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ruisseau

Le Circuit "floristique " du Grès depuis Rouffiac-des-Corbières

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de diverses musiques composées par Bruno Coulais et tirées de la bande originale du film "Les Saisons". Dans l'ordre de passage, elles ont pour titre : "The Magic Wood", "La Part Sauvage du Monde", "Les Territoires inaccessibles", "La Chasse à Courre", "Le Temps et le Froid", "L'Exode", "Un Monde Disparaît", "La Ronde des Saisons", "Le Printemps", "Au Loin", "Le Survol", "La Toile", "Aquatiques", "La Forêt n'est plus" et "Armures".

Le Circuit "floristique " du Grès depuis Rouffiac-des-Corbières
Le Circuit "floristique " du Grès depuis Rouffiac-des-Corbières

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Quand il m’a fallu donner un nom à cette petite boucle pédestre de ma composition, c’est en observant le carte IGN que l’intitulé  « Circuit ‘floristique’ du Grès depuis Rouffiac-des-Corbières » est venu à moi comme une évidence. Alors certes, la géologie du secteur est constituée de grès (*) ; et je l’ai vérifiée ; mais cette vérification était-elle bien utile alors que ce proche secteur situé à l’aplomb nord du château de Peyrepertuse enregistre un lieu-dit Le Grès, une Serre du Grès, un ruisseau du Grès, un col du Grès et une bergerie du Grès ? Oui, elle l’était puisque la géologie la plus visible est quand même le calcaire. Voilà pour l’intitulé principal, mais sans doute serez-vous étonné par l’adjectif « floristique » ? En effet, si la géologie ne me laisse pas indifférent, et si la faune photographiable a été magnifiquement présente elle aussi, le but de cette randonnée était en priorité « floristique » c’est-à-dire tourné vers la flore. Dans ce secteur et à cette époque de l’année, je la soupçonnais « florilège », » floribonde » et « florissante », au sens de « nombreuse et « d’épanouie » ! Bingo si j’ose dire tant il y eut des fleurs diverses, variées et parfois même imprévues à recenser tout au long de ce parcours pas toujours bien fléché mais ô combien génial car toujours au plus près de la Nature. « Voilà déjà longtemps que ma fleur de l’âge a fané alors comme un triste constat que je n’accepte sans doute pas, je pars chercher des fleurs dans la force de mon âge déjà bien avancé ». Voilà désormais ma motivation à partir sur les chemins. Découvrir, observer, apprendre et toujours ce leitmotiv « de ne pas marcher idiot ! » quoi qu’il advienne. Il est 9h15 quand je range ma voiture sur un parking au centre de Rouffiac-des-Corbières, derrière un imposant lavoir. Le village paraît vide, seuls deux ouvriers perchés sur un échafaudage s’affairent contre une façade. Suivi par un chien sorti de nulle part, je démarre sans réfléchir car je connais le début du parcours pour l’avoir déjà emprunté lors d’une longue randonnée dont les objectifs principaux avaient été le château de Peyrepertuse et la Fontaine de la Jacquette au départ de Duilhac. C’était en octobre 2017. Le temps a passé depuis, pas trop bien passé parfois, et faire des distances de 14km est devenue compliqué , et ce d’autant que je sors d’une longue période d’inactivité pour cause d’un genou gauche trop récalcitrant et plus récemment encore d’un très méchant Covid. C’était il y a 15 jours seulement ! Mais l’envie de marcher et le désir de m’aérer sont là alors j’ai inventé ce circuit de 6 ou 7 km avec comme objectif premier de photographier un maximum de fleurs différentes ! En ce printemps plutôt pluvieux, je ne voyais pas de plus beau dessein et ce, d’autant que la journée était annoncée très clémente. Le chien m’a accompagné un peu puis il m’a abandonné. Je me retrouve seul et ça me convient. Après quelques jardins potagers, sur la gauche, un premier champ garni de fleurs sauvages m’oblige à aller voir de plus prés. Grandes marguerites, Trèfles étoilés et Sérapias sont les premières fleurs sauvages à être recenser. Photographiquement bien sûr. Ces premières fleurs attirent quantité de papillons mais ces derniers demandent plus de temps pour être immortaliser. Il va en être ainsi en ce début de parcours jusqu’à ce que le bitume disparaisse et laisse la place à un chemin terreux. Là, or mis deux chevaux qui viennent vers moi se faire cajoler et déguster quelques biscuits plus rien ne m’arrête dans un tourbillon floral. Seuls quelques papillons et passereaux chanteurs ont encore ce pouvoir. Parmi ces oiseaux, un couple de Huppes fasciées que j’entends chanter depuis un bon moment et pour lesquels je réussis avec bonheur à en photographier au moins un. Il est vrai qu’il est perché au sommet d’un grand pin.  Je dis avec « bonheur », tant ces oiseaux sont magnifiques. Puis dès lors qu’ils s’envolent, je reviens vers les fleurs. Il y en a tellement de différentes au bord du chemin que je ne sais plus où donner de la tête. J’en oublie sans doute. Les plus minuscules notamment que j’aperçois bien sûr mais pour lesquelles il faudrait que je m’installe par terre et que j’y passe un temps infini pour les photographier en macros. J’en fais parfois l’impasse. Cette folie s’estompe petit à petit dès lors que le chemin quitte la campagne au profit de la forêt. Un chemin en sous-bois prend le relais. Plus le bois devient touffu est plus les fleurs se font rares. Elles se résument désormais à 4 ou 5 espèces toujours les mêmes. Après avoir cheminé au pied du Sigle de La Rabazole, le chemin rétrécit et devient sentier au pied des Carbonnières. Ce tronçon devient plus monotone, même si dans le silence des sous-bois, plusieurs sangliers que je ne vois pas mais entends seulement me font sursauter. Plus loin, c’est un énorme essaim sauvage d’abeilles qui ralentit mes pas. Leur nid est carrément accroché à un chêne vert au bord du sentier. Si le bourdonnement qu’elles produisent est assez impressionnant, aucune abeille ne m’agresse sans doute sont-elles trop occupées à créer leur colonie.  Après plusieurs photos, je me vois contraint de m’éloigner de l’essaim car quelques-unes se montrent un peu belliqueuses mais sans jamais me piquer.  Dès lors que sur ma gauche, j’entends la rivière Verdouble, je sais que j’en ai fini avec cette partie très boisée. A hauteur d’un petit pont de pierres sur le Verdouble, je retrouve l’asphalte d’une route. Quelques panneaux relatifs aux trails Cathares survenus le week-end précédent sont encore là accrochés à une balustrade. Je suis d’autant bien informé que mon gendre à participer aux 52km, c’est-à-dire au trail des Seigneurs au départ de Cucugnan. 11 heures à courir le gaillard m’a dit ma fille !  Je m’arrête là sur le pont pour manger un peu. Un peu de sandwich puis 2 tranches de cakes aux fruits confits. En contrebas, quelques petits poissons cabotent lentement dans la rivière. Sans doute des chevesnes. Quelques petits morceaux du pain, de thon ou de cake que je jette dans le courant ne semblent pas les intéresser. Dans les arbres, un couple de mésanges semble s’être lancé dans une chevauchée poursuite où l’accouplement paraît être le but final.  Cette course prénuptiale étant entrecoupée de pauses, je réussis quelques jolies photos. Je redémarre sachant que je vais peut-être affronter la partie la plus délicate de la boucle que j’ai prévue. En effet, au niveau de la Bergerie du Grès, je compte sur un chemin en pointillés noirs sur la carte IGN pour rejoindre Rouffiac. Les fameux « chemins noirs », chers à l’écrivain aventurier Sylvain Tesson. Finalement et malgré mon insistance, je ne vais pas trouver le bon sentier. Autour d’une pelouse arborée tout est embroussaillé. Il y a bien en contrebas de la propriété le ruisseau du Grès mais lui aussi paraît impraticable car les broussailles l'envahissent.   Respectueux de la propriété privée, je me vois contraint à chercher une autre voie. Au pire, ça sera la route D.14 si je ne peux pas faire autrement. Je reprends la route initiale sur 100m environ et là j’aperçois sur la droite un sentier filant vers un poste de chasse. Je laisse un puits puis le poste de chasse sur ma droite et l’étroit sentier se poursuit dans une garrigue très verdoyante clairsemée de divers boqueteaux buissonneux. Là, aussi étonné que moi, j’y surprends un beau sanglier solitaire. Une seule photo et il détale. Qu’elle chance il a eu le bougre que je ne sois qu’un chasseur d’images !  Bien que zigzaguant au milieu de ces buissons, je continue à avancer et ça m’encourage. Je reprends mon inventaire floral. Je fais seulement attention à ne pas me frotter aux genêts épineux et autres buissons plutôt hauts car je crains soit de me piquer soit d’attraper des tiques. Au cours de mon cheminement, le bruit des voitures et des motos qui passent tout près sur la D.14 me rassure. Je la considère comme un éventuel échappatoire au cas, je ne pourrais plus avancer là où je suis. Plusieurs casots ruinés envahis par la végétation m’encouragent aussi car ils sont la preuve que ce secteur rural a été jadis occupé par des hommes, ce qui explique probablement que la garrigue ne s’est pas pleinement réinstallée. Au-dessus d’une vieille étable, quelques arbres où chantent divers passereaux m’incitent à m’arrêter plus longuement pour tenter de les photographier. Je sors mes différents appeaux et il ne me faut que 10 minutes pour immortaliser le premier. Un joli serin-cini bien jaune. Puis c’est autour d’une alouette lulu à être immortaliser. En 45 minutes, pendant laquelle j’ai grignoté fruits secs et biscuits, plusieurs autres oiseaux sont venus mais une seule mésange est entrée dans la carte mémoire de mon appareil-photo. Je repars jusqu’à une ruine plus imposante que je vois au loin légèrement sur ma droite. Sur mon bout de carte IGN, le nom d’un lieu-dit « Les Birats » est mentionné mais j’ignore si c’est bien là. Au regard du temps qui a passé, car il est presque 13 heures,  je m'assieds sur une citerne pour terminer mon sandwich et ce, toujours dans la crainte d’attraper des tiques. Dans la ruine, il y a des orchidées que l’on appelle « Orchis homme pendu » à cause de leurs fleurs ressemblant à un petit bonhomme et à leurs labelles à des membres pendants.  Une fauvette peu craintive s'approche de la ruine et  je réussis à la photographier de très près. A-elle son nid dans la ruine ? Probablement. Puis je me remets en route sur un large chemin herbeux en longeant une clôture. Il m’amène direct vers un très long layon où plusieurs poteaux électriques ont été installés.  Le layon descend la colline puis la remonte sur l’autre versant coupant en deux la Serre du Grès, elle-même coupée transversalement par le ruisseau éponyme. Je reconnais immédiatement ce layon, car avant de venir, je l’ai bien remarqué sur la carte aérienne de Géoportail. Plusieurs empreintes de chaussures sur la glaise m’indiquent que ce layon est pratiqué comme chemin. Je me mets à le descendre sans trop de problème mais avec la prudence que le terrain glaiseux exige. Là, de nombreuses fleurs nouvelles non encore aperçues m’arrêtent constamment. Les fleurs, plus quelques papillons nouveaux, deux oiseaux sur les fils électriques, une cabane de berger, je mets presque une heure pour cheminer ce layon. Il est vrai qu’en ayant observé la vue aérienne, je sais qu’une fois atteint le sommet du layon, le plus dur est derrière moi. Je peux me permettre de flâner. Un fois le sommet atteint, une bifurcation se présente devant moi. Je fais le choix opportun de partir à gauche car j’ai l’intime conviction que ce chemin va m’amener au col de Grès. A ce col, la suite est assez simple et de surcroit la fin du circuit étant enregistrée dans mon GPS, ma flânerie peut continuer. Un fois encore, elle est de rigueur jusqu’à Rouffiac. Encore quelques fleurs, d’autres papillons puis dans les ruelles du village, des hirondelles des fenêtres qui s’affairent dans des ornières boueuses afin de construire leur nid. Tout de cette Nature que j’aime est prétexte à m’arrêter. La visite de village clôture cette merveilleuse journée de marche. Et tout ça sous la surveillance ombreuse de la « citadelle du vertige », à savoir l’incroyable et grandiose château de Peyrepertuse.  Je ne sais pas si vous vous lancerez dans cette modeste balade mais personnellement j’y ai pris beaucoup de plaisir, et ce d’autant que tous mes objectifs ont été complétement comblés : recenser et photographier des fleurs, marcher et m’aérer dans la Nature que je n’ai eu de cesse d’observer.  Oui, je peux dire que je suis gré d’avoir accompli ce circuit « floristique » du Grès. Telle qu’expliquée ici et selon le tracé sur carte IGN joint à ce récit, j’estime la distance réalisée à environ 7km. Je l'avoue, je ne l'ai pas mesurée. Carte IGN 2447OT Tuchan – Massif des Corbières top 25.

