Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

gorges

Les Gorges de Nyer et le château de La Roca

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 7 musiques du Best Dramatic Strings Orchestral proposé par Evolving Sound Ltd et Emissary. Elles ont pour titre : "Firstborn", "Honor Bound", "Malice", "Bloodlines", "Artifacts", "Calamity" et "Persona", extraites  de la compilation "Epic Dramatic Violin Epic Music Mix"

Les Gorges de Nyer et le château de La Roca

Les Gorges de Nyer et le château de La Roca


 

Si je vous dis qu’il n’y a pas de différence entre les Gorges de Nyer et celles de la Carança, je suppose que si vous connaissez les deux, vous allez dire « ce type est timbré ! », et bien sûr vous aurez raison car ces 2 sites ne sont pas comparables. Certes il s’agit de gorges creusées profondément par une rivière torrentueuse dans les deux cas mais pour le reste rien n’est pareil. Pas vraiment les mêmes décors, pas la même distance et donc pas le même temps pour les découvrir et les parcourir. Par contre, si je n’évoque que les aspects « dangerosité » et « interdiction », il n’y a pas réellement de différence. En effet au départ des Gorges de la Carança, on peut lire très clairement un panneau sur lequel il est inscrit « itinéraire dangereux aux risques et périls des randonneurs » et un peu plus loin « risque de chute – sentier dangereux », alors qu’à l’entrée des gorges de Nyer, on peut lire « Danger – Risque de chute mortelle et de chutes de pierres – merci de ne pas franchir cette barrière ». Dans le premier cas, il y a un parking payant ( qui semble poser problème au fisc à l'instant où j'écris ces lignes), pas de barrière, les gorges ont été amplement aménagées avec des ponts et autres passerelles et c’est un flot continuel de visiteurs tous les ans (100.000/an paraît-il) et dans le second, rien de tout ça et les visiteurs sont le plus souvent un nombre très « confidentiel ». Pourquoi cette différence des pouvoirs publics pour des gorges qui ont chacune leurs attraits ? Je me pose la question car pour sécuriser les Gorges de Nyer il ne faudrait pas grand-chose en terme d’aménagements car finalement hormis le risque de chutes de pierres, un seul passage est finalement très dangereux et deux autres légèrement délicats. En effet, le large chemin est en réalité le début d’une ancienne route qui était censé relier Nyer à Mantet, et ce afin de désenclaver ce dernier hameau de montagne. Après l’Aiguat de 1940 et ses pluies diluviennes dans tout le département, le projet, sans doute trop compliqué pour les moyens techniques de l’époque, a été abandonné. Toutefois le chemin que l’on emprunte sur près de 2km laisse entrevoir le travail colossal déjà accompli : tunnels ; parfois doubles, route en balcon au-dessus du ravin, creusée très souvent à même la roche, de rares murets et balustrades, des hauts murs de soutènement et enfin un pont ruiné, terminus de cette balade, car c’est ce dernier emporté par une crue sans doute gigantesque du torrent Mantet qui a eu raison de cette entreprise prodigieuse. Outre les vestiges des différents travaux, le nombre de blocs rocheux visibles encombrant le chemin prouve les difficultés colossales qu’il y avait à construire une route au bord de ces gorges antédiluviennes. Moi qui ai eu l’occasion de cheminer à 2 reprises le sentier pédestre reliant le Pas de Grau (Escaro) à Mantet et longeant le torrent (Un cauchemar pour trois étoiles), je n’ai aucun mal à imaginer ce qu’aurait été la suite des travaux et l’énormité des obstacles rencontrés. Comme l’a si bien dit Dany en découvrant ces gorges, elles sont dignes des décors du film « Avatar », sauf qu’ici les décors ne sont ni en carton-pâte ni virtuels mais bien réels en terme de minéralité et de végétation. Voilà ce que l’on peut dire de ces gorges. Il est 10h tapantes quand nous démarrons de la route menant au château de La Roca et à son église. Nous gardons ces découvertes-là pour le retour et filons direct vers les gorges. Le panneau « DANGER » indiqué plus haut se présente et nous passons outre. Avec une certaine appréhension, nous franchissons sans problème le passage le plus étroit et donc le plus difficile. A cet endroit-là, plus de route du tout et une corniche de 30 à 40cm de large seulement dont on ne sait si elle est solidifiée par les quelques roches que l’on aperçoit en son milieu. A droite, le vide et en dessous une hauteur de plusieurs dizaines de mètres où il vaut mieux éviter de choir. Avant de venir, j’avais lu que ce passage était aménagé de roches et de quelques solides branches et/ou rondins, mais nous n’avons rien trouvé de tel en ce 1er septembre 2023. Par précaution, Dany et moi avons enjambé le tout, mais moi avec une certaine appréhension car en vieillissant j'ai hérité d'un peu de vertige. Pour le reste, certes il y a encore quelques passages étroits mais rien de bien impressionnant sauf pour les visiteurs fortement sujets au vertige ou les jeunes enfants. Quant aux rochers qui tombent, il est préférable de ne pas venir avec une mauvaise météo surtout si elle est pluvieuse. Outre ces quelques indications et précautions, le site, ses décors grandioses et ses vestiges méritent que l’on y vienne. A couper le souffle est l’expression la plus appropriée à condition que l’on s’en tienne à son sens figuré bien sûr. Après le passage le plus compliqué, j’étais si heureux d’être passé sans encombre que d’emblée je me suis livré à ma passion pour la flore et la faune. Pas mal de fleurs sur l’ensemble du parcours dont certaines ont constitué de belles surprises, quelques papillons, criquets et lézards et de rares oiseaux sont venus combler cette passion pour la Nature et la photo.  Nous avons fini par la découverte de château de La Roca et de sa chapelle. Malheureusement la seconde était en travaux de restauration avec d’importants échafaudages quant au premier il était carrément fermé et donc pas visitable. On s'est donc contenté de cette menue découverte des exterieurs des deux vieux édifices. Comme il nous en faut beaucoup plus pour nous décourager, nous sommes partis à Nyer avec la ferme intention de visiter le village. D'emblée, apprenant que le château crénelé était finalement un restaurant, l'envie d'y déjeuner plutôt que de piqueniquer nous a pris.  Pas de bol là aussi, nous n’avions pas réservé, il n'était que 12h45 mais c’était paraît-il trop tard pour manger et ce, malgré un nombre important de tables totalement vides sur la terrasse. Notre look de randonneurs n’était-il pas adapté au standing de ce castell ? Je me suis interrogé sur la raison de ce refus. Alors, nous sommes partis déjeuner de nos salades de riz dans une aire de pique-nique et finalement ça n’a été plus mal car une fois encore, j’ai pu me livrer à ma passion pour la photo naturaliste au bord de la rivière Mantet et dans ses proches alentours. Nous avons fini par visiter Nyer en long, en large et en travers et franchement c’est un bien joli village qui mérite qu’on s’y attarde. Il était à peine 14h quand nous avons repris le chemin du retour vers Urbanya où nous étions encore pour quelques jours en vacances, soit 4h seulement pour des découvertes bien intéressantes. La distance totale accomplie étant sans intérêt car finalement modeste, le temps passé me semble un bon critère. Avec un peu plus de temps et une meilleure connaissance des randonnées du coin, nous aurions pu réaliser ces « Chemins de l’Histoire » que la commune ne cesse de vanter sur de nombreux panonceaux mais peut-être faudra-t-il revenir pour cela ? Carte IGN 2249ET Font-Romeu – Capcir Top 25.

Partager cet article
Repost0

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière - Olloix - 17 Kms.

Publié le par gibirando

 

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.ETAPE 1Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Il faudrait que les mots soient les cailloux blancs du Petit Poucet. Ils sont trop souvent ses miettes de pain.

(Louis Scutenaire-Ecrivain et poète surréaliste belge 1905-1987)

Lundi 31 juillet 2006

La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)

A la fin de son roman " Les Grands Chemins ", Jean Giono écrit : " Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route ". C'est certainement vrai, mais ce matin-là à La Cassière, le soleil joue à cache-cache derrière un long chapelet de nuages gris. Mais qu'importe, il ne pleut pas, et tout en rangeant dans le coffre de la voiture, les dernières affaires que nous n'emporterons pas dans notre périple, j'ai en moi, comme à chaque départ de longues randonnées, ce sentiment absolu de liberté. J'ai comme l'impression que je vais m'évader, cette sensation de ne plus avoir aucune entrave, aucune obligation. Pour ceux qui n'aiment pas la randonnée, la pire contrainte serait celle d'avoir à marcher et d'atteindre un objectif. A l'inverse, il faut que je démarre car j'ai au fond de moi ce désir de cheminer, de découvrir qui déborde de mes poumons comme de l'air pur.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Petit déjeuner à l'ABC du Gourmet avant le grand départ.

Il est neuf heures, en quittant La Cassière, j'abandonne " un autre monde ", je suis comme un bagnard qui sort d'une prison. Atteindre notre but, c'est-à-dire le village d'Olloix distant de 17 kilomètres, c'est partir vers une terre inconnue, une espèce de croisade de la découverte ou de pèlerinage comme en faisaient les chevaliers au Moyen Age. Je vous l'ai déjà dit : " je deviens le Lancelot du Lac de la randonnée pédestre" !

Je ne pense plus à rien et surtout pas à l'idée qu'un incident, qu'un accident puisse freiner ou arrêter mon envie de marcher. Compte tenu de sa bonne humeur, j'ai, ce matin là, l'impression que Dany est dans le même état d'esprit.

Mais dès le démarrage, cet air pur qui débordait de mes poumons me manque déjà. Est-ce le sac à dos de 12 kilos ou bien cette montée sur un sentier bourbeux qui est pénible pendant les premières minutes ? Les deux certainement ! Heureusement, peu à peu le souffle revient, les muscles s'échauffent et très rapidement, nous ne pensons plus à ce fardeau et la joie de marcher et de découvrir se substitue au tourment.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Après La Cassière, le GR.30, un sentier rouge de pouzzolanes.

Le sentier rouge de pouzzolanes grimpe régulièrement dans une forêt de feuillus puis arrive sur un plateau qui domine le Lac de la Cassière. De minuscules grenouilles ; les mêmes que celles aperçues au bord du Lac de Servières, il y a quatre ans ; sautillent et traversent le chemin. Nous scrutons en permanence le sentier pour éviter de les piétiner de nos gros godillots.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Sur le plateau au lieu-dit Moulebas.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

De minuscules grenouilles que nous évitons de piétiner de nos gros godillots.

En ce début de matinée, des kyrielles de mouches et de moustiques ont décidé de marcher avec nous, ou sur nous plus exactement. Nos têtes, nos bras et nos cuisses sont sérieusement convoités par des escadrilles d'insectes volants. Il n'est pas facile de regarder le paysage et en même temps, de marcher tête basse avec des nuées de bestioles au dessus de nous ! Pour les chasser, je prends ma casquette et l'a fait tournoyer au dessus de nos têtes comme les pales d'un hélicoptère. Les diptères disparaissent quelques secondes et reviennent à l'attaque encore plus nombreux. Cette agitation et ces tournoiements finissent par me fatiguer les bras. Pour un randonneur, ce serait vraiment un comble d'avoir mal aux bras avant d'avoir mal aux jambes ! Heureusement, quand nous arrivons sur le plateau au lieu-dit Moulebas, le soleil fait son apparition et les horribles " volatiles " disparaissent comme par magie. Giono avait raison : " c'est mieux sous le soleil ! "

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Les chevaux et les vaches, seules créatures vivantes sur ce plateau herbeux.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Quelques jolis panoramas sur la chaîne des Puys et sur le lac de La Cassière restent visibles malgré une météo maussade.

