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Le Circuit de 5 villages cerdans depuis Hix (Bourg-Madame).

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté d'une des bandes originales du film de Robert Zemeckis "Cast Away", en français "Seul au monde" avec Tom Hanks et Helen Hunt. La musique est du compositeur américain Alan Silvestri

Le Circuit de 5 villages cerdans depuis Hix (Bourg-Madame).

Le Circuit de 5 villages cerdans depuis Hix (Bourg-Madame).

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Quand on cherche une randonnée à faire en Cerdagne, il est assez fréquent de trouver sur Internet des itinéraires allant de villages en villages, et ce, qu’elle soit pédestre ou à vélo. Seuls les noms des randonnées changent et bien sûr les distances plus longues en VTT :  tour des villages, circuit découverte, boucle, etc….C’est ainsi que j’ai découvert cette balade que j’ai personnellement intitulée « Le Circuit de 5 villages cerdans depuis Hix (Bourg-Madame) ». Si je n’ai pas retenu le mot « découverte » dans mon titre comme certains sites l’avaient fait, c’est parce que toutes les chapelles et églises (*) des 5 villages étaient fermées lors de notre passage. Or, pour avoir longuement potassé Internet avant de parcourir ce circuit pédestre, il faut bien reconnaître qu’elles constituent en grande partie l’essentiel du patrimoine ancien méritant absolument d’être vu. Malgré qu’elles soient presque toutes issues d’une architecture romane et qu’elles aient été remaniées, elles ont toutes leur propre originalité tant extérieure qu’intérieure. Quand à leur mobilier et décorum intérieurs, on y trouve un peu de tout mais beaucoup de choses de grandes valeurs car elles sont le reflet des siècles qu’elles ont traversés.  Alors c’est bien dommage de ne rien en voir mais c’est ainsi. C’était d’autant plus dommage que lorsqu’on va sur les sites de chacune des communes,  le patrimoine religieux est le plus souvent louangé. Il est même souvent le seul intérêt touristique à bénéficier de ces éloges. Alors ces villages à voir seront Hix, ligne de départ et quartier de Bourg-MadameOsséja et Palau-de-Cerdagne pour la France et Vilallobent et Age pour l’Espagne. Ces 2 derniers hameaux dépendant de la commune de Puigcerdà.  En effet, ce circuit a cette originalité de franchir la frontière entre les deux pays. Autre détail pour ceux qui ne connaissent pas la commune de Bourg-Madame et qui voudraient la visiter, sachez que l’église d’Hix, notre ligne de départ, est distante d’un kilomètre environ du centre-ville soit 2km aller et retour par la N116. Quant à Puigcerdà, il faut multiplier ce chiffre par 3 pour atteindre son centre. Il est 10h quand nous garons notre voiture près de l’église romane Saint-Martin d’Hix dont le vox populi prétend qu’elle serait une des plus jolies de Cerdagne. Elle daterait du Xème siècle et posséderait trois retables dont un particulièrement magnifique datant de 1738 du sculpteur catalan Paul Sunyer, frère du maître sculpteur Joseph Sunyer, si j’en crois ce que j’ai lu avant de venir. Il y aurait aussi des statuettes et des peintures de grande valeur en raison de leur ancienneté. Enfin, nous cherchons comment y entrer et s’il y a quelqu’un pour nous renseigner mais le hameau est totalement désert. Nous n’insistons pas et démarrons sans peine car en arrivant par la Nationale 116, nous avons remarqué des panonceaux directionnels. Nous les retrouvons et Osséja par le GR.36 (**), notre prochaine étape, est parfaitement mentionnée : « 2,7km – 1h05 ».  Nous réenjambons la « Nationale » et quelques foulées suffisent pour nous retrouver dans la campagne cerdane. C’est le Cami de Nervols nous annonce une plaque signalétique. J’espère que ce nom de « Nervols » n'a aucun rapport avec une quelconque « nervosité » à mettre en œuvre car ici ce n’est pas dans l’air du temps.  