 

Le Grès :  Comme expliqué dans mon récit, le nom propre « Grès », donnée à ma balade, est venu à moi comme une évidence et ce parce que sur la carte IGN plusieurs lieux-dits où j’ai marché portaient ce nom : Serre, col, zone topographique, bergerie, ruisseau. Mais ces appellations ne sont pas tombées des nues et le grès, nom commun d’une roche en est grandement à l’origine car dans le passé des mines de grès étaient présentes dans ce secteur de Rouffiac en particulier et de l’Aude en général. Alors ce grès, c’est quoi au juste ?    « Le grès est une roche sédimentaire détritique, issue de l’agrégation de grains de taille majoritairement sableuse (0,063 mm à 2 mm) et consolidé lors de la diagenèse. Les grains qui constituent le grès sont généralement issus de l'érosion de roches préexistantes, qui déterminent en grande partie sa composition, principalement constituée de quartz et feldspath. Selon le degré de cimentation et sa composition, il peut former une roche très friable ou cohérente. Le grès se rencontre dans une grande variété de milieux de dépôt, depuis le domaine continental (rivière, plage) jusqu'au domaine marin (turbidites). Son équivalent non consolidé est généralement appelé sable.», voilà comment Wikipédia nous présente cette roche utilisait comme matériau de construction depuis la nuit des temps. On l’appelle aussi « molasse ». Ici, dans l’Aude, qu’on l’appelle « Grès de Carcassonne » ou bien « Grès d’Alet », ce matériau a toujours été à l’honneur, les plus beaux exemples étant la cité médiévale de Carcassonne avec ses célèbres remparts et sa magnifique basilique Saint-Nazaire-et-Saint-Celse mais aussi les abbayes Sainte-Marie de Lagrasse ou de Fontfroide. Cette courte liste n’est pas exhaustive car on pourrait citer des centaines de monuments ainsi élever avec du grès. Quant à la plupart des communes, toutes ont leurs propres patrimoines construits en grès : habitations, églises, mairies, ponts, oratoires, fontaines, lavoirs, puits, fours à pain, moulins et leurs meules, cheminées, pavages, la liste est aussi longue que les possibilités du grès….car la pierre peut être tendre, moyenne ou dure s’adaptant ainsi à de nombreux usages, et conférant de ce fait une remarquable unité à l’architecture d’un lieu. Concassé, le grès est aussi utilisé dans des structures routières.  Sa capacité à être facilement taillé et sa résistance au gel ont permis aussi la création de nombreuses œuvres d’art de par le monde. Quant à la nuit des temps, en France et ailleurs,  les exemples d’abris sous roche taillés dans des falaises de grès ou bien de dolmens et autres menhirs élevés avec des blocs de grès sont légions y compris dans l’Aude : dolmen de Trillol également appelé Cabane des Maures à Rouffiac-des-Corbières, menhir de Counezeil appelé aussi menhir de Paza, lui aussi situé à Rouffiac-des-Corbières, dolmen de la Madeleine d'Albesse  à Monze, allée couverte de Saint Eugène à Laure-Minervois, dolmens de Bize-Minervois mais on pourrait en citer bien d’ autres. De plus, les formations rocheuses constituées principalement de grès permettent généralement la percolation de l'eau et sont suffisamment poreuses pour stocker de grandes quantités, ce qui en fait des aquifères précieux (source site https://www.futura-sciences.com/). Dans le secteur de Rouffiac-des-Corbières et dans la commune même, plusieurs forages ont été réalisés offrant ici à plusieurs communes une ressource en eau quasiment inépuisable. Ici à Rouffiac-des-Corbières, un forage profond de 110m a recoupé des venues d’eau estimées à 50 m3/h dans les grès fracturés du Turonien (source Calcaires, grès et marnes crétacés et paléocènes du synclinal de Couiza et des synclinaux de Rennes les Bains, Sougraigne, Fourtou, Soulatgé et des anticlinaux de Puivert – Cardou et de Fontaine Salée/Agence de l’eau/BRGM). Sans entrer dans des détails « géologiquement » trop complexes, mes lectures (car je ne suis qu’amateur captivé !) m’ont appris qu’ici à Rouffiac, les grès étaient des grès deltaïques carbonatés supérieurs ou inferieurs du Turonien. Pour une compréhension minimale ; il est donc indispensable de traduire chaque mot :

 

Deltaïque: Le grès formé dans les environnements deltaïques (en rapport avec un delta, soit un type d'embouchure fluviale caractérisé par un fort alluvionnement)  est appelé grès deltaïque. Ces roches ont généralement une texture mal triée et contiennent un mélange de tailles de grains de sédiments, notamment du sable, du limon et de l'argile.