Le chemin est agréable mais dommage, la vue est bouchée par cette brume grisâtre et la visibilité sur la chaîne des Puys est restreinte. En supplément, des lignes à haute tension barrent le panorama.

Enfermés dans leur enclos, des chevaux viennent vers nous chercher pitance, pendant qu'avec leurs mines hébétées, nos " premières vaches " nous regardent passer. Il faut dire qu'avec ces animaux, nous sommes les seules créatures vivantes à arpenter ce plateau boisé et herbeux.

Nous amorçons la descente, le chemin devient bitume et transperce quelques résidences très fleuries. Nous coupons la D.213 et longeons le Bois du Lot à Rouillat-Bas. Pendant quelques instants, nous hésitons à nous ravitailler à Rouillat car il y a encore le bourg d'Aydat dont nous savons qu'il est plus important, même s'il est situé hors du Gr.30. L'heure tourne mais celle du pique-nique est encore suffisamment éloignée et peut attendre. Il n'est pas utile de se charger d'un poids supplémentaire trop rapidement ! Nous continuons sur une large piste, entrons dans la forêt, coupons le Pont de l'Arche, puis par une sérieuse dénivellation, grimpons sur un plateau qui domine le splendide Lac d'Aydat (1).

Le " deuxième caillou " s'étend déjà devant nous, luisant de beauté. Un lac lisse comme un miroir gris bleu où les puys glauques environnants viennent se refléter. Le sillage de quelques dériveurs aux voiles blanches vient par endroit rayer le vernis de ce tableau parfait.

(1) Le lac d'Aydat : Avec ses 65 hectares, le lac d'Aydat situé à 837 mètres d'altitude est le plus grand lac naturel d'Auvergne. Il s'agit d'un lac de barrage volcanique d'une profondeur maximum de 15 mètres. L'émergence de la coulée de lave (la cheyre) des puys de la Vache et de Lassolas a verrouillé la rivière de la Veyre, bloquant le cheminement des eaux et créant ainsi une retenue naturelle. L'île située près de la rive nord s'appelle Saint Sidoine, en souvenir de l'Évêque Sidoine Apollinaire qui possédait une villa romaine au bord du lac. Situé dans un remarquable cadre boisé, l'environnement du lac est propice à d'agréables promenades et à la pratique du footing, le tour du lac faisant 5,5 km. Les activités nautiques y sont largement pratiqués : baignade, dériveurs, planche à voile, pédalos, canoë - kayak et bien sur la pêche qui est réglementée. Les pêches de nuit en barque y sont même possibles. Les poissons les plus fréquemment pêchés sont la truite, la perche arc-en-ciel, la sandre, l'omble, le brochet, la carpe, la tanche, le gardon et le vairon.

Malheureusement, le lac subit depuis quelques années, ce que l'on appelle le phénomène d'eutrophisation. Il s'agit d'une asphyxie des eaux d'un lac ou d'une rivière par un apport excessif de substances nutritives - notamment de phosphore et d'azote- qui augmente la production d'algues et de plantes aquatiques. La décomposition des algues qui meurent, consomme beaucoup de l'oxygène dissous dans l'eau : plus il y a d'algues, moins il y a d'oxygène, ceci est particulièrement important pour les eaux profondes. En dessous d'un certain seuil d'oxygène la vie devient difficile, voire impossible, pour la faune et la flore et il y a un dégagement de mauvaises odeurs. Une dégradation de la qualité des eaux de la Veyre serait en partie à l'origine de cette eutrophisation.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Le lac d'Aydat, un miroir où les puys glauques environnants viennent se refléter.

Nous quittons le plateau par un étroit chemin qui descend, puis débouche sur une minuscule plage où quelques canards batifolent et se jettent à l'eau à notre vue. De cet endroit, le lac paraît encore plus beau, plus moiré. Seuls les canards et quelques poissons qui mouchent en surface parviennent à le rider.

Dans notre dos, à flanc de coteau, des vaches dodues, noires et blanches paissent une herbe bien verte et bien épaisse. En moi-même, je me dis : " Voilà, l'Auvergne que nous voulions découvrir ! " Une Auvergne apaisante composée de faune, de flore et de paysages.

Le Gr.30 remonte dans un bois cerné par de larges pâturages d'un vert intense. Ici, les promeneurs, les randonneurs et les coureurs qui effectuent le tour du lac sont plus nombreux. Nous retrouvons la route goudronnée à Poudure et là au lieu de prendre à gauche pour continuer le GR, nous continuons tout droit en direction d'Aydat que nous gagnons très rapidement. Les commerces sont tous là, au bout de la route : boulangerie, épicerie, pharmacie, presse. Il y a même une très jolie église et un bureau de Poste où nous pouvons acheter des timbres pour affranchir des cartes postales.

Une demi-heure a été suffisante pour nous approvisionner et après une brève visite de l'église, c'est avec un bon kilo supplémentaire que nous reprenons la courte montée vers Poudure. Nous retrouvons le GR.30 qui traverse le village où se dissimulent de superbes villas arborées.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Au lac d'Aydat, des images de l'Auvergne paisible que nous voulions découvrir !

Nous regardons une dernière fois le lac qui finit par disparaître et après une rude montée, nous dénichons à la sortie du hameau, près d'une belle croix en fer forgé, un champ idéal pour déjeuner.

Salades, charcuterie du pays, Cantal, Bleu d'Auvergne et fruits sont au menu de ce premier pique-nique champêtre sous un ciel bas et gris. Mais par bonheur, aucune goutte de pluie ne vient contrarier cet instant de répit. Après le repas, pendant que Dany fait une petite sieste, j'observe avec ravissement plusieurs jeunes pinsons écervelés qui jouent à se poursuivre. Sans craindre ma présence, ils sautent de branches en branches, ils descendent des noisetiers et viennent se vautrer dans l'herbe, à quelques pas de moi comme pour me narguer. Puis ils repartent dans un tourbillon de folie, s'enfoncent au milieu des genêts d'où ils ressurgissent quelques dizaines de mètres plus loin pour monter comme des flèches dans le ciel. Cette chorégraphie se renouvelle plusieurs fois et assis près de la croix de fer, je suis aux premières loges d'un spectacle naturel étonnant ; une espèce de " Patrouille de France " en miniature.

Mais il est déjà l'heure de repartir, car la route est encore longue. D'ailleurs, en quittant le champ, nous la voyons se dessiner devant nous, comme un serpent qui descend le talus, puis remonte à travers les champs, se faufile jusqu'aux collines toutes proches. A la fin, elle disparaît au faîte d'un vallonnement, horizon souvent fugitif car caché quelquefois par la brume.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Dany lors de notre arrivée à Aydat

Le Gr.30 évite le petit village de Phialex et ondule entre de petits puys dont certains ont des noms curieux : Mont Amant, Suc Brûlé, Fourchat. Quand les nuages se dissipent, ils laissent entrevoir dans le lointain des puys plus importants où prédomine le Puy de Dôme. Pendant plusieurs jours, et tout en s'éloignant, nous l'apercevrons souvent dans le paysage, mais notre point de mire restera le Sancy que nous devons gagner.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Après Aydat, un pré idéal pour pique-niquer.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Pique-nique puis repos mérité dans un pré après le village d'Aydat.

Nous coupons la D.145 et dans un décor plus chaotique où le chemin se glisse entre des murets de pierres sèches, nous finissons par atteindre avec satisfaction le hameau " Le Mas ". Nos gorges et nos gourdes sont aussi sèches que les pierres du sentier mais la seule fontaine du lieu n'a pas d'eau potable. Le village composé de quelques maisons semble désert, seul un chat dort sur le rebord d'une fenêtre. Nous arpentons chaque ruelle à la recherche d'un breuvage, mais il n'y a ni bistrot ni épicerie. Heureusement, devant une très belle demeure, un jeune homme apparaît et il accepte avec beaucoup de gentillesse de remplir nos gourdes. A son accent, je comprends immédiatement qu'il est espagnol, même s'il parle un excellent français. Il dit être un pilote de montgolfière travaillant pour une organisation qui propose des vols libres au dessus de la chaîne des Puys mais aussi près de Barcelone. Nous n'avons aucune raison de ne pas le croire, puisque cette affirmation est inscrite sous la forme d'un bandeau publicitaire sur la carrosserie de son 4x4 garé devant la bâtisse.

Par son récit, nous tentons d'imaginer la beauté des paysages d'Auvergne depuis un ballon. Ce doit être un sacré spectacle ! Nous le remercions encore une fois pour l'eau et c'est avec des rêves plein la tête et le prix du vol à 220 € par personne dans la " cabeza " que nous retournons voir ce spectacle. Spectacle que nous apprécions même au ras des pâquerettes !

Le G.R. longe de grands champs cultivés de céréales puis coupe la D.788. Mais, nous ne traversons pas immédiatement car un long et sinistre défilé de voitures suit un corbillard pendant qu'au loin l'église de Cournols sonne le glas sans interruption. Pour qui sonne le glas ? Tout en marchant, nous dissertons de l'importance du défunt. Elu du village ou homme politique plus important ont notre faveur. Compte tenu du nombre colossal de voitures que l'on aperçoit dans le village en contrebas, il ne fait aucun de doute, il s'agit d'un notable. Nous zigzaguons dans les près qui dominent Cournols mais sans jamais l'atteindre. Seul un immense dolmen appelé " Dolmen de la Grotta " retient notre attention. Plus surprenant encore, ce dolmen siège au milieu d'un terrain de football improvisé avec des cages de part et d'autre. Il est vrai qu'il n'y a pas de risque qu'un ballon de foot fasse tomber une de ces dalles ancestrales !

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Paysages verdoyants et vue sur la chaîne des puys après Aydat.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms. 

Arrivée au hameau Le Mas et dolmen de la Grotta à Cournols

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

   A Cournols, l'étrange dolmen de la Grotta siège au milieu d'un terrain de foot !

Derrière nous, Cournols s'éloigne et maintenant des puys boisés plus importants et plus hauts nous font face. On se dirige droit sur eux et sur la carte IGN, je constate qu'il s'agit au premier plan du puy d'Ozenne (914 m) et derrière, il y a surtout celui d'Olloix (1.002 m). Il est 4h15 et j'ai le sentiment de ne plus être très loin de l'arrivée. Mais la suite me prouve le contraire et il nous faut encore plus d'une heure de marche pour rejoindre le terme de notre étape.

Il est vrai que le chemin devient difficile. Il est très caillouteux et très raviné dans la descente vers les Gorges de la Monne, puis après une brève détente et un bain de pieds revigorant au Pont de Riberolles, il se hisse sans discontinuer sur le flanc opposé pratiquement jusqu'à Olloix.

Heureusement, la grimpette la plus difficile s'effectue dans un sombre sous-bois très frais où gisent les ruines du vieux hameau de Riberolles (2). Dans cette " jungle " inextricable de lierres, de lianes, de mousse et de branches, nous avons du mal à imaginer, qu'il y a encore un siècle, une activité rurale ait pu exister. Au bout de la rude montée, le sentier longe encore les ruines de quelques moulins puis débouche sur un vaste plateau à vocation agricole parsemé de gros blocs granitiques fissurés. Il s'agit de diaclases (3) d'origine volcanique sur laquelle l'érosion a fait son œuvre. Le rebord de ce plateau fait office de belvédère au dessus du site classé des Gorges de la Monne dont on imagine seulement les contours dissimulés dans une épaisse végétation.

