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Le Château de Salveterra (400 m) depuis Opoul (côte 207 sur le D.9)
Diaporama sur une musique de Johan Söderqvist tiré du film "Let The Right One In", en français "Morse"
Si vous allez découvrir le château d’Opoul, comme j’ai pu le faire, avec une tramontane à 80 ou 90km/h avec quelquefois des rafales soufflant à plus de 100, voire sans doute supérieures parfois ; j’ai failli tomber à plusieurs reprises ; vous penserez immédiatement que si nos ancêtres l’ont appelé « Salveterra » c’est sans doute à cause de ça. La « Sauveterre », on y monte, terre en général hautement perchée, et le vent est tel qu’immédiatement on se sauve ! Eh bien non ! Vous n’y êtes pas du tout et c’est même presque le contraire ! Non, tous les toponymistes sont d’accord pour traduire « Salveterra » en « terre sauve » c'est-à-dire en « terre d’asile » et en tous cas en « terre jouissant d’un droit d’asile ». C’est ainsi qu’au Moyen-Âge, un « sauvetat » ou « salvetat », en français une « sauveté » était un lieu bien défini, en général près d’une église et délimité très souvent par des bornes, dans laquelle un fuyard ne pouvait pas être ni appréhendé ni même simplement poursuivi. L’Histoire raconte que ce château d’Opoul a été édifié en 1246 par Jacques 1er le Conquérant, roi d’Aragon, sur les bases d’un ancien « podium », le « Castlart d’Oped ». Le but était d’assurer la paix avec le Royaume de France en protégeant la frontière toute proche par une ligne de défense composée de plusieurs forteresses aragonaises dont Salses, Tautavel, Força Réal et bien sûr Oped. Le royaume de France possédait l’équivalent avec Aguilar, Quéribus, Peyrepertuse et quelques autres châteaux longeant la chaîne pyrénéenne piémontaise. Ici au « Castlart d’Oped », le lieu était si sordide et si venté que les candidats prêts à l’occuper ne se pressaient pas au portillon et du coup, le roi décida d’en faire une « Salva Terra », une terre protectrice. Aussitôt arrivèrent des vagabonds, des fugitifs mais également des paysans qui fuyaient les exactions et les guerres. Ils s’installèrent sur le plateau. Le hameau de « Salveterra » est né ainsi comme d’autres «Sauveterre» dans bien d’autres provinces de France, de Navarre et d’Aragon. La première mention écrite « Salveterra » date du 11eme siècle et tire son origine du latin « Salvam Terram » ou « Salva Terra ». D’autres citations du mot suivirent et figurent en bonne place dans les archives médiévales du « Trésor des Chartes ». Depuis le nom a guère varié même en passant du latin à l’occitan (Sauvaterra), ou de gascon (Salvaterra) au béarnais (Saubeterra) et enfin au français (Sauveterre), mais il a toujours gardé cette même signification de « terre sauve », une terre sur laquelle une communauté pouvait bénéficier d’une « charte de franchise », c'est-à-dire d’un certain nombre de privilèges et d’exemptions de taxes que le seigneur leur accordait pour les inciter à s’installer. Alors comme la douzaine de communes françaises et les innombrables lieux-dits portant ce nom de « Sauveterre », le château d’Opoul ne fait pas exception à cette règle instaurée ici par Jacques 1er d’Aragon. Voilà pour l’Histoire du lieu et du nom rapidement résumé. Pour mon pique-nique et malgré les ruines, j’y ai d’ailleurs trouvé asile sans trop de problèmes, au fin fond d’une salle voûtée pourtant ouverte à tous les vents mais très curieusement la tramontane, elle, n'y rentrait pas. Dans ce décor plutôt isolé, austère et même un peu lugubre, il faut bien le dire, seul le vent violent a eu envie de me chasser de là et malgré ma terrible envie de découvertes, il a fini par y parvenir bien plus vite que je ne l’aurais voulu. J’en suis donc parti à regret avec le sentiment de ne pas avoir tout vu. Pour cette randonnée, je suis parti de la côte 207 sur la carte IGN, croisement situé sur la D.9 peu après Opoul. Là, j’ai laissé ma voiture près d’une citerne verte D.F.C.I et j’ai immédiatement emprunté un petit sentier caillouteux coupant les deux premiers lacets de la route asphaltée montant vers le château. Un peu plus haut, j’ai retrouvé la route mais peu après, j’ai aussitôt opté pour un autre raccourci. En effet, une large piste caillouteuse part sur la droite et évite à nouveau un long cheminement sur le bitume. Si la déclivité est plutôt modeste, elle est néanmoins suffisante pour dévoiler de multiples et lointains panoramas : Plaine du Roussillon, massifs des Albères et du Canigou et premiers contreforts des Pyrénées enneigées. Beaucoup plus près, le village