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randonnee

La Boucle de Tarerach au départ du col des Auzines

Publié le par gibirando

 

Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons du chanteur et musicien américain Glen Campbell. Elles ont pour titre : " Rhinestone Cowboy', "Gentle On My Mind", "By The Time I Get To Phoenix", "Yesterday, When I Was Young" et "Wichita Lineman"

La Boucle de Tarerach depuis le col des Auzines

La Boucle de Tarerach depuis le col des Auzines

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Si en décembre 2012, nous avions réalisé une longue randonnée au départ de Tarerach avec comme objectif « la chapelle ruinée de Séquières », j’ai souvent pensé qu’autour de ce joli village plusieurs autres balades étaient possibles. Ce raisonnement était né bien antérieurement, et notamment au cours de l’année 2011, quand j’avais analysé la carte IGN afin de préparer « Le Tour des Fenouillèdes » que nous allions, mon fils Jérôme et moi, accomplir en 5 jours au cours du mois de septembre de cette année-là. Oui, autour de Tarerach, les pistes, chemins et sentiers y étaient suffisamment nombreux pour inventer d’autres boucles pédestres. C’est ainsi qu’est née cette « Boucle de Tarerach au départ du col des Auzines », une balade plutôt facile parmi bien d’autres restant encore possibles. Cette affirmation est d’autant plus vraie que ce jour-là nous avons côtoyé un petit groupe de randonneurs d’Argelès-sur-Mer qui avaient imaginé un autre parcours que le nôtre, également non répertorié sur aucun topo-guide. Il est 10h quand nous rangeons notre voiture à proximité du col des Auzines mais au bord de la D2 menant à Sournia. Nous démarrons en empruntant la piste se dirigeant vers le plateau de Séquières. Il s’agit d’une piste DFCI portant la codification F76. Ici, la garrigue méditerranéenne et les magmas granitiques plantent le décor. De manière très insolite, une toute petite mais jolie habitation s’élève là comme ayant émergée on ne sait par quel miracle de cet âpre univers. La carte IGN lui attribue le nom de « Bergerie Bénard » mais à bien la regarder et compte tenu de sa taille si réduite, on pense d’abord à la maison d’un schtroumpf et non pas à celle d’un berger. La piste est plane et donc agréable à cheminer. Comme toujours, je cherche à recenser la faune et la flore mais force est de reconnaître que sur cette piste j’ai vite fait le tour. La faune se résume à quelques fauvettes et pouillots difficilement identifiables tellement ils sont véloces quant aux plantes fleuries il n’y a ici que des bruyères arborescentes et de rares hellébores fétides. Pour les oiseaux, il se feront plus présents à l’approche des rares habitations puis de Tarerach, quant aux fleurs, elles se présenteront assez aléatoirement au fil du chemin.  De ce fait, je suis plutôt enclin à observer les paysages. Si la piste domine le profond vallon de la Rapane, c’est surtout les horizons alentours ou lointains qui attirent le regard. Quelquefois blanchis de neige pour les plus hauts d’entre eux,  ils ont pour noms « Sarrat d’Espinets », « Sarrat de l’Albèze », « Terres Noires », « Sarrat Naout », « Pech du Bugarach » « Pech des Escarabatets », « Pic d’Estable », « Pech Pedré » ou « Pic Dourmidou », autant d’élévations qui nous ramènent parfois à quelques balades passées mais le plus souvent aussi à quelques années de moins où nous ne comptions ni la hauteur des dénivelés ni les distances à parcourir. Ce temps passé est révolu et les 9 kilomètres d’aujourd’hui seront amplement suffisants.  D’ailleurs la vision de la chapelle de Séquières et de sa « maison forte » ne nous rajeunit pas. 10 ans déjà alors que nous avons le sentiment que c’était hier. Est-ce ce sentiment mais nous prenons la décision de ne pas y retourner. Les ruines ne sont pourtant pas très loin du Cortal Bascou que nous laissons sur notre gauche. Ici, un merveilleux Canigou enneigé vient s’ajouter aux sommets précédemment cités. Quelques oiseaux, des papillons et de jolis mimosas que je veux photographie et un tracé trop ancien enregistré dans mon GPS suffisent à perdre le fil de cette charmante balade. Au cours de ce petit moment d’égarement ; peu inquiétant il est vrai ; des chiens qui aboient et des chasseurs qui vocifèrent à proximité nous contraignent à une prudente pause. Nous en profitons pour manger une barre de céréales et nous désaltérer un peu. GPS allumé en main, nous repartons sur notre « mauvais raccourci » quand le silence revient. Avec tristesse, nous découvrons un renard mort accroché à la branche d’un chêne. Finalement, je comprends que le bon tracé était d’une simplicité enfantine puisqu’il suffisait de poursuivre la piste prise au départ et passant devant le cortal Bascou. Les chasseurs sont là, au bord d’une nouvelle piste, souriants et sympas, ils nous annoncent que la battue est terminée. C’est d’autant bien pour nous qu’ils repartent dans le sens opposé au chemin que nous empruntons en direction de Tarerach.  Nous sommes rattrapés par un petit groupe de 4 randonneurs et nous papotons un peu, de tout et de rien mais surtout de nos itinéraires respectifs purement inventés et donc non répertoriés dans aucun topo-guide. Après un bout de chemin ensemble, un panonceau « Tarerach » se présente. Ce n’est pas l’itinéraire enregistré dans mon GPS mais comme je dis à Dany qu’il raccourcit cette boucle, elle tient à le prendre. Nous quittons là nos compagnons argelésiens et commençons la descente. Je la reconnais et c’est la même qu’en 2012. Eux poursuivent sous le Roc Arnau et en direction du Roc del Gotier. Il est presque midi et Dany décide d’arrêter pour pique-niquer. Nous sommes à mi-chemin de cette descente et en surplomb de Tarerach. Nous restons là une grosse demi-heure puis repartons. Si j’ai lu que Tarerach compte une quarantaine d’habitants, aujourd’hui tout ce petit monde semble absent. C’est un village désert et silencieux que nous visitons au pas de course, sa taille aidant à cette célérité.  J’y photographie quelques jolies fleurs tout en me remémorant les dernières fois où j’y suis venu. Parmi toutes les images, celle de la place de l’Eglise et de son préau est la plus marquante car lors du Tour du Fenouillèdes de septembre 2011 il s’était mis à pleuvoir à l’instant où nous rentrions dans le village et nous n’avions eu d’autre recours que de nous abriter sous ce protecteur préau. Il était midi et le carrelage du préau avait servi à la fois de nappe et d’assise pour déjeuner. Par bonheur, et dans cette première étape nous menant de Trilla à Eus, la pluie n’avait pas perduré. Nous sortons de Tarerach dans la même solitude qui nous a vu entrer et seul le silence a disparu. Des éclats de rire arrivent du jardin d’une belle villa où un groupe de jeunes gens s’affaire autour d’une table et d’un barbecue fumant. Une bonne odeur de grillades s’exhale remplissant tout le voisinage. Ça sent l’été avant l’heure. Bien qu’ici, les panonceaux présents n’indiquent qu’un « Itinéraire des Belvédères », je reconnais très facilement le chemin à prendre qui est celui du GRP Tour des Fenouillèdes. Balisé de temps à autre en jaune et rouge, il nous éloigne du village sur une modeste déclivité dans des décors de vignobles, de champs en jachères puis exclusivement de garrigues. Ce tronçon de chemin lui aussi me ramène en 2011 et au Tour des Fenouillèdes avec 2 anecdotes principales qui sont toujours restées là gravées dans ma tête. La première était un ballon de baudruche que nous avions trouvé au bord du chemin et qui avait engendré quelques instants de jeux et de facéties entre mon fils et moi. La seconde anecdote avait pris les traits d’un plant de tomates-cerise poussant spontanément au bord du sentier et dont nous nous étions délecté des fruits bien mûrs. Ce balisage du Tour des Fenouillèdes, il ne faut jamais le perdre de vue car il revient sans aucune véritable difficulté au col des Auzines. La seule erreur possible serait de suivre « l’ Itinéraire des Belvédères » filant vers Montalba-le-Château.  Dans l’éventualité d’en inventer une autre dans ce même secteur, ainsi se termine cette jolie boucle de ma composition. Telle qu’expliquée ici, elle est longue de 9,5 km, petit égarement et visite de Tarerach inclus. Avec ses 160 m, la déclivité entre le point le plus bas (514 m au lieu-dit « Les Festarones au départ du retour de Tarerach)  et le plus haut (674 m à la jonction de la descente vers Tarerach) est modeste. Les montées et les descentes cumulées à 332 m le sont aussi.  De bonnes chaussures à tiges hautes et aux semelles bien crantées sont conseillées. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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Le Sentier des Histoires et la chapelle Saint-Luc de PuigRodon depuis Fourques

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de chansons de Michel Fugain dont les titres et les interprètes sont : "Une Belle Histoire" extrait de l'album "Chante la Vie Chante Love Michel Fugain" par Arcadian, Claudio Capéo, Corneille, Anaïs Delva, Olivier DionMickaël Dos Santos, Patrick Fiori, Florent Mothe, Damien Sargue, Sophie TapieVictoria et Michel Fugain, "Forteresse" par Michel Fugain, "Comme Une Histoire d'Amour" par Michel Fugain, "Fais comme l'oiseau" par Michel Fugain puis "Une Belle Histoire" par BillyDic aux claviers Tyros et Chromaticover.

  Le Sentier des Histoires et la chapelle Saint-Luc de PuigRodon depuis Fourques

Le Sentier des Histoires et la chapelle Saint-Luc de PuigRodon depuis Fourques


 

Si la commune de Fourques peut s’enorgueillir de deux véritables circuits de randonnées : « Le Sentier des Histoires »,  que je vous présente ici, et « les Chemins d’Adrienne » ;  je gardais de cette dernière ; réalisée en octobre 2016 ; de bien étranges et contradictoires souvenirs. Etranges et contradictoires car si j’avais pris beaucoup de plaisir à parcourir ces « chemins » au doux prénom de ma mère et de l’écrivaine Madame Cazeilles, une sérieuse chute ; mais qui aurait pu être encore plus grave ; m’avait handicapé physiquement pendant de longs mois. En effet, ce jour-là, et alors qu’au sommet d’une butte argilo-caillouteuse je photographiais un paysage, sous mes pieds, un modeste mais inattendu glissement de terrain m’avait fait basculé dans une « descente infernale ». Sous  l’effet de surprise et entraîné  par le poids de mon sac à dos, et alors que mes jambes prenaient sous la contrainte de plus en plus de vitesse et qu’aucun obstacle devant moi ne se présentait, je n’avais trouvé comme seul recours que de plonger tête première et de tout mon long. Sans cette solution radicale, la moins pire et surtout la seule, je pense que je n’aurais jamais pu écrire le présent récit. Oui, ce jour-là et comme le dit l’expression « je l’avais échappé belle ! ».  Il s’en était suivi quelques plaies à la tête, au bras et à la jambe droite mais finalement les lésions les plus graves avaient été celles que je n’avais pas vues sur le moment et qui étaient apparues dans les jours suivants.  Maux de dos répétitifs, énorme entorse au pied droit avec poche de sang difficile à résorber , jambe droite désaxée à hauteur de la hanche accompagnée d’un gros hématome dont je garde encore à ce jour une « rondelette » relique. Oui, à l’instant où nous démarrons ce « Sentier des Histoires », je ne peux m’empêcher de repenser à tout ça ! Il est 10h30. Nous avons trouvé assez facilement à garer notre voiture près du centre de Fourques. En effet, c’est de là, au Castell jouxtant la mairie, que démarre cette nouvelle balade fourcatine. Si j’ai appris que cette randonnée est l’émanation  puis l’adaptation pédestre d’un livre intitulé « Dis-nous grand-père » d’un dénommé Alain Saqué ; ceci nous est confirmé dès la première pancarte explicative ; j’ai vivement regretté de ne rien trouvé sur le Net, ni le livre, ni sur son contenu, ni rien à propos de son auteur ! Etonnant de nos jours ! Comme si cette histoire d’un enfant racontant son enfance et sa jeunesse s’était volatilisée car trop ancienne ou au pire comme si elle n’avait jamais existé ! Est-ce un simple problème de grande confidentialité ? Je le suppose ! Mais quel dommage ! Après la découverte d’un écriteau consacré au Castell ; ancienne cellera  fortifiée en 1188, de son porche d’entrée et de quelques venelles, retour vers la place du village. Voilà déjà un second pupitre dédié au « Journal oral ». Là, nous tournons le dos à  la mairie et empruntons la rue Carrer Gran. L’itinéraire passe devant l’église Saint-Martin se poursuit rue du Puits et Saint-Sébastien avant de bifurquer rue des Genêts. Le balisage « Sentier des Histoires » est toujours bien présent. Ici, après avoir traversé quelques villas de  conception plutôt récente, la campagne est rapidement là. Bien balisé en jaune, si le tracé s’avérera quelque peu biscornu, le cheminement lui sera plutôt facile. Dans l’immédiat Fourques s’éloigne très vite. Un autre pupitre consacré « aux figues » se présente. L’enfant Alain Saqué nous raconte son goût prononcé pour ce fruit que l’on trouvait un peu partout et donc facilement autour du village. Après cet écriteau et les deux premiers déjà  lus, sept autres suivront encore. Souvenirs d’enfance certes mais tous plus ludiques les uns que les autres car nous racontant le passé ayant rythmé la vie de l’auteur, celle du village mais aussi les décors environnants et le patrimoine.  Dans toutes ces histoires qui nous sont racontées, sourd l’amour du village, du terroir et du pays. On peut aisément comprendre cet amour, tant  il est vrai que les décors, les paysages et les panoramas  sont suffisamment variés pour que cette balade ne soit pas ennuyeuse.  Vignobles, champs en jachère, garrigue, futaies de chênes et de quelques autres feuillus, correcs, petits escarpements d’argiles,  les décors changeants rendent le parcours divertissant. Nous l’agrémentons personnellement d’un long aller et retour à la chapelle Saint Luc de PuigRodon, ancien ermitage au sommet d’une butte situé sur la commune de Passa. Une butte dont l’Histoire de France nous rappelle qu’ici les 5.000 hommes du Général Pérignon trouvèrent refuge lors de la seconde Bataille du Boulou de 1794. Un recul stratégique payant puisque la victoire fut au bout. Comme on s’y attendait un peu, nous la trouvons malheureusement fermée  au même titre que tous les édifices religieux côtoyés ce jour-là ! Nous compensons ce regret par un petit déjeuner sur l’herbe avec une vue fabuleuse sur un grandiose Canigou enneigé. Si ici, la géologie type « blocaille » me rappelle un peu trop celle où j’ai chuté en 2016, j’évite de m’approcher trop près du bord de la moindre petite dépression. Un randonneur « gadin »  averti en vaut deux ! Après cette petite entorse au « Sentier des Histoires », nous retrouvons le bon itinéraire sur le chemin dit de Llauro. Il nous amène au mas éponyme. Bien que les passereaux aient été présents depuis le départ, ici  ils se font de plus en plus nombreux et ce, pour le plus grand plaisir du photographe animalier amateur que je suis. Pinsons, chardonnerets, bruants, linottes et étourneaux.  Apparemment, et bien que les vendanges soient une histoire ancienne, les vignobles semblent encore les attirer. Adoreraient-ils tout comme nous les raisins secs ? L’arrivée à la chapelle Saint Sébastien, assez voisine du village, est synonyme d’arrivée toute proche. Une fois encore ; on regrette de la trouver porte close. Revenir au centre de Fourques n’est plus qu’une adorable formalité tant la commune semble exhaler une incontestable sérénité. Outre les « histoires » que l’on peut lire sur les différents pupitres, quelques rencontres fortuites mais toujours sympathiques avec des gens du cru et des viticulteurs sont venues s’ajouter au plaisir de marcher. Leurs  chiens gentils, câlins et joueurs, un cadre et des chemins agréables, une flore et une faune à photographier, d’amples panoramas vers le Canigoules Albères et les Aspres, des édifices religieux certes fermés mais toujours empreints d’une architecture romane et donc d’une évidente chrétienté, sont les autres images marquantes de ce  Sentier des Histoires. Comme je le dis souvent « il n’appartient qu’à nous de faire de chaque randonnée une histoire nouvelle »  Ici les Histoires, celles d’Alain Saqué et la mienne se sont télescopées pour notre plus grand bonheur. Cette randonnée, telle qu’expliquée ici, a été longue de 11,4 km environ que l’on peut scinder en 2 parties : 8 km environ pour le seul Sentier des Histoires et 3,4 km aller et retour pour la chapelle Saint-Luc de PuigRodon. Carte I.G.N 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains – Palalda – Vallée du Tech Top 25.

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Ce diaporama est agrémenté de chansons de Michel Fugain dont les titres et les interprètes sont : "Une Belle Histoire" extrait de l'album "Chante la Vie Chante Love Michel Fugain" par Arcadian, Claudio Capéo, Corneille, Anaïs Delva, Olivier DionMickaël Dos Santos, Patrick Fiori, Florent Mothe, Damien Sargue, Sophie TapieVictoria et Michel Fugain, "Forteresse" par Michel Fugain, "Comme Une Histoire d'Amour" par Michel Fugain, "Fais comme l'oiseau" par Michel Fugain puis "Une Belle Histoire" par BillyDic aux claviers Tyros et Chromaticover.

  Le Sentier des Histoires et la chapelle Saint-Luc de PuigRodon depuis Fourques

Le Sentier des Histoires et la chapelle Saint-Luc de PuigRodon depuis Fourques


 

Si la commune de Fourques peut s’enorgueillir de deux véritables circuits de randonnées : « Le Sentier des Histoires »,  que je vous présente ici, et « les Chemins d’Adrienne » ;  je gardais de cette dernière ; réalisée en octobre 2016 ; de bien étranges et contradictoires souvenirs. Etranges et contradictoires car si j’avais pris beaucoup de plaisir à parcourir ces « chemins » au doux prénom de ma mère et de l’écrivaine Madame Cazeilles, une sérieuse chute ; mais qui aurait pu être encore plus grave ; m’avait handicapé physiquement pendant de longs mois. En effet, ce jour-là, et alors qu’au sommet d’une butte argilo-caillouteuse je photographiais un paysage, sous mes pieds, un modeste mais inattendu glissement de terrain m’avait fait basculé dans une « descente infernale ». Sous  l’effet de surprise et entraîné  par le poids de mon sac à dos, et alors que mes jambes prenaient sous la contrainte de plus en plus de vitesse et qu’aucun obstacle devant moi ne se présentait, je n’avais trouvé comme seul recours que de plonger tête première et de tout mon long. Sans cette solution radicale, la moins pire et surtout la seule, je pense que je n’aurais jamais pu écrire le présent récit. Oui, ce jour-là et comme le dit l’expression « je l’avais échappé belle ! ».  Il s’en était suivi quelques plaies à la tête, au bras et à la jambe droite mais finalement les lésions les plus graves avaient été celles que je n’avais pas vues sur le moment et qui étaient apparues dans les jours suivants.  Maux de dos répétitifs, énorme entorse au pied droit avec poche de sang difficile à résorber , jambe droite désaxée à hauteur de la hanche accompagnée d’un gros hématome dont je garde encore à ce jour une « rondelette » relique. Oui, à l’instant où nous démarrons ce « Sentier des Histoires », je ne peux m’empêcher de repenser à tout ça ! Il est 10h30. Nous avons trouvé assez facilement à garer notre voiture près du centre de Fourques. En effet, c’est de là, au Castell jouxtant la mairie, que démarre cette nouvelle balade fourcatine. Si j’ai appris que cette randonnée est l’émanation  puis l’adaptation pédestre d’un livre intitulé « Dis-nous grand-père » d’un dénommé Alain Saqué ; ceci nous est confirmé dès la première pancarte explicative ; j’ai vivement regretté de ne rien trouvé sur le Net, ni le livre, ni sur son contenu, ni rien à propos de son auteur ! Etonnant de nos jours ! Comme si cette histoire d’un enfant racontant son enfance et sa jeunesse s’était volatilisée car trop ancienne ou au pire comme si elle n’avait jamais existé ! Est-ce un simple problème de grande confidentialité ? Je le suppose ! Mais quel dommage ! Après la découverte d’un écriteau consacré au Castell ; ancienne cellera  fortifiée en 1188, de son porche d’entrée et de quelques venelles, retour vers la place du village. Voilà déjà un second pupitre dédié au « Journal oral ». Là, nous tournons le dos à  la mairie et empruntons la rue Carrer Gran. L’itinéraire passe devant l’église Saint-Martin se poursuit rue du Puits et Saint-Sébastien avant de bifurquer rue des Genêts. Le balisage « Sentier des Histoires » est toujours bien présent. Ici, après avoir traversé quelques villas de  conception plutôt récente, la campagne est rapidement là. Bien balisé en jaune, si le tracé s’avérera quelque peu biscornu, le cheminement lui sera plutôt facile. Dans l’immédiat Fourques s’éloigne très vite. Un autre pupitre consacré « aux figues » se présente. L’enfant Alain Saqué nous raconte son goût prononcé pour ce fruit que l’on trouvait un peu partout et donc facilement autour du village. Après cet écriteau et les deux premiers déjà  lus, sept autres suivront encore. Souvenirs d’enfance certes mais tous plus ludiques les uns que les autres car nous racontant le passé ayant rythmé la vie de l’auteur, celle du village mais aussi les décors environnants et le patrimoine.  Dans toutes ces histoires qui nous sont racontées, sourd l’amour du village, du terroir et du pays. On peut aisément comprendre cet amour, tant  il est vrai que les décors, les paysages et les panoramas  sont suffisamment variés pour que cette balade ne soit pas ennuyeuse.  Vignobles, champs en jachère, garrigue, futaies de chênes et de quelques autres feuillus, correcs, petits escarpements d’argiles,  les décors changeants rendent le parcours divertissant. Nous l’agrémentons personnellement d’un long aller et retour à la chapelle Saint Luc de PuigRodon, ancien ermitage au sommet d’une butte situé sur la commune de Passa. Une butte dont l’Histoire de France nous rappelle qu’ici les 5.000 hommes du Général Pérignon trouvèrent refuge lors de la seconde Bataille du Boulou de 1794. Un recul stratégique payant puisque la victoire fut au bout. Comme on s’y attendait un peu, nous la trouvons malheureusement fermée  au même titre que tous les édifices religieux côtoyés ce jour-là ! Nous compensons ce regret par un petit déjeuner sur l’herbe avec une vue fabuleuse sur un grandiose Canigou enneigé. Si ici, la géologie type « blocaille » me rappelle un peu trop celle où j’ai chuté en 2016, j’évite de m’approcher trop près du bord de la moindre petite dépression. Un randonneur « gadin »  averti en vaut deux ! Après cette petite entorse au « Sentier des Histoires », nous retrouvons le bon itinéraire sur le chemin dit de Llauro. Il nous amène au mas éponyme. Bien que les passereaux aient été présents depuis le départ, ici  ils se font de plus en plus nombreux et ce, pour le plus grand plaisir du photographe animalier amateur que je suis. Pinsons, chardonnerets, bruants, linottes et étourneaux.  Apparemment, et bien que les vendanges soient une histoire ancienne, les vignobles semblent encore les attirer. Adoreraient-ils tout comme nous les raisins secs ? L’arrivée à la chapelle Saint Sébastien, assez voisine du village, est synonyme d’arrivée toute proche. Une fois encore ; on regrette de la trouver porte close. Revenir au centre de Fourques n’est plus qu’une adorable formalité tant la commune semble exhaler une incontestable sérénité. Outre les « histoires » que l’on peut lire sur les différents pupitres, quelques rencontres fortuites mais toujours sympathiques avec des gens du cru et des viticulteurs sont venues s’ajouter au plaisir de marcher. Leurs  chiens gentils, câlins et joueurs, un cadre et des chemins agréables, une flore et une faune à photographier, d’amples panoramas vers le Canigoules Albères et les Aspres, des édifices religieux certes fermés mais toujours empreints d’une architecture romane et donc d’une évidente chrétienté, sont les autres images marquantes de ce  Sentier des Histoires. Comme je le dis souvent « il n’appartient qu’à nous de faire de chaque randonnée une histoire nouvelle »  Ici les Histoires, celles d’Alain Saqué et la mienne se sont télescopées pour notre plus grand bonheur. Cette randonnée, telle qu’expliquée ici, a été longue de 11,4 km environ que l’on peut scinder en 2 parties : 8 km environ pour le seul Sentier des Histoires et 3,4 km aller et retour pour la chapelle Saint-Luc de PuigRodon. Carte I.G.N 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains – Palalda – Vallée du Tech Top 25.

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Ce diaporama est agrémenté de chansons de Michel Fugain dont les titres et les interprètes sont : "Une Belle Histoire" extrait de l'album "Chante la Vie Chante Love Michel Fugain" par Arcadian, Claudio Capéo, Corneille, Anaïs Delva, Olivier DionMickaël Dos Santos, Patrick Fiori, Florent Mothe, Damien Sargue, Sophie TapieVictoria et Michel Fugain, "Forteresse" par Michel Fugain, "Comme Une Histoire d'Amour" par Michel Fugain, "Fais comme l'oiseau" par Michel Fugain puis "Une Belle Histoire" par BillyDic aux claviers Tyros et Chromaticover.