(2) Riberolles : Ce hameau ruiné que l'on peut voir au dessus du pont de Riberolles fut abandonné au 19ème siècle. Au recensement de 1841 il comptait 33 habitants répartis dans 6 maisons, en 1886 il ne restait qu'une famille de 5 membres et 1891 il n'y avait plus personne. Le site de ce hameau autrefois très ensoleillé est maintenant envahi par la forêt.

(3) Diaclase : du grec dia signifiant en deux et klasis désignant une fracture, une rupture. On parle de diaclase lorsqu'une roche se fend sans que les parties disjointes s'éloignent l'une de l'autre. Une diaclase peut apparaître du fait des pressions auxquelles est soumise la roche.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 En direction des Gorges de la Monne, on aperçoit les Puys d'Ozenne et d'Olloix

17h15, nous entrons dans Olloix et au bout du dernier tronçon du G.R., nous sommes face à notre gîte " La Maison de la Monne ". Dès notre arrivée, nous sommes " aux anges ", car cette grande bâtisse, aux volets couleur pastel avec son vaste jardin gazonné et fleuri et ses terrasses accueillantes, distille le bien-être, le calme et la douceur de vivre. Notre chambre n'est pas très grande mais moderne, bien aménagée et silencieuse. L'accueil y est simple, calfeutré mais agréable bien à l'image de l'endroit.

Après une douche réparatrice, nous partons visiter le village. Comme souvent, seule l'église semble présenter un intérêt culturel. Dans cette église Saint-Jean Baptiste trône une imposante statue couché dont j'apprends l'essentiel à la lecture d'un petit livret. Il s'agit du gisant d'Odon de Montaigu, dit St Gouérand, commandeur des Hospitaliers, grand Prieur d'Auvergne jusqu'en 1323, mort vers 1345. A côté de l'église, il y a bien les vestiges d'une ancienne commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem mais le site est en travaux et interdit au public. Dany, elle, compulse le livre d'or de l'église et est choquée par les messages parfois abjects et grossiers qu'elle y trouve.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Dany dans la descente caillouteuse vers les Gorges de la Monne

De retour au gîte, pendant que Dany part se reposer dans la chambre, je l'abandonne et muni de mon appareil photo, je m'en vais escalader le Puy de Marquerole (Mercurol sur les cartes) qui domine le village. Sur un pan de ce puy, il y a encore la présence d'orgues basaltiques qui ont résistées à l'érosion du temps. Du sommet, la vue à 360 degrés est, compte tenu du temps maussade, toujours aussi limitée. Mais grâce à un table d'orientation, j'aperçois quelques lieux indiqués et j'arrive à deviner au loin la plaine de Limagne, les Monts du Forez, les Monts du Cézallier et toujours le Puy de Dôme qui excelle à l'horizon. Très étonnamment, un nuage en panache s'échappe de son sommet comme s'il s'agissait d'un volcan encore en activité.

Il 20h20. Le souper est servi à 20h30 et content de mes quelques photos, je redescends en courant les flancs de ce petit monticule et me dépêche sur le Pré de la Barre en direction de la Maison de la Monne. Seul, un petit chat qui ressemble étrangement à notre petite Milie me freine dans ma précipitation pour aller dîner. Mais, je ne peux l'approcher car il est aussi craintif que notre chatte et disparaît derrière une haie de feuillus.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

  Au Pont de Riberolles, dans la rafraîchissante rivière de la Monne

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

Avant Olloix, une pause bienfaitrice sur le plateau au dessus du site classé des Gorges de la Monne.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Arrivée à Olloix sur le G.R.30

Dany m'attend impatiemment car le pique-nique de midi est déjà très loin et son estomac crie famine. Nous trouvons tout de même le temps de prendre un apéritif sur la terrasse et de converser avec une dame très sympathique qui voyage seule et que nous avons aperçue sur le G.R.30 au Pont de Riberolles.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Dany dans l'agréable jardin du gîte " La Maison de la Monne "

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Nous visitons Olloix et ses proches alentours. Le gisant d'Odon de Montaigu à l'église Saint-Jean Baptiste d'Olloix.

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Eglise Saint-Jean Baptiste d'Olloix

21 heures, il est temps de rejoindre la salle du restaurant où nous attends une belle surprise : La " Monnette " qui est la grande spécialité de la maison. Un Saint-Nectaire étêté et fumant dont la pâte continue à fondre dans sa croûte sur un chauffe-plat. Le fromage est accompagné d'une grande assiette remplie de salade et de larges tranches de jambons crus. Le tout se mange comme une fondue. Le meilleur reste la fin quand la croûte devient gratinée. Accompagné d'un excellent Saint-Pourçain rosé, c'est un vrai régal !

Mais manger ainsi, est-ce bien raisonnable ? Cette " Monnette " ne risque-t-elle pas de peser dans nos ventres lors de l'étape qui s'annonce demain ? Une étape, Olloix- Saint-Nectaire - Murol - Lac Chambon longue de 18 kilomètres ! Enfin, on verra ! Michel Déon n'écrivait-il pas : Pour bien aimer un pays, il faut le manger, le boire et l'entendre chanter !

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.oComme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

  Panoramas sur Olloix et ses alentours depuis le puy de Marquerole

Comme les cailloux du Petit Poucet GR.30 Tour des lacs d'Auvergne : Etape 1 La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.

 Cliquez sur la carte ci-dessus pour passer à l'étape suivante

Partager cet article
Repost0

Un "Doux" anniversaire. Les 70 ans de Dany dans les Gorges du Doux.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de diverses musiques dont la plupart sont d'Ennio Morricone. Dans l'ordre de la vidéo, ells ont pour titre : "Le Train" jouée par The London Starlight Orchestra qui est suivi par le bruitage d'un train à vapeur puis de "Forse basta" (chant par I Cantori Moderni di Alessandroni), "Mon Nom Est Personne" (Il Mio Nome è Nessun), "Malena", "Le Vent,Le Cri. variation 6" puis c'est "Joyeux anniversaire Dany" chanté par Lysiane.


 

Avant toutes choses, je savais que Dany souhaitait fêter son anniversaire avec ses enfants et petits-enfants. Là était sa priorité. Si j’ai longuement cherché ce que pourrait être les 70 ans de Dany, l’idée de faire du vélorail a été l’élément central et déclencheur de l’organisation à mettre en place. Voilà une activité dont je savais qu’elle pourrait se faire en famille et  surtout avec l’espoir que ça plaise au plus grand nombre. Parmi la cinquantaine de vélorails français restait à en trouver un bien et surtout qu’il ne soit pas trop loin et situé à une égale distance à parcourir par nos enfants, petits-enfants et par nous. Alors, je me suis mis en chercher et finalement il ne m’a fallu que très peu de temps pour choisir puis arrêter celui de la Vallée du Doux. Plusieurs commentaires sur Internet étaient flatteurs et m'ont convaincu. Gare de départ à Boucieu-le-Roi en Ardèche avec plusieurs formules selon la distance à parcourir. Les futurs pédaleurs ayant opté pour la plus longue, c'est-à-dire la « Grande Aventure » de 20km, il ne me restait plus qu’à prendre les billets. Seul inconvénient, à l’instant où je veux concrétiser ce choix, la billetterie Internet est constamment fermée. Sachant qu’elle s’ouvrira à une date qui m’est communiquée dans ma messagerie, j’anticipe chaque jour et finalement j’ai raison de procéder ainsi puisque finalement la billetterie va s’ouvrir avec plus de 15 jours d’avance. Cela me permet de choisir ma date, l’horaire de mon choix et de prendre les billets pour les 10 personnes qui seront présentes lors de cet anniversaire. Trouver puis réserver 2 mobil-homes dans le camping de la Vallée du Doux a été beaucoup plus simple. Rester à trouver un restaurant recevant 10 personnes mais sachant aussi organiser un repas d’anniversaire à la hauteur avec un excellent gâteau et tout le toutim. Là, à Boucieu, si le nombre de possibilités fut plutôt restreint, le choix du restaurant Le Petit Bociu fut le bon ! Tout se fit par messagerie et au travers de Facebook mais cette communication fut sympathique, tolérante et dont rapidement constructive et finalement excellente. Le repas fut conforme à mon attente avec certes une cuisine familiale mais délicieuse car avec des bons produits du terroir. L’apéritif et les vins du cru furent excellents.

Une fois sur place, j’ai été ravi de voir que toute l’organisation que j’avais prévue, mise en place à distance car sur Internet avait été une réussite. Tout se déroula parfaitement et j’espère que la vidéo musicale que je propose ici en apporte la preuve. Tout le monde fut enchanté du vélorail, du mobil-home au bord du Doux et du resto. Dany reçut toutes les marques d’amour et d’affection qu’elle mérite bien. Emue, enchantée et heureuse furent les adjectifs que j’ai retenus du petit laïus qu’elle nous fit à la fin du repas lors de la remise des cadeaux. J’étais heureux pour elle ! Nous étions heureux pour elle ! Oui ce fut un « Doux » anniversaire qui s’écoula avec les tourbillons de joie espérés mais sans entrave et sans problème, un peu comme cette rivière du même nom que nous avons côtoyer pendant ces 3 jours. Une rivière que nous garderons en mémoire ne serait-ce qu’à cause de son joli nom !

Partager cet article
Repost0

Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté d'une très belle musique intitulée "Talking To Nature" interpretée par le flûtiste indien Shastro

Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

J’avoue faire assez peu de différences entre randonner seul ou en agréable compagnie car j’ai cette faculté à me complaire dans les deux façons de marcher. D’ailleurs, à bien y réfléchir, seul, à deux ou à plusieurs, je ne modifie guère ma façon d’être dans l’action car avant tout c’est la Nature qui guide mes pas. Elle guide mes pas et ma façon d’agir dans l’acte de marche. Cette attitude, si elle n’est pas nouvelle, a bien sûr évolué en prenant de l’âge. Il y a pourtant une exception à cette règle, c’est quand je randonne accompagné de mes petits-enfants. Si la Nature reste bien entendu présente, ils en font partie intégrante, ce qui n’est jamais le cas des adultes. Je vais donc les observer avec presque autant de curiosités que des papillons, des oiseaux, des fleurs, des panoramas ou des paysages. Et quand je m’interroge à propos de cette observation, je me dis qu’il s’agit à la fois d’une dissection de leur comportement vis-à-vis de cette passion pour la randonnée pédestre qui est la mienne mais aussi d’une espèce de vigilance machinale mais probablement indispensable pour moi. Quoi qu’il en soit, je suis toujours très heureux d’être avec eux dans cet acte que j’aime tant qui est celui de marcher. En ce 26 août, tout s’est mis peu à peu en place pour qu’il en soit ainsi. Ce jour-là, mon gendre, ma fille et leurs deux enfants sont venus nous rejoindre à Urbanya où nous séjournons. Ils ont prévu d’aller « faire » « les Gorges de la Carança » en famille et nous ont gentiment invités Dany et moi. Je languis l’instant où nous serons tous ensemble sur les sentiers et ce d’autant que pour une fois je n’ai pas eu à me préoccuper de l’itinéraire à accomplir. Une fois n’est pas coutume, je vais me laisser guider.

