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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo 15 kms.

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.3eme étape : Mercredi 19 août 2009.

Saint-Guillem (1.287 m)-Prats-de-Mollo (753 m) 15 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

Nous nous aventurâmes jusqu'au village de Prats-de-Mollo. J'avoue que je préférai les bocages de la plaine à ces grandes montagnes couvertes de chênes verts et qui semblent plus faites pour abriter des bandits, que pour assurer le couvert à des honnêtes gens. Extrait de l'essai " Voyage en France en 1787, 1788, 1789 ". Arthur Young (1741-1820) agriculteur, agronome et écrivain britannique.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.LA FAUTE A KLAUS :

Malgré cette anxiété que j'ai eu hier soir, j'ai fini par m'assoupir. Quand j'y repense, je constate que c'était plutôt une appréhension momentanée qu'une vraie obsession. Puis vers minuit, j'ai été réveillé par un bruit. C'était comme le bruit d'un grattement. Mais une fois éveillé, je me suis aperçu qu'un autre bruit venait du volet d'un petit vasistas qui était resté ouvert et qui grinçait sous une légère brise nocturne. A la faible clarté de ma lampe frontale, je n'ai rien observé qui correspondait au grattement qui m'avait réveillé. Par contre, le rayon plus large que ma lampe projetait contre le mur du refuge me fit remarquer qu'il manquait une grosse pierre à 15 centimètres de ma paillasse. Au fond de ce trou ainsi constitué, il y avait un nid de souris fait d'une bourre blanche, de poils et de fibres diverses. Mais de souris, il n'y en avait point ! Est-ce elle qui grattait avant que je ne me réveille ? Avait-elle eu le temps de décamper avant que je n'éclaire la lampe ? Pour ne plus être embêté par ce grincement lugubre et ces grattements désagréables, je pris les sages résolutions de fermer le vasistas et de déménager ma litière à l'autre bout du bat-flanc. Puis, j'ai profité de ce réveil fortuit pour partir uriner dehors. Le ciel tout entier était étoilé et une belle voie lactée blanchissait le firmament au dessus de la chapelle de l'ermitage. La nuit était douce et quasi silencieuse. Seule une petite brise, frissonnant les feuilles, tentait sans succès de rompre cette quiétude. Comme j'appréciais pleinement l'instant présent, cette sérénité, cette paix secrète et intime, loin du monde bruyant et trop insociable que j'avais quitté, je suis resté de longues minutes sur le pas de la porte, les yeux levés vers le ciel et l'ermitage qui se découpait, à écouter ce silence avant de partir me recoucher. Une fois encore, cette nuit-là fut bénéfique et, à mon grand étonnement, je n'ai ressenti à mon réveil aucune contracture musculaire, ni aucune douleur, malgré les deux longues étapes déjà accomplies et la rusticité du couchage qui ne m'avait pas empêché de dormir profondément.

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Quand je quitte Saint-Guillem, vers le sud, le jour est déjà levé mais le hameau est encore dans la pénombre. Ici les panneaux sont on ne peut plus clairs mais mal placés et je vais me tromper avant de me raviser et de reprendre le bon chemin.

Il est 7 heures. Vers le sud, le jour est déjà levé mais Saint-Guillem de Combret, blotti au fond du vallon de Coumelade, est encore dans une obscure nébulosité. Bloqués par les hauts monts environnants, les rayons du soleil mettront encore plus d'une heure avant d'éclairer complètement le minuscule hameau. Je déjeune de deux gâteaux de riz vite expédiés et d'une grande gorgée d'eau et range tranquillement mes affaires et mon sac à dos en prêtant attention à ne rien oublier dans le refuge. Il est 8 heures quand je démarre avec ma trousse de toilettes, mon gant et ma serviette à la main. Je sais qu'il y a dans le hameau, non loin d'ici, une auge ou plutôt un vieux lavoir dans lequel, par un tuyau de PVC, s'écoule une eau de source cristalline. J'ai bien l'intention de me raser et de faire un brin de toilettes car j'ai la désagréable sensation de me sentir sale et poussiéreux. Je mets un quart d'heure pour me laver et tenter de parfaire ma présentation. Mais j'ai le sentiment que l'eau glacée a eu un seul effet non négligeable sur mon organisme, celui de lui assener un " claquant " coup de fouet qui me permet de démarrer cette étape dans d'excellentes conditions. Je profite pour remplir mes deux gourdes et mon camelback d'une eau fraîche et renouvelée.

La large piste s'élève rapidement au dessus de l'ermitage. Sur ma droite, là même où hier après-midi j'ai galéré, la tempête Klaus a laissé un immense chantier de désolation dans cette forêt qui était pourtant magnifique. Par contre, en face de moi, les flancs du Puig dels Sarraïs (1.830 m) et du col de Serre-Vernet (1.808m) que je dois cheminer semblent moins meurtris. Il y a bien deci delà, quelques cicatrices, quelques sillons d'immenses résineux couchés, mais rien de bien inquiétant, en tous cas vu d'ici.

Quelques minutes plus tard, et alors que je m'apprête à poursuivre la piste, je remarque inopinément sur ma droite un panonceau qui semble m'indiquer Prats-de-Mollo et le col de Serre-Vernet par un autre chemin qui s'enfonce dans la forêt. Et je commets là une nouvelle erreur en ne sortant pas immédiatement mon GPS. Quand je le sors, c'est bien trop tard, car mon GPS ne capte plus aucun satellite masqué qu'il est au fond de ce sous-bois touffu. Deuxième erreur, je ne sors pas ma carte non plus, tranquillisé, il est vrai, par ce rassurant panneau. Et quand je sors ma carte, c'est encore beaucoup trop tard car j'ai marché ainsi une " bonne " demi-heure jusqu'à m'inquiéter de ne plus rencontrer le balisage jaune et rouge qui était pourtant bien visible jusqu'à présent. Au regard de la carte, je me rends à l'évidence, je me suis trompé, une fois de plus. Quitte à avoir perdu une heure, je décide de faire demi-tour car ce chemin qui zigzague toujours en forêt sans aucun balisage apparent me trouble et ne m'amènera nulle part et en tous cas pas où je dois aller.

Quand je retrouve la piste et le panonceau, selon moi, très mal placé à cet endroit, j'ai effectivement perdu une heure. Je m'avance sur la piste et quelques dizaines de mètres plus loin, j'aperçois effectivement les marques de peinture jaune et rouge propres au GRP du Vallespir. Je poursuis la piste et enjambe le fougueux torrent de Coumelade par un large pont bétonné. Peu après, la piste se sépare en deux, mais le balisage est ici parfait et m'oriente vers la droite. Plutôt plane au début, maintenant la piste monte allégrement, effectue deux larges courbes, avant d'atteindre le col Baxo à 1.473 mètres. Au fond de ce petit col herbeux, un nouveau panneau sollicite un départ à gauche. Ici une minuscule sente, encadrée d'une clôture, est barrée d'un petit portail qui est là pour empêcher les bovins de passer mais pas les randonneurs. Sans trop m'en apercevoir, et malgré l'heure perdue, j'ai déjà fait 190 mètres de dénivelé sur les 521 que je dois accomplir pour atteindre les 1.808 mètres du Col de Serre-Vernet. C'est bien sûr encourageant, mais j'évite de trop penser aux 331 mètres restant sur les trois kilomètres d'ascension qui doivent m'amener au pinacle de ce tour du Vallespir.

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J'ai quitté Saint-Guillem par un chemin qui enjambe la rivière Coumelade. Parfaitement balisé, il s'élève rapidement par le col Baxo, file à travers des bois touffus où coulent quelques petits ruisseaux. Mais parfois le chemin se transforme en balcon et j'ai le bonheur d'être en surplomb de superbes paysages. Saint-Guillem est déjà très loin.

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Ce chemin parfois en balcon me laisse entrevoir Saint-Guillem que j'ai quitté ce matin. On aperçoit les bois saccagés par la tempête Klaus. Celui au dessus du hameau où j'ai galéré hier lors de mon arrivée et celui en dessous du refuge où se trouve un bel arboretum avec notamment quelques séquioas.

 Malgré le dénivelé, le petit chemin est changeant et agréable. Cheminant le plus souvent en sous-bois et recouvert d'un épais tapis de feuilles mortes, il coupe quelques ruisseaux, affluents de la Coumelade et monte rectiligne offrant quelquefois de magnifiques vues vers le sud mais surtout sur Saint-Guillem et tout le Bassin de Coumelade. Puis soudain, il bifurque dans le sens opposé en direction du Col de Serre-Vernet dans un bois de petits pins chétifs. Il n'est pas tout à fait midi quand j'arrive au col, point culminant de ce périple avec ses 1.808 mètres

Vaste pré herbeux entouré de pins et de sapins, il semble être le paradis pour nombre de génisses et de vaches blanches indolentes. La plupart sont affalées sur la verte prairie et même mon passage laisse indifférent tous ces bovins, qui repus, ne tournent même pas la tête quand je m'approche d'eux. Ici, les panoramas à 360° sont splendides de tous côtés. De nombreux hauts sommets et de nouveaux pics apparaissent, de nombreuses crêtes composent l'horizon : la Crête des Sept Hommes (2.651m), le Pla Guillem (2.301m), les Roques Blanches (2.252m), les Esquerdes de Rotja (2.316m), le Roc Colom (2.507m) et le Pic de Costabonne (2.465m) pour ne citer que les crêtes les plus connues et les plus attractives. Mais il y aussi de profonds ravins et surtout cette immense et épaisse forêt domaniale qui n'en finit plus de s'étendre sur ce magnifique Haut-Vallespir. Ici, il y a aussi un panneau, mais il ne sert plus à rien car il gît à terre et n'indique plus aucune direction. Je le redresse et essaie en vain de retrouver son emplacement originel. De dépit, je le pose contre un petit pin dans la position qui me semble la plus appropriée avec St Guillem dans la direction d'où je viens. A l'aide d'un bout de ficelle que j'ai trouvé sur la pelouse, j'ai beau l'attacher avec bons sens à une branche du pin, je ne suis guère plus avancé quand à la direction à prendre pour me rendre à Prats-de-Mollo.

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J'arrive au col de Serre Vernet. A 1.808 mètres, c'est le point culminant de mon périple. Les paysages sur le très Haut-Vallespir sont superbes de tous côtés. Ce col est aussi le paradis de vaches et des génisses. Le panonceau indicatif gît à terre, je le redresse et l'attache à un pin mais je ne suis pas plus avançé quant à la direction à prendre pour aller à Prats. Heureusement j'ai mon GPS !

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J'effraie un petit veau puis je m'arrête pour déjeuner dans cet éboulis qui descend très raide du Puig dels Sarraïs vers la vallée de la Parcigoule. Je ne peux trouver plus beau spectacle ! Mais la descente est loin d'être finie, je dois encore atteindre deux cols, celui de la Collade d'En Mandoulé et le col de Coumeille, petit pré verdâtre que j'aperçois tout en bas.

Mais heureusement, ma carte IGN est là et mon GPS aussi et à force d'avancer dans différentes directions vers le sud, je finis par trouver le bon itinéraire qui file sur le pré puis contourne quelques rochers. Il est midi et j'ai faim, mais comme la suite de l'étape est essentiellement faite de descentes, je prends la décision de continuer un peu pour m'offrir comme hors d'oeuvre un splendide panorama dégagé. Cette sente allie pelouses, petits bois de pins et de feuillus mais aussi rocailles et rochers plus ou moins gros. Mais il y aussi de nombreux et bas genévriers derrière lesquels quelques veaux ruminent leur fourrage. L'un d'entre eux peut se vanter de m'avoir fait une belle frayeur et tressaillir quand il a débouché devant moi alors que je marchai dans un silence de cathédrale. Mais je suppose que lui aussi, il a du avoir une peur " bleue " ! En contournant maintenant le rocailleux Puig dels Sarraïs, le chemin n'est désormais plus qu'amoncellement de blocs déchiquetés et gros pierriers escarpés. Je redouble de vigilance pour éviter toute chute qui, ici, serait catastrophique pour de pas dire fatale. Il est temps que je m'arrête pour déjeuner car je ne trouverai pas meilleur belvédère que ces éboulis, bien exposés au soleil, qui descendent raides vers le vallon de la Parcigoule. Il n'y a plus aucun obstacle devant moi et je déguste à la fois ma salade et ce magnifique spectacle. Assis sur une grosse pierre plate bien chaude et adossé à une autre, j'ai trouvé, dans de ce fauteuil improvisé mais un peu dur il est vrai, une terrasse peu confortable pour mes fesses mais idéale pour mes yeux.

D'ici, je jouis d'un panorama exceptionnel sur le Bassin de la Parcigoule mais aussi sur une immense partie de ce Haut-Vallespir que je suis venu découvrir. C'est d'ailleurs en mangeant dans ce gros pierrier que j'ai imaginé le titre de mon voyage et de ce récit : " Sur les hauteurs d'une vallée âpre ".

Après trois jours de marche, et à cet instant précis, il me semblait qu'aucun autre endroit traversé ne méritait plus ce terme de " âpre " que cet immense magma rocheux. Dans cet éboulis, les aspérités ne manquent pas et l'âpreté, je la touche à chaque instant. Le déroulement imminent de ce Tour du Vallespir me montra malheureusement et très vite que je n'avais pas encore tout connu de cette légendaire âpreté. Quand je repars, la sente, où du moins ce que j'en devine grâce à un balisage abondant et précis, se complique sacrément en étant toujours très rocheuse mais en devenant encore plus abrupte. Pour éviter toute chute, je m'applique à poser mes pieds sur des pierres stables et quand les marches sont trop hautes à descendre, je m'aide autant de mes mains que de mes pieds.

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J'en ai fini avec la longue descente le long du flanc pierreux du Puig dels Sarraïs. Au col de Coumeille, une étrange croix gravée dans la pierre et le pic de Granarols que le chemin contourne au milieu d'une jolie pelouse jonchée de carlines blanches pour se diriger vers un autre puig , celui des Lloses. Ce puig, je vais m'en souvenir très longtemps !

Après un premier petit col herbeux, la Collade d'En Mandoulé sur la carte, la descente abrupte continue mais la sente moins rocailleuse mais plus terreuse devient plus facile jusqu'au Col de Coumeille (1.566m). Ce collet, petite prairie vert clair, encadrée par le Puig dels Sarraïs et le Pic de Granarols (1.690m) je l'ai entrevu dès le début de la descente du col de Serre-Vernet et depuis je languis de l'atteindre tant mon appréhension d'une mauvaise chute dans ce champ de pierres est ancrée dans ma tête. Aussi, je suis si soulagé en l'atteignant que la première chose est de déposer mon sac à dos et de m'allonger les bras en croix sur ce vert herbage. Mais, à cet endroit, je ne suis pas le seul à avoir fait une croix, un autre chemineau a cru utile d'en graver une dans la pierre, moins éphémère que la mienne. Au regard de son usure générale, des vieilles mousses et de l'érosion de petits conglomérats dans son cadre, cette croix me paraît très ancienne. Depuis quand était-elle là ? Je ne suis pas un spécialiste ni de l'archéologie ni de la géologie mais pour l'avoir lu, je sais que le Vallespir a été occupé bien avant le néolithique, époque où l'homme a vraiment commencé à maîtriser le polissage et la sculpture de la pierre. Alors cette croix, est-ce vraiment une croix ancienne ou une cupule comme celles que les hommes préhistoriques ont laissés gravés un peu partout dans le département ? Quelle âge a-t-elle cette gravure ? 5000 ans, 8000 ans, 10000 ans ? Est-elle plus récente et liée au christianisme ? Ou bien a-t-elle été sculpté par un preux et inventif chevalier en partance pour une croisade ? Comme toujours en pareil cas, j'en prends une photo avec l'idée de l'exposer dans mon futur récit à la fois pour l'agrémenter mais aussi avec le secret espoir que cette photo pourra être vue par de vrais spécialistes qui pourront ainsi et sans doute répondre à nombre de mes interrogations.

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L'étrange croix photographiée au col de Coumeille. Je suis preneur, si quelqu'un a des réponses aux questions que je me pose au sujet de cette croix ?

Au col de Coumeille, le chemin contourne le Pic de Granarols pour arriver au Puig des Lloses (1.413m). Ici, le sentier tout en pente douce et très praticable est un réel plaisir. Atteindre ce nouvel objectif n'est cette fois qu'une simple formalité. Il est 14 heures tapantes quand j'arrive au Puig des Lloses. Les panneaux directionnels y sont au nombre de trois : " 1- Le Tour du Vallespir vers Saint-Guillem, à savoir l'itinéraire que je viens de parcourir, 2-Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles, col situé à 30 minutes et bien sûr, 3 Prats-de-Mollo par le GRP Tour du Vallespir que je dois suivre pour respecter le tracé de mon GPS et celui de topo-guide de Georges Véron. Le Puig des Lloses ressemble plutôt à un petit collet avec un replat d'où l'on a une vue plongeante sur Prats-de-Mollo. Ici, je retrouve une flore que j'avais perdue de vue depuis le col de Formentere, faite de sorbiers des oiseleurs, de maigres genêts, de rachitiques genévriers et toujours ces bas massifs de bruyères roses que je côtoie depuis mon départ. Mais une chose me surprend sans trop m'inquiéter sur l'instant, ce sont ces petits amoncellements de branchages cassés dont on voit très bien qu'ils ont été laissés là en l'état depuis la tempête Klaus. Quand à Prats-de-Mollo, d'ici, la cité n'est visible que parce qu'une multitude de grands sapins ont été étêtés ou fracassés sur un vaste périmètre. Mais quand je poursuis la sente du Tour du Vallespir en direction du Col du Miracle, je ne suis pas vraiment inquiet. Il y a bien, dés le départ, un pin en travers du sentier mais je l'enjambe très facilement. 50 mètres plus loin, il y en a deux autres mais ceux-là je ne peux pas les enjamber et suis obligé de les contourner, assez facilement il est vrai. Puis, les pins et les sapins renversés en travers se succèdent. J'enjambe, contourne, passe parfois en dessous et quand je ne peux pas, par dessus. Je commence vraiment à galérer et mes membres sont déjà bien égratignés. Mais en y prêtant attention, je remarque que je ne suis pas le seul à être passer par là. Je vois parfaitement que les bas-côtés du sentier ont été piétinés car la terre est meuble aux endroits où un contournement était la seule alternative. Randonneurs, chasseurs, animaux ? Puis, d'un coup plus rien, plus d'arbres couchés sur plusieurs centaines de mètres. J'arrive au ravin du Pas des Vaques qui n'est ici qu'un petit ru où coule un mince filet d'eau sur un fond boueux. Avec un mouchoir en papier que je mouille au préalable, j'éponge toutes mes égratignures. Je traverse le ruisseau sans problème et poursuis mon chemin dans un sombre sous-bois, ce qui me convient très bien, car ça signifie que tous les arbres sont encore debout. Mais ça ne dure malheureusement pas et là, un peu plus loin, ça se complique car il n'y a pas de réel passage, et en tous cas aucune trace d'un franchissement antérieur. Quand je le peux, j'enjambe, mais quand les troncs sont trop hauts, je tente de passer dessous, mais parfois en vain car le problème avec les sapins, c'est qu'ils sont parfois partiellement déracinés et ont encore toutes leurs épaisses ramures. Et quand ils n'ont plus leurs ramilles, c'est encore pire car leurs branches sèches sont autant de poignards qu'il me faut éviter. Alors, je contourne, je descends, je monte tout en essayant de ne pas trop m'éloigner du chemin. Souvent, je suis contraint d'ôter mon sac à dos, qui, dans ce dédale, est un terrible handicap. Ouf ! J'ai réussi à franchir ce nouvel obstacle mais voilà que 150 mètres plus loin, il en apparaît une autre, aussi difficile que le précédent sinon plus.

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Au Puig des Lloses, les panonceaux sont nombreux et j'aperçois Prats-de-Mollo tout en bas, pourtant je vais me fourvoyer pendant plus de quatre heures dans cette forêt du Miracle ravagée par la terrible tempête Klaus. En vain. De cette forêt, je vais en ressortir meurtri, égratigné, ensanglanté et surtout brûlé des épaules aux chevilles pour être tombé dans de hautes orties ! De surcroît, je vais perdre mon appareil-photo, ce qui va m'obliger à retourner dans ce fatras pour le retrouver. 

Je suis fatigué et sanguinolent mais dans ma tête, je me dis que si j'en ai passé un, je peux en franchir d'autres. Je me dis aussi que les forestiers du coin doivent bien être conscients que le Tour du Vallespir est barré par tous ces arbres abattus et je suppose qu'ils ont commencé à déboiser en partant de Prats-de-Mollo et en remontant le sentier. Ce n'est pas possible, ce traquenard va bien finir par s'arrêter ! Je passe plus facilement ce nouveau barrage et arrive à un endroit où le sentier fait un angle droit près d'un piton rocheux en surplomb de Prats-de-Mollo. Ici, je prends conscience des dégâts considérables que la tempête Klaus a provoqué dans ce secteur mais j'arrive néanmoins à parcourir encore 500 mètres sans trop de difficultés avant de tomber sur une autre empreinte d'une forêt complètement ravagée. J'enjambe, je contourne, remonte et redescend sans trop me préoccuper du chemin qui a définitivement disparu dans cet amas incommensurable d'arbres brisés, de troncs fracassés, de branches amoncelées et de branchages empilés. Dans ma tête, j'espère surtout que ce nouveau sillon dévasté ne sera pas trop large et qu'une nouvelle fois, je pourrai le franchir. Par moment, j'arrive dans des impasses. Il m'est impossible de contourner, de passer dessous et malgré la hauteur où se trouvent les troncs, souvent à plus d'un mètre du sol, la seule solution reste de les enjamber. Je n'en suis pas à ma première enjambée mais cette fois, le tronc est-il un peu plus haut où est-ce la fatigue, toujours est-il, que droit sur le rondin, je me sens partir en arrière entraîné par le poids de mon sac. Un coup de reins pour me rétablir, mais ce coup de reins est bien trop puissant et voilà que je pars en avant ! J'ai beau mouliner l'espace avec mes bras pour tenter de tenir en équilibre mais c'est trop tard, mes mains ne rencontrent que le vide et en tous cas, rien où s'accrocher. Je pars en avant, je vais tomber et me rompre le cou dans ce monstrueux chaos, mais une dernière inspiration me donne l'intuition et le sursaut que plutôt que de tomber n'importe où et n'importe comment, il faut mieux que je me jette à un endroit choisi. Voilà, j'ai réussi, si je puis dire ! Je me retrouve planté au milieu d'un gros massif de ronces et de hautes orties. Mon genou gauche a malgré tout cogné fortement une grosse branche et je saigne abondamment. Mais ce n'est pas ça le plus douloureux, mais toutes ces petites brûlures d'orties qui, peu à peu, en partant des chevilles, semblent monter tout le long de mon corps, enflammant surtout mes jambes mais également mes bras. J'ai l'impression de flamber debout et malgré la douleur, je reste planté là au milieu de cette désolation, de ce néant. Je suis tout à coup comme tétanisé par l'angoisse. Mais je perçois que cette angoisse est arrivée de manière soudaine car jusqu'à présent, j'étais trop occupé à m'en sortir. Une fraction de quelques secondes, il me vient à l'esprit de sortir mon portable et d'appeler des secours. Mais en me retournant, et malgré cette complète désolation, je constate que ce n'est pas le néant absolu : à vol d'oiseau, je ne suis pas très loin d'une piste blanche et sableuse que je distingue en contrebas à quatre ou cinq cent mètres. Je discerne des voitures qui y circulent et aussi un mas. Et même si à cet instant précis, je voudrais être un oiseau, je n'en suis pas un ! Je me suis foutu tout seul dans cette " mouise " et il faut que j'en sorte tout seul aussi ! Mais faire cinq cent mètres dans cette dévastation, je sais à l'avance que c'est une impossible gageure.

La faute à Klaus Schümann

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je suis tombé par terre c'est la faute à Voltaire.

Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes exactement, j'ai hurlé :

Je suis tombé sur un os, c'est bien la faute à Klaus.

Le nez dans les gentianes, c'est la faute à Schümann.

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je ne suis pas notaire, c'est la faute à Voltaire.

Je suis petit oiseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes, j'ai crié :

J'ai chuté sur les lloses, c'est bien la faute à Klaus

J'ai brisé mes organes, c'est la faute à Schümann

 

Je voudrais faire un saut et atterrir à Prats-de-Mollo,

Je ne suis pas petit oiseau, c'est la faute à mon père !

Alors il me faut être costaud et que j'ai un sursaut !

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le 24 janvier 2009, la tempête Klaus a provoqué de considérables dégâts dans le Haut-Vallespir. En août, les plaies sont loin d'être toutes cicatrisées.

C'est donc décidé, je vais rebrousser chemin jusqu'au Puig des Lloses et descendre à Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles. La première chose à faire, c'est retrouver le sentier mais où peut-il bien être dans ce " labyrinthe " végétal trop urticant à mon goût. Seul mon GPS peut me le dire et il faut d'abord que je sorte de ce roncier qui m'enveloppe comme une toile d'araignée. D'ailleurs des araignées, il y en a pas mal ici et comme elles n'apprécient pas trop mon intrusion dans leur domaine réservé, elles me piquent elles aussi. Mais bon, je n'en suis plus à une piqûre près ! Seule solution, sortir par là où je suis arrivé, c'est-à-dire par le haut. Cette fois, j'ôte mon sac à dos, dont je vérifie au préalable toutes les fermetures et je l'envoie valdinguer par-dessus le tronc dont je viens de choir. Je me hisse sur le tronc et me mets carrément à cheval sur lui. Un point GPS me situe à une cinquantaine de mètres du chemin qui est vers le nord et pour moi vers le haut. Je récupère mon sac et poursuit ainsi mes divagations. Je jette mon sac, me hisse à nouveau, le récupère et ainsi de suite. Parfois, je jette mon sac un peu plus loin car j'arrive à jouer les équilibristes sur plusieurs troncs couchés de concert et ma progression s'accélère. Je vais mettre un gros quart d'heures pour retrouver le sentier et encore plus d'une heure pour rejoindre le Puig des Lloses. Quand je regarde ma montre, j'ai du mal à le croire : il est déjà 17 heures et voilà trois heures que je me fourvoie dans cette forêt du Miracle, la mal nommée. Il faut absolument que j'appelle l'hôtelier pour le prévenir que j'aurai du retard. De ce côté-là au moins je serais tranquille et quand je l'ai au bout du fil, effectivement il me rassure. J'ai réservé, j'ai payé et la chambre à l'hôtel Ausseil m'est complètement allouée quoi qu'il m'arrive. Mais s'il savait ce brave homme ce qu'il vient de m'arriver ! Mais n'en parlons plus, j'en suis sorti, même si c'est fourbu, écorché, entaillé, égratigné, brûlé et ensanglanté de la tête aux chevilles. Maintenant, le sentier qui descend vers le Col de Cavanelles au milieu des genêts et des hautes fougères est plutôt agréable et les panoramas sont suffisamment beaux pour que je me remette à prendre des photos. Mais où est mon appareil ? Il n'est pas dans une de mes poches et je ne me souviens pas l'avoir rangé dans mon sac ! Non, il était dans sa housse accrochée à ma ceinture et à ma ceinture, je n'ai plus rien désormais ! Le bouton-pression a dû s'ouvrir et je l'ai perdu ! Je suis désespéré car perdre mon appareil photo c'est comme si j'avais perdu la mémoire de ces trois premiers jours depuis Amélie-les-Bains. Pour moi, c'est inimaginable et il faut que je le retrouve. Sans trop réfléchir, je sors ma dernière gourde d'eau de mon sac à dos et je jette ce dernier dans les hauts genêts en m'assurant qu'on ne le voit pas depuis le chemin. Deux petites branches en forme de croix que je place au bord du sentier pour retrouver cet endroit et me voilà entrain de remonter le sentier, presque en courant, vers cet " enfer vert " où j'ai sans aucun doute perdu mon appareil. Où se trouvera-t-il ? Loin, près ? L'ai-je perdu quand je suis tombé de ce tronc plus haut que les autres ? S'est-il décroché dans le roncier ? Ou bien sous un tronc que j'ai franchi comme un tunnel ? Voilà les questions et bien d'autres qui grouillent dans ma tête alors que je me jette dans cette " impossible " quête. Vu l'heure et le temps que j'ai mis la première fois, il faut à la fois que je fasse vite mais sans pour autant négliger mes recherches. Ce serait idiot de passer à côté sans voir l'appareil par précipitation. L'absence du sac à dos m'aide considérablement mais au fond de moi, je sais que selon l'endroit où la housse est tombée de ma ceinture, c'est comme rechercher une minuscule aiguille dans une énorme botte de foin. Sans le sac mais avec une gourde à la main, je passe néanmoins tous les petits obstacles plus aisément, je traverse le ru du Pas des Vaques, je franchis le premier couloir de sapins anéantis avant que le sentier fasse un angle droit. Rien ! Il me reste encore un barrage à franchir avant ce virage et comme pour le précèdent, j'essaie de me souvenir par où je suis passé à l'aller mais aussi au retour. Et là, au moment où je me baisse pour passer sous les branches encore vertes d'un immense sapin déraciné, le miracle survient ! La petite housse avec mon numérique à l'intérieur est là au milieu du sentier sous la verte ramure. Ouf ! Ouf ! Ouf ! Je respire à pleins poumons. Quel soulagement. Je vérifie mon appareil que j'enfonce au plus profond de la poche de mon short et par sécurité supplémentaire, je referme celle-ci avec le Velcro consacré. Une fois encore, il ne me reste plus qu'à rebrousser chemin. Ce ne sera que la quatrième fois que j'emprunte cet itinéraire et si ça continue, je vais finir par en connaître le moindre recoin par coeur ! D'ailleurs, c'est le cas, car dans ma précipitation et alors que je me suis arrêté pour boire un coup, j'ai posé machinalement mon bob sur un rocher et je l'ai oublié. Mais je ne suis pas inquiet car je sais parfaitement où il se trouve.

Il est 18 heures quand je passe une nouvelle fois devant la panonceau " Puig des Lloses - 1.413 m - PR6B - Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles - 30 mn ".

A cet instant précis, je ne sais pas pourquoi, il me vient une abominable anxiété : Et si ce chemin, lui aussi, était impraticable, barré par une forêt saccagée ? Après tout, il n'y a pas d'autre chemin et le peu que j'en ai parcouru avant de retourner chercher mon appareil photo ne me laisse aucune certitude et ne me permet pas d'être rassuré. Après tout, Prats-de-Mollo que j'aperçois en bas est au moins à trois kilomètres à vol d'oiseau et il faut au bas mot compter au minimum le double par le chemin. Tout est encore possible ! Cette terrible angoisse, elle va soudain se transformer en une grosse boule au creux de mon estomac et elle va rester là, encore blotti pendant une heure et demie. Autant, j'ai été longtemps serein cet après-midi même au plus fort de mes élucubrations, autant maintenant je prends conscience que je peux ne pas arriver au bout de cette étape, en tous cas aujourd'hui. Mais je sais aussi que je n'ai pas le choix dans la direction à prendre et je continue. Je récupère mon sac. Les photos que j'avais voulu prendre tout à l'heure, je les prends maintenant. Mais j'avoue que je n'ai plus le cœur à ça ! J'ai toujours cette appréhension et ces questions qui fourmillent dans ma tête et je ne pense plus qu'à une chose : descendre, descendre, et descendre encore au plus vite vers Prats-de-Mollo. Comme prévu et sans problème, j'arrive au bout de 30 minutes à ce que je crois être le col de Cavanelles. A gauche, un grand champ en pente avec un large chemin qui le contourne, un autre chemin qui part droit devant moi et un autre qui part complètement à gauche. Je n'ai plus de tracé sur mon GPS et je ne vois plus le balisage jaune que j'ai entr'aperçu dans la descente. Je suis contraint de stopper pour regarder ma carte IGN. J'en profite pour manger et absorber un peu d'énergisant car je suis exténué. Le chemin qui part droit devant moi n'existe pas sur la carte. Ça m'étonne mais je l'oublie. Celui qui part à droite se termine dans un cul de sac. Je l'oublie aussi. Reste celui qui part à gauche et qui semble être le bon à la lecture de la carte. Je redémarre, c'est bon, j'aperçois un coup de peinture jaune sur le piquet d'une clôture. Je contourne ce lopin de terre que je voyais d'en haut. Le chemin continue de tourner, puis à mon étonnement, il se remet à nouveau à monter. Je suis éreinté et je n'en crois pas yeux quand je retrouve le petit pin sous lequel je viens de manger, il y a un instant. Je n'ai fait que tourner en rond autour de cette parcelle en friches. Mon téléphone sonne. C'est Dany. Elle demande de mes nouvelles. Je ne peux que lui dire bof ! Mais elle veut en savoir plus. Alors sans trop l'inquiéter, je lui raconte très brièvement mes mésaventures et lui explique que je ne suis plus sur le Tour du Vallespir, que je galère pour descendre sur Prats-de-Mollo et qu'il est primordial que je regarde très attentivement ma carte IGN. Je coupe en lui promettant de la rappeler dès que j'arrive à l'hôtel. Je redéploie ma carte et essaie de me situer par rapport au paysage que j'ai en face de moi. Je comprends que je ne suis pas au Col de Cavanelles mais près d'un endroit qui sur la carte s'appelle " La Segnora ". Il y a légèrement sur ma gauche le Puig Fabre (1.147 m), petit monticule débonnaire qui me rappelle étrangement ces petits volcans arrondis que l'on rencontre en Auvergne dans la chaîne des Puys.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.OSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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Avec une chance inouie, j'ai retrouvé mon appareil-photo, le plus gros de ma galère est terminé, mais je descends très anxieux vers Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles car je ne suis pas certain du chemin. Finalement, de ce col, j'aperçois le bourg et un chemin désormais très praticable y descend. Ma grosse boule au creux de l'estomac disparaît.

C'est par là qu'il me faut aller, car le chemin passe au pied de ce Puig, et là je comprends qu'en bas du champ en friches, il me faut partir complètement à gauche par une piste qui est parfaitement indiquée sur la carte. Je redescends, contourne à nouveau le petit lopin de terre jusqu'à un portail que je n'avais pas aperçu la première fois. Il y a bien une trace jaune sur ce portail et une piste qui démarre derrière. Je l'emprunte. Un peu plus loin, il y a un raccourci toujours balisé en jaune qui part à droite dans de hauts genêts, mais je le néglige car même si mon itinéraire est plus long, la piste me semble très empruntée par des véhicules, car il y a de nombreuses empreintes de pneus sur le sable. Et surtout, je sais que cette piste va me mener là où je veux. J'ai trop erré aujourd'hui pour prendre le moindre risque de me retrouver une nouvelle fois face à des arbres morts et couchés. Toujours cette boule à l'estomac ! La piste fait maintenant une grande boucle et descend j'en suis certain vers le Col de Cavanelles. Dans cette descente, j'ai le bonheur de tomber sur une baignoire qui sert d'abreuvoir aux animaux et de mare improvisée aux têtards. D'un gros tuyau en PVC, il y coule une eau fraîche et claire et je peux ainsi me rafraîchir et surtout nettoyer toutes ces plaies et égratignures d'où des écoulements de sang ont ruisselé mais ont séché depuis. Au fond de moi, je me dis que sans toutes ces traces d'hémoglobine sur la peau, je serais un peu plus présentable pour arriver à l'hôtel ! Mais si après ce nettoyage, j'ai retrouvé un peu de mon " prestige ", cette eau glacée a l'effet désastreux de réveiller toutes ces brûlures d'orties. Elles n'étaient pas tout à fait endormies mais elles sommeillaient et les douleurs s'étaient bien atténuées. D'ailleurs, quand je regarde mes bras et mes jambes, mais mes jambes surtout, elles sont recouvertes presque intégralement de petites boursouflures rouges. Je sais que dans ma pharmacie, je n'ai aucun médicament, aucune pommade, pour tempérer cet urticaire. Je repars et cinq minutes plus tard, j'arrive au Col de Cavanelles. Il est 19h15. Ici la piste continue mais un panonceau indique une sente qui part à droite : " Col de Cavanelles - 1.050 m- PR6- Prats-de-Mollo par le Fort Lagarde 40mn ". Je compulse à nouveau ma carte car je me méfie désormais de tous les raccourcis. Mais celui-là est bon quand je constate qu'il ne descend que dans un environnement rocheux. Je sais que c'est gagné et la boule au creux de mon estomac disparaît comme par enchantement.

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Du col de Cavanelles, je distingue la Tour de Mir, une autre difficulté de ce Tour du Vallespir, le Pic de Costabonne, le Roc Colom où le Tech prend sa source et le château Lagarde que je rejoins 40 minutes plus tard. Du château, j'ai une belle vue sur la vallée du Tech, sur Prats-de-Mollo et son riche patrimoine historique. 

Dans cette descente rocailleuse, je me remets à faire quelques photos : de Prats-de-Mollo bien sûr, la cité est encore loin mais je sais qu'elle se rapproche à chacun de mes pas, de la citadelle du Fort Lagarde construite par Vauban en surplomb de la ville et de la Tour de Mir juchée sur un piton rocheux au milieu d'une ténébreuse forêt qui me fait face. Cette tour, je la connais pour y être monter à de multiples reprises. Je la prends en photo, mais à vrai dire je ne veux pas trop la regarder car il va me falloir la gravir demain. Et pourquoi le cacher, j'appréhende déjà car la forêt constituera l'essentiel de cette étape. J'ai mis 30 minutes pour arriver au Fort Lagarde au lieu des 40 qu'annonçait le dernier panneau indicatif. Je prends des photos du fort et de la ville dont le clocher carré qui domine l'église Sainte-Juste et Sainte-Ruffine perfore le panorama. Mais ce ne sont que de simples clichés, juste des souvenirs. Il est 20 heures 15 quand j'entre dans la cité. Voilà 12 heures que je suis sur les chemins. Pour combien de kilomètres parcourus ? Je suis incapable de le dire ! Alors faut-il que je l'avoue, sur la fin, la vigueur m'a manqué pour apprécier tout ce patrimoine historique à sa juste valeur ! Cette étape qui était la plus  courte est en fin de compte devenue la plus difficile depuis mon départ. 

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13 heures sur les chemins, quand j'entre dans Prats-de-Mollo, je suis fatigué et meurtri par cette très longue journée de marche éprouvante et mémorable. C'est au pas de course que j'ai traversé le fort Lagarde construit par Vauban. Je n'en ai pris simplement que quelques photos sans aucune conviction mais pour le simple plaisir de les inscrire dans mon souvenir et surtout pour le réel bonheur d'avoir retrouvé mon appareil photo dans la forêt du Miracle. Cette forêt porte-t-elle bien son nom ? Moi, en tout cas, je reste indécis entre la galère que j'ai vécue pendant 4 heures et le fait d'en être sorti à peu près indemne et pour terminer avec mon appareil photo dans la poche ! Un rescapé lui aussi !

Alors, ce qui m'importe maintenant, c'est de me retrouver au plus vite à l'hôtel. Aussi quand j'arrive sur la place du Foirail, je m'empresse de demander à une dame la direction de l'hôtel Ausseil et gentiment elle m'indique du doigt une grande porte fortifiée au milieu des remparts et me précise que l'hôtel est situé juste une rue après. Je passe sous le porche, arrive sur une autre place et comme je me souviens du nom de cette place " Josep de la Trinxeria ", je sais que l'hôtel est là. Mais la place est bondée de touristes et occupée par les deux restaurants qui y ont largement installés leurs tables et leurs chaises. La place Josep de la Trinxeria est en réalité une immense terrasse pour les deux restaurants mitoyens et quand je demande l'hôtel Ausseil à un garçon de table, il me réponds simplement : vous y êtes ! Au milieu des tables et devant des clients certainement interloqués par mon " look " de randonneur anéanti, je tente en vain de m'expliquer dans un brouhaha inextricable. On ne s'entend pas ici me dit-il. Suivez-moi ! La salle intérieure du restaurant est vide et je peux enfin m'exprimer :

- Je suis Monsieur Jullien, j'ai réservé une chambre. Montrez-la moi que je puisse au plus vite prendre une douche.

- Oui, je crois que vous en avez besoin, me réponds-il avec un petit sourire narquois et en me tendant une clé et en rajoutant : c'est la chambre 7 au deuxième étage.

- Puis-je manger après ? lui dis-je.

- Oui, mais ça ne sera peut-être pas en terrasse car tout est plein me réponds-il.

- Peu m'importe !

Malgré les escaliers qu'il me faut encore escalader, je m'empresse de monter dans la chambre. Avant toute chose, je me déshabille et me jette sous une douche chaude. J'ai bien essayé d'abord l'eau froide mais ce fut un supplice insupportable. Je n'ai pas insisté car à nouveau les brûlures se sont réveillées de manière presque insoutenable. J'ai appelé Dany pour la rassurer et l'embrasser mais sans trop m'étendre sur tous les déboires que j'avais endurés au court de cette mémorable journée. Les hauteurs du Vallespir ont été sacrément âpres aujourd'hui. Encore plus âpres que je ne l'avais imaginé ! C'est sûr maintenant, le titre de mon aventure " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " ne sera pas galvaudé.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.oSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Une ruelle à Prats-de-Mollo et le clocher de l'église Saintes Juste et Ruffine.

ÂPRE EST CE VALLESPIR…… 

 

Âpre est ce Vallespir que je veux cheminer.

Dure est la Tour de Mir quand il faut y grimper.

Je ne fais que grandir sur ces crêtes boisées,

Les sources ont à jaillir pour combler les fossés.

 

Âpre est ce Vallespir que je veux affronter.

Dur est le déplaisir lorsque l'on veut marcher.

Et si mes pas délirent, rien ne peut m'arrêter,

Sauf les pins, ces martyrs que le vent a couché.

 

Âpre est ce Vallespir, je veux le proclamer.

Dur mon sang à tarir, je ne suis que touché.

Et ce pourpre élixir, il ne fait que couler,

Mon corps prêt à bondir sur les chemins dallés.

 

Âpre est ce Vallespir que j'ai pourtant aimé.

Dures ces lloses, ces porphyres où j'ai pourtant chuté.

Et si ma tête chavire, je n'vais pas m'écrouler,

Sur ces frêles sentiers, dans ces prés parfumés.

 

Âpre est ce Vallespir où il faut s'arrêter.

Dur est le point de mire où il faut arriver.

Et si mon cœur soupire alors qu'il est blessé,

Mon amour viens vers moi , toi seul peut l'apaiser.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le lendemain matin, la Tour de Mir me nargue de ces 1.540 mètres d'altitude. Elle se trouve sur le tracé du Tour du Vallespir. Vais-je l'affronter ?

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la forêt ravagée par la tempête Klaus pour passer à l'étape suivante

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo 15 kms.

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.3eme étape : Mercredi 19 août 2009.

Saint-Guillem (1.287 m)-Prats-de-Mollo (753 m) 15 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

Nous nous aventurâmes jusqu'au village de Prats-de-Mollo. J'avoue que je préférai les bocages de la plaine à ces grandes montagnes couvertes de chênes verts et qui semblent plus faites pour abriter des bandits, que pour assurer le couvert à des honnêtes gens. Extrait de l'essai " Voyage en France en 1787, 1788, 1789 ". Arthur Young (1741-1820) agriculteur, agronome et écrivain britannique.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.LA FAUTE A KLAUS :

Malgré cette anxiété que j'ai eu hier soir, j'ai fini par m'assoupir. Quand j'y repense, je constate que c'était plutôt une appréhension momentanée qu'une vraie obsession. Puis vers minuit, j'ai été réveillé par un bruit. C'était comme le bruit d'un grattement. Mais une fois éveillé, je me suis aperçu qu'un autre bruit venait du volet d'un petit vasistas qui était resté ouvert et qui grinçait sous une légère brise nocturne. A la faible clarté de ma lampe frontale, je n'ai rien observé qui correspondait au grattement qui m'avait réveillé. Par contre, le rayon plus large que ma lampe projetait contre le mur du refuge me fit remarquer qu'il manquait une grosse pierre à 15 centimètres de ma paillasse. Au fond de ce trou ainsi constitué, il y avait un nid de souris fait d'une bourre blanche, de poils et de fibres diverses. Mais de souris, il n'y en avait point ! Est-ce elle qui grattait avant que je ne me réveille ? Avait-elle eu le temps de décamper avant que je n'éclaire la lampe ? Pour ne plus être embêté par ce grincement lugubre et ces grattements désagréables, je pris les sages résolutions de fermer le vasistas et de déménager ma litière à l'autre bout du bat-flanc. Puis, j'ai profité de ce réveil fortuit pour partir uriner dehors. Le ciel tout entier était étoilé et une belle voie lactée blanchissait le firmament au dessus de la chapelle de l'ermitage. La nuit était douce et quasi silencieuse. Seule une petite brise, frissonnant les feuilles, tentait sans succès de rompre cette quiétude. Comme j'appréciais pleinement l'instant présent, cette sérénité, cette paix secrète et intime, loin du monde bruyant et trop insociable que j'avais quitté, je suis resté de longues minutes sur le pas de la porte, les yeux levés vers le ciel et l'ermitage qui se découpait, à écouter ce silence avant de partir me recoucher. Une fois encore, cette nuit-là fut bénéfique et, à mon grand étonnement, je n'ai ressenti à mon réveil aucune contracture musculaire, ni aucune douleur, malgré les deux longues étapes déjà accomplies et la rusticité du couchage qui ne m'avait pas empêché de dormir profondément.

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Quand je quitte Saint-Guillem, vers le sud, le jour est déjà levé mais le hameau est encore dans la pénombre. Ici les panneaux sont on ne peut plus clairs mais mal placés et je vais me tromper avant de me raviser et de reprendre le bon chemin.

Il est 7 heures. Vers le sud, le jour est déjà levé mais Saint-Guillem de Combret, blotti au fond du vallon de Coumelade, est encore dans une obscure nébulosité. Bloqués par les hauts monts environnants, les rayons du soleil mettront encore plus d'une heure avant d'éclairer complètement le minuscule hameau. Je déjeune de deux gâteaux de riz vite expédiés et d'une grande gorgée d'eau et range tranquillement mes affaires et mon sac à dos en prêtant attention à ne rien oublier dans le refuge. Il est 8 heures quand je démarre avec ma trousse de toilettes, mon gant et ma serviette à la main. Je sais qu'il y a dans le hameau, non loin d'ici, une auge ou plutôt un vieux lavoir dans lequel, par un tuyau de PVC, s'écoule une eau de source cristalline. J'ai bien l'intention de me raser et de faire un brin de toilettes car j'ai la désagréable sensation de me sentir sale et poussiéreux. Je mets un quart d'heure pour me laver et tenter de parfaire ma présentation. Mais j'ai le sentiment que l'eau glacée a eu un seul effet non négligeable sur mon organisme, celui de lui assener un " claquant " coup de fouet qui me permet de démarrer cette étape dans d'excellentes conditions. Je profite pour remplir mes deux gourdes et mon camelback d'une eau fraîche et renouvelée.

La large piste s'élève rapidement au dessus de l'ermitage. Sur ma droite, là même où hier après-midi j'ai galéré, la tempête Klaus a laissé un immense chantier de désolation dans cette forêt qui était pourtant magnifique. Par contre, en face de moi, les flancs du Puig dels Sarraïs (1.830 m) et du col de Serre-Vernet (1.808m) que je dois cheminer semblent moins meurtris. Il y a bien deci delà, quelques cicatrices, quelques sillons d'immenses résineux couchés, mais rien de bien inquiétant, en tous cas vu d'ici.

Quelques minutes plus tard, et alors que je m'apprête à poursuivre la piste, je remarque inopinément sur ma droite un panonceau qui semble m'indiquer Prats-de-Mollo et le col de Serre-Vernet par un autre chemin qui s'enfonce dans la forêt. Et je commets là une nouvelle erreur en ne sortant pas immédiatement mon GPS. Quand je le sors, c'est bien trop tard, car mon GPS ne capte plus aucun satellite masqué qu'il est au fond de ce sous-bois touffu. Deuxième erreur, je ne sors pas ma carte non plus, tranquillisé, il est vrai, par ce rassurant panneau. Et quand je sors ma carte, c'est encore beaucoup trop tard car j'ai marché ainsi une " bonne " demi-heure jusqu'à m'inquiéter de ne plus rencontrer le balisage jaune et rouge qui était pourtant bien visible jusqu'à présent. Au regard de la carte, je me rends à l'évidence, je me suis trompé, une fois de plus. Quitte à avoir perdu une heure, je décide de faire demi-tour car ce chemin qui zigzague toujours en forêt sans aucun balisage apparent me trouble et ne m'amènera nulle part et en tous cas pas où je dois aller.

Quand je retrouve la piste et le panonceau, selon moi, très mal placé à cet endroit, j'ai effectivement perdu une heure. Je m'avance sur la piste et quelques dizaines de mètres plus loin, j'aperçois effectivement les marques de peinture jaune et rouge propres au GRP du Vallespir. Je poursuis la piste et enjambe le fougueux torrent de Coumelade par un large pont bétonné. Peu après, la piste se sépare en deux, mais le balisage est ici parfait et m'oriente vers la droite. Plutôt plane au début, maintenant la piste monte allégrement, effectue deux larges courbes, avant d'atteindre le col Baxo à 1.473 mètres. Au fond de ce petit col herbeux, un nouveau panneau sollicite un départ à gauche. Ici une minuscule sente, encadrée d'une clôture, est barrée d'un petit portail qui est là pour empêcher les bovins de passer mais pas les randonneurs. Sans trop m'en apercevoir, et malgré l'heure perdue, j'ai déjà fait 190 mètres de dénivelé sur les 521 que je dois accomplir pour atteindre les 1.808 mètres du Col de Serre-Vernet. C'est bien sûr encourageant, mais j'évite de trop penser aux 331 mètres restant sur les trois kilomètres d'ascension qui doivent m'amener au pinacle de ce tour du Vallespir.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.oSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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J'ai quitté Saint-Guillem par un chemin qui enjambe la rivière Coumelade. Parfaitement balisé, il s'élève rapidement par le col Baxo, file à travers des bois touffus où coulent quelques petits ruisseaux. Mais parfois le chemin se transforme en balcon et j'ai le bonheur d'être en surplomb de superbes paysages. Saint-Guillem est déjà très loin.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Ce chemin parfois en balcon me laisse entrevoir Saint-Guillem que j'ai quitté ce matin. On aperçoit les bois saccagés par la tempête Klaus. Celui au dessus du hameau où j'ai galéré hier lors de mon arrivée et celui en dessous du refuge où se trouve un bel arboretum avec notamment quelques séquioas.

 Malgré le dénivelé, le petit chemin est changeant et agréable. Cheminant le plus souvent en sous-bois et recouvert d'un épais tapis de feuilles mortes, il coupe quelques ruisseaux, affluents de la Coumelade et monte rectiligne offrant quelquefois de magnifiques vues vers le sud mais surtout sur Saint-Guillem et tout le Bassin de Coumelade. Puis soudain, il bifurque dans le sens opposé en direction du Col de Serre-Vernet dans un bois de petits pins chétifs. Il n'est pas tout à fait midi quand j'arrive au col, point culminant de ce périple avec ses 1.808 mètres

Vaste pré herbeux entouré de pins et de sapins, il semble être le paradis pour nombre de génisses et de vaches blanches indolentes. La plupart sont affalées sur la verte prairie et même mon passage laisse indifférent tous ces bovins, qui repus, ne tournent même pas la tête quand je m'approche d'eux. Ici, les panoramas à 360° sont splendides de tous côtés. De nombreux hauts sommets et de nouveaux pics apparaissent, de nombreuses crêtes composent l'horizon : la Crête des Sept Hommes (2.651m), le Pla Guillem (2.301m), les Roques Blanches (2.252m), les Esquerdes de Rotja (2.316m), le Roc Colom (2.507m) et le Pic de Costabonne (2.465m) pour ne citer que les crêtes les plus connues et les plus attractives. Mais il y aussi de profonds ravins et surtout cette immense et épaisse forêt domaniale qui n'en finit plus de s'étendre sur ce magnifique Haut-Vallespir. Ici, il y a aussi un panneau, mais il ne sert plus à rien car il gît à terre et n'indique plus aucune direction. Je le redresse et essaie en vain de retrouver son emplacement originel. De dépit, je le pose contre un petit pin dans la position qui me semble la plus appropriée avec St Guillem dans la direction d'où je viens. A l'aide d'un bout de ficelle que j'ai trouvé sur la pelouse, j'ai beau l'attacher avec bons sens à une branche du pin, je ne suis guère plus avancé quand à la direction à prendre pour me rendre à Prats-de-Mollo.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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J'arrive au col de Serre Vernet. A 1.808 mètres, c'est le point culminant de mon périple. Les paysages sur le très Haut-Vallespir sont superbes de tous côtés. Ce col est aussi le paradis de vaches et des génisses. Le panonceau indicatif gît à terre, je le redresse et l'attache à un pin mais je ne suis pas plus avançé quant à la direction à prendre pour aller à Prats. Heureusement j'ai mon GPS !

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J'effraie un petit veau puis je m'arrête pour déjeuner dans cet éboulis qui descend très raide du Puig dels Sarraïs vers la vallée de la Parcigoule. Je ne peux trouver plus beau spectacle ! Mais la descente est loin d'être finie, je dois encore atteindre deux cols, celui de la Collade d'En Mandoulé et le col de Coumeille, petit pré verdâtre que j'aperçois tout en bas.

Mais heureusement, ma carte IGN est là et mon GPS aussi et à force d'avancer dans différentes directions vers le sud, je finis par trouver le bon itinéraire qui file sur le pré puis contourne quelques rochers. Il est midi et j'ai faim, mais comme la suite de l'étape est essentiellement faite de descentes, je prends la décision de continuer un peu pour m'offrir comme hors d'oeuvre un splendide panorama dégagé. Cette sente allie pelouses, petits bois de pins et de feuillus mais aussi rocailles et rochers plus ou moins gros. Mais il y aussi de nombreux et bas genévriers derrière lesquels quelques veaux ruminent leur fourrage. L'un d'entre eux peut se vanter de m'avoir fait une belle frayeur et tressaillir quand il a débouché devant moi alors que je marchai dans un silence de cathédrale. Mais je suppose que lui aussi, il a du avoir une peur " bleue " ! En contournant maintenant le rocailleux Puig dels Sarraïs, le chemin n'est désormais plus qu'amoncellement de blocs déchiquetés et gros pierriers escarpés. Je redouble de vigilance pour éviter toute chute qui, ici, serait catastrophique pour de pas dire fatale. Il est temps que je m'arrête pour déjeuner car je ne trouverai pas meilleur belvédère que ces éboulis, bien exposés au soleil, qui descendent raides vers le vallon de la Parcigoule. Il n'y a plus aucun obstacle devant moi et je déguste à la fois ma salade et ce magnifique spectacle. Assis sur une grosse pierre plate bien chaude et adossé à une autre, j'ai trouvé, dans de ce fauteuil improvisé mais un peu dur il est vrai, une terrasse peu confortable pour mes fesses mais idéale pour mes yeux.

