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garrigue haute

La Boucle de la Combe Redonde à Port-la-Nouvelle

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 4 morceaux de musique extraits d'une playlist YouTube intitulée "Baroque Mix". Ils ont pour titres et interprètes : "Emotional Violins"  de Rafael KruxDavid Krulic y Orchestralis"Piano Passacaglia" de Mango Audio"Baroque Harpsichord and Strings" de Rafael Krux, David Krulic y Orchestralis et "Violinist Playing in the Snow" de Oleg Semenov.

La Boucle de la Combe Redonde à Port-la-Nouvelle

La Boucle de la Combe Redonde à Port-la-Nouvelle


 

Après le calcaire du « Sentier du Charbonnier », 7 jours plus tard, j’avais décidé de partir randonner vers celui de « La Combe Redonde »(*), boucle au départ de Port-la-Nouvelle que j’avais découverte en 2014 lors d’un inoubliable « Tour pédestre du Golfe Antique » en 3 jours. Oui, en ce 24 avril 2023, printemps oblige, j’avais décidé de rester dans les Corbières et la garrigue. Ici, cette dernière est prénommée « Haute ». La Garrigue Haute. Bien qu’ayant toujours eu un mal fou à identifier cartographiquement les limites du Massif des Corbières par rapport à leurs différents qualificatifs ;  on trouve tellement d’appellations avec « orientales », « occidentales », « centrales », « basses », « hautes », « méridionales », « maritimes », « catalanes », « du Languedoc »  « d’Alaric », j’en passe et des meilleures ;  j’allais passé grosso-modo des Basses-Corbières aux Corbières dites maritimes. En descendant ainsi de quelques échelons altimétriques, j’avais l’espoir d’y découvrir une faune,  et surtout une flore, quelque peu différentes à celles du Sentier du Charbonnier, déjà si riches. Car là elle était mon idée première : recenser d’autres fleurs, nouvelles ou pas,  mais insolites de préférence, et bien sûr en photographier un maximum. En effet, contrairement à l’idée qu’on peut se faire du calcaire avec ses sols aux aspects secs et donc arides, d’innombrables plantes s’y complaisent en permanence et bien d’autres adorent y pousser le printemps venu. C’était donc cette flore-là, de ce calcaire-là, que j’avais bien l’intention de découvrir en choisissant cette boucle.  Ici, ce calcaire, c’est celui du Massif des Corbières, datant du Crétacé dont le nom trouve son origine dans le mot latin « creta » signifiant «  craie » , roche sédimentaire calcaire comme chacun sait. Quant à cette « Combe Redonde », avant de partir j’ai essayé de savoir un maximum ce que l’on disait d’elle et ç’est comme ça que j’ai appris qu’il s’agit en fait à la fois d’une doline (*) mais également d’un ruisseau, les deux géologies étant peu éloignées l’une de l’autre. Le fond de la doline est désormais occupé par une vigne et les abords du cap Roc qui la domine sont truffés d’une bonne dizaine de blockhaus mais la boucle en question n’y passe pas. Quant au ruisseau situé un peu plus au nord,  j’ai appris que des « carriers » (*) y avaient vécu au début du siècle dernier afin d’extraire du marbre mais ils ont aussi activement participé à produire des moellons pour la construction, des bordures de trottoirs, des mausolées sans oublier la construction des jetées et autres digues du port de la ville. Voilà ce que j’ai appris de ce secteur que je vais partir découvrir. Si côté « idées », « objectifs » et « infos à connaître »,  les boucles sont bouclées, celle de « La Combe Redonde » reste  à accomplir. Il est 9h15 quand je range ma voiture sur le parking du lieu-dit « La Combe des Buis ». Je connais bien les lieux car outre mon passage lors de la dernière étape du « Sentier du Golfe Antique », j’étais revenu avec Dany en décembre 2021 lors d’une autre balade intitulée « La Boucle de la Garrigue-Haute et des Eoliennes depuis Port-la-Nouvelle. » Alors bien sûr, qui dit « décembre » dit « hiver » et qui dit « hiver » dit « flore très restreinte ». Cette fois, ce n’est pas du tout le cas. Des fleurs, il y en a partout et avec une incroyable variété. J’en photographie tellement que je ne vois pas l’instant où je pourrais démarrer cette balade. Finalement, je me dis que des fleurs il y en aura bien d’autres ailleurs, alors je file en direction de la table d’orientation que je connais déjà fort bien mais qui présente l’avantage d’offrir un panorama unique sur Port-la-Nouvelle, la mer et tous ses alentours proches ou lointains quand il fait beau. Finalement, et après ces quelques décamètres, je constate que la plupart des fleurs vues au départ sont là aussi un peu partout. Je démarre enfin. Elles se raréfient un peu, certaines disparaissent mais d’autres continuent à être bien présentes. C’est les cas de jolies asphodèles mais aussi des ails roses et des aphyllantes de Montpellier. Comme j’ai déjà pas mal rempli la mémoire de mon appareil-photo, j’en cherche des différentes, des nouvelles voire des carrément moins visibles. Il faut dire qu’ici or mis d’être aux aguets de la Nature, il n’y a pas grand-chose à découvrir d’autre. La table d’orientation, quelques vestiges en béton plus ou moins disséminés de l’occupation allemande lors de la seconde guerre mondiale, de rares ruines et les murets avachis d’un agropastoralisme désuet et surtout des postes de chasse. Alors là des postes de chasse, je vais en voir. ça ira du plus rudimentaire élevé en pierres sèches au plus confortable avec siège capitonné et moquettes en guise de parures mais surtout de chausse-trappes. S’il y a tant de postes de chasse, c’est parce que ce plateau calcaire de la Haute-Garrigue est bien connu pour être le lieu de passage migratoire parmi les plus  « top » de toute l’Aude ou presque. Je ne parle pas bien sûr d’une immigration humaine mais d’une avifaune très diversifiée se chiffrant parfois en milliers d’individus dont malheureusement beaucoup n'arrivent jamais à destination  car trucidés par les chasseurs. Sans compter bien sûr les sangliers qui n’ont aucun mal à trouver refuge dans ce dédale karstique et végétal. Alors bien sûr,  si photographier des sangliers m’intéressent,  en voir restent très aléatoires, et de ce point de vue, les oiseaux et les papillons font partie de mes desseins un peu plus accessibles. Autant l’avouer, la chance m’a souri une fois de plus,  mais parfois je me demande  si marcher en étant en permanence aux aguets de quelque chose comme je le suis n’est pas « générateur » et donc finalement « productif » ? Fleurs en grand nombre, des papillons et des oiseaux, quelques tarentes et des criquets toujours très craintifs, voilà la faune qui a été visible au cours de cette agréable balade printanière. Pour le reste, on découvre vers la fin du parcours les anciennes carrières que l’érudit audois Marc Pala nous décrit avec force détail dans ses « Archives du sensible ». Si ici, les carrières sont faites de calcaire et de marbre, ses archives à lui sont des mines d’or culturelles que l’on ne se lasse pas de lire tant on y  apprend de choses. Des « choses » qui présentent l’avantage d’être très souvent liées à des balades pédestres possibles. Ce fut le cas ici. Grâce à lui et au botaniste Olivier Escuder, qui une fois encore m’a bien aidé dans la détermination de toutes mes fleurs, je n’ai pas « marché idiot » et comme là aussi était mon intention, j’ai terminé cette balade amplement satisfait. Je ne l’ai pas mesurée personnellement avec mon GPS mais de manières assez étranges on trouve sur le Net bon nombre de distances bien différentes allant de 7,5km jusqu’à de 10,5km. Alors, j’ai mesuré le parcours tel que je l’ai réalisé à l’aide de mon logiciel CartoExploreur et voilà les principales données obtenues : distance parcourue 8,6km incluant mes quelques « sorties de route » (table d’orientation, postes de chasse, vignoble). Points les plus élevés 90 à 91m environ, point le bas 2  à 5 m environ soit un dénivelé approximatif de 86 à 82 m. Carte IGN 2547OT Durban-Corbières – Leucate – Plages du Roussillon Top 25.

