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Le Circuit minier d'Escaro

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 8 musiques de Bobby Cole Music Ltd intitulées "Epic Cinematic Music for Film & Trailers"

Le Circuit minier d'Escaro
Le Circuit minier d'Escaro

Il y a quelques mois, j’avais eu l’occasion de vous présenter un jolie mais courte balade, faite en août 2023,  que j’avais intitulée « Le Circuit découverte Escaro/Aytua depuis Escaro ». A cette occasion, j’avais noté sur le Web que d’autres randonnées étaient possibles tout autour du village et notamment celle que je vous présente ici. Parce que sur le terrain, on la trouve sous le dénomination de « circuit minier », il m’a paru logique de conserver ce nom-là : « Le Circuit minier d’Escaro ». Cela m’est apparu d’autant plus logique que les principaux objectifs à découvrir sont « miniers », même si sur le Web, on peut retrouver ce circuit pédestre sous d’autres appellations. La plupart du temps, elles font référence aux lieux miniers eux-mêmes, Pla de Gante et les Coums notamment ou encore « Circuit des mines ». Précisons que diverses variantes plus longues sont possibles mais que ce circuit bien balisé en jaune « circuit minier » semble être le plus officiel. Etant tombé du lit, il est tout juste 7h30 quand j’entre dans Escaro.  Je laisse ma voiture sur le spacieux parking du Carrer Biron, là où un étrange portail du Grall est ouvert aux quatre vents. Aujourd’hui, c’est le Graal météo car pas de vent et seulement un ciel bleu ciel raturé de-ci-delà de quelques nuages opalins plus ou moins larges mais pas de tout menaçants. Il fait beau.  Je n’ai pas encore fini de lacer mes chaussures et d’harnacher mon sac à dos que déjà la Nature avec un grand « N » offre à mon appareil-photo un joli petit plateau de belles offrandes : moineaux dociles et fauvettes craintives sillonnent le parking en tous sens sans compter des papillons virevoltants sur des fleurs sauvages, le tout comme s’il en pleuvait. Tout autour du parking des panoramas verdoyants et plutôt grandioses.  D’ailleurs, un fléchage propose d’emblée de se rendre sur un promontoire tout proche d’où la vue se dévoile magnifiquement sur la mine à ciel ouvert. Avec ses longs gradins, la mine offre une belle idée du travail colossal qui a été entrepris ici pour extraire puis exploiter la fluorine. Un pupitre en explique plaisamment l’histoire, histoire toutefois peu plaisante pour ceux qui ont bossé ici et ont finalement tout perdu, y compris leur village d’Escaro d’Amont.  Je me décide à démarrer mais garde l’idée d’aller voir la mine de plus près lors du retour. Je quitte le parking direction le village où là mon GPS m’indique de suivre une piste intitulée la Voie de Latet. Énormément de fleurs à photographier dans ses premières foulées et toujours quelques passereaux indociles. Je croise une vieille dame et son chien mais comme un simple bonjour ne lui suffit pas et qu’ elle éprouve le besoin de parler, nous nous arrêtons un bon moment pour papoter. Intriguée par mon appareil-photo autour du cou, elle veut tout savoir de ce que je fais ici. De ce fait, ce papotage se transforme très vite en un tas de questions. Pas vraiment un interrogatoire mais une belle curiosité. Moi le curieux dans l’âme, je ne m’en offusque pas. Je finis par comprendre qu’elle pense que je suis un journaliste et je la rassure à ce propos en lui confirmant que je ne suis qu’un modeste randonneur amoureux de la Nature que j’adore photographier. Semblant satisfaite de toutes mes réponses, nous nous séparons et je reprends aussitôt le chemin et mon recensement floral. Hormis les fleurs très nombreuses, je m’essaie à photographier quelques papillons turbulents et des passereaux qui le sont encore plus. Dans cet agréable cheminement, seule la disparition du village d’Escaro d’Amont justifie dans l’immédiat le nom « circuit minier » de cette balade. Si rien n’est visible de cet effacement, une  pancarte et une petite stèle en rappellent le tragique dénouement survenu en 1973. Il me faut attendre une première intersection et une autre pancarte « Départ du câble aérien A/R 10 minutes » pour découvrir les continuels puis imposants vestiges de l’exploitation minière du Pla de Gante. Pylône, casot de pesée puis surtout les vastes structures bétonnées et métalliques de la trémie et du câble aérien légitiment pleinement l’objectif du jour. Dans le silence « puissant » qui prédomine, j’ai quand même un mal fou à imaginer le bruit assourdissant que toute cette machinerie devait produire au temps où le minerai de spath-fluor était descendu vers Olette. Là aussi, un pupitre raconte ce passé laborieux. Après une longue visite de cette machinerie, je rebrousse chemin. Ce n’est pas l’envie qui me manque d’aller voir  la mine à partir d’ici,  mais rien ne l’indique et de surcroît dans ce secteur, les bois me paraissent bien trop touffus. Je ne veux pas prendre de risque déraisonnable.  Dans ma tête, ce secteur d’Escaro est déjà synonyme de risques insensés depuis 2004. Et ce d’autant que rien de cette découverte n’est enregistré dans mon GPS. Le chemin toujours aussi agréable car verdoyant continue de s’élever et parvient finalement à un vaste plateau herbeux où les panoramas se font plus amples encore. J’y gambade derrière des papillons encore plus capricieux que partout ailleurs. Il faut dire qu’une brise légère s’est levée mais pas vraiment désagréable puisqu’ayant chassé l’ensemble des nuages. Sous un ciel devenu pur, le Massif du Canigou d’un côté et le Mont Coronat, le Puig d’Escoutou, le Pic Pelade et le Madres de l’autre forment une chaîne de souvenirs. Tous ces beaux décors me remémorent plaisamment de bien jolies randonnées. Seul le Pic des Tres Estelles tout proche mais en partie caché pour l’instant continue à me toiser.  S’égarer puis être hélitreuillés sur un de ses flancs n’a jamais été neutre et ce d’autant que c’est ici à Escaro que le PC de nos recherches avait été installé par la Sécurité Civile. Voilà pourquoi, je n’ai pas voulu prendre de risques au Pla de Ganta. Par bonheur, seule la culpabilité  de cet égarement subsiste et plus du tout ses déplaisants aspects psychologiques. La suite toujours bien balisée, je quitte le plateau en suivant une clôture longeant un bois de pins.  Un panonceau « circuit minuit » me propose d’y entrer. Là, un étroit sentier prend le relais et zigzague dans les bois sans grande difficulté. Je m’y arrête pour prendre un en-cas mais surtout parce qu’un couple de grimpereaux des bois semble lancé dans une poursuite prénuptiale et qu’en plus au même moment j’ai aperçu un écureuil. Parce qu’ici les arbres ont énormément souffert de la sécheresse, la chance me sourit, un des deux grimpereaux se juchant sur un arbre très dénudé, je peux l’immortaliser très convenablement. A l’instant où je repars, l’écureuil réapparaît mais sa vitesse à s’éclipser dans les arbres est plus rapide que le déclencheur de mon appareil-photo. Je n’ai de lui qu’une photo partielle. De-ci-cela, des vestiges miniers surgissent du bois comme des fantômes de pierres définitivement oubliés.  De temps à autre, et en contrebas du sentier,  des fenêtres s’entrouvrent sur de vastes  pâturages où paissent des troupeaux de bovins.  Finalement, le sentier débouche sur un grand pré au milieu duquel trône un vieux four à griller le minerai.  C’est le lieu-dit les Coums ou l’Escoums, les deux noms semblant être encore utilisés de nos jours. Ma curiosité m’incitant à entrer dans le four, je me faufile tant bien que mal dans l’étroit ouvreau. Là, je suis vraiment surpris par son magnifique état de conservation.  En effet,  l’ intérieur tout en briques réfractaires que j’aperçois,  et que je photographie, est aussi bien conservé que son aspect extérieur métallique. Après la visite d’une ruine qui supportait le câble aérien filant vers Joncet, je rejoins la piste et la canal de Nyer. Ici se termine le plus gros de la déclivité. 2 vautours fauves qui sont posés sur la piste, s’envolent dans un puissant bruissement d’ailes et passent au-dessus de ma tête, occasion d’une belle frayeur. Je tente une photo au jugé et la chance et avec moi. Je m’arrête longuement d’abord parce que l’endroit est incroyablement beau et verdoyant mais aussi parce que la Nature y est présente et qu’il suffit de l’observer pour voir comment elle est belle : toujours des fleurs ; parfois inconnues ; encore des papillons mais aussi des oiseaux en belle quantité. Dans l’immédiat, ces derniers échapperont tous à mon désir de les immortaliser. Je repars et m’arrête presque aussitôt près d’une grande bâtisse en ruines mais cette fois-ci pour un vrai pique-nique. Il n’est que 11h mais je suis parti tôt et le p’tit déj est déjà bien loin. Assez sur de vieilles pierres de la bâtisse, je déjeune l’œil toujours aux aguets. C’est ainsi qu’un chevreuil sortant de l’épaisse forêt qui se trouve sur ma gauche aura l’honneur de figurer au bestiaire de cette journée. Mais m’étant levé,  il a noté ma présence et de lui aussi, je n’aurai qu’une seule photo. Je repars et quitte la piste par des balisages « circuit minier » ou peinturlurés de jaune toujours aussi parfaits. Le suite et la fin, toujours en descente, restent captivantes pour le naturaliste que je suis. Toutefois moins chargées en vestiges miniers intéressants,  le chemin devient automatiquement plus « roulant ». Seuls quelques bovins et équidés stoppent vraiment mes pas. Voilà presque 5h que j’ai démarré.  Il est 12h30 quand je retrouve les premières maisons d’Escaro bien décider à une longue visite puis à la découverte de son musée de la Mine et de la  mine à ciel ouvert. Si la visite du village n’est pas un problème en soit, le musée lui est fermé en ce 31 mai. Tout comme un couple qui est venu tout exprès et qui attend devant la porte, j’ai malheureusement un jour d’avance et je pourrais presque dire deux malchances : nous sommes un vendredi et le musée est ouvert les week-end et jours fériés et en plus nous sommes le 31 mai et il sera vraiment ouvert à partir du 1er juin m’annonce le site en regardant mon smartphone. Cette double malchance me sera confirmée par la secrétaire de mairie. En désespoir de cause, je continue ma longue visite du village puis décide de filer vers la mine à ciel ouvert du Pla de la Ganta.  J’emprunte un chemin qui y mène passant sous le parking où j’ai laissé ma voiture. Ce dernier descend vers le Correc del Clot de Llivia. Mais pas de chance une fois de plus. Après une centaine de mètres, mon pied droit pivotant sur une pierre, je suis quitte pour une petite entorse stoppant définitivement mon ardeur. Je ne verrais jamais cette mine de près et pas sa géologie non plus. Ah oui, j’allais oublié : j’ai trouvé une pierre blanche et noire qui m’a paru intéressante car sur l’instant j’ai pensé qu’il pouvait s’agir de « fluorine ». Vous la découvrirez à la fin de ma vidéo. L’application de reconnaissance et de comparaison Google Lens propose le plus souvent la Tourmaline comme minerai mais ce n’est qu’une suggestion et pas une certitude. J’ai quand même noté sur le Net que la « tourmaline » et la « fluorine » sont des minerais souvent liés sur le plan métamorphique. Je suis donc preneur si quelqu’un a une révélation concernant cette pierre. Ainsi se termine cette superbe balade.  Je l’ai enregistré dans mon GPS à partir du site VisuGPX pour une distance de 6,8km mais au regard de mes différentes divagations, j’ai dû accomplir un bon kilomètre de mieux et peut-être même un peu plus si je tiens compte de cette misérable fin claudicante. L’altitude la plus haute est située à 1.110m sur la piste juste après le lieu-dit l’Escoums quant au plus bas, il est au village d’Escaro lui-même à 872m, soit un modeste dénivelé de 238m. Carte IGN 2349ET Massif du Canigou top 25.

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La News : Le Circuit minier d'Escaro

Publié le par gibirando

La News vous donne un bref aperçu de la prochaine randonnée qui paraîtra dans la page d'accueil :

La News : Le Circuit minier d'Escaro

La News : Le Circuit minier d'Escaro
  Pour agrandir les photos, cliquez dessus.

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Il y a quelques mois, j’avais eu l’occasion de vous présenter un jolie mais courte balade, faite en août 2023,  que j’avais intitulée « Le Circuit découverte Escaro/Aytua depuis Escaro ». A cette occasion, j’avais noté sur le Web que d’autres randonnées étaient possibles tout autour du village et notamment celle que je vous présente ici. Parce que sur le terrain, on la trouve sous le dénomination de « circuit minier », il m’a paru logique de conserver ce nom-là : « Le Circuit minier d’Escaro ». Cela m’est apparu d’autant plus logique que les principaux objectifs à découvrir sont « miniers », même si sur le Web, on peut retrouver ce circuit pédestre sous d’autres appellations. La plupart du temps, elles font référence aux lieux miniers eux-mêmes, Pla de Gante et les Coums notamment ou encore « Circuit des mines ». Précisons que diverses variantes plus longues sont possibles mais que ce circuit bien balisé en jaune « circuit minier » semble être le plus officiel. Etant tombé du lit, il est tout juste 7h30 quand j’entre dans Escaro.  Je laisse ma voiture sur le spacieux parking du Carrer Biron, là où un étrange portail du Grall est ouvert aux quatre vents. Aujourd’hui, c’est le Graal météo car pas de vent et seulement un ciel bleu ciel raturé deci-delà de quelques nuages opalins plus ou moins larges mais pas de tout menaçants.  .....je reviens au plus vite...... A bientôt ami(e)s blogueuses et blogueurs.....

 

 

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Le Circuit découverte Escaro/Aytua depuis Escaro.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons interprétées par le chanteur et musicien anglais Chris Rea. Elles ont pout titre : "Fool If You Think Its Over", "Looking for the Summer ""Josephine" et "The Road to Hell (incomplète)"

Le Circuit découverte Escaro/Aytua depuis Escaro.

Le Circuit découverte Escaro/Aytua depuis Escaro.


 

