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     Ce diaporama est agrémenté avec des musiques d'Ennio Morricone extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "La Califfa", "Tema d'Amore", "Il Colore Dei Suoi Occhi" et "I Remember You-Killer Tracks".

    Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m)

    Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m) 

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    Située dans le creux d’une vallée du Haut-Conflent, la petite commune d’Urbanya a pour les randonneurs un gros défaut. Ce défaut est, qu’au départ du village, aucun sentier, aucun chemin ne descend jamais. La seule voie qui descend, et encore, c’est la route bitumée D.26b. Si vous l’empruntez, elle vous mènera vers Bettlans, Conat puis Ria et Prades. Sinon au départ d’Urbanya et où que vous vouliez aller randonner, ça commence toujours par monter. Alors bien sûr, monter signifie que l’on va être confronté à divers échelons possibles, à diverses altitudes réalisables et selon les capacités physiques et sportives de chacun. Ici, tout autour du village, et pour effectuer une balade sur une seule journée, cette échelle des valeurs est vaste par le fait même que le village est situé à 856 m d’altitude et que le sommet le plus élevé atteignable en une longue journée est le Madres pointant son pic à 2.469 m. Par ce fait même, les objectifs sont innombrables et en choisir un ne pose donc aucun problème, or mis bien sûr si « monter » et « marcher » en sont pour vous.  C’est ainsi que pour la reprise d’après confinement de Dany, j’avais choisi le « Pic de la Serra » situé à l’altitude de 1.208 m. Ce sommet est un très modeste mamelon situé sur le flanc sud-est du Pic Lloset (1.371m). Avec ce dernier, le pic de la Moscatosa (1.457m) et le roc de Peirafita (1.535m), ils composent tous les quatre la crête frontière entre les communes d’Urbanya et de Nohèdes. Ce pic de la Serra est d’ailleurs si modeste, qu’il faut un certain recul pour constater qu’il est un véritable pic. Ce recul, on peut par exemple l’avoir au col de Marsac, ce  col constituant un jalon de cette balade. Pourtant, s’il est modeste, plusieurs raisons m’ont encouragé dans ce choix : des montées essentiellement par des pistes forestières, agréablement herbeuses assez souvent, l’assurance de traverser des décors variés (ubac avec une forêt de feuillus puis de résineux puis soulane avec des landes de genêts, puis sous-bois d’épicéas) garantie de pourvoir observer de beaux et amples panoramas, le gage d’une flore printanière encore bien épanouie et l’espoir d’apercevoir une faune que je soupçonne bien présente car plutôt très tranquille depuis quelques mois. Il est 13h quand nous démarrons. Dès le démarrage, cette faune se présente sous les traits de 2 couleuvres à échelons entrain de s’accoupler au pied de la maison de Moïra et Alan, nos voisins « so british » mais « so nice ». Nous observons les reptiles dans leurs ébats amoureux, ébats consistant à se tortiller en se frétillant mais vous dire laquelle est la femelle et lequel est le mâle, là j’avoue que c’est coton. Normal ! Rien ne ressemble plus à un serpent qu’un autre serpent ! On peut imaginer que le mâle est dessus comme souvent en pareil cas dans le monde animal, mais ici comment savoir qui est dessus et l’autre dessous dans ces étreintes torsadées permanentes ? Et vas-y que je m’enlace ! Et vas-y que je m’enroule ! Se trémousser devant nous n’a pas l’air de les gêner sauf lorsque du bout de mon bâton de marche, j’en titille un des deux. Là, celui que je viens de picoter ne semble pas d’accord mais redouble simplement sa trémulation. Finalement, trop de picotements c’est trop et il quitte sa moitié et part se réfugier dans le gros orifice d’un mur de pierres. Le second, sans doute surpris, de cette dérobade soudaine, ne bouge pas sur l’instant. Puis, constatant probablement qu’il lui manque quelque chose quelque part, il grimpe au mur et s’immobilise. L’instinct le pousse-t-il à se cacher ou bien a-t-il deviné que sa moitié était dans ce trou qui est si près de lui ? Il s’y précipite. Les deux couleuvres ayant disparu, il est temps de démarrer cette balade. Souhaitons aux deux partenaires qu’ils continuent leur batifolage et que de très nombreuses petites couleuvres à échelons naîtront de cette union. Elles sont si inoffensives pour l’homme malgré leur taille souvent impressionnante car pouvant atteindre 1,50 m voire parfois un peu plus. Malheureusement leur taille et la méconnaissance que l’on a de ces reptiles leur sont trop souvent fatales et il faut le regretter. Le chemin vers la ferme à Philippe s’élève constamment au milieu des genêts et comme Dany n’avance pas très vite, j’en profite pour tenter de photographier quelques oiseaux et une petite faune entomologique bien présente. Jolis papillons en composent l’essentiel même si je pourrais également photographier de très nombreux criquets. Je fais l’impasse de ces derniers car je perdrais trop de temps. La ferme est là et nous la traversons sous les aboiements rageurs mais peu belliqueux de deux chiens qui font leur travail de garde. Aucune vache aujourd’hui ce qui signifie qu’elles seront peut-être plus haut dans la montagne car ici c’est la liberté qui prime, pour nous bien sûr, mais y compris pour les bovins. Un peu de liberté avant l’abattoir, voilà la vie promise aux jeunes veaux des Pyrénées catalanes. Une vie pas longtemps très rose,  6 à 8 mois, pour une indication géographique protégée auxquels les professionnels ont donné le nom plutôt paradoxal de Rosée des Pyrénées. Après la ferme, la piste terreuse continue en zigzaguant. Elle commence à nous offrir des vues à presque 360 degrés. Village, forêts environnantes, Canigou, Pic Lloset ou del Torn, les beaux panoramas se succèdent. C’est ainsi que sur l’autre versant de la vallée, Dany avec sa vue infaillible aperçoit un gros sanglier dans un pré au-dessus du village. Quelques photos de l’animal et nous repartons. Une fois visionnées, les photos pas toujours très nettes à cause de l’éloignement, nous constaterons qu’il s’agit d’une laie accompagnée d’au moins deux tout petits marcassins. Cette femelle sanglier, depuis une grosse semaine, nous avons pris l’habitude de l’observer depuis notre maison, toujours au même horaire, entre 12 et 14 h. Le nez toujours enfoui dans les hautes herbes, elle a fait de ce grand pré son garde-manger. A hauteur du lieu-dit La Travessa, nous quittons la piste terreuse au profit d’un large chemin très herbeux et bien plus agréable à cheminer. Ici, on retrouve et on continue l’itinéraire déjà parcouru lors du Circuit de la Mata. C’est une portion de l’ancien Tour du Coronat.  Dans ce secteur, les petits oiseaux de la forêt sont plus présents. La période des amours n’est pas étrangère à cette présence. Pas facile néanmoins d’en immortaliser correctement. Si les criquets ont quasiment disparu, les papillons continuent à être présents mais ils sont souvent différents de ceux aperçus à un étage montagnard inférieur. Cette différence d’étage, on la constate à ce panachage permanent des différentes essences. A ce niveau,  les feuillus et les résineux se partagent encore  l’espace mais peu à peu les seconds ont tendance à s’approprier toutes les hauteurs. La piste forestière que l’on distingue parfois au sein de la Matte est très souvent la ligne de partage entre feuillus et conifères. A la côté 1181, il fut un temps où un panonceau directionnel indiqué plusieurs boucles dont celle vers le pic de la Serra. Il semble avoir disparu corps et biens, car malgré mes recherches, je ne l’ai plus retrouvé. A qui profites-ce « crime » ?  Ici, alors que nous stoppons au sommet d’une petite éminence rocheuse pour un peu de repos et la prise d’un en-cas, quelle n’est pas notre surprise d’apercevoir un chevreuil en contrebas. Il broute paisiblement et apparemment, il ne nous a pas vu ni entendu, occasion inespérée pour quelques belles photos de l’animal. Malheureusement sa perspicacité à deviner que nous sommes là est plus grande que notre faculté à rester invisible et silencieux. Il regarde vers nous fixement puis ayant compris qu’un prédateur était probablement là, il détale dans la sapinière. Les photos sont bien enregistrées et le cervidé malgré ses phobies de l’Homme aura son heure de gloire sur mon blog. Toujours aussi verdoyant, le chemin à suivre compose un angle droit et s’élève en douceur vers la crête sommitale. Sur cette crête, la forêt disparaît et le contraste est étonnant avec les décors traversés jusqu’à présent. Ici, sur le flanc du pic Lloset, les arbres sont rares et les quelques pins et arbustes plutôt chétifs. Au milieu d’une lande composée de genêts et des rosiers sauvages, le sentier descend vers le col de la Serra (1.200 m) puis juste après vers le pic éponyme. Il faut dire que sur cette crête, les écobuages ont très souvent meurtris la végétation et quelques genêts calcinés en gardent encore les stigmates. Par bonheur, le dernier écobuage paraît ancien, car les genêts sont magnifiquement fleuris, quant à l’orri situé au milieu du col, il disparait sous les ronciers alors que je l’ai connu, il y a quelques années, libéré de toute végétation. Le pic de la Serra (1.208 m), notre objectif est là. Il s’agit d’un modeste dôme sans grand intérêt particulier il faut bien le reconnaître.  Ses seuls attraits, ce sont les vues et les paysages qu’ils nous offrent. Le pic Lloset derrière nous, le Massif du Coronat sur notre droite et puis surtout ce panorama plongeant sur les vallées d’Urbanya et de Nohèdes séparées par cette longue échine qui semble disparaître au loin et comme par enchantement dans les arcanes des deux insondables ravines. Au bout et à droite, le Canigou très peu enneigé et donc un peu moins « fascinant ». Cette échine, il nous faut la descendre jusqu’au col de Marsac (1.056 m) sur un sentier pas toujours facile car peu emprunté par l’homme et donc peu débroussaillé et stabilisé. Ici, c’est plus souvent les ovins et les caprins qui sont amenés à le parcourir, alors bien sûr les « caminoles » qu’ils creusent s’agencent au gré de leurs toquades. Dany descend avec prudence et moi je mets à profit cette lenteur pour photographier les papillons très nombreux sur cette « solana ». Nouvel arrêt-goûter au col de Marsac puis nous retrouvons le sentier qui au travers d’un bois d’épicéas file vers le lieu-dit La Devesa. Dans la pénombre de ces sous-bois obscurs, l’essentiel est de ne pas perdre de vue les marques de peinture jaune et les nombreux cairns composant le balisage. L’important est de ne pas se précipiter et surtout d’avancer d’une balise à une autre car c’est la seule condition pour ne pas s’égarer dans cette « Llebreres » ou « Llabrères ». Dans ces lieux dont la toponymie nous apprend qu’ils sont « peuplés de lièvres » n’essayaient pas d’être plus rapide que ces derniers et soyez plutôt « tortues ». Quand la Devesa se présente, la piste forestière descendant vers Urbanya est déjà là. Cette magnifique balade se termine. Sur la terrasse de notre petite maison, nos deux fidèles chats Noxy et Zouzou ne sont plus là à nous attendre, disparus tous les deux à un mois d’intervalle en début d’année. Les retrouver au retour de nos balades était tellement devenu une habitude. Si nous en sommes toujours autant attristés, Flip le chat du vacher Philippe est venu prendre leur place et son immense gentillesse et ses « ronrons » compensent quelque peu ces douloureuses absences. Il en est de même pour Kiwwie, la chatte de notre fille qui dort sur notre lit mais rapplique en nous entendant arriver. Idem pour Rouquine qui vient réclamer pitance malgré son côté toujours aussi « sauvageonne ». En voilà une que nous avons réussi à piéger, à stériliser, que l’été nous continuons de nourrir mais qui est restée sauvage malgré toutes les attentions que nous lui portons au fil des jours. Oui, ici à Urbanya, la vie c’est un peu comme « une roue de la fortune » où les camemberts seraient des éléments de la Nature toujours différents.  On vit avec en permanence, en acceptant ce que le quotidien ou le hasard nous propose, ce que le familier ou le sauvage nous offre.  Un jour, nous sommes surpris par un animal, un autre jour c’est un nuage dans le ciel qui attise notre curiosité, le lendemain c’est un fabuleux clair de lune, une étoile filante, le ululement d’une chouette, le chant de détresse d’un pinson ou d’un merle en quête d’amour, le scintillement d’une luciole, le brame d’un cerf et que sais-je encore. Cette balade a été longue de 7,2 km pour des montées cumulées de 662m et un dénivelé de 365 m entre le point le plus élevé sur la crête juste avant le pic de la Serra et le village d’Urbanya à 856 m. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.


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    Ce diaporama est agrémenté de la musique "Arrival of The Birds" de Jason Swinscoe, bande originale du film "The Crimson Wing : Mystery Of The Flamingos" en français "Les Ailes Pourpres : Le Mystère des Flamants" interprétée ici par The Cinematic Orchestra et le London Métropolitan Orchestra.

    Le Sentier du Pi del Rei depuis Ria et autres découvertes.

    Le Sentier du Pi del Rei depuis Ria et autres découvertes. 