D'ici, je jouis d'un panorama exceptionnel sur le Bassin de la Parcigoule mais aussi sur une immense partie de ce Haut-Vallespir que je suis venu découvrir. C'est d'ailleurs en mangeant dans ce gros pierrier que j'ai imaginé le titre de mon voyage et de ce récit : " Sur les hauteurs d'une vallée âpre ".

Après trois jours de marche, et à cet instant précis, il me semblait qu'aucun autre endroit traversé ne méritait plus ce terme de " âpre " que cet immense magma rocheux. Dans cet éboulis, les aspérités ne manquent pas et l'âpreté, je la touche à chaque instant. Le déroulement imminent de ce Tour du Vallespir me montra malheureusement et très vite que je n'avais pas encore tout connu de cette légendaire âpreté. Quand je repars, la sente, où du moins ce que j'en devine grâce à un balisage abondant et précis, se complique sacrément en étant toujours très rocheuse mais en devenant encore plus abrupte. Pour éviter toute chute, je m'applique à poser mes pieds sur des pierres stables et quand les marches sont trop hautes à descendre, je m'aide autant de mes mains que de mes pieds.

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J'en ai fini avec la longue descente le long du flanc pierreux du Puig dels Sarraïs. Au col de Coumeille, une étrange croix gravée dans la pierre et le pic de Granarols que le chemin contourne au milieu d'une jolie pelouse jonchée de carlines blanches pour se diriger vers un autre puig , celui des Lloses. Ce puig, je vais m'en souvenir très longtemps !

Après un premier petit col herbeux, la Collade d'En Mandoulé sur la carte, la descente abrupte continue mais la sente moins rocailleuse mais plus terreuse devient plus facile jusqu'au Col de Coumeille (1.566m). Ce collet, petite prairie vert clair, encadrée par le Puig dels Sarraïs et le Pic de Granarols (1.690m) je l'ai entrevu dès le début de la descente du col de Serre-Vernet et depuis je languis de l'atteindre tant mon appréhension d'une mauvaise chute dans ce champ de pierres est ancrée dans ma tête. Aussi, je suis si soulagé en l'atteignant que la première chose est de déposer mon sac à dos et de m'allonger les bras en croix sur ce vert herbage. Mais, à cet endroit, je ne suis pas le seul à avoir fait une croix, un autre chemineau a cru utile d'en graver une dans la pierre, moins éphémère que la mienne. Au regard de son usure générale, des vieilles mousses et de l'érosion de petits conglomérats dans son cadre, cette croix me paraît très ancienne. Depuis quand était-elle là ? Je ne suis pas un spécialiste ni de l'archéologie ni de la géologie mais pour l'avoir lu, je sais que le Vallespir a été occupé bien avant le néolithique, époque où l'homme a vraiment commencé à maîtriser le polissage et la sculpture de la pierre. Alors cette croix, est-ce vraiment une croix ancienne ou une cupule comme celles que les hommes préhistoriques ont laissés gravés un peu partout dans le département ? Quelle âge a-t-elle cette gravure ? 5000 ans, 8000 ans, 10000 ans ? Est-elle plus récente et liée au christianisme ? Ou bien a-t-elle été sculpté par un preux et inventif chevalier en partance pour une croisade ? Comme toujours en pareil cas, j'en prends une photo avec l'idée de l'exposer dans mon futur récit à la fois pour l'agrémenter mais aussi avec le secret espoir que cette photo pourra être vue par de vrais spécialistes qui pourront ainsi et sans doute répondre à nombre de mes interrogations.

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L'étrange croix photographiée au col de Coumeille. Je suis preneur, si quelqu'un a des réponses aux questions que je me pose au sujet de cette croix ?

Au col de Coumeille, le chemin contourne le Pic de Granarols pour arriver au Puig des Lloses (1.413m). Ici, le sentier tout en pente douce et très praticable est un réel plaisir. Atteindre ce nouvel objectif n'est cette fois qu'une simple formalité. Il est 14 heures tapantes quand j'arrive au Puig des Lloses. Les panneaux directionnels y sont au nombre de trois : " 1- Le Tour du Vallespir vers Saint-Guillem, à savoir l'itinéraire que je viens de parcourir, 2-Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles, col situé à 30 minutes et bien sûr, 3 Prats-de-Mollo par le GRP Tour du Vallespir que je dois suivre pour respecter le tracé de mon GPS et celui de topo-guide de Georges Véron. Le Puig des Lloses ressemble plutôt à un petit collet avec un replat d'où l'on a une vue plongeante sur Prats-de-Mollo. Ici, je retrouve une flore que j'avais perdue de vue depuis le col de Formentere, faite de sorbiers des oiseleurs, de maigres genêts, de rachitiques genévriers et toujours ces bas massifs de bruyères roses que je côtoie depuis mon départ. Mais une chose me surprend sans trop m'inquiéter sur l'instant, ce sont ces petits amoncellements de branchages cassés dont on voit très bien qu'ils ont été laissés là en l'état depuis la tempête Klaus. Quand à Prats-de-Mollo, d'ici, la cité n'est visible que parce qu'une multitude de grands sapins ont été étêtés ou fracassés sur un vaste périmètre. Mais quand je poursuis la sente du Tour du Vallespir en direction du Col du Miracle, je ne suis pas vraiment inquiet. Il y a bien, dés le départ, un pin en travers du sentier mais je l'enjambe très facilement. 50 mètres plus loin, il y en a deux autres mais ceux-là je ne peux pas les enjamber et suis obligé de les contourner, assez facilement il est vrai. Puis, les pins et les sapins renversés en travers se succèdent. J'enjambe, contourne, passe parfois en dessous et quand je ne peux pas, par dessus. Je commence vraiment à galérer et mes membres sont déjà bien égratignés. Mais en y prêtant attention, je remarque que je ne suis pas le seul à être passer par là. Je vois parfaitement que les bas-côtés du sentier ont été piétinés car la terre est meuble aux endroits où un contournement était la seule alternative. Randonneurs, chasseurs, animaux ? Puis, d'un coup plus rien, plus d'arbres couchés sur plusieurs centaines de mètres. J'arrive au ravin du Pas des Vaques qui n'est ici qu'un petit ru où coule un mince filet d'eau sur un fond boueux. Avec un mouchoir en papier que je mouille au préalable, j'éponge toutes mes égratignures. Je traverse le ruisseau sans problème et poursuis mon chemin dans un sombre sous-bois, ce qui me convient très bien, car ça signifie que tous les arbres sont encore debout. Mais ça ne dure malheureusement pas et là, un peu plus loin, ça se complique car il n'y a pas de réel passage, et en tous cas aucune trace d'un franchissement antérieur. Quand je le peux, j'enjambe, mais quand les troncs sont trop hauts, je tente de passer dessous, mais parfois en vain car le problème avec les sapins, c'est qu'ils sont parfois partiellement déracinés et ont encore toutes leurs épaisses ramures. Et quand ils n'ont plus leurs ramilles, c'est encore pire car leurs branches sèches sont autant de poignards qu'il me faut éviter. Alors, je contourne, je descends, je monte tout en essayant de ne pas trop m'éloigner du chemin. Souvent, je suis contraint d'ôter mon sac à dos, qui, dans ce dédale, est un terrible handicap. Ouf ! J'ai réussi à franchir ce nouvel obstacle mais voilà que 150 mètres plus loin, il en apparaît une autre, aussi difficile que le précédent sinon plus.

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Au Puig des Lloses, les panonceaux sont nombreux et j'aperçois Prats-de-Mollo tout en bas, pourtant je vais me fourvoyer pendant plus de quatre heures dans cette forêt du Miracle ravagée par la terrible tempête Klaus. En vain. De cette forêt, je vais en ressortir meurtri, égratigné, ensanglanté et surtout brûlé des épaules aux chevilles pour être tombé dans de hautes orties ! De surcroît, je vais perdre mon appareil-photo, ce qui va m'obliger à retourner dans ce fatras pour le retrouver. 

Je suis fatigué et sanguinolent mais dans ma tête, je me dis que si j'en ai passé un, je peux en franchir d'autres. Je me dis aussi que les forestiers du coin doivent bien être conscients que le Tour du Vallespir est barré par tous ces arbres abattus et je suppose qu'ils ont commencé à déboiser en partant de Prats-de-Mollo et en remontant le sentier. Ce n'est pas possible, ce traquenard va bien finir par s'arrêter ! Je passe plus facilement ce nouveau barrage et arrive à un endroit où le sentier fait un angle droit près d'un piton rocheux en surplomb de Prats-de-Mollo. Ici, je prends conscience des dégâts considérables que la tempête Klaus a provoqué dans ce secteur mais j'arrive néanmoins à parcourir encore 500 mètres sans trop de difficultés avant de tomber sur une autre empreinte d'une forêt complètement ravagée. J'enjambe, je contourne, remonte et redescend sans trop me préoccuper du chemin qui a définitivement disparu dans cet amas incommensurable d'arbres brisés, de troncs fracassés, de branches amoncelées et de branchages empilés. Dans ma tête, j'espère surtout que ce nouveau sillon dévasté ne sera pas trop large et qu'une nouvelle fois, je pourrai le franchir. Par moment, j'arrive dans des impasses. Il m'est impossible de contourner, de passer dessous et malgré la hauteur où se trouvent les troncs, souvent à plus d'un mètre du sol, la seule solution reste de les enjamber. Je n'en suis pas à ma première enjambée mais cette fois, le tronc est-il un peu plus haut où est-ce la fatigue, toujours est-il, que droit sur le rondin, je me sens partir en arrière entraîné par le poids de mon sac. Un coup de reins pour me rétablir, mais ce coup de reins est bien trop puissant et voilà que je pars en avant ! J'ai beau mouliner l'espace avec mes bras pour tenter de tenir en équilibre mais c'est trop tard, mes mains ne rencontrent que le vide et en tous cas, rien où s'accrocher. Je pars en avant, je vais tomber et me rompre le cou dans ce monstrueux chaos, mais une dernière inspiration me donne l'intuition et le sursaut que plutôt que de tomber n'importe où et n'importe comment, il faut mieux que je me jette à un endroit choisi. Voilà, j'ai réussi, si je puis dire ! Je me retrouve planté au milieu d'un gros massif de ronces et de hautes orties. Mon genou gauche a malgré tout cogné fortement une grosse branche et je saigne abondamment. Mais ce n'est pas ça le plus douloureux, mais toutes ces petites brûlures d'orties qui, peu à peu, en partant des chevilles, semblent monter tout le long de mon corps, enflammant surtout mes jambes mais également mes bras. J'ai l'impression de flamber debout et malgré la douleur, je reste planté là au milieu de cette désolation, de ce néant. Je suis tout à coup comme tétanisé par l'angoisse. Mais je perçois que cette angoisse est arrivée de manière soudaine car jusqu'à présent, j'étais trop occupé à m'en sortir. Une fraction de quelques secondes, il me vient à l'esprit de sortir mon portable et d'appeler des secours. Mais en me retournant, et malgré cette complète désolation, je constate que ce n'est pas le néant absolu : à vol d'oiseau, je ne suis pas très loin d'une piste blanche et sableuse que je distingue en contrebas à quatre ou cinq cent mètres. Je discerne des voitures qui y circulent et aussi un mas. Et même si à cet instant précis, je voudrais être un oiseau, je n'en suis pas un ! Je me suis foutu tout seul dans cette " mouise " et il faut que j'en sorte tout seul aussi ! Mais faire cinq cent mètres dans cette dévastation, je sais à l'avance que c'est une impossible gageure.

La faute à Klaus Schümann

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je suis tombé par terre c'est la faute à Voltaire.

Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes exactement, j'ai hurlé :

Je suis tombé sur un os, c'est bien la faute à Klaus.

Le nez dans les gentianes, c'est la faute à Schümann.

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je ne suis pas notaire, c'est la faute à Voltaire.

Je suis petit oiseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes, j'ai crié :

J'ai chuté sur les lloses, c'est bien la faute à Klaus

J'ai brisé mes organes, c'est la faute à Schümann

 

Je voudrais faire un saut et atterrir à Prats-de-Mollo,

Je ne suis pas petit oiseau, c'est la faute à mon père !

Alors il me faut être costaud et que j'ai un sursaut !

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le 24 janvier 2009, la tempête Klaus a provoqué de considérables dégâts dans le Haut-Vallespir. En août, les plaies sont loin d'être toutes cicatrisées.

C'est donc décidé, je vais rebrousser chemin jusqu'au Puig des Lloses et descendre à Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles. La première chose à faire, c'est retrouver le sentier mais où peut-il bien être dans ce " labyrinthe " végétal trop urticant à mon goût. Seul mon GPS peut me le dire et il faut d'abord que je sorte de ce roncier qui m'enveloppe comme une toile d'araignée. D'ailleurs des araignées, il y en a pas mal ici et comme elles n'apprécient pas trop mon intrusion dans leur domaine réservé, elles me piquent elles aussi. Mais bon, je n'en suis plus à une piqûre près ! Seule solution, sortir par là où je suis arrivé, c'est-à-dire par le haut. Cette fois, j'ôte mon sac à dos, dont je vérifie au préalable toutes les fermetures et je l'envoie valdinguer par-dessus le tronc dont je viens de choir. Je me hisse sur le tronc et me mets carrément à cheval sur lui. Un point GPS me situe à une cinquantaine de mètres du chemin qui est vers le nord et pour moi vers le haut. Je récupère mon sac et poursuit ainsi mes divagations. Je jette mon sac, me hisse à nouveau, le récupère et ainsi de suite. Parfois, je jette mon sac un peu plus loin car j'arrive à jouer les équilibristes sur plusieurs troncs couchés de concert et ma progression s'accélère. Je vais mettre un gros quart d'heures pour retrouver le sentier et encore plus d'une heure pour rejoindre le Puig des Lloses. Quand je regarde ma montre, j'ai du mal à le croire : il est déjà 17 heures et voilà trois heures que je me fourvoie dans cette forêt du Miracle, la mal nommée. Il faut absolument que j'appelle l'hôtelier pour le prévenir que j'aurai du retard. De ce côté-là au moins je serais tranquille et quand je l'ai au bout du fil, effectivement il me rassure. J'ai réservé, j'ai payé et la chambre à l'hôtel Ausseil m'est complètement allouée quoi qu'il m'arrive. Mais s'il savait ce brave homme ce qu'il vient de m'arriver ! Mais n'en parlons plus, j'en suis sorti, même si c'est fourbu, écorché, entaillé, égratigné, brûlé et ensanglanté de la tête aux chevilles. Maintenant, le sentier qui descend vers le Col de Cavanelles au milieu des genêts et des hautes fougères est plutôt agréable et les panoramas sont suffisamment beaux pour que je me remette à prendre des photos. Mais où est mon appareil ? Il n'est pas dans une de mes poches et je ne me souviens pas l'avoir rangé dans mon sac ! Non, il était dans sa housse accrochée à ma ceinture et à ma ceinture, je n'ai plus rien désormais ! Le bouton-pression a dû s'ouvrir et je l'ai perdu ! Je suis désespéré car perdre mon appareil photo c'est comme si j'avais perdu la mémoire de ces trois premiers jours depuis Amélie-les-Bains. Pour moi, c'est inimaginable et il faut que je le retrouve. Sans trop réfléchir, je sors ma dernière gourde d'eau de mon sac à dos et je jette ce dernier dans les hauts genêts en m'assurant qu'on ne le voit pas depuis le chemin. Deux petites branches en forme de croix que je place au bord du sentier pour retrouver cet endroit et me voilà entrain de remonter le sentier, presque en courant, vers cet " enfer vert " où j'ai sans aucun doute perdu mon appareil. Où se trouvera-t-il ? Loin, près ? L'ai-je perdu quand je suis tombé de ce tronc plus haut que les autres ? S'est-il décroché dans le roncier ? Ou bien sous un tronc que j'ai franchi comme un tunnel ? Voilà les questions et bien d'autres qui grouillent dans ma tête alors que je me jette dans cette " impossible " quête. Vu l'heure et le temps que j'ai mis la première fois, il faut à la fois que je fasse vite mais sans pour autant négliger mes recherches. Ce serait idiot de passer à côté sans voir l'appareil par précipitation. L'absence du sac à dos m'aide considérablement mais au fond de moi, je sais que selon l'endroit où la housse est tombée de ma ceinture, c'est comme rechercher une minuscule aiguille dans une énorme botte de foin. Sans le sac mais avec une gourde à la main, je passe néanmoins tous les petits obstacles plus aisément, je traverse le ru du Pas des Vaques, je franchis le premier couloir de sapins anéantis avant que le sentier fasse un angle droit. Rien ! Il me reste encore un barrage à franchir avant ce virage et comme pour le précèdent, j'essaie de me souvenir par où je suis passé à l'aller mais aussi au retour. Et là, au moment où je me baisse pour passer sous les branches encore vertes d'un immense sapin déraciné, le miracle survient ! La petite housse avec mon numérique à l'intérieur est là au milieu du sentier sous la verte ramure. Ouf ! Ouf ! Ouf ! Je respire à pleins poumons. Quel soulagement. Je vérifie mon appareil que j'enfonce au plus profond de la poche de mon short et par sécurité supplémentaire, je referme celle-ci avec le Velcro consacré. Une fois encore, il ne me reste plus qu'à rebrousser chemin. Ce ne sera que la quatrième fois que j'emprunte cet itinéraire et si ça continue, je vais finir par en connaître le moindre recoin par coeur ! D'ailleurs, c'est le cas, car dans ma précipitation et alors que je me suis arrêté pour boire un coup, j'ai posé machinalement mon bob sur un rocher et je l'ai oublié. Mais je ne suis pas inquiet car je sais parfaitement où il se trouve.

Il est 18 heures quand je passe une nouvelle fois devant la panonceau " Puig des Lloses - 1.413 m - PR6B - Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles - 30 mn ".

A cet instant précis, je ne sais pas pourquoi, il me vient une abominable anxiété : Et si ce chemin, lui aussi, était impraticable, barré par une forêt saccagée ? Après tout, il n'y a pas d'autre chemin et le peu que j'en ai parcouru avant de retourner chercher mon appareil photo ne me laisse aucune certitude et ne me permet pas d'être rassuré. Après tout, Prats-de-Mollo que j'aperçois en bas est au moins à trois kilomètres à vol d'oiseau et il faut au bas mot compter au minimum le double par le chemin. Tout est encore possible ! Cette terrible angoisse, elle va soudain se transformer en une grosse boule au creux de mon estomac et elle va rester là, encore blotti pendant une heure et demie. Autant, j'ai été longtemps serein cet après-midi même au plus fort de mes élucubrations, autant maintenant je prends conscience que je peux ne pas arriver au bout de cette étape, en tous cas aujourd'hui. Mais je sais aussi que je n'ai pas le choix dans la direction à prendre et je continue. Je récupère mon sac. Les photos que j'avais voulu prendre tout à l'heure, je les prends maintenant. Mais j'avoue que je n'ai plus le cœur à ça ! J'ai toujours cette appréhension et ces questions qui fourmillent dans ma tête et je ne pense plus qu'à une chose : descendre, descendre, et descendre encore au plus vite vers Prats-de-Mollo. Comme prévu et sans problème, j'arrive au bout de 30 minutes à ce que je crois être le col de Cavanelles. A gauche, un grand champ en pente avec un large chemin qui le contourne, un autre chemin qui part droit devant moi et un autre qui part complètement à gauche. Je n'ai plus de tracé sur mon GPS et je ne vois plus le balisage jaune que j'ai entr'aperçu dans la descente. Je suis contraint de stopper pour regarder ma carte IGN. J'en profite pour manger et absorber un peu d'énergisant car je suis exténué. Le chemin qui part droit devant moi n'existe pas sur la carte. Ça m'étonne mais je l'oublie. Celui qui part à droite se termine dans un cul de sac. Je l'oublie aussi. Reste celui qui part à gauche et qui semble être le bon à la lecture de la carte. Je redémarre, c'est bon, j'aperçois un coup de peinture jaune sur le piquet d'une clôture. Je contourne ce lopin de terre que je voyais d'en haut. Le chemin continue de tourner, puis à mon étonnement, il se remet à nouveau à monter. Je suis éreinté et je n'en crois pas yeux quand je retrouve le petit pin sous lequel je viens de manger, il y a un instant. Je n'ai fait que tourner en rond autour de cette parcelle en friches. Mon téléphone sonne. C'est Dany. Elle demande de mes nouvelles. Je ne peux que lui dire bof ! Mais elle veut en savoir plus. Alors sans trop l'inquiéter, je lui raconte très brièvement mes mésaventures et lui explique que je ne suis plus sur le Tour du Vallespir, que je galère pour descendre sur Prats-de-Mollo et qu'il est primordial que je regarde très attentivement ma carte IGN. Je coupe en lui promettant de la rappeler dès que j'arrive à l'hôtel. Je redéploie ma carte et essaie de me situer par rapport au paysage que j'ai en face de moi. Je comprends que je ne suis pas au Col de Cavanelles mais près d'un endroit qui sur la carte s'appelle " La Segnora ". Il y a légèrement sur ma gauche le Puig Fabre (1.147 m), petit monticule débonnaire qui me rappelle étrangement ces petits volcans arrondis que l'on rencontre en Auvergne dans la chaîne des Puys.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.OSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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Avec une chance inouie, j'ai retrouvé mon appareil-photo, le plus gros de ma galère est terminé, mais je descends très anxieux vers Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles car je ne suis pas certain du chemin. Finalement, de ce col, j'aperçois le bourg et un chemin désormais très praticable y descend. Ma grosse boule au creux de l'estomac disparaît.

C'est par là qu'il me faut aller, car le chemin passe au pied de ce Puig, et là je comprends qu'en bas du champ en friches, il me faut partir complètement à gauche par une piste qui est parfaitement indiquée sur la carte. Je redescends, contourne à nouveau le petit lopin de terre jusqu'à un portail que je n'avais pas aperçu la première fois. Il y a bien une trace jaune sur ce portail et une piste qui démarre derrière. Je l'emprunte. Un peu plus loin, il y a un raccourci toujours balisé en jaune qui part à droite dans de hauts genêts, mais je le néglige car même si mon itinéraire est plus long, la piste me semble très empruntée par des véhicules, car il y a de nombreuses empreintes de pneus sur le sable. Et surtout, je sais que cette piste va me mener là où je veux. J'ai trop erré aujourd'hui pour prendre le moindre risque de me retrouver une nouvelle fois face à des arbres morts et couchés. Toujours cette boule à l'estomac ! La piste fait maintenant une grande boucle et descend j'en suis certain vers le Col de Cavanelles. Dans cette descente, j'ai le bonheur de tomber sur une baignoire qui sert d'abreuvoir aux animaux et de mare improvisée aux têtards. D'un gros tuyau en PVC, il y coule une eau fraîche et claire et je peux ainsi me rafraîchir et surtout nettoyer toutes ces plaies et égratignures d'où des écoulements de sang ont ruisselé mais ont séché depuis. Au fond de moi, je me dis que sans toutes ces traces d'hémoglobine sur la peau, je serais un peu plus présentable pour arriver à l'hôtel ! Mais si après ce nettoyage, j'ai retrouvé un peu de mon " prestige ", cette eau glacée a l'effet désastreux de réveiller toutes ces brûlures d'orties. Elles n'étaient pas tout à fait endormies mais elles sommeillaient et les douleurs s'étaient bien atténuées. D'ailleurs, quand je regarde mes bras et mes jambes, mais mes jambes surtout, elles sont recouvertes presque intégralement de petites boursouflures rouges. Je sais que dans ma pharmacie, je n'ai aucun médicament, aucune pommade, pour tempérer cet urticaire. Je repars et cinq minutes plus tard, j'arrive au Col de Cavanelles. Il est 19h15. Ici la piste continue mais un panonceau indique une sente qui part à droite : " Col de Cavanelles - 1.050 m- PR6- Prats-de-Mollo par le Fort Lagarde 40mn ". Je compulse à nouveau ma carte car je me méfie désormais de tous les raccourcis. Mais celui-là est bon quand je constate qu'il ne descend que dans un environnement rocheux. Je sais que c'est gagné et la boule au creux de mon estomac disparaît comme par enchantement.

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Du col de Cavanelles, je distingue la Tour de Mir, une autre difficulté de ce Tour du Vallespir, le Pic de Costabonne, le Roc Colom où le Tech prend sa source et le château Lagarde que je rejoins 40 minutes plus tard. Du château, j'ai une belle vue sur la vallée du Tech, sur Prats-de-Mollo et son riche patrimoine historique. 

Dans cette descente rocailleuse, je me remets à faire quelques photos : de Prats-de-Mollo bien sûr, la cité est encore loin mais je sais qu'elle se rapproche à chacun de mes pas, de la citadelle du Fort Lagarde construite par Vauban en surplomb de la ville et de la Tour de Mir juchée sur un piton rocheux au milieu d'une ténébreuse forêt qui me fait face. Cette tour, je la connais pour y être monter à de multiples reprises. Je la prends en photo, mais à vrai dire je ne veux pas trop la regarder car il va me falloir la gravir demain. Et pourquoi le cacher, j'appréhende déjà car la forêt constituera l'essentiel de cette étape. J'ai mis 30 minutes pour arriver au Fort Lagarde au lieu des 40 qu'annonçait le dernier panneau indicatif. Je prends des photos du fort et de la ville dont le clocher carré qui domine l'église Sainte-Juste et Sainte-Ruffine perfore le panorama. Mais ce ne sont que de simples clichés, juste des souvenirs. Il est 20 heures 15 quand j'entre dans la cité. Voilà 12 heures que je suis sur les chemins. Pour combien de kilomètres parcourus ? Je suis incapable de le dire ! Alors faut-il que je l'avoue, sur la fin, la vigueur m'a manqué pour apprécier tout ce patrimoine historique à sa juste valeur ! Cette étape qui était la plus  courte est en fin de compte devenue la plus difficile depuis mon départ. 

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13 heures sur les chemins, quand j'entre dans Prats-de-Mollo, je suis fatigué et meurtri par cette très longue journée de marche éprouvante et mémorable. C'est au pas de course que j'ai traversé le fort Lagarde construit par Vauban. Je n'en ai pris simplement que quelques photos sans aucune conviction mais pour le simple plaisir de les inscrire dans mon souvenir et surtout pour le réel bonheur d'avoir retrouvé mon appareil photo dans la forêt du Miracle. Cette forêt porte-t-elle bien son nom ? Moi, en tout cas, je reste indécis entre la galère que j'ai vécue pendant 4 heures et le fait d'en être sorti à peu près indemne et pour terminer avec mon appareil photo dans la poche ! Un rescapé lui aussi !

Alors, ce qui m'importe maintenant, c'est de me retrouver au plus vite à l'hôtel. Aussi quand j'arrive sur la place du Foirail, je m'empresse de demander à une dame la direction de l'hôtel Ausseil et gentiment elle m'indique du doigt une grande porte fortifiée au milieu des remparts et me précise que l'hôtel est situé juste une rue après. Je passe sous le porche, arrive sur une autre place et comme je me souviens du nom de cette place " Josep de la Trinxeria ", je sais que l'hôtel est là. Mais la place est bondée de touristes et occupée par les deux restaurants qui y ont largement installés leurs tables et leurs chaises. La place Josep de la Trinxeria est en réalité une immense terrasse pour les deux restaurants mitoyens et quand je demande l'hôtel Ausseil à un garçon de table, il me réponds simplement : vous y êtes ! Au milieu des tables et devant des clients certainement interloqués par mon " look " de randonneur anéanti, je tente en vain de m'expliquer dans un brouhaha inextricable. On ne s'entend pas ici me dit-il. Suivez-moi ! La salle intérieure du restaurant est vide et je peux enfin m'exprimer :

- Je suis Monsieur Jullien, j'ai réservé une chambre. Montrez-la moi que je puisse au plus vite prendre une douche.

- Oui, je crois que vous en avez besoin, me réponds-il avec un petit sourire narquois et en me tendant une clé et en rajoutant : c'est la chambre 7 au deuxième étage.

- Puis-je manger après ? lui dis-je.

- Oui, mais ça ne sera peut-être pas en terrasse car tout est plein me réponds-il.

- Peu m'importe !

Malgré les escaliers qu'il me faut encore escalader, je m'empresse de monter dans la chambre. Avant toute chose, je me déshabille et me jette sous une douche chaude. J'ai bien essayé d'abord l'eau froide mais ce fut un supplice insupportable. Je n'ai pas insisté car à nouveau les brûlures se sont réveillées de manière presque insoutenable. J'ai appelé Dany pour la rassurer et l'embrasser mais sans trop m'étendre sur tous les déboires que j'avais endurés au court de cette mémorable journée. Les hauteurs du Vallespir ont été sacrément âpres aujourd'hui. Encore plus âpres que je ne l'avais imaginé ! C'est sûr maintenant, le titre de mon aventure " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " ne sera pas galvaudé.

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Une ruelle à Prats-de-Mollo et le clocher de l'église Saintes Juste et Ruffine.

ÂPRE EST CE VALLESPIR…… 

 

Âpre est ce Vallespir que je veux cheminer.

Dure est la Tour de Mir quand il faut y grimper.

Je ne fais que grandir sur ces crêtes boisées,

Les sources ont à jaillir pour combler les fossés.

 

Âpre est ce Vallespir que je veux affronter.

Dur est le déplaisir lorsque l'on veut marcher.

Et si mes pas délirent, rien ne peut m'arrêter,

Sauf les pins, ces martyrs que le vent a couché.

 

Âpre est ce Vallespir, je veux le proclamer.

Dur mon sang à tarir, je ne suis que touché.

Et ce pourpre élixir, il ne fait que couler,

Mon corps prêt à bondir sur les chemins dallés.

 

Âpre est ce Vallespir que j'ai pourtant aimé.

Dures ces lloses, ces porphyres où j'ai pourtant chuté.

Et si ma tête chavire, je n'vais pas m'écrouler,

Sur ces frêles sentiers, dans ces prés parfumés.

 

Âpre est ce Vallespir où il faut s'arrêter.

Dur est le point de mire où il faut arriver.

Et si mon cœur soupire alors qu'il est blessé,

Mon amour viens vers moi , toi seul peut l'apaiser.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le lendemain matin, la Tour de Mir me nargue de ces 1.540 mètres d'altitude. Elle se trouve sur le tracé du Tour du Vallespir. Vais-je l'affronter ?

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la forêt ravagée par la tempête Klaus pour passer à l'étape suivante

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo 15 kms.

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.3eme étape : Mercredi 19 août 2009.

Saint-Guillem (1.287 m)-Prats-de-Mollo (753 m) 15 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

Nous nous aventurâmes jusqu'au village de Prats-de-Mollo. J'avoue que je préférai les bocages de la plaine à ces grandes montagnes couvertes de chênes verts et qui semblent plus faites pour abriter des bandits, que pour assurer le couvert à des honnêtes gens. Extrait de l'essai " Voyage en France en 1787, 1788, 1789 ". Arthur Young (1741-1820) agriculteur, agronome et écrivain britannique.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.LA FAUTE A KLAUS :

Malgré cette anxiété que j'ai eu hier soir, j'ai fini par m'assoupir. Quand j'y repense, je constate que c'était plutôt une appréhension momentanée qu'une vraie obsession. Puis vers minuit, j'ai été réveillé par un bruit. C'était comme le bruit d'un grattement. Mais une fois éveillé, je me suis aperçu qu'un autre bruit venait du volet d'un petit vasistas qui était resté ouvert et qui grinçait sous une légère brise nocturne. A la faible clarté de ma lampe frontale, je n'ai rien observé qui correspondait au grattement qui m'avait réveillé. Par contre, le rayon plus large que ma lampe projetait contre le mur du refuge me fit remarquer qu'il manquait une grosse pierre à 15 centimètres de ma paillasse. Au fond de ce trou ainsi constitué, il y avait un nid de souris fait d'une bourre blanche, de poils et de fibres diverses. Mais de souris, il n'y en avait point ! Est-ce elle qui grattait avant que je ne me réveille ? Avait-elle eu le temps de décamper avant que je n'éclaire la lampe ? Pour ne plus être embêté par ce grincement lugubre et ces grattements désagréables, je pris les sages résolutions de fermer le vasistas et de déménager ma litière à l'autre bout du bat-flanc. Puis, j'ai profité de ce réveil fortuit pour partir uriner dehors. Le ciel tout entier était étoilé et une belle voie lactée blanchissait le firmament au dessus de la chapelle de l'ermitage. La nuit était douce et quasi silencieuse. Seule une petite brise, frissonnant les feuilles, tentait sans succès de rompre cette quiétude. Comme j'appréciais pleinement l'instant présent, cette sérénité, cette paix secrète et intime, loin du monde bruyant et trop insociable que j'avais quitté, je suis resté de longues minutes sur le pas de la porte, les yeux levés vers le ciel et l'ermitage qui se découpait, à écouter ce silence avant de partir me recoucher. Une fois encore, cette nuit-là fut bénéfique et, à mon grand étonnement, je n'ai ressenti à mon réveil aucune contracture musculaire, ni aucune douleur, malgré les deux longues étapes déjà accomplies et la rusticité du couchage qui ne m'avait pas empêché de dormir profondément.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.oSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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Quand je quitte Saint-Guillem, vers le sud, le jour est déjà levé mais le hameau est encore dans la pénombre. Ici les panneaux sont on ne peut plus clairs mais mal placés et je vais me tromper avant de me raviser et de reprendre le bon chemin.

Il est 7 heures. Vers le sud, le jour est déjà levé mais Saint-Guillem de Combret, blotti au fond du vallon de Coumelade, est encore dans une obscure nébulosité. Bloqués par les hauts monts environnants, les rayons du soleil mettront encore plus d'une heure avant d'éclairer complètement le minuscule hameau. Je déjeune de deux gâteaux de riz vite expédiés et d'une grande gorgée d'eau et range tranquillement mes affaires et mon sac à dos en prêtant attention à ne rien oublier dans le refuge. Il est 8 heures quand je démarre avec ma trousse de toilettes, mon gant et ma serviette à la main. Je sais qu'il y a dans le hameau, non loin d'ici, une auge ou plutôt un vieux lavoir dans lequel, par un tuyau de PVC, s'écoule une eau de source cristalline. J'ai bien l'intention de me raser et de faire un brin de toilettes car j'ai la désagréable sensation de me sentir sale et poussiéreux. Je mets un quart d'heure pour me laver et tenter de parfaire ma présentation. Mais j'ai le sentiment que l'eau glacée a eu un seul effet non négligeable sur mon organisme, celui de lui assener un " claquant " coup de fouet qui me permet de démarrer cette étape dans d'excellentes conditions. Je profite pour remplir mes deux gourdes et mon camelback d'une eau fraîche et renouvelée.

La large piste s'élève rapidement au dessus de l'ermitage. Sur ma droite, là même où hier après-midi j'ai galéré, la tempête Klaus a laissé un immense chantier de désolation dans cette forêt qui était pourtant magnifique. Par contre, en face de moi, les flancs du Puig dels Sarraïs (1.830 m) et du col de Serre-Vernet (1.808m) que je dois cheminer semblent moins meurtris. Il y a bien deci delà, quelques cicatrices, quelques sillons d'immenses résineux couchés, mais rien de bien inquiétant, en tous cas vu d'ici.

Quelques minutes plus tard, et alors que je m'apprête à poursuivre la piste, je remarque inopinément sur ma droite un panonceau qui semble m'indiquer Prats-de-Mollo et le col de Serre-Vernet par un autre chemin qui s'enfonce dans la forêt. Et je commets là une nouvelle erreur en ne sortant pas immédiatement mon GPS. Quand je le sors, c'est bien trop tard, car mon GPS ne capte plus aucun satellite masqué qu'il est au fond de ce sous-bois touffu. Deuxième erreur, je ne sors pas ma carte non plus, tranquillisé, il est vrai, par ce rassurant panneau. Et quand je sors ma carte, c'est encore beaucoup trop tard car j'ai marché ainsi une " bonne " demi-heure jusqu'à m'inquiéter de ne plus rencontrer le balisage jaune et rouge qui était pourtant bien visible jusqu'à présent. Au regard de la carte, je me rends à l'évidence, je me suis trompé, une fois de plus. Quitte à avoir perdu une heure, je décide de faire demi-tour car ce chemin qui zigzague toujours en forêt sans aucun balisage apparent me trouble et ne m'amènera nulle part et en tous cas pas où je dois aller.

Quand je retrouve la piste et le panonceau, selon moi, très mal placé à cet endroit, j'ai effectivement perdu une heure. Je m'avance sur la piste et quelques dizaines de mètres plus loin, j'aperçois effectivement les marques de peinture jaune et rouge propres au GRP du Vallespir. Je poursuis la piste et enjambe le fougueux torrent de Coumelade par un large pont bétonné. Peu après, la piste se sépare en deux, mais le balisage est ici parfait et m'oriente vers la droite. Plutôt plane au début, maintenant la piste monte allégrement, effectue deux larges courbes, avant d'atteindre le col Baxo à 1.473 mètres. Au fond de ce petit col herbeux, un nouveau panneau sollicite un départ à gauche. Ici une minuscule sente, encadrée d'une clôture, est barrée d'un petit portail qui est là pour empêcher les bovins de passer mais pas les randonneurs. Sans trop m'en apercevoir, et malgré l'heure perdue, j'ai déjà fait 190 mètres de dénivelé sur les 521 que je dois accomplir pour atteindre les 1.808 mètres du Col de Serre-Vernet. C'est bien sûr encourageant, mais j'évite de trop penser aux 331 mètres restant sur les trois kilomètres d'ascension qui doivent m'amener au pinacle de ce tour du Vallespir.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.oSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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J'ai quitté Saint-Guillem par un chemin qui enjambe la rivière Coumelade. Parfaitement balisé, il s'élève rapidement par le col Baxo, file à travers des bois touffus où coulent quelques petits ruisseaux. Mais parfois le chemin se transforme en balcon et j'ai le bonheur d'être en surplomb de superbes paysages. Saint-Guillem est déjà très loin.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Ce chemin parfois en balcon me laisse entrevoir Saint-Guillem que j'ai quitté ce matin. On aperçoit les bois saccagés par la tempête Klaus. Celui au dessus du hameau où j'ai galéré hier lors de mon arrivée et celui en dessous du refuge où se trouve un bel arboretum avec notamment quelques séquioas.

 Malgré le dénivelé, le petit chemin est changeant et agréable. Cheminant le plus souvent en sous-bois et recouvert d'un épais tapis de feuilles mortes, il coupe quelques ruisseaux, affluents de la Coumelade et monte rectiligne offrant quelquefois de magnifiques vues vers le sud mais surtout sur Saint-Guillem et tout le Bassin de Coumelade. Puis soudain, il bifurque dans le sens opposé en direction du Col de Serre-Vernet dans un bois de petits pins chétifs. Il n'est pas tout à fait midi quand j'arrive au col, point culminant de ce périple avec ses 1.808 mètres

Vaste pré herbeux entouré de pins et de sapins, il semble être le paradis pour nombre de génisses et de vaches blanches indolentes. La plupart sont affalées sur la verte prairie et même mon passage laisse indifférent tous ces bovins, qui repus, ne tournent même pas la tête quand je m'approche d'eux. Ici, les panoramas à 360° sont splendides de tous côtés. De nombreux hauts sommets et de nouveaux pics apparaissent, de nombreuses crêtes composent l'horizon : la Crête des Sept Hommes (2.651m), le Pla Guillem (2.301m), les Roques Blanches (2.252m), les Esquerdes de Rotja (2.316m), le Roc Colom (2.507m) et le Pic de Costabonne (2.465m) pour ne citer que les crêtes les plus connues et les plus attractives. Mais il y aussi de profonds ravins et surtout cette immense et épaisse forêt domaniale qui n'en finit plus de s'étendre sur ce magnifique Haut-Vallespir. Ici, il y a aussi un panneau, mais il ne sert plus à rien car il gît à terre et n'indique plus aucune direction. Je le redresse et essaie en vain de retrouver son emplacement originel. De dépit, je le pose contre un petit pin dans la position qui me semble la plus appropriée avec St Guillem dans la direction d'où je viens. A l'aide d'un bout de ficelle que j'ai trouvé sur la pelouse, j'ai beau l'attacher avec bons sens à une branche du pin, je ne suis guère plus avancé quand à la direction à prendre pour me rendre à Prats-de-Mollo.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.oSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

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J'arrive au col de Serre Vernet. A 1.808 mètres, c'est le point culminant de mon périple. Les paysages sur le très Haut-Vallespir sont superbes de tous côtés. Ce col est aussi le paradis de vaches et des génisses. Le panonceau indicatif gît à terre, je le redresse et l'attache à un pin mais je ne suis pas plus avançé quant à la direction à prendre pour aller à Prats. Heureusement j'ai mon GPS !

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J'effraie un petit veau puis je m'arrête pour déjeuner dans cet éboulis qui descend très raide du Puig dels Sarraïs vers la vallée de la Parcigoule. Je ne peux trouver plus beau spectacle ! Mais la descente est loin d'être finie, je dois encore atteindre deux cols, celui de la Collade d'En Mandoulé et le col de Coumeille, petit pré verdâtre que j'aperçois tout en bas.

Mais heureusement, ma carte IGN est là et mon GPS aussi et à force d'avancer dans différentes directions vers le sud, je finis par trouver le bon itinéraire qui file sur le pré puis contourne quelques rochers. Il est midi et j'ai faim, mais comme la suite de l'étape est essentiellement faite de descentes, je prends la décision de continuer un peu pour m'offrir comme hors d'oeuvre un splendide panorama dégagé. Cette sente allie pelouses, petits bois de pins et de feuillus mais aussi rocailles et rochers plus ou moins gros. Mais il y aussi de nombreux et bas genévriers derrière lesquels quelques veaux ruminent leur fourrage. L'un d'entre eux peut se vanter de m'avoir fait une belle frayeur et tressaillir quand il a débouché devant moi alors que je marchai dans un silence de cathédrale. Mais je suppose que lui aussi, il a du avoir une peur " bleue " ! En contournant maintenant le rocailleux Puig dels Sarraïs, le chemin n'est désormais plus qu'amoncellement de blocs déchiquetés et gros pierriers escarpés. Je redouble de vigilance pour éviter toute chute qui, ici, serait catastrophique pour de pas dire fatale. Il est temps que je m'arrête pour déjeuner car je ne trouverai pas meilleur belvédère que ces éboulis, bien exposés au soleil, qui descendent raides vers le vallon de la Parcigoule. Il n'y a plus aucun obstacle devant moi et je déguste à la fois ma salade et ce magnifique spectacle. Assis sur une grosse pierre plate bien chaude et adossé à une autre, j'ai trouvé, dans de ce fauteuil improvisé mais un peu dur il est vrai, une terrasse peu confortable pour mes fesses mais idéale pour mes yeux.

D'ici, je jouis d'un panorama exceptionnel sur le Bassin de la Parcigoule mais aussi sur une immense partie de ce Haut-Vallespir que je suis venu découvrir. C'est d'ailleurs en mangeant dans ce gros pierrier que j'ai imaginé le titre de mon voyage et de ce récit : " Sur les hauteurs d'une vallée âpre ".

Après trois jours de marche, et à cet instant précis, il me semblait qu'aucun autre endroit traversé ne méritait plus ce terme de " âpre " que cet immense magma rocheux. Dans cet éboulis, les aspérités ne manquent pas et l'âpreté, je la touche à chaque instant. Le déroulement imminent de ce Tour du Vallespir me montra malheureusement et très vite que je n'avais pas encore tout connu de cette légendaire âpreté. Quand je repars, la sente, où du moins ce que j'en devine grâce à un balisage abondant et précis, se complique sacrément en étant toujours très rocheuse mais en devenant encore plus abrupte. Pour éviter toute chute, je m'applique à poser mes pieds sur des pierres stables et quand les marches sont trop hautes à descendre, je m'aide autant de mes mains que de mes pieds.

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J'en ai fini avec la longue descente le long du flanc pierreux du Puig dels Sarraïs. Au col de Coumeille, une étrange croix gravée dans la pierre et le pic de Granarols que le chemin contourne au milieu d'une jolie pelouse jonchée de carlines blanches pour se diriger vers un autre puig , celui des Lloses. Ce puig, je vais m'en souvenir très longtemps !

Après un premier petit col herbeux, la Collade d'En Mandoulé sur la carte, la descente abrupte continue mais la sente moins rocailleuse mais plus terreuse devient plus facile jusqu'au Col de Coumeille (1.566m). Ce collet, petite prairie vert clair, encadrée par le Puig dels Sarraïs et le Pic de Granarols (1.690m) je l'ai entrevu dès le début de la descente du col de Serre-Vernet et depuis je languis de l'atteindre tant mon appréhension d'une mauvaise chute dans ce champ de pierres est ancrée dans ma tête. Aussi, je suis si soulagé en l'atteignant que la première chose est de déposer mon sac à dos et de m'allonger les bras en croix sur ce vert herbage. Mais, à cet endroit, je ne suis pas le seul à avoir fait une croix, un autre chemineau a cru utile d'en graver une dans la pierre, moins éphémère que la mienne. Au regard de son usure générale, des vieilles mousses et de l'érosion de petits conglomérats dans son cadre, cette croix me paraît très ancienne. Depuis quand était-elle là ? Je ne suis pas un spécialiste ni de l'archéologie ni de la géologie mais pour l'avoir lu, je sais que le Vallespir a été occupé bien avant le néolithique, époque où l'homme a vraiment commencé à maîtriser le polissage et la sculpture de la pierre. Alors cette croix, est-ce vraiment une croix ancienne ou une cupule comme celles que les hommes préhistoriques ont laissés gravés un peu partout dans le département ? Quelle âge a-t-elle cette gravure ? 5000 ans, 8000 ans, 10000 ans ? Est-elle plus récente et liée au christianisme ? Ou bien a-t-elle été sculpté par un preux et inventif chevalier en partance pour une croisade ? Comme toujours en pareil cas, j'en prends une photo avec l'idée de l'exposer dans mon futur récit à la fois pour l'agrémenter mais aussi avec le secret espoir que cette photo pourra être vue par de vrais spécialistes qui pourront ainsi et sans doute répondre à nombre de mes interrogations.

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L'étrange croix photographiée au col de Coumeille. Je suis preneur, si quelqu'un a des réponses aux questions que je me pose au sujet de cette croix ?

Au col de Coumeille, le chemin contourne le Pic de Granarols pour arriver au Puig des Lloses (1.413m). Ici, le sentier tout en pente douce et très praticable est un réel plaisir. Atteindre ce nouvel objectif n'est cette fois qu'une simple formalité. Il est 14 heures tapantes quand j'arrive au Puig des Lloses. Les panneaux directionnels y sont au nombre de trois : " 1- Le Tour du Vallespir vers Saint-Guillem, à savoir l'itinéraire que je viens de parcourir, 2-Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles, col situé à 30 minutes et bien sûr, 3 Prats-de-Mollo par le GRP Tour du Vallespir que je dois suivre pour respecter le tracé de mon GPS et celui de topo-guide de Georges Véron. Le Puig des Lloses ressemble plutôt à un petit collet avec un replat d'où l'on a une vue plongeante sur Prats-de-Mollo. Ici, je retrouve une flore que j'avais perdue de vue depuis le col de Formentere, faite de sorbiers des oiseleurs, de maigres genêts, de rachitiques genévriers et toujours ces bas massifs de bruyères roses que je côtoie depuis mon départ. Mais une chose me surprend sans trop m'inquiéter sur l'instant, ce sont ces petits amoncellements de branchages cassés dont on voit très bien qu'ils ont été laissés là en l'état depuis la tempête Klaus. Quand à Prats-de-Mollo, d'ici, la cité n'est visible que parce qu'une multitude de grands sapins ont été étêtés ou fracassés sur un vaste périmètre. Mais quand je poursuis la sente du Tour du Vallespir en direction du Col du Miracle, je ne suis pas vraiment inquiet. Il y a bien, dés le départ, un pin en travers du sentier mais je l'enjambe très facilement. 50 mètres plus loin, il y en a deux autres mais ceux-là je ne peux pas les enjamber et suis obligé de les contourner, assez facilement il est vrai. Puis, les pins et les sapins renversés en travers se succèdent. J'enjambe, contourne, passe parfois en dessous et quand je ne peux pas, par dessus. Je commence vraiment à galérer et mes membres sont déjà bien égratignés. Mais en y prêtant attention, je remarque que je ne suis pas le seul à être passer par là. Je vois parfaitement que les bas-côtés du sentier ont été piétinés car la terre est meuble aux endroits où un contournement était la seule alternative. Randonneurs, chasseurs, animaux ? Puis, d'un coup plus rien, plus d'arbres couchés sur plusieurs centaines de mètres. J'arrive au ravin du Pas des Vaques qui n'est ici qu'un petit ru où coule un mince filet d'eau sur un fond boueux. Avec un mouchoir en papier que je mouille au préalable, j'éponge toutes mes égratignures. Je traverse le ruisseau sans problème et poursuis mon chemin dans un sombre sous-bois, ce qui me convient très bien, car ça signifie que tous les arbres sont encore debout. Mais ça ne dure malheureusement pas et là, un peu plus loin, ça se complique car il n'y a pas de réel passage, et en tous cas aucune trace d'un franchissement antérieur. Quand je le peux, j'enjambe, mais quand les troncs sont trop hauts, je tente de passer dessous, mais parfois en vain car le problème avec les sapins, c'est qu'ils sont parfois partiellement déracinés et ont encore toutes leurs épaisses ramures. Et quand ils n'ont plus leurs ramilles, c'est encore pire car leurs branches sèches sont autant de poignards qu'il me faut éviter. Alors, je contourne, je descends, je monte tout en essayant de ne pas trop m'éloigner du chemin. Souvent, je suis contraint d'ôter mon sac à dos, qui, dans ce dédale, est un terrible handicap. Ouf ! J'ai réussi à franchir ce nouvel obstacle mais voilà que 150 mètres plus loin, il en apparaît une autre, aussi difficile que le précédent sinon plus.

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Au Puig des Lloses, les panonceaux sont nombreux et j'aperçois Prats-de-Mollo tout en bas, pourtant je vais me fourvoyer pendant plus de quatre heures dans cette forêt du Miracle ravagée par la terrible tempête Klaus. En vain. De cette forêt, je vais en ressortir meurtri, égratigné, ensanglanté et surtout brûlé des épaules aux chevilles pour être tombé dans de hautes orties ! De surcroît, je vais perdre mon appareil-photo, ce qui va m'obliger à retourner dans ce fatras pour le retrouver. 

Je suis fatigué et sanguinolent mais dans ma tête, je me dis que si j'en ai passé un, je peux en franchir d'autres. Je me dis aussi que les forestiers du coin doivent bien être conscients que le Tour du Vallespir est barré par tous ces arbres abattus et je suppose qu'ils ont commencé à déboiser en partant de Prats-de-Mollo et en remontant le sentier. Ce n'est pas possible, ce traquenard va bien finir par s'arrêter ! Je passe plus facilement ce nouveau barrage et arrive à un endroit où le sentier fait un angle droit près d'un piton rocheux en surplomb de Prats-de-Mollo. Ici, je prends conscience des dégâts considérables que la tempête Klaus a provoqué dans ce secteur mais j'arrive néanmoins à parcourir encore 500 mètres sans trop de difficultés avant de tomber sur une autre empreinte d'une forêt complètement ravagée. J'enjambe, je contourne, remonte et redescend sans trop me préoccuper du chemin qui a définitivement disparu dans cet amas incommensurable d'arbres brisés, de troncs fracassés, de branches amoncelées et de branchages empilés. Dans ma tête, j'espère surtout que ce nouveau sillon dévasté ne sera pas trop large et qu'une nouvelle fois, je pourrai le franchir. Par moment, j'arrive dans des impasses. Il m'est impossible de contourner, de passer dessous et malgré la hauteur où se trouvent les troncs, souvent à plus d'un mètre du sol, la seule solution reste de les enjamber. Je n'en suis pas à ma première enjambée mais cette fois, le tronc est-il un peu plus haut où est-ce la fatigue, toujours est-il, que droit sur le rondin, je me sens partir en arrière entraîné par le poids de mon sac. Un coup de reins pour me rétablir, mais ce coup de reins est bien trop puissant et voilà que je pars en avant ! J'ai beau mouliner l'espace avec mes bras pour tenter de tenir en équilibre mais c'est trop tard, mes mains ne rencontrent que le vide et en tous cas, rien où s'accrocher. Je pars en avant, je vais tomber et me rompre le cou dans ce monstrueux chaos, mais une dernière inspiration me donne l'intuition et le sursaut que plutôt que de tomber n'importe où et n'importe comment, il faut mieux que je me jette à un endroit choisi. Voilà, j'ai réussi, si je puis dire ! Je me retrouve planté au milieu d'un gros massif de ronces et de hautes orties. Mon genou gauche a malgré tout cogné fortement une grosse branche et je saigne abondamment. Mais ce n'est pas ça le plus douloureux, mais toutes ces petites brûlures d'orties qui, peu à peu, en partant des chevilles, semblent monter tout le long de mon corps, enflammant surtout mes jambes mais également mes bras. J'ai l'impression de flamber debout et malgré la douleur, je reste planté là au milieu de cette désolation, de ce néant. Je suis tout à coup comme tétanisé par l'angoisse. Mais je perçois que cette angoisse est arrivée de manière soudaine car jusqu'à présent, j'étais trop occupé à m'en sortir. Une fraction de quelques secondes, il me vient à l'esprit de sortir mon portable et d'appeler des secours. Mais en me retournant, et malgré cette complète désolation, je constate que ce n'est pas le néant absolu : à vol d'oiseau, je ne suis pas très loin d'une piste blanche et sableuse que je distingue en contrebas à quatre ou cinq cent mètres. Je discerne des voitures qui y circulent et aussi un mas. Et même si à cet instant précis, je voudrais être un oiseau, je n'en suis pas un ! Je me suis foutu tout seul dans cette " mouise " et il faut que j'en sorte tout seul aussi ! Mais faire cinq cent mètres dans cette dévastation, je sais à l'avance que c'est une impossible gageure.

La faute à Klaus Schümann

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je suis tombé par terre c'est la faute à Voltaire.

Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes exactement, j'ai hurlé :

Je suis tombé sur un os, c'est bien la faute à Klaus.

Le nez dans les gentianes, c'est la faute à Schümann.

 

Il y a 220 ans, Gavroche chantait :

Je ne suis pas notaire, c'est la faute à Voltaire.

Je suis petit oiseau, c'est la faute à Rousseau.

