3 kms de la frontière espagnole. Entourée de montagnes et de collines avec les Baga de la Sadella et de la Bordellat (1.554 m) au sud, le Mont Nègre (1.425 m) à l'est, le Roque de Cap de Ca et la serra de Cabrens (1.326 m) au Nord, le Puig de las Coubines et El Tossal (1.281m) à l'ouest et nichée au fond d'une verdoyante vallée à la jonction de plusieurs rivières et ruisseaux (Lamanère, Taix, etc.…) elle est la commune la plus méridionale de l'hexagone. Riche de divers minerais (fer, or, plomb argentifère, cuivre) qui y furent exploitaient en leurs temps, son nom proviendrait du catalan " La Menera " signifiant " La Minière ". Grâce à ses paysages magnifiques et variés, elle est un lieu propice à de nombreuses activités de plein air (randonnées, VTT, baignades, canyonning, etc.…). Mais de par son emplacement géographique très isolé, on ne connaît pas grand-chose de son histoire, si ce n'est qu'elle a longtemps était dépendante de la commune de Serralongue où régnaient au Moyen-Âge les seigneurs de Cabrens. Mais Lamanère, c'est aussi une rivière, affluent du Tech, longue de 15,7 kms, qui elle-même est alimentée par d'innombrables petits ruisseaux affluents.

Les Estanouses : Minuscule hameau perdu du Haut-Vallespir situé au pied des tours de Cabrens, non loin des villages de Lamanère et de Serralongue à une altitude de 1.019 mètres. Il y a encore quelques années (2004 ou 2005), on pouvait le traverser en empruntant une des variantes du Tour du Vallespir. Aujourd'hui, ce chemin est barré car il est devenu un domaine privé, et si j'en crois mes recherches Internet, faisant chambres et tables d'hôtes pour accueillir les touristes.

Cabrens : La seigneurie de Serralongue, commune du Vallespir, est gouvernée dès le 11eme siècle par les " seigneurs de Cabrenç " en référence aux chèvres qui peuplaient les collines et qui étaient les seuls animaux à pouvoir grimper jusqu'à leur château. Le premier seigneur fût Oriol de Cortsavi mais la dynastie des Cabrens composée de diverses familles au gré des alliances et des successions eut une immense influence sur une grande partie du Vallespir et régna fort longtemps et au moins jusqu'en 1792, date à laquelle l'état français créa les communes et où le dernier seigneur Abden Senen de Ros, baron de Cabrens s'expatria en Espagne. Aujourd'hui le site de Cabrens est surtout connu pour ses trois tours, objectifs de randonnées à partir de Lamanère ou de Serralongue. Situées au faîte d'une crête rocheuse, les trois tours sont en réalité les ruines du château construit en 1086 par les seigneurs de Cabrens, celles d'un donjon adjoint au 11eme siècle qui aurait fait office de geôles et enfin celle d'une tour à signaux du 14eme siècle qui communiquait avec de nombreuses autres tours du Vallespir (Mir, Batère et Cos). Au regard de sa position géographique dominante, l'ensemble devait constituer une forteresse quasi imprenable.

Saint-Laurent-de-Cerdans : Le village daterait du 11eme siècle, date à laquelle des moines de l'abbaye d'Arles-sur-Tech aurait construit une église dédiée à Saint-Laurent, martyr du 3eme siècle. Le terme " Cerdans " apparaît au 12eme siècle avec le nom d'un mas (Manso de Cerdanis). Mais ce nom lui-même proviendrait du nom d'un peuple des montagnes de la région, descendant des Ibères qu'on appelait " Les Cérêtes ". Ce peuple serait aussi à l'origine des noms de la ville de Céret et de la région de Cerdagne. La ville construite à l'intersection de plusieurs cours d'eau (la Quére, le Saint-Laurent, la Bilvera, etc.…) est entourée de plusieurs " serrats ", petites chaînes de montagnes (Cogull, Montner, Provadona, Capell, Garsa, etc.…) dont la plupart dépassent les 1.000 mètres d'altitude. Elle fût un lieu de passage, d'échanges et surtout de contrebande avec l'Espagne tout au long des époques. Pendant très longtemps, la prospérité de la cité a reposé sur les industries liées au fer avec de nombreuses forges alentours qui ont données leurs noms à des lieux-dits (la Forge del Mig, la Forge d'en Bosc, la Forge d'Avall, etc.…), au bois (exploitation du châtaignier encore très présent dans les forêts de nos jours) mais l'industrie la plus originale a été celle de la fabrication d'espadrilles que l'on appelle ici " vigatanes " et qui, bien sûr, a été étroitement liée aux fabriques de tissus. Ces deux dernières activités artisanales sont encore bien présentes aujourd'hui au travers des sociétés " Vallespir Sandales " et " Les Toiles du Soleil ". Grâce à son riche patrimoine historique, culturel et naturel et au tout proche domaine hôtelier de Falgos pourvu de son terrain de golf de 18 trous, le village vit désormais au rythme du tourisme.

La famille Noëll : Le 23 janvier 1676, l'église de Saint-Laurent-de-Cerdans avait brûlé ainsi que quelques maisons voisines dont celle de la famille de Noëll. Au 18eme siècle, la destruction de ces documents anciens avait amené Abdon Noëll à solliciter du roi de France Louis XV la reconnaissance et la confirmation de sa qualité de noble et de ses titres. C'est en décembre 1766 qu'Abdon de Noëll reçut cette confirmation et ses nouvelles lettres de noblesse signée de Louis XV et du duc de Choiseul. Il fût nommé baron de Vilaro, petit hameau proche de Saint-Laurent. Notaire à Saint-Laurent-de-Cerdans, Abdon, le seigneur de Vilaro, âme de la Résistance du Vallespir, fût le plus connu de tous car en avril 1793 avec l'aide du général espagnol Antonio Ricardos, il évita le massacre programmée par la Convention Nationale de toute la population de Saint-Laurent-de-Cerdans. Quand on sait que cette guerre entre la France et l'Espagne, galvanisé par l'hostilité de la monarchie espagnole envers la République Française, commença pour empêcher l'organisation d'une simple procession, on comprend mieux l'attachement que les Laurentins avaient pour leurs traditions et leur liberté de culte. Ce culte de l'église et cette liberté sont encore fermement ancré de nos jours et on les retrouve à travers diverses manifestations.

Puis ce fût Jacques de Noëll qui, au 20eme siècle, grimpa l'échelle de la renommée, mais dans un autre registre, celui de la musique. Il fut un grand compositeur de musiques catalanes et de sardanes. Et comme ici en Vallespir, comme dans toute la Catalogne, la sardane est une danse et une musique sacrée, Jacques de Noëll fût un musicien très apprécié. Il y eut également Louis, archéologue apprécié, frère de Jacques mais mort trop jeune pour être resté dans l'Histoire. Mais tout au long des siècles, les de Noëll étaient surtout de riches aristocrates et des notables reconnus, certains étaient notaires, d'autres maîtres de forge ou propriétaires d'exploitations minières, d'autres propriétaires terriens. Malgré la perte de leurs titres de noblesse à la Révolution Française, les de Noëll gardèrent un certain prestige dans tout le Roussillon certains devenant des chefs d'entreprise reconnues, d'autres tentèrent l'aventure de la vie politique, beaucoup devenant maires de nombreuses communes. La bâtisse, maison de famille des de Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans avait été construite en 1606 et le premier occupant avait été un certain Damia (1560-1612) qui, au côté de Joseph de la Trinxeria, s'était révolté contre les effets néfastes du Traité des Pyrénées de 1659. Cette maison Damia Noëll a été rachetée, il y a quelques années, par un couple très sympathique Isabelle et Mario Lopes, qui en ont fait une table et des chambres d'hôtes absolument remarquables.

Pilon de Belmatx ou Belmaig : Ici en Catalogne, on prononce " Belmach ". Il s'agit d'un sommet du Vallespir avec une altitude somme toute modeste puisque élevée au dessus du niveau de la mer à 1.280 mètres seulement. Il est situé sur une longue crête rocheuse qui s'appelle la Serre de Montner et qui surplombe la cité d'Arles-sur-Tech. Mais sa renommée vient justement de la difficulté que l'on rencontre à le gravir à partir d'Arles-sur-Tech puisque c'est pas moins de 1.020 mètres de dénivelé qu'il faut accomplir sur un sentier très difficile car terreux et caillouteux et très souvent raviné. Pour y monter, il faut emprunter un tronçon du célèbre GR.10 jusqu'au Col de Paracolls et c'est certainement pour çà que cette randonnée s'inscrit très souvent comme une " incontournable " du département. Montagne mythique pour les Arlésiens, chaque printemps, un trail de 11 kilomètres, course réunissant des spécialistes de ce sport mais aussi de simples concurrents est organisée par l'association Arles-Belmaig. Est déclaré vainqueur du " Km Vertical Walsh " celui qui accomplit exactement les 1.000 mètres de dénivelé (environ 100 mètres avant le sommet) dans le laps de temps le plus court.

Arles-sur-Tech : Bien que n'ayant pas traversé cette ville lors de ce Tour du Vallespir, je l'ai eu très souvent devant mes yeux lors de la 1ere et de la dernière étape. Comment parler du Vallespir sans évoquer Arles-sur-Tech qui est certainement une des villes les plus anciennes de cette région puisqu'on a retrouvé des vestiges datant de la Préhistoire (dolmen). Comment parler d'Arles-sur-Tech sans parler de sa Sainte-Tombe et des saints Abdon et Sennen. En ce qui concerne la Sainte-Tombe et son fameux mystère, il s'agit d'un sarcophage de pierre du 3eme siècle qui est situé dans une courette de l'église et qui produit une quantité d'eau pure importante et " d'origine inconnue " (200 à 300 litres par an en moyenne, parfois beaucoup plus, jusqu'à 800 litres l'an). La thèse du miracle a bien évidemment été la première avancée, tandis que d'autres hypothèses ont vu le jour tout au long de l'histoire, relayées ces dernières années par des médias avides de sensationnel. Malgré un premier travail sérieux et concluant dans les années 60 et encore récemment, le panneau situé au dessus du sarcophage explique encore aujourd'hui que la Sainte Tombe n'ait pas livré son secret. Mais la théorie la plus souvent émise serait que le couvercle serait suffisamment poreux pour laisser pénétrer l'eau des pluies alors que le fond du sarcophage serait parfaitement imperméable. Quand à Abdon et Sennen, en l'an 960 un abbé se nommant Arnulfe aurait rapporté de Rome des reliques authentifiées comme étant celles de ces deux saints persans. Elles vaudront à Arles le surnom de "ville des Corps Saints". Ces deux Saints sont toujours vénérés à Arles. Mais autour de ces saints, il existe une légende qui se recoupe avec une autre légende du Vallespir, celle des " Simiots ", des êtres malfaisants, dévoreurs d'enfants, moitié félins et moitié singes qui vivaient dans les forêts et les montagnes du Vallespir. Je vous laisse le soin de prendre connaissance de ces légendes sur les excellents sites suivants :

https://www.sudcanigo.com/decouvrir/contes-et-legendes/

http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Legendes/Simiots.php

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdon_et_Sennen

 

Remerciements :

 

Je remercie très sincèrement toutes les personnes qui m'ont accueillies lors de mes différentes arrivées d'étapes : au Refuge de Batère, à l'hôtel Ausseil à Prats-de-Mollo et à Notre-Dame du Coral. Partout, je fus parfaitement reçu. Bien sûr, ma meilleure soirée mais la plus onéreuse aussi fût celle passée à la Maison Damia Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans, il est vrai en table et chambre d'hôtes d'une qualité remarquable. L'accueil d'Isabelle et Mario fût tel qu'ils méritent vraiment une mention spéciale. Je conseille vivement cet endroit à tous les randonneurs qui pourront se permettre de dépenser 78 euros pour une demi-pension. J'ai essentiellement marché en solitaire sur ce Tour du Vallespir mais je remercie les quelques personnes que j'ai rencontré au cours de ce voyage et qui, d'une manière ou d'une autre, l'ont rendu plus agréable ou plus facile : le vigile des Thermes d'Amélie qui ne m'a pas fait de difficulté pour garer ma voiture, l'homme qui faisait un footing avec son chien à Montbolo qui m'a aidé dans la direction à prendre, le couple qui craignait l'orage et qui voulait me prendre en voiture à la Tour de Batère, quelques clients et l'aimable groupe d'Epinal rencontré au refuge de Batère qui effectuaient le GR.10, le très chaleureux couple et leur fille que j'ai aidé à la cabane de la Devesa au dessus de Leca, l'homme qui m'a expliqué le plus court chemin à prendre au Fort Lagarde, la dame qui m'a expliqué où se trouvait l'hôtel Ausseil, les anonymes clients catalans et parisiens du restaurant Ausseil qui m'ont permis de passer une agréable soirée à Prats-de-Mollo et ce, malgré la terrible journée que j'avais vécue, la pharmacienne de Prats-de-Mollo qui a su parfaitement calmer mes brûlures d'orties, la gentille randonneuse rencontrée à Notre-Dame de Coral, les propriétaires du Domaine des Estanouses avec lesquels depuis je me suis lié d'amitié, le breton vététiste et le jeune couple de Tchèques, clients de la Maison Damia Noëll. Je remercie enfin ma femme qui m'a laissé partir seul, mes enfants de m'avoir offert un lecteur MP3, objet ô combien précieux qui m'a énormément aidé dans les instants les plus difficiles. Je remercie enfin Charles Trenet et ses interprètes Les Compagnons de la Chanson pour leur magnifique chanson " Mes jeunes années ", mélodie avec laquelle j'ai marché très souvent tout au long de cette randonnée. Quand j'éprouvais des difficultés, cette chanson était là pour me remonter moral et enthousiasme. Pour moi, cette chanson restera pour toujours comme un hymne à ces 6 jours passés en Vallespir. 6 jours " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

 

Divers :

 

Peu de temps après mon retour, le 24 août exactement, et en raison de la terrible et éprouvante épreuve que j'avais vécue dans la forêt du Miracle au dessus de Prats-de-Mollo, il m'a paru utile d'alerter les autorités pour que d'autres personnes ne tombent pas dans le même piège que les arbres couchés par la tempête Klaus du 24 janvier 2009 m'avaient tendu. J'ai donc adressé un e-mail à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération et au comité départemental de la Randonnée Pédestre pour les informer de la galère que j'avais éprouvée dans ce secteur du Tour du Vallespir situé peu après le Puig des Lloses en direction du Col du Miracle.

 

Le 14 septembre, c'est avec satisfaction que je recevais une réponse de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo dans laquelle elle m'informait avoir contacter Monsieur Joseph Dunyach, Président du club local de randonnée pédestre " Délit Ténim ". Ce dernier me répondait à travers une lettre jointe au message de Madame Baills.

 

Pour les remercier de m'avoir répondu et d'être intervenu ultérieurement dans ce secteur de Prats-de-Mollo, j'ai volontairement joint à ce récit nos différents échanges de messages.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Message adressé le 24 août 2009 à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération Française de Randonnée Pédestre et à son Comité départemental des Pyrénées-Orientales.

 

Monsieur le Maire de Prats de Mollo, Mesdames, Messieurs,

 

J'ai réalisé la semaine dernière la randonnée du Tour du Vallespir en 6 jours d'après le Guide Rando de Georges Véron : Canigou, Vallespir, Conflent paru chez Rando Editions. Randonnant beaucoup tout au long de l'année, j'avais eu l'occasion de remarquer que ce tour était plutôt bien balisé et que les panneaux indicateurs étaient nombreux. Je n'ai pas trouvé non plus sur Internet de contre-indications à effectuer ce tour. C'est donc en toute confiance mais muni néanmoins d'un GPS, d'un téléphone portable et des cartes IGN appropriées que je suis parti d'Amélie vers Batère le 1er jour, puis vers Saint-Guillem le 2eme jour, puis vers Prats de Mollo le 3eme jour, puis à Notre-Dame de Coral le 4eme jour, puis à St Laurent de Cerdans le 5eme et retour à Amélie le 6eme.

 

Tout s'était très bien passé jusqu'au Puig des Lloses (1.413 m) qui sauf erreur de ma part se trouve sur la commune de Prats de Mollo. A cet endroit, le balisage rouge et jaune propre au Tour du Vallespir ainsi que le panneau d'orientation m'indiquait de poursuivre vers la droite alors qu'un 2eme panneau me proposait de descendre à gauche vers Prats de Mollo par le col de Cavanelles. Effectuant bien sûr le Tour du Vallespir et ayant de toute manière ce tracé-là enregistré dans mon GPS, j'ai normalement poursuivi vers la droite d'autant que rien à cette intersection du Puig des Lloses ne pouvait me laisser supposer que cette portion du Tour du Vallespir dans laquelle j'allais m'engager était complètement impraticable.

 

J'ai 60 ans et je pense être un marcheur chevronné. Pourtant je ne vous cache pas qu'à cause des nombreux arbres décimés qui jonchent encore le sentier sur ce secteur depuis la tempête Klaus du 24 janvier dernier, j'ai eu à un moment le vague sentiment que j'était tombé dans un véritable traquenard. En effet, j'ai commencé à enjamber un premier arbre puis à passer sous un second, puis troisièmement à contourner un premier groupe d'arbres, puis je suis passé sous quelques autres arbres couchés puis au bout de 1,5 kms sans autre solution j'ai finalement quitté le chemin pour éviter un amoncellement qui me semblait de quelques mètres de large seulement (on constate en effet que le vent à suivi des couloirs plus ou moins larges) mais qui en réalité étaient absolument infranchissables. J'ai donc fini par me perdre dans cet immense labyrinthe d'arbres abattus et j'ai même pensé à un moment à appeler les secours depuis mon portable. Heureusement, que j'ai su garder mon sang-froid et grâce à mon GPS j'ai pu, après de multiples efforts, retrouver le sentier et j'ai réussi à rebrousser chemin pour en définitive rejoindre Prats par le col de Cavanelles.

 

Attention ce message que je vous adresse et cette histoire que je vous relate n'ont pas pour objet d'émettre un grief envers quiconque mais simplement à vous prévenir qu'à cet endroit après le Puig des Lloses, le tour du Vallespir est particulièrement dangereux et infranchissable. Mais peut-être le saviez-vous ? De mon côté, je sais pertinemment que la tempête Klaus a provoqué des dégâts considérables et que ce n'est pas en quelques mois que l'on peut effacer les cicatrices d'un tel désastre. Je pensai toutefois que dans la mesure où un chemin serait impraticable un simple petit panonceau d'interdiction aurait été mis en place. Ayant eu l'occasion de marcher dans les Landes et le Gers il y a quelques semaines, j'avais eu l'occasion d'apprécier ce type de pancartes sur de nombreux sentiers. J'ai donc été très étonné qu'au Puig des Lloses aucun panneau ne vienne prévenir le randonneur de cette dangerosité, d'autant qu'un autre chemin permet d'accéder à la commune de Prats dans d'excellentes conditions. En été où les randonneurs sont très nombreux à parcourir les chemins de notre beau département des PO, je pense que de simples petits panneaux d'interdiction et/ou de conseils en pareils endroits seraient d'une redoutable efficacité et éviteraient bien des désagréments comme ceux que j'ai connus.

 

Voilà, après tous ces déboires, et après trois heures d'errements, j'ai fini par arriver à Prats de Mollo avec seulement quelques égratignures, quelques bleus et les mollets douloureusement brûlés par les orties et griffés par les ronces.

 

Le lendemain avant de repartir, j'ai longuement réfléchi sur le sentier que j'allais prendre et plutôt que d'opter par la poursuite du Tour du Vallespir par la Tour de Mir et le col d'Arès dont je sais que le secteur est particulièrement boisé aussi, j'ai emprunté le chemin le plus court pour rejoindre l'ermitage de Notre Dame de Coral. Il s'agit du PR.12 qui passe au col de la Guille. Bien m'en a pris, puisqu'une fois arrivé à l'ermitage, j'appris par d'autres randonneurs, qui en revenaient, que les chemins de la Tour de Mir et du col d'Arès étaient eux aussi barrés par de nombreux arbres couchés. Je ne l'ai pas constaté par moi-même !

 

Voilà il m'a paru utile de vous apporter ce témoignage qui est tout frais. Comme je l'ai dit je ne fais aucun grief à personne d'autant que parmi les acteurs à qui j'adresse ce message, je ne sais pas qui est responsable des arbres couchés, du balisage présent ou absent, de la prévention à mettre en place en pareil cas, etc...

 

J'espère simplement que quelqu'un fera bon usage de ce message.

 

Recevez, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, mes respectueuses salutations.

 

Gilbert JULLIEN

Licencié à la FFRP sous le N° 0579504G

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Lettre réponse reçue de Monsieur Joseph Dunyach par l'intermédiaire de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo.

 

OFFICE DE TOURISME**

66230 PRATS DE MOLLO - LA PRESTE

 

DUNYACH Joseph

Président du club de randonnée FFRP " Delit Tenim "

Membre du Comité directeur départemental des PO

Responsable des Sentiers

Tel : 04.68.39.77.18

 

A Monsieur JULLIEN Gilbert

 

Monsieur,

 

Je viens de prendre connaissance de votre courrier du 25 Août au sujet des problèmes que vous avez rencontré sur le Tour du Vallespir. Ce courrier m'avait été communiqué par le Président départemental lors de la réunion du Comité Directeur du 31 août à Perpignan et je le classe parmi ceux qui font plaisir à lire car ils démontrent la qualité des randonneurs de la FFRP et leur soucis de parfaire notre terrain de jeu naturel.

Vous avez très bien exposé tous vos problèmes et je me sens un peu responsable de ce qui vous est arrivé car j'avais apposé un panneau de fermeture de sentiers à l'entrée du sentier au départ de Prats et je n'avais pas pensé aux randonneurs arrivant dans l'autre sens ce que je vais m'empresser de corriger en attendant l'ouverture que nous espérons prochaine de ce beau sentier sur le secteur du Miracle après le désastre de la tempête Klauss qui nous a donné bien des soucis.

Je profite de ce courrier pour vous informer que le Tour du Vallespir va être complètement finalisé car il fait partie du grand projet du Conseil Général à travers son entité " Canigou Grand Site ".

Si vous souhaitez recevoir les documents sur cet itinéraire vous pouvez nous communiquer vos coordonnées postales.

Pour ce qui est du secteur de la Tour du Mir, la situation est tout à fait normale.

J'ose espérer que ce courrier vous soulagera un peu de la galère que vous avez connu et je vous prie de m'en excuser encore une fois.

Je joins une copie de ce courrier au Président du Comité Départemental qui m'avait demandé de vous répondre en tant que responsable du secteur ainsi qu'à Monsieur le Maire de Prats de Mollo La Preste.

 

Recevez Monsieur mes sincères salutations et peut être au plaisir de se connaître un jour à Prats ou sur l'un de nos sentiers du Haut-Vallespir.

 

DUNYACH Joseph

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

Publié le par gibirando

Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements :

Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi : ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voudraient faire le contraire, et l'immense majorité de ceux qui ne veulent rien faire.

Confucius (551 av.JC-479 av.JC).

 

Bibliographie et cartographie :

(Vous trouverez ci-dessous le topo-guide et les cartes que j'ai utilisés lors de ce Tour du Vallespir. Les autres livres m'ont permis de m'imprégner de cette région et ainsi de mieux la comprendre sur le plan culturel. Concernant l'Histoire et la géographie du Vallespir, de nombreux sites Internet m'ont aidé dans ces domaines.)

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Canigou-Vallespir-Conflent- Le Guide Rando- Georges Véron- Rando Editions-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2349 ET Massif du Canigou

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2449 OT Céret Amélie-les-Bains Palalda-Vallée du Tech.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Promenade littéraire à travers le Vallespir - Recueil de textes et de poèmes- Michel Wallon - Les Presses- Littéraires-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Domenica ou la Vallée âpre- Roman- Marie Vallespir- Les Presses de l'Imprimerie du Vallespir-1959. Préface de Joseph Ribas. 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Mes Cahiers du Vallespir - Recueil Traduction de poèmes en catalan- Robert Gendre - Imprimerie Le Castellum-1975. Préface d'Abdon Poggi.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Ballades Catalanes- Recueil de poèmes et de photographies- Alain Taurinya- Michèle Maurin - Editions Magellan et Cie - 2002

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 -Mes jeunes années racontées par ma mère et moi - Essai de Charles Trenet et Marie-Louise Caussat-Trenet- Editions Robert Laffont-1978

 

Sites Internet :

 (Autant que c'est possible, j'essaie de faire en sorte que les liens fonctionnent, chose peu facile certains changeant de nom de domaine, d'autres disparaissant carrément.)

- http://clubdelittenim.wordpress.com/randonnees/

- http://cortsavisempre.free.fr/index.html

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Regions/Vallespir.php

- http://jeantosti.com/roussillon.htm

- http://lamanere-barrutet.com/

- http://pagesperso-orange.fr/casafr/vallespir/vallespir.htm

- http://www.amelie-les-bains.com/

- http://www.charles-trenet.net/

https://www.vallespir.com/

https://www.sudcanigo.com/item/damia-noell-chambres-dhotes/

http://www.haut-vallespir.fr/

- http://www.hotel-ausseil.com/

- http://www.la-clau.net/

- http://www.lamanere.fr/

- http://www.mairie-perpignan.fr/

- http://www.maisondupatrimoine-ceret.fr/

- http://www.mediterranees.net/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Montbolo

- http://www.notredameducoral.com/

https://www.vallespir-tourisme.fr/

- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1941_num_29_2_4312

- http://www.pratsdemollolapreste.com/

- http://www.pyrenees-orientales.pref.gouv.fr/

- http://www.reserves-naturelles.org/

- http://www.reynes.fr/html/vallespir.htm

- http://www.vallee-du-tech.com/

- http://www.ville-arles-sur-tech.fr/

- http://www.ville-saint-laurent-de-cerdans.fr/

 

Cette liste de sites Internet n'est pas exhaustive car j'ai également consulté des sites comme Wikipédia, Wiktionnaire, Généanet, Freelang ou Lexilogos et divers forums. Il y a certainement bien d'autres sites concernant le Vallespir, la Vallée du Tech, les villes et les lieux visités lors de cette randonnée. Que ceux qui les ont créés m'excusent de ne pas les citer mais il m'était bien sûr impossible de tous les mentionner dans ce récit. Tous les sites évoqués ci-dessus ont largement contribués soit à la préparation ou à la réalisation du Tour du Vallespir lui-même soit à la rédaction de ce récit. Pour ces raisons, je remercie très sincèrement les auteurs, les propriétaires et les webmestres de tous les sites compulsés.

 

Petit lexique classé dans un ordre d'apparition dans ce récit :

 

Le lexique ci-dessous n'a pas la prétention d'être complet. Il reprend la plupart des noms propres cités pour tenter de les décrire ou de les expliquer dans l'ordre chronologique où ils apparaissent dans ce récit. Grâce à ces explications, j'espère que le lecteur appréhendera mieux la géographie et l'histoire du Vallespir. J'ai volontairement oublié certains noms et j'aurais pu par exemple citer Céret qui est la sous-préfecture du département des P.O, considérée comme la capitale du Bas-Vallespir, mais son absence vient simplement que la ville n'est pas située sur le Tour du Vallespir.

 

Vallespir : Région vallonnée et montagneuse du département des Pyrénées-Orientales qui s'étire sur une quarantaine de kilomètres le long de la vallée du Tech. Le mot vient du latin " Vallis Asperi " qui signifie " vallée âpre " mais âpre au sens de difficile, rude, abrupt.

Vallée du Tech et l'aiguat de 1940 : Bassin versant d'environ 750 km2 le plus méridional de France. Le Tech, long de 85 km, est un fleuve côtier des Pyrénées-Orientales qui prend sa source, dans le massif du Costabonne, au Roc Colom à une altitude de 2.450 m environ. Ce bassin versant associe montagne et plaine, avant d'atteindre la Méditerranée au lieu-dit le Bocal du Tech. Par son débit qui peut-être parfois très exceptionnel (4000 m3/s), le Tech est une fleuve redoutable. Au fil des siècles, il a très souvent débordé laissant le Vallespir et toute la Catalogne exsangue. Les plus effroyables inondations, qu'ici on appelle " aiguat ", ont eu lieu en 552, 1224, 1763, 1842 et 1940. Le Haut-Vallespir ayant été l'épicentre de cette catastrophe d'octobre 1940, de nombreux habitants gardent encore en mémoire les images d'horreur et de désastre de ces crues monstrueuses : 300 personnes perdirent la vie en Catalogne dont 50 côté français, 60 immeubles furent emportés à Arles-sur-Tech et Amélie-les-Bains où la gare et le casino disparurent dans les flots, des dizaines d'habitation furent emportées à Prats-de-Mollo et dans de nombreux autres villages. Des éboulements gigantesques de plus de 50 mètres de hauteur barrèrent la vallée (La Baillanouse), 4 usines électriques et de nombreuses entreprises furent pulvérisées, les coulées à la fois liquides et solides se déversèrent dans les campagnes dévastant toutes les cultures et laissant dans les terres arables une incroyable accumulation de rochers, de cailloux et de sables inadaptée à l'agriculture future, les flots emportèrent de nombreux ponts et voies de communication. Ces précipitations diluviennes furent considérées par les météorologues comme une " anomalie fantastique " de la nature. Vous trouverez quelques témoignages de l'époque sur la page Internet suivante : http://pluiesextremes.meteo.fr/france-metropole/Aiguat-fantastique-sur-le-Roussillon.html

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - RemerciementsMes jeunes années : Les paroles de cette chanson sont de Charles Trénet et la musique de Marc Herrand, pianiste, arrangeur de talent et ancien ténor des Compagnons de la Chanson. Elle date de 1949 (encore une coïncidence puisque c'est l'année de ma naissance !) et la partition est parue aux Editions Raoul Breton. Charles Trenet l'a composée lors d'une tournée qu'il effectuait au Canada. Dans l'importante discographie de Trenet, cette chanson figure dans pas moins de 27 disques et albums. Elle est donc une chanson très importante du registre du poète et chanteur. Charles Trenet y évoque ses souvenirs de jeunesse quand il allait courir la montagne du côté du Vallespir, du Canigou ou de la Cerdagne qu'il aimait tant. En 1922, son père s'installe comme notaire à Perpignan, ville dont il est natif. Peu de temps après, il fait la connaissance d'Albert Bausil, un ami à son père. Albert Bausil, l'enfant du Canigou, le poète et écrivain, chantre inspiré du Roussillon, lui fait découvrir les arts et la culture catalane. Pour le petit garçon émerveillé au regard clair, cette rencontre est capitale et Albert Bausil devient son mentor, voire son Pygmalion. Sans cet homme, qui aura sur l'adolescent une influence capitale, il n'y aurait peut-être pas eu de "Fou chantant", mais rien qu'un petit architecte de province… Bausil accueille Charles dans son "Coq Catalan", un petit hebdomadaire littéraire, satirique et sportif. Le jeune poète y fera ses premières armes, des vers qui, déjà, respirent la liberté et l'amour de la vie avec enthousiasme. Cette chanson a été reprise par nombre d'autres chanteurs et surtout par de nombreuses chorales comme les Petits Chanteurs à la Croix de Bois par exemple. Mais les meilleurs interprètes de Trenet restent les Compagnons de la Chanson qui ont repris un grand nombre de textes du grand poète. En 1978, "Mes jeunes années racontées par mère et moi" est un livre autobiographique écrit à quatre mains par Charles Trenet et sa mère Marie-Louise Caussat-Trenet paru aux Editions Laffont.

(Personnellement, cette chanson, reste le souvenir et le symbole d'une jeunesse insouciante, éprise de liberté et d'amour de la vie et de la nature. Je me reconnais dans cette chanson et en la réentendant, elle est devenue tout naturellement un hymne à mon Tour du Vallespir). Cliquez sur l'image de la partition ci-dessus pour écouter la chanson.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Georges Véron : Ce grand pyrénéiste né dans la Sarthe en 1933 est mort en 2005. Professeur de biologie, il a d'abord pratiqué le football et l'athlétisme pendant plus de vingt ans avant de découvrir les Pyrénées. Quand il découvre la chaîne de montagnes, il en " tombe amoureux " et en fait rapidement sa passion. Il enchaîne les balades à un rythme qui lui vaut le surnom de " stakhanoviste de la montagne ". En 1968, il effectue la traversée des Pyrénées et réussit le pari d'aller de la mer Méditerranée à l'océan Atlantique par la haute montagne, en 41 étapes, uniquement à l'aide de cartes. Il devient ainsi le créateur de la Haute Randonnée Pyrénéenne, célèbre H.R.P qui traverse les Pyrénées par les chemins pédestres des plus hautes crêtes et des plus hauts cols. A partir de là, il va se consacrer presque exclusivement à la randonnée, à pied mais aussi en V.T.T. Membre du Club alpin français, collaborateur de la Fédération française de la randonnée pédestre, il participe à la création du célèbre G.R.10, longue randonnée de 850 kms qui part d'Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques et se termine à Banyuls-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales . En 1978, il enseigne à Tarbes, conseiller technique de l'association " Randonnées Pyrénéennes ", Georges Véron publie de nombreux ouvrages et une trentaine de guides de randonnées consacrés aux Pyrénées : 100 randonnées, 100 plus beaux sommets, itinéraires de VTT et chemins de Saint-Jacques de Compostelle, etc.… Avec son topo-guide Canigou, Vallespir, Conflent, il est le créateur du Tour du Vallespir.

Amélie-les-Bains : Autrefois, la ville s'est appelée les " Bains d'Arles ", nom provenant d'Els Banys (les bains) et d'Arles pour Arles-sur-Tech. Ce nom désignait un monastère qui était érigé à cet endroit. Le nom actuel date de 1840 et fut donné à la commune en hommage à la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, qui faisait de nombreux séjours aux Thermes. Vaste de 2943 hectares, située au cœur du Vallespir, au bord du Tech et de son affluent le Mondony, la commune est désormais composée de 2 autres villages qui ont été annexées : Palalda en 1942 et Montalba en 1962. La cité est une station thermale renommée depuis l'antiquité.

Montbolo : Cité située sur la rive gauche du Tech à 600 mètres d'altitude, on l'appelle couramment le " Balcon du Vallespir " tant son panorama est exceptionnel sur la plaine du Roussillon, le Canigou, la chaîne des Albères et la vallée du Tech. De son exposition plein sud, Montbolo reçoit un ensoleillement maximum en hiver et, en été cette chaleur est tempérée par la fraîcheur due à l'altitude. L'absence de toute activité industrielle contribue à une qualité de l'air remarquable et pour compléter ce cadre idyllique, l'alimentation en eau est assurée par des sources captées à plus de 1500 mètres d'altitude. Ce village est également connu pour sa procession de la " Rodella " qui se déroule chaque 30 juillet et dont l'origine païenne remonterait au début du christianisme. Depuis l'église Saint-André de Montbolo, cette procession consiste à se rendre par un sentier forestier à l'abbaye d'Arles-sur-Tech pour aller vénérer les reliques des saints Abdon et Sennen. Mais la particularité de ce pèlerinage est de descendre une croix chrétienne sur laquelle a été placé un grand cerceau fait d'un enroulement de cire d'abeille que l'on appelle " la Rodella ". Il existe également autour de cette " Rodella " une légende basée sur un texte historique de 1465 que vous pouvez découvrir sur les deux sites Internet suivants :

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Traditions/Rodella.php

https://www.labalma.fr/index.php/fr/camping-fr/fetes

Formentere ou Formentera : Col à 1.133 m d'altitude situé à la limite du Haut-Vallespir et des Aspres sur le chemin du Tour du Vallespir et l'ancienne voie ferrée minière. Non loin de ce col, il y a le hameau oublié de Formentere, ancienne gare minière qui a eu son heure de gloire au temps de l'exploitation des mines de fer autour du Massif du Canigou (Batère, les Manerots, La Pinouse, Rapaloum, etc.…). De Formentere, grâce à une ligne de câbles et de chariots de plus de 5 kilomètres, le minerai cuit était descendu par voie aérienne jusqu'à Arles-sur-Tech.

Batère : Lieu situé à cheval entre Vallespir, Aspres et Haut- Conflent connu pour sa tour médiévale du 13eme siècle construite à l'époque où les Rois de Majorque régnaient sur le Roussillon et la Cerdagne. Cette tour à signaux assurait la surveillance et la communication à l'aide de fumées le jour et de feux la nuit. Elle était certainement en liaison avec d'autres tours et châteaux du Vallespir (Montbolo, Corsavy, Cos, Mir, Palalda, Cabrens) et les tours d'autres régions comme la Tour de la Massane ou bien celle de la Madeloc. Mais Batère est également connu pour ses anciennes mines de fer, fer apprécié depuis la nuit de temps (200 avant JC). Ces mines étaient les plus importantes du département, elles alimentaient un nombre incalculable de forges. Les mines fonctionnèrent jusqu'en 1994 donnant à toute la région un essor économique considérable. En 1953, la société d'exploitation construisit à 1.540 m d'altitude un bâtiment pour les mineurs et leurs familles, ce bâtiment sert désormais de refuge et de gîte aux randonneurs de tout poil.

La tempête Klaus : Le 23 janvier 2009, Klaus est le nom donné à une tempête en cours de formation par l'Institut de Météorologie allemand en l'honneur d'un certain Klaus Schümann. Au départ, c'est le satellite Météosat qui va envoyer des images d'une dépression étonnante situé sur l'Atlantique Nord, profonde dépression qui va engendrer des vents d'une force exceptionnelle et d'une vitesse inouïe. Cette tempête a principalement touché le sud-ouest de la France, la principauté d'Andorre, le nord de l'Espagne et une partie de l'Italie entre le 23 et le 25 janvier 2009. Dans le sud de la France, nombreux sont ceux qui considèrent à juste titre comme plus dévastateur Lothar, la tempête de décembre 1999, mais ce n'est pas le cas du Vallespir et du Roussillon où Klaus a été bien plus violent. Le 24 janvier, les dégâts ont été considérables et en tous cas, évalués à 38 millions d'euros. Le département a été reconnu comme en état de catastrophe naturelle. Tous les records ont été battus : 216 km/h au Col d'Envalira, 193 km/h à Formiguères, 191 km/h pendant deux heures au Cap Béar, 184 km/h à Perpignan, record absolu de 1999 battu de plus 40 km/h. Les forêts de résineux (pins sylvestres et cèdres) du Vallespir ont été parmi les plus ravagées et l'importance des dégâts a été estimée avec des prises de vue aériennes. Au-delà des dégâts, le problème pour la filière bois, c'est que cette tempête Klaus est arrivée dans une conjoncture économique beaucoup plus mauvaise qu'en 1999.

Riuferrer : Affluent du Tech, le Riuferrer (la rivière du fer) est un torrent impétueux d'une longueur de 17,7 kms qui prend sa source dans le cirque du Faig au pied du Puig dels Tres Vents à une altitude de 2.300 m environ et se jette dans la Tech à Arles-sur-Tech. De nombreux pêcheurs parcourent ses rives pour ses excellentes truites.

La Coumelade : Affluent du Tech, la Coumelade est une rivière qui prend sa source sur le versant sud de la crête des Tres Vents à 2.570 mètres d'altitude et qui, après avoir parcouru 15 kms, se jette dans le Tech au hameau Le Tech. Dans sa partie torrent, elle appréciait des adeptes de la descente en canyon.

Saint-Guillem de Combret : Situé dans la vallée de la Coumelade, le minuscule hameau est essentiellement connu pour son ermitage dont l'histoire commence au 9eme siècle. A cette époque, une chapelle dédiée à Sainte-Magdeleine de Combret avait été construite par un certain " Guillem ". Guillem offrait, sans aucune compensation, gîtes et couverts à tous les pèlerins qui partaient de Saint-Michel de Cuxa pour se rendre à Saint-Jacques de Compostelle par le col d'Ares et l'Espagne. Guillem était si apprécié de tous les voyageurs et le lieu si prisé, qu'après sa mort tout le monde l'appela Saint-Guillem malgré qu'il n'ait jamais été canonisé. Aujourd'hui la chapelle et ses dépendances sont connues sous le nom de Saint-Guillem de Combret. Le hameau dispose d'un refuge non gardé. Malgré quelques restaurations, la chapelle a peu changé au fil des siècles, elle mesure 15 mètres de long pour 4 mètres de large et est de style roman. Sa cloche très ancienne est exceptionnelle et est à l'origine d'une légende prétendant que Guillem l'aurait modelée de ses propres doigts car il en reste, paraît-il, encore l'empreinte sur le métal. Le 22 juillet de chaque année, les habitants du village Le Tech, de Prats de Mollo et d'autres villages alentours effectuent un pèlerinage.

La Parcigoule : C'est une rivière de 9 kms de longueur, affluent du Tech qui prend sa source à une altitude de 1.920 mètres au lieu-dit Les Estables. Elle rejoint le Tech au hameau de Saint-Sauveur entre Prats-de-Mollo et la Preste. Le bassin de la Parcigoule présente la particularité d'avoir été une des vallées les plus déboisées et dépeuplées du Vallespir, tout d'abord à cause des nombreuses forges qui utilisaient intensément son bois puis à cause des crues répétitives (aiguat) d'octobre 1940 puis d'avril 1942. Un reboisement et des barrages ont été aménagés pour stabiliser et protéger la vallée.

Joseph de la Trinxeria : né en 1637 à Prats-de-Mollo, commune d'Espagne à l'époque, il s'insurgea contre la gabelle, cette célèbre taxe sur le sel, abolie depuis 1292 mais qui venait d'être réhabilitée en 1661 par Louis XIV après l'annexion de la Catalogne du Nord (Roussillon, Vallespir, Conflent, Cerdagne, Capcir) au royaume de France par le Traité des Pyrénées de 1659. En 1666, indigné d'avoir été surtaxé par les Gabelous, ces préposés chargés de la récolte, il leva une armée d'Angelets et tint tête pendant quelques années à toutes les troupes envoyées contre lui. Ces nombreuses victoires lui apportèrent un énorme prestige et nombreux furent ceux qui se rallièrent à sa cause. Il devint rapidement un héros dans le Vallespir tout entier et bien au-delà encore dans toute la Catalogne. C'est en partie à cause de ces révoltés que Louis XIV fit construire par Vauban, le Fort Lagarde de Prats-de-Mollo à partir de 1677. Quelques années plus tard, Joseph de la Trinxeria qui n'avait pas renié ses origines, devint officier des armées d'Espagne et se battit contre le royaume de France aux côtés des Miquelets. Il ne cessa jamais de se battre sur de nombreux fronts et termina sa vie comme colonel en 1689. Il mourut en 1694.

Prats-de-Mollo - La Preste : Avec une superficie de presque 12.000 hectares, cette commune est la plus étendue du département des Pyrénées-Orientales. Située au bord du Tech à 735 mètres d'altitude, elle dispose d'un patrimoine historique exceptionnel : Eglise gothique Saintes Juste et Ruffine, Fort Lagarde et fortifications construites par Vauban, Tour de Mir, nombreuses chapelles, etc.… Il faut dire qu'au regard de sa situation géographique, Prats fût tout au long de son histoire le théâtre de soubresauts franco-espagnols incessants. Longtemps tournée vers l'agriculture, l'élevage, la sylviculture et quelques industries locales (textiles, espadrilles, etc.…), la cité vit désormais du tourisme et des Thermes de la Preste, bourg rattaché à Prats mais éloigné de huit kilomètres à une altitude de 1.130 mètres. Le mot " Prats " signifie " prés " mais deux versions s'opposent quant à l'origine du mot " Mollo ", certains le traduisant par " mouillé " d'autres avançant qu'il signifie " grosse pierre" en catalan. Alors " prés mouillés " ou " prés bornés ", les deux définitions ont leur logique tant la cité a été souvent la scène de crues mémorables mais aussi un bourg toujours borné ou limité par une frontière mouvante et parfois incertaine. Il faut savoir en effet que malgré le Traité des Pyrénées de 1659 signé entre le roi de France Louis XIV et Philippe IV, roi d'Espagne, le véritable tracé de la frontière entre la province du Roussillon et l'Espagne ne fût déterminé et borné que deux siècles plus tard en 1866 avec le Traité de Bayonne entre l'Empereur Napoléon III et la reine Isabelle II d'Espagne. De par leur situation géographique ambiguë et instable, c'est dire si les Pratéens ont longtemps été indécis et désorientés quant à leur citoyenneté réelle. Alors n'est-il pas un peu logique qu'ils aient été avant tout catalans avant d'être espagnols ou français ? En raison de son milieu, de son relief varié et de ses richesses naturelles remarquables (flore, faune et géologique) la commune a été classée " Réserve Naturelle " en 1986.

La tour de Mir : Situé à 1.540 m d'altitude et datant du 13eme siècle, comme la tour de Batère, la tour de Mir était chargé d'émettre des signaux pour assurer les communications avec d'autres tours comme celle de La Guardia, une autre tour de Prats-de-Mollo où a été érigé ensuite le Fort Lagarde. A cette époque où les catalans se lancent dans de nombreuses conquêtes tout autour de la Méditerranée, la tour de Mir présente l'avantage d'être à la fois tournée vers la mer et vers l'intérieur des terres, car plus particulièrement affectée à la surveillance de Col d'Arès, passage obligé vers des territoires intérieurs comme le royaume d'Aragon notamment. De son piton rocheux, on aperçoit très distinctement le château et les tours de Cabrens, elles-mêmes en liaison avec la Tour de Batère et ainsi de suite jusqu'aux tours des Albères et du Roussillon. La tour de Mir est située sur le chemin du Tour du Vallespir.

La Retirada : Le mot " Retirada " signifie " retraite " en espagnol mais il désigne plus particulièrement l'exode humanitaire que des milliers de républicains espagnols vécurent à partir de janvier 1939. En deux semaines, c'est 100.000 réfugiés qui passent la frontière au col d'Arès pour fuir la dictature de Général Franco dont l'alliance avec le régime nazi d'Hitler inquiète l'Europe toute entière. Le 31 janvier, le ministre de l'intérieur Albert Sarraut vient à Prats-de-Mollo pour organiser ces arrivées massives. Il fait construire 4 camps d'hébergement dans la vallée du Tech. Tout est bon pour accueillir les réfugiés et affronter ce glacial et cinglant hiver. Le 13 février, la frontière est officiellement fermée et gardée par les soldats de Franco. Mais ce sont environ 500.000 personnes, pleines d'un espoir d'un avenir meilleur qui arrivèrent en France par de multiples passages frontaliers. Mais pour ces réfugiés, internés dans des camps ceinturés de fils barbelés, cette espérance fût le plus souvent déçue, car ils avaient fuit l'arbitraire, la torture et la terreur instaurée par le régime totalitaire espagnol pour ne trouver en France que privation de liberté, dans des conditions généralement pitoyables pour ne pas dire inhumaines.

Notre-Dame du Coral : Il s'agit d'une chapelle longue de 23 mètres et large de 7 mètres qui a été construite sur un éperon rocheux à 1.091 m d'altitude dans un cadre de verdure exceptionnel. On pense qu'à l'origine, au 9eme siècle, il s'agissait d'un simple sanctuaire (petite chapelle ou oratoire) qui servait de lieu de prières. Puis comme souvent, un village, ici Miralles, se développa autour de cette chapelle. La légende prétend qu'une statue de bois représentant la vierge Marie provenant de cette chapelle ait été dissimulée dans un tronc d'arbre, puis retrouvée plus tard. Cette trouvaille aurait été l'occasion d'un engouement populaire qui amena la construction de la nouvelle église paroissiale de Miralles. C'est ainsi que Notre Dame du Coral est apparue, bâtie sur les restes de la chapelle primitive, pour servir d'église aux habitants du village. Dans les textes historiques, Sancta Maria de Coral apparaît à partir de l'an 1267 comme appartenant à l'abbaye de Camprodon (Espagne). Mais au fil des siècles, et selon les mouvements de la frontière, le site eut divers propriétaires religieux, privés ou publics. Mais les occupants de la chapelle ont été le plus souvent des ermites forains qui voyageaient en quête de charité et d'oboles. A présent, la chapelle et certaines de ses dépendances servent de refuge avec gîtes, restaurant, tables et chambres d'hôtes. L'étymologie de " Coral " est très discutée mais la plus probable est que ce nom viendrait simplement de " corail " comme la couleur rouge de certaines roches que l'on trouve dans le secteur en montant par exemple vers le col de Malrems ou le Pla de la Muga.

Lamanère : C'est un village du Vallespir situé à 777 mètres d'altitude et à vol d'oiseau vers le sud à moins de 3 kms de la frontière espagnole. Entourée de montagnes et de collines avec les Baga de la Sadella et de la Bordellat (1.554 m) au sud, le Mont Nègre (1.425 m) à l'est, le Roque de Cap de Ca et la serra de Cabrens (1.326 m) au Nord, le Puig de las Coubines et El Tossal (1.281m) à l'ouest et nichée au fond d'une verdoyante vallée à la jonction de plusieurs rivières et ruisseaux (Lamanère, Taix, etc.…) elle est la commune la plus méridionale de l'hexagone. Riche de divers minerais (fer, or, plomb argentifère, cuivre) qui y furent exploitaient en leurs temps, son nom proviendrait du catalan " La Menera " signifiant " La Minière ". Grâce à ses paysages magnifiques et variés, elle est un lieu propice à de nombreuses activités de plein air (randonnées, VTT, baignades, canyonning, etc.…). Mais de par son emplacement géographique très isolé, on ne connaît pas grand-chose de son histoire, si ce n'est qu'elle a longtemps était dépendante de la commune de Serralongue où régnaient au Moyen-Âge les seigneurs de Cabrens. Mais Lamanère, c'est aussi une rivière, affluent du Tech, longue de 15,7 kms, qui elle-même est alimentée par d'innombrables petits ruisseaux affluents.

Les Estanouses : Minuscule hameau perdu du Haut-Vallespir situé au pied des tours de Cabrens, non loin des villages de Lamanère et de Serralongue à une altitude de 1.019 mètres. Il y a encore quelques années (2004 ou 2005), on pouvait le traverser en empruntant une des variantes du Tour du Vallespir. Aujourd'hui, ce chemin est barré car il est devenu un domaine privé, et si j'en crois mes recherches Internet, faisant chambres et tables d'hôtes pour accueillir les touristes.