Parce que depuis Marseille ma sœur Nicole venait nous rendre visite et qu’elle voulait aller randonner, j’avais prévu ce parcours pédestre que j’ai intitulé « Le Circuit découverte d’Escaro-Aytua ». En effet, cette boucle plutôt courte permet une visite des deux villages (Escaro et Aytua) assez éloignés l’un de l’autre (3,2km à pied « source Mappy ») mais dont le destin administratif est très étroitement lié depuis le 20 mars 1822. Cette fusion est consécutive à une ordonnance royale liée à des concessions pour exploiter convenablement le minerai de fer très présent dans tout ce secteur du Conflent. Voilà pour la petite histoire de ce rattachement. Concernant ce circuit, soyons franc, il est la version réduite d’un circuit plus long de 17km intitulé « Le Circuit de Bailloubère » et si je l’ai réduit, je l’ai fait totalement sciemment. En effet, le lendemain, j’avais prévu une autre randonnée « gastronomique », cette fois-ci entre Urbanya et Nohèdes, aller et retour, en boucle également. Si vous suivez mon blog, vous connaissez bien ce parcours consistant à partir de ma maison pour aller déjeuner au restaurant Cal Guillem de Nohèdes. Je l’ai déjà mis en ligne deux fois avec les intitulés suivants : « Le Circuit des Maisons » en 2021  et « La Boucle Minute-papillons » en 2023. Cette prochaine version 2023 sera la troisième avec une petite variante mais sans doute la dernière. Mais revenons à ce « Circuit découverte d’Escaro-Aytua ». Si le départ habituel est au Musée de la Mine, nous faisons le choix de démarrer du camping « Le P’tit Bonheur » où nous laissons notre voiture dans le virage de la route. Il est 9h15. Finalement, nous reprenons la voiture direction le village car la bouteille d’eau de ma sœur s’est totalement vidée dans son sac à dos. Nous partons à la recherche d’une fontaine d’eau potable au mieux d’une âme généreuse pouvant nous offrir une bouteille d’eau fraiche. C’est la première solution que nous trouverons, non sans mal dans un grand lavoir où s’écoule l’eau fraîche tant espérée. Nous sommes au centre du village et j’en profite pour proposer une petite visite « patrimoniale ». En effet, le seul souvenir que je garde d’Escaro est tellement négatif que je voudrais bien un jour du positif. En effet, c’était là en 2004 que le P.C de recherches s’était installé quand Dany et moi nous étions égarés pendant 2 jours dans le Massif des Tres Estelles et que deux gendarmes du PGHM d’Osséja nous avaient retrouvé. Canyoning dans un torrent, hélitreuillage, cette triste, rocambolesque et inoubliable expérience était devenue un récit que j’avais intitulé « Un Cauchemar pour trois étoiles ». Voilà le souvenir que je garde d’Escaro. Après cette courte visite, nous repartons en voiture vers le « Le P’tit Bonheur » où nous démarrons cette randonnée. Nous remontons la route jusqu’au cimetière car c’est là juste après que débute notre balade. Un balisage peint sur un rocher est présent. D’emblée, un sérieux raidillon nous coupe les jambes et le souffle et nous met à la peine. Au bout de 100m ça va déjà mieux. Sur cette portion toute en montée au milieu de résineux, hormis deux ou trois fleurs et autant de papillons, il n’y a pas grand-chose à mettre dans mon appareil-photo. Il faut attendre d’arriver au vieux site minier du Clot des Manès pour trouver enfin des choses intéressantes à découvrir. Après la vieille mine, les feuillus prennent plus de place et tout change avec plus de papillons, de fleurs et quelques passereaux. Il va en être ainsi jusqu’au lieu-dit « Les Costes » puis peu après au « Col de Fins » où une aire de pique-nique nous propose agréablement ses tables et ses bancs pour un déjeuner forestier. Avoir faim au col de Fins est finalement bienvenu. Le souvenir du « Sentier du Baron », réalisé en août 2022, revient à notre mémoire car c’était déjà là que nous avions piqueniqué Dany et moi. Presque une heure plus tard nous repartons. Si les femmes ont amplement profité de ce repos pour papoter, j’ai passé l’essentiel de mon temps à courir derrière la Nature. Elle prenait les traits aussi divers et variés que ceux de quelques vaches en train de paître dans un pré adjacent au col, de lézards peu craintifs, de plusieurs papillons, de criquets ou passereaux pas toujours faciles à immortaliser car ayant la bougeotte. On se remet en route en suivant un panonceau « Serdinya 1h30» et un balisage blanc et jaune. Le sentier bien tracé file au milieu des conifères et parvient jusqu’à un pylône Free Mobile. Dans ce secteur, des passereaux remontant en migration des vallons alentours sont plutôt nombreux. J’immortalise une mésange à longue queue. Peu après le pylône, j’allume mon GPS car je sais que c’est par là qu’il nous faut faire demi-tour à gauche pour aller vers Aytua. Finalement, tout se passe formidablement bien et moins d’un quart plus tard nous entrons dans le hameau. Vieux lavoir et abreuvoir, pupitre contant l’Histoire, chapelle Sainte-Christine et Pont des chômeurs sont autant de jalons patrimoniaux à découvrir. La suite vers l’arrivée est toujours aussi simple car parfaitement balisée. Elle s’effectue presque essentiellement en sous-bois.  Cette jolie boucle se referme où nous l’avions commencée, c’est-à-dire devant l’enseigne du camping "Le P’tit Bonheur", un nom idéal pour définir cette courte mais agréable balade. Comme expliquée ici, elle a été longue de 7,8km. Les montées cumulées s’élèvent à 611m. Le dénivelé est de 242 m entre le point le plus haut à 1.031m près du lieu-dit Les Creus et le plus bas à 789m à Aytua. Carte IGN 2349ET Massif du Canigou Top 25.

 

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Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

Publié le par gibirando

 

ARTICLE DE PRESSE PARU DANS L’INDEPENDANT DE PERPIGNAN LE MARDI 4 MAI 2004 A LA RUBRIQUE "FAITS DIVERS"

Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

CARTES QUE NOUS AVIONS LORS DE NOTRE PARCOURS

Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

Vous pouvez cliquer 1 ou 2 fois sur les photos pour les agrandir.

Un cauchemar pour trois étoiles - Parcours et article de presse de L'Indépendant

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Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Publié le par gibirando

 

 

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - EscaroChapitre 3 : Ravin de l'Orry - Escaro

Nous avons trop aimé les étoiles, pour avoir peur de la nuit. (Epitaphe citée dans Cosmos par Carl Sagan, astronome américain 1934-1996)

 

- Une nuit à la belle étoile dans les étoiles !

A minuit, je me réveille en sursaut. Un mauvais cauchemar où je me vois glisser sur la glace, glisser encore, puis tomber dans une crevasse sans fond ! Je mets quelques secondes avant de réaliser où je suis. La pluie a redoublé d'intensité. Il tombe un crachin dru, lequel, malgré mon poncho, réussit à s'infiltrer sournoisement à l'intérieur de mes vêtements. Dany est couchée et dors sur le côté dans la position du fœtus. Ses pieds sont trempés et je tente en vain de descendre son poncho pour les recouvrir. Je finis par me résigner à lui poser ma veste en gore-tex sur ses jambes et ses pieds qui traînent maintenant dans la boue. A force de piétiner toujours la même surface, la mousse a fini par se transformer en une glaise collante.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Peu après le col de Mantet

Il ne fait pas froid. Je me lève car je n'arrive plus à trouver le sommeil et je crains par-dessous tout de répéter ce mauvais cauchemar. Mais éveillé, ce n'est pas mieux car dans ma tête, je ressasse toujours les mêmes choses et je m'en veux de ne pas avoir su faire demi-tour dès les premières plaques de neige. Je pense à Jérôme et à Carole et à tous mes proches. Je pense à l'inquiétude que notre disparition va engendrer. Nous avons bien tenté de les appeler mais coincés que nous étions au fond de ces maudites gorges, les communications ne passaient pas.

Je me dis que nos enfants doivent maintenant être informés de notre appel au secours car en général, ils appellent souvent le dimanche soir pour avoir des nouvelles de nos sorties pédestres. Ce n'est pas la première fois que l'on se perd mais jusqu'à présent, nous avions toujours retrouvé notre chemin. Deux fois, nous avions été pris dans le brouillard : la première fois, dans les Albères, nous étions redescendus sur le versant espagnol à vingt cinq kilomètres de notre voiture et une deuxième fois, aux Madres, nous avions marché trois heures de plus dans le froid et sous la pluie avant de rejoindre notre véhicule.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

En montant aux Très Estelles, vue sur la village de Py et la vallée de Rotja

Aujourd'hui, je m'en veux aussi, de ne pas avoir acheter un GPS comme je me promettais de le faire depuis ces deux tristes expériences.

Je me recouche, mais l'inconfort, toutes ces réflexions et ces mauvaises pensées me tiennent en éveil. Oh non, je ne m'inquiète pas pour moi, car je me sais capable de remonter ce défilé et de trouver une issue. Mais, je stresse à cause de Dany qui ne veut plus bouger et à l'idée de l'anxiété que va susciter notre disparition auprès de notre famille et de nos amis.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Quelquefois, j'essaie de m'assoupir car je me dis aussi que pour déguerpir de ce trou, il faudra que je sois en forme. De temps en temps, Dany se réveille et cherche en tous sens, un brin d'aisance qu'elle ne trouve pas. Il est vrai que la pluie qui continue de tomber sans arrêt rend notre rudimentaire terrasse bien inconfortable. Des branches d'un petit pin qui se trouve juste au dessus de nous, l'eau tombe à grosses gouttes sur nos têtes. Nous glissons en permanence sur la roche mouillée et la glaise à cause d'une légère inclinaison du sol. Nous avons beaucoup de mal à garder nos sacs sous la tête et en glissant, nos pieds finissent par s'accrocher dans les branches piquantes d'un genévrier très touffu.

Les seuls vrais moments de répit, je les passe debout à grignoter, car heureusement, nos provisions sont abondantes.

Tout compte fait, la nuit est passée très vite. Il est déjà six heures et malgré le temps maussade, une légère clarté apparaît dans le vallon. Les cimes sont encore dans les nuages, mais le brouillard a disparu et j'arrive partiellement à distinguer la forêt et les éboulis que nous avons descendus hier après-midi. Peu à peu la nature s'éveille. J'observe une mésange jaune et noire qui volette de buisson en buisson. Elle vient se poser près de nous sur le genévrier et ne semble pas effarouchée par notre présence. Excepté le bruit du torrent et les chants de quelques passereaux, la forêt est parfaitement calme. Malgré le mauvais temps et tout ce qui nous arrive, je me dois de reconnaître que dans cette parfaite quiétude et dans ce matin vaporeux, la nature reste belle en toute circonstance. J'éprouve un certain bien-être à me trouver ici à cet instant.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Au sommet, avant le cauchemar, Dany est encore confiante

7 h30, Dany se réveille. Comme toujours, elle a dormi plus longtemps que moi et je lui propose un café accompagné de quelques biscuits. L'eau du thermos est encore légèrement tiède.

Tout en mangeant, je lui fais part de mes intentions de partir d'ici. En effet, le ciel est tellement plombé que je sais pertinemment que l'hélicoptère ne viendra pas.

Je lui dis qu'il faut que nous comptions que sur nous-mêmes et je lui propose que nous remontions une partie du défilé jusqu'au panneau " chasse gardée " aperçu hier. Là, je suis persuadé, qu'en insistant un peu plus longtemps, nous trouverons un échappatoire. Mais elle ne cesse pas de répéter : " les secours m'ont dit de ne pas bouger d'ici et je ne bougerai pas ". Et elle rajoute aussitôt : " si l'on entre dans la forêt, nous ne serons plus visibles ! ".

Nos deux théories s'affrontent : elle n'a pas tort et son point de vue est respectable, mais je ne pense plus qu'à une chose : bouger et sortir de ce trou et de ce cauchemar.

Alors que notre discussion s'enlise, je lui dis : essaie de rappeler les secours, peut-être que dans la nuit, la batterie s'est un peu rechargée !

Elle sort le téléphone portable du sac et me dit : il semble effectivement s'être un peu rechargé, je vais essayer ! Il fonctionne s'exclame-t-elle !

-Allo, nous sommes les randonneurs égarés, l'hélicoptère est passé deux fois au dessus nous hier soir après 20 heures. Mais pourquoi, reste-t-il au dessus d'Escaro alors que nous sommes dans le ravin ?

Pendant qu'elle parle, je lui dis :

-Ne lui parle plus d'Escaro, j'ai réfléchi cette nuit, je ne suis plus aussi confiant qu'hier et je ne sais pas où nous sommes !

Elle continue à parler :

-Venez vite nous chercher, car mon mari est fatigué ! Moi ça va !

Je l'engueule :

-Arrête de raconter des conneries, ce n'est pas ça qui les fera venir plus vite !

Elle continue de parler :

-Quand allez-vous venir ? Il pleut et il commence à faire froid, j'en ai assez ! Faites vite !

La communication se coupe et elle me dit immédiatement :

-Il ne faut pas qu'on bouge d'ici, car il cherche à nous repérer à l'aide du téléphone portable et il nous envoie des secours. Il faut mettre du linge de couleur en évidence !

-Tu es complètement folle de leur avoir dit que j'étais fatigué. Si les enfants sont près d'eux, ils vont " baliser " encore plus !

-Comme ça, ils viendront plus vite !

-Ne sois pas stupide, ce n'est pas en leur faisant peur qu'ils pourront nous trouver plus rapidement ! D'ailleurs, quels secours veux-tu qu'ils envoient ? Avec ce temps, je suis certain que l'hélico ne décollera pas et de toute manière, s'il vient, il ne prendra pas le risque de descendre au dessous des nuages! Le plafond est bien trop bas !

-Nous n'avons pas d'autres choix que d'attendre !

-Avec ce temps, nous devrions décamper d'ici, tu sens comme la température a fraîchi !

-Non, tu ne me feras broncher d'ici ! J'attends les secours, j'ai cru comprendre qu'il était en liaison avec d'autres services d'intervention.

J'abandonne cette discussion stérile car en la circonstance, je n'ai vraiment pas envie de me disputer.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Pitons rocheux et éboulis surplombent le ravin

 

- Et si nous quittions les étoiles ?

Pourtant, au fur et à mesure que la lumière du jour s'installe dans le ravin, je ne pense qu'à bouger, qu'à " foutre le camp " d'ici. De rester de la sorte, assis, inerte, sous la pluie que ne cesse de tomber, je me sens inutile. J'éprouve un sentiment d'impuissance que j'ai du mal à supporter.

Je regarde les éboulis et dit à Dany :

-Je les monterai bien ces éboulis ! Et toi ?

-Non.

-Bon écoute, il continue à pleuvoir sans arrêt, la température est déjà descendue de quelques degrés, je vais partir voir dans les parages si je trouve un abri, une grotte, enfin quelque chose où s'abriter.

-Non, reste là !

-Ecoute, je ne vais pas m'éloigner, mais c'est inutile d'attendre sous cette pluie qui nous trempe jusqu'au os, si je peux trouver un endroit où nous protéger !

-Où va tu ?

-Je vais commencer par monter au dessus. Ca m'a l'air accessible !

-Fais attention de ne pas tomber ! C'est mouillé !

-Ne te fais pas de souci, je vais faire très attention !

Je commence à monter rapidement car au départ l'ascension est facile à travers une végétation plutôt rase. Je me faufile à travers les buis, les genévriers et quelques pins chétifs qui s'accrochent péniblement à un peu de terre. Les pitons rocheux se succèdent. De temps en temps, je m'arrête sur l'un d'eux et regrette de ne pas avoir été là quand l'hélicoptère est passé hier soir. Je m'assoie, regarde vers Escaro que je n'aperçois pas, tant la brume est redevenue épaisse et je me dis : C'est maintenant que l'hélico devrait venir ! Mais je ne me fais pas d'illusion, avec ce temps, nous ne sommes pas prêts de le voir apparaître.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Malgré le drame que nous vivons au fond du ravin, la montagne reste belle

J'aperçois Dany en contrebas, je me suis hissé d'une soixantaine de mètres, mais sans trouver le moindre abri. Au dessus moi, je n'ai pas une bonne perspective du site car les arbres sont plus nombreux et barrent la vue, mais la paroi rocheuse semble se prolonger. Je tente de continuer mais cela devient plus dangereux, les rochers constitués de lauzes sont lisses et mouillés et deviennent plus difficiles à franchir. Je regarde encore au dessus mais je ne vois aucune grotte et quand bien même, Dany ne viendra jamais jusqu'ici ! Prudemment, je me résigne à redescendre, tout en regardant autour ou en face de moi sur l'autre versant du ravin, si j'aperçois un abri. Il y a bien une toute petite grotte en face dans le bois d'épicéas, mais trop exigu et surtout trop basse pour contenir nos deux carcasses.

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La descente reste périlleuse !

De plus, claustrés dans ce sous-bois, nous deviendrions complètement invisibles aux éventuels regards de secouristes. La pluie a enfin cessé. J'ai rejoint Dany qui reste prostrée sur son minuscule belvédère. Comme je ne tiens pas en place, je la laisse tranquille. Je redescends au niveau du torrent que je commence à remonter sur la droite. Mais là aussi, je ne trouve aucun refuge. De ce côté, les contreforts du ruisseau sont boueux et à nouveau, je patauge et m'empêtre dans une terre argileuse. Je prends le temps d'observer une grosse salamandre tachetée puis je continue ma quête en slalomant à travers les branches basses de quelques feuillus, tantôt à droite, tantôt à gauche du torrent. Quand je reviens à notre plate-forme, pour avoir cogné les branches dont les feuilles sont chargées d'eau, j'ai la tête aussi trempée que si j'avais pris un bain.

Je m'éponge un peu et reprends ma place à côté de Dany. Je ne dis plus rien mais je ne suis pas résigné. La pluie a cessé mais les nappes d'une brume vaporeuse ont fait leur réapparition. Toujours de l'aval vers l'amont, elles filent en direction du pic, laissant de temps à autre, se dévoiler, lors d'une brève éclaircie, ce paysage à la fois boisé, chaotique et pierreux.

Les secondes, les minutes et les heures s'égrènent. Aucun bruit d'hélicoptère ne vient troubler cette attente angoissante. Uniquement le bruit du torrent et de quelques corbeaux qui croassent très haut, près des cimes. Dans le lointain, de temps à autre, les aboiements d'un chien arrivent jusqu'à nous. Ils viennent, avec bonheur, nous rappeler que nous ne sommes pas très éloignés de la liberté et de la civilisation.

Vers midi, la pluie a complètement cessé de tomber. La voûte nuageuse est moins basse et nous entrevoyons, de temps en temps, les cimes des hautes murailles rocheuses qui nous entourent. Si le temps continue à se découvrir ainsi, j'ai bon espoir que l'hélicoptère puisse venir dans l'après-midi. Par contre, la température a chuté d'au moins sept à huit degrés et pour la première fois, nous avons froid dans nos vêtements mouillés.