Roche carbonatée : Les roches carbonatées sont des roches sédimentaires résultant de la compaction de sédiments carbonatés et composés d'au moins 50 % de carbonates. Il s'agit essentiellement de la calcite et de la dolomite.

Les qualificatifs inférieur, moyen ou supérieur sont en géologie un moyen de découper une époque et de la définir plus précisément. Exemple : jurassique inférieur.

Turonien : Le Turonien est le deuxième étage stratigraphique du Crétacé supérieur. On le situe entre -93,9 et -89,8 ± 0,3 Ma (million d’années)  après le Cénomanien et avant le Coniacien. Ces derniers constituant d’autres étages géologiques.

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La Boucle "Au fil du Còrrec de la Corregada" depuis Saint-Estève.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 10 musiques ou chansons du duo irlando-norvégien Secret Garden extraites de leur album "Songs In The Circle Of Time". Elles ont pour titre : "Solace", "Epilogue", "Liberty", "Stepping Up", "Twilight Song", "Cathedral", "Lullaby For Grown-Ups" chantée par Espen Grjotheim , "Renaissance", "Irish Waltz" et "Session". 

La Boucle "Au fil du Còrrec de la Corregada" depuis Sainr Estève.

La Boucle "Au fil du Còrrec de la Corregada" depuis Sainr Estève.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

J’ai longuement hésité à mettre en ligne et comme une vraie randonnée cette balade que j’ai intitulée « La Boucle au fil du Còrrec de La Corregada (*) depuis Saint-Estève ». Non pas qu’elle soit difficile ou compliquée,  mais tout simplement parce que je l’ai démarrée comme un vrai randonneur follement amoureux de la Nature et que je l’ai terminée comme un lanceur d’alerte écologiste amateur (**). Alors, je ne sais pas si vous serez tenté de l’accomplir mais je l’ai fini vraiment dépité et en colère. En colère, au regard de tout ce que j’ai vu d’horribles au fil de ce parcours : ruisseau amplement pollué par la proximité de la zone industrielle de la Mirande, zones écologiques massacrées par des engins à moteur et qui se réduisent comme peau de chagrin à cause d’une bétonisation de grande ampleur de tous côtés et enfin des dépôts sauvages si nombreux qu’ils sont visibles sur les cartes aériennes de Géoportail.  Il faut savoir que cette boucle que l’on peut démarrer de l’étang de Saint-Estève (je l’ai démarré de chez moi mais en passant par l’étang) circule en grande partie au sein d’une Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) dénommée « Plaine de Saint-Estève ». Cette dernière est mitoyenne et conjointe d’une autre ZNIEFF dite « Plaine de Torremillla » pour ne citer que la plus proche. Voilà ce que l’on peut lire sur le site Internet de cette dernière zone :  « les nombreux facteurs impliqués dans la présence de ces mares temporaires rendent cet espace naturel très vulnérable. La principale menace qui pèse sur cette ZNIEFF est la pression d'urbanisation avec la proximité de l'aéroport de Perpignan-Rivesaltes et des ZAC de Saint-Estève et de Torremilla. Des projets d'aménagements de grande ampleur sur le site détruiraient irrémédiablement ces habitats et espèces végétales protégées de grande valeur. La reconversion des friches en culture ou vignoble constituerait également une menace. Ce milieu est aussi très vulnérable aux modifications de l'environnement périphérique, notamment sur le plan hydraulique (en amont et en aval du bassin versant). » Si les commentaires sur la ZNIEFF Plaine de Saint-Estève sont rares, on peut lire néanmoins : «  Le périmètre retenu est centré sur une partie de la plaine accueillant un important cortège de plantes rares caractéristiques des milieux temporairement inondables. Sa délimitation s’appuie exclusivement sur des éléments physiques et d’occupation du sol, à savoir des limites de parcelles, des chemins et des cours d’eau (correc de la Corregada au sud, ruisseau de Llavanera au nord) ».   Il paraît donc évident que les menaces qui pèsent sur les deux zones sont identiques. Pourquoi la  ZNIEFF Plaine de Saint-Estève ferait-elle exception alors que les 2 zones sont proches l’une de l’autre, que le ruisseau de la Corregada ; déversoir de l’étang de Saint-Estève, y circule dans une ample zone argileuse définie comme « Gazons méditerranéens aquatiques à Isoètes ». Or, voilà 15 ans que j’y viens régulièrement pour observer la Nature, parfois en VTT, mais le plus souvent à pied, et force est de constater que toutes les inquiétudes exprimées sont en train de se réaliser. Je vois cette zone, où la Nature y était magnifique et bien présente, se réduire comme peau de chagrin. Je la vois changer au fil des ans car largement foulée par des engins à moteur. Une nouvelle zone commerciale et industrielle est en train de s’y installer près du Mas de Torremilla. Idem de l’autre côté de la D.1 mais plus près de l’aéroport où les constructions d’entreprises n’ont de cesse de s’implanter depuis plusieurs années. La garrigue et les friches  disparaîssent et de ce fait la biodiversité a fortement tendance à disparaître elle aussi. Ici, dans les ZNIEFF, quelques plantes rares ont été observées, plantes qui un jour qui sait pourront peut-être devenir médicinales et soigner des maladies.  Je constate années après années cette énorme dégradation même si certaines espèces ; mais pas toutes,  ont un pouvoir d’adaptation extraordinaire.  Mes photos de Nature prise un 1er avril ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt du désastre. Au-delà de cette urbanisation galopante, que l’on peut éventuellement, non pas comprendre mais concevoir, parce qu’il faut toujours créer plus d’emplois, plus de logements, plus d’industries, plus de commerces, plus de dispositifs énergétiques, plus de tout, etc…, il faut noter que ce parcours que je propose est amplement pollué de différentes façons. Parlons d’abord de la Corregada. Située à la limite nord de la ZAC de Saint-Estève, on y trouve en son lit toutes sortes de pollutions qui vont des plastiques aux polystyrènes en passant par des panneaux de bois, des palettes, des pneus, des objets hétéroclites allant du ballon d’enfant à la cuvette WC, sans compter des plantes envahissantes venues d’ailleurs qui ont un pouvoir de colonisation parfois très vigoureux. Si le ruisseau est récuré régulièrement, récurage indispensable en prévisions de pluies exceptionnelles, je note qu’il est souvent fait sans tenir compte qu’il est amplement occupé par une faune (avifaune, batraciens, reptiles, poissons, insectes, etc…) qui y nait, qui y vit et qui y meurt, sans nécessité que cette mort survienne à cause d’une pelle mécanique qui décime tout sans réflexion environnementale. Il est fait aussi le plus souvent sans ôter les éléments pollueurs (pneus, plastiques, polystyrènes, palettes, etc…).  Cette pollution, on la retrouve tout au long du parcours du ruisseau. La large zone argileuse ;  où le ruisseau circule et devient bassine naturelle de rétention en cas de pluies diluviennes ; il s’agit d’un lieu de nidification de magnifiques oiseaux que sont les Guêpiers d’Europe, les Coucous-geais et les Huppes fasciées, pour ne citer que les passereaux les plus beaux, mais il y en a bien d’autres. Or, ici,  les moto-cross, buggys, monsters-trucks et autres quads s’adonnent sans vergogne dans les bosses marneuses séculaires mais aussi au sein même du ruisseau comme j’ai pu le constater. Ces ingérences dans les roselières sans aucune retenue mettent à mal une avifaune et une faune qui ne vivent que dans ce biotope très particulier.  Et comme en France, tout est permis, et que l’on ne sait plus rien interdire, ce lieu qui devrait normalement être protégé deviendra peu à peu une zone dénudée et vide de toute vie. Elle en prend le chemin. Les Guêpiers d’Europe qui venaient nombreux nicher dans les falaises d’argile ont grandement quitté les lieux depuis 2 ans. On les voit encore parfois mais la plupart de leurs nids encore visibles sont désertés.  Les rousserolles effarvattes et les coucous-geais dont les vies sont intimement liées ne sont visibles qu’exceptionnellement et sur des périodes de plus en plus courtes. Les autres oiseaux se font rares, les rapaces notamment, mais quelques-uns s’arrêtent néanmoins lors de leur migration car l’endroit encore un peu aquatique de temps à autre, quand il pleut beaucoup, retient quelques insectes, gastéropodes, batraciens et reptiles. Mais le pire reste à découvrir avec tout autour le développement incroyable de parcs photovoltaïques et surtout de décharges sauvages, les deux ne cessant de plus en plus de  conquérir des surfaces qui étaient réservées à la Nature. Passe encore pour les panneaux photovoltaïques, dont certains servent de serres à culture et font sans doute le bonheur de leurs propriétaires terriens, mais les dépôts sauvages sont tels désormais qu’on les voit sans problème sur la vue aérienne de Géoportail. Tout ça pour conclure que toutes ces intrusions et pressions qu’on les considère normales et utiles ou bien anormales car agressives ont un impact énorme sur tous les biotopes du secteur et toute leur biodiversité, que cette dernière soit sédentaire ou de passage. Si on rajoute à tout ça, les trop longues périodes de sécheresse dues au changement climatique et engendrant parfois des incendies (la zone en a connu un en septembre) , il y a lieu de s’inquiéter de cette spirale infernale car peut-être irréversible dont peu de nos élus semblent prendre conscience à une juste mesure. Je peux aisément comprendre que dans cette période récessive où ils sont en manque de dotations de la part de l’Etat, ils soient enclin à trouver des recettes d’où qu’elles viennent mais ne faisons-nous pas partie intégrante de cette biodiversité qui est train de disparaître ?