Cabrens : La seigneurie de Serralongue, commune du Vallespir, est gouvernée dès le 11eme siècle par les " seigneurs de Cabrenç " en référence aux chèvres qui peuplaient les collines et qui étaient les seuls animaux à pouvoir grimper jusqu'à leur château. Le premier seigneur fût Oriol de Cortsavi mais la dynastie des Cabrens composée de diverses familles au gré des alliances et des successions eut une immense influence sur une grande partie du Vallespir et régna fort longtemps et au moins jusqu'en 1792, date à laquelle l'état français créa les communes et où le dernier seigneur Abden Senen de Ros, baron de Cabrens s'expatria en Espagne. Aujourd'hui le site de Cabrens est surtout connu pour ses trois tours, objectifs de randonnées à partir de Lamanère ou de Serralongue. Situées au faîte d'une crête rocheuse, les trois tours sont en réalité les ruines du château construit en 1086 par les seigneurs de Cabrens, celles d'un donjon adjoint au 11eme siècle qui aurait fait office de geôles et enfin celle d'une tour à signaux du 14eme siècle qui communiquait avec de nombreuses autres tours du Vallespir (Mir, Batère et Cos). Au regard de sa position géographique dominante, l'ensemble devait constituer une forteresse quasi imprenable.

Saint-Laurent-de-Cerdans : Le village daterait du 11eme siècle, date à laquelle des moines de l'abbaye d'Arles-sur-Tech aurait construit une église dédiée à Saint-Laurent, martyr du 3eme siècle. Le terme " Cerdans " apparaît au 12eme siècle avec le nom d'un mas (Manso de Cerdanis). Mais ce nom lui-même proviendrait du nom d'un peuple des montagnes de la région, descendant des Ibères qu'on appelait " Les Cérêtes ". Ce peuple serait aussi à l'origine des noms de la ville de Céret et de la région de Cerdagne. La ville construite à l'intersection de plusieurs cours d'eau (la Quére, le Saint-Laurent, la Bilvera, etc.…) est entourée de plusieurs " serrats ", petites chaînes de montagnes (Cogull, Montner, Provadona, Capell, Garsa, etc.…) dont la plupart dépassent les 1.000 mètres d'altitude. Elle fût un lieu de passage, d'échanges et surtout de contrebande avec l'Espagne tout au long des époques. Pendant très longtemps, la prospérité de la cité a reposé sur les industries liées au fer avec de nombreuses forges alentours qui ont données leurs noms à des lieux-dits (la Forge del Mig, la Forge d'en Bosc, la Forge d'Avall, etc.…), au bois (exploitation du châtaignier encore très présent dans les forêts de nos jours) mais l'industrie la plus originale a été celle de la fabrication d'espadrilles que l'on appelle ici " vigatanes " et qui, bien sûr, a été étroitement liée aux fabriques de tissus. Ces deux dernières activités artisanales sont encore bien présentes aujourd'hui au travers des sociétés " Vallespir Sandales " et " Les Toiles du Soleil ". Grâce à son riche patrimoine historique, culturel et naturel et au tout proche domaine hôtelier de Falgos pourvu de son terrain de golf de 18 trous, le village vit désormais au rythme du tourisme.

La famille Noëll : Le 23 janvier 1676, l'église de Saint-Laurent-de-Cerdans avait brûlé ainsi que quelques maisons voisines dont celle de la famille de Noëll. Au 18eme siècle, la destruction de ces documents anciens avait amené Abdon Noëll à solliciter du roi de France Louis XV la reconnaissance et la confirmation de sa qualité de noble et de ses titres. C'est en décembre 1766 qu'Abdon de Noëll reçut cette confirmation et ses nouvelles lettres de noblesse signée de Louis XV et du duc de Choiseul. Il fût nommé baron de Vilaro, petit hameau proche de Saint-Laurent. Notaire à Saint-Laurent-de-Cerdans, Abdon, le seigneur de Vilaro, âme de la Résistance du Vallespir, fût le plus connu de tous car en avril 1793 avec l'aide du général espagnol Antonio Ricardos, il évita le massacre programmée par la Convention Nationale de toute la population de Saint-Laurent-de-Cerdans. Quand on sait que cette guerre entre la France et l'Espagne, galvanisé par l'hostilité de la monarchie espagnole envers la République Française, commença pour empêcher l'organisation d'une simple procession, on comprend mieux l'attachement que les Laurentins avaient pour leurs traditions et leur liberté de culte. Ce culte de l'église et cette liberté sont encore fermement ancré de nos jours et on les retrouve à travers diverses manifestations.

Puis ce fût Jacques de Noëll qui, au 20eme siècle, grimpa l'échelle de la renommée, mais dans un autre registre, celui de la musique. Il fut un grand compositeur de musiques catalanes et de sardanes. Et comme ici en Vallespir, comme dans toute la Catalogne, la sardane est une danse et une musique sacrée, Jacques de Noëll fût un musicien très apprécié. Il y eut également Louis, archéologue apprécié, frère de Jacques mais mort trop jeune pour être resté dans l'Histoire. Mais tout au long des siècles, les de Noëll étaient surtout de riches aristocrates et des notables reconnus, certains étaient notaires, d'autres maîtres de forge ou propriétaires d'exploitations minières, d'autres propriétaires terriens. Malgré la perte de leurs titres de noblesse à la Révolution Française, les de Noëll gardèrent un certain prestige dans tout le Roussillon certains devenant des chefs d'entreprise reconnues, d'autres tentèrent l'aventure de la vie politique, beaucoup devenant maires de nombreuses communes. La bâtisse, maison de famille des de Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans avait été construite en 1606 et le premier occupant avait été un certain Damia (1560-1612) qui, au côté de Joseph de la Trinxeria, s'était révolté contre les effets néfastes du Traité des Pyrénées de 1659. Cette maison Damia Noëll a été rachetée, il y a quelques années, par un couple très sympathique Isabelle et Mario Lopes, qui en ont fait une table et des chambres d'hôtes absolument remarquables.

Pilon de Belmatx ou Belmaig : Ici en Catalogne, on prononce " Belmach ". Il s'agit d'un sommet du Vallespir avec une altitude somme toute modeste puisque élevée au dessus du niveau de la mer à 1.280 mètres seulement. Il est situé sur une longue crête rocheuse qui s'appelle la Serre de Montner et qui surplombe la cité d'Arles-sur-Tech. Mais sa renommée vient justement de la difficulté que l'on rencontre à le gravir à partir d'Arles-sur-Tech puisque c'est pas moins de 1.020 mètres de dénivelé qu'il faut accomplir sur un sentier très difficile car terreux et caillouteux et très souvent raviné. Pour y monter, il faut emprunter un tronçon du célèbre GR.10 jusqu'au Col de Paracolls et c'est certainement pour çà que cette randonnée s'inscrit très souvent comme une " incontournable " du département. Montagne mythique pour les Arlésiens, chaque printemps, un trail de 11 kilomètres, course réunissant des spécialistes de ce sport mais aussi de simples concurrents est organisée par l'association Arles-Belmaig. Est déclaré vainqueur du " Km Vertical Walsh " celui qui accomplit exactement les 1.000 mètres de dénivelé (environ 100 mètres avant le sommet) dans le laps de temps le plus court.

Arles-sur-Tech : Bien que n'ayant pas traversé cette ville lors de ce Tour du Vallespir, je l'ai eu très souvent devant mes yeux lors de la 1ere et de la dernière étape. Comment parler du Vallespir sans évoquer Arles-sur-Tech qui est certainement une des villes les plus anciennes de cette région puisqu'on a retrouvé des vestiges datant de la Préhistoire (dolmen). Comment parler d'Arles-sur-Tech sans parler de sa Sainte-Tombe et des saints Abdon et Sennen. En ce qui concerne la Sainte-Tombe et son fameux mystère, il s'agit d'un sarcophage de pierre du 3eme siècle qui est situé dans une courette de l'église et qui produit une quantité d'eau pure importante et " d'origine inconnue " (200 à 300 litres par an en moyenne, parfois beaucoup plus, jusqu'à 800 litres l'an). La thèse du miracle a bien évidemment été la première avancée, tandis que d'autres hypothèses ont vu le jour tout au long de l'histoire, relayées ces dernières années par des médias avides de sensationnel. Malgré un premier travail sérieux et concluant dans les années 60 et encore récemment, le panneau situé au dessus du sarcophage explique encore aujourd'hui que la Sainte Tombe n'ait pas livré son secret. Mais la théorie la plus souvent émise serait que le couvercle serait suffisamment poreux pour laisser pénétrer l'eau des pluies alors que le fond du sarcophage serait parfaitement imperméable. Quand à Abdon et Sennen, en l'an 960 un abbé se nommant Arnulfe aurait rapporté de Rome des reliques authentifiées comme étant celles de ces deux saints persans. Elles vaudront à Arles le surnom de "ville des Corps Saints". Ces deux Saints sont toujours vénérés à Arles. Mais autour de ces saints, il existe une légende qui se recoupe avec une autre légende du Vallespir, celle des " Simiots ", des êtres malfaisants, dévoreurs d'enfants, moitié félins et moitié singes qui vivaient dans les forêts et les montagnes du Vallespir. Je vous laisse le soin de prendre connaissance de ces légendes sur les excellents sites suivants :

https://www.sudcanigo.com/decouvrir/contes-et-legendes/

http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Legendes/Simiots.php

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdon_et_Sennen

 

Remerciements :

 

Je remercie très sincèrement toutes les personnes qui m'ont accueillies lors de mes différentes arrivées d'étapes : au Refuge de Batère, à l'hôtel Ausseil à Prats-de-Mollo et à Notre-Dame du Coral. Partout, je fus parfaitement reçu. Bien sûr, ma meilleure soirée mais la plus onéreuse aussi fût celle passée à la Maison Damia Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans, il est vrai en table et chambre d'hôtes d'une qualité remarquable. L'accueil d'Isabelle et Mario fût tel qu'ils méritent vraiment une mention spéciale. Je conseille vivement cet endroit à tous les randonneurs qui pourront se permettre de dépenser 78 euros pour une demi-pension. J'ai essentiellement marché en solitaire sur ce Tour du Vallespir mais je remercie les quelques personnes que j'ai rencontré au cours de ce voyage et qui, d'une manière ou d'une autre, l'ont rendu plus agréable ou plus facile : le vigile des Thermes d'Amélie qui ne m'a pas fait de difficulté pour garer ma voiture, l'homme qui faisait un footing avec son chien à Montbolo qui m'a aidé dans la direction à prendre, le couple qui craignait l'orage et qui voulait me prendre en voiture à la Tour de Batère, quelques clients et l'aimable groupe d'Epinal rencontré au refuge de Batère qui effectuaient le GR.10, le très chaleureux couple et leur fille que j'ai aidé à la cabane de la Devesa au dessus de Leca, l'homme qui m'a expliqué le plus court chemin à prendre au Fort Lagarde, la dame qui m'a expliqué où se trouvait l'hôtel Ausseil, les anonymes clients catalans et parisiens du restaurant Ausseil qui m'ont permis de passer une agréable soirée à Prats-de-Mollo et ce, malgré la terrible journée que j'avais vécue, la pharmacienne de Prats-de-Mollo qui a su parfaitement calmer mes brûlures d'orties, la gentille randonneuse rencontrée à Notre-Dame de Coral, les propriétaires du Domaine des Estanouses avec lesquels depuis je me suis lié d'amitié, le breton vététiste et le jeune couple de Tchèques, clients de la Maison Damia Noëll. Je remercie enfin ma femme qui m'a laissé partir seul, mes enfants de m'avoir offert un lecteur MP3, objet ô combien précieux qui m'a énormément aidé dans les instants les plus difficiles. Je remercie enfin Charles Trenet et ses interprètes Les Compagnons de la Chanson pour leur magnifique chanson " Mes jeunes années ", mélodie avec laquelle j'ai marché très souvent tout au long de cette randonnée. Quand j'éprouvais des difficultés, cette chanson était là pour me remonter moral et enthousiasme. Pour moi, cette chanson restera pour toujours comme un hymne à ces 6 jours passés en Vallespir. 6 jours " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

 

Divers :

 

Peu de temps après mon retour, le 24 août exactement, et en raison de la terrible et éprouvante épreuve que j'avais vécue dans la forêt du Miracle au dessus de Prats-de-Mollo, il m'a paru utile d'alerter les autorités pour que d'autres personnes ne tombent pas dans le même piège que les arbres couchés par la tempête Klaus du 24 janvier 2009 m'avaient tendu. J'ai donc adressé un e-mail à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération et au comité départemental de la Randonnée Pédestre pour les informer de la galère que j'avais éprouvée dans ce secteur du Tour du Vallespir situé peu après le Puig des Lloses en direction du Col du Miracle.

 

Le 14 septembre, c'est avec satisfaction que je recevais une réponse de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo dans laquelle elle m'informait avoir contacter Monsieur Joseph Dunyach, Président du club local de randonnée pédestre " Délit Ténim ". Ce dernier me répondait à travers une lettre jointe au message de Madame Baills.

 

Pour les remercier de m'avoir répondu et d'être intervenu ultérieurement dans ce secteur de Prats-de-Mollo, j'ai volontairement joint à ce récit nos différents échanges de messages.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Message adressé le 24 août 2009 à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération Française de Randonnée Pédestre et à son Comité départemental des Pyrénées-Orientales.

 

Monsieur le Maire de Prats de Mollo, Mesdames, Messieurs,

 

J'ai réalisé la semaine dernière la randonnée du Tour du Vallespir en 6 jours d'après le Guide Rando de Georges Véron : Canigou, Vallespir, Conflent paru chez Rando Editions. Randonnant beaucoup tout au long de l'année, j'avais eu l'occasion de remarquer que ce tour était plutôt bien balisé et que les panneaux indicateurs étaient nombreux. Je n'ai pas trouvé non plus sur Internet de contre-indications à effectuer ce tour. C'est donc en toute confiance mais muni néanmoins d'un GPS, d'un téléphone portable et des cartes IGN appropriées que je suis parti d'Amélie vers Batère le 1er jour, puis vers Saint-Guillem le 2eme jour, puis vers Prats de Mollo le 3eme jour, puis à Notre-Dame de Coral le 4eme jour, puis à St Laurent de Cerdans le 5eme et retour à Amélie le 6eme.

 

Tout s'était très bien passé jusqu'au Puig des Lloses (1.413 m) qui sauf erreur de ma part se trouve sur la commune de Prats de Mollo. A cet endroit, le balisage rouge et jaune propre au Tour du Vallespir ainsi que le panneau d'orientation m'indiquait de poursuivre vers la droite alors qu'un 2eme panneau me proposait de descendre à gauche vers Prats de Mollo par le col de Cavanelles. Effectuant bien sûr le Tour du Vallespir et ayant de toute manière ce tracé-là enregistré dans mon GPS, j'ai normalement poursuivi vers la droite d'autant que rien à cette intersection du Puig des Lloses ne pouvait me laisser supposer que cette portion du Tour du Vallespir dans laquelle j'allais m'engager était complètement impraticable.

 

J'ai 60 ans et je pense être un marcheur chevronné. Pourtant je ne vous cache pas qu'à cause des nombreux arbres décimés qui jonchent encore le sentier sur ce secteur depuis la tempête Klaus du 24 janvier dernier, j'ai eu à un moment le vague sentiment que j'était tombé dans un véritable traquenard. En effet, j'ai commencé à enjamber un premier arbre puis à passer sous un second, puis troisièmement à contourner un premier groupe d'arbres, puis je suis passé sous quelques autres arbres couchés puis au bout de 1,5 kms sans autre solution j'ai finalement quitté le chemin pour éviter un amoncellement qui me semblait de quelques mètres de large seulement (on constate en effet que le vent à suivi des couloirs plus ou moins larges) mais qui en réalité étaient absolument infranchissables. J'ai donc fini par me perdre dans cet immense labyrinthe d'arbres abattus et j'ai même pensé à un moment à appeler les secours depuis mon portable. Heureusement, que j'ai su garder mon sang-froid et grâce à mon GPS j'ai pu, après de multiples efforts, retrouver le sentier et j'ai réussi à rebrousser chemin pour en définitive rejoindre Prats par le col de Cavanelles.

 

Attention ce message que je vous adresse et cette histoire que je vous relate n'ont pas pour objet d'émettre un grief envers quiconque mais simplement à vous prévenir qu'à cet endroit après le Puig des Lloses, le tour du Vallespir est particulièrement dangereux et infranchissable. Mais peut-être le saviez-vous ? De mon côté, je sais pertinemment que la tempête Klaus a provoqué des dégâts considérables et que ce n'est pas en quelques mois que l'on peut effacer les cicatrices d'un tel désastre. Je pensai toutefois que dans la mesure où un chemin serait impraticable un simple petit panonceau d'interdiction aurait été mis en place. Ayant eu l'occasion de marcher dans les Landes et le Gers il y a quelques semaines, j'avais eu l'occasion d'apprécier ce type de pancartes sur de nombreux sentiers. J'ai donc été très étonné qu'au Puig des Lloses aucun panneau ne vienne prévenir le randonneur de cette dangerosité, d'autant qu'un autre chemin permet d'accéder à la commune de Prats dans d'excellentes conditions. En été où les randonneurs sont très nombreux à parcourir les chemins de notre beau département des PO, je pense que de simples petits panneaux d'interdiction et/ou de conseils en pareils endroits seraient d'une redoutable efficacité et éviteraient bien des désagréments comme ceux que j'ai connus.

 

Voilà, après tous ces déboires, et après trois heures d'errements, j'ai fini par arriver à Prats de Mollo avec seulement quelques égratignures, quelques bleus et les mollets douloureusement brûlés par les orties et griffés par les ronces.

 

Le lendemain avant de repartir, j'ai longuement réfléchi sur le sentier que j'allais prendre et plutôt que d'opter par la poursuite du Tour du Vallespir par la Tour de Mir et le col d'Arès dont je sais que le secteur est particulièrement boisé aussi, j'ai emprunté le chemin le plus court pour rejoindre l'ermitage de Notre Dame de Coral. Il s'agit du PR.12 qui passe au col de la Guille. Bien m'en a pris, puisqu'une fois arrivé à l'ermitage, j'appris par d'autres randonneurs, qui en revenaient, que les chemins de la Tour de Mir et du col d'Arès étaient eux aussi barrés par de nombreux arbres couchés. Je ne l'ai pas constaté par moi-même !

 

Voilà il m'a paru utile de vous apporter ce témoignage qui est tout frais. Comme je l'ai dit je ne fais aucun grief à personne d'autant que parmi les acteurs à qui j'adresse ce message, je ne sais pas qui est responsable des arbres couchés, du balisage présent ou absent, de la prévention à mettre en place en pareil cas, etc...

 

J'espère simplement que quelqu'un fera bon usage de ce message.

 

Recevez, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, mes respectueuses salutations.

 

Gilbert JULLIEN

Licencié à la FFRP sous le N° 0579504G

 

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Lettre réponse reçue de Monsieur Joseph Dunyach par l'intermédiaire de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo.

 

OFFICE DE TOURISME**

66230 PRATS DE MOLLO - LA PRESTE

 

DUNYACH Joseph

Président du club de randonnée FFRP " Delit Tenim "

Membre du Comité directeur départemental des PO

Responsable des Sentiers

Tel : 04.68.39.77.18

 

A Monsieur JULLIEN Gilbert

 

Monsieur,

 

Je viens de prendre connaissance de votre courrier du 25 Août au sujet des problèmes que vous avez rencontré sur le Tour du Vallespir. Ce courrier m'avait été communiqué par le Président départemental lors de la réunion du Comité Directeur du 31 août à Perpignan et je le classe parmi ceux qui font plaisir à lire car ils démontrent la qualité des randonneurs de la FFRP et leur soucis de parfaire notre terrain de jeu naturel.

Vous avez très bien exposé tous vos problèmes et je me sens un peu responsable de ce qui vous est arrivé car j'avais apposé un panneau de fermeture de sentiers à l'entrée du sentier au départ de Prats et je n'avais pas pensé aux randonneurs arrivant dans l'autre sens ce que je vais m'empresser de corriger en attendant l'ouverture que nous espérons prochaine de ce beau sentier sur le secteur du Miracle après le désastre de la tempête Klauss qui nous a donné bien des soucis.

Je profite de ce courrier pour vous informer que le Tour du Vallespir va être complètement finalisé car il fait partie du grand projet du Conseil Général à travers son entité " Canigou Grand Site ".

Si vous souhaitez recevoir les documents sur cet itinéraire vous pouvez nous communiquer vos coordonnées postales.

Pour ce qui est du secteur de la Tour du Mir, la situation est tout à fait normale.

J'ose espérer que ce courrier vous soulagera un peu de la galère que vous avez connu et je vous prie de m'en excuser encore une fois.

Je joins une copie de ce courrier au Président du Comité Départemental qui m'avait demandé de vous répondre en tant que responsable du secteur ainsi qu'à Monsieur le Maire de Prats de Mollo La Preste.

 

Recevez Monsieur mes sincères salutations et peut être au plaisir de se connaître un jour à Prats ou sur l'un de nos sentiers du Haut-Vallespir.

 

DUNYACH Joseph

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

Publié le par gibirando

Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements :

Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi : ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voudraient faire le contraire, et l'immense majorité de ceux qui ne veulent rien faire.

Confucius (551 av.JC-479 av.JC).

 

Bibliographie et cartographie :

(Vous trouverez ci-dessous le topo-guide et les cartes que j'ai utilisés lors de ce Tour du Vallespir. Les autres livres m'ont permis de m'imprégner de cette région et ainsi de mieux la comprendre sur le plan culturel. Concernant l'Histoire et la géographie du Vallespir, de nombreux sites Internet m'ont aidé dans ces domaines.)

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Canigou-Vallespir-Conflent- Le Guide Rando- Georges Véron- Rando Editions-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2349 ET Massif du Canigou

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Carte IGN Top 25 2449 OT Céret Amélie-les-Bains Palalda-Vallée du Tech.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Promenade littéraire à travers le Vallespir - Recueil de textes et de poèmes- Michel Wallon - Les Presses- Littéraires-2002.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Domenica ou la Vallée âpre- Roman- Marie Vallespir- Les Presses de l'Imprimerie du Vallespir-1959. Préface de Joseph Ribas. 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Mes Cahiers du Vallespir - Recueil Traduction de poèmes en catalan- Robert Gendre - Imprimerie Le Castellum-1975. Préface d'Abdon Poggi.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

-Ballades Catalanes- Recueil de poèmes et de photographies- Alain Taurinya- Michèle Maurin - Editions Magellan et Cie - 2002

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 -Mes jeunes années racontées par ma mère et moi - Essai de Charles Trenet et Marie-Louise Caussat-Trenet- Editions Robert Laffont-1978

 

Sites Internet :

 (Autant que c'est possible, j'essaie de faire en sorte que les liens fonctionnent, chose peu facile certains changeant de nom de domaine, d'autres disparaissant carrément.)

- http://clubdelittenim.wordpress.com/randonnees/

- http://cortsavisempre.free.fr/index.html

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Regions/Vallespir.php

- http://jeantosti.com/roussillon.htm

- http://lamanere-barrutet.com/

- http://pagesperso-orange.fr/casafr/vallespir/vallespir.htm

- http://www.amelie-les-bains.com/

- http://www.charles-trenet.net/

https://www.vallespir.com/

https://www.sudcanigo.com/item/damia-noell-chambres-dhotes/

http://www.haut-vallespir.fr/

- http://www.hotel-ausseil.com/

- http://www.la-clau.net/

- http://www.lamanere.fr/

- http://www.mairie-perpignan.fr/

- http://www.maisondupatrimoine-ceret.fr/

- http://www.mediterranees.net/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Montbolo

- http://www.notredameducoral.com/

https://www.vallespir-tourisme.fr/

- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1941_num_29_2_4312

- http://www.pratsdemollolapreste.com/

- http://www.pyrenees-orientales.pref.gouv.fr/

- http://www.reserves-naturelles.org/

- http://www.reynes.fr/html/vallespir.htm

- http://www.vallee-du-tech.com/

- http://www.ville-arles-sur-tech.fr/

- http://www.ville-saint-laurent-de-cerdans.fr/

 

Cette liste de sites Internet n'est pas exhaustive car j'ai également consulté des sites comme Wikipédia, Wiktionnaire, Généanet, Freelang ou Lexilogos et divers forums. Il y a certainement bien d'autres sites concernant le Vallespir, la Vallée du Tech, les villes et les lieux visités lors de cette randonnée. Que ceux qui les ont créés m'excusent de ne pas les citer mais il m'était bien sûr impossible de tous les mentionner dans ce récit. Tous les sites évoqués ci-dessus ont largement contribués soit à la préparation ou à la réalisation du Tour du Vallespir lui-même soit à la rédaction de ce récit. Pour ces raisons, je remercie très sincèrement les auteurs, les propriétaires et les webmestres de tous les sites compulsés.

 

Petit lexique classé dans un ordre d'apparition dans ce récit :

 

Le lexique ci-dessous n'a pas la prétention d'être complet. Il reprend la plupart des noms propres cités pour tenter de les décrire ou de les expliquer dans l'ordre chronologique où ils apparaissent dans ce récit. Grâce à ces explications, j'espère que le lecteur appréhendera mieux la géographie et l'histoire du Vallespir. J'ai volontairement oublié certains noms et j'aurais pu par exemple citer Céret qui est la sous-préfecture du département des P.O, considérée comme la capitale du Bas-Vallespir, mais son absence vient simplement que la ville n'est pas située sur le Tour du Vallespir.

 

Vallespir : Région vallonnée et montagneuse du département des Pyrénées-Orientales qui s'étire sur une quarantaine de kilomètres le long de la vallée du Tech. Le mot vient du latin " Vallis Asperi " qui signifie " vallée âpre " mais âpre au sens de difficile, rude, abrupt.

Vallée du Tech et l'aiguat de 1940 : Bassin versant d'environ 750 km2 le plus méridional de France. Le Tech, long de 85 km, est un fleuve côtier des Pyrénées-Orientales qui prend sa source, dans le massif du Costabonne, au Roc Colom à une altitude de 2.450 m environ. Ce bassin versant associe montagne et plaine, avant d'atteindre la Méditerranée au lieu-dit le Bocal du Tech. Par son débit qui peut-être parfois très exceptionnel (4000 m3/s), le Tech est une fleuve redoutable. Au fil des siècles, il a très souvent débordé laissant le Vallespir et toute la Catalogne exsangue. Les plus effroyables inondations, qu'ici on appelle " aiguat ", ont eu lieu en 552, 1224, 1763, 1842 et 1940. Le Haut-Vallespir ayant été l'épicentre de cette catastrophe d'octobre 1940, de nombreux habitants gardent encore en mémoire les images d'horreur et de désastre de ces crues monstrueuses : 300 personnes perdirent la vie en Catalogne dont 50 côté français, 60 immeubles furent emportés à Arles-sur-Tech et Amélie-les-Bains où la gare et le casino disparurent dans les flots, des dizaines d'habitation furent emportées à Prats-de-Mollo et dans de nombreux autres villages. Des éboulements gigantesques de plus de 50 mètres de hauteur barrèrent la vallée (La Baillanouse), 4 usines électriques et de nombreuses entreprises furent pulvérisées, les coulées à la fois liquides et solides se déversèrent dans les campagnes dévastant toutes les cultures et laissant dans les terres arables une incroyable accumulation de rochers, de cailloux et de sables inadaptée à l'agriculture future, les flots emportèrent de nombreux ponts et voies de communication. Ces précipitations diluviennes furent considérées par les météorologues comme une " anomalie fantastique " de la nature. Vous trouverez quelques témoignages de l'époque sur la page Internet suivante : http://pluiesextremes.meteo.fr/france-metropole/Aiguat-fantastique-sur-le-Roussillon.html

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - RemerciementsMes jeunes années : Les paroles de cette chanson sont de Charles Trénet et la musique de Marc Herrand, pianiste, arrangeur de talent et ancien ténor des Compagnons de la Chanson. Elle date de 1949 (encore une coïncidence puisque c'est l'année de ma naissance !) et la partition est parue aux Editions Raoul Breton. Charles Trenet l'a composée lors d'une tournée qu'il effectuait au Canada. Dans l'importante discographie de Trenet, cette chanson figure dans pas moins de 27 disques et albums. Elle est donc une chanson très importante du registre du poète et chanteur. Charles Trenet y évoque ses souvenirs de jeunesse quand il allait courir la montagne du côté du Vallespir, du Canigou ou de la Cerdagne qu'il aimait tant. En 1922, son père s'installe comme notaire à Perpignan, ville dont il est natif. Peu de temps après, il fait la connaissance d'Albert Bausil, un ami à son père. Albert Bausil, l'enfant du Canigou, le poète et écrivain, chantre inspiré du Roussillon, lui fait découvrir les arts et la culture catalane. Pour le petit garçon émerveillé au regard clair, cette rencontre est capitale et Albert Bausil devient son mentor, voire son Pygmalion. Sans cet homme, qui aura sur l'adolescent une influence capitale, il n'y aurait peut-être pas eu de "Fou chantant", mais rien qu'un petit architecte de province… Bausil accueille Charles dans son "Coq Catalan", un petit hebdomadaire littéraire, satirique et sportif. Le jeune poète y fera ses premières armes, des vers qui, déjà, respirent la liberté et l'amour de la vie avec enthousiasme. Cette chanson a été reprise par nombre d'autres chanteurs et surtout par de nombreuses chorales comme les Petits Chanteurs à la Croix de Bois par exemple. Mais les meilleurs interprètes de Trenet restent les Compagnons de la Chanson qui ont repris un grand nombre de textes du grand poète. En 1978, "Mes jeunes années racontées par mère et moi" est un livre autobiographique écrit à quatre mains par Charles Trenet et sa mère Marie-Louise Caussat-Trenet paru aux Editions Laffont.

(Personnellement, cette chanson, reste le souvenir et le symbole d'une jeunesse insouciante, éprise de liberté et d'amour de la vie et de la nature. Je me reconnais dans cette chanson et en la réentendant, elle est devenue tout naturellement un hymne à mon Tour du Vallespir). Cliquez sur l'image de la partition ci-dessus pour écouter la chanson.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Georges Véron : Ce grand pyrénéiste né dans la Sarthe en 1933 est mort en 2005. Professeur de biologie, il a d'abord pratiqué le football et l'athlétisme pendant plus de vingt ans avant de découvrir les Pyrénées. Quand il découvre la chaîne de montagnes, il en " tombe amoureux " et en fait rapidement sa passion. Il enchaîne les balades à un rythme qui lui vaut le surnom de " stakhanoviste de la montagne ". En 1968, il effectue la traversée des Pyrénées et réussit le pari d'aller de la mer Méditerranée à l'océan Atlantique par la haute montagne, en 41 étapes, uniquement à l'aide de cartes. Il devient ainsi le créateur de la Haute Randonnée Pyrénéenne, célèbre H.R.P qui traverse les Pyrénées par les chemins pédestres des plus hautes crêtes et des plus hauts cols. A partir de là, il va se consacrer presque exclusivement à la randonnée, à pied mais aussi en V.T.T. Membre du Club alpin français, collaborateur de la Fédération française de la randonnée pédestre, il participe à la création du célèbre G.R.10, longue randonnée de 850 kms qui part d'Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques et se termine à Banyuls-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales . En 1978, il enseigne à Tarbes, conseiller technique de l'association " Randonnées Pyrénéennes ", Georges Véron publie de nombreux ouvrages et une trentaine de guides de randonnées consacrés aux Pyrénées : 100 randonnées, 100 plus beaux sommets, itinéraires de VTT et chemins de Saint-Jacques de Compostelle, etc.… Avec son topo-guide Canigou, Vallespir, Conflent, il est le créateur du Tour du Vallespir.

Amélie-les-Bains : Autrefois, la ville s'est appelée les " Bains d'Arles ", nom provenant d'Els Banys (les bains) et d'Arles pour Arles-sur-Tech. Ce nom désignait un monastère qui était érigé à cet endroit. Le nom actuel date de 1840 et fut donné à la commune en hommage à la reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, qui faisait de nombreux séjours aux Thermes. Vaste de 2943 hectares, située au cœur du Vallespir, au bord du Tech et de son affluent le Mondony, la commune est désormais composée de 2 autres villages qui ont été annexées : Palalda en 1942 et Montalba en 1962. La cité est une station thermale renommée depuis l'antiquité.

Montbolo : Cité située sur la rive gauche du Tech à 600 mètres d'altitude, on l'appelle couramment le " Balcon du Vallespir " tant son panorama est exceptionnel sur la plaine du Roussillon, le Canigou, la chaîne des Albères et la vallée du Tech. De son exposition plein sud, Montbolo reçoit un ensoleillement maximum en hiver et, en été cette chaleur est tempérée par la fraîcheur due à l'altitude. L'absence de toute activité industrielle contribue à une qualité de l'air remarquable et pour compléter ce cadre idyllique, l'alimentation en eau est assurée par des sources captées à plus de 1500 mètres d'altitude. Ce village est également connu pour sa procession de la " Rodella " qui se déroule chaque 30 juillet et dont l'origine païenne remonterait au début du christianisme. Depuis l'église Saint-André de Montbolo, cette procession consiste à se rendre par un sentier forestier à l'abbaye d'Arles-sur-Tech pour aller vénérer les reliques des saints Abdon et Sennen. Mais la particularité de ce pèlerinage est de descendre une croix chrétienne sur laquelle a été placé un grand cerceau fait d'un enroulement de cire d'abeille que l'on appelle " la Rodella ". Il existe également autour de cette " Rodella " une légende basée sur un texte historique de 1465 que vous pouvez découvrir sur les deux sites Internet suivants :

- http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Traditions/Rodella.php

https://www.labalma.fr/index.php/fr/camping-fr/fetes

Formentere ou Formentera : Col à 1.133 m d'altitude situé à la limite du Haut-Vallespir et des Aspres sur le chemin du Tour du Vallespir et l'ancienne voie ferrée minière. Non loin de ce col, il y a le hameau oublié de Formentere, ancienne gare minière qui a eu son heure de gloire au temps de l'exploitation des mines de fer autour du Massif du Canigou (Batère, les Manerots, La Pinouse, Rapaloum, etc.…). De Formentere, grâce à une ligne de câbles et de chariots de plus de 5 kilomètres, le minerai cuit était descendu par voie aérienne jusqu'à Arles-sur-Tech.

Batère : Lieu situé à cheval entre Vallespir, Aspres et Haut- Conflent connu pour sa tour médiévale du 13eme siècle construite à l'époque où les Rois de Majorque régnaient sur le Roussillon et la Cerdagne. Cette tour à signaux assurait la surveillance et la communication à l'aide de fumées le jour et de feux la nuit. Elle était certainement en liaison avec d'autres tours et châteaux du Vallespir (Montbolo, Corsavy, Cos, Mir, Palalda, Cabrens) et les tours d'autres régions comme la Tour de la Massane ou bien celle de la Madeloc. Mais Batère est également connu pour ses anciennes mines de fer, fer apprécié depuis la nuit de temps (200 avant JC). Ces mines étaient les plus importantes du département, elles alimentaient un nombre incalculable de forges. Les mines fonctionnèrent jusqu'en 1994 donnant à toute la région un essor économique considérable. En 1953, la société d'exploitation construisit à 1.540 m d'altitude un bâtiment pour les mineurs et leurs familles, ce bâtiment sert désormais de refuge et de gîte aux randonneurs de tout poil.

La tempête Klaus : Le 23 janvier 2009, Klaus est le nom donné à une tempête en cours de formation par l'Institut de Météorologie allemand en l'honneur d'un certain Klaus Schümann. Au départ, c'est le satellite Météosat qui va envoyer des images d'une dépression étonnante situé sur l'Atlantique Nord, profonde dépression qui va engendrer des vents d'une force exceptionnelle et d'une vitesse inouïe. Cette tempête a principalement touché le sud-ouest de la France, la principauté d'Andorre, le nord de l'Espagne et une partie de l'Italie entre le 23 et le 25 janvier 2009. Dans le sud de la France, nombreux sont ceux qui considèrent à juste titre comme plus dévastateur Lothar, la tempête de décembre 1999, mais ce n'est pas le cas du Vallespir et du Roussillon où Klaus a été bien plus violent. Le 24 janvier, les dégâts ont été considérables et en tous cas, évalués à 38 millions d'euros. Le département a été reconnu comme en état de catastrophe naturelle. Tous les records ont été battus : 216 km/h au Col d'Envalira, 193 km/h à Formiguères, 191 km/h pendant deux heures au Cap Béar, 184 km/h à Perpignan, record absolu de 1999 battu de plus 40 km/h. Les forêts de résineux (pins sylvestres et cèdres) du Vallespir ont été parmi les plus ravagées et l'importance des dégâts a été estimée avec des prises de vue aériennes. Au-delà des dégâts, le problème pour la filière bois, c'est que cette tempête Klaus est arrivée dans une conjoncture économique beaucoup plus mauvaise qu'en 1999.

Riuferrer : Affluent du Tech, le Riuferrer (la rivière du fer) est un torrent impétueux d'une longueur de 17,7 kms qui prend sa source dans le cirque du Faig au pied du Puig dels Tres Vents à une altitude de 2.300 m environ et se jette dans la Tech à Arles-sur-Tech. De nombreux pêcheurs parcourent ses rives pour ses excellentes truites.

La Coumelade : Affluent du Tech, la Coumelade est une rivière qui prend sa source sur le versant sud de la crête des Tres Vents à 2.570 mètres d'altitude et qui, après avoir parcouru 15 kms, se jette dans le Tech au hameau Le Tech. Dans sa partie torrent, elle appréciait des adeptes de la descente en canyon.

Saint-Guillem de Combret : Situé dans la vallée de la Coumelade, le minuscule hameau est essentiellement connu pour son ermitage dont l'histoire commence au 9eme siècle. A cette époque, une chapelle dédiée à Sainte-Magdeleine de Combret avait été construite par un certain " Guillem ". Guillem offrait, sans aucune compensation, gîtes et couverts à tous les pèlerins qui partaient de Saint-Michel de Cuxa pour se rendre à Saint-Jacques de Compostelle par le col d'Ares et l'Espagne. Guillem était si apprécié de tous les voyageurs et le lieu si prisé, qu'après sa mort tout le monde l'appela Saint-Guillem malgré qu'il n'ait jamais été canonisé. Aujourd'hui la chapelle et ses dépendances sont connues sous le nom de Saint-Guillem de Combret. Le hameau dispose d'un refuge non gardé. Malgré quelques restaurations, la chapelle a peu changé au fil des siècles, elle mesure 15 mètres de long pour 4 mètres de large et est de style roman. Sa cloche très ancienne est exceptionnelle et est à l'origine d'une légende prétendant que Guillem l'aurait modelée de ses propres doigts car il en reste, paraît-il, encore l'empreinte sur le métal. Le 22 juillet de chaque année, les habitants du village Le Tech, de Prats de Mollo et d'autres villages alentours effectuent un pèlerinage.

La Parcigoule : C'est une rivière de 9 kms de longueur, affluent du Tech qui prend sa source à une altitude de 1.920 mètres au lieu-dit Les Estables. Elle rejoint le Tech au hameau de Saint-Sauveur entre Prats-de-Mollo et la Preste. Le bassin de la Parcigoule présente la particularité d'avoir été une des vallées les plus déboisées et dépeuplées du Vallespir, tout d'abord à cause des nombreuses forges qui utilisaient intensément son bois puis à cause des crues répétitives (aiguat) d'octobre 1940 puis d'avril 1942. Un reboisement et des barrages ont été aménagés pour stabiliser et protéger la vallée.

Joseph de la Trinxeria : né en 1637 à Prats-de-Mollo, commune d'Espagne à l'époque, il s'insurgea contre la gabelle, cette célèbre taxe sur le sel, abolie depuis 1292 mais qui venait d'être réhabilitée en 1661 par Louis XIV après l'annexion de la Catalogne du Nord (Roussillon, Vallespir, Conflent, Cerdagne, Capcir) au royaume de France par le Traité des Pyrénées de 1659. En 1666, indigné d'avoir été surtaxé par les Gabelous, ces préposés chargés de la récolte, il leva une armée d'Angelets et tint tête pendant quelques années à toutes les troupes envoyées contre lui. Ces nombreuses victoires lui apportèrent un énorme prestige et nombreux furent ceux qui se rallièrent à sa cause. Il devint rapidement un héros dans le Vallespir tout entier et bien au-delà encore dans toute la Catalogne. C'est en partie à cause de ces révoltés que Louis XIV fit construire par Vauban, le Fort Lagarde de Prats-de-Mollo à partir de 1677. Quelques années plus tard, Joseph de la Trinxeria qui n'avait pas renié ses origines, devint officier des armées d'Espagne et se battit contre le royaume de France aux côtés des Miquelets. Il ne cessa jamais de se battre sur de nombreux fronts et termina sa vie comme colonel en 1689. Il mourut en 1694.

Prats-de-Mollo - La Preste : Avec une superficie de presque 12.000 hectares, cette commune est la plus étendue du département des Pyrénées-Orientales. Située au bord du Tech à 735 mètres d'altitude, elle dispose d'un patrimoine historique exceptionnel : Eglise gothique Saintes Juste et Ruffine, Fort Lagarde et fortifications construites par Vauban, Tour de Mir, nombreuses chapelles, etc.… Il faut dire qu'au regard de sa situation géographique, Prats fût tout au long de son histoire le théâtre de soubresauts franco-espagnols incessants. Longtemps tournée vers l'agriculture, l'élevage, la sylviculture et quelques industries locales (textiles, espadrilles, etc.…), la cité vit désormais du tourisme et des Thermes de la Preste, bourg rattaché à Prats mais éloigné de huit kilomètres à une altitude de 1.130 mètres. Le mot " Prats " signifie " prés " mais deux versions s'opposent quant à l'origine du mot " Mollo ", certains le traduisant par " mouillé " d'autres avançant qu'il signifie " grosse pierre" en catalan. Alors " prés mouillés " ou " prés bornés ", les deux définitions ont leur logique tant la cité a été souvent la scène de crues mémorables mais aussi un bourg toujours borné ou limité par une frontière mouvante et parfois incertaine. Il faut savoir en effet que malgré le Traité des Pyrénées de 1659 signé entre le roi de France Louis XIV et Philippe IV, roi d'Espagne, le véritable tracé de la frontière entre la province du Roussillon et l'Espagne ne fût déterminé et borné que deux siècles plus tard en 1866 avec le Traité de Bayonne entre l'Empereur Napoléon III et la reine Isabelle II d'Espagne. De par leur situation géographique ambiguë et instable, c'est dire si les Pratéens ont longtemps été indécis et désorientés quant à leur citoyenneté réelle. Alors n'est-il pas un peu logique qu'ils aient été avant tout catalans avant d'être espagnols ou français ? En raison de son milieu, de son relief varié et de ses richesses naturelles remarquables (flore, faune et géologique) la commune a été classée " Réserve Naturelle " en 1986.

La tour de Mir : Situé à 1.540 m d'altitude et datant du 13eme siècle, comme la tour de Batère, la tour de Mir était chargé d'émettre des signaux pour assurer les communications avec d'autres tours comme celle de La Guardia, une autre tour de Prats-de-Mollo où a été érigé ensuite le Fort Lagarde. A cette époque où les catalans se lancent dans de nombreuses conquêtes tout autour de la Méditerranée, la tour de Mir présente l'avantage d'être à la fois tournée vers la mer et vers l'intérieur des terres, car plus particulièrement affectée à la surveillance de Col d'Arès, passage obligé vers des territoires intérieurs comme le royaume d'Aragon notamment. De son piton rocheux, on aperçoit très distinctement le château et les tours de Cabrens, elles-mêmes en liaison avec la Tour de Batère et ainsi de suite jusqu'aux tours des Albères et du Roussillon. La tour de Mir est située sur le chemin du Tour du Vallespir.

La Retirada : Le mot " Retirada " signifie " retraite " en espagnol mais il désigne plus particulièrement l'exode humanitaire que des milliers de républicains espagnols vécurent à partir de janvier 1939. En deux semaines, c'est 100.000 réfugiés qui passent la frontière au col d'Arès pour fuir la dictature de Général Franco dont l'alliance avec le régime nazi d'Hitler inquiète l'Europe toute entière. Le 31 janvier, le ministre de l'intérieur Albert Sarraut vient à Prats-de-Mollo pour organiser ces arrivées massives. Il fait construire 4 camps d'hébergement dans la vallée du Tech. Tout est bon pour accueillir les réfugiés et affronter ce glacial et cinglant hiver. Le 13 février, la frontière est officiellement fermée et gardée par les soldats de Franco. Mais ce sont environ 500.000 personnes, pleines d'un espoir d'un avenir meilleur qui arrivèrent en France par de multiples passages frontaliers. Mais pour ces réfugiés, internés dans des camps ceinturés de fils barbelés, cette espérance fût le plus souvent déçue, car ils avaient fuit l'arbitraire, la torture et la terreur instaurée par le régime totalitaire espagnol pour ne trouver en France que privation de liberté, dans des conditions généralement pitoyables pour ne pas dire inhumaines.

Notre-Dame du Coral : Il s'agit d'une chapelle longue de 23 mètres et large de 7 mètres qui a été construite sur un éperon rocheux à 1.091 m d'altitude dans un cadre de verdure exceptionnel. On pense qu'à l'origine, au 9eme siècle, il s'agissait d'un simple sanctuaire (petite chapelle ou oratoire) qui servait de lieu de prières. Puis comme souvent, un village, ici Miralles, se développa autour de cette chapelle. La légende prétend qu'une statue de bois représentant la vierge Marie provenant de cette chapelle ait été dissimulée dans un tronc d'arbre, puis retrouvée plus tard. Cette trouvaille aurait été l'occasion d'un engouement populaire qui amena la construction de la nouvelle église paroissiale de Miralles. C'est ainsi que Notre Dame du Coral est apparue, bâtie sur les restes de la chapelle primitive, pour servir d'église aux habitants du village. Dans les textes historiques, Sancta Maria de Coral apparaît à partir de l'an 1267 comme appartenant à l'abbaye de Camprodon (Espagne). Mais au fil des siècles, et selon les mouvements de la frontière, le site eut divers propriétaires religieux, privés ou publics. Mais les occupants de la chapelle ont été le plus souvent des ermites forains qui voyageaient en quête de charité et d'oboles. A présent, la chapelle et certaines de ses dépendances servent de refuge avec gîtes, restaurant, tables et chambres d'hôtes. L'étymologie de " Coral " est très discutée mais la plus probable est que ce nom viendrait simplement de " corail " comme la couleur rouge de certaines roches que l'on trouve dans le secteur en montant par exemple vers le col de Malrems ou le Pla de la Muga.

Lamanère : C'est un village du Vallespir situé à 777 mètres d'altitude et à vol d'oiseau vers le sud à moins de 3 kms de la frontière espagnole. Entourée de montagnes et de collines avec les Baga de la Sadella et de la Bordellat (1.554 m) au sud, le Mont Nègre (1.425 m) à l'est, le Roque de Cap de Ca et la serra de Cabrens (1.326 m) au Nord, le Puig de las Coubines et El Tossal (1.281m) à l'ouest et nichée au fond d'une verdoyante vallée à la jonction de plusieurs rivières et ruisseaux (Lamanère, Taix, etc.…) elle est la commune la plus méridionale de l'hexagone. Riche de divers minerais (fer, or, plomb argentifère, cuivre) qui y furent exploitaient en leurs temps, son nom proviendrait du catalan " La Menera " signifiant " La Minière ". Grâce à ses paysages magnifiques et variés, elle est un lieu propice à de nombreuses activités de plein air (randonnées, VTT, baignades, canyonning, etc.…). Mais de par son emplacement géographique très isolé, on ne connaît pas grand-chose de son histoire, si ce n'est qu'elle a longtemps était dépendante de la commune de Serralongue où régnaient au Moyen-Âge les seigneurs de Cabrens. Mais Lamanère, c'est aussi une rivière, affluent du Tech, longue de 15,7 kms, qui elle-même est alimentée par d'innombrables petits ruisseaux affluents.

Les Estanouses : Minuscule hameau perdu du Haut-Vallespir situé au pied des tours de Cabrens, non loin des villages de Lamanère et de Serralongue à une altitude de 1.019 mètres. Il y a encore quelques années (2004 ou 2005), on pouvait le traverser en empruntant une des variantes du Tour du Vallespir. Aujourd'hui, ce chemin est barré car il est devenu un domaine privé, et si j'en crois mes recherches Internet, faisant chambres et tables d'hôtes pour accueillir les touristes.

Cabrens : La seigneurie de Serralongue, commune du Vallespir, est gouvernée dès le 11eme siècle par les " seigneurs de Cabrenç " en référence aux chèvres qui peuplaient les collines et qui étaient les seuls animaux à pouvoir grimper jusqu'à leur château. Le premier seigneur fût Oriol de Cortsavi mais la dynastie des Cabrens composée de diverses familles au gré des alliances et des successions eut une immense influence sur une grande partie du Vallespir et régna fort longtemps et au moins jusqu'en 1792, date à laquelle l'état français créa les communes et où le dernier seigneur Abden Senen de Ros, baron de Cabrens s'expatria en Espagne. Aujourd'hui le site de Cabrens est surtout connu pour ses trois tours, objectifs de randonnées à partir de Lamanère ou de Serralongue. Situées au faîte d'une crête rocheuse, les trois tours sont en réalité les ruines du château construit en 1086 par les seigneurs de Cabrens, celles d'un donjon adjoint au 11eme siècle qui aurait fait office de geôles et enfin celle d'une tour à signaux du 14eme siècle qui communiquait avec de nombreuses autres tours du Vallespir (Mir, Batère et Cos). Au regard de sa position géographique dominante, l'ensemble devait constituer une forteresse quasi imprenable.