(*) Combe Redonde : Si j’ai commencé par m’intéresser à la toponymie du « mot » Redonde, j’avoue ne pas avoir chercher longtemps pour trouver la bonne explication que l’on peut résumer par le mot  « rond ». L’occitan et le portugais (redonda),  l’espagnol (redondo au masculin ou redonda au féminin) en sont les plus proches phonétiques.  Le remarquable site « vousvoyezletopo » explique tout ça en détail bien mieux que je ne pourrais le faire.  J’ai ensuite très vite perçu que la Redonde avait un lien très étroit avec la géologie, le mot « combe » le précédent ne laissant planer aucun doute à ce sujet. Toutefois, si les principale cartes IGN classiques et topographiques mentionnent le ruisseau, celles mentionnant la doline située plus au sud sont à chercher dans les plans IGN que j’utilise peu ou carrément jamais sur le Net (Géoportail). C’est d’ailleurs de cette dernière façon que je l’ai trouvée sur le site suivant : https://www.yumpu.com/en/document/read/54787177

Alors certes ce site-là évoque le Cap Romarin dans son ensemble et ses proches alentours, il est également un peu plus technique mais on y apprend pas mal de choses sur le plan géologique, historique et anthropologique.

Enfin plus intéressante encore ; enfin pour moi ;  fut la lecture du texte écrit par Marc Pala à propos des  « carriers de la Combe Redonde » qui vivaient là à proximité du ruisseau dans la première moitié du 20eme siècle. C’est d’autant plus intéressant que l’itinéraire de la boucle y passe tout près et permet de fixer visuellement les décors et ainsi de les rapprocher de la lecture préalable. On se souvient donc du cabanon délabré, du grand mur, espèce de grande rampe qui y monte, des grottes à portique, des murets, des anciennes carrières, etc…..Autant d’éléments permettant de s’imaginer une vie d’antan. Oui, cette Combe Redonde est restée dans ma tête comme une « redondance » bien après la fin de cette jolie boucle. J’espère que cette « redondance »  m’aura permis de ne rien oublier.  

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La Boucle de la Garrigue-Haute et des Eoliennes depuis Port-la-Nouvelle.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons du groupe Gold. Elles ont pour titre : "Plus Près Des Etoiles", "Calicoba" et "Capitaine Abandonné". 

La Boucle de la Garrigue-Haute et des Eoliennes depuis Port-la-Nouvelle.

