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col serra

La Boucle du Col de Marsac (1.056m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando

 

Ce diaporama est agrémenté de plusieurs chansons des Beatles en hommage à John Lennon et George Harrison disparus tous les deux bien trop jeunes. Dans l'ordre de la vidéo, voici leurs titres et leurs interprétes : "Here, There and Everywhere" par un groupe composé de Jeremy Savo (guitare), Rachel Andie (chant) et Sean Youngman (handpan) puis par Orquestra Ouro Preto (instrumental), "This Boy" par le groupe The Brugboys (chant), "Let It Be" par Matt Hylom (chant et guitare), "Something" par Paul McCartney, Eric Clapton et une pléiade d'artistes en live, "For No One" par Mike Massé (chant et piano) et "Blackbird" par Orquestra Ouro Preto (version incomplète).

La Boucle du Col de Marsac (1.056m) depuis Urbanya (856 m)

La Boucle du Col de Marsac (1.056m) depuis Urbanya (856 m)

Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


 

Cette « Boucle du Col de Marsac (*) depuis Urbanya » est sans doute la randonnée pédestre la plus élémentaire que je connaisse au départ du village. Elle est en tous cas une des plus courtes si l’on veut rester dans le domaine d’une vraie randonnée pédestre. Oui, c’est une véritable randonnée et pas vraiment une promenade de santé. Elle s’adresse donc à tous ceux qui viennent à Urbanya, qui ont le désir de marcher sans pour autant y passer la journée, sans pour autant avoir envie de se lancer dans de longues distances ou dans des dénivelés désespérants. Selon la condition physique de chacun, il ne vous faudra qu’entre 1h30 et 2h30 pour l’accomplir voire plus, si tout comme nous vous flânez à outrance. Ce col de Marsac, à 1.050 m d’altitude, que l’on trouve parfois écrit Marçac (aussi bien en catalan qu’en occitan) sur des panonceaux directionnels, je l’ai déjà évoqué à diverses reprises (**). Normal, car depuis des siècles, il constitue un passage essentiel pour les hommes. A cause de nombreuses roches gravées et des nombreux dolmens retrouvés dans ce secteur, d’éminents archéologues admettent que des lieux de passage existaient déjà au néolithique dans ce secteur de la montagne. Plus tard, le col de Marsac a permis la liaison entre les communes d’Urbanya, de Nohèdes et de Conat. Avant que la route D.26 ne soit créée, c’est par là que passait un sentier muletier reliant les 3 communes. Ce sentier existe toujours même si certains bergers se le sont en partie accaparé (voir ma randonnée intitulée Le Sarrat de Marsac (1.088 m) et les Cortalets depuis Urbanya (856 m)). D’ailleurs, il suffit de regarder une carte IGN pour constater que de nos jours,  le col est situé pile-poil sur la limite administrative séparant les 3 communes. Outre le col, il y a également un roc de Marsac à 20m au-dessus et à 1.056m d’altitude ainsi qu’un serrat, même si ces deux notions ont peu à peu disparu des nouvelles cartes géographiques. Le départ vers le col s’effectue de l’église d’Urbanya où il faut emprunter la piste DFCI C060. Elle s’élève doucement et de manière plutôt rectiligne jusqu’à un large virage en épingles à cheveux. Là, sur le côté gauche, le virage domine un vallon du nom de La Devesa sur la carte IGN. Ce vallon est parcouru par un ruisseau du nom de « Correc de La Coma » et au-dessus et en face vous apercevez un bois d’épicéas et tout autour des forêts de feuillus et de diverses essences.  Si je vous précise tout cela c’est parce que la suite du chemin passe au sein de ce bois d’épicéas que je cite mais qu’il y a 2 manières de l’atteindre. La première est de suivre le balisage jaune qui part du virage de La Devesa même et monte à gauche dans les genêts. J’y galère régulièrement sans doute parce que les genêts s’étoffent en volume et que des débroussaillages réguliers devraient y être faits mais ne le sont pas toujours ! Enfin je pense ! La seconde, celle que je choisis personnellement est de descendre vers le vallon par un petit goulet rocheux que vous n’aurez aucun mal à trouver. Il atterrit sur un sentier herbeux qu’il faut poursuivre jusqu’au ruisseau. En réalité un ru au regard de sa taille. Là, il suffit de remonter ce ru vers la droite jusqu’à atteindre sur la gauche des bas murets en pierres sèches qui l’encadrent  Inévitablement, vous allez tomber soit sur la suite du balisage jaune cité ci-dessus, et qu’il va falloir suivre, soit sur une rampe constituée de pierres sèches montant dans la pessière.  Là,  dans le sombre sous-bois, les marques de peinture jaune du balisage se font plus présentes. Ne les perdez jamais de vue et si c’est le cas revenez jusqu’à la marque jaune précédente. De nombreux cairns s’ajoutent à cette signalétique et viennent faciliter la marche à suivre. Il va en être ainsi jusqu’à atteindre le col de Marsac. Il est donc important d’avancer en gardant à l’esprit que le balisage est très important.  Dans le cas contraire, vous risquez de vous perdre dans ce bois pas toujours facile à cheminer. Peut-être aurez-vous la chance d’apercevoir un cervidé voire plusieurs ou une harde de sangliers, ces animaux fréquentant souvent les lieux, or période de chasse notamment. Moi, s’il m’arrive d’en voir et d’en photographier régulièrement, le plus souvent les oiseaux, les papillons et les fleurs suffisent à combler de bonheur le passionné de Nature et de photos naturalistes que je suis. Au col de Marsac, il ne faut pas hésiter de gravir la petite butte car elle permet de bénéficier d’incroyables panoramas malgré la modeste élévation. Ici à la côte 1.056 de la carte IGN, c’est à 360° que les principaux massifs montagneux environnants se dévoilent : le tout proche et très boisé Mont Coronat bien sûr, le Madres et le Canigou en sont les principaux car les plus hauts en altitude. Ils sont tous entrecoupés d’une géologie étonnante car constituée de ravines, de vallées et de gorges plus ou moins profondes et encaissées, elles-mêmes dominées par des pics un peu moins hauts que ceux cités précédemment :  Serra, Lloset, Moscatosa, Portepas, Torrelles, Torn, RocaterGran et Jornac. Autant de sommets où j'ai pris plaisir à m'élever car avec une Nature sans cesse renouvelée et des panoramas jamais pareils selon les différentes saisons. Une multitude de rus qu’on appelle « correcs », de ruisseaux, de torrents, de rivières canalisent toutes les eaux pluviales, eaux finissant leurs courses tout en bas dans la vallée et dans le fleuve Têt. Pour la suite du parcours, il suffit de prendre la piste qui part vers le nord-ouest, direction le pic de la Serra que l'on a aperçu depuis le roc. Elle longe une clôture se trouvant à main gauche, s’en éloigne un peu vers la droite, continue un peu de monter et parvient à un nouveau collet. Là, à cette intersection de deux pistes, il faut prendre la piste à droite qui redescend un peu.  Celle de gauche étant celle de l’ancien tracé du « Tour du Coronat » permettant d’accomplir la randonnée que j’avais intitulée « Le Circuit de la Matte ». La large piste sur laquelle vous vous trouvez va vous permettre de revenir très facilement à Urbanya, la seule difficulté étant de retrouver la piste DFCI C060 partant à droite à la prochaine intersection. Si vous avez un doute, sachez que cette intersection où il faut prendre à droite est agrémentée d’un panneau estampillé « Forêt domaniale d’Urbanya ». Comme indiqué en préambule, il ne vous faudra guère plus de 2 heures pour accomplir cette jolie boucle très représentative des décors et de la Nature que l’on peut trouver tout autour du vallon d’Urbanya.  A titre d’exemple, le jour de cette balade, nous avons eu la chance d’apercevoir un chevreuil puis lors du retour une biche. Nous avons également observé de très nombreux rapaces mais aussi une couleuvre et un triton dans le Correc de Coma. Quant aux oiseaux, papillons et fleurs, il suffit de regarder ma vidéo pour être convaincu de leur belle présence en cette saison printanière. Au lieu-dit les Llebreres, à la limite du bois d’épicéas et des feuillus, j’ai été agréablement surpris de constater un nombre incroyable de mésanges et quelques rougequeues noirs. Concernant les mésanges, toutes celles que l’on peut trouver ici étaient présentes : charbonnière, huppée, nonnette, longue queue et noire. Plus haut, du col de Marsac et en longeant la clôture montant vers le pic de la Serra beaucoup de fauvettes étaient visibles. Sur la piste du retour, j’ai également aperçu merles, geais, bruants et pinsons, c’est dire si une avifaune était présente , ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas car en France et ici aussi les oiseaux sont en nette régression. Comme expliquée ici, cette balade a été longue de 6,6km pour des montées cumulées de 458m et un dénivelé de 225m. En effet, le point le plus haut n'est pas le roc de Marsac à 1.056m d'altitude mais l'intersection des chemins (GRP Tour du Coronat et la Matte) à 1.081m. Le plus bas est à Urbanya à 856m. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