 

Il y a 220 secondes, j'ai crié :

J'ai chuté sur les lloses, c'est bien la faute à Klaus

J'ai brisé mes organes, c'est la faute à Schümann

 

Je voudrais faire un saut et atterrir à Prats-de-Mollo,

Je ne suis pas petit oiseau, c'est la faute à mon père !

Alors il me faut être costaud et que j'ai un sursaut !

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Le 24 janvier 2009, la tempête Klaus a provoqué de considérables dégâts dans le Haut-Vallespir. En août, les plaies sont loin d'être toutes cicatrisées.

C'est donc décidé, je vais rebrousser chemin jusqu'au Puig des Lloses et descendre à Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles. La première chose à faire, c'est retrouver le sentier mais où peut-il bien être dans ce " labyrinthe " végétal trop urticant à mon goût. Seul mon GPS peut me le dire et il faut d'abord que je sorte de ce roncier qui m'enveloppe comme une toile d'araignée. D'ailleurs des araignées, il y en a pas mal ici et comme elles n'apprécient pas trop mon intrusion dans leur domaine réservé, elles me piquent elles aussi. Mais bon, je n'en suis plus à une piqûre près ! Seule solution, sortir par là où je suis arrivé, c'est-à-dire par le haut. Cette fois, j'ôte mon sac à dos, dont je vérifie au préalable toutes les fermetures et je l'envoie valdinguer par-dessus le tronc dont je viens de choir. Je me hisse sur le tronc et me mets carrément à cheval sur lui. Un point GPS me situe à une cinquantaine de mètres du chemin qui est vers le nord et pour moi vers le haut. Je récupère mon sac et poursuit ainsi mes divagations. Je jette mon sac, me hisse à nouveau, le récupère et ainsi de suite. Parfois, je jette mon sac un peu plus loin car j'arrive à jouer les équilibristes sur plusieurs troncs couchés de concert et ma progression s'accélère. Je vais mettre un gros quart d'heures pour retrouver le sentier et encore plus d'une heure pour rejoindre le Puig des Lloses. Quand je regarde ma montre, j'ai du mal à le croire : il est déjà 17 heures et voilà trois heures que je me fourvoie dans cette forêt du Miracle, la mal nommée. Il faut absolument que j'appelle l'hôtelier pour le prévenir que j'aurai du retard. De ce côté-là au moins je serais tranquille et quand je l'ai au bout du fil, effectivement il me rassure. J'ai réservé, j'ai payé et la chambre à l'hôtel Ausseil m'est complètement allouée quoi qu'il m'arrive. Mais s'il savait ce brave homme ce qu'il vient de m'arriver ! Mais n'en parlons plus, j'en suis sorti, même si c'est fourbu, écorché, entaillé, égratigné, brûlé et ensanglanté de la tête aux chevilles. Maintenant, le sentier qui descend vers le Col de Cavanelles au milieu des genêts et des hautes fougères est plutôt agréable et les panoramas sont suffisamment beaux pour que je me remette à prendre des photos. Mais où est mon appareil ? Il n'est pas dans une de mes poches et je ne me souviens pas l'avoir rangé dans mon sac ! Non, il était dans sa housse accrochée à ma ceinture et à ma ceinture, je n'ai plus rien désormais ! Le bouton-pression a dû s'ouvrir et je l'ai perdu ! Je suis désespéré car perdre mon appareil photo c'est comme si j'avais perdu la mémoire de ces trois premiers jours depuis Amélie-les-Bains. Pour moi, c'est inimaginable et il faut que je le retrouve. Sans trop réfléchir, je sors ma dernière gourde d'eau de mon sac à dos et je jette ce dernier dans les hauts genêts en m'assurant qu'on ne le voit pas depuis le chemin. Deux petites branches en forme de croix que je place au bord du sentier pour retrouver cet endroit et me voilà entrain de remonter le sentier, presque en courant, vers cet " enfer vert " où j'ai sans aucun doute perdu mon appareil. Où se trouvera-t-il ? Loin, près ? L'ai-je perdu quand je suis tombé de ce tronc plus haut que les autres ? S'est-il décroché dans le roncier ? Ou bien sous un tronc que j'ai franchi comme un tunnel ? Voilà les questions et bien d'autres qui grouillent dans ma tête alors que je me jette dans cette " impossible " quête. Vu l'heure et le temps que j'ai mis la première fois, il faut à la fois que je fasse vite mais sans pour autant négliger mes recherches. Ce serait idiot de passer à côté sans voir l'appareil par précipitation. L'absence du sac à dos m'aide considérablement mais au fond de moi, je sais que selon l'endroit où la housse est tombée de ma ceinture, c'est comme rechercher une minuscule aiguille dans une énorme botte de foin. Sans le sac mais avec une gourde à la main, je passe néanmoins tous les petits obstacles plus aisément, je traverse le ru du Pas des Vaques, je franchis le premier couloir de sapins anéantis avant que le sentier fasse un angle droit. Rien ! Il me reste encore un barrage à franchir avant ce virage et comme pour le précèdent, j'essaie de me souvenir par où je suis passé à l'aller mais aussi au retour. Et là, au moment où je me baisse pour passer sous les branches encore vertes d'un immense sapin déraciné, le miracle survient ! La petite housse avec mon numérique à l'intérieur est là au milieu du sentier sous la verte ramure. Ouf ! Ouf ! Ouf ! Je respire à pleins poumons. Quel soulagement. Je vérifie mon appareil que j'enfonce au plus profond de la poche de mon short et par sécurité supplémentaire, je referme celle-ci avec le Velcro consacré. Une fois encore, il ne me reste plus qu'à rebrousser chemin. Ce ne sera que la quatrième fois que j'emprunte cet itinéraire et si ça continue, je vais finir par en connaître le moindre recoin par coeur ! D'ailleurs, c'est le cas, car dans ma précipitation et alors que je me suis arrêté pour boire un coup, j'ai posé machinalement mon bob sur un rocher et je l'ai oublié. Mais je ne suis pas inquiet car je sais parfaitement où il se trouve.

Il est 18 heures quand je passe une nouvelle fois devant la panonceau " Puig des Lloses - 1.413 m - PR6B - Prats-de-Mollo par le Col de Cavanelles - 30 mn ".

A cet instant précis, je ne sais pas pourquoi, il me vient une abominable anxiété : Et si ce chemin, lui aussi, était impraticable, barré par une forêt saccagée ? Après tout, il n'y a pas d'autre chemin et le peu que j'en ai parcouru avant de retourner chercher mon appareil photo ne me laisse aucune certitude et ne me permet pas d'être rassuré. Après tout, Prats-de-Mollo que j'aperçois en bas est au moins à trois kilomètres à vol d'oiseau et il faut au bas mot compter au minimum le double par le chemin. Tout est encore possible ! Cette terrible angoisse, elle va soudain se transformer en une grosse boule au creux de mon estomac et elle va rester là, encore blotti pendant une heure et demie. Autant, j'ai été longtemps serein cet après-midi même au plus fort de mes élucubrations, autant maintenant je prends conscience que je peux ne pas arriver au bout de cette étape, en tous cas aujourd'hui. Mais je sais aussi que je n'ai pas le choix dans la direction à prendre et je continue. Je récupère mon sac. Les photos que j'avais voulu prendre tout à l'heure, je les prends maintenant. Mais j'avoue que je n'ai plus le cœur à ça ! J'ai toujours cette appréhension et ces questions qui fourmillent dans ma tête et je ne pense plus qu'à une chose : descendre, descendre, et descendre encore au plus vite vers Prats-de-Mollo. Comme prévu et sans problème, j'arrive au bout de 30 minutes à ce que je crois être le col de Cavanelles. A gauche, un grand champ en pente avec un large chemin qui le contourne, un autre chemin qui part droit devant moi et un autre qui part complètement à gauche. Je n'ai plus de tracé sur mon GPS et je ne vois plus le balisage jaune que j'ai entr'aperçu dans la descente. Je suis contraint de stopper pour regarder ma carte IGN. J'en profite pour manger et absorber un peu d'énergisant car je suis exténué. Le chemin qui part droit devant moi n'existe pas sur la carte. Ça m'étonne mais je l'oublie. Celui qui part à droite se termine dans un cul de sac. Je l'oublie aussi. Reste celui qui part à gauche et qui semble être le bon à la lecture de la carte. Je redémarre, c'est bon, j'aperçois un coup de peinture jaune sur le piquet d'une clôture. Je contourne ce lopin de terre que je voyais d'en haut. Le chemin continue de tourner, puis à mon étonnement, il se remet à nouveau à monter. Je suis éreinté et je n'en crois pas yeux quand je retrouve le petit pin sous lequel je viens de manger, il y a un instant. Je n'ai fait que tourner en rond autour de cette parcelle en friches. Mon téléphone sonne. C'est Dany. Elle demande de mes nouvelles. Je ne peux que lui dire bof ! Mais elle veut en savoir plus. Alors sans trop l'inquiéter, je lui raconte très brièvement mes mésaventures et lui explique que je ne suis plus sur le Tour du Vallespir, que je galère pour descendre sur Prats-de-Mollo et qu'il est primordial que je regarde très attentivement ma carte IGN. Je coupe en lui promettant de la rappeler dès que j'arrive à l'hôtel. Je redéploie ma carte et essaie de me situer par rapport au paysage que j'ai en face de moi. Je comprends que je ne suis pas au Col de Cavanelles mais près d'un endroit qui sur la carte s'appelle " La Segnora ". Il y a légèrement sur ma gauche le Puig Fabre (1.147 m), petit monticule débonnaire qui me rappelle étrangement ces petits volcans arrondis que l'on rencontre en Auvergne dans la chaîne des Puys.

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.OSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Avec une chance inouie, j'ai retrouvé mon appareil-photo, le plus gros de ma galère est terminé, mais je descends très anxieux vers Prats-de-Mollo par le col de Cavanelles car je ne suis pas certain du chemin. Finalement, de ce col, j'aperçois le bourg et un chemin désormais très praticable y descend. Ma grosse boule au creux de l'estomac disparaît.

C'est par là qu'il me faut aller, car le chemin passe au pied de ce Puig, et là je comprends qu'en bas du champ en friches, il me faut partir complètement à gauche par une piste qui est parfaitement indiquée sur la carte. Je redescends, contourne à nouveau le petit lopin de terre jusqu'à un portail que je n'avais pas aperçu la première fois. Il y a bien une trace jaune sur ce portail et une piste qui démarre derrière. Je l'emprunte. Un peu plus loin, il y a un raccourci toujours balisé en jaune qui part à droite dans de hauts genêts, mais je le néglige car même si mon itinéraire est plus long, la piste me semble très empruntée par des véhicules, car il y a de nombreuses empreintes de pneus sur le sable. Et surtout, je sais que cette piste va me mener là où je veux. J'ai trop erré aujourd'hui pour prendre le moindre risque de me retrouver une nouvelle fois face à des arbres morts et couchés. Toujours cette boule à l'estomac ! La piste fait maintenant une grande boucle et descend j'en suis certain vers le Col de Cavanelles. Dans cette descente, j'ai le bonheur de tomber sur une baignoire qui sert d'abreuvoir aux animaux et de mare improvisée aux têtards. D'un gros tuyau en PVC, il y coule une eau fraîche et claire et je peux ainsi me rafraîchir et surtout nettoyer toutes ces plaies et égratignures d'où des écoulements de sang ont ruisselé mais ont séché depuis. Au fond de moi, je me dis que sans toutes ces traces d'hémoglobine sur la peau, je serais un peu plus présentable pour arriver à l'hôtel ! Mais si après ce nettoyage, j'ai retrouvé un peu de mon " prestige ", cette eau glacée a l'effet désastreux de réveiller toutes ces brûlures d'orties. Elles n'étaient pas tout à fait endormies mais elles sommeillaient et les douleurs s'étaient bien atténuées. D'ailleurs, quand je regarde mes bras et mes jambes, mais mes jambes surtout, elles sont recouvertes presque intégralement de petites boursouflures rouges. Je sais que dans ma pharmacie, je n'ai aucun médicament, aucune pommade, pour tempérer cet urticaire. Je repars et cinq minutes plus tard, j'arrive au Col de Cavanelles. Il est 19h15. Ici la piste continue mais un panonceau indique une sente qui part à droite : " Col de Cavanelles - 1.050 m- PR6- Prats-de-Mollo par le Fort Lagarde 40mn ". Je compulse à nouveau ma carte car je me méfie désormais de tous les raccourcis. Mais celui-là est bon quand je constate qu'il ne descend que dans un environnement rocheux. Je sais que c'est gagné et la boule au creux de mon estomac disparaît comme par enchantement.

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Du col de Cavanelles, je distingue la Tour de Mir, une autre difficulté de ce Tour du Vallespir, le Pic de Costabonne, le Roc Colom où le Tech prend sa source et le château Lagarde que je rejoins 40 minutes plus tard. Du château, j'ai une belle vue sur la vallée du Tech, sur Prats-de-Mollo et son riche patrimoine historique. 

Dans cette descente rocailleuse, je me remets à faire quelques photos : de Prats-de-Mollo bien sûr, la cité est encore loin mais je sais qu'elle se rapproche à chacun de mes pas, de la citadelle du Fort Lagarde construite par Vauban en surplomb de la ville et de la Tour de Mir juchée sur un piton rocheux au milieu d'une ténébreuse forêt qui me fait face. Cette tour, je la connais pour y être monter à de multiples reprises. Je la prends en photo, mais à vrai dire je ne veux pas trop la regarder car il va me falloir la gravir demain. Et pourquoi le cacher, j'appréhende déjà car la forêt constituera l'essentiel de cette étape. J'ai mis 30 minutes pour arriver au Fort Lagarde au lieu des 40 qu'annonçait le dernier panneau indicatif. Je prends des photos du fort et de la ville dont le clocher carré qui domine l'église Sainte-Juste et Sainte-Ruffine perfore le panorama. Mais ce ne sont que de simples clichés, juste des souvenirs. Il est 20 heures 15 quand j'entre dans la cité. Voilà 12 heures que je suis sur les chemins. Pour combien de kilomètres parcourus ? Je suis incapable de le dire ! Alors faut-il que je l'avoue, sur la fin, la vigueur m'a manqué pour apprécier tout ce patrimoine historique à sa juste valeur ! Cette étape qui était la plus  courte est en fin de compte devenue la plus difficile depuis mon départ. 

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13 heures sur les chemins, quand j'entre dans Prats-de-Mollo, je suis fatigué et meurtri par cette très longue journée de marche éprouvante et mémorable. C'est au pas de course que j'ai traversé le fort Lagarde construit par Vauban. Je n'en ai pris simplement que quelques photos sans aucune conviction mais pour le simple plaisir de les inscrire dans mon souvenir et surtout pour le réel bonheur d'avoir retrouvé mon appareil photo dans la forêt du Miracle. Cette forêt porte-t-elle bien son nom ? Moi, en tout cas, je reste indécis entre la galère que j'ai vécue pendant 4 heures et le fait d'en être sorti à peu près indemne et pour terminer avec mon appareil photo dans la poche ! Un rescapé lui aussi !

Alors, ce qui m'importe maintenant, c'est de me retrouver au plus vite à l'hôtel. Aussi quand j'arrive sur la place du Foirail, je m'empresse de demander à une dame la direction de l'hôtel Ausseil et gentiment elle m'indique du doigt une grande porte fortifiée au milieu des remparts et me précise que l'hôtel est situé juste une rue après. Je passe sous le porche, arrive sur une autre place et comme je me souviens du nom de cette place " Josep de la Trinxeria ", je sais que l'hôtel est là. Mais la place est bondée de touristes et occupée par les deux restaurants qui y ont largement installés leurs tables et leurs chaises. La place Josep de la Trinxeria est en réalité une immense terrasse pour les deux restaurants mitoyens et quand je demande l'hôtel Ausseil à un garçon de table, il me réponds simplement : vous y êtes ! Au milieu des tables et devant des clients certainement interloqués par mon " look " de randonneur anéanti, je tente en vain de m'expliquer dans un brouhaha inextricable. On ne s'entend pas ici me dit-il. Suivez-moi ! La salle intérieure du restaurant est vide et je peux enfin m'exprimer :

- Je suis Monsieur Jullien, j'ai réservé une chambre. Montrez-la moi que je puisse au plus vite prendre une douche.

- Oui, je crois que vous en avez besoin, me réponds-il avec un petit sourire narquois et en me tendant une clé et en rajoutant : c'est la chambre 7 au deuxième étage.

- Puis-je manger après ? lui dis-je.

- Oui, mais ça ne sera peut-être pas en terrasse car tout est plein me réponds-il.

- Peu m'importe !

Malgré les escaliers qu'il me faut encore escalader, je m'empresse de monter dans la chambre. Avant toute chose, je me déshabille et me jette sous une douche chaude. J'ai bien essayé d'abord l'eau froide mais ce fut un supplice insupportable. Je n'ai pas insisté car à nouveau les brûlures se sont réveillées de manière presque insoutenable. J'ai appelé Dany pour la rassurer et l'embrasser mais sans trop m'étendre sur tous les déboires que j'avais endurés au court de cette mémorable journée. Les hauteurs du Vallespir ont été sacrément âpres aujourd'hui. Encore plus âpres que je ne l'avais imaginé ! C'est sûr maintenant, le titre de mon aventure " Sur les hauteurs d'une vallée âpre " ne sera pas galvaudé.

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Une ruelle à Prats-de-Mollo et le clocher de l'église Saintes Juste et Ruffine.

ÂPRE EST CE VALLESPIR…… 

 

Âpre est ce Vallespir que je veux cheminer.

Dure est la Tour de Mir quand il faut y grimper.

Je ne fais que grandir sur ces crêtes boisées,

Les sources ont à jaillir pour combler les fossés.

 

Âpre est ce Vallespir que je veux affronter.

Dur est le déplaisir lorsque l'on veut marcher.

Et si mes pas délirent, rien ne peut m'arrêter,

Sauf les pins, ces martyrs que le vent a couché.

 

Âpre est ce Vallespir, je veux le proclamer.

Dur mon sang à tarir, je ne suis que touché.

Et ce pourpre élixir, il ne fait que couler,

Mon corps prêt à bondir sur les chemins dallés.

 

Âpre est ce Vallespir que j'ai pourtant aimé.

Dures ces lloses, ces porphyres où j'ai pourtant chuté.

Et si ma tête chavire, je n'vais pas m'écrouler,

Sur ces frêles sentiers, dans ces prés parfumés.

 

Âpre est ce Vallespir où il faut s'arrêter.

Dur est le point de mire où il faut arriver.

Et si mon cœur soupire alors qu'il est blessé,

Mon amour viens vers moi , toi seul peut l'apaiser.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Le lendemain matin, la Tour de Mir me nargue de ces 1.540 mètres d'altitude. Elle se trouve sur le tracé du Tour du Vallespir. Vais-je l'affronter ?

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 3 : Saint-Guillem - Prats-de-Mollo  15 kms.

Cliquez sur la forêt ravagée par la tempête Klaus pour passer à l'étape suivante

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 2 : Batère - Saint-Guillem - 21 kms

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 2 : Batère - Saint-Guillem - 21 kms2eme étape : Mardi 18 août 2009.

Batère (1.460 m)-Saint-Guillem (1.287 m) 21 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 2 : Batère - Saint-Guillem - 21 kms

Cliquez sur la carte pour l'agrandir. 2 fois pour un plein écran.

Ils franchirent le col, balayé de vents froids, trouvèrent l'ombre tiède des sentiers perdus sous les charmilles, bordés de fleurettes et de clairs ruisseaux, qui cheminent en palier ou en montées insensibles jusqu'au mamelon rocheux qui domine Sant-Guillem. Extrait du roman " Domenica ou la vallée âpre ". Marie Vallespir. Romancière française.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 2 : Batère - Saint-Guillem - 21 kmsUN ECUREUIL JUSTE AU BOUT DE MON NEZ :

J'ai dû m'endormir vers minuit. Comme souvent, je me suis, au préalable, repassé la pellicule de cette première journée. En plus, dans ce magnifique film, j'avais l'image et la musique. Le refrain de " Mes jeunes années " venait sans cesse enjoliver cette étape pourtant très belle en elle-même. Mais ensuite, la nuit a quand même été très bonne car à ma grande surprise, hier soir, je me suis retrouvé tout seul dans cette immense salle. Tout le monde est parti rejoindre les lits gigognes du dortoir adjacent et aucun compagnon de chambrée n'est venu, par ses ronflements, perturber ma rêverie puis mon sommeil qui, ainsi, a été doux et récupérateur.

Décidemment, j'ai beau tenter de me convaincre d'arrêter de regarder ma montre, j'ai beau me dire que quand on veut flâner c'est idiot d'avoir toujours l'œil rivé sur le cadran, j'ai beau me dire que personne ne m'attends avant 5 jours, j'ai beau savoir que la journée sera largement suffisante pour atteindre l'arrivée, force est de constater, qu'en randonnée la montre reste un objet utile et essentiel. J'en veux pour preuve ce réveil programmé à 6h30 pour un petit déjeuner prévu à 7h30. Oh, bien sûr, rien ni personne ne m'oblige à me lever si tôt mais ces horaires me conviennent tout simplement. Sur des randonnées comme celle là, j'aime démarrer avec le lever du jour. Je ne suis pas le seul d'ailleurs. Or mis le jeune couple, on prend les mêmes que hier soir et on recommence. Mais autour de la table et devant les bols, si j'ai devant moi les mêmes personnes, les visages, les mines et les regards, eux, sont très dissemblables. Certains somnolent encore et ne semblent pas disposés à beurrer leur tartine. D'autres discutent comme s'il n'y avait jamais eu de G.R.10 à parcourir aujourd'hui, d'autres sont déjà d'attaque et pensent qu'ils perdent leur temps à rester attablés. De mon côté, je suis assez étonné de ma forme physique. Aucune douleur musculaire, ni aux jambes ni ailleurs et surtout pas de courbatures, mais il est tout de même hors de question de négliger ce petit déjeuner. Je prends tout mon temps car personne ne m'attend ce soir à Saint-Guillem de Combret. J'ai bien l'intention de traîner, de regarder ma montre le moins possible et je viens de décider que ça commencerait ici devant mon café au lait.

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 2 : Batère - Saint-Guillem - 21 kms

Je quitte Batère, son refuge, mes amis d'un jour, ses poules, ses vestiges miniers par des sentiers parfaitement balisés en jaune et rouge. Le sentier descend et je m'enfonce pour une paire d'heures dans une épaisse forêt.

Au bout d'une demi-heure, il me faut tout de même partir, je règle l'addition, pars au dortoir récupérer mon sac à dos qui est fin prêt et que j'ajuste aussitôt sur mes épaules. Tous mes amis d'un jour, d'Epinal et d'Allemagne sont là devant le refuge prêts à partir eux aussi. Quelques mots d'adieu aux plus sympas d'entre eux. Je serre des mains, fait la bise aux dames et salue d'un signe d'autres personnes qui se sont déjà éloignées. Nos routes se séparent ici. Eux partent vers le col de la Descarga et le G.R.10 et moi à l'opposé toujours dans cette magnifique forêt domaniale du Haut-Vallespir. Mais, en raison des couleurs surprenantes de ce matin vaporeux, je ne peux m'empêcher de partir sans jeter un dernier coup d'œil sur tous ces beaux paysages qu'il y a devant le refuge. Je sais pertinemment qu'il va y en avoir bien d'autres, mais ceux-là me retiennent encore comme un aimant : les panoramas sur la Vallée du Tech, Corsavy, Leca et la Souque sont déjà merveilleux dans cette aube nouvelle où s'élève quelques fumerolles de brumes dans un ciel limpide. Je me décide à partir, deux poules aux crêtes rouges semblent vouloir m'accompagner. Il faut dire qu'en leur donnant les restes d'un quignon de pain, je les aide dans cette démarche. En passant devant une voiture, je finis par comprendre l'absence du jeune couple ce matin au petit déjeuner : ils dorment à poings fermés allongés sur leurs sièges. Ils ne sont pas les seuls à dormir encore, d'autres ont dressé leur tente sur un pré, qui un peu plus loin, sert accessoirement de parking mais présente l'avantage d'être en bordure d'une vue grandiose et exceptionnelle. D'ici, on a une superbe et vaste vision du Vallespir vers l'est et comme le soleil tarde à se lever, l'horizon hésite entre la fin d'une nuit bleutée et le prélude à une belle journée orangée. C'est dans cette quiétude ambiante que je quitte définitivement Batère et ses derniers vestiges miniers. Le silence est de mise et je n'entends plus que le bruit de mes lourds godillots qui écrasent l'herbe humide d'une fraîche rosée matinale.

A partir d'ici et sur un long tronçon, le sentier que j'emprunte est commun au Tour du Vallespir et à celui du Canigou. Le balisage jaune et rouge est enfin bien présent et je n'éprouve aucun mal à le suivre sur ce sentier qui est soudain devenu très caillouteux en descendant de manière abrupte dans le Bois du Roc des Cabres. Mais des chèvres ou des cabris, je n'en verrai point dans cette dense forêt. Juste avant le Roc, le seul mammifère que j'aperçois, c'est un petit écureuil roux. A cinq mètres de moi, je le surprends sur la branche d'un petit pin. J'avance encore un peu car il me tourne le dos puis je m'arrête. Il ne m'a pas vu et j'essaie de ne plus bouger pour qu'il me laisse le temps de récupérer mon appareil photo enfouit dans une housse que je porte à la ceinture. Un caillou roule sous mon pied. Il se retourne et m'aperçoit. Il ne bouge pas car il paraît très surpris de me voir là à trois mètres de lui ! Au lieu de fuir, il saute sur la branche d'un grand pin encore plus proche de moi. Mais j'ai compris son manège car le grand pin est plus propice que le petit pour s'esquiver. Il est là maintenant juste au bout de mon nez. J'hésite entre récupérer mon appareil photo que j'ai un mal fou à sortir de sa housse ou le perdre de vue. L'occasion est trop belle, il faut que je le prenne en photo ! J'essaie de ralentir mes mouvements. Il m'observe. Un geste de trop. Le voilà qui saute et change de branche. Si j'attends encore pour le photographier, à coup sûr, je le loupe. Il se met à grimper, s'arrête de nouveau mais je l'ai dans le viseur et j'appuie sur le déclencheur. Je n'ai pas le temps de réaliser, qu'il est déjà à la cime du grand pin. Il détale maintenant à une vitesse inouïe, sautant de branche en branche. Je l'ai perdu ! Sur l'écran de mon numérique, j'essaie de voir si l'écureuil est sur le cliché que j'ai pris mais sur le moment, je ne l'aperçois pas. Il est vrai que je n'ai eu ni le temps de zoomer ni celui de faire une parfaite mise au point. Je me dis que je verrai sans doute mieux sur l'écran de mon ordinateur et peut-être aurais-je une belle surprise !

 Saute petit écureuil sur le bout de mon nez

 

Saute petit écureuil sur le bout de mon nez,

N'ait pas peur, viens vers moi et ne soit pas gêné.

Tu n'auras aucun mal, si tu te laisses faire,

Et ce que je propose, c'est loin d'être l'enfer.

 

C'est une belle photo que j'aurai pour la vie,

Et que je montrerai que si j'en ai envie.

Alors saute écureuil sur le bout de mon nez,

Arrête d'avoir peur et ne soit pas borné.

 

Ce n'est qu'un souvenir pour mes petits-enfants,

Que t'avoir en image et pas en triomphant.

Saute petit écureuil sur le bout de mon nez,

Si tu ne sautes pas, tu me gâches la journée.

 

Je n'ai pas d'écureuils dans mon joli bestiaire,

Approche, n'ait pas peur ou ne soit pas si fier.

Saute petit écureuil, mon nez c'est du velours,

Une photo, un portrait c'est parfois de l'amour

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 2 : Batère - Saint-Guillem - 21 kms

Un petit écureuil roux qui ne veut pas se laisser photographier mais je réussis néanmoins à l'avoir et en grossissant la photo, il n'est pas mal du tout !

De temps à autre, les paysages se dévoilent. Parfois vers l'est où le jour s'est enfin levé mais où les teintes bleutées et orangées de l'aube ont malheureusement laissé la place à une brume poisseuse et grisâtre. Parfois, vers le nord où par dessus les grands sapins, j'arrive de temps à autre à percevoir la grande façade blanche du refuge de Batère. J'arrive devant une grande barrière rocheuse au milieu d'un océan végétal. De là, je suis en surplomb et la vue donne enfin vers l'ouest et le sud. Mais cette vision est restreinte et ce ne sont que de magnifiques forêts à perte de vue. Dans cette verte immensité, seules quelques tristes saignées apparaissent et me rappellent que le 24 janvier dernier, il y a eu dans le département une terrible tempête.

C'était Klaus, tempête mal nommée par un institut de météorologie allemand puisqu'elle a soufflée avec une fantastique violence essentiellement dans le sud de l'Europe (Portugal, Espagne, Andorre, France, Italie) pour faiblir en Grèce puis terminer sa course en Turquie près de la Mer Noire. Mais, il faut savoir aussi que c'est une allemande Karla Wege, qui la première, eut l'idée en 1954, de donner des noms aux dépressions et anticyclones d'Europe afin que les cartes météos soient plus simples à lire. Aujourd'hui, cet institut de météo monnaye ces noms, et chacun peut se placer sur une liste d'attente pour devenir parrain ou sponsor et donner plus tard son nom ou son prénom à une tempête. Ainsi, difficile de dire qui était ce Klaus Schümann, en l'honneur duquel cette tempête a été ainsi nommée. Les homonymes étant nombreux car ce prénom et ce nom sont fort répandus en Allemagne, le plus connu d'entre tous étant néanmoins l'ancien Directeur Général des Affaires Politiques du Conseil de l'Europe. Mais est-ce bien lui ? Rien n'est moins sûr !

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J'ai quitté le refuge de Batère, dont j'aperçois la toiture depuis la descente dans la forêt. Un piton rocheux se dresse devant moi. Je descends dans le Bois du Roc des Cabres, puis dans une immense forêt légèrement chahutée par la tempête Klaus où pullulent les grosses coulemelles.

Je repars. La falaise blanche me paraissait infranchissable, mais la petite sente très étroite bifurque juste avant et tourne à droite dans une descente toujours plus raide. Les sombres pins et les grands résineux ont laissé la place à une immense et lumineuse hêtraie où les grosses coulemelles poussent à profusion. Il y a maintenant une heure que j'ai démarré, j'atteins un petit torrent. Sur ma carte, c'est le ruisseau du ravin de la Riverette. Je le traverse et le longe quelques temps. La sente s'aplanie et file sud-ouest. Un quart d'heure plus tard, je croise les premiers panonceaux : Col d'En Cé (veut dire feu, encens) et la Baraque del Faig (hêtre). Je marche dans la bonne direction. Je ne suis pas inquiet mais pourtant ça me rassure car cela fait un bon moment que je serpente dans la forêt et que mon GPS n'arrive pas à faire un point précis sous cette forêt trop dense. Quand au balisage, il est présent, mais parfois trop effacé pour être évident à percevoir. De temps à temps, les cicatrices de Klaus se font plus apparentes mais les forestiers ont fait leur travail et je n'éprouve aucune difficulté à suivre l'itinéraire qui est désormais rectiligne. Je traverse un deuxième ruisseau, c'est le Correc des Cabres. A travers quelques grands pins, je finis par apercevoir le Pic de la Souque. Il semble beaucoup plus proche maintenant, pas de doute, j'arrive au Col d'En Cé.

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 2 : Batère - Saint-Guillem - 21 kms

Photos prises dans le Bois du Roc des Cabres puis en arrivant au Col d'En Cé

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Au col d'En Cé, joli pré planté de ruches avec le Pic de la Souque pour horizon. Je vais m'y arrêter pour prendre un en-cas mais les abeilles ne l'entendent pas ainsi !

Dans ma tête et pour plusieurs raisons, ce col est dans cette longue journée de marche, une première étape de franchie : d'abord parce que ce col est le carrefour de deux chemins, dont je ne sais trop lequel des deux emprunte vraiment le Tour du Vallespir. Sur les cartes, c'est une étroite sente qui, par la droite, remonte dans la forêt, longe les Canals de Leca dans un décor rocheux et dont le dénivelé est paraît-il plutôt difficile. De l'autre, c'est une large piste qui monte du hameau de Leca et qui file parallèle au Riuferrer, la rivière du fer. Jadis, cette route a été goudronnée mais il n'en reste plus rien. Georges Véron dans son guide conseille cette piste et écrit : " les sages la suivront vers la droite et l'ouest sans s'occuper du balisage qui emprunte, très en contre-haut, un parcours nettement plus pénible ".

Je ne connais pas cette piste pas plus que le sentier pénible d'ailleurs. Est-elle plus facile ? Sans doute, si je compare les deux itinéraires que par sécurité, j'ai enregistré dans mon GPS. Ici, ce ne sont pas les difficultés qui m'effraient, ni le poids du sac qui me pèse, mais je veux avant tout être sage et je ne me pose donc aucune question. Je délaisse la petite sente balisée en jaune et rouge qui grimpe dans la forêt, et qui, selon les panonceaux, file à la Baraque del Faig en empruntant, et le Tour du Canigou et celui du Vallespir. Malgré ces indications on ne peut plus claires, je n'ai pas le sentiment de faire une entorse au Tour du Vallespir puisque Véron lui-même préconise le parcours que je vais prendre.

J'ai mis deux heures pour arriver au Col d'En Cé et j'estime qu'il est temps de faire une pause. Le cadre s'y prête avec une jolie pelouse verte et rase comme je les aime. Cette halte me semble indispensable, ne serait-ce que pour reposer mes genoux légèrement endoloris ; douleurs aux articulations engendrées par les multiples torsions de cette longue descente. Je m'arrête, dépose mon sac et commence à sortir quelques friandises. Mais les abeilles, de plusieurs ruches blotties non loin de là dans les fougères, ne l'entendent pas de cette oreille. Oh non, elles ne me piquent pas mais les nombreuses escadrilles qui tournent autour de moi sont suffisamment dissuasives pour me faire comprendre que je me suis ingéré dans un territoire qui n'était pas le mien. Je remballe tout mon attirail et file un peu plus loin vers un endroit plus accue

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Je quitte le col d'En Cé par l'agréable et large chemin conseillé par Georges Véron dans son guide et non pas par le sentier du Tour du Vallespir qui, beaucoup plus haut, longe les Canals de Leca. Pourtant, je n'ai pas le sentiment de faire une entorse au véritable parcours !

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Après le Col d'En Cé, de merveilleux panoramas de tous côtés, vers de hauts sommets, vers le cirque d'En Faig, la Souque et la vallée du Riuferrer, rivière du fer alimentée par d'agréables et mélodieux petits rus.

Bien que clôturée sur ma gauche, sans doute par sécurité pour les troupeaux, car elle est carrément en surplomb de 300 ou 400 mètres au dessus du torrent du Riuferrer, la piste est plaisante à cheminer. Ici aussi quelques arbres ont été étêtés par la tempête Klaus. La déclivité est modeste et quand les arbres ont été épargnés, le chemin se faufile à travers une flore resplendissante où les courts feuillus se mélangent aux petits sapins et aux frêles épicéas. Cette basse végétation présente un avantage non négligeable, celui de pouvoir marcher sans avoir à trop lever la tête pour découvrir cet immense cirque du Faig qui s'ouvre devant moi. Ce cirque, couronné de très hauts sommets qui se détachent sur un ciel bleu cristallin est vraiment splendide : Pic du Roc Nègre (2.714 m) Pic des Très Vents (2.731 m), Pic Roja (2.724 m), Pic de Bassibes (2.637 m), Pic des Sept Hommes (2.651 m). Les crêtes et les flancs de toutes ces hautes cimes où alternent les immenses pierriers blancs et les vertes pelouses sont des invitations à randonner toujours plus haut, même si je sais par avance que je n'aurais pas à monter à ces altitudes sur ce Tour du Vallespir.

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Au pied du splendide cirque d'En Faig, une rafraîchissante baignade dans le Riuferrer un peu perturbée par les sifflements d'une marmotte que je n'arrive pas à apercevoir.Mais en me baignant, j'ai réalisé une rêve, celui de prendre un bain dans une rivière lors de ce Tour du Vallespir.

Depuis le Col d'En Cé, arrêt compris, j'ai mis exactement une heure pour parcourir les 4 kilomètres de cette piste qui se termine comme elle avait commencé, c'est-à-dire dans une verte prairie plantée de nombreuses ruches. Mais, j'ai retenu la leçon, je laisse les abeilles tranquilles et je préfère filer vers le torrent dont j'entends désormais le clapotis tout proche. J'enjambe quelques rochers car, malgré ce que dit Véron dans son guide, il n'y a ici aucune passerelle. Elle a sans doute été emportée, un jour d'orage, par les flots impétueux du torrent. Je suis déjà sur une autre rive du Riuferrer mais ici, des rives, il y en a plusieurs car la rivière prend sa source à proximité et cherche encore son cours principal dans le début de ce long vallon qui finit sa course 17 kilomètres plus loin, à Arles-sur-Tech. Il fait très chaud et j'ai très chaud, et toutes ses vasques limpides sont des provocations à un bain que je sais presque inévitable. A des lieux de toute habitation, j'ai la quasi certitude d'être seul et éloigné de tout au fond de ce magnifique cirque, j'ôte tous mes vêtements et me dirige vers la rivière. Mais à l'instant précis où j'entre dans l'eau, j'entends un sifflement strident. Serait-ce quelqu'un qui me reluque et qui me trouve beau dans le " plus simple appareil " ? J'ai de l'imagination mais il m'est impossible de croire à ce raisonnement. Je reste néanmoins surpris d'entendre siffler et je regarde autour de moi avec insistance et un peu d'appréhension aussi, je dois l'avouer. Quelqu'un m'aurait-il surpris dans cette tenue d'Adam sans feuille de vigne ? Non, je ne vois personne mais les sifflements aigus se répètent et viennent clairement d'une zone de gros éboulis qui se trouve derrière moi où déboule un autre petit torrent. Je suis pudique et malgré une eau glacée, je plonge plus vite que prévu dans la première marmite venue. J'observe mais je ne vois rien. J'avoue que ce sifflement persistant continue de me troubler. Je sors du torrent, me sèche et j'enfile mon slip. Mais les sifflements irréguliers se poursuivent et je comprends qu'il ne peut s'agir que d'une marmotte qui siffle pour prévenir ses congénères de ma présence. Je retourne au bord du torrent pour figer sur une photo, cet instant ridicule et désopilant dont je rigole encore quand j'y pense. Enfin, malgré l'aspect ridicule de ce moment, j'ai réalisé un rêve celui de me baigner dans une rivière lors de ce Tour du Vallespir. Depuis que je suis enfant, l'eau m'a toujours fortement attirée. 

Paysages aperçus après avoir enjambé le Riuferrer et quitté le cirque d'En Faig. Le sentier alterne éboulis et jolis passages en sous-bois. De l'autre côté du torrent, j'aperçois la piste empruntée après le col d'En Cé. Le balisage est bon même si ici le panonceau indique seulement le Tour du Canigou. 

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Paysages aperçus après avoir enjambé le Riuferrer et quitté le cirque d'En Faig. Le sentier alterne éboulis et jolis passages en sous-bois. De l'autre côté du torrent, j'aperçois la piste empruntée après le col d'En Cé. Le balisage est bon même si ici le panonceau indique seulement le Tour du Canigou.

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J'ai quitté le cirque d'En Faig (au fond), la sente s'élève au dessus du vallon du Riuferrer dans lequel je viens de me baigner nu. Mais des sifflements aigus, ceux d'une marmotte sans doute, sont venus troubler ce plaisir. En reprenant ma marche, j'en rigole tout seul car je trouve cela désopilant quand j'y repense !

Après avoir traversé le Riuferrer, c'est une petite sente qui le longe désormais sur la rive opposée. Mais, si le sentier est parallèle à la piste que j'ai suivie depuis le Col d'En Cé, avec ses montées et ses descentes successives dans les cailloux et les éboulis, il est beaucoup moins agréable et facile à arpenter que ne l'était la piste. Seuls les paysages restent plaisants à regarder avec désormais une vue circulaire de tous les pics qui dominent le cirque d'En Faig. Il y a toujours les mêmes auxquels s'ajoutent désormais ceux en face de moi à savoir les pics Gallinasse (2.461 m), Cincreus ou Cinq croix (2.266 m) et Pel de Ca ou Peau du chien (2.112 m). Dans le pierrier du Gallinasse, j'aperçois un isard qui grimpe la pente avec une facilité déconcertante. Il s'arrête et m'observe. Compte tenu de la distance qui nous sépare, il est peu inquiet et continue tranquille son ascension vers le sommet. Bien qu'estimant la distance trop importante, je tente néanmoins une photo en mode rapproché. Le chemin se fait plus doux au sein du bois de la Bac de la Cova dels Porcs (bac signifiant ubac, cova signifiant grotte, on peut traduite textuellement par ubac de la grotte des cochons), je décide de stopper là pour déjeuner car il est 12h30 et je n'ai pas envie de " speeder " inutilement. Je mange en priorité le panier repas confectionné ce matin par le cuistot du Refuge de Batère, constitué d'un gros sandwich omelette au jambon, d'un " bon " morceau de fromage, de 2 tranches de pains d'épices et d'une orange. Je conserve et continue de trimbaler mes salades et mes gâteaux de riz que je garde précieusement en prévision des repas de ce soir et de demain midi. Quand je repars, le ciel s'est quelque peu assombri. Mais cette obscurcissement est sporadique car une " bonne " tramontane pousse vers le sud tous ces gros cumulus le plus souvent très blancs mais quelquefois gris aussi.

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J'ai définitivement quitté En Faig. Une rampe d'éboulis s'élève hardiment et m'oblige à prendre un peu d'énergisant. Un étrange papillon tente de faire du mimétisme sur une feuille, mais pas de bol, le feuille est verte et lui est marron tacheté de bleu. C'est la première fois que j'en vois un comme ça et je ne connais pas son nom. La sente file vers une belle hêtraie où poussent de jolis champignons jaunes, direction la cabane de la Devesa que j'aperçois au loin.

La sente s'élève maintenant par une sévère rampe qui se fraye un chemin au milieu d'un gros pierrier. La sente ne fait que monter depuis que j'ai redémarré et elle s'accentue encore. L'estomac alourdi par le déjeuner, j'ai un mal fou à retrouver mon ardeur de ce matin. Aussi, je trouve opportun d'ouvrir, pour la première fois de la journée, une nouvelle compote gélifiée énergisante dont j'absorbe, en pressant le tube, une copieuse lichette. L'effet du glucose sur mon organisme est quasiment immédiat et alors que je grimpe en direction de la cabane forestière de La Devesa, un quart d'heures plus tard, j'ai retrouvé une " forme olympique ". J'entre dans une étrange hêtraie où les arbres avec leurs multiples branches tentaculaires qui sortent du sol ressemblent plus à des pieuvres géantes qu'à des végétaux. Les abords du chemin sont parsemés d'une multitude de jolis petits champignons jaunâtres. Au sortir de la hêtraie, j'aperçois enfin au dessus de moi la cabane qui sert régulièrement d'abri aux bergers et de refuge aux randonneurs.

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La cabane de Devesa apparaît et les panoramas se révèlent de tous côtés et jusqu'à la Méditerranée. Dommage une longe chape brumeuse bouche l'essentiel de l'horizon. Mais je réussis néanmoins à apercevoir Amélie-les-Bains d'où je suis parti hier matin, Montbolo et la piste qui monte vers Formentere.

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Je grave dans ce grand hêtre, mais sans talent, la mémoire de mon passage ici.

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Des chevaux et surtout un gentil et sympathique trio de randonneurs: voilà, quelques bons souvenirs de mon passage près de la cabane de la Devesa.

Sur ma gauche, je reconnais la verte prairie du Col de l'Estagnol que je connais bien et que je dois rejoindre. Mais pour l'instant rien ne presse, il n'est que 14 heures et je m'arrête pour manger une orange à l'ombre d'un immense hêtre. Machinalement, je me mets à en creuser l'écorce, à l'aide de mon " Laguiole ", pour tenter d'y graver à jamais mes initiales et la date du jour marquant ainsi mon " glorieux " passage sur ce Tour du Vallespir. Mais il faut que je l'avoue, je ne suis pas un artiste en la matière et je resterai sans doute le seul à savoir que je suis passé par là ! Au moment où je m'apprête à repartir, un homme arrive vers moi et, dans un élan très amical, il me salue en me serrant la main avec chaleur. Il semble radieux de rencontrer quelqu'un à qui parler. Il est suivi d'une jeune femme et d'une jeune fille. La jeune femme vient également vers moi me dire bonjour. La jeune fille, elle, poursuit son chemin, et me salue, de loin, d'un sourire timide. Pendant que ses parents m'expliquent leur randonnée, je la vois partir en courant à la rencontre de trois chevaux qu'elle vient d'apercevoir non loin de la cabane. Son père, qui ne la quitte pas des yeux, se met à crier. Il s'étrangle à lui rappeler les règles de prudence les plus élémentaires à adopter avant de se rapprocher des chevaux. Mais la jeune fille les a déjà atteints et les caresse sans aucune retenue ni appréhension. Heureusement, ces chevaux qui vivent le plus souvent à l'état sauvage semblent dociles et de bonne composition. Le père, qui n'était pas entendu, est, par crainte, parti en courant rejoindre sa fille, ce qui a eu pour effet de couper court à notre conversation qui, apparemment, s'orientait sur la manière dont ils devaient poursuivre leur parcours pour rejoindre Leca. Une fois rassuré le père revient vers moi, déplie sa carte IGN et me demande de lui indiquer s'ils peuvent faire une boucle pour rejoindre leur point de départ et retrouver leur véhicule qu'ils ont laissé à Leca. Le doigt pointé vers un proche horizon, je lui désigne d'abord le Col de l'Estagnol, grand pré vert clair que l'on aperçoit au milieu d'un océan de grands conifères au vert plus sombre puis, tout en décrivant le parcours à prendre, mon index descend dans le ravin qui nous fait face. C'est celui de la Font de l'Estagnol. Puis, pointant toujours mon index, je retranscris sur la carte la même description, tout en suivant l'itinéraire en rouge qu'il auront à emprunter.

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Avant de repartir de la Devesa vers le col de l'Estagnol, j'ai un large aperçu du chemin parcouru hier, d'Amélie-les-Bains à Batère dont j'aperçois la tour à l'horizon sur ma gauche.

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Je laisse la Devesa, sa cabane, ses chevaux, son cadre bucolique et ses beaux panoramas, direction le col de l'Estagnol et son pré verdoyant que j'aperçois au loin.

L'homme me remercie et le trio repart en direction de la large piste qui démarre au pied de la cabane de la Devesa. Ils me distancent rapidement et disparaissent dans la sombre forêt qui descend le long des flancs du Puig dels Pastors. De mon côté, je continue de flâner, prenant photos sur photos, du site de la Devesa et des alentours mais aussi de tous ces splendides panoramas que je domine et que j'aperçois presque à perte de vue en direction de la mer. Je discerne avec bonheur mais étonnement la quasi totalité du chemin parcouru hier : Mes yeux partent d'Amélie-les-Bains, grande empreinte blanchâtre au fond de la vallée du Tech puis peu à peu, ils montent vers Montbolo que je devine à peine, puis ils cheminent sur cette longue piste qui louvoie telle une couleuvre vers le col de Formentere pour s'arrêter au pied de la tour de Batère parfaitement visible. Absorbé par tous ces beaux paysages et ces magnifiques forêts, quand je sors du Bois dels Pastors pour déboucher sur le vaste et verdoyant pré du Col de L'Estagnol, c'est sous quelques gouttelettes de pluie. Elles tombent d'un modeste nuage noir qui a, sans doute lui aussi, décidé de s'arrêter là pour profiter de ce remarquable spectacle. Pour la deuxième fois en deux jours, me voilà contraint de recouvrir mon sac à dos et de sortir mon poncho dans la précipitation. Sur le grand pré, je retrouve " mon " trio de randonneurs. Ils viennent de nouveau vers moi car ils n'ont pas trouvé la sente qui redescend vers Leca. Je dépose mon sac à dos sur le pré et leur demande de me suivre jusqu'à un petit piquet et à une petite trace jaune, peu visible il est vrai, car peinte à même le sol sur une pierre à la limite de la forêt et de la pelouse.Là, je leur dis de ne plus quitter ce balisage jusqu'à retrouver le panneau Leca qu'ils ont inévitablement rencontré en montant vers le Faig. Je quitte cette charmante famille, non sans leur avoir montré au préalable, et une nouvelle fois, le tracé sur la carte IGN et décrit au père la sente qui devrait les ramener sans problème jusqu'à leur véhicule. Je les mets surtout en garde de délaisser les chemins et les pistes qu'ils vont couper et qui partent vers la droite.

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Quand, j'arrive au col de l'Estagnol, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour Jérôme car il y a trois semaines, nous avions déjeuné là avant de monter au Pic de la Souque. D'ailleurs, le pic apparaît au loin en forme de volcan aplati à son sommet. Mais il y a aussi toutes ces montagnes que j'aurai à gravir dans les jours prochains de l'autre côté du versant du Vallespir.

Un dernier signe de la main et le sympathique " trio " disparaît définitivement dans le bois. J'ôte et replie mon poncho car le petit nuage noir a fichu le camp lui aussi et la pluie fine a cessé. Le petit nuage noir a laissé la place à un magnifique ciel bleu où quelques éphémères et gros cumulus blancs très épars continuent de courir poussés par un vent modéré du nord. Quand je me retrouve sur cet immense pré vert clair, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour Jérôme, il y a trois semaines nous avions déjeuné là avant de grimper au Pic de la Souque. De ce vaste plateau herbeux, la vision bascule sur l'autre Vallespir, celui de la vallée du Tech. Ces paysages sur le Tech et plus loin vers l'Espagne ne sont que successions de petites collines, de profondes ravines et de montagnes beaucoup moins hautes que celles auxquelles je tourne désormais le dos. Est-ce la distance qui me sépare encore de ces paysages, mais j'éprouve pas mal de difficultés à imaginer, que pour finir convenablement cette boucle, il me faudra chevaucher toutes ces " montagnes russes " lors des trois derniers jours. Je rejoins un panneau indicateur qui m'oriente dans la direction à poursuivre : " Volta del Vallespir/Tour du Vallespir - St Guillem ". Malgré mon GPS, j'avoue que ce panneau m'est précieux car hormis le site de Saint-Guillem lui-même, je ne connais plus les chemins qui m'attendent à partir d'ici et pendant encore deux jours jusqu'à Notre-Dame du Coral et Lamanère. Assis bien en face ces jolis panoramas, je grignote quelques fruits secs en observant sur ma carte IGN, les sentiers à prendre pour arriver au refuge de Saint-Guillem ce soir. Je repars par une large piste dont la déclivité s'accentue à chacun de mes pas. Par sécurité, du moins je le pense, je garde à la main et pendant quelques temps mon GPS allumé. Le dénivelé progresse : 1.650 mètres, 1.670, 1.680, 1.700, 1.720, 1.730 mètres, puis, toujours allumé, je finis par le glisser dans la poche de mon short car ce dernier me situe parfaitement sur le tracé. Et là, je commet une erreur grossière car quand je le ressors de ma poche, bien, que n'ayant pas quitté la piste, je m'aperçois que je ne suis plus du tout sur la tracé mais l'altitude a encore augmenté de quelques mètres puisque je suis désormais à 1.765 mètres. Selon la connaissance que j'ai du parcours, je sais que je suis beaucoup trop haut car le point culminant du Tour du Vallespir se situe à 1.808 mètres et ce sera demain au Col de Serre Vernet. Je comprends que je me suis beaucoup trop rapproché de cette altitude pour être sur le bon chemin ! Je ressors la carte de mon sac et remarque qu'effectivement j'ai dû louper la sente qui descend à gauche vers un petit col inscrit sur la carte : la Collada del Réart. Mais je remarque aussi que si je continue la piste, je ne suis plus très loin d'une autre sente qui rejoint la première, peu avant le Roc del Réart. Je choisis cette option et continue de monter sur quelques dizaines de mètres. Et là, surprise et soulagement, juste derrière un virage, j'aperçois un nouveau panneau indiquant clairement : " Volta del Canigo/Volta del Vallespir - St Guillem ". A mes pieds, une étroite sente descend à gauche.

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Après le col de l'Estagnol, je me trompe de chemin et la sente grimpe vers des sommets plus élevés que prévus, mais les panoramas sont si merveilleux !

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Je me suis trompé de chemin mais par bonheur celui-là aussi à une variante qui va à hameau de Saint-Guillem de Combret !

Le GPS me situe à 1.771 mètres d'altitude et de là encore, les panoramas sont grandioses sur le Bas et le Moyen Vallespir et la vallée du Tech bien sûr, mais aussi sur le vallon et le bassin de Coumelade et les pics et les crêtes qui l'entourent. Pic de Gallinas (2.029 m), crêtes de Serre-Vernet (1.970 m), Montagne Rase (2.439 m), à vol d'oiseau, je ne suis plus très loin de la haute montagne mais maintenant il me faut descendre dans cette terrible sente qui zigzague des contreforts très rocailleux du Roc Coucoulère jusqu'aux flancs boisés de la Sola du Rossignol. J'ai beau me méfier à outrance de cette étroite sente abrupte, peu empruntée, mal débroussaillée et par endroit ravinée, je ne peux éviter une chute dans les bruyères rases. Heureusement sans gravité, sauf pour une malheureuse petite abeille qui se retrouve plantée par le dard dans la paume de ma main. Malgré la vive douleur momentanée, j'essaie de dégager cette pauvre abeille de cette situation inconfortable, surtout pour elle, car je sais qu'en tirant, une partie de l'abdomen restera planté dans ma peau retenu qu'il est par un petit crochet qui se trouve à la pointe du dard. L'abdomen et le dard étant étroitement relié par un muscle infime et fragile, l'abeille meurt en général de cette intervention. Malgré toute la délicatesse que je peux mettre à cette opération, tout se passe comme prévu : je suis malheureusement obligé de m'y reprendre par deux fois, une première, car le dard et les entrailles toutes entières sont restées plantées dans ma paume et une seconde, pour retirer le dard dont j'ai le vague sentiment que le crochet est resté enfoncé dans mon derme. L'abeille, elle, n'a pas survécu à cette " pitoyable chirurgie " ! Malgré une douleur assez superficielle désormais, je sors, par sécurité, ma trousse à pharmacie et mon " Aspivenin " pour aspirer le reste des toxines injectées par cette pauvre abeille qui, tranquille à butiner, a eu la malchance de croiser ma route.

Pauvre petite abeille que le rose attirait

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Sur le rose sentier, voilà que j'ai chuté

Sur une frêle abeille que le rose attirait.

Tombé dans les bruyères où est la gravité,

Pour une abeille gracile que le rose attirait.

 

Dans la paume de ma main, elle resta plantée,

Cette jolie abeille que le rose attirait.