La Boucle de la Garrigue-Haute et des Eoliennes depuis Port-la-Nouvelle.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

 


 

En cet après-midi du dimanche 12 décembre, quelle « bonne » raison avait pu nous entraîner vers Port-la-Nouvelle et plus particulièrement vers ce vaste plateau karstique dominant la ville et qu’on appelle la « Garrigue-Haute » ? Certes, j’étais passé là en septembre 2014 lors de la 3eme étape d’un mémorable Sentier du Golfe Antique, mais la franchise me contraint à dire que ce n’est pas là que j’avais vécu les moments les plus intenses de ce tour pédestre en 3 jours et en solitaire ! Alors l’envie de marcher en changeant de décors ? Les fortes pluies des jours précédents qui nous avaient contraints à un confinement forcé ? Faire face à ces mots que l’on redoute depuis trop de temps déjà et que l’on essaie par n’importe quel moyen de contrarier ? Probablement un peu tout ça ! Sans trop de raisons valables, voilà donc comment est née cette balade pédestre que j’ai intitulée « La Boucle de la Garrigue-Haute et des Eoliennes depuis Port-la-Nouvelle ». Après quelques tergiversations, et parce que j’essaie, mais en vain, de me remémorer les lieux où je suis passé à pied en 2014, il est déjà 13h30 quand nous rangeons notre voiture au pied du lieu-dit « La Combe des Buis ».  Amplement industrialisé, avec ses innombrables pylônes, transfos et réseaux électriques, l’endroit n’a rien de folichon, mais il présente l’énorme avantage d’être agencé de très nombreux panonceaux directionnels de randonnées. Ces panonceaux, je les reconnais bien et notamment celui intitulé « Les Etangs - Tour du Golfe Antique ». Je le reconnais d’autant mieux qu’après 3 jours de marche et 80 km, c’était le premier et donc le seul que j’avais rencontré à quelques décamètres de l’arrivée ! Un comble bien évidemment ! Parmi les autres signalétiques, deux m’intéressent au premier chef : « Sigean 7,7km et Sentier Cathare (GR367) ». Voilà la direction que nous allons suivre, non pas jusqu’à Sigean, mais jusqu’au lieu-dit « Les Eoliennes » car bien évidemment c’est une boucle de ma composition que j’ai prévu de réaliser. Bien que 3 ou 4 voitures soient déjà garées, nous ne rencontrerons personne sur notre parcours. Il est vrai qu’il y a un P.R du nom de « Boucle de la Combe Redonde – 10,6 km » qui est plus clairement mentionné que ma propre boucle qui ne l’est que partiellement ! Ajoutons à cela un vent du nord ; cers ou tramontane je ne sais jamais ? ; un peu décourageant car soufflant ici en de violentes rafales et c’est un élément non négligeable à laisser quelques randonneurs dominicaux devant leur poste de télévision. Entre un vent violent et un grand ciel bleu, le second a eu notre préférence et c’est aussi pour ça que nous sommes là. Bien vu si j’ose dire, car le premier va énormément faiblir au cours de notre balade. Jolies tables d’orientation, beaux panoramas à 180° vers la mer, Port-la-Nouvelle et les étangs, de rares fleurs et quelques vestiges d’un passé parfois paisible ; puits, cabanes et bergeries ; parfois guerrier ; blockhaus, tourelle, tranchées : sont les premiers centres d’intérêts de cette boucle. Si les premiers ont servi à des travailleurs courageux, par bonheur les seconds vestiges n’ont jamais été utilisés entre 1943 et 1945. Les Allemands qui pensaient qu’un débarquement interviendrait avaient construit un système défensif sur les côtés méditerranéennes françaises du nom de Südwall, mais ici ce mur ne servit jamais à rien. Plus on pénètre l’intérieur de cette « Garrigue-Haute » et plus la foulée devient alerte car il ne reste quasiment que des paysages à se mettre dans les yeux. Par bonheur, au sein de ces derniers, on ne perçoit plus grand-chose de l’incendie de septembre 2017 qui a ravagé la moitié de la végétation de ce vaste plateau. La Nature a repris ses droits. Pour compenser cette monotonie et flâner un peu, j’en suis à recenser les plantes de la garrigue et à tenter de surprendre les quelques rares passereaux que l’on peut apercevoir. Le tout photographiquement il va sans dire ! Pourtant, le plateau est loin d’être plat et les décors loin d’être « insipides ». On y trouve quelques ravines et des dolines que des eaux séculaires ont réussi à creuser. On y rencontre même des parcelles de terrain encore travaillées car visiblement labourées. A l’horizon derrière un voile laiteux, on peut apercevoir côté « mer » la falaise de la Franqui et son cap Leucateles Albères et  le cap de Creu et côté « montagne » et bien plus loin encore le Massif du Canigou amplement enneigé. Quelques vieux puits, des cabanes ruinées et de nombreux murets nous rappellent qu’il fut un temps où ce lieu, malgré son immense