Un gros lézard se chauffe au soleil, des champs de céréales blonds à perte de vue, de jolies haies verdoyantes, quelques fermes très tranquilles, des paysans qui papotent en sourdine, des tracteurs et autres matériels agricoles plus ou moins imposants mais à l’arrêt, des chevaux en liberté mais immobiles ou couchés, tout ici incite à être indolent. En tous cas, dans cette déambulation qui reste à faire, rien n’incite à presser le pas, et ce d’autant que la météo est idéale pour ce faire. Si le démarrage offre encore quelques aspects de la civilisation, on les oublie vite et la campagne devient sauvage malgré les champs de céréales que l’on continue de longer. Il faut dire que ces derniers sont amplement occupés par de grands rassemblements de pinsons et de chardonnerets. Ils s’envolent à tire d’ailes au fur et à mesure que l’on avance. Les pinsons, eux, sont si abondants, qu’on les voit picorer en nombre au sein même du chemin, avançant au même rythme que nous dans leur quête à trouver pitance sans trop de problèmes. Dès la première intersection, on change de décors car la piste terreuse laisse la place à un étroit sentier verdoyant et le plus souvent ombragé. Un ru le longe et apporte un supplément de fraicheur. Comme toujours désormais, je recense les principales fleurs du sentier mais tentent aussi d’inventorier les oiseaux et les nombreux papillons dès lors qu’ils se posent. La chance me sourit avec un rapace mais surtout avec  un chevreuil sortit dont je ne sais où. Il traverse un pré en gambadant, s’arrête, repart en gambadant puis s’arrête de nouveau n’ayant plus aucun doute de notre présence malgré la bonne distance nous séparant de lui. Il est vrai que Dany m’ayant quelque peu distancé, je viens de l’appeler pour lui offrir ce joli spectacle. Si j’ai eu le temps de l’immortaliser, cette fois-ci  il détale dans le bois le plus proche. A l’instant où le sentier se transforme en une nouvelle piste terreuse, les champs de céréales refont leur réapparition. Cette piste s’élève doucement mais régulièrement jusqu’au premier quartier de la commune d’Osséja. Dans notre quête à nous diriger vers le centre-ville, la rue de Cerdagne bien balisée est la seule solution et ce, même si le GR.36 part dans une autre direction. Ce dernier laisse la place au GRP Tour de Cerdagne. Il est midi et nous prenons la décision de pique-niquer sur la place de Les Escoles Velles (les anciennes écoles). Certes, elle accueille le Monuments aux Morts mais il y a aussi une jolie fontaine très fleurie dont les sonorités et la fraîcheur sont des invitations à s’arrêter là. De plus, moineaux et pigeons semblent habituer à voir des visiteurs et à leur quémander quelques bouts de pain. Ils auront ce qu’ils demandent mais leur goinfrerie est telle que l’on est contraint de les modérer sans quoi nos petits sandwichs-triangles vont y passer.  Ils vont et viennent sans cesse autour de la fontaine se laissant tomber le plus souvent des toitures environnantes. Le pique-nique terminé et après un bref arrêt au Café de France le temps d’un délicieux expresso, Dany part vers le marché et moi vers l’église Saint-Pierre que j’espère voir ouverte. Nous sommes le 14 juillet, c’est jour de fête, et à cause des nombreuses guirlandes et des fanions accrochés au clocher volant à tous les vents, j’ai de bonnes raisons de penser qu’il n’y a aucun motif à ce qu’elle soit fermée. Aussi la déception est grande d’y trouver porte close. Je me contente d’en faire le tour mais ma déception est si grande que j’en oublie même de faire des photos. Quant aux marchands ambulants, ils en sont déjà à ranger leurs tréteaux et Dany est forcément déçue aussi. Nous continuons vers Palau-de-Cerdagne par la rue Saint-Roch puis par la rue du Marquis de Tilière. Entre les deux, il y a bien la petite chapelle Saint-Roch mais elle est également fermée. A Palau-de-Cerdagne, il en est de même de l’église Sainte-Marie. De ce fait, rien ne nous freine dans cette portion où la Nature se résume à de nombreux moineaux et à quelques fleurs sauvages ou échappées de jardins. Aussi, nous vivons un peu comme une délivrance, la sortie de Palau-de-Cerdagne et le retour à des décors plus champêtres. Après le pont sur La Vanera (Llavanera), un chemin très agréable file rectiligne vers Vilallobent. Il longe un instant un camping amplement arboré puis offre des panoramas plus amples car plus ouverts vers les plus hauts sommets des Pyrénées Catalanes. C’est dans une commune de Vilallobent déserte et silencieuse que nous entrons. Si silencieuse, que Dany habituée aux affluences du Perthus et de la Costa Brava me demande si nous sommes bien en Espagne. « Oui, nous sommes bien en Espagne » lui dis-je, lui précisant que le petit ruisseau que nous avons franchi il y a quelques minutes servait de frontière, et ce, si