• La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

    Ce diaporama est agrémenté de la sublime musique du film de Claude Sautet "Les Choses de la vie" (avec Romy SchneiderLea Massari et Michel Piccoli) composée par Philippe Sarde. Le diaporama inclus successivement la "Bande originale du film", puis "La Chanson d'Hélène" interprétée par Patrick Fiori et Micheline Presle (paroles de Jean-Loup Dabadie et Michel Legrand) et une version instrumentale plus moderne de Bakinec Music.

    La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

     La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

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    Cette courte balade que j’ai intitulé « La Boucle autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya » mérite quelques explications que je mets en renvoi (*) au bas de ce récit afin de ne pas le surcharger plus qu’il ne faut. Quand je suis en villégiature à Urbanya, c’est-à-dire quasiment du mois d’avril ou mai jusqu’en septembre ou octobre, j’essaie constamment de trouver de nouvelles balades, de nouveaux terrains de jeux, de nouvelles raisons d’assouvir ma passion pour la marche et la Nature. Autant l’avouer, ce n’est pas toujours facile, sauf à s’éloigner toujours plus loin du village et de ma maison. Alors bien sûr, s’il m’arrive très souvent de m’éloigner de ma petite maison et de gambader hors des sentiers battus, il y a des jours où je recommence des boucles pédestres déjà faites des dizaines de fois. Avec ces 2km et des brouettes, ce petit circuit pédestre que je vous propose ici fait partie de ces boucles-là.  Ayant déjeuné tôt, il est 12h quand nous démarrons de notre maison, direction le bas du village et le chemin de l’église. En effet, plutôt que de monter vers le « Sarrat », ce qui aurait été plus logique au regard ce que j’écris en exergue de ce récit (*) , j’ai décidé de le réaliser à l’envers parce que tout simplement il est plus facile à expliquer et donc à réaliser dans ce sens.  Alors que Dany démarre sur les chapeaux de roue, je traîne déjà derrière elle bien captivé par le patrimoine d’Urbanya, quelques oiseaux, des papillons et des fleurs que je m’évertue à vouloir photographier. Elle rouspète un peu me rappelant constamment « mais tu l’as déjà photographié des centaines de fois ! ». Voilà déjà pas mal de temps que je ne lui réponds plus car elle sait parfaitement que chaque balade est pour moi totalement nouvelle. Nouvelle balade, nouvelle histoire à raconter, nouvelles photos et nouveau reportage sur mon blog. Oui, elle sait très bien que chaque nouvelle randonnée est pour moi une nouvelle péripétie suivant ainsi la Nature qui elle aussi est constamment dans un perpétuel changement. Oui, quand je marche, j’ai cette envie permanente de découvrir, d’observer, d’apprendre et d’essayer ensuite de colporter de mon mieux tout ce que j’ai découvert au travers de mes récits.  Elle sait tout ça parfaitement, alors pourquoi râler ? Après un bref détour jusqu’au calvaire qui a été récemment rénové et embelli, c’est au pied de l’église que nous empruntons la piste DFCI C060 qui sera notre principal fil conducteur. Nous l’emprunterons jusqu’à la quitter un peu plus haut et un peu plus loin et dès la première intersection rencontrée sur la droite. De toute manière, cette balade est plutôt courte et parler d’emblée de distances n’a que peu d’intérêt. Dans l’immédiat, après quelques virages, la piste terreuse se fait plus rectiligne, ce qui me permet de garder Dany en ligne de mire et de revenir sur elle dès lors que je me suis attardé pour mes multiples photos. Il va en être ainsi jusqu’à l’intersection citée ci-avant et une partie de cette boucle que je qualifierais « hors de la piste battue » (en bleu sur la carte IGN). C’est là en dessous que se situe sans doute « le Sarrat », colline allongée aux limites assez indéfinissables car désormais envahie par l’épaisse forêt presque essentiellement de feuillus. Le Sarrat et ses feuillus à droite et La Matte ; que j’ai déjà décrite dans ce blog ; avec ses résineux à gauche, voilà une description simpliste du terrain que la piste DFCI coupe en deux. Simpliste mais elle est quand même en grande partie la réalité.  