Je ne cache pas mon inquiétude à Dany, si nous devons passer une nuit supplémentaire. Je lui pose même l'ultimatum suivant : Si les secours n'arrivent pas à nous trouver avant demain matin, je décampe d'ici quelque soit le temps et son choix personnel. Elle ne répond pas, mais en raison du froid qui s'installe, je comprends bien qu'elle pense comme moi et qu'elle appréhende, elle aussi, une nuit supplémentaire à la belle étoile. De plus, je m'aperçois qu'ayant changé de sac à dos, je n'ai pas les deux ou trois petits briquets qui traînent habituellement au fond des poches. La poisse nous poursuit car nous n'avons aucun moyen d'allumer un feu pour nous réchauffer si le besoin s'en fait sentir.

Les éboulis qui se trouvent en face de nous, légèrement sur notre gauche continuent de m'obséder. Pour passer le temps, je les observe en détail, pierre par pierre, rocher par rocher, de bas en haut puis de haut en bas. Plus je les regarde et plus je me convaincs que nous pouvons les monter et qu'il s'agit de la meilleure échappatoire pour fuir d'ici. Ce n'est pas très loin, ils ne paraissent pas très hauts, peut-être trois ou quatre cent mètres et si le regard que je porte sur mon plan est juste, il y a une maison forestière (Founguéré) et une piste au bout de ce " chemin de croix".

Mais plus j'en parle à Dany et plus elle semble être décourager pour procéder à la moindre tentative. Sur le coup, ça me démoralise mais je me dis que si je dois la laisser seule ici, c'est peut-être la solution la plus rapide pour aller chercher du secours. Dans ma tête, je prends la résolution suivante : " Si demain matin, nous sommes encore coincés ici, c'est par là que je partirai ! ".

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L'hélicoptère passe juste au dessus de nous sans nous voir (**)

 

- Enfin, une bonne étoile !

Recroquevillé sur moi-même, la tête dans les genoux, ces pensées d'évasion lancinantes me hantent continuellement. Je ne pense plus qu'à ça, partir ! Mais, si je suis bloqué dans ce ravin, je suis également prisonnier de mes états d'âme. Partir et aller chercher des secours et laisser Dany seule ici ! Ou bien, rester là, ici avec elle, avec ce sentiment d'inutilité, de faiblesse et d'impuissance.

Rêvons-nous ? Soudain, nous entendons des cris : Ohé !!! Ohé !!!. D'un seul bond, on se lève.

-Tu as entendu, toi aussi ?

-Ouais. Ce sont des hommes qui ont crié !

-D'où viennent ces cris ?

-D'en face, je crois, du côté des éboulis !

-Je ne vois rien !

-Oui, ça y est, je les vois, regarde là haut, il y a deux hommes qui descendent !

-Tu crois que c'est les secours ?

-Oui je crois bien !

Et elle se met à pleurer de joie en disant : Ils nous ont trouvé ! On est sauvé !

Les deux hommes descendent les éboulis relativement vite, ils sautent de blocs en blocs ce qui me conforte dans l'idée que nous aurions pu tenter l'ascension.

Ils déboulent tout droit vers le ravin et je tente de leur faire signe qu'ils auront du mal à nous rejoindre s'ils continuent dans cette direction. Ils ne semblent pas m'entendre et finissent par arriver à l'aplomb de la chute d'eau que nous n'avons pas pu franchir. Ils bifurquent sur leur gauche en direction du bois d'épicéas. Au passage que je jugeais le plus difficile pour rejoindre les éboulis, ils s'agrippent aux rochers et aux branches, tels des araignées, ils longent le bord du torrent et finissent par passer, avec une dérisoire facilité, les obstacles qui les sépare de nous. Ils traversent le torrent et nous rejoignent sur le piton rocheux. Immédiatement, ils se présentent et s'inquiètent de notre sort :

-Je m'appelle Daniel et mon collègue se prénomme Nicolas. Nous sommes du peloton de Gendarmerie de Haute-Montagne d'Osséjà. Vous allez bien ?

-Ca va bien ! Mais nous languissions votre arrivée ! Je m'appelle Gilbert et mon épouse, c'est Dany.

-Monsieur, vous êtes sûr que ça va? On nous a dit que vous étiez fatigué ?

-Non, je vais très bien, c'était simplement un coup de fatigue, car je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Mais c'est passé maintenant.

-Nous vous cherchons depuis quatre heures ce matin. Nous avons envoyé quatre équipes de deux sauveteurs tout autour du massif. Nous étions sur les crêtes, mais de là-haut, on ne voyait pas le fond du ravin à cause de la brume. C'est là que mon collègue Nicolas m'a dit : " Si nous allions voir en bas ?" Nous sommes descendus tout droit dans les éboulis et c'est comme ça que l'on vous a aperçu.

-Nicolas, vous avez eu une idée lumineuse ! Vous en avez souvent des intuitions comme ça ?lui dis-je.

Les deux jeunes gendarmes se mettent à rire puis Daniel avec un gros talkie-walkie informe son PC qu'ils nous ont retrouvés.

-Vous devez être gelés ? En tous cas, nous le sommes avec cette pluie qui n'a pratiquement pas cessé de toute la matinée. Nous allons prendre un café ?

-Oui, ce n'est pas de refus ?

-Comment vous êtes arrivés là ?

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Sur la piste aux étoiles

Il sorte un thermos et tout en buvant un café, nous nous mettons à raconter notre histoire : notre départ de Nyer, notre arrêt à Mantet, notre belle randonnée jusqu'aux plaques de neige rencontrées au sommet des Très Estelles, la glissade sur le névé, la descente dans le torrent, l'impossibilité de rejoindre le chemin, le stress, le ravin et l'impossibilité d'aller plus loin, nos jambes tétanisées et le coup de fatigue de Dany.

Grâce à Jérôme qui a retrouvé des plans sur mon bureau et l'itinéraire sur mon ordinateur, ils semblent être vaguement au courant de notre parcours. Les autres sauveteurs ont aperçu notre voiture. Ils savent que nous avons dormi au Bouf'tic. Ils ont vu nos traces dans la neige au sommet du pic, puis les ont perdues.

Ils demandent si nous sommes des randonneurs aguerris et si nous marchons souvent. Nous répondons par l'affirmative mais compte tenu des déboires qui nous arrivent, je ne sais pas si nous arrivons à les convaincre.

De notre côté, nous cherchons à comprendre pourquoi ils ont mis aussi longtemps à arriver alors que nos explications étaient claires et précises ? Pourquoi l'hélicoptère nous cherchait vers la droite puis vers la gauche d'Escaro puis au sommet du Pic des Très Estelles ?

Nous n'obtenons pas réellement de réponses précises de la part des deux gendarmes. La seule explication, c'est qu'une géolocalisation par le système de " triangulation " a été demandée à l'opérateur de téléphonie Orange pour localiser nos appels téléphoniques et que le résultat nous a situé sur l'autre versant du pic au dessus de Py. Par contre, ils ne font pas de commentaires sur le fait que nous avions parfaitement donné notre position et qu'ils n'ont pas été capables de nous repérer plus vite. Ils supposent simplement que les intervenants ont été si nombreux (pompiers, Crs, Sécurité Civile, gendarmes) qu'il y a eu déperdition d'informations au moment de la passation des messages d'un service à un autre. C'est regrettable pour nous mais l'important pour eux c'est qu'ils nous aient enfin trouvé.

Ils nous donnent des nouvelles des enfants qui depuis la nuit dernière ont été prévenus de notre disparition et qui sont avec le Pc de recherche depuis ce matin. Ils sont au village d'Escaro avec le commandement et ont été rassurés de notre parfait état de santé.

Cette information nous apporte un profond soulagement mais pendant ces dernières heures nous avons tellement pensé à eux qu'inévitablement la question essentielle fuse de la bouche de Dany avant même que je n'ai pu la prononcer moi-même : " Il vient dans combien de temps, l'hélico ? ".

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Type de cataracte descendue (*)

 

- Toboggan dans les étoiles !

Et là, je revois la tête de Dany et le silence qui s'en suit quand à la réponse obtenue :

-Mais il ne viendra pas Madame ! , réponds Daniel.

-Ah bon ! Et pourquoi ne vient-il pas ? dit Dany, complètement abasourdie.

-Le ravin est trop encaissé et il y a trop d'obstacles, c'est trop risqué. En plus avec ce temps, il ne peut pas décoller car il lui faut au moins un plafond de 1.500 mètres de haut. Ce n'est pas le cas, il ne viendra pas !

(Silence).

-Et comment va-t-on faire pour sortir de là ?

-Par la rivière !

-Comment par la rivière ? Mais on ne peut pas, c'est justement là que nous sommes restés coincés !

-Ne vous inquiétez pas Madame, on va vous aider et on a le matériel pour descendre.

-Mais je ne pourrai jamais !

-Mais si, mais si, vous y arriverez, vous verrez !

-Mais on va se mouiller ?

-Ah ça oui, on va se mouiller, mais au point où en est, vous depuis hier et nous depuis ce matin, ce n'est pas le plus grave !

-Mais je crains le vide et je vais avoir le vertige !

-De tout manière, nous n'avons pas le choix, si nous voulons être sortis de là avant ce soir. C'est le chemin le plus court ! Allez, il faut y aller maintenant ! Rassemblez vos affaires ! Nous allons faire un échange de sacs à dos, car les vôtres ont l'air beaucoup plus lourds que les nôtres ? Combien pèsent-ils ?

-Un peu plus de dix kilos ?

Ils sortent le matériel de leur sac qui est composé de cordes, de baudriers et de mousquetons et nous échangeons nos sacs respectifs. Effectivement leurs sacs à dos sont tout petits et vidés de leur matériel d'une étonnante légèreté.

Le dialogue qui s'est installé avec les deux gendarmes, nous a permis de découvrir deux très gentils garçons, très affables, très chaleureux et non dénués d'un sens de l'humour. En quelques minutes, grâce à leur simplicité, ils ont su nous redonner confiance.

-Bon, avant de démarrer, nous allons mettre les baudriers ! dit Daniel.

Nous enfilons nos vestes en gore-tex, puis ils nous aident à harnacher les baudriers et les sacs à dos et nous redescendons en file indienne vers le torrent.

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Voilà, comme nous descendions!(*)

Sans aucune hésitation, ils marchent au milieu de la rivière et se dirigent vers le bord de la cascade. Nous les suivons mais restons en retrait pour écouter très attentivement leurs recommandations. Je m'inquiète pour Dany car elle n'a pas l'air très rassurée à l'idée de descendre. De mon côté, depuis que je sais que je vais enfin bouger pour sortir de là, je me sens pousser des ailes et je suis plein d'énergie.

-Nicolas va descendre en premier, je descendrai en deuxième, Dany en troisième dit Daniel. Je fermerai la marche !

Nicolas s'arque boute au bord de la cataracte qui doit être de six à sept mètres de haut, pendant que Daniel l'assure à l'autre bout de la corde, Dany est moi, on se penche pour regarder comment il s'y prend et comment il arrive en bas dans le bassin.

A priori ça a l'air facile ! Daniel remonte la corde et me l'attache aux mousquetons du baudrier. A mon tour, je me laisse glisser le long de la corde, puis les jambes posées contre la paroi, je continue la descente très lentement. Je n'ai pas encore fait deux mètres que je sens l'eau glacée de la cascade me tomber sur la tête et les épaules comme si l on me jetait des seaux. Mes pieds dérapent sur la paroi moussue et gluante et je tourne maintenant le dos à la cascade suspendue à la corde. Je me débat et arrive à me retourner tout en cognant violemment les rochers avec les jambes. Je continue à descendre et deux mètres avant la surface, Daniel me laisse tomber dans un immense éclaboussement. Je suis entraîné vers le fond, mais aussitôt, je sens la main de Nicolas qui m'agrippe et qui me tire vers la berge.

Pour une première descente, ce n'est pas vraiment une réussite mais je pense avoir assimilé les principales erreurs qu'il ne faut pas faire. Dany descend beaucoup plus facilement que moi, mais atterrit avec le même fracas. Elle a bu la tasse mais à priori tout va bien.

Pendant que nous attendons Daniel, qui lui descend sans aucune aide et récupère les drisses, Nicolas est déjà parti en avant pour mieux appréhender la cascade suivante. Je demande à Dany si elle n'a pas trop froid car personnellement j'ai une véritable sensation de chaleur dans tout le corps. Est-ce la différence de température entre l'eau et l'air ? Est-ce le fait de bouger ? Est-ce à cause de la " bonne " couche de vêtements que j'ai sur le dos ? Pourtant, il s'agit d'une eau qui provient directement de la fonte des neiges. Dany me répond que ça va mais je ne suis pas convaincu tant elle parait blafarde au fil du temps qui passe.

Nous continuons à descendre dans une bonne humeur communicative qui s'est installée entre nous. Les nombreuses glissades sur les galets qui succèdent aux chutes dans les petites poches d'eau ont pour effet de transformer cette descente en une espèce de toboggan grandeur nature. Heureusement, quand nous tombons c'est toujours sans gravité, même si parfois nous avons conscience que le danger est bien présent. Nicolas et Daniel sont de vrais professionnels, et nous restons en permanence très attentifs à toutes les consignes qu'ils promulguent. Il n'est pas question de ne pas les écouter car si certains passages paraissent faciles, d'autres sont très périlleux. Certaines cascades atteignent plus de dix mètres de hauteur. D'autres se terminent par des vasques très profondes où le courant tourbillonne.

En raison de toutes ces difficultés qui entravent notre descente, nous avons seulement parcouru, deux à trois cent mètres en un peu de moins de deux heures.

Dany est maintenant livide et se plaint du froid. Les gendarmes qui grelottent eux aussi, ne sont pas mieux lotis. Je semble être celui qui supporte le mieux le froid. Cette résistance est-elle due à l'habitude que j'ai prise de passer d'interminables heures dans l'eau glacée des calanques à traquer le poisson en chasse sous-marine ? Toujours est-il que l'eau glaciale du ravin de l'Orry n'arrive pas à perturber ma vitalité ! Je ne pense toujours qu'à une seule chose : sortir au plus vite de ce maudit torrent qui n'en finit plus de mettre des obstacles sur notre route !

Dany est maintenant blême et je m'aperçois qui si nous ne stoppons pas, elle va " tomber dans les pommes ". Comme à son habitude, Nicolas est parti devant et je profite d'une petite grève de sable pour faire asseoir Dany en attendant Daniel. Elle n'est vraiment pas bien et je suis maintenant convaincu qu'elle aura beaucoup de mal à franchir les prochaines difficultés qui nous attendent. Je prends son sac à dos, puis je cours prévenir Daniel de son état de grande lassitude due certainement à un début d'hypothermie. Il fait aussitôt le même constat que moi et sort de son sac, un tube de vitamines dont il tend un comprimé à Dany.

De son côté, Nicolas que nous avions perdu de vue dans un boucle du ravin, reviens la mine déconfite et dit : " Nous ne sommes pas au bout de nos peines car après le virage, les cascades sont encore bien plus hautes, bien plus étroites et bien plus difficiles ! Et Escaro est encore très loin ! ".

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- Envol vers les étoiles !

Daniel n'attends pas la fin et se met à grimper à travers un bois en direction d'un étroit éboulis cerné de grands conifères! Je l'aperçois qu'il sort son talkie-walkie, se met à parler puis il demande à Nicolas de le rejoindre. Je les vois s'entretenir puis Nicolas prend l'écouteur et continue de grimper vers un petit piton rocheux. Daniel me fait signe de monter. Je soutiens Dany pour gravir les éboulis et Daniel revient m'aider et me dit :

- J'ai appelé mon chef, il semble qu'il y ait une éclaircie et je lui ai demandé qu'il envoie l'hélicoptère. J'attends la réponse, mais dans l'immédiat, il faut un peu escalader les éboulis pour qu'il puisse le cas échéant nous remarquer. Cette trouée me semble suffisamment large pour que l'hélico puisse nous hélitreuiller.

- Dans combien temps, va-t-il venir car ma femme est très fatiguée ?

- Je ne sais pas, mais nous devrions être rapidement fixés. L'hélico met environ vingt à trente minutes pour venir de Perpignan. Continuez à monter et faites très attention que les pierres ne roulent pas sur vos pieds !

Pour progresser, j'assiste Dany, mais elle semble déjà avoir repris des forces. Est-ce la vitamine ou bien la perspective de voir enfin apparaître cet hélicoptère tant espéré ? Toujours est-il qu'elle parvient à grimper en solo ce magma rocheux dont chaque enjambée est presque un numéro d'équilibriste. Tous les rochers ou presque présentent un équilibre très instable et il est nécessaire à chaque pas de vérifier si une pierre ne va pas dégringoler sur nos jambes ou celles du voisin.

Après avoir parcouru une cinquantaine de mètres, Daniel nous fait signe de stopper et dit :

-Asseyez-vous ici en attendant. Je pense que nous sommes suffisamment loin des arbres !