  Le Sentier des Histoires et la chapelle Saint-Luc de PuigRodon depuis Fourques

Le Sentier des Histoires et la chapelle Saint-Luc de PuigRodon depuis Fourques


 

Si la commune de Fourques peut s’enorgueillir de deux véritables circuits de randonnées : « Le Sentier des Histoires »,  que je vous présente ici, et « les Chemins d’Adrienne » ;  je gardais de cette dernière ; réalisée en octobre 2016 ; de bien étranges et contradictoires souvenirs. Etranges et contradictoires car si j’avais pris beaucoup de plaisir à parcourir ces « chemins » au doux prénom de ma mère et de l’écrivaine Madame Cazeilles, une sérieuse chute ; mais qui aurait pu être encore plus grave ; m’avait handicapé physiquement pendant de longs mois. En effet, ce jour-là, et alors qu’au sommet d’une butte argilo-caillouteuse je photographiais un paysage, sous mes pieds, un modeste mais inattendu glissement de terrain m’avait fait basculé dans une « descente infernale ». Sous  l’effet de surprise et entraîné  par le poids de mon sac à dos, et alors que mes jambes prenaient sous la contrainte de plus en plus de vitesse et qu’aucun obstacle devant moi ne se présentait, je n’avais trouvé comme seul recours que de plonger tête première et de tout mon long. Sans cette solution radicale, la moins pire et surtout la seule, je pense que je n’aurais jamais pu écrire le présent récit. Oui, ce jour-là et comme le dit l’expression « je l’avais échappé belle ! ».  Il s’en était suivi quelques plaies à la tête, au bras et à la jambe droite mais finalement les lésions les plus graves avaient été celles que je n’avais pas vues sur le moment et qui étaient apparues dans les jours suivants.  Maux de dos répétitifs, énorme entorse au pied droit avec poche de sang difficile à résorber , jambe droite désaxée à hauteur de la hanche accompagnée d’un gros hématome dont je garde encore à ce jour une « rondelette » relique. Oui, à l’instant où nous démarrons ce « Sentier des Histoires », je ne peux m’empêcher de repenser à tout ça ! Il est 10h30. Nous avons trouvé assez facilement à garer notre voiture près du centre de Fourques. En effet, c’est de là, au Castell jouxtant la mairie, que démarre cette nouvelle balade fourcatine. Si j’ai appris que cette randonnée est l’émanation  puis l’adaptation pédestre d’un livre intitulé « Dis-nous grand-père » d’un dénommé Alain Saqué ; ceci nous est confirmé dès la première pancarte explicative ; j’ai vivement regretté de ne rien trouvé sur le Net, ni le livre, ni sur son contenu, ni rien à propos de son auteur ! Etonnant de nos jours ! Comme si cette histoire d’un enfant racontant son enfance et sa jeunesse s’était volatilisée car trop ancienne ou au pire comme si elle n’avait jamais existé ! Est-ce un simple problème de grande confidentialité ? Je le suppose ! Mais quel dommage ! Après la découverte d’un écriteau consacré au Castell ; ancienne cellera  fortifiée en 1188, de son porche d’entrée et de quelques venelles, retour vers la place du village. Voilà déjà un second pupitre dédié au « Journal oral ». Là, nous tournons le dos à  la mairie et empruntons la rue Carrer Gran. L’itinéraire passe devant l’église Saint-Martin se poursuit rue du Puits et Saint-Sébastien avant de bifurquer rue des Genêts. Le balisage « Sentier des Histoires » est toujours bien présent. Ici, après avoir traversé quelques villas de  conception plutôt récente, la campagne est rapidement là. Bien balisé en jaune, si le tracé s’avérera quelque peu biscornu, le cheminement lui sera plutôt facile. Dans l’immédiat Fourques s’éloigne très vite. Un autre pupitre consacré « aux figues » se présente. L’enfant Alain Saqué nous raconte son goût prononcé pour ce fruit que l’on trouvait un peu partout et donc facilement autour du village. Après cet écriteau et les deux premiers déjà  lus, sept autres suivront encore. Souvenirs d’enfance certes mais tous plus ludiques les uns que les autres car nous racontant le passé ayant rythmé la vie de l’auteur, celle du village mais aussi les décors environnants et le patrimoine.  Dans toutes ces histoires qui nous sont racontées, sourd l’amour du village, du terroir et du pays. On peut aisément comprendre cet amour, tant  il est vrai que les décors, les paysages et les panoramas  sont suffisamment variés pour que cette balade ne soit pas ennuyeuse.  Vignobles, champs en jachère, garrigue, futaies de chênes et de quelques autres feuillus, correcs, petits escarpements d’argiles,  les décors changeants rendent le parcours divertissant. Nous l’agrémentons personnellement d’un long aller et retour à la chapelle Saint Luc de PuigRodon, ancien ermitage au sommet d’une butte situé sur la commune de Passa. Une butte dont l’Histoire de France nous rappelle qu’ici les 5.000 hommes du Général Pérignon trouvèrent refuge lors de la seconde Bataille du Boulou de 1794. Un recul stratégique payant puisque la victoire fut au bout. Comme on s’y attendait un peu, nous la trouvons malheureusement fermée  au même titre que tous les édifices religieux côtoyés ce jour-là ! Nous compensons ce regret par un petit déjeuner sur l’herbe avec une vue fabuleuse sur un grandiose Canigou enneigé. Si ici, la géologie type « blocaille » me rappelle un peu trop celle où j’ai chuté en 2016, j’évite de m’approcher trop près du bord de la moindre petite dépression. Un randonneur « gadin »  averti en vaut deux ! Après cette petite entorse au « Sentier des Histoires », nous retrouvons le bon itinéraire sur le chemin dit de Llauro. Il nous amène au mas éponyme. Bien que les passereaux aient été présents depuis le départ, ici  ils se font de plus en plus nombreux et ce, pour le plus grand plaisir du photographe animalier amateur que je suis. Pinsons, chardonnerets, bruants, linottes et étourneaux.  Apparemment, et bien que les vendanges soient une histoire ancienne, les vignobles semblent encore les attirer. Adoreraient-ils tout comme nous les raisins secs ? L’arrivée à la chapelle Saint Sébastien, assez voisine du village, est synonyme d’arrivée toute proche. Une fois encore ; on regrette de la trouver porte close. Revenir au centre de Fourques n’est plus qu’une adorable formalité tant la commune semble exhaler une incontestable sérénité. Outre les « histoires » que l’on peut lire sur les différents pupitres, quelques rencontres fortuites mais toujours sympathiques avec des gens du cru et des viticulteurs sont venues s’ajouter au plaisir de marcher. Leurs  chiens gentils, câlins et joueurs, un cadre et des chemins agréables, une flore et une faune à photographier, d’amples panoramas vers le Canigoules Albères et les Aspres, des édifices religieux certes fermés mais toujours empreints d’une architecture romane et donc d’une évidente chrétienté, sont les autres images marquantes de ce  Sentier des Histoires. Comme je le dis souvent « il n’appartient qu’à nous de faire de chaque randonnée une histoire nouvelle »  Ici les Histoires, celles d’Alain Saqué et la mienne se sont télescopées pour notre plus grand bonheur. Cette randonnée, telle qu’expliquée ici, a été longue de 11,4 km environ que l’on peut scinder en 2 parties : 8 km environ pour le seul Sentier des Histoires et 3,4 km aller et retour pour la chapelle Saint-Luc de PuigRodon. Carte I.G.N 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains – Palalda – Vallée du Tech Top 25.

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La Boucle de la Garrigue-Haute et des Eoliennes depuis Port-la-Nouvelle.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons du groupe Gold. Elles ont pour titre : "Plus Près Des Etoiles", "Calicoba" et "Capitaine Abandonné". 

La Boucle de la Garrigue-Haute et des Eoliennes depuis Port-la-Nouvelle.

La Boucle de la Garrigue-Haute et des Eoliennes depuis Port-la-Nouvelle.

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En cet après-midi du dimanche 12 décembre, quelle « bonne » raison avait pu nous entraîner vers Port-la-Nouvelle et plus particulièrement vers ce vaste plateau karstique dominant la ville et qu’on appelle la « Garrigue-Haute » ? Certes, j’étais passé là en septembre 2014 lors de la 3eme étape d’un mémorable Sentier du Golfe Antique, mais la franchise me contraint à dire que ce n’est pas là que j’avais vécu les moments les plus intenses de ce tour pédestre en 3 jours et en solitaire ! Alors l’envie de marcher en changeant de décors ? Les fortes pluies des jours précédents qui nous avaient contraints à un confinement forcé ? Faire face à ces mots que l’on redoute depuis trop de temps déjà et que l’on essaie par n’importe quel moyen de contrarier ? Probablement un peu tout ça ! Sans trop de raisons valables, voilà donc comment est née cette balade pédestre que j’ai intitulée « La Boucle de la Garrigue-Haute et des Eoliennes depuis Port-la-Nouvelle ». Après quelques tergiversations, et parce que j’essaie, mais en vain, de me remémorer les lieux où je suis passé à pied en 2014, il est déjà 13h30 quand nous rangeons notre voiture au pied du lieu-dit « La Combe des Buis ».  Amplement industrialisé, avec ses innombrables pylônes, transfos et réseaux électriques, l’endroit n’a rien de folichon, mais il présente l’énorme avantage d’être agencé de très nombreux panonceaux directionnels de randonnées. Ces panonceaux, je les reconnais bien et notamment celui intitulé « Les Etangs - Tour du Golfe Antique ». Je le reconnais d’autant mieux qu’après 3 jours de marche et 80 km, c’était le premier et donc le seul que j’avais rencontré à quelques décamètres de l’arrivée ! Un comble bien évidemment ! Parmi les autres signalétiques, deux m’intéressent au premier chef : « Sigean 7,7km et Sentier Cathare (GR367) ». Voilà la direction que nous allons suivre, non pas jusqu’à Sigean, mais jusqu’au lieu-dit « Les Eoliennes » car bien évidemment c’est une boucle de ma composition que j’ai prévu de réaliser. Bien que 3 ou 4 voitures soient déjà garées, nous ne rencontrerons personne sur notre parcours. Il est vrai qu’il y a un P.R du nom de « Boucle de la Combe Redonde – 10,6 km » qui est plus clairement mentionné que ma propre boucle qui ne l’est que partiellement ! Ajoutons à cela un vent du nord ; cers ou tramontane je ne sais jamais ? ; un peu décourageant car soufflant ici en de violentes rafales et c’est un élément non négligeable à laisser quelques randonneurs dominicaux devant leur poste de télévision. Entre un vent violent et un grand ciel bleu, le second a eu notre préférence et c’est aussi pour ça que nous sommes là. Bien vu si j’ose dire, car le premier va énormément faiblir au cours de notre balade. Jolies tables d’orientation, beaux panoramas à 180° vers la mer, Port-la-Nouvelle et les étangs, de rares fleurs et quelques vestiges d’un passé parfois paisible ; puits, cabanes et bergeries ; parfois guerrier ; blockhaus, tourelle, tranchées : sont les premiers centres d’intérêts de cette boucle. Si les premiers ont servi à des travailleurs courageux, par bonheur les seconds vestiges n’ont jamais été utilisés entre 1943 et 1945. Les Allemands qui pensaient qu’un débarquement interviendrait avaient construit un système défensif sur les côtés méditerranéennes françaises du nom de Südwall, mais ici ce mur ne servit jamais à rien. Plus on pénètre l’intérieur de cette « Garrigue-Haute » et plus la foulée devient alerte car il ne reste quasiment que des paysages à se mettre dans les yeux. Par bonheur, au sein de ces derniers, on ne perçoit plus grand-chose de l’incendie de septembre 2017 qui a ravagé la moitié de la végétation de ce vaste plateau. La Nature a repris ses droits. Pour compenser cette monotonie et flâner un peu, j’en suis à recenser les plantes de la garrigue et à tenter de surprendre les quelques rares passereaux que l’on peut apercevoir. Le tout photographiquement il va sans dire ! Pourtant, le plateau est loin d’être plat et les décors loin d’être « insipides ». On y trouve quelques ravines et des dolines que des eaux séculaires ont réussi à creuser. On y rencontre même des parcelles de terrain encore travaillées car visiblement labourées. A l’horizon derrière un voile laiteux, on peut apercevoir côté « mer » la falaise de la Franqui et son cap Leucateles Albères et  le cap de Creu et côté « montagne » et bien plus loin encore le Massif du Canigou amplement enneigé. Quelques vieux puits, des cabanes ruinées et de nombreux murets nous rappellent qu’il fut un temps où ce lieu, malgré son immense âpreté, était plus largement exploité par des hommes vaillants. Ils pouvaient être bergers, boscatiers ou « carriers ». L’Histoire de Port-la-Nouvelle nous apprend que la jetée et les canaux ont été construits avec les pierres d’ici. L’arrivée au champ d’éoliennes nous fait entrer dans un autre monde. On prend soudain conscience que la vie passée ; celle de nos aïeux ;  ne reviendra sans doute plus. Les éoliennes ? Belles, pas belles, utiles ou pas, rentables ou pas, si oui pour qui ? Si les mêmes questions qu’en 2014 auraient tendance à ressurgir dans ma tête, j’ai tout de même appris depuis qu’elles étaient largement subventionnées avec nos impôts mais le plus souvent vers des sociétés étrangères. Alors je tire un  trait sur tout ça et tente d’oublier mon questionnement. Les éoliennes  sont là, certaines tournent, d’autres pas. A cause du vent qui souffle encore copieusement, je me demande bien pourquoi certaines sont à l’arrêt ?  Un point c’est tout ! Assez étonnement, je remarque un mirador de chasse au beau milieu du champ et tout près d’une éolienne, ce qui tend à prouver que la sempiternelle querelle «éoliennes » et « chasseurs » n’a pas encore trouvé de véritable solution. Tout le monde campe sur sa position et occupe le terrain. Les chasseurs savent bien que la Garrigue-Haute est un haut-lieu des passages migratoires des oiseaux. Les derniers décomptes officiels de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) mentionnent un couloir où passent annuellement plus d’un million de passereaux, 1.500 cigognes et plus de 40.000 rapaces, sans compter les espèces sédentaires. Les chiffres des oiseaux abattus, comme les grives ou les palombes sont absents. Pour les premières, ces 4,5 à 5 millions de grives qui seraient tuées en France chaque année quant aux secondes si le chiffre national est sensiblement identique voire supérieur à celui des grives, One-Voice estime de 20 à 30.000 les différents prélèvements audois dont 5.000 sur la seule commune de Leucate. (Source One-voice.fr du 20/02/2022). Malgré ces chiffres mentionnés par des associations sérieuses, on en trouve sur Internet qui sont deux à trois fois supérieurs. Quant aux sangliers, il y a belle lurette qu’ils ne jouent plus les Don Quichotte car ils ont compris qu’il n’est pas utile qu’ils se battent contre ces moulins à vent dont ils n’ont rien à craindre. Si les oiseaux appréhendent les éoliennes et les chasseurs, les sangliers ont plus à craindre des chasseurs. Ainsi va la vie sur la Garrigue-Haute. A la côte 83 de la carte IGN, nous stoppons et faisons demi-tour pour revenir à la côte 93. Là, nous empruntons un chemin qui laisse une ancienne et vaste bâtisse ruinée sur la gauche. Ses deux larges arcades encore bien debout laissent imaginer qu’elles étaient utiles à des passages de groupes, c’est-à-dire à troupeaux.  Ancienne bergerie probablement ?  Premier randonneur rencontré mais à V.T.T ! Puis un étroit sentier prend le relais. Il file d’abord sur une crête, offrant quelques vues lointaines vers Sigean et les Corbières maritimes puis il réintègre le plateau avant de longer le lieu-dit « La Castanière ». Faut-il voir dans ce nom un lieu planté de « châtaigniers » ou bien un quelconque risque de « castagne » ? Si châtaigniers il y a eu, ils ont disparu mais les risques et les mesures de prévention sont là, constamment mentionnés : « Danger – Carrière – Tirs de mines », « Entrée interdite », longue barre d’amoncellements rocheux et clôture grillagée sont là pour décourager ceux qui auraient un esprit aventureux voire carrément irréfléchi. Le sentier longe la vaste carrière des Ciments Lafarge où qu’on se le dise « il est interdit d’entrer ».  Moi, avec plus ou moins de réussite, je m’aventure à essayer de photographier les nombreuses fauvettes qui semblent avoir fait leur cette frontière si « périlleuse » pour les « non-ayants-droits ».  Finalement, malgré le vent, l’impossibilité à immortaliser tous les volatiles aperçus, la dense végétation que certains occupent, 5 à 6 espèces d’oiseaux viennent s’enregistrer dans la mémoire de mon appareil-photo. Je n’en espérais pas tant. La boucle se referme. Le vent s’est presque totalement calmé. Un couple de randonneurs marche en sens inverse du nôtre. Ils ont laissé tomber leur programme TV ? Il est 16h15, ils viennent de démarrer et pour nous cette balade dominicale se termine. Revenir au printemps pour découvrir la flore de ce plateau ? Faire « la Boucle de la Combe Redonde » ? Pourquoi pas ? Telle que racontée ici, cette boucle a été longue de 9,2km pour des montées cumulées de 206m et un dénivelé de 120m entre le départ à 10m d’altitude et les éoliennes à 130m. Carte IGN 2546 OT Narbonne Top 25.

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Le Chemin des Muletiers de Cosprons depuis Port-Vendres (Pont de l'Amour)

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de musiques extraites de la bande originale du film "Amadeus". Elles ont pour titre et sont successivement interprétées par : "Arietta - Caro Mio Ben" de Giuseppe Giordani par Sumi Jo, "Concerto For Flute And Harp, K. 299; 2nd Mouvement" de Wolfgang Amadeus Mozart par Sir Neville Marriner, Academy of St Martin in the Fields, William BennettOsian Ellis et "Caro Mio Ben" par Fritz Wunderlich et Gerhard Becker et l'Orchestre symphonique de Berlin

Le Chemin des Muletiers de Cosprons depuis Port-Vendres (Pont de l'Amour)

Le Chemin des Muletiers de Cosprons depuis Port-Vendres (Pont de l'Amour)

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Quand nous avons décidé de réaliser ce « Chemin des Muletiers de Cosprons depuis Port-Vendres », nous avons été confrontés au fait qu’il y avait sur Internet pléthores de versions différentes. Certaines très longues, allant parfois bien au-delà du hameau de Cosprons lui-même et de son chemin coutumier emprunté jadis par des mules, des mulets ou des ânes, d’autres partant vers la mer et la merveilleuse baie de Paulilles, d’autres montant plus ou moins vers la Tour de la Madeloc, d’autres plus courtes, d’autres moyennes mais empruntant parfois plus de pistes carrossables que de vrais sentiers, etc….etc. Oui, il y avait du choix ! Et de surcroît, quelle que soit la distance, nous avions le gage, si la météo était bonne, de superbes balades en terme de paysages et de panoramas. En effectuant ce petit circuit que je vous propose ici, il me semble que j’ai gardé l’aspect le plus traditionnel des chemins muletiers que les anciens empruntaient jadis pour rejoindre le hameau de Cosprons depuis Port-Vendres, et vice-versa. Ils le faisaient en maintes occasions. Pour les travaux agricoles, et le plus souvent vinicoles, pour transporter par exemple les comportes de raisins ou les banastes, mais plus globalement pour toutes les tâches de transports nécessitant d’emprunter ces chemins avec des animaux de bât. Si c’était notamment le cas pour tous les travaux des champs, c’était aussi le cas lors des fêtes traditionnelles ou religieuses où de nombreuses personnes n’hésitaient pas à cheminer les quelques kilomètres séparant les deux communes avec leurs équidés.  Elles étaient plus nombreuses à être croyantes que de nos jours et participer à une procession en direction d’une chapelle, comme celle de Sainte-Marie de Cosprons, était fondamental. Ces fêtes comme la Sant Jordi le 23 avril et celle des Pasquetes le dimanche suivant sont si enracinées, qu’elles se déroulent encore de nos jours avec une ferveur égale sinon supérieure à celle d’antan, même si le plus  souvent les déplacements sur les chemins muletiers ont été remplacés par la route et les automobiles. En effectuant cette balade un 19 novembre, nous savions bien sûr que nous n’aurions pas droit ni à ces festivités ni à leur ferveur. Mais tant pis, la journée s’annonce magnifique et quasiment printanière et rien ne peut nous empêcher d’aller marcher. De plus, nous imaginons déjà que nous aurons droit à des couleurs que seule cette saison d’automne est capable de nous offrir. Il est 10h30 quand nous laissons notre voiture très facilement dans le quartier Pont-de-l’Amour à Port-Vendres. De l’endroit où la voiture est rangée, nous avons déjà une belle petite idée des paysages rouges, verts et jaunes qui nous attendent.  Les bleus du ciel et de la mer sont en primes. Si le départ de cette balade est le plus souvent proposée de la gare voire de l’Office du Tourisme de Port-Vendres, j’ai trouvé beaucoup plus intéressant de partir de ce lotissement. Le lieu est calme.  Il y a l’aspect pratique en arrivant de Perpignan, car il suffit de sortir à droite à la fin de la voie rapide D.914 c’est à dire au dernier carrefour avant d’entrer dans Port-Vendres et d’emprunter la rue Jacques Ramio. De plus, trouver des places à la journée sur le port n’est jamais chose aisée quant à cheminer les abords de la gare, ça n’apporte rien de plus à cette balade. Enfin, le sentier démarre un peu plus bas de la rue Jacques Ramio et on entre de plein pied à la fois dans la balade et dans la garrigue. Oui, quand on n’est que deux à marcher, les avantages de partir de là sont certains. En groupe, cette vision des choses peut s’avérer différente. Rue Jacques Ramio, un panonceau directionnel annonce la couleur : « Col Perdiguer -500 m- 10 mn et Cosprons -2km- 30 mn ». Des temps pour des « trailers », mais que nous comptons bien doubler voire tripler, nos conditions physiques, notre envie de lambiner, cette superbe météo et la beauté des paysages s’amalgamant pour une flânerie et des contemplations obligées. Comme indiqué, la garrigue est immédiatement là. Les quelques fleurs que j’y trouve encore, malgré la saison, sont déjà un prétexte à musarder. Depuis que je sais que mon nom est inscrit comme observateur dans la base de données florale INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel), ma passion pour les fleurs reste sans prétention mais par la force des choses a pris une autre dimension. Avant, c’est avec plaisir et pour mon propre savoir que je photographiais les fleurs, me disant que ce que j’aime serait peut-être aimé par d’autres randonneurs, maintenant il y a en plus cet aspect « communauté scientifique », « inventaire » et donc « patrimoine transmissible» ! Après le col de Perdiguer, la garrigue laisse la place aux vignobles. Les terrasses, les murets et les rigoles de pierres sèches, ainsi que les casots que l’on voyait tout autour de nous depuis le départ sont désormais là tout proches. On peut les observer et surtout se rendre compte des travaux colossaux et ingénieux qu’il a fallu mettre en œuvre. Je me souviens avoir lu une longue chronique sur Internet à leur sujet (LE PAYSAGE DE TERRASSES DU CRU "BANYULS" ET SON ÉVOLUTION/Guy Oliver) et je me souviens qu’ils ne sont pas là pour rien mais bien pour limiter le ravinement et l’érosion des sols afin que les vignes résistent et subsistent le plus longtemps possible aux eaux pluviales les plus violentes.  Comme toutes ces élévations ont des noms catalans (casots, feixes, agullas, recs, pedragers)  les pierres en ont aussi (lloses, cossols, coverta, rocs de paret, cara, raplum).  Normal, elles ont chacune un rôle bien précis selon leur taille, leur forme et sont disposées à bon escient selon des procédés ancestraux que toutes les générations de vignerons se perpétuent entre-elles. C’est très intéressant et très enrichissant de transposer la lecture de cette belle chronique à tout ce que l’on voit sur le terrain. Un terrain souvent inégal car ici l’eau que l’on évoquait plus haut, a créé des « correcs », c’est-à-dire des petits vallons descendant des « serras » vers la mer. Il y a ainsi une multitude de ces petits vallons dominés par des collines ; souvent rocheuses au plus haut de leurs crêtes ; dont la principale car la plus haute est celle de La Madeloc. Ainsi, quand on arrive à Cosprons, il faut y monter, car le hameau lui aussi a été élevé sur un petit promontoire rocheux. D’ailleurs, et alors que les vignobles nous entourent depuis le départ, c’est très paradoxalement son beau château d’eau construit tout en pavements de pierres qui se présente au plus haut de cette petite colline. Par chance, il est ouvert car des travaux de réparations sont en cours. Les ouvriers acceptent gentiment qu’on y entre quelques minutes et nous fournissent des explications quant à son fonctionnement. Puis c’est l’église Sainte-Marie toute proche entourée du cimetière qui éveille notre appétit de découvertes. Malheureusement fermée, nous prenons néanmoins tout notre temps pour découvrir sa porte magnifiquement ferrée de jolies pentures. Quelques gravures du 18eme siècle sont visibles. Un banc bien à propos nous offre le confort nécessaire à un pique-nique qu’initialement nous avions imaginé moins funèbre qu’un cimetière et beaucoup plus champêtre. Pendant que Dany fait sa B.A en arrosant les fleurs de plusieurs tombes, appareil-photo en bandoulière, je pars découvrir les proches alentours. Ils se présentent sous les traits de nombreux oiseaux. Beaucoup de moineaux sont là à attendre que l’on déguerpisse pour voir si quelques miettes de notre déjeuner ne seraient pas tomber au sol. Il y a aussi des rougequeues noirs plus farouches et un faucon crécerelle que j’ai réussi à immortaliser avant qu’il ne s’envole de la pointe d’un cyprès. Ce dernier plane désormais très haut dans le ciel. Dans le mur de soutènement du cimetière, je découvre avec surprise ; et outre quelques jolies statuettes ; une jolie Rainette verte dans un des tuyaux d’évacuation des eaux pluviales. Peu craintive, ou peut-être curieuse, elle accepte de sortir de son trou pour une série de photos. La Rainette verte devient « reinette » de Cosprons. Puis c’est une courte visite du village où seules quelques échoppes proposant vins et vinaigres retiennent notre attention. Pour ne pas avoir à se trimballer des bouteilles, on se promet de revenir en voiture à la fin de la balade, sauf qu’on va oublier de revenir ! Puis c’est la sortie du hameau par la D.86a et donc le tout début du retour vers le Pont de l’Amour. A la côte 45 de la carte IGN, un canon et un ludique panneau nous rappellent qu’ici comme dans toute la région une guerre a fait rage en opposant Français et Espagnols de 1793 à 1795. On lui a donné le nom de Guerre du Roussillon. Après m’être « cassé la gueule » ; par bonheur au figuré seulement ; en tombant du canon où par bravade  je m’étais assis ; le pitoyable artilleur que je suis estime qu’il est temps de continuer la route. Elle s’élève un peu jusqu’à un dôme plantée de vignes, y tourne à gauche derrière, et c’est juste après que l’on reprend un sentier qui file vers le lieu-dit Mas d’en Pi. Ici, et parce que nous n’avons pas été assez attentifs ni au balisage jaune, pourtant présent, ni au tracé GPS, nous avons vécu un court égarement. Il faut donc être attentif car parfois le sentier peut se confondre ici avec le muret d’une « feixe » voire avec une rigole. On descend puis on coupe de menus ruisseaux dont le principal est le « Correc d’Oliva de Rama ». Ici, commence une balade bien différente de celle prise à l’aller. Nous étions sur des élévations et nous sommes au fond de ravines. Mais ça ne dure pas, car peu après le domaine Augustin, le sentier s’élève de nouveau vers le Puig des Cabreres jusqu’à couper  un nouvelle petite route bitumée. Un panonceau directionnel est là bien à propos : « Coll del Mitg - 10mn - 0,5km - Port-Vendres - 30mn - 2km ». Le sentier continue en face en balcon d’une nouvelle ravine puis il atteint une sombre pinède juste avant de s’élever et d’atteindre le col del Mitg. Ici apparaissent les premières habitations, signes d’une arrivée de plus en plus proche. Puis c’est au tour de Port-Vendres d’apparaître dans toute sa dimension à la fois maritime et collinaire. On peut seulement regretter que le béton ait largement pris le pas sur la verdure. D’ailleurs le béton est encore là, juste à côté du sentier car l’itinéraire tout en descente se poursuit au pied d’imposants lotissements en constructions. Par bonheur, quelques pins ont été conservés et c’est dans ce décor mi-béton mi-Nature que le lotissement Pont de l’Amour se présente. Adjacent à un banc, une jolie signalétique en métal nous rappelle ce joli nom. Quelques photos sur ce banc en souvenir de cette arrivée sous le signe de l’affection et de la tendresse et on retrouve notre voiture. Alors bien évidemment, avec l’esprit permanent de curiosité qui est le mien, j’ai essayé de savoir pourquoi ce quartier s’appelle ainsi « Pont de l’Amour » ? Pour être franc, je n’ai rien trouvé de concret et j’aurais même tendance à dire bien au contraire ! En effet, or mis un nombre incalculable de querelles immobilières, administratives, judiciaires et financières à cause de ce bétonnage que j’évoquais ci-avant, je n’ai rien trouvé de « glamour » dans les nombreuses évocations «Internet » de ce secteur.  En général, un « pont de l’amour », c’est un pont que traversent des amoureux pour se retrouver et échanger des baisers. Ici, il n’y a ni pont, ni amoureux, ni baiser et apparemment seulement des « castagnes » comme s'il en pleuvait ! Il y en a tellement qu’un seul mulet ne suffirait pas à toutes les transporter ! Il est temps que plusieurs muletiers reprennent du service ! Telle que décrite ici, cette magnifique balade a été longue de 5,425km, pour des montées cumulées de 280m et un dénivelé de 123m entre le point le plus bas à 18m d’altitude au fond du Correc d’Oliva de Rama et le plus haut à 141 m après le col d’en Perdiguer. Carte IGN 2549OT Banyuls-sur-Mer - Côte Vermeille - Col du Perthus Top 25.

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Les Plans d'eau de Millas

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 2 musiques du compositeur canadien Howard Shore extraites de la bande sonore du film "The Lord of The Rings- The Shire" (en français "Le Seigneur des Anneaux"). Elles ont pour titre : "The Breaking of the Fellowship" et "Samwise the Brave".