Saint-Laurent-de-Cerdans : Le village daterait du 11eme siècle, date à laquelle des moines de l'abbaye d'Arles-sur-Tech aurait construit une église dédiée à Saint-Laurent, martyr du 3eme siècle. Le terme " Cerdans " apparaît au 12eme siècle avec le nom d'un mas (Manso de Cerdanis). Mais ce nom lui-même proviendrait du nom d'un peuple des montagnes de la région, descendant des Ibères qu'on appelait " Les Cérêtes ". Ce peuple serait aussi à l'origine des noms de la ville de Céret et de la région de Cerdagne. La ville construite à l'intersection de plusieurs cours d'eau (la Quére, le Saint-Laurent, la Bilvera, etc.…) est entourée de plusieurs " serrats ", petites chaînes de montagnes (Cogull, Montner, Provadona, Capell, Garsa, etc.…) dont la plupart dépassent les 1.000 mètres d'altitude. Elle fût un lieu de passage, d'échanges et surtout de contrebande avec l'Espagne tout au long des époques. Pendant très longtemps, la prospérité de la cité a reposé sur les industries liées au fer avec de nombreuses forges alentours qui ont données leurs noms à des lieux-dits (la Forge del Mig, la Forge d'en Bosc, la Forge d'Avall, etc.…), au bois (exploitation du châtaignier encore très présent dans les forêts de nos jours) mais l'industrie la plus originale a été celle de la fabrication d'espadrilles que l'on appelle ici " vigatanes " et qui, bien sûr, a été étroitement liée aux fabriques de tissus. Ces deux dernières activités artisanales sont encore bien présentes aujourd'hui au travers des sociétés " Vallespir Sandales " et " Les Toiles du Soleil ". Grâce à son riche patrimoine historique, culturel et naturel et au tout proche domaine hôtelier de Falgos pourvu de son terrain de golf de 18 trous, le village vit désormais au rythme du tourisme.

La famille Noëll : Le 23 janvier 1676, l'église de Saint-Laurent-de-Cerdans avait brûlé ainsi que quelques maisons voisines dont celle de la famille de Noëll. Au 18eme siècle, la destruction de ces documents anciens avait amené Abdon Noëll à solliciter du roi de France Louis XV la reconnaissance et la confirmation de sa qualité de noble et de ses titres. C'est en décembre 1766 qu'Abdon de Noëll reçut cette confirmation et ses nouvelles lettres de noblesse signée de Louis XV et du duc de Choiseul. Il fût nommé baron de Vilaro, petit hameau proche de Saint-Laurent. Notaire à Saint-Laurent-de-Cerdans, Abdon, le seigneur de Vilaro, âme de la Résistance du Vallespir, fût le plus connu de tous car en avril 1793 avec l'aide du général espagnol Antonio Ricardos, il évita le massacre programmée par la Convention Nationale de toute la population de Saint-Laurent-de-Cerdans. Quand on sait que cette guerre entre la France et l'Espagne, galvanisé par l'hostilité de la monarchie espagnole envers la République Française, commença pour empêcher l'organisation d'une simple procession, on comprend mieux l'attachement que les Laurentins avaient pour leurs traditions et leur liberté de culte. Ce culte de l'église et cette liberté sont encore fermement ancré de nos jours et on les retrouve à travers diverses manifestations.

Puis ce fût Jacques de Noëll qui, au 20eme siècle, grimpa l'échelle de la renommée, mais dans un autre registre, celui de la musique. Il fut un grand compositeur de musiques catalanes et de sardanes. Et comme ici en Vallespir, comme dans toute la Catalogne, la sardane est une danse et une musique sacrée, Jacques de Noëll fût un musicien très apprécié. Il y eut également Louis, archéologue apprécié, frère de Jacques mais mort trop jeune pour être resté dans l'Histoire. Mais tout au long des siècles, les de Noëll étaient surtout de riches aristocrates et des notables reconnus, certains étaient notaires, d'autres maîtres de forge ou propriétaires d'exploitations minières, d'autres propriétaires terriens. Malgré la perte de leurs titres de noblesse à la Révolution Française, les de Noëll gardèrent un certain prestige dans tout le Roussillon certains devenant des chefs d'entreprise reconnues, d'autres tentèrent l'aventure de la vie politique, beaucoup devenant maires de nombreuses communes. La bâtisse, maison de famille des de Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans avait été construite en 1606 et le premier occupant avait été un certain Damia (1560-1612) qui, au côté de Joseph de la Trinxeria, s'était révolté contre les effets néfastes du Traité des Pyrénées de 1659. Cette maison Damia Noëll a été rachetée, il y a quelques années, par un couple très sympathique Isabelle et Mario Lopes, qui en ont fait une table et des chambres d'hôtes absolument remarquables.

Pilon de Belmatx ou Belmaig : Ici en Catalogne, on prononce " Belmach ". Il s'agit d'un sommet du Vallespir avec une altitude somme toute modeste puisque élevée au dessus du niveau de la mer à 1.280 mètres seulement. Il est situé sur une longue crête rocheuse qui s'appelle la Serre de Montner et qui surplombe la cité d'Arles-sur-Tech. Mais sa renommée vient justement de la difficulté que l'on rencontre à le gravir à partir d'Arles-sur-Tech puisque c'est pas moins de 1.020 mètres de dénivelé qu'il faut accomplir sur un sentier très difficile car terreux et caillouteux et très souvent raviné. Pour y monter, il faut emprunter un tronçon du célèbre GR.10 jusqu'au Col de Paracolls et c'est certainement pour çà que cette randonnée s'inscrit très souvent comme une " incontournable " du département. Montagne mythique pour les Arlésiens, chaque printemps, un trail de 11 kilomètres, course réunissant des spécialistes de ce sport mais aussi de simples concurrents est organisée par l'association Arles-Belmaig. Est déclaré vainqueur du " Km Vertical Walsh " celui qui accomplit exactement les 1.000 mètres de dénivelé (environ 100 mètres avant le sommet) dans le laps de temps le plus court.

Arles-sur-Tech : Bien que n'ayant pas traversé cette ville lors de ce Tour du Vallespir, je l'ai eu très souvent devant mes yeux lors de la 1ere et de la dernière étape. Comment parler du Vallespir sans évoquer Arles-sur-Tech qui est certainement une des villes les plus anciennes de cette région puisqu'on a retrouvé des vestiges datant de la Préhistoire (dolmen). Comment parler d'Arles-sur-Tech sans parler de sa Sainte-Tombe et des saints Abdon et Sennen. En ce qui concerne la Sainte-Tombe et son fameux mystère, il s'agit d'un sarcophage de pierre du 3eme siècle qui est situé dans une courette de l'église et qui produit une quantité d'eau pure importante et " d'origine inconnue " (200 à 300 litres par an en moyenne, parfois beaucoup plus, jusqu'à 800 litres l'an). La thèse du miracle a bien évidemment été la première avancée, tandis que d'autres hypothèses ont vu le jour tout au long de l'histoire, relayées ces dernières années par des médias avides de sensationnel. Malgré un premier travail sérieux et concluant dans les années 60 et encore récemment, le panneau situé au dessus du sarcophage explique encore aujourd'hui que la Sainte Tombe n'ait pas livré son secret. Mais la théorie la plus souvent émise serait que le couvercle serait suffisamment poreux pour laisser pénétrer l'eau des pluies alors que le fond du sarcophage serait parfaitement imperméable. Quand à Abdon et Sennen, en l'an 960 un abbé se nommant Arnulfe aurait rapporté de Rome des reliques authentifiées comme étant celles de ces deux saints persans. Elles vaudront à Arles le surnom de "ville des Corps Saints". Ces deux Saints sont toujours vénérés à Arles. Mais autour de ces saints, il existe une légende qui se recoupe avec une autre légende du Vallespir, celle des " Simiots ", des êtres malfaisants, dévoreurs d'enfants, moitié félins et moitié singes qui vivaient dans les forêts et les montagnes du Vallespir. Je vous laisse le soin de prendre connaissance de ces légendes sur les excellents sites suivants :

https://www.sudcanigo.com/decouvrir/contes-et-legendes/

http://histoireduroussillon.free.fr/Decouvrir/Legendes/Simiots.php

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdon_et_Sennen

 

Remerciements :

 

Je remercie très sincèrement toutes les personnes qui m'ont accueillies lors de mes différentes arrivées d'étapes : au Refuge de Batère, à l'hôtel Ausseil à Prats-de-Mollo et à Notre-Dame du Coral. Partout, je fus parfaitement reçu. Bien sûr, ma meilleure soirée mais la plus onéreuse aussi fût celle passée à la Maison Damia Noëll à Saint-Laurent-de-Cerdans, il est vrai en table et chambre d'hôtes d'une qualité remarquable. L'accueil d'Isabelle et Mario fût tel qu'ils méritent vraiment une mention spéciale. Je conseille vivement cet endroit à tous les randonneurs qui pourront se permettre de dépenser 78 euros pour une demi-pension. J'ai essentiellement marché en solitaire sur ce Tour du Vallespir mais je remercie les quelques personnes que j'ai rencontré au cours de ce voyage et qui, d'une manière ou d'une autre, l'ont rendu plus agréable ou plus facile : le vigile des Thermes d'Amélie qui ne m'a pas fait de difficulté pour garer ma voiture, l'homme qui faisait un footing avec son chien à Montbolo qui m'a aidé dans la direction à prendre, le couple qui craignait l'orage et qui voulait me prendre en voiture à la Tour de Batère, quelques clients et l'aimable groupe d'Epinal rencontré au refuge de Batère qui effectuaient le GR.10, le très chaleureux couple et leur fille que j'ai aidé à la cabane de la Devesa au dessus de Leca, l'homme qui m'a expliqué le plus court chemin à prendre au Fort Lagarde, la dame qui m'a expliqué où se trouvait l'hôtel Ausseil, les anonymes clients catalans et parisiens du restaurant Ausseil qui m'ont permis de passer une agréable soirée à Prats-de-Mollo et ce, malgré la terrible journée que j'avais vécue, la pharmacienne de Prats-de-Mollo qui a su parfaitement calmer mes brûlures d'orties, la gentille randonneuse rencontrée à Notre-Dame de Coral, les propriétaires du Domaine des Estanouses avec lesquels depuis je me suis lié d'amitié, le breton vététiste et le jeune couple de Tchèques, clients de la Maison Damia Noëll. Je remercie enfin ma femme qui m'a laissé partir seul, mes enfants de m'avoir offert un lecteur MP3, objet ô combien précieux qui m'a énormément aidé dans les instants les plus difficiles. Je remercie enfin Charles Trenet et ses interprètes Les Compagnons de la Chanson pour leur magnifique chanson " Mes jeunes années ", mélodie avec laquelle j'ai marché très souvent tout au long de cette randonnée. Quand j'éprouvais des difficultés, cette chanson était là pour me remonter moral et enthousiasme. Pour moi, cette chanson restera pour toujours comme un hymne à ces 6 jours passés en Vallespir. 6 jours " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

 

Divers :

 

Peu de temps après mon retour, le 24 août exactement, et en raison de la terrible et éprouvante épreuve que j'avais vécue dans la forêt du Miracle au dessus de Prats-de-Mollo, il m'a paru utile d'alerter les autorités pour que d'autres personnes ne tombent pas dans le même piège que les arbres couchés par la tempête Klaus du 24 janvier 2009 m'avaient tendu. J'ai donc adressé un e-mail à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération et au comité départemental de la Randonnée Pédestre pour les informer de la galère que j'avais éprouvée dans ce secteur du Tour du Vallespir situé peu après le Puig des Lloses en direction du Col du Miracle.

 

Le 14 septembre, c'est avec satisfaction que je recevais une réponse de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo dans laquelle elle m'informait avoir contacter Monsieur Joseph Dunyach, Président du club local de randonnée pédestre " Délit Ténim ". Ce dernier me répondait à travers une lettre jointe au message de Madame Baills.

 

Pour les remercier de m'avoir répondu et d'être intervenu ultérieurement dans ce secteur de Prats-de-Mollo, j'ai volontairement joint à ce récit nos différents échanges de messages.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Bibliographie - Sites Internet - Lexique - Remerciements

 

Message adressé le 24 août 2009 à la Mairie de Prats-de-Mollo, à l'ONF, à la Fédération Française de Randonnée Pédestre et à son Comité départemental des Pyrénées-Orientales.

 

Monsieur le Maire de Prats de Mollo, Mesdames, Messieurs,

 

J'ai réalisé la semaine dernière la randonnée du Tour du Vallespir en 6 jours d'après le Guide Rando de Georges Véron : Canigou, Vallespir, Conflent paru chez Rando Editions. Randonnant beaucoup tout au long de l'année, j'avais eu l'occasion de remarquer que ce tour était plutôt bien balisé et que les panneaux indicateurs étaient nombreux. Je n'ai pas trouvé non plus sur Internet de contre-indications à effectuer ce tour. C'est donc en toute confiance mais muni néanmoins d'un GPS, d'un téléphone portable et des cartes IGN appropriées que je suis parti d'Amélie vers Batère le 1er jour, puis vers Saint-Guillem le 2eme jour, puis vers Prats de Mollo le 3eme jour, puis à Notre-Dame de Coral le 4eme jour, puis à St Laurent de Cerdans le 5eme et retour à Amélie le 6eme.

 

Tout s'était très bien passé jusqu'au Puig des Lloses (1.413 m) qui sauf erreur de ma part se trouve sur la commune de Prats de Mollo. A cet endroit, le balisage rouge et jaune propre au Tour du Vallespir ainsi que le panneau d'orientation m'indiquait de poursuivre vers la droite alors qu'un 2eme panneau me proposait de descendre à gauche vers Prats de Mollo par le col de Cavanelles. Effectuant bien sûr le Tour du Vallespir et ayant de toute manière ce tracé-là enregistré dans mon GPS, j'ai normalement poursuivi vers la droite d'autant que rien à cette intersection du Puig des Lloses ne pouvait me laisser supposer que cette portion du Tour du Vallespir dans laquelle j'allais m'engager était complètement impraticable.

 

J'ai 60 ans et je pense être un marcheur chevronné. Pourtant je ne vous cache pas qu'à cause des nombreux arbres décimés qui jonchent encore le sentier sur ce secteur depuis la tempête Klaus du 24 janvier dernier, j'ai eu à un moment le vague sentiment que j'était tombé dans un véritable traquenard. En effet, j'ai commencé à enjamber un premier arbre puis à passer sous un second, puis troisièmement à contourner un premier groupe d'arbres, puis je suis passé sous quelques autres arbres couchés puis au bout de 1,5 kms sans autre solution j'ai finalement quitté le chemin pour éviter un amoncellement qui me semblait de quelques mètres de large seulement (on constate en effet que le vent à suivi des couloirs plus ou moins larges) mais qui en réalité étaient absolument infranchissables. J'ai donc fini par me perdre dans cet immense labyrinthe d'arbres abattus et j'ai même pensé à un moment à appeler les secours depuis mon portable. Heureusement, que j'ai su garder mon sang-froid et grâce à mon GPS j'ai pu, après de multiples efforts, retrouver le sentier et j'ai réussi à rebrousser chemin pour en définitive rejoindre Prats par le col de Cavanelles.

 

Attention ce message que je vous adresse et cette histoire que je vous relate n'ont pas pour objet d'émettre un grief envers quiconque mais simplement à vous prévenir qu'à cet endroit après le Puig des Lloses, le tour du Vallespir est particulièrement dangereux et infranchissable. Mais peut-être le saviez-vous ? De mon côté, je sais pertinemment que la tempête Klaus a provoqué des dégâts considérables et que ce n'est pas en quelques mois que l'on peut effacer les cicatrices d'un tel désastre. Je pensai toutefois que dans la mesure où un chemin serait impraticable un simple petit panonceau d'interdiction aurait été mis en place. Ayant eu l'occasion de marcher dans les Landes et le Gers il y a quelques semaines, j'avais eu l'occasion d'apprécier ce type de pancartes sur de nombreux sentiers. J'ai donc été très étonné qu'au Puig des Lloses aucun panneau ne vienne prévenir le randonneur de cette dangerosité, d'autant qu'un autre chemin permet d'accéder à la commune de Prats dans d'excellentes conditions. En été où les randonneurs sont très nombreux à parcourir les chemins de notre beau département des PO, je pense que de simples petits panneaux d'interdiction et/ou de conseils en pareils endroits seraient d'une redoutable efficacité et éviteraient bien des désagréments comme ceux que j'ai connus.

 

Voilà, après tous ces déboires, et après trois heures d'errements, j'ai fini par arriver à Prats de Mollo avec seulement quelques égratignures, quelques bleus et les mollets douloureusement brûlés par les orties et griffés par les ronces.

 

Le lendemain avant de repartir, j'ai longuement réfléchi sur le sentier que j'allais prendre et plutôt que d'opter par la poursuite du Tour du Vallespir par la Tour de Mir et le col d'Arès dont je sais que le secteur est particulièrement boisé aussi, j'ai emprunté le chemin le plus court pour rejoindre l'ermitage de Notre Dame de Coral. Il s'agit du PR.12 qui passe au col de la Guille. Bien m'en a pris, puisqu'une fois arrivé à l'ermitage, j'appris par d'autres randonneurs, qui en revenaient, que les chemins de la Tour de Mir et du col d'Arès étaient eux aussi barrés par de nombreux arbres couchés. Je ne l'ai pas constaté par moi-même !

 

Voilà il m'a paru utile de vous apporter ce témoignage qui est tout frais. Comme je l'ai dit je ne fais aucun grief à personne d'autant que parmi les acteurs à qui j'adresse ce message, je ne sais pas qui est responsable des arbres couchés, du balisage présent ou absent, de la prévention à mettre en place en pareil cas, etc...

 

J'espère simplement que quelqu'un fera bon usage de ce message.

 

Recevez, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, mes respectueuses salutations.

 

Gilbert JULLIEN

Licencié à la FFRP sous le N° 0579504G

 

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Lettre réponse reçue de Monsieur Joseph Dunyach par l'intermédiaire de Madame Marie-Claire Baills, directrice de l'Office de Tourisme de Prats-de-Mollo.

 

OFFICE DE TOURISME**

66230 PRATS DE MOLLO - LA PRESTE

 

DUNYACH Joseph

Président du club de randonnée FFRP " Delit Tenim "

Membre du Comité directeur départemental des PO

Responsable des Sentiers

Tel : 04.68.39.77.18

 

A Monsieur JULLIEN Gilbert

 

Monsieur,

 

Je viens de prendre connaissance de votre courrier du 25 Août au sujet des problèmes que vous avez rencontré sur le Tour du Vallespir. Ce courrier m'avait été communiqué par le Président départemental lors de la réunion du Comité Directeur du 31 août à Perpignan et je le classe parmi ceux qui font plaisir à lire car ils démontrent la qualité des randonneurs de la FFRP et leur soucis de parfaire notre terrain de jeu naturel.

Vous avez très bien exposé tous vos problèmes et je me sens un peu responsable de ce qui vous est arrivé car j'avais apposé un panneau de fermeture de sentiers à l'entrée du sentier au départ de Prats et je n'avais pas pensé aux randonneurs arrivant dans l'autre sens ce que je vais m'empresser de corriger en attendant l'ouverture que nous espérons prochaine de ce beau sentier sur le secteur du Miracle après le désastre de la tempête Klauss qui nous a donné bien des soucis.

Je profite de ce courrier pour vous informer que le Tour du Vallespir va être complètement finalisé car il fait partie du grand projet du Conseil Général à travers son entité " Canigou Grand Site ".

Si vous souhaitez recevoir les documents sur cet itinéraire vous pouvez nous communiquer vos coordonnées postales.

Pour ce qui est du secteur de la Tour du Mir, la situation est tout à fait normale.

J'ose espérer que ce courrier vous soulagera un peu de la galère que vous avez connu et je vous prie de m'en excuser encore une fois.

Je joins une copie de ce courrier au Président du Comité Départemental qui m'avait demandé de vous répondre en tant que responsable du secteur ainsi qu'à Monsieur le Maire de Prats de Mollo La Preste.

 

Recevez Monsieur mes sincères salutations et peut être au plaisir de se connaître un jour à Prats ou sur l'un de nos sentiers du Haut-Vallespir.

 

DUNYACH Joseph

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.4eme étape : Jeudi 20 août 2009.

Prats-de-Mollo (753 m) - Notre-Dame de Coral (1.091m)

9 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

"Un doux crépuscule d'avril descendait sur le Vallespir encore embrasé des rougeurs ardentes du couchant. C'était l'heure où le rose et l'orangé se disputent, en tons dégradés, les lisières du ciel et se fondent en cette teinte merveilleuse et indéfinissable qui incendie la crête des hautes montagnes". Extrait du roman " Domenica ou la vallée âpre ". Marie Vallespir.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.SANS MIR, J'AI FAIT LE MINIMUM :

A l'hôtel-restaurant Ausseil, on soigne les clients. Hier soir, le patron a mis tout en œuvre pour que je puisse manger en terrasse. Il est allé chercher un petit guéridon où il m'installa comme un nabab. Seul le service pouvait être critiquable car il a été un peu long mais il faut dire que les tables étaient nombreuses et les clients aussi. Pourtant, en prenant le menu du jour fait d'une escalivade, d'un pavé de morue à la catalane et d'une crème catalane, je pensais pouvoir expédier ce souper typiquement catalan pour partir me coucher tôt. Il n'en a rien été, mais je n'ai pas eu à le regretter. Cette cuisine du terroir était excellente et en plus, tout seul dans mon coin, je me suis bien marré. Il y avait juste derrière moi un groupe de huit personnes, pour moitié catalanes et, pour l'autre moitié parisiennes et le contraste étonnant de ces deux accents antinomiques avait quelque chose de sympathiquement cocasse. Les gens d'ici parlaient ce sympathique français du terroir avec des mots mâchouillés aux intonations catalanes et chez les parigots, les hommes avaient cet accent argotique du titi parisien et les femmes, cet accent pointu à vous crever un œil. Dans le brouhaha général, je ne comprenais pas tout des conversations mais ces échanges et surtout ces sons, que tout opposait, étaient un régal pour mes oreilles et pour mon moral. Aussi, quand le groupe finit par quitter le restaurant, mon intérêt de rester à table disparut avec lui. Il est 23 heures et temps d'aller dormir. Mais du sommeil, il n'y en eut point cette nuit-là. Les orties que j'avais piétinées cet après-midi se rappelaient à mon bon souvenir et les inflammations avaient redoublées d'intensité et étaient devenues insoutenables. A aucun moment, je ne réussis à dormir, à peine somnoler parfois, car dans cette bataille du sommeil et du réveil que se livrait la lassitude et les brûlures, ces dernières gagnaient sans cesse. J'ai essayé une pommade anti-inflammatoire et une à l'arnica, mais sans succès et, seules les douches d'eaux chaudes, que je prenais régulièrement, arrivaient à calmer temporairement ces douleurs.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

En jaune, c'est l'hôtel Ausseil où j'ai été parfaitement reçu. Mais les piqûres d'orties m'ont empêché de dormir. A droite, le porche de la ville fortifiée

Cette nuit sans dormir a été un vrai calvaire, mais elle présenta l'avantage de me laisser un temps infini pour réfléchir. Mais de toutes ces réflexions, deux revenaient sans cesse et se résumaient ainsi :

1- Pourquoi hier m'étais-je obstiné si longtemps dans ce guêpier avant de faire demi-tour ?

2- Que faire aujourd'hui pour ne pas renouveler cette triste et périlleuse expérience, si elle vient à survenir ?

Je répondais à la première interrogation, en reconnaissant mon entêtement à vouloir coûte que coûte cheminer le Tour du Vallespir. Mais est-ce si important de passer par ce chemin ou bien par un autre ? Et le but n'est-il pas de découvrir le Vallespir et d'arriver à l'endroit désiré ? A la première question ma réponse fut " NON " et à la deuxième ce fut " OUI ". Mais au fond de moi, je savais qu'il y avait eu autre chose aussi, quelque chose d'inconscient, comme une espèce de fascination à vouloir me mesurer à des forces et à des éléments que la nature, elle-même, avait vaincus. Après coup, j'avais le sentiment que mon entêtement à vouloir avancer dans cette forêt massacrée avait été un peu comme aller à la rencontre d'un mystère que je me devais d'élucider.

Mais désormais, il fallait que je me penche sur l'essentiel. De la solution à la première réflexion découla la résolution de la seconde et je me mis à compulser immédiatement mes cartes. Car la solution se trouvait automatiquement là. Fallait-il que je continue l'itinéraire du Tour du Vallespir, alors que dans ce secteur de Prats-de-Mollo, nombres de chemins ravagés par la tempête Klaus étaient peut-être encore barrés et impraticables ? Pour atteindre Notre-Dame de Coral, objectif de cette quatrième étape, il y avait le GRP Tour du Vallespir avec 21 kilomètres à parcourir, une rude ascension à la Tour de Mir, que je connaissais bien, par le boisé Bassin du Canidell, puis la rectiligne et aplanie crête boisée du Pic des Miquelets (1.632 m) et pour terminer, la descente boisée du Col d'Ares (1.513 m) jusqu'à l'ermitage. Cet itinéraire qui était enregistré dans mon GPS avait un dénominateur commun : " Boisé ". Le mot qui enfante une grosse boule dans mon estomac que je n'arrive plus à expulser. Mais pour se rendre à Notre-Dame de Coral, il y avait aussi un P.R. (Promenades et randonnées) sur la carte, un itinéraire parfaitement dessiné et surligné en rouge. Je l'avais déjà remarqué en étudiant le Tour du Vallespir. Moins long de 10 à 11 kilomètres que le GRP, je l'avais jugé comme une alternative très intéressante en cas de gros pépins physiques. Or, les pépins physiques étaient là ! Alors que faire ? Ce chemin circulait lui aussi en forêt, mais il présentait l'avantage de couper et de longer de manière quasi parallèle la D.115 qui descend du poste frontière du Col d'Ares. Et je me disais que si des arbres étaient tombés, c'est bien dans ce secteur où se trouve la départementale qu'on avait du certainement les dégager en priorité.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

Prats-de-Mollo a un riche patrimoine historique et culturel. Ici une jolie cour de chapelle fleurie et ornée de fresques où l'on distingue les deux saintes. Mais pas le temps de m'attarder. Dommage !

A 5 heures du matin, quand j'éteins la lumière pour tenter de trouver une dernière fois un sommeil réparateur, j'ai pris quelques bonnes résolutions et pour ne pas en oublier, je les ai écrites dans mon petit calepin :

a) Me rendre demain matin à l'Office du Tourisme et demander des informations sur le GRP Tour du Vallespir qui passe par la Tour de Mir et sur le P.R., l'autre chemin qui va à Notre-Dame de Coral.

b) Si le GRP Tour du Vallespir est dans son intégralité praticable, je l'emprunterai.

c) Si je n'ai pas d'informations suffisamment précises et fiables, j'éviterai le GRP Tour du Vallespir au profit de l'autre chemin.

d) Si ce chemin est lui aussi impraticable, je prendrais la D.115 jusqu'au col de la Guilla puis la piste qui va à Can Moulins et enfin le sentier qui rejoint Notre-Dame de Coral.

e) Informer les responsables de l'Office du Tourisme quant à la galère que j'ai connu hier entre le Puig des Lloses et le Col du Miracle pour que d'autres randonneurs ne tombent pas dans le même piège.

f) Passer à la pharmacie pour acheter un calmant qui soulagera mes brûlures.

g) Penser à passer dans une épicerie car l'hôtel Ausseil ne prépare pas de panier pique-nique.

Dans ce combat de titans que se livrèrent toute la nuit le sommeil et l'éveil, ce dernier finit par jeter l'éponge vers 6 heures du matin et je m'endormis. Mais vers 7 heures, le bruit de quelques véhicules de livraison dans les ruelles avoisinantes arbitrèrent et mirent fin définitivement à cette bagarre dont je sortis comme le seul vaincu, terrassé et fourbu.

Depuis mon départ d'Amélie, c'est le premier jour où je suis réellement fatigué et courbaturé. Mon genou gauche est meurtri, me fait mal et la plaie pourtant peu profonde n'est pas jolie à voir car elle suppure abondamment. La douche chaude me réveille un peu mais n'a pas sur mon organisme cet effet habituel de stimulation. La fatigue est là et si je ne fais rien, elle ne s'arrangera pas au fil de la journée. Je mets sur mon genou une compresse de mercurochrome que je scotche avec un gros bout de sparadrap. Pour calmer les douleurs et les inflammations, je prends dans ma pharmacie deux Propofan et un Cycladol que j'avalerai avec le petit déjeuner.

La terrasse de l'hôtel Ausseil est quasi déserte et hormis un couple de touristes et la charmante serveuse qui vient me servir, il n'y a personne. Je prends seul ce copieux petit déjeuner sous l'œil prévenant et souriant de l'agréable serveuse. Cette dernière m'indique où se trouvent la pharmacie, l'Office du Tourisme et une superette. Par bonheur, tous ces commerces sont situés sur la place du Foirail, mais par contre, elle ne sait pas me dire quels sont les horaires d'ouverture. Les brûlures aux jambes étant toujours virulentes, il m'importe de me soigner dans un premier temps. Par les ruelles désertes, je pars aussitôt en direction de la Place du Foirail. Mais il n'est pas encore 8 heures et tout est fermé sauf la superette qui est ouverte, mais son unique employée est occupée à recevoir un camion de livraison. Au moment où je m'apprête à entrer, la commerçante d'un air ironique et caustique me dit en ricanant : Nous ouvrons à neuf heures ! Je repars vers les ruelles de la ville fortifiée où sans problème, je peux, grâce à une épicerie et à une boulangerie ouvertes, constituer un panier repas pour midi. Je reprends le chemin de l'hôtel, paye ma note par chèque car l'agréable serveuse m'assure que la carte bleue validée à la réservation ne sera pas encaissée et je remonte dans ma chambre. Mon sac à dos est prêt et il ne me reste plus qu'à ranger le pique-nique du midi et partir. Je sors de l'hôtel en remerciant la patronne de l'excellent accueil que j'ai eu et me dirige une nouvelle fois vers la place du Foirail. L'officine est ouverte et la pharmacienne me conseille un gel apaisant " Urticium " et ajoute un petit tube de granules homéopathiques " Urtica Urens ". Assis sur une murette, je badigeonne mes bras et mes jambes de ce gel froid et avale trois granules. Je suis agréablement surpris car les douleurs semblent s'atténuer presque immédiatement.

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Sous un beau soleil, je quitte Prats-de-Mollo par un pont qui enjambe le Tech. C'est décidé, je délaisse Mir, sa tour et je fais ma première entorse volontaire à ce Tour du Vallespir. J'emprunte un PR.12 qui est en partie commun avec le fameux " Cami de la Retirada ". Il va me mener sans problème à Notre-Dame de Coral. Je traverse le torrent Canidell et tombe sur ce petit panneau qui vante les mérites de l'Ortie. Moi qui souffre le martyre et qui n'ait pas dormi de la nuit à cause de cette plante urticante, je suis sidéré d'apprendre qu'elle a des vertus anti-inflammatoires !

La tour de Mir

Indécis et confus, je pars dans la verdure.

Prats se réveille alors sous un ciel éclatant.

Le cœur encore intact d'un esprit d'aventure,

La Tour de Mir domine le vallon flamboyant.

 

Hésitant à grimper vers la haute muraille,

Le maximum à faire est encore important.

Ma tête grande ouverte tel un bel éventail.

La Tour de Mir me nargue idem à un géant.

 

Je balance, j'hésite, tel l'oiseau qui émigre,

Vers un court minimum où un chemin cuisant.

Mes jambes sont en feu mais ne sont pas de givre.

La Tour de Mir fascine les plus agonisants.

 

Ma décision est prise, je rejoins Notre-Dame,

Par le libre sentier de tous les résistants,

Mais l'esprit torturé comme une vieille femme,

La Tour de Mir m'invite de son pic arrogant.

 

Sombres sont les sous-bois, la paresse de mise.

Saint-Antoine est joli et son parc reposant.

L'horizon est bleuté, ma pensée cristallise.

La Tour de Mir m'attire de son feu si luisant.

 

J'escalade, je m'élève vers le col de la Guille,

Car Notre-Dame est belle dans le soleil couchant,

Et mon bras appuyant un bâton si futile,

La Tour de Mir s'enfuit, avec elle mon tourment.

 

La belle du Coral dévoile ses reliques,

Ses trésors que l'ermite a veillés pieusement.

Mes yeux émerveillés par ce pays de biques,

Le feu, la Tour de Mir s'éteint finalement.

 

L'Office du Tourisme est toujours fermé et j'ai maintenant un choix à faire : soit j'attends l'heure de l'ouverture en prenant le risque que l'employée ne puisse pas répondre à mes interrogations quant à la praticabilité des chemins soit je me décide tout de suite et opte pour le P.R pour respecter la résolution prise cette nuit.

En raison de mon état de lassitude avancée et de l'importante différence de distance à parcourir, pratiquement deux fois moins par le P.R., j'opte presque sans réfléchir pour cette solution qui me semble, aujourd'hui, la plus raisonnable. Il y a quelques années, une célèbre publicité annonçait " Mini Mir, il en fait un maximum " mais moi, c'est décidé " je ne vais pas prendre Mir (la tour) et je vais en faire un minimum (de kilomètres) ". Le jeu de mots est un peu lourdaud mais il a le mérite d'être un peu distrayant et de me venir à l'esprit à cet instant où je démarre cette nouvelle journée de marche avec une certaine appréhension.

Je traverse la place du Foirail et me dirige vers le pont qui traverse le Tech. Ici, il n'y a pas de colombes comme à Amélie mais un cadre de verdure exceptionnel et je retrouve le fleuve pour la deuxième fois depuis mon départ. Pas encore alimenté par ses nombreux affluents, il n'est ici qu'un petit torrent de montagne tranquille au débit relativement modeste en été. Mais cette discrétion du fleuve est très relative au regard de la documentation que j'ai pu lire sur l'Aiguat de 1940. Au carrefour adjacent, je trouve quelques panneaux de randonnées dont celui qui monte à la Tour de Mir. Je traverse la D.115 et cette fois, je suis devant le bon panneau avec un P.R.1, un P.R.3, un P.R.19 et surtout celui que je recherche, le P.R.12 indiquant " Notre Dame du Coral - La Coulometa ". Le balisage est blanc et rouge comme les G.R. Il y a dessous celui-ci, un autre panonceau dont l'itinéraire est vraiment chargé d'Histoire c'est le " Cami de la Retidara ", insolite chemin de l'exil que plus de 100.000 réfugiés espagnols empruntèrent en janvier 1939 pour fuir le régime tyrannique du général Franco. Cet exode massif eut une portée considérable sur la petite cité de Prats-de-Mollo et la région du Vallespir tout entière car il fut très difficile d'accueillir correctement toutes ces familles dans cet hiver très rigoureux qui était déjà là. Après la guerre, un grand nombre de famille s'installèrent dans le Vallespir. Ils eurent des enfants, qui ont grandi et sont devenus français. 70 ans ont passés et aujourd'hui c'est par bonheur que je vais emprunter une portion de ce " chemin du malheur " qui monte au Col d'Ares. J'enjambe le pont qui traverse le torrent du Canidell. Au bout du pont, un petit panneau éducatif sur l'ortie a été installé. Il décrit la plante, ses utilisations et vante ses bienfaits. Et là, chose surprenante, moi dont le lit était un véritable bûcher et qui ai " flambé " toute la nuit à cause de cette maudite plante, j'apprends qu'elle a des qualités d'anti-inflammatoire et qu'on peut même en faire des soupes. Non, je me suis endormi et je rêve, je ne suis pas devant ce panneau, je suis encore dans mon lit à l'hôtel Ausseil. Pincez-moi car je ne peux pas croire ça ! Je repars, la sente monte rudement dans un bois de feuillus où dominent les frênes et les grands châtaigniers. Je marche le plus souvent sous une sombre canopée mais parfois, j'arrive, au détour du chemin ou au travers des branches, à apercevoir Prats, juste en dessous qui s'éloigne, ou bien la Tour de Mir sur ma gauche, petite tétine brune dépassant d'un dodu mamelon verdâtre.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.oSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

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Le PR.12 grimpe dans la forêt. Malgré tout, j'aperçois de temps à autre la Tour de Mir ou les lieux où j'ai cheminé hier. Puis il coupe la D.115 et arrive à la ferme des Casals. Quand il devient un agréable sentier tout en sous-bois, je vais flâner comme jamais je ne l'ai fait depuis mon départ, récupérant ainsi de mon exténuante étape d'hier. 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.oSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

Ce chemin tout en sous-bois où je vais paresser, m'amène au col de la Guilla puis sur une piste qui descend vers Can Moulins. Je quitte cette piste par une étroite sente balisée avec des lettres en vieil anglais qui m'entraîne dans le ravin de Coral entre prés fleuris et bois où virevoltent de beaux papillons. Au loin, j'aperçois mon objectif du jour : la chapelle Notre-Dame de Coral.

Je m'arrête souvent pour calmer ma respiration qui a tendance à s'emballer. Si les anti-inflammatoires ont eu pour effet de calmer mes contractures musculaires, je reste néanmoins marqué par ma terrible journée d'hier et ma nuit agitée. Et je me réjouis d'avoir pris ce chemin déjà suffisamment difficile compte tenu de ma fatigue. Après maints zigzags, j'atteins Saint-Antoine, petit ermitage avec une fontaine et une aire de pique-nique. Je profite de ce lieu calme pour souffler un peu et manger le pain au chocolat que j'ai acheté ce matin. Je repars. Le balisage est formidablement distinct. Je traverse la D.115 pour entrer dans un autre bois où le chemin s'est élargi. Ici la forêt ne semble pas avoir souffert du déchaînement de Klaus. La forêt se termine et le chemin débouche dans un immense pré lumineux où tout à coup les beaux panoramas se dévoilent vers le nord. Le chemin traverse le pré et pénètre dans la grande ferme des Casals. Il est 10h30. Je passe au milieu de la ferme que je quitte par une piste terreuse qui continue vers la D.115. Très vite, je délaisse cette piste au profit d'une autre qui aboutit à un portail. Le balisage du P.R.12 est bien là. Je pousse le portail que je prends soin de refermer derrière moi. C'est un large chemin herbeux tout en sous-bois de petits noisetiers qui démarre ici et longe parallèlement la D.115. Après les rudes montées que j'ai eues jusqu'ici, j'apprécie à sa juste valeur ce sentier fleuri au doux dénivelé. Il est si agréable à cheminer et il fait si beau aujourd'hui, que je flâne, m'arrête, repars, m'arrête à nouveau pour observer une fleur, un oiseau ou un papillon. Tout devient prétexte à un rythme de marche nonchalant et placide. Je vais même jusqu'à m'arrêter plusieurs fois pour déjeuner. Un coup c'est un morceau de quiche acheté à la boulangerie ce matin, une autre fois une salade que je trimballe depuis le départ, une autre fois, un morceau de pizza, un gâteau de riz ou bien une orange. C'est simple, quand je retrouve la D.115 au col de la Guilla (1.194 m), je me suis arrêté trois fois, j'ai mangé tout mon déjeuner, il n'est pas encore midi et j'ai mis plus d'une heure depuis la ferme des Casals pour parcourir deux kilomètres. C'est dire la lenteur avec laquelle j'ai marché, mais cette lenteur est aujourd'hui en parfait synchronisme avec mon état de paresse. Un petit panonceau en direction de Notre-Dame du Coral est planté là au bord de la D.115. Il m'expédie de l'autre côté de la route où un grand portail s'ouvre sur une large piste qui descend vers Can Moulins. Les décors changent, ce n'est plus tout à fait la même végétation. Ici, les grands châtaigniers, les frênes et les hêtres ont quasiment disparus au profit des pins, des chênes verts et des chênes lièges. Sous un soleil de plomb et sur cette large piste terreuse qui descend allègrement, je retrouve machinalement mon rythme de marche régulier et habituel. Seul un abreuvoir dans lequel s'écoule une source arrête mon élan. J'y trempe mon bob déjà bien mouillé de sueur que j'enfonce tout dégoulinant sur ma tête. Frais comme un gardon, je repars sous ce cagnard brûlant mais juste avant Can Moulins, je suis à nouveau arrêté dans ma course par un petit panonceau aux lettres écrites en vieil anglais " N + D + du Coral ". De cet endroit, on aperçoit d'ailleurs les toits de l'ermitage. Au sein d'une dense forêt, la chapelle n'est plus qu'à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau. Une étroite sente raide descend dans une ravine, se stabilise et passe sous les maisons du hameau isolé de Can Moulins. Puis il descend à nouveau dans le bois d'un autre vallon où coule le Coral. Lors de l'analyse du parcours, j'avais prévu de m'y baigner en cas de fortes chaleurs. Mais si les fortes chaleurs sont là, le ruisseau, lui, n'est qu'un petit filet d'eau où il est très difficile de s'y mouiller ne serait-ce que les pieds.

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Après avoir traîné comme jamais, je finis par arriver très tôt à Notre-Dame de Coral. Comme à Saint-Guillem, la jolie chapelle est un lieu de pèlerinage et d'ermitage depuis des siècles mais ici elle fait aussi hôtellerie et restaurant. Je suis accueilli par deux énormes Saint-Bernard très gentils mais un peu trop baveux à mon goût. Un panonceau m'indique Lamanère, direction que j'aurais à prendre demain.

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Après une sieste bienfaitrice dans ma chambre, balades, visite et photos du site sont au programme. Son calme et son cadre de verdure unique se prête bien à ces activités. D'ici, j'aperçois tout au loin les Tours de Cabrens que je dois approcher demain. Je vais garder de Notre-Dame de Coral un souvenir impérissable et l'envie constante d'y amener un jour toute ma famille. 

Toujours dans les bois, le chemin remonte en zigzaguant jusqu'à l'intersection de deux chemins. Je connais bien cette jonction pour être venu à diverses reprises à Notre-Dame du Coral : il y a le chemin qui descend vers Lamanère et qu'il me faudra prendre demain et celui qui monte en direction de l'ermitage. Il est 13h15 quand j'aperçois les bâtiments et la chapelle. Je suis accueilli aux sons des grognements de deux énormes " Saint-Bernard " qui sont affalés de tout leur long sur le carrelage, certainement frais, du narthex de la chapelle. Ils doivent avoir si chaud qu'ils ne bronchent pas, mais néanmoins, ils m'observent du coin de l'oeil comme pour me dire " ne bouge plus, on te surveille ". Mais, je les connais pour les avoir rencontrés, il y a quelques mois, lors d'une randonnée. Ils sont plus impressionnants que réellement menaçants. Un jeune homme arrive d'un espace privé qui me semble être la cuisine. Je me présente, et il est parfaitement au courant de ma réservation en demi-pension pour une nuit. Force est de constater qu'ici ça fonctionne mieux qu'au Refuge de Batère. Pendant que le jeune homme me parle, les deux molosses se sont levés et sont venus me renifler les mains. Non, renifler n'est pas vraiment le mot. De leurs bajoues humides, ils m'enduisent les mains d'une bave gluante et quand je veux les repousser pour arrêter ce badigeonnage visqueux, le jeune homme me dit : " ils ont peur de votre bâton de marche " ! Je plie mon bâton télescopique et suit le jeune homme qui se dirige à l'étage pour me montrer ma chambre. Ce n'est pas vraiment une chambre mais plutôt un petit dortoir avec trois lits gigognes mais où, en principe, je devrais être seul car peu de randonneurs sont attendus aujourd'hui. Avant de retourner à ses occupations, le jeune homme me demande si je souhaite une boisson fraîche et quand je lui réponds une bière, il m'annonce avec jubilation, et comme si c'était une prouesse, qu'il a même une excellente bière pression. Je ne sais pas si chez lui, cet accueil courtois est habituel mais avec mon tee-shirt détrempé et mon bob avachi, il en a certainement conclu que j'avais dû avoir très chaud toute la matinée et que je devais avoir très soif. Gagné ! Je dépose mes affaires, retourne chercher ma bière et remonte avec dans le dortoir. Maintenant, je n'aspire qu'à une seule chose : " dormir ! ". Je me délecte de cette bière glacée, sors mes effets de toilettes, me déshabille et me précipite en slip sous la première douche venue qui se trouve au fond du couloir. Quand je reviens dans la chambre, et bien que les brûlures se soient formidablement estompées, je m'enduis les bras et les jambes d'Urticium et mets sous ma langue 5 granules d'Urtica Urens que je laisse fondre. Je finis ma bière et me jette sous une couverture et en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, je me vois m'endormir comme un bébé rassasié. Il est 16h30 quand je me réveille au doux bruit d'un aspirateur qui ronfle. Celui-ci arrive de l'extérieur et entre par la fenêtre que j'ai laissée grande ouverte. Quand je m'y penche c'est pour constater que la gérante et sa fille sont entrain de nettoyer leur voiture. M'apercevant à la fenêtre, elle semble confuse de m'avoir réveillé mais je la rassure car en réalité, il n'en est rien, je me suis éveillé tout seul après tout de même plus de deux heures d'un sommeil profond et réparateur. Je pars faire quelques photos de Notre-Dame du Coral qui est vraiment un site magique dans un cadre de verdure remarquable. D'ici, j'arrive à voir et à photographier les fameuses " Tours de Cabrens ", au pied desquelles, j'ai prévu de passer demain.

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Quelques images de ma soirée à Notre-Dame de Coral : la jolie chapelle avec ma chambre dont la première fenêtre est ouverte. Devant la fenêtre de ma chambre où, le soir, je vais assister impuissant à la mise à mort d'un pauvre mulot ballotté par trois horribles matous. La marmotte empaillée de l'excellent restaurant " La Bergerie " qui de ses yeux fixes me regarde manger et enfin le beau coucher de soleil vers le Mont Falgas. Ce soir-là, plusieurs randonneurs m'indiquent l'impossibilité qu'ils ont eu de se rendre à la Tour de Mir à cause des arbres couchés par la tempête Klaus et cela me conforte dans la décision d'avoir préféré le PR.12 plutôt que l'itinéraire du Tour du Vallespir. Cela effacera en partie cette entorse non prévue. 

Assis devant l'entrée de la chapelle, je fais la connaissance d'une randonneuse. Elle marche avec deux amis et font des randonnées en étoiles depuis l'ermitage. Elle vient d'arriver du secteur de la Tour de Mir où ils sont allés randonner aujourd'hui. Au fil de la discussion, elle finit par m'apprendre que, par là-bas, beaucoup d'arbres gisent encore à terre au milieu des pistes et des chemins. Ils ont pas mal galéré et n'ont pas pu respecter la boucle qu'ils avaient initialement envisagée de faire. Puis au moment de faire demi-tour, ils ont éprouvé beaucoup de difficultés pour revenir à l'ermitage depuis la Tour de Mir par un autre chemin. Cette information que je n'ai pas spécialement recherchée arrive à mes oreilles comme un pur soulagement. En effet, après cette difficile journée d'hier et malgré mon désir de faire preuve de prudence, j'avoue que faire le Tour du Vallespir et ne pas respecter son parcours originel me chagrine pas mal. Mais avec cette information, plus aucun regret, j'ai la certitude maintenant d'avoir pris ce matin la bonne décision en choisissant le P.R.12 ! La jeune femme part rejoindre ses amis dans le dortoir. Une petite chatte noire vient se faire câliner, elle ressemble à s'y méprendre à ma petite Milie, mais quand un des deux Saint-Bernard aperçoit ce manège, il est jaloux et veut lui aussi sa part de caresses. Je veux bien le cajoler mais lui ne conçoit pas de recevoir de la tendresse sans en rendre à son tour à grands coups de langue. Et voilà qu'en moins de trois heures, il se met à me passer une deuxième couche de salive collante sur les mains. J'adore les animaux et particulièrement les chiens mais cette écume blanche qui dégouline de ses bajoues a un côté ragoûtant et désagréable et, là c'en est trop. Je remonte vers les toilettes pour me laver les mains puis je me remets au lit pour un peu de lecture. Vers 19h30, je redescends pour m'installer dans la Bergerie. C'est ainsi que s'appelle la jolie salle de restaurant au décor campagnard typiquement catalan. Je suis seul dans la salle, et ce repas, que je mange sous l'œil inerte d'une grosse marmotte empaillée, est vraiment savoureux avec une salade de tomates à la mozzarella, un coquelet rôti avec un excellent petit assortiment de légumes, de riz et d'un délicieux gratin. Et pour clore le tout, on m'apporte une grosse tranche d'un succulent gâteau à la crème pâtissière. Je n'ai vraiment que des louanges à faire de cet accueil de qualité. La chambre est parfaite pour le randonneur que je suis, la cuisine est excellente et raffinée, le tout dans un décor unique et calme et pour couronner le tout avec un rapport qualité/prix des plus raisonnables. Que demander de plus ! Quand je remonte dans la chambre, le soir est entrain de tomber mais le soleil est loin d'être couché. Par la fenêtre, je le regarde décliner peu à peu, grosse boule rouge qui disparaît derrière le Mont Falgas. A cet instant, et en regardant vers ces belles montagnes, je repense à ce " Cami de la Retirada ". Ces chemins de la liberté, ils ont dû en voir passer des contingents de malheureux et de chancelants avec tous ces réfugiés politiques qui étaient obligés de fuir leur pays. Mais dans l'autre sens, cette frontière, elle a dû en voir défiler des bienheureux et des chanceux avec ces résistants et ces combattants de tous bords qui fuyaient le nazisme pour des vies et des destinées nouvelles. Trois chats noirs qui jouent sous ma fenêtre sur la pelouse du parc m'extirpent de cette rêverie et de ces réflexions. Ils jouent à un jeu très cruel, c'est celui du chat et de la souris, comme une parodie d'un " Tom et Jerry " grandeur nature où il y aurait trois " Tom " et dans lequel, le rôle de " Jerry " est tenu par un minuscule mulot dont le sort est scellé d'avance. Les trois " ignobles " matous se renvoient, d'un à l'autre, le petit mulot comme une balle de caoutchouc et quand parfois celui-ci retombe dans l'herbe, j'ai toujours espoir qu'il finisse par arriver à s'échapper. Mais malheureusement, il finit tôt ou tard par se faire rattraper pour un des trois " greffiers ". Décidément la nature est trop cruelle et devant cet impitoyable spectacle, je préfère partir me coucher. Voilà un aspect de l'âpreté du Vallespir que je n'avais pas imaginé au départ de cette randonnée. Comme quoi, on est loin de tout envisager quand on veut se hisser sur " les hauteurs d'une vallée âpre ".