âpreté, était plus largement exploité par des hommes vaillants. Ils pouvaient être bergers, boscatiers ou « carriers ». L’Histoire de Port-la-Nouvelle nous apprend que la jetée et les canaux ont été construits avec les pierres d’ici. L’arrivée au champ d’éoliennes nous fait entrer dans un autre monde. On prend soudain conscience que la vie passée ; celle de nos aïeux ;  ne reviendra sans doute plus. Les éoliennes ? Belles, pas belles, utiles ou pas, rentables ou pas, si oui pour qui ? Si les mêmes questions qu’en 2014 auraient tendance à ressurgir dans ma tête, j’ai tout de même appris depuis qu’elles étaient largement subventionnées avec nos impôts mais le plus souvent vers des sociétés étrangères. Alors je tire un  trait sur tout ça et tente d’oublier mon questionnement. Les éoliennes  sont là, certaines tournent, d’autres pas. A cause du vent qui souffle encore copieusement, je me demande bien pourquoi certaines sont à l’arrêt ?  Un point c’est tout ! Assez étonnement, je remarque un mirador de chasse au beau milieu du champ et tout près d’une éolienne, ce qui tend à prouver que la sempiternelle querelle «éoliennes » et « chasseurs » n’a pas encore trouvé de véritable solution. Tout le monde campe sur sa position et occupe le terrain. Les chasseurs savent bien que la Garrigue-Haute est un haut-lieu des passages migratoires des oiseaux. Les derniers décomptes officiels de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) mentionnent un couloir où passent annuellement plus d’un million de passereaux, 1.500 cigognes et plus de 40.000 rapaces, sans compter les espèces sédentaires. Les chiffres des oiseaux abattus, comme les grives ou les palombes sont absents. Pour les premières, ces 4,5 à 5 millions de grives qui seraient tuées en France chaque année quant aux secondes si le chiffre national est sensiblement identique voire supérieur à celui des grives, One-Voice estime de 20 à 30.000 les différents prélèvements audois dont 5.000 sur la seule commune de Leucate. (Source One-voice.fr du 20/02/2022). Malgré ces chiffres mentionnés par des associations sérieuses, on en trouve sur Internet qui sont deux à trois fois supérieurs. Quant aux sangliers, il y a belle lurette qu’ils ne jouent plus les Don Quichotte car ils ont compris qu’il n’est pas utile qu’ils se battent contre ces moulins à vent dont ils n’ont rien à craindre. Si les oiseaux appréhendent les éoliennes et les chasseurs, les sangliers ont plus à craindre des chasseurs. Ainsi va la vie sur la Garrigue-Haute. A la côte 83 de la carte IGN, nous stoppons et faisons demi-tour pour revenir à la côte 93. Là, nous empruntons un chemin qui laisse une ancienne et vaste bâtisse ruinée sur la gauche. Ses deux larges arcades encore bien debout laissent imaginer qu’elles étaient utiles à des passages de groupes, c’est-à-dire à troupeaux.  Ancienne bergerie probablement ?  Premier randonneur rencontré mais à V.T.T ! Puis un étroit sentier prend le relais. Il file d’abord sur une crête, offrant quelques vues lointaines vers Sigean et les Corbières maritimes puis il réintègre le plateau avant de longer le lieu-dit « La Castanière ». Faut-il voir dans ce nom un lieu planté de « châtaigniers » ou bien un quelconque risque de « castagne » ? Si châtaigniers il y a eu, ils ont disparu mais les risques et les mesures de prévention sont là, constamment mentionnés : « Danger – Carrière – Tirs de mines », « Entrée interdite », longue barre d’amoncellements rocheux et clôture grillagée sont là pour décourager ceux qui auraient un esprit aventureux voire carrément irréfléchi. Le sentier longe la vaste carrière des Ciments Lafarge où qu’on se le dise « il est interdit d’entrer ».  Moi, avec plus ou moins de réussite, je m’aventure à essayer de photographier les nombreuses fauvettes qui semblent avoir fait leur cette frontière si « périlleuse » pour les « non-ayants-droits ».  Finalement, malgré le vent, l’impossibilité à immortaliser tous les volatiles aperçus, la dense végétation que certains occupent, 5 à 6 espèces d’oiseaux viennent s’enregistrer dans la mémoire de mon appareil-photo. Je n’en espérais pas tant. La boucle se referme. Le vent s’est presque totalement calmé. Un couple de randonneurs marche en sens inverse du nôtre. Ils ont laissé tomber leur programme TV ? Il est 16h15, ils viennent de démarrer et pour nous cette balade dominicale se termine. Revenir au printemps pour découvrir la flore de ce plateau ? Faire « la Boucle de la Combe Redonde » ? Pourquoi pas ? Telle que racontée ici, cette boucle a été longue de 9,2km pour des montées cumulées de 206m et un dénivelé de 120m entre le départ à 10m d’altitude et les éoliennes à 130m. Carte IGN 2546 OT Narbonne Top 25.