(*) Marsac : Le toponyme « Marsac » est assez bien connu car assez courant. Plusieurs communes françaises portent ce nom quant aux lieux-dits ils sont légions. En plaisantant, je pourrais presque dire « normal »  puisqu’ une majorité des linguistes toponymistes s’accordent sur le fait que ce mot serait issu des anthroponymes « Martius » ou « Marcius » d’origine romaine et plus tard gallo-romaine. A l’antiquité, ces noms de famille étaient plutôt répandus et pour s’en convaincre il suffit de lire l’article de Wikipédia consacré au nom « Marcii ». Bien évidemment et s’agissant des Romains, ces noms de famille seraient étroitement liés à la mythologie et ici en l’occurrence au dieu Mars.

(**) Randonnées déjà proposées passant par le col de Marsac :

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Le Circuit des Maisons d'Urbanya à Nohèdes.

Publié le par gibirando

Ce diaporama est agrémenté de 5 morceaux de musique interprétés par le violoncelliste croate Stjepan Hauser. Ils ont pour titres : "Adagio d'Albinoni (Remo Giazotto)", "Caruso (Lucio Dalla)", "Song From A Secret Garden (Secret Garden)", "Gabriel's Oboe (Ennio Morricone), "Benedictus (Karl Jenkins) - version partielle"

 Le Circuit des Maisons de Nohèdes à Urbanya

Le Circuit des Maisons de Nohèdes à Urbanya


 