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    5 juin 2020, 9h. Me voici à Ria, devant l’église Saint-Vincent pour ma toute première randonnée après cette astreignante période de confinement pour cause de Covid-19. Cette balade doit m’amener sur le « Sentier du Pi del Rei », un grand pin maritime que j’aperçois déjà au sommet de la colline. En raison d’un grand et incroyable ciel bleu, il se détache remarquablement sur une crête qu’ici on appelle « En Salabert ». « Remarquable », c’est le qualificatif qu’on lui attribue le plus souvent et qui engendre chez les randonneurs l’envie d’aller à sa rencontre. Outre ce pin que je dois découvrir, j’ai prévu une jolie boucle plutôt perso qui doit m’amener à Llugols puis à Conat et retour. Pour être franc, je n’ai pas voulu reprendre les deux tracés les plus connus de ce « Pi Del Rei » car celui allant seulement à Llugols et retour est plutôt court et le second consistant à revenir par Belloc après Conat est plutôt long. S’agissant d’une reprise après presque 3 mois d’inactivité, j’ai voulu trouvé un compromis entre ces deux versions, et de d’autant que LlugolsConat et Belloc, j’y suis déjà passé l’an dernier et à diverses reprises jadis. J’ai donc donné la préférence à un retour que je ne connais pas ou si peu. Dany qui devait m’accompagner m’a fait faux bond à la toute dernière minute. Elle a pris comme prétexte qu’elle n’a pas fini certains travaux de peinture qu’elle avait commencés dans notre petite maison à Urbanya. Ce qui est vrai. En réalité, lui ayant dit que je n’avais pas de tracé G.P.S, elle a eu peur que je parte à l’aventure. J’aime autant car ma crainte est que cette randonnée soit déjà trop longue pour elle. C’est donc en solitaire que je démarre cette balade, « pin » dans la tête, et tournant le dos à un majestueux Canigou encore un peu enneigé. C’est justement la route D. 26 filant direction Urbanya qu’il me faut emprunter au départ. Un panonceau jaune, couleur du balisage que je vais devoir suivre, est là indiquant « El Pi del Rei 1,7 km et 50 mn et Llugols 2,8 km et 1h30 ». Le village est quasi désert et seule une vieille dame portant un masque blanc me rappelle au souvenir de ce fléau viral que nous subissons avec crainte depuis déjà trop longtemps. Le village est donc plutôt silencieux et seule une tourterelle qui roucoule et quelques moineaux qui piaillent rompent la douce musique d’un canal qui s’écoule au bord de la route. Ces volatiles, le pin, le village, le Canigou et de bien jolies fleurs colorant les bas-côtés de la route sont déjà venus s’enregistrer dans la mémoire de mon appareil-photo. Comme toujours, ce dernier pend à mon cou en guise de troisième œil et de deuxième cerveau. Son but ? Ne rien oublier de cette balade ! Un second panonceau est déjà là et un balisage jaune peint sur un poteau m’incite à quitter la D.26. L’itinéraire descend puis file vers un pont enjambant la rivière Callau et un très bel oratoire. Les deux édifices sont dédiés à Saint-Sébastien dont mes lectures m’ont appris qu’il protégea efficacement le village durant l'épidémie de peste noire qui avait sévi au milieu du XIVe siècle. Quelques merles noirs et des bergeronnettes des ruisseaux cherchent pitance dans le torrent. Dans les arbres qui l’encadrent, quelques mésanges se poursuivent en quête d’une rencontre. Je passe quinze bonnes minutes sur le pont à observer tout ce joli monde et à essayer de les photographier. Finalement j’y parviens tant bien que mal et je peux repartir. Le sentier commence à s’élever. Sur ma gauche et en contrebas, une dame occupée à son superbe jardin potager me fait un signe de la main. Je lui réponds de la même manière y ajoutant mon pouce en l’air pour lui montrer que j’apprécie grandement les lieux et surtout son remarquable travail de maraîchère. Force est de reconnaître que mon potager d’Urbanya n’est pas aussi bien tiré au cordeau car mes sillons sont toujours tout tordus alors que les siens sont bien droits. Je repars non sans avoir photographier de magnifiques roses blanches fleurissant en grappes. Elles sont pour moi le symbole du printemps, de la liberté retrouvée et de cette lumineuse journée ensoleillée dont je compte bien profiter. Au sein d’une géologie schisteuse et argileuse, le sentier continue de grimper mais désormais dans une végétation typiquement méditerranéenne. Fleurs des garrigues, papillons à foison et quelques lézards que je m’évertue à vouloir photographier me font oublier qu’il y a une déclivité. Pourtant, de merveilleux panoramas sont constamment là pour me rappeler que je m’élève. Ils s’entrouvrent magnifiquement au dessus de la Vallée de la Têt et de son petit affluent le Callau. En observant toutes ces beautés qui m’entourent et tout particulièrement cette végétation exceptionnellement verdoyante et foisonnante, je me remémore que l’hiver a été tout particulièrement pluvieux subissant même plusieurs jours tempétueux. La tempête Gloria est passée par là, plus violemment encore qu’ailleurs, engendrant de multiples glissements de terrains et des routes emportées. Celle d’Urbanya à Ria que j’ai pris ce matin n’a pas été épargnée, loin s’en faut. Quant au sentier que j’emprunte, s’il est encore praticable, quelques petits glissements d’argile et de pierres sont visibles de-ci delà. Pourtant, quand en contrebas, je regarde cette grandiose vallée dominée par le Massif du Coronat tout parait en place et sans dommage apparent. Tout est si calme et si reposant aujourd’hui que j’imagine mal qu’une tempête ait pu sévir voilà quelques mois. De Ria jusqu’aux sommets les plus hauts, tout semble uniforme avec un moutonnement végétal extraordinaire où seuls quelques affleurements rocheux et de rares édifices parviennent à s’extraire. Une intersection se présente. De nouveaux panonceaux indiquent Llugols à gauche à 2,1 km et à 1h10 et El Pi del Rei à droite et à 30 mn pour 1 km. Je poursuis à droite vers le pin. Le sentier continue de s’élever. Au loin, dans un creux formé par de deux collines, je suis plutôt surpris d’apercevoir le Fort Libéria visité voilà 2 ans lors d’une autre randonnée. Je continue de flâner allant parfois de surprises en surprises. Elles se présentent tout d’abord sous les traits d’un Hémidactyle verruqueux avec ses grands yeux verdâtres exorbitants et son dos empli d’excroissances telles celles que l’on voit souvent sur de gros crapauds. Le temps d’une seule photo et il a déjà disparu. Quelques mètres après, c’est un étrange chêne vert qui stoppe ma flânerie. Si je suis censé aller découvrir un « pin remarquable », j’estime que ce vieux chêne vert n’est pas très loin de mériter cette dénomination. Avec sa superbe ramure aux branches multiples et très grosses, dont certaines noueuses et parfois totalement écorcées, il a un petit air de pieuvre géante. Oui, il mérite d’autant plus ce critère de « remarquable » qu’il est sans doute très vieux et que son tronc semble s’être extrait des énormes roches fracturées qui l’entourent. Guère plus loin, ce sont des vestiges en pierres sèches qui aiguisent ma curiosité. La lecture du livre de Jean Viallet « Ria-Sirach-Urbanya » me laisse supposer que je suis au lieu-dit En Salabert, lieu rempli d’étranges légendes locales si j’en crois l’auteur. Si les murets et les vieilles terrasses agricoles n’engendrent que peu des questions, il n’en est pas de même d’un édifice tout en rondeur. Orri à la toiture effondrée, four à chaux ou puits à glace ? Si j’ai une nette préférence pour la dernière alternative car j’ai déjà vu d’autres puits à glace, je ne suis pas un spécialiste. A l’instant où je quitte ce lieu, un beau lézard vert sort de sa tanière de pierres et se laisse gentiment photographier. Quelques minutes plus tard, une nouvelle intersection indique que le Pi del Rei est là, à gauche, à 250 mètres et à 10 mn, aller et retour. Tout droit, le sentier file vers le Pla de Vallensó. Je pars bien sûr en direction du « fameux » pin. Il est là, assez majestueux il faut bien le reconnaître, surclassant de toute sa stature tous les autres végétaux du voisinage. S’il est certes majestueux , il n’est pas spécialement esthétique, et ça il le doit à son tronc unique qui devient très rapidement bicéphale et ses nombreuses branches sèches qui mériteraient d’être coupées. Son houppier est quelque peu dégarni et penché ici vers le sud-est, caractéristiques propres aux pins maritimes qui sont confrontés à de vents multiples et forts venant du nord et de l’ouest. Lui, de « maritime », il n’a que le nom car la seule mer qu’il domine est totalement végétale. Avant de venir le voir, j’ai bien essayé de tout savoir de lui mais je n’ai absolument rien trouvé à son propos et en tous cas rien quant à sa toponymie (*). On ne parle de lui qu’à propos des randonnées qui mènent à lui. De ce fait, et compte tenu de ma curiosité, je me suis posé bien des questions. Pin du roi ou roi des pins ? Dans le premier cas, de quel roi s’agirait-il ? D’un des rois d’Aragon et de Majorque, digne successeur des comtes d’Arria qui sont nés ici ? Pourquoi ne pas lui attribuer directement le nom du roi en question ? Pin roi Jacques 1er ou II par exemple. Du dernier roi qui a régné en France et sur ce secteur du Conflent, c’est-à dire Louis-Philippe 1er de 1830 à 1848. Cela lui conférerait un âge avancé de 190 ans. C’est possible, si j’en crois ce que j’ai lu à propos des plus vieux pins maritimes qui pourraient vivre 500 ans et atteindre les 40 mètres de hauteur, ce qui ne me semble pas être son cas. De rois antérieurs comme Louis XVI ou Louis XVIII dans la fameuse branche des Bourbons ? (** ). C’est possible aussi si je me fie à l’énorme respect et à la fidélité que les Rianencs ont toujours eu à l’égard de cette lignée dont une sous-branche serait originaire d’ici.(**) Toutes les hypothèses peuvent être envisagées puisque rien n’existe à son sujet. Même l’historien Jean Viallet qui a pourtant beaucoup écrit sur Ria ne dit rien de lui, et en tous cas, je n’ai rien trouvé dans son livre Ria-Sirach-Urbanya aux Editions Notes d’Histoire. J’ai orienté mes recherches sur les sites recensant les « Arbres Remarquables de France » mais là aussi, il n’apparaît nulle part. A ce jour, seulement trois pins ont reçu le label de « remarquable » mais aucun n’est maritime. N’a-t-il pas les mensurations nécessaires à un classement en « arbre remarquable » ? C’est probable car des pins maritimes comme celui-ci, je pense qu’il y en a de très nombreux. En tous cas, j’en ai déjà vu ailleurs mais dans des boisements où ils n’étaient pas aussi solitaires. Il bénéficie donc de ce privilège d’être seul et très largement le plus grand de tous au faîte de cette colline. Si à juste titre, il pourrait être qualifié de « remarquable », il le devrait sans doute à son âge mais surtout à sa « remarquable » résistance. Résistance aux diverses maladies du pin, aux insectes xylophages très nombreux, mais aussi au fait qu’il a su résister à toutes les tempêtes qui ont sévi dans notre beau département. Résister à toutes les tempêtes alors qu’il dépasse très nettement la crête de cette colline où rien ou presque ne le protège des vents d’ouest et du nord, j’estime que c’est déjà un «remarquable » exploit. En décembre 1999, la tempête Martin a abattu un pin maritime, le pin Cazau, qui était considéré comme le plus vieux d’Aquitaine. Avec une circonférence de 4,95 m, les spécialistes lui donnaient l’âge avancé de 210 ans. Souhaitons-lui de résister encore très longtemps car force est de reconnaître que les dérèglements climatiques engendrent des catastrophes de plus en plus récurrentes, qu’elles soient météorologiques ou physiologiques. Je le photographie sous toutes les coutures, sous tous les angles et dans tous ses décors, dont le plus beau reste le Canigou enneigé. Comme je le fais toujours pour les arbres remarquables que j’ai pu observer, je photographie un maximum de messages gravés sur son tronc : ici simples initiales, dates ou petits dessins le plus souvent mais d’autres gravures sont moins lisibles voire incompréhensibles car les écorces se sont desquamées puis sont tombées. Je note que ces dernières sont parfois amplement perforées de petits trous et m’en inquiète. Hylésine ? Scolyte ? Bupreste ou autres ? Les possibilités d’être dévorer de l’intérieur par des insectes xylophages et d’en périr sont si nombreuses ! J’espère que les gens de l’ONF et les élus municipaux s’en inquiètent aussi ? Je ramasse une pomme en espérant y trouver des graines pour éventuellement les replanter, mais non la pomme est vide ou presque. Une deuxième idem. Une troisième a une ou deux graines mais loin d’être matures et surtout moisies. Au sol, il n’y aucune graine non plus. Des écureuils seraient-ils passés par là ou ai-je la malchance d’avoir trouvé que des cônes mâles ? Toutes mes questions à propos de cet arbre restent sans réponse. Il est temps de repartir. Un balisage bleu qui part du pied de l’arbre vert le nord-ouest m’incite à le suivre. De fil en aiguilles, ou plutôt d’orris en orris, je m’éloigne de mon itinéraire initial, celui qui était censé m’amener au Pla de Vallensó. A l’instant ou ce sentier « bleu » amorce une raide descente vers le vallon, j’estime qu’il est temps de faire demi-tour car j’ignore jusqu’où il peut me mener, même si je suppose fortement qu’il rejoint le sentier de Llugols ignoré ce matin. Etant parti la fleur au fusil, sans tracé GPS, et surtout sans ma carte IGN que j’ai oubliée, je préfère prendre cette option plutôt que de m’égarer. Je reviens sur mes pas et prend cette fois la direction du Pla de Vallensó. Le sentier s’élève en douceur avec toujours des édifices en pierres sèches, cortal et terrasses, laissant supposer une occupation d’antan. Il coupe un ruisseau, le Correc dels Colls, lui aussi amplement canalisés de pierres sèches par endroits. Il le longe puis s’en éloigne. Ici les lézards verts sont légions mais bien trop rapides pour que je parvienne à en photographier au moins un. Finalement, au lieu-dit la Creu d’En Barina, j’approche la piste terreuse qui fait le lien entre Prades et Llugols. Peu après, je la coupe et le sentier continue de s’élever en direction du Pla de Vallensó. Ici, dans une joli petite ravine, ce sont des fauvettes chantantes qui arrêtent ma progression. Il me faut dix bonnes minutes de patience pour réussir à en immortaliser une, et encore uniquement de très loin. Je passe ce temps à attendre le bon-vouloir des fauvettes à photographier quelques papillons, toujours très nombreux mais très perturbé par une brise qui s’est levée. Sur le sol pierreux du chemin, le passé se révèle avec les traces creusées par les roues de vieilles charrettes. Jadis, de très nombreuses sont passaient par là et il se dit même, que parmi leurs besognes le plus souvent agricoles, certaines rejoignaient l’ancienne carrière de Callau dans le cadre de l’exploitation industrielle du talc. Sachant où se situe cette carrière, je n’ai aucune peine à imaginer la pénibilité de cette besogne tant pour les hommes que pour les animaux tirant ces charrettes. Le Pla de Vallensó est là et se matérialise sous la forme d’un poteau directionnel indiquant 930 m d’altitude et Llugols à 20 mn et à 700 m. Je connais bien ce poteau déjà aperçu au cours d’autres balades dont celle qui m’avait mené sur le « Sentier d’Arletes » et à « la Roche gravée de Fornols ». C’est sous un impressionnant rassemblement de pinsons qui s’envole, que j’aperçois les premières toitures de Llugols. Réussissant à photographier un de ces volatiles, je lui trouve d’étranges couleurs ternes. Une femelle sans doute toujours moins colorée que le mâle. Ce hameau, je le connais par cœur. Je l’ai toujours découvert aussi désert et silencieux qu’aujourd’hui, sauf en 2007 lors de mon Tour du Coronat parce que des enfants jouaient sur des « carrioles » en criant leur bonheur. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer Nina et ses frères. Pas une âme qui vive une nouvelle fois même si des voix d’hommes sont perceptibles dans la forêt en contrebas. Je n’ose pas m’arrêter chez mon ami Mr. Naulin, d’abord par prudence à cause de l’épidémie qui sévit encore, mais aussi parce qu’il n’est pas encore midi et que j’estime que ce n’est pas un horaire décent pour arriver à l’improviste chez les gens. Je le regrette. Je repars mais la Nature m’arrête quelques mètres plus loin sur le seuil d’une autre maison déserte elle aussi. Je reste là assis quelques minutes sur le perron à regarder deux bousiers entrain de pousser une boulette toute sèche d’excrétions animales. Où ont-ils trouvé cette boulette ? En sont-ils les architectes ? Où vont-ils ? Que vont-ils faire de cette dernière ? Je les observe tout en me posant ces questions-là. Un escalier se présente et ils déboulent laissant échapper leur convoitise. Je me dis qu’à notre échelle, tomber d’une telle hauteur nous aurait été fatidique. Un des deux bousiers est tombé sur le dos et éprouve un mal fou à se rétablir. Pendant ce temps, l’autre est déjà parti à la recherche de sa « boulette » et il y parvient avec une facilité déconcertante. Finalement, l’autre le rejoint. Et les voilà repartis dans leur étrange labeur, labeur qui semble « gauche » dans la gestuelle mise en œuvre mais finalement la boulette avance bien plus vite qu’on ne pourrait le penser. Nouvel escalier, nouvelle chute, nouvelle recherche et nouvelle retrouvaille. Il est temps de décamper et de partir vers d’autres découvertes car je me suis promis d’aller visiter la chapelle de Las Monges que je ne connais pas malgré mes nombreuses venues ici. Je laisse les petits coléoptères coprophages à leur boulette me promettant de chercher sur Internet les réponses aux nombreuses questions que leur vision vient de soulever en moi. Je quitte le hameau fleuri de magnifiques capucines grimpantes parfois rouges parfois oranges et file vers la chapelle en question. Je n’ai aucun mal à la trouver car un panneau « Couvent de Las Monges » en indique la direction. Le sentier passe devant la Fontaine du Châtaignier (Font del Castanyer) puis s’élève. Si l’édifice est bien ruiné, les vestiges ne laissent planer aucun doute quant à son caractère religieux, le cœur de la nef et son abside étant encore bien visibles. L’Histoire nous dit que sa première mention écrite date de 1375, qu’elle a été utilisée comme église et comme couvent mais que son vrai nom serait Saint-Sernin d’Eroles. Seulement diverti par une mésange bleue et un gros criquet qui semble décidé à manger autant que moi, j’y pique-nique paisiblement, assis sur un large mur d’enceinte en surplomb de la forêt. Je quitte les lieux vers une suite que je connais par cœur. D’abord en direction de la chapelle Saint-Christophe puis d’un gros rocher qui la domine où quelques croix datant du néolithique sont visibles. Si je fais ces quelques foulées supplémentaires que je connais sur le bout des doigts, c’est essentiellement pour faire connaître au plus grand nombre de randonneurs ces lieux chargés d’histoire. Si quand on passe à Llugols, on a toujours ce sentiment « que la peste sévit encore depuis le 14eme siècle », ces quelques étonnantes découvertes sont des portions de vie plutôt inattendues. La suite vers Conat, je la connais également par cœur. Quelques soient les saisons, le sentier qui y mène peut être découpé en trois sections. La plus courte , ce sont d’abord les prés de Llugols où en cette saison les fleurs sauvages se livrent des duels de pétales multicolores. J’y surprend un beau sanglier mais la surprise semble encore plus grande pour lui. Il ne demande pas son reste. Puis, c’est la partie boisée qui s’appelle Les Teixoneres. Enfin, le sentier tout en balcon se termine sur la partie la plus « caillasseuse » dont la dénomination Les Esquerdes ne laisse planer aucun doute quant à son aspect rocheux, abrupt et ardu, les trois en même temps le plus souvent. Dans cette longue déambulation vers Conat, si mes pieds savent déjà où ils doivent se poser, mes yeux, eux, restent constamment sur le qui-vive d’une flore et d’une faune dont je sais qu’elles peuvent être surprenantes à chaque virage du chemin. Cette fois-ci, c’est un superbe lézard ocellé qui est proclamé « roi des Teixoneires ». Un petit bain dans une cuvette limpide du Correc de Sainte-Marguerite, puis je continue, la tête plus fraîche et les pieds quelque peu dégonflés. C’est bien la toute première fois que je vois autant d ‘eau dans ce modeste ruisseau. Après une heure de marche supplémentaire, Conat finit par arriver sous les traits d’une gentille demoiselle qui est assise au bord du torrent Callau. Elle est si jolie que j’en oublierais presque que nous devrions bavarder avec un masque. Nous blaguons un peu, puis finalement beaucoup trop, non pas à mon goût, mais à bien y réfléchir, car je suis encore très loin de Ria. Nous parlons de tout, de Conat où elle est en vacances, de ma balade, de randonnées en général, des découvertes que l’on peut faire dans les environs. Il me faut rompre cette sympathique conversation, et ce d’autant que je n’ai plus la moindre goutte d’eau dans mes deux gourdes et qu’il me faut impérativement trouver une fontaine. Une fois, la fontaine trouvée et les gourdes de nouveau pleines, j’accélère le pas pour sortir du village. Voulant absolument éviter le bitume de la route, j’ai décidé de suivre un sentier que j’ai emprunté voilà presque 20 ans. Par bonheur, il est encore parfaitement praticable et évite les sinuosités de la route, route qui par ailleurs a été emportée sur une belle portion par la tempête Gloria à la sortie sud de Conat. Des ouvriers y travaillent depuis plusieurs semaines. En évitant de prendre la route, j’évite de les déranger dans leur besogne, leur rendant sans doute service au passage. Ce sentier m’entraîne vers les Termanères où j’ai décidé d’emprunter la piste forestière qui file vers Belloc. Cette montée vers Sainte Croix commence à peser dans mes mollets. Chaque oiseau, chaque fleur nouvelle, chaque beau papillon non encore photographié sont autant de raisons de ralentir. De plus, sans carte et sans tracé GPS et connaissant très mal ce secteur, il me faut être vigilant à chaque panonceau Ria et surtout me souvenir de l’itinéraire que j’avais imaginé. Je sais qu’à Sainte-Croix, je dois redescendre vers Ria juste après la ruine d’une vieille chapelle. Quand une ruine se présente, rien ne me permet d’affirmer et même d’imaginer qu’il s’agit d’une ancestrale chapelle. Il ne s’agit que de vieilles pierres ceintes par une végétation inabordable. Par contre, il y a bien une intersection. Il me faudrait donc quitter la piste montant vers Belloc ici, mais j’éprouve quelques difficultés à trouver la suite ? Finalement et par bonheur, j’aperçois un minuscule panonceau « Ria » vissé à même un petit placard réservé à des compteurs électriques. « Ria » est quelque peu effacé mais le sentier est bien là, invisible au premier coup d’œil car bien embroussaillé. Il descend en forêt en longeant en partie le Correc de Santa Creu. Dans cette descente vers Ria presque constamment en sous-bois, et déjà un peu sombre à cette heure-ci, qu’elle n’est pas ma surprise de poser le pied sur le cadavre d’un gros canidé. Chien, chien-loup, loup ? Je ne sais pas vraiment dire ? La mort n’est pas suffisamment récente pour émettre un avis formel mais elle n’est pas très ancienne car le cadavre est peu envahi par la vermine et n’a pas une odeur putride très pestilentielle. Je prends deux photos du pauvre animal dont la puissante dentition ne m’apporte pas d’élément supplémentaire or mis l’assurance qu’il ne s’agit pas d’une renard et ce, malgré son pelage fourni, roux et blanc (***). Des renards morts, j’en ai déjà vu et celui-ci ne ressemble pas du tout aux précédents. Si ce n’est pas un renard ou un loup, de quelle espèce de chien s’agirait-il ? De surcroît que ferait-il là mort au beau milieu du chemin ? Il serait mort de quoi ? Comment, pour quelle raison ou par qui ? Une fois encore, cette balade aura soulevé en moi bien des questions. Apprendre, je marche aussi pour ça ! A tout prendre, j’aurais préféré rencontré un renard ou un autre canidé bien vivant comme cela m’est arrivé assez souvent. Rencontre avec un loup jamais vu jusqu’à présent ? Je ne sais pas ! Il parait qu’un loup isolé n’est pas très souvent dangereux car plutôt craintif, comme toute la faune en général face à l’homme, le pire des prédateurs. Aujourd’hui par exemple, j’ai été ravi d’apercevoir et donc de savoir que toutes les espèces de lézards ou presque sont bien présentes sur ce secteur même si le plus souvent ce ne sont que des visions furtives : lézard des murailles, lézard catalan, vert, ocellé, psammodrome, hémidactyle. Seule, la Tarente de Mauritanie et le lézard des souches n’ont pas été observés mais je ne doute guère de leur présence. Le sentier se termine sur les flancs de la Rocamenera d’En Gorner où justement je photographie mon premier lézard des murailles juste à côté d’une citerne. Puis je finis cette balade sur le désagréable asphalte de la bien longue avenue d’En Cassa menant vers le quartier de la Llisse. J’avais imaginé terminer par le canal éponyme mais des panneaux « danger, risques d’effondrements » en interdisent l’accès. C’est donc à regret que je termine sur le bitume cette belle et première balade d’après confinement. Au-delà des nombreuses questions qu’elle a soulevées, j’ai retrouvé le plaisir de marcher , de redécouvrir la Nature, de retrouver des lieux où j’avais passé jadis des instants merveilleux et notamment lors de Mon Tour du Coronat. Oui, j’attendais avec impatience cette balade. N’ayant pas enregistré de tracé GPS, j’estime la distance effectuée au cours de cette balade entre 12 et 14 km pour un dénivelé de 386 m entre le point le plus bas au départ de Ria (388 m) et le plus haut au Pla de Vallenso à 774 m.

    (*) Toponymie possible d’El Pi del Rei : Finalement, c'est un peu par hasard que dans le N°18 du journal de la commune de Ria-Sirach, j'ai pu lire "ce pin fut planté après le Traité des Pyrénées par le ministre des Eaux et Forêts de Louis XIV". Après le Traité des Pyrénées de 1659, on peut donc aisément imaginer que cette décision est consécutive à l'ordonnance de 1669 de Louis XIV et Colbert qui faisait la part belle à une vaste reforestation du royaume. Ce pin aurait donc à ce jour (16/09/2022) 353 ans ! Le roi en question serait donc Louis XIV ! Je vous laisse lire la suite que j'avais écrite juste après la randonnée mais ne gardez pas tout bien sûr !  A propos des arbres remarquables, voici ce que le journaliste et écrivain Adolphe-Laurent Joanne écrit en 1856 dans son recueil intitulé « Les Environs de Paris illustrés. Itinéraire descriptif et historique » : « …une foule d’arbres magnifiques que les touristes vont aujourd’hui admirer seraient restés inconnus. Dans le principe, on ne signalait guère que cinq ou six de ces arbres : Le Bouquet du Roi, Le Clovis, Henri IV et le Sully, la Reine Blanche, arbre du Bas-Bréau, incendié cet hiver (1856) par des imprudents qui firent du feu dans sa cavité, le Charlemagne et le Chêne des Fées ». Comme nous le voyons, au 19eme siècle, il n’était pas rare d’attribuer des noms de rois ou d’illustres personnages aux grands arbres, il est donc fort possible que le Pi del Rei date de cette époque et qu’il ne faille pas chercher ailleurs son appellation de « Pin du Roi ». Dans ce même livre, il évoque les fameux essais d’implantation du pin maritime dans les Landes au cours du 18eme siècle et leurs échecs successifs, à cause d’hivers trop rigoureux mais surtout par méconnaissance de cet arbre, peu présent en France avec quelques rares boisements, et donc fort méconnu à l’époque. Dans son livre « Traces du végétal » aux Editions Presses Universitaires de Rennes, Elisabeth Amblard nous rappelle que « Le pin symbolise la force et le pouvoir dont dispose le roi, mais, situé à côté d’un if, ce pouvoir devient une force du mal » car « l’if est un arbre aux feuilles et aux fruits toxiques ». Ici l’auteur fait référence au roi légendaire Marsile, ennemi juré de Charlemagne dans la « Chanson de Roland de Roncevaux ».


    (**) Ria, les rois et le pin : Dans son livre « Ria-Sirach-Urbanya », Jean Viallet évoque en de multiples occasions l’attachement que les Rianencs avaient depuis toujours pour leurs rois , et notamment aux 18 et 19eme siècle. Ainsi peut-on lire « Napoléon est vaincu, Louis XVIII montre sur le trône et voyez comme notre municipalité célèbre l’événement ». Cette phrase fait référence à une assemblée municipale du 30 octobre 1814 où les habitants de Ria par l’entremise de leurs représentants municipaux prêtent serment et jurent à Dieu de garder obéissance et fidélité au roi. Est-ce en cette occasion que les Rianencs ont planté cet arbre pour rendre hommage à Louis XVIII ? Là aussi c’est possible et l’arbre aurait 206 ans ! Cette fidélité au roi est très ancienne puisqu’elle a pour origine le fait que les comtes d’Arria, nés ici selon certaines versions, auraient de ce fait un lien direct avec la branche des Bourbons, famille aux multiples ramifications mais régnante en France et en Espagne. Ce lien, ils le tiendraient de Marguerite de Provence, reine de France car épouse de Saint-Louis ; mais fille de Raimond-Bérenger V de Provence, lui-même fils de Alphonse II de Provence, et lui-même fils Alphonse II roi d'Aragon, lui-même fils de Raimond-Bérenger IV de Barcelone. Ici, la branche dite de « Barcelone » est directement issue de Guilfred le Velu, né ici à Ria (légende ou réalité ?) et de son père Sunifred Ier de Barcelone. Assez paradoxalement, c’est Vauban sur ordre de Louis XIV qui a détruit le château ancestral de Ria où tout aurait commencé ! Allez comprendre ?

    (***) Le canidé mort de Sainte-Croix : Le 22 juillet 2020 et sur les conseils d'un ami, ancien de l'ONF, j'ai signalé l'animal au "Rézoloup" de l'ONCFS avec envoi des 2 photos que j'avais en ma possession. Un technicien s'est rendu sur le lieu pour lequel j'avais fourni les coordonnées. Finalement, il s'agissait d'un malinois de plus de 19 ans dont les propriétaires avaient signalé la disparition. L'animal est probablement mort de vieillesse voire d'épuisement à ne pas parvenir à retrouver son chemin. Les propriétaires ont pu faire leur deuil et ont apprécié que leur chien ait pu être retrouvé tant de semaines après sa disparition. Il faut noter que le malinois étant un lupoïde, c'est à dire un canidé dont les caractéristiques anatomiques évoquent celles du loup, la confusion avec ce dernier était donc logique. L'enquête a permis d'enlever la thèse d'un loup sur la commune de Ria-Sirach. Rianencs vous pouvez dormir tranquille, aucun loup ne se déguisera en grand-mère ! Par contre, je ne peux pas vous garantir du contraire !


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  • Ce diaporama est agrémenté de la merveilleuse musique "Cavatina" de Stanley Myers jouée ici et successivement par Gheorghe Zamfir (flûte de pan) puis par le guitariste Al Marconi dans une version arrangée personnelle mais extraite de la bande originale du film "The Deer Hunter" (Voyage au bout de l'enfer) de Michael Cimino.


    Le Circuit de l'Anse de Paulilles depuis la plage de Bernardi (Port-Vendres).

    Le Circuit de l'Anse de Paulilles depuis la plage de Bernardi (Port-Vendres).