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Etape 3 : Portel-des-Corbières/Port-la-Nouvelle 23,7km le 27 septembre 2014

Publié le par gibirando

Pour les raisons déjà invoquées dans mon récit, ce diaporama (comme les 2 autres) est agrémenté de diverses reprises de la chanson "La Mer" (en anglais Beyond The Sea) de Charles Trenet et Léo Chauliac. Elles sont interprétées ici et dans l'ordre suivant par 101 Strings Orchestra (instrumental), Luca Aquino avec Lucio DallaAudun Erlien et Wetle Holte (instrumental/chant), Acker Bilk (saxo), Alain Barrière (chant) et Biréli Lagrène (guitare jazz manouche). 

Etape 3 : Portel-des-Corbières/Port-la-Nouvelle 23,7km le 27 septembre 2014


 

- Portel-des-Corbières – Port-la Nouvelle.

 

- Hier soir, en lisant « Une porte dans les Corbières » de Robert Vila, j’ai appris que non loin d’ici, il y avait une église en ruines du nom de Notre-Dame des Oubiels. J’ai donc bien envie d’aller la voir avant de démarrer ma journée de marche. En réalité, en lisant ce recueil, j’ai compris que Portel-des-Corbières avait eu une Histoire très riche. Il y était question de gaulois et de romains, d’une bataille de la Berre, de Charlemagne et de Charles Martel, des Wisigoths et des Arabes, d’une terre cathare, autant de mots et de noms évocateurs mais pas suffisamment loquaces et instructifs au seul niveau de ce petit ouvrage. Beaucoup de ces mots résonnent à mes oreilles d’enfant, amoureux de l’Histoire de France et pourtant j’ignore tout de ce qui s’est passé ici. Le curieux que je suis voudrait donc bien savoir ! Je me promets d’étudier tout cela en rentrant. 8 heures. Comme promis à mes hôtes, me voilà déjà prêt à quitter le gîte. Après une douche bien revigorante, un petit déjeuner très copieux à la fois fait de ce que j’avais acheté hier soir mais aussi d’un gros bol de café et de lait solubles laissé par des locataires m’ayant précédés, j’ai parfaitement rangé mon sac, me séparant encore de tout ce qui me paraissait inutile. 8h30, Monsieur Noguero arrive. Il fait très rapidement un état des lieux sans bien sûr noter aucune anomalie car j’ai tout laissé aussi propre et rangé que je l’avais trouvé. J’évoque Notre-Dame des Oubiels et il me propose gentiment de m’y amener, ajoutant que ce n’est pas très loin. Effectivement et en voiture, il ne nous faut que quelques minutes pour y parvenir. Je le remercie pour son accueil, sa gentillesse et celle de son épouse et quand nous nous séparons, il me dit « n’hésitez pas à revenir, il y a énormément de balades à faire par ici ! ». Je me contente de lui répondre « je vous promets que je regarderai ça ! ». D’emblée, mais malgré son ample état de délabrement, cette église dégage quelque chose d’inhabituel et de singulier. Elle devait très belle mais surtout originale. On n’y reste pas insensible. Malgré son clocher-tour contrastant avec tout le reste de l’édifice, elle a un petit air de cathédrale gothique avec sa jolie rosace quasiment intacte (or mis le vitrail), ses arcades éventrées, ses contreforts et ses arcs boutants, le tout soutenant des voutes en ogives se terminant avec un clé de voute sculpté d’un animal. Ce n’est que plus tard que j’apprendrais qu’il s’agit d’un agneau, le nom Oubiels ou Ouviels ayant cette origine. Après une longue visite (mais j’y reviendrai encore) et de nombreuses photos, je descends dans la rivière La Berre et me retrouve rapidement au lieu-dit « Reînadouire », nom également lu dans le petit recueil. Ce nom signifie « la reine du gué » ou « Reine des eaux » et l’auteur prétend qu’il s’agit d’un ancestral passage de la rivière. Ici, entre deux rocs taillés par les eaux, un profond plan d’eau y est habituellement présent pour attirer les baigneurs les jours de forte chaleur, ai-je lu dans un magazine consacré à Portel. Mais aujourd’hui rien de tout ça et seule une ridicule flaque d’eau verdâtre subsiste au milieu d’une petite mer de galets blancs. Une bergeronnette grise en est la seule « estivante ». Elle part se percher sur un arbre en me voyant mais ne s’éloigne pas.  Pas facile de marcher dans ce lit, essentiellement pierreux de la rivière et ce d ‘autant qu’il est très loin d’être plat. Après la bergeronnette, c’est une Aigrette garzette qui s’envole à son tour. Estimant que j’ai vu l’essentiel de ce qu’il y avait à voir par rapport à mes lectures d’hier soir, je décide de grimper de l’autre côté de la rive. En effet, mon bout de carte IGN me laisse imaginer qu’un chemin s’y trouve menant à Portel. Après avoir galéré au sein du végétation plutôt touffue, le chemin est bien là. Il file effectivement en direction de la cité et débouche non loin du pont de Tamaroque à la sortie est de Portel. Chemin de Moncal annonce une plaque signalétique. Reste à retrouver le balisage jaune et rouge de la suite du parcours. Après quelques hésitations, je descends à nouveau vers la Berre. Là, près du stade communal, je finis par retrouver le bon itinéraire grâce à mon tracé GPS. Au milieu du vignoble, une large piste file parallèle à la rivière, puis quand les vignes disparaissent remplacées par un maquis, un étroit sentier prend le relais et s’en rapproche de très près. Si près parfois que l’on n’a aucune peine à imaginer qu’ici la rivière déborde assez souvent. Quelques bas-côtés défoncés ressemblant à des berges ravinées, des déchets gisant de-ci delà et des plastiques accrochés à des branches ou à des cannes de Provence sont encore là pour prouver qu’ici les crues sont sans doute récurrentes et agressives. Le chemin passe sous un pont autoroutier puis laisse sur sa droite les quelques bâtisses du lieu-dit Villefalse. Par un petit passage à gué, je m’y dirige par simple curiosité mais s’agissant d’un grand domaine avec maison de maître et de quelques propriétés apparemment très privées car copieusement clôturées, je ne m’y éternise pas et fais demi-tour. Bien m’en prend car j’arrive à une intersection prénommé Pech Maho où des panonceaux directionnels de randonnée sont disposés. Ici d’énormes travaux de terrassements sont en cours, travaux dont il est facile de deviner qu’ils sont en relation directe avec les crues de la Berre car une longue file de parements en béton forme le début de ce qui ressemble à une future digue. La dénomination Pech Maho m’évoquant quelque chose, il me semble utile de regarder mon bout de carte IGN. J’y vois mentionné le mot « oppidum ». Le lieu est tout proche et en tous cas à moins de 300 mètres selon mon estimation. Je me décide à faire l’aller-retour en empruntant un chemin longeant des vignes mais je ne sais par quelle circonstance, je me retrouve une fois encore tout près du lit de la Berre. J’y file parce qu’une fois encore j’y aperçois des passereaux. Si les oiseaux disparaissent, je découvre dans son lit un conglomérat de roches et de galets amalgamés. L’ensemble, qui est entouré d’une fondation en pierres de taille montées en appareil, ne fait aucun doute quant à son ancienneté.  