Quand vous lirez le récit de cette randonnée, sans doute que la première question que vous vous poserez sera « pourquoi un Circuit des Maisons ? ». Alors je ne vais pas vous tenir plus longtemps en haleine. Quand nous avons décidé de faire cette balade en boucle depuis Urbanya, la raison première est que la veille nous avions réservé pour 12h30 une table au restaurant le « Cal Guillem » de Nohèdes. Nous y rendre à pieds sous la forme d’un circuit était donc le deuxième challenge et seule une météo complétement pourrie aurait pu nous contraindre de nous y rendre autrement, c’est-à-dire en voiture. En ce 6 août, la météo n’est pas géniale, le ciel bien couvert mais j’estime qu’elle n’est pas complétement pourrie alors nous démarrons, et ce d'autant que Météo France n'annonce pas de pluie pour la journée (pour une fois, les prévisions seront totalement tenues). Chemin et  reportage faisant, je me demande quel nom je vais bien pouvoir donner à cette balade dès lors que nous l’aurons terminée. Bien évidemment, j’exclus la possibilité d’y mentionner le nom du restaurant, non pas que je ne veuille pas lui faire de la pub ( à l’instant où je pense à cela, je n’y ai encore jamais mis les pieds !) mais je trouve que ce n’est très convenable car le nom d’une enseigne à un caractère personnel. Ensuite parce que j’ignore tout de ce restaurant et en premier lieu pourquoi « Cal Guillem » ? . Je ne suis pas catalan, je ne connais pas la signification du mot « cal » quant à Guillem, si je sais qu’il peut s’agir d’un prénom équivalent au français « Guillaume », mais également d’un nom de famille. Celui qui me vient à l’esprit à cet instant c’est « Guillem de Combret » dont je sais qu’il est devenu saint de manière empirique car jamais avalisé par l’Eglise catholique. D’ailleurs, je crois savoir aussi que les avis historiques sont très partagés entre la provenance de ces différents Guillem, celui de Gellone et de Llivia étant les plus souvent évoqués.  Je pense à lui car à maintes reprises j’ai eu l’occasion d’aller cheminer vers la « fameuse » chapelle Saint-Guillem de Combret et notamment lors d’un mémorable Tour du Vallespir en 6 jours et en solitaire où j’avais couché dans le refuge mitoyen. Il y a aussi le bien connu Pla Guillem mais j’ai lu que ce dernier et celui de Combret aurait peut-être une origine toponymique identique. Voilà à quoi je pense tout en marchant en direction de Nohèdes. Finalement, j’abandonne ces pensées-là car j’estime qu’il y a trop d’inconnues pour l’instant. Ce n’est qu’une fois au restaurant que je vais apprendre que Guillem c’est le prénom du jeune patron et une fois rentré à la maison que le mot « cal » est une contraction de « a casa del » signifiant «  à la maison de » (*) ou plus simplement encore « chez ». Partant de ma propre maison jusqu’à la « maison de Guillem », voilà pour l’explication de cette appellation de « Circuit des Maisons ». Il est 8h30 quand nous démarrons sous un ciel plombé. J’ai décidé de partir tôt car Dany a mal aux hanches et je préfère qu’on garde du temps pour ne pas avoir à speeder. Malgré ses souffrances, elle veut à tout prix marcher, estimant qu’il est préférable qu’elle bouge. Pendant que Dany s'affère à s'assurer de la présence de notre chat Flip et le cherche, moi je ne quitte pas la maison sans aller voir un petit loir gris qui a élu domicile dans un nichoir que j’avais initialement fabriqué pour d’éventuels pics verts. Il est bien là, me regarde fixement de ces gros yeux ronds et ça me rassure car j’ai toujours la crainte qu’un chat le repère et en fasse son déjeuner. Les prédateurs félins, et notamment errants, sont assez nombreux autour de la maison mais je garde bon espoir que le loir soit plus agile. Il est là tranquille et je pars rassuré. Si j’ai décidé de faire en partie le même itinéraire qu’une balade que j’avais intitulée « Le Pic de la Serra », c’est-à-dire en passant par la forêt de La Mata puis par le pic et le col de la Serra, j’ai néanmoins changé le départ en raccourcissant la montée vers la ferme à Philippe. J’ai décidé de grimper par la forêt et non pas par la piste qui est très embroussaillée par des genêts et des ronciers. C’est plus raide mais beaucoup plus court. Malgré un temps très maussade et l’heure matinale, une petite faune est déjà bien présente.  Elle se présente d’emblée sous les traits de multiples passereaux et de quelques papillons. La flore, elle, ne semble pas se plaindre de cette journée qui s’annonce humide mais que nous n’espérons pas mouillée. Si Dany arrive à la ferme de Philippe exténuée à cause de la pente sévère que nous venons de grimper, par bonheur son allure va s’améliorer au fil du cheminement. Finalement, je regrette d’être passé par la forêt car je m’aperçois que la piste que je n’ai pas voulu emprunter a été totalement dérochée ces derniers jours et par là-même débroussaillée des multiples genêts, ronciers et autres chardons-Marie qui l’entravaient. Si la ferme de Philippe est inactive suite à la vente totale de son troupeau l’an dernier, les entassements de vieux fumiers continuent à attirer de très nombreux oiseaux et notamment des merles et des pinsons mais surtout un magnifique geai. J’en profite pour quelques photographies pendant que Dany récupère de son « exténuante » montée. Finalement elle va trouver son « rythme de croisière », quant à moi tous les clichés que je prends engendrent de manière automatique une flânerie fortuite mais bien en adéquation avec ma condition physique du moment. Il est presque déjà 11h quand nous arrivons au col de la Serra et à ses 1.200m, c’est-à-dire que nous avons mis 2h30 pour accomplir 5 km et les 330m de dénivelé, c’est dire si le mot « flânerie » n’est pas excessif ! Enfin peu importe aussi car le but est d’être à 12h30 au resto « Cal Guillem » et je pense que c’est très facilement réalisable car pour l’essentiel nous n’avons plus que de la descente et un peu du plat.   Enfin peu importe également car la mémoire de mon numérique s’est bien remplie de fleurs, de papillons et de quelques oiseaux mais aussi d’un chevreuil et d’un sanglier, même si pour ces derniers, leur vision a été très furtive. Par contre, ici au col de la Serra, la Nature est plutôt agaçante car les mouches pullulent. Pourquoi ? Je l’ignore mais je comprends mieux pourquoi il y a un pic juste au dessus de nous dénommé « Moscatosa » ou « Mousquatouse » signifiant « lieu où les mouches abondent ! ». On marche pour cela, observer et côtoyer la Nature et même les mouches énervantes il faut les accepter. Par bonheur, elles disparaissent quelques lieues plus loin. Certes les panoramas sont très limités à cause de cette mauvaise météo, avec un Massif du Coronat coupé en deux par une lourde chape de nuages et un Massif du Canigou aux abonnés absents, mais le plaisir de marcher reste le même malgré ces carences. Et puis nous ne sommes venus qu’une seule fois et il y a fort longtemps sur ce sentier qui descend vers Nohèdes en coupant le Ravin de la Font de l’Aram, alors nous en sommes presque à le découvrir. A titre d’exemple, j’y découvre une croix néolithique gravée sur une roche jamais vue auparavant.  