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

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L'après-midi, ce gentil chat était venu se faire câliner. A la nuit tombante, sur la pelouse de l'ermitage, accompagnés de ses deux compères, il est soudain devenu un " ignoble assassin " suppliciant un pauvre petit mulot qu'ils se renvoyaient de l'un à l'autre comme un simple balle de caoutchouc. Une nouvelle fable était déjà dans ma tête.

 

Trois petits " Tom " et un pauvre Jerry

 

Trois petits " Tom " jouaient dans le parc ombragé.

Noirs étaient leurs pelages, leurs esprits, leurs pensées.

Et ce pauvre " Jerry ", que le diable tirait

Par une fine queue, était désespéré.

 

Un homme à la fenêtre regardant ce spectacle,

Espérait du hasard, une étoile, un miracle.

Mais la dure nature le fit pleurer soudain,

Les petits " Toms " noirs étaient des assassins.

 

Il partit se coucher, sensible à sa faiblesse.

Les petits " Toms " noirs avaient tant de rudesse.

Croquer une souris tels étaient leurs destins,

Un " Jerry ", un mulot ce n'est pas un festin

 

Puis l'homme s'endormit, mais les rêves l'éveillèrent

Sur son lit, un p'tit " Tom " dormait tel un pépère

Sans cauchemar aucun, sur ce qu'il avait fait

Le " Jerry " dans son ventre avait ressuscité.

 

Dans leurs songes, ils sautèrent dans le parc ténébreux

Le P'tit " Tom " et " Jerry " avaient l'air si heureux.

Toute la nuit, ils jouèrent jusqu'au petit matin,

Comme de bons copains, de gentils diablotins.

 

Puis le jour se leva et son lot de tracas,

Les petits " Toms " noirs cherchaient comme un en-cas.

Point de pauvre mulot pour leur combler la faim,

Mais un " Jerry " ailé tel un beau séraphin.

 

Les Petits " Toms " noirs scrutaient en vain le ciel,

En quête d'un oiseau, de leurs airs criminels.

Mais le frêle " Jerry " s'était changé en aigle,

Sur les chats il tomba emportant le plus faible.

 

Il faut vivre la vie comme un chat, un mulot,

Caresser les p'tits " Toms ", ignorer les salauds,

Et si la vie est dure, croque-là doublement

Comme une petit " Jerry " si tendre et si fondant.

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.4eme étape : Jeudi 20 août 2009.

Prats-de-Mollo (753 m) - Notre-Dame de Coral (1.091m)

9 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

"Un doux crépuscule d'avril descendait sur le Vallespir encore embrasé des rougeurs ardentes du couchant. C'était l'heure où le rose et l'orangé se disputent, en tons dégradés, les lisières du ciel et se fondent en cette teinte merveilleuse et indéfinissable qui incendie la crête des hautes montagnes". Extrait du roman " Domenica ou la vallée âpre ". Marie Vallespir.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.SANS MIR, J'AI FAIT LE MINIMUM :

A l'hôtel-restaurant Ausseil, on soigne les clients. Hier soir, le patron a mis tout en œuvre pour que je puisse manger en terrasse. Il est allé chercher un petit guéridon où il m'installa comme un nabab. Seul le service pouvait être critiquable car il a été un peu long mais il faut dire que les tables étaient nombreuses et les clients aussi. Pourtant, en prenant le menu du jour fait d'une escalivade, d'un pavé de morue à la catalane et d'une crème catalane, je pensais pouvoir expédier ce souper typiquement catalan pour partir me coucher tôt. Il n'en a rien été, mais je n'ai pas eu à le regretter. Cette cuisine du terroir était excellente et en plus, tout seul dans mon coin, je me suis bien marré. Il y avait juste derrière moi un groupe de huit personnes, pour moitié catalanes et, pour l'autre moitié parisiennes et le contraste étonnant de ces deux accents antinomiques avait quelque chose de sympathiquement cocasse. Les gens d'ici parlaient ce sympathique français du terroir avec des mots mâchouillés aux intonations catalanes et chez les parigots, les hommes avaient cet accent argotique du titi parisien et les femmes, cet accent pointu à vous crever un œil. Dans le brouhaha général, je ne comprenais pas tout des conversations mais ces échanges et surtout ces sons, que tout opposait, étaient un régal pour mes oreilles et pour mon moral. Aussi, quand le groupe finit par quitter le restaurant, mon intérêt de rester à table disparut avec lui. Il est 23 heures et temps d'aller dormir. Mais du sommeil, il n'y en eut point cette nuit-là. Les orties que j'avais piétinées cet après-midi se rappelaient à mon bon souvenir et les inflammations avaient redoublées d'intensité et étaient devenues insoutenables. A aucun moment, je ne réussis à dormir, à peine somnoler parfois, car dans cette bataille du sommeil et du réveil que se livrait la lassitude et les brûlures, ces dernières gagnaient sans cesse. J'ai essayé une pommade anti-inflammatoire et une à l'arnica, mais sans succès et, seules les douches d'eaux chaudes, que je prenais régulièrement, arrivaient à calmer temporairement ces douleurs.

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En jaune, c'est l'hôtel Ausseil où j'ai été parfaitement reçu. Mais les piqûres d'orties m'ont empêché de dormir. A droite, le porche de la ville fortifiée

Cette nuit sans dormir a été un vrai calvaire, mais elle présenta l'avantage de me laisser un temps infini pour réfléchir. Mais de toutes ces réflexions, deux revenaient sans cesse et se résumaient ainsi :

1- Pourquoi hier m'étais-je obstiné si longtemps dans ce guêpier avant de faire demi-tour ?

2- Que faire aujourd'hui pour ne pas renouveler cette triste et périlleuse expérience, si elle vient à survenir ?

Je répondais à la première interrogation, en reconnaissant mon entêtement à vouloir coûte que coûte cheminer le Tour du Vallespir. Mais est-ce si important de passer par ce chemin ou bien par un autre ? Et le but n'est-il pas de découvrir le Vallespir et d'arriver à l'endroit désiré ? A la première question ma réponse fut " NON " et à la deuxième ce fut " OUI ". Mais au fond de moi, je savais qu'il y avait eu autre chose aussi, quelque chose d'inconscient, comme une espèce de fascination à vouloir me mesurer à des forces et à des éléments que la nature, elle-même, avait vaincus. Après coup, j'avais le sentiment que mon entêtement à vouloir avancer dans cette forêt massacrée avait été un peu comme aller à la rencontre d'un mystère que je me devais d'élucider.

Mais désormais, il fallait que je me penche sur l'essentiel. De la solution à la première réflexion découla la résolution de la seconde et je me mis à compulser immédiatement mes cartes. Car la solution se trouvait automatiquement là. Fallait-il que je continue l'itinéraire du Tour du Vallespir, alors que dans ce secteur de Prats-de-Mollo, nombres de chemins ravagés par la tempête Klaus étaient peut-être encore barrés et impraticables ? Pour atteindre Notre-Dame de Coral, objectif de cette quatrième étape, il y avait le GRP Tour du Vallespir avec 21 kilomètres à parcourir, une rude ascension à la Tour de Mir, que je connaissais bien, par le boisé Bassin du Canidell, puis la rectiligne et aplanie crête boisée du Pic des Miquelets (1.632 m) et pour terminer, la descente boisée du Col d'Ares (1.513 m) jusqu'à l'ermitage. Cet itinéraire qui était enregistré dans mon GPS avait un dénominateur commun : " Boisé ". Le mot qui enfante une grosse boule dans mon estomac que je n'arrive plus à expulser. Mais pour se rendre à Notre-Dame de Coral, il y avait aussi un P.R. (Promenades et randonnées) sur la carte, un itinéraire parfaitement dessiné et surligné en rouge. Je l'avais déjà remarqué en étudiant le Tour du Vallespir. Moins long de 10 à 11 kilomètres que le GRP, je l'avais jugé comme une alternative très intéressante en cas de gros pépins physiques. Or, les pépins physiques étaient là ! Alors que faire ? Ce chemin circulait lui aussi en forêt, mais il présentait l'avantage de couper et de longer de manière quasi parallèle la D.115 qui descend du poste frontière du Col d'Ares. Et je me disais que si des arbres étaient tombés, c'est bien dans ce secteur où se trouve la départementale qu'on avait du certainement les dégager en priorité.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

Prats-de-Mollo a un riche patrimoine historique et culturel. Ici une jolie cour de chapelle fleurie et ornée de fresques où l'on distingue les deux saintes. Mais pas le temps de m'attarder. Dommage !

A 5 heures du matin, quand j'éteins la lumière pour tenter de trouver une dernière fois un sommeil réparateur, j'ai pris quelques bonnes résolutions et pour ne pas en oublier, je les ai écrites dans mon petit calepin :

a) Me rendre demain matin à l'Office du Tourisme et demander des informations sur le GRP Tour du Vallespir qui passe par la Tour de Mir et sur le P.R., l'autre chemin qui va à Notre-Dame de Coral.

b) Si le GRP Tour du Vallespir est dans son intégralité praticable, je l'emprunterai.

c) Si je n'ai pas d'informations suffisamment précises et fiables, j'éviterai le GRP Tour du Vallespir au profit de l'autre chemin.

d) Si ce chemin est lui aussi impraticable, je prendrais la D.115 jusqu'au col de la Guilla puis la piste qui va à Can Moulins et enfin le sentier qui rejoint Notre-Dame de Coral.

e) Informer les responsables de l'Office du Tourisme quant à la galère que j'ai connu hier entre le Puig des Lloses et le Col du Miracle pour que d'autres randonneurs ne tombent pas dans le même piège.

f) Passer à la pharmacie pour acheter un calmant qui soulagera mes brûlures.

g) Penser à passer dans une épicerie car l'hôtel Ausseil ne prépare pas de panier pique-nique.

Dans ce combat de titans que se livrèrent toute la nuit le sommeil et l'éveil, ce dernier finit par jeter l'éponge vers 6 heures du matin et je m'endormis. Mais vers 7 heures, le bruit de quelques véhicules de livraison dans les ruelles avoisinantes arbitrèrent et mirent fin définitivement à cette bagarre dont je sortis comme le seul vaincu, terrassé et fourbu.

Depuis mon départ d'Amélie, c'est le premier jour où je suis réellement fatigué et courbaturé. Mon genou gauche est meurtri, me fait mal et la plaie pourtant peu profonde n'est pas jolie à voir car elle suppure abondamment. La douche chaude me réveille un peu mais n'a pas sur mon organisme cet effet habituel de stimulation. La fatigue est là et si je ne fais rien, elle ne s'arrangera pas au fil de la journée. Je mets sur mon genou une compresse de mercurochrome que je scotche avec un gros bout de sparadrap. Pour calmer les douleurs et les inflammations, je prends dans ma pharmacie deux Propofan et un Cycladol que j'avalerai avec le petit déjeuner.

La terrasse de l'hôtel Ausseil est quasi déserte et hormis un couple de touristes et la charmante serveuse qui vient me servir, il n'y a personne. Je prends seul ce copieux petit déjeuner sous l'œil prévenant et souriant de l'agréable serveuse. Cette dernière m'indique où se trouvent la pharmacie, l'Office du Tourisme et une superette. Par bonheur, tous ces commerces sont situés sur la place du Foirail, mais par contre, elle ne sait pas me dire quels sont les horaires d'ouverture. Les brûlures aux jambes étant toujours virulentes, il m'importe de me soigner dans un premier temps. Par les ruelles désertes, je pars aussitôt en direction de la Place du Foirail. Mais il n'est pas encore 8 heures et tout est fermé sauf la superette qui est ouverte, mais son unique employée est occupée à recevoir un camion de livraison. Au moment où je m'apprête à entrer, la commerçante d'un air ironique et caustique me dit en ricanant : Nous ouvrons à neuf heures ! Je repars vers les ruelles de la ville fortifiée où sans problème, je peux, grâce à une épicerie et à une boulangerie ouvertes, constituer un panier repas pour midi. Je reprends le chemin de l'hôtel, paye ma note par chèque car l'agréable serveuse m'assure que la carte bleue validée à la réservation ne sera pas encaissée et je remonte dans ma chambre. Mon sac à dos est prêt et il ne me reste plus qu'à ranger le pique-nique du midi et partir. Je sors de l'hôtel en remerciant la patronne de l'excellent accueil que j'ai eu et me dirige une nouvelle fois vers la place du Foirail. L'officine est ouverte et la pharmacienne me conseille un gel apaisant " Urticium " et ajoute un petit tube de granules homéopathiques " Urtica Urens ". Assis sur une murette, je badigeonne mes bras et mes jambes de ce gel froid et avale trois granules. Je suis agréablement surpris car les douleurs semblent s'atténuer presque immédiatement.

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Sous un beau soleil, je quitte Prats-de-Mollo par un pont qui enjambe le Tech. C'est décidé, je délaisse Mir, sa tour et je fais ma première entorse volontaire à ce Tour du Vallespir. J'emprunte un PR.12 qui est en partie commun avec le fameux " Cami de la Retirada ". Il va me mener sans problème à Notre-Dame de Coral. Je traverse le torrent Canidell et tombe sur ce petit panneau qui vante les mérites de l'Ortie. Moi qui souffre le martyre et qui n'ait pas dormi de la nuit à cause de cette plante urticante, je suis sidéré d'apprendre qu'elle a des vertus anti-inflammatoires !

La tour de Mir

Indécis et confus, je pars dans la verdure.

Prats se réveille alors sous un ciel éclatant.

Le cœur encore intact d'un esprit d'aventure,

La Tour de Mir domine le vallon flamboyant.

 

Hésitant à grimper vers la haute muraille,

Le maximum à faire est encore important.

Ma tête grande ouverte tel un bel éventail.

La Tour de Mir me nargue idem à un géant.

 

Je balance, j'hésite, tel l'oiseau qui émigre,

Vers un court minimum où un chemin cuisant.

Mes jambes sont en feu mais ne sont pas de givre.

La Tour de Mir fascine les plus agonisants.

 

Ma décision est prise, je rejoins Notre-Dame,

Par le libre sentier de tous les résistants,

Mais l'esprit torturé comme une vieille femme,

La Tour de Mir m'invite de son pic arrogant.

 

Sombres sont les sous-bois, la paresse de mise.

Saint-Antoine est joli et son parc reposant.

L'horizon est bleuté, ma pensée cristallise.

La Tour de Mir m'attire de son feu si luisant.

 

J'escalade, je m'élève vers le col de la Guille,

Car Notre-Dame est belle dans le soleil couchant,

Et mon bras appuyant un bâton si futile,

La Tour de Mir s'enfuit, avec elle mon tourment.

 

La belle du Coral dévoile ses reliques,

Ses trésors que l'ermite a veillés pieusement.

Mes yeux émerveillés par ce pays de biques,

Le feu, la Tour de Mir s'éteint finalement.

 

L'Office du Tourisme est toujours fermé et j'ai maintenant un choix à faire : soit j'attends l'heure de l'ouverture en prenant le risque que l'employée ne puisse pas répondre à mes interrogations quant à la praticabilité des chemins soit je me décide tout de suite et opte pour le P.R pour respecter la résolution prise cette nuit.

En raison de mon état de lassitude avancée et de l'importante différence de distance à parcourir, pratiquement deux fois moins par le P.R., j'opte presque sans réfléchir pour cette solution qui me semble, aujourd'hui, la plus raisonnable. Il y a quelques années, une célèbre publicité annonçait " Mini Mir, il en fait un maximum " mais moi, c'est décidé " je ne vais pas prendre Mir (la tour) et je vais en faire un minimum (de kilomètres) ". Le jeu de mots est un peu lourdaud mais il a le mérite d'être un peu distrayant et de me venir à l'esprit à cet instant où je démarre cette nouvelle journée de marche avec une certaine appréhension.

Je traverse la place du Foirail et me dirige vers le pont qui traverse le Tech. Ici, il n'y a pas de colombes comme à Amélie mais un cadre de verdure exceptionnel et je retrouve le fleuve pour la deuxième fois depuis mon départ. Pas encore alimenté par ses nombreux affluents, il n'est ici qu'un petit torrent de montagne tranquille au débit relativement modeste en été. Mais cette discrétion du fleuve est très relative au regard de la documentation que j'ai pu lire sur l'Aiguat de 1940. Au carrefour adjacent, je trouve quelques panneaux de randonnées dont celui qui monte à la Tour de Mir. Je traverse la D.115 et cette fois, je suis devant le bon panneau avec un P.R.1, un P.R.3, un P.R.19 et surtout celui que je recherche, le P.R.12 indiquant " Notre Dame du Coral - La Coulometa ". Le balisage est blanc et rouge comme les G.R. Il y a dessous celui-ci, un autre panonceau dont l'itinéraire est vraiment chargé d'Histoire c'est le " Cami de la Retidara ", insolite chemin de l'exil que plus de 100.000 réfugiés espagnols empruntèrent en janvier 1939 pour fuir le régime tyrannique du général Franco. Cet exode massif eut une portée considérable sur la petite cité de Prats-de-Mollo et la région du Vallespir tout entière car il fut très difficile d'accueillir correctement toutes ces familles dans cet hiver très rigoureux qui était déjà là. Après la guerre, un grand nombre de famille s'installèrent dans le Vallespir. Ils eurent des enfants, qui ont grandi et sont devenus français. 70 ans ont passés et aujourd'hui c'est par bonheur que je vais emprunter une portion de ce " chemin du malheur " qui monte au Col d'Ares. J'enjambe le pont qui traverse le torrent du Canidell. Au bout du pont, un petit panneau éducatif sur l'ortie a été installé. Il décrit la plante, ses utilisations et vante ses bienfaits. Et là, chose surprenante, moi dont le lit était un véritable bûcher et qui ai " flambé " toute la nuit à cause de cette maudite plante, j'apprends qu'elle a des qualités d'anti-inflammatoire et qu'on peut même en faire des soupes. Non, je me suis endormi et je rêve, je ne suis pas devant ce panneau, je suis encore dans mon lit à l'hôtel Ausseil. Pincez-moi car je ne peux pas croire ça ! Je repars, la sente monte rudement dans un bois de feuillus où dominent les frênes et les grands châtaigniers. Je marche le plus souvent sous une sombre canopée mais parfois, j'arrive, au détour du chemin ou au travers des branches, à apercevoir Prats, juste en dessous qui s'éloigne, ou bien la Tour de Mir sur ma gauche, petite tétine brune dépassant d'un dodu mamelon verdâtre.

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Le PR.12 grimpe dans la forêt. Malgré tout, j'aperçois de temps à autre la Tour de Mir ou les lieux où j'ai cheminé hier. Puis il coupe la D.115 et arrive à la ferme des Casals. Quand il devient un agréable sentier tout en sous-bois, je vais flâner comme jamais je ne l'ai fait depuis mon départ, récupérant ainsi de mon exténuante étape d'hier. 

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Ce chemin tout en sous-bois où je vais paresser, m'amène au col de la Guilla puis sur une piste qui descend vers Can Moulins. Je quitte cette piste par une étroite sente balisée avec des lettres en vieil anglais qui m'entraîne dans le ravin de Coral entre prés fleuris et bois où virevoltent de beaux papillons. Au loin, j'aperçois mon objectif du jour : la chapelle Notre-Dame de Coral.

Je m'arrête souvent pour calmer ma respiration qui a tendance à s'emballer. Si les anti-inflammatoires ont eu pour effet de calmer mes contractures musculaires, je reste néanmoins marqué par ma terrible journée d'hier et ma nuit agitée. Et je me réjouis d'avoir pris ce chemin déjà suffisamment difficile compte tenu de ma fatigue. Après maints zigzags, j'atteins Saint-Antoine, petit ermitage avec une fontaine et une aire de pique-nique. Je profite de ce lieu calme pour souffler un peu et manger le pain au chocolat que j'ai acheté ce matin. Je repars. Le balisage est formidablement distinct. Je traverse la D.115 pour entrer dans un autre bois où le chemin s'est élargi. Ici la forêt ne semble pas avoir souffert du déchaînement de Klaus. La forêt se termine et le chemin débouche dans un immense pré lumineux où tout à coup les beaux panoramas se dévoilent vers le nord. Le chemin traverse le pré et pénètre dans la grande ferme des Casals. Il est 10h30. Je passe au milieu de la ferme que je quitte par une piste terreuse qui continue vers la D.115. Très vite, je délaisse cette piste au profit d'une autre qui aboutit à un portail. Le balisage du P.R.12 est bien là. Je pousse le portail que je prends soin de refermer derrière moi. C'est un large chemin herbeux tout en sous-bois de petits noisetiers qui démarre ici et longe parallèlement la D.115. Après les rudes montées que j'ai eues jusqu'ici, j'apprécie à sa juste valeur ce sentier fleuri au doux dénivelé. Il est si agréable à cheminer et il fait si beau aujourd'hui, que je flâne, m'arrête, repars, m'arrête à nouveau pour observer une fleur, un oiseau ou un papillon. Tout devient prétexte à un rythme de marche nonchalant et placide. Je vais même jusqu'à m'arrêter plusieurs fois pour déjeuner. Un coup c'est un morceau de quiche acheté à la boulangerie ce matin, une autre fois une salade que je trimballe depuis le départ, une autre fois, un morceau de pizza, un gâteau de riz ou bien une orange. C'est simple, quand je retrouve la D.115 au col de la Guilla (1.194 m), je me suis arrêté trois fois, j'ai mangé tout mon déjeuner, il n'est pas encore midi et j'ai mis plus d'une heure depuis la ferme des Casals pour parcourir deux kilomètres. C'est dire la lenteur avec laquelle j'ai marché, mais cette lenteur est aujourd'hui en parfait synchronisme avec mon état de paresse. Un petit panonceau en direction de Notre-Dame du Coral est planté là au bord de la D.115. Il m'expédie de l'autre côté de la route où un grand portail s'ouvre sur une large piste qui descend vers Can Moulins. Les décors changent, ce n'est plus tout à fait la même végétation. Ici, les grands châtaigniers, les frênes et les hêtres ont quasiment disparus au profit des pins, des chênes verts et des chênes lièges. Sous un soleil de plomb et sur cette large piste terreuse qui descend allègrement, je retrouve machinalement mon rythme de marche régulier et habituel. Seul un abreuvoir dans lequel s'écoule une source arrête mon élan. J'y trempe mon bob déjà bien mouillé de sueur que j'enfonce tout dégoulinant sur ma tête. Frais comme un gardon, je repars sous ce cagnard brûlant mais juste avant Can Moulins, je suis à nouveau arrêté dans ma course par un petit panonceau aux lettres écrites en vieil anglais " N + D + du Coral ". De cet endroit, on aperçoit d'ailleurs les toits de l'ermitage. Au sein d'une dense forêt, la chapelle n'est plus qu'à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau. Une étroite sente raide descend dans une ravine, se stabilise et passe sous les maisons du hameau isolé de Can Moulins. Puis il descend à nouveau dans le bois d'un autre vallon où coule le Coral. Lors de l'analyse du parcours, j'avais prévu de m'y baigner en cas de fortes chaleurs. Mais si les fortes chaleurs sont là, le ruisseau, lui, n'est qu'un petit filet d'eau où il est très difficile de s'y mouiller ne serait-ce que les pieds.

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Après avoir traîné comme jamais, je finis par arriver très tôt à Notre-Dame de Coral. Comme à Saint-Guillem, la jolie chapelle est un lieu de pèlerinage et d'ermitage depuis des siècles mais ici elle fait aussi hôtellerie et restaurant. Je suis accueilli par deux énormes Saint-Bernard très gentils mais un peu trop baveux à mon goût. Un panonceau m'indique Lamanère, direction que j'aurais à prendre demain.

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Après une sieste bienfaitrice dans ma chambre, balades, visite et photos du site sont au programme. Son calme et son cadre de verdure unique se prête bien à ces activités. D'ici, j'aperçois tout au loin les Tours de Cabrens que je dois approcher demain. Je vais garder de Notre-Dame de Coral un souvenir impérissable et l'envie constante d'y amener un jour toute ma famille. 

Toujours dans les bois, le chemin remonte en zigzaguant jusqu'à l'intersection de deux chemins. Je connais bien cette jonction pour être venu à diverses reprises à Notre-Dame du Coral : il y a le chemin qui descend vers Lamanère et qu'il me faudra prendre demain et celui qui monte en direction de l'ermitage. Il est 13h15 quand j'aperçois les bâtiments et la chapelle. Je suis accueilli aux sons des grognements de deux énormes " Saint-Bernard " qui sont affalés de tout leur long sur le carrelage, certainement frais, du narthex de la chapelle. Ils doivent avoir si chaud qu'ils ne bronchent pas, mais néanmoins, ils m'observent du coin de l'oeil comme pour me dire " ne bouge plus, on te surveille ". Mais, je les connais pour les avoir rencontrés, il y a quelques mois, lors d'une randonnée. Ils sont plus impressionnants que réellement menaçants. Un jeune homme arrive d'un espace privé qui me semble être la cuisine. Je me présente, et il est parfaitement au courant de ma réservation en demi-pension pour une nuit. Force est de constater qu'ici ça fonctionne mieux qu'au Refuge de Batère. Pendant que le jeune homme me parle, les deux molosses se sont levés et sont venus me renifler les mains. Non, renifler n'est pas vraiment le mot. De leurs bajoues humides, ils m'enduisent les mains d'une bave gluante et quand je veux les repousser pour arrêter ce badigeonnage visqueux, le jeune homme me dit : " ils ont peur de votre bâton de marche " ! Je plie mon bâton télescopique et suit le jeune homme qui se dirige à l'étage pour me montrer ma chambre. Ce n'est pas vraiment une chambre mais plutôt un petit dortoir avec trois lits gigognes mais où, en principe, je devrais être seul car peu de randonneurs sont attendus aujourd'hui. Avant de retourner à ses occupations, le jeune homme me demande si je souhaite une boisson fraîche et quand je lui réponds une bière, il m'annonce avec jubilation, et comme si c'était une prouesse, qu'il a même une excellente bière pression. Je ne sais pas si chez lui, cet accueil courtois est habituel mais avec mon tee-shirt détrempé et mon bob avachi, il en a certainement conclu que j'avais dû avoir très chaud toute la matinée et que je devais avoir très soif. Gagné ! Je dépose mes affaires, retourne chercher ma bière et remonte avec dans le dortoir. Maintenant, je n'aspire qu'à une seule chose : " dormir ! ". Je me délecte de cette bière glacée, sors mes effets de toilettes, me déshabille et me précipite en slip sous la première douche venue qui se trouve au fond du couloir. Quand je reviens dans la chambre, et bien que les brûlures se soient formidablement estompées, je m'enduis les bras et les jambes d'Urticium et mets sous ma langue 5 granules d'Urtica Urens que je laisse fondre. Je finis ma bière et me jette sous une couverture et en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, je me vois m'endormir comme un bébé rassasié. Il est 16h30 quand je me réveille au doux bruit d'un aspirateur qui ronfle. Celui-ci arrive de l'extérieur et entre par la fenêtre que j'ai laissée grande ouverte. Quand je m'y penche c'est pour constater que la gérante et sa fille sont entrain de nettoyer leur voiture. M'apercevant à la fenêtre, elle semble confuse de m'avoir réveillé mais je la rassure car en réalité, il n'en est rien, je me suis éveillé tout seul après tout de même plus de deux heures d'un sommeil profond et réparateur. Je pars faire quelques photos de Notre-Dame du Coral qui est vraiment un site magique dans un cadre de verdure remarquable. D'ici, j'arrive à voir et à photographier les fameuses " Tours de Cabrens ", au pied desquelles, j'ai prévu de passer demain.

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Quelques images de ma soirée à Notre-Dame de Coral : la jolie chapelle avec ma chambre dont la première fenêtre est ouverte. Devant la fenêtre de ma chambre où, le soir, je vais assister impuissant à la mise à mort d'un pauvre mulot ballotté par trois horribles matous. La marmotte empaillée de l'excellent restaurant " La Bergerie " qui de ses yeux fixes me regarde manger et enfin le beau coucher de soleil vers le Mont Falgas. Ce soir-là, plusieurs randonneurs m'indiquent l'impossibilité qu'ils ont eu de se rendre à la Tour de Mir à cause des arbres couchés par la tempête Klaus et cela me conforte dans la décision d'avoir préféré le PR.12 plutôt que l'itinéraire du Tour du Vallespir. Cela effacera en partie cette entorse non prévue. 

Assis devant l'entrée de la chapelle, je fais la connaissance d'une randonneuse. Elle marche avec deux amis et font des randonnées en étoiles depuis l'ermitage. Elle vient d'arriver du secteur de la Tour de Mir où ils sont allés randonner aujourd'hui. Au fil de la discussion, elle finit par m'apprendre que, par là-bas, beaucoup d'arbres gisent encore à terre au milieu des pistes et des chemins. Ils ont pas mal galéré et n'ont pas pu respecter la boucle qu'ils avaient initialement envisagée de faire. Puis au moment de faire demi-tour, ils ont éprouvé beaucoup de difficultés pour revenir à l'ermitage depuis la Tour de Mir par un autre chemin. Cette information que je n'ai pas spécialement recherchée arrive à mes oreilles comme un pur soulagement. En effet, après cette difficile journée d'hier et malgré mon désir de faire preuve de prudence, j'avoue que faire le Tour du Vallespir et ne pas respecter son parcours originel me chagrine pas mal. Mais avec cette information, plus aucun regret, j'ai la certitude maintenant d'avoir pris ce matin la bonne décision en choisissant le P.R.12 ! La jeune femme part rejoindre ses amis dans le dortoir. Une petite chatte noire vient se faire câliner, elle ressemble à s'y méprendre à ma petite Milie, mais quand un des deux Saint-Bernard aperçoit ce manège, il est jaloux et veut lui aussi sa part de caresses. Je veux bien le cajoler mais lui ne conçoit pas de recevoir de la tendresse sans en rendre à son tour à grands coups de langue. Et voilà qu'en moins de trois heures, il se met à me passer une deuxième couche de salive collante sur les mains. J'adore les animaux et particulièrement les chiens mais cette écume blanche qui dégouline de ses bajoues a un côté ragoûtant et désagréable et, là c'en est trop. Je remonte vers les toilettes pour me laver les mains puis je me remets au lit pour un peu de lecture. Vers 19h30, je redescends pour m'installer dans la Bergerie. C'est ainsi que s'appelle la jolie salle de restaurant au décor campagnard typiquement catalan. Je suis seul dans la salle, et ce repas, que je mange sous l'œil inerte d'une grosse marmotte empaillée, est vraiment savoureux avec une salade de tomates à la mozzarella, un coquelet rôti avec un excellent petit assortiment de légumes, de riz et d'un délicieux gratin. Et pour clore le tout, on m'apporte une grosse tranche d'un succulent gâteau à la crème pâtissière. Je n'ai vraiment que des louanges à faire de cet accueil de qualité. La chambre est parfaite pour le randonneur que je suis, la cuisine est excellente et raffinée, le tout dans un décor unique et calme et pour couronner le tout avec un rapport qualité/prix des plus raisonnables. Que demander de plus ! Quand je remonte dans la chambre, le soir est entrain de tomber mais le soleil est loin d'être couché. Par la fenêtre, je le regarde décliner peu à peu, grosse boule rouge qui disparaît derrière le Mont Falgas. A cet instant, et en regardant vers ces belles montagnes, je repense à ce " Cami de la Retirada ". Ces chemins de la liberté, ils ont dû en voir passer des contingents de malheureux et de chancelants avec tous ces réfugiés politiques qui étaient obligés de fuir leur pays. Mais dans l'autre sens, cette frontière, elle a dû en voir défiler des bienheureux et des chanceux avec ces résistants et ces combattants de tous bords qui fuyaient le nazisme pour des vies et des destinées nouvelles. Trois chats noirs qui jouent sous ma fenêtre sur la pelouse du parc m'extirpent de cette rêverie et de ces réflexions. Ils jouent à un jeu très cruel, c'est celui du chat et de la souris, comme une parodie d'un " Tom et Jerry " grandeur nature où il y aurait trois " Tom " et dans lequel, le rôle de " Jerry " est tenu par un minuscule mulot dont le sort est scellé d'avance. Les trois " ignobles " matous se renvoient, d'un à l'autre, le petit mulot comme une balle de caoutchouc et quand parfois celui-ci retombe dans l'herbe, j'ai toujours espoir qu'il finisse par arriver à s'échapper. Mais malheureusement, il finit tôt ou tard par se faire rattraper pour un des trois " greffiers ". Décidément la nature est trop cruelle et devant cet impitoyable spectacle, je préfère partir me coucher. Voilà un aspect de l'âpreté du Vallespir que je n'avais pas imaginé au départ de cette randonnée. Comme quoi, on est loin de tout envisager quand on veut se hisser sur " les hauteurs d'une vallée âpre ".

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

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L'après-midi, ce gentil chat était venu se faire câliner. A la nuit tombante, sur la pelouse de l'ermitage, accompagnés de ses deux compères, il est soudain devenu un " ignoble assassin " suppliciant un pauvre petit mulot qu'ils se renvoyaient de l'un à l'autre comme un simple balle de caoutchouc. Une nouvelle fable était déjà dans ma tête.

 

Trois petits " Tom " et un pauvre Jerry

 

Trois petits " Tom " jouaient dans le parc ombragé.

Noirs étaient leurs pelages, leurs esprits, leurs pensées.

Et ce pauvre " Jerry ", que le diable tirait

Par une fine queue, était désespéré.

 

Un homme à la fenêtre regardant ce spectacle,

Espérait du hasard, une étoile, un miracle.

Mais la dure nature le fit pleurer soudain,

Les petits " Toms " noirs étaient des assassins.

 

Il partit se coucher, sensible à sa faiblesse.

Les petits " Toms " noirs avaient tant de rudesse.

Croquer une souris tels étaient leurs destins,

Un " Jerry ", un mulot ce n'est pas un festin

 

Puis l'homme s'endormit, mais les rêves l'éveillèrent

Sur son lit, un p'tit " Tom " dormait tel un pépère

Sans cauchemar aucun, sur ce qu'il avait fait

Le " Jerry " dans son ventre avait ressuscité.

 

Dans leurs songes, ils sautèrent dans le parc ténébreux

Le P'tit " Tom " et " Jerry " avaient l'air si heureux.

Toute la nuit, ils jouèrent jusqu'au petit matin,

Comme de bons copains, de gentils diablotins.

 

Puis le jour se leva et son lot de tracas,

Les petits " Toms " noirs cherchaient comme un en-cas.

Point de pauvre mulot pour leur combler la faim,

Mais un " Jerry " ailé tel un beau séraphin.

 

Les Petits " Toms " noirs scrutaient en vain le ciel,

En quête d'un oiseau, de leurs airs criminels.

Mais le frêle " Jerry " s'était changé en aigle,

Sur les chats il tomba emportant le plus faible.

 

Il faut vivre la vie comme un chat, un mulot,

Caresser les p'tits " Toms ", ignorer les salauds,

Et si la vie est dure, croque-là doublement

Comme une petit " Jerry " si tendre et si fondant.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.4eme étape : Jeudi 20 août 2009.

Prats-de-Mollo (753 m) - Notre-Dame de Coral (1.091m)

9 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

"Un doux crépuscule d'avril descendait sur le Vallespir encore embrasé des rougeurs ardentes du couchant. C'était l'heure où le rose et l'orangé se disputent, en tons dégradés, les lisières du ciel et se fondent en cette teinte merveilleuse et indéfinissable qui incendie la crête des hautes montagnes". Extrait du roman " Domenica ou la vallée âpre ". Marie Vallespir.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.SANS MIR, J'AI FAIT LE MINIMUM :

A l'hôtel-restaurant Ausseil, on soigne les clients. Hier soir, le patron a mis tout en œuvre pour que je puisse manger en terrasse. Il est allé chercher un petit guéridon où il m'installa comme un nabab. Seul le service pouvait être critiquable car il a été un peu long mais il faut dire que les tables étaient nombreuses et les clients aussi. Pourtant, en prenant le menu du jour fait d'une escalivade, d'un pavé de morue à la catalane et d'une crème catalane, je pensais pouvoir expédier ce souper typiquement catalan pour partir me coucher tôt. Il n'en a rien été, mais je n'ai pas eu à le regretter. Cette cuisine du terroir était excellente et en plus, tout seul dans mon coin, je me suis bien marré. Il y avait juste derrière moi un groupe de huit personnes, pour moitié catalanes et, pour l'autre moitié parisiennes et le contraste étonnant de ces deux accents antinomiques avait quelque chose de sympathiquement cocasse. Les gens d'ici parlaient ce sympathique français du terroir avec des mots mâchouillés aux intonations catalanes et chez les parigots, les hommes avaient cet accent argotique du titi parisien et les femmes, cet accent pointu à vous crever un œil. Dans le brouhaha général, je ne comprenais pas tout des conversations mais ces échanges et surtout ces sons, que tout opposait, étaient un régal pour mes oreilles et pour mon moral. Aussi, quand le groupe finit par quitter le restaurant, mon intérêt de rester à table disparut avec lui. Il est 23 heures et temps d'aller dormir. Mais du sommeil, il n'y en eut point cette nuit-là. Les orties que j'avais piétinées cet après-midi se rappelaient à mon bon souvenir et les inflammations avaient redoublées d'intensité et étaient devenues insoutenables. A aucun moment, je ne réussis à dormir, à peine somnoler parfois, car dans cette bataille du sommeil et du réveil que se livrait la lassitude et les brûlures, ces dernières gagnaient sans cesse. J'ai essayé une pommade anti-inflammatoire et une à l'arnica, mais sans succès et, seules les douches d'eaux chaudes, que je prenais régulièrement, arrivaient à calmer temporairement ces douleurs.

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En jaune, c'est l'hôtel Ausseil où j'ai été parfaitement reçu. Mais les piqûres d'orties m'ont empêché de dormir. A droite, le porche de la ville fortifiée

Cette nuit sans dormir a été un vrai calvaire, mais elle présenta l'avantage de me laisser un temps infini pour réfléchir. Mais de toutes ces réflexions, deux revenaient sans cesse et se résumaient ainsi :

1- Pourquoi hier m'étais-je obstiné si longtemps dans ce guêpier avant de faire demi-tour ?

2- Que faire aujourd'hui pour ne pas renouveler cette triste et périlleuse expérience, si elle vient à survenir ?

Je répondais à la première interrogation, en reconnaissant mon entêtement à vouloir coûte que coûte cheminer le Tour du Vallespir. Mais est-ce si important de passer par ce chemin ou bien par un autre ? Et le but n'est-il pas de découvrir le Vallespir et d'arriver à l'endroit désiré ? A la première question ma réponse fut " NON " et à la deuxième ce fut " OUI ". Mais au fond de moi, je savais qu'il y avait eu autre chose aussi, quelque chose d'inconscient, comme une espèce de fascination à vouloir me mesurer à des forces et à des éléments que la nature, elle-même, avait vaincus. Après coup, j'avais le sentiment que mon entêtement à vouloir avancer dans cette forêt massacrée avait été un peu comme aller à la rencontre d'un mystère que je me devais d'élucider.

Mais désormais, il fallait que je me penche sur l'essentiel. De la solution à la première réflexion découla la résolution de la seconde et je me mis à compulser immédiatement mes cartes. Car la solution se trouvait automatiquement là. Fallait-il que je continue l'itinéraire du Tour du Vallespir, alors que dans ce secteur de Prats-de-Mollo, nombres de chemins ravagés par la tempête Klaus étaient peut-être encore barrés et impraticables ? Pour atteindre Notre-Dame de Coral, objectif de cette quatrième étape, il y avait le GRP Tour du Vallespir avec 21 kilomètres à parcourir, une rude ascension à la Tour de Mir, que je connaissais bien, par le boisé Bassin du Canidell, puis la rectiligne et aplanie crête boisée du Pic des Miquelets (1.632 m) et pour terminer, la descente boisée du Col d'Ares (1.513 m) jusqu'à l'ermitage. Cet itinéraire qui était enregistré dans mon GPS avait un dénominateur commun : " Boisé ". Le mot qui enfante une grosse boule dans mon estomac que je n'arrive plus à expulser. Mais pour se rendre à Notre-Dame de Coral, il y avait aussi un P.R. (Promenades et randonnées) sur la carte, un itinéraire parfaitement dessiné et surligné en rouge. Je l'avais déjà remarqué en étudiant le Tour du Vallespir. Moins long de 10 à 11 kilomètres que le GRP, je l'avais jugé comme une alternative très intéressante en cas de gros pépins physiques. Or, les pépins physiques étaient là ! Alors que faire ? Ce chemin circulait lui aussi en forêt, mais il présentait l'avantage de couper et de longer de manière quasi parallèle la D.115 qui descend du poste frontière du Col d'Ares. Et je me disais que si des arbres étaient tombés, c'est bien dans ce secteur où se trouve la départementale qu'on avait du certainement les dégager en priorité.

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Prats-de-Mollo a un riche patrimoine historique et culturel. Ici une jolie cour de chapelle fleurie et ornée de fresques où l'on distingue les deux saintes. Mais pas le temps de m'attarder. Dommage !

A 5 heures du matin, quand j'éteins la lumière pour tenter de trouver une dernière fois un sommeil réparateur, j'ai pris quelques bonnes résolutions et pour ne pas en oublier, je les ai écrites dans mon petit calepin :

a) Me rendre demain matin à l'Office du Tourisme et demander des informations sur le GRP Tour du Vallespir qui passe par la Tour de Mir et sur le P.R., l'autre chemin qui va à Notre-Dame de Coral.

b) Si le GRP Tour du Vallespir est dans son intégralité praticable, je l'emprunterai.

c) Si je n'ai pas d'informations suffisamment précises et fiables, j'éviterai le GRP Tour du Vallespir au profit de l'autre chemin.

d) Si ce chemin est lui aussi impraticable, je prendrais la D.115 jusqu'au col de la Guilla puis la piste qui va à Can Moulins et enfin le sentier qui rejoint Notre-Dame de Coral.

e) Informer les responsables de l'Office du Tourisme quant à la galère que j'ai connu hier entre le Puig des Lloses et le Col du Miracle pour que d'autres randonneurs ne tombent pas dans le même piège.

f) Passer à la pharmacie pour acheter un calmant qui soulagera mes brûlures.

g) Penser à passer dans une épicerie car l'hôtel Ausseil ne prépare pas de panier pique-nique.

Dans ce combat de titans que se livrèrent toute la nuit le sommeil et l'éveil, ce dernier finit par jeter l'éponge vers 6 heures du matin et je m'endormis. Mais vers 7 heures, le bruit de quelques véhicules de livraison dans les ruelles avoisinantes arbitrèrent et mirent fin définitivement à cette bagarre dont je sortis comme le seul vaincu, terrassé et fourbu.

Depuis mon départ d'Amélie, c'est le premier jour où je suis réellement fatigué et courbaturé. Mon genou gauche est meurtri, me fait mal et la plaie pourtant peu profonde n'est pas jolie à voir car elle suppure abondamment. La douche chaude me réveille un peu mais n'a pas sur mon organisme cet effet habituel de stimulation. La fatigue est là et si je ne fais rien, elle ne s'arrangera pas au fil de la journée. Je mets sur mon genou une compresse de mercurochrome que je scotche avec un gros bout de sparadrap. Pour calmer les douleurs et les inflammations, je prends dans ma pharmacie deux Propofan et un Cycladol que j'avalerai avec le petit déjeuner.

La terrasse de l'hôtel Ausseil est quasi déserte et hormis un couple de touristes et la charmante serveuse qui vient me servir, il n'y a personne. Je prends seul ce copieux petit déjeuner sous l'œil prévenant et souriant de l'agréable serveuse. Cette dernière m'indique où se trouvent la pharmacie, l'Office du Tourisme et une superette. Par bonheur, tous ces commerces sont situés sur la place du Foirail, mais par contre, elle ne sait pas me dire quels sont les horaires d'ouverture. Les brûlures aux jambes étant toujours virulentes, il m'importe de me soigner dans un premier temps. Par les ruelles désertes, je pars aussitôt en direction de la Place du Foirail. Mais il n'est pas encore 8 heures et tout est fermé sauf la superette qui est ouverte, mais son unique employée est occupée à recevoir un camion de livraison. Au moment où je m'apprête à entrer, la commerçante d'un air ironique et caustique me dit en ricanant : Nous ouvrons à neuf heures ! Je repars vers les ruelles de la ville fortifiée où sans problème, je peux, grâce à une épicerie et à une boulangerie ouvertes, constituer un panier repas pour midi. Je reprends le chemin de l'hôtel, paye ma note par chèque car l'agréable serveuse m'assure que la carte bleue validée à la réservation ne sera pas encaissée et je remonte dans ma chambre. Mon sac à dos est prêt et il ne me reste plus qu'à ranger le pique-nique du midi et partir. Je sors de l'hôtel en remerciant la patronne de l'excellent accueil que j'ai eu et me dirige une nouvelle fois vers la place du Foirail. L'officine est ouverte et la pharmacienne me conseille un gel apaisant " Urticium " et ajoute un petit tube de granules homéopathiques " Urtica Urens ". Assis sur une murette, je badigeonne mes bras et mes jambes de ce gel froid et avale trois granules. Je suis agréablement surpris car les douleurs semblent s'atténuer presque immédiatement.

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Sous un beau soleil, je quitte Prats-de-Mollo par un pont qui enjambe le Tech. C'est décidé, je délaisse Mir, sa tour et je fais ma première entorse volontaire à ce Tour du Vallespir. J'emprunte un PR.12 qui est en partie commun avec le fameux " Cami de la Retirada ". Il va me mener sans problème à Notre-Dame de Coral. Je traverse le torrent Canidell et tombe sur ce petit panneau qui vante les mérites de l'Ortie. Moi qui souffre le martyre et qui n'ait pas dormi de la nuit à cause de cette plante urticante, je suis sidéré d'apprendre qu'elle a des vertus anti-inflammatoires !

La tour de Mir

Indécis et confus, je pars dans la verdure.

Prats se réveille alors sous un ciel éclatant.

Le cœur encore intact d'un esprit d'aventure,

La Tour de Mir domine le vallon flamboyant.

 

Hésitant à grimper vers la haute muraille,

Le maximum à faire est encore important.

Ma tête grande ouverte tel un bel éventail.

La Tour de Mir me nargue idem à un géant.

 

Je balance, j'hésite, tel l'oiseau qui émigre,

Vers un court minimum où un chemin cuisant.

Mes jambes sont en feu mais ne sont pas de givre.

La Tour de Mir fascine les plus agonisants.

 

Ma décision est prise, je rejoins Notre-Dame,

Par le libre sentier de tous les résistants,

Mais l'esprit torturé comme une vieille femme,

La Tour de Mir m'invite de son pic arrogant.

 

Sombres sont les sous-bois, la paresse de mise.

Saint-Antoine est joli et son parc reposant.

L'horizon est bleuté, ma pensée cristallise.

La Tour de Mir m'attire de son feu si luisant.

 

J'escalade, je m'élève vers le col de la Guille,

Car Notre-Dame est belle dans le soleil couchant,

Et mon bras appuyant un bâton si futile,

La Tour de Mir s'enfuit, avec elle mon tourment.

 

La belle du Coral dévoile ses reliques,

Ses trésors que l'ermite a veillés pieusement.

Mes yeux émerveillés par ce pays de biques,

Le feu, la Tour de Mir s'éteint finalement.

 

L'Office du Tourisme est toujours fermé et j'ai maintenant un choix à faire : soit j'attends l'heure de l'ouverture en prenant le risque que l'employée ne puisse pas répondre à mes interrogations quant à la praticabilité des chemins soit je me décide tout de suite et opte pour le P.R pour respecter la résolution prise cette nuit.

En raison de mon état de lassitude avancée et de l'importante différence de distance à parcourir, pratiquement deux fois moins par le P.R., j'opte presque sans réfléchir pour cette solution qui me semble, aujourd'hui, la plus raisonnable. Il y a quelques années, une célèbre publicité annonçait " Mini Mir, il en fait un maximum " mais moi, c'est décidé " je ne vais pas prendre Mir (la tour) et je vais en faire un minimum (de kilomètres) ". Le jeu de mots est un peu lourdaud mais il a le mérite d'être un peu distrayant et de me venir à l'esprit à cet instant où je démarre cette nouvelle journée de marche avec une certaine appréhension.

Je traverse la place du Foirail et me dirige vers le pont qui traverse le Tech. Ici, il n'y a pas de colombes comme à Amélie mais un cadre de verdure exceptionnel et je retrouve le fleuve pour la deuxième fois depuis mon départ. Pas encore alimenté par ses nombreux affluents, il n'est ici qu'un petit torrent de montagne tranquille au débit relativement modeste en été. Mais cette discrétion du fleuve est très relative au regard de la documentation que j'ai pu lire sur l'Aiguat de 1940. Au carrefour adjacent, je trouve quelques panneaux de randonnées dont celui qui monte à la Tour de Mir. Je traverse la D.115 et cette fois, je suis devant le bon panneau avec un P.R.1, un P.R.3, un P.R.19 et surtout celui que je recherche, le P.R.12 indiquant " Notre Dame du Coral - La Coulometa ". Le balisage est blanc et rouge comme les G.R. Il y a dessous celui-ci, un autre panonceau dont l'itinéraire est vraiment chargé d'Histoire c'est le " Cami de la Retidara ", insolite chemin de l'exil que plus de 100.000 réfugiés espagnols empruntèrent en janvier 1939 pour fuir le régime tyrannique du général Franco. Cet exode massif eut une portée considérable sur la petite cité de Prats-de-Mollo et la région du Vallespir tout entière car il fut très difficile d'accueillir correctement toutes ces familles dans cet hiver très rigoureux qui était déjà là. Après la guerre, un grand nombre de famille s'installèrent dans le Vallespir. Ils eurent des enfants, qui ont grandi et sont devenus français. 70 ans ont passés et aujourd'hui c'est par bonheur que je vais emprunter une portion de ce " chemin du malheur " qui monte au Col d'Ares. J'enjambe le pont qui traverse le torrent du Canidell. Au bout du pont, un petit panneau éducatif sur l'ortie a été installé. Il décrit la plante, ses utilisations et vante ses bienfaits. Et là, chose surprenante, moi dont le lit était un véritable bûcher et qui ai " flambé " toute la nuit à cause de cette maudite plante, j'apprends qu'elle a des qualités d'anti-inflammatoire et qu'on peut même en faire des soupes. Non, je me suis endormi et je rêve, je ne suis pas devant ce panneau, je suis encore dans mon lit à l'hôtel Ausseil. Pincez-moi car je ne peux pas croire ça ! Je repars, la sente monte rudement dans un bois de feuillus où dominent les frênes et les grands châtaigniers. Je marche le plus souvent sous une sombre canopée mais parfois, j'arrive, au détour du chemin ou au travers des branches, à apercevoir Prats, juste en dessous qui s'éloigne, ou bien la Tour de Mir sur ma gauche, petite tétine brune dépassant d'un dodu mamelon verdâtre.