Tout le reste de cet amas est noyé dans du mortier comme on le fait de nos jours pour constituer un grand coffrage. Si l’eau de la rivière a effectué son travail d’érosion continuel, il est évident que l’ouvrage est assez ancien. S’agit-il des restes d’un gué, d’un pont, d’un barrage ou bien d’un autre ouvrage hydraulique ? Sa présence dans le lit de la rivière peut soulever bien des questions, à moins que la rivière ait changé son trajet au fil des siècles et qu’il s’agisse d’un autre édifice n’ayant aucun rapport avec l’eau ? (Finalement, j’apprendrais plus tard qu’il s’agit d’une pile et du tablier d’un pont sur la Via Domitia, datant donc de l’antiquité, mais dont une mention dans un texte datant de 1335 a été retrouvée). Je quitte le lieu en continuant à longer le lit de la Berre bien asséché ici aussi. Finalement après quelques rares et petites vasques d’eau de-ci delà, j’atterris à un gué bien amoché lui aussi qui apparemment menait à Villefalse. Deux corneilles occupent l’endroit. Cette étrange découverte m’a presque fait oublié que je suis venu ici pour découvrir Pech Maho, alors je me mets en quête de le chercher. Il me faut moins de 10 minutes pour y parvenir et me retrouver devant un portail derrière lequel une longue butte de terre est sillonnée de multiples murets. Le tout est entourée d’un haut grillage infranchissable. Une pancarte annonce le programme « visite guidée uniquement » et  « d’avril en octobre le mercredi matin uniquement ou sur rendez-vous » mais le site est désert. Normal, nous sommes un samedi. Alors que je tiens mon aspect « antique » à portée d’appareil-photo, voilà que le mauvais sort m’en empêche. Je pars vers la droite du portail et me mets à longer la haute clôture dans l’espoir de quelques photos plus abouties quand tout à coup j’aperçois un gros trou dans le bas du grillage. Apparemment, je ne suis pas le seul à avoir eu envie de visiter le lieu un jour de fermeture, à moins qu’il s’agisse d’un pilleur de sépulture antique, ce qui n’est pas mon cas ? L’occasion est trop tentante, alors je me glisse au travers du grillage éventré. Me voilà à l’intérieur devant cet oppidum, ce premier vrai lieu antique de ce Sentier du Golfe éponyme. Oh, rien de vraiment folichon pour « l’antiquaire » curieux mais inculte que je suis. Je me contente de prendre des photos de l’ensemble de l’oppidum et sous tous ses angles sans bien sûr comprendre de quoi il s’agit, mais là aussi je me promets d’apprendre. Ce ne sont que des ruines mais j’y chemine avec une prudence dont je me demande si elle est bien utile, tant tout semble figé et sans grande fragilité apparente. Je suppose que si j’agis ainsi, c’est parce que je me sens un peu coupable d’avoir enfreint un interdit, même si bien sûr je n’ai aucun sentiment d’être entré par effraction, le grillage étant déjà cisaillé.  Enfin, je repars enchanté de Pech Maho, par le même chemin grillagé mais en évitant cette fois de me jeter dans la Berre.  Enchanté car je tiens enfin une raison concrète à cette dénomination « antique » qui semblait m’échapper depuis le premier jour. Alors que je divague autour de Pech Maho depuis presque une heure, il me faut moins d’un quart d’heure pour retrouver l’intersection et les panonceaux directionnels déjà aperçus. Sigean est indiqué à 3,3km et comme il n’est que 11h30 ça me rassure car j’envisage d’y déjeuner d’un gros et bon sandwich style jambon-beurre ou pan-bagnat accompagné d’une grande bière bien fraîche. J’en rêve car j’en ai un peu marre des salades style Sodebo toutes prêtes, des sandwichs-triangles, des gâteaux de riz industriels et des grandes gorgées d’eau plate. Finalement, ici au milieu des vignobles, et en l’absence de tout dénivelé , je peux me permettre de soutenir un rythme régulier sans être obligé de speeder. Par un énorme tuyau en tôle ondulée, le  large chemin passe sous la départementale, puis se poursuit sur le chemin du Pla et la rue de la Clauze pour atterrir dans la Grand-Rue du centre-ville de Sigean. De ce parcours depuis Pech Maho, seule la Nature a su me freiner : des oiseaux, un couple  de pigeons, une plate-bande ornée de grandes et jolies fleurs jaunes dont je pense qu’il s’agit de topinambours, un chat noir très gentil qui s’est laissé caresser avec réticence avant de se laisser aller. Outre cette Nature, je me suis également arrêté devant un graffiti, lequel au début de la rue de la Clauze montre un homme souriant accueillant le passant avec un surprenant doigt d’honneur. L’heure du déjeuner ayant déjà sonné dans mon estomac, la première brasserie ouverte est la bonne. J’y commande un gros pan-bagnat accompagné d’une chope de bière car même s’il y a des restaurants, aujourd’hui ce n’est pas ce dont j’ai envie. Quelques joueurs de Loto, qui devant moi, vont et viennent tenter leur chance m’incitent à risquer la mienne. Je remplis une grille avec des numéros dont la logique m’est toute personnelle (Elle s’avérera gagnante avec 3 numéros). Je quitte les lieux direction l’église Saint-Félix puis la mairie car selon mon bout de carte IGN j’ai le sentiment que la suite du parcours est dans ce secteur. Mon GPS me le confirme. Quelques panonceaux directionnels bien placés venant attester cette intuition, il ne me reste plus qu’à suivre le balisage bien présent. « Les Eoliennes 3,5km et Port-la-Nouvelle 9,8km » sont les mentions exposées du challenge qu’il me faut encore accomplir pour terminer ce Sentier du Golfe Antique. Si la sortie de Sigean, au milieu des lotissements et sur l’asphalte du chemin de Plaisance  est quelque peu fastidieuse et donc pas vraiment agréable et sans grand intérêt, les premiers vignobles et les premières pinèdes atténuent quelque peu cette « tribulation » obligée. Cette fois, l’itinéraire passe au-dessus de la départementale et voilà enfin la campagne. Certes je marche encore sur une petite route toujours bitumée mais avec des noms qui fleurent bons l’éloignement de la civilisation : « Souffleur de rêves », « Bellevue », « les Trois Fontaines ». Quelques oiseaux sont encore là pour que je reste aux aguets. Sur la modeste colline que je dois gravir, la vue d’un champ d’éoliennes est déjà synonyme de changement total de décors. Pourtant, avant de les atteindre, voilà que se présente la seule vraie déclivité à grimper depuis celle m’ayant amené aux Pesquis. Combien à gravir ? 