Cette sente est peu facile car souvent étroite, caillouteuse et  même parfois carrément rocheuse mais pas désagréable à cheminer car constamment en balcon de la Vallée de Nohèdes. Il est finalement 11h40 quand nous atteignons le village près de la source captée de la Vernosa. Nous sommes bien en avance et nous rendre au restaurant « Cal Guillem » n’est plus qu’une formalité. Bien qu’ayant largement visité Nohèdes en 2007 lors d’une étape du Tour du Coronat, je propose à Dany de flâner un peu dans le village qu’elle ne connaît pratiquement pas. Les souvenirs remontent dans ma tête mais mon estomac n’en n'a que faire dès lors que le restaurant se présente. Nous nous attablons dans un coin de la terrasse du restaurant dans l’attente de l’arrivée d’un serveur. Nous ne sommes que deux couples. Quand le jeune et sympathique serveur arrive, nous passons immédiatement commande. Ça sera deux ardoises de charcuterie catalane et deux burgers maison « Cal Guillem », ce qui finalement nous fera manger beaucoup de pain car la charcuterie est accompagnée de « pan con tomate », ce qui n’était pas mentionné sur la carte. Enfin, or mis ce léger inconvénient, tout s’avère très bon. La charmante dame du couple qui est en face de moi me regarde avec insistance. Je me demande bien pourquoi ? Et ce d’autant que quand je la regarde à mon tour, elle baisse les yeux avec beaucoup de timidité. Finalement, ce n’est qu’au moment où ils quittent le restaurant que je comprends pourquoi cette dame me regardait car la conversation s’installe entre nous. Non, malheureusement ce n’était pas pour ma beauté qu’elle me regardait ! Ils sont anglais ; ça je l’avais bien compris lorsqu’ils s’adressaient au serveur, même s’ils parlent un remarquable français ; possèdent une maison dans le Gers et sont venus visiter la région et bien sûr Nohèdes. Or, cette dame m’affirme qu’en cherchant des infos sur Nohèdes, elle est tombée sur certaines de mes photos puis de fil en aiguille sur mon blog. Elle nous a donc reconnu Dany et moi. Nous papotons mais en restons là car ils ne sont pas spécialement randonneurs. Mais la suite va nous démontrer que nous ne sommes pas au bout de « nos surprises » quant à notre célébrité « déambulatrice» . Le couple anglais aussitôt parti en voilà un autre qui entre. Etrangers eux aussi.  Ils partent s’installer au fond de la terrasse. Et là, d’une manière aussi incroyable qu’inattendue, le couple se lève, arrive vers nous, la dame avec un immense visage radieux, un peu comme si elle avait vu une apparition tant espérée, elle s’avance vers nous, se plante devant notre table et avec un accent indécelable, elle nous demande sous la forme affirmative : «  Mais vous êtes bien Monsieur et Madame Jullien ? ». Heureusement que nous sommes bien assis et que nos chaises sont stables car sinon nous tomberions à la renverse ! Nous trouvons cette demande si exceptionnelle ! Finalement, je réponds « Oui bien sûr ! », un peu comme si c’était une évidence alors que c’est très loin d’être le cas. Pour finir, nous apprenons qu’ils sont allemands, qu’ils viennent régulièrement en vacances dans les Pyrénées-Orientales, qu’ils adorent les randonnées pédestres et qu’ils sont de très fidèles et fervents visiteurs de mon blog. Ils sont à Nohèdes aujourd’hui, car ce matin, ils ont accompli une petite balade qui s’intitule « le Sentier de Carbodell » suivant ainsi les indications et le tracé de mon site Internet. Quand ils repartent vers leur table, avec Dany nous nous regardons en souriant, évitant de pouffer de rire pour ne pas les blesser, mais encore époustouflés de cette impensable et inimaginable notoriété.  Mais cette dernière, où plutôt celle de mon blog,  va encore avoir l’occasion d’être à l’honneur quand un couple accompagné de deux jeunes enfants s’installe sur la terrasse en face de nous. Ils randonnent avec un âne depuis ce matin et arrivent de Ria par la route et doivent se rendre à Mosset. N’ayant apparemment aucune idée de la distance et des difficultés qui les attendent, malgré un itinéraire tracé sur une carte IGN, le père de famille s’adresse d’abord au serveur, mais lequel n’y connaissant rien en marche pédestre, les renvoie gentiment vers nous. C’est ainsi qu’en me montrant l’itinéraire qu’il a choisi pour se rendre à Mosset par le col de Jau puis par un chemin que je ne connais pas passant au pied du pic Dourmidou puis par la forêt de Salvanère, je suis contraint de lui dire que je suis très pessimiste quant à son arrivée ce soir à Mosset. Certes les journées sont encore un peu longues mais la distance est assez considérable avec deux enfants très jeunes et puis surtout de fortes pluies sont attendues dans la soirée. Je lui déconseille de se lancer dans un tel périple. Mais il semble décidé à faire la distance car ils ont réservé et sont donc attendus dans la soirée dans un gite mossétan.  De ce fait, je lui indique de passer plutôt par le Domaine de Cobazet puis direction le Pla de Vallenso et Campôme, une bonne piste les amenant plus directement à Mosset. Seul inconvénient, je lui conseille d‘éviter le col de Les Bigues car le portail donnant sur le  Domaine de Cobazet est toujours fermé et donc infranchissable pour son âne, et ce d’autant qu’à côté de ce portail  les clôtures sont trop hautes et faites de fils barbelés. Là, il me regarde et me dit « j’ai l’impression que vous connaissez parfaitement le secteur ». Je lui réponds « Oui, je le connais parfaitement même si j’admets ne pas tout connaître comme par exemple cet itinéraire passant au pied du Dourmidou » en le lui montrant du doigt. Dans la foulée, je rajoute « depuis une dizaine d’années, j’ai développé un site Internet où je recense toutes les randonnées que je réalise, cela afin de faire aimer la marche pédestre au plus grand nombre ». Il me demande « Comment s’appelle-t-il ? » et je lui réponds « Mes Belles Randonnées Expliquées ». Et là il s’exclame « c’est pas vrai, c’est en grande partie grâce votre site et à deux ou trois autres que je me suis décidé à faire ce grand tour du Haut-Conflent avec mon épouse et mes enfants » Puis il continue en s’exclamant « sur le vôtre,  j’y ai lu tant de récits intéressants ! »  Je n’en reviens pas mais ne lui montre pas, car je l’avoue, je suis plus préoccupé par ce périple vers Mosset qu’il doit entreprendre en famille. Pendant un instant, je pense même à les inviter à la maison ce soir mais je n’ai pas d’abri pour leur âne, alors j’oublie rapidement cette idée. Mais il a quand même l’air décidé à partir vers Mosset par l’itinéraire qu’il m’a montré, alors je lui donne un dernier conseil « décommandez Mosset pour ce soir, arrêtez-vous à Urbanya car vous n’aurez aucun mal à y trouver un gite pour vous et votre âne ; il y en a plusieurs ; puis vous ferez l’étape vers Mosset dès demain ». Il me dit qu’il va réfléchir. M’a-t-il écouté ? Je l’ignore car c’est sur ces paroles que nous nous séparons, puis que nous  payons l’addition et quittons le restaurant « Cal Guillem », toujours aux chants à tue-tête du patron qui est un véritable « Caruso ». Caruso pour ses chants et Escoffier du burger, il a du se tromper d'époque ! Mes dernières paroles ont-elles été les bonnes ? J’essaie d’oublier ce tourment. Nous prenons le bitume de la route puis le sentier qui monte vers le col de Marsac. Le temps est toujours aussi maussade mais assez paradoxalement les randonneurs plutôt nombreux. Il ne pleut pas et c’est bien là l’essentiel. Ce parcours jusqu’à Urbanya et les paysages qu’il propose, je les connais si bien que je ne m’arrête que pour photographier une fleur, un criquet, un papillon ou un oiseau. A Dany, je lui fais découvrir les quelques roches gravées de croix et de cupules datant du néolithique auxquelles l’archéologue Jean Abélanet (**) a donné le nom de « Les Rocs de Les Creus ». En français « les Rochers aux Croix ».  Plusieurs roches gravées du Conflent portent ce nom. Au col de Marsac, nous empruntons l’étroit sentier qui descend dans le petit sous-bois des Llebreres vers la Devesa. Puis c’est la piste forestière qui descend vers le village où rien de notable est à photographier or mis encore et toujours des fleurs et des papillons et une buse qui chasse en rase-mottes au-dessus de la vallée. Au village, c’est une Bergeronnette des ruisseaux et un oiseau plutôt rare qu’on appelle le « Cincle plongeur » que j’aperçois tous deux dans la rivière et que je réussis à photographier. Ainsi se termine, ce « Circuit des Maisons d’Urbanya à Nohèdes » mais il nous reste encore à  grimper la rude montée du chemin de Sarrat. Elle nous amène à la maison mais est toujours la dernière vraie difficulté pour l’atteindre.  Ce circuit a été long de 10,5 km pour des montées cumulées de 1.056m. Le dénivelé est de 350 m avec le point le plus haut à 1.223m au dessus du col de la Serra et le plus bas à 873m à l’église d’Urbanya.  Carte IGN 2348ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