Les Plans d'eau de Millas

Les Plans d'eau de Millas

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Au même titre que les lacs de Villeneuve-de-la-Raho et que celui des Bouzigues à Saint-Féliu d’Avall ; que j’ai déjà eu l’occasion de vous présenter dans mon blog ; les plans d’eau de Millas sont un agréable lieu de balade et de détente. Au lieu-dit « Bois de la Ville » et dans un décor très verdoyant, ces 4 lacs bien distincts ; mais reliés entre eux ; alimentés par la Têt et quelques ruisseaux secondaires, occupent environ 4 hectares. Je n’ai pas mesuré mais en faire leur tour est je pense d’une distance d’environ 3km. Certains diront qu’il s’agit d’une longue promenade et d’autres d’une courte randonnée. Quel que soit la définition de ce tour pédestre, tous les marcheurs, promeneurs et autres amoureux de la Nature y trouveront leur compte. Bien sûr, il y a aussi des pêcheurs, mais en apprenant qu’ils étaient le plus souvent contraints de relâcher leurs prises, j’ai apprécié à sa juste mesure cette décision de bons sens et de sagesse. Ils sont les premiers à bénéficier de cette mesure « No Kill » car les poissons grossissent et les prises sont automatiquement de plus en plus respectables et donc plus belles au fil du temps. Pour avoir discuté avec plusieurs d’entre eux, on y trouve selon les lacs un peu de tous les poissons d’eau douce et ça va du petit gardon jusqu’au gros brochet en passant par de la truite arc-en-ciel, du black-bass, du rotengle, de la brême, de la perche, du chevesne et bien sûr de la carpe dépassant parfois les 10kg. J’en oublie sûrement. De surcroît, la chaîne alimentaire est respectée car gros et petits poissons se mangent entre eux, quant aux nombreux oiseaux pêcheurs, ils ont l’assurance de manger à leur faim, tout comme les poissonniers du secteur ! Oui, ces plans d’eau sont devenus des « spots » très réputés pour les pêcheurs sportifs ou du dimanche, quant à moi, j’y amène de la famille, des amis, j’y vais régulièrement m’y dégourdir les jambes joignant le plaisir de marcher à celui de ma passion pour la photo ornithologique. Tout comme les poissons, les oiseaux peuvent y être d’une grande diversité. On y rencontre certes la plupart des oiseaux pêcheurs comme le Grand cormoran, la Grèbe huppée, les hérons, l’Aigrette et des martins-pêcheurs mais aussi la plupart de tous les oiseaux dits aquatiques : canards,  poules d’eau, foulques, oies et parfois même des cygnes. Des pontons, des aires et des îlots ont été aménagés un peu partout afin que cette avifaune soit sédentaire soit migratrice trouve un repos protecteur.  Quant aux passereaux, si on y trouve les inévitables moineaux et bergeronnettes, il faut être curieux de tout ce qui vole pour s’apercevoir très rapidement que là aussi, les espèces sont multiples mais varient selon la météo ou/et les saisons, d’où l’intérêt d’y retourner régulièrement. Jeux d’enfants, aire de pique-nique, modélisme aquatique, « food truck » parfois, manifestations diverses et variées viennent compléter l’aspect convivial de ces plans d’eau bourrés de fraîcheur. Notons qu’outre ce tour des plans d’eau, il existe à Millas un « parcours pédestre de l’eau ». Un grand panneau le présente au départ de la présente balade mais vous le trouverez également sur le Net en suivant le lien ci-après : https://cdt66.media.tourinsoft.eu/upload/Le-parcours-d-eau-de-Millas.pdf A faire donc ! N’oublions pas  aussi que sur la commune de Millas, on recense pas moins de 3 zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), c’est dire l’intérêt que l’on porte ici aux milieux naturels et à la biodiversité. Observons cette biodiversité, protégeons-là car elle a trop tendance à disparaître ! Carte IGN 2448OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

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La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques de Mark Isham extraites de la bande sonore du film "A River Runs Through It (Et Au Milieu Coule Une Rivière)" de Robert Redford avec Brad Pitt. Elles ont pour titres : "Haunted by Waters" , "A River Runs Through It", "The Moment that Could Not Last", "A Summer of Lumber and Fishing", "In the Half-Light of the Canyon" et "Swing Me High; Swing Me Low".

 

La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

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Voilà déjà pas mal de temps que je réfléchissais à faire cette boucle pédestre que j’ai finalement intitulée « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt/Rodes/Casesnoves ». Deux randonnées (*) faites antérieurement m’avaient incité à me lancer dans ce que je considérais un peu ; mais par méconnaissance ; comme une aventure. Puis en fin de compte, c’est en regardant la vidéo de mon confrère Mickaël de « PO Express – La Route des Catalans » que je me suis aperçu que cette « aventure » n’était que très modestement périlleuse. Certes quelques passages en bordure de la Têt ne sont pas des autoroutes ; il faut parfois se tenir à une corde (voir photo) ; mais néanmoins ils restent accessibles à tout marcheur digne de ce nom, et ce pour peu que l’on soit prudent et surtout pas distrait. Sur sa vidéo, Mickaël la propose au départ du hameau de Casesnoves et dans le sens contraire des aiguilles d’une montre quand on regarde la carte IGN, mais ceci n’est qu’un détail de peu d’importance. En ce 27 octobre, j’ai décidé que notre point de départ serait le petit parking qui est peu éloigné de la bien connue boulangerie du Couvent à la sortie ouest d’Ille-sur-Têt. Ce petit parking est mitoyen du canal qu’il va nous falloir suivre comme un premier fil d’Ariane, et ce jusqu’à atteindre les berges de la Têt. Ce canal, vous le voyez écrit Rec d’Illa ( ou canal d’Ille) sur la carte IGN et ce dernier est également parallèle au canal de Thuir. C’est donc entre ces deux canaux que démarre cette randonnée. Or mis le beau temps, la fraîcheur et la paisibilité du canal, quelques fenêtres s’ouvrant sur des vergers, et de nombreux oiseaux pas toujours faciles à immortaliser, il n’y a pour l’instant rien de folichon dans cette « promenade de santé » matinale à l’ombre d’arbres dont certains sont des géants. Il faut attendre quelques décamètres pour qu’avec la Fontaine Saint Jules et son agréable aire de pique-nique, bien connue des Illois, la monotonie soit rompue. Un peu plus loin, c’est une petite baraque agrémentée d’une plaque en hommage à des travailleurs étrangers qui fournit un second prétexte à un arrêt presque inattendu. Pas d’indication sur ce groupe de travailleurs étrangers, or mis les dates de 1940 à 1943 et derrière la baraque, un chariot métallique sur des rails tels qu’on devait en trouver dans toutes les mines, carrières et autres chantiers du département à cette époque. Finalement, c’est guidé par ma curiosité et en finissant cette randonnée qu’il m’a fallu chercher sur Internet les raisons de cet hommage (**). Plus loin, des travailleurs, en chair et en en os, sont là à réparer le canal en bordure de la Têt. Par obligation, nous dévions notre trajectoire, trajectoire qui par bonheur peut s’effectuer sur des passerelles métalliques qui ont été disposées à cet effet et donc à bon escient. Si le canal est encore là, il disparaît assez souvent creusé à même la roche pour réapparaître un peu plus loin. Toujours aux aguets de tout ce qui bouge, je m’aperçois que plusieurs martins-pêcheurs empruntent ces corridors aquatiques et rocheux. Ils y disparaissent eux-aussi mais toujours dans le sens contraire de l’eau qui s’y écoule. Et comme nous longeons la Têt et que bien d’autres oiseaux y sont présents, il ne m’en faut pas plus pour demander à Dany de stopper le temps nécessaire à quelques photos ornithologiques. Finalement et pris dans cet engrenage « passionnel » pour la photo animalière, nous allons stopper presque une heure. J’ai bien fait de m’arrêter à cet endroit car si le canal continue encore un peu, il s’arrête définitivement peu après et l’itinéraire longeant la Têt avec lui. Finalement, et alors que Dany m’ a attendu sagement, je suis ravi des quelques photos que j’ai pu prendre planqué au bord du fleuve. Martin-pêcheur, cincle plongeur, bergeronnettes, fauvette et même un Grand cormoran en plein vol sont venus garnir la mémoire de mon appareil-photo. Un large chemin s’élève un peu et atterrit au milieu d’un verger. Alors que je suis sur le point d’analyser le tracé enregistré dans mon GPS, un petit groupe de marcheurs arrivent m’indiquant la suite de l’itinéraire. Ce dernier part à droite en direction d’un petit casot blanc où l’on retrouve le balisage jaune et un autre canal. Finalement, je reconnais les lieux pour y être venu mais en sens inverse lors d'une balade aux Gorges de la Guillera et au château de Rodes. C’est le Rec ou canal de Corbère qui longe et domine la Têt dans les superbes Gorges de la Guillera, avec notamment les vestiges du pont-aqueduc d’en Labau dont quelques piles et arches sont encore parfaitement visibles et ce malgré leur ancienneté. En effet, l’Histoire nous apprend que la plus ancienne mention est de 1337. En réalité, quand on aperçoit ces vestiges, on n’imagine pas que les canaux que nous avons suivi sont les témoignages hydrauliques encore éloquents de cette époque où des prouesses techniques incroyables étaient mises en œuvre pour irriguer la plaine et amener l’eau jusqu’au Palais des Rois de Majorque à Perpignan. Nombreux canaux, aqueducs et moulins ont longtemps fonctionné tout au long de la Têt y compris dans les secteurs les plus étroits, les plus rocheux et les plus encaissés comme ici. Souvent emportés par des crues, fallait-il du cœur à l’ouvrage pour que ce système complexe se remette à fonctionner correctement. A partir d’ici, je connais bien les lieux et je sais déjà que la partie de cette boucle que je considérais comme la plus compliquée est derrière nous. Si mon intention bien arrêtée est d’ignorer Rodes et son château que nous connaissons déjà fort bien, plus rien ne presse et malgré notre long arrêt au bord de la Têt, la flânerie demeure possible. Aussi dès que les Gorges de la Guillera se terminent et que l’on franchit le pont sur la Têt au lieu-dit « Station d’épuration », un banc arrive très à propos pour le déjeuner. Une grosse demi-heure plus tard, on se remet en route, direction les anciennes carrières de granit que j’ai longuement visitée en janvier 2019 lors d’une balade intitulée « Le Circuit de la Montagne brûlée depuis Rodès (le Sentier des Carrières et du village médiéval de Ropidera) ». Il est vrai que j’y avais aperçu des Hirondelles des rochers en grand nombre, cela ajoutant à ma curiosité première pour le patrimoine. Aujourd’hui, et de surcroît avec Dany, il n’est bien sûr pas question de retourner dans cette « galère » tant j’avais eu de mal à atteindre les bâtiments envahis par une végétation épineuse et urticante. Le sentier qui monte allégrement et joliment en surplomb de la Têt et de ses gorges, avec des vues admirables sur Rodès, sur la vallée et sur le Massif du Canigou suffira à notre bonheur. Je connais bien les goûts de Dany et je sais qu’elle prend du plaisir à cheminer ce sentier qui s’élève en douceur. Elle ne connait pas les lieux, lesquels aux flancs de ces gorges encaissées, laissent entrevoir de beaux et amples panoramas. Il va en être ainsi jusqu’à atteindre le point culminant à 350m d’altitude où une intersection se présente avec d’un côté la direction de Montalba-le-Château et de l’autre le hameau de Casesnoves qui n’est d’ailleurs pas indiqué sur le panonceau directionnel, d’où l’intérêt d’avoir un tracé GPS ou au pire une carte IGN. Si les paysages lointains continuent à apparaître, ils sont moins époustouflants, d’abord parce que le chemin descend vers une partie de la vallée de la Têt moins encaissée, mais aussi parce qu’une végétation de maquis et quelques magmas rocheux granitiques obstruent la vue assez souvent. Finalement, ce n’est plus tant les paysages qui captivent nos regards mais des visions plus imprévisibles comme deux vautours fauves planant au-dessus de la vallée, une corneille noire ou bien encore une énorme migration de grues cendrées dont c’est d’abord les cris stridents qui attirent notre attention. Quel beau spectacle que ces oiseaux volant en formation et en V multiples avec cette lubie et cette boussole directrice de rallier l’Afrique via l’Espagne ! D’ailleurs, leur boussole fonctionne-t-elle si correctement que ça ? Comme je l’avais déjà observé lors d’une autre balade intitulée « Le Sentier de découvertes et d’agrément de Néfiach », mais avec des cigognes, ces grues semblent parfois déboussolées ! Celles qui mènent le groupe changent tout à coup de direction, ce qui bien entendu paraît très perturbant pour l’ensemble. Elles semblent faire demi-tour mais en moins d’une minute, elles paraissent retrouver la « bonne » direction ! Ont-elles rencontré un élément perturbateur ou bien est-ce une façon d’attendre les éventuelles retardataires comme des cyclistes échappés attendent le peloton ? Elles disparaissent et ma question restera sans réponse. En définitive quand le hameau de Casesnoves se présente, avec son église Saint Sauveur fermée, ses ruines mitoyennes et sa tour médiévale sans grand intérêt de prime abord, nous avons conscience que l’essentiel de cette jolie balade a été observé. Pour qui connaît un peu l’Histoire de Casesnoves, si l’église a été parfaitement restaurée, aucune information n’évoque l’étonnante affaire de ses fresques murales qui ont pourtant défrayé la chronique dans les années 50 et je trouve que c’est un peu dommage. Les visiteurs qui viennent ici auraient peut-être envie de savoir ce qu’il s’est passé mais de savoir aussi que ses fresques sont désormais dans l’ancien hospice Saint-Jacques devenu Centre d’Art Sacré d’Ille-sur-Têt. Par le fait même que tout ou presque a été vu, la fin de cette balade est plutôt monotone même si sur notre gauche et de temps à autre les célèbres Orgues laissent entrevoir quelques-uns de leurs jolis « tuyaux » de blocaille sédimentaire. En fin de compte, ce qui va donner un peu de piment à la fin de cette randonnée, c’est de se tromper de rue pour rejoindre notre voiture, laissée près de l’ancien couvent cistercien. Après avoir un peu tourné en rond dans Ille-sur-Têt, finalement c’est bien le chemin des Neuf Fontaines puis celui de la Sini qu’il nous a fallu prendre pour en terminer. Avec pas mal de bitume pour finir, mais en suivant un canal, l’arrivée s’effectue en passant sous la N.116. Après une distance que j’estime à environ une douzaine de kilomètres, notre voiture est là ! Si la fin est un peu fastidieuse, ce n’est pas du tout cela que nous garderons de cette magnifique balade  mais les canaux, la Têt, une avifaune très présente, de jolis paysages, de beaux panoramas et un patrimoine à découvrir.  Carte IGN 2448OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

 

(*) Le Circuit de la Montagne brûlée depuis Rodès (le Sentier des Carrières et du village médiéval de Ropidera) et Les Gorges de la Guillera et le château de Rodès (308 m) depuis Rodès (203 m)

(**) En effet, après les inondations cataclysmiques d’octobre 1940 qui dévastèrent les deux tiers des Pyrénées-Orientales, il fallut reconstruire, réparer les énormes dégâts causés par les crues gigantesques des cours d’eau roussillonnais. Les GTE récemment créés furent mis à contribution. Le GTE 412 était commandé par le capitaine d’aviation André Herry. Francisco Rodríguez Barroso, ancien officier de l’armée républicaine, qui devait connaître suffisamment de français parlé et écrit le seconda dans sa tâche, assurant comme tous les étrangers exerçant ce type de fonctions dans les GTE, des fonctions de secrétariat. Le 412e GTE était divisé en quatre sections de 50 hommes dont la direction était assurée par l’un d’entre eux désigné pour ses aptitudes et compétences. Le 412e GTE fut employé à la réparation des nombreux canaux d’irrigation du secteur, indispensables à l’agriculture, et à la restauration des berges de la Têt, du Boulès son affluent, et du Gimenell, sous-affluent. Lorsque, en juin 1943, ces objectifs furent atteints, le 412e GTE fut transféré à Decazeville (Aveyron) où ses hommes furent employés dans les mines de charbon.

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Etape 2 : Narbonne/Portel-des-Corbières 24,9km le 26 septembre 2014

Publié le par gibirando

Pour les raisons déjà invoquées dans mon récit, ce diaporama (comme les 2 autres) est agrémenté de diverses reprises de la chanson "La Mer" (en anglais Beyond The Sea) de Charles Trenet et Léo Chauliac. Elles sont interprétées ici et dans l'ordre suivant par Gypsy Jazz Caravan (instrumental), Tatania Eva-Marie & Avalon Jazz Band (chant)Neville Worthington (guitare), Alfonso Gugliucci (piano jazz), Sacha Distel (chant) et Richard Clayderman (piano).

Etape 2 : Narbonne/Portel-des-Corbières 24,9km le 26 septembre 2014


 

- Narbonne – Portel-des-Corbières

 

- Vendredi 26 septembre 2014, 7h. J’ouvre les yeux. Le jour est tout juste entrain de poindre et par la fenêtre restée entrouverte, le grand néon du Novotel projette une lueur bleutée à l’intérieur de ma chambre. Je me rase puis me précipite sous la douche. Avec satisfaction, je constate que le sol a parfaitement séché et que plus aucune trace de l’inondation d’hier soir n’est perceptible. Seules les serviettes sont encore bien détrempées malgré un essorage intensif et un tentative de séchage nocturne sur le bord de la fenêtre. Je prépare et range soigneusement mon sac, jetant au passage tout ce qui me semble inutile, morceaux de cartes I.G.N et emballages divers notamment. Je récupère le chargeur et la batterie de mon appareil photo que j’ai pris soin de recharger toute la nuit. Je réussis à remplir mes deux camelbacks directement au lavabo de la chambre. Dans une, j’y ai ajouté ma « dope », simple poudre énergisante mais ô combien efficace quand un coup de mou apparaît. Je les fourre dans les poches latérales de mon sac à dos en prenant soin de vérifier que leurs robinets sont correctement fermés. Tout est fin prêt et je laisse mon sac à dos et mon appareil-photo sur le lit. Je sors de la chambre et part directement vers l’accueil où m’attend le petit déjeuner. Un seul homme est déjà entrain de se servir. Ce qu’il y a de bien avec le petit déjeuner du Formule 1, c’est que tout est à volonté, liquides et solides, à une condition toutefois : arriver bien avant qu’il y ait une cohue. C’est le cas et j’en profite au maximum car je sais que tout peut changer très vite. Dix minutes plus tard, c’est effectivement ce qui se passe quand un groupe de touristes et les cyclistes aperçus hier soir se ruent autour des cafetières, des jus de fruits et des panières de pains, de biscottes et de viennoiseries alors que moi j’en suis déjà à terminer bien tranquillement une double ration sur la terrasse. La note étant payée, il ne me reste plus qu’à retourner dans la chambre chercher mes affaires. 8h30, je quitte l’hôtel et reprend exactement l’itinéraire qui m’a vu arriver hier en fin d’après-midi. Le soleil n’est pas encore totalement levé mais la circulation routière est aussi compacte qu’hier. Je redouble de prudence mais la connaissance du parcours me permet de marcher bien plus vite et d’éviter les endroits les plus périlleux. Je rejoins le Chemin communal de l’Arboretum en moins de vingt minutes alors que hier après-midi j’en avais mis le double. Ayant analysé la carte I.G.N, je sais que cette route va m’emmener directement près de l’étang de Bages au lieu-dit le « Vieux Moulin du Rey » où se trouve l’Arboretum. Au début de la route et posé contre un grillage où je l’avais laissé, je retrouve un vieux morceau de bois flotté que j’avais trouvé hier matin au bord de l’étang de l’Ayrolle. Magnifiquement lustré, il m’avait longuement servi de bâton de marche pour terminer cette première étape. Je le récupère. Ici, le chemin est désormais tout en descente et pour démarrer cette étape ça me convient très bien.  Au moment, où je dépasse les dernières maisons de Saint-Paul, j’entends une puissante détonation et une perdrix vient tomber à une dizaine de mètres devant moi au beau milieu de la route. J’aperçois un chasseur qui descend en courant d’une petite colline et qui se précipite pour se saisir de l’oiseau qu’il met immédiatement dans sa gibecière. Je le hèle,  mais sans réaction il tourne les talons et repars sans le moindre regard dans ma direction pourtant toute proche. A-t-il vraiment pris conscience que j’étais là, à quelques mètres de portée de son fusil ? Je poursuis la route bitumée qui finalement se transforme à une large piste terreuse à hauteur du Vieux Moulin du Rey. Ici, au bord de ce chemin, deux amoureux dont on voit bien qu’ils se cachent, s’enlacent en « se dévorant » la bouche . Je les surprends dans leurs étreintes. L’homme étonné de ma présence si soudaine et si proche se retourne et me dévisage d’un méchant regard. La femme, elle, se tourne de l’autre côté pour que je ne vois pas son visage. Si « constat d’adultère » il y a, je n’en ai cure et passe mon chemin le plus naturellement du monde. Toutefois, ce « fait divers » m’a fait oublier que l’Arboretum était là, tout proche. Je m’en aperçois bien trop tard et seulement en arrivant sur la D.105 devant des panonceaux de randonnées qui indiquent « Pesquis » à 1,5 km et « Bages à pied » à 3,6 km. Le « Mouli dal Rey », lui, est déjà dépassé d’une centaine de mètres. Je me dis que ce sera l’occasion de revenir et je file vers les Pesquis,  petit hameau perché sur une butte au beau milieu de la garrigue. En coupant, la D.105, j’emprunte une étroite sente souvent caillouteuse qui s’élève dans le maquis. Sur la carte I.G.N, il y a bien une variante, mais comme elle emprunte la route asphaltée, j’aime autant l’oublier. Malgré, la faible élévation, je prends beaucoup de plaisir à cheminer cette petite colline car les vues sur les marais tout proches et l’étang de Bages sont très belles. Le sentier est jalonné de postes de chasse mais par bonheur, aujourd’hui, aucun chasseur ne les occupe. J’en profite pour marcher bien tranquille et prendre de nombreuses photos. Une crête plus haute que les autres offre des vues sur le vignoble et sur les Roches Grises, quartier sud de Narbonne dont l'extension sur la colline est d'une triste évidence. Les Pesquis et Bages sont souvent en ligne de mire mais les nombreux passereaux qui occupent le maquis et que je tente en vain de photographier me les font le plus souvent oublier. Le sentier débouche sur une petite route bitumée menant assez directement aux Pesquis. Au passage, je note la présence d’un casot convenablement taggué, d’un puits sans doute séculaire puis celle d’une vieille croix métallique aux pointes en forme de fleurs de lys. Aucune mention n’en indique l’origine alors je les fixe simplement dans mon numérique. J’arrive aux Pesquis dont je visite très rapidement la quasi-totalité des ruelles. Le village est bien fleuri et il n'y a que ça qui m’intéresse car pour le reste, le hameau est désert et rien d’autre de concret ne retient vraiment mon attention. Je le quitte bien plus vite qu’il ne faut de temps pour l’écrire. Le sentier continue de monter. Sur la gauche, une jolie construction toute ronde attire mon regard. J’y file car sur le moment, je pense à un abri de berger, du style « orri pyrénéen » mais non, il s’agit sans doute d’un vieux puits car une porte métallique en obture fermement l'accès. Au moment où je repars un petit bruant, vient se poser tout près de moi dans un buisson d’églantiers. Je le photographie mais il me quitte aussi vite qu’il est arrivé. Au même instant, dans le ciel, un épervier survole la colline dont j’atteins le sommet quelques minutes plus tard. Les passereaux y sont nombreux. Avec quelques fleurs bleues que je ne connais pas et qui tapissent le sol à un endroit bien précis, ils seront les seuls à freiner mon ardeur à arriver à Bages. Entre maquis, pinèdes et vignes, le chemin redescend sèchement en direction de l’étang. Ce dernier scintille magnifiquement du côté de Bages, dont le village haut perché se trouve désormais sur ma droite. Lorsque j’y parviens, les panonceaux directionnels m’offrent le choix entre continuer vers Peyriac-de-Mer ou visiter la cité. Estimant que je ne l’ai pas suffisamment visité lors de ma récente venue à la recherche d’un couchage, je fais le choix de réparer cette anomalie. Des flamants roses, eux, sont toujours là et quasiment au même endroit, côté Anse des Galères. De haut en bas, c’est-à-dire de son église Saint-Martin et de sa table d’orientation jusqu’au petit port en passant par ses étroites ruelles, sa maison des Arts et ses pontons, tout Bages y passe en un temps que je veux le plus court possible. Dans ce désir de tout découvrir, sans ne rien oublier,  mais en minimum de temps, j’ai conscience que prendre de nombreuses photos est une réelle mais inévitable contrainte si je veux conserver des souvenirs. Finalement, le temps que je viens de tenter de gagner avec cette découverte au pas de course, j’ai le sentiment de le perdre dans ma quête à retrouver l’itinéraire du Sentier du Golfe Antique (*). Je retrouve le balisage à un carrefour Chemin de Ceinture et village des Pêcheurs puis je sors définitivement de Bages par la rue d’Estarac. Là, sur la route, et malgré de nombreux passereaux qui mettent en éveil mon appareil-photo, je prends conscience que je ne suis pas venu pour me « taper du bitume ». Dès la première occasion qui m’est offerte, je descends vers les étangs, malgré un tracé différent dans mon GPS. Oui, voilà ce que je suis venu chercher et observer ! De jolis sentiers sableux à cheminer, mais surtout des aigrettes, des mouettes rieuses, des hérons par dizaine et des flamants roses par centaine dans leur biotope préféré. Sans doute ai-je dérogé à l’itinéraire du Sentier du Golfe Antique et à certaines règles en venant jusqu’ici ? Mais voilà où je suis bien ! Là, dans cette Nature que j’aime tant et au milieu des oiseaux. Entre mon désir de les approcher au mieux pour les observer et les photographier et celui de respecter leur vie paisible, j’essaie de trouver le meilleur et juste compromis possible. Peu importe si mes photos ne sont pas « top » ! Et quand une guérite d’observation se présente au bout d’une longue lagune face à un attroupement de flamants roses, je n’hésite pas une seconde à ramper sur des dizaines de mètres et au milieu des graminées, des salicornes et des soudes pour les approcher au mieux sans jamais les déranger. Le résultat est au-delà de mes espérances. Ils ne s’envolent pas, se contentant de tourner leurs têtes de tous les côtés car ayant sans doute pris conscience d’une présence bien trop proche. A l'instant où ils replongent leurs têtes dans leur plumage, je comprends que « la fin du match est sifflée » . Je repars en rampant comme je suis venu. Ayant obtenu ce que je voulais, je retrouve sans trop de problème le bon itinéraire peu avant une croix consacrée à Saint Paul. C’est le bien nommé chemin de Saint Paul filant direct vers Peyriac-de-Mer. Ce Paul de Narbonne, ce n'est qu'en rentrant que j'en découvrirai l'Histoire. Ici, au sortir des étangs, tout à brûler et qui plus est très récemment car seule une herbe verte mais encore rase a eu à peine le temps de repousser. Pins, oliviers, maquis, champs en jachères mais aussi tourbières et roselières, c’est un quasi désert, si tristement noirci et contrastant avec la haute et belle végétation verdoyante que je viens de traverser. Une vraie catastrophe !  Je ne peux m’empêcher de penser à toute cette faune que l’on ne voit que de manière impromptue, brusque et épisodique parfois. A cet instant précis, c’est l’exemple des fauvettes qui me vient à l’esprit car j’en ai vu beaucoup depuis mon départ sans pour autant réussir à en photographier une seule ! Oui, que deviennent-elles quand un incendie tel que celui-ci les surprend dans leur milieu ? Par bonheur, le bon chemin de Saint Paul, non pas en bitume mais bétonné, se poursuit vers Peyriac-de-Mer dans une zone marécageuse que l’incendie semble avoir épargnée. Le vent a cessé et c’est l’occasion rêvée pour écouter « la Mer » dans différentes versions pas toujours aussi réussies que l’originale. « La Mer » en version reggae ou ukulélé, ce ne sont pas celles que je préfère ! Je crois savoir qu’elle fait partie des chansons françaises les plus reprises au monde alors on trouve un peu de tout !  Finalement, j’entre dans la commune de Peyriac par les lieux-dits L’Horte et l’Oppidum du Moulin où un panneau d’information m’apprend que les Romains étaient présents, des pièces de monnaie ayant été retrouvées. Puis c’est la Saline, l’étang du Sel Fort et du Doul avec leurs pontons que je connais déjà très bien pour y être venu randonner en 2010 lors d’une balade intitulée « Les Boucles de Peyriac-de-Mer ». Je m’y lance à nouveau avec l’idée d’y photographier quelques oiseaux. Une aigrette, quelques goélands et des foulques sont immortalisés.  Il est presque 13h, or mis les graines juteuses de deux grenades et quelques raisins grapillés, je n’ai pratiquement rien mangé depuis l’hôtel et comme un banc face à l’étang est là bien à propos, j’estime que c’est l’endroit rêvé pour déjeuner. Une petite salade toute prête et un gâteau de riz viennent tout juste apaiser ma faim. Je mange sous le regard d’un goéland planté sur un piquet. Il m’observe avec insistance et finit par s’approcher de moi. Je lui offre quelques pâtes de ma salade qu’il accepte bien volontiers. Quand je repars, il s’envole vers son piquet, sans doute un peu déçu de la modicité de mes offrandes. Le village est désert et seule la placette principale Joseph Aubin Fabre est animée grâce à la présence de restaurants dont les tables en terrasses sont bien occupées. Je m’installe à l’une d’entre-elles et commande un café mais également un jambon-beurre dont je précise la taille et à emporter. Dix minutes plus tard je repars. Je visite la partie du centre-ville que je n’avais pas eu le temps de visiter en 2010.  Je suis vraiment tout seul à arpenter les jolies ruelles. Je sors de Peyriac de la même manière, en solitaire et avec un peu ce sentiment qui me poursuit d’être le seul « bipède » capable de marcher. Il va en être ainsi jusqu’à Portel-des-Corbières où je vais déambuler sur des chemins comme si j’étais le seul être humain sur cette planète. Par bonheur, quelques oiseaux, lézards et papillons bien vivants vont me distraire, accepter ma présence et celle de mon appareil-photo. Si le parcours est très bien balisé, toujours en jaune et rouge, il s’immisce dans des décors suffisamment variés pour ne pas être trop ennuyeux. Quand le chemin le devient, je cherche des prétextes à quelques photos. Cette marche solitaire, et donc forcément sauvageonne, s’estompe un peu quand une habitation ou un domaine viticole se fait jour. Ici, des domaines viticoles, il y en a plusieurs. Sous un soleil de plomb et la poussière des chemins asséchant mon gosier, les châteaux Fabre-Cordon et du Grand Sabo sont de bien jolis noms qui donnent des idées de breuvage. Au regard des magnifiques paysages de vignobles que je traverse, ma tête d’ignorant des choses du vin vagabonde et n’éprouve aucune difficulté à imaginer les merveilleux nectars se cachant derrière ces enseignes apparemment nobiliaires. « Dégustation » il est écrit et si je n’étais pas si raisonnable, j’irais voir de quoi il retourne. Mais non, ça ne serait pas sérieux de déguster, d’apprécier et de ne pas acheter car je ne me vois pas me trimballer ne serait-ce qu’avec un « bipack » ou un « tripack » de bouteilles ! Devant le portail d’une très belle villa, le buste d’un empereur romain vient me rappeler que je marche sur un sentier dit « antique » et à bien y réfléchir c’est pour l’instant le seul objet représentatif de cette période que j’aperçois. Encore est-il de plâtre et pas vraiment sculpté ! Serais-je sur la bien connue « Via Domitia ou Voie domitienne » ou bien encore sur l’Héracléenne dont je sais leur présence commune par ici  ? Rien ne le mentionne mais ce n’est pas impossible au regard de ce que j’ai lu  à leur propos et de leurs trajets qui selon les historiens traversaient la Gaule dite « narbonnaise ». A voir ! En tous cas et peu après le château du Grand Sabo un grand menhir apparaît au bord du chemin. Simple pierre dressée ou vrai menhir ? Rien ne le dit. En tous cas, ce n’est pas une borne milliaire romaine car sa forme n’est pas celle d’une colonne burinée. A vérifier ! L’itinéraire est toujours bien balisé et quand une incertitude se présente, mes bouts de carte et au pire mon tracé GPS viennent à ma rescousse. Je n’hésite pas à les consulter au moindre croisement non balisé ou bien quand plusieurs possibilités se présentent. Finalement, c’est toujours tout droit sur un chemin que l’IGN mentionne comme étant « des Charbonniers ». Je décide de garder mon GPS allumé pour être sûr de prendre le bon chemin et surtout celui le plus court. Non pas que je sois en retard par rapport à mes hôtes mais je ne veux surtout pas l’être. Il n’est que 15h45 quand le panneau signalétique « Portel-des-Corbières » apparaît et malgré ma flânerie je suis content d’arriver. Les premières maisons sont là à quelques centaines de mètres mais j’attends un peu avant d’appeler Monsieur Noguero pour le prévenir de mon arrivée. C’est bien plus tôt que prévu, je ne veux pas le déranger et je vais marcher encore, bonne raison pour me faire une idée du village. Finalement, je m’aperçois que je risque d’errer dans le village fort longtemps si j’attends 17 heures comme prévu initialement. Il est 16h10 et je me décide à l’appeler lui disant que si c’est trop tôt je peux attendre. Il me répond qu’il arrive et effectivement 5 minutes après il est là. Très sympathique et chaleureux, à l’image identique de son épouse que j’avais eu au téléphone. Nous voilà partis vers le quai de la Berre où se trouve le gîte. Gîte est en réalité un mot peu approprié au regard des autres gîtes pour randonneurs où j’ai eu l’occasion de loger. Ici, je qualifierais le lieu d’appartement de très beau standing où tout est clean et d’une belle modernité. J’adore et franchement je me dis que j’ai peut être été incorrect de discuter le tarif d’une nuitée. Mais comment savoir ? Je m’installe, mais à vrai dire avec mon seul sac à dos, l’installation est vite bâclée. Il est tôt et je décide de partir visiter la partie la plus ancienne du village mais aussi d’aller trouver à manger pour ce soir et un peu pour demain. Par un pur hasard et parce que le gite est juste à côté, je commence par m’évader dans la rivière La Berre grandement asséchée à cette période de l’année. J’y trouve un terrain de jeu idéal car seulement occupée par une flore étonnante car foisonnante mais aussi par des bergeronnettes, chardonnerets, serins et autres pinsons qui trouvent ici le gîte et le couvert. Ils viennent s’abreuver dans les quelques poches d’eau subsistantes. Quand aux choucas des tours, ils logent à même les parois rocheuses et les hauts murs qui encadrent la rivière près du pont de Tamaroque. Dans cette vision agréable que j’ai de découvrir les lieux, les plus à plaindre sont les poissons, le plus souvent petits mais parfois très gros, qui vont et viennent comme des âmes en peine, emprisonnés qu’ils sont dans ces flaques d’eau qui n’auront de cesse de se restreindre si de grosses pluies n’interviennent pas très vite.  Après avoir joué plus d’une heure dans les gravières et sur les galets de la Berre, visité un peu la ville et fait quelques courses mes jambes commencent à ressentir les kilomètres d’hier et ceux d’aujourd’hui. L’heure est venue de les laisser se reposer un peu. Je passe la soirée à feuilleter quelques livres et magazines mais surtout  à lire un recueil de poèmes s’intitulant « Une porte dans les Corbières » d’un certain Robert Vila où bien évidemment la cité de Portel tient une place centrale. Un pur régal pour l’amoureux des poésies que je suis (mais livre introuvable sur le Net !). Je ne peux m’empêcher de faire des photos de la quasi-totalité du livre tant j’aurais sans doute l’envie de le relire une fois rentré à la maison. C’est sur ces jolis mots que se termine cette journée de marche dans des décors bien différents d’hier mais surtout très contrastés. Oui, ce Sentier du Golfe Antique a cet intérêt de changer de décors au fil de son cheminement. Savoir si demain il en sera encore ainsi ? C’est l’immense avantage de la randonnée pédestre que de ne pas savoir comment sera le chemin du lendemain ?  Ne pas savoir de quoi demain sera fait n’est pas angoissant quand il s’agit de randonner.