d’Opoul en contrebas, la côte Méditerranéenne et l’étang de Salses-Leucate et les premières « serras » des Corbières méridionales. Enfin, ce n’est pas seulement la tramontane qui m’a fait tourner la tête et les paysages y étaient pour beaucoup aussi. Du fait, l’objectif de mon appareil photo a fait de même. Quand au château, s'il est bien visible depuis un bon moment déjà, c'est essentiellement à cause de ses quelques remparts ressemblant à des chicots sur une gencive édentée. Cette gencive blanche, c’est la vaste plate-forme calcaire qui le supporte. Abstraction faite des fortifications, à lui seul ce plateau ressemble à une forteresse minérale. Dans ce plaisant cheminement, la seule chose que je regrette, or mis la tramontane, c’est ce ciel carrément coupé en deux avec de gros nuages gris sur la longue crête des Corbières et un bleu azur presque pur sur le Roussillon. La tramontane a coupé le ciel en deux et envoie valdinguer les nuages vers la mer. De ce fait, le firmament est moucheté de quelques altocumulus lenticulaires très épars. Cette coupure est juste au dessus de ma tête et par instant, j’ai même l’impression d’un désagréable crachin qui, heureusement ne dure que quelques minutes. Le chemin amorce un virage, laisse sur la gauche une aire de pique-nique et une citerne jaune et se termine sur le bitume de la route juste en face le grand parking du château. Ne connaissant pas les lieux, j’emprunte l’itinéraire qui me parait le plus simple et le plus direct pour monter vers le fort. Je traverse le parking tout droit, prend un large chemin puis un sentier plus étroit montant directement à droite vers les ruines des remparts. Là, je me retrouve devant quelques rochers puis un mur qu’il me faut escalader sur quelques mètres pour parvenir à une trouée dans les remparts du château. Si vous n’êtes pas féru de grimpe aussi minime soit-elle, je vous conseille, depuis le parking, d’emprunter un étroit sentier filant immédiatement à droite et se dirigeant vers une petite pinède. C’est plus long pour atteindre le plateau mais moins périlleux et donc plus sûr. Après le pique-nique, j’ai dans l’idée de faire une visite très approfondie de tous les vestiges et du plateau lui-même mais la tramontane a forci et semble décidée à contrarier ce projet. A plusieurs reprises, elle est à deux doigts de me pousser à la faute et de me faire tomber. Grâce à un planté très ferme de mon bâton de marche, j’évite le pire, c'est-à-dire de choir au fond d’une séculaire « cellera » souterraine que je suis entrain de photographier. Etant tout seul sur cette masse aride et rocheuse, il ne m’en faut pas plus pour prendre mes jambes à mon cou et décamper de ce lieu si hostile. Ce n’est pas vraiment de la peur mais mon éternelle étourderie m’ayant fait oublier mon téléphone portable, je trouve que c’est plus prudent d’en rester là, et ce d’autant que d’autres découvertes sont au programme et que le ciel demeure toujours incertain. Au loin, vers Périllos et son Montolier, le ciel est très gris et la colline gravie l'an dernier plus terne encore. J’entreprends donc de faire le tour du plateau car sur la carte IGN figure un chemin circulaire et deux grottes que je veux impérativement aller voir : la Cauna Negra et la Cauna Roja. Je suis d’autant plus enthousiasmé que j’ai appris que les flancs du plateau recèlent des marnes fossilifères. Je fais donc le tour du plateau sans aucun problème, un large chemin en forme de vélodrome étant tracé à cet effet. En observant chaque éboulis, chaque talus, je trouve assez facilement quelques fossiles intéressants dont trois sont clairement de vieux mollusques bivalves quand au quatrième, il ressemble plutôt à un ver marin. Enfin, il suffit d’observer certains agglomérats limono-argileux reconnaissables à leur couleur rougeâtre pour qu’aucun doute ne subsiste quand à la présence de la mer ici dans des temps très reculés. On y décèle le dépôt d’infimes algues fossilisées et parfois même de minuscules coquillages. Depuis le chemin, on peut noter aussi la présence quasi permanente de remparts dans chacune des anfractuosités du plateau mais également des tours fortifiées sur son aile nord. Les grottes, elles, ne présentent pas un grand intérêt, il faut dire que je ne suis pas trop téméraire quand il s’agit de progresser seul dans une caverne, qui plus est sans lampe comme c’est le cas. Après ce tour du plateau, je m’arrête à la table d’orientation dominant le village d’Opoul. Je l’ai remarqué grâce à ma carte IGN. Elle se trouve en face du parking du château. On regrettera qu’elle