(Voici le lien du tracé que nous avons effectué : https://www.visugpx.com/pnXoZ9IVvH )

 Voilà déjà 13 ans que je ne suis plus venu marcher dans ces célèbres gorges et je m’en souviens très bien car la dernière fois, j’étais venu marcher avec des collègues du boulot.  C’est totalement inédit et malheureusement, ça ne s’est jamais plus produit ensuite. A Thuès-Entre-Valls, il est tout juste 9h quand nous garons nos véhicules sur le parking des gorges. Le temps que tout le monde se prépare et que mon gendre trouve le sens du départ et me voilà déjà les yeux aux aguets de tout ce qui bouge. Un merle et un papillon en font les frais. Dans le ciel, deux vautours fauves planent du côté de Llar. Ce tout petit hameau perché et perdu me ramène lui aussi à quelques années en arrière lors d’une jolie balade intitulée « Le Chemin des Canons ». Dans la rivière, un merle et plusieurs bergeronnettes continuent de m’immobiliser puis à mon approche, ils s’enfuient à tire-d’aile. Plongé dans mes photos, les volatiles me font presque oublier que j’ai une rude randonnée à accomplir. J’attendais tout le monde et maintenant me voilà déjà attendu. Nous démarrons. Si les gorges sont vite là, c’est surtout un grand panneau qui attire mon regard et m’interpelle car il y est écrit en grandes lettres bâtons bien visibles « ITINERAIRE DANGEREUX AUX RISQUES ET PERILS DES RANDONNEURS ». Or, c’est assez bizarre car je ne me souviens pas l’avoir lu lors de mes précédentes venues ici. Il est vrai que je n’étais qu’avec des adultes, ceci expliquant sans doute cela.  Immédiatement, je me mets à penser à mes deux petits-enfants et aux risques qu’on va leur faire courir. J’essaie d’enlever cette culpabilité de ma tête mais il me faudra quelques décamètres pour y parvenir. Finalement, c’est de voir mes petits-enfants gambader et sauter de roches en roches comme des cabris que je parviens à éliminer ces mauvaises pensées. Finalement, je m’aperçois que le vieux que je suis a le pied bien moins sûr et réclame plus d’attention sur ce sentier devenant rapidement tortueux. Je peux me consacrer pleinement à la photo mais je vois bien que mon numérique ne fonctionne pas comme à son habitude. Absence d’une bonne luminosité ? Je suppose. En tous cas, c’est la seule raison que je trouve à cet état de fait. J’essaie de procéder à des réglages mais en vain. Dans ces profondes gorges, les rayons du soleil peinent à pénétrer franchement et c’est un faisceau blanchâtre très puissant faisant office de couvercle qui empêche de voir le ciel dont je sais qu’il est pourtant très bleu. Il me faut faire avec et je me dis que Photoshop sera peut-être à même de corriger ces photos de mauvaise qualité. Si le sentier est bien tracé, je le trouve bien plus difficile qu’il y a 13 ans.  Les années supplémentaires ont démultiplié les difficultés. Toutefois, comme j’arrive à suivre le groupe sans trop d’essoufflements, je suis plutôt satisfait. Après avoir longé quelque peu la rivière Carança au fond de la gorge, le sentier devient plus compliqué car plus rocheux. Il faut assez souvent redoubler de vigilance pour se faufiler correctement dans ce qui ressemble à un pierrier quasi continuel. Tout en prêtant attention, je me distrais comme je le peux en photographiant quelques fleurs et nos déambulations. Mais le groupe avance à un bon rythme et les mises au point que je devrais faire pour des photos de qualité ne me sont pas autoriser, sauf à perdre trop de terrain. Tout compte fait, l’aspect le plus angoissant n’est pas la qualité désastreuse du sentier en soi mais le fait que l’on ne sait pas où l’on va et surtout comment l’on fera pour revenir en effectuant une boucle. Enfin , cette angoisse peut être compréhensible surtout pour tous ceux venant ici pour la toute première fois. Sentier tortueux, végétation parfois très dense, vues limitées, canyons profonds et insondables, pics acérés et inaccessibles, falaises abruptes, panneaux de prudence et de recommandations, tout ce qui nous entoure peut contribuer à une certaine appréhension. Cette appréhension peut encore perdurer même quand le lieu nous est déjà connu et notamment pour les personnes ayant pu lire de vieilles croyances populaires avant de venir ici. Quand la corniche apparait en face, creusée à même le flanc d’un à-pic impressionnant et que l’on y aperçoit quelques « lilliputiens », elle peut se transformer en frayeur voire en paralysie. Rien de tout ça parmi notre groupe et même les enfants avancent sans aucune crainte, ce qui est tout à fait normal car c’est bien connu qu’ils n’ont pas la même conscience du danger que les adultes. Tant mieux ! Ceci n’empêchant nullement les conseils de prudence, ce que je ne me prive pas de faire, sans pour autant les inquiéter plus que nécessaire. De toute manière, ils sont habitués à randonner et marchent avec beaucoup de sérieux la plupart du temps Après quelques petites montagnes russes et être passés sous le Roc de la Madrieu, nous retrouvons le lit de la rivière peu avant le lieu-dit « l’Abeurador », en français « l’Abreuvoir », et la confluence du Correc de la Guille. Coin peu paisible pour pique-niquer mais je m’éloigne un peu du sentier à la fois pour trouver une peu de paisibilité et m’isoler pour prendre quelques photos car par chance à cet endroit quelques pieds de menthe attirent des papillons. Si je me suis éloigné, je reste à proximité du groupe et les pieds presque dans l’eau. Sur la gravière, je réussis à attirer une minuscule truitelle avec de la mie de pain roulée en petites boulettes. Mais la truite sauvage est soupçonneuse et ne se laisse pas photographier si facilement, restant dans le courant. Je me rattraperai un peu plus tard. Un lézard des murailles se fait tirer le portrait plus aisément. Le pique-nique terminé, nous continuons à longer la rivière mais cette fois très souvent sur des échelles, des passerelles aménagées et des ponts de singe. Ici, faire le singe, il vaut mieux éviter car en cas de chute, il y a plus de chance de tomber sur un rocher que dans l’eau. Le torrent ne cesse de faire entendre sa rocailleuse musique. Tantôt à droite, tantôt à gauche, ou vice-versa, le plus compliqué est d’éviter de se croiser avec des personnes ou des groupes arrivant en sens inverse, ce qui ne manque pas d’arriver en raison de l’heure déjà bien avancée de la journée. Finalement le pont de Pierre est atteint et si je mets Pierre en majuscule c’est parce qu’il est ainsi écrit sur la carte IGN. Erreur des géographes ou hommage à un Pierre qui en serait le concepteur ? Aucune information ne vient étayer aucune thèse et on sait seulement que ce pont a été construit pour pouvoir plus facilement enjamber un affluent de la Carança qui a pour nom catalan « El Torrent Roig », en français « le torrent rouge ». Dans ses balades, Lison (*) évoque ce pont de pierre et la source de ce ruisseau torrentiel, précisant qu’au temps jadis, son débit était probablement plus puissant que de nos jours, expliquant par-là cette solide construction et le chemin en grand partie constituée de pierres taillées dans les roches du secteur. Ils étaient là aussi pour l'exploitation du bois et du cuivre et de quelques autres minerais.  Elle nous apprend aussi qu’en face de ce pont se trouvait sans doute un moulin dédié au sciage du bois. Enfin, elle vous explique tout ça bien mieux que je ne puis le faire ici. Qui mieux que Lison (*) qui a arpenté ce superbe et patrimonial secteur de la Carança en long et en large peut nous apprendre tout ça ! Le temps d’observer une belle petite cascade, de photographier une mésange charbonnière ; les passereaux sont peu visibles dans les gorges ;  et le temps est venu pour nous de faire demi-tour. Ah oui j’oubliais ! Il y a aussi un petit galet multicolore car joliment peint. Il a été laissé là sur le pont, sans doute par une personne un peu « New Age » en signe de porte-bonheur.  Porte-bonheur pour tous ceux qui comme nous arrivent ici ou passent pour monter plus haut vers le Refuge du Ras de la Carança ou les lacs. Ce n'est qu'ainsi que l'on a une idée plus ample et totale de ce qu'est la Vallée de la Carança (** voir le poème de Gaston Groussole à propos de cette vallée). Pour le retour, il n’est pas toujours facile de réemprunter les échelles et les passerelles métalliques, les ponts de singes sur lesquels le plus souvent il vaut mieux éviter d’être en surnombre. Il est 13h et dans les gorges c’est l’heure de pointe. Mais tout se passe toujours bien, tout le monde faisant preuve de civisme, de patience et de compréhension. Finalement, nous bifurquons de la rive droite à la rive gauche par une dernière passerelle à hauteur d’un petit barrage agencé de quelques baraquements. Wikipédia nous dit de lui « qu’il est situé à l'altitude de 1 004 m. Il mesure 2,8 m de haut et est muni d'une prise d'eau qui permet d'alimenter la centrale hydroélectrique de Thuès, située au bord de la Têt, légèrement en amont du confluent entre la Carança et la Têt. » Peu après commence la corniche creusée à même la paroi des gorges, partie de cette boucle la plus impressionnante car la plus périlleuse. Dans ce sens, que vous ayez le vertige ou pas,  il y est préférable d‘avoir une « conduite anglaise », de bien serrer sa gauche et de tenir d’une main ferme ce câble ligne de vie qui vous sécurisera. Cela vous évitera de prendre des risques inutiles et de vous faire des frayeurs qui le seront tout autant. Dites-vous bien que quoi qu’il en soit, aujourd’hui vous aurez eu droit à une belle dose d’adrénaline. D’ailleurs, comment faire quand vous aimez les fleurs mais que quelques-unes d'entre-elles ont pris un malin plaisir à aller pousser dans des endroits improbables et que malgré ça l’envie de les photographier est encore là ? Il faut parfois choisir, reculer quand le danger est trop grand et c’est ce que je fais. Par bonheur, un couple de Grands Corbeaux noirs et une Hirondelle des rochers qui a choisi de nicher dans le plafond de la corniche viendront compenser deux ou trois reculades florales. Plus on avance au sein de la corniche et plus on prend conscience des travaux colossaux qu’il a fallu entreprendre pour parvenir à la creuser ainsi. Quelques tunnels perpendiculaires mais tous claquemurés et dont on ne voit pas le bout rajoutent un maximum de mystères.  Sur Wikipédia, l’histoire nous dit que c’est en 1943 que tout cela a commencé aux fins de la construction d’un grand barrage sur la Carança qui finalement n’a jamais vu le jour pour des raisons de coût. Finalement, c’est un petit barrage qui permettra d’alimenter une centrale hydroélectrique qui fonctionnera à partir de 1946. Ce fameux passage en corniche est resté pour le plus grand bonheur des montagnards et autres randonneurs. Si la plupart font comme nous et se contentent d’arpenter ses gorges grandioses, certains partent rejoindre le refuge du Ras de la Carança et encore un plus haut les lacs dont  l’Estany Negre ou Etang Noir situé à une altitude de 2 505 m. Ce dernier constitue la source de la rivière, longue de 15,3km jusqu’à sa confluence avec la Têt à Thuès. D’ailleurs dès lors que l’on termine la corniche, la vallée de la Têt est là, bien visible en contrebas avec sa route nationale 116 et sa voie ferrée parallèle où circule « Le Canari ». C'est le surnom donné au joli « Petit Train Jaune » montant ses flots de touristes vers la superbe Cerdagne depuis Villefranche-de-Conflent. La vallée, il suffit désormais d’y descendre pour rejoindre Thuès et terminer cette magique randonnée. La descente démarre à droite à hauteur d’une bâtisse « chambre d’eau » d’où s’échappe une longue conduite forcée. 20 minutes plus tard , le parking est là, à moins que vous ne fassiez comme moi et que vous attendiez que le « Canari » passe pour le photographier. Selon le tracé que m’a fourni mon gendre, cette randonnée a été longue de 8,3km pour des montées cumulées de 1.012 m et un dénivelé de 336m entre le point le plus bas à 836m à Thuès et le plus haut à 1.172m au pont de Pierre. Cartes IGN 2249ET Font-Romeu – Capcir et 2250ET Bourg-Madame - Mont-Louis - Col de la Perche Top 25

(*) Les Balades de Lison et la Carança : Vous voulez connaître la Carança et un peu son histoire, voici quelques liens proposées par mon amie Lison : Enigmatique Carança,  Carança d'autrefois : le bois et le cuivreCarança d'autrefois (fin) : les troupeaux et le charbon.