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Le PR.12 grimpe dans la forêt. Malgré tout, j'aperçois de temps à autre la Tour de Mir ou les lieux où j'ai cheminé hier. Puis il coupe la D.115 et arrive à la ferme des Casals. Quand il devient un agréable sentier tout en sous-bois, je vais flâner comme jamais je ne l'ai fait depuis mon départ, récupérant ainsi de mon exténuante étape d'hier. 

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Ce chemin tout en sous-bois où je vais paresser, m'amène au col de la Guilla puis sur une piste qui descend vers Can Moulins. Je quitte cette piste par une étroite sente balisée avec des lettres en vieil anglais qui m'entraîne dans le ravin de Coral entre prés fleuris et bois où virevoltent de beaux papillons. Au loin, j'aperçois mon objectif du jour : la chapelle Notre-Dame de Coral.

Je m'arrête souvent pour calmer ma respiration qui a tendance à s'emballer. Si les anti-inflammatoires ont eu pour effet de calmer mes contractures musculaires, je reste néanmoins marqué par ma terrible journée d'hier et ma nuit agitée. Et je me réjouis d'avoir pris ce chemin déjà suffisamment difficile compte tenu de ma fatigue. Après maints zigzags, j'atteins Saint-Antoine, petit ermitage avec une fontaine et une aire de pique-nique. Je profite de ce lieu calme pour souffler un peu et manger le pain au chocolat que j'ai acheté ce matin. Je repars. Le balisage est formidablement distinct. Je traverse la D.115 pour entrer dans un autre bois où le chemin s'est élargi. Ici la forêt ne semble pas avoir souffert du déchaînement de Klaus. La forêt se termine et le chemin débouche dans un immense pré lumineux où tout à coup les beaux panoramas se dévoilent vers le nord. Le chemin traverse le pré et pénètre dans la grande ferme des Casals. Il est 10h30. Je passe au milieu de la ferme que je quitte par une piste terreuse qui continue vers la D.115. Très vite, je délaisse cette piste au profit d'une autre qui aboutit à un portail. Le balisage du P.R.12 est bien là. Je pousse le portail que je prends soin de refermer derrière moi. C'est un large chemin herbeux tout en sous-bois de petits noisetiers qui démarre ici et longe parallèlement la D.115. Après les rudes montées que j'ai eues jusqu'ici, j'apprécie à sa juste valeur ce sentier fleuri au doux dénivelé. Il est si agréable à cheminer et il fait si beau aujourd'hui, que je flâne, m'arrête, repars, m'arrête à nouveau pour observer une fleur, un oiseau ou un papillon. Tout devient prétexte à un rythme de marche nonchalant et placide. Je vais même jusqu'à m'arrêter plusieurs fois pour déjeuner. Un coup c'est un morceau de quiche acheté à la boulangerie ce matin, une autre fois une salade que je trimballe depuis le départ, une autre fois, un morceau de pizza, un gâteau de riz ou bien une orange. C'est simple, quand je retrouve la D.115 au col de la Guilla (1.194 m), je me suis arrêté trois fois, j'ai mangé tout mon déjeuner, il n'est pas encore midi et j'ai mis plus d'une heure depuis la ferme des Casals pour parcourir deux kilomètres. C'est dire la lenteur avec laquelle j'ai marché, mais cette lenteur est aujourd'hui en parfait synchronisme avec mon état de paresse. Un petit panonceau en direction de Notre-Dame du Coral est planté là au bord de la D.115. Il m'expédie de l'autre côté de la route où un grand portail s'ouvre sur une large piste qui descend vers Can Moulins. Les décors changent, ce n'est plus tout à fait la même végétation. Ici, les grands châtaigniers, les frênes et les hêtres ont quasiment disparus au profit des pins, des chênes verts et des chênes lièges. Sous un soleil de plomb et sur cette large piste terreuse qui descend allègrement, je retrouve machinalement mon rythme de marche régulier et habituel. Seul un abreuvoir dans lequel s'écoule une source arrête mon élan. J'y trempe mon bob déjà bien mouillé de sueur que j'enfonce tout dégoulinant sur ma tête. Frais comme un gardon, je repars sous ce cagnard brûlant mais juste avant Can Moulins, je suis à nouveau arrêté dans ma course par un petit panonceau aux lettres écrites en vieil anglais " N + D + du Coral ". De cet endroit, on aperçoit d'ailleurs les toits de l'ermitage. Au sein d'une dense forêt, la chapelle n'est plus qu'à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau. Une étroite sente raide descend dans une ravine, se stabilise et passe sous les maisons du hameau isolé de Can Moulins. Puis il descend à nouveau dans le bois d'un autre vallon où coule le Coral. Lors de l'analyse du parcours, j'avais prévu de m'y baigner en cas de fortes chaleurs. Mais si les fortes chaleurs sont là, le ruisseau, lui, n'est qu'un petit filet d'eau où il est très difficile de s'y mouiller ne serait-ce que les pieds.

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Après avoir traîné comme jamais, je finis par arriver très tôt à Notre-Dame de Coral. Comme à Saint-Guillem, la jolie chapelle est un lieu de pèlerinage et d'ermitage depuis des siècles mais ici elle fait aussi hôtellerie et restaurant. Je suis accueilli par deux énormes Saint-Bernard très gentils mais un peu trop baveux à mon goût. Un panonceau m'indique Lamanère, direction que j'aurais à prendre demain.

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Après une sieste bienfaitrice dans ma chambre, balades, visite et photos du site sont au programme. Son calme et son cadre de verdure unique se prête bien à ces activités. D'ici, j'aperçois tout au loin les Tours de Cabrens que je dois approcher demain. Je vais garder de Notre-Dame de Coral un souvenir impérissable et l'envie constante d'y amener un jour toute ma famille. 

Toujours dans les bois, le chemin remonte en zigzaguant jusqu'à l'intersection de deux chemins. Je connais bien cette jonction pour être venu à diverses reprises à Notre-Dame du Coral : il y a le chemin qui descend vers Lamanère et qu'il me faudra prendre demain et celui qui monte en direction de l'ermitage. Il est 13h15 quand j'aperçois les bâtiments et la chapelle. Je suis accueilli aux sons des grognements de deux énormes " Saint-Bernard " qui sont affalés de tout leur long sur le carrelage, certainement frais, du narthex de la chapelle. Ils doivent avoir si chaud qu'ils ne bronchent pas, mais néanmoins, ils m'observent du coin de l'oeil comme pour me dire " ne bouge plus, on te surveille ". Mais, je les connais pour les avoir rencontrés, il y a quelques mois, lors d'une randonnée. Ils sont plus impressionnants que réellement menaçants. Un jeune homme arrive d'un espace privé qui me semble être la cuisine. Je me présente, et il est parfaitement au courant de ma réservation en demi-pension pour une nuit. Force est de constater qu'ici ça fonctionne mieux qu'au Refuge de Batère. Pendant que le jeune homme me parle, les deux molosses se sont levés et sont venus me renifler les mains. Non, renifler n'est pas vraiment le mot. De leurs bajoues humides, ils m'enduisent les mains d'une bave gluante et quand je veux les repousser pour arrêter ce badigeonnage visqueux, le jeune homme me dit : " ils ont peur de votre bâton de marche " ! Je plie mon bâton télescopique et suit le jeune homme qui se dirige à l'étage pour me montrer ma chambre. Ce n'est pas vraiment une chambre mais plutôt un petit dortoir avec trois lits gigognes mais où, en principe, je devrais être seul car peu de randonneurs sont attendus aujourd'hui. Avant de retourner à ses occupations, le jeune homme me demande si je souhaite une boisson fraîche et quand je lui réponds une bière, il m'annonce avec jubilation, et comme si c'était une prouesse, qu'il a même une excellente bière pression. Je ne sais pas si chez lui, cet accueil courtois est habituel mais avec mon tee-shirt détrempé et mon bob avachi, il en a certainement conclu que j'avais dû avoir très chaud toute la matinée et que je devais avoir très soif. Gagné ! Je dépose mes affaires, retourne chercher ma bière et remonte avec dans le dortoir. Maintenant, je n'aspire qu'à une seule chose : " dormir ! ". Je me délecte de cette bière glacée, sors mes effets de toilettes, me déshabille et me précipite en slip sous la première douche venue qui se trouve au fond du couloir. Quand je reviens dans la chambre, et bien que les brûlures se soient formidablement estompées, je m'enduis les bras et les jambes d'Urticium et mets sous ma langue 5 granules d'Urtica Urens que je laisse fondre. Je finis ma bière et me jette sous une couverture et en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, je me vois m'endormir comme un bébé rassasié. Il est 16h30 quand je me réveille au doux bruit d'un aspirateur qui ronfle. Celui-ci arrive de l'extérieur et entre par la fenêtre que j'ai laissée grande ouverte. Quand je m'y penche c'est pour constater que la gérante et sa fille sont entrain de nettoyer leur voiture. M'apercevant à la fenêtre, elle semble confuse de m'avoir réveillé mais je la rassure car en réalité, il n'en est rien, je me suis éveillé tout seul après tout de même plus de deux heures d'un sommeil profond et réparateur. Je pars faire quelques photos de Notre-Dame du Coral qui est vraiment un site magique dans un cadre de verdure remarquable. D'ici, j'arrive à voir et à photographier les fameuses " Tours de Cabrens ", au pied desquelles, j'ai prévu de passer demain.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

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Quelques images de ma soirée à Notre-Dame de Coral : la jolie chapelle avec ma chambre dont la première fenêtre est ouverte. Devant la fenêtre de ma chambre où, le soir, je vais assister impuissant à la mise à mort d'un pauvre mulot ballotté par trois horribles matous. La marmotte empaillée de l'excellent restaurant " La Bergerie " qui de ses yeux fixes me regarde manger et enfin le beau coucher de soleil vers le Mont Falgas. Ce soir-là, plusieurs randonneurs m'indiquent l'impossibilité qu'ils ont eu de se rendre à la Tour de Mir à cause des arbres couchés par la tempête Klaus et cela me conforte dans la décision d'avoir préféré le PR.12 plutôt que l'itinéraire du Tour du Vallespir. Cela effacera en partie cette entorse non prévue. 

Assis devant l'entrée de la chapelle, je fais la connaissance d'une randonneuse. Elle marche avec deux amis et font des randonnées en étoiles depuis l'ermitage. Elle vient d'arriver du secteur de la Tour de Mir où ils sont allés randonner aujourd'hui. Au fil de la discussion, elle finit par m'apprendre que, par là-bas, beaucoup d'arbres gisent encore à terre au milieu des pistes et des chemins. Ils ont pas mal galéré et n'ont pas pu respecter la boucle qu'ils avaient initialement envisagée de faire. Puis au moment de faire demi-tour, ils ont éprouvé beaucoup de difficultés pour revenir à l'ermitage depuis la Tour de Mir par un autre chemin. Cette information que je n'ai pas spécialement recherchée arrive à mes oreilles comme un pur soulagement. En effet, après cette difficile journée d'hier et malgré mon désir de faire preuve de prudence, j'avoue que faire le Tour du Vallespir et ne pas respecter son parcours originel me chagrine pas mal. Mais avec cette information, plus aucun regret, j'ai la certitude maintenant d'avoir pris ce matin la bonne décision en choisissant le P.R.12 ! La jeune femme part rejoindre ses amis dans le dortoir. Une petite chatte noire vient se faire câliner, elle ressemble à s'y méprendre à ma petite Milie, mais quand un des deux Saint-Bernard aperçoit ce manège, il est jaloux et veut lui aussi sa part de caresses. Je veux bien le cajoler mais lui ne conçoit pas de recevoir de la tendresse sans en rendre à son tour à grands coups de langue. Et voilà qu'en moins de trois heures, il se met à me passer une deuxième couche de salive collante sur les mains. J'adore les animaux et particulièrement les chiens mais cette écume blanche qui dégouline de ses bajoues a un côté ragoûtant et désagréable et, là c'en est trop. Je remonte vers les toilettes pour me laver les mains puis je me remets au lit pour un peu de lecture. Vers 19h30, je redescends pour m'installer dans la Bergerie. C'est ainsi que s'appelle la jolie salle de restaurant au décor campagnard typiquement catalan. Je suis seul dans la salle, et ce repas, que je mange sous l'œil inerte d'une grosse marmotte empaillée, est vraiment savoureux avec une salade de tomates à la mozzarella, un coquelet rôti avec un excellent petit assortiment de légumes, de riz et d'un délicieux gratin. Et pour clore le tout, on m'apporte une grosse tranche d'un succulent gâteau à la crème pâtissière. Je n'ai vraiment que des louanges à faire de cet accueil de qualité. La chambre est parfaite pour le randonneur que je suis, la cuisine est excellente et raffinée, le tout dans un décor unique et calme et pour couronner le tout avec un rapport qualité/prix des plus raisonnables. Que demander de plus ! Quand je remonte dans la chambre, le soir est entrain de tomber mais le soleil est loin d'être couché. Par la fenêtre, je le regarde décliner peu à peu, grosse boule rouge qui disparaît derrière le Mont Falgas. A cet instant, et en regardant vers ces belles montagnes, je repense à ce " Cami de la Retirada ". Ces chemins de la liberté, ils ont dû en voir passer des contingents de malheureux et de chancelants avec tous ces réfugiés politiques qui étaient obligés de fuir leur pays. Mais dans l'autre sens, cette frontière, elle a dû en voir défiler des bienheureux et des chanceux avec ces résistants et ces combattants de tous bords qui fuyaient le nazisme pour des vies et des destinées nouvelles. Trois chats noirs qui jouent sous ma fenêtre sur la pelouse du parc m'extirpent de cette rêverie et de ces réflexions. Ils jouent à un jeu très cruel, c'est celui du chat et de la souris, comme une parodie d'un " Tom et Jerry " grandeur nature où il y aurait trois " Tom " et dans lequel, le rôle de " Jerry " est tenu par un minuscule mulot dont le sort est scellé d'avance. Les trois " ignobles " matous se renvoient, d'un à l'autre, le petit mulot comme une balle de caoutchouc et quand parfois celui-ci retombe dans l'herbe, j'ai toujours espoir qu'il finisse par arriver à s'échapper. Mais malheureusement, il finit tôt ou tard par se faire rattraper pour un des trois " greffiers ". Décidément la nature est trop cruelle et devant cet impitoyable spectacle, je préfère partir me coucher. Voilà un aspect de l'âpreté du Vallespir que je n'avais pas imaginé au départ de cette randonnée. Comme quoi, on est loin de tout envisager quand on veut se hisser sur " les hauteurs d'une vallée âpre ".

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 4 : Prats-de-Mollo  - Notre-Dame de Coral - 9 kms.

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L'après-midi, ce gentil chat était venu se faire câliner. A la nuit tombante, sur la pelouse de l'ermitage, accompagnés de ses deux compères, il est soudain devenu un " ignoble assassin " suppliciant un pauvre petit mulot qu'ils se renvoyaient de l'un à l'autre comme un simple balle de caoutchouc. Une nouvelle fable était déjà dans ma tête.

 

Trois petits " Tom " et un pauvre Jerry

 

Trois petits " Tom " jouaient dans le parc ombragé.

Noirs étaient leurs pelages, leurs esprits, leurs pensées.

Et ce pauvre " Jerry ", que le diable tirait

Par une fine queue, était désespéré.

 

Un homme à la fenêtre regardant ce spectacle,

Espérait du hasard, une étoile, un miracle.

Mais la dure nature le fit pleurer soudain,

Les petits " Toms " noirs étaient des assassins.

 

Il partit se coucher, sensible à sa faiblesse.

Les petits " Toms " noirs avaient tant de rudesse.

Croquer une souris tels étaient leurs destins,

Un " Jerry ", un mulot ce n'est pas un festin

 

Puis l'homme s'endormit, mais les rêves l'éveillèrent

Sur son lit, un p'tit " Tom " dormait tel un pépère

Sans cauchemar aucun, sur ce qu'il avait fait

Le " Jerry " dans son ventre avait ressuscité.

 

Dans leurs songes, ils sautèrent dans le parc ténébreux

Le P'tit " Tom " et " Jerry " avaient l'air si heureux.

Toute la nuit, ils jouèrent jusqu'au petit matin,

Comme de bons copains, de gentils diablotins.

 

Puis le jour se leva et son lot de tracas,

Les petits " Toms " noirs cherchaient comme un en-cas.

Point de pauvre mulot pour leur combler la faim,

Mais un " Jerry " ailé tel un beau séraphin.

 

Les Petits " Toms " noirs scrutaient en vain le ciel,

En quête d'un oiseau, de leurs airs criminels.

Mais le frêle " Jerry " s'était changé en aigle,

Sur les chats il tomba emportant le plus faible.

 

Il faut vivre la vie comme un chat, un mulot,

Caresser les p'tits " Toms ", ignorer les salauds,

Et si la vie est dure, croque-là doublement

Comme une petit " Jerry " si tendre et si fondant.

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Cliquez sur la tour de Mir pour passer à l'étape suivante

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo 15 kms.

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.3eme étape : Mercredi 19 août 2009.

Saint-Guillem (1.287 m)-Prats-de-Mollo (753 m) 15 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

Nous nous aventurâmes jusqu'au village de Prats-de-Mollo. J'avoue que je préférai les bocages de la plaine à ces grandes montagnes couvertes de chênes verts et qui semblent plus faites pour abriter des bandits, que pour assurer le couvert à des honnêtes gens. Extrait de l'essai " Voyage en France en 1787, 1788, 1789 ". Arthur Young (1741-1820) agriculteur, agronome et écrivain britannique.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.LA FAUTE A KLAUS :

Malgré cette anxiété que j'ai eu hier soir, j'ai fini par m'assoupir. Quand j'y repense, je constate que c'était plutôt une appréhension momentanée qu'une vraie obsession. Puis vers minuit, j'ai été réveillé par un bruit. C'était comme le bruit d'un grattement. Mais une fois éveillé, je me suis aperçu qu'un autre bruit venait du volet d'un petit vasistas qui était resté ouvert et qui grinçait sous une légère brise nocturne. A la faible clarté de ma lampe frontale, je n'ai rien observé qui correspondait au grattement qui m'avait réveillé. Par contre, le rayon plus large que ma lampe projetait contre le mur du refuge me fit remarquer qu'il manquait une grosse pierre à 15 centimètres de ma paillasse. Au fond de ce trou ainsi constitué, il y avait un nid de souris fait d'une bourre blanche, de poils et de fibres diverses. Mais de souris, il n'y en avait point ! Est-ce elle qui grattait avant que je ne me réveille ? Avait-elle eu le temps de décamper avant que je n'éclaire la lampe ? Pour ne plus être embêté par ce grincement lugubre et ces grattements désagréables, je pris les sages résolutions de fermer le vasistas et de déménager ma litière à l'autre bout du bat-flanc. Puis, j'ai profité de ce réveil fortuit pour partir uriner dehors. Le ciel tout entier était étoilé et une belle voie lactée blanchissait le firmament au dessus de la chapelle de l'ermitage. La nuit était douce et quasi silencieuse. Seule une petite brise, frissonnant les feuilles, tentait sans succès de rompre cette quiétude. Comme j'appréciais pleinement l'instant présent, cette sérénité, cette paix secrète et intime, loin du monde bruyant et trop insociable que j'avais quitté, je suis resté de longues minutes sur le pas de la porte, les yeux levés vers le ciel et l'ermitage qui se découpait, à écouter ce silence avant de partir me recoucher. Une fois encore, cette nuit-là fut bénéfique et, à mon grand étonnement, je n'ai ressenti à mon réveil aucune contracture musculaire, ni aucune douleur, malgré les deux longues étapes déjà accomplies et la rusticité du couchage qui ne m'avait pas empêché de dormir profondément.

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Quand je quitte Saint-Guillem, vers le sud, le jour est déjà levé mais le hameau est encore dans la pénombre. Ici les panneaux sont on ne peut plus clairs mais mal placés et je vais me tromper avant de me raviser et de reprendre le bon chemin.

Il est 7 heures. Vers le sud, le jour est déjà levé mais Saint-Guillem de Combret, blotti au fond du vallon de Coumelade, est encore dans une obscure nébulosité. Bloqués par les hauts monts environnants, les rayons du soleil mettront encore plus d'une heure avant d'éclairer complètement le minuscule hameau. Je déjeune de deux gâteaux de riz vite expédiés et d'une grande gorgée d'eau et range tranquillement mes affaires et mon sac à dos en prêtant attention à ne rien oublier dans le refuge. Il est 8 heures quand je démarre avec ma trousse de toilettes, mon gant et ma serviette à la main. Je sais qu'il y a dans le hameau, non loin d'ici, une auge ou plutôt un vieux lavoir dans lequel, par un tuyau de PVC, s'écoule une eau de source cristalline. J'ai bien l'intention de me raser et de faire un brin de toilettes car j'ai la désagréable sensation de me sentir sale et poussiéreux. Je mets un quart d'heure pour me laver et tenter de parfaire ma présentation. Mais j'ai le sentiment que l'eau glacée a eu un seul effet non négligeable sur mon organisme, celui de lui assener un " claquant " coup de fouet qui me permet de démarrer cette étape dans d'excellentes conditions. Je profite pour remplir mes deux gourdes et mon camelback d'une eau fraîche et renouvelée.

La large piste s'élève rapidement au dessus de l'ermitage. Sur ma droite, là même où hier après-midi j'ai galéré, la tempête Klaus a laissé un immense chantier de désolation dans cette forêt qui était pourtant magnifique. Par contre, en face de moi, les flancs du Puig dels Sarraïs (1.830 m) et du col de Serre-Vernet (1.808m) que je dois cheminer semblent moins meurtris. Il y a bien deci delà, quelques cicatrices, quelques sillons d'immenses résineux couchés, mais rien de bien inquiétant, en tous cas vu d'ici.

Quelques minutes plus tard, et alors que je m'apprête à poursuivre la piste, je remarque inopinément sur ma droite un panonceau qui semble m'indiquer Prats-de-Mollo et le col de Serre-Vernet par un autre chemin qui s'enfonce dans la forêt. Et je commets là une nouvelle erreur en ne sortant pas immédiatement mon GPS. Quand je le sors, c'est bien trop tard, car mon GPS ne capte plus aucun satellite masqué qu'il est au fond de ce sous-bois touffu. Deuxième erreur, je ne sors pas ma carte non plus, tranquillisé, il est vrai, par ce rassurant panneau. Et quand je sors ma carte, c'est encore beaucoup trop tard car j'ai marché ainsi une " bonne " demi-heure jusqu'à m'inquiéter de ne plus rencontrer le balisage jaune et rouge qui était pourtant bien visible jusqu'à présent. Au regard de la carte, je me rends à l'évidence, je me suis trompé, une fois de plus. Quitte à avoir perdu une heure, je décide de faire demi-tour car ce chemin qui zigzague toujours en forêt sans aucun balisage apparent me trouble et ne m'amènera nulle part et en tous cas pas où je dois aller.

Quand je retrouve la piste et le panonceau, selon moi, très mal placé à cet endroit, j'ai effectivement perdu une heure. Je m'avance sur la piste et quelques dizaines de mètres plus loin, j'aperçois effectivement les marques de peinture jaune et rouge propres au GRP du Vallespir. Je poursuis la piste et enjambe le fougueux torrent de Coumelade par un large pont bétonné. Peu après, la piste se sépare en deux, mais le balisage est ici parfait et m'oriente vers la droite. Plutôt plane au début, maintenant la piste monte allégrement, effectue deux larges courbes, avant d'atteindre le col Baxo à 1.473 mètres. Au fond de ce petit col herbeux, un nouveau panneau sollicite un départ à gauche. Ici une minuscule sente, encadrée d'une clôture, est barrée d'un petit portail qui est là pour empêcher les bovins de passer mais pas les randonneurs. Sans trop m'en apercevoir, et malgré l'heure perdue, j'ai déjà fait 190 mètres de dénivelé sur les 521 que je dois accomplir pour atteindre les 1.808 mètres du Col de Serre-Vernet. C'est bien sûr encourageant, mais j'évite de trop penser aux 331 mètres restant sur les trois kilomètres d'ascension qui doivent m'amener au pinacle de ce tour du Vallespir.

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J'ai quitté Saint-Guillem par un chemin qui enjambe la rivière Coumelade. Parfaitement balisé, il s'élève rapidement par le col Baxo, file à travers des bois touffus où coulent quelques petits ruisseaux. Mais parfois le chemin se transforme en balcon et j'ai le bonheur d'être en surplomb de superbes paysages. Saint-Guillem est déjà très loin.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Ce chemin parfois en balcon me laisse entrevoir Saint-Guillem que j'ai quitté ce matin. On aperçoit les bois saccagés par la tempête Klaus. Celui au dessus du hameau où j'ai galéré hier lors de mon arrivée et celui en dessous du refuge où se trouve un bel arboretum avec notamment quelques séquioas.

 Malgré le dénivelé, le petit chemin est changeant et agréable. Cheminant le plus souvent en sous-bois et recouvert d'un épais tapis de feuilles mortes, il coupe quelques ruisseaux, affluents de la Coumelade et monte rectiligne offrant quelquefois de magnifiques vues vers le sud mais surtout sur Saint-Guillem et tout le Bassin de Coumelade. Puis soudain, il bifurque dans le sens opposé en direction du Col de Serre-Vernet dans un bois de petits pins chétifs. Il n'est pas tout à fait midi quand j'arrive au col, point culminant de ce périple avec ses 1.808 mètres

Vaste pré herbeux entouré de pins et de sapins, il semble être le paradis pour nombre de génisses et de vaches blanches indolentes. La plupart sont affalées sur la verte prairie et même mon passage laisse indifférent tous ces bovins, qui repus, ne tournent même pas la tête quand je m'approche d'eux. Ici, les panoramas à 360° sont splendides de tous côtés. De nombreux hauts sommets et de nouveaux pics apparaissent, de nombreuses crêtes composent l'horizon : la Crête des Sept Hommes (2.651m), le Pla Guillem (2.301m), les Roques Blanches (2.252m), les Esquerdes de Rotja (2.316m), le Roc Colom (2.507m) et le Pic de Costabonne (2.465m) pour ne citer que les crêtes les plus connues et les plus attractives. Mais il y aussi de profonds ravins et surtout cette immense et épaisse forêt domaniale qui n'en finit plus de s'étendre sur ce magnifique Haut-Vallespir. Ici, il y a aussi un panneau, mais il ne sert plus à rien car il gît à terre et n'indique plus aucune direction. Je le redresse et essaie en vain de retrouver son emplacement originel. De dépit, je le pose contre un petit pin dans la position qui me semble la plus appropriée avec St Guillem dans la direction d'où je viens. A l'aide d'un bout de ficelle que j'ai trouvé sur la pelouse, j'ai beau l'attacher avec bons sens à une branche du pin, je ne suis guère plus avancé quand à la direction à prendre pour me rendre à Prats-de-Mollo.

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J'arrive au col de Serre Vernet. A 1.808 mètres, c'est le point culminant de mon périple. Les paysages sur le très Haut-Vallespir sont superbes de tous côtés. Ce col est aussi le paradis de vaches et des génisses. Le panonceau indicatif gît à terre, je le redresse et l'attache à un pin mais je ne suis pas plus avançé quant à la direction à prendre pour aller à Prats. Heureusement j'ai mon GPS !

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J'effraie un petit veau puis je m'arrête pour déjeuner dans cet éboulis qui descend très raide du Puig dels Sarraïs vers la vallée de la Parcigoule. Je ne peux trouver plus beau spectacle ! Mais la descente est loin d'être finie, je dois encore atteindre deux cols, celui de la Collade d'En Mandoulé et le col de Coumeille, petit pré verdâtre que j'aperçois tout en bas.

Mais heureusement, ma carte IGN est là et mon GPS aussi et à force d'avancer dans différentes directions vers le sud, je finis par trouver le bon itinéraire qui file sur le pré puis contourne quelques rochers. Il est midi et j'ai faim, mais comme la suite de l'étape est essentiellement faite de descentes, je prends la décision de continuer un peu pour m'offrir comme hors d'oeuvre un splendide panorama dégagé. Cette sente allie pelouses, petits bois de pins et de feuillus mais aussi rocailles et rochers plus ou moins gros. Mais il y aussi de nombreux et bas genévriers derrière lesquels quelques veaux ruminent leur fourrage. L'un d'entre eux peut se vanter de m'avoir fait une belle frayeur et tressaillir quand il a débouché devant moi alors que je marchai dans un silence de cathédrale. Mais je suppose que lui aussi, il a du avoir une peur " bleue " ! En contournant maintenant le rocailleux Puig dels Sarraïs, le chemin n'est désormais plus qu'amoncellement de blocs déchiquetés et gros pierriers escarpés. Je redouble de vigilance pour éviter toute chute qui, ici, serait catastrophique pour de pas dire fatale. Il est temps que je m'arrête pour déjeuner car je ne trouverai pas meilleur belvédère que ces éboulis, bien exposés au soleil, qui descendent raides vers le vallon de la Parcigoule. Il n'y a plus aucun obstacle devant moi et je déguste à la fois ma salade et ce magnifique spectacle. Assis sur une grosse pierre plate bien chaude et adossé à une autre, j'ai trouvé, dans de ce fauteuil improvisé mais un peu dur il est vrai, une terrasse peu confortable pour mes fesses mais idéale pour mes yeux.

D'ici, je jouis d'un panorama exceptionnel sur le Bassin de la Parcigoule mais aussi sur une immense partie de ce Haut-Vallespir que je suis venu découvrir. C'est d'ailleurs en mangeant dans ce gros pierrier que j'ai imaginé le titre de mon voyage et de ce récit : " Sur les hauteurs d'une vallée âpre ".

Après trois jours de marche, et à cet instant précis, il me semblait qu'aucun autre endroit traversé ne méritait plus ce terme de " âpre " que cet immense magma rocheux. Dans cet éboulis, les aspérités ne manquent pas et l'âpreté, je la touche à chaque instant. Le déroulement imminent de ce Tour du Vallespir me montra malheureusement et très vite que je n'avais pas encore tout connu de cette légendaire âpreté. Quand je repars, la sente, où du moins ce que j'en devine grâce à un balisage abondant et précis, se complique sacrément en étant toujours très rocheuse mais en devenant encore plus abrupte. Pour éviter toute chute, je m'applique à poser mes pieds sur des pierres stables et quand les marches sont trop hautes à descendre, je m'aide autant de mes mains que de mes pieds.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.oSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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J'en ai fini avec la longue descente le long du flanc pierreux du Puig dels Sarraïs. Au col de Coumeille, une étrange croix gravée dans la pierre et le pic de Granarols que le chemin contourne au milieu d'une jolie pelouse jonchée de carlines blanches pour se diriger vers un autre puig , celui des Lloses. Ce puig, je vais m'en souvenir très longtemps !

Après un premier petit col herbeux, la Collade d'En Mandoulé sur la carte, la descente abrupte continue mais la sente moins rocailleuse mais plus terreuse devient plus facile jusqu'au Col de Coumeille (1.566m). Ce collet, petite prairie vert clair, encadrée par le Puig dels Sarraïs et le Pic de Granarols (1.690m) je l'ai entrevu dès le début de la descente du col de Serre-Vernet et depuis je languis de l'atteindre tant mon appréhension d'une mauvaise chute dans ce champ de pierres est ancrée dans ma tête. Aussi, je suis si soulagé en l'atteignant que la première chose est de déposer mon sac à dos et de m'allonger les bras en croix sur ce vert herbage. Mais, à cet endroit, je ne suis pas le seul à avoir fait une croix, un autre chemineau a cru utile d'en graver une dans la pierre, moins éphémère que la mienne. Au regard de son usure générale, des vieilles mousses et de l'érosion de petits conglomérats dans son cadre, cette croix me paraît très ancienne. Depuis quand était-elle là ? Je ne suis pas un spécialiste ni de l'archéologie ni de la géologie mais pour l'avoir lu, je sais que le Vallespir a été occupé bien avant le néolithique, époque où l'homme a vraiment commencé à maîtriser le polissage et la sculpture de la pierre. Alors cette croix, est-ce vraiment une croix ancienne ou une cupule comme celles que les hommes préhistoriques ont laissés gravés un peu partout dans le département ? Quelle âge a-t-elle cette gravure ? 5000 ans, 8000 ans, 10000 ans ? Est-elle plus récente et liée au christianisme ? Ou bien a-t-elle été sculpté par un preux et inventif chevalier en partance pour une croisade ? Comme toujours en pareil cas, j'en prends une photo avec l'idée de l'exposer dans mon futur récit à la fois pour l'agrémenter mais aussi avec le secret espoir que cette photo pourra être vue par de vrais spécialistes qui pourront ainsi et sans doute répondre à nombre de mes interrogations.

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L'étrange croix photographiée au col de Coumeille. Je suis preneur, si quelqu'un a des réponses aux questions que je me pose au sujet de cette croix ?

Au col de Coumeille, le chemin contourne le Pic de Granarols pour arriver au Puig des Lloses (1.413m). Ici, le sentier tout en pente douce et très praticable est un réel plaisir. Atteindre ce nouvel objectif n'est cette fois qu'une simple formalité. Il est 14 heures tapantes quand j'arrive au Puig des Lloses. Les panneaux directionnels y sont au nombre de trois : " 1- Le Tour du Vallespir vers Saint-Guillem, à savoir l'itinéraire que je viens de parcourir, 2-Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles, col situé à 30 minutes et bien sûr, 3 Prats-de-Mollo par le GRP Tour du Vallespir que je dois suivre pour respecter le tracé de mon GPS et celui de topo-guide de Georges Véron. Le Puig des Lloses ressemble plutôt à un petit collet avec un replat d'où l'on a une vue plongeante sur Prats-de-Mollo. Ici, je retrouve une flore que j'avais perdue de vue depuis le col de Formentere, faite de sorbiers des oiseleurs, de maigres genêts, de rachitiques genévriers et toujours ces bas massifs de bruyères roses que je côtoie depuis mon départ. Mais une chose me surprend sans trop m'inquiéter sur l'instant, ce sont ces petits amoncellements de branchages cassés dont on voit très bien qu'ils ont été laissés là en l'état depuis la tempête Klaus. Quand à Prats-de-Mollo, d'ici, la cité n'est visible que parce qu'une multitude de grands sapins ont été étêtés ou fracassés sur un vaste périmètre. Mais quand je poursuis la sente du Tour du Vallespir en direction du Col du Miracle, je ne suis pas vraiment inquiet. Il y a bien, dés le départ, un pin en travers du sentier mais je l'enjambe très facilement. 50 mètres plus loin, il y en a deux autres mais ceux-là je ne peux pas les enjamber et suis obligé de les contourner, assez facilement il est vrai. Puis, les pins et les sapins renversés en travers se succèdent. J'enjambe, contourne, passe parfois en dessous et quand je ne peux pas, par dessus. Je commence vraiment à galérer et mes membres sont déjà bien égratignés. Mais en y prêtant attention, je remarque que je ne suis pas le seul à être passer par là. Je vois parfaitement que les bas-côtés du sentier ont été piétinés car la terre est meuble aux endroits où un contournement était la seule alternative. Randonneurs, chasseurs, animaux ? Puis, d'un coup plus rien, plus d'arbres couchés sur plusieurs centaines de mètres. J'arrive au ravin du Pas des Vaques qui n'est ici qu'un petit ru où coule un mince filet d'eau sur un fond boueux. Avec un mouchoir en papier que je mouille au préalable, j'éponge toutes mes égratignures. Je traverse le ruisseau sans problème et poursuis mon chemin dans un sombre sous-bois, ce qui me convient très bien, car ça signifie que tous les arbres sont encore debout. Mais ça ne dure malheureusement pas et là, un peu plus loin, ça se complique car il n'y a pas de réel passage, et en tous cas aucune trace d'un franchissement antérieur. Quand je le peux, j'enjambe, mais quand les troncs sont trop hauts, je tente de passer dessous, mais parfois en vain car le problème avec les sapins, c'est qu'ils sont parfois partiellement déracinés et ont encore toutes leurs épaisses ramures. Et quand ils n'ont plus leurs ramilles, c'est encore pire car leurs branches sèches sont autant de poignards qu'il me faut éviter. Alors, je contourne, je descends, je monte tout en essayant de ne pas trop m'éloigner du chemin. Souvent, je suis contraint d'ôter mon sac à dos, qui, dans ce dédale, est un terrible handicap. Ouf ! J'ai réussi à franchir ce nouvel obstacle mais voilà que 150 mètres plus loin, il en apparaît une autre, aussi difficile que le précédent sinon plus.

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Au Puig des Lloses, les panonceaux sont nombreux et j'aperçois Prats-de-Mollo tout en bas, pourtant je vais me fourvoyer pendant plus de quatre heures dans cette forêt du Miracle ravagée par la terrible tempête Klaus. En vain. De cette forêt, je vais en ressortir meurtri, égratigné, ensanglanté et surtout brûlé des épaules aux chevilles pour être tombé dans de hautes orties ! De surcroît, je vais perdre mon appareil-photo, ce qui va m'obliger à retourner dans ce fatras pour le retrouver. 

Je suis fatigué et sanguinolent mais dans ma tête, je me dis que si j'en ai passé un, je peux en franchir d'autres. Je me dis aussi que les forestiers du coin doivent bien être conscients que le Tour du Vallespir est barré par tous ces arbres abattus et je suppose qu'ils ont commencé à déboiser en partant de Prats-de-Mollo et en remontant le sentier. Ce n'est pas possible, ce traquenard va bien finir par s'arrêter ! Je passe plus facilement ce nouveau barrage et arrive à un endroit où le sentier fait un angle droit près d'un piton rocheux en surplomb de Prats-de-Mollo. Ici, je prends conscience des dégâts considérables que la tempête Klaus a provoqué dans ce secteur mais j'arrive néanmoins à parcourir encore 500 mètres sans trop de difficultés avant de tomber sur une autre empreinte d'une forêt complètement ravagée. J'enjambe, je contourne, remonte et redescend sans trop me préoccuper du chemin qui a définitivement disparu dans cet amas incommensurable d'arbres brisés, de troncs fracassés, de branches amoncelées et de branchages empilés. Dans ma tête, j'espère surtout que ce nouveau sillon dévasté ne sera pas trop large et qu'une nouvelle fois, je pourrai le franchir. Par moment, j'arrive dans des impasses. Il m'est impossible de contourner, de passer dessous et malgré la hauteur où se trouvent les troncs, souvent à plus d'un mètre du sol, la seule solution reste de les enjamber. Je n'en suis pas à ma première enjambée mais cette fois, le tronc est-il un peu plus haut où est-ce la fatigue, toujours est-il, que droit sur le rondin, je me sens partir en arrière entraîné par le poids de mon sac. Un coup de reins pour me rétablir, mais ce coup de reins est bien trop puissant et voilà que je pars en avant ! J'ai beau mouliner l'espace avec mes bras pour tenter de tenir en équilibre mais c'est trop tard, mes mains ne rencontrent que le vide et en tous cas, rien où s'accrocher. Je pars en avant, je vais tomber et me rompre le cou dans ce monstrueux chaos, mais une dernière inspiration me donne l'intuition et le sursaut que plutôt que de tomber n'importe où et n'importe comment, il faut mieux que je me jette à un endroit choisi. Voilà, j'ai réussi, si je puis dire ! Je me retrouve planté au milieu d'un gros massif de ronces et de hautes orties. Mon genou gauche a malgré tout cogné fortement une grosse branche et je saigne abondamment. Mais ce n'est pas ça le plus douloureux, mais toutes ces petites brûlures d'orties qui, peu à peu, en partant des chevilles, semblent monter tout le long de mon corps, enflammant surtout mes jambes mais également mes bras. J'ai l'impression de flamber debout et malgré la douleur, je reste planté là au milieu de cette désolation, de ce néant. Je suis tout à coup comme tétanisé par l'angoisse. Mais je perçois que cette angoisse est arrivée de manière soudaine car jusqu'à présent, j'étais trop occupé à m'en sortir. Une fraction de quelques secondes, il me vient à l'esprit de sortir mon portable et d'appeler des secours. Mais en me retournant, et malgré cette complète désolation, je constate que ce n'est pas le néant absolu : à vol d'oiseau, je ne suis pas très loin d'une piste blanche et sableuse que je distingue en contrebas à quatre ou cinq cent mètres. Je discerne des voitures qui y circulent et aussi un mas. Et même si à cet instant précis, je voudrais être un oiseau, je n'en suis pas un ! Je me suis foutu tout seul dans cette " mouise " et il faut que j'en sorte tout seul aussi ! Mais faire cinq cent mètres dans cette dévastation, je sais à l'avance que c'est une impossible gageure.

La faute à Klaus Schümann

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je suis tombé par terre c'est la faute à Voltaire.

Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes exactement, j'ai hurlé :

Je suis tombé sur un os, c'est bien la faute à Klaus.

Le nez dans les gentianes, c'est la faute à Schümann.

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je ne suis pas notaire, c'est la faute à Voltaire.

Je suis petit oiseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes, j'ai crié :

J'ai chuté sur les lloses, c'est bien la faute à Klaus

J'ai brisé mes organes, c'est la faute à Schümann

 

Je voudrais faire un saut et atterrir à Prats-de-Mollo,

Je ne suis pas petit oiseau, c'est la faute à mon père !

Alors il me faut être costaud et que j'ai un sursaut !

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le 24 janvier 2009, la tempête Klaus a provoqué de considérables dégâts dans le Haut-Vallespir. En août, les plaies sont loin d'être toutes cicatrisées.

C'est donc décidé, je vais rebrousser chemin jusqu'au Puig des Lloses et descendre à Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles. La première chose à faire, c'est retrouver le sentier mais où peut-il bien être dans ce " labyrinthe " végétal trop urticant à mon goût. Seul mon GPS peut me le dire et il faut d'abord que je sorte de ce roncier qui m'enveloppe comme une toile d'araignée. D'ailleurs des araignées, il y en a pas mal ici et comme elles n'apprécient pas trop mon intrusion dans leur domaine réservé, elles me piquent elles aussi. Mais bon, je n'en suis plus à une piqûre près ! Seule solution, sortir par là où je suis arrivé, c'est-à-dire par le haut. Cette fois, j'ôte mon sac à dos, dont je vérifie au préalable toutes les fermetures et je l'envoie valdinguer par-dessus le tronc dont je viens de choir. Je me hisse sur le tronc et me mets carrément à cheval sur lui. Un point GPS me situe à une cinquantaine de mètres du chemin qui est vers le nord et pour moi vers le haut. Je récupère mon sac et poursuit ainsi mes divagations. Je jette mon sac, me hisse à nouveau, le récupère et ainsi de suite. Parfois, je jette mon sac un peu plus loin car j'arrive à jouer les équilibristes sur plusieurs troncs couchés de concert et ma progression s'accélère. Je vais mettre un gros quart d'heures pour retrouver le sentier et encore plus d'une heure pour rejoindre le Puig des Lloses. Quand je regarde ma montre, j'ai du mal à le croire : il est déjà 17 heures et voilà trois heures que je me fourvoie dans cette forêt du Miracle, la mal nommée. Il faut absolument que j'appelle l'hôtelier pour le prévenir que j'aurai du retard. De ce côté-là au moins je serais tranquille et quand je l'ai au bout du fil, effectivement il me rassure. J'ai réservé, j'ai payé et la chambre à l'hôtel Ausseil m'est complètement allouée quoi qu'il m'arrive. Mais s'il savait ce brave homme ce qu'il vient de m'arriver ! Mais n'en parlons plus, j'en suis sorti, même si c'est fourbu, écorché, entaillé, égratigné, brûlé et ensanglanté de la tête aux chevilles. Maintenant, le sentier qui descend vers le Col de Cavanelles au milieu des genêts et des hautes fougères est plutôt agréable et les panoramas sont suffisamment beaux pour que je me remette à prendre des photos. Mais où est mon appareil ? Il n'est pas dans une de mes poches et je ne me souviens pas l'avoir rangé dans mon sac ! Non, il était dans sa housse accrochée à ma ceinture et à ma ceinture, je n'ai plus rien désormais ! Le bouton-pression a dû s'ouvrir et je l'ai perdu ! Je suis désespéré car perdre mon appareil photo c'est comme si j'avais perdu la mémoire de ces trois premiers jours depuis Amélie-les-Bains. Pour moi, c'est inimaginable et il faut que je le retrouve. Sans trop réfléchir, je sors ma dernière gourde d'eau de mon sac à dos et je jette ce dernier dans les hauts genêts en m'assurant qu'on ne le voit pas depuis le chemin. Deux petites branches en forme de croix que je place au bord du sentier pour retrouver cet endroit et me voilà entrain de remonter le sentier, presque en courant, vers cet " enfer vert " où j'ai sans aucun doute perdu mon appareil. Où se trouvera-t-il ? Loin, près ? L'ai-je perdu quand je suis tombé de ce tronc plus haut que les autres ? S'est-il décroché dans le roncier ? Ou bien sous un tronc que j'ai franchi comme un tunnel ? Voilà les questions et bien d'autres qui grouillent dans ma tête alors que je me jette dans cette " impossible " quête. Vu l'heure et le temps que j'ai mis la première fois, il faut à la fois que je fasse vite mais sans pour autant négliger mes recherches. Ce serait idiot de passer à côté sans voir l'appareil par précipitation. L'absence du sac à dos m'aide considérablement mais au fond de moi, je sais que selon l'endroit où la housse est tombée de ma ceinture, c'est comme rechercher une minuscule aiguille dans une énorme botte de foin. Sans le sac mais avec une gourde à la main, je passe néanmoins tous les petits obstacles plus aisément, je traverse le ru du Pas des Vaques, je franchis le premier couloir de sapins anéantis avant que le sentier fasse un angle droit. Rien ! Il me reste encore un barrage à franchir avant ce virage et comme pour le précèdent, j'essaie de me souvenir par où je suis passé à l'aller mais aussi au retour. Et là, au moment où je me baisse pour passer sous les branches encore vertes d'un immense sapin déraciné, le miracle survient ! La petite housse avec mon numérique à l'intérieur est là au milieu du sentier sous la verte ramure. Ouf ! Ouf ! Ouf ! Je respire à pleins poumons. Quel soulagement. Je vérifie mon appareil que j'enfonce au plus profond de la poche de mon short et par sécurité supplémentaire, je referme celle-ci avec le Velcro consacré. Une fois encore, il ne me reste plus qu'à rebrousser chemin. Ce ne sera que la quatrième fois que j'emprunte cet itinéraire et si ça continue, je vais finir par en connaître le moindre recoin par coeur ! D'ailleurs, c'est le cas, car dans ma précipitation et alors que je me suis arrêté pour boire un coup, j'ai posé machinalement mon bob sur un rocher et je l'ai oublié. Mais je ne suis pas inquiet car je sais parfaitement où il se trouve.

Il est 18 heures quand je passe une nouvelle fois devant la panonceau " Puig des Lloses - 1.413 m - PR6B - Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles - 30 mn ".

A cet instant précis, je ne sais pas pourquoi, il me vient une abominable anxiété : Et si ce chemin, lui aussi, était impraticable, barré par une forêt saccagée ? Après tout, il n'y a pas d'autre chemin et le peu que j'en ai parcouru avant de retourner chercher mon appareil photo ne me laisse aucune certitude et ne me permet pas d'être rassuré. Après tout, Prats-de-Mollo que j'aperçois en bas est au moins à trois kilomètres à vol d'oiseau et il faut au bas mot compter au minimum le double par le chemin. Tout est encore possible ! Cette terrible angoisse, elle va soudain se transformer en une grosse boule au creux de mon estomac et elle va rester là, encore blotti pendant une heure et demie. Autant, j'ai été longtemps serein cet après-midi même au plus fort de mes élucubrations, autant maintenant je prends conscience que je peux ne pas arriver au bout de cette étape, en tous cas aujourd'hui. Mais je sais aussi que je n'ai pas le choix dans la direction à prendre et je continue. Je récupère mon sac. Les photos que j'avais voulu prendre tout à l'heure, je les prends maintenant. Mais j'avoue que je n'ai plus le cœur à ça ! J'ai toujours cette appréhension et ces questions qui fourmillent dans ma tête et je ne pense plus qu'à une chose : descendre, descendre, et descendre encore au plus vite vers Prats-de-Mollo. Comme prévu et sans problème, j'arrive au bout de 30 minutes à ce que je crois être le col de Cavanelles. A gauche, un grand champ en pente avec un large chemin qui le contourne, un autre chemin qui part droit devant moi et un autre qui part complètement à gauche. Je n'ai plus de tracé sur mon GPS et je ne vois plus le balisage jaune que j'ai entr'aperçu dans la descente. Je suis contraint de stopper pour regarder ma carte IGN. J'en profite pour manger et absorber un peu d'énergisant car je suis exténué. Le chemin qui part droit devant moi n'existe pas sur la carte. Ça m'étonne mais je l'oublie. Celui qui part à droite se termine dans un cul de sac. Je l'oublie aussi. Reste celui qui part à gauche et qui semble être le bon à la lecture de la carte. Je redémarre, c'est bon, j'aperçois un coup de peinture jaune sur le piquet d'une clôture. Je contourne ce lopin de terre que je voyais d'en haut. Le chemin continue de tourner, puis à mon étonnement, il se remet à nouveau à monter. Je suis éreinté et je n'en crois pas yeux quand je retrouve le petit pin sous lequel je viens de manger, il y a un instant. Je n'ai fait que tourner en rond autour de cette parcelle en friches. Mon téléphone sonne. C'est Dany. Elle demande de mes nouvelles. Je ne peux que lui dire bof ! Mais elle veut en savoir plus. Alors sans trop l'inquiéter, je lui raconte très brièvement mes mésaventures et lui explique que je ne suis plus sur le Tour du Vallespir, que je galère pour descendre sur Prats-de-Mollo et qu'il est primordial que je regarde très attentivement ma carte IGN. Je coupe en lui promettant de la rappeler dès que j'arrive à l'hôtel. Je redéploie ma carte et essaie de me situer par rapport au paysage que j'ai en face de moi. Je comprends que je ne suis pas au Col de Cavanelles mais près d'un endroit qui sur la carte s'appelle " La Segnora ". Il y a légèrement sur ma gauche le Puig Fabre (1.147 m), petit monticule débonnaire qui me rappelle étrangement ces petits volcans arrondis que l'on rencontre en Auvergne dans la chaîne des Puys.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.OSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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Avec une chance inouie, j'ai retrouvé mon appareil-photo, le plus gros de ma galère est terminé, mais je descends très anxieux vers Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles car je ne suis pas certain du chemin. Finalement, de ce col, j'aperçois le bourg et un chemin désormais très praticable y descend. Ma grosse boule au creux de l'estomac disparaît.