(*) Pourquoi Golfe Antique ? : Dans l’antiquité, les étangs de Bages-Sigean, de l’Ayrolle et de Gruissan étaient reliés entre eux et formaient un golfe en relation avec la mer. Le massif de la Clape était une île au milieu de ce golfe où se déversait l’Aude nommée alors « l’Atax ». Les alluvions de l’ Aude ont comblés ce golfe. L’étang de Bages-Sigean était longé par un grand axe de communication entre l’Espagne et l’Italie axe qui reliait les oppida. Hannibal partant à la conquête de Rome, emprunta cette voie (voie héracléenne) qui fut modernisée par les romains et rebaptisée « Via Domitia ». Dans ce golfe, Narbonne (en réalité Narbo Martius) était un port au commerce maritime très important. (Source Site du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre de l’Aude / CDRP11). Rajoutons que de nombreuses preuves de cette activité maritime ont été retrouvées à divers endroits autour de l’étang actuel de Bages-Sigean (La Nautique, Mandirac, Sainte-Lucie, île Saint-Martin, Peyriac-de-Mer, etc...). Le seul aspect « antique » est d’ailleurs encore plus ancien que la présence des Romains puisqu’il est acquis que d’autres peuples les ont précédés autour du golfe comme les Elysiques mais également les Ligures et les Volques Tectosages à un degré moindre.

 

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Etape 1 : Port-la-Nouvelle/Narbonne 28,4km le 25 septembre 2014

Publié le par gibirando

Pour les raisons déjà invoquées dans mon récit, ce diaporama (comme les 2 autres) est agrémenté de diverses reprises de la chanson "La Mer" (en anglais Beyond The Sea) de Charles Trenet et Léo Chauliac. Elles sont interprétées ici et dans l'ordre suivant par Maximo Spodek (Instrumental/piano) Bobby Darin (chant), Antonio de Lucena (guitare espagnole) Sergey Brazhnik (instrumental), Nina Louise (chant) et Robbie Williams (chant).

Etape 1 : Port-la-Nouvelle/Narbonne 28,4km le 25 septembre 2014


- Port-la-Nouvelle – Narbonne

 