ne soit pas indiquée et qu’en outre n’étant pas visible depuis la route, on peut supposer que de nombreux touristes y passent à côté sans la découvrir. Après cette visite du château et de son plateau calcaire, je reprends la route direction la Ginevrède (la Génevraie). Au premier virage, je poursuis tout droit pour emprunter la route de la Vall Oriola mais juste après un pylône à haute tension se trouvant sur la gauche, j’emprunte un bon chemin descendant dans la Coma de l’Agla (la Combe de l’Aigle). Là, en marchant au pied de la petite falaise, dernier épaulement du vaste Pla de la Llaquera (plateau du Laquet), je suis bien à l’abri du vent et ça me change des rafales que j’ai pris en pleine poire depuis le début de la balade. C’est d’autant plus agréable que la tramontane a chassé tous les nuages et que la balade s’effectue désormais sous un chaud soleil. Est-ce l’absence de vent, la tranquillité du lieu et la présence d’une pinède mais les passereaux y sont plus nombreux que nulle part ailleurs. Je me poste avec mes appeaux et en moins d’une heure, je réussis à photographier un monticole bleu, un rouge-gorge et une jolie fauvette à lunettes. Après cette jolie moisson photographique, je repars. La falaise se termine et avec elle, l’abri du vent aussi. J’ai atteint le fond de la combe. Ici, circule le Correc dels Vivers et la tramontane me rappelle aussitôt à son bon souvenir. Tout comme moi, elle s’engouffre dans la petite gorge du « correc » mais ce n’est pas pour les mêmes raisons. Les miennes sont plutôt localisées car le but de cette marche dans le ruisseau asséché est d’aller découvrir l’étrange grotte de la Nantella. Etrange car l’entrée de cette grotte toute proche est constituée d’un joli fronton en pierres maçonnées comme on le faisait dans le temps avec les matériaux du coin : calcaire blanc et terre argileuse rougeâtre. La toiture a disparu mais la bâtisse devait être très belle avec notamment une grande pièce présentant une très jolie arcade et de nombreuses ouvertures permettant sans doute d’y faire rentrer le soleil. Les pièces donnent ensuite sur l’entrée de la grotte et de ce fait, bien évidemment on pense immédiatement à un ancien habitat troglodyte. Alors était-ce un moulin à cause du ruisseau qui se trouve juste devant ? Etait-ce une bergerie bien que son unique accès par le petit canyon semble peu propice à la venue d’un troupeau ? Etait-ce l’entrée d'une mine aujourd’hui oubliée ? Etait-ce plus simplement l’habitat d’un homme original qui cultivait des lentilles puisqu’il semble que le nom « Nantella » soit une variante du toponyme « Nantilla », lieu où l’on cultivait cette légumineuse ? Le mystère reste entier et je n’ai rien trouvé sur Internet permettant de donner un début d’explication. Aujourd’hui, et malgré son état de délabrement, il semble que la grotte ait été encore très récemment « squattée » car on y trouve un matelas deux places, plusieurs matelas en mousse, un grand canapé en cuir et un tapis et divers petits objets usuels. La grotte est à priori et de très loin la plus spacieuse des trois que j’ai visité au cours de cette balade. L’absence d’une torche m’a encore une fois contraint à écourter la découverte. Il ne me reste plus qu’à rejoindre la voiture, ce que je fais en suivant le lit du « correc » jusqu’au petit pont de la D.9 qui l’enjambe. Là, je poursuis l’asphalte sur moins d’un kilomètre, en longeant la Coma de Raó jusqu’à la côte 171 puis juste avant le virage, j’emprunte un étroit sentier filant tout droit dans la garrigue et me permettant une nouvelle fois de raccourcir l’itinéraire. Ma voiture est là sur le terre-plein et en observant mon pneu avant gauche, je m’aperçois que je me suis arrêté à quelques millimètres à peine d’un énorme et magnifique « Orchis géant » tout rose. Ecraser en janvier une aussi jolie fleur alors que la flore aperçue ne se résume qu’à quelques romarins, ajoncs ou pissenlits aurait été fort dommage. La randonnée telle qu’expliquée ici a été longue de 10 km environ. Le dénivelé de 255 mètres est peu significatif, le point le plus haut est bien évidement situé sur le plateau à proximité du château à 400 mètres d’altitude. Les montées et descentes cumulées sont de 610 mètres. Bonnes chaussures à tiges hautes sont vivement conseillées dans ce pays de caillasses et bien évidemment emportez de l’eau en quantité suffisante si vous envisagez de faire cette balade à la saison chaude. Carte IGN 2547 OT Durban – Corbières – Leucate – Plages du Roussillon Top 25.
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