Bien qu’il y ait diverses essences dans le Sarrat, les frênes sont les plus nombreux. Il est vrai qu’avec leurs « samares » qui s’envolent à tous les vents, ils ont un pouvoir très important de reboisement spontané. L'intersection de cette deuxième partie qui a consisté à quitter la piste DFCI C060 au profit du premier chemin se présentant sur la droite constitue le point culminant. On est à 1.060m d’altitude. Il faut emprunter ce chemin herbeux jusqu’à rencontrer une barrière métallique. Là, il faut partir à droite en longeant la clôture qui est la continuité de la barrière. Tout droit , il s’agit d’une impasse où il y a seulement des sources captées. Cette partie terminale étant un peu moins praticable, elle nécessite un peu plus d’attentions. Si ces précautions sont souvent incompatibles avec ma passion pour la photo naturaliste, la bonne connaissance des lieux me permet de savoir ce que je peux faire et où le faire. Cette clôture à droite est quasiment rectiligne. Il faut toujours la longer du côté droit en évitant surtout de ne pas trop s’en éloigner pour ne pas la perdre de vue. Ne pas la quitter permet de ne pas s’égarer dans les bois et surtout d’apercevoir sur la gauche et en contrebas le Correc de Saint-Estève, qui est un étroit ruisseau, affluent de la rivière Urbanya. Avant d’y parvenir, et si vous êtes curieux, vous ne manquerez pas d’observer les nombreuses terrasses qui occupent cette forêt, laquelle comme déjà indiquée, a été plantée dans le milieu des années 60. Les terrasses sont plus nombreuses à droite qu’à gauche de la clôture, ce qui tendrait à prouver que la « caminole » que nous empruntons était déjà peut-être un ancien sentier séparant des parcelles de différents propriétaires. L’ancien Chemin de Sarrat ? On peut le penser en observant une vue aérienne de 1953 sur Géoportail où on voit clairement un chemin monter en zigzags vers de longues terres apparemment cultivées. Avec quelques rares casots ruinés,  ces terrasses sont les seuls vestiges visibles de ce temps passé où les cultures vivrières permettaient au village de vivre en autarcie. Alors bien sûr, sur ce sentier pentu peu évident et parfois herbeux, soyez prudents. Quelques clôtures transversales seront à enjamber mais je vous rassure, elles ne sont pas (plus) électrifiées. Une fois parvenu au ruisseau qui arrive de la droite, débrouillez-vous pour l’atteindre et le traverser. Plusieurs caminoles y mènent. Un bon sentier est là qui démarre. Il est la suite logique du « Chemin de Sarrat » où se trouve ma maison. De toute manière, au bas de la descente, et malgré la dense forêt, vous apercevrez les premières maisons. Les plus visibles sont celles d’Alan West et de Pierre Goze, mes voisins que j’ai déjà cités. Au-dessus de leurs maisons, vous verrez apparaître deux hautes antennes mais aussi une citerne qui n’est ni plus ni moins que la château d’eau de la commune. Le drapeau catalan, la fameuse « senyera » y flotte au-dessus en permanence. Cet ensemble de constructions vous donnent une belle idée de la direction à suivre. Si vous avez bien suivi ces instructions, vous allez inévitablement atterrir sur « le Chemin de Sarrat ». Si je suis sur ma terrasse n’hésitait pas à venir me voir, sauf si c’est pour m’engueuler bien sûr parce que vous aurez galéré. Nous galérons aussi mais à la différence près est que nous connaissons parfaitement les lieux désormais. Dans le cas contraire, j’aurais toujours une bière, un jus de fruit, un  muscat ou un pastis à vous offrir. Le tout bien frais bien sûr ! Telle qu’expliquée ici, cette modeste balade est longue de 2,6km pour des montées cumulées de 203m et un faible dénivelé de 146m. Le point le plus haut se trouve à 1.016m à la fameuse intersection de la piste DFCI C060 avec le chemin cité plus avant dans le texte et le plus bas à l’église du village à 870m. C’est donc une balade plutôt facile, la seule difficulté résidant dans le suivi de la clôture et le retour en descente jusqu’au village. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

