• La Vallée "Era Artiga de Lin" et le Goueil de Jouèou (Val d'Aran-Espagne)


    Ce diaporama est agrémenté de diverses musiques de films composées par la compositrice anglaise Rachel Portman. Leurs titres : "We Had Today", "Little Edie On Chair", "Love Is Divine", "Wedding Jewels", "We All Complete", "Main Titles" (avec John Lenehan pianiste et David Snell, compositeur), "Passage of Time", "Vianne Sets Up Shop" et "End Titles" (From "Emma"/Score)"

    La Vallée "Era Artiga de Lin" et le Goueil de Jouèou (Val d'Aran-Espagne)

    La Vallée "Era Artiga de Lin" et le Goueil de Jouèou (Val d'Aran-Espagne) 

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    C’est fin mai lors d’un séjour d’une semaine dans le Val d’Aran que nous avons découvert l’Era Artiga de Lin (*). Nous avions loué un hôtel sympa à Betrén, petit village adjacent à la jolie ville touristique de Vielha. L’hôtel Ço de Pierra était sympa pour de multiples raisons. Son patron, déjà accueillant de nature, nous a mis tout de suite à l’aise en n’ayant aucune exigence supplémentaire car nous avions déjà tout réglé sur Booking.com. Il se contenta de nous remettre la clé et de nous indiquer les services dont nous pouvions bénéficier. La chambre était plutôt grande et disposait en sus d’une mezzanine et de ce fait il y avait 2 grands lits permettant de se reposer, de bien dormir et de regarder la télé le cas échéant. Ce ne fut pas le cas préférant le plus souvent la lecture et compulser les sites Internet pour les visites du lendemain voire des jours suivants. Le secteur en cette période hors saison étant très calme, le parking privatif, le petit déjeuner se présentant sous la forme d’un grand buffet où tout était à volonté, quoi demander de plus à cet hôtel rustique et paisible ? Seule la météo très maussade et un ciel souvent menaçant nous empêcha de faire les quelques petites balades pédestres que j’avais envisagées. On fut donc le plus souvent contraints de remplacer la marche pédestre par des promenades routières mais finalement il y a tellement de jolies routes, de beaux villages, de belles découvertes champêtres et montagnardes à faire que l’on ne vit jamais le temps passer. Du Val d’Aran au Luchonnais en passant par l’Aragon et le Pallars Sobirà, les kilomètres défilèrent sans jamais aucune lassitude. C’est ainsi qu’on découvrit beaucoup de belles choses mais aussi des lieux de restauration aussi divers que variés, allant de la « table familiale d’une dame âgée mais ô combien excellente cuisinière » à Sort jusqu’à la salle à manger d’une cathédrale à Roda de Isábena, petit joyau aragonais qu’on découvrit au pas de course car malheureusement sous une averse torrentielle..