Après ce long préambule que j’ai estimé nécessaire, la randonnée elle-même reste à découvrir, si vous ne la connaissez pas, un plan sur carte IGN est joint à mon reportage. Il montre le tracé que j’ai suivi et vous aidera je l’espère si vous envisagez de l’accomplir. La vidéo que je propose vous aidera également. J’y ai découvert une flore bien présente mais pas encore totalement épanouie parfois car nous n’étions que le 1er avril. Papillons, oiseaux, criquets sont les principaux animaux vus et parfois photographiés même si quelques belles surprises comme un hérisson, une perche soleil, une couleuvre vipérine et un crapaud juvénile ont été observés. Cette balade a été longue 8,9km incluant le départ depuis chez moi et divers errements au sein des deux zones au lieu-dit Còrrec del Siure. Carte IGN 2548OT Perpignan – Plages du Roussillon top 25.

(*) Còrrec de La Corregada : La Corregada est un ruisseau qui prend sa source dans l'étang de Saint-Estève. Toutefois, on peut lire sur le livre de Lucette Martinelli-Germa "Sant-Esteve del Monestir au temps passé" (Editions Les Presses Littéraires) "L’étang est dû à une petite source qui s’écoulait sur une zone argileuse recueillant les eaux de pluie. Autrefois en eau seulement en hiver, il hébergeait une plante assez rare l’hysope. Par la volonté des hommes, il est devenu l’Etang, plan d’eau permanent et lieu de promenade apprécié". Il traverse la moitié nord de la commune avant de poursuivre son parcours sur la commune de Perpignan. Le site de l'étang, nommé autrefois le Domaine de Estany, était un de bassin de rétention d'eau naturel qui s'asséchait au printemps. C'est dans les années 80 que fut aménagé le site et ses abords qui s'étend sur près de 12 hectares.  (source Wikipédia). Le capacité découlement de la Corregada ou Courragade en français : 8 m3/s. Avant de passer sous l’A9, la Courragade en crue peut décharger ses eaux dans le bassin de rétention, construit le long de son cours, qui atteindra à terme 1 million de m3. Afin que ce cours d’eau ne rejoigne plus le Canal de Vernet et Pia, un cloisonnement en béton a été construit. Une fois l’A9 franchie, la Courragade devient le Rec d’En Farines. (Source site Internet de la mairie de Perpignan). A Saint-Estève, non loin du ruisseau, une rue porte le nom de "rue de La Courregade". Toponymie : le mot "corregada" est très ancien puisque sur "Google recherche Livres", on le trouve dans le lexique roman au temps des troubadours mais aussi dans un "affarium" (métairie) de 1470 du côté d'Aurillac . En langue romane, il nous est dit qu'une "correjada" ou "corregada" est une petite courroie ou un cordon. On peut donc sans crainte de se tromper dire qu'une corregada est un petit cordon d'eau c'est à dire soit une rigole ou un ruisseau. Cela nous est d'ailleurs confirmé dans "Une revue des langues romanes" de 1939, dans lequel on peut lire "corregada «id» latin "corrugus", «canal de lavage pour minerai». Dans certains livres en catalan, on trouve ce mot comme étant un nom commun. Côté Catalogne espagnole, il peut signifier "torrent". L'Institut d'Estudis Catalans nous confirme que les mots "Còrrec et Corregada" sont de nos jours encore bien utilisés dans la région.

(**) Lanceur d’alerte écologiste amateur : En terminant cette randonnée, et au regard des connaissances environnementales (ZNIEFF) que j’avais de cette zone,  j’étais tellement en colère après tout ce que j’avais vu de négatif que je me suis dit « il faut que tu fasses quelque chose ». J’ai donc longuement regardé la carte aérienne sur le site Géoportail et j’en ai conclu qu’une grande majorité des dépôts sauvages était située sur la commune de Perpignan. Une minorité sur celle de Saint-Estève mais non négligeable quand même ! J’ai donc décidé d’écrire à Monsieur Louis Aliot, maire de Perpignan.  Si je n’ai rien fait concernant ma propre commune, c’est parce qu’il y a quelques années j’avais adressé en vain un grand nombre de photos concernant ces dépôts. Voici ci-dessous la lettre envoyée et la réponse reçue. A l’heure où j’écris cet article, (le 6 novembre 2024) je précise que rien n’a été fait en 7 mois. Au contraire, les dépôts sauvages de toutes sortes n’ont fait qu’empirer. On peut juste noter le passage de quelques ferrailleurs qui ont enlevé tout ce qui était métallique mais d'autres ont été jetés depuis. Un incendie a démarré le 15 septembre 2024 à l’emplacement d’un dépôt sauvage. Selon l’Indépendant, "ce feu a eu le temps de dévorer 5 hectares de broussailles et de garrigue avant d'être fixé par les 40 soldats du feu mobilisés et au terme de 14 largages moyens aériens".  Il faut noter qu’il s’est arrêté à la limite du ruisseau, sa présence ayant sans doute servi à faciliter l’extinction. J’y suis allé voir et j’ai quand même aperçu dans cette zone où tout a brûlé un grand nombre de terriers (lapins, lièvres et renards) dont les entrées ont été touchés par l'incendie. Au regard du nombre de buissons, pins et autres végétaux de la garrigue, il ne fait aucun doute qu’un grand nombre de nids d’oiseaux ont brûlé également même si les animaux calcinés les plus visibles sont les gastéropodes (escargots et limaçons). Ils jonchent le sol sur des surfaces parfois assez impressionnantes. C'est autant de nourriture que d'autres animaux sauvages n'auront pas. Dans cette chaîne alimentaire si importante, n'oubliant pas que l'Homme n'est qu'un simple maillon.....au même titre que l'anchois disent des spécialistes bien informés ! J'avoue que ma vision idéale de notre planète n'est pas de vivre dans un bocal sous-vide ou une boîte de conserves mais ça peu de personnes de nos jours semblent s'en préoccupper et il faut le regretter.

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Courriel de Gilbert JULLIEN : DECHARGES SAUVAGES DE TORREMILA

03/04/24 13:57

Gilbert JULLIEN

à :

monsieur.le.maire@mairie-perpignan.com  

détails

A l’attention de Monsieur Louis Aliot, maire de Perpignan.

Monsieur le Maire,

J’ai 75 ans et je ne suis qu’un citoyen lambda mais amoureux de la France et de la Nature. Par amoureux de la Nature, n’entendez pas « écologiste » au sens politique du terme car en général les idées « contradictoires » pour ne pas dire « paradoxales et absurdes » de ce parti sont plutôt éloignées des miennes, si vous voyez ce que je veux dire.

J’habite Saint-Estève et si je vous écris, c’est parce qu’avant de ce faire, j’ai pris soin de vérifier que le problème que je vous expose n’est pas dans sa plus grande partie situé sur ma commune mais bien sur celle de Perpignan. Encore que dans le cas présent,  personne n'est à l'abri et j’estime qu’il serait bien que tout le monde tire les choses dans le même sens, il en va de l’intérêt de tous.