absolument rien de notable indiquait un changement de pays. Nous nous arrêtons bien évidemment devant l’église qui est si pittoresque avec son clocher-mur à deux baies typiquement préroman. Or mis, le porche de l’église qui n'est pas au même endroit, ce clocher-mur me rappelle étrangement celui de Saint-André de Belloc. Malheureusement fermée elle aussi, je fais le tour de la vieille chapelle mais toujours aussi désenchanté. Si le village est très beau avec ses superbes maisons en pierre aux toitures d’ardoises, il faut bien reconnaître que pour tout le reste c’est un incroyable « bled ». C’est à l’instant où nous pensons cela que nous tombons sur un français très sympa avec lequel nous papotons de la beauté mais de la tristesse du lieu. S’il reconnaît bien volontiers que Vilallobent est plutôt triste en cette saison estivale, il nous dit qu’en hiver le village est bien différent avec de nombreux touristes louant des maisons pour venir skier. Il finit par nous dire qu’il apprécie cette absence d’agitation et que s’il a acheté cette très belle maison avec pelouses et jardin arboré que nous contemplons avec convoitise c’est surtout pour ça. Nous repartons sur le bitume de la route par bonheur peu fréquentée par des voitures. Je continue à photographier fleurs, papillons et passereaux m’arrêtant seulement pour un bain de pieds rafraîchissant dans La Vanera. Puis la commune d’Age est là, bien différente de Vilallobent architecturalement parlant, mais avec des chalets luxueux qui ne laissent aucun doute quant à leur destination touristique. D’ailleurs de nombreux chantiers sont en cours et de ce fait nous retrouvons les bruits habituels d’une cité très active. Age tranche avec le silence de Vilallobent. Malgré le bruit ambiant, Dany décide que c’est ici que nous finirons nos casse-croûtes. Un banc est là bien à propos. Nous repartons par la partie la plus ancienne du village. Elle est plus calme et plus silencieuse. L’église Sant-Julia avec son cloche-mûr roman est également fermée mais Dany et moi sommes tellement captivés par l’état de santé calamiteux d’un pauvre chaton que nous ne prêtons guère attention à l'édifice. Le chaton vient vers nous pour réclamer pitance et par chance Dany est à même de lui donner des pâtes et quelques bouts de poulet d’une salade qu’elle n'a pas réussi à terminer. Avec un poil tout chiffonné et des plaies sur tout le corps, il est dans un état si piteux qu’il a même du mal à manger. Si j’ai souvent pour habitude de photographier les jolis chats que nous croisons en randonnée, j’estime que celui-ci est trop squelettique et trop amoché et surtout sans doute en fin de vie pour en faire un cliché utile. Nous repartons, désespérés mais en colère aussi nous demandant comment il est possible de laisser un être vivant sans soins et dans un tel état de désaffection. Au milieu d’un patchwork de champs céréaliers, une piste terreuse très rectiligne nous entraîne vers l’arrivée. Puigcerdà et Bourg-Madame que l’on aperçoit droit devant paraissent rassemblées en une seule et même commune. Comme souvent Dany presse le pas languissant sans doute d’en terminer alors que je traîne derrière elle en quête de dernières photos naturalistes. Papillons, une pie-grièche qui chante à tue-tête et de nombreux rapaces font les frais de ma passion. La civilisation est là avec sa vie grouillante et bruyante qu’il faut affronter. Route départementale, ligne du petit train jaune et Nationale 116 sont autant d’obstacles où la prudence est de mise. Tout redevient plus calme dès lors que la hameau d’Hix est atteint. L’église étant toujours fermée, je m’essaie à photographier ce qui me paraît intéressant de sa façade pendant que Dany part faire un petit tour au cimetière. Ainsi se termine cette jolie balade qui aurait pu être formidable « patrimonialement parlant » si toutes les églises avaient été ouvertes. Par bonheur, la Nature qui contrairement à l’Homme est innocente et n’a à priori pas peur des vandales, a bien compensé cette déficience. Comme expliquée ici, cette balade a été longue de 10,3km, cette distance incluant la visite des villages. Le dénivelé modeste est de 114 m entre le point le plus bas à 1.137m à la frontière entre Age et Hix et le plus haut à 1.251m à Osséja. Carte IGN 2250 ET Bourg-Madame  –  Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.