- Jeudi 25 septembre 2014, 7h30. Je roule direction Port-la-Nouvelle. Mon sac à dos est parfaitement bouclé et posé sur le siège arrière. En principe, rien ne manque et j’ai même pensé à prendre mon petit baladeur MP3. En 2009, tout à fait par hasard, mais de manière très appropriée, « Mes jeunes années » de Charles Trenet avaient délicieusement bercé toutes les étapes de mon Tour du Vallespir. Alors que je roulais vers Amélie-les-Bains, j’avais entendu cette chanson à la radio et elle était restée là dans un coin de ma tête tout au long du parcours. Pour la toute première fois, j'avais écouté et quasiment retenu toutes les paroles, des paroles dont je devinais qu'elles seraient en corrélation avec les moments que j'allais vivre. Entre gaieté et tendresse ou chagrin et douceur, avec cette chanson que ma mère avait souvent fredonnée, j’avais beaucoup pensé à elle, malade d’Alzheimer, et plus globalement à tous les êtres chers que j’avais perdus. J’ai toujours considéré qu’il y avait eu beaucoup d’injustices dans la maladie et le décès de ceux que j’avais tant aimé : mon frère et mon père partis bien trop jeunes et ma mère avec cette terrible maladie. Marcher en pensant beaucoup à eux m’avait énormément aidé dans mes réflexions et mes pensées après le contrecoup d’une retraite que je trouvais parfois insatisfaisante mais qu’en réalité, j’avais sans doute beaucoup trop idéalisée avant de la prendre. Je me suis souvenu de tous ces moments forts qui m’avaient fait prendre conscience de la chance que j’avais d’être vivant et de faire beaucoup de choses que j’aimais. J’adore les chansons poétiques de Trenet et  cette année, je pars avec une multitude de versions de « La Mer » mais il y a une raison à cela. En effet, quand on lit l’histoire de cette chanson, on apprend que Trenet aurait écrit les paroles de la chanson en 1943 alors que voyageant avec son pianiste Léo Chauliac et son ami le chanteur Laurent Gerbeau, il regardait la mer et l’étang de Thau par la fenêtre du train qui l’amenait de Paris à Perpignan. A cette époque Trenet a 30 ans et a déjà un énorme succès. Or, quand on approfondit le sujet, on apprend qu’en réalité, il avait déjà couchées ces mots-là sur un poème alors qu’il n’avait que 17 ou 18 ans. Or, à cette époque, il est plus coutumier de voyages entre Narbonne et Perpignan ; où il fréquente notamment le journaliste Albert Bausil ; et donc de visions des étangs de l’Aude que de celui de Thau. Il est donc fort probable que les paroles lui étaient inspirées par l’étang de Bages-Sigean et la mer du côté de Port-la-Nouvelle. Je me suis mis à penser que « le golfe clair » qu’il évoque, c’est peut-être un peu ce « Golfe Antique » que je pars découvrir alors j’ai voulu partir avec des versions bien différentes de cette chanson. Finalement, il y a tellement de reprises de toutes sortes avec des instruments et des sonorités si disparates qu’on a parfois l’impression d’écouter des chansons et des musiques bien dissemblables. C'est donc en découvrant cette diversité que j'ai eu envie de partir avec toutes ces versions. Les écouteurs de mon baladeur MP3 dans les oreilles, c'est en écoutant les premières versions que je roule en longeant l’étang de Salses-Leucate. Les golfes clairs sont déjà là. En réalité, les étangs sont encore bien sombres mais un flamboyant soleil rouge s’élève peu à peu au dessus de la ligne d’horizon. Le jour se lève du côté du Barcarès et de Leucate. Je m’arrête pour quelques photos. Les toutes premières mais il y en aura plus de mille pendant ces 3 jours. J’arrive à Fitou. Je m’arrête quelques minutes juste le temps d’acheter deux viennoiseries dans un « point chaud ». Je repars. Au loin, le soleil rouge a disparu derrière les falaises de La Franqui. Un peu plus loin, il surgit de nouveau mais semble s’être arrêté dans son ascension et paraît comme suspendu. Il voudrait bien jeter mille feux allant du rouge écarlate au jaune vif en passant par de nombreuses nuances orangées mais un voile de chaleur opaque paraît l’en empêcher. C’est sans doute un signe du grand beau temps qui s’annonce mais la tramontane annoncée est déjà bien là. Au dessus de ce rougeoiement, le ciel est d’un magnifique bleu acier. Aux Cabanes de la Palme, je tourne à droite et emprunte la petite D.709. Elle longe l’étang et les salins de La Palme mais Port-la-Nouvelle est vite là. Je me dirige directement vers sa zone portuaire, à l’endroit même où le canal de la Robine fait la jonction avec le chenal menant à la passe et à la haute mer. L’horizon est cendré et le soleil a toujours autant de mal à percer cette muraille brumeuse. Les nombreux petits bateaux du port de plaisance tanguent sur une onde relativement agitée par une violente tramontane. Enfin, je dis « tramontane » en me fiant aux informations de Météo France, mais c’est peut-être le vent qu’ici les audois appellent « cers » ? Ce ne serait qu'un problème de dénomination ai-je oui dire ?  Je fais le tour d’un pâté de maisons mais finalement et pour me garer, je trouve une place idéale sur un parking en bordure d’un petit canal et non loin de la gendarmerie. Ce petit canal, ici on l’appelle le Canalet et on voit immédiatement qu’il n’est pas récent car avec ses bateaux rangés au bord du quai, il a conservé son vieil aspect « cabanes de pêcheurs ».  Je n’ai guère le temps de m’y appesantir. Avant de chausser mes godillots et d’harnacher mon sac à dos, j’observe les lieux et regarde si le canal de la Robine est facilement atteignable depuis ce parking. Une grande passerelle est là, elle enjambe le canal et en plus, un balisage jaune et rouge indique clairement un itinéraire pédestre. En tous cas, il s’agit bien d’un « GRP Tour du Pays » et j’ai la conviction d’être déjà sur le Sentier du Golfe Antique (*) même si ici, aucun panonceau explicite ne m’en apporte la certitude. Je grimpe au sommet de la passerelle. Le canal de la Robine semble joignable et je retourne à la voiture. 8h20, me voilà sur la rive droite du canal de la Robine. Depuis le parking et pour en  arriver là, il m’a fallu emprunter plusieurs passerelles. Une fois dessus, une fois de dessous et ainsi de suite, mais finalement le balisage est plutôt bien indiqué et j’y suis parvenu. Au sommet de la dernière passerelle, le canal de la Robine ne m’a pas impressionné malgré une rectitude saisissante et une extrémité se perdant dans un horizon lointain et nébuleux. Il est vrai que j'ai déjà accompli La Robine en vélo lors d'un aller-retour jusqu'à Narbonne. De plus, je connais bien ce tronçon jusqu’à l’écluse de Sainte-Lucie même si je ne l’ai jamais accompli à pieds mais toujours en voiture au moins jusqu’au parking. Les morceaux de cartes pour la journée sont dans une poche de mon short et celui qui a cours dans une autre. J’aime bien l’avoir sous la main pour connaître les noms des lieux où je vais passer. Une forte tramontane souffle déjà mais comme elle devrait être signe de beau temps, je ne m’en plains pas. Or mis que j’ai déjà été contraint d’ôter mon baladeur de mes oreilles et d’arrêter « la Mer » ou plutôt « Beyond The Sea » magnifiquement chantée par Robbie Williams. Enfin, pour l’instant, elle n’est pas un inconvénient sauf qu’après quelques mètres à peine accomplis, elle semble encore forcir et mes yeux se mettent à larmoyer. Voilà un vrai inconvénient car alors que mon appareil photo numérique est déjà bien entré en action, je suis contraint de freiner mes ardeurs de ce coté-là aussi. Si des milliers de goélands ayant élus domicile dans les « Tables Salantes » ont eu le privilège des premiers clichés, je ne peux plus me permettre de tout photographier « à l'emporte-pièces ». Oui, ce vent si fort est un réel désagrément car j’ai également décidé de répertorier les plantes et les fleurs maritimes en les photographiant car je ne les connais pratiquement pas. Elles viendront grossir mon herbier photographique au côté des nombreuses fleurs des montagnes et des champs. Quelques oiseaux les occupent mais la puissance du vent empêche toute mise au point parfaite pour d’éventuelles photos. Je commence à pester un peu et ce d’autant que je m’aperçois que le vent soulève également une fine bruine d’embruns poissant parfois mon téléobjectif. Entre mes yeux qui larmoient, un ciel cotonneux derrière moi qui décroit la luminosité et ces embruns, forcément mes premières photos ne seront pas géniales. Un magnifique bateau filant au gré du canal ou un train s’éloignant vers Narbonne sur l’autre berge du canal complétent mes prises de vue avant mon arrivée à l’écluse de Sainte-Lucie. Des bateaux et des trains, il y en aura bien d’autres. Si ici les trains vont très vite à cause des lignes droites, les bateaux offrent l’avantage de quelques échanges rapides avec les occupants et au moins des bonjours toujours très sympathiques.  Ici, les premiers panonceaux indicatifs me renseignent sur quelques distances : derrière moi, Port-la-Nouvelle à 3 km. Devant, l’écluse de Mandirac à 10 km et Narbonne à 17,7 km, sous entendu par le canal de la Robine. Toujours aucune information quant au G.R.P Sentier du Golfe Antique. Ici, le canal formant un virage, ses eaux sont plus calmes et quelques colverts en profitent pour caboter placidement au fil du courant. Quelques poissons mouchetant la surface créent de multiples ronds sur le miroir verdâtre. De nombreux pins parasols inclinent leurs branches et forment une jolie haie ombragée bien à l’abri de la tramontane.  J’en profite pour m’arrêter un instant auprès d’un pêcheur. Il vient tout juste  d’arriver et n’a encore rien pris. Tout en bavardant, le sentiment qu’il me laisse et qu’il est surtout là pour profiter de cette belle journée qui s’annonce et comme on dit pour mouiller le fil.  Apparemment « prendre du poisson » lui semble secondaire. Je repars. Le virage se termine et là, très soudainement la violence de la tramontane me fait courber l’échine. Je comprends immédiatement que je marche plein nord et qu'ici le vent est plus fort que nulle par ailleurs. Je recommence à larmoyer et plus rien n'arrête ces larmes-là. Je m'arrête, essuies mes yeux, repars et ainsi de suite. Je quitte la large piste au profit d’une étroite sente filant sur la droite en bordure des étangs pensant être plus à l’abri du vent. Il n’en est rien. De l’autre côté du canal et dans la colline, je reconnais plusieurs grands bâtiments visités lors d’une jolie balade à la presqu’’île de Sainte-Lucie. Au bord du chemin, une vieille borne en bois indique 15 km. Je sais que pour moi, elle est sans intérêt car elle doit sans indiquer Narbonne par le canal de La Robine. A cause de la violence du vent, je regarde plus souvent sur les côtés que droit devant et quand c’est le cas, le moindre élément devient un repère à atteindre. Un pin parasol isolé, un cycliste arrêté, un buisson plus haut qu’un autre, un vieux bâtiment, un bateau qui s'éloigne tout est bon pour me fixer un objectif à rejoindre. Sur l’autre berge, le domaine Sainte-Lucie appartenant au Conservatoire du Littoral est là avec ses vastes bâtiments et ses bateaux de bois. Plusieurs sont là en cours de restauration. Un imposant, amarré à la rive et l’autre telle une carcasse, avec sa coque au sec et en cours de réparation. En son temps et comme l’indique un grand panneau, il y avait paraît-il une « Maison des Etangs » avec visite guidée de l’île, sentier botanique, musée et centre documentaire. Je me demande si tout ça fonctionne encore et je me dis qu’il aurait été bien mieux que le Sentier du Golfe Antique passe en ce lieu plutôt que sur l’autre rive. Après Sainte-Lucie et son Roc Saint-Antoine, plus rien ne freine la tramontane et avançait face à ce vent très puissant devient une véritable épreuve. Ici, le chemin ne forme qu’une étroite langue de terre de quelques mètres entre les eaux du vaste étang de l’Ayrolle sur la droite et celui beaucoup plus modeste du Charlot sur la gauche. Il faut dire que l’étang du Charlot n’est séparé de celui de Sigean que par la voie ferrée. Aujourd’hui, j’ai le vague sentiment que le « Charlot » c’est moi et si je m’arrête souvent ce n’est pas pour rire mais bien au contraire pour arrêter de larmoyer et assécher l’objectif de mon appareil-photo presque autant que mes yeux. A cause du vent et de ces larmes, je n’arrive pas à progresser comme je le voudrais. Dès que mes yeux s’arrêtent de pleurer, je repars et j’en profite le plus rapidement possible pour prendre quelques photos car il y a en bordure du chemin de nombreuses fleurs que je ne connais pas même si certaines ont de vraies ressemblances avec des fleurs plus communes. Il est vrai que j’ai une réelle méconnaissance pour les fleurs maritimes. Il est 10h30 quand j’arrive à la Maison Cantonnière de l’Ardillon. Si elle est amplement ruinée et sans grand intérêt de nos jours, je me souviens avoir lu qu’elle servait bien évidemment à loger les cantonniers chargés de l’entretien du canal, des ouvrages et des tombolos, mais aussi d’auberge pour les bateliers au temps où les travaux de halage se trouvaient immobiliser à cause de la puissance des vents. Souvent très chargées et dont très lourdes, les barges de transport, les pinardiers comme on les appelait, restaient plaquées contre la berge par les vents. Contraints de rester ainsi immobilisés, les bateliers attendaient ici des conditions météo plus favorables avant de repartir. Peu après, la tramontane ayant fléchi, j’en profite pour zigzaguer entre le chemin longeant La Robine et la grève de l’étang de l’Ayrolle avec l’espoir d’éventuelles découvertes. C’est là au bord de la grève que je photographie un groupe de goélands et quelques rares limicoles qui s'abritent sur les versants les moins ventés des tombolos. Pendant que les goléands se reposent, les limicoles déjeunent en plongeant leurs longs becs dans les bancs d’algues vertes que le courant à rejeter sur la berge. A me voyant, ils s’éloignent de quelques centaines de mètres. Il y a aussi quelques papillons mais souvent peu visibles car le plus souvent plaqués au sol ou planqués dans la végétation. Ils savent sans doute que leur envol est synonyme de risque d’être emportés par le vent au-dessus des flots. Je mets à profit cet arrêt photos pour prendre une barre de céréale puis je repars. Au fur et à mesure que j’avance, le vent faiblit et j’en suis ravi car mes yeux arrêtent automatiquement de larmoyer. A hauteur des Salins de Campignol puis de l’Ancienne Douane, la langue de terre s’élargit soudain et prend des vrais airs de petite Camargue, avec sur la gauche de nombreux taureaux et sur la droite, une multitude d’oiseaux marins : mouettes, aigrettes, cormorans, limicoles et goélands. Quelques chevaux blancs dans un enclos et un groupe de flamants roses qui s'abritent du vent viennent conforter cette similitude avec la zone humide du Delta du Rhône. Le canal de la Robine devient plus ombragé avec de grands arbres même si les roseaux sont encore très nombreux. Ces derniers sont désormais là pour consolider les berges que la navigation et les ragondins n’ont de cesse de saper.  La végétation se diversifie et se densifie en même temps. Je ne sens pratiquement plus la tramontane et mes yeux en sont comblés.  A la fin des Salins de Campignol, ma curiosité a aller visiter les lieux fait se soulever des milliers d’étourneaux sansonnets qui dormaient bien tranquilles dans un pré. Aussitôt, cette étonnante nuée prend des allures de nuages mouvants formant de bien belles arabesques dans un ciel azur purgé de tous nuages. Sur les eaux de la Robine, bien plus calmes ici, je surprends un ragondin sur la berge. Le temps d’une seule photo, il plonge puis nage en direction d’un groupe de colverts puis disparait dans les roseaux. Depuis quelques centaines de mètres, les colverts sont nombreux et semblent se complaire aux endroits où les berges sont taraudées. Un rapace s’envole au-dessus des platanes, ce qui m’empêche de l’immortaliser correctement et surtout de le répertorier. Je le reverrais un peu plus tard mais sans la certitude qu’il s’agisse du même. Quelques grandes bâtisses agrémentées de tours se présentent sur la droite. Je suppose qu’elles ont un rapport avec les salins ou les rizières. Finalement, ce n'est qu'en regardant ma carte que je comprends que je suis à hauteur du Petit Tournebelle. Les maisons de Tournebelle apparaissent au travers de la végétation. Bien que ne l’ayant jamais vu sous cet angle, je reconnais aisément le domaine où j’avais tenté en vain de trouver une location. Mon morceau de carte I.G.N m’apprend qu’il y a également le Grand Tournebelle et Tournebelle le Neuf, tous deux sur la gauche du canal. Un peu plus loin, et comme un étonnant mirage, le magnifique Domaine du Petit Mandirac apparaît, comme posé sur les immenses prés verdoyants et devant les collines de La Clape. Ici, dans les prés humides ; des  rizières je suppose ; et leurs nombreux chenaux, je retrouve quelques oiseaux aperçus lors de ma récente venue. Au travers des roseaux, j'aperçois aussi des taureaux et des chevaux en quasi-liberté. Je suis ravi d'observer toute cette vie. L’écluse de Mandirac est en vue mais comme il est déjà 12h15, je décide de stopper dans l’herbe, sous les platanes et juste devant un bien beau navire pour déjeuner. Depuis Port-la-Nouvelle et mon démarrage ce matin, je n’ai que quelques fruits secs et une barre de céréales dans le ventre. Il est vrai qu’à Fitou, deux pains au chocolat étaient venus compléter mon habituel petit déjeuner. De toute manière, quand je marche, rien ne m’est jamais suffisant et une « bonne » salade et deux petits pots de riz au lait sont les bienvenus.  Pendant que je mange et me repose en écoutant « La Mer » dans différentes reprises sur mon baladeur, je constate que les oiseaux sont bien plus nombreux par ici que je ne l’aurais supposé. Je pensais que la proximité des habitations était une entrave à leur présence. Il semble qu’il n’en soit rien. Sur la droite du canal, je vois de nombreuses cigognes survolaient les prés humides ainsi que quelques aigrettes et hérons cendrés et j’ai le sentiment que tout ce petit monde volant se pose dans les très proches alentours. Malgré cette stimulante présence, je me dis qu’un bon repos est primordial. L’étape est encore très longue et il faut que je prenne le temps pour chaque chose. Je me repose une heure puis repars. L’écluse est là et sur la droite, juste derrière la vieille école, de nombreuses cigognes continuent de faire le spectacle. Plusieurs voitures ont stoppé en bordure d’un grand pré et leurs occupants se sont tous mués en photographes animaliers. Il faut dire que des dizaines de cigognes sont juste là, au bout d’un pré, à quelques centaines de mètres à peine. Je voudrais bien que tous ces touristes partent pour prendre position mais quand une voiture s’en va, elle est immédiatement remplacée par une autre. Alors, je prends quelques photos comme je le peux et sans prendre le temps nécessaire. Au moment de poursuivre, j’aperçois un superbe héron cendré dans le pré face à l’école. Le temps d’une photo et le voilà déjà passant au-dessus de ma tête et filant se poser sur les grands arbres du Petit Mandirac. Je me dirige vers le domaine pour m’en approcher au maximum. Alors que je marche au bord de l’étroite D.32, je constate que de nombreux autres limicoles ont élus domicile dans tous les prés alentours. Assez étrangement ils s’envolent en me voyant alors que les voitures passant sur la route ne semblaient pas les perturber.  Je jette un coup d’œil vers les grands arbres du Petit Mandirac et le héron est toujours là. Alors, je m’en approche encore et je réussis à le photographier plutôt correctement malgré la bougeotte dont il fait preuve.  Je m’aperçois que je me suis bien éloigné de l’écluse et de l’itinéraire du Sentier du Golfe Antique. Là, je prends soudain conscience que si je fais ça à chaque bel oiseau aperçu, ce n’est pas ce soir que j’arriverais à Narbonne. Je reviens vers l’écluse dont je fige quelques photos de ses principaux points d’intérêts : école, canal, écluse elle-même, péniches y manoeuvrant, joli monument malheureusement taggué et vandalisé mentionnant un « parcours naturel des étangs » et enfin la maison de l’écluse. L’école, désormais, siége du « Narbonne Aviron Club », si j’en crois un panneau, me rappelle étrangement l’école primaire de mon enfance quand à la petite stèle fixée au dessus de la Maison de l’écluse, elle me rappelle à mon bon souvenir en indiquant de manière très précise les 13.038 mètres que j’ai déjà effectués depuis Port-la-Nouvelle. 13 km à enlever au 28 ou 29 de mon tracé estimatif jusqu’à l’hôtel, il m’en reste encore 17 à 18 à accomplir. D’autres panonceaux plus rassurants sont là indiquant Port la Nautique à 7,8 km et Saint Louis à 2,5 km. Alors, je repars avec la bonne résolution de beaucoup moins flâner que je ne l’ai fait ici à Mandirac. J’ai d’autant moins l’idée de flâner qu’il me faut redescendre le canal de la Robine sur l’autre rive jusqu’au Grand Tournebelle faisant face au Petit et c’est au bas mot, 1.600 mètres à refaire dans l’autre sens. Je passe devant le Café de Pays, dont je sais qu’il est très apprécié des Narbonnais en raison des soirées musicales qui y sont régulièrement organisées. Aujourd’hui, il est fermé ou peut être même jusqu’à la saison prochaine ? Je ne sais pas ? Je laisse sur la droite la petite gare de « Gruissan –Tournebelle » et je poursuis. Quelques bateaux électriques et une petite péniche passent sur le canal et me distraient un instant car les gens qui les occupent sont très souvent bien sympathiques et apparemment heureux que l’on s’intéresse à eux, ne seraient-ce que quelques instants. Je le suis tout autant de rompre un peu ma solitude. Surprise sur la berge, une poule d’eau s’enfuie en courant et saute dans le canal. Elle a échappé à ma perspicacité. A Tournebelle, je retrouve quelques chevaux camarguais puis c’est le passage à niveau qu’il me faut franchir avec sa célèbre mais frémissante pancarte « un train peu en cacher un autre ». Malgré les barrières levées et le feu au vert, je regarde bien à gauche puis bien à droite, avant de m’engager, sait-on jamais ! Rien à l’horizon, j’enjambe la voie ferrée. De l’autre côté et sur quelques centaines de mètres seulement, un large chemin file désormais  entre les roselières et les grosses pierres du ballast de la voie ferrée puis il bifurque en direction des marais. Alors que je marche sur ce chemin, deux trains vont se succéder à toute vitesse et je me dis que j’ai bien fait d’être très prudent au passage à niveau. Désormais, le chemin est devenu herbeux et il est essentiellement encadré de grands roseaux. Chaque fenêtre sur les marais est l’occasion de distinguer et de tenter de photographier quelques oiseaux. Toujours les mêmes. Petits limicoles, aigrettes, goélands, colverts, cormorans et mouettes sont les plus visibles. Quand je m’approche de trop près, tous ces volatiles effrayés s’envolent dans les airs dans une belle anarchie et parfois même en poussant des cris stridents. A ces moments-là, j’ai toujours le sentiment d’avoir rompu leur tranquillité et peut-être même un peu plus. Leur bien-être. A cause de la tramontane que j’observe de nouveau, il n’est pas toujours facile de me poser et de photographier correctement tous ces oiseaux. Alors, je n’insiste pas plus que ça et j’arrive très rapidement au petit hameau de Saint Louis. Enfin, hameau est un bien grand mot car il y a plus de bateaux dans le petit canal que de maisons sur ses rives. En réalité, je décrirais Saint Louis comme un merveilleux petit oasis posé sur le Canelou et au milieu des roselières pour quelques amoureux de la pêche en étangs. Si j’en crois ma carte I.G.N, le Canelou est un tout petit canal alimenté par la Robine et faisant la jonction avec l’étang de Bages. Un petite passerelle me permet de le traverser. Peu après et de l’autre côté, quelques panonceaux de randonnées sont assez contradictoires et m’indiquent des lieux similaires à atteindre mais avec des distances quelque peu différentes. Toujours rien concernant le G.R.P Sentier du Golfe Antique mais Port la Nautique à pied est indiqué à 5,3 km. Une autre mention indique la « Chaussée de Mandirac » à 2,5 km mais je n’ai rien sur la carte I.G.N avec ce nom-là. J’en déduis qu’il s’agit d’une variante menant au Grand Castelou puis au Grand Mandirac car un autre itinéraire y est surligné en pointillés. J’hésite car dans cette direction, j’ai le choix entre une route bitumée et un petit sentier longeant le Canelou. J’emprunte le petit sentier mais force est de constater qu’il n’est pas vraiment bien débroussaillé. Alors, je fais demi-tour et sors mon G.P.S pour la toute première fois. Il m’indique de prendre la route bitumée. Je suis clairement sur le bon itinéraire car après un virage vers la gauche, une autre route bitumée prend aussitôt le relais de la première. Cette longue ligne droite m’emmène vers le Petit Castelou. Le parcours est un peu lassant car long et rectiligne et surtout sur l’asphalte mais heureusement quelques ouvertures sur les marais et des canaux y circulant sont l’occasion de plusieurs photos. Je surprends un magnifique martin-pêcheur et des grands cormorans. Au bord du chemin, les libellules sont si nombreuses quelles sont l’opportunité de quelques belles macros. Il y en a des jaunes et des rouges mais aussi des bleues. Ici, je croise les deux premiers vrais randonneurs de la journée avec gros sacs à dos et « bons » godillots.  On se salue d’un simple signe de la tête et sans aucune parole. Je suppose qu’ils sont étrangers mais quelques mètres plus loin, je me dis qu’ils ont du penser la même chose de moi. Où vont-ils ? Je ne le saurais jamais ? En tous cas, ils seront les premiers et derniers vrais randonneurs rencontrés sur ce Sentier du Golfe Antique, chose assez étonnante quand même sur une distance de 75km !  Les premières maisons du Petit Castelou sont atteintes puis c’est de nouveau une longue ligne droite bitumée en direction du centre équestre, jouxtant le camping des Mimosas. Ici, pas grand-chose à fixer sur mon numérique or mis de rares papillons et quelques hérons ou aigrettes se planquant dans les salins et les roselières. Alors tout en marchant et pour passer le temps, je lis mon morceau de carte I.G.N et je découvre les noms insolites de ces endroits en bordure de marais où se côtoient curieux cabanons et jolies villas : « Bikini », « Gutenberg », « St Raphaël », « St Joseph » ou « Ste Rose ». J’en suis à me demander quelles sont les origines de ces noms si hétéroclites et qui n’ont rien de particulièrement « occitans ». Le centre équestre est là avec bien évidemment ses jolis chevaux mais surtout avec d’étonnants lamas. Je les fige sur quelques photos. Ici, de nombreuses hirondelles rustiques ont élu domicile et certaines peu farouches se posent devant moi sur les fils d’une clôture. La route tourne et file droit en direction de l’étang au dessus duquel je distingue très haut dans le ciel quelques grandes voiles chamarrées. Ce sont celles de quelques virtuoses du surfskiting.  Désormais, je marche en bordure même de l’étang et au milieu de plusieurs canaux et sur ce tronçon que j’avais un peu appréhendé à la simple vue de la carte I.G.N,  tout se passe au mieux car soit le sol est sec, soit des passerelles en permettent le passage aux endroits les plus humides. Ici, je décide de quitter momentanément l’itinéraire car je constate que de nombreux passereaux semblent avoir élus domiciles dans les salicornes : bergeronnettes printanières, cochevis et gravelots surtout. Mais un seul gravelot va occuper tout mon temps. A quelques mètres de moi, il a décidé d’effectuer un étrange manège. Il semble faire celui qui est blessé alors que quelques secondes auparavant il sautillait magnifiquement. Cette scène se renouvelant plusieurs, je comprends qu'il s'agit d'un artifice. Plus tard, j’apprendrais qu'il s'agit d'un stratagème et que les gravelots agissent ainsi pour éloigner les importuns de leur nichée.  Peu après la dernière passerelle, une pancarte amplement massacrée par des plombs de chasse indique un « Sentier du littoral de Mandirac à Montplaisir ». Je trouve l’état de cette pancarte très affligeant mais surtout surprenant alors que je viens de côtoyer diverses pancartes de la Fédération de Chasse indiquant que la Nature est fragile et la chasse interdite. Je me dis qu’interdire la chasse crée apparemment des frustrations. J’arrive à Port la Nautique mais avant de traverser la cité, j’en profite quelques minutes pour me déchausser et tremper mes pieds dans l’eau fraîche de l’étang. Faire désenfler mes pieds bouffis et endoloris par les kilomètres déjà parcourus n’est pas un luxe. Je vais même les laisser tremper bien plus longtemps que je ne l’avais imaginé en me déchaussant, d’abord parce que ça fait du bien mais aussi parce que des enfants jouant dans des canoës ont des éclats de rire communicatifs et salutaires à ma solitude. J’aurais même bien piqué une tête si le fond de l’étang avait été un peu plus profond et plus praticable. Mais, ici, il n’y a que des galets et quelques centimètres d’eau. Alors je repars et traverse La Nautique par la seule rue possible. Elle est encadrée de superbes villas sur la droite et du complexe portuaire sur la gauche. Je visite un peu ce dernier puis sort carrément du village. Un étroit sentier m'entraîne dans une pinède mais alors que je me crois un peu égaré, l'étang est là en contrebas.  Guère plus loin, c’est le paradis des véliplanchistes et je suis assez effaré par le nombre de camping-cars qui occupent les esplanades en bordure de l’étang. Toute cette civilisation animée et bruyante ne m’incite pas à m’éterniser mais d’un autre côté, il ne faut pas que je me laisse distraire car je dois trouver le chemin le plus court qui doit m’amener à Narbonne sud et surtout à l’hôtel Formule 1.  Ici, dès que je quitterai le Sentier du Golfe Antique, il me faudra délaisser mon morceau de carte I.G.N et le remplacer par l’image d’un plan Mappy que j’ai également imprimé. Il est très succinct mais je sais qu’il risque de m’être bien utile pour parvenir au but ultime que constitue l’hôtel. Après les camping-cars, l’itinéraire coupe le Pointe de Brunet mais comme là aussi, je vois quelques passereaux en bordure de l’étang, je choisis l’option de suivre la côte longeant l’Anse des Galères. Une étroite sente et quelques oiseaux m’entraînent au milieu des tourbières de sphaignes mais heureusement l’été et sa sécheresse sont passés par là et je les franchis sans encombre. En définitive, je retrouve l’itinéraire dominé par les installations sportives d’un camping puis par celle du quartier de Sainte Cécile. Derrière moi et de l’autre côté de l’étang, Bages se révèle au loin dans une brume de chaleur.  Un rapace s’envole et se pose dans la basse végétation. Il s’envole de nouveau dès que j’approche. Ici, j’apprécie un peu l’ombrage d’un large chemin qui se faufile au milieu des tamaris et des épilobes en fleurs. Je garde mon G.P.S allumé car je sais que l’intersection où je dois quitter le Sentier du Golfe Antique n’est plus très loin. Finalement, j’atteins ce carrefour et constate qu’une étroite sente grimpe sur le droite d’abord dans une dense végétation puis dans une colline où galets et argile s’amalgament en une blocaille ocre. La petite sente débouche sur l’asphalte d’une large route qui monte en direction du quartier du Petit Quatourze. Pendant quelques minutes, mon G.P.S, trop imprécis à cet instant, me fait quitter le bitume et m’envoie sur un large chemin herbeux mais dans un cul de sac se terminant à l’orée d’un petit bois. Ici, coule un étroit ruisseau, aujourd’hui en grande partie bien asséché. Au fond, j’y découvre avec étonnement plusieurs écrevisses mortes que le peu d’eau et sans doute sa température bien trop élevée ont fini de décimer. De l’autre côté d’un haut talus se terminant par un grand grillage, j’entends le bruit continuel de nombreux véhicules qui passent. Je me déleste de mon sac et de mon appareil-photo et y monte, non par simple curiosité, mais pour avoir une idée d’où je me trouve exactement. Tout en haut, je n’ai qu’une vue très restreinte et seulement en surplomb du complexe autoroutier. Je redescends et reprend l’asphalte de la large route. A hauteur du quartier de Saint-Paul, un groupe de vététistes vétérans m’interpelle et me demande comment rejoindre au plus vite le bord de l’étang. Je leur indique la petite sente qui m’a permis d’arriver ici sur le bitume. Après Saint-Paul et ses superbes villas, la route s’aplanit et sur la droite, les vues s’entrouvrent sur le vignoble narbonnais. En arrivant à son extrémité, je découvre le  nom de la petite route que je viens de cheminer : Chemin communal de l’Arboretum. Elle se termine près d’un pont sous lequel passe l’autoroute. Ici, mon G.P.S est sensé rentrer en action sans faire trop d’erreur mais il faut reconnaître qu’un G.P.S de randonnées, qui plus est un peu désuet comme le mien, ce n’est pas vraiment la panacée pour atteindre un petit objectif dans une ville aussi importante que Narbonne. Alors, je m’aperçois très vite qu’il ne m’est pas vraiment utile et je l’éteins. Je ne marche plus qu’avec mon plan Mappy sous les yeux. Malgré ça, force est de reconnaître que dans ce secteur de la ville rien n’a été fait pour aider le piéton que je suis. Carrefours, voies rapides et bretelles à répétitions, le plus souvent peu ou pas de trottoirs, sont autant d’obstacles qu’il me faut franchir avec la plus grande des prudences. Parfois, voitures et camions ne passent qu’à quelques centimètres de moi. Leurs coups de klaxon qui parfois arrivent dans mon dos ajoutent à mes craintes. Je redouble d’attention mais je ne suis pas rassuré pour autant. D’un autre côté, la vigilance ne doit pas me faire oublier que dès demain matin, il me faudra reprendre le même itinéraire, alors je note quelques repères comme les cinémas ou le nom de diverses enseignes que je croise. Il est pile 18h quand j’entre dans l’enceinte de l’hôtel Formule 1 à la fois ravir d'en finir et d'être arrivé sans encombre. De nombreux cyclistes sont là sur le parking à bavarder. Sur la terrasse, quelques étrangers sirotent une boisson et papotent dans une langue que je ne parviens pas à reconnaître. Sans doute des hollandais ou des européens de l’est. A l’accueil, je suis immédiatement reçu par un aimable jeune homme. Il m’indique que la réservation a été parfaitement enregistrée et que par rapport au prix d’Internet, je n’aurais que la taxe de séjour en sus. Par carte bancaire, je règle la note incluant cette taxe et le petit déjeuner. Il me remet plusieurs étiquettes avec le code permettant d’accéder à la chambre. Pour avoir logé à quelques reprises dans un hôtel Formule 1, je sais par avance que je n’aurais aucune mauvaise surprise. Je dépose mon sac, que je vide dans sa totalité, afin d’avoir tout sous la main. Première besogne, prendre une douche. Je me déshabille et c’est en slip, la serviette autour de la taille et avec ma trousse de toilette sous le bras que je pars illico-presto en direction des douches situées au bout du couloir. Après la trentaine de kilomètres parcourus, le plus souvent sous le soleil et dans la poussière que le vent soulevait, j’apprécie à sa juste et pleine mesure cette douche ô combien bénéfique. J’en profite si longtemps et au point que j’entends quelques clients râler de l’autre côté de la porte. Je leur laisse enfin la place et retrouve la chambre. Je m’allonge sur le lit en regardant la télé et là, sans m’en rendre compte, je tombe dans une profonde et bienfaisante sieste. Il est 19h30 quand je me réveille et je décide d’aller manger dans le secteur. Mais décider n'est pas concrétiser. Ici où les hôtels sont très nombreux, je suis surpris de constater que les cafétérias et les restaurants sont absents ou bien apparemment fermés le soir. C'est donc en désespoir de cause que je suis contraint de marcher. L'interrogation de quelques passants m'oblige à me rendre dans un KFC (Kentucky Fried Chicken) plutôt éloigné. Je n'ai guère d'autres choix même si manger dans un « burger » ce n’est pas vraiment ce que je préfère. Quand je reviens à l’hôtel, c’est en premier lieu, pour constater que l’un de mes deux « camelbacks » qui était encore bien plein s’est complètement vidé sur le sol de la chambre et que j’y patauge allégrement dès la porte d’entrée. C’est d’autant plus désagréable que l’eau contenait un tonifiant à base de glucose et que ça colle un peu partout. Hors mis, les deux petites serviettes mises à disposition, je n’ai rien d’autre pour éponger et me voilà transformé en un véritable « technicien de surface » alors que je tombe déjà de fatigue et beaucoup de sommeil. Heureusement et c’est un bon point, le lit étant fermement fixé au sol, l’eau n’a pas réussi à s’y écouler dessous. Il n’y aura pas de dégâts des eaux à déclarer. Après une copieuse demi-heure d’épongeage et d’essorage des serviettes, je réussis à ôter les 2 litres d’eau qui s’étaient déployées sur tout le sol de la chambre. Il est presque 10 heures et je me dis que le plancher aura toute la nuit pour sécher. Je regarde un peu la télé mais rien ne retient mon attention alors sur l’écran de mon numérique, je visionne un peu les photos de la journée. Mes premières photos ne sont pas géniales, en partie à cause de la luminosité, mais aussi car la tramontane a souvent plaqué un peu de buée sur mon objectif. Mais comme je le savais déjà, je ne veux pas me prendre la tête avec ça pour l’instant, me disant qu’au moment venu de faire le reportage sur mon blog j’aurais tout le temps d’y penser. De tous ces écrans que je regarde, mon constat est toujours le même :  Morphée me tend déjà les bras !  La nuit sera calme et seule une envie pressante m’enverra rejoindre le couloir et les WC qui s’y trouvent sur le coup des 4 heures. Sur le sol, quelques traces d’humidité sont encore présentes. Par la fenêtre restée ouverte, j’aperçois la grande enseigne bleutée du Novotel tout proche. Elle me rappelle certains vieux souvenirs quant à la recherche d’un emploi j’étais venu m’installer à Narbonne. Ça n’avait duré qu’un mois, le temps d’une période d’essai que j’avais trouvée peu séduisante mais comme toutes les expériences, il y avait eu de l'agréable et du positif. De cette période professionnelle chahutant ma vie tout court, c’est ce seul aspect savoureux que je conserve encore au fond de moi. Au-dessus, le ciel est pur et paraît bien étoilé. J’ai la quasi certitude que demain il fera beau pour accomplir l’étape qui doit m’amener à Portel-des-Corbières. Je me rendors avec une pensée qui me turlupine : « Bon dieu, mais pourquoi ce sentier que je suis entrain d’accomplir l’a-t-on appelé du « Golfe Antique » ? Alors que d’habitude, je me tuyaute au maximum pour ne pas marcher idiot, cette fois je suis parti quasiment la tête vide !

(*) Pourquoi Golfe Antique ? : Dans l’antiquité, les étangs de Bages-Sigean, de l’Ayrolle et de Gruissan étaient reliés entre eux et formaient un golfe en relation avec la mer. Le massif de la Clape était une île au milieu de ce golfe où se déversait l’Aude nommée alors « l’Atax ». Les alluvions de l’ Aude ont comblés ce golfe. L’étang de Bages-Sigean était longé par un grand axe de communication entre l’Espagne et l’Italie axe qui reliait les oppida. Hannibal partant à la conquête de Rome, emprunta cette voie (voie héracléenne) qui fut modernisée par les romains et rebaptisée « Via Domitia ». Dans ce golfe, Narbonne (en réalité Narbo Martius) était un port au commerce maritime très important. (Source Site du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre de l’Aude / CDRP11). Rajoutons que de nombreuses preuves de cette activité maritime ont été retrouvées à divers endroits autour de l’étang actuel de Bages-Sigean (La Nautique, Mandirac, Sainte-Lucie, île Saint-Martin, Peyriac-de-Mer, etc...). Le seul aspect « antique » est d’ailleurs encore plus ancien que la présence des Romains puisqu’il est acquis que d’autres peuples les ont précédés autour du golfe comme les Elysiques mais également les Ligures et les Volques Tectosages à un degré moindre. 

Si vous souhaitez mieux connaître cet aspect "antique", je vous conseille de visionner la vidéo ci-dessous à propos de Narbonne :

 

 

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Voyez près des étangs....Voyez ces oiseaux blancs....ou 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique

Publié le par gibirando

Voyez près des étangs....Voyez ces oiseaux blancs....ou 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique 

Voyez près des étangs....Voyez ces oiseaux blancs....ou 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique

(Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.)

 

Préambule : Une organisation peu évidente.

Etape 1 : Port-la-Nouvelle/Narbonne 28,4km le 25 septembre 2014

Etape 2 : Narbonne/Portel-des-Corbières 24,9km le 26 septembre 2014

Etape 3 : Portel-des-Corbières/Port-la-Nouvelle 23,7km le 27 septembre 2014

(Cliquez sur les étapes ci-dessus pour les visionner et en lire le récit)


 Préambule : Une organisation peu évidente.

POURQUOI CE SENTIER DU GOLFE ANTIQUE (*) ?

 

Fin août 2014. Depuis quelques semaines, les jambes me démangent et j’ai bien envie d’aller faire une longue et belle randonnée de quelques jours. L’été tire à sa fin. Je prends de la bouteille et je me dis que les plus belles années sont sans doute derrière moi. Oh pas 10 jours de marche mais 4 à 5 jours seraient l’idéal ! Oui, mais que faire ? De toute manière, cette année, quoi que je fasse, ça sera sans doute encore en solitaire. Dany a de gros problèmes aux hanches et il est presque impensable qu’elle puisse enchaîner plusieurs jours de marche successifs. Mon fils Jérôme n’est pas libre cette année et de toute manière, je n’ai rien programmé pour qu’il puisse venir avec moi comme nous l’avions fait en 2011 sur le Tour des Fenouillèdes et en 2013 sur le Tour du Capcir. D’un autre côté, partir seul ne me fait pas peur, je l’ai fait en 2007 et en 2009, en effectuant respectivement et pendant 6 jours le Tour du Coronat puis celui du Vallespir. J’en garde des souvenirs impérissables et merveilleux mais à bien y réfléchir, il en est ainsi pour toutes les randonnées que j’ai pu faire sur plusieurs jours et que ce soit en solitaire ou pas : G.R.10GR.30 Tour des Lacs et de puys d’AuvergneTour du Haut-Jura ou Chemin de Stevenson. Oui mais que faire ? Un morceau du Saint-Jacques de Compostelle ? Non, je me connais trop bien et pour moi ou c’est tout ou ce n’est rien ! En plus, l’aspect « pèlerinage » ne m’attire pas vraiment. Je ne suis pas croyant et je n’ai pas besoin de ça pour que ma tête s’évade. Elle s’évade toute seule où que j’aille marcher pourvu qu’il y ait des découvertes et quand je dis « découvertes », ça englobe tout ce qui est beau,  historique ou qui aiguisera ma curiosité, c'est-à-dire paysages, panoramas, richesses patrimoniales, fauniques ou floristiques. Je suis plutôt bon public. En outre, cette année, ma préférence irait en priorité à une balade qui ne m’éloignerait pas trop du domicile. J’interroge Internet. Je ne trouve rien qui me captive dans le département des Pyrénées-Orientales. Il y a bien le Tour du Canigou à faire de diverses manières, chemins du piémont ou bien par les crêtes les plus hautes, mais j’ai le sentiment que je connais tout ça par cœur et en plus la saison et la logistique à mettre en place me semblent un peu trop tardives. On est déjà en septembre et il faudrait que je réserve gîtes et refuges et j’ai l’impression que c’est déjà un peu trop tard pour m’engager dans toutes ces démarches. Le faire avec tente, sac de couchage, tapis de sol et tout ce qui s’ensuit, c'est-à-dire en bivouaquant ou en dormant dans des refuges non gardés et donc avec un gros portage, je n’y pense même pas ! Alors, je me rabats sur les départements limitrophes. L’Ariège me plairait bien et notamment le Tour du Biros que j’ai eu l’occasion de croiser lors d’un bref séjour dans le Couserans mais là, je retombe dans les mêmes travers que le Tour du Canigou et des refuges à réserver. Dans l’Aude, il y a bien le Sentier Cathare qui m’attire et auquel je pense depuis plusieurs années mais c’est au moins 10 à 12 jours à consacrer. Trop long pour le faire en solitaire et qui plus est en septembre. Voilà où en sont mes réflexions quand tout à coup en continuant à chercher, je tombe sur un site touristique audois mentionnant le GRP Sentier du Golfe Antique (*). Un site peu explicite à vrai dire mais qui brièvement m’indique que cette balade peut être accomplie en 4 à 5 jours et qu’elle consiste à faire le tour des étangs audois à proximité de NarbonneBages et Sigean. 4 à 5 Jours, c’est déjà ce que je recherche et en plus ce n’est pas très loin de chez moi. Les principales conditions semblent réunies et là, je me mets à feuilleter toutes les pages qui sur Internet parlent du parcours. En réalité, elles ne sont pas légions (pas très normal pour un golfe qui se veut antique et en premier lieu romain !) et je n’en sors pas grand-chose de concret or mis le fait que cette longue boucle de plus de 75 km semble un peu plus connue de quelques vététistes qui eux, bien évidemment, ne la font pas en cinq jours mais dans la journée pour la plupart d’entre eux voire en deux jours pour les plus indolents.  Alors, je file à la bibliothèque voir si dans des bouquins ou topo-guides consacrés à l’Aude, on en parle un peu. Rien ! Mais non rien ! Alors puisque personne n’en parle, c’est décidé, je vais y aller voir par moi-même et de préférence, je vais  attendre qu’un bel anticyclone se présente sur plusieurs jours. Après tout, je suis à la retraite, pas vraiment pressé et à faire une balade autant que ce soit avec un grand beau temps.  Cette attente,  je la mettrais à profit pour parfaire l’organisation.