    Parmi toutes ces découvertes, reste l’Era Artiga de Lin que je vous présente ici. Ce fut un vrai coup de foudre car après y être allé une première fois sous un ciel très gris, il nous sembla obligatoire d’y retourner lors de la plus belle journée de notre séjour. Quand je dis « belle journée » entendez simplement « quelques coins de ciel bleu ». Comment vous dire à son propos  ? Il nous semblait que ne pas y retourner c’était un peu comme si on avait voulu visiter Paris sans aller voir la Tour Eiffel, Montmartre ou les Champs-Elysées. Ce fut donc notre seule marche pédestre et quand je dis « notre », je devrais dire « je » car Dany peu en forme ce jour-là me lâcha très vite, et avant même le milieu de la vallée pour retourner vers la voiture. Il est vrai que la balade aller et retour que j’avais programmée était plutôt courte. Depuis le parking, où non loin de là se trouve un imposant et magnifique refuge, elle consistait seulement à remonter la vallée jusqu’au pied des premiers pierriers du cirque glaciaire où deux ou trois petits névés subsistaient. C’est donc pratiquement tout seul que j’ai accompli cet aller-retour puis le trajet jusqu’à la cascade Goueil de Jouèou (voir plus loin), Dany m’ayant rejoint là-bas en voiture. Mais quel parcours sur le plan visuel, photographique et floral ! Grâce à un renard coursant un jeune chevreuil et à quelques oiseaux et papillons, je peux rajouter « faunique ». Cette petite vallée est une pure merveille ! Un vrai spectacle ! Je serais bien tenté de vous décrire cette vallée et ce cirque glaciaire mais il y a tant de sites Internet qui en parlent bien mieux que je ne pourrais le faire que j’ai le sentiment que ma description aussi belle soit-elle serait de trop. Vous n’aurez aucun mal à trouver des liens sur n’importe quel moteur de recherches car si en hiver la route qui y mène est fermée à cause des risques d’avalanches, en période estivale le lieu est excessivement prisé. Et puis je me dis que de cette merveilleuse découverte, il restera toutes les photos de mon diaporama musical ainsi que le récit et le plan de la balade expliquée ici. Toutefois, outre tout cela, deux choses restent gravées dans ma mémoire. La première,  c’est une amusante anecdote. La seconde, c’est « l’eau ». Ici, dans ce secteur des Pyrénées, elle est omniprésente. Quoi de plus normal qu’il y ait de l’eau quand on sait que le nom « Val d’Aran » est un toponyme pléonastique signifiant la « vallée de la vallée ».  Or une vallée est un relief façonné par au moins un cours d’eau. Concernant l’anecdote, il faut savoir que pour rejoindre l’Era Artiga de Lin, il faut emprunter une jolie petite route depuis le village de Es Bordes. Ce village est situé au bord de la Nationale N-230 permettant de rejoindre Vielha depuis la France. Là , il suffit de suivre la « Carrer dera Artiga de Lin ». La route est excellente mais comme il s’agit d’une route de montagne, elle est étroite et surtout très souvent humide. Si étroite est un problème pour celui qui  conduit la voiture ; ici en l’occurrence moi ;  humide fut un problème pour Dany mais aussi pour moi car cette route étant très souvent parsemée de grosses limaces brunes ou noires (leur nom vernaculaire est souvent « Loche » et en latin « Deroceras), j’étais prié de les éviter. De ce fait, ma conduite se transforma en une compétition routière où le but était de rouler très lentement mais surtout d’écraser le moins de limaces possibles. Zigzags, ralentissements, estimations précises pour que les bestioles passent au mieux entre les roues, il me fallait calculer tout cela et en même temps faire attention aux éventuels autres véhicules susceptibles de me croiser ou de me suivre. Par bonheur, nous étions hors saison estivale où paraît-il les touristes affluent en grand nombre et tout se passa pour le mieux car nous fûmes pratiquement les seuls sur cette jolie route. Voilà pour l’anecdote prouvant que Dany et moi n’avons aucune limite dans l’amour pour les animaux. Il est vrai que ces limaces n’ont une durée de vie que d’environ un an et qu’il est donc important de ne pas la raccourcir arbitrairement pour notre seul plaisir. Le second souvenir qui m’a profondément marqué est l’eau coulant dans ce secteur des Pyrénées. Il m’a sans doute marqué car les Pyrénées-Orientales où j’habite sont constamment en forte pénurie. Ici, ce n’était pas le cas et avant même d’arriver dans la vallée, on voit de l’eau couler de partout. Il est vrai que la « Carrer dera Artiga de Lin » est parallèle au torrent Joéu qui est un des tout premiers affluents espagnols de la Garonne. Le Goueil de Jouèou (Uelhs deth Joeu en Aranais signifiant les Yeux du Diable ou de Jupiter), magnifique cascade que l’on découvre aussi lors de cette visite n’est-elle pas toujours considérée  par certains hydrologues comme étant la vraie source de la Garonne ? (https://books.openedition.org/pumi/41621?lang=fr). Oui, ce secteur-là a une chance inouïe d’avoir de l’eau en abondance. Aussi, une flore et une faune exceptionnelles y sont constamment présentes. L’ours brun y vient régulièrement faire quelques prudentes virées. Ses escapades n’empêchent nullement quelques passionnées de haute montagne de venir gravir les 3.404m du  pic d’Aneto, le plus haut sommet pyrénéen  étant accessible pour les plus costauds d’entre eux avec un simple aller-retour d’une journée à partir du même parking que celui où nous avons garé notre voiture. Oui, grâce à tout ce que je viens d’écrire cette vallée de l’Era Artiga de Lin restera gravé dans nos têtes. N’ayant procédé à aucune vraie préparation de cette balade, je ne suis pas à même de donner une distance accomplie. Je l’estime à moins de 10km et de toute manière, telle qu’effectuée et indiquée sur le plan IGN espagnol elle est vraiment facile. De plus, des panonceaux sont là pour vous aiguiller. Prudence toutefois autour du torrent Jouèou et de sa cascade, le bouillonnement monstrueux ne laisse aucun doute quant à la puissance des eaux qui s’écoulent ici. Une chute, et c’est un canyoning exponentiel assuré.