Nicolas qui nous a rejoint, nous annonce la bonne nouvelle :

-Le plafond est supérieur à 1500 mètres. L'hélico a pu décoller de Perpignan ! Il arrive, il reste plus qu'à attendre et à espérer que le ciel reste aussi dégagé ici.

-En attendant, si nous prenions un grog, ça nous réchauffera un peu! dit Daniel.

Il sort un thermos et chacun boit à son tour. Nicolas est déjà reparti rejoindre le promontoire qui fait, certainement, office de relais pour capter les signaux du talkie-walkie.

Tout à coup, le ravin passe du silence le plus absolu au vacarme le plus tonitruant. L'hélico est là, juste sur notre droite au dessus d'une aiguille rocheuse.

C'est drôle, mais je m'aperçois que cette demi-heure est passée très vite ! C'est fou, comme le temps peut-être une unité très capricieuse. Il passe vite quant on attend quelque chose avec certitude et lentement quand on attend cette même chose dans l'incertitude et l'anxiété.

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Dans l'espoir de voir l'hélicoptère arriver, Dany est décidée à aller jusqu'au sommet

Daniel nous fait lever et prescrit les derniers conseils :

-Qui veut y aller le premier ?

-Dany, lui dis-je sans attendre sa réponse.

-Oui, je pense que c'est mieux ! Surtout, Dany n'ayez pas peur, tout va bien se passer ! Ils vont faire descendre un filin au bout duquel il y a un baudrier. Vous resterez debout à côté de moi et vous me laisserez faire. Je passerai le baudrier sous vos aisselles et quand vous sentirez l'hélico vous hisser, gardez bien les bras le long de votre corps. C'est bien compris ?

-Oui, j'ai bien compris, mais j'ai peur !

-Vous n'avez aucune raison, c'est impressionnant mais sans risque !

Et en plaisantant il rajoute : " Et en plus, vous n'êtes jamais contente, après le canyoning, vous avez droit à un tour d'hélico gratis ! ".

-Je m'en serai bien passer ! dit Dany, qui a repris quelques couleurs.

-Ensuite, pendant la remontée, surtout vous ne bougez plus jusqu'à l'hélico. Là haut, quelqu'un va vous récupérer !

Pendant ce temps, l'hélico s'est rapproché de nous et commence à descendre dans un bruit assourdissant. Les immenses épicéas et les quelques feuillus se mettent osciller dans un immense tourbillon d'aiguilles et de feuilles qui s'envolent en tous sens.

Je m'écarte un peu de Daniel et Dany et vais m'asseoir un peu plus haut dans les éboulis car le câble commence à descendre en tourbillonnant dangereusement au dessus de leurs têtes.

Je reste admiratif devant la précision du pilote. L'hélicoptère est pratiquement immobile et les pales tournent à quelques mètres voire quelques centimètres de la cime des grands épicéas. Malgré le violent souffle qu'engendre les pales, Daniel finit pas se saisir du filin et le passe très rapidement sous les bras de Dany. Un petit signe en direction de l'hélico et voilà Dany qui s'élève rapidement dans le ciel. A l'arrivée, j'aperçois quelqu'un qui l'agrippe et qu'il l'assoie au bord de l'habitacle.

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L'hélicoptère est là, nous sommes sauvés ! (**)

Soudain l'hélico remet les gaz, remonte et amorce un large virage. Je vois Dany, toujours assise au bord de l'hélico, qui s'envole au dessus des arbres puis elle disparaît dans le goulet du ravin.

Est-ce un trop plein d'émotions, mais de voir Dany tirée d'affaire, je me mets à pleurer.

Daniel qui est resté près de moi me dit :

- Après ce que vous avez enduré, ce n'est pas le moment de craquer !

-Oui, je sais, mais je pleure de joie !

-Oui, je m'en doute, mais le plus difficile est passé !

-C'est vrai, vous avez raison.

-Laissez les sacs à dos et préparez-vous car, bientôt ça va être votre tour !

Je me ressaisis aussitôt et retourne me placer près de Daniel.

Effectivement, moins de dix minutes plus tard, l'hélico revient se positionner au dessus de nous.

Daniel répète les consignes pour l'hélitreuillage déjà formulées à Dany.

L'élingue commence à descendre et Daniel la saisit, cette fois, sans aucune difficulté.

J'enfile le baudrier, passe les sangles sous les aisselles et serre bien les bras contre mon corps. Je suis soulevé du sol et reste un bref instant suspendu au dessus de Daniel. Soudain je m'élève en même temps que l'hélico, je tourne, je tourne, dix, vingt, trente mètres au dessus du ravin. Je suis près de la carlingue et malgré un courant d'air violent qui souffle en sens inverse, je me sens tiré automatiquement vers la porte. Deux mains m'accrochent fermement et m'entraîne dans le cockpit. Tout comme dans un " grand huit ", je suis tiré en arrière par la soudaine accélération de l'hélicoptère, puis je repars en avant comme aspiré par l'espace. Je suis assis au bord du vide mais heureusement une main sans visage continue de tenir avec poigne les sangles du baudrier. Mes yeux emplis de curiosité essaient en vain de regarder de tous côtés : l'intérieur de l'hélico, le pilote, le visage de cette main salvatrice qui est dans mon dos, les arbres, le ravin, les crêtes rocheuses…Je regarde tout mais je ne vois rien. Ca va beaucoup trop vite, quelques secondes suffisent et j'aperçois déjà les près puis les toitures et les jardins des maisons d'Escaro.

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En montant au Très Estelles, ce cheval affamé vient chercher pitance

 

  - Fin du cauchemar pour trois étoiles.

L'hélicoptère descend déjà, j'aperçois de nombreuses voitures, et une foule de personnes qui regardent vers moi. Les enfants sont là, à l'écart, à côté de Dany, à l'extrémité d'un champ près d'une route.

On se pose et je ne vois plus rien. Mes yeux sont à nouveau remplis de larmes de joie. J'essaie de m'extraire de l'hélicoptère mais une voix dans mon dos me dit :

-Attendez, que l'hélicoptère s'immobilise et que je vous enlève le harnais !

Puis la voix rajoute :

-C'est bon, allez-y mais baissez bien la tête et restez courbé sur une dizaine de mètres !

Je cours en sanglotant vers les enfants qui se précipitent sur moi. Je ne vois plus rien mais je sens des bras qui m'entourent et une énorme étreinte qui m'enlace. Pendant ces longues heures d'attente et d'angoisse, j'ai tant rêvé de cet instant, je me sens bien dans ces bras qui m'étreignent, mais j'ai honte et je me mets à pleurer tout en criant :

-Je vous demande pardon ! Je vous demande pardon ! Pardon ! Pardon !

-Pardon de quoi ! Réponds Jérôme.

-De vous avoir inquiétés, j'ai honte de vous avoir inquiétés ! J'ai honte de ce que j'ai fait !

Moi, qui ait pour principe de vie, de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider mes enfants, voilà que maintenant les rôles sont inversés et je ne l'admets pas. Je me sens puéril et nigaud.

Je reprends mes esprits dans les bras de Jérôme et j'entends dans leur dos, une petite voix qui implore en pleurant :

-Et moi, tu ne me serres pas dans tes bras !

-Mais si, mais si, bien sur, ma chérie !

Et je me remets à pleurer de " plus belle " dans les bras de Carole et de Dany.

Quand j'y repense aujourd'hui, malgré ce cauchemar que j'ai vécu, ces retrouvailles et ces longues étreintes dans les bras de mes proches resteront à jamais gravés dans mon coeur parmi les moments inoubliables de ma vie.

Oui cette randonnée dans le massif des Très Estelles s'était terminé en cauchemar…mais pour moi, à l'arrivée, il y avait trois autres étoiles qui brillaient et qui se prénommaient : Jérôme, Carole et Dany !!!

C'était la fin d'une randonnée et d'un cauchemar pour trois étoiles ! Mais ce n'était pas celles que j'avais augurées au départ !

- Que les bonnes étoiles veillent sur eux !

A Escaro, Dany et moi avons remercié le commandant qui a mis en place et coordonné le dispositif de recherche. Mais nous aurions aimé remercier tous les sauveteurs sans exception, le pilote de l'hélico, son assistant qui tenait le " fil " auquel notre vie était suspendue, les autres équipes qui étaient partis à notre recherche, les CRS, les pompiers enfin tous ceux qui avaient participés activement à nous venir en aide.

Bien sur, nous n'oublierons jamais Daniel et Nicolas qui eurent cette lumineuse idée de descendre dans le ravin de l'Orry.

L'hélicoptère était déjà reparti les chercher. De notre côté, nous étions si heureux de retrouver les nôtres que sur le moment, nous les avons négligés.

Qu'ils nous pardonnent et qu'ils sachent que nous nous sentirons toujours redevables des risques qu'ils ont pris pour nous venir en aide.

Je profite de ce récit pour leur adresser nos remerciements pour leur dévouement, leur gentillesse, leur générosité, leur patience, leur professionnalisme et leur sens de l'humour. Avec leurs formidables qualités, ils ont su nous redonner l'énergie et la confiance que nous avions perdues.

Que les bonnes étoiles veillent sur eux !

-Quelques explications

-Les photos avec le signe astérisque (*) ne sont pas de moi. Je remercie leurs créateurs de les avoir mises sur Internet et de me permettre de les utiliser gracieusement.

-Les photos suivies de deux étoiles (**) sont des montages réalisés à partir de photos personnelles.

-Les photos suivies d'un (S) ont été prises en septembre 2004 lors d'une autre randonnée (Pla Segala, Roc Colom et Porteille) autour de Mantet.

-La plupart des photos qui enjolivent ce récit ont été prises, pratiquement jour pour jour, une année après les faits sur les endroits mêmes de cette histoire.

Il y avait beaucoup moins de neige, mais les lieux sont les mêmes que ceux cités dans cette rocambolesque odyssée.

-Alors que notre appareil avait pris l'eau dans le Ravin de l'Orry, Dany avait détruit la pellicule. Nous sommes donc retournés aux Très Estelles le 7 mai 2005 pour prendre de nouveaux clichés. 

-Le mardi 4 mai 2004, nous faisions le gros titre des faits divers de l'Indépendant de Perpignan. Le résumé est fidèle hors mis nos ages respectifs. Mais avec les têtes que nous avions à la descente de l'hélicoptère, le journaliste était parfaitement excusable, nous avions pris dix ans !

-Fin mai 2006, nous avons enfin définitivement " tué les vieux démons" en réalisant sur deux jours la boucle complète avec notre fils Jérôme. Cette magnifique randonnée, réalisée par grand beau temps, restera pour nous trois, inoubliable.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Mantet, au retour de notre randonnée un an plus tard

Choisissez une étoile, ne la quittez pas des yeux. Elle vous fera avancer loin, sans fatigue et sans peine. (Alexandra David-Neel, exploratrice et écrivain français 1868-1969).

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Cliquez dans la photo pour visionner le parcours et le compte rendu de notre égarement par l'Indépendant.

Sinon cliquez sur la photo ci-dessous pour retourner à la page d'acceuil du blog.

Un cauchemar pour trois étoiles - 3me jour : Ravin de l'Orry - Escaro

Photo à 180° prise du sommet des Très Estelles, on aperçoit parfaitement les deux autres mamelons composant le massif

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Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

Publié le par gibirando

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'OrryChapitre 2 : Mantet-Ravin de l'Orry

On ne peut pas marcher en regardant les étoiles quand on a une pierre dans son soulier. (Proverbe chinois).

-Sur la piste aux étoiles

Dimanche 2 mai 2004, 7 heures. J'ouvre le vasistas qui fait office de fenêtre et aperçoit un ciel vierge de tout nuage. Pour cette longue journée de marche qui nous attend, c'est très encourageant, mais un air glacé qui s'engouffre dans la chambre, m'oblige à refermer aussitôt la petite lucarne. Nous flânons encore un peu au lit et vers 8 heures, nous montons prendre le petit déjeuner. Comme de vieux habitués, nous avons notre table attitrée, juste à côté d'un magnifique fuchsia dont on ne s'étonne plus de voir ses fleurs rouges et mauves en toutes saisons.

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Panorama à 180° à l'approche de Mantet.

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 Au petit déjeuner au matin du 2eme jour (S)

Alors que la vallée est encore dans la pénombre, le jour se lève et fait scintiller les cimes enneigées. Juste au dessous du Porteille, de larges taches flamboyantes d'un rouge sang du à la pigmentation des feuilles d'arbrisseaux font un contraste étonnant avec le vert de la vallée et le blanc des sommets. De la véranda de l'auberge, le spectacle est splendide, mais on finit par se lever car on se dit qu'avec un peu de chance, il devrait être encore plus beau du sommet des Très Estelles.

9 heures, nous quittons le gîte et prenons le Gr.10 qui monte au Col de Mantet.Les mauvais souvenirs reviennent car c'est sur ce tronçon au fort dénivelé que Dany avait été contrainte à l'abandon, il y a presque trois ans. Heureusement, les mauvais souvenirs se mélangent aux bons. C'est en effet, sur cette route que nous avions eu la chance de rencontrer notre bienfaiteur en la personne d'un vieux chercheur de champignons qui nous avait ramené jusqu'à notre domicile. Aujourd'hui, tout ça parait loin, et par cette magnifique journée ensoleillée qui s'annonce, nous sommes bien décidés à en profiter au maximum.

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Départ de Mantet sur le Gr.10 vers le col

Au col de Mantet, trouver le chemin pour le Pic des Très Estelles est facile. En effet, à cette intersection de multiples sentiers de randonnée, les indications sont nombreuses et explicites.

Selon ma carte que je consulte, pour atteindre le Pic, nous devons accomplir cinq à six kilomètres pour un faible dénivelé de 300 mètres environ.

Le départ s'avère difficile car le sentier est totalement occupé par quelques chevaux en liberté et un important troupeau de vaches qui entrave le passage. Couchées avec près d'elles de nombreux veaux de quelques semaines, elles paraissent agacées de notre présence et jettent vers nous des regards pleins de suspicion. C'est au prix de quelques zigzags que nous parvenons à rejoindre la piste qui se dirige vers le sommet.

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Jument avec son poulain au Col de Mantet

La sente se faufile, d'abord à travers quelques sapins et de miséreux genêts puis dans un décor pierreux fait de maigres herbages. Quelquefois, notre marche est rythmée par le chant mélodieux de quelques pinsons ou bien, par celui plus lancinant d'un coucou. En ce début de printemps, on sent bien que la nature toute entière est en train de renaître. De nombreuses variétés de fleurs (lys, iris, crocus, renoncules, etc.…) très colorées germent à peine. Des passereaux très excités volètent d'arbres en arbres. Les bouleaux blancs encore en bourgeons ne présentent que de frêles chatons. Les lézards qui s'accouplent déjà sur les pierres chaudes du chemin, décampent sous nos lourds godillots. Au pied d'énormes éboulis, nous avons la chance d'apercevoir deux marmottes dont les sifflements stridents attirent notre attention. Elles viennent certainement de finir leur longue hibernation qui peut durer jusqu'à six mois selon la température. A cette époque, elles sortent en quête d'une tendre végétation qui va permettre de reconstituer leurs réserves de graisse. Elles n'ont plus de temps à gaspiller car pendant leur long sommeil, elles peuvent perdre jusqu'à la moitié de leur poids..

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Sur la piste aux étoiles, en dessous le Col de Mantet

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Des pitons rocheux, terrains de jeux pour isards et marmottes

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Vue sur le Massif du Canigou et la vallée de Campeilles

Pour Dany et moi, c'est plutôt le contraire. Dans cette montée, les quelques kilos superflus pris cet hiver sont pénibles à trimbaler. Mais les paysages sont tellement beaux que les éventuelles douleurs musculaires sont vite oubliées. A droite, le monumental Massif du Canigou dont le sommet est pour la saison, encore bien chargé de neige. Derrière nous, toute la chaîne montagneuse avec ses multiples pics qui forment la crête frontière avec l'Espagne : Les Esquerdes de Roja, le Pic de Costabonne, le Roc Colom, etc.…En dessous, la verte vallée de Campeilles où l'on distingue la route sinueuse qui part en direction du village de Py.

Notre présence en ces lieux désertiques ne semble gêner que quelques vaches et veaux qui, à notre vue, détalent les contreforts de la montagne comme si elles avaient vu le diable. C'est avec inquiétude, que nous les regardons dévaler la pente car l'inclinaison est sévère et on se demande si elles vont pouvoir s'arrêter. Heureusement, elles arrivent à stopper dans un mouvement qui parait même synchronisé.