(**) La Vallée de la Carança : Je ne peux m'empêcher de vous délivrer le superbe poème ci-dessous à propos de la Vallée de la Carança. Il est l'oeuvre de Gaston Groussole, écrivain et poète bien connu des Toulougiens, et extrait de son livre de poésies "Eclaire-moi Fanal !" édité par Les Presses Littéraires : Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Partager cet article
Repost0

Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté d'une très belle musique intitulée "Talking To Nature" interpretée par le flûtiste indien Shastro

Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

J’avoue faire assez peu de différences entre randonner seul ou en agréable compagnie car j’ai cette faculté à me complaire dans les deux façons de marcher. D’ailleurs, à bien y réfléchir, seul, à deux ou à plusieurs, je ne modifie guère ma façon d’être dans l’action car avant tout c’est la Nature qui guide mes pas. Elle guide mes pas et ma façon d’agir dans l’acte de marche. Cette attitude, si elle n’est pas nouvelle, a bien sûr évolué en prenant de l’âge. Il y a pourtant une exception à cette règle, c’est quand je randonne accompagné de mes petits-enfants. Si la Nature reste bien entendu présente, ils en font partie intégrante, ce qui n’est jamais le cas des adultes. Je vais donc les observer avec presque autant de curiosités que des papillons, des oiseaux, des fleurs, des panoramas ou des paysages. Et quand je m’interroge à propos de cette observation, je me dis qu’il s’agit à la fois d’une dissection de leur comportement vis-à-vis de cette passion pour la randonnée pédestre qui est la mienne mais aussi d’une espèce de vigilance machinale mais probablement indispensable pour moi. Quoi qu’il en soit, je suis toujours très heureux d’être avec eux dans cet acte que j’aime tant qui est celui de marcher. En ce 26 août, tout s’est mis peu à peu en place pour qu’il en soit ainsi. Ce jour-là, mon gendre, ma fille et leurs deux enfants sont venus nous rejoindre à Urbanya où nous séjournons. Ils ont prévu d’aller « faire » « les Gorges de la Carança » en famille et nous ont gentiment invités Dany et moi. Je languis l’instant où nous serons tous ensemble sur les sentiers et ce d’autant que pour une fois je n’ai pas eu à me préoccuper de l’itinéraire à accomplir. Une fois n’est pas coutume, je vais me laisser guider.

(Voici le lien du tracé que nous avons effectué : https://www.visugpx.com/pnXoZ9IVvH )

 Voilà déjà 13 ans que je ne suis plus venu marcher dans ces célèbres gorges et je m’en souviens très bien car la dernière fois, j’étais venu marcher avec des collègues du boulot.  C’est totalement inédit et malheureusement, ça ne s’est jamais plus produit ensuite. A Thuès-Entre-Valls, il est tout juste 9h quand nous garons nos véhicules sur le parking des gorges. Le temps que tout le monde se prépare et que mon gendre trouve le sens du départ et me voilà déjà les yeux aux aguets de tout ce qui bouge. Un merle et un papillon en font les frais. Dans le ciel, deux vautours fauves planent du côté de Llar. Ce tout petit hameau perché et perdu me ramène lui aussi à quelques années en arrière lors d’une jolie balade intitulée « Le Chemin des Canons ». Dans la rivière, un merle et plusieurs bergeronnettes continuent de m’immobiliser puis à mon approche, ils s’enfuient à tire-d’aile. Plongé dans mes photos, les volatiles me font presque oublier que j’ai une rude randonnée à accomplir. J’attendais tout le monde et maintenant me voilà déjà attendu. Nous démarrons. Si les gorges sont vite là, c’est surtout un grand panneau qui attire mon regard et m’interpelle car il y est écrit en grandes lettres bâtons bien visibles « ITINERAIRE DANGEREUX AUX RISQUES ET PERILS DES RANDONNEURS ». Or, c’est assez bizarre car je ne me souviens pas l’avoir lu lors de mes précédentes venues ici. Il est vrai que je n’étais qu’avec des adultes, ceci expliquant sans doute cela.  Immédiatement, je me mets à penser à mes deux petits-enfants et aux risques qu’on va leur faire courir. J’essaie d’enlever cette culpabilité de ma tête mais il me faudra quelques décamètres pour y parvenir. Finalement, c’est de voir mes petits-enfants gambader et sauter de roches en roches comme des cabris que je parviens à éliminer ces mauvaises pensées. Finalement, je m’aperçois que le vieux que je suis a le pied bien moins sûr et réclame plus d’attention sur ce sentier devenant rapidement tortueux. Je peux me consacrer pleinement à la photo mais je vois bien que mon numérique ne fonctionne pas comme à son habitude. Absence d’une bonne luminosité ? Je suppose. En tous cas, c’est la seule raison que je trouve à cet état de fait. J’essaie de procéder à des réglages mais en vain. Dans ces profondes gorges, les rayons du soleil peinent à pénétrer franchement et c’est un faisceau blanchâtre très puissant faisant office de couvercle qui empêche de voir le ciel dont je sais qu’il est pourtant très bleu. Il me faut faire avec et je me dis que Photoshop sera peut-être à même de corriger ces photos de mauvaise qualité. Si le sentier est bien tracé, je le trouve bien plus difficile qu’il y a 13 ans.  Les années supplémentaires ont démultiplié les difficultés. Toutefois, comme j’arrive à suivre le groupe sans trop d’essoufflements, je suis plutôt satisfait. Après avoir longé quelque peu la rivière Carança au fond de la gorge, le sentier devient plus compliqué car plus rocheux. Il faut assez souvent redoubler de vigilance pour se faufiler correctement dans ce qui ressemble à un pierrier quasi continuel. Tout en prêtant attention, je me distrais comme je le peux en photographiant quelques fleurs et nos déambulations. Mais le groupe avance à un bon rythme et les mises au point que je devrais faire pour des photos de qualité ne me sont pas autoriser, sauf à perdre trop de terrain. Tout compte fait, l’aspect le plus angoissant n’est pas la qualité désastreuse du sentier en soi mais le fait que l’on ne sait pas où l’on va et surtout comment l’on fera pour revenir en effectuant une boucle. Enfin , cette angoisse peut être compréhensible surtout pour tous ceux venant ici pour la toute première fois. Sentier tortueux, végétation parfois très dense, vues limitées, canyons profonds et insondables, pics acérés et inaccessibles, falaises abruptes, panneaux de prudence et de recommandations, tout ce qui nous entoure peut contribuer à une certaine appréhension. Cette appréhension peut encore perdurer même quand le lieu nous est déjà connu et notamment pour les personnes ayant pu lire de vieilles croyances populaires avant de venir ici. Quand la corniche apparait en face, creusée à même le flanc d’un à-pic impressionnant et que l’on y aperçoit quelques « lilliputiens », elle peut se transformer en frayeur voire en paralysie. Rien de tout ça parmi notre groupe et même les enfants avancent sans aucune crainte, ce qui est tout à fait normal car c’est bien connu qu’ils n’ont pas la même conscience du danger que les adultes. Tant mieux ! Ceci n’empêchant nullement les conseils de prudence, ce que je ne me prive pas de faire, sans pour autant les inquiéter plus que nécessaire. De toute manière, ils sont habitués à randonner et marchent avec beaucoup de sérieux la plupart du temps Après quelques petites montagnes russes et être passés sous le Roc de la Madrieu, nous retrouvons le lit de la rivière peu avant le lieu-dit « l’Abeurador », en français « l’Abreuvoir », et la confluence du Correc de la Guille. Coin peu paisible pour pique-niquer mais je m’éloigne un peu du sentier à la fois pour trouver une peu de paisibilité et m’isoler pour prendre quelques photos car par chance à cet endroit quelques pieds de menthe attirent des papillons. Si je me suis éloigné, je reste à proximité du groupe et les pieds presque dans l’eau. Sur la gravière, je réussis à attirer une minuscule truitelle avec de la mie de pain roulée en petites boulettes. Mais la truite sauvage est soupçonneuse et ne se laisse pas photographier si facilement, restant dans le courant. Je me rattraperai un peu plus tard. Un lézard des murailles se fait tirer le portrait plus aisément. Le pique-nique terminé, nous continuons à longer la rivière mais cette fois très souvent sur des échelles, des passerelles aménagées et des ponts de singe. Ici, faire le singe, il vaut mieux éviter car en cas de chute, il y a plus de chance de tomber sur un rocher que dans l’eau. Le torrent ne cesse de faire entendre sa rocailleuse musique. Tantôt à droite, tantôt à gauche, ou vice-versa, le plus compliqué est d’éviter de se croiser avec des personnes ou des groupes arrivant en sens inverse, ce qui ne manque pas d’arriver en raison de l’heure déjà bien avancée de la journée. Finalement le pont de Pierre est atteint et si je mets Pierre en majuscule c’est parce qu’il est ainsi écrit sur la carte IGN. Erreur des géographes ou hommage à un Pierre qui en serait le concepteur ? Aucune information ne vient étayer aucune thèse et on sait seulement que ce pont a été construit pour pouvoir plus facilement enjamber un affluent de la Carança qui a pour nom catalan « El Torrent Roig », en français « le torrent rouge ». Dans ses balades, Lison (*) évoque ce pont de pierre et la source de ce ruisseau torrentiel, précisant qu’au temps jadis, son débit était probablement plus puissant que de nos jours, expliquant par-là cette solide construction et le chemin en grand partie constituée de pierres taillées dans les roches du secteur. Ils étaient là aussi pour l'exploitation du bois et du cuivre et de quelques autres minerais.  Elle nous apprend aussi qu’en face de ce pont se trouvait sans doute un moulin dédié au sciage du bois. Enfin, elle vous explique tout ça bien mieux que je ne puis le faire ici. Qui mieux que Lison (*) qui a arpenté ce superbe et patrimonial secteur de la Carança en long et en large peut nous apprendre tout ça ! Le temps d’observer une belle petite cascade, de photographier une mésange charbonnière ; les passereaux sont peu visibles dans les gorges ;  et le temps est venu pour nous de faire demi-tour. Ah oui j’oubliais ! Il y a aussi un petit galet multicolore car joliment peint. Il a été laissé là sur le pont, sans doute par une personne un peu « New Age » en signe de porte-bonheur.  Porte-bonheur pour tous ceux qui comme nous arrivent ici ou passent pour monter plus haut vers le Refuge du Ras de la Carança ou les lacs. Ce n'est qu'ainsi que l'on a une idée plus ample et totale de ce qu'est la Vallée de la Carança (** voir le poème de Gaston Groussole à propos de cette vallée). Pour le retour, il n’est pas toujours facile de réemprunter les échelles et les passerelles métalliques, les ponts de singes sur lesquels le plus souvent il vaut mieux éviter d’être en surnombre. Il est 13h et dans les gorges c’est l’heure de pointe. Mais tout se passe toujours bien, tout le monde faisant preuve de civisme, de patience et de compréhension. Finalement, nous bifurquons de la rive droite à la rive gauche par une dernière passerelle à hauteur d’un petit barrage agencé de quelques baraquements. Wikipédia nous dit de lui « qu’il est situé à l'altitude de 1 004 m. Il mesure 2,8 m de haut et est muni d'une prise d'eau qui permet d'alimenter la centrale hydroélectrique de Thuès, située au bord de la Têt, légèrement en amont du confluent entre la Carança et la Têt. » Peu après commence la corniche creusée à même la paroi des gorges, partie de cette boucle la plus impressionnante car la plus périlleuse. Dans ce sens, que vous ayez le vertige ou pas,  il y est préférable d‘avoir une « conduite anglaise », de bien serrer sa gauche et de tenir d’une main ferme ce câble ligne de vie qui vous sécurisera. Cela vous évitera de prendre des risques inutiles et de vous faire des frayeurs qui le seront tout autant. Dites-vous bien que quoi qu’il en soit, aujourd’hui vous aurez eu droit à une belle dose d’adrénaline. D’ailleurs, comment faire quand vous aimez les fleurs mais que quelques-unes d'entre-elles ont pris un malin plaisir à aller pousser dans des endroits improbables et que malgré ça l’envie de les photographier est encore là ? Il faut parfois choisir, reculer quand le danger est trop grand et c’est ce que je fais. Par bonheur, un couple de Grands Corbeaux noirs et une Hirondelle des rochers qui a choisi de nicher dans le plafond de la corniche viendront compenser deux ou trois reculades florales. Plus on avance au sein de la corniche et plus on prend conscience des travaux colossaux qu’il a fallu entreprendre pour parvenir à la creuser ainsi. Quelques tunnels perpendiculaires mais tous claquemurés et dont on ne voit pas le bout rajoutent un maximum de mystères.  Sur Wikipédia, l’histoire nous dit que c’est en 1943 que tout cela a commencé aux fins de la construction d’un grand barrage sur la Carança qui finalement n’a jamais vu le jour pour des raisons de coût. Finalement, c’est un petit barrage qui permettra d’alimenter une centrale hydroélectrique qui fonctionnera à partir de 1946. Ce fameux passage en corniche est resté pour le plus grand bonheur des montagnards et autres randonneurs. Si la plupart font comme nous et se contentent d’arpenter ses gorges grandioses, certains partent rejoindre le refuge du Ras de la Carança et encore un plus haut les lacs dont  l’Estany Negre ou Etang Noir situé à une altitude de 2 505 m. Ce dernier constitue la source de la rivière, longue de 15,3km jusqu’à sa confluence avec la Têt à Thuès. D’ailleurs dès lors que l’on termine la corniche, la vallée de la Têt est là, bien visible en contrebas avec sa route nationale 116 et sa voie ferrée parallèle où circule « Le Canari ». C'est le surnom donné au joli « Petit Train Jaune » montant ses flots de touristes vers la superbe Cerdagne depuis Villefranche-de-Conflent. La vallée, il suffit désormais d’y descendre pour rejoindre Thuès et terminer cette magique randonnée. La descente démarre à droite à hauteur d’une bâtisse « chambre d’eau » d’où s’échappe une longue conduite forcée. 20 minutes plus tard , le parking est là, à moins que vous ne fassiez comme moi et que vous attendiez que le « Canari » passe pour le photographier. Selon le tracé que m’a fourni mon gendre, cette randonnée a été longue de 8,3km pour des montées cumulées de 1.012 m et un dénivelé de 336m entre le point le plus bas à 836m à Thuès et le plus haut à 1.172m au pont de Pierre. Cartes IGN 2249ET Font-Romeu – Capcir et 2250ET Bourg-Madame - Mont-Louis - Col de la Perche Top 25