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    Le lendemain de cette journée à l’Anse de Paulilles et donc de ce très joli petit circuit effectuée le 2 février dernier, voilà ce que j’écrivais sur ma page Facebook avec quelques belles photos à l’appui :

    « Hier, et après la tempête Gloria, c'était une journée estivale à la gloire du soleil et de la chaleur. A l'Anse de Paulilles où nous étions partis pique-niquer puis balader, il y avait un monde fou. Un monde fou qui profitait bien de la plage, des petites criques tranquilles aux eaux limpides, des bains de soleils et parfois même, et pour les plus courageux, des bains tout courts. Parti la fleur au fusil, sans maillot ni serviette, j'ai longuement regretté de ne pas faire partie de ces derniers. Peut-être ce monde fou et un peu fou profitait-il comme nous du dérèglement climatique ? Avec plus de 30° au thermomètre, on est en droit de penser que pour un 2 février ce n'est pas très normal ! Dans les petits raidillons, les randonneurs suaient sang et eau, les oiseaux marins ou non marins semblaient apathiques, en pleine garrigue des massifs de fleurs et de flamboyants ajoncs et mimosas me faisaient regretter d'avoir cru un jour que j'avais pu avoir la main verte. Sur le chemin du retour, un demi-pression port-vendrais arriva à point nommé pour mettre fin à cette pépie qui avait eue raison de nos gourdes remplies seulement d’un litre d'eau fraîche. Oui, quelle belle journée nous avons passée !!!! »

    Depuis, des événements tragiques et mondiaux se sont précipités à cause de ce fameux fléau viral auquel les scientifiques ont donné le nom de « Covid-19 », acronyme anglais de COronaVirus Infectious Disease 2019, (Source Wikipédia). En français, “Maladie infectieuse au Coronavirus 19”. Sorti de la ville chinoise de Wuhan, à ce jour encore, on ignore comment ce virus a pu si soudainement apparaître et se propager jetant toute la planète dans le pire des cauchemars. Afin de nous protéger, une période de confinement a été mise en place par nos gouvernants, période de confinement encore en cours à l’instant où j’écris ces quelques lignes. Alors bien sûr, à l’instant où j’ai réfléchi à cet article et quand je regarde derrière moi, je me dis que nous avions bien fait de profiter de cette magnifique journée d’hiver. Oui, en disant que nous vivions dans un monde de fous, je ne croyais pas si bien dire. Si sur le plan climatique, le monde est effectivement devenu de plus en plus fou, qui aurait pu imaginer qu’une pandémie virale telle que celle que nous vivons vienne s’y ajouter ? Non personne, n’aurait imaginé un « cataclysme » d’une telle ampleur, si rapide dans sa contagiosité et si désastreux dans ces effets sur l’humanité toute entière, tant sur le plan sanitaire qu’économique ou sociétal. Oui, profiter de l’instant présent, des bons moments, des superbes journées ensoleillées, voilà que nous en rêvons aujourd’hui car force est d’avouer que ce virus ne nous laisse que peu de répit. Pas de répit dans nos têtes, ni dans nos cœurs et encore moins en terme d’horizon quel qu’il soit ! Du matin au soir, nos pensées sont devenues « virales » et si un espoir demeure, c’est avant tout de voir le disparaître à jamais afin de retrouver notre vie antérieure ! C’est d’abord cet espoir que m’incite à écrire cet article, car cette petite boucle pédestre est si merveilleuse que je n’ose même pas imaginer que plus personne ne l’accomplira jamais. Alors, je la propose pour ça.

    A Paulilles, site classé depuis l'aménagement de l'ancienne usine d'explosifs Nobel, le départ s’effectue de l’extrémité de la plage de Bernardi. Là, un panonceau précise qu’il s’agit du « Sentier du littoral » filant vers la plage de Balanti en 15 mn, vers le phare de Béar en 50 mn et vers Port-Vendres en 1h45. De ces 3 destinations, aucune ne servira vraiment de jalons à notre propre circuit, même si la première et la deuxième seront des centres d’intérêts amplement visuels. Le sentier, s’il est bien balisé et donc assez simple car il est longuement parallèle à la côte rocheuse, il n’en demeure pas moins que certains secteurs nécessitent du souffle, de l’attention et parfois même une grande prudence. Si la beauté des lieux oblige à de nombreux arrêts, la stèle d’un jeune pompier mort en service commandé et les hommages qui lui sont rendus nous rappellent que la Nature que l’on aime est fragile et que les hommes qui se battent pour la préserver, parfois au péril de leur propre vie, méritent le plus profond respect. Dès lors que le cap, le phare et le sémaphore de Béar sont en vue, il faut descendre puis remonter comme si nous allions nous y rendre. Là, et dès lors qu’un pinacle est atteint, espèce de plateforme terreuse et rocheuse, il faut retourner d’où on vient en empruntant une étroite sente qui part à gauche, laquelle cette fois reste très éloignée de la côte. Garrigue méditerranéenne, chênes verts et lièges, petites pinèdes, vignobles en pente, terrasses en pierres sèches, ce sentier finit par parvenir jusqu’à une piste beaucoup plus large. Entre vignes et mimosas, petits cabanons planqués dans des pinèdes, la piste assez longiligne se poursuit jusqu’à un casot tout en ciment. Une plaque en hommage à un certain Jean-Claude Le Parco y est apposée et on peut bien évidemment supposer qu’il fut l’heureux utilisateur de ce coin à la fois si sauvage et si magnifiquement merveilleux dans ses décors. Là, entre une vigne et un très mauvais muret composé d’amas de pierres sèches, on emprunte une piste qui descend droit vers l’anse de Paulilles, Tout au bout, le chemin tourne à droite et longe une haie de cyprès. Ces cyprès sont amplement occupés par quelques passereaux et notamment par des étourneaux qui de très loin sont les moins craintifs. S'ils quittent les cyprès à notre approche, c'est pour mieux nous observer depuis des câbles électriques. Les autres s'envolent et partent dans les vignes ou la garrigue. Je passe de longues minutes à tenter de photographier tous ces oiseaux. Entre échecs et réussites, ces tentatives se soldent avec 4 ou 5 photos plus ou moins réussies. La suite et la fin vers la plage de Bernardi devient d’une grande évidence. Ainsi se termine cette courte mais ô combien magnifique balade. Moi, qui suis venu tant et tant de fois à Paulilles, quelles que soient les saisons, pour y pratiquer la chasse sous-marine ou bien pour venir y pêcher à la canne à soutenir ou au lancer, jamais je n’avais pris autant de plaisir à  y venir pour marcher. Pourtant dieu sait, si je marchais aussi, avec mon attirail de pêche à la ligne ou sous-marine, cette dernière toujours rehaussé d’une ceinture de plomb de 9 kg, indispensable à ma flottaison aquatique car habillé de néoprène. Je suppose que l’âge aidant, et par la force des choses, les passions changent avec le temps. Il fut une époque où je prenais plaisir à extraire de leur milieu aquatique si merveilleux, de jolis (et bons) petits poissons, et des moins petits aussi. Mais aujourd’hui cette passion a quasiment disparu au profit de la seule marche à pied. De surcroît, je rechigne désormais à faire mal à la moindre « petite bête », alors à un poisson, je ne sais pas si je pourrais de nouveau ? Cette petite balade a été longue de 3,7 km pour des montées cumulées de 212 m. Le dénivelé très modeste est de 85 m, cette altitude sur la carte IGN étant matérialisée à l’endroit même où se situe le casot cité ci-dessus. En été, et malgré la distance plutôt modeste, il est impératif d’emporter de quoi bien s’hydrater. N'oubliez jamais que ce n’est pas la distance à parcourir qui fait la beauté d’une randonnée mais les beautés que l’on y perçoit et les plaisirs que l’on en retire. Carte IGN 2549 OT Banuyls-sur-Mer  - Côte Vermeille – Col du Perthus Top 25.


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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques interprétées par Léo Rojas (Flûte de pan). Elles ont pour titre : "El Condor Pasa", "The Last Of Mohican", "Celeste" et "Le Berger Solitaire"

    La Serre de l'Artigue del Baurien (566 m) depuis Saint-Paul-de-Fenouillet.

    La Serre de l'Artigue del Baurien (566 m) depuis Saint-Paul-de-Fenouillet.

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    9 janvier 2020. 10H30. Nous voilà Dany et moi à Saint-Paul-de-Fenouillet au départ d’une balade pédestre qui doit nous mener au sommet de « la Serre de l’Artigue del Baurien », dénomination bizarroïde d’une modeste colline culminant à 566 m d’altitude.  Comme toutes les collines de ce secteur, elle constitue une petite partie de ces échines calcaires encadrant ce remarquable couloir, lesquels sur une trentaine de kilomètres, forment le singulier synclinal du Fenouillèdes, très souvent appelé aussi Synclinal de Saint-Paul. Grosso modo, ce synclinal va de Caudiès-de-Fenouillèdes jusqu’à Cases-de-Pène. En géologie, un synclinal étant un pli concave, c'est-à-dire un « creux », cette « serre » où nous allons est un « anticlinal ». Quand vous saurez que le creux est occupé par les couches géologiques les plus récentes, les différentes collines qui l’encadrent en sont les parties visibles les plus anciennes. Ici, elles datent de la période qu’on appelle « crétacé inférieur » et de l’étage géologique qu’on appelle Aptien, c'est-à-dire qu’elles auraient vu le jour entre -125 et -113 millions d’années. Une colline ayant par la force des choses deux versants, ici cette  « Serre de l’Artigue del Baurien » domine la vallée de Maury d’un côté et celle de l’Agly de l’autre. Et si il y aurait encore beaucoup à écrire à son sujet, et notamment en terme de sismicité (*), voilà en résumé ce que l’on peut dire de cette « serre » sur le plan géologique. A la fin de ce récit, j’évoquerai également la toponymie de cette appellation assez insolite (**). Pour le reste, voilà déjà 2 mois, et depuis le court « Sentier du Vigneron » réalisé à Leucate, que Dany et moi attendons ce jour-là. Quelques petits « bobos » récalcitrants nous ont contraints à stopper conjointement nos balades pédestres. C’est donc une reprise que nous attendons avec une belle impatience. Si je connais un peu cette « serre », pour l’avoir côtoyée en 2011 lors d’un mémorable Tour du Pays Fenouillèdes avec mon fiston, seule la partie du chemin allant jusqu’à Lesquerde est commune avec le tracé que j’ai envisagé aujourd’hui. Une autre partie est également commune avec un circuit qui s’intitule « Géologie et anciennes mines », mais je n’en connais que peu de choses et tout juste l’entrée barricadée d’une mine de gypse, mine encore en fonctionnement et qui possède une histoire que je vous conte en annexe (*). Comme je le fais régulièrement, j’ai, sur Internet, tenté de découvrir l’Histoire de ce secteur, mais pour être franc or mis l’exploitation minière, il y a peu de choses. Il faut dire que depuis fort longtemps, les mines et carrières sont la principale richesse de l’endroit, et encore de nos jours. Fer, gypse, cuivre mais aussi manganèse, antimoine, alquifoux et plombagine, voilà les différents gisements pour lesquels des concessions ont été demandées dès le 19eme siècle, nous apprend le remarquable site Internet Santpanhols.fr. Pourtant la présence de 2 oppidums romains à Lesquerde, dont un situé sur la serre, tout près de l’ancienne mine de fer, laisse imaginer une présence beaucoup plus ancienne, mais sans doute avec un intérêt minier elle aussi. L’Histoire de village contée par Jean Tosti affermit cette thèse d’une présence romaine et atteste de mines de fer exploitées dès 1759. Je ne suis pas un spécialiste, loin s’en faut, mais d’autres recherches m’ont appris que la géologie est en réalité bien plus complexe avec également d’autres minerais comme le quartz, la limonite, l’hématite, la pyrite, l’oligiste et la chalcopyrite au sein de roches encaissantes comme le calcaire, le granite et la mylonite. Ces lectures très intéressantes au demeurant, puis une analyse assez poussée de la carte I.G.N et de sa vue aérienne m’ont laissé imaginer deux ou trois parcours pédestres possibles. Quand nous démarrons cette balade, rien n’est donc encore figé à ce propos et j’ai enregistré dans mon GPS, le tracé des différents scénarios. Il est donc 10h30 quand nous garons notre voiture, rue de Lesquerde, pile-poil devant les bureaux de la Communauté des Communes Agly-Fenouillèdes. Le démarrage est très simple puisqu’il suffit de suivre la rue en question jusqu’à une déchetterie puis de poursuivre le balisage jaune et rouge du GRP Tour du Fenouillèdes. Or mis quelques oiseaux qui m’occupent et que je tente de photographier, il n’y a rien bien de notable sur cette partie. Il y a bien une biscuiterie Brosseau, mais elle est fermée, et de ce fait je ne peux que supposer qu’elle fabrique ou fabriquait les fameux et délicieux croquants de Saint-Paul. Sur la droite, si la serre est déjà bien visible avec ses différents pylônes de télécommunications, elle ne donne qu’un petit aperçu de ce qui nous attend car c’est sur l’autre versant que nous y grimperons. Dès lors que le chemin entre dans une garrigue typiquement méditerranéenne, la végétation est si haute et si engainante  que toute vision disparaît et il faut donc attendre l’approche du col de Lesquerde pour que s’entrouvre la vallée de Maury. Si le panorama est beau, il reste néanmoins gâché par un ciel un peu trop laiteux et des pylônes et câbles à haute tension qui s’invitent au beau milieu des décors. L’arrivée au col qui devrait grandiose sous un ciel très clair n’est guère plus géniale sous cette lactescence qui blanchit tout.  Lesquerde, vallée de l’Agly, pays Fenouillèdes et Massif du Canigou, d’ici tout paraît décoloré. A la limite, et assez paradoxalement, seule la «  Serre de l’Artigue del Baurien » , dont le calcaire est pourtant très blanc,  offre un très beau contraste sous un ciel bleu bien plus prometteur. La promesse sera en partie tenue et ce voile blanchâtre disparaîtra quelque peu. Quelques photos au col et nous poursuivons le sentier désormais tout en descente. Dany étant souvent devant moi, je la préviens à l’avance de quelques passages délicats car très caillouteux, très pentus ou très ravinés, et parfois les deux ou trois à la fois. Dans un ciel à l’aplomb devenu soudain très bleu, deux vautours fauves viennent faire le spectacle. Comme il est impossible, voire très dangereux, de marcher et de regarder en l’air nous stoppons pour les observer. Emportés par des ascendances thermiques, il s’élèvent peu à peu jusqu’à disparaître de notre vue. Nous repartons. Dans le silence ambiant, quelques chants d’oiseaux m’incitent à rester aux aguets. Grives, fauvettes et tariers se laissent repérer mais pas toujours photographier. Il faut de la patience et beaucoup de chance. Connaissant déjà ce parcours, je sais qu’il est préférable d’éviter le bitume de la D.19 pour atteindre Lesquerde.  C’est chose faite assez simplement, car contrairement à la vieille carte I.G.N dont je détiens un bout, l’itinéraire évitant l’asphalte est parfaitement balisé. Si Lesquerde est vite là, avec ses très belles villas récentes puis ses ruelles aux maisons parfois si colorées,  c’est au préalable ce gros rocher noir omniprésent dominant le village qui marque les esprits. Il s’agit d’un monolithe de fer dont le poids serait estimé à 10.000 tonnes et dont les spécialistes le qualifie soit de limonite ou d’hématite brune, y rajoutant parfois le mot « brut ». Je sais que mon parcours doit y passer mais comme il est déjà 12h30, nous stoppons pour pique-niquer. Devant la mairie, des bancs sont là bien à propos. ¾ h plus tard, nous repartons par la rue principale puis par la bien nommée rue du rocher. Le rocher est vite atteint et si une photo-souvenir à son pied est bien entendu inévitable, force est de reconnaître qu’il est bien moins impressionnant sous cet angle-là. Il faut dire qu’une fois encore, mais pourtant sans chercher, j’y aperçois deux yeux et un nez en trompette. Ça devient une habitude de voir des visages dans les roches ! Alors bien sûr, et vu comme ça, comment ne peut-il pas perdre de sa superbe !?  Une fois encore, nous repartons. Cette fois, la piste est là et elle s’élève en zigzaguant jusqu’au sommet de la serre, à l’endroit même où les nombreux pylônes  lancent leurs hautes flèches dans un ciel bleu et pur. Dans cette montée, un vautour nous accompagne encore bien plus curieux que ceux de ce matin. Au fil de l’élévation, les panoramas se dévoilent, sur le village certes, mais aussi sur une très belle partie du pays Fenouillèdes. L’entrée d’un vieux tunnel, obstruée par la végétation et quelque peu occupée par de grosses toiles d’araignées, nous rappelle l’exploitation minière d’antan. J’ai lu que ce tunnel, construit en 1908, avec une galerie longue de 560 m et traversant la « serre », permettait aux mineurs venant de Saint-Paul de parvenir plus facilement à Lesquerde et vice-versa. Le minerai était extrait grâce à un petit chemin de fer. Ici tout s’est arrêté. Le tunnel en 1930 et l’exploitation totale dans les années 50/60, alors qu’au loin, du côté de Lansac sans doute, quelques fumerolles blanchâtres s’élèvent au dessus d’un parc éolien. Querelles de l’Ancien et du Moderne, si  on est très loin de la l’Académie Française et de la création artistique, le débat n’est peut-être pas clos pour tout le monde. Carrières à ciel ouvert et éoliennes font souvent l’objet de querelles environnementales. En zoomant avec mon appareil-photo, je constate qu’il s’agit d’une usine bien en activité, car probablement de feldspath ce qui expliquerait la fumée blanche.  Le sol sous nos pieds, lui, est jonché de cailloux ferreux. Il suffit de se baisser pour en ramasser des rouges ou des gris, parfois creusés de petits trous, mais toujours très lourds par rapport à une autre petite pierre ordinaire de taille équivalente. Finalement à l’approche de la crête, cette modernité dont je parle se présente sous les traits des fameux pylônes que l’on aperçoit depuis ce matin comme autant de mires à atteindre. A quoi servent-ils ? Aux communications je suppose, mais ne m’en demandez pas plus, car ici protection oblige, tout est clos ! Quand aux indications ne les cherchez pas, il n’y en a pas ! C’est sans doute « top secret ! »  D’ailleurs, et alors que nous sommes pile-poil en dessous, ce ne sont pas eux qui nous intéressent au premier chef mais les merveilleux panoramas qui nous imaginons dès lors que nous serons parvenus à la crête sommitale. Nous y grimpons puis une fois atteinte, nous restons là quelques minutes comme scotchés devant ce spectacle si aérien, spectacle pourtant encore un peu altéré par cette brume laiteuse toujours présente autour de nous. Assis à l’aplomb d’un à-pic impressionnant nécessitant attention et même prudence, j’ai un peu le vertige. Je m’assieds et Dany s’accroche à moi, sans doute prise elle aussi par cette même sensation d’ivresse de l’abîme. Tout comme moi, je ne la sens pas rassurée, alors je lui propose de redescendre afin que nous allions au véritable sommet, situé un peu plus loin et à 566 m d’altitude. Elle descend mais refuse ma proposition préférant m’attendre à l’ombre d’un grand chêne vert. Alors j’y vais seul, poursuivant la piste et découvrant à la fois un mirador destiné à la surveillance contre les incendies et deux bornes géodésiques. La crête est plus spacieuse, plus rassurante et offre de bien meilleures vues sur le synclinal côté Caudiès et sur Saint-Paul.  Mais comme Dany m’attend, je ne m’éternise pas. A l’instant de se retrouver, ici se pose la question du retour. Je propose à Dany d’aller voir l’ancien chemin des mineurs qui en principe se trouve plus bas sur la piste au détour d’un virage. Ce chemin, dit des Mineurs ou de la Mine, je ne le connais que par les lectures que j’en ai faites, quelques photos peu parlantes et une vue aérienne sur Géoportail. Autant dire rien ! Le chemin est assez simple à trouver mais je passe néanmoins devant et demande à Dany de rester à distance. J’amorce la descente, d’abord sur un étroit sentier puis sur un chemin très caillouteux mais qui s’élargit dès lors que j’atteins l’autre versant, c'est-à-dire celui où se trouvent les falaises les plus abruptes. Depuis la crête, qui imaginerait qu’il y ait un chemin ici ? Voilà la première réflexion qui me vient à l’esprit à l’instant où j’amorce la descente. Pourtant, et à ma grande surprise, j’entends des voix qui arrivent d’un peu plus bas ? Alors je stoppe et j’attends. Deux jeunes femmes arrivent vers moi. Quelques minutes plus tard, elles sont suivies de deux messieurs beaucoup âgées qu’elles, dont un qui semble complètement éreinté et à bout de souffle. Dany qui est resté là-haut sur la crête  m’appelle et je lui conseille de ne pas bouger et de m’attendre. La conversation s’installe avec le petit groupe. Ils arrivent de Saint-Paul. Ma première question portant bien évidemment sur la qualité de ce chemin des mineurs, l’homme le plus âgé, celui là même qui est encore très essoufflé s’empresse de me répondre. « Le chemin n’est qu’une succession de caillasses et d’éboulis pendant un bon bout de temps » me dit-il. « Il est donc instable ? » lui dis-je. «  Oui, c’est ça, il est très instable et j’ai eu du mal à progresser » me répond-il. « Pensez-vous que ma femme qui a une prothèse totale du genou puisse l’emprunter sans crainte en descente ? ». Et là, c’est presque en cœur qu’ils s’exclament « non surtout pas ! ». « J’ai 82 ans, j’ai pris ce chemin des dizaines de fois mais je crois que c’est la dernière fois que j’y viens car il est de plus en plus mauvais » rajoute le vieil homme encore bien haletant. « Tu vieillis ! » lui dit une des deux jeunes femmes. Je les remercie tous et sans aucune hésitation, je rebrousse chemin. Ce n’est pas aujourd’hui que je découvrirais ce chemin des mineurs mais je ne suis pas inquiet car je sais qu’une autre issue possible est enregistrée dans mon GPS. Nous redescendons vers Lesquerde. Finalement le chemin permettant d’effectuer une petite boucle est vite là. Il est commun avec l’itinéraire « Géologie et anciennes mines » et d’ailleurs quelques mètres après la bifurcation obligatoire, des vestiges sont très vite là : maisons des mineurs, trémie, ancienne structure supportant des wagonnets, etc….Sur ce parcours, nous n’avons pas l’impression d’avoir perdu au change. Enfin, je n’en sais rien ! Si nous poursuivons cette boucle, qui est bien balisée d’une couleur jaune, je garde toutefois mon GPS allumé car bien évidemment il ne nous faut pas redescendre sur Lesquerde mais remonter vers le col éponyme. Un cairn bien placé au bon endroit nous y aide allègrement. Le col de Lesquerde arrive à point nommé, et si nous y finissons avec plaisir les restes de nos collations, c’est parce que sur notre droite un parapentiste vient de prendre son envol depuis la Serre de l’Artigue del Baurien et que sur notre gauche, un vautour a décidé de faire de même. Finalement, le parapentiste reste seul en l’air car le vautour file se poser au sommet du Causiel, suite logique et rocheuse du pinacle aux pylônes.  Le retour vers Saint-Paul s’effectue sans souci mais sous un ciel carrément plombé au dessus de la commune. Rien de vraiment notable, or mis quelques amandes à glaner que Dany découvre au détour du chemin,  et pour moi, une corneille qui a décidé de jouer avec mes nerfs et mon appareil-photo au sommet d’un pylône à haute tension. Si cette boucle se termine en principe devant les bureaux de la Communauté des Communes Agly-Fenouillèdes où se trouve notre voiture, nous ne prenons que le temps d’y déposer nos sacs à dos dans le coffre et de chausser des tennis plus légères.  Sur un coup de tête, nous venons de décider que la balade se poursuivrait encore par une copieuse visite de la cité dédiée à l’apôtre des Gentils.  Dans ce dédale de petites ruelles bien sympathiques, on regrette de ne pas pouvoir approcher de plus près le fameux « chapitre « , et ce pour cause de très importants travaux de restauration. Oui dommage de ne pas pouvoir se faire une meilleure idée de ce magnifique monument historique, le plus emblématique car le plus symbolique du pays Fenouillèdes ! Ainsi se termine cette très belle journée que nous languissions depuis plus de 2 mois. La finir sans aucun bobo ajoute à notre bonheur.  Telle qu’expliquée ici, mais hors visite de Saint-Paul, cette balade a été longue de 11,3 km pour des montées cumulées de 850 m.  Le dénivelé est de 301 m entre la ligne de départ à 265 m et la borne géodésique de la « Serre de l’Artigue del Baurien » à 566 m. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et 2248 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

    (*) Carrière de gypse de Lesquerde et sismicité : Le site de la commune de Lesquerde nous apprend que cette carrière souterraine est encore en activité, activité confirmée par Jean Tosti qui sur son site, rajoute que c’est la société Bournet qui l’exploite, extrayant 30.000 tonnes de minerais par an. Elle est la dernière et la seule des Pyrénées. Le gypse, déjà utilisé pendant l’antiquité et notamment pour les statues, est aussi connu sous l’appellation de « pierre à plâtre ». Le site Wikipédia nous apprend que les anciens plâtriers la désignaient sous le vocable de « pierre de lune ». L’Histoire du Chapitre de Saint-Paul (Le chapitres et les gypseries) nous révèle que vers 1660, le maître-gipier Jean Sabatier a largement utilisé le gypse (guich) de Lesquerde pour la réalisation de très nombreuses décorations de la collégiale, gypseries qui ont pas mal souffert lors d’un séisme survenu en 1996.  Or, la lecture d’un article du 21/12/2012 sur le site de Médiapart explique que ce même séisme du 18 février 1996 a eu pour épicentre cette fameuse carrière de gypse de Lesquerde. Encore plus fort, avec 5,6 de magnitude et située à 7 km de profondeur,  il s’agirait selon le RéNaSS, Réseau National de Surveillance Sismologique de la plus puissante magnitude jamais enregistrée en France. Cette information a brièvement été reprise sur le site Agora Vox. Si ce séisme et ses répliques vous intéressent, sachez que l’Association Française du Génie Parasismique a rédigé un rapport de 116 pages à ce propos accessible sur Internet. Il précise que « l’épicentre instrumental et macrosismique semble bien localisé dans le secteur de Saint-Paul-de-Fenouillet-Lesquerde, les premières répliques analysées se situeraient plus au sud près de Saint-Arnac, Feilluns et Ansignan. L’ensemble de ces villages a par ailleurs fortement ressenti l’événement principal ». Voilà ce que l’on peut dire de cette carrière de gypse, même si or mis ces quelques articles, jamais aucune publicité ne l’a véritablement présentée comme l’épicentre du séisme le plus puissant jamais enregistré en France. Précisons tout de même que ce séisme n’a fait aucune victime et apparemment pas perturbé l’exploitation du gypse. Enfin et pour conclure, rappelons que cet endroit est situé non loin de la frontière entre les plaques tectoniques Eurasienne et Ibérique qui ont, il y a -65 millions d’années, initié la création des Pyrénées. Les deux plaques s’affrontant et coulissant l’une sous l’autre, elles engendrent des tensions occasionnant de nombreuses failles dont celle qui a pour nom « Faille Nord-Pyrénéenne » allant grosso-modo de Saint-Paul-de-Fenouillet jusqu’au Cap Breton.