(*) Les églises ou chapelles du parcours : Les églises et chapelles de ce circuit constituent l'essentiel du patrimoine architectural qui est à découvrir. Nous les avons toutes trouvé fermées et bien évidemment c'est une grosse déception de n'en voir que leurs parties extérieures. C'est un peu comme si nous partions à Paris visiter Notre-Dame et qu'une fois sur le parvis, on la trouve porte close. Alors sans doute que ces fermetures sont guidées par des problèmes de sécurité et on peut le comprendre, mais le désenchantement demeure car à côté de ça il ne reste que peu de choses culturelles ou ludiques à se mettre dans les yeux lors de ce circuit. Par bonheur, la campagne cerdane est très agréable à cheminer et à contempler, la flore et la faune n'étant pas égoïste en sujets à observer. Alors certes, pour les églises il y a peut-être des jours de visite, des messes, des concerts ou des clés à demander en mairie et que sais-je encore mais j'avoue que je n'ai pas suffisamment approfondi le sujet pour vous donner des renseignements de ce type. Je vous propose donc quelques liens, dont certains avec photos, vous permettant d'approcher un peu mieux les 6 édifices religieux mais aussi les communes jalonnant ce circuit :

Eglise Saint-Martin d'Hix : lien1, lien2, lien3, lien4lien5, lien6, lien7, lien8lien9lien10lien11lien12lien13, lien14

Eglise Saint-Pierre d'Osséja : lien1, lien2, lien3, lien4, lien5lien6lien7lien8lien9

Chapelle Saint-Roch d'Osséja : lien1, lien2lien3

Eglise Sainte-Marie de Palau-de-Cerdagne : lien1, lien2lien3lien4lien5, lien6lien7

Eglise Sant-Andreu de Vilallobent : lien1, lien2lien3lien4lien5lien6lien7

Eglise Sant-Julia d'Age : lien 1lien2

 

(**) Le GR.36 : Le sentier de Grande Randonnée N°36 est long de 1.916 km (source Wikipédia). Il part de Normandie et plus précisément de Ouistreham dans le Calvados et se termine à Bourg-Madame, raison de ce court nota bene. En effet, il faut savoir qu'à Hix, départ de ce circuit que je vous propose ici, nous ne sommes à pied qu'à 1,2km et donc à 15mn du pont transfontalier sur le riu Rahur séparant Bourg-Madame de Puigcerdà. Ce pont constitue l'extrémité finale du GR.36. Ce pont est donc pour tous ceux qui accomplissent la totalité du GR.36 ; voire qu'une grande partie ; à la fois un objectif a atteindre mais aussi un symbole, symbole historique et fraternel certes mais surtout symbole de la persévérance. 

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Les Gorges du Sègre depuis Llo

Publié le par gibirando

Toujours en hommage à Ennio Morricone, ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "Presentimento secondo", "Un Amico", "Tema di Ada", "Canone inverso primo", "Il Figlio E La Nostalgia" et "Notte Di Nozze".