(*) Les Balades de Lison et la Carança : Vous voulez connaître la Carança et un peu son histoire, voici quelques liens proposées par mon amie Lison : Enigmatique Carança,  Carança d'autrefois : le bois et le cuivreCarança d'autrefois (fin) : les troupeaux et le charbon.

(**) La Vallée de la Carança : Je ne peux m'empêcher de vous délivrer le superbe poème ci-dessous à propos de la Vallée de la Carança. Il est l'oeuvre de Gaston Groussole, écrivain et poète bien connu des Toulougiens, et extrait de son livre de poésies "Eclaire-moi Fanal !" édité par Les Presses Littéraires : Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Partager cet article
Repost0

Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté d'une très belle musique intitulée "Talking To Nature" interpretée par le flûtiste indien Shastro

Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

J’avoue faire assez peu de différences entre randonner seul ou en agréable compagnie car j’ai cette faculté à me complaire dans les deux façons de marcher. D’ailleurs, à bien y réfléchir, seul, à deux ou à plusieurs, je ne modifie guère ma façon d’être dans l’action car avant tout c’est la Nature qui guide mes pas. Elle guide mes pas et ma façon d’agir dans l’acte de marche. Cette attitude, si elle n’est pas nouvelle, a bien sûr évolué en prenant de l’âge. Il y a pourtant une exception à cette règle, c’est quand je randonne accompagné de mes petits-enfants. Si la Nature reste bien entendu présente, ils en font partie intégrante, ce qui n’est jamais le cas des adultes. Je vais donc les observer avec presque autant de curiosités que des papillons, des oiseaux, des fleurs, des panoramas ou des paysages. Et quand je m’interroge à propos de cette observation, je me dis qu’il s’agit à la fois d’une dissection de leur comportement vis-à-vis de cette passion pour la randonnée pédestre qui est la mienne mais aussi d’une espèce de vigilance machinale mais probablement indispensable pour moi. Quoi qu’il en soit, je suis toujours très heureux d’être avec eux dans cet acte que j’aime tant qui est celui de marcher. En ce 26 août, tout s’est mis peu à peu en place pour qu’il en soit ainsi. Ce jour-là, mon gendre, ma fille et leurs deux enfants sont venus nous rejoindre à Urbanya où nous séjournons. Ils ont prévu d’aller « faire » « les Gorges de la Carança » en famille et nous ont gentiment invités Dany et moi. Je languis l’instant où nous serons tous ensemble sur les sentiers et ce d’autant que pour une fois je n’ai pas eu à me préoccuper de l’itinéraire à accomplir. Une fois n’est pas coutume, je vais me laisser guider.

(Voici le lien du tracé que nous avons effectué : https://www.visugpx.com/pnXoZ9IVvH )