C'est par là qu'il me faut aller, car le chemin passe au pied de ce Puig, et là je comprends qu'en bas du champ en friches, il me faut partir complètement à gauche par une piste qui est parfaitement indiquée sur la carte. Je redescends, contourne à nouveau le petit lopin de terre jusqu'à un portail que je n'avais pas aperçu la première fois. Il y a bien une trace jaune sur ce portail et une piste qui démarre derrière. Je l'emprunte. Un peu plus loin, il y a un raccourci toujours balisé en jaune qui part à droite dans de hauts genêts, mais je le néglige car même si mon itinéraire est plus long, la piste me semble très empruntée par des véhicules, car il y a de nombreuses empreintes de pneus sur le sable. Et surtout, je sais que cette piste va me mener là où je veux. J'ai trop erré aujourd'hui pour prendre le moindre risque de me retrouver une nouvelle fois face à des arbres morts et couchés. Toujours cette boule à l'estomac ! La piste fait maintenant une grande boucle et descend j'en suis certain vers le Col de Cavanelles. Dans cette descente, j'ai le bonheur de tomber sur une baignoire qui sert d'abreuvoir aux animaux et de mare improvisée aux têtards. D'un gros tuyau en PVC, il y coule une eau fraîche et claire et je peux ainsi me rafraîchir et surtout nettoyer toutes ces plaies et égratignures d'où des écoulements de sang ont ruisselé mais ont séché depuis. Au fond de moi, je me dis que sans toutes ces traces d'hémoglobine sur la peau, je serais un peu plus présentable pour arriver à l'hôtel ! Mais si après ce nettoyage, j'ai retrouvé un peu de mon " prestige ", cette eau glacée a l'effet désastreux de réveiller toutes ces brûlures d'orties. Elles n'étaient pas tout à fait endormies mais elles sommeillaient et les douleurs s'étaient bien atténuées. D'ailleurs, quand je regarde mes bras et mes jambes, mais mes jambes surtout, elles sont recouvertes presque intégralement de petites boursouflures rouges. Je sais que dans ma pharmacie, je n'ai aucun médicament, aucune pommade, pour tempérer cet urticaire. Je repars et cinq minutes plus tard, j'arrive au Col de Cavanelles. Il est 19h15. Ici la piste continue mais un panonceau indique une sente qui part à droite : " Col de Cavanelles - 1.050 m- PR6- Prats-de-Mollo par le Fort Lagarde 40mn ". Je compulse à nouveau ma carte car je me méfie désormais de tous les raccourcis. Mais celui-là est bon quand je constate qu'il ne descend que dans un environnement rocheux. Je sais que c'est gagné et la boule au creux de mon estomac disparaît comme par enchantement.

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.OSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Du col de Cavanelles, je distingue la Tour de Mir, une autre difficulté de ce Tour du Vallespir, le Pic de Costabonne, le Roc Colom où le Tech prend sa source et le château Lagarde que je rejoins 40 minutes plus tard. Du château, j'ai une belle vue sur la vallée du Tech, sur Prats-de-Mollo et son riche patrimoine historique. 

Dans cette descente rocailleuse, je me remets à faire quelques photos : de Prats-de-Mollo bien sûr, la cité est encore loin mais je sais qu'elle se rapproche à chacun de mes pas, de la citadelle du Fort Lagarde construite par Vauban en surplomb de la ville et de la Tour de Mir juchée sur un piton rocheux au milieu d'une ténébreuse forêt qui me fait face. Cette tour, je la connais pour y être monter à de multiples reprises. Je la prends en photo, mais à vrai dire je ne veux pas trop la regarder car il va me falloir la gravir demain. Et pourquoi le cacher, j'appréhende déjà car la forêt constituera l'essentiel de cette étape. J'ai mis 30 minutes pour arriver au Fort Lagarde au lieu des 40 qu'annonçait le dernier panneau indicatif. Je prends des photos du fort et de la ville dont le clocher carré qui domine l'église Sainte-Juste et Sainte-Ruffine perfore le panorama. Mais ce ne sont que de simples clichés, juste des souvenirs. Il est 20 heures 15 quand j'entre dans la cité. Voilà 12 heures que je suis sur les chemins. Pour combien de kilomètres parcourus ? Je suis incapable de le dire ! Alors faut-il que je l'avoue, sur la fin, la vigueur m'a manqué pour apprécier tout ce patrimoine historique à sa juste valeur ! Cette étape qui était la plus  courte est en fin de compte devenue la plus difficile depuis mon départ. 

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13 heures sur les chemins, quand j'entre dans Prats-de-Mollo, je suis fatigué et meurtri par cette très longue journée de marche éprouvante et mémorable. C'est au pas de course que j'ai traversé le fort Lagarde construit par Vauban. Je n'en ai pris simplement que quelques photos sans aucune conviction mais pour le simple plaisir de les inscrire dans mon souvenir et surtout pour le réel bonheur d'avoir retrouvé mon appareil photo dans la forêt du Miracle. Cette forêt porte-t-elle bien son nom ? Moi, en tout cas, je reste indécis entre la galère que j'ai vécue pendant 4 heures et le fait d'en être sorti à peu près indemne et pour terminer avec mon appareil photo dans la poche ! Un rescapé lui aussi !

Alors, ce qui m'importe maintenant, c'est de me retrouver au plus vite à l'hôtel. Aussi quand j'arrive sur la place du Foirail, je m'empresse de demander à une dame la direction de l'hôtel Ausseil et gentiment elle m'indique du doigt une grande porte fortifiée au milieu des remparts et me précise que l'hôtel est situé juste une rue après. Je passe sous le porche, arrive sur une autre place et comme je me souviens du nom de cette place " Josep de la Trinxeria ", je sais que l'hôtel est là. Mais la place est bondée de touristes et occupée par les deux restaurants qui y ont largement installés leurs tables et leurs chaises. La place Josep de la Trinxeria est en réalité une immense terrasse pour les deux restaurants mitoyens et quand je demande l'hôtel Ausseil à un garçon de table, il me réponds simplement : vous y êtes ! Au milieu des tables et devant des clients certainement interloqués par mon " look " de randonneur anéanti, je tente en vain de m'expliquer dans un brouhaha inextricable. On ne s'entend pas ici me dit-il. Suivez-moi ! La salle intérieure du restaurant est vide et je peux enfin m'exprimer :

- Je suis Monsieur Jullien, j'ai réservé une chambre. Montrez-la moi que je puisse au plus vite prendre une douche.

- Oui, je crois que vous en avez besoin, me réponds-il avec un petit sourire narquois et en me tendant une clé et en rajoutant : c'est la chambre 7 au deuxième étage.

- Puis-je manger après ? lui dis-je.

- Oui, mais ça ne sera peut-être pas en terrasse car tout est plein me réponds-il.

- Peu m'importe !

Malgré les escaliers qu'il me faut encore escalader, je m'empresse de monter dans la chambre. Avant toute chose, je me déshabille et me jette sous une douche chaude. J'ai bien essayé d'abord l'eau froide mais ce fut un supplice insupportable. Je n'ai pas insisté car à nouveau les brûlures se sont réveillées de manière presque insoutenable. J'ai appelé Dany pour la rassurer et l'embrasser mais sans trop m'étendre sur tous les déboires que j'avais endurés au court de cette mémorable journée. Les hauteurs du Vallespir ont été sacrément âpres aujourd'hui. Encore plus âpres que je ne l'avais imaginé ! C'est sûr maintenant, le titre de mon aventure " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " ne sera pas galvaudé.

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Une ruelle à Prats-de-Mollo et le clocher de l'église Saintes Juste et Ruffine.

ÂPRE EST CE VALLESPIR…… 

 

Âpre est ce Vallespir que je veux cheminer.

Dure est la Tour de Mir quand il faut y grimper.

Je ne fais que grandir sur ces crêtes boisées,

Les sources ont à jaillir pour combler les fossés.

 

Âpre est ce Vallespir que je veux affronter.

Dur est le déplaisir lorsque l'on veut marcher.

Et si mes pas délirent, rien ne peut m'arrêter,

Sauf les pins, ces martyrs que le vent a couché.

 

Âpre est ce Vallespir, je veux le proclamer.

Dur mon sang à tarir, je ne suis que touché.

Et ce pourpre élixir, il ne fait que couler,

Mon corps prêt à bondir sur les chemins dallés.

 

Âpre est ce Vallespir que j'ai pourtant aimé.

Dures ces lloses, ces porphyres où j'ai pourtant chuté.

Et si ma tête chavire, je n'vais pas m'écrouler,

Sur ces frêles sentiers, dans ces prés parfumés.

 

Âpre est ce Vallespir où il faut s'arrêter.

Dur est le point de mire où il faut arriver.

Et si mon cœur soupire alors qu'il est blessé,

Mon amour viens vers moi , toi seul peut l'apaiser.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le lendemain matin, la Tour de Mir me nargue de ces 1.540 mètres d'altitude. Elle se trouve sur le tracé du Tour du Vallespir. Vais-je l'affronter ?

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Cliquez sur la forêt ravagée par la tempête Klaus pour passer à l'étape suivante

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo 15 kms.

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.3eme étape : Mercredi 19 août 2009.

Saint-Guillem (1.287 m)-Prats-de-Mollo (753 m) 15 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

Nous nous aventurâmes jusqu'au village de Prats-de-Mollo. J'avoue que je préférai les bocages de la plaine à ces grandes montagnes couvertes de chênes verts et qui semblent plus faites pour abriter des bandits, que pour assurer le couvert à des honnêtes gens. Extrait de l'essai " Voyage en France en 1787, 1788, 1789 ". Arthur Young (1741-1820) agriculteur, agronome et écrivain britannique.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.LA FAUTE A KLAUS :

Malgré cette anxiété que j'ai eu hier soir, j'ai fini par m'assoupir. Quand j'y repense, je constate que c'était plutôt une appréhension momentanée qu'une vraie obsession. Puis vers minuit, j'ai été réveillé par un bruit. C'était comme le bruit d'un grattement. Mais une fois éveillé, je me suis aperçu qu'un autre bruit venait du volet d'un petit vasistas qui était resté ouvert et qui grinçait sous une légère brise nocturne. A la faible clarté de ma lampe frontale, je n'ai rien observé qui correspondait au grattement qui m'avait réveillé. Par contre, le rayon plus large que ma lampe projetait contre le mur du refuge me fit remarquer qu'il manquait une grosse pierre à 15 centimètres de ma paillasse. Au fond de ce trou ainsi constitué, il y avait un nid de souris fait d'une bourre blanche, de poils et de fibres diverses. Mais de souris, il n'y en avait point ! Est-ce elle qui grattait avant que je ne me réveille ? Avait-elle eu le temps de décamper avant que je n'éclaire la lampe ? Pour ne plus être embêté par ce grincement lugubre et ces grattements désagréables, je pris les sages résolutions de fermer le vasistas et de déménager ma litière à l'autre bout du bat-flanc. Puis, j'ai profité de ce réveil fortuit pour partir uriner dehors. Le ciel tout entier était étoilé et une belle voie lactée blanchissait le firmament au dessus de la chapelle de l'ermitage. La nuit était douce et quasi silencieuse. Seule une petite brise, frissonnant les feuilles, tentait sans succès de rompre cette quiétude. Comme j'appréciais pleinement l'instant présent, cette sérénité, cette paix secrète et intime, loin du monde bruyant et trop insociable que j'avais quitté, je suis resté de longues minutes sur le pas de la porte, les yeux levés vers le ciel et l'ermitage qui se découpait, à écouter ce silence avant de partir me recoucher. Une fois encore, cette nuit-là fut bénéfique et, à mon grand étonnement, je n'ai ressenti à mon réveil aucune contracture musculaire, ni aucune douleur, malgré les deux longues étapes déjà accomplies et la rusticité du couchage qui ne m'avait pas empêché de dormir profondément.

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Quand je quitte Saint-Guillem, vers le sud, le jour est déjà levé mais le hameau est encore dans la pénombre. Ici les panneaux sont on ne peut plus clairs mais mal placés et je vais me tromper avant de me raviser et de reprendre le bon chemin.

Il est 7 heures. Vers le sud, le jour est déjà levé mais Saint-Guillem de Combret, blotti au fond du vallon de Coumelade, est encore dans une obscure nébulosité. Bloqués par les hauts monts environnants, les rayons du soleil mettront encore plus d'une heure avant d'éclairer complètement le minuscule hameau. Je déjeune de deux gâteaux de riz vite expédiés et d'une grande gorgée d'eau et range tranquillement mes affaires et mon sac à dos en prêtant attention à ne rien oublier dans le refuge. Il est 8 heures quand je démarre avec ma trousse de toilettes, mon gant et ma serviette à la main. Je sais qu'il y a dans le hameau, non loin d'ici, une auge ou plutôt un vieux lavoir dans lequel, par un tuyau de PVC, s'écoule une eau de source cristalline. J'ai bien l'intention de me raser et de faire un brin de toilettes car j'ai la désagréable sensation de me sentir sale et poussiéreux. Je mets un quart d'heure pour me laver et tenter de parfaire ma présentation. Mais j'ai le sentiment que l'eau glacée a eu un seul effet non négligeable sur mon organisme, celui de lui assener un " claquant " coup de fouet qui me permet de démarrer cette étape dans d'excellentes conditions. Je profite pour remplir mes deux gourdes et mon camelback d'une eau fraîche et renouvelée.

La large piste s'élève rapidement au dessus de l'ermitage. Sur ma droite, là même où hier après-midi j'ai galéré, la tempête Klaus a laissé un immense chantier de désolation dans cette forêt qui était pourtant magnifique. Par contre, en face de moi, les flancs du Puig dels Sarraïs (1.830 m) et du col de Serre-Vernet (1.808m) que je dois cheminer semblent moins meurtris. Il y a bien deci delà, quelques cicatrices, quelques sillons d'immenses résineux couchés, mais rien de bien inquiétant, en tous cas vu d'ici.

Quelques minutes plus tard, et alors que je m'apprête à poursuivre la piste, je remarque inopinément sur ma droite un panonceau qui semble m'indiquer Prats-de-Mollo et le col de Serre-Vernet par un autre chemin qui s'enfonce dans la forêt. Et je commets là une nouvelle erreur en ne sortant pas immédiatement mon GPS. Quand je le sors, c'est bien trop tard, car mon GPS ne capte plus aucun satellite masqué qu'il est au fond de ce sous-bois touffu. Deuxième erreur, je ne sors pas ma carte non plus, tranquillisé, il est vrai, par ce rassurant panneau. Et quand je sors ma carte, c'est encore beaucoup trop tard car j'ai marché ainsi une " bonne " demi-heure jusqu'à m'inquiéter de ne plus rencontrer le balisage jaune et rouge qui était pourtant bien visible jusqu'à présent. Au regard de la carte, je me rends à l'évidence, je me suis trompé, une fois de plus. Quitte à avoir perdu une heure, je décide de faire demi-tour car ce chemin qui zigzague toujours en forêt sans aucun balisage apparent me trouble et ne m'amènera nulle part et en tous cas pas où je dois aller.

Quand je retrouve la piste et le panonceau, selon moi, très mal placé à cet endroit, j'ai effectivement perdu une heure. Je m'avance sur la piste et quelques dizaines de mètres plus loin, j'aperçois effectivement les marques de peinture jaune et rouge propres au GRP du Vallespir. Je poursuis la piste et enjambe le fougueux torrent de Coumelade par un large pont bétonné. Peu après, la piste se sépare en deux, mais le balisage est ici parfait et m'oriente vers la droite. Plutôt plane au début, maintenant la piste monte allégrement, effectue deux larges courbes, avant d'atteindre le col Baxo à 1.473 mètres. Au fond de ce petit col herbeux, un nouveau panneau sollicite un départ à gauche. Ici une minuscule sente, encadrée d'une clôture, est barrée d'un petit portail qui est là pour empêcher les bovins de passer mais pas les randonneurs. Sans trop m'en apercevoir, et malgré l'heure perdue, j'ai déjà fait 190 mètres de dénivelé sur les 521 que je dois accomplir pour atteindre les 1.808 mètres du Col de Serre-Vernet. C'est bien sûr encourageant, mais j'évite de trop penser aux 331 mètres restant sur les trois kilomètres d'ascension qui doivent m'amener au pinacle de ce tour du Vallespir.

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J'ai quitté Saint-Guillem par un chemin qui enjambe la rivière Coumelade. Parfaitement balisé, il s'élève rapidement par le col Baxo, file à travers des bois touffus où coulent quelques petits ruisseaux. Mais parfois le chemin se transforme en balcon et j'ai le bonheur d'être en surplomb de superbes paysages. Saint-Guillem est déjà très loin.

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Ce chemin parfois en balcon me laisse entrevoir Saint-Guillem que j'ai quitté ce matin. On aperçoit les bois saccagés par la tempête Klaus. Celui au dessus du hameau où j'ai galéré hier lors de mon arrivée et celui en dessous du refuge où se trouve un bel arboretum avec notamment quelques séquioas.

 Malgré le dénivelé, le petit chemin est changeant et agréable. Cheminant le plus souvent en sous-bois et recouvert d'un épais tapis de feuilles mortes, il coupe quelques ruisseaux, affluents de la Coumelade et monte rectiligne offrant quelquefois de magnifiques vues vers le sud mais surtout sur Saint-Guillem et tout le Bassin de Coumelade. Puis soudain, il bifurque dans le sens opposé en direction du Col de Serre-Vernet dans un bois de petits pins chétifs. Il n'est pas tout à fait midi quand j'arrive au col, point culminant de ce périple avec ses 1.808 mètres

Vaste pré herbeux entouré de pins et de sapins, il semble être le paradis pour nombre de génisses et de vaches blanches indolentes. La plupart sont affalées sur la verte prairie et même mon passage laisse indifférent tous ces bovins, qui repus, ne tournent même pas la tête quand je m'approche d'eux. Ici, les panoramas à 360° sont splendides de tous côtés. De nombreux hauts sommets et de nouveaux pics apparaissent, de nombreuses crêtes composent l'horizon : la Crête des Sept Hommes (2.651m), le Pla Guillem (2.301m), les Roques Blanches (2.252m), les Esquerdes de Rotja (2.316m), le Roc Colom (2.507m) et le Pic de Costabonne (2.465m) pour ne citer que les crêtes les plus connues et les plus attractives. Mais il y aussi de profonds ravins et surtout cette immense et épaisse forêt domaniale qui n'en finit plus de s'étendre sur ce magnifique Haut-Vallespir. Ici, il y a aussi un panneau, mais il ne sert plus à rien car il gît à terre et n'indique plus aucune direction. Je le redresse et essaie en vain de retrouver son emplacement originel. De dépit, je le pose contre un petit pin dans la position qui me semble la plus appropriée avec St Guillem dans la direction d'où je viens. A l'aide d'un bout de ficelle que j'ai trouvé sur la pelouse, j'ai beau l'attacher avec bons sens à une branche du pin, je ne suis guère plus avancé quand à la direction à prendre pour me rendre à Prats-de-Mollo.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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J'arrive au col de Serre Vernet. A 1.808 mètres, c'est le point culminant de mon périple. Les paysages sur le très Haut-Vallespir sont superbes de tous côtés. Ce col est aussi le paradis de vaches et des génisses. Le panonceau indicatif gît à terre, je le redresse et l'attache à un pin mais je ne suis pas plus avançé quant à la direction à prendre pour aller à Prats. Heureusement j'ai mon GPS !

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J'effraie un petit veau puis je m'arrête pour déjeuner dans cet éboulis qui descend très raide du Puig dels Sarraïs vers la vallée de la Parcigoule. Je ne peux trouver plus beau spectacle ! Mais la descente est loin d'être finie, je dois encore atteindre deux cols, celui de la Collade d'En Mandoulé et le col de Coumeille, petit pré verdâtre que j'aperçois tout en bas.

Mais heureusement, ma carte IGN est là et mon GPS aussi et à force d'avancer dans différentes directions vers le sud, je finis par trouver le bon itinéraire qui file sur le pré puis contourne quelques rochers. Il est midi et j'ai faim, mais comme la suite de l'étape est essentiellement faite de descentes, je prends la décision de continuer un peu pour m'offrir comme hors d'oeuvre un splendide panorama dégagé. Cette sente allie pelouses, petits bois de pins et de feuillus mais aussi rocailles et rochers plus ou moins gros. Mais il y aussi de nombreux et bas genévriers derrière lesquels quelques veaux ruminent leur fourrage. L'un d'entre eux peut se vanter de m'avoir fait une belle frayeur et tressaillir quand il a débouché devant moi alors que je marchai dans un silence de cathédrale. Mais je suppose que lui aussi, il a du avoir une peur " bleue " ! En contournant maintenant le rocailleux Puig dels Sarraïs, le chemin n'est désormais plus qu'amoncellement de blocs déchiquetés et gros pierriers escarpés. Je redouble de vigilance pour éviter toute chute qui, ici, serait catastrophique pour de pas dire fatale. Il est temps que je m'arrête pour déjeuner car je ne trouverai pas meilleur belvédère que ces éboulis, bien exposés au soleil, qui descendent raides vers le vallon de la Parcigoule. Il n'y a plus aucun obstacle devant moi et je déguste à la fois ma salade et ce magnifique spectacle. Assis sur une grosse pierre plate bien chaude et adossé à une autre, j'ai trouvé, dans de ce fauteuil improvisé mais un peu dur il est vrai, une terrasse peu confortable pour mes fesses mais idéale pour mes yeux.

D'ici, je jouis d'un panorama exceptionnel sur le Bassin de la Parcigoule mais aussi sur une immense partie de ce Haut-Vallespir que je suis venu découvrir. C'est d'ailleurs en mangeant dans ce gros pierrier que j'ai imaginé le titre de mon voyage et de ce récit : " Sur les hauteurs d'une vallée âpre ".

Après trois jours de marche, et à cet instant précis, il me semblait qu'aucun autre endroit traversé ne méritait plus ce terme de " âpre " que cet immense magma rocheux. Dans cet éboulis, les aspérités ne manquent pas et l'âpreté, je la touche à chaque instant. Le déroulement imminent de ce Tour du Vallespir me montra malheureusement et très vite que je n'avais pas encore tout connu de cette légendaire âpreté. Quand je repars, la sente, où du moins ce que j'en devine grâce à un balisage abondant et précis, se complique sacrément en étant toujours très rocheuse mais en devenant encore plus abrupte. Pour éviter toute chute, je m'applique à poser mes pieds sur des pierres stables et quand les marches sont trop hautes à descendre, je m'aide autant de mes mains que de mes pieds.

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J'en ai fini avec la longue descente le long du flanc pierreux du Puig dels Sarraïs. Au col de Coumeille, une étrange croix gravée dans la pierre et le pic de Granarols que le chemin contourne au milieu d'une jolie pelouse jonchée de carlines blanches pour se diriger vers un autre puig , celui des Lloses. Ce puig, je vais m'en souvenir très longtemps !

Après un premier petit col herbeux, la Collade d'En Mandoulé sur la carte, la descente abrupte continue mais la sente moins rocailleuse mais plus terreuse devient plus facile jusqu'au Col de Coumeille (1.566m). Ce collet, petite prairie vert clair, encadrée par le Puig dels Sarraïs et le Pic de Granarols (1.690m) je l'ai entrevu dès le début de la descente du col de Serre-Vernet et depuis je languis de l'atteindre tant mon appréhension d'une mauvaise chute dans ce champ de pierres est ancrée dans ma tête. Aussi, je suis si soulagé en l'atteignant que la première chose est de déposer mon sac à dos et de m'allonger les bras en croix sur ce vert herbage. Mais, à cet endroit, je ne suis pas le seul à avoir fait une croix, un autre chemineau a cru utile d'en graver une dans la pierre, moins éphémère que la mienne. Au regard de son usure générale, des vieilles mousses et de l'érosion de petits conglomérats dans son cadre, cette croix me paraît très ancienne. Depuis quand était-elle là ? Je ne suis pas un spécialiste ni de l'archéologie ni de la géologie mais pour l'avoir lu, je sais que le Vallespir a été occupé bien avant le néolithique, époque où l'homme a vraiment commencé à maîtriser le polissage et la sculpture de la pierre. Alors cette croix, est-ce vraiment une croix ancienne ou une cupule comme celles que les hommes préhistoriques ont laissés gravés un peu partout dans le département ? Quelle âge a-t-elle cette gravure ? 5000 ans, 8000 ans, 10000 ans ? Est-elle plus récente et liée au christianisme ? Ou bien a-t-elle été sculpté par un preux et inventif chevalier en partance pour une croisade ? Comme toujours en pareil cas, j'en prends une photo avec l'idée de l'exposer dans mon futur récit à la fois pour l'agrémenter mais aussi avec le secret espoir que cette photo pourra être vue par de vrais spécialistes qui pourront ainsi et sans doute répondre à nombre de mes interrogations.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

L'étrange croix photographiée au col de Coumeille. Je suis preneur, si quelqu'un a des réponses aux questions que je me pose au sujet de cette croix ?

Au col de Coumeille, le chemin contourne le Pic de Granarols pour arriver au Puig des Lloses (1.413m). Ici, le sentier tout en pente douce et très praticable est un réel plaisir. Atteindre ce nouvel objectif n'est cette fois qu'une simple formalité. Il est 14 heures tapantes quand j'arrive au Puig des Lloses. Les panneaux directionnels y sont au nombre de trois : " 1- Le Tour du Vallespir vers Saint-Guillem, à savoir l'itinéraire que je viens de parcourir, 2-Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles, col situé à 30 minutes et bien sûr, 3 Prats-de-Mollo par le GRP Tour du Vallespir que je dois suivre pour respecter le tracé de mon GPS et celui de topo-guide de Georges Véron. Le Puig des Lloses ressemble plutôt à un petit collet avec un replat d'où l'on a une vue plongeante sur Prats-de-Mollo. Ici, je retrouve une flore que j'avais perdue de vue depuis le col de Formentere, faite de sorbiers des oiseleurs, de maigres genêts, de rachitiques genévriers et toujours ces bas massifs de bruyères roses que je côtoie depuis mon départ. Mais une chose me surprend sans trop m'inquiéter sur l'instant, ce sont ces petits amoncellements de branchages cassés dont on voit très bien qu'ils ont été laissés là en l'état depuis la tempête Klaus. Quand à Prats-de-Mollo, d'ici, la cité n'est visible que parce qu'une multitude de grands sapins ont été étêtés ou fracassés sur un vaste périmètre. Mais quand je poursuis la sente du Tour du Vallespir en direction du Col du Miracle, je ne suis pas vraiment inquiet. Il y a bien, dés le départ, un pin en travers du sentier mais je l'enjambe très facilement. 50 mètres plus loin, il y en a deux autres mais ceux-là je ne peux pas les enjamber et suis obligé de les contourner, assez facilement il est vrai. Puis, les pins et les sapins renversés en travers se succèdent. J'enjambe, contourne, passe parfois en dessous et quand je ne peux pas, par dessus. Je commence vraiment à galérer et mes membres sont déjà bien égratignés. Mais en y prêtant attention, je remarque que je ne suis pas le seul à être passer par là. Je vois parfaitement que les bas-côtés du sentier ont été piétinés car la terre est meuble aux endroits où un contournement était la seule alternative. Randonneurs, chasseurs, animaux ? Puis, d'un coup plus rien, plus d'arbres couchés sur plusieurs centaines de mètres. J'arrive au ravin du Pas des Vaques qui n'est ici qu'un petit ru où coule un mince filet d'eau sur un fond boueux. Avec un mouchoir en papier que je mouille au préalable, j'éponge toutes mes égratignures. Je traverse le ruisseau sans problème et poursuis mon chemin dans un sombre sous-bois, ce qui me convient très bien, car ça signifie que tous les arbres sont encore debout. Mais ça ne dure malheureusement pas et là, un peu plus loin, ça se complique car il n'y a pas de réel passage, et en tous cas aucune trace d'un franchissement antérieur. Quand je le peux, j'enjambe, mais quand les troncs sont trop hauts, je tente de passer dessous, mais parfois en vain car le problème avec les sapins, c'est qu'ils sont parfois partiellement déracinés et ont encore toutes leurs épaisses ramures. Et quand ils n'ont plus leurs ramilles, c'est encore pire car leurs branches sèches sont autant de poignards qu'il me faut éviter. Alors, je contourne, je descends, je monte tout en essayant de ne pas trop m'éloigner du chemin. Souvent, je suis contraint d'ôter mon sac à dos, qui, dans ce dédale, est un terrible handicap. Ouf ! J'ai réussi à franchir ce nouvel obstacle mais voilà que 150 mètres plus loin, il en apparaît une autre, aussi difficile que le précédent sinon plus.

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Au Puig des Lloses, les panonceaux sont nombreux et j'aperçois Prats-de-Mollo tout en bas, pourtant je vais me fourvoyer pendant plus de quatre heures dans cette forêt du Miracle ravagée par la terrible tempête Klaus. En vain. De cette forêt, je vais en ressortir meurtri, égratigné, ensanglanté et surtout brûlé des épaules aux chevilles pour être tombé dans de hautes orties ! De surcroît, je vais perdre mon appareil-photo, ce qui va m'obliger à retourner dans ce fatras pour le retrouver. 

Je suis fatigué et sanguinolent mais dans ma tête, je me dis que si j'en ai passé un, je peux en franchir d'autres. Je me dis aussi que les forestiers du coin doivent bien être conscients que le Tour du Vallespir est barré par tous ces arbres abattus et je suppose qu'ils ont commencé à déboiser en partant de Prats-de-Mollo et en remontant le sentier. Ce n'est pas possible, ce traquenard va bien finir par s'arrêter ! Je passe plus facilement ce nouveau barrage et arrive à un endroit où le sentier fait un angle droit près d'un piton rocheux en surplomb de Prats-de-Mollo. Ici, je prends conscience des dégâts considérables que la tempête Klaus a provoqué dans ce secteur mais j'arrive néanmoins à parcourir encore 500 mètres sans trop de difficultés avant de tomber sur une autre empreinte d'une forêt complètement ravagée. J'enjambe, je contourne, remonte et redescend sans trop me préoccuper du chemin qui a définitivement disparu dans cet amas incommensurable d'arbres brisés, de troncs fracassés, de branches amoncelées et de branchages empilés. Dans ma tête, j'espère surtout que ce nouveau sillon dévasté ne sera pas trop large et qu'une nouvelle fois, je pourrai le franchir. Par moment, j'arrive dans des impasses. Il m'est impossible de contourner, de passer dessous et malgré la hauteur où se trouvent les troncs, souvent à plus d'un mètre du sol, la seule solution reste de les enjamber. Je n'en suis pas à ma première enjambée mais cette fois, le tronc est-il un peu plus haut où est-ce la fatigue, toujours est-il, que droit sur le rondin, je me sens partir en arrière entraîné par le poids de mon sac. Un coup de reins pour me rétablir, mais ce coup de reins est bien trop puissant et voilà que je pars en avant ! J'ai beau mouliner l'espace avec mes bras pour tenter de tenir en équilibre mais c'est trop tard, mes mains ne rencontrent que le vide et en tous cas, rien où s'accrocher. Je pars en avant, je vais tomber et me rompre le cou dans ce monstrueux chaos, mais une dernière inspiration me donne l'intuition et le sursaut que plutôt que de tomber n'importe où et n'importe comment, il faut mieux que je me jette à un endroit choisi. Voilà, j'ai réussi, si je puis dire ! Je me retrouve planté au milieu d'un gros massif de ronces et de hautes orties. Mon genou gauche a malgré tout cogné fortement une grosse branche et je saigne abondamment. Mais ce n'est pas ça le plus douloureux, mais toutes ces petites brûlures d'orties qui, peu à peu, en partant des chevilles, semblent monter tout le long de mon corps, enflammant surtout mes jambes mais également mes bras. J'ai l'impression de flamber debout et malgré la douleur, je reste planté là au milieu de cette désolation, de ce néant. Je suis tout à coup comme tétanisé par l'angoisse. Mais je perçois que cette angoisse est arrivée de manière soudaine car jusqu'à présent, j'étais trop occupé à m'en sortir. Une fraction de quelques secondes, il me vient à l'esprit de sortir mon portable et d'appeler des secours. Mais en me retournant, et malgré cette complète désolation, je constate que ce n'est pas le néant absolu : à vol d'oiseau, je ne suis pas très loin d'une piste blanche et sableuse que je distingue en contrebas à quatre ou cinq cent mètres. Je discerne des voitures qui y circulent et aussi un mas. Et même si à cet instant précis, je voudrais être un oiseau, je n'en suis pas un ! Je me suis foutu tout seul dans cette " mouise " et il faut que j'en sorte tout seul aussi ! Mais faire cinq cent mètres dans cette dévastation, je sais à l'avance que c'est une impossible gageure.

La faute à Klaus Schümann

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je suis tombé par terre c'est la faute à Voltaire.

Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes exactement, j'ai hurlé :

Je suis tombé sur un os, c'est bien la faute à Klaus.

Le nez dans les gentianes, c'est la faute à Schümann.

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je ne suis pas notaire, c'est la faute à Voltaire.

Je suis petit oiseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes, j'ai crié :

J'ai chuté sur les lloses, c'est bien la faute à Klaus

J'ai brisé mes organes, c'est la faute à Schümann

 

Je voudrais faire un saut et atterrir à Prats-de-Mollo,

Je ne suis pas petit oiseau, c'est la faute à mon père !

Alors il me faut être costaud et que j'ai un sursaut !

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le 24 janvier 2009, la tempête Klaus a provoqué de considérables dégâts dans le Haut-Vallespir. En août, les plaies sont loin d'être toutes cicatrisées.

C'est donc décidé, je vais rebrousser chemin jusqu'au Puig des Lloses et descendre à Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles. La première chose à faire, c'est retrouver le sentier mais où peut-il bien être dans ce " labyrinthe " végétal trop urticant à mon goût. Seul mon GPS peut me le dire et il faut d'abord que je sorte de ce roncier qui m'enveloppe comme une toile d'araignée. D'ailleurs des araignées, il y en a pas mal ici et comme elles n'apprécient pas trop mon intrusion dans leur domaine réservé, elles me piquent elles aussi. Mais bon, je n'en suis plus à une piqûre près ! Seule solution, sortir par là où je suis arrivé, c'est-à-dire par le haut. Cette fois, j'ôte mon sac à dos, dont je vérifie au préalable toutes les fermetures et je l'envoie valdinguer par-dessus le tronc dont je viens de choir. Je me hisse sur le tronc et me mets carrément à cheval sur lui. Un point GPS me situe à une cinquantaine de mètres du chemin qui est vers le nord et pour moi vers le haut. Je récupère mon sac et poursuit ainsi mes divagations. Je jette mon sac, me hisse à nouveau, le récupère et ainsi de suite. Parfois, je jette mon sac un peu plus loin car j'arrive à jouer les équilibristes sur plusieurs troncs couchés de concert et ma progression s'accélère. Je vais mettre un gros quart d'heures pour retrouver le sentier et encore plus d'une heure pour rejoindre le Puig des Lloses. Quand je regarde ma montre, j'ai du mal à le croire : il est déjà 17 heures et voilà trois heures que je me fourvoie dans cette forêt du Miracle, la mal nommée. Il faut absolument que j'appelle l'hôtelier pour le prévenir que j'aurai du retard. De ce côté-là au moins je serais tranquille et quand je l'ai au bout du fil, effectivement il me rassure. J'ai réservé, j'ai payé et la chambre à l'hôtel Ausseil m'est complètement allouée quoi qu'il m'arrive. Mais s'il savait ce brave homme ce qu'il vient de m'arriver ! Mais n'en parlons plus, j'en suis sorti, même si c'est fourbu, écorché, entaillé, égratigné, brûlé et ensanglanté de la tête aux chevilles. Maintenant, le sentier qui descend vers le Col de Cavanelles au milieu des genêts et des hautes fougères est plutôt agréable et les panoramas sont suffisamment beaux pour que je me remette à prendre des photos. Mais où est mon appareil ? Il n'est pas dans une de mes poches et je ne me souviens pas l'avoir rangé dans mon sac ! Non, il était dans sa housse accrochée à ma ceinture et à ma ceinture, je n'ai plus rien désormais ! Le bouton-pression a dû s'ouvrir et je l'ai perdu ! Je suis désespéré car perdre mon appareil photo c'est comme si j'avais perdu la mémoire de ces trois premiers jours depuis Amélie-les-Bains. Pour moi, c'est inimaginable et il faut que je le retrouve. Sans trop réfléchir, je sors ma dernière gourde d'eau de mon sac à dos et je jette ce dernier dans les hauts genêts en m'assurant qu'on ne le voit pas depuis le chemin. Deux petites branches en forme de croix que je place au bord du sentier pour retrouver cet endroit et me voilà entrain de remonter le sentier, presque en courant, vers cet " enfer vert " où j'ai sans aucun doute perdu mon appareil. Où se trouvera-t-il ? Loin, près ? L'ai-je perdu quand je suis tombé de ce tronc plus haut que les autres ? S'est-il décroché dans le roncier ? Ou bien sous un tronc que j'ai franchi comme un tunnel ? Voilà les questions et bien d'autres qui grouillent dans ma tête alors que je me jette dans cette " impossible " quête. Vu l'heure et le temps que j'ai mis la première fois, il faut à la fois que je fasse vite mais sans pour autant négliger mes recherches. Ce serait idiot de passer à côté sans voir l'appareil par précipitation. L'absence du sac à dos m'aide considérablement mais au fond de moi, je sais que selon l'endroit où la housse est tombée de ma ceinture, c'est comme rechercher une minuscule aiguille dans une énorme botte de foin. Sans le sac mais avec une gourde à la main, je passe néanmoins tous les petits obstacles plus aisément, je traverse le ru du Pas des Vaques, je franchis le premier couloir de sapins anéantis avant que le sentier fasse un angle droit. Rien ! Il me reste encore un barrage à franchir avant ce virage et comme pour le précèdent, j'essaie de me souvenir par où je suis passé à l'aller mais aussi au retour. Et là, au moment où je me baisse pour passer sous les branches encore vertes d'un immense sapin déraciné, le miracle survient ! La petite housse avec mon numérique à l'intérieur est là au milieu du sentier sous la verte ramure. Ouf ! Ouf ! Ouf ! Je respire à pleins poumons. Quel soulagement. Je vérifie mon appareil que j'enfonce au plus profond de la poche de mon short et par sécurité supplémentaire, je referme celle-ci avec le Velcro consacré. Une fois encore, il ne me reste plus qu'à rebrousser chemin. Ce ne sera que la quatrième fois que j'emprunte cet itinéraire et si ça continue, je vais finir par en connaître le moindre recoin par coeur ! D'ailleurs, c'est le cas, car dans ma précipitation et alors que je me suis arrêté pour boire un coup, j'ai posé machinalement mon bob sur un rocher et je l'ai oublié. Mais je ne suis pas inquiet car je sais parfaitement où il se trouve.

Il est 18 heures quand je passe une nouvelle fois devant la panonceau " Puig des Lloses - 1.413 m - PR6B - Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles - 30 mn ".

A cet instant précis, je ne sais pas pourquoi, il me vient une abominable anxiété : Et si ce chemin, lui aussi, était impraticable, barré par une forêt saccagée ? Après tout, il n'y a pas d'autre chemin et le peu que j'en ai parcouru avant de retourner chercher mon appareil photo ne me laisse aucune certitude et ne me permet pas d'être rassuré. Après tout, Prats-de-Mollo que j'aperçois en bas est au moins à trois kilomètres à vol d'oiseau et il faut au bas mot compter au minimum le double par le chemin. Tout est encore possible ! Cette terrible angoisse, elle va soudain se transformer en une grosse boule au creux de mon estomac et elle va rester là, encore blotti pendant une heure et demie. Autant, j'ai été longtemps serein cet après-midi même au plus fort de mes élucubrations, autant maintenant je prends conscience que je peux ne pas arriver au bout de cette étape, en tous cas aujourd'hui. Mais je sais aussi que je n'ai pas le choix dans la direction à prendre et je continue. Je récupère mon sac. Les photos que j'avais voulu prendre tout à l'heure, je les prends maintenant. Mais j'avoue que je n'ai plus le cœur à ça ! J'ai toujours cette appréhension et ces questions qui fourmillent dans ma tête et je ne pense plus qu'à une chose : descendre, descendre, et descendre encore au plus vite vers Prats-de-Mollo. Comme prévu et sans problème, j'arrive au bout de 30 minutes à ce que je crois être le col de Cavanelles. A gauche, un grand champ en pente avec un large chemin qui le contourne, un autre chemin qui part droit devant moi et un autre qui part complètement à gauche. Je n'ai plus de tracé sur mon GPS et je ne vois plus le balisage jaune que j'ai entr'aperçu dans la descente. Je suis contraint de stopper pour regarder ma carte IGN. J'en profite pour manger et absorber un peu d'énergisant car je suis exténué. Le chemin qui part droit devant moi n'existe pas sur la carte. Ça m'étonne mais je l'oublie. Celui qui part à droite se termine dans un cul de sac. Je l'oublie aussi. Reste celui qui part à gauche et qui semble être le bon à la lecture de la carte. Je redémarre, c'est bon, j'aperçois un coup de peinture jaune sur le piquet d'une clôture. Je contourne ce lopin de terre que je voyais d'en haut. Le chemin continue de tourner, puis à mon étonnement, il se remet à nouveau à monter. Je suis éreinté et je n'en crois pas yeux quand je retrouve le petit pin sous lequel je viens de manger, il y a un instant. Je n'ai fait que tourner en rond autour de cette parcelle en friches. Mon téléphone sonne. C'est Dany. Elle demande de mes nouvelles. Je ne peux que lui dire bof ! Mais elle veut en savoir plus. Alors sans trop l'inquiéter, je lui raconte très brièvement mes mésaventures et lui explique que je ne suis plus sur le Tour du Vallespir, que je galère pour descendre sur Prats-de-Mollo et qu'il est primordial que je regarde très attentivement ma carte IGN. Je coupe en lui promettant de la rappeler dès que j'arrive à l'hôtel. Je redéploie ma carte et essaie de me situer par rapport au paysage que j'ai en face de moi. Je comprends que je ne suis pas au Col de Cavanelles mais près d'un endroit qui sur la carte s'appelle " La Segnora ". Il y a légèrement sur ma gauche le Puig Fabre (1.147 m), petit monticule débonnaire qui me rappelle étrangement ces petits volcans arrondis que l'on rencontre en Auvergne dans la chaîne des Puys.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.OSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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Avec une chance inouie, j'ai retrouvé mon appareil-photo, le plus gros de ma galère est terminé, mais je descends très anxieux vers Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles car je ne suis pas certain du chemin. Finalement, de ce col, j'aperçois le bourg et un chemin désormais très praticable y descend. Ma grosse boule au creux de l'estomac disparaît.

C'est par là qu'il me faut aller, car le chemin passe au pied de ce Puig, et là je comprends qu'en bas du champ en friches, il me faut partir complètement à gauche par une piste qui est parfaitement indiquée sur la carte. Je redescends, contourne à nouveau le petit lopin de terre jusqu'à un portail que je n'avais pas aperçu la première fois. Il y a bien une trace jaune sur ce portail et une piste qui démarre derrière. Je l'emprunte. Un peu plus loin, il y a un raccourci toujours balisé en jaune qui part à droite dans de hauts genêts, mais je le néglige car même si mon itinéraire est plus long, la piste me semble très empruntée par des véhicules, car il y a de nombreuses empreintes de pneus sur le sable. Et surtout, je sais que cette piste va me mener là où je veux. J'ai trop erré aujourd'hui pour prendre le moindre risque de me retrouver une nouvelle fois face à des arbres morts et couchés. Toujours cette boule à l'estomac ! La piste fait maintenant une grande boucle et descend j'en suis certain vers le Col de Cavanelles. Dans cette descente, j'ai le bonheur de tomber sur une baignoire qui sert d'abreuvoir aux animaux et de mare improvisée aux têtards. D'un gros tuyau en PVC, il y coule une eau fraîche et claire et je peux ainsi me rafraîchir et surtout nettoyer toutes ces plaies et égratignures d'où des écoulements de sang ont ruisselé mais ont séché depuis. Au fond de moi, je me dis que sans toutes ces traces d'hémoglobine sur la peau, je serais un peu plus présentable pour arriver à l'hôtel ! Mais si après ce nettoyage, j'ai retrouvé un peu de mon " prestige ", cette eau glacée a l'effet désastreux de réveiller toutes ces brûlures d'orties. Elles n'étaient pas tout à fait endormies mais elles sommeillaient et les douleurs s'étaient bien atténuées. D'ailleurs, quand je regarde mes bras et mes jambes, mais mes jambes surtout, elles sont recouvertes presque intégralement de petites boursouflures rouges. Je sais que dans ma pharmacie, je n'ai aucun médicament, aucune pommade, pour tempérer cet urticaire. Je repars et cinq minutes plus tard, j'arrive au Col de Cavanelles. Il est 19h15. Ici la piste continue mais un panonceau indique une sente qui part à droite : " Col de Cavanelles - 1.050 m- PR6- Prats-de-Mollo par le Fort Lagarde 40mn ". Je compulse à nouveau ma carte car je me méfie désormais de tous les raccourcis. Mais celui-là est bon quand je constate qu'il ne descend que dans un environnement rocheux. Je sais que c'est gagné et la boule au creux de mon estomac disparaît comme par enchantement.

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Du col de Cavanelles, je distingue la Tour de Mir, une autre difficulté de ce Tour du Vallespir, le Pic de Costabonne, le Roc Colom où le Tech prend sa source et le château Lagarde que je rejoins 40 minutes plus tard. Du château, j'ai une belle vue sur la vallée du Tech, sur Prats-de-Mollo et son riche patrimoine historique. 

Dans cette descente rocailleuse, je me remets à faire quelques photos : de Prats-de-Mollo bien sûr, la cité est encore loin mais je sais qu'elle se rapproche à chacun de mes pas, de la citadelle du Fort Lagarde construite par Vauban en surplomb de la ville et de la Tour de Mir juchée sur un piton rocheux au milieu d'une ténébreuse forêt qui me fait face. Cette tour, je la connais pour y être monter à de multiples reprises. Je la prends en photo, mais à vrai dire je ne veux pas trop la regarder car il va me falloir la gravir demain. Et pourquoi le cacher, j'appréhende déjà car la forêt constituera l'essentiel de cette étape. J'ai mis 30 minutes pour arriver au Fort Lagarde au lieu des 40 qu'annonçait le dernier panneau indicatif. Je prends des photos du fort et de la ville dont le clocher carré qui domine l'église Sainte-Juste et Sainte-Ruffine perfore le panorama. Mais ce ne sont que de simples clichés, juste des souvenirs. Il est 20 heures 15 quand j'entre dans la cité. Voilà 12 heures que je suis sur les chemins. Pour combien de kilomètres parcourus ? Je suis incapable de le dire ! Alors faut-il que je l'avoue, sur la fin, la vigueur m'a manqué pour apprécier tout ce patrimoine historique à sa juste valeur ! Cette étape qui était la plus  courte est en fin de compte devenue la plus difficile depuis mon départ. 

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13 heures sur les chemins, quand j'entre dans Prats-de-Mollo, je suis fatigué et meurtri par cette très longue journée de marche éprouvante et mémorable. C'est au pas de course que j'ai traversé le fort Lagarde construit par Vauban. Je n'en ai pris simplement que quelques photos sans aucune conviction mais pour le simple plaisir de les inscrire dans mon souvenir et surtout pour le réel bonheur d'avoir retrouvé mon appareil photo dans la forêt du Miracle. Cette forêt porte-t-elle bien son nom ? Moi, en tout cas, je reste indécis entre la galère que j'ai vécue pendant 4 heures et le fait d'en être sorti à peu près indemne et pour terminer avec mon appareil photo dans la poche ! Un rescapé lui aussi !

Alors, ce qui m'importe maintenant, c'est de me retrouver au plus vite à l'hôtel. Aussi quand j'arrive sur la place du Foirail, je m'empresse de demander à une dame la direction de l'hôtel Ausseil et gentiment elle m'indique du doigt une grande porte fortifiée au milieu des remparts et me précise que l'hôtel est situé juste une rue après. Je passe sous le porche, arrive sur une autre place et comme je me souviens du nom de cette place " Josep de la Trinxeria ", je sais que l'hôtel est là. Mais la place est bondée de touristes et occupée par les deux restaurants qui y ont largement installés leurs tables et leurs chaises. La place Josep de la Trinxeria est en réalité une immense terrasse pour les deux restaurants mitoyens et quand je demande l'hôtel Ausseil à un garçon de table, il me réponds simplement : vous y êtes ! Au milieu des tables et devant des clients certainement interloqués par mon " look " de randonneur anéanti, je tente en vain de m'expliquer dans un brouhaha inextricable. On ne s'entend pas ici me dit-il. Suivez-moi ! La salle intérieure du restaurant est vide et je peux enfin m'exprimer :

- Je suis Monsieur Jullien, j'ai réservé une chambre. Montrez-la moi que je puisse au plus vite prendre une douche.