Autant le dire de suite, il faut avoir pitié,

Pour une abeille fragile que le rose attirait.

 

Petit corps dans mes mains, j'avais la faculté,

Pour cette fine abeille que le rose attirait,

De la tirer de là, avec habileté,

Cette petite abeille que le rose attirait.

 

Tirant son abdomen avec dextérité,

La délicate abeille que le rose attirait,

S'endormit dans ma main et pour l'éternité.

Et rose fût sa mort où elle fût attirée

 

Mais ce triste spectacle m'avait déconcerté.

Je priais cette abeille que le rose attirait

De s'envoler vers Dieu qui m'avait écouté.

Au rose paradis, l'abeille fût attirée.

 

Et comme cette histoire a une moralité.

La mort quitta l'abeille que le rose attirait.

Le matin, elle revint toute ressuscitée,

Butiner les bruyères encore fraîches de rosée.

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Mon GPS affiche 1.771 m d'altitude, j'aperçois Saint-Guillem 500 mètres plus bas, les crêtes à gravir demain et le splendide vallon de la Coumelade. 

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Il va me falloir 1h40 pour arriver au hameau de Saint-Guillem, écrasant au passage une pauvre petite abeille et galérant dans le dernier bois, couché par la tempête Klaus.

Je repars contrit en redoublant de vigilance pour ne plus tomber et écraser d'autres innocentes abeilles qui sont très nombreuses sur ce sentier. A chaque détour du chemin, à chaque bout du zig ou parfois du zag, j'aperçois désormais le hameau de Saint-Guillem de Combret. Avec sa chapelle, son refuge et ses quelques maisons, le hameau se rapproche trop lentement à mon goût. Oh non, je ne suis pas pressé car ce soir personne ne m'attends ! Mais je languis d'arriver car cette descente est usante tant pour les muscles et les articulations que par la tension nerveuse que je mets à ne pas trébucher. La pente est très raide par endroits et l'orage d'hier soir a rendu certaines portions du sentier très glissantes. Depuis le dernier panonceau situé à 1.771 mètres d'altitude, et montre en mains, j'ai mis exactement 1h40 pour parcourir un peu plus de quatre kilomètres et arriver au refuge, situé à 1.287 mètres. Et pour couronner le tout, cette descente se termine dans un fatras invraisemblable de bois cassés et d'arbres abattus par la tempête Klaus. A cet instant précis, et après être sorti difficilement, avec quelques égratignures très superficielles mais sans aucun bobo sérieux de ce ramassis d'arbres morts, il me paraît impossible de trouver pires conditions de marche. Le hameau paraît désert. Je passe sous la jolie chapelle. Il est 17 heures tapantes quand j'entre dans le refuge dont la porte est grande ouverte mais où un caleçon a été mis à sécher sous le auvent. Mais le refuge est vide lui aussi. Je m'y installe le plus confortablement possible. Ici le mot " confort " est franchement très exagéré.

De la paillasse à la cheminée en passant par une grande table et deux bancs en bois, tout y est plutôt spartiate pour ne pas dire austère. Je sors de mon sac à dos tout le nécessaire dont je vais avoir besoin pour vivre c'est à dire pour manger et pour dormir. Sans trop m'étaler car il est fort possible que d'autres randonneurs arrivent encore, j'essaie de m'aménager deux petits coins à moi. Un sur la table, l'autre sur le dortoir. Si d'autres locataires arrivent, seule la couchette posera vraiment un problème car s'il y a une grande estrade en bois pouvant accueillir plusieurs personnes, il y a un seul matelas en mousse et deux gros coussins, type sièges de voiture. Mais en la circonstance, le premier arrivant ayant toujours raison, je m'accapare le matelas et un gros coussin dont je veux montrer l'occupation en y posant mon sac à dos bien en évidence. Par contre, je n'occupe qu'un petit coin de la grande table où j'ai déjà disposé les mets pour ce soir et le " p'tit déj " pour demain matin.

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La chapelle Saint-Guillem de Combret, lieu de passage depuis des siècles

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En arrivant à Saint-Guillem de Combret, le refuge non gardé est un lieu austère aux conditions spartiates mais ô combien pratiques sur ce Tour du Vallespir !

Je partage le reste de l'après-midi et la fin de la soirée entre la visite du site de Saint-Guillem de Combret que je connais déjà pas mal, quelques photos et un peu de lecture. La chapelle semble la seule habitation occupée aujourd'hui, aussi j'écourte ma visite et part faire quelques photos des panoramas alentours. De retour au refuge, je feuillette quelques vieilles pages de L'Indépendant de Perpignan qui ont sans doute été laissées ici pour allumer la cheminée puis je reprends la lecture de " Dalva ". Quand le soir se met à tomber, aucun autre locataire n'est arrivé. Le caleçon est toujours là, suspendu sous le auvent de la porte d'entrée et personne n'est venu le décrocher. Certainement quelqu'un qui l'aura oublié ! Je prends mes aises car je sais que plus personne ne viendra maintenant. Tout en lisant " Dalva ", je mange deux salades, un gâteau de riz et quelques fruits secs. Mais après ce frugal repas, la lassitude aidant, mes paupières tombent seules sur mes yeux sans vigueur. Assis à la grande table, je tente de lire à la faible lueur de cinq ou six bougies et seul un petit lézard, qui entre et sort par un fenestron resté entrebâillé, me tient un peu éveillé. Indécis, il cherche sans doute un orifice où se coucher mais hésite entre l'obscurité extérieure et la demi pénombre du refuge. Quand il disparaît définitivement, je n'essaie plus de lutter contre le sommeil et moi aussi, je pars me coucher.

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A Saint-Guillem, je termine la soirée à un peu de lecture et à quelques photos. Mais je suis anxieux car le bois sous le refuge, où se trouve l'arboretum, a été, lui aussi, fracassé par la tempête Klaus. Alors, je me dis : " Comment vont être les chemins lors des jours à venir ? "

Je repense à cette journée plutôt agréable et sympathique à 99%. Journée à la fois comique sous certains aspects mais aussi angoissante quand je me souviens de la galère dans laquelle j'ai bataillé dans ce dernier bois pour rejoindre le hameau. Mes pensées s'emmêlent entre instants d'angoisse et de bonheur. Mais dans ce jeu du souvenir, l'angoisse et l'anxiété finissent par l'emporter malgré la domination incontestable des instants de plaisir et de bonheur. Je revois parfaitement ce petit écureuil roux qui était tout près de moi mais que je n'ai pas vraiment réussi à photographier convenablement. Je me revois nu dans le Riuferrer, dans cette attitude ridicule et burlesque, à écouter ces sifflements aigus dont je cherchais stupidement la provenance. Je me souviens de ce couple de randonneurs qui sont venus vers moi chaleureusement et le sourire en " banane " pour que je les rassure quant à la direction à prendre. Là aussi, cette rencontre avait un aspect un peu cocasse et dérisoire car ce couple et leur fille semblaient compter sur moi comme les disciples attendaient de Jésus qu'il leur montre le droit chemin. J'exagère un peu, mais s'ils avaient su combien de fois, moi aussi, je me suis transformé en " brebis égarée ", ils auraient passé leur chemin en m'ignorant totalement ! D'ailleurs ne me suis-je pas fourvoyé au cours de cette journée : après le Col de l'Estagnol puis surtout dans ce fouillis de branchages et cet amoncellement d'arbres fracassés ou déracinés. C'est en partie de la faute à Klaus me direz-vous ! Mais même vu sous cet angle, cet égarement m'inquiète. Et si dans les jours prochains, nombres de chemins étaient autant impraticables ? Je suis d'autant plus inquiet, que cet après-midi, je suis parti vainement avec l'idée de visiter l'arboretum qui se trouve juste en dessous, à seulement quelques mètres du refuge. Pourtant c'est un des rares endroits du département où l'on peut apercevoir de grands séquoias ! Mais cet arboretum était lui aussi inapprochable car la tempête avait fait dans ce petit bois d'incommensurables ravages. En général, je suis plutôt fataliste pour ne pas me laisser angoisser inutilement et tomber dans la paranoïa. J'ai beau me dire ; je verrai bien, demain sera un autre jour, c'était bien jusqu'à présent, il n'y a pas de raison que ça change ; les images de ces grands arbres couchés, déracinés, fracassés en deux comme de simples allumettes reviennent sans cesse et m'empêchent de trouver le sommeil. Tout à l'heure, je m'endormais à table et maintenant je n'arrive plus à sortir de ma tête la vision de tous les dégâts de cette tempête Klaus. J'essaie, mais en vain, de me convaincre que les longues randonnées pédestres oscillent souvent entre moments de plaisirs et instants de souffrance et de douleurs. Pourtant et par expérience, je sais que ces revirements de situation sont souvent inévitables, surtout quand on veut se hisser sur " les hauteurs d'une vallée âpre " ?

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains - Batère - 21,3 kms.

Publié le par gibirando

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains (232 m)-Batère (1.460 m) 21,3 kms.1ere étape : Lundi 17 août 2009.

Amélie-les-Bains (232 m)-Batère (1.460 m) 21,3 kms.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains (232 m)-Batère (1.460 m) 21,3 kms.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir et 2 fois pour un plein écran.

"Vous ne connaissez pas la dernière bergère Qui règne encore ici sur ces antiques lieux Où les Romains, en conquérants industrieux Fondaient le fer avant le premier millénaire ; En menant son troupeau vers la Tour de Batera A ses pieds, chaque jour, surgit devant ses yeux Ce grand pays de bois et de vallons herbeux Qui va de Saint-Marsal au col de Palomera." Extrait du recueil de poèmes " Ballades catalanes ". André Taurinya (1914-2004) poète français.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains (232 m)-Batère (1.460 m) 21,3 kms.LA MONTRE ET LE PAPILLON :

 

7h30, me voilà sur le parking des Thermes d'Amélie. J'ignore pourquoi je regarde ma montre, après tout, je ne pars pas sur ce Tour du Vallespir avec l'idée de faire une course contre la montre. Une ridicule habitude sans doute ! Ou alors la crainte d'avoir un ennui et d'arriver au gite à une heure déraisonnable ? Bien au contraire, je démarre plutôt avec l'idée de flâner autant que je le pourrais car dans la marche pédestre, c'est bien ce rythme-là que me plaît. Je viens de passer sans problème devant le vigile, lequel enfermé dans sa guérite, m'a regardé béat et m'a fait signe d'avancer. Il a du me prendre pour un curiste mais, de peur qu'il ne m'arrête, j'ai machinalement accéléré dans la rampe qui accède à la toiture du centre de cure où se trouve le parking. Il y a peu de voitures. Je gare la mienne. Je n'ai pas grand-chose à faire pour être prêt à démarrer : changer mes tennis par mes chaussures de marche, prendre mon bâton et mon bob et harnacher mon sac à dos. Une fois encore avec ses 21 kilos, ce maudit sac est bien trop lourd à mon goût. J'ai eu beau le remplir, le vider, le remplir à nouveau, le revider, le trier, faire la part des choses utiles ou inutiles, indispensables ou superflues, tous les objets qu'il contient ont été mûrement réfléchis et ont pour ambition de me servir au moins une fois. Outre, le poids élevé du sac à dos, l'arrêt total du tabac m'a fait prendre quelques kilos plus que superflus, kilos que j'ai toujours eu un mal fou à éliminer. C'est donc avec deux surcharges pondérales que je m'apprête à démarrer : le sac à dos et mon "bedon". Malgré ça, je suis confiant car je prépare ce Tour du Vallespir depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois et j'ai parfaitement ordonnancé ce départ.  De tous ces objets que contient mon sac à dos, j'en ai fait 4 grandes catégories :

a) Les aliments tout d'abord, avec il est vrai un gros surplus en prévision d'un jour et demi sans aucune possibilité de ravitaillement à Saint-Guillem de Combret. Je dispose pour cela de 4 coupelles de salades diverses achetées toutes prêtes, 4 boites de gâteaux de riz et un gros taboulé. A ces repas prévisionnels quotidiens, il faut ajouter le repas de ce midi et l'encas de l'après-midi avec une grosse salade composée, 3 sandwichs, 2 oranges, 1 banane, 1 compote et les 4 litres d'eau que j'ai cru utile d'emporter dans 2 gourdes d'un litre et une poche à eau de 2 litres, style Camelback. A tous ces aliments s'ajoutent une grosse boîte de fruits secs, 6 barres de céréales et des compléments énergétiques avec pour l'endurance une boite de poudre à diluer dans l'eau et pour l'énergie six compotes gélifiées, une par jour, pour palier aux " coups de mou " qui ne manqueront pas de survenir.

b) Viennent ensuite les vêtements que j'ai tenté de réduire au minimum avec un short et un tee-shirt de rechange, 2 paires de chaussettes, un slip, un coupe-vent et un poncho. A cette panoplie du randonneur du dimanche s'ajoute une paire de tongs pour reposer des pieds qui pourraient être endoloris par les longues distances qui m'attendent. J'ai également un sac de couchage de 900 grammes (je n'ai pas trouvé plus léger !) qui, si tout se passe bien, devrait me servir demain soir et pour une seule nuit au refuge non gardé de Saint-Guillem de Combret.

c) Ce modeste ensemble vestimentaire est complété par une petite mais indispensable boite à pharmacie et par une trousse de toilettes avec gant, serviette, savonnette, rasoir, bombe de rasage, eau de toilette, crème solaire, enfin tout ce qu'il faut pour éviter de ressembler trop vite à un vagabond.

d) Enfin, il y a tous les autres objets indispensables à une randonnée de 6 jours en solitaire : GPS, deux cartes IGN, descriptifs et certaines copies du topo-guide, téléphone portable, appareil photo, piles de rechange, boussole, sifflet, jumelles, couteau suisse, petite cuillère, lampe frontale, stylo, bouts de ficelle, carnet pour prendre des notes et numéros de téléphone utiles, etc.….

Voilà les 70 litres de mon sac à dos sont parfaitement remplis et difficile d'y glisser une épingle ou des choses inutiles. Ah oui, j'oubliais ! J'emporte aussi deux objets pas vraiment indispensables : un minuscule lecteur MP3 que mes enfants m'ont offert pour mon anniversaire, très agréable pour écouter un peu de musique et surtout très utile pour oublier que l'on souffre dans les gros dénivelés et un petit livre de poche " Dalva de Jim Harrison " que je vais essayer de lire, si je trouve le temps où, si le soir harassé de fatigue, Morphée ne m'engloutit pas trop vite dans ses bras. 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains (232 m)-Batère (1.460 m) 21,3 kms.

Amélie-les-Bains est encore endormie. Vue depuis le parking des Thermes où je viens de ranger ma voiture.

Avant de quitter le parking des Thermes, la première chose qui me vient à l'esprit, c'est de prendre une photo de la ville d'Amélie encore un peu endormie avec à mes pieds la rivière Mondony. Il faut savoir que ce petit ruisseau insignifiant et tranquille est sans doute à l'origine de la création de cette jolie ville thermale qui doit son nom au roi Louis-Philippe qui, en 1840, ne trouva rien de mieux que de donner à la cité, le prénom de son épouse, la reine Marie Amélie de Bourbon. Antérieurement, ce sont les romains, qui les premiers, surent exploiter les résurgences de ses nombreuses sources d'eaux chaudes, " Aquae Calidae ", qui surgissent de ses jolies et très étroites gorges, dont la fin du défilé se trouve juste derrière moi. Mais comme il faut bien que je démarre, la deuxième chose à laquelle je pense, c'est d'éviter le vigile qui m'a vu passé en voiture et qui ne comprendrait pas comment j'ai pu aussi rapidement me métamorphoser de banal curiste en un authentique randonneur. Heureusement, grâce aux cures de Dany, je connais bien les lieux et pour contourner le vigile, j'emprunte l'ascenseur qui aboutit en bas à l'accueil des Thermes du Soleil. Je traverse le hall et sort du centre de cure sous le regard interloqué des curistes. Ils se demandent sans doute ce que je fais ici dans cet accoutrement du " parfait " randonneur avec mon énorme sac à dos, mon bob biscornu vissé sur la tête et mon bâton de marche. Je salue tout ce joli monde, sort du centre en prenant un air le plus naturel possible, et descend la rue des Thermes. A la hauteur du square de l'Espoir avec sa jolie mairie au style colonial et ses palmiers, je m'arrête un instant pour prendre une photo. Il faut dire qu'au moment de partir la vision de ce mot " espoir " sur cette plaque commémorative suscite en moi quelques réflexions. Pour moi, ce mot est bourré de symboles. En effet, j'ai placé beaucoup d'espoirs dans ce Tour du Vallespir, mais avec ses 6 étapes, ses 120 kilomètres à parcourir et ses 11 kilomètres de dénivelés positifs, il n'en demeure pas moins de nombreuses inconnues. Par expérience, je sais qu'il ne peut pas en être autrement mais j'ai bon espoir de terminer ce périple et surtout de le terminer dans les meilleures conditions possibles. Je place aussi de grands espoirs dans tout ce que je vais découvrir : en bout de course, serais-je déçu ou satisfait ? Espoir de réussir à faire un point sur moi-même car je vis mal ma retraite. Je l'avais sans doute trop idéalisée et je suis déçu et, par mon attitude, je déçois, par là même occasion, mon entourage. J'ai l'indicible espoir que la solitude pourra aussi m'aider à ça !

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Le square de l'Espoir, un mot plein de symboles, comme ces pigeons qui dorment paisiblement.

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Le Tech. Sans lui le Vallespir n'existerait pas et je ne serais pas là ! me dis-je.

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Je suis prêt à démarrer ce nouveau périple, mais sur mon visage, ne lit-on pas une certaine appréhension ?

J'arrive sur le pont qui traverse le Tech, un autre symbole que je m'apprête à prendre en photo. Sans ce fleuve, je ne serais pas là et il n'y aurait pas de Tour du Vallespir car c'est bien lui qui a façonné toute cette magnifique région. A cet instant précis, mon regard est attiré par des centaines de pigeons qui dorment la tête enfouie dans leur plumage sur un grand arbre dénudé. Un autre symbole que tous ces pigeons, souvent synonymes de paix et de longs voyages. Pourquoi ne prennent-ils pas leur envol ? Sont-ils lassés de voyager ? Le serais-je un jour moi aussi ? Est-il plus fatiguant de voler que de marcher ? Je les regarde en réfléchissant à tout ça. En tout cas, eux ils dorment encore et moi je suis bien éveillé et à pied d'oeuvre pour un long voyage que j'espère paisible mais dont je ne doute déjà pas qu'il sera certainement difficile.

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Le vrai tour commence avec ce petit panneau Montbolo où la sente s'élève vite.

Il est temps de me mettre en route si je ne veux pas arriver trop tardivement au Refuge de Batère, terme de cette première et très longue étape de 21 kilomètres et de plus de 1.200 mètres de dénivelé. Je remonte et longe le Tech en direction de la place de la Sardane que je traverse pour retrouver sans difficulté la rue Héliopolis et la vraie ligne de départ que Georges Véron décrit dans son guide. J'avoue une certaine surprise à la vision d'un unique vieux panonceau indiquant " Montbolo " et d'une seule trace jaune car je m'attendais à trouver un panneau mentionnant le Tour du Vallespir et comme il devrait être un balisage jaune et rouge propre à tous les G.R. de pays. Mais bon, je sais aussi qu'Amélie constitue une possibilité de départ mais que selon le topo-guide, elle n'est pas la seule et qu'il en existe une autre à Arles-sur-Tech. De toute manière, Montbolo est la bonne direction à prendre et je me lance dans cette étroite allée cimentée de lauzes et bordée de vignes vierges qui monte au travers de quelques belles villas jusqu'à l'orée d'une forêt.

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Ce chemin que j'emprunte en direction de Montbolo est-il le bon ?

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 Mais les panoramas sont déjà beaux, vers Amélie et le Pilon de Belmatx notamment !

Premier dénivelé et premiers essoufflements. J'atteins le bois péniblement. Mon sac à dos semble peser une tonne. Les traces jaunes ont disparu où en tous cas je ne les vois plus ! Je prends logiquement à droite car à gauche le chemin redescend. Je monte sur quelques mètres et tourne maintenant à gauche toujours en montant. Je fais un premier point sur mon GPS et refais lecture de la page du topo-guide que j'ai photocopiée : il n'y a pas de problème ! Le chemin se fait plus large, parfois plus plane et semble suivre de grands pylônes électriques. Au début, je garde mon GPS allumé qui me situe parfaitement sur le tracé enregistré. Ce tracé, je l'ai réalisé sur mon ordinateur à l'aide du très efficace logiciel de cartographie " CartoExploreur ". Le large chemin me paraît si évident et comme je n'en observe pas d'autres, je finis par éteindre le GPS pour économiser ses piles. Je continue. Amélie s'éloigne petit à petit et je surplombe désormais la ville dont j'ai une magnifique vue d'ensemble. Je suis déjà étonné de l'altitude que j'ai gravie après ces premières foulées. Mon coeur bat moins vite, j'ai retrouvé un souffle à peu près normal et je marche d'un pas plutôt régulier. Je progresse toujours sous les câbles électriques sur ce large chemin qui me paraît emprunté. Aussi me voilà très étonné quand au bout d'une vingtaine de minutes celui-ci débouche dans un cul de sac.

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Après un court égarement, je retrouve avec satisfaction un cairn et un panneau Montbolo. La vallée du Tech apparaît ainsi qu'Arles-dur-Tech.

Il y a bien un chemin qui redescend abrupt vers la vallée mais je connais suffisamment le tracé cartographique pour savoir qu'il faut continuer à grimper. Un nouveau point GPS me situe bien entendu hors du tracé. Le véritable chemin semble plus haut, et sur la carte IGN les pylônes sont légèrement en dessous du chemin que j'aurais dû emprunter. J'ai beau analysé ma carte IGN, je ne vois pas avec suffisamment de précision où j'ai pu me tromper. Il y a bien sur la carte quelques petits pointillés mais sur le terrain, je n'ai pas observé d'autre sentier, ni remarqué d'autre balisage, trace de peinture ou cairn par exemple. J'avoue que ça m'ennuie un peu de rebrousser chemin car cela m'obligerait à redescendre puis à remonter, aussi je prends de suite la décision de couper au jugé à travers un petit bois de chênes verts qui, par bonheur, est suffisamment clairsemé et débroussaillé pour être praticable. Le dénivelé plus accentué et le poids terrible du sac à dos mettent de nouveau mon cœur "dans tous ses états ". Je garde mon GPS allumé et le point que je représente se rapprochant peu à peu du tracé me conforte dans l'idée que je marche dans la bonne direction. Les ruines d'une ancienne bergerie au sommet d'un enrochement constituent un élément réconfortant et supplémentaire que le sentier de Montbolo n'est plus très loin. Après 15 minutes d'efforts et de montées incessantes, je coupe enfin la sente de Montbolo et retrouve le balisage jaune aperçu au départ. Au dessus de moi, je reconnais avec soulagement la grande antenne du relais T.V. qui domine Montbolo et que j'avais croisé cet hiver lors d'une sortie en raquettes au hameau oublié de Formentere. Elle est à 712 mètres d'altitude. Un homme et son chien qui font du footing me dépassent mais nous arrivons quasiment ensemble sur un replat à la croisée de plusieurs chemins. L'homme file vers Montbolo que j'aperçois légèrement en contrebas sur ma droite, mais comme le chien vient vers moi pour se faire caresser, l'homme s'arrête et me demande ma destination. Je lui indique le refuge de Batère, mais compte tenu des nombreux kilomètres restant à parcourir, je vois à sa mine qu'il semble très étonné. Du doigt, il me fait néanmoins remarqué un raccourci pentu qui entre dans un bois. Il m'explique que ce sentier coupe le bois et rejoint plus haut la route goudronnée.

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Voilà la bonne sente qui monte et m'amène au dessus de Montbolo

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J'ai déjà accompli un gros dénivelé, en galérant un peu il est vrai,  et j'atterris dans cette belle clairière ombragée

Je le remercie et je pars dans cet étroit sentier toujours balisé en jaune qui, à mon étonnement, débouche rapidement dans une vaste clairière ombragée où les panoramas sur Montbolo, Amélie et la vallée du Tech vers Céret sont superbes. J'aperçois la route asphaltée juste au dessus. Au fond de la clairière, une jolie maison en pierres semble inhabitée et je profite de cette cache tranquille et fraîche pour me reposer et me restaurer un peu. Une demi-heure plus tard avec une barre de céréales, quelques fruits secs et une énorme lampée d'eau dans l'estomac, je suis fin prêt à reprendre mon itinéraire. Ici mon GPS m'indique 700 mètres d'altitude et c'est avec satisfaction que je prends note de la dénivellation déjà accomplie. C'est d'autant plus encourageant que je connais désormais, par cœur, l'itinéraire à suivre, en tout cas jusqu'à Formentere : Une portion de route goudronnée, puis une longue piste forestière à la déclivité régulière, mais somme toute modeste, où je vais pouvoir marcher d'un bon pas et avec un rythme soutenu au moins jusque là. Quand à la suite, je ne la connais pas, mais le tracé sur ma carte IGN me laisse à penser que même en flânant, je devrais atteindre Batère sans problème vers le milieu de l'après-midi. En effet, après le hameau de Formentere, la piste continue sans aucune complication, et même si après le col de Formentere et jusqu'à la Tour de Batère, l'inclinaison se fait plus sévère, je connais mes possibilités et seule la chaleur torride qui règne aujourd'hui combinée à la longue distance pourraient, le cas échéant, me poser des difficultés. Mais je n'ai pas vraiment d'inquiétude et de toute manière, mon bob, les litres d'eau emportés, les aliments en nombre et les compléments énergisants seront là pour pallier à toute défaillance !

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Dans cette jolie clairière près d'un beau mas, je vais m'alimenter un peu, faire une courte pause et prendre quelques photos car les vues vers la Vallée du Tech sont superbes !

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Les chemins sont fleuris de nombreuses chicorées sauvages.

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Les beaux panoramas se dévoilent : Pilon de Belmatx, pics Canigou et de La Souque, j'entre dans la forêt du Haut-Vallespir et arrive au Col de la Réducta. Un panneau "Formantere" m'indique la direction à suivre.

Et effectivement ma journée va se dérouler comme je l'ai imaginé :

-10h20, je quitte le bitume pour la magnifique forêt domaniale du Haut-Vallespir non sans avoir jeté au préalable un regard et quelques photos sur le majestueux massif du Canigou et sur la verte vallée du Tech vers Arles. Seuls les Tabacs d'Espagne, ces magnifiques papillons oranges et une fouine qui traverse la piste devant moi me ralentissent dans ma progression.

-10h50, j'arrive au col de la Réducta avec son extraordinaire panorama sur tout le Roussillon, des Albères jusqu'à la Méditerranée. Je suis accueilli par un troupeau de vaches nonchalantes trop occupées à ruminer à l'ombre des grands sapins pour faire cas du randonneur solitaire que je suis. Un peu plus haut, je fais quelques photos près d'une stèle en hommage à un certain Jean-Marie et d'une belle croix blanche évocatrice d'un débarquement en Norvège en avril 1940 à Namsos et Narvik. J'ai entendu parlé de la bataille de Narvik ou bien j'ai du voir un film de guerre mais j'avoue qu'il m'est difficile de donner une juste signification à tous ces messages. Assis devant ces épitaphes, je suis néanmoins attendri car ces témoignages prouvent que des hommes aimaient d'autres hommes qui, comme moi, aimaient cette belle montagne du Vallespir. Et l'aimer, au point de vouloir laisser à cet endroit-là, leurs souvenirs éternels, il n'y a guère plus belle preuve d'amour ! Et dieu sait, si en cette magnifique journée d'été, moi aussi, je l'apprécie à sa juste valeur cette belle montagne avec ses superbes forêts, ses plaines et ses vallons, ses bruyères empourprées et ses chemins fleuris. Avec raison, Trenet revient à mes oreilles …….

Mes jeunes années

Courent dans la montagne

Courent dans les sentiers

Pleins d'oiseaux et de fleurs

Et les Pyrénées

Chantent au vent d'Espagne…

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Après le col, j'arrive au milieu des bruyères roses près d'une croix en souvenir du débarquement de Narvik et d'une jolie stèle en hommage à un certain Jean-Marie.

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 Croix en " souvenir d'une promesse - Débarquement en Norvège NAMSOS-NARVIK Avril 1940 FORCA Eugène-Mas Canes "

Si je ne peux pas donner une juste signification au message de cette croix et à celui de la stèle en hommage à Jean-Marie, je sais seulement que d'autres hommes ont, tout comme moi, aimé intensément cette belle montagne du Vallespir.

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Que de chemins parcourus, des beaux chemins en balcon fleuris de bruyères roses et bordés de sapinières. Dans la montée, j'aperçois Formentere et le Pic du Canigou.

-11h30, je flâne peut-être exagérément et je n'ai pas encore atteint Formentere. Mais comme j'ai faim, je suis déjà en quête d'un joli endroit ombragé pour déjeuner, et si possible avec vue sur tous ces beaux paysages du Vallespir qui jalonnent la piste. En face, la longue crête transfrontalière avec l'Espagne et le Pilon du Belmatx (1.280 m) dominent le panorama. Je sais que j'aurais à le gravir le dernier jour. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Je le redoute déjà. Tout en bas au fin fond de la vallée, j'aperçois Arles sur Tech, cité toute blanche d'ici. Puis en remontant le ravin du Riuferrer, je devine Corsavy et Montferrer puis c'est le Pic de la Souque. Puis encore au dessus, défilent quelques hauts sommets qui composent le versant sud du Canigou. Tout en observant ces splendides paysages, je ne peux m'empêcher de me dire : si tout se passe bien, demain c'est par là-bas que je marcherai ! Le chemin fleuri de hautes bruyères roses et bordé de petites sapinettes est agréable mais à cette heure de la journée, il présente un gros inconvénient, celui d'être sans ombre et investi par un cagnard brûlant. J'avoue que cette chaleur caniculaire m'inquiète un peu car je suis encore très loin de l'arrivée, je n'ai pas encore déjeuné mais j'ai déjà consommé trois litres d'eau sur les quatre que j'avais au départ. Comme je me refuse à manger en plein soleil et sous cette forte canicule, je prends la sage décision de poursuivre et heureusement dans les premiers lacets avant Formentere, j'entre enfin dans une zone ombragée et fraîche, propice à un pique-nique.

-12h, même si j'ai la vue bouchée par d'immenses sapins, je profite de cette fraîcheur et d'un tapis de ramilles pour m'allonger et souffler un peu. J'ôte mon tee-shirt et mon bob trempés de sueur que j'expose sur un rocher à un seul rayon de soleil qui, non loin de moi, réussit à transpercer l'espace. Les efforts accomplis depuis 7h30 ce matin ont décuplé mon appétit. Presque tout y passe ! La grosse salade préparée par Dany, deux sandwichs sur trois, la compote et la banane. J'ai encore faim, mais je me dis qu'il faut que je me raisonne car je n'en ai pas fini avec les montées, et un estomac trop lourd, ce n'est pas bien bon pour avancer ! Je reste une heure à me reposer, à écouter un peu de musique et à bailler aux corneilles au sens propre comme au figuré. Car même si je ne les vois pas, j'entends les croassements de quelques-unes d'entre-elles qui semblent venir des ruines du hameau abandonné de Formentere. Ces cris détonnent dans le silence ambiant qui n'est ici qu'entrecoupé par le gentil gazouillis de petits passereaux.

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Après le déjeuner, je finis par arriver à Formentere, ancien hameau minier. D'ici j'aperçois Amélie-les-Bains, déjà très loin et une grande partie du Bas-Vallespir.

-13h, je reprends ma marche en avant. Après quelques derniers lacets, je finis par atteindre le hameau oublié. Comme je l'avais déjà fait cet hiver dans le feutre de la neige, au milieu de ces ruines silencieuses et devant ce panorama à couper le souffle sur tout le Vallespir, j'essaie de m'imaginer le tumulte que cette gare minière devait connaître au temps de sa splendeur. C'était au temps où tout autour du Canigou, de Batère à Formentera et de La Pinouse à Rapaloum en passant par les Manerots, on exploitait les mines de fer : bruits métalliques des câbles et des chariots sur les rails, souffles bruissants des fours et des chaudières, cris des hommes, hennissements des mulets et des ânes que l'on forçait à tirer de lourdes charges, bruits sourds des cognées et bruits stridents des scies sur les troncs des arbres que l'on abattait pour alimenter les fourneaux, etc.….Aujourd'hui, il ne reste plus rien de tout cela et si le silence prédomine, il n'est plus absolu comme il pouvait l'être cet hiver. Au printemps et en été, la nature reprend quelques droits et si je prête bien l'oreille, je peux entendre le bourdonnement des abeilles butinant les bruyères, le crissement soutenu de quelques grillons champêtres et toujours le croassement de ces deux corneilles que j'aperçois maintenant tournoyant dans un ciel bleu immaculé. J'avais longuement visité les ruines cet hiver et j'y avais trouvé un certain attrait pour tenter d'y discerner cette vie minière antérieure. Aujourd'hui, sans la neige, le hameau ressemble plutôt à ces " pueblos " désertés du Far-West saccagés par les Indiens, que l'on voit dans les westerns. Il faut dire que le hameau n'est plus, comme il l'était cet hiver, l'objectif privilégié et, après deux ou trois photos, je le quitte, cette fois, très rapidement en continuant la piste rectiligne et ombragée qui se faufile dans une forêt de sapins. Malheureusement pour moi, cette ombre n'est qu'éphémère et soudain les sapins laissent la place à un maquis plus ras, clairsemé de quelques jeunes pins et de petits feuillus. Sur cette large piste, ancienne voie ferrée minière qui file jusqu'aux mines de fer de La Pinouse, je marche à nouveau sous une canicule étouffante commençant à économiser l'eau dont je sais avec certitude que je n'en trouverai pas de sitôt. Il faut dire que ce versant du Vallespir, ensoleillé du matin au soir, ici on l'appelle " solana " et ce n'est pas pour rien ! Pour l'instant, le moindre arbre jetant une ombre sur le chemin est un prétexte à un arrêt ponctué d'une petite gorgée d'eau et parfois d'une noisette de gel survitaminé. Est-ce le soleil qui les attire ? Où est-ce moi, qui, moins distrait par d'autres pôles d'intérêts, y prête plus d'attention ? Toujours est-il que les petites sauterelles et les papillons multicolores me semblent désormais plus nombreux et je dirais même grouillant par endroit. Tous ces insectes sautillent, bondissent, planent, volètent, virevoltent, à un point tel que ça en devient presque étourdissant ! Ils semblent m'accompagner sur ce chemin de croix, qui heureusement doit se terminer avec mon arrivée au Col de Formentere. Mais pour l'instant, ils sont là et il faut que je fasse avec. Quand je marche, ils ne me dérangent pas trop mais dès que je m'arrête, il y a toujours quelques papillons qui se posent sur moi. J'ignore si je pense juste mais j'ai le vague sentiment qu'ils viennent s'abreuver à ma transpiration. Et si je m'arrête vraiment pour faire une pause plus longue, c'est une véritable nuée de papillons chamarrés qui tourne autour de moi ! J'en profite bien sûr pour les prendre en photos et c'est à cette occasion qu'intervient cette image magnifique et inoubliable de ce joli papillon qui est venu se poser sur ma montre et dont j'ai tiré une petite affabulation et le titre de cette première étape : " La montre et le papillon ".

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 La montre et le papillon 

Moi : Que fais-tu sur ma montre, joli papillon ?

Le papillon : Je regarde le temps qu'il me reste à vivre.

Et toi homme, sous ces brûlants rayons ?

Moi : Je marche et j'ai l'impression de revivre.

Vole, vole, ne te pose pas de questions.

Le papillon : Mais homme, ne vois-tu pas que j'expire !

Mais à toi, à quoi te sert cette excursion ?

Moi : Moi, je me promène seul autour du Vallespir.

Vole, profite de tes ailes et de ta situation.

Le papillon : Mais la vie me fuit car elle n'est que guivre.

A toi, l'existence ne te fuit pas compagnon ?

Moi : Si, et je marche au point d'en être ivre,

Car la vie, c'est la plus belle des missions.

Le papillon : Je crois que tu mens comme tu respires,

Et tout ce que tu dis n'est que pure invention.

Moi : Il faut me croire, vole et arrête de maudire.

Il sera vite trop tard si tu ne fais pas attention.

Le papillon : Ce que tu dis est plus difficile à faire qu'à dire,

Car la mort est proche et c'est une vraie obsession

Moi : Alors si tu dis vrai, vole, ne regarde plus l'avenir,

Oublie la mort et jouis de la vie avec passion.

Le papillon s'envola et partit butiner la grosse fleur mauve d'un chardon. Je l'observais. Il butinait, butinait, butinait. Au point d'en être ivre ? Je ne sais pas. Mais quant il s'envola de nouveau au dessus de la vallée, ce fut en zigzaguant. M'avait-il entendu ? Je me remis en marche vers d'autres horizons. Lui aussi, me semblait-il.

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Le moindre arbre jetant une ombre sur le chemin est un prétexte à un arrêt mais les papillons viennent me butiner. Dans ma tête, les mots "montre et papillon" deviennent déjà le titre d'une fable qu'il me faudra imaginer. Les beaux panoramas vers le Haut-Vallespir et sur des lieux à voir les jours prochains se dévoilent.

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Quand j'arrive au col de Formentere, la vision bascule de l'autre côté de la montagne vers les Aspres et la plaine du Roussillon

-13h40, Au Col de Formentere, le regard bascule sur un nouveau versant. C'est celui des Aspres. Les paysages changent. Ils sont un peu plus arides et avec tout au loin, les Corbières, la plaine du Roussillon et la Méditerranée. L'horizon est soudain plus distant qu'il ne l'était jusqu'à présent. D'ici, la terre et la mer se confondent. L'horizon est imprécis, voilé par une longue barre de brume grisâtre. Plus près, un minuscule village blanc aux tuiles rouges se dresse sur un mamelon au dessus de larges ravins. Ces couleurs contrastent au milieu de cette dense et rase végétation, parfois rousse et parfois olivâtre : je reconnais La Bastide. Le col, croisée de multiples chemins est très fréquenté par d'autres randonneurs. Certains profitent d'un grand pré bien vert pour pique-niquer, d'autres se sont installés en plein soleil devant ces beaux et vastes panoramas pour faire un peu de " bronzette ", d'autres ont choisi l'orée ombragée du bois pour se prélasser, d'autres, comme moi, ne font que passer mais eux redescendent déjà vers les vallons et moi je dois continuer à monter. Ce col est vraiment une invitation à un arrêt systématique. Grillé par le soleil, je fais moi aussi le choix d'une ombre bienfaitrice et file vers la lisière du bois pour un arrêt salutaire. Allongé sur l'herbe, je mange quelques fruits secs mais un gros bourdon et une jolie araignée aux pattes zébrées ne l'entendent de cette oreille. Pour le bourdon, je suis sans doute bien trop près du gros chardon mauve sur lequel il a jeté son dévolu de butineur. Quant à l'araignée, elle vient vers moi et semble mécontente que j'aie rompu le fil qu'elle avait tendu entre deux petits églantiers. De dépit et devant cette nature indocile, je remballe mes affaires et poursuit tout droit la piste qui s'élève maintenant plus hardiment vers Batère. Comme je le fais souvent quand la fatigue se fait sentir, je photographie tout et rien : des fleurs, des papillons, des insectes, des paysages….Tout devient prétexte à une photo, et les photos, prétexte à un bref arrêt profitable.

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Au col de Formentere, je veux me reposer, mais si la nature est souvent jolie avec d'innombrables papillons et de très jolies fleurs, elle est parfois hostile et en la circonstance, je suis contraint de continuer. La chaleur a eu raison de mes forces et comme je suis fatigué, je m'arrête souvent et tout devient prétexte à faire des photos.

J'ai aussi l'exécrable impression de m'éloigner de cette magnifique nature que je suis venu chercher. Heureusement quand le tintamarre des pots d'échappement cesse, il suffit de lever la tête pour observer la magnificence de cette généreuse nature. Forêts, montagnes, ravins, prairies, ici tout est beau et grandiose.

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Ici dans le bois de la Fajosa, j'entrevois mes premières carlines mais, avec ces amoncellements d'arbres coupés, les premiers signes de la tempête Klaus aussi. La vision porte loin sur tout le Roussillon jusqu'à la Méditerranée. Les Tabacs d'Espagne butinent les origans. Le col de Formentere avec son pylône électrique qui le domine est déjà dans le lointain.Je grimpe vers la tour de Batère.

-15h, après une très longue montée à travers le bois de la Fajosa et la forêt domaniale de Saint-Marsal, j'arrive en vue de la Tour de Batère. Ici pour y avoir également fait des raquettes cet hiver, je connais bien ces chemins et je sais que je n'en ai pas encore fini avec les virages. D'ailleurs, de ce premier grand virage, la tour paraît bien petite et encore bien loin, mais l'important pour moi c'est qu'elle soit là ! Car même si ça peut paraître idiot, dans " Tour de Batère " il y a Batère, dans " Batère " il y a refuge de Batère, et le " refuge de Batère " pour moi ça signifie " arrivée " !

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Après maints virages, j'aperçois enfin la Tour de Batère et pour moi, c'est le symbole d'une proche fin d'étape. Un dernier coup d'œil vers chez moi et cette jolie plaine du Roussillon que je vais quitter pour quelques jours.

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Photos prises à la Tour de Batère et sur le chemin en direction du Col de la Descarga. Sur la dernière photo, on aperçoit un terril, relique de l'exploitation des mines de fer.

-15h20, je suis au pied de la tour et suis très surpris du nombre de voitures qui sont garées là. D'ailleurs d'autres viennent à ma rencontre et sillonnent bruyamment la piste soulevant un gros nuage de poussière. Bien au-delà de cette pollution, j'avoue qu'ici tous ces touristes qui circulent me dérangent bougrement. J'ai le vilain désagréable sentiment de retrouver plus rapidement que je l'avais imaginé cette civilisation du progrès que j'ai voulu quitter en faisant cette randonnée.

J'ai aussi l'exécrable impression de m'éloigner de cette magnifique nature que je suis venu chercher. Heureusement quand le tintamarre des pots d'échappement cesse, il suffit de lever la tête pour observer la magnificence de cette généreuse nature. Forêts, montagnes, ravins, prairies, ici tout est beau et grandiose.

Mais en levant souvent la tête, je m'aperçois aussi que vers le Canigou la couleur du ciel a bien changé. Depuis ce matin que je marche, ce changement de couleur a été progressif et je l'ai surtout remarqué depuis le début de l'après-midi : le ciel est passé d'un bleu outremer à un bleu ciel puis à un bleu très pâle presque blanc, puis ce blanc est devenu gris clair et il est maintenant carrément gris foncé au dessus de ma tête. Par contre, je n'avais pas encore observé ces gros nuages noirs qui semblent stagner sur les hauts pics environnants. Mais stagnent-ils vraiment ?

Comme au dessus de moi, le ciel n'est encore vraiment menaçant, je décide de faire une pause pour finir mon dernier sandwich et manger une orange devant ce merveilleux Vallespir que je suis venu découvrir. Deux randonneurs descendent du Puig de l'Estelle en courant et me saluent en me voyant. Ont-ils peur de l'orage ? Sans doute !

-15h50, je me remets en route en direction du Col de la Descarga. J'ai fait quelques centaines de mètres quand une voiture arrive et s'arrête à ma hauteur. Ce sont les deux randonneurs qui couraient et qui me proposent de monter. Je refuse gentiment et ils repartent avec un air désappointé. Je sais que cette invitation partait d'un bon sentiment mais il est hors de question pour moi de faire le moindre mètre autrement qu'à pied sur ce Tour du Vallespir ! Dans la descente vers le col, je coupe mon premier vrai ruisseau de la journée. C'est le Correc de l'Abeurador, c'est-à-dire le ruisseau de l'Abreuvoir. Il porte très bien son nom car il coule vraiment à flots et comme je n'ai plus d'eau depuis plus d'une heure, je remplis une gourde de cette eau glacée qui descend de la montagne. J'y ajoute néanmoins une pastille purificatrice, non sans avoir au préalable, étanchée ma soif en prenant le risque d'en avaler une énorme rasade.

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Le ciel s'assombrit alors que je me dirige vers la Col de la Descarga. Au col, la pluie fait son apparition, la tour de Batère s'éloigne mais le refuge de Batère, ancien vestige minier est bientôt là.

-16h05, c'est sous quelques grosses gouttes de pluie très éparses que j'atteins le Col de la Descarga où je retrouve l'asphalte. Dans ce virage, un petit panonceau m'indique le refuge de Batère à un quart d'heure de marche. Je sors avec empressement mon poncho et recouvre mon sac à dos de son revêtement imperméable. Mais le temps de réharnacher mon sac à dos, la pluie a cessé et je garde le poncho à la main. Le ciel s'est terriblement assombri et je presse désormais le pas pour arriver au refuge au plus vite. Le bitume m'aidant dans cette course contre l'orage qui s'annonce, j'aperçois déjà le refuge qui est là à droite au bout de la route. En arrivant sur la terrasse du refuge, j'ai la fâcheuse conviction qu'ici je suis le seul à " speeder ". En effet, les nombreux clients sont attablés, ils sirotent leurs boissons respectives en papotant et semblent " tranquilles comme Baptiste " et en tous cas, indifférents au ciel noir qui est au dessus de leur tête. Moi, je rentre dans le refuge en me précipitant vers le comptoir.

-16h15, il n'y a personne, ni dans la salle, ni ailleurs et j'attends sagement devant le comptoir. Au moment où une charmante jeune femme arrive et s'approche de moi, un éclair aveuglant zèbre le ciel d'ébène et illumine la sombre salle du restaurant. Cet éclair est aussitôt suivi d'un énorme coup de tonnerre qui fait vibrer tout le refuge dans un tintamarre métallique. Tout ce petit monde qui était agréablement installé dehors sur la terrasse se précipite comme un seul homme à l'intérieur du refuge. Au bas mot, ce sont une vingtaine de personnes qui, d'un seul coup, envahisse l'intérieur du refuge surpris par une pluie aussi soudaine que battante. Les grosses gouttes qui tombent bruyamment sur la toiture en zinc sont accompagnées de quelques beaux grêlons. Ouf ! Je me dis que j'ai eu beaucoup de chance et que je suis vraiment arrivé à temps. A cinq minutes près, je prenais sur la tête cette terrible saucée.

J'essaie de me présenter à la souriante barmaid mais il y a un tel brouhaha que j'ai un mal fou à me faire entendre. J'arrive néanmoins à comprendre qu'elle ne me retrouve pas inscrit sur son registre malgré la réservation téléphonique que j'ai faite la semaine dernière. Je lui rappelle avoir réservé, auprès d'une dame, une chambre en demi-pension pour ce soir et un panier-repas à emporter pour demain midi. Comme je viens sans doute de changer de tête, et avant même que je me mette en rogne, elle me dit : " Ne vous énervez pas Monsieur, il n'y a pas de problème, j'ai encore des places dans un dortoir et pour les repas ce n'est pas vraiment un souci ! ". Elle me voit rassuré et me demande de la suivre. Nous ressortons du refuge sous quelques gouttes de pluie mais le plus gros de l'orage semble passé. Elle me présente trois dortoirs, me quitte et me laisse ainsi choisir le lit que je souhaite occuper pour la nuit. La plus grande pièce, celle qui semble partiellement inoccupée, sert en réalité de gîte car il y a une immense table et un coin cuisine plutôt bien agencé avec évier, frigo, réchaud et micro-ondes. De chaque côté, il y a deux autres pièces, plus petites mais essentiellement équipées de lits gigognes. La première chambre semble entièrement occupée par des enfants qui jouent tapageusement aux cartes et dans la deuxième, les lits sont soit défaits ou bien, comme signe d'une occupation certaine, des sacs à dos y sont posés dessus bien en évidence. Je me rabats donc sur la grande salle où il y a encore trois lits. En m'approchant, je constate qu'un seul près du frigo semble vraiment libre puisque aux pieds des deux autres il y a aussi des sacs à dos. Je m'installe et commence à déballer mes affaires avec comme idée première de trouver au fond du sac ma trousse et mes effets de toilettes pour une douche opportune et réconfortante car j'ai l'impression d'être aussi poussiéreux que poisseux. A cet instant précis, deux femmes et deux hommes que j'avais aperçu sur la terrasse rentrent dans le dortoir. Ils mettent à sécher quelques vêtements et des chaussures sur le rebord de la fenêtre qu'ils laissent grande ouverte. De mon côté, et comme je n'ai pas l'intention de dévoiler mon anatomie devant cette gente féminine, je mets à profit cette présence, pour ranger mon sac à dos que j'ai largement mis en désordre et " sans dessus dessous " tout au long de la journée.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains - Batère - 21,3 kms.

Après avoir parcouru plus de 21 kms et 1.200 m de dénivelé sous un soleil torride et avec une charge de 21kg, j'apprécie le rudimentaire confort du refuge de Batère.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains - Batère - 21,3 kms.

J'occupe la soirée à discuter avec d'autres randonneurs et à quelques photos. Avec cette vue du Pic de la Souque, quelques très bons souvenirs reviennent, ceux d'une récente randonnée à ce sommet avec mon fiston Jérôme.

-17h15, mes colocataires repartent et je me déshabille prestement et me précipite sous la douche. Avant même de me frotter et de me savonner, je prends un réel plaisir à laisser couler cette eau fraîche sur ma tête. Avec cette eau brunâtre qui s'écoule le long de mon corps, j'ai l'impression que c'est toute la poussière du chemin qui s'échappe dans la bonde. Après plus de 8 heures passées sur les chemins, c'est un vrai bonheur que de se sentir propre, et comme il est tôt et que le souper sera servi à 19h30, je me jette dans le lit et sous la couverture pour un peu de lecture. Dans le dortoir d'à côté, les enfants semblent s'être assagis et le silence et la lassitude aidant, je m'endors avec " Dalva " dans les mains.

-18h15, donc une heure plus tard, c'est au bruit, entrant par la fenêtre ouverte, de quelques chevaux dont les sabots résonnent sur le bitume que je me réveille. Quand je sors de ma léthargie, je constate qu'une femme et deux hommes sont assis à la grande table qui trône au milieu de la pièce. Nous lions connaissance et un des hommes plus disert que l'autre commence à m'expliquer qu'ils sont neuf randonneurs, hommes et femmes, et qu'ils parcourent le G.R.10. Il me raconte même qu'au départ, il y avait deux groupes bien distincts, et admirable coïncidence, qu'ils sont tous originaires de la même région et que leur rencontre sur le G.R.10 est un pur hasard. En tous cas, voilà une histoire qui restera gravée en eux comme une célèbre image d'Epinal, ville dont il me dit être tous natifs. Il me dit aussi qu'ils traversent les Pyrénées depuis quatre années maintenant mais que leur périple se termine à Collioure dans quatre jours. La femme, elle, semble plus intéressée par mon livre " Dalva " de Jim Harrison que j'ai entre les mains et que je viens de commencer. Elle me dit avoir lu d'autres récits de cet écrivain qu'elle apprécie beaucoup mais pas celui-ci et quand elle se met à me poser des questions sur " Dalva ", elle semble assez frustrée que je ne puisse rien lui dire de ce roman dont je viens de lire trois pages avant de m'endormir. Les enfants ont quitté leur dortoir et ils sont maintenant sur le perron à regarder les chevaux de randonnée qui viennent d'arriver. Je me lève moi aussi et par la fenêtre, j'observe moi aussi les chevaux. Il y a d'ailleurs beaucoup de monde pour regarder ces quatre équidés et ces étranges randonneurs, pour moitié " squaws " et pour moitié " cow-boys ". Avant de s'occuper d'eux-mêmes, leur première tâche est de débâter leurs montures. Puis en deuxième, frottant leurs flancs avec de la paille avec de larges mouvements circulaires, chaque cavalier panse son propre cheval. De cette manière, ils éliminent très rapidement la sueur et les poussières collées sur le poitrail de leurs animaux. Comme la douche l'a été pour moi, ce nettoyage semble agréable aux chevaux. Ils se laissent faire sans broncher. En regardant ces amazones et ces écuyers, je me dis que ça doit être plaisant de randonner sans avoir à porter comme je l'ai fait toute la journée une lourde charge. En tous cas, ça doit être moins éprouvant, mais d'un autre côté avoir à s'occuper des chevaux tous le soirs comme ils le font, ce doit être aussi une sacrée contrainte !

-19h, la pluie a définitivement cessé et ce gros orage lors de mon arrivée n'a été qu'un grain violent mais passager. Les gros nuages noirs se sont enfuis vers la mer. Le ciel est encore gris mais d'un gris presque blanc qui est plutôt encourageant pour demain. Alors avant le repas, je pars flâner un peu, histoire de repérer la direction à prendre demain et de vérifier si le sentier est balisé à la prochaine étape. Je fais mes dernières photos de la journée. Je contemple aussi tous ces beaux panoramas qui sont là, juste devant le refuge, mais j'observe avec un peu plus d'insistance, ce pic qui au loin confisque l'essentiel du paysage. Ce pic, c'est celui de la Souque que j'ai gravi avec Jérôme, il y a trois semaines. Les bons souvenirs ressurgissent car il y avait tant d'années que je n'avais plus eu cette joie de randonner seul avec mon fils. Mais, cette pensée me rend triste aussi car je me dis : " Quel bonheur j'aurais éprouvé s'il avait pu parcourir ce Tour du Vallespir avec moi ! "

-19h30, l'heure du souper est arrivée et tous les clients sortent de leur chambre ou de leur dortoir pour rejoindre les deux grandes tables qui ont été dressées sur la terrasse. A mon tour, je m'installe. Je suis au bout d'une table près d'un jeune couple que je n'avais pas encore aperçu. A cette table, je retrouve aussi les neuf randonneurs d'Epinal ainsi qu'un couple d'allemands très sympathique qui effectue eux aussi le G.R.10. Les présentations sont rapides et les causeries bien évidemment tournent toutes autour de la randonnée. Chacun y va de ses propres expériences, de ses découvertes ou de ses espérances, mais dans toutes ces conversations, il y a un dénominateur commun c'est celui du plaisir que nous avons tous à marcher. Les propos sont si intéressants et si captivants qu'on en oublie même le plaisir que l'on prend aussi à manger. Et il faut l'avouer, le cuistot du refuge nous a concocté un excellent repas avec en entrée une très bonne salade bien craquante, puis de succulentes lasagnes et enfin un délicieux gâteau à la crème.

-22h, le temps est passé si vite. Certains sont déjà partis se coucher mais nous sommes encore quelques-uns à discuter autour de la table. D'autres, que le vin a rendus gais, chantent en tentant d'imiter l'accent allemand. Personnellement, pour rendre service au jeune couple assis à côté de moi, je tente de dessiner sur un petit bout de serviette en papier, et à l'aide de la carte IGN, un parcours de randonnée autour du refuge. En effet, ce sont les seuls clients à être venus ici en voiture mais ils souhaitent tout de même marcher et découvrir un peu la région.