 Voilà déjà 13 ans que je ne suis plus venu marcher dans ces célèbres gorges et je m’en souviens très bien car la dernière fois, j’étais venu marcher avec des collègues du boulot.  C’est totalement inédit et malheureusement, ça ne s’est jamais plus produit ensuite. A Thuès-Entre-Valls, il est tout juste 9h quand nous garons nos véhicules sur le parking des gorges. Le temps que tout le monde se prépare et que mon gendre trouve le sens du départ et me voilà déjà les yeux aux aguets de tout ce qui bouge. Un merle et un papillon en font les frais. Dans le ciel, deux vautours fauves planent du côté de Llar. Ce tout petit hameau perché et perdu me ramène lui aussi à quelques années en arrière lors d’une jolie balade intitulée « Le Chemin des Canons ». Dans la rivière, un merle et plusieurs bergeronnettes continuent de m’immobiliser puis à mon approche, ils s’enfuient à tire-d’aile. Plongé dans mes photos, les volatiles me font presque oublier que j’ai une rude randonnée à accomplir. J’attendais tout le monde et maintenant me voilà déjà attendu. Nous démarrons. Si les gorges sont vite là, c’est surtout un grand panneau qui attire mon regard et m’interpelle car il y est écrit en grandes lettres bâtons bien visibles « ITINERAIRE DANGEREUX AUX RISQUES ET PERILS DES RANDONNEURS ». Or, c’est assez bizarre car je ne me souviens pas l’avoir lu lors de mes précédentes venues ici. Il est vrai que je n’étais qu’avec des adultes, ceci expliquant sans doute cela.  Immédiatement, je me mets à penser à mes deux petits-enfants et aux risques qu’on va leur faire courir. J’essaie d’enlever cette culpabilité de ma tête mais il me faudra quelques décamètres pour y parvenir. Finalement, c’est de voir mes petits-enfants gambader et sauter de roches en roches comme des cabris que je parviens à éliminer ces mauvaises pensées. Finalement, je m’aperçois que le vieux que je suis a le pied bien moins sûr et réclame plus d’attention sur ce sentier devenant rapidement tortueux. Je peux me consacrer pleinement à la photo mais je vois bien que mon numérique ne fonctionne pas comme à son habitude. Absence d’une bonne luminosité ? Je suppose. En tous cas, c’est la seule raison que je trouve à cet état de fait. J’essaie de procéder à des réglages mais en vain. Dans ces profondes gorges, les rayons du soleil peinent à pénétrer franchement et c’est un faisceau blanchâtre très puissant faisant office de couvercle qui empêche de voir le ciel dont je sais qu’il est pourtant très bleu. Il me faut faire avec et je me dis que Photoshop sera peut-être à même de corriger ces photos de mauvaise qualité. Si le sentier est bien tracé, je le trouve bien plus difficile qu’il y a 13 ans.  Les années supplémentaires ont démultiplié les difficultés. Toutefois, comme j’arrive à suivre le groupe sans trop d’essoufflements, je suis plutôt satisfait. Après avoir longé quelque peu la rivière Carança au fond de la gorge, le sentier devient plus compliqué car plus rocheux. Il faut assez souvent redoubler de vigilance pour se faufiler correctement dans ce qui ressemble à un pierrier quasi continuel. Tout en prêtant attention, je me distrais comme je le peux en photographiant quelques fleurs et nos déambulations. Mais le groupe avance à un bon rythme et les mises au point que je devrais faire pour des photos de qualité ne me sont pas autoriser, sauf à perdre trop de terrain. Tout compte fait, l’aspect le plus angoissant n’est pas la qualité désastreuse du sentier en soi mais le fait que l’on ne sait pas où l’on va et surtout comment l’on fera pour revenir en effectuant une boucle. Enfin , cette angoisse peut être compréhensible surtout pour tous ceux venant ici pour la toute première fois. Sentier tortueux, végétation parfois très dense, vues limitées, canyons profonds et insondables, pics acérés et inaccessibles, falaises abruptes, panneaux de prudence et de recommandations, tout ce qui nous entoure peut contribuer à une certaine appréhension. Cette appréhension peut encore perdurer même quand le lieu nous est déjà connu et notamment pour les personnes ayant pu lire de vieilles croyances populaires avant de venir ici. Quand la corniche apparait en face, creusée à même le flanc d’un à-pic impressionnant et que l’on y aperçoit quelques « lilliputiens », elle peut se transformer en frayeur voire en paralysie. Rien de tout ça parmi notre groupe et même les enfants avancent sans aucune crainte, ce qui est tout à fait normal car c’est bien connu qu’ils n’ont pas la même conscience du danger que les adultes. Tant mieux ! Ceci n’empêchant nullement les conseils de prudence, ce que je ne me prive pas de faire, sans pour autant les inquiéter plus que nécessaire. De toute manière, ils sont habitués à randonner et marchent avec beaucoup de sérieux la plupart du temps Après quelques petites montagnes russes et être passés sous le Roc de la Madrieu, nous retrouvons le lit de la rivière peu avant le lieu-dit « l’Abeurador », en français « l’Abreuvoir », et la confluence du Correc de la Guille. Coin peu paisible pour pique-niquer mais je m’éloigne un peu du sentier à la fois pour trouver une peu de paisibilité et m’isoler pour prendre quelques photos car par chance à cet endroit quelques pieds de menthe attirent des papillons. Si je me suis éloigné, je reste à proximité du groupe et les pieds presque dans l’eau. Sur la gravière, je réussis à attirer une minuscule truitelle avec de la mie de pain roulée en petites boulettes. Mais la truite sauvage est soupçonneuse et ne se laisse pas photographier si facilement, restant dans le courant. Je me rattraperai un peu plus tard. Un lézard des murailles se fait tirer le portrait plus aisément. Le pique-nique terminé, nous continuons à longer la rivière mais cette fois très souvent sur des échelles, des passerelles aménagées et des ponts de singe. Ici, faire le singe, il vaut mieux éviter car en cas de chute, il y a plus de chance de tomber sur un rocher que dans l’eau. Le torrent ne cesse de faire entendre sa rocailleuse musique. Tantôt à droite, tantôt à gauche, ou vice-versa, le plus compliqué est d’éviter de se croiser avec des personnes ou des groupes arrivant en sens inverse, ce qui ne manque pas d’arriver en raison de l’heure déjà bien avancée de la journée. Finalement le pont de Pierre est atteint et si je mets Pierre en majuscule c’est parce qu’il est ainsi écrit sur la carte IGN. Erreur des géographes ou hommage à un Pierre qui en serait le concepteur ? Aucune information ne vient étayer aucune thèse et on sait seulement que ce pont a été construit pour pouvoir plus facilement enjamber un affluent de la Carança qui a pour nom catalan « El Torrent Roig », en français « le torrent rouge ». Dans ses balades, Lison (*) évoque ce pont de pierre et la source de ce ruisseau torrentiel, précisant qu’au temps jadis, son débit était probablement plus puissant que de nos jours, expliquant par-là cette solide construction et le chemin en grand partie constituée de pierres taillées dans les roches du secteur. Ils étaient là aussi pour l'exploitation du bois et du cuivre et de quelques autres minerais.  Elle nous apprend aussi qu’en face de ce pont se trouvait sans doute un moulin dédié au sciage du bois. Enfin, elle vous explique tout ça bien mieux que je ne puis le faire ici. Qui mieux que Lison (*) qui a arpenté ce superbe et patrimonial secteur de la Carança en long et en large peut nous apprendre tout ça ! Le temps d’observer une belle petite cascade, de photographier une mésange charbonnière ; les passereaux sont peu visibles dans les gorges ;  et le temps est venu pour nous de faire demi-tour. Ah oui j’oubliais ! Il y a aussi un petit galet multicolore car joliment peint. Il a été laissé là sur le pont, sans doute par une personne un peu « New Age » en signe de porte-bonheur.  Porte-bonheur pour tous ceux qui comme nous arrivent ici ou passent pour monter plus haut vers le Refuge du Ras de la Carança ou les lacs. Ce n'est qu'ainsi que l'on a une idée plus ample et totale de ce qu'est la Vallée de la Carança (** voir le poème de Gaston Groussole à propos de cette vallée). Pour le retour, il n’est pas toujours facile de réemprunter les échelles et les passerelles métalliques, les ponts de singes sur lesquels le plus souvent il vaut mieux éviter d’être en surnombre. Il est 13h et dans les gorges c’est l’heure de pointe. Mais tout se passe toujours bien, tout le monde faisant preuve de civisme, de patience et de compréhension. Finalement, nous bifurquons de la rive droite à la rive gauche par une dernière passerelle à hauteur d’un petit barrage agencé de quelques baraquements. Wikipédia nous dit de lui « qu’il est situé à l'altitude de 1 004 m. Il mesure 2,8 m de haut et est muni d'une prise d'eau qui permet d'alimenter la centrale hydroélectrique de Thuès, située au bord de la Têt, légèrement en amont du confluent entre la Carança et la Têt. » Peu après commence la corniche creusée à même la paroi des gorges, partie de cette boucle la plus impressionnante car la plus périlleuse. Dans ce sens, que vous ayez le vertige ou pas,  il y est préférable d‘avoir une « conduite anglaise », de bien serrer sa gauche et de tenir d’une main ferme ce câble ligne de vie qui vous sécurisera. Cela vous évitera de prendre des risques inutiles et de vous faire des frayeurs qui le seront tout autant. Dites-vous bien que quoi qu’il en soit, aujourd’hui vous aurez eu droit à une belle dose d’adrénaline. D’ailleurs, comment faire quand vous aimez les fleurs mais que quelques-unes d'entre-elles ont pris un malin plaisir à aller pousser dans des endroits improbables et que malgré ça l’envie de les photographier est encore là ? Il faut parfois choisir, reculer quand le danger est trop grand et c’est ce que je fais. Par bonheur, un couple de Grands Corbeaux noirs et une Hirondelle des rochers qui a choisi de nicher dans le plafond de la corniche viendront compenser deux ou trois reculades florales. Plus on avance au sein de la corniche et plus on prend conscience des travaux colossaux qu’il a fallu entreprendre pour parvenir à la creuser ainsi. Quelques tunnels perpendiculaires mais tous claquemurés et dont on ne voit pas le bout rajoutent un maximum de mystères.  Sur Wikipédia, l’histoire nous dit que c’est en 1943 que tout cela a commencé aux fins de la construction d’un grand barrage sur la Carança qui finalement n’a jamais vu le jour pour des raisons de coût. Finalement, c’est un petit barrage qui permettra d’alimenter une centrale hydroélectrique qui fonctionnera à partir de 1946. Ce fameux passage en corniche est resté pour le plus grand bonheur des montagnards et autres randonneurs. Si la plupart font comme nous et se contentent d’arpenter ses gorges grandioses, certains partent rejoindre le refuge du Ras de la Carança et encore un plus haut les lacs dont  l’Estany Negre ou Etang Noir situé à une altitude de 2 505 m. Ce dernier constitue la source de la rivière, longue de 15,3km jusqu’à sa confluence avec la Têt à Thuès. D’ailleurs dès lors que l’on termine la corniche, la vallée de la Têt est là, bien visible en contrebas avec sa route nationale 116 et sa voie ferrée parallèle où circule « Le Canari ». C'est le surnom donné au joli « Petit Train Jaune » montant ses flots de touristes vers la superbe Cerdagne depuis Villefranche-de-Conflent. La vallée, il suffit désormais d’y descendre pour rejoindre Thuès et terminer cette magique randonnée. La descente démarre à droite à hauteur d’une bâtisse « chambre d’eau » d’où s’échappe une longue conduite forcée. 20 minutes plus tard , le parking est là, à moins que vous ne fassiez comme moi et que vous attendiez que le « Canari » passe pour le photographier. Selon le tracé que m’a fourni mon gendre, cette randonnée a été longue de 8,3km pour des montées cumulées de 1.012 m et un dénivelé de 336m entre le point le plus bas à 836m à Thuès et le plus haut à 1.172m au pont de Pierre. Cartes IGN 2249ET Font-Romeu – Capcir et 2250ET Bourg-Madame - Mont-Louis - Col de la Perche Top 25

(*) Les Balades de Lison et la Carança : Vous voulez connaître la Carança et un peu son histoire, voici quelques liens proposées par mon amie Lison : Enigmatique Carança,  Carança d'autrefois : le bois et le cuivreCarança d'autrefois (fin) : les troupeaux et le charbon.

(**) La Vallée de la Carança : Je ne peux m'empêcher de vous délivrer le superbe poème ci-dessous à propos de la Vallée de la Carança. Il est l'oeuvre de Gaston Groussole, écrivain et poète bien connu des Toulougiens, et extrait de son livre de poésies "Eclaire-moi Fanal !" édité par Les Presses Littéraires : Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

Partager cet article
Repost0

Les Gorges du Sègre depuis Llo

Publié le par gibirando

Toujours en hommage à Ennio Morricone, ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "Presentimento secondo", "Un Amico", "Tema di Ada", "Canone inverso primo", "Il Figlio E La Nostalgia" et "Notte Di Nozze".