Les Gorges du Sègre depuis Llo

Les Gorges du Sègre depuis Llo

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En ce 13 juillet, nous avions décidé de partir en Cerdagne, et plus particulièrement dans le village de Llo que nous ne connaissions pas. Si le village est bien connu pour ses bains aux eaux chaudes sulfureuses, et bien que nous ne les avions pas totalement exclues, là n’était pas notre objectif premier. Non, nous visions plutôt « Les Gorges du Sègre », petite randonnée en boucle que j’avais découvert sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir ». Si je dis « petite randonnée », c’est parce que le bouquin en indiquait les humbles caractéristiques de la manière suivante : « vous marcherez 2 h en tout ». Aucune distance n’était mentionnée mais on se disait que même en flânant beaucoup ; comme c’est souvent notre habitude ; nous y consacrerions qu’une petite partie de l’après-midi et ce, même en terminant par une visite du village à laquelle nous tenions beaucoup. Dans ce joli mais modeste dessein que nous envisagions, seules des prévisions météo mitigées nous laissaient perplexes quant aux nombres de  découvertes que nous pourrions réalisées. 9h, nous  quittons Urbanya, direction la Cerdagne. Il est 11 heures quand nous rangeons notre voiture sur le long parking à l’entrée du village. Comme prévu, le ciel est très mitigé. Si sous nos têtes le ciel est encore bien bleu, vers le nord, une impressionnante chape nuageuse coiffe l’horizon. Petit problème, on voit clairement que cette chape vient doucement vers Llo, c’est-à-dire vers nous. Que faire ? Il est encore tôt pour pique-niquer et avec un ciel risquant de devenir menaçant, peut-être est-il déjà trop tard pour se lancer dans « les Gorges du Sègre » ? Finalement, juste à côté du parking, un couple qui s’affaire autour d’un bassin,  d’un petit canal et d‘un potager nous intrigue puis nous distrait tellement que nous allons passer presque une heure à les observer. Mais que font-ils autour de ce bassin ? Sont-ils des aquaculteurs ? Élèvent-ils des truites comme le lieu pourrait nous le laisser supposer ? Non, le petit canal alimente le bassin et le potager et dans le bassin, il s’agit d’inattendus poissons rouges ! Le terrain leur appartient et le couple parait enjoué par ce bassin qu’ils ont creusé à la sueur de leur front. Ayant eu des bassins avec des poissons rouges et des carpes koï une grande partie de ma vie, je comprends leur engouement. Quand au potager, je connais le plaisir qu'il y a à voir pousser ses propres légumes, à les cueillir puis à s'en régaler. La conversation s’est installée et nous décidons de pique-niquer sur un petit muret qui jouxte le joli potager. L’endroit me convient d’autant mieux que quelques oiseaux sont de passages et s’arrêtent sur les arbres du parking. Je m’empresse de les photographier. Finalement, si les nuages entourent le village, le ciel n’est pas vraiment menaçant. Nous décidons de démarrer la balade prévue.  Il est presque midi. Malgré le coronavirus qui sévit encore, les touristes sont nombreux. Par bonheur, ils s’éparpillent vers des centres d’intérêts bien divers : bains, village, randonnées, simples promenades, pique-niques et peut-être même une via ferrata dont j’ignore si elle fonctionne. Notre itinéraire file vers les thermes aux bains chauds que le chemin laisse sur la droite. De ce chemin, on va seulement regretter qu’il soit trop longuement asphalté, mais pour tout le reste, rien à redire, c’est superbe. Dany oublie l’asphalte en marchant d’un bon pas. Moi, je l’oublie grâce à tout ce qu’il y a à photographier. Flore surtout mais aussi un peu de faune sous les traits de quelques papillons et de rares oiseaux. Bien trop fougueux, le Sègre (*) ne laisse que peu d’opportunités d’y déceler un animal. Pourtant, je réussis à y photographier un pic épeiche dans la végétation de son lit puis un autre passereau que je n’arrive pas à identifier sur l’instant. Il s’agit d’un accenteur mouchet mais la photo n'est pas géniale. Pas vraiment des animaux aquatiques mais dès le départ, j’ai photographié une jolie libellule dans un petit ruisseau affluent du Sègre. Ça sera la seule. Les papillons, eux, sont constamment bien présents. Comme toujours et parce que nos manières de marcher sont bien différentes, Dany est la plus frustrée, car elle est obligée de s’arrêter et de m’attendre. Elle « roumègue » un peu car elle préfère un rythme plus soutenu, mais pas trop car elle sait qu’aujourd’hui rien ne presse. Les gorges que le Sègre a creusées sont incroyablement hautes et impressionnantes et quand on les regarde au plus haut vers le ciel, elles forment comme un corridor céleste où des vautours fauves planent sans relâche. Avec leur envergure impressionnante et le façon de planer sans effort, ils semblent être les anges gardiens de ce couloir aérien. Sur la gauche, de hautes falaises aux roches acérées sont visibles alors que sur la droite on ne distingue qu’une épaisse forêt. Pourtant, un petit coup d’œil sur mon bout de carte IGN me permet d’y lire que le lieu-dit sur la gauche a pour nom « Roques Blanques », c'est-à-dire « Roches Blanches ». Cette dénomination, nous la comprendrons quand nous serons plus haut en altitude et en voyant ces roches blanches (enfin plutôt grises sous ce ciel gris !) et puis surtout en s’intéressant à la géologie de Llo dont Wikipédia nous dit qu’elle est « particulièrement riche » avec notamment du « calcaire, roche assez exceptionnelle en Cerdagne française ». Il faut savoir que ce secteur est surtout schisteuxDans cette géologie inhabituelle de Cerdagne, les émergences d’eaux souterraines sont nombreuses et celles qui jaillissent de la Fontaine de la Cayelle ont été remarquées depuis très longtemps. Cette fontaine est mentionnée