    (*) Explications concernant le nom propre « Le Sarrat », en catalan « El Sarat » : Ce nom de « Sarrat » , vous ne le trouverez qu’assez rarement tout seul sur une carte IGN et ici à Urbanya c’est le nom qui a été donné à une simple petite ruelle. Cette simple petite ruelle, c’est celle où j’ai ma maison. En effet, à Urbanya, voilà déjà 12 ans que je possède une vieille maison de montagne (2eme moitié du 19eme siècle) au sommet d’une ruelle pentue qui s’intitule « Le Chemin de Sarrat ». Alors bien sûr, le mot « chemin » faisant souvent « tilt » dans la tête du randonneur très curieux que je suis, j’ai tenté à diverses reprises de comprendre pourquoi ce nom-là ? Pas simple ? Oui pas simple, car les informations écrites à propos de ce chemin sont inexistantes,  sauf peut-être à aller les chercher dans les vieilles archives du village. J’ignore d’ailleurs où se trouvent ces archives, le village ayant été pendant 10 ans ; de 1973 à 1983 ; rattaché à la commune de Ria-Sirach. D’ailleurs, le jeu en vaut-il la chandelle ? Je ne le pense pas car j’ai l’intime conviction que ce nom a pour origine une ancestrale tradition orale. De ce fait, il me paraît plus logique de chercher directement dans la linguistique. En effet, et comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire à propos d’autres randonnées, on sait très bien ce que signifie le mot catalan « sarrat ». Sur Internet, il y a pléthore d’informations toponymiques à son propos. En français et sur les cartes cadastrales, il est traduit le plus souvent en « serrat » et ce n'est pas moi qui le dis mais l’éminent géographe toponymiste Jean Becat. Voyez ce qu’il a écrit à propos des différents « sarrats » d’Urbanya (je devrais plutôt écrire d’Orbanyà) en cliquant sur ce lien. Alors étonnamment absent des dictionnaires français que signifie le mot « serrat » ? On le trouve dans le Larousse sans le « t » final et la définition qui nous est donnée est « montagne dans les pays de langue portugaise ».  Or mis l’aspect portugais, on n’est pas très loin de la définition « catalane » mais on chauffe.  En réalité et dans la linguistique géographique française ou pyrénéenne, il peut effectivement se traduire en « montagne » mais plus généralement de diverses façons comme une  ligne de crête, une sierra, une serre, un col, une colline, un  dôme, une éminence, un sommet, un coteau, un relief et donc une hauteur et que sais-je encore. Assez souvent c’est la région qui détermine elle-même sa propre définition. Ici une petite colline, là une longue crête et ailleurs un coteau. En occitan, il a parfois la même signification mais il peut-être aussi un enclos, un champ entouré d’un fossé voire un défilé étroit entre deux éminences.  Avec ce mot rien n’est simple. Toutefois,  ici à Urbanya et plus généralement en Catalogne et dans les Pyrénées, il avait jadis dans la bouche de ceux qui l’employaient une connotation plus simpliste. En effet, ce mot a pour origine une vieille racine occitane, « sar », signifiant « une terre allongée en altitude » quand à l’autre racine « ar », elle signifie « pierreux » (source La Dépêche.fr du 26/07/2011). « Le chemin de Sarrat » était donc le chemin permettant d’aller vers « des terres situées sur des hauteurs » et « pierreuses » le plus souvent. Plus tard, et pour être cultivées, ces terres ont été épierrées et très logiquement elles ont été soutenues par des terrasses dressées avec ces même pierres. De ce fait, leur forme allongée fut le plus souvent la règle et le nom alloué devint logique.  Ainsi le nom commun « sarrat » devînt le plus souvent un nom propre. Ce fut sans doute le cas ici à Urbanya comme ailleurs quand il est employé tout seul. Le berger montait son troupeau « Al Sarat » » et les habitants s’y rendaient également pour cultiver leur parcelle. Sur Géoportail, j’ai donc cherché sur de vieilles cartes aériennes si cette hypothèse tenait la route et là « bingo ! ». En effet, quand on regarde de vieilles cartes aériennes d’Urbanya, et notamment celles de 1950-1965, on s’aperçoit aisément que tout autour du village et dans ce secteur-là en particulier tout a beaucoup changé par rapport au présent. D’abord, « le chemin de Sarrat » était beaucoup long qu’il ne l’est de nos jours. Une carte