(*) Les contractions catalanes Can et cal : Voilà ce qu’écrit le célèbre géographe et linguiste Jean Becat dans son ouvrage « La correction toponymique du cadastre et des cartes au 1:25.000 de l'Institut Géographique National dans l'aire catalane (Pyrénées-Orientales). Bilan 1983-2006 » paru dans La Nouvelle Revue Onomastique N°47-48 de 2007 page 18 : « Pour l'aire catalane en France, nous avons toujours respecté les normes graphiques et linguistiques de l'Académie de la langue catalane, quel que soit le toponyme et sa forme ou sa variante dans telle ou telle commune. Mais également, et cela ne pouvait être autrement, la transcription des toponymes, telle que nous l'avons toujours proposée, respecte la forme dialectale ou l'usage local. Par exemple pour les mas, nous utiliserons toujours la forme en usage, sans jamais systématiser. Selon les régions ou les vallées, ce seront des formes plus générales comme Can ou Cal , Mas del ou Mas d'en, ou des roussillonismes comme Xo'n ou Xo’l »……puis en bas de page il rajoute «  En Vallespir domine la forme Can (a casa d’en) : Can Rei, Can Panna, Can Santenac, Can Mateu (Arles et Saint-Laurent-de-Cerdans sur la carte 1 :25000 de Céret), Can Deina, Can Jepó, Can Vaquer, Can Vilafort (Corsavy, sur la carte Massif du Canigou). Mais Can et Cal {a casa del) peuvent se côtoyer : Cal Parent, Cal Rei, Cal Baille, et Can Figa, Can Batlle, Can Cabanyó (Lamanère, sur la carte Massif du Canigou) Cal est fréquent en Confient : Cal Romeu, Cal Trellis (Ayguatébia, sur la carte Font-Romeu)……