50 m ? 60 m ? En 3 jours de « platitude », j’ai le sentiment d’avoir oublié qu’en randonnée une montée restait possible. Par bonheur, au milieu des vignes, des pinèdes et d’un agréable maquis, le tout plutôt bien verdoyant et parsemé de plusieurs cortals en ruines, je finis rapidement par ne plus penser à ce très modeste dénivelé. Les éoliennes sont belles. Enfin moi, je les trouve belles ! Elancées, affinées, pures ou épurées, pâles ou blanches, bien campées sont des qualificatifs qu’on peut leur attribuer comme à une jolie femme. Reste à savoir si sur la plan énergétique, elles sont aussi utiles et rentables que certains le prétendent, mais là je ne suis pas assez calé techniquement pour répondre à cette question. D’ailleurs, si l’on évoque une quelconque rentabilité, à qui profitent-elles est un autre interrogation qui n’est pas dénuée de fondement car j’estime que le citoyen a là aussi son mot à dire ? Si la réponse est « oui » et à tous, restons-en là, mais si c’est « non », malgré leur beauté, elles dénaturent les paysages et sont des entraves au fonctionnement normal de la Nature.  Apparemment, c’est cette dernière opinion qu’ont eu certains chasseurs qui ont cru bon de truffer de plombs quelques panneaux explicatifs de leur fonctionnement. Pourtant quand je lis moi-même ces panneaux tout semble merveilleux dans les meilleurs des mondes et les éoliennes semblent être l’avenir pour une énergie que l’on veut propre. Propre à n’importe quel prix ? Oui, d’un côté, on ne peut pas demander aux citoyens d’être écolos et de l’autre ne pas les intéresser à l’aspect « économique » d’une industrie de proximité qui se prétend propre. Personnellement, je suis contre les centrales nucléaires que j’estime bien trop nombreuses et donc bien trop risquées dans un petit pays comme le nôtre. Tchernobyl et Fukushima sont les preuves que des accidents très graves restent possibles et qu’adviendra-t-il de nous si un accident se produit en France ? Qu’adviendra-t-il de l’humanité si un gouvernant fou décide qu’il peut au travers d’un simple petit bouton rayer un pays voire la planète toute entière ? C’est en pensant à tout ça que se termine ma lecture de ces panneaux. Sous ces grands moulins blancs, je me sens tout petit et surtout un peu couillon devant tant de peurs, de doutes et d’interrogations. Je me dis que ce n'est pas le bon moment pour me polluer la tête ! Je ne trouve plus guère d’intérêt à m’y attarder et je continue le chemin. Ce dernier se faufile dans un maquis dont le seul attrait est d’être quelque peu changeant car creusé de plusieurs ravines partant dans tous les sens. Quelques oiseaux au plumage brun sont un deuxième attrait mais comme je n’arrive ni à les identifier et encore moins à les photographier, je suis forcément déçu. Des alouettes ou des pipits sans doute ? Non, des bruants finalement. Seules quelques fauvettes, facilement reconnaissables dans leur façon furtive de passer d’un buisson à un autre puis d’y disparaître, me contraignent à rester aux aguets. Il faut que l’horizon formé par la Méditerranée se dévoile pour qu’enfin mon intérêt pour les passereaux s’estompe quelque peu. Quelques vestiges nouveaux, un tunnel menant à un blockhaus et le support d’une ancienne batterie allemande sont les patrimoines encore visibles mais quelque peu déplaisants de cette Garrigue-Haute. Quand une jolie esplanade agrémentée de quatre tables d’orientation et de deux bancs se présente, je comprends que ce Sentier du Golfe Antique tire à sa fin. Port-la-Nouvelle est là, totalement visible car à quelques encablures. Ma voiture est sans doute à moins d’une heure de marche. La vue de la longue ligne droite formée par La Robine m’attriste un peu sans que je sache l’expliquer. Alors je flâne comme je l’ai quasiment toujours fait en terminant mes randos sur plusieurs jours. Comme toujours, je suis pris en tenaille dans une espèce d’indécision entre le désir d’en finir et de retrouver Dany et la maison et ce plaisir que j’aurais sans doute à marcher encore quelques jours si le parcours était plus long. Les panonceaux directionnels bien présents m’entrainent inéluctablement vers la ligne d’arrivée. « Combe des buis », « Cami des carrières », « Sentier Cathare » et voilà qu’enfin se présente pour la toute première fois depuis mon départ un panonceau « Les étangs – Tour du Golfe Antique ». « Il était temps ! » me dis-je. Le vrai départ était donc là tout près du théâtre en plein air dit de la Garrigue ? Je traverse un grand carrefour et le Canalet est là. Je sais qu’il ne me reste qu’à le suivre pour arriver. Alors je flâne sur son quai, mais même en m’arrêtant à tout bout de champs, ma voiture finit par être là. J’y dépose mon sac à dos dans le coffre et les écouteurs de mon baladeur enfoncés dans les oreilles, je repars à la découverte de ce petit secteur que je ne connais pas. Joli prétexte à bien y réfléchir ! Finalement, l’étang est encore tout près, lisse comme un miroir car le vent a totalement cessé de souffler. Je m’assois sur un banc d’algues sèches et écoute « la Mer » jouée ou chantée par divers interprètes. Je sais que la dernière chanson de mon baladeur est l’originale et donc chantée par Charles Trenet, alors je l’attends. Joli prétexte une fois encore pour m’éterniser ici au bord de ce petit paradis. Un petit paradis trop près de la civilisation à mon goût car perturbé par trop de bruits. Ceux des voitures passant sur le pont menant au port, ceux de rares petits bateaux empruntant la Canalet ou bien encore ceux de quelques trains passant à toute allure. Mais malgré ça je suis bien et comme prévue la chanson de Trenet finit par arriver. Je bois comme du petit lait les poétiques paroles en pensant à ma mère car je sais qu’elle adorait cette chanson.  Malade d’Alzheimer, recluse dans sa tête et dans un ehpad, elle arrive à la fin de sa vie mais au fond de moi, je sais qu’elle aurait bien aimé l’écouter : « Voyez Près des étangs Ces grands roseaux mouillés, Voyez Ces oiseaux blancs Et ces maisons rouillées…….. »