Il n'est pas encore onze heures quand nous arrivons au Col de la Mente situé à 1949 mètres. Nous stoppons en surplomb d'un ravin pour un en-cas fait de quelques fruits secs et de barres de céréales. De l'autre côté, trois isards nous observent et continuent de brouter sans aucune anxiété, rassurés par l'espace qui nous sépare d'eux. Au dessus de nous, nous apercevons les premières plaques de neige qui à priori, ne semblent pas trop " méchantes " car plutôt clairsemées.

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Depuis le sentier, magnifique vue sur le Massif du Canigou

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Dans la montée, éboulis à marmottes et panorama remarquable

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Dany dans la montée vers les Très Estelles puis au Col de la Mente (1949m), vue sur les Très Estelles

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 Dans la montée, premières plaques de neige très clairsemées.

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Au sommet du Pic des Très Estelles à 2099 m.

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Aperçu du massif des Très Estelles

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Le massif du Canigou et de nombreux autres sommets, vus des Très Estelles

 

-A la conquête des étoiles enneigées.

Le sommet n'est plus très loin, mais soudain une vaste plaque de neige barre le sentier. Nous commençons à nous y engager mais l'épaisseur est telle que nous y renonçons rapidement. Deux solutions s'offrent à nous : faire demi-tour et retourner à Mantet ou bien éviter cette plaque de neige en coupant tout droit dans les pâturages encore ras à cette époque.

Cette deuxième solution semble tellement plus facile, que nous grimpons à travers les prés, arrivons à une clôture que nous enjambons sans difficulté. Quelques chevaux sont là en train de paître. Un d'entre eux vient vers nous pour réclamer pitance. Nous lui tendons quelques bouts de pain, mais il semble si affamé qu'il nous poursuit sans relâche. Pour lui fausser compagnie, nous sommes dans l'obligation de détaler.

Nous sommes sur le vaste et ondulé sommet des Très Estelles, malheureusement beaucoup plus enneigé que je l'avais espéré. Nous avons perdu le sentier et il nous faut absolument le retrouver pour entamer la descente. Un large chemin où la neige semble damée m'incite à partir sur la droite. Il y a même quelques vieilles traces de raquettes. Mais en regardant mon plan et la configuration du site, je m'aperçois que le sentier est plutôt à l'opposé. Pour nous y rendre, nous n'avons pas le choix, il faut traverser une vaste étendue neigeuse.

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Ouf, nous avons retrouvé le chemin.

Nous éprouvons beaucoup de difficultés à avancer, on s'enfonce profondément, parfois jusqu'aux genoux. Très rapidement, nos chaussures et nos pantalons de randonnée sont trempés. Au bout d'un quart d'heure, nous sommes exténués mais nous finissons, comme je l'espérais, par tomber sur des panneaux à la croisée des chemins. Ouf ! J'angoissai et commençai à envisager une redescente vers Mantet. La signalisation est claire, d'un côté, la descente vers Escaro, par la Font de Prat d'Avet et la Maison Forestière de Fourguéré, de l'autre, le chemin prévu vers Nyer appelé Tour du Pic des Très Estelles qui doit nous ramener au Pas de Grau et à notre voiture.

Nous prenons cette dernière direction à travers quelques pins chétifs et sommes maintenant rassurés car dans la descente que nous entamons, il n'y a pratiquement plus du tout de neige. Quelques petites plaques par ci par là, mais rien sur le sentier.

Il est midi passé, nous n'avons pas encore mangé, mais je propose à Dany de déjeuner un peu plus bas car un petit vent frais balaye la crête.

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 Des crêtes, vue sur les gorges et les sommets enneigés

 

- Prisonniers des étoiles !

Nous avons parcouru environ cinq cent mètres quand au détour du chemin, une énorme plaque de neige d'une hauteur inhabituelle barre de nouveau notre progression. Sur ce versant ombragé du Pic, orienté au nord, la neige a très peu fondu mais le vent du nord a, en plus, composé de très hautes congères. En attendant Dany, car j'ai pris un peu d'avance, je regarde s'il y a un autre accès. Rien !

 La plaque de neige parait attaché à un surplomb et quelques mètres en dessous, il me semble apercevoir le chemin qui continue. Je propose à Dany d'aller voir, je descends une quinzaine de mètres non sans peine car je m'enfonce jusqu'à la taille. Je finis par atteindre l'endroit escompté. Il y a trop de neige et arrivé sur place, il m'est impossible de dire si le chemin passe ici. Dany m'attend en bordure du surplomb.

 Je cherche en vain une issue que je ne trouve pas. Je décide de remonter pour la rejoindre, car la neige, que je redoutais tant, est bien là. Dans ma tête, la décision de rebrousser chemin est définitivement prise. Mais, je m'enfonce jusqu'à la taille, je ne peux plus remonter, et malgré mes efforts, je finis par casser un de mes deux bâtons de marche pourtant en aluminium. Je suis pris dans cette gangue dont je ne peux m'extraire qu'en reculant. Je commence à stresser et essaie de ne pas le montrer à Dany qui m'observe quelques mètres au dessus. Mais je sens bien que je suis en train de paniquer et mes jambes sont tétanisées par cette épouvantable appréhension de me voir prisonnier. Au fond de moi, je me dis : " Il faut que je me calme pour rester lucide ".

 Je recule et tente vainement d'aller sur ma gauche. Là aussi, j'ai de la neige jusqu'à la ceinture, à droite pareil. Seule solution, descendre ! Je regarde en dessous, un immense névé de deux à trois cent mètres de long descend entre quelques sapins puis dans un large couloir d'éboulis. Ce n'est pas sans risque, car la pente est abrupte, mais descendre sur les fesses ne me parait pas chose impossible. La seule véritable difficulté est de ne pas prendre trop de vitesse car la plaque de neige se termine brutalement par d'énormes blocs de pierre qui nous attendent plus bas. A côté des éboulis, sur la droite, une épaisse forêt de conifères qu'il me parait aisé d'aborder et où nous pourrons peut-être avec un peu de chance, retrouver notre itinéraire.

De toute façon, je ne vois pas d'autres solutions, sauf à m'épuiser pour tenter de remonter. Par contre, Dany qui craint le vide, acceptera-t-elle de descendre ?

Je l'appelle et elle finit par me rejoindre non sans mal. Je lui expose rapidement la situation. A contrecoeur, je le vois bien, elle se résigne à cette solution.

En analysant tous les paramètres, elle comprend, elle aussi, qu'il faut tenter la glissade. Au bout, il y a quand même l'espoir de sortir de ce piège de glace et de retrouver un chemin. Tout au loin, on aperçoit de nombreuses maisons. Je ne prends pas le temps de regarder la carte, mais compte tenu du parcours déjà accompli, j'imagine qu'il s'agit des alentours d'Escaro.

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 Des plaques de neiges entravent le chemin

 

- Glissade des étoiles… aux ténèbres

Avant d'entamer la descente, je donne les derniers conseils à Dany. Je lui demande de rester espacés, d'observer comment je m'y prends et si possible, de rester dans la trace que mon postérieur ne manquera pas de creuser.

Je m'assoie et commence à filer comme sur une luge. En me couchant un peu en arrière, mon sac à dos amortit les chocs. Je glisse parfaitement et me retourne pour regarder Dany. Elle n'a pas encore démarré. J'arrive à freiner et m'arrête au milieu du névé. Le fait que j'ai pu si facilement m'arrêter, semble la rassurer complètement. Elle s'aperçoit que ce n'est pas si compliqué ou si dangereux qu'elle l'imaginait. Elle démarre. Je repars et continue de regarder derrière moi pour vérifier si tout se passe bien pour elle. Je prends de la vitesse mais en plantant les bâtons, j'arrive à ralentir sans problèmes. Le magma de grosses pierres qui forment un immense éboulis se rapproche très rapidement. Je ralentis un peu plus et à l'aide des bâtons, j'arrive même à tourner pour me diriger directement vers la lisière de la forêt. Je parviens à rejoindre l'orée du bois, évite les arbres et me relève d'un bond en atteignant la terre. Je regarde derrière moi et vois Dany qui continue tout droit vers le pierrier, elle a pris de la vitesse, elle tente de freiner au maximum, mais il est déjà trop tard et son postérieur heurte violemment les roches. Je crains le pire et me dirige vers elle, mais par bonheur, elle se relève et viens vers moi en se tenant la fesse.Ouf ! Heureusement, plus de peur que de mal.

Nous descendons en restant en lisière de la forêt, toujours en bordure des éboulis. J'hésite entre pénétrer dans le bois au risque de perdre toute visibilité ou rester en bordure et garder une vision du panorama. Pourtant, je sais que le sentier que nous avons perdu est bien sur notre droite et que pour le rejoindre, il faudrait traverser la forêt. J'opte tout de même pour la deuxième solution, car je sais aussi que le sentier poursuit une ligne de crête et qu'il sera peut-être très difficile d'y accéder à cet endroit très escarpé. Je fais donc le choix de continuer à descendre !

Nous dévalons sans aucune difficulté, car sous les grands sapins, le sol est plat et tapissé de brindilles. Il nous faut seulement de temps à autre éviter quelques vieux troncs décimés et enjamber quelques branches cassées.

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  La glissade vers le ravin de l'Orry a commencé ici

Nous quittons enfin les éboulis et atteignons un ru qui semble prendre sa source à proximité. Je regarde mon plan et si je suis bien à l'endroit que je crois, je m'aperçois que ce cours d'eau descend directement vers le village d'Escaro. Je prends la décision de le longer, mais garde espoir de croiser une sente qui nous ramènerait sur le chemin du Tour des Très Estelles.

Cet espoir semble se concrétiser lorsque j'aperçois clouer sur un arbre, un écriteau " Chasse gardée ". Je me dis que si quelqu'un c'est donné tant de mal pour venir dans ce canyon mettre cette inscription, c'est qu'il doit y avoir un chemin à proximité.

Dany et moi, nous mettons en quête d'un éventuel sentier.

Il y a bien l'impression de quelques traces et par endroits, les lieux semblent avoir été piétinés, mais je pense qu'il s'agit plutôt d'animaux car la terre est retournée et les empreintes disparaissent dans des magmas rocheux très abrupts. Nous ne trouvons aucun chemin.

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 D'immenses éboulis descendent dans le ravin

 - Dans la branche sans issue d'une étoile.

Nous continuons à descendre, mais au fur et à mesure, le simple filet d'eau se transforme en un ruisseau plus large et plus profond. Rectiligne au départ, le cours d'eau suit maintenant les lacets du vallon et se faufile dans des méandres rocheux très difficiles d'accès. Très souvent, les berges sont impraticables et nous marchons à même la rivière. Nous pataugeons, glissons sur les galets, tombons dans l'eau glacée. Progressivement, la petite rivière se transforme en un torrent aux contours de plus en plus escarpés. Notre progression s'est terriblement ralentie car nous sommes maintenant obligés de franchir des rochers, des branchages et des troncs d'arbres qui parsèment le défilé. De temps à autre, je grimpe sur un promontoire et scrute vers l'ouest, un hypothétique chemin. A un moment, je crois apercevoir au loin une piste au pied de ce qui me semble être soit une clairière soit un monticule rocheux isolé au milieu de la forêt. Je descends de mon perchoir et demande à Dany de me suivre. Nous partons dans la forêt, marchons en direction de l'endroit imaginé. Rien ! Seulement un bois de résineux qui semble être sans fin. Dans cette effroyable quête, les buissons ajoutés aux branches qui jonchent le sol nous obligent à zigzaguer pour avancer efficacement. Nous ne trouvons aucune issue et décidons de retourner vers le torrent.

Le défilé s'est fortement creusé et rétréci. Il est maintenant encadré par de très hautes barres rocheuses, des à-pics colossaux qui grimpent jusqu'aux sommets. Le plus souvent, les berges ne sont plus de tout accessibles et nous divaguons au milieu de la rivière dont le lit s'est fortement élargi et la profondeur accentuée. Le courant est plus soutenu et nous avons du mal à marcher car nos godillots sont gorgés d'eau. Entraînés par nos sacs à dos trop lourds, on trébuche, on se relève, on retombe à nouveau, on se fait mal, on est trempés jusqu'aux os. Faire quelques mètres devient un véritable " chemin de croix ". Il faut se rendre à l'évidence : on est bels et bien perdus. L'angoisse ajoutée au froid tétanise nos jambes.

Mais au détour d'un virage, l'espoir revient quand nous apercevons, plus très loin maintenant, les toitures de quelques maisons. J'estime la distance à environ deux kilomètres maximum. J'avais raison, il s'agit bien d'Escaro ! Cette vision nous stimule et nous encourage à avancer encore plus vite.

Malheureusement, cet espoir retombe très vite quant j'arrive en surplomb d'une cataracte d'eau de sept à huit mètres de hauteur. Impossible d'aller plus loin, je regarde autour de moi s'il y a un éventuel autre accès. Rien ! Pas d'autres passages ! Dany m'a rejoint et je lui avoue immédiatement la vérité :

- Il y a une cascade ! Il est impossible de continuer par là ! Il faut remonter d'où on vient et prendre l'option de traverser la forêt !

- Je suis trop fatiguée ! Je ne pourrai pas remonter ! (et elle éclate en sanglots).

- On y arrivera, il est à peine quatre heures ! Il est encore tôt, il fait jour longtemps et nous pouvons encore marcher quatre à cinq heures !

- Je n'en peux plus, tu ne te rends pas compte de la quantité de fois où je suis tombé dans ce torrent ! J'ai mal partout ! Nous sommes perdus ! J'en ai assez ! Je n'arriverai pas à remonter !

- Attends, gardons notre calme et laisse moi tranquillement regarder mon plan !

- Non, j'en ai assez, je vais appeler les secours ! Tu ne sais même pas où nous sommes !

- Mais si, je sais où l'on est ! C'est encore tôt et il n'est pas utile de s'affoler au point d'appeler les secours.

- Je suis fatigué, j'appelle les secours !

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Dans la descente, nous apercevons Escaro

 

- S.o.s depuis les étoiles.

Je n'arrive pas à la convaincre. Elle sort son portable et compose le 14 :

- As-tu réfléchi à ce que tu vas dire ? lui dis-je.

- Allo ! bonjour monsieur, avec mon mari, nous sommes perdus en montagne !

- Dis lui que nous sommes coincés dans un ravin au dessus d'Escaro, au pied du Pic des Très Estelles et que de là où nous sommes, nous apercevons le village à environ deux kilomètres !

- Nous sommes bloqués dans un ravin! Nous descendions du Pic des Très Estelles ! On aperçoit des maisons à environ deux kilomètres ! Mon mari pense que c'est Escaro !

Dany écoute son interlocuteur un moment, puis coupe la communication :

- Qu'est-ce qu'il a dit ?

- Il veut mon numéro de portable !

- Est-tu ne le connais pas par cœur ?

- Non !

Elle cherche et recompose le 14 :

-Allo, nous sommes les randonneurs perdus en montagne ! Je vous donne mon numéro de portable. C'est le 06………… . Mais, je vous préviens, je n'ai presque plus de batterie ! Rappelez-moi vite.

La communication se coupe de nouveau :

- Il dise quoi les secours ?

- Qu'il ne faut pas bouger ! Ils font le nécessaire et vont rappeler.

- C'est quoi le nécessaire ?

- Je ne sais pas ! Il va rappeler.

Stressés et trempés que nous étions, nous n'avons pas fait attention, mais le temps a subitement changé. Le ciel bleu, du début de journée, a laissé place à un plafond très bas. Désormais, de gros nuages gris recouvrent une grande partie du massif.

Le téléphone sonne, Dany réponds par de courtes phrases : d'accord, on va faire comme ça, on attends, on ne bouge pas, dans combien de temps viendrez vous ? Puis elle coupe la communication.

- Ils disent quoi ?

- Qu'ils nous envoient des secours. Qu'il faut mettre des vêtements avec des couleurs voyantes et se rendre visibles au maximum. Et surtout qu'il ne faut plus bouger d'ici car ils vont tenter de nous repérer.

Je tente de la rassurer et dis :

- Ne t'inquiète pas, ils vont envoyer un hélicoptère, maintenant, il suffit de prendre patience. Mais, on peux pas rester là au fond du ravin, il faut trouver un endroit plus dégagé afin qu'ils nous voient.

- Mais il ne faut pas s'éloigner, car il a dit de ne pas bouger.

- Oui, je sais, mais ce n'est pas à quelques mètres près et de toute manière, on va tenter de trouver quelque chose dans le coin.

- Viens suis-moi !