(**) Le Roc de Les Creus de Nohèdes : A propos de ce rocher aux croix, voilà ce que nous révèle l’archéologue Jean Abélanet (1925-2019) dans son livre « Lieux et Légendes du Roussillon et des Pyrénées-Catalanes » page 144 : « Un jour, j’étais occupé à faire le relevé des gravures du Roc de les Creus de Nohèdes, qui borde le chemin escarpé qui mène au Coll de Marsac. Passe une paysanne, avec son cotillon noir serré à la taille , son fichu noué sur la tête, une énorme borrassa (ballot) d’herbe pour ses lapins ou ses chèvres. Je lui demande si elle connaît la raison d’être de ces croix : « il y a très longtemps de cela , me dit-elle, un cavalier passait par là : il est tombé dans le précipice avec son cheval ( se van embaussar). C’est en souvenir de ce triste événement qu’on a gravé ces croix sur ce rocher ». Mais elle ne savait pas qui était ce cavalier, ni pour quelle raison – naturelle ou surnaturelle – ce malheur lui était arrivé. » Histoire véridique ?  Légende ?  Pure affabulation de cette paysanne pour tenir la conversation ?

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Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m)

Publié le par gibirando

 

 Ce diaporama est agrémenté avec des musiques d'Ennio Morricone extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "La Califfa", "Tema d'Amore", "Il Colore Dei Suoi Occhi" et "I Remember You-Killer Tracks".

Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m)

Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m) 