    La Serre de l'Artigue del Baurien (566 m) depuis Saint-Paul-de-Fenouillet. 

    Carrière de gypse de Lesquerde photographiée en 2011 lors d'un Tour du Pays Fenouillèdes et épicentre du plus violent séisme connu en France (cliquez sur la photo pour l'agrandir)

    (**) Toponymie de la « Serre de l’Artigue del Baurien » : J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer l’origine du mot « serre ». De l’occitan « sèrra », elle désigne une colline de forme allongée voire plus simplement une ligne de crêtes. On retrouve cette origine dans les mots « sierra » en espagnol et en castillan et « serra » en Italie,  mais également dans les mots « serra », « serrat » ou « sarrat » en catalan. On le trouve également dans le mot « serres » au pluriel ainsi que dans le mot « serrade » pour un chemin longeant une ligne de crêtes. Au singulier ou au pluriel, il s’agit aussi d’un nom propre ou de famille plutôt répandu. Ici pas de doute, il s’agit bien d’une colline de forme allongée. Concernant le mot « l’Artigue » ou « Lartigue », tous les toponymistes sont également d’accord pour lui attribuer une signification identique, même si selon les régions quelques nuances peuvent exister. Alors pas de doute, il s’agit bien d’une surface défrichée ou d’un terrain labouré pour les rendre cultivable. Une commune près de Saint-Gaudens porte ce nom de « Artigue », du prélatin « artica » et du gascon « artiga » nous précise le site Wikipédia. Idem avec plusieurs lieux, communes et personnages portant ce même nom au singulier ou au pluriel « Artigues ». Dans le livre « Les toponymes pyrénéens » de Robert Aymard, les nuances sont excessivement nombreuses et en faire la liste complète serait bien trop long. En voilà quelques unes : Articaut, Artiès, Artigal, Artigala, Artigalet, Artigou, Artiguette, Lartigau, etc….quand aux définitions en français, ça va de la clairière à la défriche, en passant par un terrain dénudé ou une parcelle déboisée. Ces différents et nombreux toponymes s’expliquent par le fait même que l’on imagine une origine quasi commune dans toutes les langues ;  gascon, occitan, provençal, ibère, basque, catalan ; avec peut-être un étymon originel « artika » (Etymologie occitane). Reste enfin à expliquer le mot « baurien »  que l’on pourrait croire assez simple mais qui est de très loin le moins documenté. Si je dis simple, c’est tout simplement parce que dans les parlers occitans le « B » et le « V » sont identiques et ne sont qu’une question de prononciation. A partir de ce concept, on imagine aisément qu’un « baurien » pourrait être en réalité un « vaurien », c'est-à-dire en français et selon le Larousse « une personne sans aucune valeur morale » voire « un enfant malicieux et indiscipliné ».  Pourtant, selon plusieurs toponymistes, ce n’est pas par là qu’il faut chercher une explication mais plutôt dans le mot « baure », de la racine occitane « vaur » signifiant « ravin » ou « gouffre ». Du gaulois « bawa » ou « baua » signifiant « boue », la « baure » devient parfois « boeyre » ou « bouère » en gascon, « bouirex » en Ariège ou «Bouerzy » en Béarn et « Baurien » en Roussillon nous explique Robert Aymard dans son ouvrage consacré à l'« Hydronymie pyrénéenne ». Selon  ce dernier, une « baure » serait donc en Roussillon un endroit boueux en montagne. Il faut bien reconnaître que cette dernière explication ne paraît guère plausible dans un endroit aussi sec et rocailleux que cette « Serre de l’Artigue del Baurien ». Mais les temps ont pu changer. Dans le même sens, on trouve un col de "Boire" près du hameau de Vira dans la forêt de Boucheville.

    Alors cette « Serre de l’Artigue del Baurien » faut-il la traduire comme :

    • la colline du terrain labouré (ou défriché) d’un vaurien ?
    • la colline du terrain labouré (ou défriché) près du ravin ?

    Est-ce bien dans ces hypothèses-là qu’il faut continuer à chercher ? A moins que la vérité surgisse soudain d’un gouffre ?


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  •  Le diaporama est agrémenté avec des musiques du compositeur allemand Oliver Heuss extraites de ses albums "Amerikas Naturwunder"

    La Boucle des Etangs du Carlit depuis Les Bouillouses.

    La Boucle des Etangs du Carlit depuis Les Bouillouses.


     

    Parce que je n’ai pas été l’initiateur de cette « Boucle aux Etangs du Carlit » réalisée le 25 août 2019, je l’avais complètement oubliée dans ma chronologie. Pourtant, ce jour-là, j’avais fait en sorte de prendre les photos indispensables au reportage habituel de mon blog. Ce n’est donc que partie remise et voilà ci-après le récit de cette merveilleuse journée en famille. C’est Carole ma fille, presque sur un coup de tête, qui nous a invité à cette sortie capciroise. Alors bien sûr, il nous « faut tomber du lit », se préparer dare-dare afin d’être prêts pour démarrer tous ensemble vers ces merveilleuses Pyrénées qui nous attendent et que nous aimons tant. Tout ce passe comme prévu, mais malgré ça, il est déjà 11h quand on gare nos voitures sur le parking du Pla de Barrès. Là, à la belle saison, commence la route réglementée menant au site classé des Bouillouses. Le parking étant déjà bien plein, on s’inquiète un peu. Pourtant tout paraît bien rodé et en moins de 10 mn, nous voilà déjà dans la navette, un bus très confortable ; alors que la route ne l’est pas du tout ; direction le fameux barrage alimentée par la Têt depuis 1910. Une demi-heure plus tard, et bien que beaucoup chahutés à cause des nombreux virages, nous débarquons entiers et en bonne forme. Aussitôt, voilà notre petite équipe déjà à pied d’œuvre, filant en direction de l’hôtel-restaurant Les Bones Hores, car c’est là que commence l’itinéraire menant à nos futurs objectifs. Ici, et bien que de très nombreux souvenirs, plus ou moins récents, resurgissent en moi, je ne peux guère m’éterniser. Pourtant, et en essayant de me les remémorer, les 3 principaux reviennent chronologiquement presque naturellement. Il y a août 2001 où Dany et moi n’avions fait que passer lors d’une étape mémorable sur le G.R.10 entre Mérens-les-Vals et Mantet. Mémorable car ce périple avait duré 8 jours, mais surtout parce que cette étape entre le lac du Lanoux et Bolquère, bien trop longue, avait mis à vif les pieds de Dany. C’est d’ailleurs à cause de ça, que nous avions terminé à Mantet plutôt qu’à Prades comme initialement prévu. Puis en juin 2005, déjà ma fille et mon gendre JC avaient décrété de nous faire gravir le Carlit. Ce jour-là, si j’avais réussi l’ascension sans trop de problèmes, la descente sans doute trop rapide avait engendré dans mon crâne de terribles maux de tête. Alors je m’en souviens aussi parfaitement. Les étangs vers lesquels nous partons aujourd’hui, depuis le sommet du Carlit, je les avais décrit comme « une constellation de lacs dans une galaxie granitique ». Aujourd’hui, je tire néanmoins un constat : j’ai vieilli de 14 ans, depuis ma fille et mon gendre ont eu deux beaux enfants, et de ce fait et par bonheur, j’ai deux adorables petits-enfants de 11 et 9 ans qui m’accompagnent et marchent bien mieux que moi. Enfin, en septembre 2013, les Bones Hores nous avaient accueilli pour notre dernière soirée sur un incroyable Tour du Capcir (à paraître) réalisé en 4 jours avec mon fils Jérôme et un couple d’amis. Alors même si je ne m’arrête pas devant l’hôtel, je ne peux m’empêcher de l’immortaliser, car tout comme le barrage, cet hôtel est la représentation matérielle de tout ce passé à la fois si lointain mais encore si frais dans ma mémoire. Les seuls arrêts, je les consacre presque exclusivement à photographier les décors car si la faune et la flore sont un peu présentes, le rythme de marche qui m’est imposé par tous ces jeunes n’est pas celui que je pratique habituellement. Alors que nous en sommes à regarder des panonceaux,  mon gendre m’indique  qu’il a fait le choix d’une variante plus courte que celle des 9 ou 12 étangs. « Ça me conviendra très bien » lui dis-je en regardant le panonceau indiquant 2h30 pour les 9. D’emblée, comme l’itinéraire ne fait que monter, je me contente de suivre ce petit groupe de jeunes en essayant de ne pas me laisser distancer. J’y parviens mais aux prix d’efforts peu habituels pour moi. D’ailleurs, de temps à autres, j’éprouve la nécessité de quelques arrêts pour souffler un peu. Je ne suis pas le seul. Dany, elle, est dans une forme quasi-similaire à la mienne, mais nous avançons correctement et c’est bien là l’essentiel. Rien ne presse après tout car la balade est courte et puis il faut aussi penser aux enfants, peu habitués à marcher en altitude. Par bonheur, car la faim me tenaille, le premier estany, celui del Viver (ou Vivès), est décrété comme étant le lieu idéal d’un pique-nique. Tout le monde adhère à cette lumineuse proposition. Ici, je peux enfin me livrer à ma passion pour la photo naturaliste. Oh, ce n’est pas un zoo mais les quelques colverts et les dizaines de libellules noires qui occupent le rivage suffisent à mon bonheur. Prendre des couples de libellules qui ont décidé de s’unir n’est jamais facile. J’y passe du temps. Quand aux colverts, ils paraissent tous identiques et leurs plumages plutôt ternes pourraient laisser croire qu’il ne s’agit que de femelles. En réalité, quand on les observe plus précisément, on peut noter quelques modestes différences. Ils ont revêtu leur plumage d’éclipse, celui qui suit la période nuptiale, avec comme principale conséquence celle des mâles qui « perdent la tête » et leur merveilleuse couleur verte irisée. De plus, la quasi-absence de miroir alaire car invisible dans leur façon placide de barboter rend impossible la moindre évaluation de leur âge. De ce fait, il y a-t-il quelques jeunes canards parmi eux ? Difficile à dire ! Voilà à quoi je pense et m’occupe en dévorant mes sandwichs. Le pique-nique terminé, nous repartons. Le balisage est bon et la qualité du sentier très variable mais dans cette partie-là,  les petits lacs s’enchaînent assez rapidement : étang Noir, étang de la Coumasse et étang Sec. Malgré le rythme imposé, je continue à être aux aguets et si quelques oiseaux et papillons sont bien présents, dans l’immédiat, je n’immortalise que ces derniers, toujours les mêmes apparemment et de la famille des « Moirés ». Par bonheur, une centaine de mètres plus loin, un très beau Bec-croisé des sapins vient se poser au sommet d’un pin à crochets. Malgré qu’il soit un peu loin, je parviens néanmoins à le photographier car il est occupé à son déjeuner, consistant à picorer les aiguilles les plus jeunes. Il s’agit d’un mâle avec son beau plumage rouge. Après l’étang Sec, une longue ligne quasiment droite file vers l’étang de Bailleul. Selon mon bout de carte IGN, il faudrait monter le talus puis traverser le plateau pour aller voir les étangs Llat et Llong mais apparemment personne n’y semble décidé. Pourtant, ils ne me paraissent pas très loin. 300 ou 400 m tout au plus. Si j’étais seul, pas de doute, j’irais les voir mais aujourd’hui je suis le mouvement et ce d’autant que c’est moi qui ferme constamment la marche. Je ne parviens qu’à rattraper les autres car ma petite-fille Eulalie semble être tombée sous le charme des cairns qui jalonnent le sentier. A chacun des gros cairns, elle ajoute des pierres aux édifices et quand ils sont tout petits, elle prend un malin plaisir à les redresser presque intégralement. Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est peut-être ainsi qu’on attrape le virus de la randonnée pédestre. L’arrivée à l’étang de Bailleul est l’occasion d’une nouvelle pause où le petit torrent déversoir offre à tous la possibilité d’un bain de pied « fraîchement » réconfortant.  Moi, comme j’ai aperçu deux bergeronnettes grises courant sur la berge, je pars pour tenter de les photographier. J’y parviens à force de patience et parce que j’accepte de faire la moitié du tour de l’étang mais j’avoue que quelques fleurs communes à ce milieu humide sont plus faciles à immortaliser. Nous profitons aussi de cet arrêt pour finir nos casse-croûtes respectifs. C’est à cet instant que j’aperçois un couple, qui droit devant moi, est entrain de gravir les gros pierriers. Je les observe. Mais où vont-ils au juste ? Finalement, en regardant mon bout de carte, je comprends qu’ils ont choisi la ligne la plus droite pour rejoindre les autres étangs qui sont plus hauts : Castellà, d’En Gombau, Trebens et Sobirans. Nous repartons. L’étang de Bailleul étant amplement recouvert de très longues plantes aquatiques, j’en suis à me demander si cette prolifération n’est pas le début d’une inéluctable eutrophisation ?  Tout au cours du chemin, j’ai déjà remarqué pas mal de petites cuvettes complètement asséchées et je suis à peu près certain qu’il fut un temps où elles devaient héberger d’autres étangs aussi remplis que ceux que nous visitons. Jusqu’à l’étang de Les Dougnes, puis encore bien après, rien de notable, or mis une « grosse gamelle » sans gravité dans une descente menant à une petite passerelle. Ça fait rire les enfants Robin et Eulalie de me voir les « quatre fers en l’air », mais les adultes un peu moins. Ils s’inquiètent immédiatement de mon sort.  J’ai glissé sur une roche et suis  tombé sur le dos mais par bonheur mon sac a totalement amorti le choc. Je n’ai absolument rien. Je repars en me souvenant qu’après de très nombreuses chutes à répétition dont une plutôt grave, je ne suis plus tombé depuis une randonnée « très spéciale car orientée » qui m’avait mené au « conjurador de Serralongue » en février 2017. J’avais appelé cette randonnée qui m’avait été vivement conseillé par un inconnu rencontré à Urbanya « Les chemins ruraux de Serralongue depuis le Tech ». La magie de la conjuration avait bien fonctionné jusqu’à présent mais aujourd’hui une toute petite pierre granitique qui a glissé son mon pied droit est venu contrarier cet ordre qui semblait pourtant bien établi. Il faut dire que je l’ai un peu cherché car au lieu de suivre le sentier le plus fréquenté comme le faisait tout le monde, j’ai fait le choix de marcher au plus près du ruisseau qui lui est parallèle. Le ruisseau de la Bouque de Capcir il s’appelle et il fait le lien entre l’étang de Les Dougnes et celui del Viver. Par la force des choses, les pierres y sont plus humides mais moi je voulais voir si j’y apercevais des grenouilles dont je sais qu’elles sont présentes régulièrement. Alors ces grenouilles que je n’ai pas vu, m’ont-elles jetées un mauvais sort ? Je n’y crois pas une seconde même si je sais que depuis l’Antiquité, les grenouilles et les amphibiens en général sont considérés comme des êtres maléfiques. Au Moyen-Âge, le crapaud et surtout sa bave sont très souvent le composant préféré des potions magiques des sorcières. Les grenouilles, salamandres et autres tritons sont des animaux diaboliques. Mais le Moyen-Âge est loin et si l’Histoire, celles des sorcières notamment et les légendes m’intéressent, je garde les pieds sur terre. Enfin, pas toujours ! Et surtout quand les semelles sont détrempés ! D’ailleurs, la chance me sourit enfin avec une mésange huppée qui vient très gentiment se laisser photographier en se posant au sol à quelques mètres de moi. A hauteur de la passerelle en bois puis juste après, le cas d’étangs ayant subi une ancienne eutrophisation semble se confirmer avec deux ou trois zones amplement envahies presque uniquement par des tourbières. Elles doivent sans doute se remplir que dans le cas de très puissantes précipitations pluvieuses. Les étonnantes Linaigrettes et les jolies Parnassies des marais s’y complaisent. Apparemment, les Populages des marais et les Séneçons des Pyrénées semblent préférer le bord des ruisseaux.  Finalement, après la traversée d’un petit bois de pins à crochets et une nouvelle descente un peu scabreuse, nous retrouvons l’étang del Viver et ses colverts. Pas d’arrêt cette fois et juste le temps de quelques photos des volatiles simplement pour le plaisir. Comme c’est le dernier étang, par la force des choses, la suite et la fin de la boucle deviennent plus monotones. Pour moi, seul un lézard des murailles qui est écrasé comme une crêpe contre un rocher vient compléter mon court bestiaire photographique. J’en suis donc à chercher quelques fleurs oubliées à l'aller pour terminer en beauté. Comme il n’y a plus que des descentes et que les Bouillouses ne sont plus très loin, tous les randonneurs ; et ils sont nombreux à cette heure-ci ; semblent accélérer le pas. Parmi eux, un vieil homme, avec lequel j’entame une cordiale conversation, marche beaucoup plus lentement que tous les autres. Et pour cause ! Il a 84 ans et vient de gravir dans la journée le Carlit et ses 2.921,66 m avec son fils et son petit-fils.  « Chapeau bas ! » lui dis-je en apprenant cela puis voyant qu’il finit quand même bien fatigué et le pas un peu incertain car hésitant, je rajoute tant bien que mal un proverbe qui me vient  à l’esprit : « Ne vous pressez pas !  La lenteur arrive toujours au but alors que la précipitation s’empêtre souvent en chemin »,  avant très paradoxalement d’accélérer mes propres foulées pour rattraper le retard que j’ai pris sur ma petite famille. Il est 16 h tapantes quand nous arrivons aux Bones Hores. Estimant que nous le méritons bien, je propose que l’on prenne une boisson fraîche sur la terrasse de l’hôtel. A la fois histoire de se dessécher le gosier mais aussi de garder un souvenir mémorable de cette magnifique journée. J’ai gardé tous les autres en tête alors pourquoi pas celui-ci avec ma fille et mes deux amours de petits-enfants ? Malgré la foule qui se détend autour des nombreuses tables, il règne ici comme un immense flegme, une espèce de placidité ambiante. Un peu comme si les gens voulaient garder de leur journée ici, dans cette belle du Capcir, dans ce site exceptionnel des Bouillouses et du Carlit, une grande quiétude. Même les serveurs ne semblent jamais pressés. Pourtant quand je les observe, je m’aperçois qu’ils n’arrêtent jamais, se démenant en tous sens mais toujours avec une débonnaire jovialité. Ils ne nous restent plus qu’à rejoindre la navette et si ce matin nous avions fait le choix de passer sous la voûte du barrage, cette fois nous passons dessus. Force est de reconnaître que c’est bien plus beau. C’est donc avec de multiples coups d’œil et photos sur le superbe lac que nous finissons cette balade en famille. Le temps de quelques minutes passées à observer deux pêcheurs lançant leur cuillère à la limite du canal déversoir puis très vite les rares maisons des Bouillouses sont là. Deux navettes sont déjà présentes et c’est avec une belle discipline que tout le monde se plie à leur remplissage respectif en fonction de l’ordre des arrivées. Ainsi se termine cette très belle journée en famille. Oui, il avait raison Jean Ferrat « que la montagne est belle ! ». Telle que racontée ici, cette randonnée a été longue de 9 km pour des montées cumulées de 380 m. Le dénivelé est de 247 m entre le point le plus bas au départ des Bouillouses (1.992 m) et le plus haut sur le petit plateau de l’étang des Dougnes (2.239 m) Carte IGN 2249 ET Font-Romeu - Capcir Top 25.