Nous remontons le cours du ruisseau, que nous traversons en sautant par-dessus quelques troncs d'arbres. Nous continuons à patauger, tantôt dans le cours du torrent, tantôt dans le sable mouillé de la grève, parfois dans la boue ou au milieu de quelques hautes herbes qui poussent sur ces berges chaotiques. Sur notre gauche, une dense et noire forêt d'épicéas ou bien ces à-pics constituaient d'une accumulation d'énormes rochers qui paraissent infranchissables. Sur la droite, une paroi rocheuse avec quelques buissons et quelques arbustes plus clairsemés et par endroits des espaces gazonnés.

Je comprends vite que c'est par là qu'il faut chercher un promontoire qui sera visible d'un hélicoptère.

Je commence à grimper pendant que Dany m'attend en bordure du torrent. Je trouve rapidement un piton rocheux relativement plat qui surplombe d'une dizaine de mètres de hauteur la cascade que nous n'avons pas pu franchir. Il n'y a pas beaucoup d'espace, environ deux mètres carrés, mais ce promontoire présente l'avantage d'être à découvert et surtout d'être sûr car entourés de gros genévriers. Nous ne pourrons pas tomber dans le ravin. J'appelle Dany, l'aide à monter car elle semble vraiment très fatiguée et n'est pas très rassurée à l'idée d'avoir à escalader ce piton rocheux.

Arrivée en haut, elle parait tranquillisée par cette plate-forme rocheuse recouverte partiellement de mousse. Nous pourrons nous reposer en attendant les secours.

Nos pérégrinations dans la neige puis les chutes répétitives dans le ruisseau ont rendus nos vêtements pesants. Ils sont complètement imbibés d'une eau que notre immobilité à tendance à refroidir rapidement. Je propose à Dany que nous changions de vêtements car nous avons du linge de rechange dans nos sacs et ce n'est pas la peine de rester mouillés de la tête aux pieds. Nous enfilons d'autres tee-shirts, une polaire et des chaussettes sèches. Pour être plus visibles, Dany enfile sa veste en gore-tex jaune et je mets une polaire rouge. Il ne reste plus qu'à attendre et j'en profite pour manger un peu car il est 17 heures et voilà six heures que je n'ai rien ingurgité. Dany, elle, est tellement angoissée qu'elle ne peut plus rien avaler.

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La descente n'est pas facile

 

- Angoisse : garantie trois étoiles.

Moi, aussi je commence sérieusement à m'inquiéter car le temps a subitement changé. Un brouillard très épais recouvre tout le massif et des nappes de brume remontent très rapidement le défilé depuis le bas de la vallée.

Tout en mangeant, je me dit que si cette brume s'installe durablement l'hélicoptère ne pourra pas nous voir et peut-être, ne pourra-t-il pas venir du tout !

Les minutes défilent et Dany s'impatiente et n'arrête pas de dire : qu'est ce qu'ils font ? Je tente de la rassurer mais un brouillard chargé d'humidité est maintenant ancré dans la ravine. De temps à autres, des nappes plus épaisses recouvrent tout le paysage et empêchent toute visibilité.

Nous sommes perdus dans cette enveloppe grisâtre et parfois, nous ne voyons même plus de l'autre côté des gorges à moins de dix mètres seulement.

Quand de temps à autre, la brume se dissipe, j'observe un immense couloir d'éboulis que se trouve légèrement sur notre gauche. Je n'arrête pas de dire à Dany que nous pourrions tenter l'ascension car seul le départ semble vraiment compliqué à franchir car en surplomb du torrent. Mais, il ne semble pas infranchissable si nous pouvons l'atteindre en traversant l'épaisse forêt d'épicéas qui nous fait face. Mais, Dany ne veut rien entendre et je comprends très vite que je ne pourrai plus la faire bouger d'ici.

Vers 18 heures 30, le ciel s'est à nouveau dégagé et l'espoir d'être plus rapidement secourus renaît en nous.

Vers 19 heures, nous retenons notre souffle et faisons silence. Très loin, il nous a semblé entendre un bruit de moteur. Nous tendons l'oreille, mais seul le clapotis du torrent et le sifflement des quelques passereaux rompent le silence.

Soudain, on se lève comme un " seul homme ". Cette fois c'est sûr, c'est bien le bruit d'un hélicoptère que nous entendons en direction d'Escaro. Au début, nous ne le voyons pas, puis brusquement, il apparaît au dessus du village, il part direction Nyer puis revient et repart sur la droite.

 Je dis à Dany : Appelle les secours, et dis leur que nous voyons l'hélico au dessous d'Escaro et qu'il faut qu'il remonte le ravin en direction du Pic des Très Estelles !

Malheureusement, déception supplémentaire, la batterie est vide et le portable ne fonctionne plus. Pendant quelques minutes, nous continuons à entendre l'hélicoptère puis le brouillard et le silence s'installent à nouveau.

 Nous sommes forcément déçus et surtout, nous ne comprenons pas pourquoi à aucun moment l'hélicoptère n'est venu sur nous après les indications que nous avons donné au téléphone.

Je tourne et retourne mes deux feuilles au format A4 que constitue mon plan. Je refais l'itinéraire et j'arrive toujours à la même conviction : nous sommes bien à quelques kilomètres au dessus d'Escaro.

Où alors, je me trompe complètement ? Peut-être que les panneaux indicateurs cloués sur un sapin en haut du Pic des Très Estelles ont été tournés et que les traces que nous avons suivies n'étaient pas les bonnes ? A ce moment-là, nous serions descendus sur un autre versant ?

Je me pose un tas de questions et je finis par me convaincre que si l'hélicoptère nous a cherché ailleurs c'est que nous ne sommes pas à l'endroit que je supposai jusqu'à présent. C'est certainement çà !

 20 h15, l'hélicoptère est revenu, il tourne au dessus du village que je pense être Escaro. Nous ne l'apercevons que par intermittence car le brouillard ne se dissipe que lors d'intermèdes furtifs. Soudain le bruit se rapproche. Nous ne voyons pas l'hélicoptère, mais l'entendons venir sur nous distinctement. Il n'est plus qu'à quelques dizaines de mètres, en aval du torrent, derrière une barre rocheuse. Il semble faire du surplace et l'on s'attend à chaque instant à le voir déboucher. Enfin, nouvelle désillusion, le bourdonnement s'amenuise, s'éloigne puis disparaît à nouveau. De temps en temps, nous percevons dans le lointain ou très haut dans le ciel, au dessus de la brume, le bruit caractéristique des pales.

 De nouveau, ce claquement de pales tant espéré arrive de la direction d'Escaro. Du bas du défilé, nous voyons l'hélicoptère qui arrive droit sur nous, je me précipite sur mon sac à dos, sort la torche, grimpe un peu plus haut et pendant que Dany fait de grands signes avec ses bras, de mon côté, je fais clignoter ma petite lampe. Il arrive et il va passer au dessus de nous à moins de quarante mètres. Ce n'est pas possible ! Personne ne nous voit ! On se met à crier. On s'égosille. Il passe au dessus de nous, continue son chemin, grimpe, grimpe, puis se volatilise dans les brumes en direction du Pic.

 Dany a les larmes aux yeux : Pourquoi, ils ne nous ont pas vu ? Je suis complètement dégoûtée !

Je me précipite pour tenter la consoler : Ne t'inquiètes pas, il va revenir !

 L'hélicoptère continue à voler dans les parages. Très haut dans le ciel, du côté du sommet, nous l'entendons tourner mais le brouillard entrave toute visibilité.

Puis, il revient, semble redescendre dans les gorges. Le voilà, qui transperce le brouillard ! Il arrive encore droit sur nous ! On aperçoit distinctement le pilote. On se met à gesticuler, à crier. Je dirige le faible faisceau de ma torche dans sa direction. A toute vitesse, cette fois, il passe au dessus de nous et disparaît.

 Le soir tombe et je dis à Dany : Cette fois, c'est râpé, il est trop tard, il ne reviendra pas avant demain ! Il faut s'installer pour passer la nuit ici !

 21 heures, la brume s'est maintenant transformée en une bruine très compacte. Nous enfilons nos ponchos, fermons bien nos sacs à dos et les recouvrons du rabat hermétique.

Un contre l'autre, serrés sur notre plate forme étriquée, on se recroqueville sous nos ponchos, adossés à nos sacs.

Une profonde lassitude m'envahit et je m'endors très vite.

Un cauchemar pour trois étoiles - 2me jour : Mantet - Ravin de l'Orry

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Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Publié le par gibirando

Le récit suivant est une histoire vraie. Elle relate les journées des 1, 2 et 3 mai 2004. C'est l'histoire d'un égarement survenu lors d'une randonnée de 2 jours autour du Massif des Tres Estelles dans les Pyrénées-Orientales. Grâce à l'ensemble des secouristes et plus particulièrement aux gendarmes Daniel et Nicolas qui nous ont retrouvé, tout c'est bien terminé pour nous. Au delà du besoin d'avoir à écrire ce témoignage afin qu'il soit éventuellement utile à d'autres randonneurs, ce récit a pour but de remercier tous ces secouristes pour leur professionnalisme, leur implication et leur dévouement. A jamais, ils auront toute notre gratitude. 

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

UN CAUCHEMAR POUR TROIS ETOILES.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet- Chapitre 1 : Nyer-Mantet

 

Tu ne suis que ton étoile et voilà que tu aboutis au gouffre (Konstantin Balmont, poète russe 1867-1942) 

-Pardon, monsieur, le départ pour les étoiles ?

Samedi 1er mai 2004, il est 9 heures. Depuis quelques minutes, Dany et moi déambulons dans le pittoresque village de Nyer. Nous sommes à la recherche d'un panneau indicateur ou d'une vaine signalisation annonçant le point de départ d'une randonnée que nous envisageons de faire sur deux jours. Cette ballade que nous projetons depuis plusieurs semaines doit nous conduire à Mantet aujourd'hui, puis retour demain, si le temps est propice par le Pic des Très Estelles. Le massif des Très Estelles ou des Trois Etoiles est surnommé ainsi à cause des trois dômes caractéristiques qui le couronnent et dont les crêtes et les ravines forment les multiples branches d'une étoile.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Les Très Estelles, vue de Sahorre

A l'entrée de Nyer, nous venons de laisser la voiture au parking, puis avons traversé un petit pont sous lequel le furieux torrent Mantet dégringole vers la Têt dans un vacarme rugissant. En ce calme et lumineux matin de printemps, ce tumulte, provenant du ravin, est dans ce morne village, le seul signe d'une nature éveillée.

On se sépare, Dany part vers le centre du village, pendant que je monte une ruelle escarpée qui longe la rivière. Un coup de peinture jaune sur un muret semble manifester la présence d'un sentier de randonnée. Je continue de grimper, mais sans rencontrer d'indications supplémentaires. Tout en haut de la ruelle, je finis par apercevoir une faible lumière jaunâtre qui filtre à travers un carreau. Je m'approche, un rideau s'écarte et le visage d'un vieux monsieur apparaît. Par un petit signe de la main, je lui fais part de mes sociables intentions. Il ouvre aussitôt la fenêtre et je lui dis :

- Pour se rendre à Mantet, s'il vous plaît ?

- C'est bien par là, mais en cette saison, je vous déconseille les gorges car avec la fonte des neiges, le ravin déborde par endroits et le sentier doit être impraticable. C'est même très dangereux ! Je vous conseille de prendre le chemin au dessus du village. C'est plus long mais plus sûr à cette époque!

- C'est de quel côté ?

- Vous redescendez la ruelle, vous prenez à droite, vous devriez trouver !

Je redescends la ruelle tout en me disant que Dany a dû trouver le bon chemin, car elle a pris la direction indiquée par le prévenant vieux monsieur.

Je la retrouve et m'aperçois très vite qu'il n'en est rien. Elle n'a aperçu aucune indication pour se rendre au village de Mantet.

Ce laborieux démarrage me contrarie, car voilà presque deux mois que j'ai programmé cette ballade sur deux jours qui doit nous mener à Mantet par le sentier d'interprétation de la nature fortement recommandé sur le site Internet du Conseil Général des Pyrénées Orientales : http://www.cg66.fr/environnement/reserve_nyer/rando/index.html (cette page a depuis disparu !)

J'ai été charmé par la description de cet itinéraire vers Mantet, par l'histoire de ces villages du Haut-Conflent et je suis impatient de découvrir la Réserve Naturelle Volontaire. Cet espace protégé a été crée grâce à la détermination des propriétaires terriens. Je reste admiratif par l'histoire de ces hommes qui pour survivre étaient contraints soit de travailler la terre et de faire un peu d'élevage soit d'exploiter des mines de fer dans ces lieux hostiles au climat très rude. Ces hommes puis leurs descendants, dans un sursaut de bon sens ont préféré protéger leur terre plutôt que de la léguer à des investisseurs immobiliers peu scrupuleux.

Grâce à eux, dans ce sanctuaire naturel, les scientifiques peuvent à loisir étudier les nombreuses richesses régionales qu'elles soient faunistiques, florales ou culturelles. Grâce à eux, nous venons ici pour notre plaisir et pour observer toutes ces richesses et nous n'avons pas d'autre tracas que de trouver le chemin qui doit nous les faire découvrir.

Effectivement, nous n'avons pas d'autre choix que de trouver le bon sentier qui doit nous mener à Mantet car nous avons réservé pour ce soir, une chambre à l'auberge Le Bouf'Tic.

Il s'agit d'un gîte d'étape très connu sur le célèbre Gr.10. Nous le connaissons bien pour y avoir séjourné en août 2001 lors de nos huit jours sur la Gr.10. De temps à autre, nous retournons y déjeuner à l'occasion d'une randonnée ou simplement pour sa tranquillité et son panorama magnifique sur la Vallée de l'Alemany, le Porteille et les pics environnants.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - MantetOUn cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Au Pas de Grau, presque prêts pour le départ puis panorama de la crête de la Sola de la Mare de Déu

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Arrivée à Mantet

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Devant l'Auberge La Bouf'tic

Voilà déjà une vingtaine de minutes, que nous lambinons dans le village endormi. Pour couronner le tout, la Maison de la Réserve indiquée sur le Web est fermée. Pourtant, je comptais sur elle, pour obtenir les renseignements utiles à la découverte de sentier d'interprétation. Cette Maison constituait aussi mon dernier espoir de trouver rapidement notre point de départ et par la même occasion, notre chemin.

En l'absence d'indications plus précises, je suis contraint de me référer aux conseils du vieux monsieur et je me mets à consulter mon rudimentaire morceau de carte que j'ai imprimé à partir de mon ordinateur.

Je repère facilement sur la carte, le sinueux sentier qui se hisse au dessus du village de Nyer et qui se dirige vers le Pas de Grau, point de jonction du sentier vers Mantet et du Tour des Très Estelles.

Très rapidement, je décide de nous y rendre car ainsi, nous rattraperons le temps perdu et serons immédiatement sur le bon chemin.

Nous reprenons la voiture, traversons le village par les étroites venelles et rejoignons aisément le chemin forestier qui serpente dans les collines qui dominent Nyer. Trouver le point de départ n'est pas aussi aisé que je l'imaginai, car dans la montée, plusieurs sentiers partent en tous sens. Je m'arrête, à plusieurs reprises pour contrôler ma route sur la carte, puis je repars sans certitude.

9h45, ouf ! Nous voilà enfin au Pas de Grau, devant un explicite panneau indicateur : à droite direction Mantet, à gauche le Pic des Très Estelles.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Panoramas sur les pics enneigés

- Le compte à rebours pour les étoiles a commencé !

Nous harnachons nos gros sacs à dos de douze kilos chacun, laissons la voiture sur un " pla " et partons sur la droite à travers la forêt. Le bon dénivelé et le poids des sacs ont vite fait de ralentir notre ardeur. Mais, nous ne sommes pas pressés et savons que nous aurons environ six à sept heures de marche pour rejoindre le village de Mantet.

Mais quel spectacle, nous marchons d'abord en lisière de la forêt et dominons Nyer. Tout au loin, nous contemplons la Vallée de la Têt et le massif des Madres encore partiellement enneigé. Ensuite, nous grimpons dans la forêt et finissons par atteindre les crêtes qui surplombent le ravin de " La Sola de la Mare de Déu ". En face, les " rocs " les plus hauts qui dominent les Gorges de Nyer sont peu enneigés. Dans un contraste étonnant de divers tons de vert, les émeraudes forêts de sapins et les feuillus bourgeonnants dégoulinent vers cet étroit ravin.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - MantetOUn cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Sommets enneigés au dessus du ravin

Par une sente rocailleuse peu évidente, nous descendons vers un canal d'irrigation et un mas effondré. En bordure du canal, deux chevaux semblent sortir d'un autre monde et divaguent en quête d'un peu de nourriture dans cette caillasse parsemée d'une maigre garrigue. Nous sommes étonnés de les trouver en train d'errer dans ce paysage oublié de tous. Comment sont-ils arrivés là ? Que font-ils dans cette solitude? Difficile de le savoir ?