à juste titre dans bons nombres d’ouvrages du 19eme siècle. Au titre d’un seul exemple ; mais il y en a bien d’autres ; voilà ce que l’on dit d’elle dans un livre de 1836 « Merveilles et beautés de la Nature en France » de Georges Bernard Depping : «  la Fontaine de Cayelle, qui s’accroît tous les jours une demi-heure et diminue ensuite, jaillit sur la montagne de Llo en Cerdagne. Cette crue journalière est toujours précédée d’un bruit souterrain plus distinct en été qu’en hiver ». Quand la fontaine se présente ; enfin je pense qu’il s’agit bien de celle-là ;  son écoulement est modeste et sans aucun bruit particulier. Apparemment, nous ne sommes pas dans la bonne demi-heure et il ne nous paraît pas opportun de l’attendre. Nous continuons. La pluie se met à tomber à l’instant même où sur la gauche, les parois rocheuses disparaissent pour laisser la place à de vertes prairies. Une bâtisse apparaît en son centre. C’est le bien nommé « Mas Patures » sur mon bout de carte mais « Paturas » sur les panonceaux et sur mon topo-guide. Par bonheur, la pluie ne dure pas mais un superbe arc-en-ciel vient chamarrer les décors.  Peu de temps après, une intersection puis une passerelle enjambant le torrent se présentent. Il faut ignorer cette dernière et lui préférer l’intersection en épingle à cheveux filant à gauche. Des panonceaux indicatifs rassurent les randonneurs. L’itinéraire longeant le Sègre se termine ici et celui des « Gorges du Sègre » file vers le Mas Paturas. Sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir », il est indiqué « que la superbe bâtisse…..sera prétexte à une halte gourmande où vous pourrez déguster produits de la ferme et fromages de chèvre »,  alors bien évidemment nous sommes très surpris de n’apercevoir aucun panneau vantant ces produits du terroir. Non, il n’y a absolument rien ! Pas de pancartes d’accueil et pas âme qui vive. Alors bien sûr, ces absences ne sont pas des incitations à se diriger dans une habitation isolée, déserte et pas vraiment hospitalière de prime abord, et ce d’autant que le chemin se sépare en deux et celui conseillé pour Llo passe juste en dessous de la jolie ferme. Il faut se rendre à l’évidence, soit ces fermiers ne veulent pas être dérangés soit ils ne veulent pas de clients trop timorés. Nous le sommes. Nous continuons notre chemin, juste surpris par un chat qui détale des buissons une musaraigne entre les dents et des moutons très groupés qui broutent en contrebas. Le sentier s’élève en douceur mais magnifiquement au dessus de la vallée. On ne peut que regretter ce temps maussade. Toujours de plus en plus de fleurs et de papillons à photographier. Quelques oiseaux sont présents mais le plus souvent « inphotographiables » car trop remuants. Réussir une belle photo d'un volatile devient jubilatoire. Je jubile par intermittence. Un premier col rocheux se présente offrant à la fois une autre vision de cette géologie remarquablement saillante et déchiquetée mais aussi une belle vue sur la Vallée du Sègre et l’éperon rocheux où l’on distingue la vieille chapelle ruinée de Saint-Féliu de Castellvell de Llo. L’intersection menant à l’édifice religieux est vite là,  mais, une pluie fine reprenant du service, Dany préfère « jeter l’éponge » et poursuivre vers l’arrivée. J’y file tout seul sous ce petit crachin, mais là ô miracle quand je passe la porte de la vieille église, au dessus de laquelle trône la statue de Saint-Félix, la pluie s’arrête soudain et des bouts de ciel bleu apparaissent.  Peu après, il ne pleuvra plus. Dans l’immédiat, j’en profite pour photographier la chapelle sous tous ses angles, et comme sur ce piton rocheux du nom d’El Lladre, la faune et la flore sont également bien présentes, je m’y éternise plus qu’il ne faut. Haut-lieu de l'archéologie, je n'y trouve qu'une roche gravée d'une cupule, mais à vrai dire je ne cherche rien de préhistorique car c'est l'instant présent et la Nature qui m'intéressent. Oui, pas de doute, pour les oiseaux et les papillons que je poursuis sans cesse de mes passions, je suis ce Lladre catalan, c'est-à-dire en français ce « bandit de grands chemins ». Si le retour vers Llo est encore propice à la photographie naturaliste, la descente est suffisamment caillouteuse et scabreuse pour ne pas se consacrer qu’à ça. Cette pente réclame lenteur et prudence, ce qui ne fait pas le bonheur de Dany qui m’y attend à son extrémité. Le temps d’un petit en-cas et nous terminons par une belle visite de Llo, sa tour del Vacaro que l'on observe de loin, mais dans le contraste d'un étonnant ciel bleu, les vestiges de son château, ses jolies venelles mais regrettons que son église Saint-Fructueux soit close. Et dire que les dictionnaires donnent de ce « saint-là », ou plutôt de ce « mot-là », les définitions suivantes : « Qui donne des fruits. Qui procure un grand profit, un avantage, Qui donne un résultat utile ; fécond ». Tu parles ! Alors que le sentier d’Emilie donne comme sous-titre à cette balade « Au rendez-vous des sorcières », n’est-ce pas plutôt «Au rendez-vous manqués ? ». Non, nous n’avons pas vu de sorcières ! Non, nous n’avons pas goûté « aux fruits » de l’église Saint-Fructueux ; apparemment en cours de restauration ; pas plus qu’à ceux du Mas Paturas. Néanmoins, soyons honnêtes ! Nous avons pris un grand plaisir à marcher et à découvrir, et comme c'était le but recherché, nous ne faisons pas la fine bouche, même s'il est humain d'en vouloir toujours plus ! Cette balade, visites de Saint-Féliu et du village incluses, a été longue de 6,6 km. Les montées cumulées sont de 506 m. Le dénivelé est de 236 m entre le point le plus bas à 1.381 m à bas du parking et le premier collet juste après le Mas Paturas à 1.617 m. Carte IGN 2250ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25