Je leur propose une boucle très simple qui consiste à emprunter une portion du G.R.10 jusqu'au col de la Cirère pour monter ensuite au Puig de Saint-Pierre et au Puig de l'Estelle avec retour par la Tour de Batère. Ici, on ne peut pas faire plus simple et ce petit circuit a l'air de les satisfaire. Mais comme il est tard et que la fatigue se fait sentir, mes paupières ont un mal fou à rester ouvertes. Je pars me coucher. Mais pour les serveuses, c'est la bonne heure aussi, alors tout le monde en fait autant pour satisfaire à leur évidente requête !

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains - Batère - 21,3 kms.pSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains - Batère - 21,3 kms.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains - Batère - 21,3 kms.oSur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains - Batère - 21,3 kms.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains - Batère - 21,3 kms.

Quelques images de ma soirée au refuge de Batère. Devant le refuge, très belle vue sur le Vallée du Tech et une large portion du Vallespir.

Les nuages ont disparus. Allongé sur le lit, j'aperçois par la fenêtre restée ouverte, le ciel étoilé du Vallespir et dans ma tête, toujours ce " fou chantant " qui revient sans cesse…….

Mes jeunes années

Courent dans la montagne

Courent dans les sentiers

Pleins d'oiseaux et de fleurs

Et les Pyrénées

Chantent au vent d'Espagne…..

Il est 23 heures. Une fois encore, je regarde ma montre. Quelle sale habitude ! Je ne dors pas encore. Et quand la chanson s'enfuit de ma tête, il me revient à l'esprit l'image de ce joli papillon qui est venu se poser sur le cadran de ma montre cet après-midi. A-t-il survécu à cette journée torride ? Si oui, arrive-t-il à dormir sans penser au lendemain ? Demain matin, sera-t-il comme moi, prêt à s'envoler pour un nouvel épisode sur " les hauteurs d'une vallée âpre " ?

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Etape 1 : Amélie-les-Bains - Batère - 21,3 kms.

Cliquez sur la montre et le papillon pour passez à l'étape suivante

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Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Préambule

Publié le par gibirando


Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Préambule

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Préambule

Le parcours effectué et ses 6 étapes :

Cliquez sur les étapes pour voir chacune d'entre-elles.

-Amélie-les Bains (232 m) - Batère (1.460 m) 21,3 km.

-Batère (1.460 m) - St.Guillem de Combret (1.287m) 21,0 km.

-St.Guillem de Combret (1.287 m) - Prats-de-Mollo (753 m) 15 km.

(en réalité, avec mes égarements au départ de cette étape puis dans la forêt du Miracle puis pour la recherche de mon appareil photo que j'ai perdu dans cette même forêt, j'ai parcouru environ 25 km ce jour là)

-Prats-de-Mollo (753 m) - Notre Dame de Coral 1.081 m) 9 km.

- Notre Dame de Coral - St.Laurent-de-Cerdans (714 m) 27 km.

- St.Laurent-de-Cerdans (714 m) - Amélie-les-Bains (232 m) 21,5 km.

Bibliographie-Sites Internet-Lexique-Remerciements.

J'ai donc parcouru en 6 jours environ 125 kms pour 10,6 kilomètres de dénivelés positifs.

(La plupart des photos de ce Tour du Vallespir peuvent être agrandies en cliquant dessus. 2 fois, la photo occupe parfois le plein écran).

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MES JEUNES ANNÉES

Mes jeunes années

Courent dans la montagne

Courent dans les sentiers

Pleins d'oiseaux et de fleurs

Et les Pyrénées

Chantent au vent d'Espagne

Chantent la mélodie

Qui berça mon cœur

Chantent les souvenirs

De ma tendre enfance

Chantent tous les beaux jours

A jamais enfuis

Et comme les bergers

Des montagnes de France

Chantent la nostalgie

De mon beau pays

 

Loin d'elle loin des ruisseaux

Loin des sources vagabondes

Loin des fraîches chansons des eaux

Loin des cascades qui grondent

Je songe et c'est là ma chanson

Au jour béni des premières saisons

 

Mes jeunes années

Courent dans la montagne

Courent dans les sentiers

Pleins d'oiseaux et de fleurs

Et les Pyrénées

Chantent au vent d'Espagne

Chantent la mélodie

Qui berça mon cœur

Chantent les souvenirs

De ma tendre enfance

Chantent tous les beaux jours

A jamais enfuis

Et comme les bergers

Des montagnes de France

Chantent le ciel léger

De mon beau pays

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - PréambuleChanson de Charles Trenet 

Préambule :

"Où pouvait-on chercher dieu, si ce n'est sur ces montagnes ? Il se confondait, pour moi, avec la poésie de la terre, la découverte plongeante des plaines et des vallées, l'élévation, au sens physique du mot, le ravissement dans les nuées." Extrait du récit " Le chiffre de nos jours ". André Chamson (1900-1983) romancier et académicien français.

 

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - PréambuleMES JEUNES ANNEES

Cliquez sur la pochette du disque pour écouter la chanson et voir la vidéo

J'étais dans ma voiture en direction d'Amélie-les-Bains et je fredonnais une vieille chanson en écoutant une radio sur mon lecteur MP3. Ces vieilles paroles, ça faisait des années que je ne les avais plus entendues et là, juste au moment de partir marcher sur ce Tour du Vallespir, voilà qu'elles me revenaient dans la tête comme un boomerang. Cette chanson, c'était mes " Jeunes années " de Charles Trenet interprétée par Les Compagnons de la Chanson.:

Mes jeunes années

Courent dans la montagne

Courent dans les sentiers

Pleins d'oiseaux et de fleurs

Et les Pyrénées

Chantent au vent d'Espagne…..

Et en écoutant cette chanson, je me mis à penser à ma mère. Sans doute à cause de l'époque, car j'étais encore enfant quand elle avait eu du succès. Puis en écoutant mieux les paroles que j'avais sans doute négligées jusqu'alors, je me mis soudain à penser : dans la vie, il y a de ces coïncidences ! Je pars dans les Pyrénées courir les sentiers du Vallespir à la lisière de la frontière avec l'Espagne et voilà une chanson on ne peut plus adaptée à cette circonstance ! Et je ne sais pas pourquoi, à partir de cet instant, cette magnifique chanson très appropriée à l'aventure que j'allais vivre fut un encouragement supplémentaire aux efforts que j'aurais à entreprendre. Seul bémol à ce texte, mes jeunes années étaient loin derrière moi car avec mes soixante printemps je n'étais plus tout jeune mais même si ça peut paraître idiot, cette chanson me rajeunissait ! Ce refrain, à la fois plein de nostalgie, de poésie mais aussi de gaieté et d'esprit de liberté, me revint dans la tête très souvent tout au long de ce Tour du Vallespir.

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - Préambule

Le Vallespir dans la carte des Pyrénées-Orientales.

LE TOUR DU VALLESPIR ? :

 

En lisant ce préambule, vous allez d'emblée vous demander pourquoi ce titre " Tour du Vallespir " se termine-t-il par un point d'interrogation ?

Il y a plusieurs raisons à cela, mais la principale est d'ordre culturel, car pour moi une aventure sans culture, ça n'a pas vraiment de sens. Mais avant de la raconter cette aventure, j'insiste sur ce mot, car pour moi, cela en est toujours une quand je pars ainsi marcher plusieurs jours, il m'a semblé indispensable de replacer mon récit dans son cadre géographique puis d'expliquer les motivations qui m'ont poussé à faire cette longue randonnée. Les raisons de ce point d'interrogation sont donc culturelles et personnelles. Voilà en quatre points, les principales réponses à ce point d'interrogation :

1)- Le Vallespir c'est quoi ? : Dès l'instant, où j'ai envisagé de faire ce voyage pédestre, voilà, la toute première question que je me suis posée et bien évidemment, je me suis immédiatement tourné vers Internet pour en obtenir la réponse que je tente de résumer ci-après :

Le Vallespir est une large région vallonnée et montagneuse du département des Pyrénées-Orientales qui s'étire sur une quarantaine de kilomètres le long de la vallée du Tech. Le Tech dont le bassin versant est le plus méridional de France est un fleuve qui prend sa source à une altitude de 2.450 m environ sous le Roc Colom (2.507 m) et qui après avoir parcouru 84,3 kilomètres, se jette dans la mer Méditerranée dans la réserve naturelle du Mas Larrieu, non loin d'Argelès-sur-Mer, où se trouve son embouchure que l'on appelle le Bocal du Tech. La première limite du Vallespir est donc le Tech, de sa source jusqu'à Céret pour ce qui est de la vallée. On peut préciser que dans cette vallée du Vallespir circule la D.115, route principale qui file quasi parallèlement au Tech du Col d'Arès jusqu'à la commune du Boulou. Puis les autres limites sont bien sûr les versants de cette vallée. Il y a le versant qui est ensoleillé et que l'on appelle solana en catalan, ou soulane et adret en français. Pour simplifier, ce versant s'étire des Esquerdes de Rotja jusqu'au contreforts des Albères en passant par les versants abrupts du Massif du Canigou. Le versant sud ou ubac, bac en catalan, est représenté par la frontière avec l'Espagne du Roc Colom (2.507 m) jusqu'au Col du Perthus. Sur ce versant sud, on trouve le pic de Costabonne (2.465 m), le col d'Arès, poste frontière sur la D.115, le Roc de France ou de la Frausa qui culmine à 1.450 mètres pour ne citer que quelques points significatifs. Si la vallée du Tech est le principal creuset du Vallespir, il n'en est pas l'unique et de nombreux affluents ont aidés à son épanouissement : la Lamanère (15,7 km), la Parcigoule (9 km), la Coumelade (15 km), le Riuferrer (17,7 km), le Mondony (9,4 km) et le Maureillas (16,1 km) pour ne citer que les plus importants mais il y en a bien d'autres. Le Tech dans sa partie Vallespir a une exceptionnelle déclivité puisque en une quarantaine de kilomètres son altitude passe de 2.450 mètres à 120 mètres à Céret, commune considérée comme la capitale du Bas-Vallespir, Prats-de-Mollo étant celle du Haut-Vallespir. Cette extraordinaire déclivité en fait un fleuve dangereux voire dévastateur car les fluctuations saisonnières de son débit peuvent être très importantes selon la pluviométrie. En octobre 1940, avec les pluies diluviennes qui s'abattirent sur tout le département, le Tech dévasta tout sur son passage et bâtit tous les records de débit en France : montée des eaux de trois mètres en une demi-heure à Amélie-les-Bains et de huit mètres en une heure à Arles-sur-Tech. Ces crues torrentielles, les catalans les appellent " Aiguat ". Enfin pour être à peu près complet, un brin d'histoire pour signaler que le Vallespir, longtemps espagnol, fut rattaché à la France par le Traité des Pyrénées en 1659. Le Vallespir est une région de Catalogne pleine de légendes et de mystères où les traditions ancestrales restent fortement implantées avec à titre d'exemples la Fête de l'Ours, les sardanes, les feux de la Saint-Jean ou les " castellers ", ces hommes dont l'objectif est de grimper les uns sur les autres pour faire des pyramides humaines les plus hautes possibles que l'on appellent " castells ". Je n'en cite que quelques-unes parmi les principales mais dans le folklore catalan, elles sont abondantes.

2)- Mais d'où vient le nom Vallespir ? : Ce sont les romains qui occupèrent la région qui l'appelèrent ainsi. Ce mot vient du latin " Vallis Asperi " qui signifie " vallée âpre " mais âpre au sens de difficile, rude, abrupt, coriace, rugueux, avec des aspérités. On peut supposer qu'une autre région celle des Aspres qui signifie " aride " a la même origine étymologique.

3) Qui a " inventé " le Tour du Vallespir ? : Comme très souvent dans notre beau département et dans les Pyrénées toutes entières, les contours de cette longue randonnée à faire en 6 jours ont été imaginés par le grand pyrénéiste Georges Véron (1933-2005). Dans sa jeunesse, Georges Véron a souvent arpenté les sentiers montagnards du Vallespir qu'il connaissait parfaitement mais c'est en 2001 que le tracé complet avec quelques variantes imaginables fut revu dans sa totalité. Avec l'appui du Conseil Général des P.O et de la Direction de l'Economie et du Territoire, Georges Véron fut à l'origine de l'impression d'un guide où l'on retrouve les étapes de ce tour et qui s'intitule " Canigou-Vallespir-Conflent " paru chez Rando Editions dans la collection " Le Guide RANDO ". Personnellement, j'avais remarqué au cours de mes sorties dominicales du côté de Lamanère ou de Batère, les petits panonceaux jaunes faisant référence à ce Tour du Vallespir mais, jusqu'à cette année 2009, je n'avais jamais pensé l'accomplir dans son intégralité. J'en ignorais d'ailleurs le tracé, la distance et les réelles difficultés. Il faut savoir que depuis l'édition de ce guide en 2002, ce Tour du Vallespir a quelque peu été délaissé au fil des ans par les différents acteurs départementaux. Mais, selon les informations que j'ai pu lire récemment, et qui m'ont été confirmé depuis la fin de " mon tour ", il devrait être réhabilité, au même titre que le Tour du Canigou, au cours des prochaines années. Ce rétablissement ne pourra avoir qu'un effet bénéfique pour le développement d'un tourisme rural dont les Pyrénées-Orientales ont bien besoin.

4) Pourquoi me suis-je lancé dans ce Tour du Vallespir ? : Depuis 2007 et mon merveilleux " Tour du Coronat " en solitaire, je n'avais plus marché plusieurs jours d'affilée et j'avoue que j'avais depuis quelques temps des " fourmis " dans les jambes ! Je ressentais en moi, cet appel de la montagne et de la Nature, ce désir de liberté absolue que l'on ressent quand on est en pleine montagne, sentiment qui se développe d'autant plus que l'on est seul et livré à soi-même, ce goût de l'effort que les non-sportifs appellent inutile, cette envie de découvrir d'autres horizons et de rencontrer d'autres personnes. A tout cela, se rajoutait le besoin de sortir de la routine quotidienne, routine dont bizarrement j'avais le sentiment qu'elle ne s'était pas interrompue, malgré mon départ à la retraite. Bien sûr, une fois encore, j'aurai préféré partir randonner avec Dany, mais l'âpreté bien réelle du circuit, la longueur et la dureté des étapes conjuguées à sa polyarthrite, nous fûmes contraints d'en décider autrement. Quelques jours avant de partir, je vis les choses sous un autre angle, sous d'autres aspects et je crois que mon départ, une fois encore en solitaire, fut bénéfique pour nous deux, tant sur le plan physique que psychologique. Mais comme toujours en pareil cas, il subsistait en moi un sentiment de frustration, celui de ne pas partager toutes ces jolies " choses " que je ne manquerai pas de voir. Mais j'avais ma petite idée et comme je l'avais fait très souvent après le Tour du Coronat, je l'emmènerai plus tard faire des étapes ou des tronçons d'étapes sur une journée. Ce serait ma façon à moi de me faire pardonner mon voyage en solitaire que de lui faire découvrir un Tour du Vallespir saucissonné.

Loin d'elle loin des ruisseaux

Loin des sources vagabondes

Loin des fraîches chansons des eaux

Loin des cascades qui grondent

Je songe et c'est là ma chanson

Au jour béni des premières saisons

Tous les gîtes, refuge, hôtel et autre chambre d'hôtes ayant été réservés, il ne me restait plus qu'à sangler mon sac à dos et à grimper sur les " hauteurs de cette vallée âpre ".

Sur les hauteurs d'une vallée âpre - Le Tour du Vallespir - PréambuleLe guide de Georges Véron

Cliquez sur le guide pour passer à la 1ere étape.

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - Index, bibliographie et quelques merveilles

Publié le par gibirando

 

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - Index, bibliographie et quelques merveilles

Index et Bibliographie

( La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus- Certains liens anciens vers des sites Internet ayant disparu peuvent ne plus fonctionner.)

Index de " quelques merveilles de la flore du Coronat ".

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - Index, bibliographie et quelques merveilles

Photo 1 : Gui -Viscum album. Arbrisseau parasite appartenant à la famille des Viscacées.

Photo prise lors de la 6eme étape dans la forêt domaniale du Coronat à la Serrat des Estelles.

Photo 2 : Ancolie - Aquilegia vulgaris. Plante herbacée vivace de la famille des Renonculacées. Photo prise le 1er jour au lieu-dit La Molina.

Photo 3 : Mauve Musquée - Malva moschata. Plante herbacée de la famille de Malvacées. Photo prise le 1er jour dans la Réserve Naturelle de Jujols au lieu-dit la Font de l'Abeuradou.

Photo 4 : Lépiote - Macrolepiota procera. Les lépiotes de grande taille comme celle prise sur cette photo sont appelés Coulemelle et sont comestibles. Photo prise lors de la 5eme étape à Llugols près de la Chapelle Saint-Christophe.

Photo 5 : Bruyère - Calluna vulgaris. Sous-arbrisseau de la famille des Ericacées. Photo prise lors de la 3eme étape dans la Réserve Naturelle de Nohèdes au lieu-dit Coma Pregona.

Photo 6 : Campanule - Campanulia persicifolia. Plante herbacée de la famille de Campanulacées. Photo d'une campanule blottie au sein d'un petit sapin prise lors 4eme étape dans la Forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya près du Col de Tour.

Photo 7 : Grassette commune - Pinguicula vulgaris. Plante de la famille des Lentibulariacées considérée comme carnivore dont les feuilles émettent une substance grasse pouvant capturée les insectes. Photo prise le 1er jour dans la Réserve Naturelle de Jujols sur la piste à hauteur du ravin de Torrens.

Photo 8 : Carline à feuilles d'acanthe - Carlina acanthifolia. Plante de la famille des Astéracées proche des chardons. Photo prise lors de la 3eme étape près de l'étang Estany del Clot.

Photo 9 : Rhododendron ferrugineux - Rhododendron ferrugineum. Sous-arbrisseau de la famille des Ericacées dont le mot en grec signifie " arbre rose ". Photo prise le 2eme jour au bord du lac Gorg Estélat ou lac de Nohèdes.

Photo 10 : Pétasite blanc - Petasites albus - Plante de la famille des Astéracées avec de grandes feuilles de 30 à 40 cm. Photo prise le 2eme jour dans les éboulis au bord du lac Gorg Estélat.

Photo 11 : Thym - Thymus vulgaris. Sous-arbrisseau et plante très aromatique de la famille de Lamiacées. Photo prise le 1er jour dans la Réserve Naturelle de Jujols sur la piste au lieu-dit Teixouères.

Photo 12 : Genêt d'Espagne - Spartium junceum. Arbrisseau très odorant de la famille des Fabacées. Photo prise le 1er jour dans la Réserve Naturelle de Jujols sur la piste au lieu-dit Teixouères.

Photo 13 : Anacycle - Anacyclus clavatus. Plante herbacée de la famille des Astéracées. Photo prise le 2eme jour sur le chemin du Tour du Coronat au lieu-dit Font del Tosca

Photo 14 : Orchis mâle - Orchis mascula. Fleur orchidée de la famille des Orchidacées. Photo prise le 1er jour dans la Réserve Naturelle de Jujols au lieu-dit Barry de l'Ous.

Photo 15 : Rose Trémière - Alcéa Roséa. Comme la Mauve, plante de la famille des Malvacées n'ayant rien de commun avec les roses. Photo prise à Nohèdes au bord de la D.26 lors de la 4eme étape.

Photo 16 : Molène bouillon-blanc - Verbascum thapsus. Plante herbacée aux vertus médicinales reconnues (adoucissante et antitussive) de la famille des scrofulariacées. Photo prise dans la forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya au lieu-dit " La Trabessa ".

Index de " et encore quelques merveilles de la flore du Coronat ".

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - Index, bibliographie et quelques merveilles

Photo 1 : Cirse commun : Cirsium vulgare. Plante bisannuelle de la famille des Astéracées.

Photo 1 : Séneçon du Cap : Senecio inaequidens. Plante de la famille des Astéracées originaire d'Afrique du Sud désignée comme " invasive " et considérée par certains comme un fléau. Photo prise le 1er jour sur la piste entre Jujols et le Col Diagre près du lieu-dit " Font d'Arques ".

Photo 2 : Dent-de-Chien : Erythronium dens-canis. Plante herbacée à bulbe vivace de la famille Liliacées. Photo prise le 21 avril 2007 lors d'une balade au Col de Jau.

Photo 3 : Buplèvre ligneux : Bupleurum fruticosum. Arbrisseau à feuillage persistant de la famille des Apiacées. Photo prise lors de la 6eme étape dans la forêt domaniale du Coronat à la chapelle de Saint-Etienne.

Photo 4 : Joubarbe des toits : Sempervivum tectorum. Plante herbacée succulente (plante grasse) de la famille des Crassulacées appelée ainsi car depuis l'Antiquité elle était plantée sur les toits pour protéger de la foudre et des incendies. Photo prise lors de la 3eme étape à la " Solana de Jujols " près du petit bassin qui surplombe le village.

Photo 5 : Silène enflé : silene vulgaris. Plante annuelle vivace de la famille des Caryophyllacées.Photo prise le premier jour peu après le Col Diagre sur la piste à l'endroit coupé par le ravin de Font Frède.

Photo 6 : Lavande officinale : Lavandula angustifolia. Arbrisseau de la famille des Lamiacées (ou Labiées) dont les fleurs sont très odorantes. Photo prise lors de la 6eme étape au Pla des Horts.

Photo 7 : Adénostyle à feuilles d'alliaires : Adenostyles alliariae. Plante herbacée vivace de la famille des Astéracées. Photo prise dans la forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya non loin du lieu-dit " le Roc de Domingo ".

Photo 8 : Œillet de Montpellier : Dianthus hyssopifolius. Plante herbacée poussant en touffes de la famille Caryophyllacées (ou Dianthacées). Photo prise lors de la 3eme étape dans la Réserve Naturelle de Jujols sur le chemin Tour du Coronat au lieu-dit Sola del Plet.

Photo 9 : Orchis mauve et rose dit mignon: Neotinea ustulata. Fleurs, orchidées de la famille des Orchidacées. Photo prise le 1er jour dans la Réserve Naturelle de Jujols peu après le Col Diagre au lieu-dit " Roc des Molières ".

Photo 10 : Ramonde ou ramondie des Pyrénées : Ramonda myconi. Plante assez rare de la famille des Gesnériacées aimant les éboulis calcaires et ombragés. Elle doit son nom au grand pyrénéiste féru de botanique Louis Raymond de Carbonnières (1755-1827). Photo prise le 1er jour dans la Réserve Naturelle de Jujols au lieu-dit " Sola del Plet ".

Photo 11 : Chardon vulgaire ou cirse commun: cirsium vulgare. Plante bisannuelle de la famille des Astéracées fleurissant à partir de juin aux bords des chemins. Photo prise lors de la 3eme étape dans la Réserve Naturelle de Nohèdes peu après le Col du Portus au lieu-dit " Pla d'Avall ".

Photo 12 : Digitale jaune : Digitalis lutea. Plante herbacée de la famille des Scrofulariacées aimant la lisière des bois. Photo prise lors du 2eme jour sur le chemin du Tour du Coronat dans la Réserve Naturelle de Jujols au lieu-dit " Roc Rouge ".

 La merveilleuse faune du Coronat

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Quelques merveilles géologiques du Coronat

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 Bibliographie- Sites Internet

Voici quelques livres et revues que j'ai lus avant de me lancer dans ce Tour du Coronat. Ces lectures m'ont bien aidé dans la compréhension des lieux que j'ai eu à parcourir. Idem pour les sites Internet que je cite ci-dessous.

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  5 grandes randonnées en Pyrénées-Orientales - Série détours pyrénéens - Co-éditeurs Editions Randonnées Pyrénéennes et Fédération Française de Randonnée Pédestre.

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Bulletins d'information de la Réserve de Nyer - Del Tres Esteles à la Serra Gallinera- Edités par la rédaction de la Réserve de Nyer avec l'aide du Conseil Général des Pyrénées-Orientales.

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Bulletins information de la Réserve de Jujols - Qué hi ha de nou a la Reserva de Jujols- Quoi de neuf à la Réserve de Jujols- Edités par la rédaction de la Réserve Naturelle de Jujols.

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Natura Catalana : Lettre des Réserves Naturelles Catalanes. Editée par la rédaction de la Confédération des réserves naturelles catalanes avec le soutien financier de l'état et du Conseil Générale des Pyrénées-Orientales.

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Echos du Madres-Coronat : Bulletin d'information édité par la rédaction de la Réserve Naturelle de Nohèdes avec le soutien de divers organismes (Conseil Général des PO, Région, etc.…)

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L'Affaire Abbé Auriol de Lionel Dumarcet : Histoire du curé de Nohèdes aux Editions De Vecchi.

Sites internet

 - http://jeantosti.com/roussillon.htm : Superbe site web consacré au Roussillon. On y trouve tout !!! Bravo !!!!

 - http://www.campagnesetenvironnement.fr/ : http://www.campagnesetenvironnement.fr/ Superbe site consacré aux problèmes de l'environnement et des biodiversités.

 - http://www.catalanes.reserves-naturelles.org : Magnifique site consacré à toutes les réserves catalanes. A découvrir absolument.

 - http://www.languedoc-roussillon.ecologie.gouv.fr : Site officiel régional Languedoc-Roussillon consacré à l'environnement. Liens possibles avec le réseau Natura 2000.

 - http://pluton1.club.fr/alyssum_2005.htm : Site sur lequel j'ai pu trouver de superbes photos de l'Alyssum Pyrenaicum.

 - http://natura2000.environnement.gouv.fr/especes/1508.html : site du réseau Natura 2000 consacré à l'Alyssum Pyrenaicum.

 - http://herbier-rouy.univ-lyon1.fr/rouy/index.php: site consacré à la gigantesque collection Rouy sur lequel on peut retrouvé les reliques de la flore française. J'ai pu ainsi y retrouver un exemplaire de l'Alyssum Pyrenaicum collecté en 1886, époque où les collectionneurs se " battaient " pour en obtenir un spécimen

 - http://www.rando-accueil.com/Pyrenees/RG_LES-OCELLS.php : Site où vous pouvez découvrir le gîte Les Ocells à Jujols.

 - http://www.gite-roussillon.com/ : Site de présentation de la maison d'hôtes " Le Presbytère " à Nohèdes.

 - http://www.pyrenees-pireneus.com/refuge_du_callau.htm : Site donnant quelques renseignements sur le Refuge de Callau.

 - http://www.pyrenees-team.com/pteam/refuges/gites66/3 : Site donnant des renseignements sur les gîtes de Jujols (Gilles Calmer) et de Llugols (Dominique Naulin).

 - http://llugols.jislaaik.com/details.htm : Site en anglais présentant le gîte de Dominique Naulin à Jujols.

 - http://histoireduroussillon.free.fr/index.php : Site très ludique sur l'histoire du Roussillon.

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Pour leur gentillesse, leur serviabilité ou leur bonne humeur, je remercie tout particulièrement les personnes suivantes :

- Madame Michèle Fizaine et Madame Foureau-Valette du Gîte Les Ocells à Jujols.

- Monsieur Gilles Calmer et son cuisinier de l'auberge à Jujols.

- Monsieur Régis Dessain et son cuisinier du Presbytère à Nohèdes.

- La gentille dame de Nohèdes qui avait envie de parler.

- Madame Armelle Kervedo et sa fille au Refuge de Caillau.

- Monsieur et Madame Dominique Naulin au gîte de Llugols.

- Les sympathiques clients rencontrés au gîte Les Ocells et au refuge de Callau.

- Monsieur et Madame Pastor, les agréables clients du Presbytère.

- Les randonneurs du groupe NATURA qui m'ont accueillis à leur table à Callau.

- L'aimable éleveur " provençal " pour notre ludique petit déjeuner à Callau.

- Le gentil et serviable jeune homme qui est allé me chercher du bois à l'Estany del Clot.

- Le couple et leurs 3 filles rencontrés à la Chapelle Saint-Etienne.

Qu'ils sachent tous que sans eux, ce Tour du Coronat n'aurait pas été aussi réussi. Merci.

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 6eme jour Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.

Publié le par gibirando

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 6eme jour   Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.

Samedi 18 août 2007 6eme et dernier jour.

Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.

( La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus- Certains liens anciens vers des sites Internet ayant disparu peuvent ne plus fonctionner.)

Le bonheur pour une abeille ou un dauphin est d'exister, pour l'homme, le savoir et de s'en émerveiller. Jacques - Yves Cousteau - Océanographe -1910-1997.

Samedi 18 Août 2007 8 heures, je me réveille. J'ai dormi comme un bébé et d'une seule traite ! Quelle différence avec ma nuit tumultueuse du refuge de Callau ! Llugols est un hameau très calme et le seul son que j'ai entendu ce matin, c'est le chant d'un coq et encore, dans le lointain me semble-t-il ! C'est à croire que le pays est si calme que même les coqs font la grasse matinée ! Dès que je me lève, le couple Naulin est aux petits soins avec moi.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 6eme jour   Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.

 Au petit déjeuner, sur la terrasse du gîte Naulin, vue sur le Canigou.

Une fois de plus, Madame Naulin m'installe sur la terrasse avec comme décor l'incontournable Canigou, enfin épuré de tous nuages. Une fois de plus, je suis choyé et je prends mon petit déjeuner avec ce merveilleux panorama pour horizon et tous les chats autour de moi. Un chat se frotte dans mes jambes, une autre se prélasse sur la murette comme pour me dire : arrête de regarder le Canigou et regarde-moi ! Deux autres jouent à se quereller comme pour susciter mon intérêt. Sous certains aspects malgré leurs attitudes si distinctes, ces chats me rappellent les miens, et me font prendre conscience de la fin de mon périple autour du Coronat. Eh oui, retrouver Dany, mes chats et ma maison, c'est pour ce soir ! Seul Bonnie, le gentil berger des Pyrénées, allongé de tout son long sur le perron, semble m'ignorer et se ficher de mon départ. Une fois de plus, j'ai traînassé comme jamais pour profiter encore un peu de ce " nirvana " matinal.

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Les chats du gîte de Llugols, le matin au petit déjeuner. Un agréable spectacle quand on aime les chats comme je les aime.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 6eme jour   Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.

  Le facétieux Bonnie a décidé de marcher avec moi.

9 heures 15, mon sac à dos est prêt, je règle ma note, remercie mes hospitaliers et sympathiques " aubergistes " et prend le départ de cette dernière étape sur le chemin que j'ai pris soin de reconnaître hier soir. Je remonte la piste où les enfants jouaient hier soir, laisse sur ma droite la chapelle Saint-Christophe et le roc à la croix " néolithique ". Je redescends une sente parfaitement débroussaillée par les habitants du hameau. Il n'y a pas cinq minutes que j'ai quitté le gîte et voilà Bonnie qui me dépasse comme pour me montrer le chemin. Cette fois, je ne veux pas qu'il me suive car j'ai 18 kilomètres à accomplir et je ne veux pas me retrouver dans le cas de figure que me décrivait Madame Naulin : être obligé de le ramener au gîte ce soir. En effet, Bonnie a pris la fâcheuse habitude d'accompagner les randonneurs et quand la randonnée se termine, les accompagnateurs se retrouvent avec Bonnie sur les bras. Ils ne leur restent qu'une solution, le mettre dans la voiture et le ramener à ses maîtres.

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 Je quitte Llugols en direction de Conat, Bonnie me montre le chemin

De mon côté, j'ai beau lui proférer des " coucher " ou des " aller vas-t-en ", rien n'y fait ! Il marche loin devant moi mais quand il ne me voit plus, il s'arrête, s'assied et attend que j'arrive. Donc, il ne fait aucun doute, j'étais le seul randonneur présent au gîte et il a pris la décision de marcher avec moi. Pas de doute non plus, cette décision paraît irréversible. Inquiet, j'appelle Madame Naulin et l'informe de la situation. Elle me conseille de tenter de lui faire peur en lui jetant de pierres. Des pierres, ce n'est pas ce qui manque sur ce sentier, mais encore faut-il avoir envie de les lui jeter ! Ce n'est pas dans mes intentions, moi qui ne ferais pas de mal à une mouche ! Bon, j'ai beau feindre le geste, il n'a pas l'air impressionné du tout ! A sa façon de faire, je soupçonne Bonnie d'avoir intégré ces jets de pierres. Même quand je jette un caillou à côté de lui, il reste suffisamment loin pour ne pas être atteint et continue de me regarder avec son air triste et conciliant comme pour me dire : " Allez viens, avance, arrête de faire l'idiot, tu ne me feras pas changer d'avis et de toute manière, je vois bien que tu apprécie que je marche avec toi ! ". Il n'a pas tort sauf qu'il ne m'appartient pas et que de surcroît Jujols c'est bien loin. Puis il repart et continue à m'attendre à une distance respectable dès qu'il me perd de vue.

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 En descendant vers Conat, je marche dans des décors jamais rencontrés jusqu'à présent. Beaucoup de chênes verts.

En direction de Conat, le chemin zigzague tout en descente à travers une végétation typiquement méditerranéenne faite de chênes verts et pubescents, de quelques oliviers sauvages, de pistachiers, de cistes, de chèvrefeuilles et de camérisiers. Et bien sûr, toujours ces orris, ces capitelles et ces enclos en ruines, ces murets de lauzes, signes d'un pastoralisme omniprésent. Sur ma droite, le Coronat, sous un ciel immaculé, s'étale dans toute sa splendeur. De ce point de vue admirable, on se rend mieux compte de sa forme oblongue et de son étendue qui en font un massif très vaste et non pas un simple mont isolé comme on pourrait le croire sous d'autres perspectives. Sur ma gauche, la sinueuse D.26 déjà rencontrée à Nohèdes et le sillon de la rivière Caillan, confluent des rivières d'Urbanya et de Nohèdes, le tout creusé au sein d'une impressionnante toison de verdure.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 6eme jour   Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.

  Les baliseurs ont joué les " Paul Klee " !

Je suis très surpris par le balisage car il n'y a qu'un chemin et pourtant les baliseurs ont joué les " Paul Klee ". Sur un seul rocher, je dénombre cinq couleurs différentes et pourtant mon GPS, pas suffisamment précis dans tous ces virages, lui n'en fait qu'à sa tête et me situe hors de sentier ! Il est 10h 30, le chemin suit et surplombe le Caillan un instant puis très rapidement j'aperçois les premières maisons puis l'église du village de Conat. Je me rafraîchis un instant au bord de la rivière alors que Bonnie a poursuivi en direction du village. Au moment où je franchis le petit pont qui enjambe le torrent, je le vois revenir vers moi comme affolé, suivi d'un gros chien noir. Je n'ai pas le temps de réagir que le chien noir se jette sur lui, mais loin d'être apeuré, Bonnie le retourne et le saisit à la gorge. J'ai beau crié mais rien n'y fait, Bonnie ne réagit pas à mes ordres, quant au chien noir, il fait mieux que de se défendre. J'ai l'impression que cette lutte va mal finir quand soudain une vieille femme sort de chez elle, se met à hurler et se jette dans la bataille en saisissant son chien par le collier. Très surpris par tant d'autorité, Bonnie lâche prise et vient tout penaud s'asseoir près de moi.

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 J'arrive au dessus du torrent du Caillan puis à Conat. Si le village et son patrimoine religieux sont beaux, mon arrivée est quelque peu remarquée, Bonnie ne trouvant rien de mieux que de se battre comme un chiffonnier avec un autre chien.

La vieille dame d'un air fâché me lance : " vous ne pourriez pas tenir votre chien en laisse ! ". Mais avant même que je lui réponde, elle rentre chez elle, me laissant les " bras ballants " avec mon " chien à problèmes ". Je me remets à crier des " couchers ", des " vas-t-en ", je mime des jets de pierres, et avec son air confus et attristé, Bonnie repart mais pas du bon côté. Il a décidé d'aller à Conat ! Cette fois, j'attends un peu et le laisse partir car je connais parfaitement le village et la suite de l'itinéraire qui file en montant vers la belle chapelle de Belloc. Assis sur une murette, j'en profite pour souffler un peu et manger une barre de céréales. Je ne vois pas revenir Bonnie et je me dis que cette fois, il a du comprendre ma colère.

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 A Conat, les maisons sont tournées vers le soleil comme des tournesols.

Je déambule dans ce splendide village dont les maisons sont tournées vers le soleil comme des tournesols. Je prends quelques photos, discute avec un vieil homme surpris de me voir marcher tout seul et qui finit par me dire : " c'est pas très prudent ce que vous faites ! ". Il me paraît plein de sagesse ce vieillard. Peut-être a-t-il raison ? Je laisse " l'homo sapiens" à ces sages réflexions puis repars en direction du beau clocher car je sais que le Tour du Coronat y grimpe juste derrière. Au moment où je quitte la route et emprunte une rampe pavée qui se dirige vers le beffroi, j'entends japper derrière moi. Bonnie est là ! Il me regarde et continue de japper comme pour me montrer sa satisfaction. En partie dissimulés derrière les boucles de sa crinière, ses yeux semblent me dire : " tu vois, je t'ai retrouvé, tu ne vas pas me lâcher comme ça ! ". Je ramasse un gravillon et cette fois je lui jette dessus mais comme une piqûre à un éléphant il ne réagit pas et continue de me suivre. Finalement, il faut que je me rende à l'évidence : "il est très attachant et attaché à me suivre !"

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Après Conat, le sentier se hisse dans un fort dénivelé.

D'emblée, le sentier se hisse dans un fort dénivelé. Un grand panneau m'indique clairement que je suis dans la réserve naturelle de Conat. Après celles de Jujols et de Nohèdes, c'est donc la troisième et dernière réserve naturelle que je vais traverser. Désormais, chacun de mes pas me rapproche du dénouement et de la fin de ces merveilleuses découvertes. Bonnie marche plus près de moi maintenant comme s'il doutait ou ne connaissait pas le chemin. Il m'attends plus souvent et semble inquiet dès qu'il ne me voit plus. Au fur et à mesure que je monte, les panoramas de tous côtés sont splendides et je découvre d'une manière plus aérienne les endroits où je suis passé hier et ce matin. D'ici, le Pla de Balençou délivre toute son aridité, Llugols s'évanouit sous les boqueteaux où seule la Chapelle Saint-Christophe reste visible. Quant au village de Conat, il s'éloigne et diminue au fur et à mesure que je me hisse dans ce rude raidillon. En bien meilleure forme que le premier jour, je monte d'un bon rythme et sans peine cependant. Cette fois, seuls le poids du sac, les photos et le besoin de me désaltérer sous cette chaleur intense me font m'arrêter. Dans cette pente escarpée, je me préoccupe plus de mon propre sort que de celui de Bonnie qui va et vient et multiplie sans cesse les distances. En effet, ici, le chemin est très embroussaillé et comme il est très étroit, j'évite difficilement tous ces buissons piquants. Une fois encore, de longs filets de sang dégoulinent de mes bras et de mes jambes. Mais j'en ai pris l'habitude et sais que c'est très superficiel.

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 Après Conat, le sentier grimpe dans la réserve naturelle avec des panoramas vers le Pla de Balençou, Llugols, la Plaine du Roussillon et la Vallée du Caillan.

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 Je marche dans une nature généreuse et colorée, mais très piquante quelquefois. A mi-montée, Bonnie m'a définitivement laissé tomber. Il est soudain parti en aboyant. Je le soupçonne avoir reniflé des sangliers. 

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J'arrive à la fin du sérieux dénivelé, Conat disparaît sous l'aride Pla de Balençou. 

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 6eme jour   Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.oDes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 6eme jour   Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.oDes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 6eme jour   Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.

 Depuis le lieu-dit Pas de l'Escale, passage rocheux dans la falaise, j'aperçois Llugols, des paysages traversés, la plaine du Roussillon, Belloc et sa chapelle.

Soudain, je constate qu'il n'est plus là et comme désormais nous sommes loin de chez lui, aussitôt je m'en inquiète. Je me mets à l'appeler : " Bonniiiiiiieee !!! Bonniiiiiiieee !!! Bonniiiiiiieee !!!. Je l'entends aboyer très loin maintenant puis parfois les aboiements se rapprochent puis s'éloignent de nouveau. Court-il après un sanglier ou un autre animal mais j'ai beau hurler, Bonnie ne revient pas. Tout en montant , je continue de crier à tel point que la falaise me renvoie mon écho. J'entends toujours ses aboiements, mais ils s'amenuisent et je devine parfaitement que c'est du fond du vallon qu'ils proviennent dorénavant. Je voulais qu'il parte mais comme il n'est plus là, je suis anxieux et il me manque déjà. Soudain je réalise que nos chemins se sont séparés ici dans cette sente vers Belloc que j'aperçois enfin. J'arrive au Pas de l'Escale, la sente de faufile au pied d'une falaise puis dans un goulet rocheux et je finis par atteindre un éperon qui s'avance et domine la vallée du Caillan. De ce mirador calcaire, des vues époustouflantes se révèlent de tous côtés : sur ma droite, Prades, la vallée de la Têt, Belloc et le Massif du Canigou, en face l'immensité quasi désertique du Pla de Balençou, en dessous Conat et la verdoyante vallée du Caillan, sur ma gauche et derrière moi un bref aperçu des forêts domaniales de Conat et du Coronat. Dans l'immédiat et jusqu'à la Chapelle de Belloc, j'en ai terminé avec les éprouvants dénivelés. Mon gros sac à dos va enfin redevenir supportable.

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 Après la falaise du Pas de l'Escale, j'arrive au hameau de Belloc. Outre, sa vieillle chapelle romane , Belloc était composé de quelques maisons. Elles abritaient des familles qui vivaient isolément et chichement. Plus tard, lors de la construction puis de l'amélioration du fort Libéria à Villefranche-de-Conflent, Vauban s'y intéressa et c'est sans doute à lui et à son armée que l'on doit le soupirail menant à une source captée et à ce long mur que l'on aperçoit sur les photos. Une mine de marbre rouge à ciel ouvert y fut exploitée très longtemps.

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 La très belle chapelle romane de Belloc.

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A Belloc, autour de la chapelle puis dans la belle forêt de pins sylvestres vers Saint-Etienne-de-Campilles.

Un dernier coup d'œil en contrebas sur la sente que je viens de suivre pour m'assurer que Bonnie n'est pas revenu et je repars sur l'agréable chemin qui court au dessus d'un vallon en direction d'une magnifique forêt de pins sylvestres. Là, dans cette forêt, je tombe sur l'entrée de ce qui ressemble à un caveau puis un long mur en pierres taillées dont les vestiges ont pour origine l'ancien village de Belloc. Belloc étant en Roussillon, un nom plutôt répandu signifiant " beau lieu ". 10 minutes plus tard, il est 12 h 30 quand j'arrive à la magnifique chapelle du même nom. Elle est en parfait état de conservation. Récemment et remarquablement rénovée, elle est dédiée à Saint-André et elle est dans le plus pur style de l'art roman catalan avec une nef unique. J'en fais le tour, prends quelques photos et m'installe sur l'unique banc pour un déjeuner champêtre. Les randonneurs sont nombreux à venir la visiter mais peu arrivent de Conat comme moi. Pour la plupart, ils viennent par une piste plus facile qui démarre à Villefranche-de-Conflent. Pendant que je déguste les gros morceaux de quiche Lorraine que m'a préparé Dominique Naulin, ce n'est qu'un va et viens de promeneurs et sans soute en raison de mon gros barda, souvent je fais office de " bureau de tourisme " et de guide dans ce qu'il y a encore à voir dans le secteur. Je leur indique les ruines du village de Belloc et bien sûr l'autre chapelle où je dois moi-même me rendre. C'est celle dédié à Saint-Etienne quelques centaines de mètres au dessus.

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 De la chapelle de Belloc à celle de Saint-Etienne, le chemin file à travers une belle pinède de pins sylvestres

Mais aujourd'hui je ne me presse pas car le temps est propice à la flânerie et je veux vraiment profiter au maximum de ce dernier jour de marche. Ce n'est qu'une heure plus tard que je reprends ma marche en avant dans la splendide et tricolore forêt de Belloc où le jaune des fleurs des buplèvres s'étale au pied des immenses pins sylvestres dont les ramures vertes se détachent dans un ciel d'azur. Le sentier s'élève en surplomb de la Vallée de la Têt avec désormais, sur ma gauche le Canigou tout proche et la verte vallée de la Rotja dominé par la Massif des Très Estelles. Avec tous ces paysages, j'ai un sentiment de déjà vu, je me remémore le départ de Jujols et j'ai l'amère sensation d'une boucle qui commence à se refermer. De cet endroit, la mer est parfaitement visible pour la première fois et la plaine du Roussillon s'étale sur des dizaines de kilomètres dans un halo bleuté.

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 La chapelle de Saint-Etienne

J'arrive à la Chapelle Saint-Etienne et retrouve quelques promeneurs déjà croisés à Belloc. Il y a notamment un couple avec trois jeunes filles qui pique-niquent sur l'herbe. Une fois de plus, ils paraissent impressionnés par mon allure et surtout par mon fardeau car d'emblée, ils se mettent à me questionner comme si j'étais le " guide spirituel de la randonnée catalane " : " comment fait-on pour monter au Canigou ? ", " les Gorges de la Carança ne sont-elles pas trop dangereuses pour les enfants ? ", et " le Carlit est-il accessible ? " etc.…..

Puis la conversation s'installe et ils commencent à m'interroger sur mon propre parcours, comment je fais pour ne pas me perdre. Je leur dis que je me suis vraiment perdu dans le massif qui nous fait face et comment je m'en suis sorti. Je raconte notre " Cauchemar aux Très Estelles ". De ce fait, le père de famille veut tout connaître du fonctionnement de mon GPS, je sors mes cartes et mes tracés Cartonav. Une heure plus tard, nous sommes toujours là assis sur la pelouse à discuter de randonnées, de VTT dont le père est accroc, du goût des enfants pour le sport, de gastronomie régionale. Il est 14 heures 30, la maman, elle, pense qu'il est temps pour les enfants de manger le dessert et sors un gâteau. Elle m'en propose un morceau accompagné d'un boisson chaude que je refuse gentiment car déjà j'ai le sentiment d'avoir beaucoup abuser du temps précieux de leurs courtes vacances. Je les salue, leur souhaite de belles randonnées en Roussillon et repars solitaire près de l'église.

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 Entre Belloc et Saint-Etienne, beaux panoramas sur la Vallée de la Têt et celle de la Rotja, le Canigou, les Très Estelles.

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Depuis Saint-Etienne-de-Campilles, belle vue plongeante sur Villefranche-de-Conflent et beau panorama vers la Plaine du Roussillon.

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Accompagné de leurs 3 filles, un gentil couple de randonneurs n'aura de cesse d'être intrigué par le pic du Canigou m'interrogeant à son propos avec l'envie de le gravir.

Je suis en surplomb de la très belle cité de Villefranche-de-Conflent et j'observe ma carte. Je remarque à vue d'oeil que j'ai effectué moins de la moitié de l'étape. Mais j'ai beau tenté de calculer, il m'est très difficile de dire combien il reste. A partir d'ici et surtout avant d'arriver à Jujols, le parcours est très sinueux. Selon moi, dix ou onze kilomètres au moins sont encore au programme avec un dénivelé de 400 mètres environ jusqu'au Refuge de Roquefumade. Il est vraiment temps que je me mette en route et je quitte Saint-Etienne par un sentier parfaitement balisé en jaune et rouge comme le Tour du Coronat aurait dû l'être dans son intégralité.

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Après avoir quitté Saint-Etienne-de-Capilles, les paysages sont toujours les mêmes mais deviennent plus amples. En prenant de la hauteur et vu sous d'autres angles, il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir.

Je traverse et quitte la belle forêt de pins sylvestres et amorce une longue ascension sans réelle dénivellation. Maintenant le chemin est bordé de chênes verts, de chèvrefeuilles, de buis et d'églantiers et tous ces petits arbustes me laissent la satisfaction d'admirer de magnifiques paysages. Ces paysages se sont toujours les mêmes, le Massif du Canigou, la vaste plaine du Roussillon, le Pla de Balençou, les collines au dessus de la Vallée de Castellane, les petits hameaux aux tuiles rouges. Mais en prenant de la hauteur et vu sous d'autres angles, il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir. Désormais, je marche avec les jumelles dans ma poche et à portée de mains et, quand je l'estime nécessaire, je les porte à mes yeux, découvrant au loin une chapelle inconnue, un village que je n'arrive pas à identifier, un site déjà traversé ou bien un pic inexploré. Ce chemin est un véritable balcon sur tous ces panoramas et, il a cela de génial, c'est qu'en zigzaguant, il me permet de découvrir sans cesse de nouvelles perspectives au sein de nouveaux décors. Je quitte les petits arbustes pour une lande de genêts, puis ce sont des pelouses sèches, un bois de petits pins, je traverse des près verdoyants, puis une garrigue plus aride et plus rocailleuse, puis de nouveau des bois avec des grands pins sylvestres ou à crochets, un escarpement où poussent les bouquets de thym, de lavande et des bruyères naines. Parfois je tombe sur une surprise : une fleur nouvelle, une orchidée sauvage, un joli caillou troué, un petit fossile ou bien comme ce monticule de terre rouge, là tout près du chemin……

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 Je quitte les petits arbustes pour une lande de genêts, puis ce sont des pelouses sèches, un bois de petits pins, puis….

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 Je traverse des près verdoyants, puis une garrigue plus aride et plus rocailleuse, puis de nouveau des bois avec des grands pins sylvestres ou à crochets où les grosses fourmilières sont nombreuses, un escarpement où poussent les bouquets de thym, de lavande et des bruyères naines….peu après je tombe sur un monticule de terre rouge où un aven semble descendre dans les entrailles de la Terre. Au bord, j'y découvre quelques jolis morceaux de calcite mamelonné. 

Je m'en approche et monte sur le tertre, soudain, mon pied glisse sur cette terre meuble et d'un coup de rein, je me jette en arrière. Ouf ! Le vieillard de Conat avait raison, ce n'est pas très raisonnable de marcher seul ! J'ai failli trébucher et peut-être disparaître à tout jamais dans ce gouffre juste signalé par un trépied et recouvert d'un filet de protection. De la terre extraite de ce trou, je remarque quelques belles pierres ayant l'apparence de coraux. Un peu " maso " sur les bords, j'en prends quelques débris en souvenirs que je charge dans mon sac à dos déjà trop lourd ! Puis je reprends ma route, le sac exagérément chargé cette fois de quelques unes de ces " merveilles " du Coronat. En regardant un minuscule morceau de ce minéral métamorphosé que je tiens dans une main, je remarque que les excroissances sont de minuscules stalagmites et je me dis, pas de doute, il devait y avoir de l'eau ici et peut-être même la mer? Désormais, le sentier file en surplomb de la vallée de la Têt, et j'essaie de m'imaginer la mer, ces montagnes alentours qui peut-être étaient de délicieuses îles avec ces ravines qui devaient être de belles criques aux eaux limpides. De cet endroit où je suis juché maintenant peut-être aurais-je pu plonger ? Plonger, voilà un mot auquel je n'aurai pas dû penser, car une fois de plus le Pic des Très Estelles me fait face, il paraît encore plus proche cette fois. C'est que des plongeons, nous avons eu notre compte avec Dany là bas dans les cataractes de ce maudit ravin de l'Orry. Puis, je repense au départ de Jujols et à ces mauvaises pensées que j'avais eues en regardant ce pic et ce ravin et je me dis : " Non, cette fois c'est bien fini, une fois pour toute j'ai vaincu cette malédiction de me perdre en marchant ! ".

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 Le Pic des Très Estelles, vue depuis le Coronat. Le ravin de l'Orry que nous avons descendu et où nous nous sommes égarés en 2004 est parfaitement visible. Retrouvés par 2 gendarmes, la chance nous avait souri et un hélitreuillage avait mis fin à notre cauchemar. Un Cauchemar pour Trois Etoiles était devenu le titre du récit de cet égarement.

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Après tous ces paysages divers et variés, j'arrive au Pla des Horts puis au refuge de Roquefumade

17 heures, grâce à tous ces paysages divers et variés, je n'ai pas vu le temps passer, j'arrive au Pla des Horts puis à un petit collet où une descente file en direction d'une grande antenne que j'aperçois en bas sur ma droite. Je décide de stopper quelques instants pour prendre un peu de repos et " casser un morceau ". Je ne sais pour quelle raison, à cet endroit, les nombreux papillons ont décidé de me butiner. Me suis-je arrêté à un endroit propice à leurs ébats ? Peut-être ? Toujours est-il que ça voltige copieusement autour de moi au point qu'ils se posent sur mes bras, mes jambes, ma tête, mes épaules ou mon sac à dos. Dès que je bouge pour les prendre en photos, ils semblent se rebeller et disparaissent dans la nature. Puis, tranquillisés par le calme environnant, ils reviennent en force. Une fois de plus, je me remets en route, décidé cette fois à aller jusqu'au bout sans m'arrêter car je n'ai plus rien à manger ni a boire. J'amorce cette descente et dix minutes après je franchis une belle forêt et arrive au refuge de Roquefumade. Il est 17 h 30. Quelques tuyaux en PVC surgissent d'une source et s'écoulent dans deux grands barils en plastique. L'eau y est si fraîche que je remplis mes deux gourdes et bois jusqu'à plus soif ! Puis la sente s'élargit, remonte un peu puis redescend définitivement cette fois. Après quelques virages, je distingue enfin Jujols tout en bas de l'autre côté de deux ravines. J'aperçois nettement le village comme accroché à la montagne. Tel un serpent, la piste blanchâtre qui conduit au Col Diagre et à celui du Portus est parfaitement visible tout comme la retenue d'eau que j'avais eu longtemps en point de mire lors de mes départs successifs de Jujols.

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Après quelques virages, je distingue enfin Jujols tout en bas de l'autre côté de deux ravines.

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Infinie, illimitée, interminable, longue, voilà les adjectifs qui conviennent le mieux à cette piste. J'ai beau descendre, suivre au plus près mon GPS, la couper parfois quand je découvre un raccourci, je n'en vois jamais la fin.

Une fois de plus, je vais m'en servir comme point de repère dans cette interminable descente vers la fin de mon aventure. Infinie, illimitée, interminable, longue, voilà les adjectifs qui conviennent le mieux à cette piste. J'ai beau descendre, suivre au plus près mon GPS, la couper parfois quand je découvre un raccourci, je n'en vois jamais la fin. J'ai le sentiment que le village recule au fur et à mesure que j'avance. 19 h30, je coupe une première combe et suis ravi de découvrir le nom de " Jujols " sur un petit panneau de bois accroché à un chêne-liège, puis je coupe un second ravin.

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 J'ai le sentiment que le village recule au fur et à mesure que j'avance.