- Oui, je crois que vous en avez besoin, me réponds-il avec un petit sourire narquois et en me tendant une clé et en rajoutant : c'est la chambre 7 au deuxième étage.

- Puis-je manger après ? lui dis-je.

- Oui, mais ça ne sera peut-être pas en terrasse car tout est plein me réponds-il.

- Peu m'importe !

Malgré les escaliers qu'il me faut encore escalader, je m'empresse de monter dans la chambre. Avant toute chose, je me déshabille et me jette sous une douche chaude. J'ai bien essayé d'abord l'eau froide mais ce fut un supplice insupportable. Je n'ai pas insisté car à nouveau les brûlures se sont réveillées de manière presque insoutenable. J'ai appelé Dany pour la rassurer et l'embrasser mais sans trop m'étendre sur tous les déboires que j'avais endurés au court de cette mémorable journée. Les hauteurs du Vallespir ont été sacrément âpres aujourd'hui. Encore plus âpres que je ne l'avais imaginé ! C'est sûr maintenant, le titre de mon aventure " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " ne sera pas galvaudé.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.oSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Une ruelle à Prats-de-Mollo et le clocher de l'église Saintes Juste et Ruffine.

ÂPRE EST CE VALLESPIR…… 

 

Âpre est ce Vallespir que je veux cheminer.

Dure est la Tour de Mir quand il faut y grimper.

Je ne fais que grandir sur ces crêtes boisées,

Les sources ont à jaillir pour combler les fossés.

 

Âpre est ce Vallespir que je veux affronter.

Dur est le déplaisir lorsque l'on veut marcher.

Et si mes pas délirent, rien ne peut m'arrêter,

Sauf les pins, ces martyrs que le vent a couché.

 

Âpre est ce Vallespir, je veux le proclamer.

Dur mon sang à tarir, je ne suis que touché.

Et ce pourpre élixir, il ne fait que couler,

Mon corps prêt à bondir sur les chemins dallés.

 

Âpre est ce Vallespir que j'ai pourtant aimé.

Dures ces lloses, ces porphyres où j'ai pourtant chuté.

Et si ma tête chavire, je n'vais pas m'écrouler,

Sur ces frêles sentiers, dans ces prés parfumés.

 

Âpre est ce Vallespir où il faut s'arrêter.

Dur est le point de mire où il faut arriver.

Et si mon cœur soupire alors qu'il est blessé,

Mon amour viens vers moi , toi seul peut l'apaiser.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le lendemain matin, la Tour de Mir me nargue de ces 1.540 mètres d'altitude. Elle se trouve sur le tracé du Tour du Vallespir. Vais-je l'affronter ?

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la forêt ravagée par la tempête Klaus pour passer à l'étape suivante

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo 15 kms.

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.3eme étape : Mercredi 19 août 2009.

Saint-Guillem (1.287 m)-Prats-de-Mollo (753 m) 15 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

Nous nous aventurâmes jusqu'au village de Prats-de-Mollo. J'avoue que je préférai les bocages de la plaine à ces grandes montagnes couvertes de chênes verts et qui semblent plus faites pour abriter des bandits, que pour assurer le couvert à des honnêtes gens. Extrait de l'essai " Voyage en France en 1787, 1788, 1789 ". Arthur Young (1741-1820) agriculteur, agronome et écrivain britannique.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.LA FAUTE A KLAUS :

Malgré cette anxiété que j'ai eu hier soir, j'ai fini par m'assoupir. Quand j'y repense, je constate que c'était plutôt une appréhension momentanée qu'une vraie obsession. Puis vers minuit, j'ai été réveillé par un bruit. C'était comme le bruit d'un grattement. Mais une fois éveillé, je me suis aperçu qu'un autre bruit venait du volet d'un petit vasistas qui était resté ouvert et qui grinçait sous une légère brise nocturne. A la faible clarté de ma lampe frontale, je n'ai rien observé qui correspondait au grattement qui m'avait réveillé. Par contre, le rayon plus large que ma lampe projetait contre le mur du refuge me fit remarquer qu'il manquait une grosse pierre à 15 centimètres de ma paillasse. Au fond de ce trou ainsi constitué, il y avait un nid de souris fait d'une bourre blanche, de poils et de fibres diverses. Mais de souris, il n'y en avait point ! Est-ce elle qui grattait avant que je ne me réveille ? Avait-elle eu le temps de décamper avant que je n'éclaire la lampe ? Pour ne plus être embêté par ce grincement lugubre et ces grattements désagréables, je pris les sages résolutions de fermer le vasistas et de déménager ma litière à l'autre bout du bat-flanc. Puis, j'ai profité de ce réveil fortuit pour partir uriner dehors. Le ciel tout entier était étoilé et une belle voie lactée blanchissait le firmament au dessus de la chapelle de l'ermitage. La nuit était douce et quasi silencieuse. Seule une petite brise, frissonnant les feuilles, tentait sans succès de rompre cette quiétude. Comme j'appréciais pleinement l'instant présent, cette sérénité, cette paix secrète et intime, loin du monde bruyant et trop insociable que j'avais quitté, je suis resté de longues minutes sur le pas de la porte, les yeux levés vers le ciel et l'ermitage qui se découpait, à écouter ce silence avant de partir me recoucher. Une fois encore, cette nuit-là fut bénéfique et, à mon grand étonnement, je n'ai ressenti à mon réveil aucune contracture musculaire, ni aucune douleur, malgré les deux longues étapes déjà accomplies et la rusticité du couchage qui ne m'avait pas empêché de dormir profondément.

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Quand je quitte Saint-Guillem, vers le sud, le jour est déjà levé mais le hameau est encore dans la pénombre. Ici les panneaux sont on ne peut plus clairs mais mal placés et je vais me tromper avant de me raviser et de reprendre le bon chemin.

Il est 7 heures. Vers le sud, le jour est déjà levé mais Saint-Guillem de Combret, blotti au fond du vallon de Coumelade, est encore dans une obscure nébulosité. Bloqués par les hauts monts environnants, les rayons du soleil mettront encore plus d'une heure avant d'éclairer complètement le minuscule hameau. Je déjeune de deux gâteaux de riz vite expédiés et d'une grande gorgée d'eau et range tranquillement mes affaires et mon sac à dos en prêtant attention à ne rien oublier dans le refuge. Il est 8 heures quand je démarre avec ma trousse de toilettes, mon gant et ma serviette à la main. Je sais qu'il y a dans le hameau, non loin d'ici, une auge ou plutôt un vieux lavoir dans lequel, par un tuyau de PVC, s'écoule une eau de source cristalline. J'ai bien l'intention de me raser et de faire un brin de toilettes car j'ai la désagréable sensation de me sentir sale et poussiéreux. Je mets un quart d'heure pour me laver et tenter de parfaire ma présentation. Mais j'ai le sentiment que l'eau glacée a eu un seul effet non négligeable sur mon organisme, celui de lui assener un " claquant " coup de fouet qui me permet de démarrer cette étape dans d'excellentes conditions. Je profite pour remplir mes deux gourdes et mon camelback d'une eau fraîche et renouvelée.

La large piste s'élève rapidement au dessus de l'ermitage. Sur ma droite, là même où hier après-midi j'ai galéré, la tempête Klaus a laissé un immense chantier de désolation dans cette forêt qui était pourtant magnifique. Par contre, en face de moi, les flancs du Puig dels Sarraïs (1.830 m) et du col de Serre-Vernet (1.808m) que je dois cheminer semblent moins meurtris. Il y a bien deci delà, quelques cicatrices, quelques sillons d'immenses résineux couchés, mais rien de bien inquiétant, en tous cas vu d'ici.

Quelques minutes plus tard, et alors que je m'apprête à poursuivre la piste, je remarque inopinément sur ma droite un panonceau qui semble m'indiquer Prats-de-Mollo et le col de Serre-Vernet par un autre chemin qui s'enfonce dans la forêt. Et je commets là une nouvelle erreur en ne sortant pas immédiatement mon GPS. Quand je le sors, c'est bien trop tard, car mon GPS ne capte plus aucun satellite masqué qu'il est au fond de ce sous-bois touffu. Deuxième erreur, je ne sors pas ma carte non plus, tranquillisé, il est vrai, par ce rassurant panneau. Et quand je sors ma carte, c'est encore beaucoup trop tard car j'ai marché ainsi une " bonne " demi-heure jusqu'à m'inquiéter de ne plus rencontrer le balisage jaune et rouge qui était pourtant bien visible jusqu'à présent. Au regard de la carte, je me rends à l'évidence, je me suis trompé, une fois de plus. Quitte à avoir perdu une heure, je décide de faire demi-tour car ce chemin qui zigzague toujours en forêt sans aucun balisage apparent me trouble et ne m'amènera nulle part et en tous cas pas où je dois aller.

Quand je retrouve la piste et le panonceau, selon moi, très mal placé à cet endroit, j'ai effectivement perdu une heure. Je m'avance sur la piste et quelques dizaines de mètres plus loin, j'aperçois effectivement les marques de peinture jaune et rouge propres au GRP du Vallespir. Je poursuis la piste et enjambe le fougueux torrent de Coumelade par un large pont bétonné. Peu après, la piste se sépare en deux, mais le balisage est ici parfait et m'oriente vers la droite. Plutôt plane au début, maintenant la piste monte allégrement, effectue deux larges courbes, avant d'atteindre le col Baxo à 1.473 mètres. Au fond de ce petit col herbeux, un nouveau panneau sollicite un départ à gauche. Ici une minuscule sente, encadrée d'une clôture, est barrée d'un petit portail qui est là pour empêcher les bovins de passer mais pas les randonneurs. Sans trop m'en apercevoir, et malgré l'heure perdue, j'ai déjà fait 190 mètres de dénivelé sur les 521 que je dois accomplir pour atteindre les 1.808 mètres du Col de Serre-Vernet. C'est bien sûr encourageant, mais j'évite de trop penser aux 331 mètres restant sur les trois kilomètres d'ascension qui doivent m'amener au pinacle de ce tour du Vallespir.

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J'ai quitté Saint-Guillem par un chemin qui enjambe la rivière Coumelade. Parfaitement balisé, il s'élève rapidement par le col Baxo, file à travers des bois touffus où coulent quelques petits ruisseaux. Mais parfois le chemin se transforme en balcon et j'ai le bonheur d'être en surplomb de superbes paysages. Saint-Guillem est déjà très loin.

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Ce chemin parfois en balcon me laisse entrevoir Saint-Guillem que j'ai quitté ce matin. On aperçoit les bois saccagés par la tempête Klaus. Celui au dessus du hameau où j'ai galéré hier lors de mon arrivée et celui en dessous du refuge où se trouve un bel arboretum avec notamment quelques séquioas.

 Malgré le dénivelé, le petit chemin est changeant et agréable. Cheminant le plus souvent en sous-bois et recouvert d'un épais tapis de feuilles mortes, il coupe quelques ruisseaux, affluents de la Coumelade et monte rectiligne offrant quelquefois de magnifiques vues vers le sud mais surtout sur Saint-Guillem et tout le Bassin de Coumelade. Puis soudain, il bifurque dans le sens opposé en direction du Col de Serre-Vernet dans un bois de petits pins chétifs. Il n'est pas tout à fait midi quand j'arrive au col, point culminant de ce périple avec ses 1.808 mètres

Vaste pré herbeux entouré de pins et de sapins, il semble être le paradis pour nombre de génisses et de vaches blanches indolentes. La plupart sont affalées sur la verte prairie et même mon passage laisse indifférent tous ces bovins, qui repus, ne tournent même pas la tête quand je m'approche d'eux. Ici, les panoramas à 360° sont splendides de tous côtés. De nombreux hauts sommets et de nouveaux pics apparaissent, de nombreuses crêtes composent l'horizon : la Crête des Sept Hommes (2.651m), le Pla Guillem (2.301m), les Roques Blanches (2.252m), les Esquerdes de Rotja (2.316m), le Roc Colom (2.507m) et le Pic de Costabonne (2.465m) pour ne citer que les crêtes les plus connues et les plus attractives. Mais il y aussi de profonds ravins et surtout cette immense et épaisse forêt domaniale qui n'en finit plus de s'étendre sur ce magnifique Haut-Vallespir. Ici, il y a aussi un panneau, mais il ne sert plus à rien car il gît à terre et n'indique plus aucune direction. Je le redresse et essaie en vain de retrouver son emplacement originel. De dépit, je le pose contre un petit pin dans la position qui me semble la plus appropriée avec St Guillem dans la direction d'où je viens. A l'aide d'un bout de ficelle que j'ai trouvé sur la pelouse, j'ai beau l'attacher avec bons sens à une branche du pin, je ne suis guère plus avancé quand à la direction à prendre pour me rendre à Prats-de-Mollo.

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J'arrive au col de Serre Vernet. A 1.808 mètres, c'est le point culminant de mon périple. Les paysages sur le très Haut-Vallespir sont superbes de tous côtés. Ce col est aussi le paradis de vaches et des génisses. Le panonceau indicatif gît à terre, je le redresse et l'attache à un pin mais je ne suis pas plus avançé quant à la direction à prendre pour aller à Prats. Heureusement j'ai mon GPS !

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J'effraie un petit veau puis je m'arrête pour déjeuner dans cet éboulis qui descend très raide du Puig dels Sarraïs vers la vallée de la Parcigoule. Je ne peux trouver plus beau spectacle ! Mais la descente est loin d'être finie, je dois encore atteindre deux cols, celui de la Collade d'En Mandoulé et le col de Coumeille, petit pré verdâtre que j'aperçois tout en bas.

Mais heureusement, ma carte IGN est là et mon GPS aussi et à force d'avancer dans différentes directions vers le sud, je finis par trouver le bon itinéraire qui file sur le pré puis contourne quelques rochers. Il est midi et j'ai faim, mais comme la suite de l'étape est essentiellement faite de descentes, je prends la décision de continuer un peu pour m'offrir comme hors d'oeuvre un splendide panorama dégagé. Cette sente allie pelouses, petits bois de pins et de feuillus mais aussi rocailles et rochers plus ou moins gros. Mais il y aussi de nombreux et bas genévriers derrière lesquels quelques veaux ruminent leur fourrage. L'un d'entre eux peut se vanter de m'avoir fait une belle frayeur et tressaillir quand il a débouché devant moi alors que je marchai dans un silence de cathédrale. Mais je suppose que lui aussi, il a du avoir une peur " bleue " ! En contournant maintenant le rocailleux Puig dels Sarraïs, le chemin n'est désormais plus qu'amoncellement de blocs déchiquetés et gros pierriers escarpés. Je redouble de vigilance pour éviter toute chute qui, ici, serait catastrophique pour de pas dire fatale. Il est temps que je m'arrête pour déjeuner car je ne trouverai pas meilleur belvédère que ces éboulis, bien exposés au soleil, qui descendent raides vers le vallon de la Parcigoule. Il n'y a plus aucun obstacle devant moi et je déguste à la fois ma salade et ce magnifique spectacle. Assis sur une grosse pierre plate bien chaude et adossé à une autre, j'ai trouvé, dans de ce fauteuil improvisé mais un peu dur il est vrai, une terrasse peu confortable pour mes fesses mais idéale pour mes yeux.

D'ici, je jouis d'un panorama exceptionnel sur le Bassin de la Parcigoule mais aussi sur une immense partie de ce Haut-Vallespir que je suis venu découvrir. C'est d'ailleurs en mangeant dans ce gros pierrier que j'ai imaginé le titre de mon voyage et de ce récit : " Sur les hauteurs d'une vallée âpre ".

Après trois jours de marche, et à cet instant précis, il me semblait qu'aucun autre endroit traversé ne méritait plus ce terme de " âpre " que cet immense magma rocheux. Dans cet éboulis, les aspérités ne manquent pas et l'âpreté, je la touche à chaque instant. Le déroulement imminent de ce Tour du Vallespir me montra malheureusement et très vite que je n'avais pas encore tout connu de cette légendaire âpreté. Quand je repars, la sente, où du moins ce que j'en devine grâce à un balisage abondant et précis, se complique sacrément en étant toujours très rocheuse mais en devenant encore plus abrupte. Pour éviter toute chute, je m'applique à poser mes pieds sur des pierres stables et quand les marches sont trop hautes à descendre, je m'aide autant de mes mains que de mes pieds.

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J'en ai fini avec la longue descente le long du flanc pierreux du Puig dels Sarraïs. Au col de Coumeille, une étrange croix gravée dans la pierre et le pic de Granarols que le chemin contourne au milieu d'une jolie pelouse jonchée de carlines blanches pour se diriger vers un autre puig , celui des Lloses. Ce puig, je vais m'en souvenir très longtemps !

Après un premier petit col herbeux, la Collade d'En Mandoulé sur la carte, la descente abrupte continue mais la sente moins rocailleuse mais plus terreuse devient plus facile jusqu'au Col de Coumeille (1.566m). Ce collet, petite prairie vert clair, encadrée par le Puig dels Sarraïs et le Pic de Granarols (1.690m) je l'ai entrevu dès le début de la descente du col de Serre-Vernet et depuis je languis de l'atteindre tant mon appréhension d'une mauvaise chute dans ce champ de pierres est ancrée dans ma tête. Aussi, je suis si soulagé en l'atteignant que la première chose est de déposer mon sac à dos et de m'allonger les bras en croix sur ce vert herbage. Mais, à cet endroit, je ne suis pas le seul à avoir fait une croix, un autre chemineau a cru utile d'en graver une dans la pierre, moins éphémère que la mienne. Au regard de son usure générale, des vieilles mousses et de l'érosion de petits conglomérats dans son cadre, cette croix me paraît très ancienne. Depuis quand était-elle là ? Je ne suis pas un spécialiste ni de l'archéologie ni de la géologie mais pour l'avoir lu, je sais que le Vallespir a été occupé bien avant le néolithique, époque où l'homme a vraiment commencé à maîtriser le polissage et la sculpture de la pierre. Alors cette croix, est-ce vraiment une croix ancienne ou une cupule comme celles que les hommes préhistoriques ont laissés gravés un peu partout dans le département ? Quelle âge a-t-elle cette gravure ? 5000 ans, 8000 ans, 10000 ans ? Est-elle plus récente et liée au christianisme ? Ou bien a-t-elle été sculpté par un preux et inventif chevalier en partance pour une croisade ? Comme toujours en pareil cas, j'en prends une photo avec l'idée de l'exposer dans mon futur récit à la fois pour l'agrémenter mais aussi avec le secret espoir que cette photo pourra être vue par de vrais spécialistes qui pourront ainsi et sans doute répondre à nombre de mes interrogations.

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L'étrange croix photographiée au col de Coumeille. Je suis preneur, si quelqu'un a des réponses aux questions que je me pose au sujet de cette croix ?

Au col de Coumeille, le chemin contourne le Pic de Granarols pour arriver au Puig des Lloses (1.413m). Ici, le sentier tout en pente douce et très praticable est un réel plaisir. Atteindre ce nouvel objectif n'est cette fois qu'une simple formalité. Il est 14 heures tapantes quand j'arrive au Puig des Lloses. Les panneaux directionnels y sont au nombre de trois : " 1- Le Tour du Vallespir vers Saint-Guillem, à savoir l'itinéraire que je viens de parcourir, 2-Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles, col situé à 30 minutes et bien sûr, 3 Prats-de-Mollo par le GRP Tour du Vallespir que je dois suivre pour respecter le tracé de mon GPS et celui de topo-guide de Georges Véron. Le Puig des Lloses ressemble plutôt à un petit collet avec un replat d'où l'on a une vue plongeante sur Prats-de-Mollo. Ici, je retrouve une flore que j'avais perdue de vue depuis le col de Formentere, faite de sorbiers des oiseleurs, de maigres genêts, de rachitiques genévriers et toujours ces bas massifs de bruyères roses que je côtoie depuis mon départ. Mais une chose me surprend sans trop m'inquiéter sur l'instant, ce sont ces petits amoncellements de branchages cassés dont on voit très bien qu'ils ont été laissés là en l'état depuis la tempête Klaus. Quand à Prats-de-Mollo, d'ici, la cité n'est visible que parce qu'une multitude de grands sapins ont été étêtés ou fracassés sur un vaste périmètre. Mais quand je poursuis la sente du Tour du Vallespir en direction du Col du Miracle, je ne suis pas vraiment inquiet. Il y a bien, dés le départ, un pin en travers du sentier mais je l'enjambe très facilement. 50 mètres plus loin, il y en a deux autres mais ceux-là je ne peux pas les enjamber et suis obligé de les contourner, assez facilement il est vrai. Puis, les pins et les sapins renversés en travers se succèdent. J'enjambe, contourne, passe parfois en dessous et quand je ne peux pas, par dessus. Je commence vraiment à galérer et mes membres sont déjà bien égratignés. Mais en y prêtant attention, je remarque que je ne suis pas le seul à être passer par là. Je vois parfaitement que les bas-côtés du sentier ont été piétinés car la terre est meuble aux endroits où un contournement était la seule alternative. Randonneurs, chasseurs, animaux ? Puis, d'un coup plus rien, plus d'arbres couchés sur plusieurs centaines de mètres. J'arrive au ravin du Pas des Vaques qui n'est ici qu'un petit ru où coule un mince filet d'eau sur un fond boueux. Avec un mouchoir en papier que je mouille au préalable, j'éponge toutes mes égratignures. Je traverse le ruisseau sans problème et poursuis mon chemin dans un sombre sous-bois, ce qui me convient très bien, car ça signifie que tous les arbres sont encore debout. Mais ça ne dure malheureusement pas et là, un peu plus loin, ça se complique car il n'y a pas de réel passage, et en tous cas aucune trace d'un franchissement antérieur. Quand je le peux, j'enjambe, mais quand les troncs sont trop hauts, je tente de passer dessous, mais parfois en vain car le problème avec les sapins, c'est qu'ils sont parfois partiellement déracinés et ont encore toutes leurs épaisses ramures. Et quand ils n'ont plus leurs ramilles, c'est encore pire car leurs branches sèches sont autant de poignards qu'il me faut éviter. Alors, je contourne, je descends, je monte tout en essayant de ne pas trop m'éloigner du chemin. Souvent, je suis contraint d'ôter mon sac à dos, qui, dans ce dédale, est un terrible handicap. Ouf ! J'ai réussi à franchir ce nouvel obstacle mais voilà que 150 mètres plus loin, il en apparaît une autre, aussi difficile que le précédent sinon plus.

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Au Puig des Lloses, les panonceaux sont nombreux et j'aperçois Prats-de-Mollo tout en bas, pourtant je vais me fourvoyer pendant plus de quatre heures dans cette forêt du Miracle ravagée par la terrible tempête Klaus. En vain. De cette forêt, je vais en ressortir meurtri, égratigné, ensanglanté et surtout brûlé des épaules aux chevilles pour être tombé dans de hautes orties ! De surcroît, je vais perdre mon appareil-photo, ce qui va m'obliger à retourner dans ce fatras pour le retrouver. 

Je suis fatigué et sanguinolent mais dans ma tête, je me dis que si j'en ai passé un, je peux en franchir d'autres. Je me dis aussi que les forestiers du coin doivent bien être conscients que le Tour du Vallespir est barré par tous ces arbres abattus et je suppose qu'ils ont commencé à déboiser en partant de Prats-de-Mollo et en remontant le sentier. Ce n'est pas possible, ce traquenard va bien finir par s'arrêter ! Je passe plus facilement ce nouveau barrage et arrive à un endroit où le sentier fait un angle droit près d'un piton rocheux en surplomb de Prats-de-Mollo. Ici, je prends conscience des dégâts considérables que la tempête Klaus a provoqué dans ce secteur mais j'arrive néanmoins à parcourir encore 500 mètres sans trop de difficultés avant de tomber sur une autre empreinte d'une forêt complètement ravagée. J'enjambe, je contourne, remonte et redescend sans trop me préoccuper du chemin qui a définitivement disparu dans cet amas incommensurable d'arbres brisés, de troncs fracassés, de branches amoncelées et de branchages empilés. Dans ma tête, j'espère surtout que ce nouveau sillon dévasté ne sera pas trop large et qu'une nouvelle fois, je pourrai le franchir. Par moment, j'arrive dans des impasses. Il m'est impossible de contourner, de passer dessous et malgré la hauteur où se trouvent les troncs, souvent à plus d'un mètre du sol, la seule solution reste de les enjamber. Je n'en suis pas à ma première enjambée mais cette fois, le tronc est-il un peu plus haut où est-ce la fatigue, toujours est-il, que droit sur le rondin, je me sens partir en arrière entraîné par le poids de mon sac. Un coup de reins pour me rétablir, mais ce coup de reins est bien trop puissant et voilà que je pars en avant ! J'ai beau mouliner l'espace avec mes bras pour tenter de tenir en équilibre mais c'est trop tard, mes mains ne rencontrent que le vide et en tous cas, rien où s'accrocher. Je pars en avant, je vais tomber et me rompre le cou dans ce monstrueux chaos, mais une dernière inspiration me donne l'intuition et le sursaut que plutôt que de tomber n'importe où et n'importe comment, il faut mieux que je me jette à un endroit choisi. Voilà, j'ai réussi, si je puis dire ! Je me retrouve planté au milieu d'un gros massif de ronces et de hautes orties. Mon genou gauche a malgré tout cogné fortement une grosse branche et je saigne abondamment. Mais ce n'est pas ça le plus douloureux, mais toutes ces petites brûlures d'orties qui, peu à peu, en partant des chevilles, semblent monter tout le long de mon corps, enflammant surtout mes jambes mais également mes bras. J'ai l'impression de flamber debout et malgré la douleur, je reste planté là au milieu de cette désolation, de ce néant. Je suis tout à coup comme tétanisé par l'angoisse. Mais je perçois que cette angoisse est arrivée de manière soudaine car jusqu'à présent, j'étais trop occupé à m'en sortir. Une fraction de quelques secondes, il me vient à l'esprit de sortir mon portable et d'appeler des secours. Mais en me retournant, et malgré cette complète désolation, je constate que ce n'est pas le néant absolu : à vol d'oiseau, je ne suis pas très loin d'une piste blanche et sableuse que je distingue en contrebas à quatre ou cinq cent mètres. Je discerne des voitures qui y circulent et aussi un mas. Et même si à cet instant précis, je voudrais être un oiseau, je n'en suis pas un ! Je me suis foutu tout seul dans cette " mouise " et il faut que j'en sorte tout seul aussi ! Mais faire cinq cent mètres dans cette dévastation, je sais à l'avance que c'est une impossible gageure.

La faute à Klaus Schümann

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je suis tombé par terre c'est la faute à Voltaire.

Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes exactement, j'ai hurlé :

Je suis tombé sur un os, c'est bien la faute à Klaus.

Le nez dans les gentianes, c'est la faute à Schümann.

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je ne suis pas notaire, c'est la faute à Voltaire.

Je suis petit oiseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes, j'ai crié :

J'ai chuté sur les lloses, c'est bien la faute à Klaus

J'ai brisé mes organes, c'est la faute à Schümann

 

Je voudrais faire un saut et atterrir à Prats-de-Mollo,

Je ne suis pas petit oiseau, c'est la faute à mon père !

Alors il me faut être costaud et que j'ai un sursaut !

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le 24 janvier 2009, la tempête Klaus a provoqué de considérables dégâts dans le Haut-Vallespir. En août, les plaies sont loin d'être toutes cicatrisées.

C'est donc décidé, je vais rebrousser chemin jusqu'au Puig des Lloses et descendre à Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles. La première chose à faire, c'est retrouver le sentier mais où peut-il bien être dans ce " labyrinthe " végétal trop urticant à mon goût. Seul mon GPS peut me le dire et il faut d'abord que je sorte de ce roncier qui m'enveloppe comme une toile d'araignée. D'ailleurs des araignées, il y en a pas mal ici et comme elles n'apprécient pas trop mon intrusion dans leur domaine réservé, elles me piquent elles aussi. Mais bon, je n'en suis plus à une piqûre près ! Seule solution, sortir par là où je suis arrivé, c'est-à-dire par le haut. Cette fois, j'ôte mon sac à dos, dont je vérifie au préalable toutes les fermetures et je l'envoie valdinguer par-dessus le tronc dont je viens de choir. Je me hisse sur le tronc et me mets carrément à cheval sur lui. Un point GPS me situe à une cinquantaine de mètres du chemin qui est vers le nord et pour moi vers le haut. Je récupère mon sac et poursuit ainsi mes divagations. Je jette mon sac, me hisse à nouveau, le récupère et ainsi de suite. Parfois, je jette mon sac un peu plus loin car j'arrive à jouer les équilibristes sur plusieurs troncs couchés de concert et ma progression s'accélère. Je vais mettre un gros quart d'heures pour retrouver le sentier et encore plus d'une heure pour rejoindre le Puig des Lloses. Quand je regarde ma montre, j'ai du mal à le croire : il est déjà 17 heures et voilà trois heures que je me fourvoie dans cette forêt du Miracle, la mal nommée. Il faut absolument que j'appelle l'hôtelier pour le prévenir que j'aurai du retard. De ce côté-là au moins je serais tranquille et quand je l'ai au bout du fil, effectivement il me rassure. J'ai réservé, j'ai payé et la chambre à l'hôtel Ausseil m'est complètement allouée quoi qu'il m'arrive. Mais s'il savait ce brave homme ce qu'il vient de m'arriver ! Mais n'en parlons plus, j'en suis sorti, même si c'est fourbu, écorché, entaillé, égratigné, brûlé et ensanglanté de la tête aux chevilles. Maintenant, le sentier qui descend vers le Col de Cavanelles au milieu des genêts et des hautes fougères est plutôt agréable et les panoramas sont suffisamment beaux pour que je me remette à prendre des photos. Mais où est mon appareil ? Il n'est pas dans une de mes poches et je ne me souviens pas l'avoir rangé dans mon sac ! Non, il était dans sa housse accrochée à ma ceinture et à ma ceinture, je n'ai plus rien désormais ! Le bouton-pression a dû s'ouvrir et je l'ai perdu ! Je suis désespéré car perdre mon appareil photo c'est comme si j'avais perdu la mémoire de ces trois premiers jours depuis Amélie-les-Bains. Pour moi, c'est inimaginable et il faut que je le retrouve. Sans trop réfléchir, je sors ma dernière gourde d'eau de mon sac à dos et je jette ce dernier dans les hauts genêts en m'assurant qu'on ne le voit pas depuis le chemin. Deux petites branches en forme de croix que je place au bord du sentier pour retrouver cet endroit et me voilà entrain de remonter le sentier, presque en courant, vers cet " enfer vert " où j'ai sans aucun doute perdu mon appareil. Où se trouvera-t-il ? Loin, près ? L'ai-je perdu quand je suis tombé de ce tronc plus haut que les autres ? S'est-il décroché dans le roncier ? Ou bien sous un tronc que j'ai franchi comme un tunnel ? Voilà les questions et bien d'autres qui grouillent dans ma tête alors que je me jette dans cette " impossible " quête. Vu l'heure et le temps que j'ai mis la première fois, il faut à la fois que je fasse vite mais sans pour autant négliger mes recherches. Ce serait idiot de passer à côté sans voir l'appareil par précipitation. L'absence du sac à dos m'aide considérablement mais au fond de moi, je sais que selon l'endroit où la housse est tombée de ma ceinture, c'est comme rechercher une minuscule aiguille dans une énorme botte de foin. Sans le sac mais avec une gourde à la main, je passe néanmoins tous les petits obstacles plus aisément, je traverse le ru du Pas des Vaques, je franchis le premier couloir de sapins anéantis avant que le sentier fasse un angle droit. Rien ! Il me reste encore un barrage à franchir avant ce virage et comme pour le précèdent, j'essaie de me souvenir par où je suis passé à l'aller mais aussi au retour. Et là, au moment où je me baisse pour passer sous les branches encore vertes d'un immense sapin déraciné, le miracle survient ! La petite housse avec mon numérique à l'intérieur est là au milieu du sentier sous la verte ramure. Ouf ! Ouf ! Ouf ! Je respire à pleins poumons. Quel soulagement. Je vérifie mon appareil que j'enfonce au plus profond de la poche de mon short et par sécurité supplémentaire, je referme celle-ci avec le Velcro consacré. Une fois encore, il ne me reste plus qu'à rebrousser chemin. Ce ne sera que la quatrième fois que j'emprunte cet itinéraire et si ça continue, je vais finir par en connaître le moindre recoin par coeur ! D'ailleurs, c'est le cas, car dans ma précipitation et alors que je me suis arrêté pour boire un coup, j'ai posé machinalement mon bob sur un rocher et je l'ai oublié. Mais je ne suis pas inquiet car je sais parfaitement où il se trouve.

Il est 18 heures quand je passe une nouvelle fois devant la panonceau " Puig des Lloses - 1.413 m - PR6B - Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles - 30 mn ".

A cet instant précis, je ne sais pas pourquoi, il me vient une abominable anxiété : Et si ce chemin, lui aussi, était impraticable, barré par une forêt saccagée ? Après tout, il n'y a pas d'autre chemin et le peu que j'en ai parcouru avant de retourner chercher mon appareil photo ne me laisse aucune certitude et ne me permet pas d'être rassuré. Après tout, Prats-de-Mollo que j'aperçois en bas est au moins à trois kilomètres à vol d'oiseau et il faut au bas mot compter au minimum le double par le chemin. Tout est encore possible ! Cette terrible angoisse, elle va soudain se transformer en une grosse boule au creux de mon estomac et elle va rester là, encore blotti pendant une heure et demie. Autant, j'ai été longtemps serein cet après-midi même au plus fort de mes élucubrations, autant maintenant je prends conscience que je peux ne pas arriver au bout de cette étape, en tous cas aujourd'hui. Mais je sais aussi que je n'ai pas le choix dans la direction à prendre et je continue. Je récupère mon sac. Les photos que j'avais voulu prendre tout à l'heure, je les prends maintenant. Mais j'avoue que je n'ai plus le cœur à ça ! J'ai toujours cette appréhension et ces questions qui fourmillent dans ma tête et je ne pense plus qu'à une chose : descendre, descendre, et descendre encore au plus vite vers Prats-de-Mollo. Comme prévu et sans problème, j'arrive au bout de 30 minutes à ce que je crois être le col de Cavanelles. A gauche, un grand champ en pente avec un large chemin qui le contourne, un autre chemin qui part droit devant moi et un autre qui part complètement à gauche. Je n'ai plus de tracé sur mon GPS et je ne vois plus le balisage jaune que j'ai entr'aperçu dans la descente. Je suis contraint de stopper pour regarder ma carte IGN. J'en profite pour manger et absorber un peu d'énergisant car je suis exténué. Le chemin qui part droit devant moi n'existe pas sur la carte. Ça m'étonne mais je l'oublie. Celui qui part à droite se termine dans un cul de sac. Je l'oublie aussi. Reste celui qui part à gauche et qui semble être le bon à la lecture de la carte. Je redémarre, c'est bon, j'aperçois un coup de peinture jaune sur le piquet d'une clôture. Je contourne ce lopin de terre que je voyais d'en haut. Le chemin continue de tourner, puis à mon étonnement, il se remet à nouveau à monter. Je suis éreinté et je n'en crois pas yeux quand je retrouve le petit pin sous lequel je viens de manger, il y a un instant. Je n'ai fait que tourner en rond autour de cette parcelle en friches. Mon téléphone sonne. C'est Dany. Elle demande de mes nouvelles. Je ne peux que lui dire bof ! Mais elle veut en savoir plus. Alors sans trop l'inquiéter, je lui raconte très brièvement mes mésaventures et lui explique que je ne suis plus sur le Tour du Vallespir, que je galère pour descendre sur Prats-de-Mollo et qu'il est primordial que je regarde très attentivement ma carte IGN. Je coupe en lui promettant de la rappeler dès que j'arrive à l'hôtel. Je redéploie ma carte et essaie de me situer par rapport au paysage que j'ai en face de moi. Je comprends que je ne suis pas au Col de Cavanelles mais près d'un endroit qui sur la carte s'appelle " La Segnora ". Il y a légèrement sur ma gauche le Puig Fabre (1.147 m), petit monticule débonnaire qui me rappelle étrangement ces petits volcans arrondis que l'on rencontre en Auvergne dans la chaîne des Puys.

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Avec une chance inouie, j'ai retrouvé mon appareil-photo, le plus gros de ma galère est terminé, mais je descends très anxieux vers Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles car je ne suis pas certain du chemin. Finalement, de ce col, j'aperçois le bourg et un chemin désormais très praticable y descend. Ma grosse boule au creux de l'estomac disparaît.

C'est par là qu'il me faut aller, car le chemin passe au pied de ce Puig, et là je comprends qu'en bas du champ en friches, il me faut partir complètement à gauche par une piste qui est parfaitement indiquée sur la carte. Je redescends, contourne à nouveau le petit lopin de terre jusqu'à un portail que je n'avais pas aperçu la première fois. Il y a bien une trace jaune sur ce portail et une piste qui démarre derrière. Je l'emprunte. Un peu plus loin, il y a un raccourci toujours balisé en jaune qui part à droite dans de hauts genêts, mais je le néglige car même si mon itinéraire est plus long, la piste me semble très empruntée par des véhicules, car il y a de nombreuses empreintes de pneus sur le sable. Et surtout, je sais que cette piste va me mener là où je veux. J'ai trop erré aujourd'hui pour prendre le moindre risque de me retrouver une nouvelle fois face à des arbres morts et couchés. Toujours cette boule à l'estomac ! La piste fait maintenant une grande boucle et descend j'en suis certain vers le Col de Cavanelles. Dans cette descente, j'ai le bonheur de tomber sur une baignoire qui sert d'abreuvoir aux animaux et de mare improvisée aux têtards. D'un gros tuyau en PVC, il y coule une eau fraîche et claire et je peux ainsi me rafraîchir et surtout nettoyer toutes ces plaies et égratignures d'où des écoulements de sang ont ruisselé mais ont séché depuis. Au fond de moi, je me dis que sans toutes ces traces d'hémoglobine sur la peau, je serais un peu plus présentable pour arriver à l'hôtel ! Mais si après ce nettoyage, j'ai retrouvé un peu de mon " prestige ", cette eau glacée a l'effet désastreux de réveiller toutes ces brûlures d'orties. Elles n'étaient pas tout à fait endormies mais elles sommeillaient et les douleurs s'étaient bien atténuées. D'ailleurs, quand je regarde mes bras et mes jambes, mais mes jambes surtout, elles sont recouvertes presque intégralement de petites boursouflures rouges. Je sais que dans ma pharmacie, je n'ai aucun médicament, aucune pommade, pour tempérer cet urticaire. Je repars et cinq minutes plus tard, j'arrive au Col de Cavanelles. Il est 19h15. Ici la piste continue mais un panonceau indique une sente qui part à droite : " Col de Cavanelles - 1.050 m- PR6- Prats-de-Mollo par le Fort Lagarde 40mn ". Je compulse à nouveau ma carte car je me méfie désormais de tous les raccourcis. Mais celui-là est bon quand je constate qu'il ne descend que dans un environnement rocheux. Je sais que c'est gagné et la boule au creux de mon estomac disparaît comme par enchantement.

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Du col de Cavanelles, je distingue la Tour de Mir, une autre difficulté de ce Tour du Vallespir, le Pic de Costabonne, le Roc Colom où le Tech prend sa source et le château Lagarde que je rejoins 40 minutes plus tard. Du château, j'ai une belle vue sur la vallée du Tech, sur Prats-de-Mollo et son riche patrimoine historique. 

Dans cette descente rocailleuse, je me remets à faire quelques photos : de Prats-de-Mollo bien sûr, la cité est encore loin mais je sais qu'elle se rapproche à chacun de mes pas, de la citadelle du Fort Lagarde construite par Vauban en surplomb de la ville et de la Tour de Mir juchée sur un piton rocheux au milieu d'une ténébreuse forêt qui me fait face. Cette tour, je la connais pour y être monter à de multiples reprises. Je la prends en photo, mais à vrai dire je ne veux pas trop la regarder car il va me falloir la gravir demain. Et pourquoi le cacher, j'appréhende déjà car la forêt constituera l'essentiel de cette étape. J'ai mis 30 minutes pour arriver au Fort Lagarde au lieu des 40 qu'annonçait le dernier panneau indicatif. Je prends des photos du fort et de la ville dont le clocher carré qui domine l'église Sainte-Juste et Sainte-Ruffine perfore le panorama. Mais ce ne sont que de simples clichés, juste des souvenirs. Il est 20 heures 15 quand j'entre dans la cité. Voilà 12 heures que je suis sur les chemins. Pour combien de kilomètres parcourus ? Je suis incapable de le dire ! Alors faut-il que je l'avoue, sur la fin, la vigueur m'a manqué pour apprécier tout ce patrimoine historique à sa juste valeur ! Cette étape qui était la plus  courte est en fin de compte devenue la plus difficile depuis mon départ. 

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13 heures sur les chemins, quand j'entre dans Prats-de-Mollo, je suis fatigué et meurtri par cette très longue journée de marche éprouvante et mémorable. C'est au pas de course que j'ai traversé le fort Lagarde construit par Vauban. Je n'en ai pris simplement que quelques photos sans aucune conviction mais pour le simple plaisir de les inscrire dans mon souvenir et surtout pour le réel bonheur d'avoir retrouvé mon appareil photo dans la forêt du Miracle. Cette forêt porte-t-elle bien son nom ? Moi, en tout cas, je reste indécis entre la galère que j'ai vécue pendant 4 heures et le fait d'en être sorti à peu près indemne et pour terminer avec mon appareil photo dans la poche ! Un rescapé lui aussi !

Alors, ce qui m'importe maintenant, c'est de me retrouver au plus vite à l'hôtel. Aussi quand j'arrive sur la place du Foirail, je m'empresse de demander à une dame la direction de l'hôtel Ausseil et gentiment elle m'indique du doigt une grande porte fortifiée au milieu des remparts et me précise que l'hôtel est situé juste une rue après. Je passe sous le porche, arrive sur une autre place et comme je me souviens du nom de cette place " Josep de la Trinxeria ", je sais que l'hôtel est là. Mais la place est bondée de touristes et occupée par les deux restaurants qui y ont largement installés leurs tables et leurs chaises. La place Josep de la Trinxeria est en réalité une immense terrasse pour les deux restaurants mitoyens et quand je demande l'hôtel Ausseil à un garçon de table, il me réponds simplement : vous y êtes ! Au milieu des tables et devant des clients certainement interloqués par mon " look " de randonneur anéanti, je tente en vain de m'expliquer dans un brouhaha inextricable. On ne s'entend pas ici me dit-il. Suivez-moi ! La salle intérieure du restaurant est vide et je peux enfin m'exprimer :

- Je suis Monsieur Jullien, j'ai réservé une chambre. Montrez-la moi que je puisse au plus vite prendre une douche.

- Oui, je crois que vous en avez besoin, me réponds-il avec un petit sourire narquois et en me tendant une clé et en rajoutant : c'est la chambre 7 au deuxième étage.

- Puis-je manger après ? lui dis-je.

- Oui, mais ça ne sera peut-être pas en terrasse car tout est plein me réponds-il.

- Peu m'importe !

Malgré les escaliers qu'il me faut encore escalader, je m'empresse de monter dans la chambre. Avant toute chose, je me déshabille et me jette sous une douche chaude. J'ai bien essayé d'abord l'eau froide mais ce fut un supplice insupportable. Je n'ai pas insisté car à nouveau les brûlures se sont réveillées de manière presque insoutenable. J'ai appelé Dany pour la rassurer et l'embrasser mais sans trop m'étendre sur tous les déboires que j'avais endurés au court de cette mémorable journée. Les hauteurs du Vallespir ont été sacrément âpres aujourd'hui. Encore plus âpres que je ne l'avais imaginé ! C'est sûr maintenant, le titre de mon aventure " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " ne sera pas galvaudé.

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Une ruelle à Prats-de-Mollo et le clocher de l'église Saintes Juste et Ruffine.

ÂPRE EST CE VALLESPIR…… 

 

Âpre est ce Vallespir que je veux cheminer.

Dure est la Tour de Mir quand il faut y grimper.

Je ne fais que grandir sur ces crêtes boisées,

Les sources ont à jaillir pour combler les fossés.

 

Âpre est ce Vallespir que je veux affronter.

Dur est le déplaisir lorsque l'on veut marcher.

Et si mes pas délirent, rien ne peut m'arrêter,

Sauf les pins, ces martyrs que le vent a couché.

 

Âpre est ce Vallespir, je veux le proclamer.

Dur mon sang à tarir, je ne suis que touché.

Et ce pourpre élixir, il ne fait que couler,

Mon corps prêt à bondir sur les chemins dallés.

 

Âpre est ce Vallespir que j'ai pourtant aimé.

Dures ces lloses, ces porphyres où j'ai pourtant chuté.

Et si ma tête chavire, je n'vais pas m'écrouler,

Sur ces frêles sentiers, dans ces prés parfumés.

 

Âpre est ce Vallespir où il faut s'arrêter.

Dur est le point de mire où il faut arriver.

Et si mon cœur soupire alors qu'il est blessé,

Mon amour viens vers moi , toi seul peut l'apaiser.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le lendemain matin, la Tour de Mir me nargue de ces 1.540 mètres d'altitude. Elle se trouve sur le tracé du Tour du Vallespir. Vais-je l'affronter ?

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la forêt ravagée par la tempête Klaus pour passer à l'étape suivante

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Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.

Publié le par gibirando

 Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.

Qu’y a-t-il de plus beau que de réaliser un rêve pour fêter son propre anniversaire ?

Qu’y a-t-il de plus enviable que de voir un vœu se concrétiser ce jour-là ?

 

En ce samedi 8 juin 2019, c’est pourtant ce que j’ai vécu.

 

Pour moi, l’incrédule, difficile à admettre mais ce jour était sans doute béni par quelques dieux.  Il est vrai que le lieu choisi pour fêter mon 70eme anniversaire (*) s’y prêtait pleinement :  Notre-Dame de Coral (**) dans le Vallespir. En effet, voilà qu’un rêve effectué il y a 10 ans déjà, rêve ensuite formulé sous la forme d’un vœu, était entrain de devenir réalité. J’étais aux combles du bonheur même s’il faut admettre que je venais de faire en sorte qu’il en soit largement ainsi.

 

Voilà l’histoire de ce rêve et de ce 8 juin 2019 où il s’est enfin réalisé. Les deux resteront à jamais gravé dans ma mémoire :

 

L’histoire de ce rêve et de ce vœu :

Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.

 

Il y a 10 ans, le 17 août 2009 pour être plus précis, je me lance dans le tour pédestre d’une région catalane qui s’appelle le Vallespir. En avril de l’année précédente, j’ai pris ma retraite et ce tour fait partie des projets et challenges qui me tiennent à cœur. Ma retraite a coïncidé avec le goût de l’écriture, l’amplification du plaisir de la découverte et de l’apprentissage de la Nature allié à celui de la photographie que j’ai toujours aimée. Pour être franc, j’ai tellement idéalisé ma retraite, que des projets tels que celui-ci j’en ai plein la tête. Mes enfants et Dany mon épouse me le reprochent d’ailleurs et me trouvent bien trop égoïste dans mes entreprises. Trop souvent devant mon ordinateur où je passe le plus clair de mon temps à développer deux sites Internet consacrés notamment aux randonnées pédestres, randonnées qui pour moi sont quasiment devenues un « principe de vie ». Le reproche que j’entends le plus souvent, sans doute à juste titre, est « tu passes tout ton temps devant l’ordinateur » !  Ce reproche est-il justifié après avoir bossé très dur et notamment sans jamais compter les heures pendant de très longues années ? Voilà le type de questions qui me tourmente.  Il y en a bien d’autres, parfois du même acabit, mais d’autres plus existentielles. La question de la « célérité » et de la « futilité » de la vie fait partie de ces dernières. Il est vrai que j’ai perdu quelques êtres chers, décédés très jeunes, qui eux n’ont pas eu la chance d’atteindre la retraite et donc d’en profiter. J’ai acquis la certitude que le temps défile bien plus vite depuis que je suis retraité. Je trouve les journées constamment trop courtes pour faire tout ce j’ai envie de faire et ce tour du Vallespir que je vais accomplir représente pour moi un ralentissement indispensable dans cette fuite en avant. Bien sûr, j’aurais amplement préféré que Dany mon épouse l’accomplisse avec moi, mais des douleurs articulaires dues à sa polyarthrite chronique lui laissent peu de répit, surtout ces derniers temps. Partir avec elle avec les difficultés que j’appréhende déjà pour avoir longuement analyser ce périple équivaudrait à prendre des risques déraisonnables. Voilà ce que je pense. Est-ce un vision égoïste ? En effet, ce tour est à réaliser en 6 jours et donc en 6 étapes dont j’ai décrété que le départ serait la jolie commune d’Amélie-les-Bains. Beaux chemins la plupart du temps mais très rudes le plus souvent, paysages sublimes et panoramas à couper le souffle, sur ce périple, les portions planes sont quasiment inexistantes. Quand aujourd’hui, je refais ce tour dans ma tête, et autant que je m’en souvienne, je n’en vois pratiquement pas sinon sur quelques mètres seulement. Harnaché d’un sac à dos de 19 à 20kg en moyenne ; 21 au départ ; la distance totale de 125 km et les 10.600 mètres de montées cumulées  (et autant en descentes) ont été « âpres » mais jamais amères dans mon coeur. J’ai pris énormément de plaisir à arpenter ces montagnes mais j’y ai connu aussi de grosses galères et des coups de blues inimaginables. Lors de la 3eme étape, une des moindres en dénivelé gravi, mais la plus difficile en terme de problèmes à résoudre, j’ai finalement trouvé un titre au futur récit de ce tour pédestre que j’imagine d’écrire une fois de retour : « Sur les hauteurs d’une vallée âpre ». En réalité, et à l’instant où je marche sur d’énormes pierriers comme on marche sur des œufs sans vouloir en casser aucun, c’est un autre intitulé qui a surgi de ma tête comme un diablotin de sa boîte : « Sur les hauteurs âpres d’une vallée », mais le nom « Vallespir » la fameuse « Vallis asperi » des Romains signifiant « vallée âpre », la première formule est vite devenue une évidence. C’est bien toute la vallée qui est âpre, ses hauts flancs inclus.

Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.

 

Si la première étape « Amélie-Batère », se déroule sans trop de problèmes malgré un petit égarement au départ, une grosse canicule en cours de route et un peu de pluie à l’arrivée, la deuxième étape « Batère-St Guillem de Combret » me rappelle très vite qu’en janvier de la même année une tempête d’une incroyable violence a sévi sur tout le département, dans le Vallespir en particulier, mais plus globalement dans une immense partie de la France et de l’Europe. Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.Elle avait pour nom « Klaus » et avait fait des dizaines de victimes. Des victimes humaines bien sûr mais des forêts dévastées un peu partout et ici en particulier. En arrivant à Saint-Guillem, j’éprouve les pires difficultés à rejoindre la chapelle puis le refuge à cause d’un incommensurable fatras d’arbres fracassés. Finalement tout se termine bien et je passe une nuit admirablement douce et réparatrice dans le refuge non gardé. Au départ de cette 3eme étape « St-Guillem-Prats-de-Mollo », je suis donc frais et dispo à affronter le point culminant de ce tour, le col de Serre-Vernet à 1.807 m d’altitude. Bien que je ne connaisse rien de l’itinéraire mais selon l’analyse que j’en ai faite, ce sommet et plus globalement l’étape n’ont rien d’effrayant de prime abord. Une fois encore, si je démarre par un petit égarement à cause d’un panonceau « vicieusement » mal placé car détourné par une personne peu intelligente mais méchamment perverse, l’arrivée au col et la suite sur le fameux pierrier s’effectue sans problème. Je redouble d’attention pour ne rien me casser. La mauvaise descente du puig dels Sarraïs et du pic de Granarols se déroule donc sans problème jusqu’au Puig des Lloses. Ici commencent l’itinéraire du GRP Tour du Vallespir filant vers le col du Miracle (***) et mes plus gros soucis. Arbres arrachés ou carrément brisés sur de très larges bandes par la tempête Klaus, je me fourvoie pendant des heures pour trouver un passage vers le col du Miracle mais toujours en vain. Le Miracle et sa belle légende ne veulent pas de moi ? Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.A force d’enjamber des arbres, je finis par tomber de haut dans un bosquet de ronces et de grandes orties et j’en sors tout boursouflé et bien égratigné des pieds jusqu’au cou. J’ai même une belle plaie sanguinolente au genou droit. Seule ma tête a réchappé à cet enfer forestier. Pendant un instant, j’imagine même appeler les secours avec mon téléphone portable mais une vue de Prats-de-Mollo puis celle d’une piste se trouvant en contrebas finissent de me convaincre de me débrouiller tout seul. Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.Quand finalement, je sors de cet effarant fouillis d’arbres desséchés et que je retrouve le panonceau « Puig des Lloses » prêt à adopter un autre itinéraire vers le Fort Lagarde, je m’aperçois que j’ai perdu mon appareil-photo. Impensable de continuer sans faire des photos ! Alors retour vers un passé antérieur pas si simple mais qu’au contraire je sais complètement imparfait. Par bonheur, le miracle qui s’est refusé à moi jusqu’à présent a pitié de moi et il me faut moins d’une heure pour retrouver mon appareil-photo. Une petite aiguille dans une immense meule de foin, voilà à quoi j’ai toujours comparé cette retrouvaille ! Je ne verrais jamais le col du Miracle et son bel oratoire mais pour moi le miracle a eu lieu et c’est bien là l’essentiel. Quand à 20h du soir, Prats-de-Mollo et l’hôtel Ausseil se présentent, j’ai erré plus de 5h dans cette forêt infernale. Je ne suis pas beau à voir mais je suis debout sur mes deux jambes et donc prêt à terminer ce Tour du Vallespir. La nuit portant conseil, je fais le choix du parcours le plus simple et le moins long pour rejoindre Notre-Dame de Coral, terme de la 4eme étape. La tour de Mir, que je connais déjà n’aura pas le plaisir de me mirer ce jour-là. Malgré les épreuves de la veille, mes plaies et mes rougeurs corporelles, j’arrive en début d’après-midi à l’ermitage si cher à la vierge Marie et à ses ouailles. J’y suis magnifiquement accueilli et une « bonne » sieste me permet de récupérer un peu de mes tribulations de la veille. Notre-Dame de Coral, que je connais un peu mais finalement très mal, m’enchante à tous points de vue. Sa chapelle si belle et si sobre, son histoire dont je prends connaissance bien trop rapidement dans un petit livre de l’abbé Joseph Gibrat que je feuillette, son cadre magnifique et bucolique, la douceur du lieu, les animaux de compagnie à la fois si charmants et si déplaisants parfois, le couple charmant qui me reçoit, m’héberge et me cuisine un super souper et un p’tit déj incroyablement revigorant. Ici, j’ai le sentiment d’être arrivé dans un endroit qui n’attendait que moi, l’éclopé que je suis devenu par la puissance des éléments naturels.

Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.

Avec ce tour du Vallespir, je vis de moments intenses. L’âpreté et la solitude m’ont entraîné par la force des choses à réfléchir à énormément de choses. Je suis prêt. Certains diront que je suis mûr pour de fourmillantes réflexions. Ici tout m’incite à des pensées que je n’avais jamais connues auparavant. Un travail sur soi-même comme diraient certains. Pas vraiment un travail selon moi mais de nouveaux moments intenses qui sont la suite logique des premiers connus sur les chemins. Moments de réflexions sur ma vie, ce que j’en ai fait et en fais encore, les êtres qui me sont chers et qui comptent bougrement, ceux qui ne sont plus là mais auxquels je pense parfois si ardemment. Surtout quand je marche seul. Oui, c’est bien ici à Notre-Dame de Coral que je fais ce rêve de vouloir près de moi les êtres que j’aime le plus au monde. Le lendemain, en reprenant ce joli chemin qui descend en serpentant vers Lamanère, ce rêve s’est transformé en un vœu. Je me suis arrêté pour photographier un vieil oratoire Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.et ce vœu m’est venu sous la forme d’une prière.  C’était celui d’y amener un jour les personnes qui sont toute ma vie : ma femme, mes enfants et mes petits-enfants. Un jour peut-être ils seront là tous avec moi ? Comme tous les vœux, on les lance en l’air sans trop y croire car on sait tous que la vie est compliquée et qu’elle a une forte tendance à séparer puis à éloigner les êtres qui s’aiment. Il en est ainsi et il est parfois très difficile d’aller à contre-courant. Voilà à quoi je pense en descendant vers Lamanère mais une fois encore les beautés, les difficultés du parcours et les imprévus finissent par prendre le dessus sur mes troublantes et interrogatives pensées. Les beautés, les imprévus et les difficultés se confondent parfois et  ici c’est le cas. Les difficultés et les imprévus sont l’obligation de grimper vers les hautes Tours de Cabrens non prévue sur mon itinéraire puis un autre imprévu mais très beau celui-ci, c’est cet incroyable visage de profil sculpté dans la falaise par Dame Nature. Quand aux autres beautés, elles sont devant mes yeux à chaque instant avec des panoramas à 360 degrés qui se dévoilent depuis les tours.Quand un rêve et un voeu deviennent réalité. La suite vers Saint-Laurent de Cerdans, terme de cette 5eme étape,  est quelque peu fastidieuse, mais à l’arrivée,  l’accueil si charmant de mes hôtes, Isabelle et Mario, me fait vite oublier la pénibilité de ce circuit qui se termine déjà demain. Je démarre cette dernière et sixième étape « St-Laurent de Cerdans – Amélie-les-Bains » avec des pensées indécises et même conflictuelles. Entre l’envie de poursuivre cette longue randonnée que j’ai tant aimée et le désir encore plus fort de retrouver Dany. Un peu déprimé ? Peut-être. Tout en marchant, mon esprit vagabonde tant qu’il finit par chavirer. Alors que j’arrive au lieu-dit La Bouadelle, je me vois contraint de grimper une sente très raide et très caillouteuse qui s’élève vers la Serra de la Garsa. Qu’a-t-elle de plus que les autres cette élévation ? Plus raide ? Plus caillouteuse ? Fait-il plus chaud que les autres jours ? Suis-je plus fatigué par l’accumulation des efforts ? Ai-je un peu trop chargé mon sac à dos en prévision d’une journée caniculaire ? Sans doute un peu tout ça ! Toujours est-il que cette marche devient funèbre et que je me mets à pleurer comme jamais auparavant, pensant à tous les êtres qui m’étaient chers et qui ont disparu. En réalité, ça commence avec mon frère parti si tôt à l’âge de 46 ans. J’aimerais tant qu’il soit à côté de moi à cet instant. Il m’aiderait sans doute. Puis c’est ma mère, encore vivante, mais dont l’état n’a fait que se dégrader à cause de la maladie d’Alzheimer et depuis qu’elle est entrée dans le service spécialisé d’une maison de retraite. Elle ne reconnaît plus personne de la famille mais surtout elle ne marche plus et a perdu 30 kg en moins de 6 mois. Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.Tout en gravissant cette méchante sente, je pense à tout ça et je vis cette déchéance corporelle de ma mère comme la plus terrible des injustices. Quand ce n’est plus ma mère, c’est mon père parti trop tôt lui aussi à l’âge de 64 ans et sans avoir pu goûter aux joies de la retraite. Quelle injustice là aussi ! Puis c’est Adèle, ma grand-mère paternelle chez laquelle j’ai passé trois années scolaires singulièrement bénéfiques dans cette transition primordiale entre jeunesse et vie d’adulte. Je n’avais pas pleuré en apprenant son décès mais en me remémorant certains aspects de nos relations si souvent désopilantes, je pleure sur ce passé que j’avais fini par oublier, enfouis qu’ils étaient au fond de ma mémoire. Puis ce sont les reproches de mes enfants qui reviennent violemment dans ma tête dans ces instants déjà si pénibles. Quand finalement, toujours en pleurs, j’arrive au sommet de cette haute butte, je m’effondre les bras en croix, complètement vidé par ce que je viens de vivre. Moments inimaginables à l’instant où je les ai vécus mais si humainement bienfaisants quand j’y repense aujourd’hui.  Je reste là allongé pendant de très longues minutes avant de me relever et de retrouver un peu mes esprits et une respiration presque normale. Les panoramas sont sublimes mais mon appareil photo qui a sans doute beaucoup trop « bourlingué » ne réagit plus comme il faudrait. Il a vécu un épisode bien trop humide et les photos sont pâles, ternes et sans aucun relief blanchies qu’elles sont par de la buéQuand un rêve et un voeu deviennent réalité.e qui ne disparaît jamais. Là aussi mon moral en a pris un coup quand hier je me suis aperçu de ces dysfonctionnements. Une fois passé ce violent épisode dépressif, la suite et la fin sont nettement meilleures même si le manque d’eau se fait sentir dès la montée de la Serre de Montner et ce jusqu’à l’arrivée.

 

 

 

Une grande bière bien fraîche prise dans un bar d’Amélie a pour effet de remettre tout en place et quand j’arrive à la maison, j’ai le sentiment d’être le même homme que celui qui était parti. Enfin, j’essaie de donner cette impression mais en réalité, ce Tour du Vallespir est là, gravé dans ma tête pour très longtemps encore. Peut-être toujours. Il m’a changé. Il m’a conforté dans l’idée qu’à la retraite le temps presse et qu’il faut en profiter sans pour autant négliger ceux que l’on aime. Vaste et difficile programme. Contrairement à ce que chantait Charles Trenet, mes jeunes années ne couriront plus dans la montagne……même si les randonnées resteront parmi mes passe-temps préférés.

 

Parmi tous ces instant, parfois magiques et bénéfiques, parfois « âpres » et très difficiles, il reste ce rêve réalisé à Notre-Dame de Coral : celui d’y amener un jour toute ma famille…..

 

L’histoire de sa réalisation :

 

J’ai longuement préparé la réalisation de mon rêve. En mars 2017, Dany et moi sommes venus à Notre-Dame de Coral lors d’une randonnée pédestre à partir du col d’Arès. Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.Nous y avons rencontré Franck, le nouvel aubergiste que je ne connaissais pas. J’ai posé quelques jalons sur ce qu’il était capable de faire en terme d’accueil, de couchages et de repas. Mais ce jour-là, comme nous étions partis sans trop savoir si le gîte serait ouvert, nous avons déjeuné du pique-nique que nous avions emporté. J’ai tout de même noté que Franck était très accueillant même si sa compagne qui est aux fourneaux est restée invisible. Alors, j’ai commencé à repenser à ce rêve que j’avais fait en 2009 lors de mon périple sur le Tour du Vallespir. Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.Pourquoi ne pas imaginer quelque chose pour mes 70 ans ? Cette question trouva un gros début de réponse quand en janvier 2019, nous somme revenus pour déjeuner et trouver les dernières solutions aux interrogations qui subsistaient. Le repas a été super et a fini de nous convaincre Dany et moi. Franck nous a donné toutes les assurances que nous attendions. Comment héberger plus d’une dizaine de personnes ? Quel repas d’anniversaire Franck et Isabelle étaient à même de nous proposer ? Que faire autour de cet anniversaire pour que la découverte de Notre-Dame de Coral ne se résume pas à un voyage en voiture et à un ennuyeux pèlerinage pour incroyants non-pratiquants dans un coin perdu de la montagne vallespirienne ? Toujours avec l’aide de Franck, 80% de nos desideratas se mirent en place le jour même. Puis nous avons affiné nos besoins par téléphone et mails et Isabelle et Franck ont toujours très gentiment répondu à nos attentes et toujours pour des tarifs plus que convenables. Nous serions 11 personnes, enfants, petits-enfants, conjoints et ami(es) très proches. Nous occuperions les deux chambres et un des dortoirs. Une zarzuela serait concoctée par nos hôtes et serait complétée d’un copieux apéritif et d’une entrée « salade catalane ». Le dessert c'est-à-dire le gâteau d’anniversaire serait un énorme et délicieux framboisier maison. En réalité, tout allait être « maison », Franck me l’avait promis et même juré.  Pour l’ensemble des boissons, Franck m’avait mis à l’aise et sans droit de bouchon, il avait accepté que je porte tout moi-même. Les prix en demi-pension étaient arrêtés ainsi que les suppléments pour l’apéro et le gâteau et ils me convenaient complètement car j’avais déjà confiance dans la qualité qui nous serait offerte. Mon rêve allait se réaliser et avec Dany nous languissions ce samedi 8 juin et dimanche 9 juin. C’était bien 2 jours que nous allions passer en famille et j’avais tout imaginé pour que  l’ennui ne soit pas de mise. Petite randonnée de 7 km autour de l’ermitage pour tous ceux qui en auraient envie, repas d'anniversaire en soirée, puis le dimanche serait consacré au domaine « Monto z’arbres » de Prats-de-Mollo. Sauf qu’une semaine avant le jour fatidique, en téléphonant, j’ai appris que cet accrobranche avait définitivement fermé ses portes. Par bonheur, la cité espagnole de Mollo disposait d’un autre accrobranche et d’un parc animalier où il n’était pas indispensable de réserver. Tout était donc en place pour que ça se passe au mieux et je crois que finalement tout s’est formidablement bien passé.

Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.

Mon rêve et mon vœu se sont magnifiquement réalisés et je ne remercierais jamais assez Dany,  mes enfants Jérôme et Carole, leurs conjoints Isabelle et Jean-Christophe, mes petits-enfants Robin, Eulalie et Valentine et son ami Stéphane ainsi qu’Emma, la fille d’Isabelle. Ils ont tous joué le jeu de la randonnée programmée et ils ont tous grandement participé à la réussite de ces 2 jours en ne rechignant jamais à participer à tout ce que j'avais imaginé. Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.En sus, j’ai eu de très beaux cadeaux et une immense carte souvenir où chacun y est allé de beaucoup d'amour et de gentillesse. Un truc à vous faire chialer ! Je remercie très sincèrement Franck pour son accueil si simple et si spontané mais toujours tellement chaleureux. Comment ne pas remercier sa compagne Isabelle pour le superbe repas qu’elle nous a concocté. Ne l’ayant jamais vu, sans doute très discrète et trop occupée derrière ses fourneaux, on regrettera simplement de ne pas avoir pu la féliciter de vive voix. Mais respecter la vie privée de quelqu’un qui veut rester discret et ne veut peut être pas avoir la lumière sur soi, n’est-ce pas un principe de vie le plus respectable qui soit ?

Après tout n’avais-je pas caché ce rêve et ce vœu à tous mes proches depuis presque 10 ans ?

Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.

 

Quand un rêve et un voeu deviennent réalité.

(*) J'ai fêté mon 70eme anniversaire le 23 avril 2019 exactement mais pour des raisons de disponibilités de toutes les personnes présentes, j'ai été contraint d'arrêter les dates du 8 et 9 juin. 

(**) Notre-Dame de Coral : Voici quelques sites Internet qui vous permettront d'en savoir un peu plus sur cet édifice religieux. Ils existent également deux vieux livres parus à son propos.  

https://www.les-pyrenees-orientales.com/Patrimoine/ErmitageNotreDameDuCoral.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ermitage_Notre-Dame-du-Coral

https://www.sudcanigo.com/item/notre-dame-du-coral/

http://www.lamanere.fr/fr/information/53473/notre-dame-coral

https://www.facebook.com/AubergeNotreDameDuCoral/

(***) Col du Miracle : En 2009, suite aux problèmes que j'avais rencontrés , je n'avais jamais pu rejoindre ce col. J'ai comblé cette lacune en y retournant lors d'une randonnée réalisée le 22 novembre 2017.

 

 

 

 

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Le Cami de la Retirada (1.513 m) depuis Prats-de-Mollo (724 m)

Publié le par gibirando

 
Cette vidéo est agrémentée de 6 chansons sur le thème de la "liberté" et qui ont pour titres et interprètes : "Les Chemins de la Liberté" d'Yves Duteil, "Liberté" de Charles Aznavour, "Chansons en liberté" de Charles Trenet"Liberté" de Gilbert Montagné"Ma Liberté" de Georges Moustaki par Serge Reggiani"La Liberta" d'Haendel du film "Farinelli" chantée par Ewa Mallas-Godlewska et Derek Lee Ragin.

Il y a des chemins de randonnées dont on aimerait bien changer le nom parce qu’ils ne correspondent pas vraiment aux découvertes que l’on fait sur le terrain. Dans ce blog, j’ai déjà eu l’occasion d’en mentionner certains. D’autres parce qu’ils sont trop généralistes, du type « A travers le vignoble » que l’on trouve dans notre beau Roussillon mais aussi un peu partout ailleurs. Puis, il y en a d’autres comme ce « Cami de la Retirada » que je vous présente aujourd’hui dont on est un peu confus de l’emprunter pour son seul plaisir quand on connaît sa lourde histoire. Alors bien sûr, on est le « cul entre deux chaises », car d’un côté, il y a ce chemin qui s’appelle ainsi, qui est chargé d’Histoire et de tristes histoires et on peut toujours se dire que le cheminer c’est une façon de rendre hommage à tous ceux qui y ont souffert en l’empruntant par obligation puis de l’autre, on se dit que l’on aimerait bien lui donner un autre intitulé surtout quand on sait que « la Retirada » c’est « la retraite » dans ses définitions les plus cruelles c'est-à-dire « l’exil », « l’exode », « l’expatriation » voire « la fuite » ou la « débâcle », mots qui ne correspondent plus à rien quand on l’arpente de nos jours comme « passe-temps » ou par pure passion de la randonnée pédestre comme c’est mon cas  . Voilà dans quel état d’esprit je suis au moment d’écrire cet article et j’étais sensiblement dans la même émotion au moment de démarrer cette belle randonnée. Car, autant le dire, même si le dénivelé, depuis Prats-de-Mollo (724 m) jusqu’au Col d’Ares (1.513m), est avec ses 789 mètres plutôt sérieux, je n’aurais pas l’indélicatesse de parler de souffrance. Non je n’ai pas souffert sur ce chemin et or mis une petite tendinite du genou droit qui m’a obligeait à changer mon itinéraire de retour initialement prévu, je n’ai eu que du bonheur car cette balade sur le « Cami de la Retirada » est superbe, surtout par un grand beau temps comme j’ai eu la chance d’avoir. C’était le 6 mars dernier, il est 10 heures tapantes quand je traverse le pont sur le Tech et laisse ma voiture à la sortie de Prats-de-Mollo près du centre d’accueil du village de vacances. Le départ est là au bord de la D.115 et pour les nuls en histoire, un grand panneau rappelle, photo à l’appui,  très brièvement le récit de ce « cami ». Voici ce que l’on peut lire : « En 1939, à la fin de la guerre d’Espagne, sont arrivés par ce chemin des milliers d’hommes et de femmes fuyant la répression franquiste. Les Pratéens les accueilleront avec dévouement ». Tout en haut, au col d’Ares sur un panneau similaire, on lira mais beaucoup plus tard« Ce chemin a été emprunté en 1939 à la fin de la guerre d’Espagne par des milliers d’hommes et de femmes fuyant la répression franquiste et laissant derrière eux leur terre et tout leur passé ». Enfin et toujours au col d’Ares sur la stèle en hommage à ces hommes et femmes, on pourra lire« Aux Républicains Espagnols, civils et militaires, qui franchirent le col d’Ares en janvier - février 1939. La Retirada, épilogue d’un drame humain sans précédent dans l’Histoire ». Voilà bien sûr, un « dérisoire » résumé de ce drame humain mais si l’Histoire de la Retirada vous intéresse, sachez que la bibliographie sur ce thème est très importante. Parmi tous les livres, s’ils n’étaient pas quasiment introuvables, je citerais ceux de l’écrivain local Jean-Claude Pruja : « Premiers camps de l’exil espagnol - Prats-de-Mollo 1939 » ou encore « Retirada, janvier – février 1939 – Prats-de-Mollo témoigne » que j’ai réussi à trouver et à acheter non sans mal sur Internet. Après la lecture de ce premier panneau, j’emprunte sur quelques mètres la D.115 puis un petit chemin qui file à gauche vers El Sandreu et passe devant un très beau calvaire. Jalonné de nombreux panonceaux de randonnées, si aujourd’hui seul le « Cami de la Retirada » retient vraiment mon attention, je ne peux m’empêcher de regarder avec un petit pincement au cœur celui indiquant le P.R.12 qui file vers Notre-Dame du Coral. Dans ma tête, les souvenirs de mon Tour du Vallespir d’août 2009 resurgissent. Lors de l’étape Saint-Guillem - Prats-de-Mollo, j’avais galéré comme jamais dans la forêt du Miracle, en raison du nombre incalculable d’arbres couchés par la tempête Klaus. J’avais gardé des séquelles de cette divagation inattendue, une plaie à un genou et d’horribles brûlures d’orties sur tous les membres dues à une chute. Dès le lendemain, au départ de Prats-de-Mollo, ces blessures m’avaient contraint à faire une entorse à mon Tour du Vallespir lors de l’étape menant à Notre-Dame de Coral. Ce jour-là, éreinté par une mauvaise nuit et meurtri, j’avais préféré ce « petit » P.R.12 bien plus court et donc bien plus facile plutôt que le vrai itinéraire du Tour du Vallespir montant par la tour de Mir et le col d’Ares. En empruntant aujourd’hui ce même démarrage, pour revenir ensuite par le Tour du Vallespir depuis le Col d’Ares, j’avais le sentiment de réparer un peu cette entorse de 2009. Heureusement, une fois le pont sur la rivière Canidell franchit, les deux chemins se sont séparés et les souvenirs de mon Tour du Vallespir sont partis momentanément dans les agréables oubliettes de ma mémoire. Le sentier s’est mis à grimper dans les bois en suivant le minuscule ruisseau de la Coume de Joan puis quelques ludiques panonceaux décrivant la faune du secteur ont occupés quelques instants mon esprit et ont mis un terme définitif à mes vieilles pensées. Peu de temps après, le sentier s’est hissé au milieu du parc aventure « Mont oz’arbres » où d’autres pancartes d’un sentier botanique ont retenu mon attention. Les panonceaux « Cami de la Retirada » étant fort nombreux, j’ai cru bon d’éteindre mon GPS car j’avais acquis la certitude que ce parcours serait parfaitement balisé d’un bout à l’autre. Après avoir retrouvé et traversé le D.115, je suis entré définitivement en forêt pour n’en ressortir qu’une heure et demie plus tard. Il faut dire qu’une fois encore, j’ai flâné plus que de raison car avec mon numérique, je tentais très souvent de surprendre les nombreux petits passereaux qui chantaient à tue-tête et qui avaient abondamment investi autant les feuillus que les résineux de cette magnifique forêt domaniale du Haut-Vallespir. Le sentier suivait le Ravin de Flameijes mais malgré la dense forêt, des fenêtres s’entrouvraient très régulièrement laissant percevoir de très belles vues vers les domaines pittoresques et verdoyants de Cal Touro et de Costerèbe mais aussi vers les crêtes alentours où la « dominante » tour de Mir jouait les « surgés » des panoramas. Sur les plus hauts mamelons, quelques plaques de neige faisaient de la résistance face à ce chaud soleil de mars et tout en montant, le plus souvent à l’ombre, j’étais confronté moi aussi à ces minuscules névés. Minuscules mais bien glacés et qui m’obligeaient à redoubler de vigilance sur ce sentier pas toujours stabilisé car étroit et constamment en balcon au dessus de ravines. Entre les Chalades (*) de Flameijes (**) et le Pla de l’Espinasse, les décors s’élargirent et dans un ciel bleu d’une pureté absolue, les vues enneigées du Massif du Canigou et des Esquerdes de Rotja s’entrouvrirent de manière éclatante. L’itinéraire déboucha une fois encore sur la D.115 mais à ce lieu-dit de l’ « Homme Mort », les panonceaux toujours présents m’indiquèrent de ne pas la traverser mais de la suivre de manière parallèle. Peu après, je perdis toute trace du balisage jaune que j’avais suivi jusqu’à présent et il me sembla préférable de rallumer mon GPS pour en examiner le tracé enregistré. Ce dernier m’indiquait de m’éloigner de la route, de partir sur la droite et effectivement les marques jaunes étaient bien là sur de petits poteaux plantés dans le sol. Sans doute confrontés au même problème que moi, des randonneurs avaient cru bon d’ériger en sus et dans les prés quelques minuscules cairns. Tout en montant, j’avais l’impression que le Vallespir s’ouvrait tout entier à mon regard et en prêtant plus particulièrement attention à certains paysages, je retrouvais assez facilement d’autres lieux où j’avais pris plaisir à randonner : Notre-Dame de Coral, les tours de Cabrens,  le Mont Negre et encore plus loin le Pilon de Belmatx. Sur la gauche du sentier, l’étonnante chapelle romane de Sainte-Marguerite me sortit de ces réflexions. Bien que ruinée, j’avais lu qu’elle datait du 13eme siècle, la première mention écrite datant de 1264 exactement et de ce fait, elle était inscrite aux Monuments Historiques depuis 2009 car le site avec son hospice constituait un des rares témoignages des hospices de montagne médiévaux de la région. Au Moyen-âge, la chapelle et l’hospice dédié à Sainte-Marie venaient en aide à tous les voyageurs franchissant le col d’Ares et plus précisément aux pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle. Après cette belle découverte qui mériterait sans aucun doute une légitime restauration, j’ai quitté la chapelle pour rejoindre le dernier panonceau « Cami de la Retirada » aperçu. Ici, le sentier s’est encore élevé quelques instants puis a filé bien plat au milieu des pelouses, toujours parallèle à la D.115 dont j’apercevais quelques sinuosités en contrebas. Au moment où l’itinéraire coupa le bitume, j’ai estimé que l’heure du pique-nique était arrivée. Alors, je me suis assis dans l’herbe légèrement en contrebas de la route et j’avais à mes pieds un profond ravin, celui du Col d’Ares et devant moi un panorama exceptionnel sur une grande partie du Vallespir bordant toute la crête frontière. De manière très anarchique, les petites collines, les puigs plus importants et les profondes ravines se succédaient jusqu’à un horizon bleuté dont je ne voyais aucune limite. Un couple de rapaces, sans doute des vautours fauves,  se mit à tournoyer quelques instants au dessus de ma tête et disparut dans les conifères couronnant le Mont Falgas. Si le col d’Ares était désormais tout proche, le large chemin qui y menait était suffisamment enneigé voire bourbeux par endroits pour que la marche se transforme en une petite épreuve sportive non prévue au programme. Avec par endroits, une épaisseur de poudreuse de 40 à 60 centimètres amassée en congères, des raquettes auraient été les bienvenues mais les miennes étaient restées à dormir bien sagement au fond de mon grenier. Cette petite mésaventure passée, le col d’Ares et sa stèle en hommage aux Républicains espagnols arrivèrent heureusement très vite et désormais sur l’asphalte, j’avais tout le loisir de visiter et d’apprécier les lieux. Avec le bleu profond du ciel, le blanc des montagnes enneigées et un patchwork de bruns et de verts, ce spectacle coloré était somptueux. Des panoramas époustouflants se dévoilaient à la ronde vers le Vallespir, le Val de Camprodon, le Pic de Costabonne et le Massif du Canigou. Seul inconvénient à ces déboires neigeux que je venais de connaître, une vieille tendinite au genou droit s’était réveillée alors j’hésitais quant à la manière dont j’allais retourner à Prats-de-Mollo et ma voiture. Trois itinéraires principaux étaient possibles : soit refaire le Cami de la Retirada en sens inverse et donc dans le bon sens pris par les Républicains espagnols en 1939, soit prendre l’itinéraire du Tour du Vallespir, direction les Basses de Fabert puis la tour de Mir comme je l’avais prévu initialement et dont le panonceau m’annonçait une distance de 12 km restant à parcourir ou enfin, emprunter le longue piste forestière des Carbonères (***). Enfin la dernière et la plus sage aurait été que je fasse du stop mais ça il en était hors de question. Primo parce que j’estimais que la douleur n’était pas suffisamment violente, secundo, car j’avais encore envie de marcher et tertio car il n’était pas question que je batte en retraite, un comble sur ce « Cami de la Retirada » ! Je me suis donc installé à une table de pique-nique, j’ai déplié ma carte IGN afin d’analyser les différentes possibilités, leurs distances et leurs configurations. Bien qu’il était l’itinéraire le plus court, refaire le « Cami de la Retirada » en sens inverse ne me « bottait » pas trop, car en général je n’aime pas trop les aller-retour en randonnée pédestre. Prendre l’itinéraire du Tour du Vallespir comme initialement prévu avait ma préférence car je réparais définitivement mon « entorse » de 2009 mais seul inconvénient, j’appréhendais la descente très abrupte et caillouteuse après la tour de Mir que je connaissais parfaitement. Pour réparer une « entorse » morale, je risquais, sans genouillère, de m’en faire une vraie d’entorse, bien physique celle-là ! Alors au regard de la petite douleur lancinante que j’avais au genou droit, j’ai pris la décision la plus raisonnable et j’ai finalement opté pour la Route forestière des Carbonères démarrant tout près de la Chapelle Sainte-Marguerite. Depuis le Col d’Ares, j’ai donc repris le chemin en sens inverse jusqu’à proximité de la chapelle. Là, j’ai démarré une longue et fastidieuse descente dont le seul aspect positif était la « planitude » de la piste dont j’espérais qu’elle préserverait suffisamment mon genou jusqu’à Prats. Comme toujours, j’ai comblé ce laborieux retour en photographiant tout et n’importe quoi et notamment des oiseaux. Les pinsons, de très loin les plus nombreux, semblaient avoir pris possession de tous les arbres de la forêt. Leurs chants puissants aux notes variées emplissaient la forêt. Parfois quand ce concert s’arrêtait soudainement, j’en étais presque surpris mais ce silence retrouvé ne durait jamais bien longtemps. Après deux heures quinze de pistes DFCI, j’ai finalement atteint le radier sur la rivière Canidell puis peu de temps plus tard, j’ai abouti à la Maison Forestière de Can Got. Là, une pause casse-croûte a été la bienvenue car je n’étais ni au bout de mes peines ni encore arrivé. En effet, il me fallut encore trois quart d’heures de plus pour rejoindre Prats-de-Mollo d’abord par le P.R, sentier N°7 de la tour de Mir puis pour finir, par la D.115. Malgré, cette nouvelle « entorse » à l’itinéraire initialement prévu, j’étais plutôt satisfait car mon genou avait tenu la distance. Prats-de-Mollo, cité de mes « entorses » morales et physiques à répétition mais où je ne bats jamais en « retirada », telle était une fois encore le dénouement de mes péripéties dans cette partie du Vallespir. En conclusion, cette balade sur le « Cami de la Retirada » se terminait bien et j’étais resté 8 heures sur les chemins du côté du col d’Ares et au dessus de Prats-de-Mollo. Telle qu’effectuée, cette randonnée a été longue d’une vingtaine de kilomètres environ. Pour un aller-retour sur le Cami de la Retirada, il faut compter une quinzaine de kilomètres seulement quand à un retour par le Tour du Vallespir et la tour de Mir, c’est 21 à 22 kilomètres qu’il vous faudra parcourir. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25. (*) Chalade : dans les Pyrénées-Orientales, le mot « chalade » vient du catalan « eixalada » signifiant « pente abrupte » mais dans d’autres régions (Lorraine, Ardennes, Vosges) il signifie clairement « chemin en lacets dans une pente » (note extraite de « Les noms des lieux en France – Glossaire des termes dialectaux » d’André Pégorier. (**) Flameijes : le mot « flameije » signifie « flammèche », cette parcelle de flamme qui se détache d’une matière en combustion. (***) Les Carbonères : Bien entendu le mot « flameije » a un rapport certain avec les Carbonères c'est-à-dire ces « charbonnières » où les charbonniers d’antan amoncelaient du bois vert sous forme de meules pour fabriquer du charbon de bois. Aux temps jadis, le charbon de bois était le principal moyen de chauffage car ses propriétés « chauffantes » étaient bien supérieures à celle du bois. Son usage s’amplifia avec la révolution industrielle et les guerres. Ainsi, il servait dans les gazogènes, pour les fers à repasser, dans les chaufferettes, aux métallurgistes, aux chaudronniers, aux boulangers, aux forgerons miniers et autres, aux ferblantiers, aux maréchaux-ferrants mais également aux pharmaciens qui l’utilisaient pour ses propriétés filtrantes et chimiques. C’est au début des années 1950 que l’utilisation du charbon de bois comme combustible commença à décliner remplacé par des moyens plus performants et plus propres comme le gaz ou l’électricité.

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La Tour de Mir (1.540 m) et le Pic de La Clape depuis Prats-de-Mollo.

Publié le par gibirando


Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons du groupe rock Creedence Clearwarter Revival extraites de leur album "Cosmo's Factory". Elles ont pour titre : "My Baby Left Me", "Ooby Dooby", "Ramble Tamble", "Travelin'Band" et "Who'll Stop The Rain".


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Je suis venu randonner de multiples fois à la Tour de Mir (1.540 m) et toujours avec plaisir.  Mais, paradoxalement, la seule fois où j’en garde un mauvais souvenir, c’est pour ne pas y être monté ! Surprenant non ? Je m’explique. En août 2009, lors de mon Tour du Vallespir et alors que j’avais terriblement galéré dans la forêt du Miracle saccagée par la tempête Klaus lors de l’étape entre Saint-Guillem et Prats-de-Mollo, le lendemain, craignant de nouveaux déboires à cause des bois dévastés dans tout ce secteur du Haut-Vallespir, j’avais pris la  difficile décision d’éviter de passer par la Tour de Mir, située pourtant sur le tracé. Or, dans ma tête, et sans doute stupidement, j’avais vécu cette entorse au véritable itinéraire du Tour du Vallespir comme une authentique violation à une espèce d’engagement moral que je m’étais fixée au départ. Même si je n’ai pas eu cette impression, revenir ici presque un an plus tard, c’était peut-être une façon détournée de réparer cette lacune. Bien que le tracé du Tour du Vallespir qui monte à la Tour de Mir démarre de Prats-de-Mollo, cette fois, je lui ai préféré le P.R.7 qui démarre de la Maison Forestière de Can Got, tout simplement parce que cette option offre la possibilité d’une boucle plus sympathique qu’un banal aller-retour.  Pour se rendre en voiture à Can Got depuis Prats-de-Mollo, il faut prendre sur 1.400 mètres environ la D.115 qui monte vers le Col d’Arès puis par la droite, la quitter au profit d’une petite route goudronnée qui va au lieu-dit le Xatart. A partir de la D.115, la Maison Forestière de Can Got où il faut laisser son véhicule est 1.500 mètres plus loin. Située dans un virage, il est difficile de la manquer, d’autant qu’un panonceau jaune indiquant la Tour de Mir et le balisage du P.R.7 sont bien présents. Le chemin démarre devant la maison et, si on lève les yeux, aussitôt la Tour de Mir apparaît dressée dans son exceptionnel cadre de verdure. D’ici, elle paraît très haute et très loin mais comme on la perd de vue très rapidement, on n’a pas trop le temps de gamberger. Au printemps et en été, outre, le bourdonnement lancinant de nombreux insectes et le chant agréable de quelques oiseaux, on entend, en contrebas du chemin, chanter un mélodieux torrent. Le chemin d’abord un peu caillouteux, devient plus herbeux en passant devant une source où un panneau nous informe que nous cheminons sur la Route Forestière des Carbonères. Puis au milieu des hautes véroniques mauves, on finit par arriver près d’un passage à gué où coule abondamment le torrent Canidell que l’on entendait chanter depuis notre départ. On ignore ce gué et on poursuit tout droit grâce à un panneau de bois très explicite « Tour de Mir-El Ramon Père ». Le sentier parfaitement balisé en jaune entre dans la forêt, enjambe un ru sur une passerelle métallique puis grimpe sérieusement tout en sous-bois en de longs et réguliers lacets. De temps à autre, la forêt s’entrouvre sur le Bassin du Canidell et une fenêtre permet d’avoir une idée encourageante du chemin parcouru et du dénivelé accompli. Plus haut, les branches de quelques sapins, hêtres ou frênes dessinent d’autres encadrements sur la Tour de Mir et, souvent sa position géographique dans le paysage peut donner l’impression qu’on l’a largement dépassée mais il n’en est rien. Le sentier finit par aboutir dans la splendide clairière El Ramon Père où, pour le seul plaisir de nos yeux, les verts intenses du gros de la végétation s’accordent harmonieusement avec le jaune de quelques hauts genêts. Après quelques derniers lacets, on rejoint une piste en terre magnifiquement encadrée par d’immenses sapins. On prend à droite et on poursuit cette piste jusqu’à rencontrer les panonceaux «Prats-de-Mollo 6,4 km » et « Les Basses de Fabert 1,4 km ». Pour l’instant, on ignore ces panonceaux et pour aller à la Tour de Mir, on continue quelques mètres plus loin pour prendre la piste qui bifurque aussitôt à droite même si plusieurs « X » semble indiquer le contraire. La Tour de Mir est là, à quelques encablures, magnifiquement restaurée. Pourtant, elle en a connu des vicissitudes depuis le dernier quart du XIIIe siècle où elle a été bâtie par Jacques 1er, roi des royaumes d’Aragon et de Majorque. Comme le mot « mirador », le nom « Mir » tire sans doute son origine du verbe « mirer » dans le sens de regarder ou observer. Tours à signaux (feux la nuit, fumées le jour), Mir était en liaison avec les autres tours du Vallespir (La Guardia, Cos, Cabrens, elles-mêmes formant une chaîne avec des tours plus lointaines comme Batère, Força Réal, Far, Madeloc, Massane, Querroig et bien d’autres encore). Elle surveillait la frontière entre les deux royaumes d’Aragon et de France. Le traité des Pyrénées en 1659 mis fin à sa fonction et eu raison de son utilité. En 1680, Vauban se chargea de sa démolition mais il est vrai que ce dernier avait entrepris depuis quelques années la fortification de Prats-de-Mollo et la construction du Fort Lagarde avec les mêmes visées : surveiller le Col d’Arès et la frontière ainsi que la vallée du Tech. Aujourd’hui, grâce à une magnifique restauration avec escaliers en colimaçons et superbe plancher à son sommet, on jouit d’un panorama exceptionnel à 360° : des Esquerdes de Rotja au Haut-Vallespir en passant par le massif du Canigou, la vallée du Tech et la crête frontière avec l’Espagne, par temps très clair, les vues portent même jusqu’à la Méditerranée. La belle cité de Prats-de-Mollo, elle,  est à nos pieds. Le retour vers la cité historique ou plutôt vers Can Got s’effectue par une petite sente qui descend plein sud au pied de la tour. Elle rejoint le sentier initialement indiqué « Prats-de-Mollo 6,4 km ». Mais si comme moi, vous trouvez cette randonnée un peu trop courte et que vous avez envie de remplir une belle journée, je vous conseille de reprendre la piste « Les Basses de Fabert » et d’aller marcher vers les débonnaires Puig Sec (1.642 m) et Pic de la Clape (1.655 m). Trois ou quatre bonnes raisons à cela : d’abord, de très belles vues sous d’autres angles sur la Tour de Mir, ensuite, des paysages de prairies et d’estives sur la crête frontière radicalement différents de ceux entraperçus jusqu’ici, et enfin, par grand beau temps, de splendides panoramas à perte de vue vers l’Espagne, vers le pyramidal Pic de Costabonne et le verdoyant vallon de la Preste. Pour atteindre le Pic de La Clape, il suffit d’emprunter la piste, de suivre la crête frontière symbolisée par la clôture sans hésiter à prendre quelques raccourcis mais en prenant soin de respecter les troupeaux qui sont à l’estive. Le retour vers la Tour de Mir s’effectue par le même chemin où l’on rattrape la sente balisée en jaune et rouge propre au Tour du Vallespir (parfois jaune seulement quand c’est le P.R.7). Elle descend âprement d’abord en sous-bois puis s’aplanit au milieu des mûriers et des rosiers sauvages au col d’En Cé  pour redescendre de la plus belle des manières à travers champs et au milieu d’un cortège de papillons multicolores vers la métairie de Mir. Ici, le chemin agréablement herbeux et moelleux coupe des près verdoyants où gambadent de nombreux chevaux. Le sentier descend ensuite vers Le Xatart que l’on va laisser à gauche en retrouvant le bitume. On prend à droite, on descend quelques virages sur l’asphalte et quelques minutes plus tard on retrouve la voiture à la Maison forestière de Can Got.  Vous consacrerez une belle journée à parcourir les 18 kilomètres de cette magnifique boucle pour découvrir cette « admirable » Tour de Mir et son extraordinaire environnement naturel.  Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top.25.

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Le Col de Siern (1.629 m) depuis La Preste (1.105 m)

Publié le par gibirando


Au même titre que de nombreux autres cols des Pyrénées-Orientales, ces sentiers sur la crête frontière avec l’Espagne par le col de Siern et le col Prégon ont sans doute vu passer au fil des siècles des millions de chemineaux.  Et quand je parle de « chemineaux »,  je n’évoque pas systématiquement l’aspect vagabondage des choses mais je pense plutôt à toutes celles et à tous ceux qui, pour des motifs divers et variés, ont cheminé ces voies de passage. Dieu sait s’ils ont été nombreux à toutes les périodes de l’histoire des deux pays frontaliers : Ibères, Celtes, Romains, Arabes, fantassins aragonais, castillans, majorquins et catalans, croisés et religieux de tous bords, pèlerins et cathares, soldats des royaumes d’Espagne et de France, angelets et miquelets, douaniers et contrebandiers, paysans et maquignons, travailleurs frontaliers et marchands ambulants, maquisards et résistants de tout poil, j’en oublie, j’en passe et des meilleurs. Mais, c’est sans aucun doute en 1939 que ces chemins ont été les plus empruntés par tous ces réfugiés espagnols qui fuyaient en masse et par vagues successives le régime de Franco.  D’abord dans un sens, pour ceux dont l’exil était la seule issue possible pour espérer un peu de liberté, puis dans l’autre sens, pour tous ces républicains qui organisèrent depuis la France et courageusement la guérilla contre le franquisme et franchirent ces cols pour retrouver un jour cette liberté démocratique. Alors, connaissant un peu l’Histoire de cette région, quand j’ai emprunté pour la première fois ces sentiers vers les cols de Siern et Prégon, je n’ai pu m’empêcher de penser à tous ces gens qui m’ont devancé sur cet historique chemin de traverse, souvent pour des raisons dramatiques et cruelles.  Aujourd’hui, sans oublier les heures les plus pénibles de ce souvent triste passé, on a le bonheur de s’engager sur ce chemin pour le simple plaisir de balader, alors sachons en profiter à sa juste mesure ! Depuis Prats-de-Mollo, commune à laquelle est rattachée La Preste, on rejoint la station thermale par la D.115A que l’on traverse pour rejoindre le parking d’où s’effectue le départ. Ici pas besoin de GPS, il faut lire le panonceau indiquant le col de Siern par le PR.20 et suivre le balisage jaune qui part vers une fromagerie. On marche d’abord sur la route goudronnée parallèle au Tech, au milieu des cytises et des genêts qui donnent une touche de couleur jaune à ce havre de verdure. Au bout d’un kilomètre, on quitte le bitume pour une sente qui monte en sous-bois. Droit devant nous, la haute pyramide du Costabonne (2.465m) s’érige en illustration souveraine de ce grandiose tableau naturel.  Souvent présent dans le décor, le haut pic va quasiment nous accompagner tout au long de cette superbe randonnée. Par d’amples lacets, la bonne sente grimpe dans la magnifique forêt de la Baga de Siern et coupe de temps à autres des pistes forestières. Il faut suivre le PR.20 et le balisage jaune même si quelques courts raccourcis signalés par des cairns peuvent être préférés. Au bout de trente minutes, on délaisse le large chemin qui va au Costabonne au profit d’un étroit sentier qui monte à l’opposé au milieu des hêtres et indique le Col de Sizern (Siern). Juste avant d’atteindre le col et la borne frontière 514 (1.629 m), on traverse un large pierrier.  Ici, il n’y a pas d’arbres pour nous boucher la vue, alors il faut en profiter car les panoramas avec encore quelques névés immaculés sur le Costabonne, les Esquerdes de Rotja et le massif du Canigou sont tout simplement extraordinaires.  Dans ce tableau enchanteur, on n’oublie pas les vues plongeantes sur la Vallée du Tech et celles somptueuses sur le Haut-Vallespir tout entier et la Réserve Naturelle. Au col, on arrive sur la crête frontière et le regard bascule sur le versant espagnol tout aussi magnifique : collines aux sombres forêts, prés d’un vert tendre tel des greens et vallons verdoyants se succèdent dans un horizon olivâtre sans fin. Au col de Siern, il faut emprunter par la gauche les caminoles qui filent plein est au milieu de petites sapinettes. A la fois traces d’animaux et de randonneurs, avec un balisage jaune et le chiffre 20 toujours présent, mais moins évident à percevoir, ces caminoles vous mènent sans problème au col Prégon en suivant les courbes du terrain. Le chemin parsemé de fleurs multicolores et encadré parfois de quelques boqueteaux s’élargit ou se rétrécit selon la configuration du paysage. Parfois il se rapproche où s’éloigne de la frontière matérialisée par une clôture, alors pour avoir une vision plus ample des deux versants à la fois, il ne faut pas hésiter à quitter le sentier balisé pour traverser les pelouses et grimper au sommet des mamelons les plus élevés (Puig del Rey, Portavella). Sur ces plateaux dépouillés, on n'a aucun mal à retrouver son chemin et il faut simplement faire attention à ne pas écraser les gentianes ou les massifs de polygales, de céraistes, de boutons d’or et d’une multitude d’autres fleurs qui poussent ici à profusion et colorent superbement les herbages.  Au col Prégon et à la borne 515, autre chemin de traverse dont les panonceaux indiquent vers la droite et l’Espagne, les cités d’Espinabell, Mollo, Camprodon et plus loin Ripoll,  nous, on tourne à gauche vers La Preste, on franchit la barrière et on descend dans la belle hêtraie en suivant un balisage jaune et rouge. Cette longue descente parfois très pentue nous amène facilement au hameau de La Forge où l’on tourne à gauche pour franchir le Tech par la petite passerelle de la Source de la Galerie. Ici l’itinéraire s’élève au dessus d’un lavoir, aboutit sur la D.115A  qui file vers La Preste, très belle cité thermale que l’on peut rapidement visiter. La boucle se referme sur le parking où l’on retrouve notre véhicule. Arrêts compris et en y allant « mollo » (c’est normal ici, même si le nom propre n’a pas, semble-t-il, les mêmes origines) comptez 5 à 6 heures pour réaliser ce splendide circuit. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top.25.

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre ou le Tour du Vallespir en 6 jours

Publié le par gibirando

Le Vallespir, vous connaissez ? Non ! Alors suivez-moi sur les magnifiques sentiers de cette belle région montagneuse des Pyrénées-Orientales à laquelle les Romains avaient donné le nom de "Vallis Asperi" ce qui voulait dire "vallée âpre". Au fil du temps, la contraction de ces mots romains ont fini par donner le nom Vallespir. Et si vous lisez le récit de cette aventure que j'ai vécue en août 2009, vous constaterez que l'âpreté de ces superbes montagnes et de cette splendide région toute entière n'est pas usurpée. Alors n'hésitez plus et venez marcher sur "les hauteurs de cette vallée âpre" et comme moi vous ferez le plein de découvertes ! Cliquez sur le le lien suivant pour démarrer.

http://pagesperso-orange.fr/gilbert.jullien/tour%20du%20vallespir%200.htm

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