 

Organisation du parcours :

 

1- Ma première mission : analyser le parcours sur le Net. Il est indiqué qu’il démarre de Narbonne et qu’il est long d’environ 75 km. Ça ne me pose aucun problème ! Je vais donc diviser cette distance par 4 et comme il n’y a sans doute aucune déclivité d’importance car la plupart du temps, le parcours passe au niveau de la mer, je vais l’accomplir en 4 jours pour des étapes qui ne devraient pas excéder 17 à 18 km. Jusque là tout va bien.

2- Ma deuxième mission : analyser le parcours et être à même d’imaginer les 4 étapes sur mon logiciel CartoExploreur, c'est-à-dire sur la carte I.G.N, équivalente aux cartes papier au format Top 25 que l’on trouve dans les meilleures librairies. A priori, rien n’est plus facile car le parcours du Sentier du Golfe Antique y est magnifiquement « surligné » en rouge et je peux en suivre très facilement le tracé qui passe par des villes que je connais pour la plupart d’entre-elles. En effet,  Bages, Peyriac-de-Mer, Sigean et Port-la-Nouvelle sont des cités que je connais un peu pour y être passé. Le parcours passe tout près de Narbonne et les principaux sites qui en parlent en ont fait leur ligne de départ. Quand au Canal de la Robine, à diverses reprises, j’ai eu l’occasion de le réaliser à vélo et parfois un peu à pied jusqu’à la savoureuse presqu'île de Sainte-Lucie. Une seule commune me surprend singulièrement car un peu éloignée des étangs et en plus, c’est la seule que je ne connais pas, c’est Portel-des-Corbières. A bien y réfléchir, un petit tour dans les Corbières ne sera sans doute pas pour me déplaire car elle devrait me changer des autres étapes plus maritimes. Mais une deuxième pensée plus sérieuse me chiffonne : Il y a bien eu un topo-guide évoquant ce Sentier du Golfe Antique mais il est désormais épuisé et donc introuvable. Je l’ai cherché partout mais constamment en vain. Mais en plus, j’ai fini par apprendre qu’il n’évoquait pas le tracé du tour que j’envisage mais plusieurs petites balades d’une journée dans divers lieux autour du golfe. Pourquoi cela ? Je me souviens que je m’étais posé une question sensiblement identique à l’instant d’organiser le Tour des Fenouillèdes. Il existait bien un tracé et de nombreuses balises sur le terrain mais pas de topo-guide l’évoquant. Je connais la suite et j’avais beaucoup galéré pour parvenir à l’organiser. Vous aurez donc noté que lors de cette analyse et par expérience, j’en suis à imaginer les 4 étapes et non pas encore à les programmer. Là, je l’avoue un gros problème se pose très rapidement à moi, uniquement en regardant la carte. En effet, Narbonne, Bages, Peyriac, Portel, Sigean et à un degré moindre Port-la-Nouvelle sont des cités toutes proches les unes des autres. En tous cas sur cette partie nord-ouest-sud de la boucle, elles sont toutes par les routes départementales, à moins de 10 km les unes des autres et je me dis qu’il y aura sans doute pléthores de possibilités d’hébergements et de ravitaillements. Mais de l’autre côté, c'est-à-dire à l’est et au dessus de Port-la-Nouvelle, c’est presque le grand vide. Si ce n’est pas le vide absolu, le parcours longe le Canal de la Robine puis bifurque en direction des rives de l’étang de Bages et c’est par ce long itinéraire sinueux à souhait que l’on rejoint La Nautique puis Narbonne Sud. Quand avec ce tracé, je mesure la distance qui sépare Port-la-Nouvelle de Narbonne, j’arrive à une étape assez incroyable de plus de 30 km, à  moins d’aller tout droit vers Narbonne à l’écluse de Mandirac. Cette dernière solution plus courte ne me plaît pas car la distance que je gagne je la perds le lendemain pour aller du centre de Narbonne à Bages avec de surcroît beaucoup de ville et de bitume. Avec l’autre solution, le problème est qu’avec cette seule portion, on en est déjà à 40% de la boucle totale du Sentier du Golfe Antique. Je suis devant ce dilemme. En conséquence, l’idéal serait de trouver un hébergement sur ce tronçon ?

3- Ma troisième mission : Trouver un hébergement non loin du Canal de la Robine. En imaginant que je vais partir de Narbonne ou bien de Port-la-Nouvelle, je n’ai trouvé sur Internet qu’une seule adresse d’hébergement sur ce tronçon passant par le Canal de la Robine. Cet hébergement se trouve au lieu-dit « Le Petit Tournebelle » et me paraît assez parfait puisqu’il coupe pratiquement la distance en deux étapes de longueurs similaires non loin de l'écluse de Mandirac. Seul petit problème quand j’appelle au numéro de téléphone mentionné, personne ne répond jamais ! Alors, je prends ma voiture et je file là-bas illico-presto. Et là, je tombe dans un coin assez fabuleux au bord de la Robine mais surtout au milieu de rizières, de près verdoyants et de zones humides où s’ébattent chevaux et taureaux et surtout, où une quantité incroyable d’oiseaux petits et grands occupent les lieux ou leurs plus proches alentours. Chaque marais, chaque pré, chaque zone humide paraît posséder sa propre espèce. La plupart de ces oiseaux semblent peu farouches et je pense que cela tient au fait qu’ils se plaisent dans ces biotopes sans doute parfaits pour eux. Un petit paradis pour le photographe animalier amateur que je suis : cigognes, étourneaux par milliers, hérons cendrés, aigrettes, petits limicoles, martin-pêcheurs, rapaces, etc.…Faire la liste des oiseaux que j’ai vus ce jour-là serait bien trop long. Si j’ai mon appareil-photo avec moi, aujourd’hui le sujet le plus important est de trouver une chambre alors l’appareil est là uniquement pour la photo exceptionnelle. Je poursuis vers le groupe de maisons constituant « Le Petit Tournebelle ». Là, un gros problème se présente quand j’arrive au domaine car le propriétaire m’indique immédiatement qu’il ne fait plus gîte et ne reçoit plus aucune personne de passage. Alors, j’insiste un peu et quand je lui demande la simple location d’une chambre seule pour une seule nuit et pour une seule personne, et même en appuyant sur le fait que je suis disposé à me passer de draps et d’un petit déjeuner, j’essuie également un refus. Alors, je n’insiste pas plus et je repars à la fois préoccupé d’avoir fait « chou blanc » mais d’un autre côté ravi par toute cette avifaune que j’ai aperçue. Une chose est certaine, si tous les étangs que je vais sans doute côtoyer fourmillent d’une telle faune aviaire, je vais véritablement prendre mon pied sur ce Sentier du Golfe Antique ! Voilà mon état d’esprit qui est très loin du découragement mais à bien y réfléchir, je n’ai pas encore fait le moindre pas en avant dans mon organisation ! Alors, puisque je suis là, je prends la décision de regarder immédiatement ailleurs si un hébergement est possible.

4- Quatrième mission : Trouver d’autres hébergements. Avant de quitter « le Petit Tournebelle », j’ai de nouveau analysé la carte I.G.N et pendant un instant, j’ai envisagé d’aller dormir à Gruissan. Malheureusement, la distance à parcourir aller et retour pour rejoindre le tracé du Sentier du Golfe Antique m’en a immédiatement dissuadé. Beaucoup trop longue ! Alors, j’ai filé vers le Petit et le Grand Mandirac puis vers le Port de la Nautique mais aucune location n’y était proposée. Il y a bien sur la carte un camping au lieu-dit les Mimosas mais là, je retombe dans l’inconvénient du portage d’une tente et du barda qui va avec ou au pire d'un sac de couchage. Je décide de partir vers Bages. Bages est un magnifique village au pied de l’étang mais qui malheureusement, paraît déjà endormi après les affluences estivales. Quand j’arrive au pied du village, côté étang, une jeune dame très gentille est entrain d’ouvrir et d’installer sa petite « camionnette » faisant office de sandwicherie ambulante. Il est presque midi et j’ai faim. Je lui commande un coca et un gros sandwich avec frites et steak haché. Elle m’annonce 10 minutes d’attente que je comprends aisément car elle s’installe à peine et j’en profite pour partir au bord de l’étang pour faire quelques jolies photos, le temps étant radieux. Quand je reviens, tout est prêt. Tout en mangeant, nous bavardons un peu. Elle m’indique être là plusieurs jours par semaine. Je note l’information au cas où. Je lui demande si elle connaît un gîte pouvant m’accueillir pour une nuit lui expliquant mon idée de venir un peu plus tard pour randonner sur le Sentier du Golfe Antique. Je suis passablement surpris car elle me dit ne pas connaître ce sentier dont elle n’a jamais entendu parlé. Elle poursuit en m’indiquant que le mieux est que je monte vers le haut du vieux village et que je m’adresse auprès des restaurants, me précisant qu’elle est sûre qu’il y en a au moins un qui loue des chambres. Alors, je la remercie et mais avant de monter vers le haut du village, j’analyse le bas. Sur la devanture d’un local, il y a bien une pancarte mentionnant la location de chambres mais le commerce paraît vide.  En désespoir de cause, je me décide à monter. Les ruelles sont toutes désertes. Tout en montant, je regarde si des chambres ne sont pas à louer. Je trouve deux adresses louant des chambres mais quand je tape à leur porte, les deux semblent fermées car personne ne répond. Je passe devant la vitrine du petit Office du Tourisme mais il est fermé lui aussi. Le premier restaurateur rencontré me répond qu’il ne loue pas de chambres et semble plus préoccupé et déçu par le fait que je ne sois pas un éventuel client car il est déjà midi passé et aucun client ne s’est encore présenté. En sortant, je regarde la carte et les menus et constate que les prix sont plutôt dans des fourchettes que je considère hautes.  Je continue de monter. Les ruelles sont toujours aussi désertes et finalement j’aboutis en haut près de l’église. De là, les vues sur l’étang sont superbes. Au loin, j’aperçois la Nautique et de nombreuses voiles colorées qui filent sur le miroir bleuté tout juste ondulé par une brise légère. Il y a aussi des flamants roses. Je prends quelques photos panoramiques car les oiseaux sont trop loin. De toute manière, je me dis qu’ils seront peut être encore là si toutefois je venais à revenir. Je poursuis ma quête dans le centre de Bages. J’arrive sur une belle placette où toute l’activité du village semble s’être concentrée.  Deux restaurants avec de petites terrasses sont ouverts et quelques touristes ont déjà pris place pour déjeuner. Je regarde les menus et les cartes et les prix me paraissent assez élevés là aussi. Le premier restaurateur auquel je m’adresse, me confirme qu’il loue bien des chambres au prix de 85 euros. Quand je lui demande ce que cela inclut, il me répond : « la chambre » et devant mon regard sans doute très interrogateur, il rajoute « pour une nuit ». Alors quand je lui réponds « merci » et que je tourne les talons, il rajoute « pour le petit déjeuner, on le sert ici au restaurant et c’est en sus ! ». Si je tourne les talons, c’est parce que je me refuse à payer une simple chambre dans une maison au prix de celle dans un trois étoiles où il y a d’autres services et une douche notamment.  J’estime que 50 à 60 euros est un prix raisonnable et je suis prêt à l’accepter si après une visite des lieux la chambre me convient. Je traverse la placette en direction de l’autre bar-restaurant et quand je pose la même question à un aimable serveur, ce dernier me précise de m’adresser à une boutique vendant toiles, tableaux et diverses œuvres d’art se trouvant dans une ruelle toute proche. La boutique est là et je suis reçu aimablement par une gentille dame qui me précise qu’elle loue bien des chambres mais pour une période d’une semaine au minimum. Alors, une nouvelle fois j’insiste et je lui raconte même un « petit » mensonge en lui disant que je n’ai besoin que d’une seule nuit car j’accomplis un repérage pour un groupe de randonneurs qui reviendra certainement marcher à Bages pendant plusieurs jours au printemps prochain. Alors, j’ai le sentiment qu’elle paraît intéressée et qu’elle va un peu céder mais quand elle m’annonce la nuit à 90 euros, je comprends bien que le prix qu’elle me fixe est surtout dissuasif. Alors devant ma surprise, elle rajoute « vous savez pour une seule nuit ça me donne autant de travail que pour plusieurs car il faut que je lave les draps et la taie d’oreiller ! » Alors, je lui dis : « vous savez, je n’ai pas besoin de draps et je viendrais avec mon sac de couchage si nécessaire » et là, je ne sais pas si elle le fait exprès et elle rajoute « bon d’accord, je vous la ferais à 80 euros car j’aurais toujours la taie d’oreiller à laver ! ». Je lui réponds « Vous savez, je peux me passer d’oreiller et je peux vous offrir 60 euros ». « Je suis désolée, je ne peux pas descendre en dessous de 80 euros » me répond-elle. Voyant bien qu’il est difficile de trouver un terrain d’entente, je lui dis carrément que c’est trop cher pour moi. Alors, elle me raccompagne jusqu’à la porte de la boutique. Je quitte Bages, fortement déçu de constater que même hors saison, les prix d’une simple chambre soient si prohibitifs car je m’attendais à une fourchette de 45 à 60 euros. Je me souviens que sur le Tour du Vallespir puis sur celui du Coronat ou sur celui du Capcir, je n’avais pas payé ce prix-là pour une nuit dans une chambre d’hôtes avec souper et petit déjeuner inclus. J’ai du mal à comprendre. Je n’ai pas avancé d’un pouce dans l’organisation de ce Sentier du Golfe Antique et très étrangement, ça me rappelle la galère que j’avais vécu pour organiser le Tour des Fenouillèdes.

5- Cinquième mission : prendre des décisions et conclure. Quand je rentre à la maison, j’en suis à me demander si ce Sentier du Golfe Antique est réalisable tel que je veux l'entreprendre ? N'est-ce pas là la raison qu'il ait été « coupé en tranches » dans le topo-guide ? Première constatation, il faut que j’oublie l’idée de faire cette boucle en 4 jours et 3 jours me paraissent plus raisonnables même si les distances vont prendre un sacré coup de « rallonge ». Si je ne veux pas me trimballer un quelconque bivouac, l’étape Narbonne – Port-la-Nouvelle ou vice-versa devra être réalisée dans la journée. Après tout, ça fera une étape d’au moins 30 km mais c’est là la seule solution. A bien y réfléchir, il n’y a aucun dénivelé et le coup est donc parfaitement jouable. Les autres étapes, soit plus de 45 km, seront à partager en deux de préférence. Je change mon fusil d’épaule et je prends la décision de démarrer de Port-la-Nouvelle car j’ai la certitude qu’il sera plus facile de trouver un hébergement à Narbonne. Je sais que les hôtels « bon marché » du style Formule 1, BB Hôtel ou autres ne manquent pas. Les draps et les taies d’oreillers sont aussi propres qu’ailleurs et jamais je ne paierais 80 euros la nuit. Je regarde un peu les plannings de réservation sur Internet et de nombreuses places sont encore disponibles quelque soit les semaines à venir. C’est un « bon point » et j’arrête là ma première étape. A partir de là, la deuxième étape devient plutôt évidente et deux communes me semblent appropriées à me recevoir au soir du deuxième jour : Peyriac-de-Mer ou Portel-des-Corbières. Quand j’interroge Internet, aucune location, aucun gîte, aucun hôtel, aucune chambre d’hôtes n’apparaît pour la commune de Peyriac-de-Mer. J’en suis très étonné car je pensais que la cité était plutôt touristique mais c’est ainsi. A Portel, en sondant Internet, les opportunités ne sont pas pléthores mais il y a un grand hôtel et diverses « adresses » louant des chambres. J’envoie un mail sur le site de la mairie et là,  surprise, quelques heures plus tard, je reçois un très gentil message avec une petite liste exhaustive de tous les hébergeurs présents sur la commune. Il n’y a pas de prix mais au fond de moi, je me dis que « ce serait bien le diable » si je ne trouvais rien de concret et de raisonnable. Il ne me reste plus qu’attendre mon « bel anticyclone » et si je trouve un hébergeur raisonnable à Portel, « Mon Sentier du Golfe Antique » sera bouclé mais à faire en 3 jours. Les semaines de septembre défilent. Le temps n’est pas mirobolant avec de nombreux passages nuageux sur le Languedoc-Roussillon même si la pluie n’est pas souvent de la partie. Je tiens absolument à partir avec du beau temps. Le dimanche 21 septembre, Météo France annonce une fin de semaine très ensoleillée sur tout le pourtour méditerranéen mais avec il est vrai une « bonne » tramontane. Je sais que la tramontane c’est la condition essentielle pour qu’un ciel bleu et un grand soleil soient de la partie. Je me laisse encore deux jours avant de réserver car dans les prévisions de Météo France j’ai très souvent observé un décalage dans le temps. Si mardi matin, les prévisions restent identiques, c’est décidé, je me lance dans l’aventure à partir de jeudi de préférence, voire de vendredi ou samedi selon les possibilités d’hébergement. J’attends le mardi matin avec anxiété et en croisant les doigts en espérant que la météo ne va pas changer du tout au tout comme cela arrive quelquefois. Le mardi matin, je « tombe du lit » et me jette sur mon ordinateur pour regarder les prévisions : les informations restent toujours les mêmes et il va faire « super beau » à partir de jeudi même si les rafales de vent venant du nord sont annoncées un peu plus violentes qu’initialement. J’allume la télé pour avoir une confirmation et les premières informations annoncent toujours une fin de semaine magnifiquement ensoleillée sur tout le midi de la France. Je me lance. Vers 10 heures, je commence par la liste que m’a gentiment envoyée la mairie de Portel. Ma préférence va à l’hôtel Relais de Tamaroque dont j’ai eu un aperçu le prix d’une nuitée en demi-pension sur le Net. Je téléphone mais malheureusement tout est complet pendant plusieurs jours. Je commence la liste des locations de chambres en prenant les téléphones dans l’ordre indiqué.  Au premier et au deuxième appel, personne ne répond et je me dis que ça commence plutôt mal. Au troisième appel, une dame m’indique qu’elle ne loue pas pour une seule nuit et avant même que je puisse insister, elle raccroche. Décidemment, je n’ai pas de chance et encore une fois, je me demande si je vais pouvoir partir. Heureusement, le quatrième appel va être le bon, même si l’entame de notre conversation me laisse peu d’espoir. En effet, la gentille dame qui me répond ; Mme Noguero en l'occurence ; me précise qu’elle ne loue pas pour une seule nuit mais pour au minimum une semaine. Puis elle se ravise et m’indique qu’elle loue parfois pour les deux jours d'un week-end au prix de 120 euros. Je lui dis que j’ai besoin d’une chambre mais pour le vendredi soir seulement. Elle a l’air embarrassée mais paraît plus compréhensive et elle me répond que ce n’est pas possible car à partir du samedi, elle a un couple de clients qui arrive en fin de matinée. J’insiste en lui disant que si nécessaire, je décamperais très tôt le samedi matin. Elle m’écoute et semble plus ouverte que toutes les personnes auxquelles j’ai parlé jusqu’à présent. Elle écoute mon projet d’accomplir le Sentier du Golfe Antique. Elle semble comprendre mon désarroi de ne rien trouver sur le parcours. Elle semble compatir mais veut conclure en m’annonçant la nuitée à 80 euros. Elle aussi semble avoir « la toquade » de la taie d’oreiller à laver. Alors, j’insiste encore en lui disant que je trouve que c’est un peu cher pour mes finances et que ce n’est pas très logique si un week-end pour deux est à 120 euros. J’abats mon dernier atout en lui disant que je me passerais du petit déjeuner dont je sais qu’il est obligatoire et finalement elle craque en acceptant la nuitée à 60 euros. Je suis ravi de cet accord même si au fond de moi, je trouve encore le montant un peu élevé car c’est le prix d’une chambre dans un hôtel deux ou trois étoiles avec un petit déjeuner souvent copieux inclus. Je lui propose de lui envoyer un acompte mais elle refuse aimablement me précisant qu’elle me fait entièrement confiance.  Je lui laisse mon nom et toutes mes coordonnées en lui précisant que je serais à Portel vendredi soir entre 17 et 19 heures mais que de toute manière, je l’appellerais en arrivant au village. Quand je raccroche, je suis enchanté et désormais, j’ai la quasi certitude que je vais réaliser ce Sentier du Golfe Antique. Toutefois, il me reste une dernière tâche à accomplir : trouver et réserver une chambre à Narbonne pour jeudi soir. Sur Internet et sur le site des hôtels Formule 1, il ne me faut que quelques minutes pour trouver cette chambre au modeste prix de 49 euros. Voilà, l’organisation n’a pas été simple mais j’y suis parvenu pour une fourchette financière globale à peu près raisonnable et il ne me reste plus qu’à préparer mes affaires mais ça je sais faire et je suis même rodé.

 

Derniers préparatifs :

 

Je ressors mon sac de 40 litres qui dormait depuis un an dans le grenier et que j’avais étrenné lors du Tour du Capcir l’an dernier. Ma liste de ce qu’il faut emporter est là dans le tiroir de mon bureau. Elle date de mon Tour du Vallespir et dormait gentiment dans l’attente d’une nouvelle longue balade. Je la consulte et en fait rapidement l’inventaire. En définitive, il ne me manque que peu de choses et presque essentiellement de la « bouffe », au moins pour le premier jour. Demain après midi, j’irais au supermarché chercher tout ça. J’enregistre le tracé des trois étapes dans mon G.P.S et imprime les différents tronçons de la carte I.G.N sur des feuilles au format A4. Je n’ai pas la carte I.G.N Top 25 appropriée mais elle ne me semble pas utile sur cet itinéraire bien mentionné. Les chances de s’égarer sur ce parcours sont infimes et surtout sans grand risque et de ce fait, les 6 ou 7 morceaux de cartes imprimées me semblent amplement suffisants. Selon les tracés rapides que j’ai effectués avec  mon logiciel CartoExploreur, les trois étapes sont respectivement longues de 26, 22 et 21 km, ces distances n’étant qu’approximatives et surtout elles n’incluent pas les différents errements dont je sais déjà qu’ils seront nombreux et notamment après les arrivées. Je me connais. Mais en réalité, les distances m’importent peu et ce d’autant que les dénivelés et les montées cumulées sont très modestes et n’ont rien de comparables avec les derniers tours que j’ai pu accomplir. Ça me convient très bien ainsi.

 

C’est parti !

 

(*) Pourquoi Golfe Antique ? : Dans l’antiquité, les étangs de Bages-Sigean, de l’Ayrolle et de Gruissan étaient reliés entre eux et formaient un golfe en relation avec la mer. Le massif de la Clape était une île au milieu de ce golfe où se déversait l’Aude nommée alors « l’Atax ». Les alluvions de l’ Aude ont comblés ce golfe. L’étang de Bages-Sigean était longé par un grand axe de communication entre l’Espagne et l’Italie axe qui reliait les oppida. Hannibal partant à la conquête de Rome, emprunta cette voie (voie héracléenne) qui fut modernisée par les romains et rebaptisée « Via Domitia ». Dans ce golfe, Narbonne (en réalité Narbo Martius) était un port au commerce maritime très important. (Source Site du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre de l’Aude / CDRP11). Rajoutons que de nombreuses preuves de cette activité maritime ont été retrouvées à divers endroits autour de l’étang actuel de Bages-Sigean (La Nautique, Mandirac, Sainte-Lucie, île Saint-Martin, Peyriac-de-Mer, etc...). Le seul aspect « antique » est d’ailleurs encore plus ancien que la présence des Romains puisqu’il est acquis que d’autres peuples les ont précédés autour du golfe comme les Elysiques mais également les Ligures et les Volques Tectosages à un degré moindre.

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La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l'écluse de Mandirac.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 5 musiques du groupe "Secret Garden" extraites de leur album "Winter Poem". Elles ont pour titres : "Make A Wish", "Song For A New Beginning", "Frozen In Time", "Song At The End Of The Day" et "Lament For A Frozen Flower".

 La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l'écluse de Mandirac.