Cette fois pas de doute, me voilà dans la dernière ligne droite sur une sente qui s'élève et qui a donc décidé de me faire souffrir une dernière fois. Puis, c'est quelques panneaux invitant à des balades et enfin les premières maisons. Le soleil décline. Derrière moi ses derniers rayons illuminent les marbres roses du Coronat. Je rentre dans Jujols. La cloche de l'église sonne huit coups, il est 20 heures tapantes. Voilà plus de onze heures que je suis sur les chemins. Aujourd'hui, j'en ai profité un " max " !

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Sur cette interminable piste descendant vers Jujols, heureusement les panoramas sont toujours aussi beaux.

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 Je rentre dans Jujols. La cloche de l'église sonne huit coups, il est 20 heures

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 Je coupe une première combe et suis ravi de découvrir le nom de " Jujols " sur un petit panneau de bois. Vu d'ici, je comprends que le village mérite bien son nom de "fenêtre sur le Canigou".

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 6eme jour   Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.oDes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 6eme jour   Llugols (730 m) - Jujols (940 m) 18 kms.

Cette fois pas de doute, me voilà dans la dernière ligne droite sur une sente qui s'élève et qui a donc décidé de me faire souffrir une dernière fois. Puis, c'est quelques panneaux invitant à des balades et enfin les premières maisons.

Avant de reprendre la voiture, j'ai envie de revoir une dernière fois la terrasse de l'auberge, j'ai envie de m'y poser un peu avec en face de moi ce majestueux Canigou, d'y prendre une bière bien fraîche, de respirer une dernière fois cette montagne, de repenser à ce périple, de reconsidérer mes découvertes, de revivre l'âme, le souffle de ces belles choses qui m'ont émues. Il faut dire que j'en ai vu des merveilles ! Mais je suis un rêveur, un contemplatif et comme dit Dany : " Nous sommes bon public et peut-être s'émeut-on de peu de choses ! ". L'auberge est fermée ! Dommage, pas de bière fraîche ce soir ! Je m'en vais voir si les chevaux qui gambadaient dans les nuages lors de mon départ sont encore là. Oui ils sont bien là, mais tout comme moi, ils ont fini de gambader. Ils sont plus calmes, tout comme le ciel d'ailleurs, sans nuages ce soir. Je m'installe sur une murette, le Canigou est bien là lui aussi ! Il est vraiment incontournable ! Je me mets à rêvasser. Dans ma tête tout s'accélère, je recommence le parcours, en quelques minutes je réitères mes six jours de marche, je revois les plus belles " merveilles ", celles qui m'ont vraiment marqué, mes étapes, les gens sympathiques rencontrés puis j'arrive et me retrouve assis sur ce muret de lauzes. Cette fois, c'est bien fini ! Mais j'ai une impression d'inachevé. Que me manque-t-il ? Je réfléchis à nouveau. Oui c'est évident, la première chose c'est d'avoir fait le tour d'un mont et ne pas le connaître pour autant : " l'ascension du Mont Coronat ! (1) ". La deuxième, " bon dieu, mais c'est bien sûr ! ", comme disait le commissaire Bourrel dans la célèbre série télévisée " les Cinq Dernières Minutes " : " C'est voir Alysse ! " Voilà ce qui manque à mon périple : " Voir Alysse au pays des merveilles ! ". Mais ça, Monsieur Lewis Carroll, c'est une autre histoire ne croyez-vous pas ?

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 Les beaux chevaux de Jujols

(1) Le 14 octobre 2007, le jour de la Saint-Juste, grand beau temps, je décide justement l'ascension du Mont Coronat par une sente qui part du Col du Portus et suit la longue crête nord-ouest. 436 mètres de dénivelé, pour une grimpette qui me permet de revoir la quasi-totalité de mon périple. Les falaises où pousse Alysse sont à mes pieds maintenant. Pas de photos aujourd'hui, les piles de mon appareil m'ont lâché dès le démarrage. Puis, j'arrive au sommet à 2.172 mètres. Mais ici, je n'ai aucune vision. Et comme le disait si bien Antoine Glory, le sommet ne présente pas un grand intérêt. Ah oui, il y a un ! Un randonneur a perdu une belle boussole. Moi, justement je n'ai pas perdu la mienne ! Je la ramasse. Un souvenir de plus ! Je ne suis pas venu pour rien ! A part ça, je pense être seul, mais soudain trois chiens de chasse viennent me faire des " fêtes ". Ils semblent perdus mais néanmoins ils repartent comme s'ils cherchaient quelque chose. Je me retrouve à nouveau seul, sur ce petit mamelon, au sein d'une forêt de pins à crochets près d'un panneau " Réserve Naturelle de Jujols " et d'un trépied qui signale le sommet. J'ai juste le plaisir d'avoir boucler la boucle. C'est juste cela. Finis coronat opus. La fin couronne l'œuvre.

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 5eme jour Refuge de Callau (1.540 m) - Llugols (730 m) 21 kms.

Publié le par gibirando

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 5eme jour   Refuge de Callau (1.540 m) - Llugols (730 m) 21 kms.

Vendredi 17 août 2007 5eme jour.

 Refuge de Callau (1.540 m) - Llugols (730 m) 21 kms.

( La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus- Certains liens anciens vers des sites Internet ayant disparu peuvent ne plus fonctionner.)

J'ai lu tous les livres, mais un seul demeure : le monde, ce volume merveilleux, ouvert toujours devant mes yeux. Kathleen Raine (poétesse anglaise 1908-2003)

Vendredi 17 Août 2007. Je ne sais pas l'heure qu'il est, mais il est très tôt car le jour n'est pas encore levé et mes camarades du groupe " Natura " mettent le dortoir en ébullition. Je les entends se lever, puis ils descendent à tour de rôle se doucher, ils bavardent entre eux, s'habillent et rangent leurs affaires. Mes yeux éprouvent un mal fou à rester ouverts, mais le tapage est tel que je me fais une raison : " la grasse matinée ce n'est pas pour aujourd'hui ! " En plus, j'ai très mal et très peu dormi car ma nuit a été troublée par les ronflements continuels et " monstrueux " de mes acolytes. Il y a très longtemps que je n'avais pas entendu des bruitages buccaux aussi puissants et disparates. Heureusement, ma sieste de l'après-midi avait été profitable et je n'avais plus vraiment sommeil car en général la difficulté à m'endormir me rend plutôt exécrable. En manque de boules " Quiés ", j'avais fini par prendre les " choses " du bon côté et l'aspect comique de la situation avait pris le pas sur ma contrariété et mon énervement. Trop près du poêle certainement, j'avais eu trop chaud dans mon sac de couchage et la qualité de mon sommeil en avait également pâti. Je peste d'ailleurs à cause de ce sac que l'on m'a conseillé de prendre et que je vais trimballer encore deux jours pour rien alors que les couchages du refuge sont parfaitement agencés avec des draps et des couvertures.

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 Je quitte le refuge de Caillau sous un ciel bas, brumeux et gris.

Mes compagnons de chambrée se mettent en route. Par la fenêtre, je leur souhaite une bonne journée qui malheureusement ne démarre pas sous les meilleurs hospices mais sous une pluie dense et soutenue. Ils partent tôt car ils doivent rejoindre Fillols, distant, je pense, d'une bonne trentaine de kilomètres. Les hollandais, eux, semblent dormir car leur dortoir est parfaitement silencieux. Je profite de cette accalmie retrouvée pour descendre déjeuner dans l'agréable salle à manger où une énorme bûche brûle dans la cheminée. Nous sommes deux à profiter de ce paisible et chaud potron-minet : un éleveur et moi. Habitué de longue date des lieux, mon interlocuteur me parle du pays, du village de Mosset dont dépend le refuge, du Massif du Madres qu'il semble connaître comme sa poche, du refuge qu'il a connu à l'époque de l'exploitation du talc. Je lui pose des questions sur ce lieu, sur le talc, sur la carrière dont il dit qu'elle est quasiment invisible car la végétation aurait repris ses droits. Il se lève, prend sur une étagère un fragment de minerai gris-blanc qu'il se met à gratter avec la pointe d'un couteau. Une poudre blanchâtre tombe sur la table : un talc doux et onctueux au toucher. A cet instant, une seule évocation me vient à l'esprit : celles de mes enfants quant ils étaient bébés et de leurs petites fesses roses qu'on saupoudrait de talc pour ôter leurs irritations !

Je salue cet ami d'un instant, de surcroît " provençal " comme moi, paye ma note à Armelle, pars sous la douche et remonte préparer mon paquetage. Il est 8h30, confiné sous mon poncho, je quitte le refuge dans un brouillard humide et frais. La vraie pluie a cessé mais le ciel est toujours aussi gris et bas. Je laisse sur ma gauche la piste par laquelle je suis arrivé hier et en monte une autre qui domine la Jasse de Callau. Je la connais bien pour l'avoir emprunté plusieurs fois car elle mène au sommet du Madres par la Cabane de La Balmette.

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 La Jasse de Caillau, le matin du 5eme jour et la piste vers Canrec

Il n'y a pas dix minutes que j'ai démarré qu'un isard décampe devant moi sur le chemin. Coïncidence, il traverse le chemin et emprunte une sente à un endroit où un raccourci est signalé par un gros cairn. Il s'arrête dans le bois et semble m'observer pour voir quelle attitude j'adopte. Je quitte moi aussi la piste et m'enfonce par ce raccourci dans la forêt pour tenter de le suivre. Il déguerpit définitivement et ne le revois plus ! Mais ce raccourci, en est-il vraiment un ? Voilà maintenant plus de vingt minutes que j'erre dans la forêt sans pour autant avoir recoupé la piste. Je consulte mon GPS qui évidemment me positionne hors tracé et entre deux positions puisque j'ai quitté l'itinéraire prévu. Trente minutes après l'avoir quitté et après maints zigzags au milieu d'un troupeau de vaches, je retrouve la piste. Seul inconvénient mais il est de taille, puisque j'ai pris cet itinéraire essentiellement pour ça : j'ai loupé la carrière de talc ! Deux solutions s'offrent à moi : soit je fais demi-tour sur la piste et j'allonge d'un kilomètre ou deux, cette étape déjà longue de 21 kilomètres, soit je garde la carrière de talc pour une future sortie ! Une fois de plus et en raison du mauvais temps, j'opte pour cette deuxième solution et je remets à plus tard cette découverte de l'ancienne carrière de Callau.

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Malgré un temps maussade, le bonheur de marcher est présent. Le chemin circule dans la belle forêt de Canrec. Le poncho imperméable est de rigueur.

La piste vers Canrec s'élève quelques instants puis elle s'aplanie en se faufilant dans une longue et adorable haie de petits sapins. Une fois de plus, j'ai beaucoup de chance car il ne pleut toujours pas. En sus, une petite tramontane se lève et commence à déloger les gros nuages noirs installés sur le Madres. De petits coins de ciel bleu apparaissent me laissant augurer une belle journée. Sur ma droite, l'épaisse forêt de la Rouquette, sur ma gauche et derrière moi, j'entrevois, à travers le brouillard, des près ou bien des collines que je n'arrive pas à identifier. Peut-être la Jasse de Callau ou bien le Col de Jau. Puis, inondant le chemin, je coupe le ruisseau Canrec qui descend farouchement dans un ravin en direction de la piste forestière empruntée hier. Mon GPS m'indique une altitude de 1.720 mètres, mais toujours au milieu des sapins et de quelques bouleaux blancs, la piste amorce une descente en pente douce. Soulevées par le vent, les brumes qui montent maintenant de la vallée de la Castellane ressemblent aux fumerolles d'un immense incendie. Peu avant de retrouver le Col de Tour, comme des ombres fantomatiques sortant des ténèbres, deux " téméraires " vététistes sortent de ce voile opalin. Il est 10h15, je rallie le col de Tour.

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 La tramontane commence à déloger les gros nuages installés sur le Madres.

J'en traverse l'esplanade et me dirige vers une croix de fer. Là à proximité de cette croix, je m'assieds sur un banc et à une petite table toute disloquée formée de rondins de bois. Je dévore les restes du pique-nique d'hier accompagné de tranches de pain de mie et d'une boite de pâté que j'avais cru bon d'emporter depuis mon départ. Après deux jours et demi de marche, il me reste tant de choses à manger, que j'ai décidé, ce matin au refuge de Callau, de faire l'économie d'un nouveau panier repas. J'ai pris la sage décision de m'alléger en finissant les restes. Après une pause de vingt minutes, je récupère la piste qui entre dans le Domaine privé de Cobazet. Sur quelques centaines de mètres, l'agréable chemin file sur une large corniche où je domine distinctement la vallée de la Castellane. Malgré les nuages encore très présents, j'arrive à distinguer la D.14, le Col de Jau, les versants du Dourmidou et quelques sentiers que j'ai eu l'occasion de pratiquer à pieds ou en raquettes. Derrière moi, quand le ciel bleu se manifeste, je distingue les verdoyants contreforts boisés du Massif des Madres où j'ai cheminé ce matin.

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 Au col de Tour, je traverse l'esplanade et me dirige vers une croix en fer. Là à proximité de cette croix, je m'assieds sur un banc et à une petite table toute disloquée formée de rondins de bois pour y prendre un en-cas. J'apprendrais bien plus tard que cette stèle surmontée d'un calvaire a été édifiée en hommage à des gardes-chasses assassinés en 1806.

Devant moi, sous un ciel encore très plombé, j'aperçois les collines qui dominent Mosset. Malgré ce temps " horrible ", la vision panoramique est impressionnante car par-dessus le arbres, j'arrive à discerner les Albères distantes de plus de cinquante kilomètres ! Après cette corniche, j'entre dans une zone " interdite " et signalée comme " dangereuse " car occupée par une scierie. Je passe outre toutes ces recommandations et interdictions car je n'ai pas le choix, le Tour du Coronat passe exclusivement par là !

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 Photos sous un ciel incertain après mon départ du refuge de Callau

J'atteins très rapidement la scierie. Je ne la vois pas mais j'entends une grosse machine qui travaille dans la forêt. Par contre, je vois bien les couloirs largement défrichés comme des plaies béantes que cette " broyeuse " a occasionnée dans cette magnifique forêt. L'industrie du bois est certainement indispensable mais ces atteintes faites aux forêts me laissent toujours l'impression qu'elles sont réalisées sans discernement. J'ai le sentiment que les grands arbres comme les plus petits sont arrachés à la terre sans distinction ! Mais je me trompe sans doute ?

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 A Cobazet, la scierie, des vestiges de l'exploitation du talc, la ferme, ancienne métairie.

Je rencontre des ruines, vestiges d'un temps révolu où l'on transportait le minerai de talc par téléphériques. De là, je surplombe un grand pré et la ferme de Cobazet. Quelques minutes plus tard, je passe devant ce grand bâtiment isolé comme sorti de nulle part mais en parfait état de conservation.

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Depuis le chemin où le bois est exploité, vue sur la métairie de Cobazet.

Hormis quelques vaches et des ruches laissant à penser que la ferme est encore habitée et exploitée, il n'y a pas âme qui vive. 11h30, je m'arrête le temps de grignoter une barre de céréales, puis je quitte le pré par une piste qui file à travers une interminable forêt. Des pins sylvestres tout d'abord puis des feuillus de toutes sortes où la hêtraie supplante néanmoins les autres essences. De cette longue promenade en forêt, arrêts compris, je vais en ressortir les yeux émerveillés deux heures et demi plus tard. Emerveillé, je le suis tout d'abord par cette flore luxuriante tout au long du chemin mais aussi par les paysages environnants et les splendides vues plongeantes sur le village de Mosset et la vallée de la Castellane. Emerveillé, je le suis encore quand je surprends un jeune chevreuil remontant un talus. Je le vois avant qu'il ne me voit et il semble tellement surpris qu'il reste comme pétrifié et ne s'éloigne pas. Quant il réagit, j'ai eu le temps de préparer mon appareil photo. Il se contente de me contourner et me laisse le plaisir de le fixer sur un cliché. Puis dix minutes après cette " petite merveille ", que dire de cette sublime et singulière rencontre avec un grand cerf qui dort dans un bosquet à deux mètres de moi. Cette histoire rocambolesque mérite d'être conter en détails: " Le beau temps est revenu, même si quelques nuages blancs résiduels cavalent vers le sud poussés par une douce tramontane. Il est midi passé et je m'installe pour déjeuner au lieu-dit La Soulane sur la carte. Je sort les victuailles de mon sac et m'installe confortablement avec une vue grandiose sur les prémices de la plaine du Roussillon. Je dévore un sandwich puis un deuxième. Voilà déjà plus de dix minutes que je suis installé. Dans mon gosier, même avec du pâté, le pain de mie a du mal à passer. Je sors la gourde d'eau de mon sac, dévisse le bouchon et cogne malencontreusement le bouchon sur la paroi métallique de la gourde. Ce n'est qu'au son de ce tintement métallique du bouchon sur ma gourde qu'à deux mètres de moi, un cerf colossal se lève brusquement dans un froissement de feuilles et un craquement de branches qui me font tressaillir. J'ai juste le temps d'apercevoir son arrière-train et ses immenses bois avant qu'il ne détale en contrebas dans la forêt contiguë ". M'avait-il déjà entendu feignant cette léthargie, rassuré que je ne l'ai pas vu et certain de ne pas être découvert ? Ou dormait-il si profondément et a-t-il vraiment été réveillé par cette petite tonalité métallique pouvant lui rappeler l'horrible bruit d'une culasse dans un barillet ? Je ne le saurai jamais ! Mais ces brèves rencontres avec trois cervidés différents dans une même journée resteront pour moi parmi les moments les plus " inoubliables" de ce circuit autour du Coronat.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 5eme jour   Refuge de Callau (1.540 m) - Llugols (730 m) 21 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 5eme jour   Refuge de Callau (1.540 m) - Llugols (730 m) 21 kms. 

 Ce 5eme jour, j'ai la chance d'apercevoir de nombreux animaux : un isard, " une merveille " de chevreuil (photo), un grand cerf, un beau lièvre (photo) !

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Photos prises sur le chemin avec des panoramas sur la vallée de la Castellane, le Canigou, la plaine du Roussillon et les ruines d'un cortal au lieu-dit La Soulane.

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 A l'endroit même où un grand cerf se lève à deux mètres de moi à l'instant où je piquenique. 

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 Après 15 kilomètres dans la forêt et les sous-bois, je quitte définitivement le Domaine de Cobazet et quelques unes de ses merveilles !

Après cette pause déjeuner " à surprise ", je musarde en visitant de nouvelles et grandes ruines à l'écart du chemin puis je reprends ma route, aperçois un lièvre au milieu du chemin. Les oreilles dressées, il me regarde avancer sans broncher, puis, comme s'il avait vu le diable, il saute dans un fourré. Je cours et je le vois détaler. Je sors mon " numérique " et je le vois descendre dans la forêt. Je tente de le cadrer. Ouf ! Je crois qu'il est dans la boite !

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Devant les ruines de la gare d'Estardé, vestige de l'exploitation du talc

Il est presque 14 heures, je quitte définitivement la forêt et le Domaine de Cobazet. Je suis arrivé au Serrat (*) d'Estardé devant la ruine d'une insolite gare. J'ai du mal à imaginer que le minerai de talc était acheminé jusqu'ici depuis la carrière de Callau et sur une quinzaine de kilomètres à travers des collines, des forêts et des cols ! Là, devant moi, une fois de plus un grand spectacle apparaît : une large vision panoramique où je découvre dans leur intégralité, la plaine du Roussillon et la vallée de la Têt, la cité de Prades, le barrage et la grande retenue " bleu " de Vinça, et une multitude de petits hameaux aux façades blanches et aux toits rouges. Au loin, la mer et les Albères. Sur ma droite, le massif du Canigou et celui du Coronat plus proche.

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 Je quitte le Domaine de Cobazet, arrive au Pla de Balençou et la plaine du Roussillon se dévoile à 180°

A mes pieds, et contrastant étonnamment avec les riches forêts et les sombres sous-bois empruntés jusqu'ici, je vais maintenant descendre dans le " sinistre et broussailleux " Pla de Balençou. Sur ce plateau, hormis quelques petites zones de reboisement, des arbres il n'y en a pas. Seulement quelques arbustes et des buissons épineux. Je descends tout d'abord entre une embaumante haie de cistes, puis c'est des genêts très ras, des rosiers sauvages, des bosquets épineux de toutes sortes. Parfois, je croise un petit pin chétif et tordu par les vents : un petit pignon sans doute qui a trouvé un terrain propice à un frêle et fragile épanouissement ! Je continue à descendre " tout schuss " en essayant de garder à l'esprit que le hameau de Llugols est sur la droite de cet immense mamelon. D'ailleurs, deux jeunes gens arrivant sur un gros quad pétaradant me confirme que je dois quitter la piste et partir sur la droite au prochain carrefour. Je m'exécute et part sur la droite en direction d'un corral que j'aperçois de très loin. Je me retrouve sur une sente broussailleuse puis au fond d'un petit défilé asséché. Je le remonte, arrive à l'enclos et à l'aide de mon GPS constate que je me suis complètement fourvoyé.

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 Au Pla de Balençou, deux jeunes gens foncent sur le quad. Depuis les vététistes espagnols rencontrés près du lac de Nohèdes, c'est les seconds êtres vivants (or mis ceux aux arrivées) que je croise lors de ma marche, c'est dire si la solitude rythme constamment mes pas. 

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 5eme jour   Refuge de Callau (1.540 m) - Llugols (730 m) 21 kms.oDes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 5eme jour   Refuge de Callau (1.540 m) - Llugols (730 m) 21 kms.oDes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 5eme jour   Refuge de Callau (1.540 m) - Llugols (730 m) 21 kms.

 Depuis le Pla de Balençou, quelques vues sur la plaine du Roussillon et le Mont Coronat.

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 Le Pla de Balençou est un plateau aride avec quelques zones de reboisement et un pastoralisme passé et présent.

De ce monticule que forme le corral, j'aperçois sur ma droite une chapelle isolée. Je sors ma carte et constate que le bon chemin n'est pas très loin car il s'agit de la Chapelle Sainte-Marguerite, pas très éloignée à vol d'oiseau de Llugols mais séparée par un profond ravin. Je retrouve la bonne piste, en l'absence de balisage la reperd malgré mon GPS, puis la récupère au gré des chemins et des pistes qui partent en tous sens, j'arrive par erreur au lieu-dit Montsec, demande ma route. Il est 16 heures, d'un belvédère, je surplombe enfin Llugols, terme de mon étape. Dix minutes plus tard je me présente à la première personne que je rencontre, un monsieur qui bricole un morceau de bois devant sa maison :

- Bonjour, je cherche le gîte de Monsieur Naulin ?

- Vous y êtes, je suis Dominique Naulin.

- Monsieur Jullien, j'ai réservé une demi-pension pour ce soir.

- Entrez et installez-vous, je vous sers à boire ?

- Oui, une bière bien fraîche si vous avez !

- Une 25, 33 ou 50 centilitres ?

- J'ai chaud, je crois que la 50 se laissera boire !

Voilà, avec la simplicité et la gentillesse qui semble le caractériser, Monsieur Naulin m'a immédiatement mis à l'aise et tout en bavardant, je déguste ma bière. Dans ce gîte, je m'y suis senti immédiatement bien comme si ce merveilleux "capharnaüm" m'envoyait des ondes positives. Ici le moindre objet évoque un voyage, une destination, un horizon lointain. Je regarde un meuble et il m'évoque l'Espagne, un tissu et je pars en Afrique ou en Provence, une statuette et je suis en Asie ou en Inde. Et que dire de ce " prodigieux " comptoir comme la proue d'un navire, il est à lui tout seul une invitation aux voyages.

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 J'arrive à Llugols puis au gîte de Monsieur Naulin, un homme très accueillant. Son épouse ne l'est pas moins.

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 Vue depuis la terrasse du gîte, le Canigou a la tête dans les nuages !

Je laisse Monsieur Naulin vaquer à son travail d'ébéniste et pars me reposer. Dans cette chambre, j'ai le même sentiment de bien-être car elle a été pensée avec les mêmes goûts et la même originalité que le reste de la maison, loin des normes habituelles en matière de décoration et d'agencements. Je sais pourquoi j'y suis bien ! C'est parce que cette maison m'éloigne de mon quotidien stéréotypé ! En venant sur le Tour du Coronat, c'est bien cette fracture avec une certaine routine que je suis venu chercher ! Solitaire, je la découvre tous les jours sur les chemins mais je l'ai trouvé aussi aux Ocells à Jujols, au Presbytère à Nohèdes, au refuge de Callau et maintenant ici à Llugols. Ici, à Llugols je suis particulièrement sensible à cette quiétude que je vis dans l'instant. Ici tout paraît plus simple, plus humble, mais de cette humilité transparaît une grande sérénité. Ces grands espaces qui rayonnent dés que l'on sort du gîte, ces vergers qui descendent en pente douce, ces jardins potagers très ordonnés que les sangliers s'obstinent à défoncer, cette magnifique chapelle romane Saint-Christophe superbement restaurée, des chats trop heureux de se prélasser sur la terrasse ensoleillée, Bonnie, ce chien facétieux qui s'évertue à me suivre dès que je fais un pas, et puis que dire de Monsieur et Madame Naulin, mes charmants hôteliers qui m'installent comme un prince face au Canigou puis assis sur leur perron me regardent manger. Non ici à Llugols, je n'ai pas la vie d'un prince mais plutôt celle d'un roi. J'ai envie de leur dire : "venez vous asseoir à ma table, je ne veux pas être servi comme un roi, je suis un humble chemineau !" Je prends conscience des " choses simples " de la vie. Elles consolident l'idée que je me fais du bonheur.

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  Mon après-midi à Llugols, beaucoup de belles choses à découvrir et à photographier. J'éprouve un sentiment non connu jusqu'à ce jour, me disant au fond de moi : "un jour, toutes ces photos te feront un bien immense quand tu les regarderas !"

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 Ici, à Llugols je suis particulièrement sensible à cette quiétude que je vis dans l'instant. Ici tout paraît plus simple, plus humble, mais de cette humilité transparaît une grande sérénité.

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 Quelques photos de ma soirée à Llugols. Un aperçu de ma chambre.

Oui ici, à Llugols, je suis à la fois heureux et nostalgique. Nostalgique de mon passé quand je croise ces enfants qui descendent à tout berzingue sur des jouets à roulettes la seule piste du hameau. Enfant, dans le quartier de la Vieille-Chapelle à Marseille, je descendais de la même manière le Boulevard des Neiges sur ma carriole faite d'une planche et de quatre roulements à billes. Nostalgique du présent car demain le Tour du Coronat touche à sa fin et en terminant ce parcours, j'ai le sentiment de perdre quelque chose. D'ailleurs, je fais mien ce proverbe qui dit " ne cherche pas le chemin du bonheur car le bonheur c'est le chemin ! ".

Le soir tombe sur le Coronat, un superbe soleil couchant disparaît peu à peu derrière son point culminant. Je ne m'en lasse pas. Je suis perché sur ce rocher dominant la chapelle Saint-Christophe et j'observe une étrange croix néolithique gravée dans la pierre depuis des milliers d'années. A cet instant, je réalise davantage pourquoi les hommes viennent à Llugols depuis des temps immémoriaux. Je comprends mieux pourquoi de nombreux ermites venaient y vivre en autarcie, loin du reste du monde. Ici ils trouvaient le bonheur et la béatitude mais pas que. Je n'ai plus aucun doute. Comme je le fais moi-même, tous ces hommes venaient chercher des merveilles. Il leur suffisait d'ouvrir les yeux et de regarder. Ces merveilles, c'étaient celles du pays d'Alysse !

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 J'observe cette étrange croix néolithique gravée dans la pierre depuis des milliers d'années. A cet instant, je réalise davantage pourquoi les hommes viennent à Llugols depuis des temps ancestraux, je comprends mieux pourquoi de nombreux ermites venaient y vivre en autarcie, loin du reste du monde. Ici ils trouvaient le bonheur et la béatitude mais pas que.

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 4eme jour Nohèdes (995 m) - Refuge de Callau (1.540 m) 15 kms.

Publié le par gibirando

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 4eme jour Nohèdes (995 m) - Refuge de Callau (1.540 m) 15 kms.

Jeudi 16 août 2007 4eme jour.

Nohèdes (995 m) - Refuge de Callau (1.540 m) 15 kms.

( La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus- Certains liens anciens vers des sites Internet ayant disparu peuvent ne plus fonctionner.)

Celui que Dieu veut combler de ses grâces, il l'envoie dans le vaste monde pour lui faire voir ses merveilles- Josef Von Eichendorff (poète et romancier allemand -1788-1857)

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La ruelle du Presbytère et le Coronat le matin de mon départ.

Jeudi 16 Août, 8 heures. Je suis seul à déjeuner sur la grande table carrée de la salle à manger du Presbytère. Régis est " aux petits oignons " avec moi et s'inquiète de savoir si je ne manque de rien. Mais comment pourrai-je manquer de quelque chose alors que la table est littéralement inondée de mets de toutes sortes. Café, lait, eau chaude, thés, pain maison, grillé ou non, biscuits et gâteaux divers, miel, confitures. J'arrête là cet inventaire car je vais en oublier à coup sûr. Le p'tit déj' terminé, je remercie Régis pour la qualité de son accueil et lui promet de revenir sans faute avec Dany. Rassasié, je démarre cette deuxième journée sur le Tour du Coronat. Aujourd'hui, le ciel est très bas et je pars avec l'épouvantable pressentiment qu'il va pleuvoir toute la journée. En tout cas, et si heureusement il ne pleut pas encore, c'est bien ce qu'annonce Météo France !

En sortant, je me retrouve dans une ruelle sombre aux façades tristes alors qu'hier ces mêmes murs ambrés resplendissaient sous le soleil. Je suis arrivé dans un village lumineux et je quitte par la D.26 un village austère dans un paysage escamoté par les nuages. Les verdoyantes montagnes du Coronat ont disparu et seules quelques roses trémières donnent une touche de couleur à ce terne tableau. J'en suis même à regretter que les lignes électriques n'aient pas été enfouies car soudain je prends conscience combien ces poteaux et ces câbles qui grimpent au dessus du village peuvent enlaidir ce site.

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 Vers le Col de Marsac, beau panorama sous un ciel plutôt morose

Bon, il ne pleut pas et j'avoue que je me réjouis largement de ça ! Je me dis que si malgré tous ces nuages, le temps pouvait rester ainsi, cela serait déjà très bien ! D'autant qu'en montant, les panoramas vers la plaine du Roussillon se dévoilent sous un ciel toujours gris mais bien plus haut. Force est de constater que la vue porte très loin et que seuls, derrière moi pour l'instant, les Massifs du Coronat et du Madres ont un couvercle nuageux très bas. Mais toutes ces réflexions " météorologiques " qui animent mon esprit ce matin ne servent pas à grand-chose. La pluie est annoncée et je sais pertinemment qu'avec l'angle droit que forme le chemin au Col de Marsac, je vais partir plein nord en direction du Madres. Le pire est donc envisageable ! Pour l'instant, la sente s'élève doucement sur des balcons dallés de lauzes. Je profite de cette clémence du temps pour quitter le chemin et visiter quelques orris (*), vestiges d'un pastoralisme quasiment disparu. Aujourd'hui, envahis par la végétation et les broussailles, je me dis que ces petits abris de pierres ont du à maintes reprises protéger des intempéries ces bergers et ces bergères dont la seule raison de vivre était la montagne. Et si je prends plaisir à les découvrir et à les visiter, j'espère au fond de moi que je n'aurai pas à m'en servir !

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Départ de Nohèdes, panoramas depuis le chemin menant au col de Marsac et orri.

9h 30, j'atteins le Col de Marsac. De ce promontoire, je domine la jonction des vallées de Nohèdes et d'Urbanya. D'ailleurs en sautant une barrière, je remarque un petit panneau qui m'annonce le hameau du même nom. Je m'étais juré d'y aller mais en raison du temps maussade et très incertain, j'hésite à faire les cinq à six kilomètres indispensables pour un aller-retour. Sans trop d'espoir d'un temps plus clément, je reporte ma décision à plus tard car de toutes manières, je sais que d'autres pistes pourront m'y amener. Comme prévu, le chemin de dirige plein nord. Je longe une clôture qui monte vers le Pic Lloset mais je la quitte très vite sur la droite quand je retrouve la large piste d'exploitation forestière. Du chemin, j'aperçois simultanément Urbanya blotti au fond du thalweg et deux gros sangliers qui descendent en direction du village. Je les vois détaler sur un talus aride, ils foncent au milieu de petites bruyères, traversent un maquis des genêts puis ils s'enfouissent dans les hautes fougères, en ressortent et entrent dans un petit bois où ils disparaissent enfin de mon champ de vision. La piste est très agréable car elle alterne des forêts de feuillus ou hêtres, frênes, bouleaux et chênes sont très présents, des sous-bois de pins et de fougères, des ronciers où je peux grappiller quelques mûres, des corniches arides, des landes de genêts, des près fleuris, des panoramas sur la soulane et les terrasses d'Urbanya ou sur l'épaisse forêt domaniale, la découverte de nouveaux orris ou de bergeries plus entretenues.

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Le chemin du Col de Marsac en direction du Col de Tour

Il est midi passé. Le temps a filé très vite et je ne me suis pas rendu compte que cette piste avait été un véritable chemin de ronde autour du vallon d'Urbanya. Le hameau, je l'aperçois maintenant, microscopique au fond de la ravine. De ce belvédère naturel où je me trouve maintenant, j'observe tout le chemin parcouru depuis le Col de Marsac, je domine toute la vallée et la vue porte très loin jusqu'au Massif du Canigou. Sur ma droite, le vent consent de temps à autre une ouverture sur les falaises dénudées du Massif du Coronat. La chape nuageuse a laissé place à une brume plus fluide qui file vers le sud poussée par ce petit vent du Nord. Je me dis qu'il est temps de déjeuner car même s'il ne pleut pas et si je n'ai pas très faim, je sens dans mon dos, les vapeurs humides d'un brouillard qui descend du Massif des Madres. J'en profite pour appeler Dany et donner de mes nouvelles car le mobile passe bien ! Sur ma carte, j'analyse le chemin parcouru et celui à faire. Je suis agréablement surpris et je me dis que mon arrivée au refuge de Callau va être très " prématurée ". Si ce n'était pas ce temps trop incertain, je traînerai encore plus qu'hier !

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 J'aperçois simultanément Urbanya et des sangliers qui dévalent le talus. Ici la forêt est superbe.

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L'agréable chemin en direction du col de Tour.

Je trouve un espace herbeux et m'installe pour déjeuner. Hormis une grosse et active fourmilière enchevêtrée dans un tronc vermoulu, ce temps morose semble avoir fait fuir tout le règne animal. Pas la moindre bestiole, pas un oiseau, pas un insecte qui volette, pas un seul bourdonnement. Seul le bruissement de ce petit souffle qui descend du Madres et fait frémir la végétation ambiante. Venant dans mon dos par vagues successives, une bruine froide m'enveloppe de temps à autre. J'enfile ma polaire pour la première fois. Plus épaisse par moment, cette brume obstrue ma vision quelques secondes, descend dans le vallon puis disparaît me laissant à nouveau le spectacle de ce somptueux mais grisâtre panorama.

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Une jolie réserve d'eau au sein de la forêt domaniale

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Du col de Marsac au col de Tour, un véritable chemin de ronde autour du vallon d'Urbanya.

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  Avant, après et au col de Tour, le bois est omniprésent !

Cette fraîcheur ambiante m'oblige à repartir plus vite que je l'aurais aimé. Dix minutes plus tard, j'arrive à la croisée de multiples chemins au col de Tour. Je suis à 1.530 mètres d'altitude et j'ai accompli pour aujourdh'ui l'essentiel du dénivelé ! Une fois de plus, je regarde ma carte car il y a plusieurs solutions et mon GPS n'est pour l'instant pas suffisamment précis. Je trouve la bonne direction à gauche mais seul inconvénient, je ne trouve pas le canal que le chemin devrait suivre comme l'indique Glory dans le topo-guide. Bon ! Je me dis qu'il est peut-être enterré comme celui de Jujols et après maintes hésitations, je m'engage dans ce long mais agréable sous-bois qui mène au refuge de Callau.

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Après le Col de Tour, en direction du refuge de Callau j'aperçois le sommet du pic Dourmidou

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Sur le chemin du col de Tour à Callau, des éboulis et le torrent Canrec.

Moi, je suis très en avance sur mes prévisions, mais la météo, elle, s'est trompée dans les siennes ! Il ne pleut toujours pas et je lambine sur cette bonne et agréable piste d'exploitation forestière. Sur ma droite, j'aperçois de temps à autres quelques sommets à travers les feuillages. Souvent voilés par les nuages, je crois néanmoins reconnaître les pics Roussillou et Dourmidou. J'enjambe le joli torrent Canrec. Il est 14 heures quand j'arrive enfin en " terre connue " à la Jasse de Callau. Le refuge n'est plus très loin, mais je m'arrête quelques minutes car mon attention est attirée par des " maquignons " qui s'occupent de leur bétail. Mais les chevaux et les bovins, eux semblent bien intrigués de ma présence et ils viennent à ma rencontre avec empressement. Avec bienveillance ? Je ne sais pas ? Aussi, je me hâte pour sortir de leur enclos en sautant avec sang-froid la barrière qui enfin me sépare d'eux. Ouf ! Je crois que je l'ai échappé belle car leurs sabots et leurs cornes n'étaient pas très loin. Les éleveurs, eux semblent ravis de me voir détaler ! Dix minutes plus tard, moi je suis ravi d'apercevoir les tôles rouillées de la toiture du refuge de Callau.

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 4eme jour Nohèdes (995 m) - Refuge de Callau (1.540 m) 15 kms.

Quelques photos avant mon arrivée au refuge : Près du torrent Canrec et animaux à la Jasse de Callau.

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 Quelques images prises au refuge de Callau : un décor reposant, le dortoir, un âne gentil et très câlin, la rivière Castellane, des randonneurs hollandais.

Le refuge de Callau est un imposant bâtiment qui a servi très longtemps de gare d'exploitation et d'habitation pour les ouvriers qui travaillaient à la carrière de talc toute proche, carrière dont j'ai prévu la visite pour demain. Après l'arrêt de l'exploitation de la carrière, cette bâtisse a été restaurée et transformée en refuge de montagne à partir de 1984. Aujourd'hui, elle permet d'accueillir une vingtaine de personnes. Je suis cordialement accueilli par la prévenante Armelle Kervedo. Elle me guide dans le refuge et me recommande de choisir rapidement mon couchage car je suis le premier arrivant. Après une brève visite aux alentours du refuge, je m'installe sur un lit de camp à la fois près d'une fenêtre et d'un gros tuyau de zinc qui monte tout droit de la grande cheminée de la salle à manger. C'est dans cette atmosphère chaude et calfeutrée qu'après un peu de lecture, je sombre dans une sieste " hautement " bienfaitrice. Je n'en ressors que trois heures plus tard agacé par des cris d'enfants qui viennent de l'extérieur. Il s'agit d'un groupe de neuf hollandais, parents et enfants qui randonnent avec des ânes et s'installent bruyamment dans le dortoir d'à côté. Le silence revient. Je suis toujours seul dans mon dortoir et je reprends ma lecture où je l'avais laissée. Pas pour très longtemps car quelques minutes plus tard, les grands escaliers de bois craquent sous le poids " effrayant " des godillots de neuf autres randonneurs. Ils envahissent le dortoir, s'installent " à qui mieux mieux ". Cette fois, le calme dans lequel j'ai baigné une grande partie de l'après-midi est définitivement clos mais je ne m'en plains pas car cette ambiance contraste avec ma randonnée solitaire et, pourquoi ne pas le dire quelque peu sauvageonne. Aussi, quant à l'apéritif, puis au repas, l'adorable fille d'Armelle me propose de m'adjoindre aux neuf autres randonneurs du groupe " Natura ", je ne me fais pas prier et vraiment je ne le regrette pas ! Une fois de plus, ces rencontres, autour d'une bonne table, s'avèrent des plus enrichissantes, à l'image de cette australienne ingénue qui avait fait le choix de découvrir la France en parcourant les Pyrénées ou bien comme cet anglais candide qui s'étonnait de tout et dont on avait l'impression qu'il arrivait plutôt de Mars que du Royaume Uni. Les conversations furent pleines de fraternité, de complicité, de surprises. Puis les blagues fusèrent et la soirée se termina dans une explosion de fous rires et dans la bonne humeur. Mais comment pouvait-il en être autrement, puisque nous partagions la même passion ! Qu'on soit anglais, australien, breton, catalan, parisien ou marseillais, sur les chemins ou à table devant les succulentes lasagnes d'Armelle, nous les randonneurs, amoureux de la nature, inévitablement on se retrouve tous et toujours sous la même bannière ; celle de la camaraderie. Cela faisait partie des belles choses que je ne m'attendais pas à découvrir obligatoirement sur le Tour du Coronat mais quant on les a vécu, on se dit : Voilà une merveille de plus que j'ai découverte au pays d'Alysse.

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  Le refuge de Callau est un imposant bâtiment qui a servi très longtemps de gare d'exploitation et d'habitation pour les ouvriers qui travaillaient à la carrière de talc toute proche. Après l'arrêt de l'exploitation de la carrière, cette bâtisse a été restaurée et transformée en refuge de montagne à partir de 1984. Aujourd'hui, elle permet d'accueillir une vingtaine de personnes.

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Cliquez sur la carte pour passer à l'étape suivante.

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 3eme jour Jujols (940 m)-Nohèdes (995 m) par le Col du Portus (1.736m) 19 kms.

Publié le par gibirando

 

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 3eme jour Jujols (940 m)-Nohèdes (995 m) par le Col du Portus (1.736m) 19 kms.

Mercredi 15 août 2007 3eme jour.

 Jujols (940 m)-Nohèdes (995 m) par le Col du Portus (1.736m) 19 kms.

( La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus- Certains liens anciens vers des sites Internet ayant disparu peuvent ne plus fonctionner.)

Chaque jour attendez-vous à ce que quelque chose de merveilleux arrive dans votre vie... et si à midi cela ne se produit pas, faites-le se produire (Proverbe Anonyme).

Mardi 14 août, 19 heures. Un mois et demi après " mon tour des Gorgs ", me revoilà de nouveau à Jujols. Cette fois, c'est le grand départ pour l'authentique Tour du Coronat. Quatre jours de marche sont au programme avec un total de 80 à 90 kilomètres à parcourir. Je redoute un peu ce départ à la fois par l'aspect solitaire de ce périple car je n'ai trouvé personne pour m'accompagner mais surtout à cause d'une certaine lassitude car je n'ai pas vraiment récupéré du mariage de Carole et de ma nuit " nuptiale " à danser jusqu'à 5 heures du matin.

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 Vue sur le Canigou, depuis la terrasse de l'auberge au p'tit déj'.

Heureusement, ici à Jujols, confortablement installé dans l'agréable gîte d'étape " Les Ocells ", je peux déjà un peu me reposer. J'ai une chambre pour moi tout seul, avec quatre lits ! Et comme insolite tableau, le Massif du Canigou qui s'invite par une petite fenêtre donnant sur les toits en lauzes du village. Je suis entré dans ce gîte comme on entre dans un moulin mais j'étais néanmoins attendu puisque sur la porte un étiquette précisait : " Monsieur Jullien, entrez, faites comme chez vous, la chambre est à l'étage, installez-vous, je serai là à 20 h ".

Il est déjà 19 h 30 et comme je suis aussi attendu à l'Auberge de Gilles Calmer où j'ai réservé un repas, je me dépêche de filer car ce soir je veux absolument me coucher tôt !

21 heures, repu d'une grosse et tendre entrecôte et d'un plat de frites, je quitte le sympathique Gilles non sans lui avoir rappelé que j'ai besoin pour demain d'un pique-nique pour le midi et d'un p'tit déj' avant de démarrer. Il me donne rendez-vous à 7 h 30 en me précisant que son cuistot sera là. L'heure me convenant parfaitement, je m'apprête à partir en payant mon repas. Il refuse et me laisse partir en rajoutant : Vous payerez tout demain ! Pour quelqu'un qui ne me connaissait pas une heure avant, je suis à la fois surpris et flatté de la confiance qu'il me témoigne ! Je pars donc sans payer !

J'ai beau avoir sommeil, le village est tellement calme, les flancs du Coronat si rouges dans le soleil couchant, que je ne peux m'empêcher de déambuler dans les ruelles pour prendre encore quelques belles photos. Quand j'arrive aux " Ocells ", il est 21 h 30 et je paraît attendu comme le Messie. L'hôtelière est sur le pas de la porte et discute avec un couple de clients. Je me présente, parle longuement de mon projet. Les clients, eux me racontent leurs vacances à Jujols. A l'intérieur, leurs deux enfants sont attablés. Il est 22 h 30, quand je règle ma facture et monte enfin me coucher.

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 Le gîte " Les Ocells " à Jujols

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 Ma chambre, la cuisine au gîte Les Ocells et la vue sur le Canigou depuis la fenêtre.

 

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 Photos de l'auberge de Gilles Calmer à Jujols.

Je n'y ai passé qu'une seule soirée et une nuit mais j'en garde un souvenir mémorable. Gentillesse, prévenance, accueil, excellent souper, cadre merveilleux, tout était réuni pour démarrer ce Tour du Coronat dans les meilleures conditions. 

J'ai pris le matelas près de la porte bien en face la fenêtre avec le Canigou en ligne de mire. Le sommet est sombre mais quelques lumières scintillent sur ses versants. A force de regarder cette " télévision naturelle ", mes yeux eux aussi papillotent comme éblouis par ces phosphorescentes lucioles…..Je m'endors.

Mercredi 15 août, 7 heures. J'ai très bien dormi. Le jour se lève à peine et le Canigou se révèle bien sombre mais sous un ciel parfaitement cristallin. Je me lève et comme attiré par la clarté, me dirige vers la fenêtre. Quelle scène extraordinaire ! Devant moi, le panorama est horizontalement coupé en deux par une immense couverture nuageuse qui recouvre la plaine du Roussillon et la vallée de la Têt. Au dessus les vertes montagnes surnagent mais se résignent à couler au fur et à mesure que s'élève cette marée cotonneuse. Je me décide à quitter cette fascinante lucarne. Le gîte est extraordinairement silencieux, mais quand je descends au rez-de-chaussée pour me doucher, le parquet et les escaliers craquent tellement que j'ai l'impression qu'ils vont s'effondrer sous chacun de mes pas et réveiller tous les occupants. Je prie pour qu'ils aient le sommeil bien lourd car les mêmes craquements retentissent et raisonnent dans toute la maisonnée lorsque je remonte de la douche puis redescend à nouveau avec mon gros sac à dos pour partir. Partir ! C'est bien mon intention ! Oui mais comment ? La porte du gîte est fermée ! Pas de clé dans la serrure ! Je me mets à chercher, près de l'entrée, sur la table du séjour, dans la cuisine, dans les placards, dans les tiroirs, partout ! Rien ! Aucune clé ! Comment vais-je faire ? Faut-il que je me résigne à réveiller le couple de clients et peut-être leurs enfants ?

En réalité, je ne réfléchis pas très longtemps car pour sortir, hormis la porte d'entrée, il y a seulement deux autres issues : Une petite lucarne, bien trop étroite pour ma grosse carcasse et une fenêtre carré au bout de la salle à manger. Je monte sur la table, ouvre le vasistas et jette mon sac à l'extérieur. Puis avec la souplesse d'un " verre de lampe " qui me caractérise, j'arrive tant bien que mal à me hisser et à me faufiler par cette étroite ouverture. Surprenant gîte d'étape ! J'y suis entré comme dans un moulin et j'en ressors comme un voleur ! Bon, pour moi, l'essentiel c'est que je sois dehors et que je puisse partir ! Je pars déjeuner.

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L église Saint-Julien et Sainte-Basilisse de Jujols le matin de mon départ.

8 heures, je quitte l'auberge avec une tasse de café et quelques petits-beurre dans l'estomac et me dirige vers le parking. Je laisse mes mocassins dans le coffre de la voiture et enfile mes chaussures de marche. Au moment de démarrer, j'aperçois un vieil écriteau de bois sur lequel le Tour du Coronat est indiqué. Les flèches partent dans le sens de l'église et de la route qui la côtoie et non pas vers le village et les traces jaunes que j'avais suivi dans les ruelles la première fois. Je décide de me fier à ces indications mais quand j'arrive à la hauteur de l'église, je reste envoûté par cette lourde chape nuageuse qui se trouve maintenant à quelques dizaines de mètres en dessous. Les nuages qui sont en perpétuels mouvements me font penser à un énorme magma gélatineux qu'un géant s'amuserait à remuer. Par moment, j'ai l'impression que cette chape monte vers moi et que je pourrai aisément y poser les pieds comme sur un gigantesque tapis volant. Mais plus je l'observe et plus je constate qu'au fur et à mesure qu'elle se soulève, dans le même temps, les nuages se volatilisent et au bout d'un quart d'heure, j'ai la certitude que la chape ne m'enveloppera jamais. Je me remet en route tout en restant subjugué et en conservant un regard posé sur elle et sur les paysages qui arrivent à surnager. Le Massif des Très Esteles notamment me fait face avec parfaitement visible aujourd'hui, son " inoubliable " ravin de l'Orry tel une balafre qui semble vouloir m'interpeller et me dire : " Gilbert, souviens-toi de cette cicatrice gravée dans ta mémoire, fais très attention lors de cette randonnée, sois sérieux, ne commet pas d'imprudences ! ".

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 Inoubliables images de chevaux qui gambadent dans les nuages.

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 Images de Jujols lors de mon arrivée le soir du 14 août

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Pour la deuxième fois, je quitte Jujols en direction du col Diagre.

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Dans la montée, ce panneau me rappelle que je suis au sein d'une Réserve naturelle et que certaines consignes sont à respecter impérativement.

Rapidement je m'élève. Aujourd'hui encore, je garde en moi ses inoubliables images de chevaux qui gambadent dans les nuages sur fond du village qui s'éloigne ! Puis, je retrouve les raccourcis, les près, les petits cairns, les buissons épineux, le balisage jaune que j'ai suivi il y a un mois et demi. Je rallie le petit bassin puis la piste qui s'enfuie vers le Col Diagre. Au petit panonceau " sentier des bergeries " je la quitte définitivement et m'engage dans le " vrai " Tour du Coronat. Sur la sente, il y a encore quelques papillons mais les sauterelles semblent désormais les plus nombreuses. A chacun de mes pas, ce sont des dizaines d'insectes sauteurs qui m'accompagnent au point de rebondir très souvent sur mes jambes et ma poitrine. Les bouquets de thyms ont fanés et ont laissé place à des massifs de bruyères d'une couleur violine quasiment identique. Sous mes pieds, j'entends parfois chanter l'eau du séculaire canal de Jujols et par moment des lauzes effondrées laissent entrevoir un flot impétueux qui descend vers le réservoir. Au fur et à mesure que le Col Diagre se rapproche, ce repère bleu qu'est le bassin rétrécit. Quant à la chape nuageuse, elle s'évanouie peu à peu et laisse la place à un ciel immaculé quand j'arrive à la bergerie Aparicio. Il n'est pas tout à fait dix heures, je n'ai pas suffisamment déjeuné et j'ai la fringale. Je m'installe sous les pins pour un en-cas complémentaire car je sais maintenant qu'un " bon " dénivelé m'attend dès le redémarrage. Effectivement, le sentier des Bergeries, commun au Tour du Coronat se dresse immédiatement dans une forte déclivité faite de terre rouge et de caillasses. Je me hisse en m'aidant de mon bâton mais mon sac, qui cette fois, ne fait plus que 16 kilos (sic), a pris la fâcheuse résolution de vouloir me faire reculer. Au bout de dix minutes de cette lutte incessante, je m'écroule dans le chemin les bras en croix, épuisé.

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Je reste là un bon moment à reprendre mon souffle quand j'aperçois un petit écureuil roux qui m'observe à la cime d'un pin. J'ai le vague sentiment qu'il se fout de moi et de ma condition physique précaire car, comme pour me montrer qu'il est plus énergique que moi, le voilà qu'il se met à sauter de branche en branche avec une aisance et une agilité déconcertante. Vexé, je me soulève et lui lance en criant : " tu ferais moins le malin avec un sac sur le dos ! ".

Voilà que je délire ? Dès le premier jour, la solitude me rendrait-elle dément au point de me faire parler aux animaux ?

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 Au col Diagre, cette auge est alimentée par l'ancestral canal de Jujols

Je finis par arriver sur un replat qui débouche dans la forêt puis je traverse le ru boueux de Font Frède. Là, je récupère accrochés aux ramures, les petits morceaux de sac plastique que j'ai disposés le 1er juillet dernier.

Après un bon dénivelé, je redécouvre la sente du Tour du Coronat moins fleurie mais toujours aussi embroussaillée. Une fois de plus, je slalome, j'écrase ou je saute comme un cabri pour éviter les épines blessantes de tous ces redoutables buissons. Mais je prends aussi le temps, de quelques photos, de découvrir une flore nouvelle, des paysages déjà vus mais sous d'autres angles.

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Dans la montée vers le Col Diagre, au col puis dans le bon dénivelé après le col où j'aperçois un écureuil. Sur un pin, je retrouve une balise jaune et rouge du GRP Tour du Coronat évoquait par Antoine Glory dans le topo-guide que j'ai lu avant le départ. Elle me confirme que je suis sur le bon itinéraire même si ce parcours est censé avoir disparu et n'a plus jamais été réhabilité. Tenter de refaire ce vieux tour est ma façon personnelle de le réhabiliter et pour l'instant j'adore !

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 Quelques décors depuis la sente du Tour du Coronat en direction du col du Portus.

Cette fois, c'est sans aucune égratignure que je rejoins le sentier plus large au niveau du Barry de l'Ous. Il n'est pas tout à fait 13 heures et je stoppe dans un virage en épingle à cheveux en surplomb du ravin de la Pinouse. Assis confortablement sur l'herbe, je sors le sac de victuailles que m'a préparé le cuistot de l'auberge et me confectionne un gros sandwich fait de tranches de rôti froid et de " Vache qui rit ". Je domine de magnifiques paysages auxquels j'arrive à donner des noms grâce à mes cartes. Tout en bas, les bois et les près de la Mouline et de la Sola del Plet. Sur ma droite et à l'horizon, de très hauts pics pyrénéens transparaissent dans un halo d'une brume bleutée. Devant moi, j'aperçois, le grand dôme boisé du Puig d'Escoutou avec juste devant l'immense bulbe calcaire des Rocs de l'Aigle et de l'Ours. L'ours justement, j'y songe aujourd'hui en lisant le nom de ce roc sur la carte mais j'y ai souvent pensé lors de ma préparation, comme le loup d'ailleurs. J'ai lu beaucoup d'articles à leurs sujets, très souvent négatifs, mais une chose est certaine c'est que les deux animaux ont fait régulièrement des incursions dans les Pyrénées-Orientales et dans ce secteur en particulier. Et même si je n'en fais pas, heureusement, une obsession, il m'ait très souvent arrivé d'y penser avec l'espoir d'une hypothétique rencontre pacifique !