    Description et toponymies des étangs visités - Les lacs supérieurs des Bouillouses

    • Etang ou estany del Viver: Situé à une altitude de 2.139 m pour une superficie de 3 ha et une profondeur de 10 m, c’est le tout premier que l’on découvre sur cette boucle des étangs du Carlit. On le trouve parfois sous la dénomination de Le Vivé ou del Vivé.  La toponymie de ces mots est très simple car bien évidemment elle est à rapprocher du verbe français « vivre » qui a pour origine le latin « vivere ».  Il serait bien trop long d’énumérer ici tous les mots,  noms propres ou de familles qui en sont issus mais en voici quelques uns parmi les plus communs : Vivant, vivier, vivacité, vivoter, Vivès, Vivet, Vivien, Vivern, Vivo, Viviani, etc….Alors reste à savoir pourquoi l’étang porte-t-il ce nom ? On ne peut que faire des suppositions entre le fait qu’il aurait été un vivier à poissons pour les pêcheurs ou bien qu’il aurait été l’étang le plus vivant car son ruisseau est le plus proche de celui des Bouillouses par exemple. On peut je pense éliminer le nom d’une personne.
    • Etang Noir ou Estany Negre : Situé à une altitude de 2.140 m pour une superficie de 4,5 ha et une profondeur de 7 m, sa toponymie est tout simplement due à la couleur de ses eaux engendrée ici par une sombre forêt de sapins qui l’entoure et s’y reflète. Il faut noter que dans les Pyrénées, il y a d’autres lacs ou étangs portant ce même nom de « Negre » et notamment un autre tout proche des Bouillouses au lieu-dit Les Esquits. Pour le différencier du nôtre, ce dernier est parfois appelé Etang Noir d’en Bas. A ne pas confondre donc. 
    • Etang de la Coumasse : Situé à une altitude de 2.160 m pour une superficie de 4 ha et une profondeur de 10 m, sa toponymie d’estany « de la Comassa » signifierait « étang de la grande combe » (Source Wikipédia). On peut faire confiance à cette définition puisque le mot catalan « coma » signifie « combe » et que le suffixe « asse » à souvent une valeur augmentative. Dans la toponymie pyrénéenne, le mot ou nom propre « coume » qui signifie également « combe » est très présent.
    • Etang Sec ou estany Sec : Situé à une altitude de 2.140 m pour une superficie de 2 ha et une profondeur de 7 m, sa toponymie aurait pour origine un îlot rocheux d’une vingtaine de mètres carrés (Source Wikipédia). Toutefois, sa faible profondeur peut également laisser imaginer qu’il aurait connu, sinon une période de totale sécheresse, tout du moins un très bas niveau de ses eaux. Ce constat se vérifie par la couleur vert pâle de ses eaux que n’ont pas les autres étangs et que l’on peut aisément observer sur une vue aérienne (Géoportail).
    • Estany Llat : Situé à une altitude de 2.174 m pour une superficie de 10 ha et une profondeur de 14 m, ce lac constituait à la fin du 19eme siècle le centre d’un domaine piscicole affermé par les frères Aymar, pêcheurs professionnels (source Wikipédia). Sur les cartes IGN, une cabane portant ce nom est le témoignage encore présent de ce passé révolu. D’autres vestiges comme des sillons creusés pour déplacer les truites ou les saumons de fontaine sont encore visibles. Le mot catalan « Llat » signifie « large » et serait une contraction « cerdane » de « llarg » (large) et du mot « plat ». L’estany Llat serait donc large et plat, ce qu’il est en réalité si l’on en juge par l’écart de seulement 1 m entre ses altitudes nord/sud les plus opposées et sur une distance de plus de 300 m.
    • Estany Llong : Situé à une altitude de 2.184 m pour une superficie de 5 ha, son nom de « long » a pour origine ses mensurations : 500 m de long et 170 m de large. Avec un îlot rocheux en son centre et la couleur olivâtre mais plutôt claire de ses eaux, sa profondeur non mentionnée est probablement une des plus faibles de tous les lacs supérieurs des Bouillouses. Une photo aérienne sur Géoportail témoigne de ce constat et il paraît même coupé en deux par une végétation aquatique envahissante. Début d’une eutrophisation ? Je n’ai rien trouvé à ce propos.
    • Etang de Bailleul ou estany de Vallell : Situé à une altitude de 2.230 m pour une superficie de 1,5 ha, il est le plus petit des lacs visités lors de la réalisation de la boucle accomplie. Un peu comme l’étang Llong sa profondeur non mentionnée est probablement très faible. Envahi par de longues plantes aquatiques de surface, sa profondeur ne doit pas excéder 2 à 3 m. Encaissé entre deux crêtes rocheuses, sa toponymie de « Vallell » en catalan ou de « Bailleul » en français a forcément pour origine les mots « vallée » ou « vallon ».
    • Etang des Dougnes ou Estany de Les Dugues : Situé à une altitude de 2.243 m pour une superficie de 3,8 ha et une profondeur de 5 m, cet étang à la particularité de posséder deux déversoirs s’écoulant simultanément vers les bassins de l’Ebre et de la Têt. Cette particularité, il la doit à deux petits ruisseaux. Un premier qui a pour nom « Ruisseau de la Bouque (ou Boca) de Capcir » s’écoulant vers l’étang del Viver qui lui-même se déverse ensuite dans le lac des Bouillouses et donc dans la Têt et un second qui finit par prendre le nom de « Rec de l’Estany » mais seulement après s’être déversé successivement dans les étangs de Bailleul, Llong, Llat et Basses d’en Gombau. Au fil de son cheminement et de multiples ruisseaux affluents, le Rec de l’Estany change de dénominations mais leurs eaux communes finissent leur course dans la rivière d’Angoustrine, elle-même affluent du Sègre et donc sous affluent de l’Ebre, plus long fleuve exclusivement espagnol avec une longueur de 928 km. Selon le toponymiste Robert Aymard, le mot « dugues » ou « dougnes » en français ou « dourgues » en occitan signifierait « trou d’eau ». De très nombreux noms propres commençant ou contenant la racine « dou », ont un rapport avec l’eau (Les noms de lieux en France. Glossaire de termes dialectaux). C’est ainsi qu’en vieux breton le mot « dour » signifie « eau ». En occitan le mot « douts » ou « dotz » signifie « source ». Idem dans la toponymie gasconne où les mots « Doux », « Douch » ou « doutz » sont également une « source ». Et l’on pourrait allègrement rallonger ces exemples.
    • Le lac des Bouillouses : (encatalanEstany de la Bullosa ou de la Bollosa ) est un lac artificiel d'une superficie de 149 ha des Pyrénées, en Haut-Conflent, dans les Pyrénées-Orientales. Le mot catalan « bollosa » est probablement l'adjectif fabriqué « bullosa » dérivant de « bulli » et qui signifie « qui fait des bulles ». En effet, le lac des Bouillouses occupe la partie marécageuse appelée la Grande Bouillouse ou la Bouillouse sur certaines cartes anciennes. La Petite Bouillouse existe toujours, sur la Têt, à 200 m en aval du barrage, appelée « Bolloseta » sur les cartes IGN dans l'édition 2010. En 1896, Emmanuel Brousse mentionne la Bouillouse et la Bouillousette, et appelle les Bouillouses l'ensemble de ces deux lieux. Il ajoute que « la Bouillousette et surtout la Bouillouse sont d'immenses réservoirs naturels dans lesquels il serait facile de retenir les eaux ». (Extraits du site Wikipédia). Pour en savoir plus, rendez-vous directement vers l’encyclopédie libre en cliquant ici.  Le toponymiste pyrénéen Robert Aymard dans son livre « Toponymes Pyrénéens » y voit clairement un rapport avec le mot latin « bulla »  signifiant « bulle », le mot béarnais « boulhou » signifiant « bouillon » et le français « bouillonnant ».

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    Ce diaporama est agrémenté de la chanson et musique "Lettre à France" de Michel Polnareff, paroles de Jean-Loup Dabadie. Elle est successivement interprétée ici par Ubem Music (instrumental), Clem (chant), Thierry Danneau (harmonica), Trio Quentin Degem, Alex Lecuyer, StefNsing (chant), Zazapat (harmonica)

    Le Sentier pédestre sur les hauteurs de Collioure depuis Collioure

    Le Sentier pédestre sur les hauteurs de Collioure depuis Collioure 

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    C’est sur le site Visorando et en tapant « Collioure » dans la rubrique « recherche » que j’ai trouvé cette balade sous l’intitulé « Notre-Dame de Consolation, le Fort Saint-Elme et le moulin à huile » dont l’auteur est mentionné sous le pseudo « lemarcheur65 ». Alors bien sûr merci à lui. Voulant trouver une appellation plus compacte avec le nom « Collioure », j’ai d’abord eu l’idée d’appeler cette balade « les Balcons de Collioure », mais cette locution étant déjà très prisée sur le Web dans le secteur de l’immobilier, je me suis dit « à quoi bon mettre une dénomination déjà si usitée ? » puis « ne serais-je pas mieux référencé sur le Web en mettant autre chose ? ». Finalement, ma préférence est allée vers un concentré de l’idée que j’avais eue de ce joli circuit : «  Le Circuit pédestre sur les Hauteurs de Collioure ». J’ignore si je serais bien référencé mais l’appellation me plaît bien. D’abord, elle élimine le mot « balcon » trop utilisé puis l’idée de savoir s’il y a un seul balcon ou plusieurs. En tous cas, des hauteurs, pas de doute, il y en a plusieurs. Elles tournent autour de Collioure et ont pour nom « Consolation », « coll de Mollo », « puig de les Daines », « coll d’En Raixat », « fort Dugommier » et « fort Saint-Elme ». Ces noms-là sont ceux qui apparaissent sur la carte IGN, noms que coupe le tracé de ce circuit. Enfin, le nom « Collioure » est bien là et surtout pas de surprise, tout le monde comprendra immédiatement qu’il s’agit d’un circuit à faire à pied. Certains diront peu importe le nom et ils auront raison. En effet, l’essentiel est que cette boucle est vraiment superbe, et de surcroît un peu sportive, avec des panoramas exceptionnels en direction de la Côte Vermeille. Au départ et suivant à la lettre les consignes de Visorando, nous garons notre voiture sur la  route du Pla de Las Fourques, le long du camp militaire. Nous sommes le 26 septembre, il est 9h30 et de nombreuses places de parking sont toujours disponibles. Qu’en est-il en plein été ? Je l’ignore mais je suppose que trouver une place doit être coton. L’été, c’est toujours comme ça à Collioure tant la cité balnéaire est prisée par les touristes. Nous démarrons en descendant la route. Par précaution, j’ai allumé mon GPS dans lequel le tracé du circuit est enregistré. Dans l’immédiat, je me fie surtout à la lecture du topo de Visorando. Comme indiqué, nous tournons à droite avenue du Mirador et descendons jusqu’à la place du Marché. Nous la traversons et filons direct vers ce que nous pensons être la bonne continuité, c’est à dire la rue des Palmiers. Devant l’hôtel Casa Païral, nous hésitons car la rue des Palmiers est mentionnée dans une petite allée qui est perpendiculaire à celle où nous nous trouvons. Nous demandons notre chemin à une jeune dame qui s’empresse de nous demander où l’on veut se rendre. « A Notre-Dame de Consolation » lui dis-je. « Oui, vous pouvez effectivement y aller par là » nous répond-elle en nous montrant du doigt la direction à suivre, ajoutant aussitôt « allez tout droit, continuez en longeant le ruisseau asséché puis quittez-le dès lors que vous verrez des escaliers sur votre droite. Dans le lotissement, vous trouverez des indications  ». « C’est simple, vous verrez » rajoute-t-elle pour nous rassurer définitivement. Nous la remercions de sa gentillesse et nous voilà partis. Si au regard du nombre de voitures garées, je finis par comprendre que la partie cimentée du ruisseau, c’est sans doute aussi la rue des Palmiers, la partie asséchée non cimentée arrive très vite. Par bonheur, une allée surélevée bien pratique longe le ruisseau sur sa droite. Sans doute encore plus pratique les jours de fortes pluies. C’est bien le ruisseau le Douy (el Dui) mentionné sur le topo. D’ailleurs, d’autres mentions du topo apparaissent au fil de notre cheminement : passage sous la voie ferrée puis sous la route d’Argelès, J’éteins le GPS bien inutile ici. Seuls des décors originaux, quelques fleurs, une bergeronnette et un chat très câlin que je veux photographier viennent perturber ce cheminement plutôt « cool » et le plus souvent sous l’ombrage d’une végétation envahissante. Les escaliers puis le lotissement sont là et si nous en sommes à chercher le fameux balisage jaune, un panneau signalétique « Chemin de Consolation » vient le remplacer très efficacement. Quelques mètres plus loin, des panonceaux directionnels de randonnées finissent de nous rassurer complètement : « N.D de Consolation – 1,5 km – 0h20 ». Après un premier oratoire dédié à Saint-Jacques et même si le chemin peut paraître simple, le balisage jaune n’est pas toujours aussi visible qu’on le souhaiterait et notamment au niveau des premières intersections. Quant au topo, je le trouve parfois un peu trop détaillée et donc un peu « pesant » dans ce sens. Je rallume mon GPS et il pallie à ses menus inconvénients. L'itinéraire passe sous l'immense et impressionnant viaduc de la N.114. Parce que je suis constamment aux aguets d’une faune et d’une flore quasiment aux abonnés absents, Dany m’attends à chaque intersection. Dans cette quête, seul un rapace tournoyant dans le ciel et quelques fauvettes souvent trop rapides font réagir mon appareil-photo, surtout habitué jusqu’à présent à photographier les décors. Un deuxième oratoire dédié à Sainte-Thérèse puis des panonceaux directionnels bien présents nous amènent sans trop de problèmes jusqu’à Notre-Dame de Consolation sur un chemin qui ne cesse de m’interroger. Que ce chemin soit de croix, de processions ou de pèlerinages ; probablement les trois ; je le trouve très surprenant dans sa conception. Avant de venir, j’ai lu quelques informations indiquant que jadis les femmes des marins pêcheurs montaient prier à Notre-Dame de Consolation mais pourquoi ce chemin de croix qu’elles empruntaient est-il aussi disparate dans la manière dont il a été conçu ? Dallé au début, puis cimenté ensuite, il est tour à tour, encadré sur sa gauche d’un tout petit muret agrémenté d’un simple grillage, vieux grillage envahi le plus souvent par des vignes sauvageonnes et des plantes grimpantes. Puis, juste après, il y a un muret en briques rouges, légèrement plus haut que le premier, mais enrichi de piliers aux intervalles irréguliers, piliers dont je me demande quelle utilité ils pouvaient bien avoir sauf pour deux d’entre-eux supportant encore un vieux portail rongé par la rouille et le temps ? Chose encore plus étrange, ce portail s’ouvre sans aucun intérêt évident sur un vignoble en terrasses. Oui, pourquoi autant de disparités et de singularités sur ce chemin de croix ? Avaient-elles une signification voire une valeur pour les personnes qui l’empruntaient ? Oui, ce chemin de croix me laisse songeur et comme je suis curieux, j’aimerais savoir pour comprendre ! Sur sa droite, rien de spécial or mis un haut mur de pierres sèches et une végétation qui a repris ses droits depuis fort longtemps. Je ne saurais jamais ? A Notre-Dame de Consolation, or mis de nombreux animaux dans une basse-cour, tout le reste paraît désert. Par bonheur, la chapelle est ouverte et nous en profitons pour la visiter. Sans jeu de mots, voilà notre vraie consolation ! En effet, trouver une chapelle ouverte est si rare dans le département ! 10 minutes plus tard, nous repartons sans avoir vu quiconque. Ici, des panonceaux directionnels et le balisage étant bien présents, trouver la suite de l’itinéraire devient très simple. Un sentier hyper caillouteux s’élève sèchement et emballe pour la première fois de la journée nos palpitants réciproques. Voilà pour Dany et moi où commence notre vrai chemin de croix. Sans rien nous dire, Dany et moi prions déjà pour qu’il ne soit pas trop long. Il se termine 600 à 700 m plus haut sur la D.86. Dany un peu exténuée par l’effort décrète que l’heure du pique-nique est arrivée. Je ne rechigne pas à casser la croûte ici tant la croûte terrestre, elle, a dessiné de biens belles choses devant nous. Les panoramas amples et éblouissants sur la Grande Bleue et la Côte Vermeille sont de vrais merveilles. C’est si c’est beau que nous ne sommes même pas étonnés de partager ces merveilles avec un couple de chinois en visite dans notre beau département. Comme je le fais moi-même, les chinois n’ont de cesse de photographier toutes ces beautés se dévoilant à leurs regards, lui avec un appareil photo au puissant objectif et elle avec son smartphone. Les selfies des deux touristes viennent conclure cet arrêt près d’un rocher où nous nous sommes perchés. Avant de remonter dans leur voiture, ils nous observent fixement comme si nous étions des êtres suprêmes au sommet de la mythique « Montagne de l’âme ». Ils sont partis. La solitude revient et nous déjeunons dans le silence, seulement troublée par quelques voitures passant derrière nous sur la route. Au moment de redémarrer, je constate que le sommet du rocher où nous nous trouvons est orné d’un bouquet de fleurs artificielles, bouquet qui a été planté entre deux feuilles de schistes. Sans le savoir, nous étions probablement assis sur un cénotaphe. Je finis par comprendre pourquoi les chinois nous observaient avec tant d’insistance. Ils regardaient le bouquet de fleurs et s'interrogeaient quant à sa présence et peut-être à la nôtre juste à côté ? Jusqu’au col de Mollo, la suite de l’itinéraire est très simple car il suffit de descendre la route. Par contre, les arrêts se succèdent aux arrêts. D’abord parce qu’il y a quelques fleurs au bord de la route que je m’évertue à photographier, fleurs plutôt insolites car nombreuses ici mais en règle générale plutôt rarissimes dans le reste du département.  C’est le cas de la Scille d’automne et de la Linaire d’Italie. De surcroît, j’ai également photographié un pied d’Ail des collines bien en fleur, mais j’ai beau m’évertuer à chercher d’autres fleurs, je n’en trouve pas d’autre. C’est assez bizarre car en général cet ail se rencontre sous la forme de massifs toujours disséminés sur d’amples périmètres. Est-ce trop tard ou trop tôt dans la saison ? Le Casot d’en Frère se présentant en surplomb de la combe de Taillefer (Tallaferro), j’arrête là ma recherche et ce, d’autant qu’un lézard se prélasse en plein soleil. Il détale en me voyant mais le soleil est si engageant que quelques secondes suffisent pour qu’il sorte de son trou. Nous repartons. Quelques mètres plus loin, un oiseau immobile défie l’objectif de mon appareil-photo. La chance est avec moi ! Au col de Mollo, croisement de routes mais aussi de chemins, j’hésite quand à la direction à prendre. Finalement, je me fie à un cocktail d’indications ; panonceaux, topo et tracé GPS ;  et nous trouvons assez facilement la suite de l’itinéraire qui part à gauche sur un large chemin qu’il faut très rapidement quitter pour un sentier entrant dans la garrigue. Sur quelques mètres, le sentier longe un grillage un peu désuet, grillage qui est censé clôturer cette même garrigue d’un vignoble en espaliers. Nous sommes sur le bon sentier. Il s’élève assez rudement vers le sommet du puig de les Daines où, à 333  m d’altitude, se trouve une borne polygonale. C’est le point culminant de ce circuit. Bien qu’apparemment, cette borne ne soit pas numérotée, elle me rappelle étrangement celles qui servaient à délimiter les domaines militaires aux 17 et 18eme siècles.  Les forts militaires, Dugommier et Saint-Elme, étant là, pas très loin et juste un peu plus bas, on peut raisonnablement penser que c’est le cas.    Le sentier étant unique, la descente reste aussi simple que l’était la montée. Les panoramas se font plus grandioses grâce à une vision encore plus ample de la Côte Vermeille.  Port-Vendres se dévoile. On atteint un premier replat où une large piste arrive de la droite. Un petit coup d’œil sur mon bout de carte et nous ignorons cette piste au profit d’un sentier qui se poursuit encore tout droit et toujours en descente. Dans cette partie, les élévations en pierres sèches se font plus nombreuses sans pour autant que l’on puisse toujours leur trouver de pertinentes interprétations. Criquets, papillons et quelques nouvelles fleurs aiguisent mon attention, mais en raison de la mauvaise qualité du sentier, la vigilance reste de mise. Au coll d’en Raixat, nous débouchons sur une nouvelle esplanade mais sans aucun souci, le GPS nous oriente sur la route bitumée se dirigeant vers le Fort Dugommier. Ici, les vendangeurs sont à l’œuvre et si nous les observons quelques minutes, c’est essentiellement parce que nous sommes en admiration du travail si difficile et  si pénible qu’ils accomplissent sur ces vignobles si pentus.  Le fort étant fermé pour cause de travaux de restauration, on ne s’éternise pas. Devant son portail, on délaisse l’asphalte au profit d’un sentier que l’on trouve en enjambant un simple petit muret. Ce chemin file droit en direction du fort Saint-Elme offrant encore et toujours des vues de plus en plus sublimes sur la baie de Collioure. Au regard du petit train qui déverse des touristes à l’entrée du fort, je demande à Dany si elle veut visiter son musée. Connaissant son peu d’entrain pour les vieilles pierres et plus généralement pour les  « choses militaires », sa réponse  « vas-y si tu veux, je t’attendrais dehors » ne me surprend pas. Nous continuons. D’abord en suivant la direction du panonceau « 1 km – 15 mn- Collioure par Coma Xeric » mais en quittant aussitôt ce sentier au profit d’un autre qui part à droite et file sous le fort en direction du Moulin à huile que nous avons dans la ligne de mire depuis quelques temps déjà. Ce moulin dont l’histoire nous est brièvement contée sur une pancarte est l’occasion d’un arrêt bien mérité un peu plus long car la chaleur s’est accentuée.. Collioure est vite là, et plus longue encore est la pause que nous marquons sur la plage de la Balette. Quand on a 70 printemps au compteur des plaisirs et activités aquatiques, comment résister à une eau d’abord si bleue de loin, puis si claire et si calme de près ; et tout compte fait pas si fraîche que ça ? Cette balade se termine par la partie que nous connaissons le mieux de Collioure, à savoir l’esplanade de la plage de Port d’Avall, avec son carrousel, puis avec les quais tournant autour des fortifications du château Royal jusqu’à celui de l’Amirauté. Le centre ville est là avec sa place du marché puis son avenue du Mirador. Il ne nous reste plus qu’un tout petit effort à accomplir pour retrouver notre voiture laissée sur les hauteurs de Collioure sur la route du Pla de Las Fourques. Eh oui, que voulez-vous, Collioure, anciennement Caucolibéris, c'est-à-dire le port d’Illibéris, ou « port de la ville neuve » selon la traduction appropriée, (A la recherche d’Illibéris, J.Margail- Annales du Midi  Année 1938  50-198  pp. 157-199 ) ayant été édifiée à l’altitude zéro, où que l’on marche ; or mis d’aller se baigner dans la Méditerranée ; on est constamment confronté à se mesurer à des hauteurs. Il ne faut surtout pas les redouter car elles offrent le plus souvent des panoramas incroyablement beaux sur la cité des peintres, berceau du fauvisme. Cette balade telle qu’expliquée ici a été longue de 9k900 pour des montées cumulées de 675 m et un dénivelé de 333 m. Encore merci à « lemarcheur65 » ! Carte IGN 2549 OT Banyuls-sur-Mer – Côte Vermeille – Col du Perthus Top 25.

     

     

     


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  • Ce diaporama est agrémenté de 6 chansons en hommage à Claude Nougaro figurant sur son disque posthume "La Note Bleue" avec dans l'ordre "Eau douce" chanté par le Trio Stéphanie,Antoine,Stéphane, "Les Mots""Fleur Bleue" et "Bonheur" chantées par Claude Nougaro, "Dansez Sur Moi" chanté par Nathalie Dessay et enfin pour terminer un bref morceau de "Tu Verras" en Instrumental.