Voici donc le problème. Passionné de Nature et de randonnées, il m’arrive régulièrement de partir à pied de chez moi pour photographier flore et faune. Or, dans le secteur que l’on appelle plus globalement« Torremilà », je constate au fil des ans de plus en plus de décharges sauvages. Elles sont devenues d’autant plus nombreuses et importantes qu’elles sont même visibles sur les photos aériennes de Géoportail. J’y suis passé encore ce lundi 1er avril et tout ce que j’ai pu voir m’a absolument sidéré et attristé. Je vous adresse donc quelques photos par l'intermédiaire du site suisse GROS FICHIERS afin que vous puissiez constater par vous-même de l’étendue du problème. Il prend de l’ampleur au fil des ans. Par grand vent, plastiques et polystyrènes s’envolent et s’étendent un peu partout dans la garrigue. Quand je pense que ce secteur est classé à juste titre zone naturelle d’intérêts écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), je me dis que c’est dommage de le voir se dégrader de plus en plus sans que rien ne soit fait (apparemment). C’est d’autant plus dommage que s’agissant également d’une zone géologique et humide (quand il pleut) assez exceptionnelle, elle accueille des espèces fauniques souvent remarquables mais aussi des voitures et des motos qui viennent y faire des gymkhanas et autres moto-cross. Si je suis tolérant et peux comprendre que chacun puisse assouvir sa passion, il y a peut-être des lieux plus adaptés que de venir les accomplir là où viennent nicher les guêpiers d’Europe, les huppes fasciées, les faucons pèlerins, les rousseroles effarvattes, et autres coucous-geais. Voilà quelques espèces que j’ai pu photographier régulièrement depuis des années mais dont les populations diminuent au fil des ans sans doute à cause de la pollution de plus en plus grande et de la gêne occasionnée par des véhicules pétaradants. Des espèces, il y en a bien d’autres sédentaires ou de passage comme le rare Oedicnème criard ou la Fauvette à lunettes que je n'ai plus vu depuis quelques années. Outre les oiseaux, il y a également des lézards, des batraciens, des papillons, des criquets, des sangliers qui viennent boire dans le ruisseau de la Corregada, j’en passe et des meilleurs, etc….

Si je n’ai pas la prétention de détenir la totale solution de ce problème, j’ai quand même l’intime conviction que quelques imposants enrochements à l’entrée des principaux chemins du secteur où se trouvent ces décharges sauvages seraient déjà un bon début. Bien sûr, j’ignore si ces lieux sont privés ou sur le domaine communal.

Sachez aussi que si des journées de nettoyage sont prévues, je peux y participer. Il suffira de me le dire. Mon état de santé ne me permet pas de soulever des charges trop lourdes mais pour tout le reste je peux donner un coup de main.

Voilà ce que je voulais vous dire.

Merci d’avance de l’attention et de l'intérêt que vous porterez à ce message.

Recevez, Monsieur le Maire, mes respectueuses salutations.

Gilbert JULLIEN.

Réponse reçue : 

La Boucle "Au fil du Còrrec de la Corregada" depuis Sainr Estève.

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Le Circuit de la Devesa et de la Coma depuis Urbanya

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 6 musiques interprétées par le violoncelliste croate Stjepan Hauser. Elles ont pour titre : "La Califfa", "Deborah's Theme", "Malena", "Cinema Paradiso", "The Ecstasy Of Gold" et "Cavalleria rusticana/Intermezzo". Les 5 premières ont été composées par Ennio Morricone et la sicième par Pietro Mascagni

Le Circuit de la Devesa et de la Coma depuis Urbanya

Le Circuit de la Devesa et de la Coma depuis Urbanya

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 AVERTISSEMENT

Cette randonnée que je vous propose ici a été réalisée le 4 juillet 2023. Toutefois, il me paraît nécessaire de préciser que cette partie de la montagne que l'on trouve plus globalement sous le nom de "La Mata" sur la carte IGN a été amplement déboisée au cours de tout l'été 2023. Personnellement, j'ai constaté cette importante (et désastreuse) déforestation (apparemment orchestrée par l'O.N.F) qu'un mois plus tard. Je ne peux donc vous garantir que le tracé effectué et notamment la partie "hors sentier" cheminée ici soit encore praticable. Le 9 août, non loin de là, quelques layons plus ou moins larges formaient d'horribles cicatrices au sein de cette forêt que j'avais trouvée si belle antérieurement. 

En villégiature dans notre maison d’Urbanya depuis un mois, en ce 4 juillet, et 2 jours après avoir visiter Notre-Dame de Vie à Villefranche-de-Conflent, Dany et moi avions décidé de refaire une vraie randonnée. Certes courte une fois encore mais vraie, c’est-à-dire avec l’objectif de marcher et de découvrir un maximum de choses de la Nature mais aussi de piqueniquer dans un coin agréable. Si je précise tout cela, c’est parce qu’à Urbanya, ils nous arrivent parfois de partir marcher sans but réel et avec seulement à l’esprit l’idée de se dégourdir un peu les jambes. Là, j’avais décidé que notre lieu de pique-nique serait La Devesa (pour la toponymie cliquez sur ce lien), vallon peu éloigné du village mais très verdoyant où s’écoule un petit ruisseau au joli nom de « Correc de la Coma ». En français « le ruisseau de la Combe », mais nom assez commun en catalan puisqu'on le retrouve dans d'autres secteurs des Pyrénées-Orientales. C’est donc pour cette raison que ce parcours que j’avais déjà eu l’occasion de vous présenter sous des versions quelque peu différentes mais souvent sur des pistes identiques pour l’essentiel, je l’ai intitulé le « Circuit de la Devesa et de la Coma à Urbanya ». La partie consistant à remonter le ruisseau n’est pas balisée, elle est donc hors sentier, hors chemin, hors piste et donc un peu sauvage autant l’avouer. Pour le reste du parcours, c’est du déjà-vu. La météo n’est pas très top mais l’envie de marcher est bien là et il est déjà midi quand nous démarrons. Dany marche à son rythme et moi comme toujours je flâne derrière elle, occupé que je suis à m’arrêter pour photographier tout et n’importe quoi. Tout, ce sont les fleurs, les papillons, les lézards, les éventuels mammifères forestiers et les oiseaux ; bien que ces derniers semblent plutôt rares cette année, et n’importe quoi, ça va de l’imprévu aux criquets, aux diptères, aux coléoptères en passant par toutes sortes d’insectes intéressants s’offrant à mon regard. Après la descente du chemin de Sarrat et la traversée rapide du chemin de l’Eglise, nous voilà déjà sur la piste DFCI C060. Cette piste terreuse nous la connaissons si bien que nous pourrions l’arpenter les yeux fermés. Nous l’avons emprunté si souvent soit pour aller au Col de Marsac et au pire jusqu’à Nohèdes et bien sûr « x » fois aussi au cours de boucles que vous trouverez aisément sur mon blog. Comme je l’avais imaginé, la Nature « toujours printanière » est bien au rendez-vous de ce début d’été. Beaucoup de jolies fleurs sauvages très diversifiées et colorées et de multiples papillons en quête de leur nectar sucré. Certes, il y a quelques oiseaux qui chantent mais bien moins que les années précédentes et je crains déjà que cette année 2023 soit à marquer d’une pierre noire en terme de déclin. Si je dis ça, c’est parce que les années précédentes, nous étions réveillés par le chant des oiseaux et que depuis que nous sommes là, c’est soit le silence le plus total soit le bruit des moteurs des débroussailleuses ou autres tronçonneuses qui nous réveillent en premier. J’y vois d’autant plus un signe qu’étant constamment aux aguets de tous les volatiles, je n’en vois que très peu depuis que nous sommes arrivés. En contrepartie, il y a énormément d’insectes et notamment des sauterelles et criquets vraiment en grand nombre. En arrivant dans le virage en épingles à cheveux au-dessus du lieu-dit La Devesa (La Devèze ou Devèse), alors que Dany s’apprête à continuer, je la rappelle et l’invite à descendre dans le vallon du Correc de la Coma. C’est là que j’ai prévu le pique-nique car le cadre est verdoyant et on y trouve facilement de l’ombrage, même si aujourd’hui, avec quelques nuages au-dessus de nos têtes, nous ne le recherchons pas spécialement. C’est donc adossés à une murette effondrée que nous trouvons le lieu idéal où poser nos fesses, d'autres pierres nous servant de sièges. Malheureusement quelques gouttes de pluie, nous incitent à raccourcir cet agréable déjeuner champêtre.  Nous repartons en suivant le lit du minuscule ruisseau, délaissant à cette occasion le chemin qui sur la gauche entre dans la pessière, lequel chemin balisé en jaune nous entraîne habituellement vers le Col de Marsac. Aujourd’hui, il s’agit d’une variante presque improvisée, car faite une seule fois il y a longtemps, mais que néanmoins j’ai pris soin d’analyser sur Géoportail à l’aide de vues aériennes. Par bonheur, la pluie s’est vite arrêtée.  Finalement, hormis quelques hautes herbes et des branchages qu’il nous faut enjamber de-ci de-là,  tout se passe pour le mieux et nous parvenons à un large layon qui rejoint la piste menant au col de Marsac. Là, nous tournons à droite et retrouvons le tracé habituel passant sous La Matte et le pic de la Serra et nous ramenant vers Urbanya selon plusieurs possibilités.  Si la partie forestière de la Devesa et du ruisseau de la Coma a été la moins florale, la Nature m’a constamment offert quelque chose à photographier, avec des libellules, des papillons, un crapaud et deux cervidés trop effarouchés pour être immortalisés correctement.  Plus loin, il en sera de même avec des sangliers. Fleurs, papillons et quelques oiseaux nous accompagnerons jusqu’à l’arrivée.  Cette randonnée étant déjà plutôt courte, nous optons pour la variante la plus longue consistant à redescendre par le ferme à Philippe (ex-Philippe, puisque d’autres personnes ont pris nouvellement la gérance). Ainsi se termine ce parcours que j’ai imaginé et qui de ce fait n’est pratiquement pas balisé mais qui emprunte en grande partie des pistes DFCI. Dany a pris plaisir à marcher et à déjeuner en plein air, n’ayant de cesse de me répéter que ça valait n’importe quel restaurant malgré quelques gouttes de pluie. Quant à moi le nombre de photos contenu dans la mémoire de mon appareil-photo est tel et si inversement proportionnel à la distance parcourue que j’en suis le premier étonné. Je me dis qu’il y aura matière à faire un joli reportage vidéo avec comme toujours une immense part consacrée à cette Nature que j’aime tant. Cette randonnée a été longue de 4,6km pour des montées cumulées de 390m et un dénivelé de 212m, le point culminant étant à 1.084m sur la piste près du col de Marsac. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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La Boucle pédestre de l'étang du Ticou depuis Pyrénées 2000.