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - MantetOUn cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet 

Chevaux en liberté au Col de Mantet

Il est midi, nous stoppons à proximité de ruines, de ce qui devait être une ancienne bergerie. Nous dévorons nos sandwichs d'un bel appétit sous un ciel cristallin et un soleil bien agréable pour la saison.

En début d'après-midi, nous cheminons pendant quelques kilomètres en ligne droite au pied du versant ouest du Pic des Très Estelles. Les flans de ce versant sont composés de larges rampes faites de gros pierriers ou de parois rocheuses vertigineuses, puis le sentier bifurque à droite en direction du collet de la Pargonneille. A partir de cet instant le sentier devient plus sinueux, le panorama plus boisé et le défilé formé par le torrent Mantet commence à s'élargir.

Malgré une bonne déclivité, notre randonnée se poursuit sans aucune difficulté.

Vers 16 heures, nous arrivons sur un large promontoire herbeux où le panorama est superbe. Le regard plonge à la fois dans l'étranglement du ravin, mais porte aussi sur l'amont de la vallée. Nous n'apercevons pas encore Mantet mais discernons mieux les contreforts du Pic des Très Estelles que nous devrons gravir demain. Sur notre droite, les quelques cimes qui dominent le défilé sont encore bien enneigées et ce constat m'inquiète un peu.

Nous profitons de ce superbe belvédère pour prendre une réconfortante collation. Nous sortons de nos sacs, tout le nécessaire à un " super quatre heures ", thermos d'eau chaude, quarts, sachets de café, sucre, gâteaux, fruits secs et nous installons sur l'herbe pour un véritable pique-nique.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

La rivière Mantet dans les gorges de Nyer

Soudain, j'entends un bruit qui ressemble à un grognement. Dany l'a entendu aussi et nous faisons silence. Pendant un court instant, j'ai même cru que c'était elle qui plaisantait. Le grommellement semble se rapprocher et je comprends aussitôt qu'il s'agit d'un sanglier. Au moment où je me retourne, j'aperçois un marcassin d'une trentaine de centimètres qui fonce droit sur moi. De son groin, il vient heurter mon dos, fait demi-tour et part sur ma gauche. Handicapé par le gobelet de café que je tiens dans la main droite, je tente d'attraper l'animal de la main gauche. Son poil soyeux glisse entre mes doigts, il s'échappe en poussant un petit cri aigu et je n'ai que le temps d'apercevoir son dos avec ces claires rayures disparaîtrent dans les buissons. Je me lève, tente de le poursuivre par les sons qu'il continue d'émettre, j'essaie, mais en vain, de le repérer dans les broussailles. Il a disparu !

Que faisait-il ainsi tout seul ! A t'il été abandonné par sa mère? S'est-il perdu pour s'être éloigné du chaudron maternel ? Il est, parait-il, coutumier que sur une nombreuse portée, plusieurs marcassins ne puissent survivre !

Déconcertés après cette étrange rencontre, nous reprenons notre marche vers Mantet. A l'approche du village, le vallon s'élargit encore et maintenant, la sente serpente dans des paysages plus rocailleux et plus arides.

17 heures 15, nous sommes en vue du village. Nous croisons quelques chèvres, quelques moutons encadrés par deux ou trois chiens qui tentent de ramener au troupeau les plus récalcitrants. Assis sur un promontoire, le berger indolent surveille son cheptel. Après plus de sept de marche, il est le seul être humain que nous aurons croisé de toute la journée.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Les chèvres de Mantet sont heureuses en liberté

17 heures 30, nous entrons dans Mantet et nous dirigeons vers l'auberge 'La Bouftic'.

Mantet, est un minuscule village de montagne, à proximité de la frontière espagnole. Depuis 1964 seulement, ce village indompté est rattaché à la civilisation par une petite route goudronnée. Mais avant la construction de cette liaison, la légende et l'histoire le présentait ainsi : dernier village de France aux confins des terres d'Espagne, enclavé entre des monts de plus de deux mille mètres, où ne pouvaient parvenir que chèvres et mulets pratiquant un affreux sentier bordé de précipices, où les maisons, bâties sur un fumier millénaire, abritaient une race de contrebandiers sales et sauvages menant leur fragile existence parmi les aigles, les isards et les sangliers.

Cette citation est tirée du site consacré à Mantet par Jean Rigoli : http://www.mediterranees.net/vagabondages/divers/mantet.html

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

La vallée de l'Alemany avec le Porteille de Mantet au loin

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Mantet au matin du 2eme jour avec son église du XIIeme siècle

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - MantetOUn cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Nous passons du bon temps à l'Auberge La Bouf'tic

-Mantet, la porte des étoiles !

La charmante aubergiste nous guide vers notre chambre. Les souvenirs resurgissent car c'est la même chambre qu'en 2001. A l'époque, Mantet avait fait office de terminus dans notre périple sur le Gr.10 depuis Mérens, alors que nous tentions de rallier Vernet-les-Bains. Mais les pieds meurtris de Dany en avaient décidé autrement et notre " Conquête de l'Agréable " s'était arrêtée là.

Il est encore tôt, nous décidons de prendre une bonne douche puis remontons dans la salle à manger où par la spacieuse baie vitrée on ne se lasse pas d'admirer le paysage qui s'offre à nous. Chaque saison apporte son lot d'émerveillements. Devant nous, la vaste et verte vallée de l'Alémany avec autour ses multiples pics : Pic de l'Orry, Pic de Rives Blanques, Pic de la Dona, Pic de Serre Gallinière, Porteille de Mantet.. Les plus hauts sommets qui culminent à plus de 2.600 mètres sont encore abondamment couverts de neige. Je ne dis rien mais au fond de moi, j'espère que le Pic des Très Estelles qui est à seulement 2.099 mètres sera moins enneigé car nous ne sommes pas équipés pour marcher dans la poudreuse ou la glace.

Avant le repas, nous passons le temps à de longues et délassantes parties de Scrabble.

Mais la quiétude de la journée s'arrête là quant un groupe de visiteurs envahit la salle à manger. Ils entament, eux aussi, dans une ambiance très chahutée, des parties de rami qui, au fil du temps, deviennent de plus en plus acharnées. Heureusement, ils quittent l'auberge juste avant le repas et comme nous sommes les seuls hôtes, nous finissons la soirée dans la paisible tranquillité à laquelle nous aspirions en venant ici.

Après un excellent repas, la bonne fatigue de la journée nous persuade d'aller au lit. Fourbus mais heureux, nous regagnons notre mansarde et c'est avec la tête remplie d'images de beaux paysages que nous fermons les yeux.

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet.

Le Pic du Canigou, vue dans la montée vers les Très Estelles

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - MantetOUn cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

Au Col de Mantet (1760 m)

Un cauchemar pour trois étoiles - 1er jour : Nyer - Mantet

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Le Pic des Tres Estelles (2.099 m) en 2 jours depuis le Pas de Grau (1.190 m)

Publié le par gibirando

Parmi mes randonnées sur plusieurs jours, vous avez peut-être lu ou simplement feuilleté celle que j'ai intitulé "Un cauchemar pour Trois Etoiles". Dans ce récit, j'y racontai l'histoire d'un égarement que Dany et moi avions vécu en mai 2004 en voulant accomplir sur deux jours, une très belle balade qui à partir du Pas de Grau et via Mantet devait nous amener jusqu'au Pic des Tres Estelles puis retour par une boucle  A cause de hautes congères de neige sur le versant nord de ce massif , nous avions fini par nous égarer et de ce fait, nous n'avions jamais terminé cette randonnée et ce sont deux gendarmes du Peloton de Haute Montagne d'Osséja qui étaient venus nous chercher au fond de l'insondable ravin de l'Orry. Pour vaincre ce signe indien et pour ne pas rester sur cet échec, cette splendide randonnée, nous l'avons refaite en mai 2006 et c'est celle-ci que je raconte cette fois. Cliquez sur le lien suivant pour y accéder :

Lien : le Pic des Tres Estelles en 2 jours


 

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Le Pic des Tres Estelles (2.099 m) en 2 jours depuis le Pas de Grau (1.190 m) (Nyer/Escaro)

Publié le par gibirando

Le Pic des Tres Estelles (2.099 m) en 2 jours

depuis le Pas de Grau (1.190m) (Nyer/Escaro)

1ere étape : Le Pas de Grau - Mantet

« Ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence »

Le Roi Lear-William Shakespeare



Ce diaporama est agrémentée de 3 musiques ou chansons extraites de films de James Bond 007. Dans l'ordre d'apparition, elles ont pour titres et sont interprétées par : "James Bond Suite : James Bond Theme / From Russia with Love / Never Say Never Again / Goldfinger par The Mantovani Orchestra", "Licence To Kill par Gladys Knight" et enfin "Live And Let Die (Vivre et Laisser Mourir) par Paul McCartney & Wings

 

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Vous avez peut-être eu l'occasion de lire sur mon site perso ou bien en vous connectant sur mon blog "Mes belles randonnées expliquées"  l'étrange histoire d'un égarement en montagne que nous avions vécu au début du mois de mai 2004 au Pic des Tres Estelles et que j'avais intitulé "Un cauchemar pour trois étoiles". Dans ce récit, je racontai avec force détails, cette expérience que Dany et moi avions endurée lors d'une randonnée qui avait pour objectif de gravir ce superbe pic situé à 2.099 mètres d’altitude en deux étapes à partir du Pas de Grau. Ce jour là, ou plutôt le deuxième jour, le 2 mai 2004 pour être exact, à cause de très hautes congères de neige obstruant le chemin sur le flanc nord du pic, nous nous sommes égarés et après une nuit passée à la belle étoile au fond d'un immense ravin, ce sont deux vaillants gendarmes du Peloton de Haute-Montagne d'Osséja qui sont venus nous chercher. Grâce à ces deux gendarmes et à tous ces hommes qui étaient venus nous porter secours, nous avons pu rentrer à la maison sains et saufs comme l’écrivait L’Indépendant du lendemain. Mais quand on y resonge que ce fut difficile de nous sortir de ce « mauvais pas » et de ce profond ravin et ce ne fut possible que grâce au professionnalisme de ces deux gendarmes et de bien d’autres secouristes comme ceux de la Sécurité Civile. Comment ne pas se souvenir de ces deux jours, perdus au fond de cette abysse, puis de ces heures qui ont suivi où après nous avoir miraculeusement retrouvés, nous avons été contraints d’effectuer une très longue, laborieuse et mémorable descente de l’escarpé et fougueux torrent de l’Orry en canyoning puis épuisés et transis par plus de deux heures d’effort passées dans une eau glacée ce fut un périlleux hélitreuillage au milieu d’un impressionnant magma rocheux avec bien évidemment au bout de celui-ci, cette délivrance et cette liberté retrouvée. De ce fait, ce cauchemar est resté très longtemps gravé dans nos mémoires. L’année suivante, en 2005, nous sommes remontés au Pic des Tres Estelles depuis le col de Mantet, histoire de ne pas rester sur cet échec, mais pour Dany l’évènement était bien trop frais et une fois au sommet, elle n’a pas eu la force de se rendre jusqu’au bord de ce « maudit » précipice où l’Orry prend sa source quelques centaines de mètres plus bas. D’autant que ce jour-là, quelques plaques de neige en travers du sentier avaient oublier de fondre, histoire de lui rappeler que tout avait commencé ici près d’un large névé, « abominable théâtre de nos exploits » où après une longue glissade, les fesses bien au frais, nous avions fini par atterrir dans cette ravine presque sans issue. Mais vaincre ce signe indien et éliminer de nos têtes cette pénible épreuve que nous avions vécue était important à nos yeux car c’était l’assurance de poursuivre à l’avenir et sereinement la randonnée pédestre, cette activité que nous aimons tant tous les deux. Alors, nous n’avons pas jugé utile d’attendre plusieurs années et en mai 2006, cette extraordinaire (le mot n’est pas trop faible !) randonnée nous l'avons refaite avec notre fils et cette fois-ci, tout c’est superbement passé et c'est cette belle histoire que je vous raconte ici. J’avoue qu’à partir du moment ou j’ai décidé de l’inscrire dans mon blog, j’ai eu un mal fou devant la page blanche car les souvenirs que j’avais enfouis depuis quelques années remontaient sans cesse en surface mais cette randonnée de 2006 fut si merveilleuse que j’ai fini par me convaincre qu’il fallait la faire découvrir à ceux qui ne la connaissaient pas. Outre cette beauté, le bonheur de la refaire en famille avait été si grand, les souvenirs y avaient été tellement nombreux qu’il me fut très compliqué de dépeindre ce plaisir tel que je l’avais si formidablement vécu. Alors oui, vous constaterez que je reviens sans cesse sur le passé, mais pour décrire le présent, j’ai quand même tenté de faire simple et de rester dans une description de cette longue randonnée la plus sommaire possible. Y suis-je parvenu ? Sans doute pas mais je me suis dit qu’après tout, il y aurait comme d’habitude, un diaporama de mes photos pour se faire une excellente idée de la subliminale beauté des lieux traversés ; et puis, je sais qu’il n’y a pas que des randonneurs qui viennent sur mon blog « mes belles randonnées expliquées », beaucoup de gens qui ne peuvent plus ou pas marcher y viennent aussi ! Comme je l’ai dit plus haut, nous avons démarré du Pas de Grau, petit collet situé au sud-est de Nyer et au sud-ouest d’Escaro qu’on rejoint par des pistes forestières plus ou moins carrossables. Si vous n’avez pas un véhicule adapté à la pratique de ces pistes et que vous souhaitez démarrer à partir d’un de ces villages, en raison du « bon » dénivelé, comptez une grosse heure et demi de plus depuis Nyer et peut-être un peu moins à partir d’Escaro. Au Pas de Grau, on ignore l’itinéraire commun à la piste qui monte directement au Pic des Tres Estelles (on reviendra par là !) et on emprunte le sentier balisé en jaune qui longe et enjambe un canal d’irrigation, Le canal, on s’en éloigne très rapidement pour monter dans une forêt de pins. Le dénivelé est plutôt rude mais on finit par atteindre le sommet de la Serrat de la Taillade où de merveilleuses vues se dévoilent vers le nord et l’ouest. Vers le nord, la vallée de la Têt, les Garrotxes, les Massifs du Madres et du Coronat et à nos pieds, le minuscule village de Nyer, un peu perdu dans une verdoyante végétation. Vers l’Ouest, de hauts sommets plus ou moins proches où parfois quelques blancs névés colorent encore les flancs. Ces sommets ont pour noms : Roc de Trépassats (2.039 m), Roc dels Cimbells (2.284 m), Pic de la Costa Llisa (2.326 m), Pic de l’Orry (2.040 m), Pic de Rives Blanques (2.445 m) pour ne citer que les plus proches que nous apercevons de l’autre côté de l’immense ravin du torrent Mantet. Mais dans cette formidable Réserve Naturelle de Nyer, ce qui m’a toujours le plus stupéfié, c’est ce fantastique moutonnement végétal arborant en ce joli printemps, l’ensemble des nuances de verts et contrastant terriblement avec ce versant ensoleillé au dessus duquel nous venons d’aboutir. Après la sombre forêt de pins à crochets, nous voilà désormais en plein soleil sur la bien nommée Sola de la Mare de Déu, face à ces merveilleux paysages verdoyants et en surplomb d’un colossal pierrier qu’il nous faut traverser et qui descend dans les étroites Gorges de Nyer. Le chemin descend difficilement dans les caillasses de schistes et dans une flore essentiellement composée de petits genêts aux fleurs d’un jaune intense. On atteint les ruines d’un ancienne et vaste cabane de pierres de sèches puis le chemin repart parallèle en surplomb du canal d’irrigation que l’on aperçoit un peu plus bas. Ici, avec de nombreux murets, de nombreuses cabanes et quelques orris, les empreintes du pastoralisme sont légions et comme tout n’est pas que ruines, vestiges ou décombres, je suppose que parfois certains bergers ou chevriers du coin y amènent encore leurs troupeaux. D’ailleurs, en 2004, nous avions été très surpris d’apercevoir au fond de ce ravin, et dans ce décor pierreux, deux chevaux très maigres et qui semblaient un peu déboussolés. On quitte la « solana » et le sentier finit par s’engouffrer dans une épaisse forêt de feuillus tout en s’élevant sur un bon dénivelé. Ces feuillus, on ne va plus les quitter pendant quelques heures mais le sentier n’en est pas pour autant lassant car, à l’occasion, d’un surplomb, d’un promontoire herbeux, d’un gros rocher ou d’un collet comme ceux de la Pargonneille ou du Bernat, de jolies vues se dévoilent sur tous ses merveilleux panoramas environnants en amont et en aval de l’étranglement de la profonde ravine où rugit l’écumeux torrent Mantet. De temps à autre, de petits terre-pleins parsemés de pelouses et plantés de roses rhododendrons et de jaunes genêts sont des aires de pique-nique ou de repos idéales pour une halte rafraîchissante et bucolique. Si dans ces lieux, on y rencontre surtout de nombreux papillons ou insectes voltigeurs, je garde en mémoire ce fabuleux souvenir de 2004 quand un petit marcassin était venu à notre rencontre me tamponnant le dos en grognant alors que nous faisions une pause café. Après m’avoir glissé entre les doigts, je me suis toujours demandé ce qu’il avait bien pu devenir ce « fragile » marcassin curieux des hommes : a-t-il été dévoré par sa mère car je l’avais touché, est-il devenu un robuste sanglier solitaire et si oui, a-t-il pu échapper aux nombreuses battues ? A l’approche de Mantet, on sort définitivement de la forêt et un hallucinant spectacle visuel s’entrouvre sur des pelouses et des prairies verdoyantes où quelques gentils chevaux s’empiffrent d’une herbe bien grasse. Ici c’est le pays des chevaux mais aussi des chevriers, des terrasses en espaliers mais également d’impressionnants magmas rocheux. Quelquefois quand on regarde ces énormes blocs de gneiss, espèce de mégalithes naturels en équilibre précaire, on se demande ce qui les retient de ne pas débouler plus profondément au fond du vallon. De tout ce spectacle naturel, on ne se lasse jamais et quand, après plus de 7 heures sur les sentiers, on parvient à Mantet et devant cette incroyable et verdoyante vallée de l’Alemany, on est presque déçus d’être déjà arrivés et d’être obligés de rejoindre notre gîte. Nous, nous avions réservé à la Girada et je le dis sans ambages, ce fut le « top » à tous points de vue. Nous fûmes accueillis par Guy et Erica très chaleureusement mais aussi avec cette gentillesse et cette discrétion toute en légèreté qui permettent d’être aussi à l’aise que si nous avions été chez nous. Confort assuré, agréable soirée, excellents repas et p’tit déj' et tarifs corrects dans un cadre montagnard comme on en rêve quand on part faire une randonnée comme celle-là. Je dis tout ça sans aucune équivoque car c’était la première fois que nous y venions et je le dis d’autant plus aisément que je connais bien mieux l’Auberge du Bouf'tic et que là aussi, nous y avons toujours été accueillis formidablement par Odile Guinel, la maire du village. Pour le gîte et le couvert, à Mantet, petit village du bout du monde pyrénéen, vous aurez donc l’embarras du choix même si bien sûr, il est plus prudent de réserver à l’avance. Cette étape terminée, vous partirez sans doute visiter le village et les plus proches alentours comme nous l’avons fait nous-mêmes, histoire de marcher encore un peu….mais après le souper, les jambes un peu lourdes ou tétanisées par le dénivelé accompli, vous languirez certainement le petit lit douillet qui vous attend et vous vous endormirez la tête pleine de toutes ces belles images qui ont jalonnées cette première étape. Cette étape est longue d’une douzaine de kilomètres environ pour un dénivelé cumulé de 1.785 mètres. L’effort y est donc quasiment constant. On démarre du Pas de Grau situé à 1.190 mètres d’altitude pour atteindre le point culminant de cette étape au Col de Bernat à 1.670 mètres. Carte IGN 2249 ET Font-Romeu- Capcir et 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.