La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l'écluse de Mandirac.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

C’est parce que j’avais en partie parcouru les lieux en 2014 lors d’un « GPR Sentier du Golfe Antique » en 3 jours, que j’ai imaginé cette boucle pédestre que j’ai intitulée « La Saline de Mandirac et le Grand Castelou depuis l’écluse de Mandirac ». D’abord le secteur m’avait bien plu mais j’avais le sentiment d’y être passé trop vite. Trop vite, car ce jour-là c’était la première étape allant de Port-la-Nouvelle à Narbonne et qu’il m’avait fallu parcourir une bonne trentaine de kilomètres.  Au-delà de ce premier aspect, il y en avait eu un second encore plus important à mes yeux : les Oiseaux. Certes, j’en avais vu beaucoup, mais là aussi j’étais resté avec un sentiment d’inachevé sur la plan photographique ! Inachevé car je n'avais pas pris suffisamment mon temps et que mon appareil-photo n'était pas vraiment performant pour des photos animalières. J’avais donc envie d’y retourner avec cet espoir de faire beaucoup mieux. En ce 22 octobre, il est 12h30 quand je gare ma voiture à proximité de l’écluse de Mandirac située sur le canal de La Robine. La météo est mitigée car faite de gros nuages blancs et gris qu’un bon petit cers pousse du nord-ouest vers le sud-est, mais j’ai bon espoir que ça s’arrange. En tous cas, j’ai la quasi-certitude qu’il ne pleuvra pas.  Je viens à peine de couper le moteur qu’un train passe à toute vitesse sur la voie ferrée mitoyenne faisant s’envoler une Aigrette et un Héron cendré. Par chance, mon appareil-photo est sur le siège passager et si je loupe l’Aigrette, le Héron passant juste devant mon pare-brise, je peux l’immortaliser en plein vol. Je démarre, direction Tournebelle-le-Neuf et le Grand Tournebelle en longeant plein sud et pour l’instant le Canal de la Robine. En 7 ans, j’ai le sentiment que beaucoup de choses ont changé et pas en bien. Le petit Café de pays faisant restaurant et qui organisait d’agréables soirées musicales est délabré et est ouvert aux quatre vents, les abords de la gare de Gruissan-Tournebelle paraîssent beaucoup moins bien entretenus même si sur la façade un grand graffiti plus joli est venu remplacé quelques tags qui étaient très moches. J’ai appris que la Ligue de Protection des Oiseaux de l'Aude en avait fait son siège. Depuis mon départ, j’ai vu des déchets parsemés de tous côtés alors que de grands conteneurs poubelles sont là sur le parking près de l’écluse. J’essaie donc d’oublier ces tristes aspects et de me concentrer sur ce que je suis venu faire, c’est-à-dire tenter d’observer ce qui est encore beau, c’est-à-dire la Nature. Juste avant d’arriver au Grand Tournebelle, elle se présente sous les traits d’un Ragondin qui fouine l’herbe de la berge et quelques secondes plus tard c’est une Gallinule poule d’eau qui se dépêche de traverser la Robine. Quelques mètres plus loin c’est dans le petit canal du domaine  du Grand Tournebelle que je surprends un Martin-pêcheur. Puis le passage à niveau de la voie ferrée est là et même si les barrières sont levées, je le traverse avec la prudence qui s’impose. Depuis que j’ai laissé ma voiture, trois trains sont déjà passés. Un peu plus loin, dans un pré, juste à côté de la voie ferrée quelques chevaux blancs ; sans doute des « Camargue », nous rappelle les similitudes qu’il y a entre le delta de l’Aude et celui du Rhône. Les deux fleuves sont à l’origine de la création de leurs étangs et marécages respectifs. D’ailleurs peu de gens le savent mais le canal de la Robine emprunte en partie l’ancien lit de l’Aude, mais ça c’était au temps où les Romains avaient fait de Narbonne le deuxième port de commerce de la Méditerranée après ceux mitoyens d’Ostie et de Portus Augusti qui étaient ceux de Rome. De plus et même si les productions ne sont pas comparables en volume, il y a bien un riz de Mandirac comme il y a un riz de Camargue. Les comparaisons ne s’arrêtent pas là puisqu’on peut y observer quasiment les mêmes oiseaux, raison de ma présence. Aigrettes, hérons et canards colverts sont les premiers visibles mais comme ici les roselières sont très hautes mais également infranchissables car très denses, il me faut trouver des talus pour apercevoir les marais et les oiseaux qui les habitent. Il va en être quasiment ainsi jusqu’au lieu-dit Saint-Louis. Une fois franchi le passage à niveau, les seuls talus étant les ballasts de la voie ferrée, il vaut mieux éviter d’y grimper totalement. D’abord parce que les pierres qui les composent sont peu faciles à gravir mais surtout parce que c’est très dangereux. Ici les trains sont relativement nombreux à circuler et de surcroît ils roulent « à fond la caisse » sur cette longue ligne droite parallèle à La Robine. Alors j’essaie de trouver un juste milieu et surtout d’autres endroits moins périlleux. Finalement et compte tenu des difficultés, je n’ai pas trop à me plaindre des photos ornithologiques qui viennent remplir la carte mémoire de mon appareil-photo.  Dans ma quête à vouloir photographier tous les volatiles, ma plus grand difficulté est de surprendre les passereaux pourtant plutôt nombreux. Le cers, fait parfois de rafales assez violentes, incite tous les oiseaux à se laisser tomber dans les roseaux. Parfois, les rassemblements de passereaux sont si importants qu’ils donnent l’impression de pierres tombant du ciel. Malgré quelques photos, j’ai conscience qu’il me faudra faire preuve de patience et trouver des endroits bien plus propices à leur observation. Dans l’immédiat, je me fais une raison. Au lieu-dit Saint-Louis, je surprends quelques colverts dans le canal Le Canelou mais leur côté sauvage les fait s’enfuir dans les roseaux en me voyant. Après avoir emprunter la passerelle qui enjambe le canal, en apercevoir les deux ou trois habitations constituant le lieu-dit, j’ai le même sentiment que j’ai eu à Mandirac. L’endroit me paraît bien plus sordide et sale qu’en 2014. D’ailleurs, une des villas avec sa toiture amplement défoncée, ses rideaux roulants et ses fenêtres cassées, ses canisses fracassées et sa terrasse sens dessus dessous me paraît totalement saccagée. On dirait qu’une tornade est passée par là, à moins que ce soit les actes de terribles vandales ? Dans le doute et malgré son aspect désert, je m’abstiens de l’approcher et ce, malgré plusieurs fauvettes qui en occupent le jardin et que je veux à tout prix photographier. Comme elles ont la bougeotte, j’utilise mon appeau et attends de voir si elles viennent à moi.  Après cette séquence peu réussie, je poursuis ma route qui peu après devient rectiligne et bitumée. Elle file tout droit vers le Petit Castelou. Mais j’oublie vite l’asphalte car ici quelques arbres morts et donc dénudés accueillent des passereaux et c’est donc beaucoup plus facile pour moi d’en immortaliser quelques-uns. Un rapace s’envole d’un marais et s’amuse à jouer avec le vent. Il me laisse le plaisir de le photographier. Si l’arrivée au Petit Castelou est encore synonyme d’oiseaux et notamment de quelques limicoles non encore aperçus, les véritables « clous du spectacle » de la longue ligne droite qui se présente à nouveau sont des flamands roses en grand nombre, plusieurs Hérons, un groupe de magnifiques cigognes blanches passant juste au-dessus de ma tête mais surtout un superbe papillon Petit Monarque que le vent semble clouer sur l’herbe. Voilà un papillon que je n’avais jamais vu ni photographié jusqu’à présent et que je croise deux fois en quelques semaines dans des secteurs très éloignés l’un de l’autre, mais surtout que tout oppose. Le premier à « la Chapelle Sainte Marguerite de Nabilles », au-dessus de Conat et donc dans le Haut-Conflent à 865m d’altitude, c’était le 19 septembre, et le second ici un mois plus tard au bord de l’étang de Bages-Sigean. Quels contrastes de paysages et de biotopes pour un papillon migrateur censé venir d’Afrique via l’Espagne ! Après ces agréables spectacles, il est temps pour moi d’allumer mon GPS et d’en observer le tracé que j’y ai enregistré.  En effet, je ne veux pas louper le petit sentier qui doit m’amener vers Le Grand Castelou, ce qui m’obligerai à quelques kilomètres supplémentaires et de surcroît sur l’asphalte. Finalement, la bifurcation n’est pas très loin et se présente sur ma gauche mitoyenne d’une martellière, vanne métallique laissant passer les eaux selon les besoins. J’y retrouve avec un peu d’étonnement les balises jaunes et rouges propres au GRP Sentier du Golfe Antique.  Sans doute une variante dont je sais qu’elles sont plutôt nombreuses car si ce GRP est long de 75km et peut s’effectuer en plusieurs jours comme je l’ai réalisé moi-même, il est aussi constitué d’un réseau d’une douzaine de petits parcours pédestres individuels. Un petit ponton permet d’enjamber l’étier et le sentier est là qui traverse l’ancienne saline aujourd’hui largement envahie par les soudes, les salicornes, les lavandes de mer, les roseaux et autres plantes rustiques des marais. Si les passereaux y sont également plutôt nombreux, ils continuent de disparaitre au sol dans cette dense végétation.  Finalement comme j’abandonne l’idée de les photographier dès lors qu’ils disparaissent dans les roseaux, les grands bâtiments du domaine du Grand Castelou, gérés désormais par le Conservatoire du Littoral, sont vite là. Les bâtiments étant désertés de toute présence humaine, je me laisse aller à une visite improvisée mais vite découragée car les portes sont autant murées que l’endroit est vide. Un panonceau indiquant « un sentier de randonnée du Grand Castelou », je me laisse tenter avant de lire qu’il y a deux itinéraires, le premier assez réduit car de 2km autour des bâtiments, et le second de 4 km empruntant en très grande partie celui que je viens d’accomplir autour de la Saline de Mandirac. De ce fait et une aire de pique-nique avec des tables et des bancs arrivant bien à propos, je m’y arrête histoire de me reposer un peu et de goûter de quelques biscuits. Grand bien m’en prend de m’arrêter à cet endroit car au-dessus de l’aire de pique-nique de grands arbres totalement effeuillés vont servir d’aire de repos à de nombreux passereaux de passage. Je vais rester là plus d’une heure n’ayant qu’à siffler dans mes appeaux, attendre que les oiseaux arrivent et prenant un énorme plaisir à photographier chardonnerets, pinsons, serins et autres linottes mélodieuses.  C’est sur cette bonne note que je quitte le Grand Castelou, certes un peu de déçu d’avoir trouvé l’endroit désœuvré alors que j’avais imaginé que son acquisition par le Conservatoire du Littoral lui donnerait une autre vie aussi active que l’avaient été les précédentes. Il ne me reste qu’à refermer cette boucle mais là, j’hésite entre ressortir par le nord du domaine, direction le Grand Mandirac, ou bien vers l’est par des chemins qui traversent le domaine mais dont je n’ai aucune certitude qu’au bout ils enjambent la voie ferrée. Après réflexion, c’est la première solution qui me paraît la plus sage. Nouveaux chevaux blancs, quelques fleurs et d’autres oiseaux me font une fois encore oublier que je marche sur des voies asphaltées, voies asphaltées toutefois plutôt dangereuses dès que je sors du domaine. Ici, peu de bas-côtés pour satisfaire les piétons et la prudence doit être de mise. Au Grand Mandirac, juste après le passage à niveau, je retrouve  sur ma gauche les grandes bâtisses du 19eme siècle similaires à celles du Grand Castelou. Ces maisons de maître sont les témoins d’un âge d’or de la viticulture mais également de quelques essais plus ou moins convaincants de la culture du riz et de bien d’autres légumes ou céréales. Mais au-delà de cet aspect patrimonial, c’est surtout le chantier de charpenterie de marine qui m’intéresse. Comme j’y passe régulièrement devant en voiture sans jamais m’arrêter, je profite de cette occasion qui m’est donnée pour m’y attarder. Un homme est là et m’informe gentiment sur le chantier en cours. Après cette découverte, la dernière longue ligne en direction de l’écluse m’attend. A pied, elle est aussi risquée que celle qui m’a amené ici au sortir du Grand Castelou. Les voitures y sont nombreuses car Mandirac reste un raccourci certain et donc très emprunté entre Gruissan et le sud de Narbonne.  La route est assez étroite, les voitures y roulent parfois très vite et il est donc préférable de marcher en ayant constamment un œil devant soi et un autre derrière. Finalement, c’est entier que j’arrive devant la Maison de l’écluse, chance qu’un pauvre petit ragondin n’a pas eu. De cette crêpe de peau, de poils et de chair sanglante jonchant la route, seule la queue ronde et dure, encore pratiquement intacte, laisse imaginer qu’il a pu y avoir derrière cette représentation macabre un petit animal au cœur battant. Le pire dans cette vision d’horreur, c’est qu’en m’approchant de la confluence que forme ici le Canelou avec la Robine, j’y aperçois un autre ragondin qui semble faire « les cent pas » dans l’eau verdâtre du minuscule canal.  Il va et vient, faisant des longueurs d’une dizaine de mètres, et surtout il me laisse pensé à quelqu’un qui attend avec impatience et en vain le retour de quelqu’un d’autre. Attend-il l’âme en peine son conjoint que je viens de voir sur la route bien plus plat qu’une limande ? Compte tenu de la proximité des deux faits, je l’imagine aisément car même ma présence penchée sur la balustrade du Canelou ne change rien à ses longueurs natatoires. Je préfère quitter les lieux et m’en éloigner très vite tant ces deux scènes que je viens de voir m’ont terriblement attristées, et ce d’autant que je sais qu’ici les ragondins sont très mal vus et carrément chassés car ils occasionnent pas mal de dégâts dans les berges des canaux et les cultures. En 2014, j’avais constaté la présence de plusieurs pièges le long de La Robine.  Je traverse l’écluse et file vers l’ancienne école. Si sous certains aspects, elle me rappelle l’école primaire telle que j’ai pu la connaître, seuls quelques moineaux qui l’occupent trouvent un réel intérêt à mes yeux. Quelques voitures arrêtées un peu plus loin sur la route de Gruissan me rappellent mon passage ici en 2014. Seraient-elles encore là pour les même raisons ? Oui, c’est bien le cas, mais avec beaucoup moins de cigognes qu’il y a 7 ans, car cette fois-ci, il n’y en a que deux et beaucoup plus éloignées. Malgré ces derniers volatiles immortalisés et mon envie de continuer à photographier la Nature, il faut que je me rende à l’évidence, cette balade est bien finie !  Globalement je suis satisfait de ce long après-midi. Les oiseaux observés ont été très nombreux même si je sais que les photos n’auront pas toujours la belle qualité espérée à cause d’une météo variable et donc pas toujours idéale en terme de luminosité et de l'éloignement de certains volatiles. Telle que racontée ici, cette boucle a été longue de 9,2km avec bien évidemment une déclivité inexistante. Carte IGN Top 25.

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Le Chemin de Milie à Saint-Estève

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de diverses interprétations de la magnifique chanson "Till There Was You" de Meredith Willson devenue définitivement célèbre grâce aux Beatles. Elle est interprétée ici par Jennifer Judy Heller plus connue sous le nom de J.J Heller (instrumental), par le duo MonaLisa Twins (chant) , par Joscho Stephan Trio (guitares), Paul McCartney (chant) et Bill Tyers (guitare).

Le Chemin de Milie à Saint-Estève

Le Chemin de Milie à Saint-Estève

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En vous proposant ce « Chemin de Milie » au départ de ma commune de Saint-Estève, autant vous dire de suite de ne pas trop vous fier au tracé que je mets en exergue avec ce récit. Ce tracé est celui que j’ai réalisé ce jour-là mais il n’est qu’un exemple parmi bien d’autres jolis sentiers et chemins qui sillonnent les vignobles et la garrigue stéphanoise. Il n’est donc pas une finalité en soi et bien d’autres itinéraires sont possibles. A vrai dire, en effectuant ce circuit un peu biscornu,  ma vraie finalité était double : aller rendre hommage à « Milie » et démontrer que la campagne stéphanoise est encore très « naturelle » et « sauvage » et ce, malgré toutes les agressions que le progrès et bien d’autres complications ne cessent de lui infliger. Enfin, s’il est aussi biscornu, c’est parce que certains impondérables et une interdiction nouvelle m’ont obligé à zigzaguer. Alors bien sûr, vous vous demandez qui est « Milie » ? Voilà brièvement son histoire. De son vraie nom « Méli », selon son carnet de santé et de vaccination, c’était une jolie petite chatte noire de race Bombay née en 2004, mais les enfants l’avaient immédiatement appelé « Milie » et ce nom lui était resté. Elle avait 6 ans environ quand un soir elle a trouvé la mort heurtée par une voiture. Bien qu’ayant fait de gros progrès de sociabilisation, Milie était restée assez sauvage. La caresser, était toujours très difficile pour le premier venu mais pour nous aussi parfois. Malgré cette difficulté, elle avait une double vie car il lui arrivait presque chaque soir de traverser notre rue pour partir dans le proche voisinage. Où allait-elle ? Que faisait-elle pendant ses longues absences ? Nous n’avons jamais réussi à le savoir malgré quelques investigations auprès des voisins ! Cette double vie lui a donc été fatale. Et quand je pars en balade lui rendre hommage, c’est parce que je l’avais enterrée non loin d’un grand pin parasol de la garrigue stéphanoise. Malheureusement sur le lieu en question, un grand nombre de gravats ont été déversé et Milie est désormais enfouie dessous. Mais je continue à y aller, prenant très souvent des chemins différents et ce prétexte qui me tient toujours à cœur depuis octobre 2010 où elle a trouvé la mort. Oui, comme indiqué en préambule « les Chemins de Milie » peuvent être nombreux. En ce 18 octobre, le temps est superbe et mon envie d’aller courir la campagne en est décuplée. Je démarre de chez moi mais plus véritablement du lieu-dit la Pinède, juste après le parcours sportif où j’allume mon appareil-photo. Là, direction le cimetière ouest encore appelé cimetière du Haut. D’emblée, les oiseaux sont plutôt nombreux et  se présentent sous les traits de quelques merles, pinsons et autres serins. Mais les photographier reste dans l’immédiat très compliqué. Après quelques mètres, un papillon et un écureuil peu craintif et joueur ouvrent enfin mon bestiaire . Le premier oiseau est une pie avec son joli plumage aux reflets noirs et bleutés. Après le cimetière, le chemin se fait plus rectiligne et file presque tout droit vers la D.614 qui va de Pézilla-la-Rivière à Baixas. Ici, fleurs, oiseaux et papillons sont déjà bien présents. Ce chemin qui était plutôt bon est désormais un peu défoncé par endroits suite aux tranchées réalisées récemment pour faire passer la fibre optique. Ce fameux progrès que j’évoquais au début se présente également avec un horizon tout proche où éoliennes et lignes à haute tension se partagent le ciel bleu de leurs têtes et la campagne de leurs gros pieds de béton. Non loin de moi, un hélicoptère s’élève dans le ciel transportant deux hommes dans une nacelle. Le progrès, toujours le progrès, encore le progrès. Si je ne suis pas totalement contre le progrès, je trouve assez dommage que l’on produise beaucoup d’électricité de manière si proche avec ici une grande centrale électrique, de nombreuses éoliennes et de plus en plus de panneaux photovoltaïques sans en profiter dans les tarifs qui ne cessent au contraire d’augmenter. Oui, on peut tous regretter ce paradoxe et ce d’autant qu’il était également dit que le compteur Linky devait s’avérer plus économique et plus vert ! Plus économique et vert(ueux) pour qui ? On est en droit de se le demander ! Malgré tout, la Nature reste encore présente dans cette campagne et j’arrive avec bonheur à faire quelques photos naturalistes. Jusqu’à quand ? A force d’empiéter sur la campagne et donc sur la Nature, un jour viendra où il sera trop tard ! Je n’en veux pour preuve une disparation de 30% des oiseaux en 30 ans mais aussi de 60% des vertébrés sauvages à l’échelle de la planète. Je ne vais pas jusqu’à la D.614 préférant bifurquer au préalable pour revenir en empruntant un autre chemin qui traverse les vignobles et les lieux-dits « El Clavell Baix » et « Serrat d’En Farines ». C’est dans ce secteur que j’ai enterré « Milie », mais si je retrouve l’endroit exact,  je n’en retrouve aucune trace et pas même cette petite ardoise que j’avais gravée de son nom le jour où j’avais trouvé les « fameux » décombres déposés sur sa petite tombe. C’était en janvier 2011, quelques mois après sa disparition. Tout a disparu sous ce progrès qui consiste à salir la Nature avec ce qui devient inutile aux hommes alors qu’il existe une déchetterie faite pour ça. Décheterrie certes mais il est vraie payante pour les professionnels. C’est quoi la préférence, protéger à tout prix la Nature ou bien faire de l’argent désormais si essentiel à l’existence des hommes ? A voir comment les richesses sont si mal réparties sur notre planète, on devrait aisément pouvoir faire les deux non ? Enfin, il fait beau, la Nature est là, gratuite de surcroit et même si ce type de questions existentielles m’interpellent assez souvent, je veux profiter de mon après-midi. D’ailleurs, près d’un casot en ciment, d’autres personnes moins enclines à toutes ces questions métaphysiques ont « bu comme des trous » et « ont fumé comme des pompiers » laissant tous leurs détritus sur place dans un carton, ce qui tend à prouver si besoin que la société est mal en point. Je ne suis pas psychiatre mais venir « se torcher » dans la garrigue soulève des questionnements. Oui, la science de l’être humain et de ses réalités qu’on appelle « l’ontologie » a encore « du pain sur la planche ». Moi, je continue « mes petits bonhommes de chemins » zigzaguant entre vignobles et garrigues, toujours à l’affut de la faune et même de la flore, faisant même un petit détour pour aller voir des graffitis plus ou moins bien réussis dans un bâtiment désaffecté au milieu du lieu-dit « Plana de Dessus ». Si je ne suis pas contre ce « street art » ou « art des rues », bien au contraire, parfois très agréable à regarder quand les dessins sont bien faits, bien présentés et colorés, je ne peux que regretter qu’en France plus le moindre morceau de béton ou de métal ne soit « barbouillé » de ces tags obscurs, souvent débiles quand ils ne sont  pas « crasseux », « grossiers » voire carrément « avilissants ». Ici, si la plupart sont relativement bien dessinés, il y en a un très beau et donc parfaitement réussi consacré « Aux enfants de Saint-Estève morts pour la France en 14/18 ». Voilà une belle initiative et qui est à même de réconcilier le présent et le passé, chose de moins en moins fréquente de nos jours ! Enfin, il faut regretter que certains « artistes » aient cru bon de jeter leurs bombes de peinture ou de résine alors que c’est pourtant si facile lorsqu’on est venu avec de les ramener chez soi. « Artiste » ne devrait jamais rimer avec « fumiste » !  Je termine cette balade en évitant de traverser le domaine Bobé appartenant à Monsieur le Maire, ignorant que je suis de l’installation récente d’un grand hangar photovoltaïque. Respecter la propriété privée quand elle est parfaitement indiquée fait partie de l’éducation reçue de mes parents. Enfin peu importe ce petit détour car l’envie de marcher est encore là. Ainsi se termine cette jolie balade au cours de laquelle j’ai pris autant de plaisir à prendre des photos qu’à parcourir la campagne avec ses belles couleurs automnales. Toulouse-Lautrec qui s’y entendait en couleurs, n’a-t-il pas dit que « l’automne est le printemps de l’hiver ». Je n’ai pas enregistré d’éléments de mesures mais j’estime que telle qu’elle est décrite ici, cette balade a été longue d’environ 7 à 7km5 pour une déclivité d’une quarantaine de mètres. Carte IGN 2548OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.

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La Chapelle Sainte Marguerite de Nabilles depuis Conat

Publié le par gibirando

 

Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques du compositeur britannique David Mitcham. Elles ont pour titre : "Reflections On A Life", "Reflections Of Satie" et "Highlands and Lowlands"

La Chapelle Sainte Marguerite de Nabilles depuis Conat

La Chapelle Sainte Marguerite de Nabilles depuis Conat

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En ce 19 septembre, et toujours en villégiature à Urbanya, nous avons prévu d’aller randonner au-dessus des Angles, du côté du petit étang de Vallserra (que l’on écrit aussi Balcère), quand la radio nous annonce de la pluie sur le Capcir pour une bonne partie de la journée. Etonnant quand même , alors qu’ici nous n’avons qu’un ciel incroyablement bleu. Que faire alors que nous nous apprêtons à démarrer ? Sur mon smartphone, cette mauvaise météo capciroise m’est confirmée avec un risque prévisionnel d’averses à 75%. Sur cette même application, aucune pluie n’est annoncée sur le Haut-Conflent. Rien d’étonnant à cela quand on sait qu’il arrive assez souvent que les pluies restent bloquées sur les Garrotxes et le Massif du Madrès. Alors oui que faire ? Changer mon fusil d’épaule ? Oui je ne vois que ça ! C’est ainsi  que cette balade à Vallserra se transforme à une jolie boucle vers « la Chapelle Sainte-Marguerite de Nabilles (*) depuis Conat ». Un petit détour par Prades afin de récupérer notre pique-nique qui prend les traits de 2 gros pans-bagnats ( ce sont les seuls sandwichs qui nous tentent !)  et à 9h15 nous voilà fin prêts sur la parking de la mairie de Conat pour cette balade. Le ciel est toujours merveilleusement bleu et il ne variera pratiquement pas de la journée. Je connais bien le tracé et je sais déjà que le GPS que j’emporte quand même ne devrait m’être d’aucune utilité voire si peu. Si Dany connaît déjà la chapelle, que nous avions découvert lors d’une autre balade intitulée « les Chapelles du Pla de Balençou », elle ne la connaît pas selon cette boucle qui j’espère devrait pleinement la satisfaire. Nous traversons le vieux mais pittoresque village et nous dirigeons vers la rue des Ponts Romans. C’est cette rue qu’il faut emprunter pour ressortir du village et trouver l’étroit sentier qui doit nous amener vers la chapelle située sur le plateau dominant la vallée. Dans l’immédiat, mon appareil-photo et moi sommes absorbés par de nombreux passereaux mais plus globalement par une Nature bien présente qui d’emblée freine ma marche. Quelques poèmes bien sympas rajoutent à cette flânerie imprévue. Par bonheur, les passereaux se laissent gentiment immortaliser et les poèmes sont courts. Tout cela suffit à notre bonheur. Nous reprenons notre marche. La jolie arche en pierres du premier pont « roman » est là ainsi qu’un ludique pupitre nous expliquant que ces deux ponts n’ont de « romans » que le nom. Les deux enjambent la rivière Urbanya mais le second se trouve un peu plus haut à la confluence d’un autre ruisseau descendant du hameau perdu et oublié d’Arletes : Le Riberot. Paradoxalement, c’est ce ruisseau que nous allons suivre en le dominant. Sur le pupitre et en lisant toutes ces histoires passées, l’importance de l’eau et l’intérêt qu’il y avait à la capter et à la canaliser du mieux possible, je ne m’empêchais de me souvenir de cette balade faite en juillet 2018 et que j’avais intitulée « Le Sentier d’Arletes et autres hameaux perdus ». Je me souviens avoir pleinement profité de l’ombrage qu’il y avait au pied des ruines d’Arletes et plus précisément au bord de ce fameux Riberot pour me reposer un peu et prendre un en-cas. Je me souviens des nombreuses mésanges qui piaillaient mais aussi de ces plants de menthe sauvage qui attiraient une incroyable variété d’insectes et de papillons. Oui, je me souviens très bien de toutes ces vies « butineuses » si fraternelles entre-elles que j’avais photographiées avec une immense délectation. Nous repartons plus que jamais sûrs de notre itinéraire, qu’un panneau directionnel vient de nous confirmer : «  Ste Marguerite ¾ d’heure ». Le sentier commence à s’élever et je précise à Dany qu’elle peut marcher sans crainte et à son rythme car je ne veux surtout pas la ralentir avec mes prises de vues quasi permanentes. Quelques fleurs, quelques papillons, quelques beaux panoramas, de rares lézards et de rarissimes oiseaux sont néanmoins suffisants à créer entre elle et moi une certaine distanciation, mot ô combien devenu malheureusement à la mode par ces temps de Covid. Par bonheur, un simple arrêt de quelques minutes de sa part et le rapprochement s’effectue de nouveau.  Les panoramas vers les massifs du Canigou et du Coronat sont superbes et on ne s’en lasse pa.s  Dès que l’on approche des flancs du plateau, les décors changent. On quitte le sentier encadré d’une végétation méditerranéenne  cheminant en balcon au-dessus du Riberot pour une garrigue plus ouverte et plantée de graminées, de petits buissons et d’arbustes plus épars. Il va en être ainsi jusqu’à la chapelle. Dans l’immédiat, je demande à Dany de m’attendre car en dessous du sentier j’ai aperçu une grange et ce qui ressemble à une ancienne carrière. La carte IGN me confirmant ces informations à cet endroit non loin du Correc de l’Espinas, je veux voir de quoi il retourne. Finalement, il s’agit d’une ancienne ardoisière sans grand intérêt même si certaines lauzes sont de toute beauté et m’auraient bien rendu service pour agencer mes terrasses potagères de ma maison d’Urbanya. Dans ce fatras de lauzes, seul un beau lézard que l’on appelle Psammodrome présente un bel intérêt. Mais comme il se cache derrière la souche d’un vieux chêne vert, j’éprouve beaucoup de mal à le photographier correctement sans l’effrayer. Quant à la grange, elle semble totalement constituée de ces lauzes-là mais elle est inaccessible car au pied d’un haut mur et de surcroît envahie par les ronciers. Il est probable que la grange, définie ainsi sur la carte IGN, était plutôt une cabane servant d’habitat temporaire pour les ouvriers travaillant à l’ardoisière.  J’abandonne les lieux et retrouve Dany qui m’a patiemment attendu près d’un grand cairn lui aussi élevé avec les lauzes du coin. Elle ne ronchonne pas de m’avoir attendu, mais il est vrai qu’elle est bien occupée à observer un vautour fauve planant très haut dans le ciel. Il descend en de larges circonvolutions se laissant planer, sans doute emporté qu’il est par des courants d’airs chauds. Après ce joli spectacle, la déclivité se fait moindre et après la ruine d’un vieux mas que nous laissons sur la droite, la chapelle est enfin visible. Alors que je suis parti visiter la ruine du vieux mas, quelle n’est pas ma surprise d’apercevoir un blaireau occupé sans doute à déjeuner. Le museau enfoncé dans l’herbe, il est difficile à photographier mais c’est déjà trop tard car il m’a vu. Il détale vers la ruine et s’enfonce dans un buisson d’épineux très dense. J’ai beau m’évertuer à faire le tour du buisson, il a disparu corps et biens !  Il n’est pas encore midi, nous sommes devant la chapelle. Dany décide de s’assoir sous le clocher sur une pierre qui fait office de banc et moi je pars faire un rapide état des lieux. Depuis ma dernière venue en septembre 2014 lors d’une balade que j’avais intitulée « Les Pierres gravées et dressées de Conat », rien n’a vraiment changé dans cette église dédiée à Sainte Marguerite d’Antioche, une vierge martyre née à la fin du 4eme siècle et morte décapitée au début du 5eme à l’âge de 16 ans. J’y trouve peut-être un peu moins de purin et de crottin, ce qui tend à prouver qu’aucun bovin ou ovin n’est plus venu ici depuis quelques temps déjà. Pour le reste, je regrette toujours qu’aucun travail de restauration n’ait été entrepris et notamment pour élever son clocher et consolider son toit ce qui lui donnerait un autre visage dans ce paysage abandonné ! Oui, il ne faudrait sans doute pas grand-chose pour quelle retrouve un peu de son lustre d’antan, elle dont les historiens savent peu de choses or mis qu’elle est romane et qu’ un écrit la mentionne pour la toute première fois en l’an 1279. Mais c’est compliqué, l’endroit est un peu perdu même si une piste arrive jusqu’ici soit de Prades soit depuis Campôme. Ma seule observation nouvelle est d’y découvrir sur la corniche du chevet, une pierre gravée d’un serpent ondoyant.  Mais comme j’ai eu cette information sur le site Internet des « Balades romanes » juste avant de venir, je ne suis pas vraiment surpris de cette trouvaille. Serpent ou dragon ? Je ne sais pas, mais toujours est-il qu’il y a une légende selon laquelle Marguerite d’Antioche serait sortie indemne du ventre d’un dragon qui l’avait avalée. Les bâtisseurs de la chapelle connaissaient-ils cette légende ? ça paraît probable.  Après cette jolie découverte, il est temps d’aller déjeuner,  et ce d’autant que je languis de partir vers d’autres trouvailles plus vivantes car j’ai déjà constaté qu’il y avait pas mal de papillons mais aussi quelques fleurs habituellement plutôt discrètes en ces lieux si arides. Si les papillons sont en grand majorité l’espèce que l’on appelle « Satyrinés » ; en latin « Satyrinae » ; il y a aussi des Piéridés et les habituels papillons saisonniers qui apprécient les maquis plutôt secs.  Mais alors qu’elle n’est pas ma surprise de rencontrer pour la toute première fois un Petit Monarque. Il est là, les ailes légèrement repliées, à butiner les fleurs d’un Daphné garou et malheureusement, je n’aurais de lui que 4 photos dans cette posture loin d’être idéale.  Il s’envole et je ne le reverrais plus malgré mon attention permanente à tenter de le retrouver. Papillon migrateur présent en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, il est plutôt rare en Europe et bien sûr en France où jusqu’à présent il a surtout été observé dans l’Hérault et un peu dans l’Aude nous dit Wikipédia. C’est donc une magnifique surprise de le trouver ici sur ce Pla de Balençou, envahi il est vrai par le « Séneçon de Mazamet ou du Cap » qu’il semble apprécier. Après plus d’une heure autour de la chapelle, mais sur un tout petit périmètre, à recenser tout ce qui bouge et fleurit, le temps est venu de refermer cette boucle. Dany m’attend. SI nous amorçons la descente ensemble en direction du lieu-dit Millares, très vite ma passion pour la photo naturaliste engendre un nouvel espacement. Quelques oiseaux mais impossibles à photographier, un beau lézard vert et encore de nombreux papillons, cette fois, je ne la vois carrément plus. Dany a disparu ! Craignant qu’elle ait emprunté une caminole qui file tout droit au bord du précipice dominant Conat, je fais moi aussi le choix d’aller tout droit. Finalement je l'aperçois, après cette descente inédite entre Les Esquerdes et la Solana. Elle a fait le choix de s’arrêter mais il est vrai que la sente ne va guère plus loin sauf à prendre des risques assez insensés.  Alors certes, il y a d’ici une vue imprenable sur Conat, mais le bon itinéraire y menant est un peu plus haut, moins périlleux et moins direct même si l’aspect tortueux reste quelque peu présent. Après cet égarement, le bon itinéraire descendant par Les Teixonères, je le retrouve sans trop de problèmes. Il coupe le sentier menant à Llugols que je connais par cœur pour l’avoir sillonner à maintes et maintes reprises dans les 2 sens, et notamment en 2007 lors d'une étape sur mon mémorable Tour du Coronat. Ce Tour du Coronat qui était devenu pour moi « Des Merveilles au pays d’Alysse » reste là, encore gravé dans ma mémoire avec une fraîcheur quasi intacte quand je viens marcher dans ce secteur. Il est vrai que dans cette descente vers Conat, il suffit que je lève la tête pour que les merveilles ressurgissent : le Mont Coronat est là, dressé devant moi, si boisé, si sombre et si abrupt qu’il continue à me fasciner comme au premier jour. Il y a aussi cette Vallée du Caillan avec ses petites gorges sinueuses et cet étonnant moutonnement végétal sur son versant adret. Moutonnement grâce à leur forme en boucles arrondies car essentiellement constitué de chênes verts serrés les uns contre les autres comme des soldats romains dans un carré d’infanterie. Pourtant quand on connaît l’endroit, de nombreuses petites sentes y circulent dessous. Les anciennes « feixes » et les vieux orris de bergers y sont encore nombreux et en très bon état comme j’avais pu le constater lors d’une balade que j’avais intitulée « Le Pi del Rei et autres découvertes ». Oui, je continue à trouver tout cela très beau. Comment pourrait-il en être autrement alors que cette agréable balade se termine et que le joli village de Conat se présente orienté vers le soleil comme un beau tournesol ? Pour notre plus grand bonheur, il se présente aussi sous les traits de son ancien maire et de son épouse, dont nous sommes ravis de faire la connaissance. Nous papotons longuement de tout et de rien, de cette charmante balade à la chapelle Sainte-Marguerite mais aussi de la France et de ses tourments. Malgré la quiétude ambiante qui pourrait faire oublier les tracas, il est toujours plaisant de voir que l’on partage avec d’autres personnes les mêmes thèmes alarmants, l’amour de la France et de notre belle région, les mêmes ressentis, les mêmes idées, les mêmes conclusions mais aussi les mêmes débuts de solutions. Oui, on termine cette balade en voulant refaire le monde, pourtant assez paradoxalement celui que nous avons découvert aujourd’hui nous a totalement comblé  ! Cette balade a été longue de 6,2 km, découvertes incluses, pour des montées cumulées de 550 m. Le dénivelé est de 352 m entre Conat le point le plus bas à 513 m sur le pont enjambant le Caillan et le plus haut à 865 m à proximité de la chapelle. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