    Le Tour de Saint-Michel de Cuxa depuis l'abbaye

    Le Tour de Saint-Michel de Cuxa depuis l'abbaye

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    « Bucolique », voilà l’unique mot qui est venu à nos lèvres en terminant ce « Tour de Saint-Michel de Cuxa ». Nous sommes le 4 septembre 2019, nous avons démarré à 10h et il est à peine 14h30. Ce matin, avec Dany, nous avons décidé de quitter pour quelques heures notre villégiature d’Urbanya afin de consacrer la merveilleuse journée qui se profile à cette balade pédestre plutôt facile que nous ne connaissons pas. « Facile », c’est d’abord le premier mot qui a retenu notre attention sur le site « Tourisme-Canigou.com » où j’ai trouvé cette boucle. La distance mentionnée pour 7 km et la possibilité de télécharger un tracé dans mon GPS sont venues définitivement nous convaincre qu’il fallait y aller, mais en prévoyant un pique-nique afin de bien profiter du ciel bleu et du soleil déjà bien présents. Alors bien sûr, et par bonheur, cette courte et facile randonnée ne se résume pas au mot « bucolique », dont la définition du Larousse n’est d’ailleurs pas tout à fait la nôtre. Il y a bien d’autres choses à découvrir. Pour ceux qui ne la connaissent pas, il y a bien évidemment l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa, joyau de l’art roman, dont une visite peut très facilement être couplée à ce petit tour.  Dany et moi la connaissons déjà et de ce fait, nous en ferons l’impasse. Il y a aussi le Canal de Bohère, dont le cheminement à diverses reprises, le plus souvent sous les charmilles, est venu constamment dédicacer cet aspect « bucolique », c’est-à-dire, certes « pastoral ou champêtre » comme le précise le Larousse, mais également frais, doux, calme, paisible, tranquille ou olympien mais aussi poétique, charmeur, enjôleur, fascinant et merveilleux à la fois.  Quand on aime comme nous avons aimé, les qualificatifs ne manquent pas ! Les vôtres seront peut être différents ? Et puis bien d’autres aspects de notre patrimoine jalonnent encore le parcours, parcours au cours duquel la Nature a été, pour mon plus grand bonheur, omniprésente. Omniprésente bien sûr, si on se donne la peine et le temps de l’observer sans trop presser le pas ! Je précise que sur un circuit tel que celui-ci, presser le pas ne doit pas être le but sauf à être du coin et à faire son footing quotidien. Il est 10h quand nous démarrons du parking de l’abbaye. Tout est déjà très calme. Il n’y a que trois voitures Aucun mouvement devant l’entrée. Nous filons derrière l’édifice religieux en suivant les mentions d’un premier panonceau indiquant « Codalet par Noguerol - 3km – 1h05 ». On quitte très vite le bitume de la D.27 filant vers Taurinya au profit d’un large chemin herbeux continuant tout droit et traversant des vergers. Sur notre droite, le pic du Canigou s’élève magnifiquement au-dessus d’autres sommets un peu moins hauts le ceinturant. Derrière nous, l’abbaye dévoile d’autres parements. De très nombreux moineaux et rouge-queues noirs les occupent. Je tente de les photographier. Moi, je connais bien ce chemin qui constituait déjà un petit bout des « Balcons de Taurinya », balade effectuée en février 2013. Je m’en souviens très bien car Dany, fatiguée, avait, à cet endroit même, préféré rejoindre Taurinya par la route. J’avais terminé ces « Balcons de Taurinya » tout seul. Aujourd’hui, nous cheminons à deux et en ce début de balade, j’apprécie à sa juste valeur le fait qu’elle me laisse le temps de photographier les oiseaux très nombreux ici qui occupent les vergers. Je suppose qu’ils se régalent de très nombreuses pêches qui jonchent le sol ou bien des insectes ainsi attirés. Je profite pour ramasser deux pêches qui sont encore très saines mais à terre. Je les mets dans mon sac à dos en guise de dessert puis nous repartons. A l’entrée du sous-bois qui se présente, nous hésitons entre un balisage blanc et rouge type G.R et un blanc et jaune. Finalement et au regard du tracé que j’ai enregistré dans le GPS, nous choisissons ce dernier filant vers la chapelle Saint-Pierre d’Orseolo qui se trouve à proximité. Enfin le mot « chapelle » est un bien grand mot car en vérité il ne s’agit que de rares ruines qui affleurent du ras du le sol. Guère plus parlante mais plus jolie est la stèle qui a été élevée en hommage à ce « Pietro I Orseolo », doge de Venise au Xème siècle dont l’Histoire rocambolesque de sa vie puis celle à titre posthume méritent d’être connues. Nous repartons et quelques mètres plus loin, le chemin amorce un demi-tour complet avec toujours l’indication « Codalet par Noguerol – 0h55 – 2,5 km ». Quelques mètres après, nous découvrons un beau siphon d’où jaillit un impressionnant jet bouillonnant. Inutile d’être un ingénieur en génie civil pour comprendre que le canal de Bohère étant en bas, cet appareillage fut imaginé pour faire gravir à l’eau cet obstacle que constituait la colline. L’histoire nous révèle que la réalisation eut lieu en 1950 par les Ets Fondeville donnant au canal de Bohère une meilleure efficacité. Le lieu est certes rafraîchissant mais également très beau car il offre de jolies vues sur le vallon de La Llitera ainsi que sur l’abbaye et ses dépendances mais aussi sur le Massif du Canigou et les autres « serres » environnantes. Quelques photos du siphon (*) et nous repartons sous les chênes verts en longeant le canal sur sa rive gauche.  De temps à autre, une fenêtre s’entrouvre sur les vignobles et les vergers situés en contrebas ou bien sur des décors plus lointains où j’arrive à situer parfois d’autres lieux de balades. Dès lors qu’une intersection se présente, il faut tourner à gauche délaissant ainsi le canal qui lui continue sa route dans le sens opposé. C’est le fameux chemin de Noguerol ou Nogarol cité sur les panonceaux. Très rectiligne, il faut constamment le poursuivre jusqu’à atteindre le centre de Codalet et ce quelque soit son profil : chemin, route bitumée, voie sans issue pour les véhicules, escaliers ou rampe bétonnée. Il finit sa course sur la Route de Saint-Michel. Le centre est là tout près, avec son église Saint-Félix dont le clocher sert de mire. Outre l’église, vous prendrez plaisir comme nous l’avons fait à flâner dans les ruelles adjacentes. De nombreuses maisons sont belles, parfois anciennes et méritent une certaine attention, tout comme l’imposante mairie et son étonnante échauguette pointue qu’on appelle poivrière. Il y aussi une vieille tour crénelée, vestige de fortifications médiévales dont l’historien Jean Tosti nous apprend qu’elles ont été rasées en 1346 : « En 1346, à l'issue de la guerre ayant opposé Jaume III de Majorque à Pere III d'Aragon, ce dernier ordonna de raser les fortifications du village, coupable d'avoir soutenu le roi de Majorque ». Dans cet inventaire codalétois, il ne faut surtout pas oublier la maison où résida Marie-Thérèse Camps, juste parmi les Nations selon la formule consacrée, formule amplement justifiée pour avoir sauver une famille juive au péril de sa vie en 1944. Une jolie plaque en céramique d’art lui est consacrée. D’ailleurs, des jolies plaques émaillées de beaux dessins, nous en découvrirons plusieurs dans Codalet au cours de cette balade. C’est sur un banc de la placette située entre la mairie et la rue du Canal que nous déjeunons. Une fenêtre s’ouvre et un homme apparaît. Il nous demande très gentiment si tout va bien pour nous. Je lui réponds  « Oui, tout va super bien ! » L’homme semble satisfait de la réponse. Quand un peu plus loin, juste après le passage à niveau de La Llitera, nous le reverrons au volant de sa voiture, il nous apprendra qu’il est le maire de Codalet. Super sympa et nous voyant hésiter quand au chemin à prendre, il nous indiquera très gentiment le bon itinéraire. Dans l’immédiat, c’est par la rue du Conflent que nous sortons de Codalet, La voie ferrée Perpignan-Villefranche va à sa manière nous servir de Fil d’Ariane. En quelques minutes, nous allons en avoir différents aperçus. Une vue aérienne d’abord, avec un pont enjambant le ruisseau de la Llitera et la D.27a , puis on y passe dessous jusqu’à atteindre le passage à niveau indiqué précédemment. Entre les deux, mais surtout dans le secteur du ruisseau de la Llitera, ma curiosité « photographique » aura été quelque peu aiguisée par plusieurs oiseaux et quelques fleurs dont une à laquelle il me sera difficile de donner un nom malgré des recherches plutôt poussées sur le Net. Finalement et parce qu’on trouve tout (ou presque tout) sur le Web, je finirais par découvrir qu’il s’agit d’une plante de l’est des Etats-Unis qui a pour nom latin « Hibiscus laevis ou militaris », nom commun français « Hibiscus des marais » mais dont la traduction en français de son nom anglais « halberd-leaf rosemallow » ou « halberd-leaf hibiscus » est plus parlante en « Hibiscus à feuilles en hallebarde ». Autant vous dire que quand je cherche longtemps et que je finis par trouver, c’est assez jouissif. Après cette étonnante découverte et quelques autres, l’itinéraire s’éloigne de nouveau de la civilisation. Le balisage toujours très bon nous entraîne vers la chapelle Saint-Jean de Dosserons dans des décors très champêtres. Ici, l’eau s’écoule un peu partout, le plus souvent dans des petits canaux d’irrigation mais parfois même au milieu du sentier. Alors que la France entière souffre d’une terrible sécheresse, je ne peux m’empêcher de penser « quel gaspillage ! », quand je vois comme ici beaucoup d’eau partir n’importe où. Quand la chapelle se présente,  étant entièrement clôturée de hautes grilles, je ne peux prendre que quelques photos au travers de ces dernières. Je me dis « quel dommage ! » La suite de l’itinéraire, très rectiligne, se poursuit aux milieux des pêcheraies. De temps à autres, Dany qui s’est mise dans la tête de vouloir faire de la compote, essaie avec son bâton de marche de chaparder quelques  pêches qui sont à terre au plus près du grillage. Pas facile et ce d’autant que le grillage semble le plus souvent électrifié. Quoiqu’il en soit, ses arrêts me permettent de la rattraper car moi je suis surtout occupé à stopper pour photographier quelques fleurs mais surtout d’innombrables papillons. Des Satyrinaes et des Azurés presque essentiellement. Finalement, les pêcheraies se terminent à l’instant même où l’itinéraire entre dans une chênaie. Ici, on retrouve le canal de Bohère. Mais comme il coupe le sentier transversalement, on continue toujours tout droit comme l’indique d’ailleurs un panonceau. Le dénivelé s’élève un peu et le chemin devient un véritable sentier muletier très pierreux et encadré de pierres sèches. De jolies vues se dévoilent sur Ria-Sirach, le plateau d’Ambouilla, le Mont Coronat et le Pla de Vallenso ou Balencou. A l’instant où l’extrémité de la montée est atteinte ; d’autres jolies vues se font jour vers l’abbaye et le Massif du Canigou. On amorce une courte descente sous un pylône THT mais très vite de nouvelles indications nous envoient à gauche vers le canal de Bohère. Ici, l’eau s’écoule plus paisiblement mais les ouvrages en béton ; pont, écluse, siphon, canaux secondaires ; semblent plus nombreux. On retrouve l’aspect « bucolique » tout au long du canal. Nous fiant à notre tracé GPS, on délaisse le canal, qui poursuit sa route, au profit d’une piste parallèle au ruisseau de La Llitera. Plus bas, une passerelle enjambe le ruisseau et le parking de l’abbaye est bientôt là. La balade est finie. Dany qui n’a pu chaparder que 5 ou 6 pêches part derrière l’abbaye pour voir si elle peut en trouver d’autres. Moi, attiré par d’innombrables passereaux qui occupent un immense noyer, j’entre dans le jardin de l’édifice religieux pour tenter quelques photos ornithologiques. Quand finalement je la rejoins, elle a rempli deux gros cabas de courses avec l’autorisation de personnes chargés de la récolte. Elle est heureuse d’avoir sa compote. Cette magnifique randonnée est vraiment finie. Alors je lui demande « comment l’as-tu trouvée cette balade ? » « Bucolique » me réponds-elle. Telle qu’expliquée ici, elle a été longue de 7,8 km, visite de Codalet incluse. Les montées cumulées se sont élevées à 325 m. Entre le point le bas (route D.27a à 358 m) et le plus haut (au dessus de Clos de Rohade à 558 m, le dénivelé est de seulement 200 m environ. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

    (*) Photos du siphon dit de Codalet : En préparant cette balade et comme je le fais la plupart du temps, j'analyse le tracé sur des sites dédiés ou bien sur des sites Internet amis. Ce fut le cas ici. Lors de cette analyse, j'avais remarqué sur un site, une photo du siphon dit de Codalet sur laquelle apparaissait une pancarte sur laquelle je n'avais pu lire que le titre "Codalet, la porte de Vall de Cuixà-Siphon du Canal de Bohère". Or lors de notre balade, je n'ai pas aperçu cette pancarte qui d'ailleurs n'apparaît sur aucune de mes photos. Avait-elle disparu ? Avait-elle été changée de place ? Etait-elle envahie par la végétation au point qu'on ne l'ait pas vu ? Je n'ai pas de réponse à ces questions. Toujours est-il que nous ne l'avons pas remarquée. Dommage car curieux de tout, j'aime bien découvrir mais apprendre en même temps et l'histoire de la création et de la réalisation de ce siphon si remarquable m'intéressait. C'est donc grâce à Patricia du site "A Pied dans le 66" que j'ai pu lire la totalité de ce qui était écrit sur cette ludique pancarte. Je l'en remercie très sincèrement et comme je ne veux pas priver ceux que ça peut intéresser également, voilà cette photo ci-dessous. Cliquez dessus pour lire son contenu. 

    Le Tour de Saint-Michel de Cuxa depuis l'abbaye

    Photo aimablement fournie par Patricia du site "A Pied dans le 66"


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  • Ce diaporama est agrémenté de la musique de Jean-Claude Petit, bande originale des films de Claude Berri "Jean de Florette" et "Manon des Sources". Elle jouait successivement par Tools Thielemans (harmonica), par James Cowper (piano), par Jean-Claude Petit (Bande originale-11'34), par Christopher Grech (piano) et par Paul Lassey (harmonica)

    Le Chemin des Estives (Sur...) depuis Angoustrine

    Le Chemin des Estives (Sur...) depuis Angoustrine

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    Le 14 août 2019. 10h30. Entrée nord d’Angoustrine sur la D.618. Dany et moi sommes au départ d’une randonnée qui s’intitule « Sur le Chemin des Estives (*) ». Après avoir roulé 1h30 depuis Urbanya, nous voilà enfin sur la ligne de départ qui est située au début d’une piste jouxtant la rivière d’Angoustrine. Venant de Mont-Louis, via Odeillo puis Targassonne, le village d’Angoustrine paraît tout proche mais nous ne l’avons pas atteint et encore moins traversé. Nous garons la voiture sur la bas-côté de la piste, tout près d’un panonceau indiquant la laconique mention suivante : « Sant Marti d’Envalls - 3,6 km/1h35 – PR13 ». Tout près, dans un champ, de nombreux ballots de paille enveloppés dans des films de plastiques attirent l’objectif de mon appareil-photo. En réalité de cette balade « Sur le Chemin des Estives » que j’ai trouvée sur un tout petit topo-guide, je ne sais que peu de choses, or mis le tracé que j’ai réussi à enregistrer dans mon GPS, la distance de 10 km et le balisage qui est de couleur jaune comme tout bon PR. Rajoutons-y le fait que je sais que l’itinéraire côtoie une chapelle qui s’intitule « Saint-Martin d’Envalls » et nous voilà convaincus d’être sur la bonne ligne de départ. D’ailleurs, et alors que nous n’avons accompli que quelques centaines de mètres, un grand panneau de bois planté à l’entrée d’un vaste parking nous rassure complètement. Le parking, c’est celui du « Parc Aventure » tout proche mais il sert aussi aux pêcheurs et aux randonneurs. De surcroît, ce panneau nous offre les premières mais très succinctes explications quant à son intitulé « Sur le Chemin des Estives ». Il est écrit : « Sur le chemin des estives …avec le berger. Je suis le berger, et mon histoire a de quoi faire rêver : imaginez que je suis monté en estive avec mon troupeau il y a 200 ans. Et si je suis aujourd’hui là pour vous en parler c’est qu’un étrange sortilège m’a plongé dans un profond sommeil. Je me suis réveillé il y a quelques jours à peine. Je vous invite à me suivre et à imaginer ce que j’ai ressenti devant tant de changements depuis mon départ ». Alors bien entendu, le suivre signifie qu’il faut continuer à marcher pour connaître la fin de l’histoire du berger. Après un panonceau directionnel indiquant le « Lac des Bouillouses 11,3km/3h50 GRP Tour du Carlit », un autre panneau explicatif arrive très vite : « …les arbres « têtards » ; témoins têtus du passé…J’ai comme tout le monde, « étêté » les frênes et les saules pour tirer de leurs rameaux de quoi faire des paniers, allumer le feu, voir nourrir mes bêtes et leur fournir une litière. Je suis heureux de constater qu’il subsiste au travers de leur silhouette si particulière des traces de mon labeur à tirer le meilleur parti des ressources naturelles ». Alors, bien sûr, et si l’on joue le jeu, il est bon d’être attentif et même curieux de tout ce qui nous entoure. Les arbres têtards dont parle le berger sont là au bord même du chemin, et il en sera ainsi des gros murets délimitant d’anciennes parcelles ou soutenant des terrasses où le berger et les membres de sa famille cultivaient pommes de terre et céréales. Des murets plus élevés servaient d’enclos pour que le bétail ne s’éparpille pas. Si le berger veut nous apprendre l’Histoire du lieu, plus loin et quand la chapelle Sant Marti d’Envalls se présentera, il prendra le parti d’affirmer qu’il faut parfois oublier les histoires et la rumeur, et se dire que les légendes ça existe aussi. Cette légende, c’est celle qui prétend qu’Envalls était un ancien village disparu sous une avalanche où seule l’église encore présente de nos jours aurait subsisté. Oui, les récits du berger sont là devant nos yeux. Si la large piste, mi-terreuse ou mi-bitumée ; est quelquefois un peu trop monotone car trop rectiligne, imaginer une vie passée reste souvent le meilleur moyen de la rendre plus attractive. Peu de temps après, à droite du chemin, l’Histoire se manifeste encore sous la forme d’un vieil oratoire dédiée à la Vierge. Sur l’autre versant de la vallée, le présent, lui, s’expose dans le décor minéral d’un « Parc Aventure ». On y aperçoit des filets suspendus, des ponts de singe, des tyroliennes géantes et des vias ferratas, le tout le plus souvent accroché à de monumentaux rochers complètement disloqués. Oui et comme l’affirme le berger, le changement est bien visible et pas seulement dans les décors qui l’intéressent. Il y a 200 ans, et alors que les lieux ne servaient qu’à subsister, qui aurait imaginé qu’on puisse payer pour venir y jouer à se faire des frayeurs ? Jadis, la peur était constamment présente, les paysans imploraient le ciel, priaient, invoquaient la protection divine, allant même jusqu’à conjurer le mauvais sort pour que leur récolte soit épargnée, qu'aujourd’hui, on vient exprès ici pour se faire peur. Ces deux images, que tout oppose, seulement séparées par un pré verdoyant et 2 siècles, ne manquent pas de m’interroger. Il y a 200 ans, l’adrénaline sécrétée était souvent le résultat d’une météo incertaine voire néfaste, d’un stress qui n’était pas souhaité mais était là par la force des éléments naturels alors qu’aujourd’hui, nous payons pour avoir du stress et cette sécrétion d’adrénaline. D’un côté, il y a cet oratoire enseignant ces pratiques où quelques madones ont été déposées dans la niche par des ouailles pourtant devenues si rares et de l’autre ce « parc aventure » où j’aperçois des personnes qui jouent à se faire peur accrochés qu’elles sont à des filins par de simples mousquetons. Changement de siècle et de mentalité où la plus sacrée des religions est désormais celle du jeu, des loisirs et de la TV, au détriment de la divine. Nous vivons une autre époque où la chrétienté si visible ici en Cerdagne comme ailleurs, est devenue quasiment absente de la vie quotidienne. Si je devais m’amuser à compter le nombre de randonnées où la chrétienté a été présente sous une forme ou une autre ; églises, chapelles, ermitages, oratoires, calvaires ; je pense que le chiffre serait assez faramineux ? Tout en ayant poursuivi le chemin, voilà à quoi je pense à cet instant précis. A cette Histoire du berger qui m’intéresse, moi j’y ajoute la réflexion, mais aussi et comme à mon habitude, la passion pour la photo de la flore et de la faune. Elles sont présentes certes mais assez peu variées au tout début de cette piste où le couvert végétal est très important. Dans ces conditions, il est bien difficile d’y photographier un oiseau ou un papillon. Il faut un peu de chance. Par bonheur, aussitôt que le sous-bois se termine, la vallée s’entrouvre et la faune et la flore réapparaissent comme par enchantement. Plus on va s’élever en altitude et plus cet aspect-là des choses évoluera favorablement. Oiseaux, papillons, lézards, fleurs sont une fois encore au rendez-vous de ma marotte qu’est la photo naturaliste. La chapelle romane Sant Marti d’Envalls arrive à point nommé pour faire enfin autre chose que cheminer une piste un peu trop uniforme. La vieille église est ouverte aux visiteurs à condition que l’on veuille bien pousser sa porte assez rudement, ce qu’un couple de touristes n’ose apparemment pas faire. Je m’en charge d’un coup d’épaule. La porte bien épaisse en a vu d’autres. Si son aspect extérieur est agréable à découvrir, son intérieur est d’une grande simplicité et sobriété et on peut même la décrire comme plutôt vétuste.  Il y a un autel, simple lui aussi, et donc bien à son image, avec les habituelles décorations du Christ et de la Vierge. Plus surprenant sur l’instant, on y découvre une portrait de l’abbé Pierre mais c’est vrai qu’à bien y réfléchir, cet homme-là s’inscrit bien dans ce cadre miséreux et dans l’histoire contée par le berger. Après tout, n’a-t-il pas été un des pasteurs parmi les plus rassembleurs de l’ère moderne ? A l’opposé de l’autel, un escalier en bois taillé à même des troncs d’arbre, et donc très sommaire, monte vers une mezzanine juste éclairée par une minuscule claire-voie. Après cette visite, et pendant que Dany part s’installer sur une table de pique-nique, je me mets an quête de vouloir photographier tous les lézards que j’aperçois occupant les murs de l’église et leurs très proches alentours. Et dieu sait s’il y en a ! Lors de notre récente balade dans la Vallée de l’Alemany, je pensais en avoir vu un maximum mais ici le record semble être battu dans le rapport nombre et périmètre. A une différence près tout de même, car là-bas, nous n’étions que deux et j’avais tout loisir de les photographier, alors qu’ici il y a beaucoup de passages et ils détalent au moindre mouvement. Après quelques clichés assez réussis néanmoins, je pars pique-niquer moi aussi. Le déjeuner terminé, nous repartons mais cette fois, non plus sur une large piste, mais sur un vrai sentier bien caillouteux et même parfois très rocheux. Désormais la rivière d’Angoustrine est beaucoup plus proche et au ronflement de l’eau que l’on entend, on comprend aisément qu’il s’agit d’un petit torrent de montagne. Il est vrai que le Rec de Carlit ou des Estanyets que l’on enjambe sur un pont mégalithique vient y rajouter un débit supplémentaire. Peu après les décors changent encore et on sent bien qu’un palier a été atteint. Avec ses gros blocs granitiques éparpillés, de toute évidence morainiques, la vallée ne laisse plus planer aucun doute quant à son origine glaciaire. Le torrent est là tout proche. Des personnes sont installées sur la berge dans un endroit où le lit forme une cuvette plus paisible. Quelques mètres plus loin, nous arrivons à la fameuse prise d’eau qu’un panonceau nous avait signalée juste avant la chapelle. D’un côté, une petite retenue d’eau très calme déridée de temps à autre par quelques minuscules truitelles et de l’autre, un jet bouillonnant sortant d’une canalisation et se poursuivant dans le torrent. Entre les deux, une passerelle métallique que nous empruntons pour poursuivre notre balade.  Saison des amours oblige, quelques merles noirs se coursent d’un arbre à un autre, attirant l’objectif de mon numérique. Le temps d’une photo réussie puis nous repartons. Si un panonceau « Sur le Chemin des Estives » et le balisage jaune continuent d’être présents, le sentier, lui, semble avoir bel et bien disparu. En tous cas, le seul à apparaître clairement sur le sol ne semble pas prendre la direction indiquée ni par le panonceau et encore moins par mon tracé GPS. On pourrait presque reprendre à notre compte la célèbre expression « il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! ». En effet, aussi bien le panonceau que mon GPS m’indiquent une direction identique que nous nous refusons d’accepter. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il faut sans doute traverser un pré, qu’il y a dans ce pré un imposant troupeau de vaches, veaux et taureaux, et surtout parce que l’herbe ayant repoussée, le sentier s’est carrément volatilisé. Un couple de randonneurs arrive, perdu lui aussi. Je leur dis que je pense qu’il faut traverser le pré mais eux non plus n’imaginent pas d’emblée cette solution. « Pour aller où ? » s’interrogent-ils. Je m’avance à leur dire : « De l’autre côté du pré où l’on aperçoit des murets en pierres » puis je rajoute aussitôt : « Je pense que le sentier est là-bas puis ensuite il doit sans doute grimper dans la forêt ! ». La dame s’exclame : « Mais on ne voit pas de chemin et en plus il faut traverser le troupeau ! ». « Oui, vous avez raison, mais je ne vois pas d’autres possibilités ! » lui rétorque-je en guise de toute réponse. Je finis par dire, « Restez-là, je vais voir ! ». Et me voilà parti. Dany crie déjà « Sois prudent ! ». Pour éviter le troupeau qui est bougrement disséminé, je fais le choix de le contourner au maximum en passant devant l’orri de Prat Carrera puis en longeant l’extrémité du pré car c’est là-bas que les bovins sont les moins nombreux. Bien que contraint de finir ma traversée en passant au milieu de quelques vaches, tout se déroule au mieux. Seul un taureau noir mais placide car couché m’observe d’un regard noir et que j’imagine mauvais. Je passe à trois mètres de lui mais il ne bouge pas. « J’ai réussi à passer » me dis-je, sauf qu’à cet instant, un couple de traquets ne trouve rien de mieux que de venir se poser sur un rocher à 15 mètres de moi. Indécis, je suis pris entre m’éloigner du taureau et louper une photo ou bien tenter un ou plusieurs clichés des volatiles. Je fais ce dernier choix mais le temps d’une seule photo et les oiseaux s’envolent déjà. Le taureau s’étant redressé sur ces pattes, moi j’ai juste le temps de prendre les miennes à mon cou. Je cours et saute le muret le plus proche. Après ce premier soulagement, le deuxième arrive aussi vite : « j’ai retrouvé l’itinéraire ! » me dis-je en apercevant un trait de peinture jaune sur un rocher. Je grimpe de quelques mètres pour m’assurer définitivement du sentier puis ayant retrouvé une seconde balise jaune, je fais signe aux autres qu’ils peuvent venir me rejoindre. Avec beaucoup de prudence, je les vois traverser le pré comme je viens de le faire moi-même. Je reste néanmoins sur le qui-vive car je m’aperçois que les vaches qui ont leurs veaux font désormais preuve d’une excitation singulière. Juste sous moi, j’aperçois d’autres orris, anciennes cabanes des bergers. Dany et le couple me rejoignent et nous poursuivons ensemble le sentier sur encore quelques mètres. A l’instant ou le sentier entre et monte en forêt, le couple décide de stopper et nous continuons tout seuls. 500 ou 600 mètres plus loin, un collet est atteint. La forêt disparaît et le regard s’entrouvre merveilleusement sur la vallée et sur des paysages cerdans plus lointains. Nous sommes à l’aplomb de la chapelle Sant Marti d’Envalls. Derrière nous, de très hauts sommets forment une longue crête le plus souvent dénudée. Le Carlit est par là-bas mais je ne le reconnais pas dans aucun des sommets. En dessous, quelques forêts de conifères tranchent au sein de ces décors arides. Désormais, le sentier file en balcon et devant nous, plus rien n’obstrue la vision. Les lézards sont encore très nombreux sur cette portion, tout comme les papillons, pourtant bien différents de ceux que j’ai pu photographier dans la vallée. C’est donc avec beaucoup de plaisir que l’on chemine ce sentier malgré une prudence restant néanmoins de mise. En effet, de petites portions nécessitent un peu plus d’attentions. Il va en être ainsi jusqu’à atteindre un nouveau bois de pins à crochets au lieu-dit Serra de Vilalta. Le sentier contourne le bois par la gauche et file dans des prés parsemés de genévriers. Sur la gauche, la centrale solaire Thémis de Targassonne apparaît, remarquablement visible grâce à son étonnante tour de 103 m de hauteur. Ici, un panonceau indique clairement la marche à suivre : « Angoustrine – Villeneuve-les-Escaldes – 1h25/3,2 km. Ces trois derniers kilométriques s’effectuent tout en descente dans un décor où les chaos granitiques se succèdent plus imposants les uns que le autres. Quelques ludiques panneaux expliquent ces mécanismes géologiques.  Genévriers, pins à crochets et blocs granitiques se partagent l’espace. Le sentier se faufile en leur sein offrant malgré tout quelques jolies vues aériennes sur Angoustrine et plus loin sur une belle partie de la Cerdagne.  Dany, qui a pris un peu d’avance sur moi, y réveille, avec une joie extrême un cervidé, qui devait probablement dormir au sein d’un boqueteau de genévriers. Il faut dire que c’est le tout premier qu’elle surprend et pourtant ça fait 30 ans que l'on randonne ensemble. Plus bas et à l’approche de l’arrivée, le chemin côtoie d’étonnants vergers en espaliers. La balade prend fin au lieu-dit La Part Petite et plus précisément dans la rue de la Filature, où paraît-il un musée met en valeur les anciens métiers à tisser. Nous ne l’avons pas vu mais il est vrai que l’arrivée aidant, nous étions surtout enclins à retrouver notre voiture. Cette balade a été longue de 10,2km pour des montées cumulées de 601 m sur un dénivelé de 373 m entre le point le plus bas à 1.346 m sur la ligne de départ et le plus haut à 1.719 m au début du bois de la Serra de Vilalta. Cartes IGN 2249ET Font-Romeu – Capcir et 2250ET Bourg-Madame  –  Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.  