proposée par « Esri World Topografic Map » le montre même montant dans la colline puis faisant une boucle se terminant en bas près du vieux cimetière. Cette boucle n’existe plus vraiment, même si l’accomplir reste encore possible en évitant les arbres et les arbustes. Mais plus clairement encore, une vue aérienne montre le chemin de Sarrat montant comme de nos jours puis continuant en zigzaguant vers des parcelles allongées et probablement cultivées justifiant pleinement sa toponymie (voir les 2 photos ci-dessous). On m’a également offert la copie d’une très vieille carte postale intitulée « Urbanya – Al Sarat » où l’on voit clairement cette colline pratiquement dépourvue de toutes hautes végétations. Il y a seulement quelques arbres au bord du Correc de Saint-Estève et clairement des zones plus claires bien délimitées qui sont sans doute des parcelles défrichées et donc cultivées. De quand date cette carte postale ? Je l’ignore car je n’ai qu’une photo. Ma maison qui date de la deuxième moitié du 19eme siècle est déjà là mais pas celles de mes voisins Alan West et Pierre Goze qui ont été construites dans une fourchette que j’estime allant des années 1955 à 1980 environ. Elle serait donc au mieux du début des années 50 voire bien antérieure. Une autre carte postale ; apparemment postérieure à la première ; laisse entrevoir le « Sarrat », derrière l’église Saint-Etienne, nettement plus envahi par la végétation. On y voit encore sur la droite quelques parcelles dépourvues de toute haute végétation, ce qui tend à prouver que des cultures étaient encore présentes. Quelques anciens du village, dont mon voisin Pierre Goze, me l’ont dit, la forêt actuelle a été plantée au milieu des années 60 et après un remembrement de différentes parcelles qui a débuté en 1964. Ceci est confirmé dans certains textes sur Internet dont Wikipédia. Il est donc fort probable qu’avant ces plantations d’arbres, certaines de ces parcelles aient été des champs de céréales ou des jardins potagers le plus souvent cultivées sur des côteaux en terrasses. Ces terrasses, ce sont les fameuses « feixes » catalanes constituées en pierres sèches et élevées de telle façon qu’elles permettent d’aplanir les sols et d’augmenter ainsi leur profondeur indispensable à la mise en culture et au stockage de l’eau. Ces terrasses sont encore bien visibles de nos jours. « Le Chemin de Sarrat » était donc utilisé pour se rendre sur ces lieux. Quelques autres hypothèses comme la présence de « serres vitrées ou plastifiées dans cette colline » ou bien « un chemin montant au pic de la Serra » se trouvant dans la même direction sont possibles mais aucune d’entre-elles ne m’a été précisée par les « anciens » du village. Alors bien sûr quand je vais me promener dans ce lieu désormais très boisé, je n’ai pas la prétention de cheminer dans les pas des anciens mais au moins cela me permet de marcher « moins idiot ». « Les Chemins de Sarrat » sont désormais légions. Ils sont le plus souvent tracés par des animaux qui circulent dans la forêt et qui y ont leurs habitudes. Qu’ils soient sauvages comme les cervidés, les renards ou les sangliers, ou pas comme les chevaux ou les bovins, ce sont eux qui tracent désormais les sentiers. Les animaux sauvages ont leurs couloirs mais la peur des hommes les oblige à en changer, engendrant ce que l’on appelle des « caminoles » ; nom en jargon pyrénéen donné à des sentes très étroites tracées par des animaux qu’ils soient sauvages ou pas. Cette crainte démultiplie le nombre de sentes au sein de la forêt. Les chemins d’antan, eux, ont disparu sous une végétation qui a repris ses droits car on sait tous que la Nature a horreur du vide. Le « Chemin de Sarrat » se résume désormais à une ruelle.


    La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya                           Le Chemin de Sarrat en 1953La Boucle Autour de Sarrat (Al Sarat) à Urbanya

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  • Commentaires

    1
    blogmontagne
    Vendredi 9 Décembre 2022 à 08:29

    Salut l'ami,
    je salive devant ces beaux récits et belles photos, moi qui ne peux plus randonner, continue de nous ravir les mirettes...

    Amicalement

    JC

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