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Située dans le creux d’une vallée du Haut-Conflent, la petite commune d’Urbanya a pour les randonneurs un gros défaut. Ce défaut est, qu’au départ du village, aucun sentier, aucun chemin ne descend jamais. La seule voie qui descend, et encore, c’est la route bitumée D.26b. Si vous l’empruntez, elle vous mènera vers Bettlans, Conat puis Ria et Prades. Sinon au départ d’Urbanya et où que vous vouliez aller randonner, ça commence toujours par monter. Alors bien sûr, monter signifie que l’on va être confronté à divers échelons possibles, à diverses altitudes réalisables et selon les capacités physiques et sportives de chacun. Ici, tout autour du village, et pour effectuer une balade sur une seule journée, cette échelle des valeurs est vaste par le fait même que le village est situé à 856 m d’altitude et que le sommet le plus élevé atteignable en une longue journée est le Madres pointant son pic à 2.469 m. Par ce fait même, les objectifs sont innombrables et en choisir un ne pose donc aucun problème, or mis bien sûr si « monter » et « marcher » en sont pour vous.  C’est ainsi que pour la reprise d’après confinement de Dany, j’avais choisi le « Pic de la Serra » situé à l’altitude de 1.208 m. Ce sommet est un très modeste mamelon situé sur le flanc sud-est du Pic Lloset (1.371m). Avec ce dernier, le pic de la Moscatosa (1.457m) et le roc de Peirafita (1.535m), ils composent tous les quatre la crête frontière entre les communes d’Urbanya et de Nohèdes. Ce pic de la Serra est d’ailleurs si modeste, qu’il faut un certain recul pour constater qu’il est un véritable pic. Ce recul, on peut par exemple l’avoir au col de Marsac, ce  col constituant un jalon de cette balade. Pourtant, s’il est modeste, plusieurs raisons m’ont encouragé dans ce choix : des montées essentiellement par des pistes forestières, agréablement herbeuses assez souvent, l’assurance de traverser des décors variés (ubac avec une forêt de feuillus puis de résineux puis soulane avec des landes de genêts, puis sous-bois d’épicéas) garantie de pourvoir observer de beaux et amples panoramas, le gage d’une flore printanière encore bien épanouie et l’espoir d’apercevoir une faune que je soupçonne bien présente car plutôt très tranquille depuis quelques mois. Il est 13h quand nous démarrons. Dès le démarrage, cette faune se présente sous les traits de 2 couleuvres à échelons entrain de s’accoupler au pied de la maison de Moïra et Alan, nos voisins « so british » mais « so nice ». Nous observons les reptiles dans leurs ébats amoureux, ébats consistant à se tortiller en se frétillant mais vous dire laquelle est la femelle et lequel est le mâle, là j’avoue que c’est coton. Normal ! Rien ne ressemble plus à un serpent qu’un autre serpent ! On peut imaginer que le mâle est dessus comme souvent en pareil cas dans le monde animal, mais ici comment savoir qui est dessus et l’autre dessous dans ces étreintes torsadées permanentes ? Et vas-y que je m’enlace ! Et vas-y que je m’enroule ! Se trémousser devant nous n’a pas l’air de les gêner sauf lorsque du bout de mon bâton de marche, j’en titille un des deux. Là, celui que je viens de picoter ne semble pas d’accord mais redouble simplement sa trémulation. Finalement, trop de picotements c’est trop et il quitte sa moitié et part se réfugier dans le gros orifice d’un mur de pierres. Le second, sans doute surpris, de cette dérobade soudaine, ne bouge pas sur l’instant. Puis, constatant probablement qu’il lui manque quelque chose quelque part, il grimpe au mur et s’immobilise. L’instinct le pousse-t-il à se cacher ou bien a-t-il deviné que sa moitié était dans ce trou qui est si près de lui ? Il s’y précipite. Les deux couleuvres ayant disparu, il est temps de démarrer cette balade. Souhaitons aux deux partenaires qu’ils continuent leur batifolage et que de très nombreuses petites couleuvres à échelons naîtront de cette union. Elles sont si inoffensives pour l’homme malgré leur taille souvent impressionnante car pouvant atteindre 1,50 m voire parfois un peu plus. Malheureusement leur taille et la méconnaissance que l’on a de ces reptiles leur sont trop souvent fatales et il faut le regretter. Le chemin vers la ferme à Philippe s’élève constamment au milieu des genêts et comme Dany n’avance pas très vite, j’en profite pour tenter de photographier quelques oiseaux et une petite faune entomologique bien présente. Jolis papillons en composent l’essentiel même si je pourrais également photographier de très nombreux criquets. Je fais l’impasse de ces derniers car je perdrais trop de temps. La ferme est là et nous la traversons sous les aboiements rageurs mais peu belliqueux de deux chiens qui font leur travail de garde. Aucune vache aujourd’hui ce qui signifie qu’elles seront peut-être plus haut dans la montagne car ici c’est la liberté qui prime, pour nous bien sûr, mais y compris pour les bovins. Un peu de liberté avant l’abattoir, voilà la vie promise aux jeunes veaux des Pyrénées catalanes. Une vie pas longtemps très rose,  6 à 8 mois, pour une indication géographique protégée auxquels les professionnels ont donné le nom plutôt paradoxal de Rosée des Pyrénées. Après la ferme, la piste terreuse continue en zigzaguant. Elle commence à nous offrir des vues à presque 360 degrés. Village, forêts environnantes, Canigou, Pic Lloset ou del Torn, les beaux panoramas se succèdent. C’est ainsi que sur l’autre versant de la vallée, Dany avec sa vue infaillible aperçoit un gros sanglier dans un pré au-dessus du village. Quelques photos de l’animal et nous repartons. Une fois visionnées, les photos pas toujours très nettes à cause de l’éloignement, nous constaterons qu’il s’agit d’une laie accompagnée d’au moins deux tout petits marcassins. Cette femelle sanglier, depuis une grosse semaine, nous avons pris l’habitude de l’observer depuis notre maison, toujours au même horaire, entre 12 et 14 h. Le nez toujours enfoui dans les hautes herbes, elle a fait de ce grand pré son garde-manger. A hauteur du lieu-dit La Travessa, nous quittons la piste terreuse au profit d’un large chemin très herbeux et bien plus agréable à cheminer. Ici, on retrouve et on continue l’itinéraire déjà parcouru lors du Circuit de la Mata. C’est une portion de l’ancien Tour du Coronat.  