    Sinon que dire de plus : il y a aussi sur la route la Fontaine de Grésillun ou Grésilhon ainsi qu'une une chapelle dédiée à la Mère de Dieu (Mair de Diu en aranais) mais elle était fermée. A la bonne saison, une Centre d'interprétation accueille le public et un train touristique fait la navette du village d'Es Bordes jusqu'à la vallée. Dans le secteur, l'arboretum de Jouéou mérite le détour même si une mauvaise météo ne nous a pas permis une visite. Alors bien sûr, au départ du parking du refuge, bien d’autres randonnées bien plus difficiles sont possibles et vous n’aurez aucune difficulté à les trouver sur le Net. Enfin, vous serez sans doute nombreux à penser qu'il y a bien trop de fleurs dans ma vidéo. Mais que voulez-vous, la Nature en général, les fleurs, les papillons et les oiseaux en particulier sont devenus des passions. Je les aime, j'aime les connaître, les observer de très près et pour cela rien de mieux que de les photographier. Il y a tant à apprendre sur eux. Tout celà m'incite à penser que plus nous serons nombreux à les regarder de près, à voir leur diversité, leur beauté et plus nous serons nombreux à vouloir les protéger. Nous qui détruisons beaucoup trop la Nature sur cette planète, son avenir n'est-il pas associé au nôtre finalement ?

    (*) Toponyme Era Artiga de Lin : Comme toujours en pareil cas quand un toponyme m’interroge, je tente de comprendre si derrière son nom se cache une explication. Et finalement ici c’est assez simple puisque chaque mot a sa propre explication et qu’il suffit de réunir les 3 pour une bonne compréhension de l’ensemble. C’est ainsi que j’ai trouvé que le mot « era » était une zone de battage. En agriculture, le battage étant je vous le rappelle une technique permettant de séparer les graines d’une plante (épi, tige, fruit, graine, gousse, etc…).Le mot « artiga », je me souviens l’avoir déjà analysé lors d’une autre balade intitulée « La Serre de l’Artigue del Baurien depuis St-Paul-de-Fenouillet ». J’avais trouvé qu’il pouvait signifier soit « un terrain défriché soit labouré » Et bien ici, on peut supposer qu’il ait sensiblement la même explication. Enfin concernant le mot « lin », il s’agit tout simplement de la plante oléagineuse et fibreuse dont on tire la célèbre huile mais qui sert aussi à la fabrication du textile connu depuis la nuit des temps puisque les bandelettes de certaines momies avaient été tissées il y a plus de 8000 ans avec des fibres de lin. Le linceul, petite pièce de lin, tire également son nom de la plante.

    L’Era Artiga de Lin, c’était donc une terre qui avait été défrichée et déboisée où l’on cultivait du lin, lequel ensuite était battu. Comme très souvent en pareils cas, cette réunion de noms communs est devenue un nom propre par le fait même du langage oral courant. Les agriculteurs disaient « je vais à l’era artiga de lin », c’est à « la zone de battage du lin ». On peut aisément supposer que cette vallée que nous avons remontée, dont son vieux déboisement semble évident au regard de la forêt subsistante, constituait cette zone de culture et de battage. J’ai d’ailleurs pu photographié un pied de Lin cultivé près du refuge mais force de reconnaître que c’était le seul et que je n’ai pas réussi à en voir d’autres. Un cas isolé. Normal sans doute puisque nous étions fin mai et que sa floraison intervient au mieux à la mi-juin et sans doute encore un peu plus tard à cette altitude qui oscille entre 1.200 et 1.500m où la froidure est un élément souvent déterminant. Peu de fleurs de lin visibles dans cette vallée et à cette époque dont le genre compte environ 200 espèces parmi laquelle on trouve le Lin cultivé (Linum usitatissimum) étroitement apparenté au Lin sauvage ou bisannuel (Linum bienne) avec lequel d’ailleurs il est interfertile. Par contre, j’ai pu photographier une fleur de lin. En Aragon, j’ai pu photographié d’autres Lins, certains bleus comme le Lin de Narbonne (Linum narbonense) ou jaunes comme le Lin de France à trois stigmates (Linum trigynum) sans doute.

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  • Commentaires

    3
    Mercredi 11 Septembre à 05:18

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    1
    Dimanche 11 Février à 10:15

    Bonjour Gilbert

    Une agréable balade botanique avec toutes ces fleurs et de beaux paysages . Dommage que la météo n'ait pas été au sec ... ce sera l'occasion d'y retourner pour découvrir les autres chemins !

    Bon dimanche

    Amicalement , Patricia

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