Publié le par gibirando

Afin de rendre hommage à Jean-Paul Belmondo qui vient de nous quitter, j'ai agrémenté cette vidéo avec la musique d'Ennio Morricone dont plusieurs variations sont extraites du film "Le Professionnel" de Georges Lautner.  En français, elle s'intitule "Le Vent, le Cri" et en italien "Chi mai".

La Boucle pédestre de l'étang du Ticou depuis Pyrénées 2000.

La Boucle pédestre de l'étang du Ticou depuis Pyrénées 2000.

Pour agrandir les photos cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Cette petite « Boucle pédestre de l’Etang du Ticou » à partir de l’Office du Tourisme de Pyrénées 2000 a quatre atouts principaux. Marcher, piqueniquer et être accessible au plus grand nombre sur un petit périmètre.  Le tout dans des décors montagnards incroyablement sympathiques. Personnellement, j’y rajoute une flore et une faune omniprésentes et donc « photographiables » pour le passionné de Nature et de photos que je suis. J’y adjoins aussi la découverte d’une partie de la commune que nous n'avons pas pour habitude de visiter,  car en hiver nous sommes trop attirés et obnubilés par les pistes de ski. Choisissez de préférence une belle journée pré-estivale voire estivale et votre satisfaction sera probablement complète. Comme indiqué, le départ s’effectue depuis l’Office du Tourisme situé avenue du Serrat de l’Ours. Un panonceau vous présente les grandes lignes de cette boucle : « PR61 – Dénivelé +75m – 4,2km – 1h20 – Très facile ».  Pour la bonne direction, il suffit de traverser l’avenue et un deuxième panonceau indique d’ores et déjà la suite : « Etang du Ticou -1,9 km- PR 61 ». Vous laissez sur votre droite un boulodrome et une aire de jeux et poursuivez tout droit sur un sentier bien marqué en direction d’un bois. Sur cette courte distance, moi j’en suis déjà à photographier des oiseaux et des fleurs. Les premiers se présentent sous les traits de moineaux, de rougequeues noirs, d’un merle et d’une bergeronnette. Les secondes sont des lupins aux couleurs bigarrées et en grand nombre puis une flore sauvage et diversifiée au fil de nos pas. De temps à autres, des passerelles permettent d’enjamber un étroit ruisseau. C’est le Ruisseau de Bolquère, lequel ici amène fraicheur et végétation exubérante mais remplit plus loin l’étang du Ticou. Peu de temps après, vous arrivez au lieu-dit Pla del Termenal où un vaste complexe sportif affiche ses structures et notamment ses terrains de tennis. On contourne ces terrains et on poursuit par un chemin toujours très évident. De toute façon, le balisage « Etang du Ticou »  est suffisamment bon pour ne pas s’égarer. La D.618 est à traverser et bien évidemment on le fait avec prudence et encore bien plus si l’on randonne avec des enfants. Ici, et au regard de certains appareils de gymnastique, la suite nous démontre que le sentier se confond parfois avec un « parcours santé ». Le petit lac est là avec quelques bancs pour s’ y reposer et quelques tables de pique-nique. Nous n’avons aucun mal à trouver la nôtre car il n’est pas encore 11h et il y a peu de monde à cette heure-ci. Plus tard, vers midi, les places assises seront un peu « plus chères », même si aujourd’hui ce ne sera jamais la cohue. De toute manière, un pique-nique sur l’herbe a aussi son charme, à condition d’avoir prévu un plaid à la taille des fessiers de tous les pique-niqueurs. Avec sa sapinière tout autour, le Ticou a un petit air « canadien » et bien sûr les pêcheurs à la ligne y trouvent un endroit bien agréable où « mouiller leurs asticots ». Après le déjeuner, rien ne presse. Dany a décidé que le banc sera son lit de camp quant à moi la Nature m’attend. Finalement, pour Dany l'herbe s'avérera plus confortable. Quant à moi, la Nature je l’entends dans les grands sapins m’appeler en s’égosillant et semble reconnaître le chant de très nombreux pinsons. Je quitte la table et « le Petit Poucet » que je suis n’a besoin de personne pour partir se perdre dans la forêt. Si les fleurs sont plutôt faciles à immortaliser ; sauf les minuscules ; les papillons m’entraînent bien plus loin que je ne l’aurais imaginé. Par chance, mon  sens de l’orientation me ramène dans le droit chemin et par bonheur c'est celui du Ticou. Finalement, c’est en faisant des tours du lac que je prends le plus de plaisir à la photo naturaliste. Il est vrai que photographier des libellules, des oiseaux et des truites dans l’eau est un exercice où la persévérance est mise constamment à rude épreuve.  « La difficulté est un obstacle qui se surmonte par la persévérance » dit un proverbe oriental.  Finalement le résultat global est plutôt satisfaisant. Il est temps de partir car Dany dans sa grande bonté a laissé la table de pique-nique à des visiteurs qui n’attendaient que ça ! Nous quittons le lac, direction son parking puis l’avenue des Lupins. Voilà une avenue qui porte bien son nom car ici les lupins poussent comme le riz en Chine du sud. En réalité, nous allons en découvrir de toutes sortes et de toutes beautés dans toutes les rues que nous allons arpenter pour revenir à l’Office de Tourisme : rue des Chanterelles, rue des Myrtilles, rues des Sorbiers, avenue des Erables, rue des Noisetiers et avenue des Lilas. Oui, ici quelque soit le nom du végétal attribué à une rue, les lupins sont légions et maîtres des lieux. Si je ne peux pas vous garantir que toutes ces rues correspondent au PR.61 suivi initialement, je peux vous assurer que nous avons refermé cette « Boucle pédestre de l’étang du Ticou » très correctement et sans problème. Il est vrai que de très nombreux panonceaux « Liaison Bolquère/Pyrénées 2000 » étaient là pour nous y aider. Tel que décrit ici ; mais sans mes errances naturalistes ; ce circuit est long de 4,1 km pour un dénivelé de 74 m et des montées cumulées de 90 m, c'est dire si elle est plutôt facile. Cartes 2249 ET Font-Romeu - Capcir et 2250 ET Bourg-Madame - Mont-Louis- Col de la Perche - Top 25.