Est-ce le fait d'y penser et d'être seul dans cette épaisse forêt, mais tout à coup, il me vient une appréhension, je suis tracassé. Je regarde autour de moi, je cherche mais quoi, je ne saurai le dire ! Un ours ? Un loup ? Un autre animal ? J'ai le sentiment d'être épié, surveillé, quand soudain, j'aperçois un gros œil de bois qui me regarde ! Il est là, tel l'œil d'un Cyclope, posé sur un billot, comme si quelqu'un l'avait placé délibérément ! Non, c'est impossible, je suis trop cartésien pour angoisser avec de telles balivernes ou pour croire à de telles sornettes ! Une fois de plus, la solitude me joue des tours ou j'ai trop d'imagination !

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 3eme jour Jujols (940 m)-Nohèdes (995 m) par le Col du Portus (1.736m) 19 kms.

 Il est là, tel l'œil d'un Cyclope, posé sur un billot, comme si quelqu'un l'avait placé délibérément ! Outre son Histoire, grâce à un logiciel de retouche de photos, je vais y inclure le bleu de l'Estany del Clot, le noir du Mont Coronat et le blanc de l'Alysson des Pyrénées et il va devenir l'emblême et le logo de ce Tour du Coronat.

Pour chasser ce démon de ma tête, rien de mieux que d'en rire et de prendre en photo de cet " ahurissant " œil de bois ! Mais au moment où je m' allonge pour reprendre mon casse-croûte où je l'avais laissé, j'aperçois bien au dessus de moi, sur un autre chemin sans doute, un homme qui m'observe. Je suis à la fois rassuré de savoir que cet œil de bois était inoffensif mais maintenant perturbé par cet homme qui ne cesse de m'épier. Il me regarde et je le regarde mais sans pour autant voir son visage car je suis beaucoup trop loin et je distingue simplement une silhouette ! J'essaie de l'oublier, de me convaincre qu'il s'agit peut-être d'un randonneur, d'un bûcheron ou d'un garde forestier ! Mais comme il ne cesse de m'espionner, je me résous à sortir mes jumelles. Aussitôt il disparaît et cet évanouissement a pour effet de m'alarmer un peu plus !

Je finis prestement de manger, range mon sac et ajuste mon baladeur MP3 sur mes oreilles. Rien de tel qu'un peu de musique pour éliminer cette ridicule anxiété ! Et c'est au son très circonstancié de la symphonie N°6 de Beethoven dite " pastorale " qu'une demi-heure plus tard, j'atteins le Col du Portus. Comme, il y a toujours autant de voitures, je descends sans tergiverser vers Nohèdes.

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Paysages aperçus depuis le chemin lors de ma pause déjeuner.

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Au col du Portus

Il n'est pas encore 14 heures et s'il a fait bien moins chaud aujourd'hui que lors de ma première venue, j'ai tout de même vidé ma gourde en métal d'un litre et copieusement entamé ma poche souple de deux litres. Cette fois encore, j'ai enjambé quelques rus mais sans eau et seulement bourbeux et je n'ai pas trouvé de ruisseau digne de ce nom en provenance du Coronat ! Depuis début juillet, la sécheresse a continué à faire son œuvre avec malheureusement une pluviométrie toujours déficitaire !

C'est donc avec un grand plaisir que je retrouve la petite retenue de l'Estany del Clot. Cette fois, il n'y a personne, ni campeurs, ni pêcheurs ! Le soleil est au zénith et l'eau semble " prenable " pour un bain rafraîchissant. J'ôte mes vêtements humides de transpiration et me jette en slip au milieu des vairons pour quelques brasses jusqu'au milieu du lac ! L'eau habituellement très fraîche est cette fois plutôt " bonne ", mais les hautes algues filamenteuses qui me chatouillent le ventre sont par contre très déplaisantes ! Quand au fond de l'étang, il est si vaseux que j'ai l'impression que mes pieds s'enfoncent dans de la glaise ! Je sors hâtivement de l'eau non sans avoir regarder auparavant si je n'ai pas quelques sangsues ou d'autres bestioles collées sur la peau !

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Quelques photos prises après le Col du Portus et à l'Estany del Clot

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  A l'Estany del Clot, un bain rafraîchissant sous la canicule

Après un agréable bain de soleil, j'ai repris ma marche vers Nohèdes. Désormais, je sais que je peux musarder sur ce chemin tout en descente car je suis à deux heures du village. Aussi, tout est prétexte à la flânerie : Je scrute un beau papillon ou un gros bourdon sur les fleurs violettes des chardons, je prends des photos, mes rencontres avec d'autres randonneurs s'éternisent. A la croisée de chemins, j'aide des enfants juchés sur leurs ânes à passer plus commodément un haut talus. Je plonge nu dans les vasques naturelles du torrent de l'Homme Mort. Si je quitte un sous-bois pour un pré bien vert, je ne peux m'empêcher de m'y coucher comme pour être encore plus proche de cette nature hospitalière. Je pars visiter des cortals abandonnés tout proches du chemin. Malgré, cette vadrouille, il n'est pas encore 17 heures quand j'arrive à la première maison de Nohèdes, distante il est vrai de plus d'un kilomètre du village. Puis c'est la petite centrale électrique et au dessus de moi, dans un brouillard naissant les hautes falaises calcaires du versant nord du Coronat. Je ne peux bien sûr m'empêcher de penser à " Alysse " et à ce désormais " inaccessible " projet d'aller la voir. Ce dessein, je l'ai si longtemps modelé pour finalement l'éliminer qu'il est maintenant très loin dans mon imaginaire mais à la fois si proche dans mes pensées quand je contemple ces falaises !

Bon, Nohèdes, que j'aperçois de l'autre côté de la route n'est plus qu'à cinq minutes ! Heureusement que le village est là car il aurait été saugrenu d'aller rechercher l'Alyssum Pyrenaicum à cette heure-ci ! Inutile que je ressasse cette idée !

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 Quelques photos de ma longue flânerie de l'Estany del Clot à Nohèdes

17 heures pétantes, j'entre dans le village que je connais bien pour l'avoir déjà visité, je passe devant la Maison de la Réserve, elle est ouverte et je me promets de venir la visiter plus tard sans mon bardas. Je grimpe les quelques ruelles qui mènent au Presbytère, un établissement plutôt " sélect " si j'en crois son site Internet, où une " suite " m'attend !

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 Quelques photos des merveilles de la Nature dans ma descente vers Nohèdes. Le mont Coronat (2.172m) a la tête dans un peu de brume.

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Les falaises nord du Mont Coronat où pousse l'Alyssum Pyrenaicum. La vallée de Nohèdes, dont la légende lui attribue le nom de "Vallée de l'arche perdue".

Accolé à l'église, le Presbytère est l'ancienne résidence des curés de Nohèdes dont l'un d'entre eux est resté tragiquement célèbre dans l'histoire (*). J'avoue que j'ai été immédiatement conquis par cette auberge. Par le cadre bien sûr mais surtout par la sympathie et l'amabilité de son patron Régis Dessain, par la cuisine " originale mais excellente " du réservé Carlos, par la gentillesse des autres convives et par cette franche cordialité qui a régné toute la soirée autour de la table carrée. Du coup, j'en ai oublié ma fatigue, ma solitude et cette idée grotesque que je rumine depuis la fin d'après-midi de grimper aux falaises pour découvrir Alysse !

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 De biens jolies maisons aux façades de pierres annonciatrices de mon arrivée au beau village de Nohèdes.

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Mon arrivée à Nohèdes puis au Presbytère.

(*) En 1881, à Nohèdes, hameau perdu des Pyrénées-Orientales, le curé du village, l'abbé Auriol, défraye la chronique en entretenant des relations équivoques avec l'institutrice. Dénoncé au procureur de la République de Prades, il se voit également accusé d'avoir empoisonné les soeurs Marie et Rose Fonda. Arrêté d'abord pour outrage public à la pudeur, il sera jugé pour le double meurtre de ses paroissiennes. Malgré l'absence de traces de poison dans le corps des victimes, le curé de Nohèdes sera condamné aux travaux forcés à perpétuité. L'abbé Auriol était-il coupable ? A-t-il été la victime expiatoire d'une époque propice à croquer trop facilement du curé ? Dans cette histoire restée énigmatique, a-t-il payé de sa personne pour avoir péché par la chair à une époque où la vertu était érigée en dogme. Vous pouvez retrouvez cette histoire et les nombreux rebondissements d'un procès retentissant dans le livre de Lionel Dumarcet " L'affaire Abbé Auriol ".

Bien avant le souper, j'avais eu le temps, de profiter de " ma suite " en prenant un bain, de me reposer un peu, de regarder la télé, de boire une bière sur la terrasse ensoleillée du Presbytère. Mais, comme je n'avais pas de maillot de bain, j'avais été contraint de faire l'impasse sur l'attirante piscine. Ensuite, j'étais parti découvrir toutes les ruelles, mais à mon grand regret, pas la Maison de la Réserve, déjà fermée à 19 heures ! J'avais voulu reconnaître l'itinéraire pour le lendemain et cela m'avait donné l'occasion de parler de mon périple à une gentille dame. Notre rencontre s'était un peu prolongée, car de son côté, elle avait envie de raconter " sa longue vie estivale " à Nohèdes. Et Dieu sait si elle en avait des choses à dire, elle qui venait y passer les vacances depuis plus de trente ans ! J'avais fini par apprendre que son mari adorait tellement le Coronat qu'avant de mourir, il avait souhaité que ses cendres soient éparpillées là haut au pinacle du Mont obligeant tous les participants à ses funérailles à grimper jusqu'au sommet ! A force de parler, cette dame avait fini par oublier sa fille et la promenade qu'elle s'était promise de faire avec elle ! Plus je l'écoutais et plus j'avais le sentiment que cette veuve cherchait une oreille attentionnée. Mais j'avais aussi acquis la certitude, que malgré le peu de mots que j'avais prononcé, elle avait trouvé en moi, comme pouvait l'être son regretté mari, un passionné du Coronat ! En la quittant, sous le regard noir et les injonctions pressantes de sa fille, j'avais cru bon de lui dire qu'en respectant les dernières volontés de son époux, elle l'avait certainement rendu bienheureux. En effet, amoureux qu'il était du Coronat, il devait être content de planer pour l'éternité au pays d'Alysse et au dessus de tant de merveilles.

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 Le Presbytère, une auberge chaleureuse dans un cadre magique !

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Aperçu de " ma suite " au Presbytère et vue de la fenêtre.

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 Quelques images de ma soirée à Nohèdes et la table carrée où régnait une franche cordialité.

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Cliquez sur la carte pour passer à l'étape suivante.

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

Publié le par gibirando

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

Dimanche 1er juillet 2007 2eme jour.

 L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

( La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus- Certains liens anciens vers des sites Internet ayant disparu peuvent ne plus fonctionner.)

Plus nous pénétrons dans l'inconnu, plus il nous semble immense et merveilleux (Charles Lindbergh - aviateur américain-1902-1974)

Six heures du matin, j'émerge de mon tube de toile. La nuit a été un peu agitée surtout le début. La fin, elle a été nettement meilleure. Je me sens bien et semble avoir parfaitement récupéré de ma " mortelle " journée d'hier. Comme la tente se trouvait sur un terrain légèrement incliné, le tapis de sol n'arrêtait pas de glisser et hier soir, j'ai eu un mal de chien à trouver ma place et le sommeil. Une fois le tapis calé, je me suis blotti dans mon sac de couchage et la nuit a été silencieuse et paisible.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

2eme jour. Au sortir de la tente, un gros rayon de soleil orange m'aveugle ……

Je risque un œil dehors et constate que le jour est entrain de poindre. Il fait très beau ! Un gros rayon de soleil orange m'aveugle en tentant de se frayer un chemin à travers le petit bois de pins. Je mets mes lunettes de soleil et commence sans tarder à m'organiser pour le petit déjeuner.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

Le matin du 2eme jour, je viens de démarrer, l'Estany del Clot émerge d'un océan de nuages.

Je ne veux pas " speeder " mais j'ai envie de démarrer tôt pour profiter de la fraîcheur et de la quiétude de ce matin dont j'ai le sentiment qu'il va être exceptionnel. Sur le mini réchaud, l'eau pour le café frémit déjà. Du sac à dos, je sors mon sachet de cappuccino, le sucre et les deux gros croissants achetés hier matin. Comme le sac m'a servi d'oreiller, les croissants ressemblent plutôt à deux crêpes. Je les mange néanmoins avec délectation accompagnés de quelques biscuits.

7h15, je démarre dans un silence de cathédrale, les deux chiens des voisins viennent me saluer. Mes compagnons de campement, eux sont encore dans les bras de Morphée. La surface bleu cobalt de l'étang resplendit sous le soleil et frissonne sous une légère brise.

La piste s'élève progressivement, en faisant le tour de l'étang. Au loin, toutes les vallées sont recouvertes d'une immense chape blanche. De cette mer de nuages, seules surnagent les montagnes les plus hautes. Tout au fond, à l'horizon, je reconnais les Albères, un peu plus près le Massif du Canigou en partie caché par le boisé et sombre Coronat. Je suis là tout seul, seul au monde, souvent arrêté au bord du chemin par la magnificence du site ! D'ailleurs, ce matin ressemble pour moi à un premier matin du monde. Le chant des oiseaux, le bourdonnement des insectes, le murmure d'une cascade toute proche, des papillons qui volètent autour de moi, le bruissement des hautes herbes bercées par la brise. Et puis bien sûr, tous ces paysages tellement beaux que je ne peux en détourner les yeux. J'ai un mal fou à repartir, je veux goûter à ce spectacle. Ce spectacle dont je sais à l'avance qu'il va finir comme se termine une belle séance de cinéma. A l'évidence, mes mirettes en garderont longtemps les images!

Au fur et mesure que je monte, le panorama s'élargit, encore plus éclatant dans la pleine lumière du jour. Au fond de la vallée, la chape de nuages s'agite et se hisse aux flancs des montagnes. Cet immense molleton blanchâtre se soulève, ondule comme un gigantesque océan où d'énormes vagues se jetteraient à l'assaut de rochers. Les ravines ressemblent à des criques où la houle se transforme en ressac, en écume puis s'évapore dans un ciel laiteux.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

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Dans la montée vers le lac de Nohèdes ou Gorg Estelat, tous ces paysages sont tellement beaux que je ne peux en détourner les yeux…

Je suis dans ma bulle et c'est le crissement strident de pneus sur des gravillons qui me sortent de cette indolence. Je ne les ai pas vu arriver mais quelques mètres plus bas dans un virage, j'aperçois trois cyclistes. Sur la piste, encore un peu plus bas, il y a en trois autres. Les premiers, deux hommes suivis d'une jeune fille montent à bonne allure. Je m'arrête pour prendre une photo mais ils sont déjà à ma hauteur : " Bonjour ! ". Les trois vététistes espagnols me répondent en cœur : Hola ! mais ils ne s'arrêtent pas et foncent sur ce passage caillouteux et défoncé. J'avoue être à la fois agacé et surpris de les voir là. Agacé de m'avoir sorti de cette belle quarantaine dans laquelle je baignais depuis mon départ et surpris de les voir sur ce chemin dont je n'aurai pas pu imaginer qu'il soit cyclable. D'un autre côté, je me dis que chacun doit trouver son bonheur et je reconnais en eux des qualités de vrais sportifs. Personnellement si je suis capable de venir à pied et avec mon gros sac jusqu'ici, y venir en vélo me parait une prouesse encore bien supérieure ! Surtout les deux filles qui montent à un train d'enfer et que je trouve très valeureuses de faire la " pige " à quatre garçons.

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 En montant vers le Gorg Estelat, des vététistes espagnols me dépassent. Derrière moi, le Coronat ne cesse de me fasciner.

Quand j'arrive au Pla del Mig, nos chemins se séparent, je quitte la piste que les cyclistes ont poursuivie et je prends l'étroite sente balisée en jaune qui monte vers le lac.

Je les aperçois en dessous de moi qui se dirigent vers l'extrémité du Pla. Je vois bien qu'ils s'orientent vers un cul de sac car le chemin se termine près d'un minuscule refuge et des près occupés par des enclos à bestiaux.

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 Au Pla del Mig, les cyclistes espagnols s'orientent vers un cul de sac. Je vais les remettre dans la bonne direction menant au lac.

Maintenant, ils me regardent dans mon ascension et soudain ils comprennent qu'il n'y a aucune autre alternative pour aller au Gorg Estelat. Je leur fais signe de ma rejoindre.

Le vélo sur l'épaule, une des deux filles est la première à rejoindre la sente que j'ai empruntée. Les autres ont longuement réfléchis mais décident de la suivre maintenant. Leurs vélos sur les épaules, ils escaladent courbés ce minuscule sentier pierreux tels de " petits Jésus " avec leurs croix comme calvaires. Je suis arrivé au Pla del Gorg bien avant eux. Assis, sur un piton rocheux, je les observe dans leur pénible ascension mais mon regard est surtout captivé par le Coronat dont le massif vert émeraude s'expose ici dans toute sa splendeur.

Derrière moi, les crêtes du Massif des Madres se dévoilent, le lac n'est plus très loin ! J'entre dans une zone boisée de petits pins à crochets mais constituée aussi d'une lande de genévriers et de genêts complètement calcinés. Incendie accidentel ou écobuage volontaire ? De toute manière, c'est dommage d'attenter à la Nature et cette zone carbonisée et noirâtre contraste avec toute cette végétation généreuse et verdoyante. A l'approche du lac, la lande a laissé la place à une tourbière pâteuse où j'ai beaucoup de mal à progresser sans patauger dans une eau froide et boueuse. Heureusement j'arrive enfin au bord du lac où les rives sont bien sèches. Avec leurs vélos sur l'épaule, les vététistes espagnols ont réussi à me rejoindre.

La fille, leader du groupe, qui est frêle mais terriblement efficace dans les grimpées, s'approche de moi alors que je me suis installé au bord du lac pour prendre un peu de repos et avaler un en-cas. Elle me montre un minuscule appareil photo et me fait signe de venir. Je m'exécute et essaie de trouver un angle original pour prendre à la fois le lac, le paysage et l'ensemble de groupe tout près d'un bosquet de rhododendrons en fleurs.

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 Au Pla del Gorg, mon regard est captivé par le Mont Coronat…

Les cyclistes repartent, s'arrêtent devant un panneau indicateur puis disparaissent enfin de ma vue. Il n'est pas encore 9 h, je finis mon sandwich et entame une compote. Me voilà à nouveau seul au monde et j'en profite pour examiner longuement ma carte et surtout analyser le sentier qui monte au lac d'Evol. Je n'ai pas trop de crainte car le tracé est enregistré dans mon GPS mais en raison de la forêt qui entoure le lac, une vérification supplémentaire ne me paraît pas superflue.

Je décide de faire le tour du lac et part sur la droite. Jonché de gros éboulis, je n'ai pas pris le côté le plus facile. J'escalade les énormes blocs en redoublant d'attention car au fonds de moi je me dis : " Si tu tombes au milieu de ce magma rocailleux, tu es foutu car personne ne viendra te découvrir et te chercher ici ! ". Cela d'autant que je sais que le portable ne passe pas ! Un petit torrent descend au milieu des éboulis et j'en profite pour remplir mes gourdes d'une eau glacée et limpide. Ouf ! Après maintes difficultés, me voilà enfin en sécurité sur une berge herbeuse, puis sur une grève sableuse où s'écoulent de multiples ruisselets. Voilà l'endroit rêvé pour faire un brin de toilette même si c'est comme les chats, c'est à dire sans savon avec un simple mouchoir mouillé et juste un peu de déodorant. Bon, j'ai beau avoir envie de me rafraîchir un peu, l'eau est vraiment glacée et " juste bonne pour le pastis " comme on dit du côté de Marseille ! Difficile d'y tenir les fesses dedans d'autant qu'il ne fait pas bien chaud car le soleil est souvent voilé par quelques cumulus bien gris.

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 Paysages autour du Gorg Estelat ou Lac de Nohèdes dont je fais le tour intégral pour mieux l'apprécier.

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 Au Gorg Estelat avant de faire un brin de toilettes- Roses rhododendrons et jaunes genêts, de véritables merveilles !

Heureusement, les nuages continuent d'être chassés par un petit vent et le soleil est parfois présent. J'ai maintenant très froid et me dépêche pour me sécher et me rhabiller. Je continue le tour du lac, le photographie sans cesse dans un verdoyant et fabuleux décor de rhododendrons roses et de genêts en fleurs. Subjugué une fois de plus par cette incroyable beauté, j'ai fini par oublier le Gorg Blau, petit lac glaciaire dont le trop plein se déverse dans celui d'Estelat. Une centaine de mètres plus haut que l'Estelat, j'avais l'intention d'y monter sans mon sac, mais tant pis. De toute manière, je l'ai déjà vu et pris en photo depuis la crête qui domine. Cette crête, c'est celle du Clot Rodon que j'ai gravie l'an dernier en montant au Madres à partir du Col de Sansa.

10 heures. J'ai passé plus d'une heure à errer plus ou moins sereinement autour du gorg et maintenant la difficulté la plus sérieuse de la journée se profile. Une courte et rude montée de huit cent mètres par le Bac del Gorg pour un dénivelé de 200 mètres environ qui va me mener au point culminant de ces deux journées : 2.200 mètres au bas mot !

Je raccourcis mon bâton, traverse des près, essaie tant bien que mal de suivre un sentier parfois balisé en jaune ou bien indiqué par des cairns. Un serpent de petite taille file sous pieds et je n'ai que le temps d'apercevoir le bout de sa queue disparaissant dans les buissons. Une vipère sans doute ! Je grimpe régulièrement, sans à-coups et sans précipitation. Je sens que je souffre bien moins qu'hier et mon souffle est plus régulier. Je m'arrête néanmoins très souvent tant pour le panorama du petit lac anthracite qui s'éloigne que pour calmer mon cœur qui a tendance à s'emballer sous le poids du sac. En face, dans les éboulis du Pilou de la Mirande, j'aperçois deux isards, mais trop furtivement pour avoir le temps de les observer aux jumelles. Les cairns sont maintenant plus visibles jusqu'à un certain collet très caillouteux où ils disparaissent franchement. Puis je les retrouve un peu plus haut et ils se volatilisent de nouveau. Je garde mon GPS allumé pour suivre le tracé enregistré. Je ne suis plus parfaitement sur le chemin mais pas très loin toutefois et je m'oriente ainsi, parfois à droite parfois à gauche. A vrai dire, je ne trouve plus aucune sente, je traverse des près, un bois, circule sur ce qui ressemble à des couloirs réguliers de bovins, enjambe des branches et des arbres morts.

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 Dans la montée vers le Gorg Nègre, j'aperçois encore le Gorg Estelat.

Au bout de quarante minutes d'efforts soutenus, je finis par arriver au bord d'une arête très abrupte où le Gorg Nègre ou lac d'Evol se révèle enfin. Bien moins " nègre " que je l'avais imaginé, il est néanmoins très beau et semble effectivement plus profond que celui d'Estelat. De ce lac, j'ai lu d'étranges et nombreuse légendes (*) : " le seul fait d'y jeter une pierre pouvait, parait-il, être suffisant pour provoquer une épouvantable tempête ; ou encore, les truites qu'on y pêchait sautaient de la poêle quand on les faisait cuire et repartaient par la cheminée ".

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 Au bord d'une arête abrupte, le Gorg Nègre se révèle enfin !

Moi avant de repartir non pas par une cheminée mais par la crête, je trouve un rocher comme support pour me prendre en photo avec le retardateur, histoire de marquer d'une empreinte ce moment inoubliable ! Et une merveille de plus au pays d'Alysse ! Assis confortablement au bord de ce point de vue, je mange encore. Biscuits, pâtes de fruits, grandes gorgées d'eau, barre de céréales, tout est prétexte à ne pas lever le camp rapidement tellement c'est beau !

Bon, il faut quand même que je me décide, l'heure du repas n'est pas encore arrivée ! Dans la descente, j'ai enfin retrouvé le balisage jaune sur une sente qui descend agréablement au milieu de petites et vertes prairies. A cet endroit, beaucoup d'arbres morts. Certains gisent couchés et compte tenu de leur taille et de leur nombre, l'endroit ressemble à un gigantesque ossuaire de carcasses de baleines. Un panonceau indique en catalan le refuge du Font de la Perdrix. Je prends le sens opposé. Le Gorg Nègre se rapproche très rapidement et après avoir enjambé quelques ruisseaux, j'atteins enfin la rive. De nombreux pêcheurs ont installés leurs tentes et calés leurs cannes sur la rive opposée. Je pars à leur rencontre par la droite mais je ne vois personne sur la berge. Ils doivent peut-être dormir, aussi je m'écarte pour ne pas les déranger, prend quelques photos du lac et cherche le chemin qui redescend vers le Col du Portus. Je compulse ma carte et remarque que la sente semble partir du " bout de la bottine " que forme l'extrémité du lac. Effectivement, le chemin est bien là et suit un ru et les Tartères del Gorg. Sur la carte, c'est bien le même torrent d'Evol où je me suis baigné nu hier.

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Images du Gorg Nègre ou Lac d'Evol

La descente au milieu des bois m'amène dans une vaste prairie fleurie où des vaches broutent paisiblement près d'un petit abri en tôle. Une fois de plus, je m'écarte du troupeau car des veaux tètent encore leurs mères. En outre, un monstrueux taureau ne semble pas disposer à me laisser un passage. Je me dis qu'avec mon gros sac sur le dos, je serais certainement un piètre torero ! Bon, je réussis quand même à me faufiler sans trop déranger le cheptel et je rejoins enfin la bonne piste qui descend vers le col du Portus. Je croise de nombreux pêcheurs qui montent vers le Gorg. Sur ma droite, je domine un large et verdoyant vallon. Il s'agit du Pla de la Baillette où quelques bovins tout blancs se prélassent. Ce vallon est lui-même dominé par le Puig d'Escoutou réputé parait-il pour ces hordes de cervidés. Je m'arrête au bord du chemin, sors les jumelles du fond de mon sac avec l'espoir d'en apercevoir. En vain ! Il est vrai que ce n'est pas encore l'époque du brame et qu'il faut peut-être attendre le mois d'octobre ! Devant moi, l'énigmatique Mont Coronat se dresse, tout proche, comme pour me dire, regarde je suis là, viens le chemin est par ici !

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Dans la descente du Gorg Nègre vers le Col du Portus.

Midi et dix, me revoilà au col du Portus où les voitures sont aussi nombreuses qu'hier. Pas question de rester là pour déjeuner. De toute manière, je n'ai pas très faim et il faut impérativement que je trouve et emprunte le Tour du Coronat pour repartir vers Jujols. Je cherche une indication et m'oriente vers le bout du parking. Là, derrière une voiture, bien ternes mais néanmoins perceptibles, des marques jaunes et rouges apparaissent sur un sapin. Le sentier descend dans la forêt puis débouche en contrebas sur un large chemin. Cette fois, mon GPS est invariable et il ne fait aucun doute, je suis bien sur le tracé et l'itinéraire du Tour du Coronat ! Il ne me reste plus qu'à rentrer !

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 Le sentier du Tour du Coronat juste après le Col du Portus en direction de Jujols.

Au début, le chemin est bien large, par endroit herbeux, par endroit très pierreux. Il circule dans un sous-bois très dense mais par de petites trouées, il consent de tant à autre à une brève vision sur les ravins, les près de La Molina ou le vallon d'Evol. Puis il se hisse au dessus de la forêt et laisse entrevoir à l'identique les paysages et les panoramas aperçus hier depuis la piste. D'ailleurs, la piste est juste en dessous et je l'aperçois très souvent maintenant.

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Sur le Tour du Coronat, les mêmes vues qu'hier mais sous un ciel plus gris.

13 heures, j'ai bien avancé et décide de m'arrêter pour déjeuner. Je sors mon sachet de victuailles duquel j'extirpe les deux derniers sandwichs qui ont survécu à mes fringales. Ils sont quelque peu rassis mais comme il ne me reste plus grand-chose, je m'efforce de les avaler à coups de grandes lampées d'eau. Pour le dessert, je n'ai plus vraiment le choix car il ne me reste que deux pâtes de fruits chinoises et une barre de céréales. Je mange une pâte de fruits et décide d'économiser les autres friandises pour l'après-midi. Alors que je suis prêt à repartir, j'aperçois tout en bas du talus, à une trentaine de mètres, un renard qui monte vers moi. Il ne m'a pas vu et sans bruit, j'essaie d'extraire mon appareil photo de ma poche. Mais comme je suis assis et que mon bermuda me serre aux cuisses, j'ai un mal fou à le sortir de ma poche. Je n'ai pas vraiment le choix et il faut que je me soulève un peu pour y parvenir. Malgré l'extrême lenteur de mes gestes, le renard a remarqué ce mouvement et m'a immédiatement aperçu. Il s'immobilise et m'observe. Avec une infini précaution, je finis d'enfoncer la main droite dans ma poche, mais c'est déjà trop tard, le voilà qui détale et redescend le pente. Il disparaît définitivement dans les bois et de ma vue. Dommage !

A un embranchement simplement symbolisé par un petit cairn, le large chemin a été remplacé par une petite sente qui descend sur la droite. Comme j'ai eu beaucoup de chance d'apercevoir ce cairn sur le bord du chemin, j'ai ressorti mon GPS que je laisse à nouveau allumé. Les panoramas sont les mêmes qu'hier mais tout de même bien moins fascinants sous un ciel devenu tristement gris. Le balisage jaune est présent mais plutôt rare et je crains qu'il y ait plusieurs sentiers. Rapidement, je m'aperçois qu'il n'y en a qu'un seul, plutôt plat mais couramment embroussaillé. Très souvent, je suis obligé d'enjamber de petits buissons pour progresser. Ronces, nerpruns, aubépines, prunelliers, églantiers, tous les épineux de la création semblent s'être donnés le mot pour envahir ce sentier. Au bout d'un quart d'heures, je suis tellement ensanglanté que je suis contraint d'arrêter pour essuyer d'un Kleenex, le sang qui dégouline abondamment le long de mes bras, de mes mains et de mes jambes. Heureusement, il ne s'agit que d'égratignures ou coupures très superficielles et il suffit d'éponger pour que le sang s'arrête très vite de couler. Là, je me rappelle "Eldorando" et les commentaires qui m'étaient donnés par les responsables de la FFRP lorsqu'ils m'annonçaient un Tour du Coronat embroussaillé ! Pour l'instant c'est le seul mauvais tronçon que j'ai rencontré mais au fond de moi, j'espère que les trois autres étapes seront moins belliqueuses sinon je vais finir en lambeaux !

Toutefois, ces difficultés m'ont rendu plus prudent et plutôt que de foncer dans la broussaille, chaque fois qu'il y a un obstacle piquant, j'essaie maintenant de l'éviter. Je m'écarte quand je peux, je casse les tiges les plus hautes avec mon bâton ou j'écrase du pied les branches les plus récalcitrantes. Au delà de cette flore très agressive, heureusement il y a aussi des plantes inoffensives, odorantes, colorées et très agréables à regarder : Toujours, ces tapis de thyms violacés, ces landes jaunes de genêts et toutes ces petites fleurs multicolores dont certaines en bouquets semblent sortir tout droit de chez une fleuriste.

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 Même sous un ciel bien plus gris, les panoramas restent magnifiques

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  Des petits bouquets comme sortis tout droit de chez une fleuriste !

15 heures, le Col Diagre se rapproche, de ce balcon né de la persévérance et du courage des hommes car l'itinéraire suit un canal d'irrigation de plusieurs kilomètres de long reliant L'Estelat à Jujols, j'en aperçois maintenant les abords. La sente descend dorénavant dans une forêt de pins sylvestres dont certains portent encore les vieilles traces jaunes et rouges du Tour du Coronat. Mais, comme cet itinéraire est peu évident à trouver, en prévision du mois d'août, j'accroche, à chaque intersection, de minuscules morceaux de sacs plastiques à des ramures de pins.

Après une forte déclivité caillouteuse, je retrouve le Col Diagre au beau milieu d'une immense réunion de randonneurs. Certainement une association qui organise une kermesse car il y a des tréteaux installées avec des bouteilles d'apéritifs, des jus de fruits, des biscuits et des gâteaux. Les gens qui papotent en réunion ne prêtent aucun cas à ma présence. D'autres, plus à l'écart, me regardent passer avec effarement et doivent se demander d'où je sors avec mon " gigantesque " sac. Comme personne ne me propose rien, je passe mon chemin. Est-ce le vacarme ? Est-ce le passage brutal de l'isolement à la foule ? Toujours est-il que je me dépêche pour fuir ce monde grouillant et dans ma précipitation, j'en oublie une fois de plus le Tour du Coronat !

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 Et toujours ces merveilleux parterres fleuris et ces beaux panoramas ! 

Me revoilà à nouveau sur la piste terreuse à l'endroit même où hier, j'ai croisé le troupeau de vaches. Elles ne sont plus là aujourd'hui et comme j'ai déjà accompli plus de cinq cent mètres, je décide une fois de plus d'emprunter cette piste dont je connais désormais la distance et les méandres.

Quelques jeunes filles ont quitté la fête et m'accompagne dans la descente vers Jujols. Pourquoi n'ont-elles pas pris le Tour du Coronat, chemin beaucoup plus court ? Peut-être ne le connaissaient-elles pas ? Nous papotons un bon moment et elles me confirment venir de cet anniversaire associatif.

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 En descendant vers Jujols, les nuages montent vers moi.

Nous descendons cahin-caha car maintenant des nuages montent vers nous et souvent un brouillard très épais nous entoure et recouvre entièrement le chemin. Nous ne voyons pas à dix mètres. Puis la brume s'évapore, disparaît au dessus de nos têtes et les paysages réapparaissent juste recouverts d'une ample ouate grisâtre. Puis le brouillard revient, nous enveloppent et disparaît à nouveau dans les hauteurs du Coronat. A l'approche de Jujols, les jeunes filles continuent la piste vers le bassin pendant que je récupère les raccourcis empruntés hier.

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 Dans mon approche vers Jujols, j'aperçois enfin le bassin !

Au fur et à mesure que je descends vers Jujols, les nuages s'étiolent et laissent peu à peu la place à un ciel bien moins gris. Avant d'en terminer, Saint-Julien voudrait-il me laisser entrevoir encore quelques merveilles en m'accueillant sous des cieux plus cléments ? C'est à croire car lorsque j'entre dans le village par les petites ruelles, il est 17 heures et les nuages ont quasiment disparus. Le Canigou, les Très Estelles et toutes les montagnes jusqu'au Cambre d'Aze refont peu à peu surface comme pour me montrer une fois de plus qu'il y a de toute évidence une multitude de " Merveilles à voir du Pays d'Alysse ! ".

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......puis le village sous un ciel redevenu plus clément !

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Publié le par gibirando

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

Dimanche 1er juillet 2007 2eme jour.

 L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

( La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus- Certains liens anciens vers des sites Internet ayant disparu peuvent ne plus fonctionner.)

Plus nous pénétrons dans l'inconnu, plus il nous semble immense et merveilleux (Charles Lindbergh - aviateur américain-1902-1974)

Six heures du matin, j'émerge de mon tube de toile. La nuit a été un peu agitée surtout le début. La fin, elle a été nettement meilleure. Je me sens bien et semble avoir parfaitement récupéré de ma " mortelle " journée d'hier. Comme la tente se trouvait sur un terrain légèrement incliné, le tapis de sol n'arrêtait pas de glisser et hier soir, j'ai eu un mal de chien à trouver ma place et le sommeil. Une fois le tapis calé, je me suis blotti dans mon sac de couchage et la nuit a été silencieuse et paisible.

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2eme jour. Au sortir de la tente, un gros rayon de soleil orange m'aveugle ……

Je risque un œil dehors et constate que le jour est entrain de poindre. Il fait très beau ! Un gros rayon de soleil orange m'aveugle en tentant de se frayer un chemin à travers le petit bois de pins. Je mets mes lunettes de soleil et commence sans tarder à m'organiser pour le petit déjeuner.

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Le matin du 2eme jour, je viens de démarrer, l'Estany del Clot émerge d'un océan de nuages.

Je ne veux pas " speeder " mais j'ai envie de démarrer tôt pour profiter de la fraîcheur et de la quiétude de ce matin dont j'ai le sentiment qu'il va être exceptionnel. Sur le mini réchaud, l'eau pour le café frémit déjà. Du sac à dos, je sors mon sachet de cappuccino, le sucre et les deux gros croissants achetés hier matin. Comme le sac m'a servi d'oreiller, les croissants ressemblent plutôt à deux crêpes. Je les mange néanmoins avec délectation accompagnés de quelques biscuits.

7h15, je démarre dans un silence de cathédrale, les deux chiens des voisins viennent me saluer. Mes compagnons de campement, eux sont encore dans les bras de Morphée. La surface bleu cobalt de l'étang resplendit sous le soleil et frissonne sous une légère brise.

La piste s'élève progressivement, en faisant le tour de l'étang. Au loin, toutes les vallées sont recouvertes d'une immense chape blanche. De cette mer de nuages, seules surnagent les montagnes les plus hautes. Tout au fond, à l'horizon, je reconnais les Albères, un peu plus près le Massif du Canigou en partie caché par le boisé et sombre Coronat. Je suis là tout seul, seul au monde, souvent arrêté au bord du chemin par la magnificence du site ! D'ailleurs, ce matin ressemble pour moi à un premier matin du monde. Le chant des oiseaux, le bourdonnement des insectes, le murmure d'une cascade toute proche, des papillons qui volètent autour de moi, le bruissement des hautes herbes bercées par la brise. Et puis bien sûr, tous ces paysages tellement beaux que je ne peux en détourner les yeux. J'ai un mal fou à repartir, je veux goûter à ce spectacle. Ce spectacle dont je sais à l'avance qu'il va finir comme se termine une belle séance de cinéma. A l'évidence, mes mirettes en garderont longtemps les images!

Au fur et mesure que je monte, le panorama s'élargit, encore plus éclatant dans la pleine lumière du jour. Au fond de la vallée, la chape de nuages s'agite et se hisse aux flancs des montagnes. Cet immense molleton blanchâtre se soulève, ondule comme un gigantesque océan où d'énormes vagues se jetteraient à l'assaut de rochers. Les ravines ressemblent à des criques où la houle se transforme en ressac, en écume puis s'évapore dans un ciel laiteux.

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Dans la montée vers le lac de Nohèdes ou Gorg Estelat, tous ces paysages sont tellement beaux que je ne peux en détourner les yeux…

Je suis dans ma bulle et c'est le crissement strident de pneus sur des gravillons qui me sortent de cette indolence. Je ne les ai pas vu arriver mais quelques mètres plus bas dans un virage, j'aperçois trois cyclistes. Sur la piste, encore un peu plus bas, il y a en trois autres. Les premiers, deux hommes suivis d'une jeune fille montent à bonne allure. Je m'arrête pour prendre une photo mais ils sont déjà à ma hauteur : " Bonjour ! ". Les trois vététistes espagnols me répondent en cœur : Hola ! mais ils ne s'arrêtent pas et foncent sur ce passage caillouteux et défoncé. J'avoue être à la fois agacé et surpris de les voir là. Agacé de m'avoir sorti de cette belle quarantaine dans laquelle je baignais depuis mon départ et surpris de les voir sur ce chemin dont je n'aurai pas pu imaginer qu'il soit cyclable. D'un autre côté, je me dis que chacun doit trouver son bonheur et je reconnais en eux des qualités de vrais sportifs. Personnellement si je suis capable de venir à pied et avec mon gros sac jusqu'ici, y venir en vélo me parait une prouesse encore bien supérieure ! Surtout les deux filles qui montent à un train d'enfer et que je trouve très valeureuses de faire la " pige " à quatre garçons.

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 En montant vers le Gorg Estelat, des vététistes espagnols me dépassent. Derrière moi, le Coronat ne cesse de me fasciner.

Quand j'arrive au Pla del Mig, nos chemins se séparent, je quitte la piste que les cyclistes ont poursuivie et je prends l'étroite sente balisée en jaune qui monte vers le lac.

Je les aperçois en dessous de moi qui se dirigent vers l'extrémité du Pla. Je vois bien qu'ils s'orientent vers un cul de sac car le chemin se termine près d'un minuscule refuge et des près occupés par des enclos à bestiaux.

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 Au Pla del Mig, les cyclistes espagnols s'orientent vers un cul de sac. Je vais les remettre dans la bonne direction menant au lac.

Maintenant, ils me regardent dans mon ascension et soudain ils comprennent qu'il n'y a aucune autre alternative pour aller au Gorg Estelat. Je leur fais signe de ma rejoindre.

Le vélo sur l'épaule, une des deux filles est la première à rejoindre la sente que j'ai empruntée. Les autres ont longuement réfléchis mais décident de la suivre maintenant. Leurs vélos sur les épaules, ils escaladent courbés ce minuscule sentier pierreux tels de " petits Jésus " avec leurs croix comme calvaires. Je suis arrivé au Pla del Gorg bien avant eux. Assis, sur un piton rocheux, je les observe dans leur pénible ascension mais mon regard est surtout captivé par le Coronat dont le massif vert émeraude s'expose ici dans toute sa splendeur.

Derrière moi, les crêtes du Massif des Madres se dévoilent, le lac n'est plus très loin ! J'entre dans une zone boisée de petits pins à crochets mais constituée aussi d'une lande de genévriers et de genêts complètement calcinés. Incendie accidentel ou écobuage volontaire ? De toute manière, c'est dommage d'attenter à la Nature et cette zone carbonisée et noirâtre contraste avec toute cette végétation généreuse et verdoyante. A l'approche du lac, la lande a laissé la place à une tourbière pâteuse où j'ai beaucoup de mal à progresser sans patauger dans une eau froide et boueuse. Heureusement j'arrive enfin au bord du lac où les rives sont bien sèches. Avec leurs vélos sur l'épaule, les vététistes espagnols ont réussi à me rejoindre.

La fille, leader du groupe, qui est frêle mais terriblement efficace dans les grimpées, s'approche de moi alors que je me suis installé au bord du lac pour prendre un peu de repos et avaler un en-cas. Elle me montre un minuscule appareil photo et me fait signe de venir. Je m'exécute et essaie de trouver un angle original pour prendre à la fois le lac, le paysage et l'ensemble de groupe tout près d'un bosquet de rhododendrons en fleurs.

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 Au Pla del Gorg, mon regard est captivé par le Mont Coronat…

Les cyclistes repartent, s'arrêtent devant un panneau indicateur puis disparaissent enfin de ma vue. Il n'est pas encore 9 h, je finis mon sandwich et entame une compote. Me voilà à nouveau seul au monde et j'en profite pour examiner longuement ma carte et surtout analyser le sentier qui monte au lac d'Evol. Je n'ai pas trop de crainte car le tracé est enregistré dans mon GPS mais en raison de la forêt qui entoure le lac, une vérification supplémentaire ne me paraît pas superflue.

Je décide de faire le tour du lac et part sur la droite. Jonché de gros éboulis, je n'ai pas pris le côté le plus facile. J'escalade les énormes blocs en redoublant d'attention car au fonds de moi je me dis : " Si tu tombes au milieu de ce magma rocailleux, tu es foutu car personne ne viendra te découvrir et te chercher ici ! ". Cela d'autant que je sais que le portable ne passe pas ! Un petit torrent descend au milieu des éboulis et j'en profite pour remplir mes gourdes d'une eau glacée et limpide. Ouf ! Après maintes difficultés, me voilà enfin en sécurité sur une berge herbeuse, puis sur une grève sableuse où s'écoulent de multiples ruisselets. Voilà l'endroit rêvé pour faire un brin de toilette même si c'est comme les chats, c'est à dire sans savon avec un simple mouchoir mouillé et juste un peu de déodorant. Bon, j'ai beau avoir envie de me rafraîchir un peu, l'eau est vraiment glacée et " juste bonne pour le pastis " comme on dit du côté de Marseille ! Difficile d'y tenir les fesses dedans d'autant qu'il ne fait pas bien chaud car le soleil est souvent voilé par quelques cumulus bien gris.

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 Paysages autour du Gorg Estelat ou Lac de Nohèdes dont je fais le tour intégral pour mieux l'apprécier.

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 Au Gorg Estelat avant de faire un brin de toilettes- Roses rhododendrons et jaunes genêts, de véritables merveilles !

Heureusement, les nuages continuent d'être chassés par un petit vent et le soleil est parfois présent. J'ai maintenant très froid et me dépêche pour me sécher et me rhabiller. Je continue le tour du lac, le photographie sans cesse dans un verdoyant et fabuleux décor de rhododendrons roses et de genêts en fleurs. Subjugué une fois de plus par cette incroyable beauté, j'ai fini par oublier le Gorg Blau, petit lac glaciaire dont le trop plein se déverse dans celui d'Estelat. Une centaine de mètres plus haut que l'Estelat, j'avais l'intention d'y monter sans mon sac, mais tant pis. De toute manière, je l'ai déjà vu et pris en photo depuis la crête qui domine. Cette crête, c'est celle du Clot Rodon que j'ai gravie l'an dernier en montant au Madres à partir du Col de Sansa.

10 heures. J'ai passé plus d'une heure à errer plus ou moins sereinement autour du gorg et maintenant la difficulté la plus sérieuse de la journée se profile. Une courte et rude montée de huit cent mètres par le Bac del Gorg pour un dénivelé de 200 mètres environ qui va me mener au point culminant de ces deux journées : 2.200 mètres au bas mot !

Je raccourcis mon bâton, traverse des près, essaie tant bien que mal de suivre un sentier parfois balisé en jaune ou bien indiqué par des cairns. Un serpent de petite taille file sous pieds et je n'ai que le temps d'apercevoir le bout de sa queue disparaissant dans les buissons. Une vipère sans doute ! Je grimpe régulièrement, sans à-coups et sans précipitation. Je sens que je souffre bien moins qu'hier et mon souffle est plus régulier. Je m'arrête néanmoins très souvent tant pour le panorama du petit lac anthracite qui s'éloigne que pour calmer mon cœur qui a tendance à s'emballer sous le poids du sac. En face, dans les éboulis du Pilou de la Mirande, j'aperçois deux isards, mais trop furtivement pour avoir le temps de les observer aux jumelles. Les cairns sont maintenant plus visibles jusqu'à un certain collet très caillouteux où ils disparaissent franchement. Puis je les retrouve un peu plus haut et ils se volatilisent de nouveau. Je garde mon GPS allumé pour suivre le tracé enregistré. Je ne suis plus parfaitement sur le chemin mais pas très loin toutefois et je m'oriente ainsi, parfois à droite parfois à gauche. A vrai dire, je ne trouve plus aucune sente, je traverse des près, un bois, circule sur ce qui ressemble à des couloirs réguliers de bovins, enjambe des branches et des arbres morts.

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 Dans la montée vers le Gorg Nègre, j'aperçois encore le Gorg Estelat.

Au bout de quarante minutes d'efforts soutenus, je finis par arriver au bord d'une arête très abrupte où le Gorg Nègre ou lac d'Evol se révèle enfin. Bien moins " nègre " que je l'avais imaginé, il est néanmoins très beau et semble effectivement plus profond que celui d'Estelat. De ce lac, j'ai lu d'étranges et nombreuse légendes (*) : " le seul fait d'y jeter une pierre pouvait, parait-il, être suffisant pour provoquer une épouvantable tempête ; ou encore, les truites qu'on y pêchait sautaient de la poêle quand on les faisait cuire et repartaient par la cheminée ".

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 Au bord d'une arête abrupte, le Gorg Nègre se révèle enfin !

Moi avant de repartir non pas par une cheminée mais par la crête, je trouve un rocher comme support pour me prendre en photo avec le retardateur, histoire de marquer d'une empreinte ce moment inoubliable ! Et une merveille de plus au pays d'Alysse ! Assis confortablement au bord de ce point de vue, je mange encore. Biscuits, pâtes de fruits, grandes gorgées d'eau, barre de céréales, tout est prétexte à ne pas lever le camp rapidement tellement c'est beau !

Bon, il faut quand même que je me décide, l'heure du repas n'est pas encore arrivée ! Dans la descente, j'ai enfin retrouvé le balisage jaune sur une sente qui descend agréablement au milieu de petites et vertes prairies. A cet endroit, beaucoup d'arbres morts. Certains gisent couchés et compte tenu de leur taille et de leur nombre, l'endroit ressemble à un gigantesque ossuaire de carcasses de baleines. Un panonceau indique en catalan le refuge du Font de la Perdrix. Je prends le sens opposé. Le Gorg Nègre se rapproche très rapidement et après avoir enjambé quelques ruisseaux, j'atteins enfin la rive. De nombreux pêcheurs ont installés leurs tentes et calés leurs cannes sur la rive opposée. Je pars à leur rencontre par la droite mais je ne vois personne sur la berge. Ils doivent peut-être dormir, aussi je m'écarte pour ne pas les déranger, prend quelques photos du lac et cherche le chemin qui redescend vers le Col du Portus. Je compulse ma carte et remarque que la sente semble partir du " bout de la bottine " que forme l'extrémité du lac. Effectivement, le chemin est bien là et suit un ru et les Tartères del Gorg. Sur la carte, c'est bien le même torrent d'Evol où je me suis baigné nu hier.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

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Images du Gorg Nègre ou Lac d'Evol

La descente au milieu des bois m'amène dans une vaste prairie fleurie où des vaches broutent paisiblement près d'un petit abri en tôle. Une fois de plus, je m'écarte du troupeau car des veaux tètent encore leurs mères. En outre, un monstrueux taureau ne semble pas disposer à me laisser un passage. Je me dis qu'avec mon gros sac sur le dos, je serais certainement un piètre torero ! Bon, je réussis quand même à me faufiler sans trop déranger le cheptel et je rejoins enfin la bonne piste qui descend vers le col du Portus. Je croise de nombreux pêcheurs qui montent vers le Gorg. Sur ma droite, je domine un large et verdoyant vallon. Il s'agit du Pla de la Baillette où quelques bovins tout blancs se prélassent. Ce vallon est lui-même dominé par le Puig d'Escoutou réputé parait-il pour ces hordes de cervidés. Je m'arrête au bord du chemin, sors les jumelles du fond de mon sac avec l'espoir d'en apercevoir. En vain ! Il est vrai que ce n'est pas encore l'époque du brame et qu'il faut peut-être attendre le mois d'octobre ! Devant moi, l'énigmatique Mont Coronat se dresse, tout proche, comme pour me dire, regarde je suis là, viens le chemin est par ici !

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Dans la descente du Gorg Nègre vers le Col du Portus.

Midi et dix, me revoilà au col du Portus où les voitures sont aussi nombreuses qu'hier. Pas question de rester là pour déjeuner. De toute manière, je n'ai pas très faim et il faut impérativement que je trouve et emprunte le Tour du Coronat pour repartir vers Jujols. Je cherche une indication et m'oriente vers le bout du parking. Là, derrière une voiture, bien ternes mais néanmoins perceptibles, des marques jaunes et rouges apparaissent sur un sapin. Le sentier descend dans la forêt puis débouche en contrebas sur un large chemin. Cette fois, mon GPS est invariable et il ne fait aucun doute, je suis bien sur le tracé et l'itinéraire du Tour du Coronat ! Il ne me reste plus qu'à rentrer !

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 Le sentier du Tour du Coronat juste après le Col du Portus en direction de Jujols.

Au début, le chemin est bien large, par endroit herbeux, par endroit très pierreux. Il circule dans un sous-bois très dense mais par de petites trouées, il consent de tant à autre à une brève vision sur les ravins, les près de La Molina ou le vallon d'Evol. Puis il se hisse au dessus de la forêt et laisse entrevoir à l'identique les paysages et les panoramas aperçus hier depuis la piste. D'ailleurs, la piste est juste en dessous et je l'aperçois très souvent maintenant.

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Sur le Tour du Coronat, les mêmes vues qu'hier mais sous un ciel plus gris.

13 heures, j'ai bien avancé et décide de m'arrêter pour déjeuner. Je sors mon sachet de victuailles duquel j'extirpe les deux derniers sandwichs qui ont survécu à mes fringales. Ils sont quelque peu rassis mais comme il ne me reste plus grand-chose, je m'efforce de les avaler à coups de grandes lampées d'eau. Pour le dessert, je n'ai plus vraiment le choix car il ne me reste que deux pâtes de fruits chinoises et une barre de céréales. Je mange une pâte de fruits et décide d'économiser les autres friandises pour l'après-midi. Alors que je suis prêt à repartir, j'aperçois tout en bas du talus, à une trentaine de mètres, un renard qui monte vers moi. Il ne m'a pas vu et sans bruit, j'essaie d'extraire mon appareil photo de ma poche. Mais comme je suis assis et que mon bermuda me serre aux cuisses, j'ai un mal fou à le sortir de ma poche. Je n'ai pas vraiment le choix et il faut que je me soulève un peu pour y parvenir. Malgré l'extrême lenteur de mes gestes, le renard a remarqué ce mouvement et m'a immédiatement aperçu. Il s'immobilise et m'observe. Avec une infini précaution, je finis d'enfoncer la main droite dans ma poche, mais c'est déjà trop tard, le voilà qui détale et redescend le pente. Il disparaît définitivement dans les bois et de ma vue. Dommage !

A un embranchement simplement symbolisé par un petit cairn, le large chemin a été remplacé par une petite sente qui descend sur la droite. Comme j'ai eu beaucoup de chance d'apercevoir ce cairn sur le bord du chemin, j'ai ressorti mon GPS que je laisse à nouveau allumé. Les panoramas sont les mêmes qu'hier mais tout de même bien moins fascinants sous un ciel devenu tristement gris. Le balisage jaune est présent mais plutôt rare et je crains qu'il y ait plusieurs sentiers. Rapidement, je m'aperçois qu'il n'y en a qu'un seul, plutôt plat mais couramment embroussaillé. Très souvent, je suis obligé d'enjamber de petits buissons pour progresser. Ronces, nerpruns, aubépines, prunelliers, églantiers, tous les épineux de la création semblent s'être donnés le mot pour envahir ce sentier. Au bout d'un quart d'heures, je suis tellement ensanglanté que je suis contraint d'arrêter pour essuyer d'un Kleenex, le sang qui dégouline abondamment le long de mes bras, de mes mains et de mes jambes. Heureusement, il ne s'agit que d'égratignures ou coupures très superficielles et il suffit d'éponger pour que le sang s'arrête très vite de couler. Là, je me rappelle "Eldorando" et les commentaires qui m'étaient donnés par les responsables de la FFRP lorsqu'ils m'annonçaient un Tour du Coronat embroussaillé ! Pour l'instant c'est le seul mauvais tronçon que j'ai rencontré mais au fond de moi, j'espère que les trois autres étapes seront moins belliqueuses sinon je vais finir en lambeaux !