    (*) Le Chemin des Estives : Ce chemin de Cerdagne que vous emprunterez est séculaire et international. L’Histoire nous apprend que suite au Traité des Pyrénées de 1659 signé entre l’Espagne de Philippe IV d'Espagne et la France de Louis XIV, formalisant la paix entre les deux pays, la France souhaite annexer un certain nombre de comtés et de contrées. C’est ainsi qu’elle a des vues sur le Roussillon, le Vallespir, le Conflent, le Capcir, la Cerdagne mais aussi  sur le Vall de Ribes, le vicomté de Castellbò, la cité de Seu d’Urgell ainsi qu’une partie orientale de l’Emporda. Le 22 mars 1660, une conférence se tient à Céret pour formaliser concrètement ces annexions. Les tractations sont âpres entre les négociateurs. Parmi ces tractations, la Cerdagne demeure un point crucial car pour les Espagnols il est hors de question qu’ils cèdent la totalité de ce comté comme le souhaitent les Français. La conférence échoue totalement. Les négociateurs du Traité des Pyrénées se retrouvent et finissent par définir les territoires qui reviennent à la France : le Roussillon, le Vallespir, le Conflent, le Capcir en font partie mais la Cerdagne reste en partie en suspens. De ce comté de Cerdagne reste à définir exactement quelle partie va être annexée par la France. C’est chose faite le 12 novembre 1660 avec le Traité de Llívia. 33 villages tous situés au nord-est de la Cerdagne sont annexés. L’autre partie reste espagnole. Le cardinal Mazarin, ministre d’Etat de Louis XIV s’étonne de ne pas trouver le nom de Llívia, pourtant située dans cette partie septentrionale dans la liste des 33 villages concédés à la France. Don Luis de Haro lui rappelle l’antique statut de municipe dont bénéficie Llívia et lui indique que de ce fait, la ville autonome ne peut pas être concédée par l’Espagne et donc annexée. Par le fait même de ce droit qu’elle détient, Llívia devient une enclave espagnole en territoire français. Elle l’est encore de nos jours. Les français obtiennent seulement que la ville ne soit plus jamais fortifiée et quelques autres broutilles. La forteresse  existante est rasée. Si les textes des documents signés prévoient ces annexions, sur le terrain la réalité est toute. Les résistances et les rebellions sont nombreuses et il faudra par exemple attendre l’année 1720 pour que cette partie nord-est de la Cerdagne devienne pleinement française. Toutes ces turpitudes ont bien évidemment bouleversé les habitudes des habitants de ces contrées. C’est ainsi que les bergers de Llívia qui avaient pour habitude d’amener leurs troupeaux dans les estives montagneuses du Carlit se sont retrouvés bloqués à Angoustrine, cette dernière et son vaste territoire constituant un obstacle naturel. En 1754, en vertu d’une transaction, cet obstacle est levé. Les troupeaux de Llívia ont le passage libre et peuvent de nouveau accéder aux pâturages du Carlit et en revenir. « Les habitants d’Angoustrine sont tenus de laisser alternativement les endroits de passage en guéret, une année sur deux et en concordance avec le passage desdits troupeaux. »

     

    En cliquant sur le lien suivant vous accéderez à la totalité des textes de cette transaction de 1754 figurant au « Traité de délimitation de la frontière entre l'Espagne et la France depuis le val d'Andorre jusqu'à la Méditerranée (avec acte additionnel). Signé à Bayonne le 26 mai 1866 Acte final approuvant les annexes et les règlements relatifs au Traité susmentionné. Signé à Bayonne le 11 juillet 1868 »

     

    Si vous voulez connaître un peu mieux l’Histoire de la Cerdagne, je vous conseille la lecture du livre de Marc Conesa « D'herbe, de terre et de sang : La Cerdagne du XIVe au XIXe siècle » paru aux Presses universitaires de Perpignan en 2012.

     

     

     

     


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  • Ce diaporama est agrémenté de la chanson "A Whiter Shade Of Pale" du groupe anglais Procol Harum (paroles de Keith Reid et musique de Gary Brooker et Matthew Fisher). Elle est successivement jouée et interprétée ici par Anthony Ventura et son orchestre (Intsrumental), par Annie Lennox (chant) et Procol Harum (chant).

    Le Balcon de Villefranche-de-Conflent (427m/1.091 m) par Belloc.

    Le Balcon de Villefranche-de-Conflent (427m/1.091 m) par Belloc.

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    Le 3 septembre 2018 au matin, je partais d’Urbanya pour aller réaliser une balade que j’avais intitulée « Le Balcon de Villefranche-de-Conflent ». Enfin, ce n’est pas moi qui l’avais appelée ainsi mais la plupart des topo-guides. A hauteur de Ria, et tout en roulant vers la gare de Villefranche, si connue grâce au Petit Train Jaune, je m’étais mis à culpabiliser un peu. Pourquoi me direz-vous ? Parce qu’il faisait un temps splendide, que c’était le jour de la rentrée des classes et que de très nombreuses mamans accompagnaient leurs chérubins à l’école. Tout en regardant ce « fourmillement » de personnes, très inhabituel pour moi qui vivais tranquille à Urbanya depuis de longs mois, je me disais que j’avais une chance inouïe de pouvoir partir en randonnée. La chance de ne pas avoir de contrainte et d’être libre comme le vent. La chance de pouvoir profiter au grand air d’une journée qui s’annonçait exceptionnelle. La chance d’aller à la rencontre d’une Nature que je devenais si belle et si présente. J’essayais de me mettre à leur place et je me disais « combien de gamins et de mamans aimeraient sans doute être à ma place ? ». Néanmoins, et tout en pensant à ça, je conduisais en examinant cette colline qui domine le Fort Libéria, me disant au fond de moi que cette randonnée n’aurait sans doute rien de facile.  D’ailleurs et pendant longtemps, et au regard de la forte déclivité de cette colline, j’ai toujours pensé qu’il ne pouvait pas y avoir de sentiers sur un flanc aussi pentu. Je me trompais bien sûr, tant sur les sentiers que sur la difficulté à les cheminer. Aussi, quand j’en avais terminé, et ayant pris un plaisir immense à tout point de vue, je m’étais fait la promesse de revenir avec Dany pour refaire ce « Balcon de Villefranche ». En ce 3 août 2019, nous y sommes et je ne doute pas une seconde que Dany va aimer. La météo est aussi splendide, sinon plus qu’une année auparavant, et de ce fait, tous les voyants sont au vert. Il est 10h15, la gare est paisible et silencieuse quand nous garons la voiture. En un an, le prix du parking à la journée a pris un euro de plus, passant de 4 à 5 euros et c’est le seul aspect négatif.  Hausse de prime abord très relative il est vrai, sauf si on la ramène à un pourcentage et qu’on s’aperçoit que ça fait 25% de mieux. Je me surprends à voir, que même en randonnée, le comptable et financier à la retraite que je suis sommeille mais ne dort pas complètement. Je paye et reviens me préparer tranquillement. Connaissant très bien le chemin, je me dis qu’il n’est pas utile de speeder. Nous harnachons nos sacs à dos et démarrons sur le même rythme tout aussi tranquille. Si la colline est pentue, je connais le parcours, son degré de difficultés, la distance et le temps maximum que nous allons mettre même en flânant beaucoup. Dès le départ, quelques hirondelles qui logent dans l’avant-toit de la gare et dans d’autres bâtiments stoppent mon démarrage. Les photographier est assez "coton" mais j'y parviens malgré tout avec un peu de patience. Plus loin, sur le pont qui enjambe la Têt, je tiens à montrer à Dany que cette gare est en réalité celle de Fuilla et que le quartier s’appelle Sainte-Eulalie, prénom de notre bien-aimée petite-fille. Nous traversons le parking réservé aux autocars et aux camping-cars et nous voilà enfin sur le véritable itinéraire. Un panneau étonnant et un peu risible nous interpelle. Il s’agit d’une personne qui ayant perdu son hibou apprivoisé, demande qu’on la prévienne par téléphone si on aperçoit l’animal. Je ne sais pas pourquoi mais je me dis que si le volatile trouve le secteur aussi merveilleux que je l’ai trouvé moi-même il y a un an, il y a peu de chance qu’il revienne au bercail !  Le sentier s’élève vers le Fort Libéria et même en marchant d’un train plutôt « pépère » et en prenant le temps de regarder les premiers panoramas, les 20 minutes mentionnées sur les différents panonceaux sont largement suffisantes. Ça me réjouit de voir que Dany marche bien et n’a aucune crainte avec son genou opéré. Nous prenons le temps de regarder le fort et ce, d’autant qu’un rouge-queue noir, un joli mâle, semble enclin à se laisser photographier. Il vole d’un mur à un autre sans jamais trop s’éloigner du fossé qui sépare le rempart et le pont-levis. De temps en autre, il s’élève droit dans le ciel, effectuant un très court vol stationnaire mais néanmoins suffisant pour becqueter un insecte. En raison de sa livrée nuptiale si particulière car aux couleurs si vives, je serais prêt à parier qu’il a son nid dans ce secteur. Après cette « naturelle » observation, nous laissons le volatile à ses péripéties aériennes et repartons. Très vite, l’intersection et le panonceau Belloc se présentent. Dany sachant tout de ma première venue ici et des deux itinéraires possibles, je lui demande si elle est toujours d’accord pour accomplir cette balade en passant par Belloc. Partant dans l’inconnu mais sachant néanmoins qu’en passant par-là, elle me fait plaisir, elle acquiesce. Papillons, criquets et lézards sont très présents mais jamais faciles à photographier en raison d’une bonne brise soufflant d’Espagne. Par bonheur, plus la sente s’élève et moins elle semble soutenue.  Les oiseaux sont rares et se résument à quelques fauvettes impossibles à photographier. Il me faut une chance incroyable pour parvenir à immortaliser un passereau sans que je sache de quel oiseau il s’agit ? Il est vrai qu'en restant constamment aux aguets, il va en être ainsi deux ou trois fois au cours de cette balade. Malgré la déclivité constante qu’il faut gravir, je sens bien que Dany prend un immense plaisir à cheminer ce sentier constamment en balcon. En matière de balades, je connais ses goûts, et j’étais sûr qu’elle apprécierait ces vastes panoramas lointains et ces vues très aériennes sur les vallées environnantes. Celle où s’écoule la Têt étant complètement à notre aplomb, elle ne peut s’empêcher de s’exclamer « D’en bas, jamais je n’aurais imaginé que l’on puisse marcher ici ! » Je lui dis, que j’ai eu la même pensée voilà un an. A force de marcher en me disant que « c’est trop beau », elle ne résiste plus au fait de prendre quelques photos avec son smartphone pour les envoyer aux enfants. Finalement et dès lors que le panonceau « Belloc - 600 m » se présente, la brise cesse et les papillons sont légions. Ici, il s’agit presque essentiellement de la sous- famille des « Satyrinés » et il faut arriver à ce qui reste du hameau puis ensuite autour de la chapelle pour voir un peu plus d’autres sous-familles. Dany connaissant déjà la chapelle Saint-André de Belloc et ses alentours, le long arrêt que nous y faisons est surtout consacré au pique-nique avec vue sur le versant nord, c’est-à-dire vue sur ce long et merveilleux panorama de montagnes et de ravins qui s’étire du Massif du Madres en passant par le domaine de Cobazet, les trois vallées de Nohèdes, d’Urbanya et de Conat et se terminant au Pla de Vallenso. Au bout d’une heure, que j’ai largement consacré à faire des photos, nous repartons dans la direction d’une autre chapelle romane, celle de Saint-Etienne de Campilles. Heureusement que je connais le parcours, car dans ce sens, les indications directionnelles sont quasi nulles et se résument à une très vieille pancarte Saint Etienne, de surcroît cassée, mais accrochée à un arbre, à l’instant même où le sentier quitte la piste menant à l’antenne TV. Enfin, heureusement qu’elle est là, car le sentier étant bougrement embroussaillé, il serait quasiment invisible pour le visiteur de passage. Embroussaillé, il va en être ainsi tout au long de la combe et quasiment jusqu’à la chapelle et s’y se frayer un chemin est parfois difficile, « à toute chose malheur est bon » dit le proverbe. Ici, ce qui est bon, ce sont d’abord les papillons, très présents et qui le sont de plus en plus dès lors que l’on approche du sommet du plateau de Campilles. Il est vrai que plus on monte et plus il y a de fleurs. Ce qui est bon aussi, c’est l’instant où je réveille un sanglier, qui devait sans doute dormir car Dany est déjà passée à cet endroit même quelques minutes auparavant.  Une fois encore, et alors que je suis entrain de photographier un papillon, j’ai la chance d’avoir mon appareil-photo allumé, et qui plus est avec mon téléobjectif enclenché dans une position rapprochée. Aussi comme il démarre à un mètre de moi, je peux lui photographier les fesses puis le flanc alors qu’il tourne choisissant d’emblée une autre direction. Apparemment il était seul et il disparaît aussitôt dans une végétation très dense. La chapelle est là et bien que parfaitement connue elle aussi, nous y stoppons le temps d’une courte visite. Ayant lu sur Internet, un bouquin à propos des marbres griottes des Pyrénées-Orientales, je joue au professeur en montrant à Dany les fameuses pierres de marbre rouge que l’on aperçoit dans les murs de la chapelle. Puis, en surplomb du Roc Rouge, nous profitons pendant quelques instants des vues aériennes sur Villefranche et des panoramas qui s’étirent avec une incroyable amplitude et dont l'horizon est constitué du Massif du Canigou et de celui des Tres Estelles. La suite et la fin consiste à redescendre en flânant vers le Fort Libéria par cette longue sente en lacets dominant constamment Villefranche. Une fois encore, et comme je l’avais été moi-même voilà un an, Dany reste en extase devant ces superbes paysages si variés car plongeants, aériens, proches ou lointains.  Si parfois, on peut trouver ces lacets un peu longs à cheminer, personnellement, je suis presque surpris quand le fort apparaît si proche de nous. Il est vrai qu’ayant fait le chemin inverse l’an dernier, c’est à dire en montant, pour moi, c’est une lapalissade de dire qu’une descente est toujours plus rapide qu’une montée. Enfin, c’est mon cas ! Par contre, en terminant cette nouvelle boucle, s’il faut que je désigne laquelle a été la plus belle ; est-ce celle de 2018 ou celle de 2019 ? ; là j’avoue que je suis bougrement embêté ! Non, je suis incapable de dire si une est préférable à l’autre et je dirais même mieux, je considère qu’elles sont toutes les deux bien différentes. Celle-ci a été longue de 10,1 km avec des montées cumulées de 707 m et un dénivelé de 664 m entre le point le bas situé à la gare à 427 m et le plus haut à 1.091 m juste après la chapelle de Saint-Etienne de Campilles et à l’instant où l’on amorce la descente. Cartes IGN 2349 E T Massif du Canigou et 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.