 

(*) Le Sègre : Vous trouverez sur Internet bons nombres d'informations intéressantes concernant la rivière Sègre. En voilà une que j'ai trouvée au cours de mes recherches. Elle a pour auteur, le célèbre journaliste et éditeur Adolphe Joanne, également président du Club Alpin Français pendant quelques années. Cette description très complète est extraite de sa « Géographie des Pyrénées-Orientales » de 1879 :  « La Sègre prend sa source au nord-ouest du Pic de Sègre, par plusieurs bras qui, en se réunissant, forment dès l'origine une rivière importante. Près de là est la fontaine intermittente de Cayelle. La Sègre suit d'abord la direction du nord-ouest, et, jusqu'à son débouché dans la plaine de la Cerdagne, coule profondément encaissée dans une gorge. Elle laisse à droite Llo, traverse, de l'est à l'ouest, une fertile plaine, couverte de champs de céréales et de gras pâturages, traverse Saillagouse, reçoit, à droite, la rivière d'Eyne, qui descend de l'étroite et pittoresque vallée d'Eyne, et passe à Eyne et à Estavar. Elle traverse, du nord-est au sud-ouest, l'enclave espagnole de Llivia, où elle recueille les eaux de l'Err, en sort au dessus de Caldegas, et quitte la France à Bourg Madame, au confluent de la Raour, rivière qui passe à Angoustrine et à Ur. Elle contourne, à droite , Puycerda, reçoit à gauche la Vanera, puis à droite , l'Aravo ,le plus fort de ses affluents français. Ainsi grossie, elle laisse à gauche Sanavastre , passe entre Isobol et Asonso , baigne à gauche les murs de la ville de Bellver . Après avoir reçu des deux côtés un grand nombre de petits affluents , elle traverse Martinet, où elle se grossit de la Llosa . Elle se dirige alors sensiblement vers le sud , passe au -dessous de la ville importante de la Seo d'Urgell, au delà de laquelle elle reçoit, à droite, l' Enbalire, et, après s'être grossie de la Noguera Pallaresa , de la Noguera Ribagorzana et de la Cinca , elle se jette dans l'Ebre au-dessous de Mequinenza, après un parcours de 300 kilomètres . L Èbre et la Sègre ainsi réunis vont se jeter dans la Méditerranée par plusieurs bouches au port du Fangal, bien au sud de Tarragone, après un parcours de 150 kilomètres à partir de leur confluent. » Vous noterez que Joanne emploie essentiellement le féminin alors que de nos jours on écrit "Le Sègre" et non pas "La Sègre". 

 

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