Toutefois, ces difficultés m'ont rendu plus prudent et plutôt que de foncer dans la broussaille, chaque fois qu'il y a un obstacle piquant, j'essaie maintenant de l'éviter. Je m'écarte quand je peux, je casse les tiges les plus hautes avec mon bâton ou j'écrase du pied les branches les plus récalcitrantes. Au delà de cette flore très agressive, heureusement il y a aussi des plantes inoffensives, odorantes, colorées et très agréables à regarder : Toujours, ces tapis de thyms violacés, ces landes jaunes de genêts et toutes ces petites fleurs multicolores dont certaines en bouquets semblent sortir tout droit de chez une fleuriste.

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 Même sous un ciel bien plus gris, les panoramas restent magnifiques

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  Des petits bouquets comme sortis tout droit de chez une fleuriste !

15 heures, le Col Diagre se rapproche, de ce balcon né de la persévérance et du courage des hommes car l'itinéraire suit un canal d'irrigation de plusieurs kilomètres de long reliant L'Estelat à Jujols, j'en aperçois maintenant les abords. La sente descend dorénavant dans une forêt de pins sylvestres dont certains portent encore les vieilles traces jaunes et rouges du Tour du Coronat. Mais, comme cet itinéraire est peu évident à trouver, en prévision du mois d'août, j'accroche, à chaque intersection, de minuscules morceaux de sacs plastiques à des ramures de pins.

Après une forte déclivité caillouteuse, je retrouve le Col Diagre au beau milieu d'une immense réunion de randonneurs. Certainement une association qui organise une kermesse car il y a des tréteaux installées avec des bouteilles d'apéritifs, des jus de fruits, des biscuits et des gâteaux. Les gens qui papotent en réunion ne prêtent aucun cas à ma présence. D'autres, plus à l'écart, me regardent passer avec effarement et doivent se demander d'où je sors avec mon " gigantesque " sac. Comme personne ne me propose rien, je passe mon chemin. Est-ce le vacarme ? Est-ce le passage brutal de l'isolement à la foule ? Toujours est-il que je me dépêche pour fuir ce monde grouillant et dans ma précipitation, j'en oublie une fois de plus le Tour du Coronat !

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 Et toujours ces merveilleux parterres fleuris et ces beaux panoramas ! 

Me revoilà à nouveau sur la piste terreuse à l'endroit même où hier, j'ai croisé le troupeau de vaches. Elles ne sont plus là aujourd'hui et comme j'ai déjà accompli plus de cinq cent mètres, je décide une fois de plus d'emprunter cette piste dont je connais désormais la distance et les méandres.

Quelques jeunes filles ont quitté la fête et m'accompagne dans la descente vers Jujols. Pourquoi n'ont-elles pas pris le Tour du Coronat, chemin beaucoup plus court ? Peut-être ne le connaissaient-elles pas ? Nous papotons un bon moment et elles me confirment venir de cet anniversaire associatif.

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 En descendant vers Jujols, les nuages montent vers moi.

Nous descendons cahin-caha car maintenant des nuages montent vers nous et souvent un brouillard très épais nous entoure et recouvre entièrement le chemin. Nous ne voyons pas à dix mètres. Puis la brume s'évapore, disparaît au dessus de nos têtes et les paysages réapparaissent juste recouverts d'une ample ouate grisâtre. Puis le brouillard revient, nous enveloppent et disparaît à nouveau dans les hauteurs du Coronat. A l'approche de Jujols, les jeunes filles continuent la piste vers le bassin pendant que je récupère les raccourcis empruntés hier.

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 Dans mon approche vers Jujols, j'aperçois enfin le bassin !

Au fur et à mesure que je descends vers Jujols, les nuages s'étiolent et laissent peu à peu la place à un ciel bien moins gris. Avant d'en terminer, Saint-Julien voudrait-il me laisser entrevoir encore quelques merveilles en m'accueillant sous des cieux plus cléments ? C'est à croire car lorsque j'entre dans le village par les petites ruelles, il est 17 heures et les nuages ont quasiment disparus. Le Canigou, les Très Estelles et toutes les montagnes jusqu'au Cambre d'Aze refont peu à peu surface comme pour me montrer une fois de plus qu'il y a de toute évidence une multitude de " Merveilles à voir du Pays d'Alysse ! ".

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......puis le village sous un ciel redevenu plus clément !

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Cliquez sur la carte pour passer à l'étape suivante

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Publié le par gibirando

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Dimanche 1er juillet 2007 2eme jour.

 L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

( La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus- Certains liens anciens vers des sites Internet ayant disparu peuvent ne plus fonctionner.)

Plus nous pénétrons dans l'inconnu, plus il nous semble immense et merveilleux (Charles Lindbergh - aviateur américain-1902-1974)

Six heures du matin, j'émerge de mon tube de toile. La nuit a été un peu agitée surtout le début. La fin, elle a été nettement meilleure. Je me sens bien et semble avoir parfaitement récupéré de ma " mortelle " journée d'hier. Comme la tente se trouvait sur un terrain légèrement incliné, le tapis de sol n'arrêtait pas de glisser et hier soir, j'ai eu un mal de chien à trouver ma place et le sommeil. Une fois le tapis calé, je me suis blotti dans mon sac de couchage et la nuit a été silencieuse et paisible.

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2eme jour. Au sortir de la tente, un gros rayon de soleil orange m'aveugle ……

Je risque un œil dehors et constate que le jour est entrain de poindre. Il fait très beau ! Un gros rayon de soleil orange m'aveugle en tentant de se frayer un chemin à travers le petit bois de pins. Je mets mes lunettes de soleil et commence sans tarder à m'organiser pour le petit déjeuner.

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Le matin du 2eme jour, je viens de démarrer, l'Estany del Clot émerge d'un océan de nuages.

Je ne veux pas " speeder " mais j'ai envie de démarrer tôt pour profiter de la fraîcheur et de la quiétude de ce matin dont j'ai le sentiment qu'il va être exceptionnel. Sur le mini réchaud, l'eau pour le café frémit déjà. Du sac à dos, je sors mon sachet de cappuccino, le sucre et les deux gros croissants achetés hier matin. Comme le sac m'a servi d'oreiller, les croissants ressemblent plutôt à deux crêpes. Je les mange néanmoins avec délectation accompagnés de quelques biscuits.

7h15, je démarre dans un silence de cathédrale, les deux chiens des voisins viennent me saluer. Mes compagnons de campement, eux sont encore dans les bras de Morphée. La surface bleu cobalt de l'étang resplendit sous le soleil et frissonne sous une légère brise.

La piste s'élève progressivement, en faisant le tour de l'étang. Au loin, toutes les vallées sont recouvertes d'une immense chape blanche. De cette mer de nuages, seules surnagent les montagnes les plus hautes. Tout au fond, à l'horizon, je reconnais les Albères, un peu plus près le Massif du Canigou en partie caché par le boisé et sombre Coronat. Je suis là tout seul, seul au monde, souvent arrêté au bord du chemin par la magnificence du site ! D'ailleurs, ce matin ressemble pour moi à un premier matin du monde. Le chant des oiseaux, le bourdonnement des insectes, le murmure d'une cascade toute proche, des papillons qui volètent autour de moi, le bruissement des hautes herbes bercées par la brise. Et puis bien sûr, tous ces paysages tellement beaux que je ne peux en détourner les yeux. J'ai un mal fou à repartir, je veux goûter à ce spectacle. Ce spectacle dont je sais à l'avance qu'il va finir comme se termine une belle séance de cinéma. A l'évidence, mes mirettes en garderont longtemps les images!

Au fur et mesure que je monte, le panorama s'élargit, encore plus éclatant dans la pleine lumière du jour. Au fond de la vallée, la chape de nuages s'agite et se hisse aux flancs des montagnes. Cet immense molleton blanchâtre se soulève, ondule comme un gigantesque océan où d'énormes vagues se jetteraient à l'assaut de rochers. Les ravines ressemblent à des criques où la houle se transforme en ressac, en écume puis s'évapore dans un ciel laiteux.

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Dans la montée vers le lac de Nohèdes ou Gorg Estelat, tous ces paysages sont tellement beaux que je ne peux en détourner les yeux…

Je suis dans ma bulle et c'est le crissement strident de pneus sur des gravillons qui me sortent de cette indolence. Je ne les ai pas vu arriver mais quelques mètres plus bas dans un virage, j'aperçois trois cyclistes. Sur la piste, encore un peu plus bas, il y a en trois autres. Les premiers, deux hommes suivis d'une jeune fille montent à bonne allure. Je m'arrête pour prendre une photo mais ils sont déjà à ma hauteur : " Bonjour ! ". Les trois vététistes espagnols me répondent en cœur : Hola ! mais ils ne s'arrêtent pas et foncent sur ce passage caillouteux et défoncé. J'avoue être à la fois agacé et surpris de les voir là. Agacé de m'avoir sorti de cette belle quarantaine dans laquelle je baignais depuis mon départ et surpris de les voir sur ce chemin dont je n'aurai pas pu imaginer qu'il soit cyclable. D'un autre côté, je me dis que chacun doit trouver son bonheur et je reconnais en eux des qualités de vrais sportifs. Personnellement si je suis capable de venir à pied et avec mon gros sac jusqu'ici, y venir en vélo me parait une prouesse encore bien supérieure ! Surtout les deux filles qui montent à un train d'enfer et que je trouve très valeureuses de faire la " pige " à quatre garçons.

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 En montant vers le Gorg Estelat, des vététistes espagnols me dépassent. Derrière moi, le Coronat ne cesse de me fasciner.

Quand j'arrive au Pla del Mig, nos chemins se séparent, je quitte la piste que les cyclistes ont poursuivie et je prends l'étroite sente balisée en jaune qui monte vers le lac.

Je les aperçois en dessous de moi qui se dirigent vers l'extrémité du Pla. Je vois bien qu'ils s'orientent vers un cul de sac car le chemin se termine près d'un minuscule refuge et des près occupés par des enclos à bestiaux.

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 Au Pla del Mig, les cyclistes espagnols s'orientent vers un cul de sac. Je vais les remettre dans la bonne direction menant au lac.

Maintenant, ils me regardent dans mon ascension et soudain ils comprennent qu'il n'y a aucune autre alternative pour aller au Gorg Estelat. Je leur fais signe de ma rejoindre.

Le vélo sur l'épaule, une des deux filles est la première à rejoindre la sente que j'ai empruntée. Les autres ont longuement réfléchis mais décident de la suivre maintenant. Leurs vélos sur les épaules, ils escaladent courbés ce minuscule sentier pierreux tels de " petits Jésus " avec leurs croix comme calvaires. Je suis arrivé au Pla del Gorg bien avant eux. Assis, sur un piton rocheux, je les observe dans leur pénible ascension mais mon regard est surtout captivé par le Coronat dont le massif vert émeraude s'expose ici dans toute sa splendeur.

Derrière moi, les crêtes du Massif des Madres se dévoilent, le lac n'est plus très loin ! J'entre dans une zone boisée de petits pins à crochets mais constituée aussi d'une lande de genévriers et de genêts complètement calcinés. Incendie accidentel ou écobuage volontaire ? De toute manière, c'est dommage d'attenter à la Nature et cette zone carbonisée et noirâtre contraste avec toute cette végétation généreuse et verdoyante. A l'approche du lac, la lande a laissé la place à une tourbière pâteuse où j'ai beaucoup de mal à progresser sans patauger dans une eau froide et boueuse. Heureusement j'arrive enfin au bord du lac où les rives sont bien sèches. Avec leurs vélos sur l'épaule, les vététistes espagnols ont réussi à me rejoindre.

La fille, leader du groupe, qui est frêle mais terriblement efficace dans les grimpées, s'approche de moi alors que je me suis installé au bord du lac pour prendre un peu de repos et avaler un en-cas. Elle me montre un minuscule appareil photo et me fait signe de venir. Je m'exécute et essaie de trouver un angle original pour prendre à la fois le lac, le paysage et l'ensemble de groupe tout près d'un bosquet de rhododendrons en fleurs.

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 Au Pla del Gorg, mon regard est captivé par le Mont Coronat…

Les cyclistes repartent, s'arrêtent devant un panneau indicateur puis disparaissent enfin de ma vue. Il n'est pas encore 9 h, je finis mon sandwich et entame une compote. Me voilà à nouveau seul au monde et j'en profite pour examiner longuement ma carte et surtout analyser le sentier qui monte au lac d'Evol. Je n'ai pas trop de crainte car le tracé est enregistré dans mon GPS mais en raison de la forêt qui entoure le lac, une vérification supplémentaire ne me paraît pas superflue.

Je décide de faire le tour du lac et part sur la droite. Jonché de gros éboulis, je n'ai pas pris le côté le plus facile. J'escalade les énormes blocs en redoublant d'attention car au fonds de moi je me dis : " Si tu tombes au milieu de ce magma rocailleux, tu es foutu car personne ne viendra te découvrir et te chercher ici ! ". Cela d'autant que je sais que le portable ne passe pas ! Un petit torrent descend au milieu des éboulis et j'en profite pour remplir mes gourdes d'une eau glacée et limpide. Ouf ! Après maintes difficultés, me voilà enfin en sécurité sur une berge herbeuse, puis sur une grève sableuse où s'écoulent de multiples ruisselets. Voilà l'endroit rêvé pour faire un brin de toilette même si c'est comme les chats, c'est à dire sans savon avec un simple mouchoir mouillé et juste un peu de déodorant. Bon, j'ai beau avoir envie de me rafraîchir un peu, l'eau est vraiment glacée et " juste bonne pour le pastis " comme on dit du côté de Marseille ! Difficile d'y tenir les fesses dedans d'autant qu'il ne fait pas bien chaud car le soleil est souvent voilé par quelques cumulus bien gris.

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 Paysages autour du Gorg Estelat ou Lac de Nohèdes dont je fais le tour intégral pour mieux l'apprécier.

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 Au Gorg Estelat avant de faire un brin de toilettes- Roses rhododendrons et jaunes genêts, de véritables merveilles !

Heureusement, les nuages continuent d'être chassés par un petit vent et le soleil est parfois présent. J'ai maintenant très froid et me dépêche pour me sécher et me rhabiller. Je continue le tour du lac, le photographie sans cesse dans un verdoyant et fabuleux décor de rhododendrons roses et de genêts en fleurs. Subjugué une fois de plus par cette incroyable beauté, j'ai fini par oublier le Gorg Blau, petit lac glaciaire dont le trop plein se déverse dans celui d'Estelat. Une centaine de mètres plus haut que l'Estelat, j'avais l'intention d'y monter sans mon sac, mais tant pis. De toute manière, je l'ai déjà vu et pris en photo depuis la crête qui domine. Cette crête, c'est celle du Clot Rodon que j'ai gravie l'an dernier en montant au Madres à partir du Col de Sansa.

10 heures. J'ai passé plus d'une heure à errer plus ou moins sereinement autour du gorg et maintenant la difficulté la plus sérieuse de la journée se profile. Une courte et rude montée de huit cent mètres par le Bac del Gorg pour un dénivelé de 200 mètres environ qui va me mener au point culminant de ces deux journées : 2.200 mètres au bas mot !

Je raccourcis mon bâton, traverse des près, essaie tant bien que mal de suivre un sentier parfois balisé en jaune ou bien indiqué par des cairns. Un serpent de petite taille file sous pieds et je n'ai que le temps d'apercevoir le bout de sa queue disparaissant dans les buissons. Une vipère sans doute ! Je grimpe régulièrement, sans à-coups et sans précipitation. Je sens que je souffre bien moins qu'hier et mon souffle est plus régulier. Je m'arrête néanmoins très souvent tant pour le panorama du petit lac anthracite qui s'éloigne que pour calmer mon cœur qui a tendance à s'emballer sous le poids du sac. En face, dans les éboulis du Pilou de la Mirande, j'aperçois deux isards, mais trop furtivement pour avoir le temps de les observer aux jumelles. Les cairns sont maintenant plus visibles jusqu'à un certain collet très caillouteux où ils disparaissent franchement. Puis je les retrouve un peu plus haut et ils se volatilisent de nouveau. Je garde mon GPS allumé pour suivre le tracé enregistré. Je ne suis plus parfaitement sur le chemin mais pas très loin toutefois et je m'oriente ainsi, parfois à droite parfois à gauche. A vrai dire, je ne trouve plus aucune sente, je traverse des près, un bois, circule sur ce qui ressemble à des couloirs réguliers de bovins, enjambe des branches et des arbres morts.

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 Dans la montée vers le Gorg Nègre, j'aperçois encore le Gorg Estelat.

Au bout de quarante minutes d'efforts soutenus, je finis par arriver au bord d'une arête très abrupte où le Gorg Nègre ou lac d'Evol se révèle enfin. Bien moins " nègre " que je l'avais imaginé, il est néanmoins très beau et semble effectivement plus profond que celui d'Estelat. De ce lac, j'ai lu d'étranges et nombreuse légendes (*) : " le seul fait d'y jeter une pierre pouvait, parait-il, être suffisant pour provoquer une épouvantable tempête ; ou encore, les truites qu'on y pêchait sautaient de la poêle quand on les faisait cuire et repartaient par la cheminée ".

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 Au bord d'une arête abrupte, le Gorg Nègre se révèle enfin !

Moi avant de repartir non pas par une cheminée mais par la crête, je trouve un rocher comme support pour me prendre en photo avec le retardateur, histoire de marquer d'une empreinte ce moment inoubliable ! Et une merveille de plus au pays d'Alysse ! Assis confortablement au bord de ce point de vue, je mange encore. Biscuits, pâtes de fruits, grandes gorgées d'eau, barre de céréales, tout est prétexte à ne pas lever le camp rapidement tellement c'est beau !

Bon, il faut quand même que je me décide, l'heure du repas n'est pas encore arrivée ! Dans la descente, j'ai enfin retrouvé le balisage jaune sur une sente qui descend agréablement au milieu de petites et vertes prairies. A cet endroit, beaucoup d'arbres morts. Certains gisent couchés et compte tenu de leur taille et de leur nombre, l'endroit ressemble à un gigantesque ossuaire de carcasses de baleines. Un panonceau indique en catalan le refuge du Font de la Perdrix. Je prends le sens opposé. Le Gorg Nègre se rapproche très rapidement et après avoir enjambé quelques ruisseaux, j'atteins enfin la rive. De nombreux pêcheurs ont installés leurs tentes et calés leurs cannes sur la rive opposée. Je pars à leur rencontre par la droite mais je ne vois personne sur la berge. Ils doivent peut-être dormir, aussi je m'écarte pour ne pas les déranger, prend quelques photos du lac et cherche le chemin qui redescend vers le Col du Portus. Je compulse ma carte et remarque que la sente semble partir du " bout de la bottine " que forme l'extrémité du lac. Effectivement, le chemin est bien là et suit un ru et les Tartères del Gorg. Sur la carte, c'est bien le même torrent d'Evol où je me suis baigné nu hier.

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Images du Gorg Nègre ou Lac d'Evol

La descente au milieu des bois m'amène dans une vaste prairie fleurie où des vaches broutent paisiblement près d'un petit abri en tôle. Une fois de plus, je m'écarte du troupeau car des veaux tètent encore leurs mères. En outre, un monstrueux taureau ne semble pas disposer à me laisser un passage. Je me dis qu'avec mon gros sac sur le dos, je serais certainement un piètre torero ! Bon, je réussis quand même à me faufiler sans trop déranger le cheptel et je rejoins enfin la bonne piste qui descend vers le col du Portus. Je croise de nombreux pêcheurs qui montent vers le Gorg. Sur ma droite, je domine un large et verdoyant vallon. Il s'agit du Pla de la Baillette où quelques bovins tout blancs se prélassent. Ce vallon est lui-même dominé par le Puig d'Escoutou réputé parait-il pour ces hordes de cervidés. Je m'arrête au bord du chemin, sors les jumelles du fond de mon sac avec l'espoir d'en apercevoir. En vain ! Il est vrai que ce n'est pas encore l'époque du brame et qu'il faut peut-être attendre le mois d'octobre ! Devant moi, l'énigmatique Mont Coronat se dresse, tout proche, comme pour me dire, regarde je suis là, viens le chemin est par ici !

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Dans la descente du Gorg Nègre vers le Col du Portus.

Midi et dix, me revoilà au col du Portus où les voitures sont aussi nombreuses qu'hier. Pas question de rester là pour déjeuner. De toute manière, je n'ai pas très faim et il faut impérativement que je trouve et emprunte le Tour du Coronat pour repartir vers Jujols. Je cherche une indication et m'oriente vers le bout du parking. Là, derrière une voiture, bien ternes mais néanmoins perceptibles, des marques jaunes et rouges apparaissent sur un sapin. Le sentier descend dans la forêt puis débouche en contrebas sur un large chemin. Cette fois, mon GPS est invariable et il ne fait aucun doute, je suis bien sur le tracé et l'itinéraire du Tour du Coronat ! Il ne me reste plus qu'à rentrer !

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 Le sentier du Tour du Coronat juste après le Col du Portus en direction de Jujols.

Au début, le chemin est bien large, par endroit herbeux, par endroit très pierreux. Il circule dans un sous-bois très dense mais par de petites trouées, il consent de tant à autre à une brève vision sur les ravins, les près de La Molina ou le vallon d'Evol. Puis il se hisse au dessus de la forêt et laisse entrevoir à l'identique les paysages et les panoramas aperçus hier depuis la piste. D'ailleurs, la piste est juste en dessous et je l'aperçois très souvent maintenant.

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Sur le Tour du Coronat, les mêmes vues qu'hier mais sous un ciel plus gris.

13 heures, j'ai bien avancé et décide de m'arrêter pour déjeuner. Je sors mon sachet de victuailles duquel j'extirpe les deux derniers sandwichs qui ont survécu à mes fringales. Ils sont quelque peu rassis mais comme il ne me reste plus grand-chose, je m'efforce de les avaler à coups de grandes lampées d'eau. Pour le dessert, je n'ai plus vraiment le choix car il ne me reste que deux pâtes de fruits chinoises et une barre de céréales. Je mange une pâte de fruits et décide d'économiser les autres friandises pour l'après-midi. Alors que je suis prêt à repartir, j'aperçois tout en bas du talus, à une trentaine de mètres, un renard qui monte vers moi. Il ne m'a pas vu et sans bruit, j'essaie d'extraire mon appareil photo de ma poche. Mais comme je suis assis et que mon bermuda me serre aux cuisses, j'ai un mal fou à le sortir de ma poche. Je n'ai pas vraiment le choix et il faut que je me soulève un peu pour y parvenir. Malgré l'extrême lenteur de mes gestes, le renard a remarqué ce mouvement et m'a immédiatement aperçu. Il s'immobilise et m'observe. Avec une infini précaution, je finis d'enfoncer la main droite dans ma poche, mais c'est déjà trop tard, le voilà qui détale et redescend le pente. Il disparaît définitivement dans les bois et de ma vue. Dommage !

A un embranchement simplement symbolisé par un petit cairn, le large chemin a été remplacé par une petite sente qui descend sur la droite. Comme j'ai eu beaucoup de chance d'apercevoir ce cairn sur le bord du chemin, j'ai ressorti mon GPS que je laisse à nouveau allumé. Les panoramas sont les mêmes qu'hier mais tout de même bien moins fascinants sous un ciel devenu tristement gris. Le balisage jaune est présent mais plutôt rare et je crains qu'il y ait plusieurs sentiers. Rapidement, je m'aperçois qu'il n'y en a qu'un seul, plutôt plat mais couramment embroussaillé. Très souvent, je suis obligé d'enjamber de petits buissons pour progresser. Ronces, nerpruns, aubépines, prunelliers, églantiers, tous les épineux de la création semblent s'être donnés le mot pour envahir ce sentier. Au bout d'un quart d'heures, je suis tellement ensanglanté que je suis contraint d'arrêter pour essuyer d'un Kleenex, le sang qui dégouline abondamment le long de mes bras, de mes mains et de mes jambes. Heureusement, il ne s'agit que d'égratignures ou coupures très superficielles et il suffit d'éponger pour que le sang s'arrête très vite de couler. Là, je me rappelle "Eldorando" et les commentaires qui m'étaient donnés par les responsables de la FFRP lorsqu'ils m'annonçaient un Tour du Coronat embroussaillé ! Pour l'instant c'est le seul mauvais tronçon que j'ai rencontré mais au fond de moi, j'espère que les trois autres étapes seront moins belliqueuses sinon je vais finir en lambeaux !

Toutefois, ces difficultés m'ont rendu plus prudent et plutôt que de foncer dans la broussaille, chaque fois qu'il y a un obstacle piquant, j'essaie maintenant de l'éviter. Je m'écarte quand je peux, je casse les tiges les plus hautes avec mon bâton ou j'écrase du pied les branches les plus récalcitrantes. Au delà de cette flore très agressive, heureusement il y a aussi des plantes inoffensives, odorantes, colorées et très agréables à regarder : Toujours, ces tapis de thyms violacés, ces landes jaunes de genêts et toutes ces petites fleurs multicolores dont certaines en bouquets semblent sortir tout droit de chez une fleuriste.

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 Même sous un ciel bien plus gris, les panoramas restent magnifiques

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  Des petits bouquets comme sortis tout droit de chez une fleuriste !

15 heures, le Col Diagre se rapproche, de ce balcon né de la persévérance et du courage des hommes car l'itinéraire suit un canal d'irrigation de plusieurs kilomètres de long reliant L'Estelat à Jujols, j'en aperçois maintenant les abords. La sente descend dorénavant dans une forêt de pins sylvestres dont certains portent encore les vieilles traces jaunes et rouges du Tour du Coronat. Mais, comme cet itinéraire est peu évident à trouver, en prévision du mois d'août, j'accroche, à chaque intersection, de minuscules morceaux de sacs plastiques à des ramures de pins.

Après une forte déclivité caillouteuse, je retrouve le Col Diagre au beau milieu d'une immense réunion de randonneurs. Certainement une association qui organise une kermesse car il y a des tréteaux installées avec des bouteilles d'apéritifs, des jus de fruits, des biscuits et des gâteaux. Les gens qui papotent en réunion ne prêtent aucun cas à ma présence. D'autres, plus à l'écart, me regardent passer avec effarement et doivent se demander d'où je sors avec mon " gigantesque " sac. Comme personne ne me propose rien, je passe mon chemin. Est-ce le vacarme ? Est-ce le passage brutal de l'isolement à la foule ? Toujours est-il que je me dépêche pour fuir ce monde grouillant et dans ma précipitation, j'en oublie une fois de plus le Tour du Coronat !

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 2eme jour L'Estany del Clot (1.640 m) - Lac de Nohèdes ou Gorg Estelat (2.022 m) - Lac d'Evol ou Gorg Nègre (2.083 m) - Jujols (940 m) 20 kms.

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 Et toujours ces merveilleux parterres fleuris et ces beaux panoramas ! 

Me revoilà à nouveau sur la piste terreuse à l'endroit même où hier, j'ai croisé le troupeau de vaches. Elles ne sont plus là aujourd'hui et comme j'ai déjà accompli plus de cinq cent mètres, je décide une fois de plus d'emprunter cette piste dont je connais désormais la distance et les méandres.

Quelques jeunes filles ont quitté la fête et m'accompagne dans la descente vers Jujols. Pourquoi n'ont-elles pas pris le Tour du Coronat, chemin beaucoup plus court ? Peut-être ne le connaissaient-elles pas ? Nous papotons un bon moment et elles me confirment venir de cet anniversaire associatif.

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 En descendant vers Jujols, les nuages montent vers moi.

Nous descendons cahin-caha car maintenant des nuages montent vers nous et souvent un brouillard très épais nous entoure et recouvre entièrement le chemin. Nous ne voyons pas à dix mètres. Puis la brume s'évapore, disparaît au dessus de nos têtes et les paysages réapparaissent juste recouverts d'une ample ouate grisâtre. Puis le brouillard revient, nous enveloppent et disparaît à nouveau dans les hauteurs du Coronat. A l'approche de Jujols, les jeunes filles continuent la piste vers le bassin pendant que je récupère les raccourcis empruntés hier.

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 Dans mon approche vers Jujols, j'aperçois enfin le bassin !

Au fur et à mesure que je descends vers Jujols, les nuages s'étiolent et laissent peu à peu la place à un ciel bien moins gris. Avant d'en terminer, Saint-Julien voudrait-il me laisser entrevoir encore quelques merveilles en m'accueillant sous des cieux plus cléments ? C'est à croire car lorsque j'entre dans le village par les petites ruelles, il est 17 heures et les nuages ont quasiment disparus. Le Canigou, les Très Estelles et toutes les montagnes jusqu'au Cambre d'Aze refont peu à peu surface comme pour me montrer une fois de plus qu'il y a de toute évidence une multitude de " Merveilles à voir du Pays d'Alysse ! ".

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......puis le village sous un ciel redevenu plus clément !

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Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.

Publié le par gibirando

 

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.

Samedi 30 juin 2007 1er jour.

 Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.

( La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus- Certains liens anciens vers des sites Internet ayant disparu peuvent ne plus fonctionner.)

S'il n'y avait que sept merveilles du monde sur la terre, cela ne vaudrait pas la peine d'y aller voir. (Jacques Prévert - poète français-1900-1977)

Samedi 30 juin 2007, il est 9 h du matin quand j'entre dans le village de Jujols et gare ma voiture sur le vaste parking qui jouxte la belle église romane. Elle porte le nom de Saint-Julien et même si je ne suis pas un saint portant le même nom que lui, j'espère que ce saint homme veillera sur moi tout au long de ma randonnée ! Jujols a d'ailleurs aussi pour origine un nom de domaine appartenant à des Iullus, Julius ou Juliulus, diminutif de Jules. Avec des noms pareils pour origine, à Jujols, je suis en quelque sorte déjà chez moi !

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.

 La belle église romane de Jujols

Assis au bord du coffre, je chausse mes godillots et me prépare avec un peu d'anxiété car j'ai un sac " monstrueux " ! Vingt et un kilos sur le pèse-personne qu'il faisait ce matin ! Hier soir, j'ai eu beau le vider et le revider, je pense avoir pris l'indispensable mais aussi le strict nécessaire, hors mis peut-être un minuscule baladeur MP3 et surtout le superflu " Da Vinci Code " en version normale Jean-Claude Lattés, 500 grammes de pages que je me suis décidé enfin à lire ! Mais que faire ? Le sac de 70 litres de contenance est déjà lourd tout seul mais quand on ajoute une tente, un sac de couchage, un tapis de sol, trois litres et demi d'eau, la " bouffe " pour deux jours, une polaire, une veste en Goretex, un poncho, une couverture de survie, un tee-shirt, un slip et des chaussettes de rechange, une trousse à pharmacie, les papiers d'identité et tous les objets indispensables pour un trek de deux jours en autonomie complète (cartes, GPS, boussole, jumelles, quart en métal, briquet, sifflet, mini-réchaud, lunettes de soleil, lampe, papier-toilettes, mouchoirs, crème solaire, etc..) croyez-moi il est très difficile de faire plus léger !

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.

 Les Massifs du Canigou et des Très Esteles depuis Jujols

Chaussures aux pieds, il faut bien que je me décide à charger cet " abominable " sac sur mon dos. Je suis agréablement surpris et à première vue et malgré le poids, il me parait plutôt confortable. J'ai bien réglé les sangles et il épouse parfaitement mes épaules, appuie peu sur mon dos au profit de mes hanches et de ma taille. Mon bâton de marche à la main, j'ai mon GPS dans une poche de mon bermuda et mon petit " Canon " numérique dans l'autre. Je ferme la voiture et part chercher un panneau qui indiquerait le départ du Tour du Coronat. Sous un petit préau, un grand panneau indique plusieurs randonnées de quelques heures au départ du village mais rien quant au tour que je recherche. Au regard de ce que je sais du Tour du Coronat, je ne suis qu'à moitié étonné et pars visiter l'église et le village. Quelle vue ! Quel spectacle ! Les massifs du Canigou à gauche, celui des Très Estelles en face et la chaîne des Pyrénées sur ma droite se dévoilent derrière un halo d'une brume bleutée. Derrière le village, grâce à leurs calcaires marmoréens rouges, les flancs du Coronat rosissent sous les premiers rayons de soleil. De l'église, on aperçoit le village d'Olette, minuscule, tout en bas dans la vallée.

Avant de démarrer il faut que je fige dans mon appareil-photo quelques-uns de ces instants magiques : la belle église, ces paysages bleus et roses et quelques-unes des belles venelles et maisons rustiques de Jujols.

Une camionnette arrive, je fais un petit signe au chauffeur qui arrête son véhicule à ma hauteur.

- Je veux faire le Tour du Coronat, où se trouve le départ s'il vous plait ?

- Continuez dans le village, vous trouverez des marques jaunes qui montent à travers des ruelles, suivez-les. Ensuite, vous arriverez à proximité d'une grande ferme, longez-la à droite. Vous couperez la piste à plusieurs reprises mais continuez toujours à suivre les marques jaunes. Elles finissent par arriver tout en haut de la piste. Vous verrez une réserve d'eau, continuez. Ensuite….

Je l'arrête dans ses explications car il semble parti pour me décrire le Tour du Coronat dans son intégralité et je n'ai pas vraiment le temps.

-Merci pour les renseignements ! Après je m'en sortirai tout seul car j'ai tout le chemin inscrit dans mon GPS ! , tout en lui montrant mon appareil.

Il redémarre, l'air agacé et incrédule comme quelqu'un qui n'a pas pu aller au bout de son raisonnement et qui se dit : " tant pis, si c'est comme ça, débrouille toi tout seul ! "

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms. 

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.

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Images de Jujols le matin de mon départ

9h 20, j'ai traînaillé plus qu'il ne faut, fait quelques photos et il est vraiment temps de me mettre en route.

Il fait déjà très chaud et je souffre rapidement avec cette " tonne " sur le dos. Je souffre et je souffle. Dans ce bon dénivelé, le manque d'entraînement que je pressentais se fait sentir. Tous les dix mètres, je m'arrête pour prendre des photos mais surtout pour me reposer car j'ai le " palpitant " qui s'emballe.

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Deux grands oiseaux noirs tournoient au dessus de ma tête.

Deux grands oiseaux noirs tournoient au dessus de ma tête comme pour me dire : " Tu vas crever si tu continues comme ça et on va te " bouffer " ! Je passe à droite de la ferme et arrive dans un pré où je m'affale à l'ombre d'une grande aubépine. Faut dire que sur ce versant du Coronat, qu'Antoine Glory appelle en catalan " solana ", en français soulane ou adret, l'ombre est un " produit très rare " car tout est sec et aride et les arbres ne sont pas légions hors mis quelques arbrisseaux épineux.

Je bois deux grandes gorgées d'eau, mange une barre de céréales et repars maintenant la gourde à la main. Les oiseaux noirs ont disparus. Je me dis qu'ils ont du penser que ce n'est pas cette fois qu'ils m'auraient !

Je perds par instant les traces jaunes pas toujours évidentes à trouver, j'en trouve des bleus, des jaunes et rouges (en principe le Tour du Coronat), je coupe des près, passe tout près de la réserve d'eau et finit par arriver au dernier virage de la piste de terre que m'indiquait le camionneur.

Ici finissent les raccourcis et la piste part dans d'immenses lacets qui montent vers le Col Diagre. Je regarde mon GPS, tout est OK sur mon tracé et je poursuis sur la piste. Quelques mètres plus loin, sur ma droite, un panonceau jaune est là planté dans la garrigue. Je m'approche : " Sentier des Bergeries ", " Sentier des Carrières ". Plus haut, peint sur un rocher : " Sentier géologique ". Mais toujours rien quant au Tour du Coronat ! Je continue la piste pierreuse où désormais je marche d'un pas plus volontaire. Au premier grand virage, je regarde à nouveau mon GPS pour constater que je suis désormais hors tracé. Je pose mon sac, sors une carte et m'assoie au bord du chemin les pieds dans le vide. Mais à cet endroit il n'y a pas trop de risque car de petits vallons broussailleux dégringolent en pente douce, puis ils s'élargissent et deviennent ravines abruptes. Finalement tous ces ravins se rejoignent tout en bas dans la vallée de la Têt.

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 Le bassin alimenté par le séculaire canal de Jujols depuis le Gorg Estelat.

J'observe attentivement ma carte, essaie de comprendre où j'ai commis une erreur : " Ce ne peut-être qu'au panonceau jaune car sur la carte la piste semble toute proche et parallèle au sentier du Tour du Coronat ! " Je regarde plus haut et aperçoit effectivement une sente qui passe plus haut au dessus d'une bergerie en ruines. D'un coup, je me souviens du topo-guide qui indiquait que le sentier s'elevait aux dessus de deux cortals (*) et arrivait à un long hangar. Ce grand hangar blanc, je l'aperçois tout en haut, loin au dessus de moi. Il faut que je fasse demi-tour pour reprendre le bon itinéraire ! Puis je me ravise et étale toute ma carte au beau milieu du chemin. Du bout du doigt, je me mets à suivre la piste, blanche et en pointillés sur la carte, tout en gardant un œil sur le tracé rouge propre au Tour du Coronat. Les deux partent dans la même direction, se suivent souvent de manière parallèle et finissent par déboucher au même endroit au Col du Portus. Je réfléchis et je me dis que je marche plutôt agréablement sur cette piste, le sac est moins pénible à porter que sur des dénivelés caillouteux où il faut lever les pieds plus hauts. Je prends la décision de continuer la piste jusqu'au Col du Portus tout en me disant que demain, il faudra impérativement que je revienne par le vrai itinéraire du Tour du Coronat.

 (*) Cortal : Cabane de bergers en estive.

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Quelques photos dans la montée vers le Col Diagre

Tout en montant, j'observe la nature. Beaucoup de fleurs multicolores, des près tapissés de bouquets de thyms en fleurs parfois d'un rose presque violacé parfois d'un rose très pale formant des contrastes étonnants. Les genêts purgatifs ou scorpions mettent une touche de jaune dans ces landes verdoyantes mais lorsqu'elles sont recouvertes de schistes noirs, ces garrigues paraissent parfois très arides. Les sauterelles et surtout les papillons m'accompagnent sur ce chemin de croix, je reconnais les habituels " citrons " jaunes et les piérides blanches plus nombreuses mais il y en a tellement : des orangés, des noirs, des petits bleus, des tachetés de rouge, des marrons foncés ou clairs, tout un petit monde volant et sautant virevolte autour de moi. Mais quoi de bien étonnant, puisque dans la réserve naturelle de Jujols, les scientifiques ont dénombrés plus de 800 espèces de papillons et 60 espèces d'orthoptères (*).

Des lézards sommeillent sur les pierres brûlantes du chemin jusqu'au moment où ils se sentent suffisamment dérangés pour déguerpir. Plus haut mais à proximité du chemin, un grand rapace fait du surplace, peut-être un Gypaète barbu bien présent dans la réserve, je continue à avancer mais il ne semble pas effrayer de ma présence. Au fond de moi, je me dis que je vais peut-être avoir la chance de le photographier de bien plus près.

(*) Orthoptères : L'ordre comprend les Ensifères (sauterelles et grillons) et les Caelifères (criquets).

Je continue, il s'éloigne, revient, monte, descend, va se poser sur la cime d'un pin dont les premiers spécimens apparaissent plus haut maintenant. Je continue, je me rapproche, il hésite à revenir et disparaît définitivement derrière un mamelon rocheux. J'arrive enfin à l'endroit où l'oiseau planait et comprends enfin les raisons de tant d'insistance : un animal ressemblant à une fouine gît les tripes à l'air ! D'un coup de pied, j'éloigne l'animal de la piste afin qu'il ne finisse pas plus qu'il n'est en charpie sous les roues d'une voiture ! Je me dis que si la nature est belle elle sait aussi être très cruelle sans que l'homme en rajoute !

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 Une flore magnifique et une faune virevoltante sur la piste

Les lacets se succèdent. Tout en bas le bleu du bassin de la retenue d'eau me sert de repère dans ma lente ascension. De la voir s'éloigner et rapetisser m'encourage. J'amorce enfin un grand virage d'où j'aperçois l'église de Jujols. Il est 11 h 10, deux heures déjà que je marche sous ce soleil de plomb. Mais j'approche du Col Diagre que j'ai noté en " waypoint " sur mon GPS. Sur ma gauche une compagnie de perdreaux s'envole en rasant les genêts et descendent dans le ravin. Juste après, un troupeau de vaches barre le chemin. Je m'en écarte car plusieurs d'entre-elles allaitent leur veau et me regardent d'un œil noir inquisiteur. Voilà le grand hangar blanc qu'Antoine Glory cite dans son livre comme la bergerie Aparicio puis le col Diagre et sur ma droite le début de la forêt du Mont Coronat. A partir de cet endroit, la piste semble plus plate, d'ailleurs un panonceau jaune m'indique clairement ce qu'il reste à accomplir pour atteindre le col du Portus : dénivelé 327 mètres, distance 8,5 kms, temps 3h30.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.

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Quelques photos prises sur la piste avant le Col Diagre puis au col : le cadavre d'une fouine convoité par un gypaète, Jujols et les lacets de la piste que je viens s'emprunter, les bouquets de thym colorent les bas-côtés de la piste, l'arrivée au col Diagre constitue un agréable palier, ferme et bovins en estives au col Diagre, un panonceau qui m'assure de la bonne direction.

Rien de bien compliqué ou de difficile car le Col Diagre étant à 1.471 mètres, j'ai déjà parcouru un dénivelé de plus de cinq cent mètres. Le temps de m'asperger abondamment à un abreuvoir où coule une eau rafraîchissante et je repars aussitôt, toujours sur la piste. Il est 11 h 45 et je n'ai pas très faim. Il faut dire que je me suis littéralement gavé d'eau car j'ai fini deux gourdes d'un litre et j'ai bien entamé une bouteille d'eau minérale pétillante d'un litre et demi. J'ai pratiquement marché au rythme de plus d'un litre à l'heure. Désormais revigoré, j'oublie dans ma précipitation, de remplir mes gourdes au déversoir du canal.

Malgré les arbres plus nombreux et la forêt qui défile sur ma droite, ma marche se poursuit toujours en plein " cagnard ". Sous la canicule qui s'est maintenant installé, je suis contraint d'économiser l'eau pétillante de ma bouteille. Un demi-heure plus tard, j'atteins enfin un tronçon ombragé où des pins et quelques feuillus se sont installés de part et d'autre de la piste. Un petit torrent descend de la montagne et je m'installe là pour déjeuner. Les sandwichs entourés de leur film de cellophane et de papier alu sont restés frais malgré la chaleur ambiante. Quelques mètres plus haut, une minuscule cascade laisse entendre son " glouglou " harmonieux et surtout salutaire pour mes deux bidons asséchés.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.

  Après une matinée sous un terrible cagnard, enfin un peu d'ombre pour déjeuner !

Après ce sobre repas, bien à l'ombre de grands pins, je m'allonge sur l'herbe quelques instants pour un repos bien gagné et dévore quelques pages du Da Vinci Code. Je redémarre, à nouveau en plein soleil et la pente s'accentue. Tout au loin, je devine le troupeau de vaches aperçu peu avant le Col Diagre. En contrebas, la vallée d'Evol se déploie. Je la connais un peu pour avoir parcouru son chemin pastoral le " Cami Ramader ". En dessous de la piste, d'immenses ravins y descendent en zigzaguant. Sur ma droite, je reconnais le Puig d'Escoutou où pour la première fois l'an dernier, j'ai pu entendre le brame des cerfs.

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  Le Col Diagre est loin maintenant. En contrebas, la vallée d'Evol se déploie

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 Après le pique-nique, je redémarre à nouveau en plein soleil. Sur ma droite le Puig d'Escoutou apparaît.

J'ai trouvé ma cadence, je n'ai plus besoin d'économiser l'eau et les kilomètres défilent à un rythme soutenu. Vers 13 heures, après une première et brève descente, j'atteins enfin une partie plus ombragée. Je m'arrête pour faire un point sur la carte. Les aiguilles de pins forment un tapis bien attirant et semblent me dire : Allonge-toi et repose-toi ! Aïe ! Ouaaa ! Ces aiguilles piquent trop ! Mais je me souviens avoir emporté un bon morceau du film à bulles qui gît au fonds de mon sac et qui va parfaitement faire l'affaire. Je m'allonge confortablement sur le film plastique, déplie ma carte et constate que je suis au lieu-dit du " Barry de l'Ous " entre les deux ravins de Livia et de Font Fréde. Il est tôt et le Col du Portus n'est plus très loin ! Je reste allongé à bouquiner, à écouter mon baladeur MP3. Puis la lassitude aidant, je finis par m'assoupir. Au bout d'un moment, seul le gazouillis de quelques oiseaux vient me sortir de cette torpeur. Je me redresse, assis au bord du talus et en surplomb du ravin, je suis presque à la hauteur des cimes de grands sapins.

Là, silencieux, j'observe avec les jumelles de petits oiseaux bruns au bec très fin qui ressemblent à des fauvettes. Ils sautent de branches en branches, se pourchassent en gazouillant et semblent complètement m'ignorer. Ils s'approchent tout près de moi mais je n'ai jamais le temps de les photographier car ils ne tiennent jamais en place. Je suis prêt à parier qu'ils ont leurs nids au faîte des grands conifères car par moment ils disparaissent dans les hauteurs et dès lors un silence déroutant s'installe. Puis ils réapparaissent soudain dans un concert de pépiements. Ils se poursuivent et zigzaguent autour des arbres et des branches à une vitesse fulgurante. Ce manége continue sans cesse et je ne m'en lasse pas, mais il est 14 h 30 et voilà presque une heure et demie que je suis arrêté. Il est temps de repartir ! Je finis un sandwich, range correctement mon sac et l'ajuste sur mes épaules déjà bien endolories. La piste terreuse où la chaleur se réfléchissait et montait dans mes jambes a laissé la place à une voie parsemée d'un peu d'herbe, bien plus fraîche et plus agréable à cheminer. J'en ai définitivement fini avec la " Solana ". Après une portion plane et rectiligne, le chemin descend dans un verdoyant vallon et rejoint une route goudronnée. Je reconnais parfaitement " la Mouline ou la Molina " pour y être venu d'Evol par le Cami Ramader en novembre dernier.

Des merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.ODes merveilles au pays d'Alysse - Le Tour du Coronat - 1er jour - Jujols (940 m) - L'Estany del Clot (1.635 m) par le Col du Portus (1.736 m)-16 kms.

 J'en ai définitivement fini avec la " solana " et j'arrive enfin à la Molina.

Il fait encore très chaud et le bruit du petit torrent d'Evol qui descend du Gorg Nègre m'attire tel un papillon de nuit captivé par la lumière. Je remplis de nouveau mes deux bidons déjà vides. Personne aux alentours, la route est tout en haut derrière les arbres et je suis loin des regards indiscrets. Je me déshabille et me jette nu dans le ruisseau, je m'assoie dans un petit bassin sableux, je m'arrose un peu mais l'eau est si froide que je n'y tiens que quelques secondes. Je m'allonge bien au soleil sur la berge et quelques minutes plus tard me voilà déjà sec mais bien ragaillardi.

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 A la Molina, au bord du rafraîchissant torrent d'Evol. Bain sommaire et ravitaillement en eau sont les bienvenus.

Je quitte ce lieu paradisiaque et grimpe vers le col du Portus par le bitume. Dans la montée, le Mont Coronat apparaît dans toute sa splendeur. A cet instant précis, je me remémore la description qu'en faisait Glory : " On caressera souvent du regard le dôme du Mont Coronat, montagne fascinante s'il en est, drapée dans la chape sombre et mystérieuse de ses pins noirs à crochets "

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Le dôme du Mont Coronat, montagne fascinante s'il en est,….

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Images et panoramas avant et après le Col du Portus

Encombré de nombreuses voitures, le col du Portus est lui bien moins fascinant, aussi je ne traîne pas et descend rapidement vers l'Estany del Clot où j'ai bien l'intention d'y dresser ma tente afin de clore cette magnifique journée. Dans la descente et devant moi, les premières arêtes du massif du Madres, à ma droite, la vallée de Nohèdes et plus loin les crêtes que je gravirai certainement au mois d'août.

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 L'Estany del Clot

J'arrive à une intersection de chemins : droit devant le Gorg Estelat est indiqué sur un panneau de bois, sur ma droite la piste descend vers Nohèdes. Le Gorg Estelat est au programme de demain et Nohèdes à celui du mois d'août. Je continue et cinq minutes plus tard j'arrive devant le panneau " Estany del Clot ". Cette petite retenue d'eau, je l'appelle ainsi à cause du panneau mais sur les cartes IGN aucun nom ne figure et sur Internet, on le prénomme Etang de Soucarrades ou du Clemens. Il est 16h 30, je longe quelques clôtures pour bovins ou ovins, un refuge sommaire à la porte défoncée et arrive au bord d'un étang limpide où se reflètent les monts environnants. Au bord de la grève, dans très peu d'eau, les vairons pullulent. Les abords ont été aménagés pour le bivouac car de grands foyers en pierres cimentées ont été construits. Voilà l'endroit idéal pour planter ma tente ! En plus, je ne suis pas seul car un groupe composé de jeunes gens a également dressé un campement sous les grands sapins. Ils semblent bien s'amuser car je les entends rire aux éclats. Deux pêcheurs s'évertuent à lancer dans le ciel azur des petites cueilleres étincelantes qui s'éteignent au milieu du lac. Puis ils ramènent leurs leurres qui gigotent à la surface et hachurent ce miroir d'un bleu profond. Assis sur la pelouse, je les observe longuement et le processus se répète sans cesse sans que la moindre touche n'intervienne. Je m'approche du plus jeune et la discussion s'installe avec la sempiternelle question que l'on formule à un pêcheur :

- Ça mord ?

- Non mais ça a mordu et j'ai fait deux belles truites, une de 38 et l'autre de 32 centimètres.

Fier, il ouvre sa musette, déroule un film plastique et deux énormes " farios " à la robe dorée et mouchetée apparaissent.

- Chapeau !

- Oh non, c'est rien, il y a quinze jours, j'en ai fait six comme celles-là !

- Et vous, vous venez pêcher aussi ?

- Non, je randonne et je fais faire les lacs de Nohèdes et d'Evol demain.

- Avec ce sac sur le dos ! , en désignant mon sac à dos.

- Oui !

- Eh ben ! Vous êtes courageux car il faut y aller là-haut avec ce barda !

La conversation se poursuit et il se hasarde à me décrire les lacs que je vais visiter demain et les pêches " fabuleuses " qu'il y a réalisées. Il me dit y être allé souvent mais désormais il vient pêcher ici car son beau-père est âgé et il a des difficultés à marcher.

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  L'Estany del Clot et le Mont-Coronat

Je m'aperçois que la conversation aidant, il a définitivement arrêté de lancer et comme je ne veux pas l'importuner plus longtemps, je le quitte et part faire quelques photos autour du lac. Il est 17 h 30. Je reviens et installe tranquillement ma tente dans un endroit retiré et calme. Les pêcheurs disparaissent et laissent la place à deux couples avec trois enfants en bas âge et deux chiens. Les deux jeunes hommes déballent leur matériel, très pressés qu'ils sont de se mettre à pêcher. Les femmes s'affairent à installer le bivouac pendant que les enfants et les chiens batifolent au bord du lac.

Je me suis mis à lire mais un des deux jeunes hommes très sympathique vient s'asseoir à côté de moi car lui aussi crois que je suis un pêcheur. De la pêche, la conversation finit par dériver vers la randonnée, les tendinites dont il souffre et qui l'empêche de marcher, la solitude que je vis ce soir, la polyarthrite de Dany, raison de ma solitude. Une bonne heure nous restons à papoter de tout et de rien. Puis, il se lève d'un coup et me dit : " Merde ! Je vais me faire engueuler, j'étais parti pour chercher du bois mort pour faire un feu de camp. Vous en voulez vous aussi ? " Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'il est déjà parti dans le bois mitoyen. Une minute plus tard, je le vois revenir avec deux énormes branches sèches de genévriers qu'il traîne derrière lui. Très serviable, il dépose les branches dans " ma cheminée de pierres " et repars aussi prestement en me lançant : Ça vous suffira ou vous en voulez plus ? Je n'ai pas eu le temps de lui répondre et quelques secondes plus tard, je le vois sortir du bois avec un gros tronc dans les bras qu'il dépose de nouveau dans ma cheminée.

- C'est bon comme ça ! Je n'ai pas de méchoui à faire cuire ce soir ! lui dis-je.

- Oh vous verrez c'est sympa un feu de camp mais ça brûle vite ! me répond-t-il en riant.

Puis le voilà à nouveau parti dans les bois pour son propre compte cette fois. Il va, il vient et j'ai l'impression qu'il va allumer un vrai incendie car il ramasse tout le bois qu'il trouve et constitue un grand bûcher près de sa propre cheminée.

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 Photos de mon campement et pêcheur à l'Estany del Clot

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Photos prises à l'Estany del Clot le premier jour.

Je me remets à lire. J'ai déjà dévoré 70 pages du Da Vinci Code depuis ce matin ! Le jour décline et le lac scintille dans le crépuscule. Les moustiques et surtout d'invisibles puces me dévorent les chevilles et les mollets. J'allume le feu de camp, sort mon sac de provisions et m'installe près du foyer pour manger. Les moustiques et les aoûtats ont disparus. Apparemment, ils n'aiment pas manger trop chaud ! Ça m'arrange car j'ai déjà les jambes qui me démangent atrocement au point que je me vois contraint de passer un peu de pommade à l'arnica. Je crois que ce n'est pas fait pour ça mais tant pis je n'ai rien d'autre !

Les pêcheurs surveillent leurs lancers, les chiens ont cessé d'aboyer, les enfants ont cessé de courir et de crier. En provenance des flancs du Pic de la Rouquette, les bêlements des moutons et les aboiements des " patous " s'estompent au fur et à mesure que la nuit tombe. Le silence s'installe et je n'entends plus que le crépitement du bois dans le feu. Le brasier finit par tomber aussi et de toute manière, je n'y vois plus suffisamment pour lire. Il est 22 heures, je m'engouffre dans mon tube de toile. La journée a été dure, très dure, surtout la matinée. Mes mollets s'en souviennent mais dans ma tête je n'y pense déjà plus. Je pense à Dany mais quand mon corps et mon esprit s'apaisent, ma mémoire, elle s'évertue à recommencer le chemin. Je repars de Jujols le cœur et le sac léger et devant mes yeux défilent les unes après les autres les belles images de cette première journée. J'avais raison : " Il y avait bien des merveilles à découvrir au pays d'Alysse ! ".

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 Le soir du premier jour, mon campement à l'Estany del Clot

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