 

Finalement, quand je reprends la route pour rentrer chez moi, j’ai trouvé le titre du reportage que je compte écrire de ces 3 jours de marche…Ça sera « Voyez près des étangs, voyez ces oiseaux blancs ou 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique ». Je ne pouvais rêver mieux !

 

Nous sommes le 27 septembre 2014, ma mère décèdera le 10 novembre. Je lui  dédie le compte-rendu de ces 3 jours, elle qui me disait toujours après avoir lu mes récits de balades « quand je te lis, je marche avec toi ». J’espère que là où elle est partie, elle peut encore me lire ?

 

Nota : Concernant les distances, je tiens à préciser qu’au cours de ces 3 jours, et malgré la présence d’un GPS dans ma poche, je n’ai pas enregistré de données. D’abord parce que cela ne m’intéressait guère et ensuite parce que mon GPS étant très ancien, je savais d’avance qu’il manquerait de précisions à ce propos. Cela ne m’intéressait guère car avant de partir je savais que j’aurais grosso-modo et au bas mot 75 km à parcourir. C'est la distance que j'avais lue. Je n’étais donc pas à quelques kilomètres près et ce d’autant que je savais que les dénivelés seraient nuls ou au pire très modestes. Sur mes vidéos, vous trouverez des distances mentionnées qui sont des estimations d’un simple point à un autre, c’est-à-dire de la commune de départ à celle d’arrivée. Ces distances, si elles tiennent compte des entorses que j’ai pu faire au tracé originel du Sentier du Golfe Antique fourni par la Fédération de Randonnée Pédestre, elles ne tiennent pas compte de mes différentes « sorties de route », c’est-à-dire de tous ces lieux où ma curiosité m’a entraînée et dieu sait s’ils ont été nombreux. J’ai donc voulu, mais par simple curiosité, à l’aide de mon logiciel CartoExploreur recalculer les vraies distances parcourues incluant toutes ces « sorties de route ». Le résultat final, mais approximatif encore une fois, est le suivant : Etape 1 28,4 km, étape 2 24,9 km et étape 3 23,7 km soit un total de 77 km. Je suppose que si vous envisagez de parcourir ce tour et que vous lisez au préalable mon récit vous ne serez pas à quelques kilomètres de plus ou de moins à parcourir. Quoi qu’il en soit, je vous le souhaite d’ores et déjà très agréable.

 

(*) Pourquoi Golfe Antique ? : Dans l’antiquité, les étangs de Bages-Sigean, de l’Ayrolle et de Gruissan étaient reliés entre eux et formaient un golfe en relation avec la mer. Le massif de la Clape était une île au milieu de ce golfe où se déversait l’Aude nommée alors « l’Atax ». Les alluvions de l’ Aude ont comblés ce golfe. L’étang de Bages-Sigean était longé par un grand axe de communication entre l’Espagne et l’Italie axe qui reliait les oppida. Hannibal partant à la conquête de Rome, emprunta cette voie (voie héracléenne) qui fut modernisée par les romains et rebaptisée « Via Domitia ». Dans ce golfe, Narbonne était un port au commerce maritime très important. (Source Site du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre de l’Aude / CDRP11). Rajoutons que de nombreuses preuves de cette activité maritime ont été retrouvées à divers endroits autour de l’étang actuel de Bages-Sigean (La Nautique, Mandirac, Sainte-Lucie, île Saint-Martin, Peyriac-de-Mer, etc...). Le seul aspect « antique » est d’ailleurs encore plus ancien que la présence des Romains puisqu’il est acquis que d’autres peuples les ont précédés autour du golfe comme les Elysiques mais également les Ligures et les Volques Tectosages à un degré moindre.

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