Dans ce secteur, les petits oiseaux de la forêt sont plus présents. La période des amours n’est pas étrangère à cette présence. Pas facile néanmoins d’en immortaliser correctement. Si les criquets ont quasiment disparu, les papillons continuent à être présents mais ils sont souvent différents de ceux aperçus à un étage montagnard inférieur. Cette différence d’étage, on la constate à ce panachage permanent des différentes essences. A ce niveau,  les feuillus et les résineux se partagent encore  l’espace mais peu à peu les seconds ont tendance à s’approprier toutes les hauteurs. La piste forestière que l’on distingue parfois au sein de la Matte est très souvent la ligne de partage entre feuillus et conifères. A la côté 1181, il fut un temps où un panonceau directionnel indiqué plusieurs boucles dont celle vers le pic de la Serra. Il semble avoir disparu corps et biens, car malgré mes recherches, je ne l’ai plus retrouvé. A qui profites-ce « crime » ?  Ici, alors que nous stoppons au sommet d’une petite éminence rocheuse pour un peu de repos et la prise d’un en-cas, quelle n’est pas notre surprise d’apercevoir un chevreuil en contrebas. Il broute paisiblement et apparemment, il ne nous a pas vu ni entendu, occasion inespérée pour quelques belles photos de l’animal. Malheureusement sa perspicacité à deviner que nous sommes là est plus grande que notre faculté à rester invisible et silencieux. Il regarde vers nous fixement puis ayant compris qu’un prédateur était probablement là, il détale dans la sapinière. Les photos sont bien enregistrées et le cervidé malgré ses phobies de l’Homme aura son heure de gloire sur mon blog. Toujours aussi verdoyant, le chemin à suivre compose un angle droit et s’élève en douceur vers la crête sommitale. Sur cette crête, la forêt disparaît et le contraste est étonnant avec les décors traversés jusqu’à présent. Ici, sur le flanc du pic Lloset, les arbres sont rares et les quelques pins et arbustes plutôt chétifs. Au milieu d’une lande composée de genêts et des rosiers sauvages, le sentier descend vers le col de la Serra (1.200 m) puis juste après vers le pic éponyme. Il faut dire que sur cette crête, les écobuages ont très souvent meurtris la végétation et quelques genêts calcinés en gardent encore les stigmates. Par bonheur, le dernier écobuage paraît ancien, car les genêts sont magnifiquement fleuris, quant à l’orri situé au milieu du col, il disparait sous les ronciers alors que je l’ai connu, il y a quelques années, libéré de toute végétation. Le pic de la Serra (1.208 m), notre objectif est là. Il s’agit d’un modeste dôme sans grand intérêt particulier il faut bien le reconnaître.  Ses seuls attraits, ce sont les vues et les paysages qu’ils nous offrent. Le pic Lloset derrière nous, le Massif du Coronat sur notre droite et puis surtout ce panorama plongeant sur les vallées d’Urbanya et de Nohèdes séparées par cette longue échine qui semble disparaître au loin et comme par enchantement dans les arcanes des deux insondables ravines. Au bout et à droite, le Canigou très peu enneigé et donc un peu moins « fascinant ». Cette échine, il nous faut la descendre jusqu’au col de Marsac (1.056 m) sur un sentier pas toujours facile car peu emprunté par l’homme et donc peu débroussaillé et stabilisé. Ici, c’est plus souvent les ovins et les caprins qui sont amenés à le parcourir, alors bien sûr les « caminoles » qu’ils creusent s’agencent au gré de leurs toquades. Dany descend avec prudence et moi je mets à profit cette lenteur pour photographier les papillons très nombreux sur cette « solana ». Nouvel arrêt-goûter au col de Marsac puis nous retrouvons le sentier qui au travers d’un bois d’épicéas file vers le lieu-dit La Devesa. Dans la pénombre de ces sous-bois obscurs, l’essentiel est de ne pas perdre de vue les marques de peinture jaune et les nombreux cairns composant le balisage. L’important est de ne pas se précipiter et surtout d’avancer d’une balise à une autre car c’est la seule condition pour ne pas s’égarer dans cette « Llebreres » ou « Llabrères ». Dans ces lieux dont la toponymie nous apprend qu’ils sont « peuplés de lièvres » n’essayaient pas d’être plus rapide que ces derniers et soyez plutôt « tortues ». Quand la Devesa se présente, la piste forestière descendant vers Urbanya est déjà là. Cette magnifique balade se termine. Sur la terrasse de notre petite maison, nos deux fidèles chats Noxy et Zouzou ne sont plus là à nous attendre, disparus tous les deux à un mois d’intervalle en début d’année. Les retrouver au retour de nos balades était tellement devenu une habitude. Si nous en sommes toujours autant attristés, Flip le chat du vacher Philippe est venu prendre leur place et son immense gentillesse et ses « ronrons » compensent quelque peu ces douloureuses absences. Il en est de même pour Kiwwie, la chatte de notre fille qui dort sur notre lit mais rapplique en nous entendant arriver. Idem pour Rouquine qui vient réclamer pitance malgré son côté toujours aussi « sauvageonne ». En voilà une que nous avons réussi à piéger, à stériliser, que l’été nous continuons de nourrir mais qui est restée sauvage malgré toutes les attentions que nous lui portons au fil des jours. Oui, ici à Urbanya, la vie c’est un peu comme « une roue de la fortune » où les camemberts seraient des éléments de la Nature toujours différents.  On vit avec en permanence, en acceptant ce que le quotidien ou le hasard nous propose, ce que le familier ou le sauvage nous offre.  Un jour, nous sommes surpris par un animal, un autre jour c’est un nuage dans le ciel qui attise notre curiosité, le lendemain c’est un fabuleux clair de lune, une étoile filante, le ululement d’une chouette, le chant de détresse d’un pinson ou d’un merle en quête d’amour, le scintillement d’une luciole, le brame d’un cerf et que sais-je encore. Cette balade a été longue de 7,2 km pour des montées cumulées de 662m et un dénivelé de 365 m entre le point le plus élevé sur la crête juste avant le pic de la Serra et le village d’Urbanya à 856 m. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.

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