2eme étape : Mantet - Pic des Tres Estelles - Pas de Grau
 
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Quand on va à pied et qu’on démarre de Mantet (1.540m) direction le col éponyme (1.760m), le G.R.10 est la solution la plus directe. Mais comme en général, on sort du petit déjeuner et qu’on est encore froid, les jambes ne sont pas vraiment préparées à cette rude déclivité de 220 mètres de dénivelés pour à peine plus d’un kilomètre, alors autant le dire « Mon Dieu qu’il est dur ce démarrage ! » Je l’avoue, moi qui suis plutôt  un « moteur diesel », la mise en route a ici toujours été très difficile. Quant à Dany, cette ascension reste un très mauvais souvenir, non pas à cause de notre égarement de 2004 mais plutôt en raison de cette montée forcée qu’elle avait été contrainte de faire, les plantes des pieds remplies de cloques, lors de notre semaine sur le G.R.10 en 2001 depuis Mérens-les-Vals. Cette année-là, à cause de ses pieds endoloris, notre belle flânerie sur le G.R.10 prévue jusqu’à Vernet-les-Bains s’était arrêtée là sur cette portion du sentier qui croise la D.6. Cette fois, nous sommes montés à notre rythme et sans problème et une fois le col de Mantet atteint, nous avons eu largement le temps de reprendre notre souffle en admirant sous un ciel radieux et cristallin, le minuscule village et cette fabuleuse montagne qui nous faisait face. Jérôme lui était déjà parti photographier les petits moutons de pierres qui décorent joliment la pelouse où a été élevée la stèle de granit en hommage au naturaliste Georges Bassouls. Le temps de quelques photos et nous voilà déjà sur l'étroit sentier qui monte régulièrement vers notre objectif le Pic des Tres Estelles. Malgré le mauvais souvenir de 2004 qui pourrait plomber un peu cette ascension car à l’époque, nous y avions rencontré très rapidement après le col de la Mente, d’importantes et épaisses plaques de neige, cette fois-ci, j’y monte sans aucune appréhension car j’ai étudié le parcours et je le sais très praticable en cette fin du mois de mai. De plus, j’ai toujours adoré cette courte ascension vers le sommet car le dénivelé y est constant mais surtout, il s’y passe toujours quelque chose et je ne vous parle pas ici que des panoramas grandioses que l’on y distingue. En effet, j’y ai vu des isards, des marmottes, des perdrix grises des Pyrénées, des passereaux en grand nombre, de nombreux rapaces, des vaches qui, affolées, descendaient à tout berzingue le flanc abrupt au risque de se rompre l’échine, un cheval affamé qui nous coursait et qui voulait dévorer notre pan-bagnat pour nous piquer sans doute les feuilles de salade qui dépassaient, etc.…. Mais bien sûr, or mis ces spectacles fauniques, il faut le reconnaître, par grand beau temps, cette montée tout en balcon et à flanc du versant sud, avec des vues toujours dégagées sur les Réserves Naturelles de Mantet et de Py, sur le Massif du Canigou, sur les Esquerdes et le Vallon de la Rotja, j’en passe et j’en oublie, est tout simplement prodigieuse. Cette fois-ci, nous n’avons pas dérogé à la règle et de nombreux chevaux sauvages étaient encore là après le Col de la Mente pour agrémenter cette superbe grimpette mais ils ont tous été gentils et aucun n’est venu nous quémander notre déjeuner tant l’herbe des prairies était verte et fraîche et les laîches ponctuées craquantes sous leurs mandibules. Quand on est arrivé au sommet, enfin au collet, car le Pic des Tres Estelles, lui, est le mamelon le plus haut, situé le plus au nord de cette large croupe herbeuse composée de trois grosses bosses, même si je n’étais pas vraiment inquiet, j’ai poussé un « ouf » de soulagement car contrairement à 2004 et 2005, il n’y avait, cette fois-ci, aucune plaque de neige. Définitivement rassurés, nous avons suivi Jérôme qui lui était déjà à mi-chemin du pic et quand nous sommes arrivés au sommet, il était entrain de tourner en rond, appareil photos en mains, pour figer dans son numérique, les extraordinaires vues panoramiques que l’on aperçoit ici à 360°. De tous côtés et vers tous les horizons, ce ne sont que successions de pics dénudés, de sommets rocheux, de barres granitiques, de vastes pelouses, de petits replats, de larges prairies, de sombres ou claires forêts composant une véritable ronde de montagnes verdâtres dont les flancs sont veinés de nombreuses ravines qui plongent dans des vallons non moins verdoyants. Après les inévitables photos souvenirs prises au sommet avec bien en évidence, le fameux mat orné des trois étoiles, il était temps de redescendre et je l’avoue, j’étais un peu anxieux et j’attendais de voir comment Dany aborderait la partie du sentier où nous avions rencontré les hautes congères de neige deux ans auparavant. Mais à vrai dire, il fut assez difficile de reconnaître le lieu exact où nous avions commencé notre terrible galère, il fut assez compliqué de retrouver l’endroit exact où se trouvait le grand névé que nous avions descendu sur le cul, car à l’évidence, cette fois-ci, aucun flocon n’était tombé depuis fort longtemps. Il faut dire que nous sommes passés sans trop nous éterniser et je n’ai pas trop insisté afin que Dany ne se remémore pas ces pénibles souvenirs. Néanmoins, j’aperçus avec un petit serrement au cœur, l’immense pierrier et l’abyssal ravin avec vue sur Escaro où nous avions atterris après notre longue glissade. Le névé était sans doute là me suis-je dit ! Cet éboulis de gros rochers était là pour me rappeler que notre « descente aux enfers » avait commencé ici au bord de cet insondable ravin de l’Orry. Ce ravin, je ne pus m’empêcher de le photographier comme si en gardant cette image de lui vu d’en haut, je voulais définitivement l’exorciser. Mais en continuant à marcher, ces mauvaises pensées furent vite oubliées et avec Dany, nous avons pris plaisir à poursuivre cette partie du chemin que la fatalité nous avait empêché d’accomplir deux ans plus tôt. Il faut dire que cette descente est très contrastée. Elle alterne une partie très caillouteuse où les genêts fleuris colorent et embaument le sentier avec un court tronçon où on ne sait pas pourquoi de nombreux grands résineux sont morts sur pieds. Puis la forêt reprend ses droits, d’abord les conifères puis de nombreuses autres essences où parfois les feuillus prédominent.  Nous pique-niquâmes avec là aussi, quelques belvédères laissant entrevoir de jolies vues vers Escaro. Cette vue aérienne d’Escaro, j’avais l’impression de la connaître presque par cœur tant j’avais pu l’observer de notre piton rocheux où nous avions trouvé refuge lors de notre égarement en 2004. Et quand par de courts raccourcis, notre itinéraire se mit à couper plusieurs fois la piste forestière, je ne pus m’empêcher de me souvenir à nouveau de 2004 et de ce petit morceau de carte IGN où j’apercevais celle-ci à moins de 800 mètres à vol d’oiseau de notre lieu de perdition. Sur ce petit bout de carte que je regardais sans cesse, nous étions à la fois si près de cette piste forestière mais en même temps si loin car entourés de hautes barres rocheuses infranchissables et donc dans l’incapacité de l’atteindre depuis l’endroit où nous étions perdus. Plus tard, en regardant à nouveau ma carte IGN, je ne pus m’empêcher de sourire car non loin du Pas de Grau, là même où dans le temps, près d’Escaro, on exploitait des minerais, cet endroit s’appelle « Les Panades », mais il y a aussi non loin du pré où l’hélicoptère nous avait déposés, un autre site du nom de « Le Petit Bonheur ». Alors oui, en 2004 pendant plus de 24 heures, nous avons été dans la « panade » puis les secours nous ont retrouvés au fond de ce ravin pour nous amener vers le « petit bonheur ». Ça ne s’invente pas, mais l'incommensurable bonheur fut celui de retrouver nos enfants ! Cette fois-ci, le retour au Pas de Grau se fit sans problème et avec l’immense satisfaction d’avoir accompli ce magnifique périple, on mit définitivement fin à ce cauchemar que nous avions vécu en 2004 pour atteindre ce modeste sommet qu’on appelle les Tres Estelles ou les Trois Etoiles. Depuis ce triste épisode, j’en étais presque venu à me dire que conquérir ces « Trois Etoiles » était bien plus difficile que d’atteindre n’importe quel autre sommet terrestre aussi haut soit-il. Cette nouvelle expérience me prouva le contraire mais je fis mienne cette citation de William Shakespeare, extraite du Roi Lear : « Ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence ». Bien que l’élévation soit plus importante car le Pic de Tres Estelles est situé à 2.099 mètres d’altitude, cette deuxième étape d’une dizaine de kilomètres seulement est sans doute plus facile que la première car les montées cumulées sont moindres (1.020 m) et une fois le sommet atteint, il n’y plus que des descentes. L’équipement du parfait randonneur est obligatoire sur l’ensemble de ce circuit. Carte IGN 2249 ET Font-Romeu- Capcir et 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche et 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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Un cauchemar pour trois étoiles ou le Tour des Tres Estelles

Publié le par gibirando

Cliquez sur le lien ci-dessous et revivez le cauchemar que nous avons vécu sur le Tour des Tres Estelles. En mai 2004, cette simple et splendide randonnée des Pyrénées-Orientales à faire en deux jours s'est transformée pour nous en un véritable calvaire, lisez le récit de cette belle et émouvante histoire vraie :

http://pagesperso-orange.fr/gilbert.jullien/CAUCHEMAR1.htm

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Le Tour du Très Estelles jusqu'à Py (1.023m).

Publié le par gibirando

 
Ce diaporama est agrémenté de la musique "Daughters Of Erin" du groupe Secret Garden, extraite de leur album "EarthSongs"

Le Tour du Très Estelles jusqu'à Py (1.023m).

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

Pour s'y être égarés et avoir été hélitreuillés en 2004, Dany et moi gardons un souvenir inoubliable du Massif des Très Estelles et de son pic. Voir le lien vers mon site perso : Un Cauchemar pour Trois Etoiles, dans lequel je raconte avec force détails notre terrible cauchemar ! Mais bon autant le dire tout de suite, cette randonnée aller-retour jusqu'au superbe village de Py (1.023 m), par ce magnifique chemin que l'on appelle le « Tour du Très Estelles » ne devrait vous laisser que de bons souvenirs. Après Sahorre, vous prenez la D.27 en direction d'Escaro et vous laissez votre voiture au Col de Fins (897 m).  Vous êtes partis pour la journée. Prenez la piste forestière qui part sur la gauche de la route et monte dans une forêt de pins.  Sans le savoir, vous pénétrez dans une zone qui pendant des siècles a fortement été exploitée pour son sous-sol  très riche en minerai de fer. De nombreuses galeries subsistent dans ce secteur et en montant cette piste vous remarquerez un étrange panneau : «  Tambour de Sahorre » ! Non, vous n'aurez pas besoin de baguettes car il ne s'agit pas d'un instrument de musique à percussion mais d'un grand cylindre de bois dans lequel s'enroulait un câble d'acier permettant de tracter les wagonnets chargés de minerai de fer !  Il n'est pas très loin,  partez donc le visiter ! La piste zigzague vers la gauche, monte légèrement jusqu'à un replat où les panoramas commencent à se dévoiler (Canigou, Coronat, MadresVallée de la Têt et de la Rotja). La piste grimpe sur la droite jusqu'à un nouveau replat au bout duquel trône un gros piton rocheux. Belvédère naturel, de nouveaux paysages se révèlent à votre regard. Le massif des Très Estelles est là devant vous,  fascinante montagne se dressant au sein de sa très belle et sombre forêt domaniale. A la gauche du piton rocheux, vous laisserez un étroit couloir qui descend dans une ravine (il  mène au Pic à 2.099 m, mais c'est une autre randonnée ! ) et vous préférerez prendre la sente à l'opposé indiquant sur un petit panneau de bois : « Tour du Très Estelles - Py 2h30 ». Voilà, vous êtes sur un des plus beaux balcons qu'il m'est donné de connaître ! A chaque virage, un point de vue différent, mais avec un olympien Canigou plus que jamais omniprésent ! Le sentier n'est pas dangereux mais soyez néanmoins prudents, certains passages sont étroits, caillouteux avec des lauzes lisses qui peuvent parfois s'avérer glissantes ! Certains tronçons avec des à-pics très abrupts (photo) pourront impressionner les enfants ou les randonneurs sujets au vertige. Après quelques heures de marche, les « mirettes » pleines de belles images, vous arriverez au pittoresque village de Py, blotti au sein de sa belle et vaste réserve naturelle où au milieu coule la Rotja. Vous prendrez certainement le temps de découvrir cette  bourgade et son remarquable patrimoine et si vous avez été prévoyants, comme nous l'avons été nous-mêmes, vous aurez réservé une bonne table sur la terrasse ensoleillée du restaurant La Fontaine. Il y a aussi l'Auberge de Py. Peut-être aurez-vous la chance de déguster une excellente viande du terroir accompagnée de petits haricots fins ou de bonnes pommes de terre du pays ? Le tout arrosé d'un Côtes du Roussillon-Villages bien frais. Mais n'abusez pas trop des bonnes choses car il vous faut déjà penser au retour ! Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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