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La Serre de Monfort (1.141 m) depuis Montfort-sur-Boulzane (726 m)

Publié le par gibirando

 

Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons des Beatles composées par John Lennon et Paul McCartney. Elles sont jouées successivement par Chris de Burgh (The Long And Winding Road), par Rufus Wainwright (Across the Universe), par The Analogues (The Fool On The Hill et Good Night)

La Serre de Monfort (1.141 m) depuis Montfort-sur-Boulzane (720 m)

La Serre de Monfort (1.141 m) depuis Montfort-sur-Boulzane (720 m)

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Au printemps 2017, et au départ de Montfort-sur-Boulzane, j’étais parti en solitaire découvrir la Crabixa, montagne ô combien riche dans sa biodiversité selon l’INPN, c'est-à-dire l’Inventaire National du Patrimoine Naturel. Si le sommet de la montagne, à 1.595 m d’altitude s’était dérobé à moi ; bien trop boisé là où j’avais voulu le défier ; autant l’avouer, j’avais été immensément enchanté de tout le reste. Cols de la Couillade, de l’Hommenadel et de l’Hommenet puis Bois de l’Orri et Vallon des Escoumeilles, grâce aux incroyables panoramas aperçus, grâce à une faune si présente et à une flore si luxuriante, cette randonnée est très longtemps restée dans ma tête.  En réalité, elle n’est jamais complètement sortie de ma mémoire puisque l’envie de retourner dans ce secteur est encore là en ce 10 juillet 2019. Il faut dire que j’avais également gardé en tête, mais également en photo, ce grand panneau de bois aperçu à l’instant même où j’en avais terminé.  « Serre de Montfort », il y avait écrit dessus. Et plus bas 8,5 km et 2h30, c'est-à-dire des critères très modestes dont j’avais la conviction qu’ils seraient facilement réalisables par Dany, souvent dans le doute depuis son opération du genou quand il s’agit de randonner. Là, et après les 2 randonnées ariègeoises (Cabanes du Goutets et Tuc de Montcalivert) qui s’étaient formidablement passées, j’étais très confiant. Seule, sur l’instant, la notion de dénivelé m’avait laissé perplexe car le panneau indiquait 720 m pour le plus faible d’entre eux, mais depuis j’avais acquis la certitude qu’il s’agissait de l’altitude au départ de Montfort. En ce 10 juillet, le ciel est bleu, le soleil brille de tous ses feux, tout est donc parfait et surtout cette balade est dans les cordes de Dany. De plus, je connais ses goûts, je sais qu’elle va aimer cette marche en forêt et ces clairières lumineuses qui ne manqueront pas de s’ouvrir sur des panoramas lointains. Dans cette journée qui s’annonce exceptionnelle, seul mon appareil-photo tout nouveau me tracasse un peu. Ne pas réussir à prendre de jolies photos reviendrait à me gâcher cette balade et peut être même la journée. Résidant à Urbanya, ce matin nous nous sommes levés plus tôt qu’à l’habitude. Ria, Cattlar, le col de Roque Jalère, Sournia, Rabouillet, le col d’Aussières, la route est longue et sinueuse depuis Urbanya, mais ô combien magnifique. À elle seule, elle est déjà un merveilleux voyage pour les yeux et les arrêts se multiplient au moins quand il s’agit d’admirer le Canigou et bien d’autres montagnes ou vallées. De plus, une grande partie de ce secteur me ramène 5 ans en arrière et à un fabuleux Tour du Fenouillèdes réalisé avec mon fils. 5 Jours à gambader dans ces paysages que nous traversons, de la Serre de Sournia à la forêt de Boucheville en passant par les Terres Noires. Après ce long périple routier en Conflent et Fenouillèdes, il est 10h15 quand nous garons la voiture à Montfort-sur-Boulzane. Au même endroit que le jour de la Crabixa, tout près de cette ancestrale faneuse en bois à la sortie nord du village. Connaissant la suite jusqu’au lieu-dit la Couillade, j’ai bien l’intention de ne rien changer à mes habitudes, c'est-à-dire flâner et photographier ce que la Nature voudra bien m’offrir. Nous démarrons tranquillement, passons devant le monument aux morts, empruntons les mêmes ruelles qu’il y a 2 ans et le même chemin essentiellement forestier s’élevant longuement vers le lieu-dit.  Tout est quasiment pareil sauf que je ne marche plus tout seul. La différence est de taille, et ce d’autant que si Dany ne court pas, elle ne me laisse guère le temps de photographier la Nature comme j’avais pu le faire précédemment. Alors, je reste néanmoins aux aguets et quand un sujet se présente ; fleur, oiseau ou papillon ; je me laisse distancer sachant que c’est au train que je vais regagner le terrain perdu. Ce chemin longeant en grande partie le Ruisseau de Rambergue est agréable. Il s’élève certes en permanence mais la déclivité est si modeste qu’elle n’est pas vraiment une contrainte. Si les oiseaux et les papillons sont rares dans ces sous-bois ; je n’ai photographié qu’un seul rossignol et trois papillons différents ; de nombreuses fleurs viennent à mon secours dans cette envie permanente d’immortaliser la Nature. Par bonheur, un écureuil roux et espiègle est venu dès le départ égayer notre mise en jambes.  Depuis ce divertissant épisode, je sens bien que Dany n’a pas sa facilité habituelle. Elle ne se plaint jamais mais m’attend souvent dès lors que je prends un peu de retard avec mes photographies. A l’approche de La Couillade, mais sans réellement se plaindre, elle finit par me demander « la montée est encore longue ? ».  En réalité, je lui dis que je n’en sais trop rien. Ce large chemin montant vers la Couillade est quasiment rectiligne et tous les abords se ressemblent. Seule ma montre est là pour m’aider un peu. Je lui dis « nous y serons dans 10 minutes maxi ». En réalité, il n’en faut que la moitié, et quand un grand pan de ciel bleu s’ouvre au-dessus de nos têtes, je lui dis « je crois que nous y sommes ! « Sans doute a-t-elle un peu souffert dans cette longue montée, car immédiatement elle éprouve le besoin de se poser puis même de rallonger cette halte pour entamer son pique-nique. Il faut dire qu’il est déjà 12h10. Moi, et avant même de déjeuner, je mets tout en œuvre pour tenter de photographier la Nature. Comme je le fais depuis quelques temps déjà, et quand la balade s’y prête, je dépose une grosse poignée de graines dans un endroit tranquille mais bien visible afin d’attirer des oiseaux. Sandwich dans une main et appeau dans l’autre, j’alterne les bouchées et les chants d’oiseaux. Dans l’immédiat, et or mis un pinson et une mésange charbonnière qui se sont un peu approchés, aucun passereau ne veut de mes graines et ne répond vraiment à mes sifflets. Même en changeant d’appeau, rien n’y fait. Aussi, le pique-nique terminé et Dany s’étant allongée sur l’herbe, je file photographier des fleurs et des papillons très nombreux ici dans ce secteur. Il faut dire que tout se prête à la présence d’une faune diversifiée dont les insectes sont de loin les plus présents et les plus visibles. Ici, les nombreux feuillus se mélangent aux conifères. Il y a aussi de grands prés donc un avec un enclos recevant de temps à autre quelques troupeaux et leurs déjections.  Il y aussi des clairières et les ruines d’une vieille bergerie. Quelques sources, dont celle de Rambergue, ne sont pas loin. Alors je reste confiant pour enregistrer quelques belles photos même si je ne maitrise pas totalement mon appareil. Dans l’immédiat, et Dany s’étant quelque peu assoupie, j’en profite pour prospecter toutes les prairies et les bois alentours. Au bout d’un quart d’heure, quelle n’est pas ma surprise de voir un jeune chevreuil immergé d’une fougeraie, non loin du pré où j’avais pu en photographier un autre voilà deux ans. A 50 mètres de moi, il s’éloigne sans vraiment détaler alors je tente plusieurs rapprochés quasiment au jugé mais néanmoins dans une précipitation qui ne présage rien de bon. « Enfin, je verrais bien » me dis-je.  A l’instant où je reviens vers Dany, je constate que quelques oiseaux ont déjà repéré le petit tas de graines. Des mésanges notamment. Bleues, nonnettes, huppées et charbonnières sont les plus présentes mais les plus fugaces aussi. J’ai également aperçu deux pinsons, un rouge-gorge, un rougequeue noir et une sitelle. Je suis ravi car je ne m’attendais pas à une telle affluence en si peu de temps. Il est vrai que nous sommes-là depuis plus d’une heure. Dany s’étant réveillée, je lui demande de patienter le temps que je m’essaie à quelques photos ornithologiques. Elle accepte et part ramasser des fraises sauvages, plutôt nombreuses dans le coin. Moi, je pars me cacher mais avec vue sur le petit tas de graines. Finalement, un mur de la bergerie en ruines toute proche est la cache la plus sûre, même si au passage il me faut écraser de nombreux épineux pour créer un poste de guet dépourvu de cuisantes échardes.  