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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons de Francis Cabrel qui ont pour titre : "Il Faudra Leur Dire" (avec les Petits chanteurs d'Asnières) , "Elle Ecoute Pousser Les Fleurs", "C'est Ecrit" et "Octobre"

    La Vallée de l'Alemany (1.975 m) depuis Mantet (1.475 m)

    La Vallée de l'Alemany (1.975 m) depuis Mantet (1.475 m)

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    Mantet. Le 26 juillet 2019. Il est 10 h. La météo n’est pas top mais tant pis, Dany et moi sommes prêts pour accomplir une balade qui s’intitule « la Vallée de l’Alemany ».  Enfin, c’est avec cet intitulé-là qu’on la trouve sur la plupart des topo-guides. Si pendant très longtemps, et avec quelques années de moins, Mantet et ses alentours ont été pour nous, un magnifique et immense « champ d’investigation », voilà déjà 9 ans que nous ne sommes pas revenus ici. La dernière fois, c’était en décembre 2010 lors d’une superbe journée où le Pla Segala, immaculé d’une belle poudreuse, nous avait accueillis pour une mémorable sortie en raquettes. Mémorable à cause d’une incroyable météo « estivale » mais surtout à cause de chaussures qui ne me convenaient pas et qui avaient fini par me « pourrir » la plante des pieds.  Avec des raquettes, il faut le faire !  Antérieurement, il y avait eu de très belles boucles, celle par exemple, menant au Porteille, toujours par le Pla Segala et le Roc Colom, où, à cause d’un bel égarement du côté de Pomerola, nous avions « flâné » 13 heures, avant d‘en terminer et de récupérer notre voiture au col de Mantet à 20 h tapantes. Il y avait eu aussi, celle un peu moins longue, au Col del Pal sur le GR.10 avec retour par la rivière de Caret et ses jasses. Ou bien encore, ce mémorable aller-retour pour vaincre le Pic de la Dona et ses 2.702 m. Toutes ses randonnées et quelques autres encore avaient à chaque fois marqué nos esprits tant cette vallée de Mantet est merveilleuse, ample et donc grandiose mais jamais aisée à cheminer. Ses crêtes alentours ne le sont jamais moins non plus. Au fil du temps et des balades, Mantet était presque devenu un fréquent pied à terre. Nous y réservions souvent une demi-pension au Bouf’tic afin d’être dispos pour une balade dès le lendemain matin. La gentille Odile Guinel, remarquable aubergiste et maire du village, commençait à bien nous connaître.  Parfois, c’était juste l’histoire de venir y passer un bon week-end alors que la météo nous annonçait un grand soleil dans un immense ciel bleu. Ces jours-là, nous vagabondions au gré des sentiers. Oui, les bons souvenirs ont été légions à Mantet mais comme dans la vie rien n’est jamais simple, nous y avons connu aussi des jours de grande galère. En 2001 par exemple, lors notre GR.10 depuis Mérens-les Vals, quand Dany, des ampoules pleins les pieds depuis Bolquère ; avait été dans l’impossibilité d’aller plus loin que Mantet lors de cette 8eme et, par la force des choses, dernière étape. Ou bien encore, lors de ces deux jours d’un 1er et 2 mai 2004, où nous avions fini par nous perdre dans ce Massif des Tres Estelles si beau mais incroyablement si fallacieux quand des hauts murs de glace et d’immenses névés n’avaient rien trouvés de mieux que d’être encore bien présents sur le versant nord du pic où nous voulions à tout prix redescendre pour nous diriger vers Escaro et notre voiture se trouvant au Pas del Grau. Pour toujours gravée dans nos têtes, cette terrible aventure, qui par bonheur s’était bien terminée grâce aux secouristes, était devenue à jamais « Un cauchemar pour trois étoiles ». Oui, en cette matinée du 26 juillet 2019, alors que nous enfilons nos chaussures de marche, les souvenirs sont là, tenaces mais pas vraiment angoissants car les bons et les mauvais finissent par se mélanger et se confondre. Il est vrai que nous avons toujours fait en sorte de ne pas rester sur un échec, refaisant le même itinéraire, histoire de vaincre le « signe indien ».  Si nous avons connu le meilleur et le pire, on se dit que rien de bien plus méchant ne peut nous arriver aujourd’hui. En randonnée, vaincre le « signe indien », on commence à connaître, même si la prudence reste constamment de mise car sinon à quoi serviraient les expériences ? Après un bref instant d’hésitation entre un chemin « Sentier d’interprétation » qui part à droite et celui qui traverse le village, nous choisissons ce dernier.  Le Bouf’tic est fermé mais un homme qui jardine nous indique qu’il fait toujours chambres d’hôtes mais plus du tout resto. Odile Guinel n’est plus maire du village nous annonce-t-il. C’est lui le maire nous dit-il. On le remercie pour les renseignements, lui souhaitons une bonne journée et démarrons enfin notre balade même si des souvenirs continuels, quelques fleurs, des oiseaux et un gentil ânon ne cessent déjà d’interpeller mon appareil-photo. Nous traversons le village, ici tout en descente, en notant tout de même quelques menus changements. Comme par exemple cette brasserie Senglar où l’on s’arrêtera au retour pour déguster l’excellente bière du pays dont la publicité sur le Net indique qu’elle est brassée avec une eau de source et confectionnée avec des herbes sauvages, le tout provenant de cette sublime vallée de Mantet qui nous attend. Malgré un temps plutôt médiocre mais pas du tout désagréable sur le plan température, et même si la luminosité n’est pas toujours idéale, mon appareil-photo essaie de ne rien louper de toutes les originalités que je découvre en chemin. Un beau chien cherchant des câlins, un jardin potager, une mésange peu farouche, un étrange message à propos des compteurs Linky, des lézards le plus souvent trop remuants pour l’instant, un rapace qui nous surprend et s’envole, finalement la petite passerelle de bois enjambant le Ressec est vite là. La présence de la rivière a démultiplié la présence des fleurs dont les plus beaux spécimens sont incontestablement les œillets de Montpellier. Blancs, parfois un peu rosée ou verts, accouplés aux mauves scabieuses et aux jaunes boutons d'or, les gros bouquets sauvages ainsi constitués sont toujours extraordinaires. Ici, je connais bien ces torrents, celui de Ressec dont la confluence avec l’Alemany engendre un peu plus bas, la rivière de Mantet, elle-même affluent de la Têt. Combien de fois me suis-je rafraîchi à ces torrents soit pour de simples bains de pieds soit pour des immersions un peu plus conséquentes ? Un chemin encadré de grosses pierres et pavé grossièrement de plus petites file désormais en direction de la rivière Alemany que l’on enjambe un peu plus loin, juste après avoir poussé un petit portail métallique. Cette « carrerada » se rétrécie quelque peu mais garde encore ses fonctions primitives qui étaient d’amener les troupeaux aux estives tout en protégeant au maximum les cultures alentours. Si les fleurs et les papillons sont désormais les éléments les plus convoités par mon objectif photo, un rougequeue noir et une fauvette se laissent gentiment photographier. Mais que dire de tous ces lézards qui habitent dans les murets. Certains détalent, d’autres tergiversent à le faire, mais la plupart ne bougent guère ou pas du tout hésitant à quitter leur pierre que quelques éphémères rayons de soleil ont tout de même un peu tiédis. Jamais de ma vie, je n’ai aperçu autant de lézards et pour moi, c’est l’occasion ou jamais d’essayer de voir s’il s’agit du commun Lézard des murailles ou du plus rare Lézard catalan. Murailles, murailles, murailles et bien non ici à Mantet, je ne vois pas de catalan !  Puis finalement si, j’en vois aussi, grâce à leur plaque massétérique quasiment absente que j’observe en m’aidant du zoom de mon appareil-photo.  A l’approche d’un bois de pins, Dany qui le plus souvent marche loin devant moi, cette fois-ci m’a attendu. Elle souhaite s’arrêter pour déjeuner. Il est vrai que ne regardant jamais l’heure, je constate soudain qu’il est presque 12h30. A l’orée du bois et à quelques mètres du sentier, on s’installe sur l’herbe. De nombreux randonneurs passent devant nous et descendent vers Mantet. En réalité, et à notre étonnement, il y a plus de randonneuses que de randonneurs. Certains passent silencieux mais la plupart y vont d’un bonjour ou d’un bon appétit. Quelques-uns s’arrêtent et trouvent nécessaires d’engager une conversation aussi courte fût-elle. Bien évidemment, ils parcourent soit le GR.10 soit ils arrivent d’Espagne. Pendant un long laps de temps, tout redevient tranquille et c’est à ce moment-là que Dany me fait remarquer que d’innombrables oiseaux volent dans tous les sens au sommet d’un pic. Un petit coup d’œil sur mon bout de carte IGN et je constate qu’il s’agit probablement du pic de l’Orry culminant à 2.040m. Les oiseaux, en réalité des vautours fauves, sont encore bien plus haut et sans doute 300 à 600 m encore au dessus de la crête. Ils paraissent descendre et certains se détachent peu à peu de ce groupe énorme. C’est la première que j’en vois autant réunis sur un périmètre aussi réduit. Dans l’immédiat et le pique-nique terminé, je suis surtout attiré par les fleurs, les papillons et quelques hirondelles rustiques volant en rase-mottes. Je tente tant bien que mal de les prendre en photo mais malheureusement et vu leur vitesse, c’est plus souvent mal que bien. Heureusement que nous n’en sommes plus au temps de l’argentique car sinon quel gaspillage en papier ! Alors que j’en suis là à tenter en vain ces difficiles photographies des hirondelles en plein vol, une ombre immense passe au dessus des pins qui se trouvent à quelques mètres de nous. Il s’agit d’un vautour fauve. Un deuxième arrive et passe-lui aussi et en planant à 15 ou 20 m au dessus des pins les plus hauts. Puis, il en passe un deuxième, un troisième, un quatrième et je vais en conter six en l’espace de quelques secondes. Une fois encore, ce spectacle a toujours un petit angoissant car on s’interroge sur cette soudaine proximité. Photographier des vautours en plein vol et bien plus facile qu’une hirondelle. J’en profite. Finalement, les vautours disparaissent aussi soudainement qu’ils étaient arrivés. Nous repartons. Tout en marchant, je me dis que la toponymie (*) "aile grande" ; "ale" pour "aile" et "many" pour "grand" ;  que certains linguistes donnent au nom "Alemany" n'est peut être pas si absurde que ça ! Le sentier s’élève et avec la Jasse Grosse un palier semble atteint. D’ailleurs la végétation change aussi avec un peu moins d’arbres, une longue steppe d’herbes sèches parsemés de gros rochers sur la droite et sur la gauche des genévriers et des genêts nains. Avant même d’atteindre l’orri bien connu de ce lieu-dit, quelle n’est pas ma surprise d’apercevoir deux marmottes perchées sur de gros blocs. Elles ne bougent pas, mais une fois encore elles sont bien trop loin pour la puissance de mon téléobjectif. Je les photographie tant bien que mal. J’essaie de m’approcher mais très craintives, elles disparaissent aussitôt. C’est donc à regret que je retourne retrouver l’itinéraire. A regret, car il faut bien reconnaître que les occasions de voir des marmottes dans les Pyrénées-Orientales ; et d ‘ailleurs dans les Pyrénées tout court : ne sont pas si abondantes que ça ! En ce qui me concerne, c’est la quatrième fois que j’en vois et j’en ajoute une éventuelle cinquième, si je veux tenir compte des sifflets perçants que j’avais entendu du côté des Sources du Riuferrer, non loin du lieu-dit la Baraque del Faig lors de Mon Tour du Vallespir. Deux autres fois, c’était lors d’une randonnée au Pic de Costabonne, sur le versant ouest et nord du Bac du Costabonne plus exactement, puis ensuite un peu plus bas avant d’arriver à la Baraque de la Coma del Tech.  Enfin, les plus visibles et les plus proches que j’avais pu photographier avaient été vu au bassin d’Aixeques dans la Vallée de la Riberole, non loin du Refuge de l’Orri. Voir des marmottes est d’autant plus réjouissant que sa réimplantation à la fin des années 40 n’a jamais été vraiment considérée comme une réelle réussite et qu’il a fallu plusieurs campagnes de réintroduction pour la voir s’installer dans de très nombreuses vallées pyrénéennes ensoleillées. Aujourd’hui encore, il n’y a pas vraiment photo, entre celles que l’on voit dans les Alpes et qui se laissent gentiment approcher et nourrir et celles des Pyrénées toujours plutôt farouches et moins nombreuses. Après l’orri, le sentier serpente au sein d’un végétation plutôt rabougrie. Finalement, des panonceaux directionnels se présentent : Ras de la Carança d’un côté et Portella de Mentet de l’autre. Nous poursuivons cette dernière direction et très vite le Refuge de l’Alemany est là. Construit en 1988, il est bien occupé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur par plusieurs randonneurs. Nous n’y stoppons que le temps d’un courte visite et d’un peu de lecture évoquant le refuge, la baraque des Allemands et la toponymie du nom Alemany (*). Le texte en question confirme bien la "grande aile" citée ci-avant. Malgré la vision exceptionnelle que nous venons d'avoir des vautours, j'avoue que je ne la partage guère.  Nous continuons et dès lors que le chalet du berger est atteint, je sais que les vestiges de la Baraque des Allemands ne sont plus très loin. Nous y stoppons et après un brève incertitude quant au bon sentier à poursuivre, mon GPS et le tracé enregistré nous indiquent la marche à suivre. L’itinéraire est là, peu visible sur l’herbe verte qui a sans doute repoussée, mais juste derrière les ruines de la vieille baraque. Alimenté par le ruisseau de Bassibès, il suffit de faire quelques mètres pour trouver une première passerelle enjambant l’Alemany. Etroit ruisseau très tranquille, il serpente au sein d’une incroyable végétation florale où les papillons et quelques autres insectes trouvent un biotope à leur gré et à leur dimension. La suite reste simple puisqu’il suffit d’emprunter ce sentier toujours parallèle au modeste ruisseau qui peu à peu devient petit torrent. Une deuxième passerelle se présente et permet de passer sur l’autre rive. Le sentier s’élève, file désormais en balcon au dessus de l’Alemany puis entre dans un bois de pins à crochets. Nous profitons de la quiétude du lieu pour finir les restes de notre casse-croûte puis repartons. Finalement, c’est à l’instant de sortir de ce bois que nous retrouvons les couleurs blanches et rouges du GR.10. La suite et la fin seront encore plus faciles et sans doute trop faciles pour moi car je décide tout à coup de quitter le sentier pour partir à la découverte des vestiges du passé. Cortals ruinés, orris et surtout des murs souvent plus impressionnants les uns que les autres, je me lance dans une quête que je sais perdue d'avance. Au sein de ce monde minéral, souvent envahi par le végétal, tout n’est que silence. On entend les abeilles voler et quand j’observe la Nature, l’évidence saute aux yeux : les lézards et les insectes ont pris la place des ovins, des caprins, des bovins et des chevaux qui devaient paître dans ces lieux, il y a moins d’un siècle sans doute. Ce n’est pas avec ça, qu’on se régalera d’un steak bien tendre aux auberges de Mantet me dis-je ! Je pars retrouver l’itinéraire que Dany a continué à suivre. Un brouillard très dense descend du col de Mantet et des Tres Estelles en direction du village. Je ne dis rien à Dany car elle vient de m’annoncer qu’elle aimerait bien se tremper les pieds dans la rivière mais au fond de moi, je me dis que nous devrions peut être presser le pas. Alors j’observe plus précisément cette brume mais finalement je m’aperçois qu’elle descend, remonte un peu et fait ce yoyo presque constamment, même si un mouvement de descente paraît certain. Je me dis que le chemin est simple et que l’arrivée n’est plus très loin. Dany trempe ses pieds dans l’Alemany et pour une fois, moi qui aime tant l’eau, je me contente de la regarder. Finalement, et malgré cet épais brouillard qui semble vouloir tomber sur Mantet comme un rapace tombe sur sa proie, nous flânons plus que jamais. On part voir la forge et son imposant marteau, je photographie des oiseaux, on caresse un chat puis le chien de la brasserie Senglar. Alors bien sûr, comment ne pas s’arrêter pour déguster cette merveilleuse bière artisanale que cette brasserie a concoctée presque essentiellement pour les visiteurs de Mantet ? Visiteurs d’un jour nous le sommes, visiteurs de toujours nous le resterons pour la vie. Nous quittons la brasserie et le sympathique Béranger. Le village est encore là, mais comme vide de tout occupant. Quelques ruelles restent à gravir pour en terminer. Le mauvais temps ferait-il peur aux Mantetaires ? Oui, sans doute, car ils connaissent la montagne et le mauvais temps qui peut survenir encore plus vite qu’il ne faut ici pour l’écrire. La suite va leur donner raison. Nous terminons cette balade dans la brume mais sans avoir vu la moindre goutte de pluie. Nous reprenons la voiture et filons vers Urbanya. Et là, à partir de Ria, c’est un véritable déluge. Par bonheur, nous sommes dans la voiture. Un tel déluge, Dany et moi l’avons connu une seule fois sur nos têtes. C’était en 2002, dans la descente du Pic de la Vache, près des étangs Bleu et Noir et alors que nous redescendions vers les étangs de la Carança. C’est trempés jusqu’au os que nous avions trouvé refuge dans le très bel orri à deux chambres qui se trouve au lieu-dit Planell de l’Estany. Oui, depuis notre égarement au pic des Tres Estelles et ce « Cauchemar pour Trois Etoiles », Mantet aura toujours cette faculté de faire renaître en moi d’incroyables souvenirs, les bons et les mauvais et ceux inoubliables du GR.10. Cet orage au dessus des Etangs de la Carança, qui par bonheur avait été très violent mais très court, je n’ai jamais su où le ranger ! Telle qu’expliquée ici, et errements photographiques inclus, cette balade dans la « Vallée de l’Alemany » a été longue de 8,8 km pour des montées cumulées de 708 m. Le dénivelé est de 504 m entre le point le plus bas à 1.475 m sur la passerelle enjambant le Ressec et le plus haut à la Baraque des Allemands à 1.979 m. Le parking du village est à une altitude de 1.580 m. Carte IGN 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.

    (*) Le nom Alemany et sa toponymie  :  La rivière de l’Alemany qui coule dans le vallée éponyme a une longueur de 5 km et son bassin versant une superficie de 11,2 km2. Les crues torrentielles les plus marquantes ont eu lieu en 1763, 1772, 1940 et 1992. Des avalanches ont parfois lieu dans la partie la plus haute de l’Alemany. (Les avalanches en haute Alemany de Jean-Marie Aguera (1985).

    Tous les linguistes semblent d’accord pour dire que le mot catalan « Alemany » signifie « Allemagne » ou « Allemand ». A propos du nom de famille, voici ce qu’écrit le professeur Jean Tosti sur la page de son site dédié : « Nom d'origine (allemande). Désigne une personne venue d'Allemagne. Le patronyme est fréquent en Roussillon ». Le site de généalogie Généanet écrit sensiblement la même chose : « Désigne une personne venue d’Allemagne. Le nom de famille est fréquent en Roussillon et plus généralement en Catalogne ». Ainsi, une recherche sur ce site donne plus de 27.000 résultats dans le fichier « ancêtres » et plus de 15.000 résultats dans la bibliothèque généalogique, c'est-à-dire au niveau des documents consultables en ligne si un compte est ouvert chez eux. Très étonnamment aucun nom ne figure dans le village de Mantet mais si on s’en éloigne de seulement 30 km autour, on obtient 139 résultats. Le site « La langue catalane et son histoire » confirme cette traduction et parle de l'orthographe et de la phonétique des mots finissant tout spécialement par "ny" (palatal et graphème).

    Concernant le nom de la rivière et des autres lieux-dits de la vallée (roc, bac, jasse, cortal, soula, refuge), là, les toponymistes sont beaucoup plus partagés. Pour Robert Aymard, aucun doute, le nom continue de définir un « allemand » (source « Les toponymes pyrénéens »). Pour les rédacteurs catalans de la « Nomenclàtor toponimic de la Catalunya del Nord », c’est la même chose, et pour eux la « Barraca de l’Alemany » devient carrément la « Barraque des Allemands ». Il faut donc se fier aux éventuelles explications données par Jean Rigoli, l’historien de Mantet le plus prolifique sur ce village (Diaporama photosHistoire, toponymie de tous les noms de lieux) pour envisager d’autres toponymes possibles. Voici textuellement (en bleu ciel) ce qu’il écrit à ce propos :

         Lalemany - Cad. 1824 - B2/57 à 121

     

              L' Alemany - IGN 1991 - 2250 ET

     

    Rivière et vallée au sud-ouest du village, en amont de Mentet : L'Alemany ou l'Alamany.

     

    La rivière porte aussi le nom de rivière de la Portella.

     

    - D'après Lluís BASSEDA, sans doute patronyme d'un possesseur, provenant du germanique Alls : tout + Man : homme pour donner le nom latin d'Alamanius.

     

      Mais il est possible aussi que cet anthroponyme provienne d'un ancien soldat d'un poste de garde, tenu par des colons ou mercenaires Alamans, pour contrôler le passage stratégique entre Coll et Portella de Mentet.

      Clin d'oeil ironique de l'histoire, ce poste de garde aurait alors préfiguré la "Baraque des Allemands" édifiée pour la même raison par les troupes d'occupation lors de la dernière guerre, en 1943. (voir B2.03.5)

     

      On trouve ce toponyme avec un "s" final, sous la forme Alamanys, à Tatzó d' Argelers et à La Roca de l'Albera.

      Cependant, il nous faut observer que la formation anthroponymique est pratiquement inexistante dans la toponymie ancienne de Mentet, surtout dominée par l'oronymie.

      D'autre part, le caractère sauvage et particulièrement isolé de cette contrée semble peu favorable à l'implantation domaniale gallo-romaine.

     

      Aussi peut-on avancer une autre hypothèse à partir de l'agglutination possible "Ala -Many"Ala, issu du latin Ala : épaule, aile, ayant aussi, en catalan, le sens de contrefort montagneux, accompagné ici du déterminatif du vieux catalan Many, issu du latin Magnus : grand.

       Semblable à Caramany du Fenouillèdes, à Galamany de Vià, à Rocamany de Mosset ou encore aux Capmany et Portmany d'outre-Pyrénées quant à sa formation, l'Alamany de Mentet désignerait le puissant épaulement de la Serra de Caret dominant la vallée de l'Alamany, avec le sens de grand contrefort montagneux.

     

      Une autre explication pourrait faire intervenir la survivance du vieux mot basque Ala : pâturage, associé au vieux catalan Many pour donner le sens de grand pâturage à cette vaste vallée si accueillante aux bestiaux.

     

      La voyelle atone de la deuxième syllabe a pu être indifféremment transcrite "a" ou "e", ce qui permet de trouver les deux graphies Alamany et Alemany, avec une fixation de cette dernière forme par la cartographie la plus récente.

     

    - Mentions du cadastre de 1824 :

                                                                - cortal de Lalemany

                                                                - cortal del Tramesou

                                                                - ravin del soula de Lalemany

                                                                - ravin del camp de l'orme

     

    - Mentions de la carte IGN 1991 - 2250 ET :

                                                                - refuge de l'Alemany

                                                                - roc de l'Alemany

     

    Parmi toutes ces explications, il faut noter que l'origine la plus ancienne du nom a été retrouvée à propos d'un cortal et d'un ravin sur un cadastre de 1824 et qu'il était écrit "Lalemany". On peut donc logiquement imaginé qu'il s'agissait du nom d'un habitant de Mantet possédant ce cortal. Il faut également noter que sur ce vieux cadastre, on trouve une autre "Jasse de Lalemany" non loin du pic du Canigou et plus précisément sur le versant ouest au pied du pic Joffre. Sur les nouvelles cartes IGN, il est désormais mentionné "Jasse Lallemand".

     

     


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