Les Gorges du Sègre depuis Llo

Les Gorges du Sègre depuis Llo

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

En ce 13 juillet, nous avions décidé de partir en Cerdagne, et plus particulièrement dans le village de Llo que nous ne connaissions pas. Si le village est bien connu pour ses bains aux eaux chaudes sulfureuses, et bien que nous ne les avions pas totalement exclues, là n’était pas notre objectif premier. Non, nous visions plutôt « Les Gorges du Sègre », petite randonnée en boucle que j’avais découvert sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir ». Si je dis « petite randonnée », c’est parce que le bouquin en indiquait les humbles caractéristiques de la manière suivante : « vous marcherez 2 h en tout ». Aucune distance n’était mentionnée mais on se disait que même en flânant beaucoup ; comme c’est souvent notre habitude ; nous y consacrerions qu’une petite partie de l’après-midi et ce, même en terminant par une visite du village à laquelle nous tenions beaucoup. Dans ce joli mais modeste dessein que nous envisagions, seules des prévisions météo mitigées nous laissaient perplexes quant aux nombres de  découvertes que nous pourrions réalisées. 9h, nous  quittons Urbanya, direction la Cerdagne. Il est 11 heures quand nous rangeons notre voiture sur le long parking à l’entrée du village. Comme prévu, le ciel est très mitigé. Si sous nos têtes le ciel est encore bien bleu, vers le nord, une impressionnante chape nuageuse coiffe l’horizon. Petit problème, on voit clairement que cette chape vient doucement vers Llo, c’est-à-dire vers nous. Que faire ? Il est encore tôt pour pique-niquer et avec un ciel risquant de devenir menaçant, peut-être est-il déjà trop tard pour se lancer dans « les Gorges du Sègre » ? Finalement, juste à côté du parking, un couple qui s’affaire autour d’un bassin,  d’un petit canal et d‘un potager nous intrigue puis nous distrait tellement que nous allons passer presque une heure à les observer. Mais que font-ils autour de ce bassin ? Sont-ils des aquaculteurs ? Élèvent-ils des truites comme le lieu pourrait nous le laisser supposer ? Non, le petit canal alimente le bassin et le potager et dans le bassin, il s’agit d’inattendus poissons rouges ! Le terrain leur appartient et le couple parait enjoué par ce bassin qu’ils ont creusé à la sueur de leur front. Ayant eu des bassins avec des poissons rouges et des carpes koï une grande partie de ma vie, je comprends leur engouement. Quand au potager, je connais le plaisir qu'il y a à voir pousser ses propres légumes, à les cueillir puis à s'en régaler. La conversation s’est installée et nous décidons de pique-niquer sur un petit muret qui jouxte le joli potager. L’endroit me convient d’autant mieux que quelques oiseaux sont de passages et s’arrêtent sur les arbres du parking. Je m’empresse de les photographier. Finalement, si les nuages entourent le village, le ciel n’est pas vraiment menaçant. Nous décidons de démarrer la balade prévue.  Il est presque midi. Malgré le coronavirus qui sévit encore, les touristes sont nombreux. Par bonheur, ils s’éparpillent vers des centres d’intérêts bien divers : bains, village, randonnées, simples promenades, pique-niques et peut-être même une via ferrata dont j’ignore si elle fonctionne. Notre itinéraire file vers les thermes aux bains chauds que le chemin laisse sur la droite. De ce chemin, on va seulement regretter qu’il soit trop longuement asphalté, mais pour tout le reste, rien à redire, c’est superbe. Dany oublie l’asphalte en marchant d’un bon pas. Moi, je l’oublie grâce à tout ce qu’il y a à photographier. Flore surtout mais aussi un peu de faune sous les traits de quelques papillons et de rares oiseaux. Bien trop fougueux, le Sègre (*) ne laisse que peu d’opportunités d’y déceler un animal. Pourtant, je réussis à y photographier un pic épeiche dans la végétation de son lit puis un autre passereau que je n’arrive pas à identifier sur l’instant. Il s’agit d’un accenteur mouchet mais la photo n'est pas géniale. Pas vraiment des animaux aquatiques mais dès le départ, j’ai photographié une jolie libellule dans un petit ruisseau affluent du Sègre. Ça sera la seule. Les papillons, eux, sont constamment bien présents. Comme toujours et parce que nos manières de marcher sont bien différentes, Dany est la plus frustrée, car elle est obligée de s’arrêter et de m’attendre. Elle « roumègue » un peu car elle préfère un rythme plus soutenu, mais pas trop car elle sait qu’aujourd’hui rien ne presse. Les gorges que le Sègre a creusées sont incroyablement hautes et impressionnantes et quand on les regarde au plus haut vers le ciel, elles forment comme un corridor céleste où des vautours fauves planent sans relâche. Avec leur envergure impressionnante et le façon de planer sans effort, ils semblent être les anges gardiens de ce couloir aérien. Sur la gauche, de hautes falaises aux roches acérées sont visibles alors que sur la droite on ne distingue qu’une épaisse forêt. Pourtant, un petit coup d’œil sur mon bout de carte IGN me permet d’y lire que le lieu-dit sur la gauche a pour nom « Roques Blanques », c'est-à-dire « Roches Blanches ». Cette dénomination, nous la comprendrons quand nous serons plus haut en altitude et en voyant ces roches blanches (enfin plutôt grises sous ce ciel gris !) et puis surtout en s’intéressant à la géologie de Llo dont Wikipédia nous dit qu’elle est « particulièrement riche » avec notamment du « calcaire, roche assez exceptionnelle en Cerdagne française ». Il faut savoir que ce secteur est surtout schisteuxDans cette géologie inhabituelle de Cerdagne, les émergences d’eaux souterraines sont nombreuses et celles qui jaillissent de la Fontaine de la Cayelle ont été remarquées depuis très longtemps. Cette fontaine est mentionnée à juste titre dans bons nombres d’ouvrages du 19eme siècle. Au titre d’un seul exemple ; mais il y en a bien d’autres ; voilà ce que l’on dit d’elle dans un livre de 1836 « Merveilles et beautés de la Nature en France » de Georges Bernard Depping : «  la Fontaine de Cayelle, qui s’accroît tous les jours une demi-heure et diminue ensuite, jaillit sur la montagne de Llo en Cerdagne. Cette crue journalière est toujours précédée d’un bruit souterrain plus distinct en été qu’en hiver ». Quand la fontaine se présente ; enfin je pense qu’il s’agit bien de celle-là ;  son écoulement est modeste et sans aucun bruit particulier. Apparemment, nous ne sommes pas dans la bonne demi-heure et il ne nous paraît pas opportun de l’attendre. Nous continuons. La pluie se met à tomber à l’instant même où sur la gauche, les parois rocheuses disparaissent pour laisser la place à de vertes prairies. Une bâtisse apparaît en son centre. C’est le bien nommé « Mas Patures » sur mon bout de carte mais « Paturas » sur les panonceaux et sur mon topo-guide. Par bonheur, la pluie ne dure pas mais un superbe arc-en-ciel vient chamarrer les décors.  Peu de temps après, une intersection puis une passerelle enjambant le torrent se présentent. Il faut ignorer cette dernière et lui préférer l’intersection en épingle à cheveux filant à gauche. Des panonceaux indicatifs rassurent les randonneurs. L’itinéraire longeant le Sègre se termine ici et celui des « Gorges du Sègre » file vers le Mas Paturas. Sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir », il est indiqué « que la superbe bâtisse…..sera prétexte à une halte gourmande où vous pourrez déguster produits de la ferme et fromages de chèvre »,  alors bien évidemment nous sommes très surpris de n’apercevoir aucun panneau vantant ces produits du terroir. Non, il n’y a absolument rien ! Pas de pancartes d’accueil et pas âme qui vive. Alors bien sûr, ces absences ne sont pas des incitations à se diriger dans une habitation isolée, déserte et pas vraiment hospitalière de prime abord, et ce d’autant que le chemin se sépare en deux et celui conseillé pour Llo passe juste en dessous de la jolie ferme. Il faut se rendre à l’évidence, soit ces fermiers ne veulent pas être dérangés soit ils ne veulent pas de clients trop timorés. Nous le sommes. Nous continuons notre chemin, juste surpris par un chat qui détale des buissons une musaraigne entre les dents et des moutons très groupés qui broutent en contrebas. Le sentier s’élève en douceur mais magnifiquement au dessus de la vallée. On ne peut que regretter ce temps maussade. Toujours de plus en plus de fleurs et de papillons à photographier. Quelques oiseaux sont présents mais le plus souvent « inphotographiables » car trop remuants. Réussir une belle photo d'un volatile devient jubilatoire. Je jubile par intermittence. Un premier col rocheux se présente offrant à la fois une autre vision de cette géologie remarquablement saillante et déchiquetée mais aussi une belle vue sur la Vallée du Sègre et l’éperon rocheux où l’on distingue la vieille chapelle ruinée de Saint-Féliu de Castellvell de Llo. L’intersection menant à l’édifice religieux est vite là,  mais, une pluie fine reprenant du service, Dany préfère « jeter l’éponge » et poursuivre vers l’arrivée. J’y file tout seul sous ce petit crachin, mais là ô miracle quand je passe la porte de la vieille église, au dessus de laquelle trône la statue de Saint-Félix, la pluie s’arrête soudain et des bouts de ciel bleu apparaissent.  Peu après, il ne pleuvra plus. Dans l’immédiat, j’en profite pour photographier la chapelle sous tous ses angles, et comme sur ce piton rocheux du nom d’El Lladre, la faune et la flore sont également bien présentes, je m’y éternise plus qu’il ne faut. Haut-lieu de l'archéologie, je n'y trouve qu'une roche gravée d'une cupule, mais à vrai dire je ne cherche rien de préhistorique car c'est l'instant présent et la Nature qui m'intéressent. Oui, pas de doute, pour les oiseaux et les papillons que je poursuis sans cesse de mes passions, je suis ce Lladre catalan, c'est-à-dire en français ce « bandit de grands chemins ». Si le retour vers Llo est encore propice à la photographie naturaliste, la descente est suffisamment caillouteuse et scabreuse pour ne pas se consacrer qu’à ça. Cette pente réclame lenteur et prudence, ce qui ne fait pas le bonheur de Dany qui m’y attend à son extrémité. Le temps d’un petit en-cas et nous terminons par une belle visite de Llo, sa tour del Vacaro que l'on observe de loin, mais dans le contraste d'un étonnant ciel bleu, les vestiges de son château, ses jolies venelles mais regrettons que son église Saint-Fructueux soit close. Et dire que les dictionnaires donnent de ce « saint-là », ou plutôt de ce « mot-là », les définitions suivantes : « Qui donne des fruits. Qui procure un grand profit, un avantage, Qui donne un résultat utile ; fécond ». Tu parles ! Alors que le sentier d’Emilie donne comme sous-titre à cette balade « Au rendez-vous des sorcières », n’est-ce pas plutôt «Au rendez-vous manqués ? ». Non, nous n’avons pas vu de sorcières ! Non, nous n’avons pas goûté « aux fruits » de l’église Saint-Fructueux ; apparemment en cours de restauration ; pas plus qu’à ceux du Mas Paturas. Néanmoins, soyons honnêtes ! Nous avons pris un grand plaisir à marcher et à découvrir, et comme c'était le but recherché, nous ne faisons pas la fine bouche, même s'il est humain d'en vouloir toujours plus ! Cette balade, visites de Saint-Féliu et du village incluses, a été longue de 6,6 km. Les montées cumulées sont de 506 m. Le dénivelé est de 236 m entre le point le plus bas à 1.381 m à bas du parking et le premier collet juste après le Mas Paturas à 1.617 m. Carte IGN 2250ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25

 

(*) Le Sègre : Vous trouverez sur Internet bons nombres d'informations intéressantes concernant la rivière Sègre. En voilà une que j'ai trouvée au cours de mes recherches. Elle a pour auteur, le célèbre journaliste et éditeur Adolphe Joanne, également président du Club Alpin Français pendant quelques années. Cette description très complète est extraite de sa « Géographie des Pyrénées-Orientales » de 1879 :  « La Sègre prend sa source au nord-ouest du Pic de Sègre, par plusieurs bras qui, en se réunissant, forment dès l'origine une rivière importante. Près de là est la fontaine intermittente de Cayelle. La Sègre suit d'abord la direction du nord-ouest, et, jusqu'à son débouché dans la plaine de la Cerdagne, coule profondément encaissée dans une gorge. Elle laisse à droite Llo, traverse, de l'est à l'ouest, une fertile plaine, couverte de champs de céréales et de gras pâturages, traverse Saillagouse, reçoit, à droite, la rivière d'Eyne, qui descend de l'étroite et pittoresque vallée d'Eyne, et passe à Eyne et à Estavar. Elle traverse, du nord-est au sud-ouest, l'enclave espagnole de Llivia, où elle recueille les eaux de l'Err, en sort au dessus de Caldegas, et quitte la France à Bourg Madame, au confluent de la Raour, rivière qui passe à Angoustrine et à Ur. Elle contourne, à droite , Puycerda, reçoit à gauche la Vanera, puis à droite , l'Aravo ,le plus fort de ses affluents français. Ainsi grossie, elle laisse à gauche Sanavastre , passe entre Isobol et Asonso , baigne à gauche les murs de la ville de Bellver . Après avoir reçu des deux côtés un grand nombre de petits affluents , elle traverse Martinet, où elle se grossit de la Llosa . Elle se dirige alors sensiblement vers le sud , passe au -dessous de la ville importante de la Seo d'Urgell, au delà de laquelle elle reçoit, à droite, l' Enbalire, et, après s'être grossie de la Noguera Pallaresa , de la Noguera Ribagorzana et de la Cinca , elle se jette dans l'Ebre au-dessous de Mequinenza, après un parcours de 300 kilomètres . L Èbre et la Sègre ainsi réunis vont se jeter dans la Méditerranée par plusieurs bouches au port du Fangal, bien au sud de Tarragone, après un parcours de 150 kilomètres à partir de leur confluent. » Vous noterez que Joanne emploie essentiellement le féminin alors que de nos jours on écrit "Le Sègre" et non pas "La Sègre". 

 

Partager cet article
Repost0