Finalement, je vais réussir trois ou quatre photos d’oiseaux bien au-delà de mes espérances. Il est temps de se remettre en route, direction cette fois la "Serre de Montfort" que je ne connais pas. Le sentier continue de s’élever très modestement dans une forêt où les feuillus et les résineux, tous très beaux, se partagent l’espace. Un nouveau petit collet est atteint puis le chemin bascule avec une vue superbe sur une vaste prairie de fauche mais également sur les contreforts plus ou moins boisés du Pic Dourmidou, du Pech Pedré et de la Montagne de Crabixa. La prairie, elle, a été récemment fauchée et plusieurs bottes bien rondes de paille sont là soigneusement rangées à son extrémité. Voilà donc la partie la plus visible de la Serre de Montfort, même si je sais qu’elle se poursuit plus loin sur la gauche, c’est-à-dire vers l’est. Avant de venir, j’ai longuement analysé une vue aérienne sur Géoportail, et je sais, qu’outre le nôtre, d’autres chemins y circulent. Sans Dany avec moi, j’aurais sans doute tenté l’aventure de les emprunter, mais aujourd’hui je préfère me cantonner au circuit choisi. L’aventure m’aurait d’autant plus tentée, qu’outre ces chemins ; il y a paraît-il les ruines d’un ou deux vieux castrums médiévaux, mais les quelques renseignements que j’ai pu trouver sur Internet sont nettement insuffisants pour se lancer dans une recherche opportune.  D’ailleurs, et si j’en crois ce que j’ai lu de l’Histoire de Monfort, il y aurait eu plusieurs forts, tours défensives ou châteaux protégeant le village et ses alentours, dont un fort originel qui aurait donné son nom latin de « Montis fortis in valle alba », que l’on peut traduire en « Montfort dans la vallée blanche ». Ce Castrum de Montefortis, lié au système défensif du château tout proche de Puilaurens, et avec lui la partie la plus ancienne du village, seraient situés sur le Roc d’al Castiellas. Ce lieu-dit, je ne l’ai jamais trouvé sur aucune carte.  Toutefois, et selon les quelques renseignements lus, il est clairement indiqué comme étant à l’ouest du village actuel, et donc on peut raisonnablement supposer qu’il n’est pas très loin de la Serre de Montfort. L’ensemble, castrum et hameau, aurait été détruit lors de la guerre entre la France et l'Aragon en 1496.  Un autre castellum, dont il ne resterait que quelques moellons, aurait existé aussi sur un autre roc tout proche de la bergerie des Escoumeilles, et c’est en premier lieu celui qui m’aurait intéressé puisque cette bergerie est bien connue et parfaitement située, et surtout non loin du tracé d’aujourd’hui. Enfin, un manoir féodal, ancienne demeure seigneuriale au Moyen-Âge, existe encore dans le village actuel mais ses divers remaniements lui ont fait perdre son caractère primitif. Il serait occupé par la mairie. Enfin, il faut noter que la seigneurie de Montfort a été longtemps la propriété de la famille du Vivier que j’ai longuement eu l’occasion d’évoquer lors d’une autre balade intitulée « le Cami del Viver depuis Saint-Martin de Fenouillet ».  Voilà ce que j’ai pu lire sur Internet sur un remarquable site appartenant à un dénommé Jean Alain Monfort. Si vous voulez en savoir plus sur Montfort-sur-Boulzane et tous les Montfort en général, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce site, sans doute le plus complet sur ce patronyme. Alors qui sait, peut-être que ces vestiges et leur Histoire seront l’occasion rêvée de revenir ici pour une nouvelle balade ? Dans l’immédiat, et alors que je tente encore de photographier la multitude de papillons qui occupent cette prairie ; et que Dany est partie loin devant moi ; quelle n’est pas notre surprise d’entendre d’abord, puis d’apercevoir ensuite, une vieille « guimbarde » toute pétaradante remonter la piste et venir vers nous. Au delà du bruit que fait la voiture ; la vue de deux molosses courant derrière elle est bien plus angoissante. En courant, j’ai rattrapé Dany et désormais les deux chiens qui nous ont aperçus, nous vocifèrent dessus à seulement quelques mètres de nos jambes respectives. Nous rangeons nos bâtons télescopiques dans nos sacs à dos. La voiture arrive et un homme en descend. Il nous salue très brièvement et nous indique que ses deux chiens sont plus aboyeurs que méchants, surtout quand il est là précise-t-il. Les chiens continuant à courir autour de nous, et toujours en vociférant, babines bien moussantes, nous ne sommes qu’à moitié rassurés, surtout qu’il ressort de leurs gesticulations incessantes, un spectaculaire dynamisme et une incroyable force. L’homme se met à nous expliquer qu’il habite tout près d’ici, dans un mas isolé au milieu de la forêt, et qu’il a ressenti le besoin de dresser plusieurs chiens depuis qu’il y a quelques années des hommes sont venus le torturer pour tenter de le détrousser. Il rajoute qu’il ne vit que très modestement avec ses chiens, et si sa vieille guimbarde est déjà là pour justifier ses dires, sa très mauvaise dentition pleine de chicots en parachève leurs authenticités. Après cette troublante conversation, nous le saluons et reprenons notre chemin. Sa voiture ne redémarrant pas, nous lui proposons de la pousser mais il refuse notre aide. Après maints et maints essais infructueux, la voiture redémarre et disparaît bruyamment dans la prairie que nous venons de traverser. Ouf ! Les chiens disparaissent aussi. Le chemin emprunte désormais une bonne piste forestière et descend encadré d’immenses arbres. Un bout de la toiture de la maison de « l’homme aux chiens » apparaît au dessus de la canopée. Ainsi cerné par une haute végétation, le chemin devient forcément plus monotone et ce, malgré des fleurs et des papillons qui restent bien présents et que je continue de recenser photographiquement parlant. Un panonceau « point de vue » propose un allere retour au col de l’Hommenet. Nous en faisons l’impasse.  Les panoramas, eux, ont quasiment disparus et chaque petite fenêtre qui s’ouvre est l’occasion de s’arrêter pour observer celui qui se présente. Ce n’est que bien des décamètres plus bas et dès lors que nous enjambons puis dominons le Ruisseau des Escoumeilles qu’ils reviennent. La Serre de Montfort et son pinacle terminal sont désormais sur notre gauche. A l’aide de mon appareil-photo et en zoomant, j’essaie de voir si les ruines d’un château sont visibles mais la colline est bien trop éloignée pour acquérir des certitudes. Je ne vois que des bois ou bien quelques rares pierriers mais rien de suffisamment précis m’indiquant la présence de vieilles ruines médiévales. L’itinéraire zigzague un peu et longe désormais le Ruisseau des Escoumeilles se trouvant sur notre droite. Moi, sur cette piste presque rectiligne, je continue ma moisson de photos. Fleurs et papillons sont toujours bien présents.  Grâce à la présence du petit torrent, les oiseaux qui avaient quelque peu disparus refont surface. A cause de l’exubérance de la végétation, les photographier reste un difficile challenge. Patience et beaucoup de chance sont nécessaires. En général, la chance de photographier une oiseau se présente sur des branches mortes ou encore peu feuillues. Dans cette longue piste vers l’arrivée, seule la bergerie des Escoumeilles nous arrête quelques minutes. Plus loin, de nombreux chiens de chasse enfermés dans des enclos grillagés arrêtent Dany beaucoup plus longtemps. Au travers des grilles, elle tente d’offrir des caresses à tous les chiens « accessibles », lesquels en guise de suppliques, ne s’arrêtent pas d’aboyer. Il suffit de leur toucher le bout du museau pour qu’ils cessent.  Je suis certain que si Dany en avait la possibilité, elle leur ouvrirait les portes en grand pour qu’ils partent gambader. Dès lors que l’itinéraire tourne à gauche, suivant ainsi la courbe du ruisseau des Escoumeilles, je sais que Montfort n’est plus très loin. Quelques toitures apparaissent et le village est vite là. Nous le traversons tels deux lambins, tant il est joli à découvrir et que l’envie d’en terminer n’est pas encore totalement présente. Tout est prétexte à s’arrêter : une séculaire fontaine, un vieux lavoir, l’église, une tuile peinte, des hirondelles et des moineaux nichant sous les toits, des gros bouquets d’hortensias et quelques trépidants rougequeues noirs. Finalement, la vue du grand panneau en bois esquissant cette balade met fin à cette flânerie. La voiture est là. Cette balade telle qu’expliquée ici a été longue de 9,6 km. Les montées cumulées ont été de 730 m. Le dénivelé est de 414 m entre le point le bas à 726 m au départ de Montfort et le plus haut à 1.140 m au niveau du collet avant de descendre vers la Serre de Montfort. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

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