(*) Nabilles  : On ne sait que peu de choses du hameau de Nabilles et en tous cas encore beaucoup moins que pour celui d'Arletes que j'avais évoqué lors de ma balade "Le Sentier d'Arletes et autres hameaux perdus depuis Conat". Les vieux écrits sont moins nombreux apparemment. Mais il reste quelques ruines à proximité de la chapelle et notamment entre les correcs de Nabilles et de l'Espinas, ce qui permet de ne pas douter d'une vie antérieure à cet endroit du plateau de Balençou (Vallenso). Il est fort probable que les raisons de la disparition de la vie à Nabilles ont été les mêmes que celles qui étaient survenues à Llugols ou à Arletes, c'est à dire les pandémies de peste, les conflits armés mais surtout les grandes difficultés à vivre dans ces lieux retirés et complétement désolés. En réalité, les seuls écrits que l'on trouve à propos de Nabilles sont des légendes et notamment dans deux livres de l'écrivain Christian Doumergue intitulés "Le chat : Légendes, mythes et pouvoirs magiques" et "La France des chats extrordinaires - 75 histoires de chats" où il reprend une légende déjà contée par l'abbé Jules Cornovol dans un texte du 15 octobre 1911 de la Revue Catalane. Sorcières, chats maléfiques, magie noire, corbeau, épidémie, tout est en place dans cette vieille histoire pour expliquer la disparition de toutes vies humaines. L'auteur indique qu'il s'est même rendu sur les lieux plusieurs fois pour ressentir l'atmosphère de ce passé enfoui à jamais. Tout comme moi, il y a éprouvé des émotions en imaginant cette vie si dure dans "cet écrin de solitude".

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Mes cours de récré.

Publié le par gibirando

Bon nombre d’écrivains, bon nombre de philosophes ont estimé que « la vie était un jeu ». Si je peux faire mienne cette expression, je préfère dire que ma vie a toujours été une grande cour de récré. Je connais des êtres humains qui ont eu des jeux bien différents des miens mais qui ont joué autant que moi, d’autres qui ont très peu joué, d’autres qui n’ont jamais joué du tout et enfin il y en certains qui ont été le jouet d’une tierce personne. Quelle tristesse pour tous ceux qui n’ont jamais trouvé une cour de récré à leur taille ou à leur goût ! Quelle tristesse pour tous ceux qui ont toujours pris la vie trop au sérieux ! Quelle tristesse d’avoir été sous l’emprise de quelqu’un d’autre ! Quelle tristesse pour toux ceux qui n’ont pas réussi à faire ce qu’ils auraient aimé faire !

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Mes cours de récré. 

A l'école primaire, la grosseur du sac de billes était une manière de s'affirmer vis à vis des autres écoliers. Pour moi, les billes avaient plus d'importance que les notes.....mais j'avais tort !

Moi, mes cours de récré ; car il y en a eu plusieurs ; se sont succédées les unes aux autres toujours très naturellement. Certaines sont venues à moi spontanément, d’autres je me les suis inventées de toutes pièces. Voilà les principales ci-après :

Mes cours de récré.

A la maternelle, je joue du gros tambour avec l'orchestre que la maîtresse a constitué.

  • La première se trouvait bien évidemment à l’école. Enfant ou adolescent, comme je n’aimais guère l’école ou tout du moins que je n’y trouvais que peu d’intérêt, le principal attrait que je trouvais à y aller était la récréation. Là, dans la cour éponyme, j’y ai toujours été à mon aise. J’y ai toujours trouvé des occupations qui me plaisaient. A la maternelle, le jeu le plus prisé était la marelle mais il est vrai que la classe était mixte et qu’elle était bien adaptée aux deux sexes. Je m’en suis vite lassé peu doué que j’étais pour le cloche-pied. Par contre, j'adorais le temps que nous passions à répéter avec l'orchestre que la maîtresse avait créé et ce d'autant qu'elle m'avait alloué le gros tambour. Avait-elle compris que j'avais plus besoin de me défouler que les autres ? Au primaire, il y a eu la période osselets, puis celle un peu plus longue des jeux de billes où j’avais une certaine fierté à voir mon sac grossir au fil des mois et des trimestres. Ce qui ne réjouissait pas mes parents qui auraient préféré voir grossir mes notes  ! Puis au collège, la bille a été remplacée par un jeu qu’un ami à moi avait inventé et que nous avions appelé « l’araignée » (*). Les ballons et même les balles de tennis étant interdites dans la cour et sous le préau, nous étions suffisamment inventifs pour déroger à cette règle sans pour autant être frustrés en jouant à ce jeu constitué essentiellement d’élastiques entrelacées. De la 6eme à la 4eme, cette « araignée » a très agréablement remplacé tous les jeux de balles possibles. Une fois au lycée, les terrains de hand où nous jouions au foot ont immédiatement et naturellement remplacé la classique cour de récréation. Les petites cages où nous étions heureux de marquer des buts étaient là pour satisfaire notre envie de ressembler aux grands champions que nous aimions et qui avaient pour noms Pelé, Fontaine, Kopa, PiantoniPuskas ou Di Stefano puis un peu plus tard Skoblar, Magnusson, Bosquier, Carnus, HerbinEusébio ou George Best et j’en oublie bien sûr. Je ne me souviens pas m’être ennuyé une seule fois en récréation au cours de toutes ces années, par contre, je me souviens avoir souvent pesté quand la sonnerie d’appel vers la reprise de la classe retentissait, tant je trouvais ce laps de temps toujours bien trop court. C’est là dans ces différentes cours, mais également chez moi et dans ma rue, que j’ai appris à jouer au foot et au volley car il n’y avait rien de tel que « l’araignée » pour savoir jongler et devenir très adroit. Oui, je me souviens de ces temps-là avec nostalgie tant j’ai toujours partagé ces mêmes passions avec de très nombreux copains, copains qui bien évidemment ont changé au fil de mon âge et de mes changements d’écoles.

Mes cours de récré.

La fameuse "araignée" telle que je viens d'essayer de la refaire avec quelques élastiques. A l'époque, celle avec laquelle nous jouions était rouge ou noire parfois des deux couleurs, plus touffue et donc plus volumineuse car nous y mettions beaucoup plus d'élastiques plus longues.

  • Puis quand l’école a fini, le service militaire à la base aérienne de Solenzara en Corse a pris le relais. Là encore ; un peu par chance il est vrai ; je m’y suis beaucoup amusé. D’abord il y avait la plage pour satisfaire ma passion pour la mer, ainsi qu’un cadre sauvage car entouré de garrigues et de marais où je me passais une grande partie de mon temps libre. Or du temps libre, à Solenzara j’en avais beaucoup. Mais si ce décor extérieur était une cour de récré, j’en avais une autre plus intériorisée. Travaillant à mi-temps à l’encadrement,  c’est-à-dire dans le service qui gérait et rédigeait les permissions, j’avais fait de ce petit bout de papier à obtenir de mes supérieurs, l’alpha et l’oméga de mes matinées au travail. Le but ? Obtenir un maximum de permissions sans tricher ou donner à personne l’impression que je pouvais tricher. Ce sentiment de triche, je ne l’ai d’ailleurs jamais eu. Il est vrai que j’avais un chef de service ; adjudant-chef de son état, qui était toujours très cool, compréhensif et super gentil avec tous ses subalternes. Je garde de cet homme un souvenir inaltérable tant il était un mec bien à tous les points de vue. Nous étions devenus si proches qu’il m’avait invité chez lui voulant à tous prix me présenter sa femme et ses deux jeunes enfants. Oui, nous étions devenus de véritables amis.  Oui, pour bien jouer, il faut parfois avoir cette chance de tomber sur une « bonne » personne. J’ai eu cette chance là à l’armée. Il ne me demandait qu’une seule chose, que le travail soit bien fait et dans les temps, ce qui ne me posait aucun problème tant mon job était simple et pas éreintant pour un sou. Les après-midi, j’avais presque toujours quartier-libre et le plus souvent, je partais errer dans la garrigue ou bien à la plage pour des bains de mer ou de soleil sauf quand je devais aider le fourrier à distribuer les draps dans les bâtiments des officiers et des sous-off ; ce qui était moins drôle je l’avoue.  Ce jeu à obtenir des « permes », je l’ai réussi au-delà de mes espérances car outre la quasi-totalité des week-end que j’ai réussi à passer chez moi à Marseille, j’ai eu le bonheur d’accumuler un total de plus de 2 mois de permissions en juillet et en août !  Soit avec les 48 et les 72h des week-end,  un total de presque 140 jours de permissions pour une année de service ! Un record si j’en crois le colonel de la base qui m’avait convoqué dans son bureau à une semaine de la quille, non pas pour cette raison, mais justement pour le port d’une grosse quille en bois autour du cou et portée « incongrument » dans le réfectoire et devant les yeux ébahis d’un lieutenant de service. Analysant mes absences, « comment avez-vous fait pour avoir autant de permissions ? » m’avait-il demandé d’emblée. Là, grâce à un petit calepin où j’avais tout noté, j’ai joué le jeu de la vérité. C’est ainsi que je lui ai dit qu’il y avait un note interne qui précisait qu’en effectuant un 50 mètres en nage libre, cela permettait d’obtenir 2 jours supplémantaires de permission. La note ne précisait rien de plus. Autant dire qu’à l’armée, j’ai beaucoup nagé et au moins 2 à 3 fois par semaine dans la piscine de la base ! La deuxième raison était moins glorieuse à raconter, mais argumentation à l’appui,  je la lui ai raconté quand même puisque je n’avais pas triché et que je suis toujours parti avec l’accord de mon supérieur principal. C’est ainsi que je lui ai dit que j’avais profité que mon collègue du bureau avait rompu avec sa copine, qu’il n’avait plus du tout le moral et l’envie de partir en permission et qu’il avait accepté que je prenne sa place pendant un mois, ce que mon supérieur avait accepté puisque le service n’était aucunement désorganisé. Pour mieux faire passer cette « pilule », j’avais également prétexté que mon père avait eu un accident de voiture et un genou cassé , ce qui d’ailleurs était vrai. Le colonel accepta-t-il ma grande franchise ? J’en ai eu le sentiment. En tous cas, il ne pipa mot à ce sujet, prit connaissance de mon calepin, accepta mes dires et se contenta de me donner un blâme pour « port inconvenant »  de la quille au réfectoire. Dès le lendemain, il fit passer une note interne indiquant que les 2 jours supplémentaires pour un 50 mètres nage libre n’étaient pas cumulables et que ça serait 2 jours par année de service seulement.  Ainsi se termina mon service militaire à Solenzara où je suppose que plus personne ne put « exagérer » en nageant des 50 mètres comme je l’avais fait. Oui, je me suis beaucoup amusé à Solenzara et de surcroît il m'a été délivré un certificat de bonne conduite !

    Mes cours de récré.

 A la plage de la base aérienne de Solenzara en 1970

  • Un mois plus tard, je commençais à bosser dans le service informatique d’une société marseillaise d’import-export et je n’ai jamais plus jamais arrêter de bosser pendant 37 ans. Si je ne vais pas jusqu’à dire que travailler équivaut à être dans une cour de récré, j’ai plus souvent aimé ce que je faisais que le contraire, y prenant même une certaine jouissance quand j’avais conscience que j’apprenais autant que je pouvais travailler. Oui, certaines de mes fonctions ont été grandement récréatives et beaucoup de mes collègues de travail m’ont aidé à cela.

 

Mes cours de récré.

Mes cours de récré.

Mes cours de récré.

  Mes différents clubs de foot, de gauche à droite : au Sporting Club de Bonneveine, avec le lycée Jean Perrin et avec le Racing Club de Marseille. Que de bons souvenirs !

 

  • De toute manière, j’ai toujours fait en sorte que le sport vienne pallier les astreintes, les contraintes voire le stress du travail. Si désormais il y a la randonnée et le tennis de table, tout petit jusqu’à l’âge de 26 ans, il y a eu le foot en club. Je m’y suis toujours beaucoup amusé car je n’y donnais pas plus d’importance que les bienfaits, les plaisirs et les bonheurs qu’il me procurait. Outre le bon aspect sur le plan de la santé, la liste pourrait être très longue mais disons plus simplement qu’un sport collectif comme le foot amateur est une belle école de la vie. On y développe le sens d’une vraie amitié, mais aussi la confiance en les autres, l’assurance et l’estime de soi, l’esprit pour la compétition et donc le goût de la compétitivité souvent si essentiel dans le milieu du travail. Si je me défendais, gagnant quelques titres, tant en club qu’au lycée, mener une carrière professionnelle ne m’a jamais effleuré l’esprit. Je connaissais mes limites et ne me prenais pas la tête avec ces rêves-là. Puis outre le foot, il y a eu la passion pour les choses de la mer. Si la pêche à la canne ou en bateau ont fait partie de mes amusements favoris,  il y a eu surtout la pêche sous-marine que j’avais également commencé très jeune vers l’âge de 9/10 ans et que j’ai totalement arrêté en 2015 à l’âge de 66 ans et pour raison médicale. C’est un sport où la progression ne peut se faire qu’en autodidacte. J’y ai donc progressé sans pour autant là aussi avoir envie de prendre part à des compétitions. Je pêchais les beaux poissons que je pouvais attraper ; gardant quand même à l’esprit qu’il y avait une maille à respecter ; mais cela n’allait jamais beaucoup plus loin que le seul bénéfice alimentaire pour ma famille et parfois pour mes proches. Toutefois, je me souviens d’une belle anecdote qui m’est restée gravée car elle était pour moi aussi jubilatoire qu’inattendue : Un matin, j’étais parti très tôt pour une belle partie de pêche sous-marine dans l’Anse de Paulilles entre Port-Vendres et Banyuls-sur-Mer. Il faisait un  temps splendide. Une heure et demi plus tard et alors que j’avais déjà très bien pêché, bataillant avec un gros bar que je venais de tirer, je suis sorti de l’eau pour l’accrocher correctement à ma ceinture. Là, un Zodiac arrive vers moi et un des gars me dit :
  • « Vous avez un problème ? ».
  • « Non pourquoi ? »
  • « Vous participez au concours ? »
  • « Quel concours ? »
  • « Vous ne savez pas qu’il y a le championnat de France aujourd’hui ? »
  • « Non ! »  Et là avant de faire demi-tour, il rajoute :
  • « Je fais partie de l’organisation et je peux déjà vous dire qu’avec la superbe pêche que vous avez à la ceinture c’est fort dommage que vous ne participiez pas au concours car vous seriez sans doute sur le podium ! ». J’étais bien sûr très fier et ce d’autant qu’il m’avait semblé reconnaître Jean-Marc Pujol, ex-champion de chasse sous-marine, qui plus tard devint maire de Perpignan. En regardant autour de moi, j’ai vu qu’il y avait sur l’eau un grand nombre de bouées et donc de pêcheurs sous-marins alors je suis rentré vers la plage, la tête un peu enflée de ces paroles pleines de glorioles. Oui, la pêche sous-marine a été une belle cour de récré où j’ai souvent joué avec mon frère Daniel qui lui aussi aimait beaucoup cette activité sportive, pourtant si individuelle.
  • Puis vers 50 ans, la randonnée pédestre, la montagne et une autre Nature plus terrestre ont pris peu à peu le pas sur toutes ces cours de récréation qui avaient bercé mes plus jeunes années. Si la marche avait toujours plus ou moins fait partie de mes agréables penchants car possédant un cabanon dans la calanque de Sormiou, j’avais toujours beaucoup marché, la randonnée pédestre prit tout son sens en 2001 quand l’idée de faire un bout du GR.10 en couple et entre Mérens-les-Vals et Mantet fut décidé. Là, je pris soudain conscience qu’il pouvait y avoir une cour de récréation beaucoup plus grande que la mer et en tous cas bien moins limitée que celle qu’un masque de plongée avait pu m’offrir jusqu'ici. Pendant les 8 jours passés sur le GR.10, cette immense cour de récré a été là, devant de mes yeux émerveillés, si diversifiée mais aussi si changeante parfois. Mon cœur se mit à battre pour elle et ces battements ne m’ont jamais plus quitté. Quand l’heure de la retraite a sonné, je n’eus qu’une envie : après avoir fait la cour à cette merveilleuse cour de récré, je voulais me transformer en passeur des sentiments que je vivais moi-même auprès d’elle. Ainsi est né ce blog "Mes Belles Randonnées Expliquées" et une nouvelle cour de récréation venait de naître. Elle m’amuse encore tous les jours et me permet de faire ce que j’aime de manière récréative : l’informatique, l’écriture, les photos et surtout apprendre. Une autre cour de récré est également née en 2010 quand j'ai acheté une vieille et petite maison de montagne à Urbanya. Dany s'y sent bien et moi aussi parce que la Nature est toute proche et constamment présente. Oui, si « la vie est un jeu » comme certains le prétendent, elle doit d’abord être « un Je ! », expression qu’il ne faut surtout pas imaginer égoïste et qui n’empêche nullement d’aimer les autres. Si ma liberté de jouer doit s’arrêter là où commence celle des autres, nous ne pourrons jamais jouer ensemble ! Quel dommage quand la cour de récré c’est la Nature !

Mes cours de récré.

Une de mes pêches sous-marines dans les années 70

Mes cours de récré.

 

 

 

 

 

 Mes cours de récré.

   En 1989 au sommet du pic du Canigou avec des ami(e)s et en août 2001 lors de 8 jours sur le GR.10 entre Mérens-les-Valls et Mantet. Ici, avec Dany nous campons non loin du lac du Lanoux.

 

(*) L’araignée : En 1962, j’ai quitté l’école primaire du Lapin Blanc pour la 6eme au collège de la Grande-Bastide près du quartier marseillais de Mazargues. C’est à cette époque que des milliers d’élastiques se sont échouées sur les plages marseillaises et plus précisément sur celles de la Pointe-Rouge et de Bonneveine qui étaient les plus proches de mon domicile à la Vieille-Chapelle. Ces élastiques en caoutchouc étaient rouges ou noires, plates, formant un cercle d’une douzaine de centimètres de diamètre environ, très solides et ressemblées mais en beaucoup plus étroites à ces joints qui servent à fermer les bocaux en verre. Oui, j’ai toujours pensé qu’il s’agissait de joints industriels mais sans en avoir la certitude. Comment arrivaient-elles là ? Je ne l’ai jamais su, mais à vrai dire à l’époque ça ne m’intéressait guère de le savoir. Ce qui m’intéressait, c’était de les ramasser en grand nombre et d’en trouver une certaine utilité. Au départ, l’utilité  la plus simple avait été d’en faire des jeux de cerceaux. Nous construisions des supports en bois sur lesquels nous plantions de gros clous et le but était de lancer un maximum d’élastiques dans les clous. Pour les lance-pierres, des lanières de chambre à air étaient préférables mais nous arrivions quand même à nous en servir en les tressant et en attachant plusieurs entre elles. Ces élastiques, on en trouvait de partout sur le sable, dans les rochers mais aussi engluées dans les épaisses banquettes de posidonies rejetées par la mer. C’était là que nous les ramassions le plus aisément. Si certaines copines en faisaient des colliers où des bracelets, avec un copain nous avions inventé un espèce de « volant » qui ressemblait à ce que l’on appelle aujourd’hui une « Koosh Ball » mais en plus grossier car de notre conception et donc artisanal. Plus bricoleur et donc plus doué que moi avec ses mains, c’était surtout lui qui avait conçu cette « araignée » et je ne l’avais que conseillé d’en mettre un peu plus pour que cette « balle de caoutchouc » soit plus bondissante mais surtout plus grosse et donc plus facile à maîtriser. Nous entrelacions un maximum d’élastiques entre elles puis nous les serrions avec un nœud central et quand nous jugions qu’il y en avait suffisamment, nous coupions les élastiques pour que chacune d’entre-elles se transforment en surgeons de caoutchouc. Ce jeu a si rapidement eu du succès que j’ai appris qu’il était passé d’écoles en écoles dans une grande partie de Marseille. Il avait même changé de nom au gré des adolescents qui les confectionnaient. Dommage que nous n’ayons jamais déposé de brevet ! Cette « balle araignée » avait l’avantage d’être gratuite, légère, sans risque de se blesser, facilement renouvelable quand elle était usée et au collège de la Grande-Bastide elle palliait à l’interdiction de jouer au foot avec balle ou ballon dans la cour comme sous le préau, cette interdiction étant consécutive au nombre de vitres qui avaient été cassées auparavant. Avec « l’araignée », plus aucune vitre ne fut cassée ! De plus, on pouvait y jouer avec les mains comme au volley-ball ou au hand mais aussi avec les pieds comme au football. En réalité, si nous jouions un peu à tout, c’est bien avec les pieds que cette « araignée » avait ma préférence. Dans le préau du collège, nous tendions une ficelle d’un pilier à un autre, nous tracions un petit terrain à la craie et nous inventions notre propre stade de footvolley avant l’heure. Oui, notre « araignée » a eu ces heures de gloire. Pour quelques copains,  ces heures ont duré 3 scolarités de la 6eme à la 4eme mais pour moi qui ai redoublé la 4eme, j’ai eu du « rab » dans la cour de récré. Comme de très nombreux jouets, cette « araignée » n’a pas perduré à un effet de mode. Voilà l’histoire de cette « araignée » d’élastiques tels que les souvenirs me reviennent.

Mes cours de récré.

Vue sur la Massif du Canigou depuis ma petite maison à Urbanya un jour de mai. Une cour de récré grandeur nature dont on ne se lasse pas !

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